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DICTIONNAIRE DE PÉDIATRIE
Anémie Nutrition
ÉPISTAXIS
zona Soins du nouveau-né Érythème infectieux PARALYSIE FACIALE Sténose du pylore
Problèmes épidémiologiques
Électrisation ARYTHMIES CARDIAQUES Déficience intellectuelle
Pancréatite Alopécie
RUBÉOLE
Scoliose Masses cervicales CHOC HÉMORRAGIQUE 0UZ\MÄZHUJLJHYKPHX\L
Coma ROSÉOLE Vaccinations Allaitement maternel Spasmes du sanglot CONVULSIONS FÉBRILES
ÉNURÉSIE
Anaphylaxie
Otite externe
TORTICOLIS
GALE
Céphalées
SYNCOPES
Rhinite
CONSTIPATION
Atélectasie
Verrues PARASITOSES MACROSOMIE
MALADIE
Varicelle
Prévention
OREILLONS Encoprésie COLITE
Fatigue Rachitisme obésité COLIQUES
STRIDOR
Hypocalcémie Pharyngite HYDROCÈLE Lithiase Hypercalcémie
PURPURA
Taille Surdité Acné
Pancréatite URTICAIRE
Posthite
Cellulite DROGUES
Croissance
VARICELLE
Syncopes
POIDS
HYPERTHERMIE
Infection
Intoxications MACROSOMIE
TICS Tuberculose Hématurie Scarlatine
Leucémies BALANITE
Transfusions
Dépression Pédiculose Luxation Allergie
Microcéphalie rhinite Macrocéphalie (KVW[PVU
Ictère Sévices sexuels TROUBLES DE LANGAGE Ambiguïté sexuelle TROUBLES DU SOMMEIL
GASTRO-ENTÉRITE Brûlures Spasmes du sanglot Prévention des blessures Syndrome néphrotique Infections congénitales
Épilepsie Noyade PARALYSIE FACIALE HYPERACTIVITÉ
Asthme Toux
HERNIES Adolescence CONVULSIONS FÉBRILES
Diabète Engelure Anorexie mentale Dermite atopique
Choc Coqueluche
Impétigo SPORT Pneumonie Posthite Hémoptysie Prématurité
Soins
STRABISME Alopécie Colite Sinusite
RAGE CATARACTES CANDIDOSES
Protéinurie OMPHALITE Amygdalite Alimentation
SOUS LA DIRECTION DE
JEAN TURGEON
CATHERINE HERVOUET-ZEIBER
PHILIPPE OVETCHKINE
ANNE-CLAUDE BERNARD-BONNIN
MARIE GAUTHIER
3e édition
WEBER
DICTIONNAIRE DE PÉDIATRIE
Anémie Nutrition
ÉPISTAXIS
zona Soins du nouveau-né Érythème infectieux PARALYSIE FACIALE Sténose du pylore
Problèmes épidémiologiques
Électrisation ARYTHMIES CARDIAQUES Déficience intellectuelle
Pancréatite Alopécie
RUBÉOLE
Scoliose Masses cervicales CHOC HÉMORRAGIQUE 0UZ\MÄZHUJLJHYKPHX\L
Coma ROSÉOLE Vaccinations Allaitement maternel Spasmes du sanglot CONVULSIONS FÉBRILES
ÉNURÉSIE
Anaphylaxie
Otite externe
TORTICOLIS
GALE
Céphalées
SYNCOPES
Rhinite
CONSTIPATION
Atélectasie
Verrues PARASITOSES MACROSOMIE
MALADIE
Varicelle
Prévention
OREILLONS Encoprésie COLITE
Fatigue Rachitisme obésité COLIQUES
STRIDOR
Hypocalcémie Pharyngite HYDROCÈLE Lithiase Hypercalcémie
PURPURA
Taille Surdité Acné
Pancréatite URTICAIRE
Posthite
Cellulite DROGUES
Croissance
VARICELLE
Syncopes
POIDS
HYPERTHERMIE
Infection
Intoxications MACROSOMIE
TICS Tuberculose Hématurie Scarlatine
Leucémies BALANITE
Transfusions
Dépression Pédiculose Luxation Allergie
Microcéphalie rhinite Macrocéphalie (KVW[PVU
Ictère Sévices sexuels TROUBLES DE LANGAGE Ambiguïté sexuelle TROUBLES DU SOMMEIL
GASTRO-ENTÉRITE Brûlures Spasmes du sanglot Prévention des blessures Syndrome néphrotique Infections congénitales
Épilepsie Noyade PARALYSIE FACIALE HYPERACTIVITÉ
Asthme Toux
HERNIES Adolescence CONVULSIONS FÉBRILES
Diabète Engelure Anorexie mentale Dermite atopique
Choc Coqueluche
Impétigo SPORT Pneumonie Posthite Hémoptysie Prématurité
Soins
STRABISME Alopécie Colite Sinusite
RAGE CATARACTES CANDIDOSES
Protéinurie OMPHALITE Amygdalite Alimentation
SOUS LA DIRECTION DE
Préface
Autres établissements
Nabeel Ali, M.D. Patrick Daigneault, M.D.
Service de néonatalogie, CUSM – Hôpital Service de pneumologie pédiatrique, Centre
Royal Victoria Mère-Enfant du CHU de Québec
Professeur adjoint de clinique, Professeur de clinique, Département
Département de pédiatrie, Université McGill de pédiatrie, Université Laval
Préface ....................................................................................................................................I
Avant-propos .........................................................................................................................II
Liste des collaborateurs ....................................................................................................... III
Abréviations ....................................................................................................................... XIII
Première partie
L’enfant normal et les éléments de pédiatrie préventive ........................ 1
Deuxième partie
Problèmes pédiatriques sélectionnés .............................................................. 73
Troisième partie
Index pharmacologique ...................................................................................... 1236
Tableaux des traitements topiques ................................................................................. 1322
Références ........................................................................................................................ 1327
Annexes
1.1 Croissance prénatale chez la fille – staturale, pondérale
et périmètre crânien ......................................................................................... 1328
1.2 Croissance prénatale chez le garçon – staturale, pondérale
et périmètre crânien ......................................................................................... 1329
2.1 Taille et poids chez la fille de 0 à 24 mois ..................................................... 1330
2.2 Taille et poids chez le garçon de 0 à 24 mois................................................ 1331
3.1 Croissance post-natale du périmètre crânien et courbe du poids
selon la taille chez la fille de 0 à 24 mois ...................................................... 1332
3.2 Croissance post-natale du périmètre crânien et courbe du poids
selon la taille chez le garçon de 0 à 24 mois ................................................. 1333
4.1 Taille et poids chez la fille de 2 à 19 ans ....................................................... 1334
4.2 Taille et poids chez le garçon de 2 à 19 ans .................................................. 1335
5.1 Croissance post-natale du périmètre crânien chez la fille
de 0 à 18 ans .................................................................................................... 1336
5.2 Croissance post-natale du périmètre crânien chez le garçon
de 0 à 18 ans .................................................................................................... 1336
6.1 Indice de masse corporelle chez la fille de 2 à 19 ans .................................. 1337
6.2 Indice de masse corporelle chez le garçon de 2 à 19 ans............................. 1338
7.1 Courbe de vélocité de croissance chez la fille de 2 à 20 ans ........................ 1339
7.2 Courbe de vélocité de croissance chez le garçon de 2 à 20 ans .................. 1340
8 Circonférence abdominale (cm) chez la fille et le garcon
de 2 à 18 ans .................................................................................................... 1341
9 Nomogramme de surface corporelle en fonction
de la taille et du poids ..................................................................................... 1342
10.1 Pression artérielle chez la fille de 2 à 17 ans selon la taille .......................... 1343
10.2 Pression artérielle chez le garçon de 2 à 17 ans selon la taille ..................... 1345
Index alphabétique ......................................................................................................... 1347
Abréviations
Adolescence 1
Jean-Yves Frappier, Danielle Taddeo
Généralités
Le médecin est souvent appelé à intervenir auprès de l’adolescent et de ses
parents durant cette période fertile en changements de tout genre qu’est l’ado-
lescence. Celle-ci représente plus qu’une transition de l’enfance à l’âge adulte. La
puberté, c’est-à-dire la maturation du système reproducteur, se caractérise par des
modifications endocriniennes, morphologiques et physiologiques importantes.
Sur le plan physique, on observe notamment le développement des caractères
sexuels secondaires, une accélération transitoire de la croissance, la ménarche
chez la fille et la première éjaculation chez le garçon. Sur le plan cognitif, c’est
le développement de la pensée formelle lié à une certaine capacité d’abstraction
et d’analyse. Sur le plan psycho-affectif, on note le développement de l’iden-
tité et de l’autonomie, l’importance croissante du groupe d’amis, une tendance
à explorer et, surtout chez le garçon, à prendre des risques, ainsi qu’une plus
grande recherche de liberté, souvent associée à une certaine opposition à l’égard
des diverses formes d’autorité.
Stade 2 Stade 3
Stade 4 Stade 5
Source : Grunt JA, Schwartz ID. Growth, short stature, and the use of growth hormone : Considerations for the practicing
pediatrician. Curr Probl Pediatr 1992;22:390-412. Reproduit avec autorisation.
Stade 2 Stade 3
Stade 4 Stade 5
Source : Grunt JA, Schwartz ID. Growth, short stature, and the use of growth hormone : Considerations for the practicing
pediatrician. Curr Probl Pediatr 1992;22:390-412. Reproduit avec autorisation.
Adolescence 5
Stade 2 Stade 3
Stade 4 Stade 5
Source : Grunt JA, Schwartz ID. Growth, short stature, and the use of growth hormone : Considerations for the practicing
pediatrician. Curr Probl Pediatr 1992;22:390-412. Reproduit avec autorisation.
Développement psychologique
Aborder le développement psychologique à l’adolescence consiste à déterminer
les répercussions de la puberté sur la vie psychique. Rappelons que l’adolescence
ne survient pas en terrain vierge ; l’enfant prépubère a connu une multitude d’ex-
périences affectives, avec leur lot de satisfactions et de frustrations, d’identifica-
tions et de manques, de renforcements positifs et de blessures.
Les transformations pubertaires (caractères sexuels secondaires, modifi-
cation rapide et spectaculaire des proportions du corps, des traits du visage)
provoquent une perturbation profonde de l’image du corps. L’adolescent
vit comme une intrusion ces changements qui surviennent à son insu. Il se
sent différent dans ce corps censé être reconnaissable par lui-même, d’où la
nécessité pour lui de maintenir un sentiment d’unité et de continuité dans
un corps en changement. Cela donne lieu à des attitudes centrées sur l’appa-
rence, variant de l’autodépréciation de l’image corporelle au surinvestissement
dans l’apparence.
Adolescence 7
Contraception à l’adolescence
I. Généralités
La contraception présente certaines particularités à l’adolescence. L’approche
générale, le choix de la méthode, les modalités du suivi, les complications et les
effets secondaires ne sont pas tous les mêmes que chez l’adulte. La demande
de contraception peut être adressée de façon hésitante ou détournée. L’ap-
proche médicale doit tenir compte de plusieurs facteurs tels que le degré de
maturité de l’adolescente, sa motivation, ses capacités intellectuelles, ses valeurs,
sa stabilité affective, son milieu familial et social ainsi que son mode de vie.
Toutefois, la contraception n’est pas le lot des filles seulement. Il faut discuter
de ce sujet avec les garçons et les sensibiliser à son importance au moment
des visites de routine.
• En cas d’oubli d’un comprimé, prendre le comprimé dès que l’oubli est constaté.
• Communiquer avec son médecin et prendre la « pilule du lendemain » si les
contraceptifs ont été oubliés pendant deux jours consécutifs ou plus et s’il y
a eu relation sexuelle mal ou non protégée.
• Préciser les modalités de réapprovisionnement et de suivi.
Timbre contraceptif (patch) Le timbre contraceptif doit être changé chaque
semaine et porté en permanence trois semaines sur quatre. Il libère un œstro-
gène et un progestatif à travers la peau ; son action est similaire à celle des
contraceptifs oraux, et les effets secondaires sont donc aussi les mêmes, avec,
en plus, le risque de réaction cutanée au site d’application qui peut survenir
jusque dans 20 % des cas. Il peut être placé sur l’abdomen, les fesses, le thorax
(à l’exclusion de la région mammaire) et la partie supéro-externe des bras. Le
timbre contraceptif est aussi efficace que les contraceptifs oraux, et sa nature
permet une meilleure observance.
Anneau vaginal L’anneau vaginal est fait d’un polymère flexible et doux ;
il libère un œstrogène et un progestatif durant trois semaines. Les hormones,
absorbées à travers la muqueuse vaginale, accèdent à la circulation systémique.
En retirant l’anneau après trois semaines, on permet une menstruation. En plus
des mêmes effets secondaires que ceux des contraceptifs oraux combinés, on a
rapporté des vaginites et de la leucorrhée avec cette méthode. Rarement, certaines
adolescentes cessent son utilisation parce qu’elles ou leurs partenaires ressentent
un inconfort causé par l’anneau. Celui-ci est aussi efficace que les contraceptifs
oraux, et sa nature permet une meilleure observance.
Contraceptifs oraux à base de progestatif seul Ce type de contracep-
tifs contient du noréthindrone ou du norgestrel et peut être utile en cas de
contre-indication aux œstrogènes. Le contraceptif doit être pris tous les jours
à la même heure, sans période placebo. Cette exigence dans l’horaire d’admi-
nistration explique le taux d’échec de 10 % de cette méthode contraceptive,
alors qu’il serait de 0,3 % avec une utilisation « parfaite ». Les effets secondaires
incluent l’aménorrhée, les tachetures (spotting) et des changements du flux
menstruel.
Acétate de médroxyprogestérone-retard Cette méthode contraceptive
est très efficace (0,3 % d’échec) ; elle peut être utile chez certaines adoles-
centes qui ont de la difficulté à suivre les exigences posologiques propres
à d’autres méthodes contraceptives (en raison de difficultés psychosociales
ou d’une déficience intellectuelle, par exemple) ou chez qui il y a une
contre-indication absolue ou relative aux œstrogènes. La posologie est de
150 mg IM toutes les 12 ou 13 semaines. Les effets secondaires les plus fré-
quemment notés sont les perturbations du cycle menstruel (l’aménorrhée sur-
vient chez 55 à 60 % des utilisatrices après 12 mois), les métrorragies, le gain
pondéral, les effets sur l’humeur et l’acné. Une réduction de la densité de la
masse osseuse est rapportée à l’adolescence. Il peut donc s’avérer utile de
mesurer la densité osseuse chez une adolescente présentant d’autres facteurs
de risque d’ostéoporose et de donner les conseils de base pour favoriser l’ac-
cumulation de la masse osseuse.
Contraception post-coïtale d’urgence La « pilule du lendemain » est un
excellent moyen de dépannage. Il faut envisager l’utilisation de la contraception
d’urgence chez toute adolescente voulant éviter une grossesse et se présentant
Adolescence 11
dans les cinq jours suivant une relation sexuelle mal ou non protégée. Il peut
s’agir d’une des circonstances suivantes :
• aucune méthode contraceptive utilisée ;
• rupture ou fuite du préservatif ;
• oubli d’une pilule contraceptive ou plus, timbre oublié ou décollé depuis plus de
24 heures, anneau vaginal retiré pendant plus de trois heures, retard de plus
de une semaine pour ce qui est de l’injection d’acétate de médroxyprogestérone-
retard.
Comme il est difficile de déterminer avec certitude la période de fécondité
au cours du cycle menstruel, la contraception d’urgence doit être offerte à toute
adolescente craignant de devenir enceinte, quel que soit le jour du cycle où la
relation sexuelle a eu lieu.
Les comprimés de lévonorgestrel sont plus efficaces et ont moins d’effets
secondaires que les contraceptifs oraux combinés. Ils peuvent être adminis-
trés en une seule dose, soit 2 comprimés de 750 μg (total de 1,5 mg), ce mode
d’administration étant aussi efficace qu’en 2 doses simples de 750 μg prises
à 12 heures d’intervalle. Le plus tôt la contraception d’urgence est administrée,
meilleure en est l’efficacité. Il n’y a pas de contre-indication médicale connue.
Les effets indésirables pouvant survenir sont les nausées, les vomissements, les
étourdissements, la fatigue et les saignements utérins irréguliers. En l’absence
de menstruations dans les 21 jours suivant l’utilisation d’une contraception d’ur-
gence, on doit procéder à une épreuve de grossesse.
2) Stérilet
Le stérilet en cuivre n’est pas un premier choix contraceptif pour une adoles-
cente, surtout en raison du risque accru d’infection et de ses conséquences sur
la fertilité. Le stérilet libérant un progestatif demeure cependant une option pour
certaines d’entre elles, car il n’est pas associé à un taux plus élevé d’infection.
Il peut être proposé à une adolescente qui a déjà un enfant, qui entretient une
relation stable avec son partenaire, qui présente une contre-indication aux œstro-
gènes ou qui souffre d’une déficience intellectuelle et chez qui une prévention
efficace d’une grossesse à long terme est envisagée. Il peut être inséré à une
nullipare, mais le risque d’expulsion est plus élevé. Il s’avère aussi efficace que
les contraceptifs oraux, et sa durée de vie est d’environ cinq ans.
Les effets indésirables les plus fréquents sont l’aggravation de la dysmé-
norrhée et les saignements abondants avec le stérilet de cuivre. Le stérilet libé-
rant le lévonorgestrel occasionne moins de problèmes menstruels, mais peut
entraîner de l’acné, des céphalées, une sensibilité des seins et de la dépression.
Les principales contre-indications sont une grossesse, une hypoplasie uté-
rine, une infection utérine actuelle ou antérieure, des saignements vaginaux
inexpliqués, un cancer du col utérin, de l’endomètre ou de l’ovaire, une maladie
trophoblastique bénigne et une susceptibilité accrue aux infections (exemple :
patiente infectée par le virus de l’immunodéficience humaine [VIH]).
3) Moyens mécaniques
Le préservatif masculin (condom) est un contraceptif très efficace ayant un taux
d’échec de moins de 5 % s’il est utilisé correctement et régulièrement ; de plus,
il protège les partenaires contre les infections transmissibles sexuellement. C’est
le moyen contraceptif idéal lorsque les partenaires ont déjà acquis une certaine
maturité, qu’ils ont la motivation nécessaire et que les relations sexuelles sont
12 Adolescence
IV. Suivi
Quelle que soit la méthode contraceptive utilisée, l’adhésion des adolescents au
traitement peut varier de façon imprévisible. Divers facteurs peuvent intervenir :
effets secondaires, avis contradictoires, oublis, erreurs techniques en cours d’uti-
lisation, instabilité des liens affectifs ou problèmes financiers. Les adolescents
ont tendance à abandonner progressivement la méthode choisie. Même pour
les adolescentes qui utilisent un moyen mécanique, il convient de prévoir une
visite de 2 à 3 mois après la rencontre initiale, puis tous les 6 à 12 mois. Ces
consultations régulières ont pour objectif d’apprécier l’état de santé général et
de surveiller l’apparition d’effets secondaires ; elles visent surtout à procurer à
l’adolescente un supplément d’information au sujet de la contraception, à l’en-
courager à maintenir ses habitudes en matière de contraception et à l’amener à
assumer progressivement ses responsabilités.
et leur offrir de les rencontrer. Il faut aussi insister sur les risques et les consé-
quences d’une grossesse.
Tabagisme à l’adolescence
Entre l’âge de 11 et 18 ans, environ 50 % des jeunes expérimentent l’usage du
tabac. La prévalence du tabagisme chez les adolescents varie selon les pays, les
régions et les années. On estime que de 10 % à près de 30 % des adolescents sont
des fumeurs réguliers. Toutefois, le nombre de fumeurs est en baisse à l’adoles-
cence dans la plupart des pays industrialisés. Par ailleurs, les fumeurs adultes
réguliers ont pour la plupart commencé à fumer durant l’adolescence.
Adolescence 15
Plusieurs facteurs de risque sont connus, parmi lesquels l’influence des amis
et des parents serait l’un des plus importants. Les filles ont tendance à fumer un
peu plus que les garçons.
La nicotine contenue dans le tabac est une des substances les plus puissantes
causant une dépendance physique. Celle-ci s’installe après quelques jours ou
quelques semaines d’usage de la cigarette. Un arrêt de la consommation entraîne
un état de sevrage physique accompagné d’anxiété, de modification du compor-
tement et d’une envie très forte de consommer de nouveau.
Le rôle du médecin est double en ce qui concerne le tabagisme. Il doit
être centré sur la prévention chez les non-fumeurs et sur l’intervention chez les
fumeurs. À chaque visite, il doit s’enquérir du statut tabagique de l’adolescent,
mais aussi de celui de ses parents et de son entourage. Dès l’âge de huit ou
neuf ans, la discussion concernant le tabagisme devrait avoir lieu.
Lorsque l’adolescent est un fumeur, le médecin doit préciser l’importance de la
consommation, sa durée, les impacts financiers et la motivation du jeune à arrêter.
Il doit rechercher les effets secondaires de la consommation du tabac. Il importe
également de s’informer sur d’autres types de consommation, particulièrement
l’alcool et la marijuana.
On peut résumer l’approche clinique en ce qui a trait au tabagisme de la
façon suivante (approche des « 5 A » de la littérature de langue anglaise).
1) S’informer du statut tabagique à chaque consultation. Cela peut changer vite
(Ask).
2) Recommander aux fumeurs de cesser de fumer. Rappeler les effets du tabagisme
(Advise).
3) Évaluer l’aptitude du fumeur à arrêter ; vérifier les essais antérieurs d’abandon
du tabac, juger de son degré de motivation, connaître ses intentions (Assess).
