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ARTC-B410
Notes de cours
Année académique 2023-2024
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Introduction au cours
Dans le cadre de ce cours, nous nous concentrerons principalement sur l’histoire des technologies (et
les théories attenantes) au théâtre, au cinéma, à la télévision, à la radio, aux jeux vidéo et à internet.
« Technologie » :
Le mot ‘technologie’ est un mot-valise dérivé du grec : τέχνη (‘Tekhne’ = art, artisanat, façon, manière
de faire) et Λόγος (‘Logos’ = parole, expression).
Τέχνη
Dans la culture grecque ancienne, ‘Tekhne’ ne faisait pas la part des choses entre art, artisanat,
façon, manière de faire.
A sa racine, le mot était directement lié aux arts et à l’artisanat.
Ce terme reflète une vision du monde où tout relève, quelque part, d’une forme d’art et de
technique : création de peinture rupestres, le fait de faire cuire du pain,…
En grec, le mot dérivé ‘technologia’ signifie ‘traitement systématique’.
C’est la culture occidentale moderne qui a créé, + tard, une distance entre ces concepts ; entre
‘artistique et ‘technique’. (pourtant, il n’y a pas de possibilité de création artistique
fondamentalement valable sans une forme de technique, quelle qu’elle soit)
Aux alentours du 17e siècle (philosophie des Lumières) qu’on voit émaner une fascination
pour l’apparition des machines. Alors, le terme ‘technologie’ prend une autre dimension :
« science de la technique [des machines et outils] ».
Forme de redondance dans le terme de ‘technologie des arts de spectacle’, si on prend
l’étymologie-même du mot.
Λόγος
La manière dont on peut donner forme de manière extérieure quelque chose qui est à
l’intérieur, et qui n’a pas encore été formulé.
L’Histoire comme ensemble des faits qui ont constitué l’histoire humaine.
Au sein de celle-ci, différentes histoires, différents récits. Certaines fondées sur des faits, de
manière rigoureuse, certaines davantage déformées et distordues
L’histoire relève toujours d’une sélection et d’une orientation.
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LA QUESTION DE LA PERIODISATION
Quand on procède à une démarche historique, il faut une certaine méthode, qui se doit d’être
rigoureuse. Or, qui dit Histoire dit « temps ».
Question : comment travaille-t-on, d’un pdv temporel ?
Par pays/nationalité ?
! Un récit est toujours est toujours intégré et orienté vis-à-vis d’une idéologie ambiante. On est
toujours, quelque part, biaisé par l’idéologie dans laquelle on est baignés. Le simple fait de mettre
l’accent sur un élément dans l’Histoire est une orientation idéologique. Il n’y a pas de possibilité
d’être totalement neutre.
Un espace-temps ?
DANS LE CADRE DE CE COURS : l’Histoire sera avant tout celle de la dialectique société et
technologie, la dialectique des technologies et des formes, la dialectique peuple-technologie, la
dialectique technologie-individu, et, bien sûr, celle des arts et de la société.
Quand on regarde l’image illustrant l’Allégorie de la caverne, cela peut nous faire penser à une salle
de spectacle. Plus particulièrement, aux spectacles basés sur une projection (ombres chinoises,
fantasmagories, cinéma).
OR on peut avoir une lecture négative ou une lecture qui montre la limitation de cette perspective.
Mais il est aussi intéressant de penser à une dimension selon laquelle le fait de vivre de cette manière
n’est pas mauvais en soi, voire nécessaire.
Sortir de l’idéologie, comme sortir de la grotte, est terrible, constitue un choc traumatisant. C’est se
confronter au réel, à la violence du monde, sans les paravents, sans la protection du langage et de
toutes les manières dont on s’aveugle. il faut pouvoir s’illusionner, avoir une certaine sérénité et un
plaisir dans une situation.
C’est pourquoi les arts du spectacle sont importants. Cela fait pratiquement partie de notre génome que
de nous distraire, de nous divertir, de nous illusionner. Le spectacle nous permet de retirer certaines
angoisses, ou de les vivre de manière inoffensive.
Chapitre 1
Le théâtre et l’opéra
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Préambule
L’art a plusieurs fonctions :
Fonction sacrale vs. fonction davantage commerciale
Fonction davantage singulière/unique/cachée vs. fonction davantage publique
Le théâtre se trouve à la croisée des chemins de ces deux tendances. Il a :
Des caractéristiques sacrées, religieuses, au sens de l’étymologie latine du mot ‘religare’, qui
signifie ‘lier entre eux’
En ce sens, c’est logique que le théâtre se soit fait le lieu, à la fois, de
drame/comédies/tragédies, mais aussi de textes religieux
Aussi peu étonnant que ceci se soit développé au fur et à mesure en industrie/commerce,
puisque le théâtre a été le mode dominant de propagation de textes pendant la vaste majorité
de l’ère chrétienne. Et cela, alors qu’il n’avait pas forcément tous les attributs technologiques
qu’on aurait pu attendre d’une telle entreprise. Il s’est fait le lieu où la performance, le livre, le
texte et l’espace scénique ont pu trouver une synergie.
Le théâtre est, quelque part, le premier des lieux d’intermédialité, de ‘multimédia’, de toutes sortes.
La place du spectacle dans les sociétés dites civilisées est indéniable. On n’a pas connaissance de
sociétés humaines, depuis l’invention de l’écriture, qui ait fonctionné sans spectacle. On sait aussi que
le spectacle avait une dimension collective, sociétale, et donc politique indéniable.
2 théâtres antiques, typiques gréco-romains :
La science médicale, qui s’est beaucoup développée pendant l’Antiquité, va connaitre une
période + sombre durant le MA. La chirurgie n’existe pas vraiment ; on fait des amputations et
des arrachages.
Les arrachages de dent se faisaient en public, car il y avait une fascination pour le fait de voir
des personnes souffrir.
Communautarisation de la souffrance, celle-ci faisant partie intégrante de la vie. On en
faisait un spectacle, ce qui la ‘rendait plus tolérable’.
Remarque : Dans certaines civilisations, notamment en Amérique latine, les 2 étaient liés : le sacrifice
corporel était lié à une forme de spectacularisation à la fois religieuse et de récit. Ce n’est pas
forcément le cas en Europe médiévale, bien que le récit fondamental du NT est l’histoire d’une
spectacularisation d’une exécution publique (la crucifixion du Christ).
Durant la 1re partie du MA, on jouait au sein de l’église des mystères = mises en scènes des
histoires de la Bible (ex : la Nativité).
La plupart des personnes étant illettrées à l’époque, c’était une manière de persuader le peuple
et de le convertir au christianisme, via ces spectacles.
A cette époque, les églises étaient encore, souvent, des structures en bois.
Parenthèse : 2 remarques
(1) Dans ce cours, on discute certaines formes de spectacle, et on en laisse évidemment de côté.
