Vous êtes sur la page 1sur 3

Culture Générale des Arts

Introduction

Culture Générale des Arts


Pr Aboubekr THIAM
Introduction

I. INTRODUCTION
Pour orienter la réflexion, il convient de se pencher sur la notion du beau, notion qui, de nos jours, est le critère
déterminant dans l’approche de l’art. Cependant la référence esthétique n’était pas la préoccupation majeure,
même si elle n’était pas absente. En effet, dans la partie consacrée aux origines de l’art, nous verrons que celui-
ci est né de besoins spiritualité (religion), et qu’il s’en est, petit à petit détaché. Kant dans Critique de la faculté
de juger ou Critique du jugement, (N. B. : il n’est pas nécessaire de lire Kant, sa position est connue et c’est un
auteur très hermétique), lie la faculté de dire ce qui es beau à la faculté de jugement. Dès lors, on juge ce qui est
beau selon son goût. Or, le jugement de goût est un jugement de valeur propre à chaque individu, donc
nécessairement subjectif.
Pour ce philosophe, il est impossible de définir le beau en soi. Ce qui est beau est singulier à celui qui le juge
ainsi. Tout étant subjectif, c’est-à-dire personnel, il n’en demeure pas moins que la culture, l’éducation et les
connaissances interfèrent dans ce jugement. Ces éléments (culture, éducation et connaissances) ont une valeur
sociale. En conséquence, dans un groupe social donné, il est fort possible que les individus aient le même
jugement sur ce qui est beau, à l’inverse d’autres communautés. Il est important de le souligner, en introduisant
ce cours, parce que mêmes les critères du beau ont été imposés aux Africains par l’Occident, à cause des préjugés
qui faisaient croire que les Africains n’avaient pas de jugement et qu’ils n’avaient pas créé de civilisation. Sur
la base de ses préjugés et de ses propres critères esthétiques, l’Occident a influencé l’Africain dans la perception
de l’Africain par lui-même : ses cheveux, son nez, ses lèvres et sa peau ne sont pas beaux ! selon Jean Laude, à
la suite de la 1ère révolution industrielle, l’Occident fonde la notion de Progrès selon une vie unique et continue.
Cette notion qui se définit dans l’ordre technique, fut aussitôt étendue dans l’ordre des mœurs, de la vie sociale
et des arts. N’ayant pas d’indice de technicité selon l’Occident, les arts en Afrique furent classifiés comme
primitifs, parce qu’émanant de peuples inférieurs dans l’ordre technique.
Ainsi, l’infériorité technique d’une civilisation implique son infériorité artistique. Ce n’est que des siècles après
leur contact avec l’Afrique noire que les Européens ont consenti que les masques d’Afrique avaient une valeur
esthétique, en d’autres termes, on pouvait les trouver beaux, parce que Picasso s’en était inspiré, et que Braque
et Matisse avait introduit l’art africain dans leurs recherches. Quoi qu’il en soit, il est important de noter que ce
n’est pas le regard de l’Occident sur l’art en Afrique qui détermine ou non sa beauté. Nous devons être
convaincus de la valeur esthétique de notre héritage culturel, ainsi que de notre production contemporaine dans
les arts par nous-mêmes. Connaître la valeur de son patrimoine culturel renforce la cohésion sociale et aide le
créateur à se libérer des complexes que des siècles de mépris ont accumulés sur sa personnalité. On aurait tort
de croire que cette aliénation culturelle s’est estompée. Dans une conférence à Niamey, le Pr Cheikh Anta Diop
disait : « … Je crois que le mal que l’occupant nous a fait n’est pas encore guéri, voilà le fond du problème.
L’aliénation culturelle finit par être partie intégrante de notre substance, de notre âme, et quand on pense s’en
débarrasser, on ne l’a pas fait complétement… ». C’est en forgeant leurs propres critères du beau, que les
créateurs africains vont s’épanouir et influencer le monde. Beaucoup d’artistes l’ont fait et le font actuellement,
il faut suivre ce chemin qu’ils ont Balisé malgré beaucoup de difficultés, pour s’imposer dans un domaine
artistique donné.

Pour en venir à la définition de l’art, la plupart des philosophes qui s’y sont penchés, de Platon, Aristote, en
passant par Hegel et Alain, affirment que l’art sert à créer des émotions. Des émotions qui peuvent être
Pr Aboubekr THIAM 1
Culture Générale des Arts
Introduction