4) Aider le fumeur (Assist).
a) Moyens habituels à utiliser : fixer une date pour arrêter, prévenir l’entourage
de l’arrêt de la consommation de tabac et des risques de modifications
du comportement, changer les habitudes associées à la consommation de
tabac ; le jour de l’arrêt, laver le linge, aérer la chambre ; se récompen-
ser pour l’argent économisé. Il est très utile de donner de l’information
sur les organismes locaux d’aide à l’arrêt du tabagisme ; pour ce faire,
l’utilisation des technologies de l’information devrait être privilégiée
(sites Internet).
b) Adjuvants pharmaceutiques : ils pourraient accroître les chances d’abandon
définitif du tabac. Cependant, très peu d’études ont analysé leur efficacité
dans la population adolescente. On décrit principalement trois types de
thérapie de remplacement de la nicotine : la gomme de nicotine, les tim-
bres de nicotine et le bupropion. L’utilisation de ces thérapies avant l’âge
de 18 ans n’est cependant pas cautionnée, en particulier pour le bupro-
pion. Pour ce dernier, des études additionnelles sont nécessaires pour
déterminer son innocuité chez les adolescents, notamment au sujet du
risque suicidaire.
5) Renforcer le comportement (Arrange follow-up). Revoir rapidement l’adoles-
cent (chaque semaine ou toutes les deux semaines au cours des trois premiers
mois) pour soutenir les efforts réalisés. En cas d’abandon, ne pas se découra-
ger ; il est important de rappeler à l’adolescent qu’il pourra y avoir plusieurs
essais avant de cesser définitivement de fumer.
16 Allaitement maternel
Allaitement maternel 2
Catherine Pound, Roseline Galipeau
Généralités
Le lait humain est le seul lait qui soit parfaitement adapté aux besoins du nour-
risson. Il lui permet de se développer dans des conditions optimales tant sur le
plan de la croissance que sur les plans neurologique et immunologique. L’al-
laitement maternel exclusif doit être la norme de référence en ce qui concerne
l’alimentation du jeune bébé.
Dans les pays développés, l’allaitement est plus répandu dans les familles
favorisées ; pourtant, les nourrissons de milieux défavorisés en bénéficieraient
tout autant, sinon davantage. Une meilleure éducation du public et des pro-
fessionnels de la santé ainsi qu’une amélioration des lois sociales (exemple :
prime d’allaitement) pourraient accroître le pourcentage des enfants allaités.
L’information nécessaire à un choix éclairé devrait être fournie au cours de
la grossesse.
Avantages de l’allaitement
Les avantages sont nombreux. Les uns sont confirmés, d’autres demeurent encore
à l’étude.
• Le lait humain est toujours stérile et à la bonne température. De surcroît, il
est gratuit. Sa composition varie avec la progression de la lactation, s’adaptant
aux besoins de l’enfant ; le colostrum, produit au cours des premiers jours,
contient plus de protéines (en particulier la lactoferrine), d’oligosaccharides
et d’IgA que le lait mature, et moins de lactose et de lipides.
• Le nourrisson allaité présente moins d’infections bactériennes ou virales comme
la gastro-entérite, l’otite moyenne et les infections des voies respiratoires que
l’enfant non allaité. Cet avantage immunologique est particulièrement important
dans les pays défavorisés, où la nutrition artificielle augmente considérable-
ment le risque de maladies infectieuses et de décès. Cette protection s’étend
au-delà de la période d’allaitement, indiquant une certaine modulation du
système immunitaire par le lait maternel.
• Des facteurs bioactifs présents dans le lait maternel (lactoferrine, glutamine,
nucléotides, epidermal growth factor) contribuent à la maturation du système
digestif et à l’établissement d’une flore digestive où prédominent les bifido-
bactéries et le lactobacille.
• L’allaitement exerce une influence favorable sur le lien mère-enfant de mul-
tiples façons.
• Certaines études ont documenté des avantages sur le développement intel-
lectuel, plus particulièrement chez les prématurés.
• Selon certains, l’allaitement exercerait un effet protecteur à long terme contre
le diabète de type I, les lymphomes, la maladie cœliaque et certaines aller-
gies. Cela reste à prouver.
Contre-indications à l’allaitement
Les infections causées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et
le human T-lymphocyte virus de type 1 (HTLV-1) chez la mère sont les seules
maladies infectieuses pour lesquelles l’allaitement est absolument contre-indiqué ;
cela s’applique dans les pays où l’utilisation d’une préparation de lait com-
merciale pour nourrisson est sécuritaire. Dans les pays en développement, les
risques liés à l’alimentation artificielle sont tels que l’allaitement est préférable
même dans ces circonstances.
Lorsqu’une varicelle, une rougeole ou une tuberculose active se produisent
chez la mère en période post-partum, l’enfant doit être isolé temporairement de
celle-ci ; le lait maternel extrait manuellement ou au moyen d’un tire-lait peut
alors être donné au bébé, sauf s’il y a une lésion active de varicelle sur le sein.
L’allaitement peut reprendre lorsque la mère n’est plus contagieuse. En cas d’une
infection active à Herpes simplex sur le sein, l’allaitement à partir du sein infecté
doit être interrompu jusqu’à ce que les lésions soient guéries. L’allaitement peut
continuer à partir de l’autre sein en l’absence de lésions.
L’hépatite B n’est pas une contre-indication à l’allaitement, puisque l’enfant
doit, de toute façon, recevoir des immunoglobulines et le vaccin. Le risque de
transmission de l’hépatite C est faible et ne représente pas une contre-indication
sauf si la mère a une maladie hépatique grave ou une infection à VIH concomitante.
18 Allaitement maternel
Durée de l’allaitement
L’enfant devrait être nourri exclusivement au lait maternel pendant les six pre-
miers mois de vie. Par la suite, l’allaitement devrait être poursuivi jusqu’à au
moins 12 mois, puis aussi longtemps que la mère et le bébé le désirent.
Méthode d’allaitement
L’allaitement est un geste facile qui n’exige, en principe, aucun apprentissage ni
connaissance particulière. Le nouveau-né doit être placé en contact peau à peau
avec sa mère immédiatement après sa naissance pendant au moins une heure et
fréquemment par la suite. Cela facilitera la mise au sein laquelle est encouragée
dans l’heure suivant la naissance, puis de 8 à 12 fois par 24 heures les premiers
jours, en évitant les horaires rigides et en favorisant l’allaitement à la demande et
la cohabitation. Cependant, certains nouveau-nés manifestent peu d’intérêt pour
le sein pendant une période de quelques heures au cours de la première jour-
née ; cela est tout à fait normal et ne devrait pas être source d’inquiétudes sauf
pour le nouveau-né prématuré ou de petit poids. Si cette période se prolonge,
on devrait amorcer l’extraction du colostrum environ 12 heures après l’accou-
chement. La durée de chaque tétée varie ; il n’y a pas lieu de limiter la durée,
tant que le bébé boit de façon efficace.
La technique de mise au sein est un élément très important. L’enfant doit
être bien soutenu au niveau du sein de sa mère, tout le corps aligné et faisant
face à celle-ci. Une bonne prise du sein s’observe par la bouche de l’enfant grande
ouverte, les lèvres ourlées vers l’extérieur, tandis que la langue est sous le mame-
lon dépassant la mâchoire inférieure ; le menton touche le sein. La tétée est nutri-
tive lorsqu’il y a transfert de lait et que l’enfant adopte un mode de succion, de
déglutition et de respiration rythmé et soutenu. Lorsque les pauses sont de plus
en plus fréquentes, la mère peut faire éructer le bébé et offrir l’autre sein. Il est
important de s’assurer que la mère est autonome pour mettre son enfant au sein
Allaitement maternel 19
I. Engorgement
L’engorgement peut survenir entre trois et cinq jours post-partum. Les seins sont
durs et présentent de l’œdème. Les mamelons et l’aréole peuvent être tendus,
rendant la prise du sein difficile par le nouveau-né. Les principaux éléments du
traitement sont les suivants : réduction de l’œdème et de la douleur par l’applica-
tion locale de froid, compressions intermittentes, tétées fréquentes, changements
de posture au moment des tétées et prise d’analgésiques au besoin. Si le bébé
n’arrive pas à téter, il peut être nécessaire d’exprimer le lait manuellement ou
à l’aide d’un tire-lait. La résolution de l’engorgement est une priorité pour évi-
ter une diminution de production lactée faisant suite à l’accumulation possible
du feedback inhibitor of lactation dans le lait résiduel.
V. Insuffisance de production
Une production lactée insuffisante de type primaire est présente chez 5 % des
mères environ. Plusieurs facteurs peuvent être en cause, dont les suivants : asymé-
trie marquée des seins, seins hypoplasiques, traitement antérieur de radiothérapie
pour un cancer du sein, chirurgie mammaire de réduction ou d’augmentation.
Une insuffisance de production lactée de type secondaire est plus fréquente.
Des tétées trop espacées, un engorgement mammaire non résolu, une prise du
sein inefficace, des mamelons douloureux, la séparation de la mère et de l’en-
fant sont autant de facteurs pouvant conduire à une vidange du sein inefficace
et à un processus rétrograde d’inhibition de la production lactée. On doit donner
priorité aux interventions visant à corriger les facteurs déclenchants (exemples :
augmentation du nombre de tétées, évaluation et correction de la mise au sein,
extraction du lait par la mère lorsqu’elle est séparée de son enfant).
Attachement 3
Gloria Jeliu, Dominique Cousineau
Généralités
Pour atteindre un développement social et émotionnel harmonieux, le jeune
enfant a besoin de d’établir une relation d’attachement avec au moins une per-
sonne significative. L’attachement renvoie au lien privilégié qu’un enfant tisse
au fil du temps avec l’adulte qui prend soin de lui, le plus souvent sa mère, à
travers des interactions comportementales et émotionnelles régulières, surtout
dans des situations où le nourrisson exprime un besoin de réconfort, de sécu-
rité ou d’attention.
La qualité de l’attachement, selon Bowlby qui en a élaboré la théorie, dépend
de la façon dont l’adulte significatif perçoit et interprète les besoins de l’enfant
et de sa manière d’y répondre. Un attachement positif permet à l’enfant d’in-
ternaliser un sentiment de sécurité, favorise tous les aspects de son développe-
ment et facilite les relations qu’il établira avec ses pairs et, ultérieurement, avec
ses partenaires amoureux. Les enfants peuvent avoir plus d’une figure d’atta-
chement. Les relations d’attachement sont les relations les plus influentes dans
la vie d’un enfant.
Types d’attachement
La qualité de l’attachement entre l’enfant et sa mère peut être évaluée en obser-
vant sa réaction lorsqu’il la retrouve après une brève période de séparation. On
distingue différents types d’attachement.
1) Attachement sécurisé (« sécure ») : il se retrouve chez la majorité de la popula-
tion générale. L’enfant démontre une certaine détresse au départ de sa mère,
puis se calme, joue librement et explore l’environnement avec confiance. Au
retour de sa mère, l’enfant la recherche activement et se calme rapidement
à son contact. Ce type d’attachement prédispose l’enfant à devenir un être
sociable, coopératif, empathique, confiant et résilient.
2) Attachement insécurisé (« insécure ») : on en reconnaît deux sous-types.
a) Anxieux/évitant : l’enfant paraît indifférent à la présence ou à l’absence de
sa mère. Il est peu préoccupé par son départ et ne cherche pas le contact
avec elle à son retour. Il réagit sans crainte à la personne étrangère.
24 Attachement
Suivi
Compte tenu de l’importance cruciale de l’attachement pour le développement
de l’enfant, il importe que cette question soit intégrée au suivi médical. Ainsi,
dès la naissance, au fil des visites périodiques, le rôle du praticien est le suivant.
• Confirmer le plus souvent l’intégrité physique du jeune bébé.
• Donner les conseils habituels concernant son alimentation et sa sécurité
physique.
• Souligner les capacités sensorielles émergentes du jeune bébé le prédisposant
à l’interaction (vision, audition, sensibilité cutanée, capacité de se consoler).
Croissance physique normale 25
Généralités
Entre la naissance et la maturité, tant la taille que le poids augmentent à un
rythme qui varie selon les populations. Plusieurs facteurs sont responsables
de ce processus complexe, ce qui explique une grande variabilité individuelle
dans le tempo de la croissance et de la maturation. Cependant, la régularité de
la croissance témoigne de l’état de santé de l’enfant.
26 Croissance physique normale
Vélocité de croissance
La vélocité de croissance (généralement exprimée en centimètres par année)
constitue une donnée fondamentale : un ralentissement ou une accélération
abrupte et soutenue indiquent plus probablement une maladie sous-jacente que
la taille ou le poids en eux-mêmes. La vélocité de croissance varie en fonction du
temps (voir Annexes), diminuant rapidement pendant les premiers mois de vie,
puis atteignant un plateau légèrement incliné vers le bas et qui s’étend de l’âge
de trois ans à la puberté. Ensuite, la croissance s’accélère pour atteindre un pic
d’environ 8 cm par an chez les filles et d’environ 10 cm par an chez les garçons.
Cette poussée de croissance survient tôt au cours de la puberté chez la fille et
tard au cours de celle du garçon, de sorte que le pic de croissance est observé
environ deux ans plus tôt chez la fille que chez le garçon. Enfin, la croissance
staturale cesse progressivement à la fin de la puberté, en moyenne vers 15 ans
chez la fille et vers 17 ans chez le garçon.
Suivi de la croissance
À l’occasion de chaque visite médicale périodique, il importe que l’enfant soit
mesuré et pesé. Avant l’âge de deux ans, la mesure se fait en position couchée et,
après deux ou trois ans, en position debout. Dans les deux cas, on utilise une
toise précise, en notant le moment où l’on passe de la mesure de la taille cou-
chée à celle de la taille debout. Les mesures doivent être transcrites sur la courbe
à l’âge exact où elles ont été prises.
Au milieu des années 2000, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a
diffusé de nouvelles courbes basées sur les données d’enfants nourris exclu-
sivement au sein jusqu’à l’âge de six mois (voir Annexes). Dans certains pays
comme le Canada, celles-ci ont remplacé les courbes des Centers for Disease
Control des États-Unis (voir Annexes). L’indice de masse corporelle (IMC), c’est-
à-dire le poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres, doit
être suivi parallèlement à la taille et au poids.
Croissance physique normale 27
I. Facteurs endogènes
1) Influences génétiques
Les mensurations du nouveau-né sont plus influencées par le phénotype de la
mère et par sa santé pendant la grossesse que par les gènes du père. Après la
naissance, l’influence des gènes paternels augmente progressivement, de sorte
qu’après l’âge de deux ans, la taille est influencée de façon égale par les gènes
paternels et maternels. Ce déterminisme génétique permet de calculer la « four-
chette » dans laquelle la taille d’un enfant se situera, avec une probabilité de 95 %,
à l’âge adulte (taille cible). Il suffit de faire la moyenne des tailles du père et de
la mère et d’ajouter ou de retrancher 6,5 cm selon qu’il s’agit d’un garçon ou
d’une fille. La marge d’erreur est de plus ou moins 8,5 cm.
Voici deux exemples de ce calcul.
• Le père de Raphaël mesure 182 cm, et sa mère, 170 cm. La moyenne des deux
est de 176 cm. Puisqu’il s’agit d’un garçon, on ajoute 6,5 cm pour obtenir
une taille cible de 182,5 cm. Étant donné que la précision de cette estimation
est de plus ou moins 8,5 cm, il y a 95 % de chances que la taille adulte de
Raphaël se situe entre 174 et 191 cm.
• Le père de Léa mesure 178 cm, et sa mère, 156 cm. La moyenne des deux est
de 167 cm. Puisqu’il s’agit d’une fille, on retranche 6,5 cm et l’on obtient une
taille cible de 160,5 cm. Comme la précision de cette estimation est de plus
ou moins 8,5 cm, il y a 95 % de chances que la taille adulte de Léa se situe
entre 152 et 169 cm.
Cette cible génétique ne peut être atteinte que par un enfant en bonne santé
et bénéficiant d’une quantité suffisante de nutriments pendant toute la période
de sa croissance.
2) Influences hormonales
Les principales hormones qui agissent sur la croissance post-natale du sque-
lette et qui permettent l’expression du potentiel génétique de taille sont les
suivantes.
a) L’hormone de croissance : elle n’a pas d’effet sur la croissance fœtale, et
son influence sur la croissance post-natale ne devient en général notable
qu’après quelques semaines ou quelques mois de vie. Par contre, son effet
28 Croissance physique normale
Les troubles de croissance sont discutés plus longuement dans les chapitres
suivants : Petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et restriction de crois-
sance intra-utérine ; Petite taille ; Grande taille, accélération de la croissance.
Généralités
Dès son premier regard sur le monde extérieur, le nouveau-né est déjà pourvu
d’aptitudes sensorielles remarquables et variées ; une observation attentive per-
mettra de les révéler. À sa naissance, l’enfant a aussi sa personnalité propre, qui
en fait un individu unique et distinct des autres.
Son développement sera long et complexe. À travers les différentes étapes
du cycle de la vie, il changera, tout en restant fidèle à sa personnalité de base.
Celle-ci déterminera qui il est, ce qu’il pense, ce qu’il ressent, comment il réagit aux
influences de son environnement et comment il s’adapte aux changements ou aux
imprévus. En contrepartie, cette personnalité unique, déterminée génétiquement,
sera modulée de façon importante par son environnement, par les circonstances
de sa vie, de même que par les nombreuses personnes qui l’accompagneront et
l’influenceront (exemples : famille, enseignants, amis). La connaissance des étapes
du développement normal de l’enfant permet de détecter des problèmes et d’inter-
venir précocement afin de réduire, si possible, leurs conséquences à long terme.
Il est important de savoir que les étapes chronologiques du développement
varient largement d’un enfant à l’autre : par exemple, les enfants normaux les
plus précoces font leurs premiers pas sans aide dès l’âge de 9 mois, alors que
les plus tardifs ne franchissent cette étape qu’à l’âge de 15 mois. Des facteurs
génétiques et environnementaux semblent responsables de cette grande variabi-
lité. Notons que, à l’intérieur des limites de la normale, il n’y a pas de corrélation
entre l’âge de la marche et l’intelligence. En effet, ce sont plutôt les habiletés
langagières qui prédisent le mieux les aptitudes intellectuelles.
Par ailleurs, on observe que le développement moteur grossier du nourris-
son est légèrement retardé – mais à l’intérieur des normes – depuis l’adoption du
décubitus dorsal comme position privilégiée de sommeil ; la différence n’est plus
détectable à 18 mois. On recommande donc de placer fréquemment le nourrisson
en décubitus ventral lorsqu’il est éveillé afin qu’il développe sa ceinture scapu-
laire ; cela permet en plus de diminuer le taux de plagiocéphalie positionnelle.
Toute évaluation du développement d’un enfant doit tenir compte de sa préma-
turité, s’il y a lieu. Ainsi, un enfant né à 32 semaines de gestation, soit 2 mois avant
le terme, peut franchir chacune des étapes de son développement 2 mois plus tard
qu’un enfant né à terme, sans qu’il y ait raison de s’inquiéter. Il faut prendre en
considération cet âge développemental « corrigé » jusqu’à l’âge de deux ans environ.
L’un des principaux objectifs de chacune des visites médicales périodiques
(voir ce chapitre) est de s’assurer que le développement est normal. Le tableau 5.1
présente quelques balises importantes du développement normal du jeune enfant.
Il s’inspire d’un ensemble d’outils de dépistage selon les données les plus probantes
de la littérature.
30 Développement psychomoteur normal
V. À neuf mois
Le bébé explore son environnement en rampant ou en marchant à quatre pattes.
Il s’agrippe aux barreaux de son lit et aux meubles pour se mettre debout. Il
s’assied seul à partir de la position à quatre pattes et reste assis sans appui pen-
dant de longues périodes. Il est très stable dans cette position et il s’étire pour
attraper un objet placé devant lui ou à côté de lui.
Il saisit les petits objets entre le pouce et l’index. Il commence à manger
avec les doigts et à boire au verre à bec.
Il émet maintenant des sons très variés. Il babille, utilise un jargon et dit
« mamama » et « papapa », mais ces sons ne désignent pas encore sa mère et son
père. Il regarde bien les personnes dans les yeux et se retourne à l’appel de
son nom. Il réagit au mot « non ».
Il lance les objets de façon répétée, puis les cherche des yeux quand ils ont
quitté son champ de vision. Il soulève la couverture pour retrouver un objet qu’on
vient de cacher ; cela indique qu’il a acquis la permanence de l’objet, c’est-à-dire
qu’il réalise qu’un objet ou une personne existent encore, même s’ils ont quitté
son champ de vision. Il frappe dans les mains pour applaudir et les agite pour
saluer. Il joue avec plaisir à « faire coucou ». Il tend les bras pour se faire prendre.
Il réagit négativement, par exemple par des pleurs, au départ de sa mère ou
d’une autre personne importante pour lui.
VI. À 12 mois
Le bébé se met debout sans aide et garde cette position pendant un bref moment.
Il marche facilement avec l’aide d’un adulte ou en poussant un objet, telle une
chaise, devant lui. Il fait ses premiers pas tout seul. Il monte l’escalier, mais
ne peut le descendre seul.
Il place des objets dans un récipient. Il aime vider et remplir un contenant.
La préhension entre le pouce et l’index étant devenue précise, il ramasse de
petits objets comme des miettes ou des bouts de fil.
Il dit « maman » et « papa » en désignant la personne concernée. Il recourt
beaucoup au jargon et prononce en moyenne quatre mots bien reconnaissables.
Il comprend des demandes simples telles que « donne-moi la balle » ou « fais au
revoir ». Il pointe du doigt pour indiquer l’objet de son intérêt ou de son désir.
Il vient quand on l’appelle. Il aide la personne qui l’habille. Il imite les gens
de son entourage. L’anxiété de séparation est toujours présente.