Il y avait, à côté de celles dont on parle ici, d’autres formes qui co-existaient !
Par exemple, à l’époque médiévale, à côté des exécutions publiques et des mystères dans les
églises, il y avait des joutes de chevaliers, des championnats sportifs, qui relèvent également
d’un spectacle.
(2) Rq : controverse quant au fait que Shakespeare eut été une seule personne. Pê juste un
concept…
Quoi qu’il en soit, l’entité qu’est Shakespeare a été le produit d’une nécessité d’un spectacle
collectif, qui n e soit pas un spectacle à l’église. Cela montre l’importance fondamentale,
pour la société, du spectacle.
ORIGINE DU TERME
L’expression « théâtre de boulevard » provient des boulevards parisiens, et plus spécifiquement du
Boulevard du temple.
Vers la 1re moitié du 19e siècle, des pièces commencent à se jouer dans des théâtres bourgeois, plus
petits. Le plus connu, à l’époque, était celui situé Boulevard du Temple, alors appelé « Boulevard du
crime », car c’est là que se jouaient des pièces de grands guignols, des mélodrames et des histoires
de meurtres qui relevaient du sensationnalisme, qui était au gout de la petite bourgeoisie, mais
sans doute considérée comme indigne de la haute société.
Le théâtre du Boulevard, calé sur le mode du cabaret, ou encore du vaudeville, va combiner des
numéros…
de danseuses
de feux d’artifice
de pantomimes
d’acrobates
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d’animaux,…
on ramène, à l’intérieur du théâtre, ce qui était le fait de places publiques au MA. C’est là que vont
se moderniser les vaux de ville, les comédies d’intrigue, le grand guignol.
Le théâtre de boulevard devient un terme reçu, qui véhicule l’idée de divertissement de théâtre privé.
Dans la 2e moitié du 19e siècle, sous l’impulsion de la photographie, outil qui représente la réalité de
manière « réaliste », le théâtre connait un moment paradoxal et étrange, mais aussi qui va réconcilier le
théâtre avec un engouement populaire : le réalisme.
Ce mouvement appelle des pièces réalistes. Et donc, aussi, des mises en scène réalistes :
Décors + élaborés
Costumes fidèles
Tendance pour recréer le monde de la pièce de théâtre
RQ : cela va même jusqu’à l’absurde. A la fin du 19e siècle, il y a eu une tradition de tenter de recréer
du Shakespeare, de manière réaliste, alors même que le théâtre élisabéthain n’est pas du tout adapté au
réalisme.
D’immenses auteurs ont émergé à cette époque.
A ce moment-là, le théâtre est encore le médium principal, puisqu’on est avant l’émergence du
cinéma. Cela perdurera encore au 20e siècle. Ensuite, le théâtre sera mangé par le réalisme
incomparable du cinéma.
REALISME ET CAPITALISME
Cette idée de réalisme épouse un moment du capitalisme. En effet, au 19e siècle, le capitalisme se
« normalise », et l’idiome dominant devient le réalisme.
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Ensuite, quand le capitalisme entrera dans sa phase impérialiste et coloniale, on va voir l’émergence
du modernisme et de l’antiréalisme, dans les arts. Dans le capitalisme tardif, il y aura ensuite le post-
modernisme.
DONC le réalisme est le mode parfait de la bourgeoisie capitaliste de la 2e moitié du 19e siècle, et
d’une grande partie du 20e siècle.
Certaines pièces se prêtent particulièrement à cette forme, tandis que d’autres requièrent davantage
d’effets.
Concerts
Grands meetings politiques
Événements sportifs
Il s’agit un héritage de l’amphithéâtre greco-romain. Il se prête moins au spectacle du théâtre, à
proprement parler, mais relève également du spectacle et de la communauté. En effet, du fait de
l’énormité de l’espace, il peut s’y trouver une communauté + aliénée.
Ce qui est intéressant dans ces événements est le phénomène de masse. S’opère une espèce
d’intoxication mentale collective qui fait que les gens sont pris, presque comme en transe, par la
musique et par l’énorme énergie humaine autour d’eux. puissance que confère la foule
Il est souvent récupéré pour des spectacles hippiques, ou autres manifestations sportives
Dans certains lieux (ex : en Californie, où il pleut rarement), on retrouve des théâtres
structurés à peu près comme un théâtre antique, où les gens vont voir des meetings politiques
ou des pièces de théâtre, avec une relative proximité.
Types de théâtres à ciel ouvert, où le spectateur est à l’abri, mais la scène est à ciel ouvert.
Ce qui est fascinant de remarquer avec le théâtre est sa grande labilité et le fait que la scène de théâtre
ait été déclinée sous tant de formes. A chaque type de théâtre correspond un type de spectacle. Mais
ces spectacles peuvent aussi s’adapter à d’autres théâtres.
C’est là une des grandes forces du théâtre, en tant qu’art du spectacle vivant, par rapport à d’autres
technologies audiovisuelles fixées comme le cinéma.
Théâtre de rue, qui a existé de tout temps, et qu’on retrouve réactualisé et souvent politisé
dans des propositions + récentes
Le Living Theater
= groupe de théâtre inspiré par les héritages de Brecht, entre autres, mouvements venus
d’Europe qui cassaient le théâtre traditionnel
Le spectacle, en soi, avait semblé avoir dégénéré, càd que le spectacle avait amené à une sorte
de confrontation verbale entre les acteurs et les spectateurs. Ensuite, les acteurs se mettaient à
courir dans le public et en dehors
= Happening
« we’re no longer in theater, it’s politic”
Cette forme illustre une tentative fascinante de redonner une pertinence de communauté
humaine et politique, au 20e siècle
efforts révolutionnaires de briser les conventions du théâtre
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1.13. L’opéra
Le théâtre est un art très ancien. On peut penser que c’est une des formes de spectacle les + anciennes,
après la musique peut-être. Il y a eu, toujours, une co-existence entre l’instrument de musique et le
théâtre, mais le théâtre n’est pas toujours musical. Par contre, il va vers cette réunion entre musique et
théâtre avec l’opéra.
L’opéra est pê une des formes les + exigeantes et les + onéreuses du spectacle vivant, puisque fait
intervenir :
MES
Décor
Musique
Chanteurs, acteurs
nec plus ultra du spectacle vivant pour la noblesse et l’aristocratie
Il connait des phases intéressantes dans l’histoireDu fait de son caractère onéreux, va être + bouleversé
dans ses ajustements.
1.13.2. WAGNER,
L’opéra va connaitre une véritable révolution sous l’impulsion de compositeurs et de figures de la
scène du début du romantisme, plus spécifiquement R. Wagner.
Wagner est un compositeur, très proche de la cour de son époque. A l’époque, toutes les formes d’art
étaient intimement liées à la cour, qui pouvait les sponsoriser alors, tandis qu’il n’y avait pas de
soutien de l’état.