individuelles ou collectives. Ces émotions, nécessairement subjectives – comme le sont les critères qui
déterminent sa beauté –, renforcent la valeur sociale de l’art et, partant, sa valeur commerciale. De nos jours, le
prix d’une œuvre est la principale référence dans les critères d’appréciation de l’art. En tout état de cause, on
s’accorde sur la valeur sociale de l’art, outre sa portée commerciale.
En Occident où l’individualisme prime, on détermine la valeur sociale de l’art en soulignant son lien avec le
créateur, selon son inspiration. Ainsi, l’art n’est social que parce qu’un élément de la société conçoit, sans
commande de la communauté, une œuvre, et la propose à la consommation de ceux qui en ont les moyens. Ce
qui revient à dire que l’artiste est devenu autonome vis-à-vis de la société, et l’artiste accède à un statut supérieur
par rapport à l’artisan qui lui travaille sur commande. Dans l’Afrique traditionnelle, on ne distingue pas l’artiste
de l’artisan car tous les deux produisent des objets qui ont valeur d’usage communautaire. Cette valeur d’usage
procède du fait que l’art en Afrique était à l’image de la vie, il participe à la lutte entre le bien et le mal, d’après
Amadou Hampâté Bâ (cf. Histoire générale de l’Afrique, t. 1 : La tradition vivante). Cette lutte se conçoit contre
soi-même et autour, avec le concours de la communauté. C’est aussi à l’image de la spiritualité dont l’art émane :
la religion doit relier (le mot religion vient du latin religare qui signifie relier) les êtres humains pour combattre
le mal en leur sein et au sein de la société. Bien entendu, les temps ont changé. Mais, il faut garder en esprit que
quel que soit son métier, l’artiste vit dans une communauté et doit lui être utile.

En ce qui concerne les arts graphiques, ils sont définis comme faisant partie des arts visuels (objets perceptibles
par l’œil) et des arts plastiques (les arts plastiques reproduisent ou créent des formes et des volumes). Ils se
présentent sous la forme de dessins et de signes écrits, ainsi que maintenant de créations artistiques faites à l’aide
de l’infographie et par la conception assistée par ordinateur (CAO). Les arts graphiques concernent les procédés
et techniques qui se rapportent à la conception visuelle d’œuvre artistique (calligraphie ou écriture, dessins
peinture, gravure, estampe, photo, etc.) et à sa production à des fins soit artistique, soit industrielle ou
commerciale. Les arts graphiques s’associent de plus en plus au design, c’est pourquoi, un chapitre est réservé
à cette activité artistique.

Les études liées aux arts graphiques en Afrique impliquent la compréhension de faits historiques. Elles
requièrent donc une approche spécifique, qui découle de la connaissance de ces faits, pour réhabiliter les
capacités créatives des Africains, et afin qu’ils se débarrassent de tout complexe né de l’aliénation culturelle.
C’est pourquoi, il est nécessaire de prendre conscience des positions non dénudées d’idéologie. En effet, le
passé de l’Afrique et l’évolution de sa civilisation et de ses cultures ont été discrédités, du fait de la colonisation,
pour justifier la traite des Noirs et la colonisation (l’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire, les Africains n’ont
rien inventé, etc. Cf. : Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme). Par ailleurs, nous vivons à une époque de
mondialisation accélérée par les technologies de l’information et de la communication. Cela requiert de
comprendre que ces outils sont les fruits du progrès de l’humanité et qu’ils appartiennent à tous parce que tous
les peuples ont contribué à ce progrès, notamment les Africains qui ne doivent nourrir aucun complexe à ce
sujet. En outre, la mondialisation crée des déséquilibres dans les échanges des produits culturels et artistiques
en faveur des pays les plus industrialisés. Si l’Afrique ne veut pas être envahie de produits venus d’autres
civilisations, avec tout ce que cela comporte comme idées reçues sur les Africains (dans les telenovelas et les
séries venues de l’Inde (Bolywood) qui pullulent dans les télévisions africaines, les Noirs sont des domestiques
ou des personnages sans dignité), il est essentiel pour ce continent de continuer à engendrer des créateurs de
civilisation et non de simples consommateurs. Il faut avoir toujours en pensée les mots du philosophe français
Alain : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. D’où la nécessité de
disposer de professionnels dans toutes les activités de la création artistique, y compris dans les arts graphiques.
Il faut aussi souligner qu’un créateur doit être original, pour être reconnu et performant. Cette originalité est une
facette de son identité. Il doit construire son identité à partir de son vécu, c’est-à-dire de ses expériences, de ses
aptitudes et de sa connaissance de la culture africaine qui lui offre des repères. Se connaître et connaître son
héritage, tels sont les piliers de l’identité qui va servir de fil rouge à tout le cours.

II. DÉFINITION

ETYMOLOGIE DU MOT “ART”

Du Latin " Ars, Artis " (habileté, activité) synonyme du grec "Têckhnê": exercice d'un métier déterminé par des

Pr Aboubekr THIAM 2
Culture Générale des Arts
Introduction

règles, fruit du travail humain. Les arts font partie d'un processus de création continu et évolutif et l’art étant
propre à l’homme manifeste la volonté de se situer au sein d’une théorie universelle.

Cependant, les institutions ont toujours souhaité les classer pour mieux les gérer.
Ainsi,une bonne connaissance de l'Histoire permet de situer une oeuvre dans le temps, d'imaginer son passé et
de découvrir les éventuels anachronismes.

Pr Aboubekr THIAM 3

Vous aimerez peut-être aussi