VII. À 15 mois
Le bébé marche facilement sans appui et transporte ou tire un objet en mar-
chant. Il est capable de reculer. Il monte l’escalier à quatre pattes et le redescend
à reculons. Il grimpe sur une chaise.
Il lance les objets et renvoie la balle. Il commence à se livrer à des jeux
de construction comme empiler des blocs. Il continue à vider et à remplir un
Développement psychomoteur normal 33
récipient, avec de plus en plus d’adresse. Il utilise les objets de façon appropriée :
par exemple, il tourne les pages d’un livre ou fait rouler une auto. Il imite de
mieux en mieux les activités quotidiennes des adultes. Il collabore à son habil-
lage et parvient même à enlever sans aide certains vêtements. Il commence à
manger avec une cuiller. Il boit facilement au verre.
Il maîtrise environ 4 à 10 mots. Il apprend les mots en les répétant. Il com-
munique beaucoup par gestes et montre du doigt pour indiquer ses besoins et
son intérêt. Il désigne sur demande six parties du corps comme le nez, les yeux
ou les mains. Il imite les travaux ménagers et fait semblant (exemples : parler au
téléphone, donner à manger à la poupée).
VIII. À 18 mois
Le bébé court. Il frappe le ballon du pied. Il s’accroupit, puis se relève pour
ramasser un objet. Il monte l’escalier debout, en tenant la rampe.
Il commence à utiliser les deux mains de façon complémentaire, l’une étant
active, l’autre lui servant à stabiliser la prise de l’objet. Il gribouille avec un crayon.
Il empile deux ou trois blocs. Il assemble les pièces d’un casse-tête de bois très
simple. Il mange plus facilement avec une cuiller ou une fourchette. Il participe
activement à son déshabillage.
Il maîtrise au moins 10 mots. Sur demande, il montre du doigt une ou deux
images dans un livre. Il comprend et exécute des demandes simples appuyées
du contexte et du geste (exemples : « va chercher la poupée », « donne ton camion
à papa »).
Il se concentre sur une activité pendant au moins cinq minutes. Il demande
de l’aide aux adultes lorsqu’il est en difficulté. Il manifeste son affection par des
caresses et des baisers. Il commence à exprimer son opposition en disant « non »
ou en faisant des crises de colère. Il imite de plus en plus les activités des adultes
et fait de plus en plus semblant.
X. À trois ans
L’enfant monte et descend les escaliers avec appui, en posant un pied sur chaque
marche. En descendant, il saute de la dernière marche. Il est capable de sauter
sur place à pieds joints par-dessus une feuille de papier posée sur le sol. Il reste
quelques instants en équilibre sur un pied. Il court sans tomber, même sur une
surface irrégulière. Il pédale en tricycle.
Il est capable de lancer une balle vers l’avant et d’attraper un gros ballon,
les bras tendus. Il commence à utiliser les ciseaux avec une seule main. Il exé-
cute certaines tâches bilatérales comme enfiler ou visser. La dominance manuelle
(droitier ou gaucher) est généralement établie. Il construit une tour de huit ou
neuf blocs, ainsi qu’un pont formé de trois blocs. Il reproduit une ligne verticale
et un cercle. Il ajoute les parties manquantes à un dessin représentant le visage
d’un bonhomme. Il classe des objets selon leur forme, leur couleur ou leur gran-
deur. Il termine seul un casse-tête de plusieurs pièces. Il s’habille seul, mais n’est
pas encore capable de boutonner ses vêtements ni de nouer les lacets. Il se lave
et s’essuie les mains avec de l’aide.
Il dit son nom et son âge et fait des phrases complètes. Il utilise le « je ». Son
vocabulaire compte au moins 300 mots. Les étrangers comprennent habituelle-
ment les trois quarts de ce qu’il dit. Il comprend et utilise certaines prépositions
comme « dans », « sur », « dedans », « dehors » et certains adjectifs tels que « grand »,
« petit » et « gros ». Il pose des questions commençant par « Pourquoi » ou « Qui », par
exemple. Il écoute, commente et raconte des histoires. Il éprouve encore cer-
taines difficultés de prononciation. Il compte au moins jusqu’à trois. Il distingue
les garçons et les filles. Il connaît quelques chansons enfantines. Il nomme au
moins deux couleurs.
Il se livre à de nombreux jeux symboliques comme jouer à la maman ou au
docteur. Plus sociable, il joue avec d’autres enfants, partage et attend son tour.
Il se rapproche davantage du parent du sexe opposé.
jusqu’à 10. Quand on lui montre deux lignes inégales, il différencie la plus longue
et la plus courte. Il comprend des mots tels que « hier », « aujourd’hui », « demain »,
« pareil », « différent », « devant », « derrière », « à côté », « près » et « loin ». Dans les jeux,
il reconnaît de mieux en mieux les catégories, les similitudes et les différences.
Son imagination est très riche.
Il aime jouer avec d’autres enfants. Il partage et attend son tour plus facile-
ment. Il s’occupe des enfants plus jeunes.
Nutrition 6
Anca Sterescu, Valérie Marchand, Marie-Eve Roy
Voir aussi Allaitement maternel, Malnutrition, marasme et kwashiorkor, Embonpoint
et obésité, Prématurité, Rachitisme, Retard pondéral du nourrisson, Troubles ali-
mentaires de la petite enfance et Troubles de la conduite alimentaire.
Généralités
Les habitudes alimentaires acquises au cours de l’enfance et de l’adolescence
exercent une influence déterminante sur l’état de santé, durant toute la vie. Par
leurs conseils à l’occasion de chaque visite médicale périodique, les profession-
nels de la santé œuvrant auprès des enfants jouent un rôle clé quant à cet aspect
de la pédiatrie préventive.
Des apports nutritionnels inadéquats constituent une cause majeure de mor-
bidité et de mortalité. Dans les pays industrialisés, le problème de l’obésité prédo-
mine, alors que la malnutrition est endémique dans les pays en développement
où des carences alimentaires en vitamines et en sels minéraux demeurent très
prévalentes et causent des affections comme l’anémie ferriprive, la xérophtalmie,
le rachitisme et le scorbut (à l’exception de la carence en fer, ces maladies ont
presque disparu dans les pays industrialisés).
Une alimentation saine peut, dans une certaine mesure, prévenir plusieurs
problèmes de santé comme l’athérosclérose, l’hypertension artérielle, le diabète
de type 2, la constipation, la diverticulose colique et certains cancers.
Les habitudes alimentaires varient en fonction de facteurs culturels, familiaux
et socio-économiques. Certains principes simples étant respectés, des modes
d’alimentation très différents peuvent procurer une nutrition saine et équilibrée.
Il faut éviter les directives trop précises, complexes ou rigides. Le repas ne doit
pas seulement être préparé en fonction de l’apport énergétique, vitaminique ou
autre ; il doit aussi représenter une source de plaisir, grâce à la diversification
des goûts, des couleurs, des odeurs et des textures. Le repas familial constitue
un moment privilégié de communication et doit être associé à des expériences
positives. Il est important d’éliminer toutes les sources de distraction, en parti-
culier la télévision, pendant les repas. Les aliments constituent à eux seuls un
univers à découvrir pour les enfants. Il faut respecter leur appétit, sans les obli-
ger à manger au-delà de leurs besoins et sans distorsion des sensations innées
de faim et de satiété.
I. Types de lait
1) Lait humain
Il s’agit du seul lait parfaitement adapté aux besoins du nourrisson et qui lui
permet de se développer dans des conditions optimales. L’allaitement est le pro-
longement de la grossesse, et l’allaitement exclusif (sans supplément de prépara-
tion de lait commerciale pour nourrisson) doit être la norme de référence (voir
Allaitement maternel). Toutefois, il faut éviter de culpabiliser les mères qui, pour
diverses raisons, ne peuvent ou ne veulent pas allaiter leur enfant et décident
de le nourrir avec une préparation de lait commerciale.
2) Préparations de lait commerciales pour nourrisson
Préparations régulières à base de lait de vache (1er âge) Leur composition
est adaptée de façon à se rapprocher le plus possible de celle du lait humain.
Elles fournissent à l’enfant tous les nutriments nécessaires, mais, contrairement au
lait maternel, elles ne le protègent pas contre les infections. Leur teneur énergé-
tique est la même que celle du lait humain, soit 0,67 kcal/mL. Elles contiennent
des protéines de lait de vache modifiées, du lactose et des triglycérides à chaînes
longues. Les protéines sont composées de caséine et de lactosérum. Pour faci-
liter la digestion, on utilise souvent un ratio lactosérum/caséine de 60/40, plus
similaire au ratio 70/30 du lait humain que le ratio 20/80 du lait de vache. On
recommande de recourir à une préparation enrichie en fer dès la naissance ; de
nombreuses études ont établi que cet enrichissement n’avait aucun lien avec la
constipation ou les pleurs excessifs du nourrisson.
Bien que leur utilisation ne fasse pas l’objet de recommandations basées sur
des données probantes, plusieurs préparations offrent maintenant une concen-
tration plus élevée d’acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6 (impliqués dans
le développement du cerveau et de la rétine), ainsi qu’en prébiotiques et probio-
tiques, des micro-organismes vivants qui favorisent une flore intestinale sapro-
phyte, riche en lactobacilles et bifidobactéries.
Il existe une préparation dite « épaissie » qui contient de l’amidon de riz
(celui-ci s’épaissit dans l’estomac du nourrisson). Ce type de préparation peut
être utilisé pour diminuer la fréquence et le volume des régurgitations (voir
Reflux gastro-œsophagien).
Préparations de « 2e âge » ou dites « de transition » Elles peuvent être moins
chères que les préparations régulières, elles contiennent plus de calcium et de
phosphore que les préparations de « 1er âge », mais ne doivent pas être utilisées
avant l’âge de six mois.
Préparations à base de soja L’emploi de ces laits à base de protéines de soja
et sans lactose devrait être limité aux nourrissons dont les parents souhaitent une
alimentation végétarienne et à ceux qui sont atteints de galactosémie ou de défi-
cit congénital en lactase. Les craintes quant à leur contenu en phyto-œstrogènes
n’ont pas été confirmées, et les études ne montrent pas d’effets néfastes chez
les humains. Ils ne sont pas recommandés chez les prématurés, ainsi que dans
les cas d’hypothyroïdie congénitale et d’allergie aux protéines du lait de vache.
38 Nutrition
le lait peut être très chaud à l’intérieur, alors que le biberon lui-même semble
froid ou tiède à l’extérieur. Il faut donc faire couler quelques gouttes de lait sur
le dos de la main ou sur la face antérieure de l’avant-bras pour s’assurer de sa
température. Il faut toujours prendre le bébé dans les bras pour le faire boire. Il
ne doit jamais être couché dans son lit, le biberon soutenu par un coussin ; cette
approche nuit à la relation parent-enfant et augmente le risque d’otite moyenne
et d’inhalation accidentelle. De plus, l’habitude de laisser l’enfant s’endormir avec
le biberon dans la bouche peut être responsable de caries dentaires importantes.
Le lait préparé peut être gardé 24 heures au réfrigérateur. Pour effectuer la
dilution, on utilise de l’eau bouillie pendant deux minutes jusqu’à l’âge de quatre
mois. Une fois préparée, l’eau bouillie peut être gardée refroidie à la tempéra-
ture de la pièce pendant 24 heures et conservée au réfrigérateur pendant 2 ou
3 jours ; toutefois, chez les nourrissons à risque d’infection (déficit immunitaire,
prématurité ou petit poids de naissance), durant les 2 premiers mois, elle doit
être utilisée après avoir refroidi pendant environ 20 minutes seulement, afin de
diminuer les risques de contamination bactérienne. Les biberons, les tétines et
le matériel servant à la préparation du lait doivent être lavés soigneusement à
l’eau chaude savonneuse et rincés après chaque utilisation. Le matériel doit être
stérilisé une fois par jour jusqu’à l’âge de quatre mois.
V. Suppléments
Pour le prématuré, voir Prématurité.
1) Vitamine D
Il importe de tenir compte des éléments suivants.
a) Le nourrisson allaité est à risque de déficit en vitamine D. En effet, le contenu
en vitamine D du lait humain n’est pas suffisant, et il y a un risque de rachi-
tisme en l’absence de supplémentation.
b) Toutes les préparations de lait commerciales pour nourrisson sont enrichies
en vitamine D (habituellement 400 UI/L) ; c’est le cas aussi pour le lait de
vache dans de nombreux pays développés, dont le Canada et la France.
c) Une partie des besoins est comblée par la production endogène de vitamine D
associée à l’exposition au soleil. Certaines situations augmentent le risque de
déficit en vitamine D telles que : forte pigmentation cutanée ; absence d’expo-
sition au soleil estival ; affection dermatologique empêchant cette exposition ;
malabsorption digestive, cholestase, insuffisance rénale, traitement anti-
épileptique (exemples : phénobarbital, phénytoïne).
Les recommandations varient d’un pays à l’autre en ce qui concerne les
besoins quotidiens et la supplémentation. Ainsi :
Au Canada Pendant la première année de vie, un apport de vitamine D
de 400 UI/24 h est recommandé pour tous les nourrissons :
i. chez le nourrisson allaité : un supplément de 400 UI/24 h jusqu’à ce que son
alimentation contienne cette quantité de vitamine D, venant d’autres sources
que le lait humain.
ii. chez le nourrisson qui est exclusivement nourri avec une préparation de lait com-
merciale : des suppléments sont recommandés pour l’enfant qui ne prend pas la
quantité de lait nécessaire pour combler ses besoins journaliers en vitamine D
(environ 1 L), surtout à la suite de l’introduction des solides, alors que les quan-
tités de lait consommé peuvent diminuer.
Après l’âge de 12 mois, Santé Canada (2012) recommande un apport de
vitamine D de 600 UI/24 h. Il est fréquent que l’apport alimentaire ne suffise pas
et qu’il faille prescrire un supplément.
En France La Société Française de Pédiatrie (2012) recommande :
i. chez le nourrisson allaité : un supplément de 1 000 à 1 200 UI/24 h ;
ii. chez l’enfant de moins de 18 mois recevant un lait enrichi en vitamine D : un
supplément de 600 à 800 UI/24 h en plus de l’apport dans l’alimentation ;
iii. chez l’enfant de moins de 18 mois recevant un lait de vache non enrichi en
vitamine D : de 1 000 à 1 200 UI/24 h ;
iv. chez l’enfant de 18 mois à 5 ans : 2 doses de charge trimestrielles de 80 000 à
100 000 UI de vitamine D en hiver (en novembre et en février).
2) Fer
Voir Anémie ; pour le prématuré, voir Prématurité.
Habituellement, après l’âge de six mois, la consommation de céréales enri-
chies en fer pour nourrisson (elles contiennent du fer non hémique dont
la biodisponibilité est d’environ 5 à 20 %) et surtout de viande et substituts
Nutrition 41
I. Aspects quantitatifs
La plupart des enfants et des adolescents n’ont pas besoin de prendre des pré-
cautions particulières pour maintenir un poids normal dans la mesure où ils
sont actifs.
Les besoins énergétiques quotidiens varient d’un sujet à l’autre selon la vitesse
de croissance, la proportion de tissu maigre et le niveau d’activité. En moyenne, ils
sont de 1 000 kcal plus 100 kcal par année d’âge, avec un maximum de 2 220 kcal
pour l’adolescente et de 3 200 kcal pour le garçon âgé de 16 à 18 ans.
Macronutriments
Les trois groupes de macronutriments sont les suivants.
Glucides Ils constituent de 45 à 65 % de l’apport énergétique total. On les retrouve
naturellement dans les produits céréaliers (de préférence à grains entiers, pour
obtenir une bonne source de fibres alimentaires), les fruits et les légumes ainsi
que les produits laitiers. On conseille de limiter les aliments riches en sucres
concentrés (exemples : bonbons, boissons sucrées) qui constituent des calories
« vides » et sont un facteur de risque de caries dentaires et de surpoids.
Lipides Ils constituent environ 30 % de l’apport énergétique total après
la deuxième année de vie en comparaison à 50 % de celui des nourrissons.
Divers organismes, dont l’American Academy of Pediatrics et Santé Canada,
recommandent une alimentation dans laquelle un maximum de 10 % de l’apport
énergétique provient des matières grasses d’origine animale (produits laitiers,
beurre, viande, œuf) qui sont riches en acides gras saturés et en cholestérol.
Nutrition 43
Généralités
Dans tous les pays développés, les blessures constituent la principale cause de
mortalité chez l’enfant âgé de plus de un an et chez l’adolescent. Même lors-
qu’elles ne sont pas mortelles, elles causent une morbidité importante, entraînant
des souffrances et des dépenses considérables ainsi que des handicaps perma-
nents. Pourtant, la plupart d’entre elles auraient pu être évitées.
Les principales causes de décès accidentels varient selon les groupes d’âge,
par contre les blessures de la route figurent en tête de liste chez les jeunes âgés
de 1 à 19 ans. Les autres causes majeures sont les noyades, les suffocations, les
brûlures, les chutes et les intoxications.
Les garçons sont davantage sujets aux blessures que les filles. Les groupes
les plus à risque sont les enfants d’âge préscolaire (de 1 à 4 ans), ainsi que les
adolescents et les jeunes adultes (de 15 à 24 ans). Les enfants atteints de défi-
cience intellectuelle et ceux qui présentent des troubles de comportement ou
un déficit de l’attention sont également plus vulnérables.
Les médecins généralistes et les pédiatres devraient jouer un rôle de premier
plan dans la prévention des blessures, tant auprès des enfants et de leur famille
que dans la communauté.
des parents, tout l’entourage de l’enfant doit être sensibilisé. Il faut aussi attirer
l’attention des proches sur les situations propices aux accidents, telles que les
fêtes et les événements de groupe, ou encore les moments d’inattention, de
fatigue ou de stress (allant des simples périodes de transition entre le travail ou
l’école et le domicile aux événements majeurs comme un deuil, une maladie
ou un déménagement).
Tous ceux qui ont la responsabilité de veiller sur des enfants devraient
connaître les techniques de premiers soins et de réanimation cardiorespira-
toire. Chaque famille devrait savoir comment accéder rapidement aux systèmes
de secours et garder bien en évidence les numéros de téléphone d’urgence
(centre antipoison, hôpital, pompiers et police). Les sections qui suivent
traitent de risques spécifiques et des principaux conseils de sécurité pour
chacun d’entre eux.
I. Risques de l’automobile
Les enfants âgés de moins de 12 ans (ou pesant moins de 40 kg) doivent tou-
jours s’asseoir sur la banquette arrière de l’auto parce qu’ils pourraient se faire
blesser par un sac gonflable ; ce type de blessure peut être mortel. Les jeunes
enfants doivent être attachés sur un siège approprié à leur poids et à leur
taille (vérifier les instructions du fabricant). Jusqu’à 10 kg, on utilise un siège
de nouveau-né, toujours orienté vers l’arrière. Entre 10 et 30 kg, on utilise le
siège d’enfant ; celui-ci devrait être orienté vers l’arrière le plus longtemps pos-
sible. De cette façon, la tête, le cou et la cage thoracique de l’enfant supporte-
ront mieux un choc éventuel. Il n’y a pas de limite d’âge pour utiliser un siège
d’enfant orienté vers l’arrière ; c’est la longueur des jambes de l’enfant qui un
jour ne le permettra plus. Le siège d’appoint convient aux enfants qui pèsent
plus de 18 kg. Celui-ci permet de surélever l’enfant pour bien ajuster la cein-
ture de sécurité. Les enfants mesurant moins de 63 cm en position assise (entre
le siège et le sommet du crâne) doivent continuer à utiliser un siège d’auto
adapté à leur poids.
L’enfant peut être assis sur le siège normal et y être maintenu par la ceinture
de sécurité lorsqu’il mesure plus de 63 cm en position assise et qu’il est capable de
s’asseoir sur la banquette avec le dos bien appuyé au dossier et les genoux pliés
au bout du siège avec une ceinture de sécurité bien ajustée (la ceinture doit passer
sur la clavicule et sur les hanches). L’enfant doit pouvoir rester dans cette position
tout le long du trajet. Tout comme les adultes, les enfants de plus de 40 kg (en-
viron 12 ans) doivent boucler leur ceinture de sécurité en tout temps.
Les parents devraient enseigner aux enfants, dès leur jeune âge, les dan-
gers des véhicules et les principes de la sécurité routière. Le jeune enfant
ne devrait pas jouer dans la rue et devrait toujours être accompagné pour la
traverser. Les adolescents et leurs parents devraient être avisés des dangers
liés au fait de conduire un véhicule à la suite d’une consommation d’alcool
ou de drogues.
V. Risques électriques
Il faut équiper les prises de courant de protecteurs spéciaux et ne jamais laisser
l’extrémité d’un câble de rallonge branché à découvert : si un enfant la portait à
sa bouche, elle pourrait lui causer de graves brûlures.
raisins entiers, rondelles de saucisses entières (les couper sur le sens de la lon-
gueur), fruits ou légumes crus durs, comme les carottes. Les pièces de monnaie
sont le corps étranger non alimentaire le plus fréquemment inhalé chez l’enfant.
Les sacs de plastique et les ballons de caoutchouc, tout comme les gants d’exa-
men donnés aux enfants au cabinet de médecin, constituent un risque majeur de
suffocation. Il convient aussi de bien lire les étiquettes des jouets : la mention « Ne
convient pas aux enfants de moins de trois ans » indique que les jouets en ques-
tion peuvent être une cause de suffocation. Par ailleurs, les cordons des rideaux
ou des stores devraient être hors de portée des jeunes enfants, et ces derniers ne
devraient jamais avoir un cordon autour du cou, notamment pour maintenir la
sucette, en raison des risques de strangulation.