Wagner développe, à l’époque, la philosophie du Gezam… (œuvre totale), qui consiste à éteindre les
lumières dans la salle. Le théâtre n’est plus un lieu de monstration du public, mais un lieu où on va
s’asseoir et faire attention uniquement à ce qui se passe sur la scène.
Ce modèle d’attention vers le spectacle (on commence le spectacle quand s’éteignent les lumières) met
l’accent sur la production artistique davantage que sur la société même, alors que, pendant des siècles,
l’interaction société-spectacle était la fonction fondamentale du théâtre et de l’opéra.
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Catapultes
Pont levis
Moulins à vent
Moulins à eau
Ces machines étaient relativement rudimentaires, et surtout lourdes.
Chapitre 2
Dans ce cours, on aborde l’aspect visuel des arts. Le visuel est partie prenante de la plupart des arts
(mis à part la musique).
Déjà à l’époque des cavernes, co-existaient arts visuels, arts de performativité (danse, mises en scène
pê), musique,…
On sait que, dans certaines peintures rupestres, il y avait déjà un travail de perspective. Mais la
perspective n’a pas dominé la peinture européenne médiévale.
Au MA, les reproductions (surtout dans l’art religieux, qui prédominait) n’étaient pas en
perspective.
L’art médiéval était plutôt aplati. Pas parce que les artistes n’en étaient pas capables, mais
parce que les codes étaient différents.
C’est en Italie qu’apparait cette révolution, ce retour à la perspective, qui va tendre vers une
représentation de l’espace et du réel davantage telle que perçue par l’œil humain.
(1) (2)
En résumé, le principe : production d’une illusion d’optique qui fait que, quand on regarde une image
par un tout petit trou en se trouvant dans un espace clos, sans lumière, il se passera sur le mur opposé
au trou ce qui se passe au fond de la rétine humain. Càd une reproduction inversée de la réalité qu’on
regarde.
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Espace clos, ‘boite’ dépourvue de lumière L’intérieur du globe oculaire est un espace
creux, clos.
Unique source de lumière : un petit trou, dans Unique source de lumière : pupille
l’une des parois de cette boite.
La lumière qui s’insère dans la boite par le trou Réflexion de la lumière « inversée » dans le
se reflète sur la paroi opposée au trou, « à globe oculaire.
l’envers ». On obtient une reproduction L’info est transmise par le cerveau, qui la traitera
« inversée » de l’image. de manière à ce que notre perception finale soit
« à l’endroit ».
Le produit final de notre perception est donc le
fruit d’un traitement de l’info initiale par le
cerveau.
L’idée de reproduire, de capturer cette image projetée sur une surface est l’origine d’une autre caméra :
l’appareil photographique. Là, on va combiner la possibilité de ce système avec la physique, la chimie
pour capturer une image sur la plaque photographique.
DONC l’invention de Niepce fut révolutionnaire, mais prit du temps à devenir réellement
commercialisable.
Le 1er daguerréotype très connu est celui photographiant le Boulevard du Temple, une dizaine année
après l’héliographie de Niepce.
La grande majorité de daguerréotypes est partie en fumée, car son laboratoire a brûlé. Les films
argentiques sont très inflammables.
Avec les ombres chinoises, on perçoit la silhouette animée, qui est une ombre du mouvement
d’un corps. Ce n’est pas une illusion.
L’idée de l’animation = jeu/illusion d’optique basé sur la persistance rétinienne
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(1) (2)
Ici, on ne sait vraiment dire si l’illustration représente une lanterne magique ou une camera obscura.
// camera obscura :
o Espace sombre et clos
o Image d’un démon à l’envers captée par la camera obscura qui la rétroprojette de
haute en bas
// lanterne magique : source de lumière avec laquelle on aurait mis l’image du démon,
dessinée sur une plaque de verre, entre la source de lumière et l’optique du projecteur, qui
augmente la taille de la représentation.
Dans les deux cas, l’idée est semblable : projection lumineuse d’une image qui n’est pas
matérialisée, mais visualisée sur une surface.
2.5.1. LA CHRONOPHOTOGRAPHIE
Dans un premier temps, la cinématographie n’est ni une invention commerciale, ni artistique, ni
d’intention narrative.
En effet, le parent le + proche du cinéma, alors, est la chronophotographie = analyse du mouvement
par la photographie, qui se fait de 2 façons différentes de 2 façons différentes :
En décomposant le mouvement au sein d’une même image
Par des images séparées d’un mouvement observé
Les inventeurs de la chronophotographie sont Muybridge et Marey, qui se situent dans une approche
scientifique.
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Si on fait défiler ces images, cela créerait une illusion de mouvement, presque comme du film
cinématographique.
MAIS Muybridge ne la présentait pas en tant que telle. Il présentait ces photographies côté à côté pour
montrer cette analyse du mouvement, qui permettait de voir comment un cheval court.
>< Quand on regarde les tableaux anglais du 18e siècle, le cheval, dans son
mouvement de course, est souvent représenté comme ne touchant pas le sol.
La chronophotographie a permis de montrer que le cheval, pratiquement à tout
moment, avait un soldat soit en contact avec le sol, soit effleurant le sol.
Muybridge a fait ce même type de chronophotographie avec d’autres animaux (panthères, athlètes,…).
!! Ca n’est pas du cinéma, mais ça pose une base du dispositif cinématographique.
EN BREF : même au sein d’une invention qui se veut avant tout scientifique, il y a de quoi produire de
l’émerveillement.
Quand on voit toutes ces images, c’est une capture du mouvement, qui l’a immobilisé. Il ne demande
qu’à s’émanciper.
Cette émancipation va se produire au moment où toutes ces intuitions vont être réunies, quand
quelqu’un va prendre des images photographiques et les faire défiler pour leur conférer le mouvement,
comme l’avaient fait, avec des images dessinées, le zootrope ou le phenakistoscope.
Le kinétoscope était un appareil lourd et compliqué à commercialiser. Son rôle était davantage
d’être un objet d’exposition.
>< phonographe va très vite se populariser dès la fin du 19e siècle, tout le monde va vouloir
l’avoir chez soi (comme enregistreur, comme moyen d’écouter de la musique).
Le kinétoscope permet de regarder les images, qui donnent une illusion de mouvement par le
défilement d’images fixes, et a été inventé dans le but d’un usage individuel.
Les frères Lumière conçoivent le cinématographe comme une curiosité que l’on peut exhiber
de manière collective, puisque le cinématographe rétroprojection de l’image filmée sur un
écran.
Révolution : la projection
Cela met les bases pour le cinéma pour tout le 20e siècle, et encore, d’une certaine manière, jusqu’à
nos jours.
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Le principe du cinématographe :
Caméra qui permet de capturer des images (environ 16/sec à l’époque) grâce à un
dispositif manuel (+ on tourne vite la manuelle, + le film est ralenti).
Film impressionné en sa caméra
Film peut être projeté avec un appareil de défilement manuel, qui permet à l’image
de défiler avec ce même système de poulie.
Il y a, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une image photographique animée, projetée,
qui crée une synthèse de tout ce qui a précédé.
Le simple fait d’avoir cette synthèse suffit à susciter l’émerveillement.
Les 1re vues/images cinématographiques sont des images simples de la vie (repas, sorties d’usine,…).
Cela suffit alors. Ensuite, la dimension narrative va rapidement se greffer dessus
La création du cinématographe va créer :
(1) Un industrie gigantesque
(2) Une forme d’art
Chapitre 3
Le cinéma muet
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Introduction
Le cinéma est l’art populaire majeur du 20e siècle. Il a rapproché/émerveillé des pans de la société,
pratiquement partout dans le monde.
Dans ce cours, on discutera comment le cinéma réfléchit son propre rapport à la société. D’ailleurs, il a
beaucoup servi d’outil sociétal.
Le cinéma aura un rôle fédérateur, national et international : il a et il continue à servir d’outil
pour construire une identité nationale.
Il va participer d’une formation d’un inconscient politique et d’un ethos national et
international.
Illustrations :
Autre exemple : des films (muets) expliquaient aux gens (dont des populations immigrantes) comment
prendre un ascenseur
Donc, le cinéma…
WALTER BENJAMIN
THOMAS EDISON
Homme d’affaire, « chevalier de l’industrie » dans le modèle capitaliste
américain, grand « gourou » des nouvelles technologies, Thomas Edison a
imposé des centaines de brevet sur les technologies qui immergeaient à la
e
fin du 19 siècle, aux USA.
« Le Prestige », de Christopher Nolan, raconte le conflit entre la
technologie (Edison, Tesla) et les tours de magie, qui sont de la pure
prestidigitation.
1er film d’animation, avec son kinétoscope (ou peep-hole viewer) : 1re fois que des images
fixes acquéraient l’illusion du mouvement.
o Inventé pour faire valoir la technologie du phonographe
o N’a pas vraiment fait école car dispositif lourd, ne peut être regardé que par 1
personne à la fois
Très rapidement, Edison commercialise des projecteurs (// modèle du cinématographe des
Frères Lumière).
Le cinéma, sous brevet Edison, a eu autant de succès aux USA qu’il n’en avait déjà en Europe. Les
technologies sont parfois différentes (types de pellicule, vitesse de défilement de la pellicule, type de
produits chimiques utilisé,…).
Dès 1896, on voit des projections de cinématographe comme un début de véritable industrie, partout
dans le monde.
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Sièges se prêtent à la configuration du cinéma, qui demande de regarder dans une direction
Structures qui permettent
(1) d’installer un projecteur (balcon)
(2) d’installer une fosse d’orchestre qui permettait aux musiciens d’accompagner le
film
Certaines vedettes du spectacle itinérant vont devenir des vedettes de cinéma. Par exemple, Charlie
Chaplin, Fred Aster,…
Les salles de spectacle vont devenir…
Au début du 20e siècle, on y projette en continu des films très courts (+/- 1min), avec des narrations
très primitives. Du coup, les exploitants avaient besoin de beaucoup de films pour composer le
programme.
Au tout début, ils passaient les films bobine par bobine. délai entre chaque changement de
bobine
Au fur et à mesure, les exploitants collaient les bobines les unes aux autres, pour pouvoir
enchainer 15 à 20 minutes. Le contrôle du « programme » était aux mains de
l’exploitant/projectionniste.
On va inévitablement créer des réseaux de sens entre les différentes parties. Une scène va
résonner avec une autre, ou contraster avec une autre.
Tout à coup, va se mettre en place un art de la programmation : trouver une modulation et créer des
programmes dans un certain esprit/genre (ex : programmation de comédies)/dialogue entre scènes
indépendantes.
C’est ainsi que va se mettre en place la logique que l’on peut raconter des histoires + complexes, en
liant des scènes individuelles qui racontent, bloc par bloc, une histoire. C’est comme ça que les 1er
films de montage sont mis en place.
Donc, le cinéma de long-métrage est une invention collective. Il est difficile d’en faire une histoire car
mariage de l’être humain, de la culture, de l’art, du commerce.
Ainsi, le cinéma connait une grand succès dans les zones métropolitaines : milliers de salles de cinéma
et millions de spectateurs par semaine, dans les années 1910.
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Illustration :
La cabine de projection était isolée, puisqu’un projecteur de cinéma fait du bruit, du fait des
mécanismes qui font défiler la bobine.
Style art déco, à la mode dans les années 20-30
(2) Possédaient leurs propres chaines de cinéma, grâce à un système d’intégration verticale.
Cela permettait de faire du block booking : avoir un cinéma qui a le même nom que le studio, dans
lequel les gens viennent voir des produits spécifiques du studio.
Il n’y avait pas de distribution indépendante ou multi-format, comme on les connait aujourd’hui.
De même, les vedettes étaient liées à un studio et ne pouvaient jouer dans des films d’autres studios
qu’à titre exceptionnel et très négocié. Star-system
Ce système s’est ensuite effondré, on le verra.
3.5.1. LA CAMERA
Jusqu’à il y a une quinzaine d’année, la plupart des films étaient tournés avec des caméras à pellicule
(35mm principalement). Ensuite, le cinéma est passé presqu’entièrement à de la projection numérique.
Quelques cinéastes continuent de faire des films en pellicule : Tarantino, Nolan, P.T. Anderson,…
Caméra 8 mm typique
• Optiques différentes,
ajustables en tournant
• Strict minimum de la prise de
vue sans équipement sonore
Caméra 35 mm • Apparu des dizaines d’années
moderne + tard que le 35 mm
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3.5.2. LA PELLICULE
Jusqu’à la fin du 20e siècle, on utilisait exclusivement de la pellicule, qu’on développait pour tirer des
positifs, dont on pouvait réaliser des copies. Elle permet de capturer plusieurs images par seconde.
Différentes largeurs
Il existe différentes largeurs de pellicule :
8 mm Films familiaux, amateurs
16 mm Films documentaires, cinéma à petit budget
35 mm Standard commercial
65 ou 70 mm Films à grand spectacle
Les Frères Lumière utilisaient déjà, à l’époque, une largeur de pellicule proche des 35 mm. Assez
rapidement, le 35 mm est devenu standard. Il était nécessaire de standardiser pour que les pellicules
puissent entrer dans les caméras et les projecteurs.