Prévention communautaire
Les parents ne sont pas les seuls responsables de la sécurité des enfants. Les autorités
gouvernementales jouent un rôle important dans de nombreux domaines comme
l’éducation du public, la prévention et la répression de la conduite avec facultés
affaiblies, la sécurité aux abords des écoles, la supervision des piscines et des plages
publiques, l’enseignement des manœuvres de base de réanimation, l’organisation
des services de secours, ainsi que la réglementation et la vente des produits dan-
gereux. Les écoles ont leur part de responsabilité dans l’enseignement des règles
de sécurité aux enfants. Les associations de parents et de médecins devraient être
plus présentes dans le débat et exercer des pressions sur les divers ordres gouver-
nementaux afin qu’ils s’acquittent de leurs responsabilités. La télévision pourrait
Soins du nouveau-né normal 49
jouer un rôle plus actif dans l’éducation des enfants, des adolescents et des adultes
à propos des règles de sécurité individuelle et collective. La législation devrait jouer
un rôle de premier plan dans la protection des enfants. En effet, l’approche la plus
efficace pour prévenir les blessures combine les trois stratégies suivantes : éduca-
tion, modification des produits ou de l’environnement et législation.
Généralités
Dans les pays développés, la majorité des naissances surviennent en milieu hos-
pitalier. Ce chapitre décrit les soins du nouveau-né en contexte intrahospitalier.
Avant le congé
S’assurer des éléments suivants :
1) les signes généraux (signes vitaux) sont normaux et stables depuis les 12 der-
nières heures ;
2) le bébé a uriné régulièrement et passé au moins une selle méconiale ;
3) un examen médical vers 48 heures de vie n’a pas mis en évidence de pro-
blèmes justifiant de poursuivre l’hospitalisation ;
4) le risque de voir se développer une hyperbilirubinémie grave a été évalué ;
5) la SaO2 mesurée à la main droite et à un pied est égale ou supérieure à 95 %
à l’air ambiant, et la différence entre la SaO2 de la main et celle du pied est
de 3 % ou moins ;
6) le bébé a complété avec succès au moins deux tétées au sein, et sa mère se
sent à l’aise pour mettre son bébé au sein ;
7) une ordonnance de vitamine D a été remise selon la posologie recomman-
dée (en général 400 UI/24 h si le bébé est allaité) ;
8) les parents ont reçu l’information sur les soins au nouveau-né et les conseils
de sécurité (position de sommeil, siège d’auto, enseignement pour la pré-
vention du syndrome du bébé secoué) ;
9) les parents ont confiance dans leur capacité de prendre soin de leur bébé
et savent reconnaître les principaux signes de maladie du nouveau-né ;
10) des membres de la famille sont disponibles pour aider la mère ;
11) une ressource médicale qui assurera le suivi du bébé a été indiquée.
Tout congé précoce (avant 48 heures de vie) nécessite un suivi dans les
deux ou trois jours suivant le départ, avec la possibilité d’hospitaliser l’enfant à
court terme (exemple : photothérapie) et d’héberger sa mère.
Vaccinations 9
Marc Lebel, Philippe Ovetchkine
Généralités
La vaccination est l’une des mesures de santé publique les plus efficaces pour
la prévention des maladies infectieuses. Sauf pour de rares exceptions, tous les
enfants doivent être systématiquement vaccinés contre une série de maladies.
En plus du calendrier habituel, certains enfants atteints de maladies chroniques
doivent recevoir des vaccins supplémentaires.
Le médecin joue un rôle important dans la promotion de la vaccination, en
s’assurant, chaque fois qu’un enfant ou un adolescent le consulte, que celui-ci
est adéquatement vacciné. Il doit être capable de répondre aux questions des
parents sur les avantages et les risques des vaccins et bien connaître les mythes
qui entourent l’immunisation.
Il existe des vaccins vivants atténués (varicelle, rotavirus, influenza – vac-
cin intranasal –, tuberculose ou BCG, poliomyélite – vaccin oral –, rougeole,
rubéole et oreillons ou RRO), des vaccins inactivés entiers (hépatite A, influenza,
poliomyélite – vaccin injectable –, coqueluche à germes entiers), des vaccins
inactivés de protéines purifiées (diphtérie, tétanos, coqueluche acellulaire,
52 Vaccinations
peut prendre de plusieurs semaines à quelques mois. Les vaccins vivants contre
la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle peuvent causer une poussée
fébrile de 5 à 14 jours après l’injection et, plus rarement, une éruption. Un éva-
nouissement peut survenir après la vaccination, plus fréquemment chez l’enfant
plus âgé et l’adolescent. Les effets secondaires survenant après une vaccination
devraient être rapportés aux autorités de santé publique. Cependant, lorsqu’un
événement indésirable survient, il faut éviter de mettre systématiquement la vac-
cination en cause.
Les réactions graves décrites ci-après sont rares.
• Une réaction anaphylactique demeure possible après toute vaccination. Il est
important d’avoir à portée de la main le matériel de secours nécessaire à la
prise en charge d’une telle urgence.
• Des convulsions fébriles ou sans fièvre ont été rapportées après la vaccina-
tion. Elles peuvent être liées ou non à celle-ci et ne constituent pas en soi
une raison de ne plus administrer le vaccin.
• Une atteinte de type encéphalopathie ou encéphalite doit être suspectée lors-
qu’une dysfonction cérébrale importante persiste pendant plusieurs heures :
altération de l’état de conscience, pleurs anormaux, convulsions, ralentissement
de l’activité cérébrale à l’EEG. Cette complication demeure extrêmement rare.
Il est important d’éliminer d’autres causes pouvant expliquer ces symptômes.
• Une hypersensibilité de type III (phénomène d’Arthus) se traduit par la sur-
venue de lésions de plus en plus inflammatoires au point d’injection au fur
et à mesure de l’administration des doses, surtout lorsqu’elles sont répétées
et trop rapprochées et que les vaccins contiennent les composantes contre la
diphtérie et le tétanos.
• Une hypotonie, une hyporéactivité ou même un collapsus peuvent également
être observés. Depuis l’introduction des vaccins acellulaires contre la coque-
luche, ces réactions sont devenues très rares.
• Des cas de thrombopénie importante ont été rapportés après la vaccination.
Malgré le fait que, dans la plupart des cas, une infection virale récente aurait
pu prédisposer à la thrombopénie, certains cas peuvent être attribués aux vac-
cins, surtout s’il s’agit de vaccins vivants atténués (RRO). La décision d’admi-
nistrer la deuxième dose lorsqu’une thrombopénie est apparue au décours de
la première injection doit alors être prise sur une base individuelle en tenant
compte à la fois de la gravité de la manifestation et de la situation épidémio-
logique locale de la maladie que l’on veut prévenir.
• La composante tétanique peut rarement être responsable d’un syndrome de
Guillain-Barré ou d’une névrite brachiale. La revaccination avec cette com-
posante est alors contre-indiquée. Le vaccin contre la grippe a également
été associé à certains cas de syndrome de Guillain-Barré. Le vaccin contre
l’hépatite B a été l’objet d’une controverse quant à sa responsabilité dans la
survenue d’encéphalopathie chronique démyélinisante et de syndrome de
Guillain-Barré ; aucune relation de cause à effet n’a été démontrée.
V. Déficit immunitaire
Les vaccins vivants sont en général contre-indiqués chez les patients immunocom-
promis, incluant ceux qui prennent des corticostéroïdes. La dose considérée
comme immunosuppressive pour les corticostéroïdes est de 2 mg/kg/24 h (ou
de 20 mg/24 h) de prednisone (ou l’équivalent) pendant plus de 2 semaines.
La corticothérapie topique (nasale, bronchique, cutanée) n’est pas une contre-
indication à la vaccination. Les vaccins inactivés peuvent être administrés aux
hôtes immunocompromis, mais leur efficacité dépend du degré d’immunosup-
pression ; la réponse immunitaire peut être inadéquate. Les enfants infectés
par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et qui ne sont pas fortement
immunocompromis peuvent recevoir le vaccin RRO en début de maladie. Tous
les membres de la famille se trouvant en contact avec un enfant immunocom-
promis devraient être vaccinés contre la grippe.
deux ans comme dose de rappel du vaccin conjugué, chez les enfants atteints de
maladie chronique (exemples : anémie falciforme, diabète, fibrose kystique [mu-
coviscidose], cardiopathie congénitale grave).
Problèmes particuliers
I. Administration simultanée de plusieurs vaccins
Le calendrier vaccinal comprend de nombreuses doses de vaccins à administrer sur
une courte période de temps. Il n’y a pas de contre-indications à administrer deux
Vaccinations 59
V. Prématurité
On doit vacciner le prématuré selon le programme habituel, en tenant compte
de l’âge chronologique réel et non de l’âge corrigé. L’enfant né prématuré-
ment doit recevoir les mêmes doses de vaccins que l’enfant né à terme. L’im-
munogénicité induite par le vaccin de l’hépatite B est moins bonne chez les
enfants nés avec un poids de naissance de moins de 2 000 g. Pour eux, on
recommande un calendrier vaccinal de quatre doses : la première dose dès
la naissance ou en dedans de sept jours de la naissance ; la deuxième dose
quand l’enfant a atteint le poids de 2 000 g ou est âgé de deux mois ; la troi-
sième dose, un mois après la deuxième dose ; et la quatrième dose, cinq mois
après la deuxième dose.
Généralités
Les premières années de la vie de l’enfant sont marquées par des changements
très rapides dans son développement physique et psychomoteur. La malnutrition,
le manque de stimulation, la négligence, l’exposition à des stress physiques ou
psychologiques durant ces années charnières peuvent influer sur le dévelop-
pement du système nerveux central et avoir de sérieuses conséquences d’ordre
affectif et cognitif, ainsi que sur la santé générale de l’adulte en devenir. Des
problèmes épidémiques, dont l’obésité, le tabagisme et le diabète de type 2, sont
la conséquence de comportements et d’habitudes de vie inscrits très tôt dans le
cours de l’existence. Le recours à des visites médicales périodiques permet de
favoriser le bien-être des enfants, des adolescents et, ultimement, des adultes
futurs. Les activités de prévention, reposant sur des épreuves de dépistage et des
conseils anticipatoires, sont plus faciles à intégrer dans le cadre de visites pério-
diques que dans le contexte d’une consultation pour un problème particulier.
L’adolescence est une période où il peut y avoir un relâchement, voire une
interruption du suivi médical, surtout chez les garçons ; le praticien doit donc
profiter de tout contact avec un adolescent, par exemple au moment d’une visite
aux urgences, pour s’enquérir de son suivi médical, pour lui prodiguer quelques
conseils de base et pour l’encourager à reprendre contact avec son médecin (ou
le diriger pour un suivi s’il n’a pas de médecin personnel).
Le programme et le contenu des visites périodiques proposés ci-après peuvent
se prêter à toute une variété d’adaptations.
familiale, histoire des parents (âge, consanguinité, pays d’origine, année d’immi-
gration, scolarité, emploi), habitation, antécédents familiaux (exemples : surdité,
strabisme ou trouble de réfraction, anémie falciforme [drépanocytose], tuber-
culose, hépatite B ou C, hyperlipidémie, maladies cardiovasculaires précoces,
asthme, allergies, obésité, diabète, épilepsie, troubles du développement ou de
santé mentale), histoire prénatale (complications durant la grossesse, infection,
prise de médication, de tabac, d’alcool ou de drogues par la mère), accouche-
ment (âge gestationnel, complications obstétricales), période périnatale (poids
de naissance, taille, périmètre crânien, score d’Apgar, complications médicales)
et autres antécédents personnels de l’enfant (problèmes de santé connus, hos-
pitalisations, chirurgies, allergies, médication, vaccination).
V. Conclusion de la visite
On informe les parents, et le patient lui-même si son âge s’y prête, des conclusions
de la consultation. Les réponses à leurs préoccupations, les problèmes décelés
64 Voyages
ainsi que les explorations et les traitements proposés doivent être expliqués en
termes accessibles. Avant de clore la consultation, le médecin donne à l’enfant
ou à l’adolescent, ainsi qu’à ses parents, l’occasion de poser des questions.
Des conseils préventifs et anticipatoires sont fournis en fonction de l’âge,
de la saison et des spécificités du patient. Des dépliants d’information ou des
suggestions de lecture peuvent être offerts, incluant la consultation de certains
sites Internet.
Voyages 11
Jean Turgeon, Jean-François Chicoine, Selim Rashed
Généralités
Le médecin est appelé à conseiller ses patients et leur famille sur les actions pré-
ventives à prendre avant un court ou un long séjour à l’étranger. Des mesures de
base s’appliquent pour la plupart des destinations. Une guidance anticipatoire
ciblée sur les besoins spécifiques de l’enfant en fonction de son état de santé,
de la destination et du type de séjour minimise également les risques.
Dans les pays où l’hygiène est insatisfaisante, il faut redoubler de vigilance
en matière de lavage des mains. Au besoin, on peut employer un assainisseur à
mains à base d’alcool et d’émollients qui ne nécessite ni eau ni serviette.
La protection solaire est importante partout. Il ne faut pas oublier d’appor-
ter un chapeau à large rebord ou une casquette à visière, ainsi que des lunettes
de soleil. On doit éviter l’ensoleillement entre 10 h et 14 h l’été ou en zone tro-
picale. Dans certains cas (enfants âgés de moins de six mois, séjour en altitude,
photodermatose connue, risque de phototoxicité médicamenteuse), on a avan-
tage à utiliser un écran solaire total à base de dioxyde de titane ou d’oxyde de
zinc. Autrement, les lotions solaires à recommander doivent contenir des photo-
protecteurs chimiques contre les rayons UVB, avec filtre solaire FPS 15, 30, 40
ou même 60, et contre tout le spectre des rayons UVA.
La prévention des blessures et des accidents doit être renforcée. De nom-
breux visiteurs ou touristes sont victimes d’accidents et, dans une moindre mesure,
d’actes de violence au cours de leur séjour à l’étranger. Les traumatismes repré-
sentent la principale cause de mortalité chez les voyageurs, entraînant beaucoup
plus de décès que les maladies infectieuses. Parmi les causes les plus fréquem-
ment répertoriées, il faut mentionner les accidents de la route, les noyades et,
chez les adolescents, les accidents liés aux pratiques sportives, l’alcool étant
alors souvent en cause.
Le risque d’être infecté par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou
d’acquérir une hépatite, dont les hépatites virales B et C en tête de liste, s’avère
particulièrement élevé en voyage. Il est associé à diverses pratiques : usage de
drogue, tatouage, perçage, relations sexuelles, injections et transfusions. La
consultation voyage est l’occasion de rappeler aux adolescents les conduites à
risque et d’encourager l’utilisation du préservatif au cours d’activités sexuelles.
Le sujet de la contraception d’urgence peut aussi être abordé.
Les maladies transmises par les arthropodes demeurent un enjeu important
dans plusieurs pays du monde. Les principales mesures préventives sont décrites
plus loin (voir section Risques liés aux arthropodes).
Voyages 65
Marcher pieds nus expose aux blessures, aux brûlures causées par le sable
de plage et, en pays chaud, aux infections acquises par les parasites vivant
dans le sol et pouvant pénétrer dans la peau, comme les larva migrans et les
ankylostomes. Dans plusieurs pays du Sud, il est également préférable d’éviter
la baignade en eau douce pour se prémunir contre des infections moins fré-
quentes, mais documentées chez les jeunes voyageurs, telles la leptospirose, la
mélioïdose et la schistosomiase en Amérique du Sud, en Afrique subsaharienne
et dans plusieurs pays d’Asie.
Autres considérations
I. Transit aérien
En raison de la diminution de la pression atmosphérique en altitude et malgré
une certaine mise sous pression de la cabine dans les avions de ligne, plusieurs
modifications surviennent durant un transit aérien. La pression atmosphérique
et la pression partielle en oxygène diminuent à des niveaux correspondant à
ceux retrouvés à une altitude de 1 800 à 2 400 m. La FiO2 se situe aux alentours
de 15 %, et l’air se fait plus frais et plus sec, l’humidité relative étant de 10 %.
Les patients qui risquent de mal tolérer une baisse de SaO2 même modeste
(exemples : pneumopathie ou cardiopathie importante, anémie grave), devraient
s’abstenir de prendre l’avion en l’absence d’une oxygénothérapie compensatoire.
Pour obtenir des renseignements complémentaires ou pour réserver de l’oxygène
en vol, on doit communiquer avec la compagnie aérienne au moins 48 heures
avant le départ prévu de son patient.
À cause de l’expansion des gaz, un pneumothorax fermé non radiolo-
giquement résolu ou traité depuis moins de quelques semaines est une contre-
indication au vol. Les patients ayant subi certaines interventions récentes (exemples :
gouttières orthopédiques, chirurgie abdominale ou thoracique, intervention tou-
chant l’oreille moyenne ou interne, adéno-amygdalectomie) ne devraient voyager
qu’après avis médical. Bien qu’il n’existe pas de preuve scientifique en faveur de
cette attitude, on considère que l’otite moyenne aiguë est une contre-indication
relative à voyager en avion, en raison du risque de perforation tympanique ; à
moins d’une tympanotomie ou d’une perforation tympanique spontanée, on sug-
gère généralement d’attendre deux semaines après le début du traitement avant
de prendre l’avion.
Les nouveau-nés peuvent voyager en avion dès la deuxième semaine de
vie, mais on suggère généralement qu’ils soient âgés d’au moins trois semaines
pour de longs transits aériens, notamment transatlantiques.
Les changements de pression atmosphérique peuvent causer des inconforts
durant le vol ; ils se produisent surtout à la montée (expansion des gaz) et à la
descente (compression des gaz). Les plus manifestes sont les maux d’oreilles.
Ils peuvent être prévenus ou atténués en faisant téter les nourrissons ou en
permettant aux enfants plus vieux de mâcher de la gomme ou d’effectuer des
manœuvres de Valsalva en se bouchant le nez. Chez les adolescents enrhumés,
l’utilisation préventive de décongestionnants par voie orale ou intranasale peut
s’avérer utile. Toutes ces mesures ont pour but de décomprimer la trompe d’Eus-
tache et de rééquilibrer la pression dans l’oreille moyenne.
Au cours de longs vols, il est bon d’offrir de l’eau toutes les heures au jeune
enfant, en particulier à l’enfant de moins de deux ans, l’air sec de la cabine pou-
vant provoquer de la toux et assécher les muqueuses. Des mesures d’hygiène
66 Voyages
5) Infections à méningocoque
Le vaccin conjugué contre le méningocoque de type C peut se donner dès l’âge
de deux mois. Son efficacité s’avère excellente. Il existe aussi un vaccin conjugué
quadrivalent contre les méningocoques de type A, C, Y et W-135 ; il est indiqué
de l’administrer aux enfants et aux adolescents qui effectueront un séjour dans
un pays où des épidémies sont en cours, surtout quand ils voyagent en groupe.
Il s’agit le plus souvent de certains pays d’Afrique sub-saharienne. Ce vaccin
peut être prescrit dès l’âge de deux mois. Certains pays exigent un certificat de
vaccination pour les étudiants étrangers ou pour les familles, notamment pour
les voyageurs qui se rendent à La Mecque.
6) Influenza
La saison grippale est inversée dans l’hémisphère Sud, ayant lieu d’avril à sep-
tembre ; elle peut persister toute l’année en région tropicale. Les voyageurs
internationaux peuvent donc importer le virus de la grippe dans une région en
dehors de la saison habituelle de transmission. Ainsi, la majorité des consulta-
tions de voyageurs offrent dorénavant, selon les stocks disponibles, l’accessibi-
lité au vaccin contre l’influenza que l’on peut administrer à partir de l’âge de six
mois (voir Vaccinations).
7) Tuberculose
Compte tenu de la faible efficacité du vaccin vivant atténué contre la tuberculose
(BCG), il est préférable de procéder régulièrement à un test cutané à la tuber-
culine chez les enfants exposés à la maladie au cours de séjours à l’étranger et
de les traiter en cas de résultat positif, plutôt que de les vacciner. Pour prévenir
les formes disséminées, pulmonaires ou méningées (voir Tuberculose), on peut
cependant vacciner les enfants âgés de moins de cinq ans qui vivront de manière
prolongée dans des régions à risque élevé d’exposition, en procédant si possible
dès la naissance. Au cours de stages d’études ou de formation à l’étranger, certains
adolescents doivent également fournir une preuve de vaccination par le BCG.
8) Rage
Il peut être justifié de recommander une vaccination de préexposition contre la
rage aux enfants et aux adolescents qui effectueront des activités de randonnée
ou de cyclisme au cours d’un séjour de plus de un mois dans des pays comme
l’Inde, où la rage représente encore un risque relatif. Le vaccin inactivé dispo-
nible au Canada et en Europe s’administre par voie intramusculaire aux jours 0, 7,
et 21 ou 28. La posologie est la même chez l’enfant et chez l’adulte. Pour la pro-
phylaxie postexposition, voir Morsures animales et humaines, rage.
9) Choléra
À moins d’épidémie, le risque de contracter le choléra (maladie diarrhéique
causée par le Vibrio choleræ) est faible, sauf pour les voyageurs hors circuit qui
visitent des zones endémiques pendant l’été local. Les mesures préventives de
base sont de rigueur ; il faut particulièrement éviter la consommation de mollus-
ques. Un vaccin oral inactivé peut être administré, exceptionnellement, chez les
enfants âgés de plus de deux ans séjournant dans des zones à risque et isolées
des ressources médicales. Ce vaccin confère de plus une certaine protection
(estimée à environ 50 %) contre le principal agent responsable de la diarrhée
des voyageurs, l’Escherichia coli entérotoxinogène.
Voyages 69
Parmi les autres maladies transmises par les arthropodes figurent la fièvre
jaune et l’encéphalite japonaise (voir ces sections, plus haut), le virus du Nil
occidental et les filarioses.