Différentes matières
Elles étaient faites dans des matières diverses. Les toutes premières étaient faites en cuivre, avec du
film argentique dessus Par la suite, les matières étaient de + en + fines et souples ; ainsi, la pellicule
pouvait circuler à l’intérieur de la caméra et du projecteur
3 grandes matières de pellicule :
Le film < années Donnait une belle Très inflammable !
nitrate 1890 image Cela posait problème puisqu’on les
Ne s’abîmait pas projetait avec des projecteurs qui généraient
beaucoup (stable) de la chaleur incendies
Le film en < années Pas inflammable « Syndrome du vinaigre »
cellulose 1920 La matière n’étant pas stable, l’émulsion a
d’acétate tendance à pourrir car très sensibles à
l’humidité et aux températures.
Dégage une odeur
Les couleurs de l’images virent
vers le rouge
Toute la pellicule perd de son
élasticité, de sorte qu’on ne sait
plus la passer dans le projecteur
Le film en < années + stable Se griffe facilement
polyester 1960 Pas inflammable
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3.5.3. LE PROJECTEUR
A chaque type de pellicule correspond son projecteur.
Projecteur 8 mm Petit, portatif
Projecteur 16 mm (1) Portatif mais lourd
Projecteur 35 mm (2) Pas transportable car très lourd
(1) (2)
Souvent, pour projeter des films 35 mm, on utilisait 2 projecteurs en alternance car 1 bobine de 35 mm
contient environ 20 minutes de film 1 long-métrage = entre 5 et 6 bobines.
Dans les cinémas commerciaux, on a créé des dispositifs de cabine avec des projecteurs qui montrent
tout un film sur 1 projecteur 35 mm (voir photo ci-dessous.) Les bobines sont attachées l’une à l’autre.
populaire,
coûteux,
largement distribué,
visible,
… et conscient ; réfléchissant à sa visibilité (« le cinéma regarde le monde autant que le
monde le regarde »)
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Production : le tournage
On ne joue pas devant un public mais devant la caméra >< au théâtre, l’accomplissement du
théâtre est de jouer devant un public
temporalités différentes des 2 médiums
Post-production
o Développer la pellicule
o Montage
o Étalonnage
Cette étape n’existe pas au théâtre.
Gros plan
Plan rapproché
Plan américain
Plan moyen
Plan large
Plan d’ensemble
Plan général
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Bien que la culture américaine et la culture soviétique, à cette époque, étaient à de nombreux égards
opposées, elles contiennent toutes les deux l’idée de la grande machine.
Les technologie sont les mêmes, à peu de choses près : locomotives, caméras, grandes
constructions, travail à la chaîne.
Dans les deux cas, la productivité et l’accumulation
o D’une part, de capital économique
o D’autre part, de capital social
Il y a des fondements proches entre ces deux idéologies, à priori opposées.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Il est intéressant de voir comment des technologies, virtuellement identiques, s’expriment de façon
formellement différente.
Le soviétisme considère qu’il faut contrôler la Les USA favorisent le libéralisme. Les deux sont
finance, empêcher le libéralisme économique intimement liés au capitalisme, mais celui-ci a
pour contrôler les excès. été traité très différemment en Union soviétique
et aux USA.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
La technologie est dans cette dialectique entre technologie et société. Dans ces deux sociétés,
même si les technologies sont pratiquement identiques, on est dans des expressions grandement
différentes.
L’influence de la société sur la technologie et l’influence de la technologie sur la société sont
fondamentalement liées au système économique. Autrement dit, c’est davantage la manière dont
l’économie a été gérée (différemment selon le système et l’idéologie) qui influence la manière dont les
productions technologies s’expriment, ainsi que leur forme.
Triangle important à comprendre : technologie-société-économie
Technologies semblables
Économies dissemblables
Formes +/- proches ou différentes (débats)
Conclusion provisoire : il y a toujours ce rapport d’influence de l’économie sur l’idéologie du peuple
et sur les technologies.
3.9. L’intertitre
L’intertitre a constitué un grand phénomène technologie du cinéma muet, qui a eu trait à
l’internationalisme ET au caractère national des films Il était un moyen de parler, visuellement, et
pouvait donner à comprendre des choses sans utiliser la parole, absente.
Les indications qu’il permet :
Titre
Acteurs
Indicateurs onomatopéens
‘The End’
La parole visualisée, le texte
Quand on fait des films de + en + complexes (par exemple, des adaptations de pièces ou de romans),
on doit y recourir de manière intelligente et économique.
Exemples :
UN POTENTIEL INTERNATIONAL
Quand le cinéma muet se complexifie et que les films deviennent des longs-métrages avec des
narrations complexes, il a fallu mettre en place des intertitres. Ils n’ont pas du tout altéré le potentiel
international du cinéma. Il fallait seulement traduire les intertitres.
Parfois, fins alternatives en fonction du public national cible. (ex : fin heureuse aux USA vs. fin
tragique en Union soviétique)
Dans certains pays, les films étaient accompagnés par un narrateur. Par exemple, le Benshi, au
Japon = ‘narrateur’, qui lisait les intertitres aux spectateurs
Cette tradition n’a pas été très répandue en Occident.
Dans certains pays (+ répandu), des bruiteurs pouvaient également agrémenter les films de
donnée sonore directe, de derrière l’écran
Chapitre 4
Le cinéma parlant
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René Clair, un des grands cinéastes qui a géré la transition, dit : « le cinéma a gagné le monde
du son, mais perdu l’univers des rêves »
Insonorisation : les caméras et autres équipements bruyants devaient être contenus dans des
caissons isolants, pour que leur bruit ne parasite pas la prise de son.
LE MULTIPISTE
A l’époque, fin des années 20-début années 30, on avait 1 piste sonore. Si on voulait faire parler
l’acteur en son synchrone, il était virtuellement impossible d’y amener quoi que ce soit d’autre que le
son enregistré de sa parole.
Ensuite arrive la possibilité de faire 2 pistes : on va miniaturiser les pistes sonores et on va les
imprimer les unes à côté des autres.
Le son devient progressivement stéréophonique.
On pourra superposer son direct, musique et effets sonores.
Ce dédoublement de la piste de son sur la pellicule aura des conséquences positives sur les techniques
de doublage et de post-synchronisation.
3.4. Le bruiteur
Dans les débuts du cinéma sonore, la qualité du son appauvrissait la qualité perceptive, au cinéma.
Au fur et à mesure, le son va faire son chemin, et va faire intervenir de + en + de techniciens au
service de l’expérience immersive du son.
Musique
Bruitages
Jusque-là, il existait déjà toute une tradition du bruitage, au théâtre et au cinéma, en direct.
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Début de la fin du ‘Code Hays’ = code puritain introduit dans les années 30, qui interdisait la
projection de films jugés trop érotiques, appliqué de manière stricte.
Puisque le cinéma indépendant se développe, il est + difficile de censurer la production (car
trop cher et trop compliqué)
Le nouvel Hollywood
o Au milieu des années 60, Hollywood ne produit pratiquement plus que des gros films.
Mais la plupart des comédies musicales n’ont plus aucun succès.
o On ne fera plus du film grand public, on fait des films en visant un public particulier :
le public universitaire (18-25 ans), qui a peu d’argent, mais juste assez pour aller au
cinéma. Cinéma dynamique et transgressif. Cette logique de production sera gagnante.
Ces films vont plaire à la jeunesse d’après-guerre, et c’est ça qui va lancer le nouvel
Hollywood.
Quelque chose de très semblable se produit en Europe.
Tout ça = dialectique technologie d’exploitation des cinémas et technologie de production évidente ;
avec l’aspect économique au milieu
Dès les années 40, on peut filmer en couleur. Cela se standardise et devient le mode dominant du
cinéma de studio, dans les années 50, via les technologies technicolor et metrocolor.
Quand le cinéma se diversifie suite au décret Paramount, on aura une période assez longue de cinéma
en noir & blanc parce que la pellicule n&b est moins chère. La plupart des grands films des années 60
sont en noir et blanc.
C’est à partir de la fin des années 60 que le cinéma, dans son ensemble, devient couleur. Avant ça,
pendant de nombreuses années, il y avait des films de prestige en couleur (Blanche Neige et les sept
nains) et 90% de noir et blanc.
Aujourd’hui, le choix du noir et blanc n’est plus une question de budget mais un choix esthétique.
3.8. Le drive-in
Le drive-in n’a jamais fait école en Europe, mais s’est fortement développé aux USA à la fin des
années 40. Pendant 20 ans, cela a constitué une partie très importante de l’industrie du cinéma
américaine.
LE DEVELOPPEMENT DU DRIVE-IN
Il y a eu une tentative de faire du drive-in dans les années 30, avant le décret Paramount, mais n’a pas
marché car :
(1) Raison institutionnelle : les studios ne croyaient pas à ce modèle donc ne l’ont pas encouragé
(2) Il n’y avait encore que peu de gens qui avaient une voiture à l’époque
Il a fallu attendre les années 40 pour que le drive-in se développe réellement, principalement grâce à 2
choses :
(1) Développement d’une classe moyenne ; de plus en plus de gens ont une voiture
(2) Effet du décret Paramount a également : il a permis à des exploitants indépendants de
reprendre des films (vieux films, série B,…) qui ne sont pas montré dans les cinémas de ville à
cause du Code Hays encore bien présent, pour les montrer dans des drive-in.
L’ARGUMENT DU DRIVE-IN
La qualité des films n’est plus l’argument.
(1) L’argument du confort capitaliste moderne.
Dialectique entre le fait de regarder la télé chez soi et de regarder un film au cinéma : le drive-
in est à la croisée des 2.
Confort de l’espace
Mais au cinéma quand même
SUCCES ET DECLIN
C’est un modèle qui va fleurir dans le courant des années 50-60, avec des milliers de drive-in partout
aux Etats-Unis (principalement dans le Sud-Ouest, où il pleut rarement).
Cela va se passer de mode à partir de 1975 environ. Très rapidement, le phénomène va s’estomper,
pour différentes raisons :
Chapitre 5
La radio et la télévision
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Introduction
Une question légitime : Qui est venu d’abord ?
La radio, MAIS les 2 technologies ont leurs origines au 19e siècle. Les découvertes scientifiques qui
ont amené ces œuvres germinent à peu près à la même époque. Ils se sont ensuite développés au 20e
siècle.
GUGLIELMO MARCONI
Ondes Marconi = premières ondes radio à proprement parler.
1890 : tentatives de télégraphie sans fil.
1896 : il produit le premier émetteur-récepteur d’ondes électromagnétique (= radio).
Son premier émetteur permet déjà d’émettre des ondes à plus d’1km.
Dès 1901, il parvient à réaliser une émission transatlantique : il effectue des émissions entre
l’Irlande et Terre-Neuve (Canada).
Au 19e siècle, la presse est extrêmement répandue, seul moyen de communiquer avec le citoyen.
L’idée derrière tout ça : pouvoir informer et maintenir en contact de grandes masses de personnes.
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A la base, uniquement pour les fréquences AM (amplitude modulation) = ondes moyennes, qui
peuvent voyager sur de longues distances mais qui sont facilement interrompues par toutes formes
d’obstacles (pas de grande qualité).
La toute première diffusion d’une émission à la radio a été fait en 1920, aux USA. Il s’agit d’un
reportage sur l’élection présidentielle Harding/Cox. Lié aux masses, à la conscience d’un état,…
Dès 1922, la plupart des chaumières de classe moyenne possèdent ce poste radio, qui va rapidement se
raffiner. Il se passe un phénomène de société autour de la radio.
On leur attribue une sorte de cône, pour amplifier le volume (plus besoin d’écouteurs). Alors, toute la
famille peut se réunir autour de la radio lieu de rassemblement familial crée un modèle de
rassemblement domestique
A cette époque, la radio est un meuble à part entière, à la fois bien de consommation et meuble, de
style art déco dans les années 40.
PROGRAMMATION
Peu à peu, la radio va diversifier son offre et sa programmation.
Dans les années 40, la radio est avant tout un objet d’information. La programmation radio typique
contient :
Informations ; nouvelles
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La météo, qui a un rôle très important à la radio alors ; c’est l’endroit principal où on peut
avoir des nouvelles sur la météo.
LIBERTE ET CENSURE
Dans les premières années, grande liberté dans la programmation et dans les émissions. Cela va
susciter une réaction de la censure, par le Federal Radio act, en 1927 : interdit les gros mots, certains
discours politiques,… Allant à l’encontre de la liberté d’expression. (comparable au Code Hays pour le
cinéma)
Elle arrive en réaction à un certain degré de « débauche » dans les années 20.
MINIATURISATION
Les postes radios vont, peu à peu, se miniaturiser.
Transistor ; années 50
o Système à piles
o Bon marché
o Compact
o Portatif
o Faible consommation d’électricité
Le transistor constitue une vraie révolution car sera intégrée aux voitures.
Alors, la radio représente une forme de liberté.
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Era of wonderment
Era of institutionalization avec arrivée
Era of exploitation : la radio va commencer à se développer en tant qu’industrie
Apd 1937, alors que les premières expériences avec la TV arrivent, la radio entre dans une ère
de maturité.
Elle connait son âge d’or en tant qu’industrie entre les années 40 et les années 80.
CRITIQUES DE LA RADIO
La radio sera fortement critiquée par les intellectuels, autant de droite que de gauche. L’école de
Francfort, essentiellement gauchiste, est assez critique. Les conservateurs aussi.
Ce qui est critiqué :
Écran enduit d’une matière fluorescente qui amplifie la luminosité des électrons
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Les électrons sont produits par l’émetteur qui surchauffe de la matière, ce qui génère une
production d’électrons, créant un rayon
Les aimants permettent de moduler le comportement des électrons
La TV électronique va rapidement devenir le standard. Longtemps, on a combiné radio et télé, qui
coexistaient dans un même meuble, sans être liés. C’est ensuite que les deux se sont synchronisés.