La prévention des maladies transmises par les arthropodes réside essentiellement
en des mesures de lutte antivectorielle. De façon générale, on recommande de se
protéger contre les piqûres d’insectes en se recouvrant le plus possible de vêtements
longs, amples et pâles et d’utiliser des insectifuges (répulsifs) sur les parties non
protégées. Pour la chambre à coucher, le recours à de l’air conditionné ou à des ser-
pentins insectifuges à base de pyréthamine, ainsi qu’à des moustiquaires imprégnées
d’insecticides, diminue le risque de morbidité et de mortalité. Chez les enfants, et
surtout chez les nourrissons âgés de moins de six mois, d’autres mesures, comme
l’emploi de moustiquaires portatives imprégnées d’insecticide, devraient former la
prévention de base. Ces moustiquaires peuvent être utilisées par-dessus un siège
de bébé pour voiture, un berceau, un parc portatif pour enfant ou une poussette.
Les insectifuges à base de DEET (N, N-diéthyl-méta-toluamide, aussi appelé
N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide) sont habituellement reconnus comme les plus
efficaces et, malgré une prudence de rigueur chez les enfants âgés de moins
de deux ans (des cas exceptionnels de convulsions ont été rapportés chez de
jeunes enfants à la suite de l’application d’insectifuges contenant du DEET), ils
sont également considérés comme sécuritaires à partir de l’âge de six mois. Les
organismes de réglementation de divers pays occidentaux émettent des recom-
mandations qui peuvent varier quant à la concentration maximale et à la fré-
quence d’application du DEET, en particulier chez les enfants. Santé Canada
(2012) autorise des concentrations pouvant atteindre 10 % pour ceux qui sont
âgés de 6 mois à 12 ans, et 30 % pour les enfants de plus de 12 ans. Il ne faut
pas dépasser une application quotidienne pour les enfants de 6 mois à 2 ans,
mais il est possible d’atteindre trois applications par jour pour les enfants de 2 à
12 ans.
On doit évaluer le risque de l’exposition au DEET en fonction de celui de
contracter une maladie mortelle transmise par des moustiques. On peut minimiser
la probabilité d’effets secondaires en observant les pratiques suivantes : appli-
quer l’insectifuge légèrement et seulement sur la peau exposée ; éviter d’appliquer
des produits très concentrés ; éviter d’appliquer les insectifuges sur les parties des
mains des enfants qui pourraient entrer en contact avec les yeux ou la bouche ;
ne jamais utiliser d’insectifuge sur une blessure ou sur la peau irritée ; laver la
peau traitée avec un insectifuge dès que les enfants reviennent à l’intérieur.
Le DEET pouvant réduire l’efficacité de l’écran solaire et le type d’application
recommandé de ces deux produits étant fort différent, il faut éviter les produits
combinant ces deux agents et appliquer d’abord l’écran solaire, le laisser péné-
trer dans la peau pendant environ 20 minutes, puis appliquer le DEET.
Les autres insectifuges démontrés efficaces sont la picaridine, le P-menthane
3,8-diol (PMD) et l’IR3535. Les principaux insectifuges d’origine naturelle, comme
ceux à base de citronnelle ou d’eucalyptus, ont un faible pouvoir répulsif et
une action trop courte, d’une trentaine de minutes. Les complexes vitaminiques B
de même que les bracelets anti-insectes ne sont pas efficaces.
l’enfant, on peut tenter certaines des mesures suivantes : le distraire, lui offrir de
petites collations, améliorer la ventilation ou la climatisation du véhicule ou de la
cabine, s’asseoir près des ailes, en avion, ou au centre du bateau ou de l’autobus,
lui apprendre à fixer l’horizon ou un objet stable hors du véhicule. Le dimenhy-
drinate ou un autre antihistaminique à prendre de 30 à 60 minutes avant le départ,
puis toutes les 4 à 6 heures, aide à prévenir ou à traiter les symptômes, difficiles
à contenir une fois installés.
Abcès dentaire 12
Hélène Buithieu, Marc Lebel
Généralités
L’abcès dentaire résulte habituellement d’une carie dentaire, plus rarement d’une
infection des gencives ou d’un traumatisme. Cette infection, le plus souvent
polymicrobienne, est causée par des bactéries normalement présentes dans la
bouche, impliquant de façon prédominante des germes anaérobies stricts cocci
Gram positif (Peptostreptococcus sp, Micromonas sp) et des bâtonnets Gram
négatif (Porphyromonas, Prevotella, Fusobacterium), ainsi que des streptocoques
facultatifs et microaérophiles.
Manifestations cliniques
On peut observer de la fièvre (inconstante) et une tuméfaction plus ou moins
douloureuse de la gencive autour d’une dent cariée, avec ou sans hyperhémie
cutanée. Dans les infections compliquées, le patient peut présenter un œdème
facial unilatéral ou une induration de la région sous-maxillaire. La percussion
verticale de la dent provoque fréquemment une douleur exquise.
Explorations
L’hémogramme peut révéler une hyperleucocytose avec prédominance des neutro-
philes. On pratique une ou plusieurs hémocultures si la fièvre est élevée et au
moins deux si le patient est porteur d’une cardiopathie congénitale ; cependant,
elles se révèlent rarement positives. La radiographie du maxillaire aide à préciser
le site exact et l’étendue de la lésion.
Traitement
I. Analgésie
Il est important d’assurer une analgésie adéquate. Le plus souvent, l’acétamino-
phène (paracétamol) est suffisant.
II. Antibiothérapie
L’antibiothérapie est administrée par voie orale ou parentérale selon l’extension
de la lésion et l’importance de l’atteinte systémique.
1) Dans les cas légers ou modérés, on utilise de la pénicilline V pendant sept
jours. En cas d’allergie à la pénicilline, on peut prescrire de la clindamycine.
2) Dans les cas graves (c’est-à-dire ceux qui requièrent une hospitalisation),
la clindamycine par voie intraveineuse est habituellement considérée
comme le meilleur choix. Une autre option acceptable est la pénicil-
line G cristalline, mais de nombreux germes anaérobies peuvent être
résistants à cet antibiotique. En pratique, on prescrit le plus souvent de
la pénicilline par voie orale en ambulatoire et de la clindamycine par
voie intraveineuse chez le patient hospitalisé. Le passage à la voie orale
peut se faire lorsque la fièvre a disparu et que les signes locaux sont en
nette régression. La durée totale du traitement, par voie intraveineuse
puis par voie orale, est d’une dizaine de jours. Si l’enfant ne tolère pas
Abcès et cellulite rétropharyngés 75
Complications
Les principales complications sont les suivantes : abcès cérébral, bactériémie ou
état septique, endocardite, extension locale ou à distance, angine de Ludwig
(cellulite du plancher de la bouche), ostéomyélite du maxillaire, sinusite, throm-
bophlébite de la veine jugulaire (syndrome de Lemierre), thrombose du sinus
caverneux, fasciite nécrosante.
Pronostic
Avec un traitement adéquat, le pronostic est excellent.
Prévention
Voir Visites médicales périodiques.
Généralités
Les structures cervicales profondes (veineuses, artérielles, nerveuses) sont entou-
rées par des fascias qui forment plusieurs espaces virtuels. Une infection de voi-
sinage, telle qu’une cellulite périamygdalienne ou rétropharyngée, peut s’étendre
et envahir ces espaces virtuels, donner lieu à la formation d’abcès périamygda-
liens (rare chez l’enfant), parapharyngés ou rétropharyngés.
L’abcès rétropharyngé est la forme la plus fréquente d’infection cervicale
profonde chez l’enfant. Il consiste en une infection des ganglions lymphatiques
situés entre la face antérieure de la colonne cervicale et la paroi postérieure
du pharynx. Ces ganglions drainent l’oropharynx, le nasopharynx, les cavités
nasales, les végétations adénoïdes et les sinus. Ils évoluent vers une fibrose
à la suite d’infections répétées, ce qui explique que la fréquence de l’abcès
rétropharyngé diminue après l’âge de quatre ans. L’abcès rétropharyngé peut
aussi être dû à un traumatisme local (exemples : intubation, présence d’un
corps étranger).
Quel que soit le type d’abcès des tissus cervicaux profonds, les agents
étiologiques habituels sont le Staphylococcus aureus, le Streptococcus pyogenes
(streptocoque β-hémolytique du groupe A), les streptocoques viridans et des
bactéries anaérobies (Peptostreptococcus, Prevotella, Bacteroïdes et Fusobac-
terium). Le S. aureus résistant à la méthicilline a rarement été décrit dans les
abcès rétropharyngés.
76 Abcès et cellulite rétropharyngés
Manifestations cliniques
Le début des symptômes est en général insidieux. Les principaux symptômes
sont de deux types : infectieux (altération de l’état général, fièvre) et locorégio-
naux (dysphagie, douleur à la déglutition ou douleur cervicale). Certains patients
peuvent présenter une raideur de la nuque ou un torticolis.
Les signes physiques les plus communs sont la masse cervicale (adénopa-
thie ou abcès parapharyngé), le bombement – le plus souvent unilatéral – de la
paroi postérieure du pharynx, la sialorrhée, les postures anormales de la tête et
du cou (torticolis, opisthotonos) et le trismus.
Les signes habituels d’obstruction des voies respiratoires supérieures (res-
piration bruyante, tirage sus-sternal et xiphoïdien, accélération des fréquences
cardiaque et respiratoire) demeurent très rares chez le jeune enfant. En phase
avancée, on peut voir apparaître du stridor, de l’épuisement, de la cyanose, des
apnées, ainsi qu’une altération de l’état de conscience.
Il existe une entité particulière appelée syndrome de Lemierre, causée par
le Fusobacterium necrophorum. Ce syndrome consiste en une pharyngite nécro-
tique évoluant vers une thrombophlébite suppurée de la veine jugulaire interne,
avec, dans les formes avancées, la survenue d’abcès pulmonaires.
Explorations
L’hémogramme montre habituellement une hyperleucocytose avec prédominance
des neutrophiles. L’hémoculture est rarement positive.
La radiographie de profil des tissus mous du cou, faite si possible en
inspiration avec le cou en extension, permet un diagnostic préliminaire
d’abcès rétropharyngé : on observe un bombement vers l’avant de la paroi
postérieure du pharynx et un élargissement de l’espace prévertébral cervi-
cal, qui doit normalement avoir une largeur inférieure à la moitié de celle
d’un corps vertébral cervical. Chez le jeune enfant, la largeur de cet espace
peut varier selon la position de la tête et la phase respiratoire. Plus l’en-
fant est jeune, plus cette variation est grande. Les faux positifs sont donc
fréquents. L’examen tomodensitométrique du cou est le meilleur choix ; il
permet de diagnostiquer et de préciser l’étendue de la cellulite, de l’abcès
ou d’une autre complication. La présence d’air, avec ou sans niveau liquide,
indique un abcès.
Traitement
I. Analgésie
Voir Douleur.
II. Antibiothérapie
• Premier choix : la clindamycine par voie intraveineuse en raison de la possibilité
d’une infection par des bactéries anaérobies. En absence d’abcès, lorsque les
signes généraux (signes vitaux) ont disparu depuis au moins 48 heures, le
traitement peut être poursuivi par voie orale, soit avec de la clindamycine ou
avec l’association amoxicilline/acide clavulanique.
• Autre choix : l’association ticarcilline/acide clavulanique par voie intraveineuse
(ou l’association amoxicilline/acide clavulanique lorsqu’elle est disponible par
voie intraveineuse).
Acné 77
Lorsque les signes généraux (signes vitaux) ont disparu depuis au moins
48 heures, le traitement peut être poursuivi par voie orale selon le choix initial.
La durée totale de l’antibiothérapie est d’au moins 10 jours.
III. Chirurgie
On doit drainer d’urgence, sous anesthésie générale, l’abcès responsable de mani-
festations respiratoires. À la suite de l’intervention, il est parfois nécessaire de
laisser la sonde endotrachéale en place pendant 24 à 72 heures afin de protéger
les voies respiratoires. Un essai thérapeutique avec des antibiotiques intraveineux
est recommandé pour l’abcès ou le phlegmon de petit calibre sans manifestation
respiratoire. Il sera nécessaire de procéder à un drainage chirurgical s’il y a pro-
gression de l’abcès ou absence de réponse après 24 à 48 heures de traitement.
Complications
On peut observer les complications suivantes : bactériémie, extension régionale
de l’infection (médiastinite), obstruction des voies respiratoires supérieures,
pneumonie par inhalation, thrombose, anévrisme ou perforation des gros vais-
seaux du voisinage.
Pronostic
Le pronostic est excellent lorsque l’enfant est promptement et correctement traité.
Acné 14
Julie Powell
Généralités
L’acné est très fréquente : plus de 85 % des adolescents en sont atteints à des degrés
divers. L’affection se situe dans le follicule pilosébacé. Plusieurs facteurs contribuent
au développement de la maladie : obstruction de l’infundibulum folliculaire par une
hyperkératose de rétention, augmentation de la production de sébum, présence
de bactéries (Propionibacterium acnes) à l’intérieur du follicule et influences hor-
monales. Les répercussions de l’acné sur l’image de soi peuvent être importantes.
Manifestations cliniques
Les lésions d’acné sont polymorphes. La lésion primaire est le comédon fermé ;
on peut trouver, à des degrés divers, des comédons ouverts, des papules, des
pustules, des nodules, des kystes et des cicatrices. On classifie généralement
l’acné en quatre stades :
• stade 1 : acné comédonienne ;
• stade 2 : acné papulocomédonienne légère ou modérée ;
• stade 3 : acné papulopustuleuse grave ;
• stade 4 : acné nodulokystique.
On peut aussi la classifier en légère, en modérée ou en grave. Le passage
d’un stade à un autre est possible.
78 Acné
Traitement
I. Par voie locale
Le traitement local est utilisé seul pour l’acné de stade 1 ou 2. Il est combiné
avec un traitement par voie générale dans les cas plus graves.
Peroxyde de benzoyle Seul ou en combinaison, c’est le traitement de prédi-
lection d’une acné légère ou modérée. Il se présente sous forme de gel alcoolisé
ou aqueux à des concentrations variant entre 2,5 et 20 %. Il a une action bacté-
ricide, kératolytique et sébostatique. Ce produit peut être irritant, et il provoque
des réactions allergiques dans 1 à 2 % des cas. Il doit être appliqué une fois par
jour, le soir, après nettoyage de la peau. On commence par la plus faible con-
centration (2,5 %). Selon la réponse clinique et la tolérance du patient, la concen-
tration peut être augmentée graduellement jusqu’à 20 %, et la fréquence des
applications, jusqu’à deux fois par jour.
Rétinoïdes topiques Ce sont les agents kératolytiques par excellence. Seule
ou en combinaison, la trétinoïne constitue un traitement de choix de l’acné co-
médonienne. Elle se présente sous diverses formes, à des concentrations allant
de 0,01 à 0,1 %. Elle est appliquée une fois par jour, le soir, après nettoyage de la
peau. La trétinoïne peut être irritante pour la peau et causer de la photosensibi-
lité. On commence par une concentration faible et on l’augmente graduellement,
selon la réponse clinique et la tolérance du patient. Parmi les autres rétinoïdes
topiques, mentionnons l’adapalène (crème et gel 0,1 % et 0,3 %), qui est moins
irritant que la trétinoïne, et le tazarotène (gel et crème 0,05 % et 0,1 %), à l’effet
anticomédonien puissant, mais qui est irritant.
Antibiotiques On y a recours dans le cas de mauvaise réponse ou d’into-
lérance au peroxyde de benzoyle et à la trétinoïne. Les antibiotiques ont peu
d’effet anticomédonien, et ils sont surtout indiqués pour le traitement de l’acné
inflammatoire (papules et pustules). On utilise la clindamycine 1 % ou 2 % ou
l’érythromycine 2 % ou 4 %, et ce, dans une crème ou une base alcoolisée. On
applique l’une ou l’autre une ou deux fois par jour, seule ou en association avec
la trétinoïne. Une résistance du P. acnes peut se développer, mais l’association
avec du peroxyde de benzoyle évite cette complication.
Produits combinés Des combinaisons de peroxyde de benzoyle et de clindamy-
cine ou d’érythromycine en gel sont d’excellents anti-inflammatoires et provoquent
peu d’irritation de la peau ; leur association permet d’éviter le développement
de résistance antibiotique. Des gels de trétinoïne (0,01 %, 0,025 % et 0,05 %) et
d’érythromycine ou de clindamycine assurent à la fois un effet kératolytique
et antibactérien/anti-inflammatoire ; l’application quotidienne unique favorise l’ob-
servance, mais ces produits sont plutôt irritants. Une résistance antibactérienne
peut se développer. La combinaison de peroxyde de benzoyle et d’apalène est
plus efficace que chacun des agents utilisés seuls et est bien tolérée, tout en
évitant les résistances bactériennes.
Généralités
L’hypertrophie soudaine de un ou de plusieurs ganglions cervicaux correspond
habituellement à une réaction inflammatoire de cause infectieuse, plus sou-
vent virale que bactérienne, que l’on désigne par le terme « adénite ». Les adé-
nopathies virales accompagnent diverses infections aiguës locales, régionales
ou systémiques. Ainsi, la gingivostomatite est associée à des adénopathies sous-
maxillaires, l’herpès labial à des adénopathies sous-mentonnières, la roséole et
la rubéole à des adénopathies occipitales et rétro-auriculaires, la rhinopharyn-
gite, la pharyngite aiguë, les infections virales des voies respiratoires supérieures
et la mononucléose à des adénopathies cervicales antérieures ou postérieures.
Les adénites bactériennes siègent davantage dans le triangle cervical antérieur et
dans la région sous-maxillaire. Elles sont principalement attribuables au Staphy-
lococcus aureus et au Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du
groupe A), les bactéries anaérobies de la flore buccale étant plus rarement en
cause, sauf en cas de caries dentaires chez l’enfant plus âgé. Les adénites aiguës
de source non infectieuse demeurent peu fréquentes (maladie de Kawasaki),
voire exceptionnelles (maladie de Kikuchi).
80 Adénite cervicale aiguë
Manifestations cliniques
Les adénites cervicales associées aux infections virales sont généralement multiples,
mobiles, de taille variable et à distribution asymétrique, souvent bilatérales. Elles
sont peu ou pas douloureuses, et il n’y a pas de modification des téguments sus-
jacents. Les signes et les symptômes associés dépendent de la maladie causale.
L’adénite bactérienne atteint surtout les enfants âgés de un à six ans et se
traduit habituellement par l’apparition d’une masse cervicale isolée, unilatérale,
qui peut atteindre rapidement une taille importante (plusieurs centimètres de
diamètre). Habituellement douloureuse, mal délimitée et se mobilisant peu à la
palpation, elle est formée d’un ganglion hypertrophié ou d’un amas ganglion-
naire. De consistance ferme ou rénitente au début, elle devient fluctuante quand
elle évolue vers la suppuration. La peau sus-jacente est parfois rouge et chaude ;
un aspect rouge violacé et une fluctuation indiquent un abcès avec risque de fis-
tulisation. Cette masse peut constituer la seule anomalie à l’examen. Une fièvre
associée, un torticolis ou une altération de l’état général font suspecter une cel-
lulite, un adénophlegmon ou un abcès rétropharyngé.
Le syndrome « cellulite-adénite » est causé par une infection à streptocoque du
groupe B qui touche le nourrisson âgé de un à deux mois. Il s’agit d’une cellulite
faciale ou sous-maxillaire, associée à une adénite cervicale. Souvent, on observe
aussi une otite homolatérale ; la bactériémie est une complication fréquente.
Une adénite isolée peut être le premier signe d’une maladie de Kawasaki.
Cette adénite n’évolue pas vers la suppuration.
Explorations
À l’hémogramme, l’infection virale, particulièrement la mononucléose, se carac-
térise par une lymphocytose avec lymphocytes atypiques. L’infection bactérienne
se manifeste par une hyperleucocytose avec prédominance des neutrophiles.
L’hémoculture est habituellement négative. La culture des sécrétions pharyngées
révèle parfois la présence du S. pyogenes, ce qui, sans apporter la preuve formelle
de la responsabilité de cette bactérie dans l’étiologie de l’adénite, est un argu-
ment fort. La ponction percutanée ou le drainage d’une adénite suppurée permet
l’examen direct du pus après coloration de Gram, ainsi que sa mise en culture.
Ces examens n’apportant pas toujours la preuve d’une étiologie virale ou
bactérienne, d’autres investigations peuvent s’avérer nécessaires. Une échogra-
phie aide à différencier une adénite d’un kyste branchial ou d’un kyste thyréo-
glosse surinfecté, d’une parotidite ou d’un abcès dentaire ; elle permet d’évaluer
le degré d’extension de la masse et de dépister un abcès encore indétectable
cliniquement. Sauf dans les rares cas où l’on suspecte une néoplasie ou un abcès
rétropharyngé, la tomodensitométrie et la scintigraphie ajoutent peu à l’échogra-
phie, sinon des risques liés à l’irradiation.
Traitement
Le traitement comporte l’administration d’un analgésique antipyrétique, tel
que l’acétaminophène (paracétamol) ou l’ibuprofène, et d’un antibiotique actif
contre le S. aureus et le S. pyogenes. Si les symptômes sont modérés, on privilégie
la voie orale, et le traitement de premier choix est la céphalexine (céfalexine).
Si l’on opte pour la voie intraveineuse, on emploie habituellement la céfa-
zoline ou la cloxacilline. Si l’épidémiologie locale fait suspecter la présence de
Adénopathies 81
Complications
L’abcès survient dans environ 25 % des cas. Les autres complications possibles
sont celles des infections streptococciques ou staphylococciques en général
(exemples : septicémie, choc septique) ; elles restent exceptionnelles.