Nipkow Disk :
o Divisé en 8 parties
o Un trou sur chaque ligne
o L’image divisée en 8 parts
En direct ; pas d’enregistrement
En 1907, Boris Rosing combine le tube cathodique, le disque de Nipkow, et un écran pour produire le
premier modèle expérimental de téléviseur.
EN 1932, Baird développe le premier téléviseur, 10 000 postes vendus (240p). L’emploi du disque
causait une image qui clignote.
Aux USA, C. Jenkins tente de commercialiser la TV mécanique.
Mais la tv mécanique disparaitra, à la faveur de la tv cathodique.
LA TELE-DIFFUSION (BROADCASTING)
= technologie qui permet de diffuser ; cette diffusion TV commence dès 1928 : C. Jenkins reçoit
l’autorisation de l FRC de diffuser des images via W3XK (station de diffusion radio
expérimentale)
En 1939, la NBC devient le 1er réseau/chaine à diffuser des émissions à proprement parler. Cela crée la
fascination. Cette émission parvint à 400 postes environ, devant un public de 5 à 8000 personnes.
General Electric 12’’ model
Très rapidement, dans les années 40-50, le ratio entre objet et taille de l’écran va vers une
miniaturisation et une amélioration de la qualité des haut-parleurs et un agrandissement du tube
cathodique.
(N&B alors.)
TV COULEUR
La TV couleur émerge, puis se commercialise dans les années 50, et devient un bien de consommation
+ commun dans les années 60.
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STANDARDISATION
A partir des années 40, des standards de qualité d’image sont mis en place : 525p (525 lignes à
l’écran), 30 images/secondes (clignotement).
Le signal analogique devient la norme, pendant 60 ans. Le signal numérique devient la norme en 2009.
Bien qu’étant la norme pendant près de 60 ans, le signal analogique avait de gros inconvénients : les
intempéries avaient un gros effet délétère de distorsion de l’image et du son.
C’est pour cette raison que les japonais ont développé la HD dans les années 90. Elle deviendra
possible avec le numérique.
MOYENS DE TRANSMISSION DE LA TV :
Chapitre 6
Chapitre 7
8/12/2023
(..)
Autrement dit, le contenu n’est pas seulement un cache(…). Notre exposition constante aux médias est
ce que McLuhan met en avant, puisque celle-ci nous transforme.
(..)
Autant nous sommes conscient de l’article (ou autre) que nous lisons, autant on oublie la nature
spécifique du médium. Ex : quand on lit un article de journal, on ne pense pas au médium, au code
utilisé, mais à l’histoire/le contenu qu’on lit.
(...)
‘L’homme moderne, dans une société homogénéisée, entre autre par les médias de masse, arrête d’être
sensibilisée à la spécificité et à la diversité des formes (« life of forms »). Tout devient comme un flot.
À l’intérieur de ce bain idéologique dans lequel nous sommes plongés, le point de vue individuel de
narcisse’
Il fait référence à William Blake, pour exprimer que nous devenons ce que nous consommons.
Autrement dit, les gens ne sont pas activement conscients, et baignent dans un bain idéologique.
Il y a des médias qui mettent en avant leur forme, et d’autres qui tentent davantage de se faire oublier
L’art moderne est une expression de l’art qui a mis en avant la forme (ex : le cubisme)
>< la télévision veut nous faire oublier sa forme, en nous plongeant dedans.
L’idéologie capitaliste porte en elle-même cette visée naturalisante.
(..)
‘In the electric age this integral idea of structure and configuration has become so prevalent that
educational theory has taken up the matter’
Opposition patente entre la technologie de l’écrit (typographie) et la technologie dite ‘électrique’
(audiovisuelle). Cependant, il y a déjà de l’idéologie véhiculée par les technologies avant ça, mais pas
à la même échelle.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Chapitre 8
La publicité
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
PROBLEME : la quantité d’inserts dans les journaux fait que le lecteur a tendance à les ignorer.
L’idéologie s’insère dans le subconscient, mais la quantité entraine la diminution de l’attention des
lecteurs vis-à-vis des publicités.
Surenchère des publicitaires
o en termes de promesse ; à tel point que l’on arrive au mensonge, à un discours qui n’a
plus de rapport avec la réalité
o en termes de taille
Publicité considérée comme peu respectable par les élites élisabéthaines, puisqu’elle était
l’apanage de la bourgeoisie et des petits commerçants. Cette mauvaise opinion demeure.
BREVETS
o D’abord sur des marques de nourriture (qui suivent des brevets médicaux, les 1ers)
o Tout d’un coup, marques et brevets sur tout : machines à coudre, caméras, vélos,
machine à écrire
A ces marques et ces brevets seront associés tout un univers publicitaire, des slogans,…
8.1.1.4. Brand-naming
Marques à grande échelle (brand-naming)
// capitalisme de monopole, pourtant interdit selon la législation américaine et européenne
Une marque possède la vaste majorité d’un marché, d’une manière cachée ou non.
ex : Coca Cola
AUTHENTICITE ET METAPHORE
Le caractère mensonger de la publicité est à la fois dissimulé et sans cesse exposé. Le monde de la pub
va jouer sur un discours métaphorique et d’authenticité, simultanément.
D’abord l’authenticité
Ensuite, la métaphore
Cela permet aux menteurs (que ce soit dans le domaine de la vente ou dans le politique, le domaine
académique,…) de dire qu’ils n’ont jamais menti. L’idéologie fondée sur le mensonge n’est jamais
mensongère car son authenticité est toujours doublée d’une métaphore.
Rq : cette idée d’authenticité est très présente dans la pub de Coca-Cola (« it’s the real thing. Coke. »)
Chapitre 9
L’ordinateur
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
11/12/2023
9.1. Historique
Années 1930-1940 : premiers ordinateurs
Fin des années 1970 : apparition du personal computer
1981 : IBM révolutionne le marché avec le modèle 5150 (disquettes)
Plus de port disquette àpd 2004-2005 ; clé USB àpd 2002-2003
L’ordinateur a constitué une vraie révolution, notamment dans la vie quotidienne, car :
(1) permet le traitement de données de manière totalement révolutionnaire
(2) traitement de texte (mécanique électrique traitement de texte qui casse le côté linéaire
de traitement de l’information
(3) Email (> poste, fax) dématérialise le papier. Le passage de l’interface papier à l’interface écran
Début de l’ère numérique : années 80
MODERNISATION
(Walter Benjamin, Paul Virilio) Celle-ci passe par une transformation de tout objet en signes
mobiles. Dématérialisation. Les images viennent se substituer aux événements.
Virilio : modernisation intimement liée à l’effort/l’économie de guerre.