Pronostic
Il y a généralement une guérison complète à l’intérieur de un mois. L’absence
d’amélioration après quelques jours de traitement peut être liée à une résis-
tance bactérienne nécessitant un ajustement thérapeutique ou à une erreur
diagnostique.
Adénopathies 16
Josette Champagne, Philippe Ovetchkine
Voir aussi Adénite cervicale aiguë.
Généralités
Chez l’enfant normal, les ganglions des diverses aires sont souvent palpables ;
ils sont indolores, lisses, mobiles et de consistance élastique.
Par définition, on parle d’adénopathie lorsque le plus grand diamètre d’un
ganglion lymphatique dépasse 1,5 cm. Le tableau 16.1 énumère les principales
étiologies des adénopathies.
Les adénopathies sont fréquentes chez l’enfant. Elles peuvent être uniques
ou multiples, localisées ou généralisées. La plupart d’entre elles sont situées dans
la région cervicale et ont une origine infectieuse, virale ou bactérienne. Plus rare-
ment, les adénopathies sont d’origine inflammatoire, néoplasique ou autre.
82 Adénopathies
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’approche clinique commence par une anamnèse et un examen complets. Elle
est guidée par la connaissance des diverses étiologies possibles et par la locali-
sation des adénopathies. Plusieurs éléments doivent être pris en considération
dans le diagnostic différentiel :
• le caractère unique ou multiple, localisé ou généralisé des adénopathies ;
• les caractéristiques de l’adénopathie : localisation, douleur, rougeur de la peau qui
la recouvre, consistance, surface et mobilité, signes de compression sous-jacents ;
• l’apparition soudaine ou lentement progressive ;
Adénopathies 83
II. Explorations
La persistance anormale d’adénopathie impose des explorations complémentaires.
Une formule sanguine avec frottis sanguin, une vitesse de sédimentation et
un dosage de la protéine C réactive peuvent orienter le diagnostic vers une cause
infectieuse, tumorale ou inflammatoire. Des sérologies spécifiques sont réalisées
pour rechercher une étiologie précise. En cas de doute diagnostique, l’échographie
permet de confirmer le diagnostic d’adénopathies superficielles ; elle peut égale-
ment mettre en évidence des adénopathies mésentériques. La radiographie pulmo-
naire recherche la présence d’adénopathies médiastinales. La tomodensitométrie
est l’examen de choix pour la mise en évidence d’adénopathies thoraco-
abdominales. La tomographie par émission de positons permet de mesurer l’acti-
vité métabolique des adénopathies. Afin d’exclure un processus néoplasique, une
exérèse-biopsie reste parfois indispensable lorsque l’étiologie demeure obscure.
Considérations topographiques
I. Adénopathies cervicales
Les ganglions de cette région drainent les tissus de la tête et du cou, l’oreille
externe, la bouche (y compris les gencives, les dents, le pharynx et la langue),
les conjonctives, le larynx, la parotide et la glande thyroïde.
Adénopathies préauriculaires Elles accompagnent souvent une conjoncti-
vite virale ou bactérienne.
Adénopathies occipitales et rétro-auriculaires Ces adénopathies accom-
pagnent le plus souvent une maladie infectieuse banale comme la roséole ou la
rubéole. Elles peuvent aussi être secondaires à une infection du cuir chevelu ou
être causées par des piqûres ou des morsures d’insectes au cuir chevelu.
Adénopathies de la base du triangle cervical postérieur (creux sus-
claviculaire) Elles sont rares et ont une origine néoplasique dans près de 50 %
des cas. Il peut s’agir d’une métastase (exemple : neuroblastome) ou d’une tumeur
primaire du système lymphatique (maladie de Hodgkin ou lymphome non hodgki-
nien). Une adénopathie sus-claviculaire droite suggère une affection intrathoracique,
et une adénopathie sus-claviculaire gauche, une affection intra-abdominale. Une
exérèse-biopsie précoce est le plus souvent indiquée.
Adénopathies du sommet du triangle cervical antérieur (angle mandibu-
laire) Ces adénopathies sont très fréquentes, car les ganglions de cette région
drainent les voies respiratoires supérieures, qui s’infectent fréquemment. Elles
84 Adénopathies
ont le plus souvent une origine infectieuse. En cas d’adénite aiguë, il peut s’agir
d’une infection virale, comme la mononucléose infectieuse, ou d’une adénite
cervicale aiguë à Staphylococcus aureus ou à Streptococcus pyogenes (strepto-
coque β-hémolytique du groupe A). Dans le cas d’un tableau de mononucléose
infectieuse, lorsque les tests diagnostiques pour cette maladie sont négatifs, il faut
suspecter une toxoplasmose ou une infection à cytomégalovirus. En cas d’adé-
nopathie subaiguë ou chronique, il faut surtout suspecter une adénite tubercu-
leuse, une adénite à mycobactérie non tuberculeuse (mycobactérie atypique),
une maladie des griffes de chat ou un cancer, comme la maladie de Hodgkin ou
le lymphome non hodgkinien. C’est la localisation habituelle des adénopathies
de la maladie de Kawasaki.
Adénopathies sous-mentonnières ou sous-mandibulaires Les causes sont
semblables à celles des adénopathies du sommet du triangle cervical antérieur
(voir ci-dessus). Le diagnostic différentiel doit inclure l’augmentation de volume
d’une glande salivaire.
Adénopathies rétropharyngées Voir Abcès et cellulite rétropharyngés.
V. Adénopathies inguinales
Les ganglions inguinaux drainent les membres inférieurs, la partie inférieure de
la paroi abdominale, ainsi que la région anogénitale. Les adénopathies de cette
région peuvent accompagner une infection banale de ces territoires ou une mala-
die des griffes de chat. Chez l’adolescent, il faut envisager la possibilité d’une
infection transmissible sexuellement. Une exérèse-biopsie est souvent indiquée
lorsque la cause demeure obscure.
Adoption internationale 17
Jean-François Chicoine
Généralités
L’adoption internationale est une mesure de protection de l’enfance qui consiste
à créer une filiation sociojuridique entre un enfant à la recherche de famille dans
un pays d’origine et de futurs parents en désir d’enfant dans un pays d’accueil.
Le principe de subsidiarité prôné par la Convention de La Haye de 1995 encou-
rage les États participants à prendre toutes les mesures nécessaires permettant
aux orphelins de retrouver leurs parents (ou proches) de naissance ou, advenant
l’impossibilité pour ces derniers d’assumer l’autorité parentale, pour trouver aux
orphelins une famille dans leur pays d’origine avant d’être ultimement proposés
à l’adoption dans un pays étranger.
Des bonifications des systèmes de protection de la jeunesse dans les pays
en émergence, des demandes nationales grandissantes d’enfants par les couples
infertiles ainsi que l’élaboration de protocoles internationaux contre la traite
d’enfants à des fins d’adoption expliquent, entre autres, la diminution de plus
de 25 % du nombre d’adoptions internationales dans la majorité des pays d’ac-
cueil depuis le début des années 2000. Environ le tiers des adoptions concernent
des enfants âgés de moins de un an, alors que de plus en plus d’adoptions d’en-
fants de plus de deux ans ou de jeunes adolescents sont réalisées. En Amérique
du Nord, la plupart des adoptés viennent des pays suivants : Cambodge, Chine,
Colombie, Corée du Sud, Guatemala, Haïti, Inde, Kazakhstan, Philippines, Russie,
Taiwan, Ukraine et Vietnam. Le Brésil, l’Éthiopie, Madagascar, le Mali et d’autres
pays africains sont également au nombre des pays qui confient leurs enfants à
des familles de l’Europe de l’Ouest.
Une famille adoptive dûment informée, évaluée par un agrément ou une
évaluation psychosociale, formée par des cours préadoption dorénavant requis par
la majorité des pays d’origine et soutenue durant les différentes phases du pro-
cessus d’adoption (avant, pendant et après) devrait pouvoir répondre aux besoins
d’un enfant adopté. Bien que la majorité de ces enfants évoluent bien, le praticien
ne doit jamais perdre de vue que l’adoption se construit a priori sur des pertes
et des blessures telles que la souffrance du parent biologique, de l’enfant et du
parent adoptant qui aura à gérer les conséquences du geste d’adoption. Il est
donc appelé à intervenir à différentes étapes du processus adoptif.
86 Adoption internationale
Évaluation préadoption
L’évaluation préadoption permet d’éclairer les futurs parents sur les données
épidémiologiques et pédiatriques de l’adoption, sur les problèmes cliniques
habituels à anticiper en « normalité adoptive » (exemples : malnutrition, retard
développemental, attachement insécurisé). Les enfants jeunes et en santé trouvant
plus facilement qu’avant des parents dans leur pays d’origine, de plus en plus de
propositions d’enfants dits « à besoins spéciaux » (exemples : enfant de petit poids
de naissance, porteur d’hépatite B, d’une fente labiopalatine ou d’une anomalie
cardiaque ou orthopédique) viennent dorénavant complexifier cette préadop-
tion. L’évaluation de la documentation écrite ou vidéo, ainsi que de l’imagerie
médicale fournies par les organismes d’adoption autorisés constitue un exercice
valable, quoique difficile, car les renseignements sont très variables d’un pays à
l’autre, souvent limités et imprécis.
Le médecin consulté n’est pas là pour déterminer si l’enfant proposé est
« bon » ou « mauvais ». Son rôle consiste à informer les parents sur la nature et les
conséquences possibles ou probables des troubles de santé et de développement
déjà connus chez l’enfant et sur le risque que ces types de troubles se déve-
loppent. Ainsi, il collige les données anthropométriques de l’enfant si elles sont
disponibles, analyse les renseignements concernant son développement psycho-
moteur et anticipe les ressources éventuellement requises pour sa prise en charge.
Évaluation postadoption
Idéalement, dans les deux ou trois semaines après l’arrivée de l’enfant au pays,
on procède à un premier examen de santé en trois volets.
2) Problèmes nutritionnels
Selon l’évaluation clinique de l’état nutritionnel, un bilan doit être effectué et
inclure notamment un dosage sérique de l’albuminémie et de la vitamine A. Une
augmentation légère des transaminases est souvent observée en cas de mal-
nutrition modérée ou grave. En présence de signes cliniques de rachitisme
(exemples : hypotonie, chapelet costal), on procède à l’exploration appropriée
(voir Rachitisme).
3) Problèmes hématologiques
L’anémie ferriprive est très répandue dans les pays en développement, surtout
chez les jeunes enfants, particulièrement en présence d’une malnutrition ou d’in-
festations parasitaires. Un hémogramme s’avère indiqué dans tous les cas, un
bilan martial s’impose souvent, et il est parfois indiqué de mesurer la plombé-
mie. Selon son origine, l’enfant peut aussi être porteur d’une anémie falciforme
(drépanocytose), d’une thalassémie, d’une hémoglobinopathie E ou d’un déficit en
glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD). Il faut donc procéder à une élec-
trophorèse ou à une chromatographie de l’hémoglobine et à un dosage de G6PD
chez tout enfant noir, asiatique ou d’origine méditerranéenne.
90 Adoption internationale
III. Vaccination
La vaccination est amorcée, reprise ou mise à jour selon le contexte et la docu-
mentation fournie sur l’historique vaccinal de l’arrivant. Les programmes d’immu-
nisation sont différents d’un pays à l’autre. Certains des vaccins administrés sont
ceux de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’autres, comme en Chine
ou au Vietnam, ont été fabriqués nationalement. De plus, les recommandations
quant aux conditions de conservation des vaccins peuvent avoir été négligées.
En général, si les vaccins reçus, et correctement consignés, sont conformes aux
normes utilisées dans le pays d’accueil, on peut simplement compléter et pour-
suivre la vaccination. En cas de doute, on recommence à partir du début (voir
Vaccinations).
Suivi postadoptif
L’enfant adopté est revu six semaines après sa première visite, puis selon l’âge
et les besoins, en particulier s’il présente de la malnutrition, un retard dévelop-
pemental, un handicap ou si on lui a découvert, au moment de l’évaluation ini-
tiale, une affection qui requiert un suivi particulier.
Initialement, le suivi est surtout centré sur l’évolution de la croissance. Un
rattrapage pondéral, en général dès les six premiers mois après l’arrivée de l’en-
fant, suivi d’un rattrapage statural, indique que la maigreur était probablement
liée à une insuffisance d’apport énergétique, associée ou non à une carence
affective. Les enfants nouvellement adoptés mangent souvent goulûment, et il
faut alors enseigner aux parents de ne pas les priver, sous peine de majorer leur
insécurité. Des enfants atteints de kwashiorkor ou de déficits sensoriperceptifs
auront au contraire des difficultés prolongées avec les textures et bénéficieront
d’une consultation en ergothérapie. Au besoin, des suppléments sont prescrits
selon l’identification ou l’importance des diverses carences, notamment de fer, de
zinc, de vitamine A, de vitamine D et de calcium. La majorité des enfants récu-
pèrent leur poids et leur taille dans les deux ans suivant l’adoption. Le pronos-
tic de taille est cependant diminué en moyenne chez les enfants adoptés après
l’âge de deux ans ou chez ceux qui ont souffert d’une restriction de croissance
intra-utérine. Selon l’évolution de la courbe de croissance et les acquis dévelop-
pementaux, le praticien peut soupçonner que l’âge de l’enfant n’est pas son âge
Adoption internationale 91
réel ; une évaluation radiologique de l’âge osseux peut alors être utile. Malgré la
dénutrition antérieure, le surpoids, l’obésité et le syndrome métabolique sont à
craindre, surtout chez les enfants venus d’Amérique du Sud.
Il faut généralement attendre jusqu’à l’âge de trois ans pour que soient com-
blés les retards moteurs et cognitifs des enfants adoptés avant l’âge de 18 mois ;
ceux qui ont bénéficié d’une famille d’accueil en préadoption récupèrent en
moyenne plus vite que ceux ayant été institutionnalisés.
L’édification d’une relation d’attachement parents-enfant, généralement
facilitée par l’adoption en bas âge ou d’enfants ayant vécu des liens affectifs
en préadoption, est capitale pour le succès de la « greffe adoptive ». C’est pour-
quoi un congé parental de 6 à 12 mois est habituellement requis pour faciliter
l’apaisement de l’enfant à travers le nouveau lien d’attachement. Des techniques
attachementistes de nourrissage affectif et de structuration disciplinaire sans
rejet doivent être enseignées aux parents et mises en application afin de hâter
la sécurisation. Durant les premiers mois d’adaptation, les comportements d’hy-
persocialisation de même que la multiplication des rencontres avec des adultes
moins signifiants doivent être contenus. Une intervention spécialisée en psy-
chologie, en service social ou en psychoéducation est souvent requise, surtout
chez les enfants adoptés après l’âge de trois ans, aux trajectoires de ruptures
fréquentes ou de maltraitance.
Les résultats scolaires sont parfois insatisfaisants en raison des passés diffi-
ciles ou ils demeurent au-dessous des expectatives étant donné le haut niveau
d’éducation et d’implication des parents adoptifs. Dès le début de la période sco-
laire, la mise à l’épreuve des acquis et la fragilité sous-jacente liée à la trajectoire
d’abandon et d’adoption donnent lieu à une recrudescence de consultations en
psychomotricité, en orthopédagogie, en psychologie et en neuropsychologie.
Chez un nombre important d’enfants, la mésestime de soi, le manque de motiva-
tion, l’anxiété, l’agressivité, la peur du rejet, un désir de performance, des capa-
cités cognitives tout juste réémergentes, d’une part et, d’autre part, les attentes
élevées de leurs parents, un lien insécurisé avec l’enseignant et des difficultés
à composer avec les pairs, illustrent combien les expériences préadoptives ont
été délétères ou les prises en charge postadoptives insuffisamment réparatrices.
En outre, il n’est pas rare que des troubles neurodéveloppementaux qui contri-
buent aux échecs scolaires se confirment au cours de l’évolution clinique. Dans
tous les pays d’accueil, on a constaté une forte prévalence du trouble du déficit
de l’attention avec ou sans hyperactivité chez la population adoptive. Parmi les
autres problématiques neurodéveloppementales les plus fréquemment rappor-
tées figurent les troubles d’intégration sensorielle, les troubles de la coordina-
tion motrice, ainsi que des troubles cognitifs (exemples : intelligence frontière
ou déficience légère, troubles mnésiques, troubles de la lecture ou de l’écriture) ou
des fonctions exécutives (exemples : troubles du raisonnement, de la planifica-
tion ou de la cognition sociale).
Par ailleurs, les comportements pathologiques observés chez les enfants les
plus carencés requièrent souvent une évaluation par une équipe de santé mentale.
La prévalence documentée des comportements extériorisés (exemples : conduites
agressives, vols, vandalisme, usage de drogues illicites) et intériorisés (exemples :
agressivité passive, anxiété, dépression) est augmentée comparativement à celle
observée dans une population non adoptive ; cela s’explique souvent par un
attachement insécurisé, voire par de véritables troubles de l’attachement caracté-
risés par un manque d’empathie et des violences quotidiennes, souvent dirigées
92 Alimentation entérale et parentérale
contre les parents ou la fratrie. Des troubles anxieux persistants, une hypervigi-
lance ou des cauchemars doivent pour leur part évoquer un syndrome de stress
post-traumatique sous-jacent. L’abandon précoce peut également expliquer la
pérennité de troubles autistiques.
Le pourcentage de handicaps physiques ou mentaux des enfants adoptés à
l’international se compare à celui des enfants adoptés au national, étant jusqu’à
deux fois plus élevé que celui de la population biologique à un âge comparable.
Néanmoins, la très grande majorité des enfants adoptés ne présentent pas de
troubles développementaux, de comportement ou des conduites, et ils s’intègrent
harmonieusement dans leur famille et leurs groupes sociaux.
Au-delà des différences ethniques, c’est leur « mémoire sans souvenirs » et leurs
blessures d’abandon qui constituent le trait caractéristique des enfants adoptés.
L’enfant doit être sensibilisé précocement au fait qu’il est né d’une autre mère et
que ses parents adoptifs le désiraient. Entre l’âge de cinq et huit ans, les adop-
tants sont encouragés à partager avec leur enfant une boîte à souvenirs de leur
trajectoire (ou boîte à racines). On y trouve, par exemple, des billets d’avion du
voyage d’adoption, des vêtements portés par l’enfant à la première rencontre.
Un arbre généalogique original illustrant ses racines dans le pays d’origine et
ses ramures dans la famille d’accueil a beaucoup de succès auprès des enfants
à l’âge de construire des repères spatiotemporels. Un retour au pays de nais-
sance peut être valable après l’âge de 14 à 16 ans, de même qu’une rencontre
avec les parents de naissance, si elle est réalisable, après l’âge de 18 à 24 ans,
peu importe l’issue, trop souvent idéalisée. Environ le tiers des jeunes adoptés
ne tient pas à ce retour, le tiers est mitigé, et le tiers ne pense plus qu’à cela. Au
final, la majorité des jeunes adultes adoptés se sentent citoyens à part entière
de leur pays d’accueil, d’autres usent de leur double identité, et quelques-uns
se disent internationalistes.
Généralités
Les besoins nutritionnels du patient pédiatrique sont élevés : il faut en effet tenir
compte à la fois des besoins de base, de ceux qui sont associés à des situations
particulières (exemples : stress, malabsorption, maladie chronique) et des besoins
liés à la croissance. L’enfant normal peut, en général, ingérer et absorber suffisam-
ment de nutriments pour répondre à ses besoins. Dans certains cas cependant,
il arrive que l’apport oral soit insuffisant, qu’il comporte des risques (exemple :
inhalation accidentelle chez un patient ayant un trouble de déglutition) ou qu’il
soit tout simplement impossible. Il faut alors recourir à des méthodes plus inva-
sives, par voie entérale ou parentérale, pour assurer à l’enfant un apport nutri-
tionnel adéquat.
L’évaluation du patient qui présente un problème nutritionnel complexe
devrait être faite par une équipe multidisciplinaire en vue d’en arriver aux
meilleures décisions possible quant aux explorations requises, à la méthode
d’alimentation à employer et aux traitements autres que nutritionnels qui peuvent
s’avérer nécessaires.
Alimentation entérale et parentérale 93
Alimentation entérale
L’alimentation entérale est indiquée et doit être privilégiée chez l’enfant ayant un
tube digestif fonctionnel, mais dont les apports oraux sont insuffisants ou chez
l’enfant pour qui la voie orale n’est pas sécuritaire. Les principales indications et
contre-indications de l’alimentation entérale sont énumérées dans le tableau 18.1.
TABLEAU 18.1 Alimentation entérale : principales indications et contre-indications
Indications
Apports oraux insuffisants • Anorexie
• Besoins caloriques augmentés (exemple : insuffisance cardiaque)
• Malabsorption
Traumatismes ou maladies • Brûlure étendue
graves • Coma
• Traumatisme crânien
Troubles anatomiques de la • Malformation congénitale
sphère ORL ou du tube digestif • Sténose œsophagienne (acquise ou congénitale)
• Traumatisme
• Tumeur
Troubles fonctionnels de la • Dysmotilité intestinale
sphère ORL et du tube digestif • Immaturité (prématurité)
• Trouble important de déglutition
Troubles métaboliques • Maladies associées à une intolérance au jeûne
• Maladies qui requièrent une diète spéciale, insipide ou abjecte au goût
Contre-indications
Ischémie intestinale • Entérocolite nécrosante
• Mégacôlon toxique
Obstruction digestive • Adhérences
• Sténose
Perforation digestive
1) Voie nasojéjunale
On y a recours chez le patient qui requiert un soutien nutritionnel à court
terme, mais qui ne tolère pas les gavages gastriques. Chez certains patients sous
Alimentation entérale et parentérale 95
ventilation mécanique ou chez les enfants dont l’état clinique est trop précaire
pour tolérer une anesthésie permettant de pratiquer une gastrostomie avec cure
de RGO chirurgicale, cette approche peut être utilisée à long terme. Il existe dif-
férentes méthodes (prokinétique, fluoroscopie, endoscopie) pour placer la sonde
nasojéjunale en bonne position. Il est cependant difficile de bien la positionner,
et elle se déloge facilement.