Cette volonté de transformer les choses en signes mobiles appelle de nouvelles interfaces, ou
variations sur une interface donnée.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
L’ordinateur constitue une nouvelle interface. De manière générale, les écrans (téléphones,
ordinateurs, tablettes,…) vont progressivement remplacer le magazine, l’affiche publicitaire, et (plus
tard) l’écran de tv, et devenir l’interface dominante encore à l’heure actuelle
9.2.3.
9.2.3.1. La machine de Jacquard (1800)
= métier à tisser complexe pour réaliser des motifs, automatiquement, sur base d’un code
mathématique.
Pour Manovich, il s’agit du 1er « ordinateur » : il synthétisait, mais au lieu de synthétiser des nombres,
il synthétisait des images/motifs visuels.
Ordonne
Automatisé
Synthétique (au sens de l’info synthétisée)
9.2.3.2. Dagerreotype
RQ : dans la 1re moitié du 20e siècle, la technologie n’aura pas tant d’influence sur la vie ‘palpable’.
Mais les organisations utilisent de + en + ces machines à des fins de gestion d’information.
En 1924, Watson renomme la compagnie CTR ‘International Business Machine Corporation’ (IBM)
CTR : computating tabulating r ordis utilisés principalement à des fins de
IBM : à la fois (1) côté global, (2) côté business, (3) ..
Pour Manovich, la tv et la radio sont dans une zone intermédiaire. Il considère que les nouveaux médias débutent
avec l’ordinateur, àpd années 80.
Manovich s’intéresse à la manière dont on parle de ces nouvelles interfaces virtuelles. Il liste les
principes des nouveaux médias.
(1) Représentation numérique
>< analogique
‘Les médias deviennent programmable’
« numérisation » =
2 étapes :
a. Échantillonnage
b. Quantification
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
‘unités individuelles’ : sans celles-ci, pas de langage. Se fondent sur les 1 et les 0, dans le cas des
ordinateurs code binaire.
Les unités individuelles à la base des ordinateurs ne sont pas des unités de sens, aucune dimension
sémantique (>< langage). Elles acquièrent du sens, créent des représentations, à travers ce code =
signification mathématique (et non linguistique)
// fordisme
Normalisation de masse
(2) Modularité
= indépendance de base des éléments et du stockage des éléments
// Structure non-hiérarchique du web :
Quand on efface des fichiers, on supprime uniquement les connexions hiérarchiques entre les fichiers
qu’on a établi, et non pas l’information en tant que telle.
Grosse différence avec le fonctionnement de l’esprit humain à ce niveau.
(3) Automatisation
Une des premières : distributeur de billet, dans les années 50. Automatisation avec algorithme très
simple, qui a remplacé un métier humain.
Avec l’IA, de + en + ;
Manovich : « Les ordis ne peuvent prétendre être intelligents qu’en nous incitant à utiliser une très
petite partie de qui nous sommes lorsque nous communiquons avec eux » puissance du cerveau
humain vs. IA
Surabondance d’informations/d’images
Interfaces présentes partout // esclavagisation humaine // besoin de l’IA pour gérer cette quantité
d’information
Manovich : « the problem was no longer how to create a new media objet such as an image, the new
problem was how to find an objet that already exists somewhere”
+ (…) dynamique entre recyclage, plagiat, ; passage d’une culture de la création à une culture de
l’illusion de la création (IA ne génère jamais rien de nouveau)
(4) Variabilité
Les objets média sont codés numériquement ; tout peut être personnalisé instantanément.
Hypermédia a comme caractéristique commune avec le cerveau humain cette variabilité et cette fluidité.
Choix et dilemmes qu’implique l’automatisation de la société : anxiété morale qui apparait quand on
n’a plus de vérité rassurante, flux permanent, l’univers n’ayant plus de vérités solides auxquelles se
rattacher passage des constantes aux variables : des choix dans tous les aspects de la vie
contemporaine
Rq : pê moins d’actualité aujourd’hui
(5) Transcodage
Selon Manovich, la culture information transcode la culture et les significations humaines.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
renconceptualisation culturelle
Il complique l’hypothèse sur les nouveaux médias. Selon lui, la tv et la radio ne sont pas des nouveaux médias.
Par contre, le cinéma est un précurseur du multimédia
Les ordis émergent dans l’idée d’une augmentation de l’esprit humain. Mais inversement,
EX : la manière dont nous appréhendons le texte dans un ordinateur nous venait déjà d’interfaces connues
Cinéma
The printed world
HCI
(…)
La dématérialisation de la culture permet une grande palette de combinaisons. On n’est plus tenu à un certain
médium.
Ceci dit, de + en + limités dans les choix qui nous sont suggérés/que nous faisons. Ex : feed Instagram = réseau
assez limité d’infos qui nous parviennent. Possibilité des choix très limitée alors que des milliards de possibilités
en réalité.
ARTCB410 Histoire des technologies du spectacle
Manovich voit déjà que la conséquence de ces interfaces « libérées : diminution de la rhétorique et de la langue.
Notre esprit sera de – en – stimulé dans sa manière de percevoir et d’appréhender le réel.
On avait des possibilités linguistiques de concevoir le monde qui étaient très complexes. La rhétorique était une
science très développée dans l’ancien grec, et encore + tard.
Selon lui, anéantissement de la richesse de la rhétorique, désormais réduite uniquement à la métonymie. // SMS,
mail appellent à la condensation. De + en + vers une essentialisation de certaines significations. A l’extrême,
l’utilisation des emojis.
9.3.5. L’ESPACE-TEMPS
Avant l’émergence des ordis, ‘cyber punk’ en littérature a anticipé sur les espaces virtuels des ordis en créant des
personnages qui sont à la fois dans le monde réel et dans le monde virtuel. // mécanisme postmoderne qui veut
spatialiser le temps.
Modernisme : place importante du temps // Dans le capitalisme impérialiste : temps fondamental. Les
temporalités deviennent très différentes et complexes. Le temps devient une obsession ; les marchés se
diversifient ;… Le modernisme met donc l’accent sur le temps.
« In the 1980s … »
Convergence société-capitalisme-technologie.
Passage d’un paradigme axé sur la hiérarchie et le temps à un paradigme avec aplanissement et
spacialisation
// Apparition de jeux avec mouvement dans l’espace
// dédoublement de la réalité : réalité expérientielle et logique informatique ; le visuel = connexion entre les 2.
Caméra mobile
Cadrage rectangulaire de la réalité présentée
Conventions de cinématographie et de montage transposées du ciné vers les univers des
programmes/jeux d’ordinateur
Personnalités numériques basées sur des conventions d’acteurs
Donc dialogue important entre cinéma et ordinateurs (plus qu’entre la tv et les ordinateurs). Les ordinateurs ont
‘pris sur eux’ une certaine dimension du cinéma : « ce qu’était le cinéma est désormais le HCI »
// Ambition : faire de l’univers d’un jeu qqch de très réaliste, semblable à capture de la réalité comme le cinéma.