2) Voie gastrojéjunale
Elle requiert la mise en place d’une gastrostomie. Elle peut être utilisée à court
terme chez le patient qui ne tolère pas les gavages gastriques ou à long terme chez
celui qui ne peut subir de chirurgie anti-RGO à cause de sa condition de base.
3) Jéjunostomie
Cette méthode peut être utilisée pour les patients nécessitant des gavages jéjunaux
à long terme (plus de six mois).
pratique, surtout chez le patient ambulant. Il interfère peu avec la routine quo-
tidienne et ne requiert aucune pompe. On ne doit pas administrer de « bolus »
chez un patient alimenté par voie jéjunale à cause du risque d’inconfort lié à la
distension intestinale et du risque de dumping (syndrome de chasse gastrique
accélérée) associé à une administration trop rapide de la préparation de lait dans
le duodénum. On utilise une alimentation continue chez le patient qui ne tolère
pas les gavages intermittents ou chez celui que l’on alimente par voie jéjunale.
L’administration continue améliore l’absorption chez les patients qui présentent
une malabsorption. Chez le patient qui a des besoins caloriques élevés, on peut
utiliser des gavages nocturnes continus combinés à des gavages intermittents le jour.
Le tableau 18.2 illustre la façon d’instaurer les gavages.
Aversion orale Chez les enfants qui ne s’alimentent pas ou peu par la bouche
pendant une période prolongée, il arrive qu’une aversion à l’alimentation orale
s’installe, pouvant compromettre le sevrage des gavages. Chez le patient sous
alimentation entérale, on doit donc porter une attention particulière à la stimu-
lation orale, surtout chez le nourrisson. L’ergothérapie devrait être amorcée de
façon précoce en prévention.
Alimentation parentérale
Chez le patient dont le tube digestif n’est pas fonctionnel ou chez qui l’alimenta-
tion entérale n’arrive pas à combler les besoins caloriques de façon adéquate, il
peut être nécessaire de recourir à l’alimentation parentérale (AP). L’AP peut être
requise à cause d’une affection digestive (exemples : obstruction ou perforation
du tube digestif, pseudo-obstruction intestinale chronique, maladie inflammatoire
de l’intestin) ou d’un autre type de troubles (exemples : insuffisance respiratoire,
brûlure extensive, traumatisme majeur).
L’AP peut constituer la source unique de nutrition ou être combinée à l’ali-
mentation entérale lorsque cela est possible. En général, on devrait commencer
l’AP si l’on prévoit un jeûne de plus de trois à cinq jours et si le recours à la voie
entérale est impossible.
I. Modes d’administration
L’AP peut être administrée par voie périphérique ou centrale. Souvent, la voie
périphérique ne permet pas d’administrer suffisamment de calories puisqu’une
solution trop osmolaire est veinotoxique. Lorsque l’AP est la seule source de nutri-
tion ou qu’on prévoit une utilisation prolongée, il est indiqué de procéder par
voie centrale. L’abord veineux central permet d’administrer des solutions dont
l’osmolarité est plus élevée.
intraveineux d’au moins 0,25 à 0,5 g/kg/24 h de lipides est nécessaire pour
combler les besoins en acides gras essentiels. Dans certaines situations, une
intolérance aux lipides se traduit par une hypertriglycéridémie. L’utilisation
d’une émulsion lipidique à 30 % au lieu de la solution standard à 20 % peut
améliorer cet état. En effet, les phospholipides libres des micelles de l’émulsion
perfusée sont des inhibiteurs de la lipoprotéine lipase. L’émulsion de lipides
à 30 % étant moins concentrée en phospholipides que celle à 20 %, son utili-
sation permettrait une meilleure activité de cette enzyme et un métabolisme
plus rapide des triglycérides. Le tableau 18.3 illustre les besoins quotidiens en
dextrose, en acides aminés et en lipides selon l’âge.
Besoins quotidiens en dextrose, en acides aminés
TABLEAU 18.3
et en lipides selon l’âge
Âge Dextrose (g/kg/24 h)
Nouveau-né à terme 12-15
1-3 ans 12-14
4-6 ans 10-12
7-10 ans 8-10
11-18 ans 4-8
Âge Acides aminés (g/kg/24 h)
Prématuré 2,5-3,5
Nouveau-né à terme 2,5
2-12 ans 1,5-2
13-18 ans 1-1,5
Âge Lipides (g/kg/24 h)
Prématuré 0,5-3
Nouveau-né à terme 1-3
Enfant 1-2
3) Électrolytes
Les besoins en électrolytes sont énumérés dans le tableau 18.4.
4) Vitamines et oligo-éléments
Les apports quotidiens recommandés en vitamines et en oligo-éléments sont
couverts par les solutions intraveineuses de vitamines pédiatriques. Chez les
patients sous AP à long terme, les doses de certains oligo-éléments doivent être
ajustées, particulièrement le zinc chez ceux qui ont de la diarrhée et le cuivre et
le manganèse chez les patients présentant une cholestase.
Allergies alimentaires 99
Allergies alimentaires 19
Anne Des Roches, Éric Drouin, Valérie Vaillancourt
Généralités
La prévalence globale des allergies alimentaires est estimée à environ 10 % chez
l’enfant. Les allergènes les plus souvent en cause sont le lait de vache, le soja,
l’arachide (cacahuète), les œufs, les fruits de mer, le poisson, les noix, le blé, le
kiwi et le sésame. La possibilité d’absorption accrue d’allergènes alimentaires
100 Allergies alimentaires
Manifestations cliniques
Les allergies alimentaires peuvent provoquer une grande variété de symptômes
(voir tableau 19.1). Un jeune nourrisson, même uniquement alimenté au lait
maternel, peut présenter des réactions d’allergie alimentaire. Bien que trouvées
en toutes petites quantités, les protéines ingérées par la mère peuvent se retrou-
ver dans le lait maternel en quantités suffisantes pour sensibiliser le nourrisson
à un aliment et déclencher des manifestations allergiques.
Explorations
L’anamnèse demeure le meilleur outil de diagnostic. La disparition des symp-
tômes après l’élimination de l’antigène et leur réapparition peu après la réin-
troduction de celui-ci sont fortement suggestives. L’histoire allergique familiale
doit être explorée.
Les épreuves cutanées d’allergie permettent de mettre en évidence les
allergies de type I dépendantes des IgE et donc à risque de réaction grave telle
l’anaphylaxie. En plus de servir au diagnostic, ces épreuves permettent de suivre
l’évolution des allergies médiées par les IgE et de déterminer le moment oppor-
tun à une provocation ultérieure. Chez les patients atteints de dermite atopique,
des épreuves cutanées négatives excluent presque certainement une cause aller-
gique. Chez les enfants de moins de un an, cependant, des épreuves cutanées
négatives n’éliminent pas une réaction allergique de type I. De plus, ces tests
sont peu contributifs dans les cas de réactions uniquement digestives, qui sont
le plus souvent non dépendantes des IgE.
Le dosage des IgE spécifiques des divers allergènes (technique ELISA en
sandwich tels ImmunoCAP systemMD ou Immulite systemMD) peut s’avérer utile
dans certaines situations, mais il est moins sensible que les épreuves cutanées,
surtout lorsque les IgE totales sont peu élevées.
Des IgG contre des protéines alimentaires sont fréquemment présentes
chez des enfants qui n’y sont pas allergiques ; leur présence indique seulement
que l’enfant a été en contact avec les protéines en question. Leur recherche n’a
donc pas d’intérêt.
L’éosinophilie, parfois présente, n’a pas assez de sensibilité ni de spécificité
pour constituer une épreuve valide. L’hypoalbuminémie et la thrombocytose sont
des anomalies biologiques parfois associées à une entéropathie exsudative de
nature allergique.
La provocation à double insu, contrôlée au moyen d’un placebo, est consi-
dérée comme la meilleure façon de confirmer le diagnostic. Elle devrait idéale-
ment être réalisée à l’aide d’aliments non reconnaissables ; on peut les dissimuler
dans des compotes de fruits ou dans des capsules, par exemple. Toutefois, on ne
devrait tenter la provocation qu’avec la plus grande prudence lorsque l’allergie
s’est manifestée par des symptômes de réaction de type I (dépendante des IgE).
Dans ce type de réaction, toute provocation doit être réalisée sous surveillance
médicale stricte, avec un équipement de réanimation à portée de la main. Dans
le cas de l’allergie au lait de vache, la provocation ne doit être tentée que vers
l’âge de un an, après au moins six mois d’un régime d’exclusion, et seulement
si l’épreuve cutanée d’allergie est négative. On commence par une très petite
dose, telle une goutte de lait de vache, et l’on administre ensuite des quantités
croissantes toutes les 20 à 30 minutes.
Lorsque l’allergie se traduit par des symptômes gastro-intestinaux chro-
niques, une évaluation endoscopique avec biopsies multi-étagées peut mettre
en évidence des anomalies histologiques permettant de préciser le diagnostic,
de reconnaître une gastro-entéropathie éosinophilique ou d’exclure d’autres dia-
gnostics tels que la maladie cœliaque.
Traitement
Le traitement consiste à exclure l’aliment en cause, même à l’état de traces. Cette
approche peut être délicate dans le cas d’allergies multiples, puisqu’il faut éviter
102 Allergies alimentaires
les carences nutritionnelles. Un suivi diététique est important. Une certaine quan-
tité des protéines alimentaires ingérées par la mère pouvant se retrouver dans
le lait maternel, les mères qui allaitent un enfant allergique doivent donc suivre
la même diète que leur enfant.
En cas d’allergie au lait de vache, il faut, si l’enfant est nourri avec une prépa-
ration de lait commerciale pour nourrisson, prescrire un lait à base d’hydrolysat de
caséine tel que l’AlimentumMD (Canada), le Nutramigen A+MD (Canada), le Nutra-
migen 2 LGGMD (France) ou le Pregestimil A+MD (Canada, France). On poursuit le
régime d’exclusion pendant au moins six mois. Une faible proportion (moins de 5 %)
des nourrissons allergiques au lait de vache sont intolérants aux hydrolysats de
caséine ; on peut alors essayer un lait à base d’acides aminés libres tels le Neocate
InfantMD (Canada), le Neocate LCPMD (France) ou le Nutramigen AAMD (Canada,
France). Une alimentation à base de protéines de soja n’est pas recommandée avant
l’âge de un an étant donné le risque de sensibilisation estimé de 15 à 30 % chez un
enfant allergique au lait de vache ; on peut ensuite tenter d’introduire le soja si les
tests cutanés se révèlent négatifs. La désensibilisation entérale ou parentérale n’est
pas recommandée ; bien qu’elle fasse l’objet de plusieurs travaux de recherche, il
s’agit d’une manœuvre à risque, associée à la survenue de réactions anaphylac-
tiques. Son efficacité demeure limitée, et son innocuité à long terme n’a pas été
démontrée. Il n’y a pas de traitement pharmacologique reconnu pour l’instant.
Pronostic
Certaines allergies alimentaires semblent s’atténuer ou disparaître progressivement ;
l’allergie au lait de vache et au soja se résorbent souvent vers l’âge de 18 mois, et
l’allergie à l’œuf, entre l’âge de 3 et 5 ans. Elles peuvent parfois persister ou s’ag-
graver. D’autres allergies sont plus souvent permanentes, en particulier s’il s’agit
d’une allergie à l’arachide, aux noix, aux poissons ou aux crustacés.
Prévention
Chez le nouveau-né, la recherche d’IgE élevées dans le sang du cordon ombili-
cal a été proposée comme test prédictif d’atopie et d’allergies futures. Toutefois,
un taux d’IgE normal sur le sang du cordon n’élimine pas la possibilité d’ato-
pie chez l’enfant et peut ainsi être rassurant à tort. L’histoire familiale d’atopie
demeure le meilleur outil prédictif. En effet, le risque qu’une allergie se déve-
loppe chez un enfant (allergie alimentaire, dermite atopique, rhinite ou asthme)
est de l’ordre de 5 à 15 % si aucun membre de sa famille ne présente de l’atopie.
Si un parent ou un membre de sa fratrie souffre d’allergie, son risque s’élève
à 20 à 40 %. Si les deux parents sont allergiques, le risque est de 40 à 60 %,
et s’ils ont tous deux la même symptomatologie allergique, on estime que le
risque varie de 60 à 80 %.
Dans les familles allergiques, des mesures préventives peuvent être propo-
sées pour diminuer la survenue de dermite atopique et d’allergie alimentaire
chez le jeune enfant. Durant la grossesse, seule l’éviction de l’arachide pourrait
être associée à un effet préventif. Bien qu’encouragé pour la prévention des
allergies alimentaires, il n’y a pas d’évidence claire que l’allaitement maternel
exclusif et prolongé (au moins jusqu’à quatre ou six mois) diminue la survenue
d’allergie alimentaire chez l’enfant. On recommande toutefois l’allaitement mater-
nel en raison des autres bienfaits qu’il procure, notamment la protection contre
les infections et le bien-être mère-enfant. Il faut cependant garder à l’esprit que
Allergies médicamenteuses 103
Allergies médicamenteuses 20
Anne Des Roches, Louis Paradis
Généralités
La majorité des réactions aux médicaments sont prévisibles ; elles correspondent
à des effets toxiques, à des effets secondaires ou à des interactions médicamen-
teuses. Ces réactions peuvent aussi être imprévisibles ; elles peuvent alors être
causées par une intolérance, une idiosyncrasie, un effet psychologique ou une
réaction allergique (hypersensibilité). Lorsqu’une personne prend un médica-
ment, le risque de réaction indésirable est d’environ 15 %. De 5 à 10 % de ces
réactions sont de nature allergique. Moins de 1 % des réactions allergiques se
révèlent fatales.
Les réactions allergiques sont induites par des antigènes macromolécu-
laires protéiques. La plupart des médicaments ont un poids moléculaire trop
faible pour jouer le rôle d’antigène ; toutefois, ces molécules, ou certains de
leurs métabolites, peuvent se lier à une protéine (haptène). Le complexe médi-
cament-haptène peut alors déclencher un processus immunitaire conduisant à
une hypersensibilité.
Le risque de réaction allergique à un médicament dépend de la nature
de ce dernier, de la durée du traitement et de la voie d’administration (le
risque est plus élevé avec la voie parentérale qu’avec la voie orale). Parmi les
médicaments les plus fréquemment en cause dans les réactions allergiques
figurent les antibiotiques, les anticonvulsivants, les agents de chimiothérapie,
l’insuline, l’héparine, la protamine et les agents modulateurs de la réponse
biologique (interféron, inhibiteurs du tumor necrosis factor ou anti-TNF, anti-
corps monoclonaux).
104 Allergies médicamenteuses
Une pseudo-allergie faisant suite à une libération d’histamine par les mas-
tocytes, elle-même provoquée par un médicament, peut mimer les symptômes
d’une anaphylaxie, ce phénomène n’étant pas médié par les IgE. Le red man
syndrome associé à la vancomycine en est un exemple. Les opiacés et les pro-
duits de contraste radiologiques peuvent également être en cause.
Beaucoup d’enfants sont considérés à tort comme allergiques à certains médi-
caments. L’histoire classique est celle de l’enfant fiévreux à qui l’on prescrit des
antibiotiques et chez qui se développe une éruption cutanée ou de l’urticaire ;
cela peut être mis erronément sur le compte d’une allergie médicamenteuse alors
qu’il s’agit d’un phénomène viral.
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques possibles sont multiples. Elles peuvent survenir
isolément ou dans le cadre d’une atteinte multisystémique. Certains exemples
sont décrits ci-après. Les mécanismes immunologiques sous-jacents ne sont pas
tous connus.
Manifestations généralisées L’anaphylaxie est la forme d’allergie médica-
menteuse la plus redoutable ; elle demeure rare, mais peut être mortelle. Elle
résulte d’une réaction médiée par des IgE (réaction de type I selon la classifi-
cation de Gell et Coombs). La pénicilline est le médicament le plus fréquem-
ment associé à ce type de réaction. La maladie sérique (réaction de type III)
est provoquée par la présence de complexes immuns ; le céfaclor ainsi que les
anticorps monoclonaux y sont souvent associés. La fièvre médicamenteuse est
un problème plus fréquent ; le mécanisme immunologique en cause demeure
imprécis. Enfin, une vascularite systémique ressemblant au lupus érythémateux
peut être provoquée par certains médicaments, dont la phénytoïne.
Manifestations cutanées Les éruptions cutanées représentent les manifes-
tations les plus fréquentes d’allergie médicamenteuse. Les mieux connues sont
l’urticaire, l’érythème polymorphe, ainsi que la nécrolyse épidermique toxique
(aussi connue sous le nom d’érythrodermie bulleuse avec épidermolyse ou mala-
die de Lyell). L’éruption maculopapulaire d’apparition tardive (exemple : rash
retardé à l’amoxicilline), également courant, dépend de la présence de lympho-
cytes T spécifiques (réaction de type IV).
Manifestations digestives Certaines réactions allergiques médicamenteuses
peuvent causer des troubles hépatiques (exemples : hépatite, cholestase). Le
syndrome de réaction médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systé-
miques (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms ou syndrome
DRESS) s’accompagne fréquemment d’une élévation des enzymes hépatiques
qui peut s’avérer fatale.
Manifestations hématologiques Certains médicaments tels que la quinidine,
la pénicilline et le chloramphénicol peuvent induire une anémie hémolytique,
une neutropénie ou une thrombopénie. Certaines de ces réactions sont causées
par la présence d’IgG cytotoxiques (réaction de type II). La présence d’une éosi-
nophilie doit faire rechercher un syndrome DRESS.
Manifestations cardiaques Une myocardite peut être observée dans le syn-
drome DRESS.
Manifestations respiratoires Un bronchospasme peut se produire dans le
contexte d’une réaction médiée par les IgE. D’autres affections respiratoires relèvent
Allergies médicamenteuses 105
Explorations
Lorsqu’on suspecte une réaction médicamenteuse chez un patient, l’approche
doit être méthodique.
Le type de réaction, avec son caractère prévisible ou imprévisible, doit
être identifié. L’anamnèse doit rechercher les données suivantes : exposition ou
réaction antérieure au médicament, relation temporelle entre l’administration du
médicament et le début de la réaction, prise d’un autre médicament de façon
concomitante, symptômes présentés, évolution des symptômes après l’arrêt du
médicament et réponse au traitement.
Dans le cas d’une réaction allergique médicamenteuse de type I, les épreuves
cutanées d’allergie ne sont utilisées que pour un petit nombre de médicaments.
En ce qui concerne la pénicilline, on peut évaluer la présence d’IgE dirigées
contre ses déterminants majeurs et mineurs.
S’il n’existe aucune autre option sur le plan thérapeutique que le médicament
possiblement en cause dans la réaction présentée par le patient, si l’on doute
que celle-ci ait réellement été provoquée par le produit en question et si la réac-
tion présentée n’a pas été grave, on peut procéder à un test de provocation. On
administre le médicament en trois doses, en débutant avec une faible dose, de
préférence par voie orale, qu’on augmente graduellement pour atteindre la dose
thérapeutique (exemple : donner 1/100 de la dose thérapeutique désirée, obser-
ver 30 minutes, puis donner 1/10 de la dose, observer 30 minutes, puis donner
la dose complète et garder le patient en observation au moins 60 minutes). Le
médecin chargé de ce test doit être compétent en réanimation, et l’équipement
nécessaire doit être à portée de la main.
En présence d’une réaction de type II avec anémie hémolytique, le test de
Coombs indirect peut être positif.
Dans le cas d’une réaction de type III à complexes immuns solubles, comme
la maladie sérique, le complément (C3 et CH50) peut être abaissé dans le sang.
On peut aussi doser les complexes immuns circulants. Une analyse d’urine per-
met de vérifier la présence d’hématurie ou de protéinurie.
S’il y a une réaction de type IV ou lorsque le mécanisme immunologique
responsable demeure indéterminé, il est possible d’avoir recours à certains exa-
mens paracliniques pour confirmer la suspicion clinique : une éosinophilie peut
accompagner diverses formes d’allergie médicamenteuse ; un bilan hépatique
peut mettre en évidence une hépatite ; une radiographie pulmonaire peut révéler
la présence d’une pneumonite et une échocardiographie, celle d’une myocar-
dite. Un test épicutané (patch-test) peut parfois s’avérer utile dans l’investigation
d’allergies de type IV tel le syndrome DRESS. La biopsie cutanée permet par-
fois de confirmer certains types de réaction allergique tels que la pustulose exan-
thématique aiguë généralisée.
106 Allergies médicamenteuses
Traitement
Le traitement de l’anaphylaxie est discuté dans le chapitre Anaphylaxie, choc
anaphylactique.
Dans la plupart des autres cas de réaction médicamenteuse, l’arrêt du trai-
tement est la seule mesure nécessaire. Les antihistaminiques et les corticos-
téroïdes systémiques peuvent être utiles lorsque les réactions générales sont
graves et persistantes. Certaines affections spécifiques, comme le syndrome de
Stevens-Johnson, requièrent des soins particuliers.
Prévention
La prévention consiste d’abord à s’abstenir de prescrire des médicaments inutiles
(exemple : un antibiotique pour une infection virale) et de prescrire les médica-
ments nécessaires de préférence par voie orale.
Avant de prescrire un médicament, il faut s’assurer qu’il n’y a pas d’histoire
antérieure de réaction à ce dernier. Les patients qui ont présenté un type donné
d’allergie médicamenteuse tendent à réagir de la même façon au moment d’une
exposition ultérieure. Il faut donc leur éviter une nouvelle exposition à l’agent
causal. Il faut toutefois noter que l’allergie à la pénicilline médiée par les IgE
peut disparaître avec les années. Plus de 50 % des personnes allergiques à la
pénicilline ne le sont plus cinq ans après la réaction initiale. Une évaluation en
allergologie doit être réalisée avant de réutiliser ce médicament.
Lorsqu’une réaction allergique médiée par des IgE (anaphylaxie, urticaire)
s’est produite, la seule mesure préventive nécessaire consiste à éviter le médica-
ment et ceux qui lui sont chimiquement apparentés ; la variété des antibiotiques
est assez grande pour que cela ne cause pas de problème dans la majorité des
cas. Le port d’un bracelet d’alerte médicale, indiquant l’hypersensibilité en ques-
tion, est conseillé.
Lorsqu’un médicament est vital et qu’il n’y a pas d’autres options thérapeu-
tiques possibles, on peut exceptionnellement entreprendre une désensibilisa-
tion chez de rares patients dont les réactions sont médiées par des IgE. Celle-ci
consiste à administrer, sous surveillance étroite, des doses croissantes du médi-
cament, à intervalles réguliers. Dans le cas de la pénicilline, on donne initiale-
ment 1/10 000 de la dose finale désirée et l’on double la dose toutes les 15 minutes,
jusqu’à atteindre la dose thérapeutique. La désensibilisation doit être réalisée
sous surveillance étroite, par une personne expérimentée, avec l’équipement de
réanimation à portée de la main.
L’allergie à la pénicilline mérite un commentaire particulier. Chez les sujets
connus pour une allergie à la pénicilline médiée par les IgE, il faut être pru-
dent si l’on désire introduire un antibiotique de la famille des céphalosporines
ou des carbapénèmes, puisqu’il existe un risque d’allergie croisée ; toutefois,
ce risque est inférieur à 5 % avec les céphalosporines et de moins de 1 % avec
les carbapénèmes. Le risque d’allergie croisée avec les céphalosporines serait
secondaire à la présence de chaînes latérales similaires entre les molécules
de pénicillines et celles des céphalosporines. Ces chaînes similaires sont prin-
cipalement retrouvées avec les pénicillines et les céphalosporines de 1re et
de 2e génération, ce qui explique le faible taux de réaction croisée avec celles
qui sont de 3e et de 4e génération. Si aucune autre option thérapeutique n’est
possible, on peut décider de procéder à une désensibilisation ou à un test de
provocation sous haute surveillance.
Alopécie (incluant pelade et trichotillomanie) 107
Généralités
Le cycle pilaire normal comporte trois phases.
1) Phase anagène : il s’agit d’une période de pousse active des cheveux, qui peut
durer plusieurs années. Normalement, de 85 à 90 % des cheveux sont dans
cette phase.
2) Phase catagène : cette phase d’arrêt de la croissance du cheveu est une période
de transition qui ne dure que quelques semaines.
3) Phase télogène : cette phase de repos dure de deux à trois mois. Normale-
ment, de 10 à 15 % des cheveux sont dans cette phase.
Il est normal de perdre jusqu’à 100 à 150 cheveux par jour. On parle d’alopé-
cie lorsque la perte, localisée ou généralisée, devient apparente, c’est-à-dire
lorsque de 20 à 50 % des cheveux sont perdus. Pendant les premiers mois de la
vie, une certaine alopécie occipitale est physiologique ; elle résulte de l’établis-
sement d’un cycle pilaire désynchronisé, de type adulte, ainsi que de la friction.
Ce phénomène est accentué chez les enfants présentant un retard du dévelop-
pement moteur ou qu’on laisse toujours au lit. Le texte qui suit s’intéresse aux
principales formes d’alopécie chez l’enfant.
Approche clinique
À l’anamnèse, il est important de vérifier si l’alopécie est congénitale ou acquise,
depuis combien de temps elle évolue, si les parents observent une chute active des
cheveux et si celle-ci a été graduelle ou subite. On recherche la présence d’une
maladie associée, ainsi que la prise de médicaments, l’histoire d’une forte fièvre
ou d’une intervention chirurgicale récente. On doit aussi s’enquérir de stress
psychologique récent, tel que l’arrivée d’un bébé à la maison, des difficultés
familiales ou scolaires, une maladie ou le décès d’un être cher. L’histoire fami-
liale d’alopécie peut orienter vers une prédisposition génétique, comme dans
l’alopecia areata.
À l’examen physique, on note d’abord si l’alopécie est localisée ou diffuse et
s’il y a des signes d’inflammation se manifestant par de l’érythème et de la desqua-
mation. Des signes de destruction du follicule pileux indiquent que le processus
est cicatriciel. Toute alopécie cicatricielle devrait être évaluée par un spécialiste.
La plupart des cas d’alopécie chez l’enfant sont acquis et localisés : il en est
ainsi de la pelade, de la teigne et de la trichotillomanie. Parmi les causes fré-
quentes, seul le telogen effluvium est diffus.
Chez les enfants et les adolescents, de 90 à 95 % des alopécies résultent de
l’un des quatre problèmes décrits ci-après.
III. Trichotillomanie
La trichotillomanie est caractérisée par la manie de s’arracher les cheveux et
même, dans 25 % des cas, les sourcils et les cils ou, dans 5 % des cas, les poils
pubiens. Cette affection s’observe surtout chez l’adolescente. Elle est souvent
associée à d’autres gestes compulsifs comme sucer son pouce ou ronger ses
ongles. Elle se présente sous forme de plaques circonscrites d’alopécie partielle
Alopécie (incluant pelade et trichotillomanie) 109
ayant des contours irréguliers, souvent géométriques, par opposition aux lésions
arrondies de la pelade ; les cheveux sont de longueurs différentes, donnant un
aspect rugueux au toucher. Il n’y a ni rougeur ni desquamation. On peut parfois
observer des excoriations ou des pétéchies périfolliculaires. Les régions fronto-
temporale et pariétotemporale sont les plus souvent atteintes, à droite chez le
droitier et à gauche chez le gaucher. Si la personne atteinte avale les cheveux
arrachés, ceux-ci peuvent former un trichobézoard. Le traitement consiste à ex-
pliquer le problème à l’enfant ou à l’adolescent et à ses parents. Le médecin
doit se montrer rassurant quant à la nature bénigne et transitoire de cette affec-
tion. Un événement traumatique ou stressant peut être relevé dans plusieurs cas,
mais n’est habituellement pas majeur. Souvent, une discussion ouverte avec le
patient et ses parents est suffisante pour résoudre le problème. Une psychothé-
rapie se révèle parfois nécessaire si le problème persiste. Une association est
possible avec des désordres obsessifs-compulsifs, la schizophrénie et le syndrome
de Gilles de la Tourette.
Ambiguïté sexuelle 22
Guy Van Vliet, Julie Franc-Guimond
Généralités
On parle d’ambiguïté sexuelle lorsque l’aspect des organes génitaux externes
ne permet pas de savoir si un nouveau-né appartient au sexe masculin ou
féminin. Ce problème doit être détecté dès la naissance, et il l’est parfois dès
les échographies anténatales. Il cause souvent une crise émotive majeure dans
la famille. On estime que cette situation survient chez environ 1 nouveau-né
sur 10 000.
Historiquement, la classification des ambiguïtés sexuelles en hermaphrodisme
vrai et pseudo-hermaphrodismes féminin et masculin était basée sur l’histologie
des gonades. Cependant, depuis la description du caryotype humain dans les
années 1950, une biopsie des gonades n’est requise qu’exceptionnellement, et
la classification des ambiguïtés sexuelles est établie, en pratique, d’après le caryo-
type 46,XX ou 46,XY. L’appellation « variante du développement sexuel 46,XX
ou 46,XY » est actuellement la plus utilisée dans la littérature scientifique ; cepen-
dant, le terme « ambiguïté sexuelle » reste d’usage courant et est utilisé dans
ce chapitre.
Parmi les cas où un diagnostic étiologique peut être établi, un tiers est dû à la
virilisation d’une fille en raison d’un déficit en 21-hydroxylase (cause de 95 %
des cas d’hyperplasie congénitale des surrénales). Cette affection, transmise selon
le mode autosomique récessif, n’a pas d’impact sur les organes génitaux des
garçons atteints avant leur naissance : la présentation initiale chez ceux-ci est donc
la « crise de perte de sel » (voir Insuffisance surrénalienne).
Ce chapitre décrit principalement les ambiguïtés sexuelles isolées. Cepen-
dant, plusieurs anomalies chromosomiques de même que plusieurs syndromes
non associés à une anomalie chromosomique connue peuvent s’accompagner
d’une ambiguïté sexuelle. Parmi ceux-ci, notons qu’une masculinisation incom-
plète d’un fœtus 46,XY peut être associée à :
• une restriction de croissance intra-utérine, un retard psychomoteur, des narines
retroussées, une syndactylie des 2e et 3e orteils et une fente palatine dans le
syndrome de Smith-Lemli-Opitz, par transmission autosomique récessive de
mutations du gène DHRC7 ;
• une glomérulopathie dans les syndromes de Denys-Drash (aniridie, tumeur
de Wilms) ou de Frasier (gonadoblastome), tous deux dus à une mutation
monoallélique du gène WT1, le plus souvent de novo ;
• une hypoplasie du cœur gauche, une hernie diaphragmatique et une duplica-
tion müllérienne dans le syndrome de Meacham (également dû à une mutation
monoallélique du gène WT1) ;
• des anomalies osseuses dans la dysplasie camptomélique (mutation mono-
allélique du gène SOX9) ou dans le syndrome d’Antley-Bixler (mutations
bialléliques du gène POR).
Puisque l’ambiguïté sexuelle est une urgence médicale et psychologique com-
plexe, l’enfant et les parents doivent être dirigés sans retard vers une équipe
spécialisée. L’attribution du sexe ainsi que le choix du prénom devraient être
retardés en attendant les résultats de l’évaluation multidisciplinaire.
Ambiguïté sexuelle 111
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’anamnèse s’intéresse notamment à la présence de consanguinité, à la prise d’an-
drogènes pendant la grossesse et à une variante du développement sexuel ou à
une infertilité chez d’autres membres de la famille. L’examen physique permet
de déterminer si le problème s’inscrit dans le cadre de malformations multiples
ou s’il se limite aux organes génitaux. On doit attacher une attention particu-
lière au degré d’hydratation, à l’état hémodynamique du patient et à son poids,
certaines formes d’hyperplasie congénitale des surrénales pouvant évoluer vers
un tableau d’insuffisance surrénalienne aiguë.
La présence ou l’absence de gonades palpables, de façon unilatérale ou bila-
térale, détermine l’orientation du diagnostic différentiel, les gonades palpables
étant presque toujours des testicules. Il convient de se poser successivement les
questions suivantes.
1) Quel est le sexe génétique ? Des anomalies autosomiques sont rarement asso-
ciées à des ambiguïtés sexuelles. Par contre, il peut s’agir, par exemple, d’une
mosaïque 45,X/46,XY ou, rarement, d’une chimère 46,XX/46,XY.
2) Quel est le sexe gonadique ? Les deux gonades sont-elles des ovaires (habi-
tuellement non palpables) ou deux testicules (palpables ou non, unilatéra-
lement ou bilatéralement) ? L’aspect échographique suggère-t-il un ovotestis
(gonade d’aspect mixte, ovarien et testiculaire) ou une dysgénésie gonadique
mixte (testicule d’un côté et bandelette fibreuse de l’autre) ?
3) Quel est le sexe phénotypique ? Il y a deux catégories d’anomalies phénoty-
piques.
a) Virilisation d’un fœtus féminin, d’origine exogène (prise d’androgènes
pendant la grossesse ou présence d’une tumeur virilisante chez la
mère) ou endogène (le plus souvent, une hyperplasie congénitale des
surrénales).
b) Masculinisation insuffisante d’un fœtus masculin, qui se trouve dans l’une
ou l’autre des trois situations suivantes : anomalie de la synthèse de la tes-
tostérone ; défaut de conversion de la testostérone en dihydrotestostérone
par déficit en 5 alpha-réductase, ce qui permet le développement d’organes
génitaux internes masculins, mais entraîne un défaut de masculinisation
des organes génitaux externes ; résistance aux androgènes, dont la forme
partielle cause une ambiguïté sexuelle et dont la forme complète conduit
à un phénotype féminin (condition anciennement appelée syndrome du
« testicule féminisant »).
Outre l’attention prêtée à la présence ou à l’absence de gonades palpables,
d’autres signes doivent être recherchés telles l’hyperpigmentation cutanée des
mamelons et de la région génitale ainsi que la présence de rugosités cutanées
112 Ambiguïté sexuelle
sur les bourrelets labioscrotaux (ou urogénitaux), qui suggèrent une hyperplasie
congénitale des surrénales.
II. Explorations
Le caryotype est effectué d’urgence afin de déterminer le sexe génétique de
l’enfant et de détecter un mosaïcisme ou des anomalies de structure des chro-
mosomes sexuels ; au moins trois jours sont nécessaires pour réaliser un caryo-
type standard, mais la recherche par PCR du gène SRY (sex-determining region
of the Y, situé sur le bras court du chromosome Y et facteur du déterminisme
testiculaire) peut se faire en quelques heures.
En l’absence de gonades palpables, l’hypothèse la plus probable est celle
d’une fille virilisée en raison d’un déficit en 21-hydroxylase (hyperplasie congéni-
tale des surrénales). Un dosage de la 17-hydroxyprogestérone plasmatique (ainsi
que de la testostérone, de l’androstènedione et de la déhydro-épiandrostérone
ou DHEAS) doit alors être obtenu d’urgence sur un échantillon prélevé dès
le 3e jour de vie. Un ionogramme est nécessaire, certaines formes d’hyperplasie
congénitale des surrénales pouvant s’accompagner d’hyponatrémie et d’hyper-
kaliémie. Toutefois, ces anomalies électrolytiques survenant surtout au cours de
la 2e ou de la 3e semaine de vie, un ionogramme normal n’exclut pas qu’une
« crise de perte de sel » puisse survenir plus tard. Il est donc plus important
de surveiller la prise pondérale que de multiplier les ionogrammes sanguins.
En cas d’hyponatrémie, une natriurèse inappropriée établit le diagnostic de
perte de sel. L’hypoglycémie demeure rare dans l’hyperplasie congénitale des
surrénales, alors qu’elle est fréquente dans les autres formes d’insuffisance
surrénalienne.
L’échographie pelvienne et la génitographie permettent de visualiser s’il y
a présence de structures müllériennes (vagin, utérus, trompes). Ces examens
doivent être réalisés par des radiologues expérimentés. Une biopsie des gonades
est rarement nécessaire pour déterminer le sexe gonadique.
Traitement
Il peut s’avérer nécessaire de stabiliser l’état d’un enfant présentant, pendant
le premier mois de vie, une insuffisance surrénalienne aiguë secondaire à une
hyperplasie congénitale des surrénales.
Le traitement et la prise en charge à long terme des nouveau-nés avec ambi-
guïté sexuelle sont individualisés selon l’étiologie de celle-ci ; ils peuvent inclure
une thérapie médicamenteuse (notamment des hormones) ou des interventions
chirurgicales, ainsi qu’un accompagnement et un soutien psychologique pour
l’enfant et pour sa famille. Ils sont réalisés par des équipes multidisciplinaires
surspécialisées incluant au minimum un pédiatre endocrinologue, un urologue
pédiatrique, un radiologiste et un psychologue ou un psychiatre familiarisé avec
la question. Même si l’approche est multidisciplinaire, il importe que la famille
ait un interlocuteur principal et bénéficie d’un suivi global. Il faut noter que la
réalisation de chirurgies génitales en bas âge est contestée par certains groupes
pour des raisons de respect de l’autonomie et de l’intégrité corporelle de l’enfant ;
ce débat dépasse toutefois le cadre de ce chapitre. Contrairement à une pratique
antérieure marquée par le secret et l’omission de certains éléments (notamment
le caryotype), il est actuellement recommandé de révéler tous les éléments dia-
gnostiques de manière transparente aux parents et par la suite à l’enfant d’une
manière progressive et appropriée à l’âge.
Anaphylaxie, choc anaphylactique 113
Généralités
L’anaphylaxie est une réaction allergique systémique grave d’apparition
rapide qui peut entraîner la mort. Elle survient dans les minutes et généra-
lement moins de deux heures suivant l’exposition à l’agent causal. Il s’agit
d’une réaction d’hypersensibilité immédiate (type 1). Il y a initialement une
sensibilisation à un allergène qui induit la production d’IgE spécifiques, puis
la fixation de ces IgE aux mastocytes et aux basophiles. Au moment d’une
exposition subséquente, l’allergène se lie aux IgE et déclenche une libération
massive de substances vaso-actives comme l’histamine et des médiateurs de
l’inflammation. Ces médiateurs exercent ensuite leurs effets sur les organes
cibles. L’histamine provoque une vasodilatation et une augmentation de la
perméabilité capillaire ; il en résulte un œdème tissulaire et une réduction du
volume circulant efficace.
Les allergènes alimentaires sont la première cause d’anaphylaxie chez l’en-
fant. Les aliments responsables varient selon les coutumes alimentaires. Les prin-
cipaux sont le lait, les œufs, l’arachide (cacahuète), les noix, le blé, le soja, les
fruits de mer, le poisson, le sésame, le sarrasin et la moutarde. Par un mécanisme
mal expliqué, chez certains patients, la consommation de certains allergènes
n’entraîne une réaction anaphylactique que lorsqu’elle est suivie d’un effort phy-
sique. Les autres substances en cause sont les venins de certains hyménoptères
(exemples : abeilles, guêpes), certains médicaments (exemples : antibiotiques,
antiviraux, antifongiques), des produits biologiques (exemples : anti-TNF, extraits
de désensibilisation) et le latex.
La réaction anaphylactoïde est une réaction de nature non allergique (non
médiée par les IgE) qui entraîne des manifestations similaires à celles de l’ana-
phylaxie et qui se traite selon les mêmes modalités. Différents mécanismes sont
impliqués :
• perturbation du métabolisme de l’acide arachidonique : ce sont principalement
l’acide acétylsalicylique (aspirine) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
• libération directe d’histamine tels les analgésiques opioïdes, les curares, les
produits de contraste iodés utilisés en imagerie ;
• activation du complément : les produits sanguins et les immunoglobulines.
Manifestations cliniques
L’anaphylaxie peut se présenter par une combinaison de plusieurs signes et
symptômes dont les principales manifestations sont les suivantes.
• Cutanées ou muqueuses (80-90 %) : urticaire, angiœdème, érythème, prurit,
larmoiement, œdème conjonctival.
• Respiratoires (70-90 %) : rhinorrhée, congestion nasale, éternuements, bron-
chospasme (dyspnée, tachypnée, tirage, sibilances et réduction du murmure
vésiculaire), obstruction des voies respiratoires supérieures par œdème lin-
gual, de l’épiglotte ou de la région sous-glottique (dyspnée, tirage, stridor et
aphonie).
114 Anaphylaxie, choc anaphylactique
Explorations
Les dosages de la tryptase plasmatique (marqueur d’activation des mastocytes)
et de l’histamine peuvent aider à confirmer le diagnostic, mais ils ne sont pas
effectués de routine. La présence d’IgE spécifiques, mise en évidence par un
dosage sanguin ou par des épreuves cutanées (hors de l’épisode aigu), permet
de déterminer l’étiologie de la réaction. Les explorations additionnelles sont
adaptées aux manifestations cliniques (exemples : gaz sanguins, radiographie
pulmonaire).
L’absence d’exposition antérieure à un agent causal possible doit faire consi-
dérer d’autres causes pour expliquer une détresse respiratoire ou un tableau de
choc, dont les suivantes : obstruction aiguë des voies respiratoires supérieures
par un corps étranger, ischémie myocardique, syncope vagale, crise de panique,
dysfonction des cordes vocales ou asthme grave.
Anaphylaxie, choc anaphylactique 115
Traitement
1) Traitement général
• Cessation immédiate de l’exposition à l’allergène.
• Évaluation de l’ABC et de l’état de conscience :
– monitorage cardiorespiratoire ;
– administration d’oxygène et ventilation au besoin ;
– installation d’un accès veineux ou intra-osseux si réaction grave ou choc.
• Administration d’adrénaline par voie générale (le plus tôt possible), répéter
toutes les 5 à 15 minutes, au besoin. Il existe différentes voies d’administration :
– adrénaline intramusculaire dans la face antérolatérale de la cuisse ;
– par auto-injecteur (exemples : EpiPenMD, TwinjectMD, AllerjectMD) : 0,15 mg
si < 25 kg ; 0,3 mg si ≥ 25 kg ;
– adrénaline IM 0,01 mL/kg/dose d’une solution 1:1 000, soit 0,01 mg/kg/
dose (max : 0,5 mL/dose). La voie intramusculaire permet une absorption
plus rapide et des taux plasmatiques supérieurs à la voie sous-cutanée.
– adrénaline IV ou IO 0,1 mL/kg/dose d’une solution 1:10 000, soit 0,01 mg/kg/
dose IV (max : 10 mL/dose) en 5 minutes. On la réserve aux cas graves ne
répondant pas à l’adrénaline intramusculaire.
2) Obstruction des voies respiratoires supérieures
• Nébulisation d’une solution d’adrénaline 1:1 000 (0,5 ml/kg, max : 5 ml) toutes
les 20 minutes, au besoin. Ce traitement ne remplace pas l’administration
d’adrénaline par voie générale, mais il peut s’y ajouter.
• Intubation endotrachéale parfois nécessaire. Envisager une intubation précoce
s’il y a œdème oropharyngé important. Étant donné le risque d’intubation
difficile, celle-ci devrait se faire dans des conditions optimales, par le profes-
sionnel le plus expérimenté.
3) Bronchospasme
Le traitement est identique à celui de l’asthme (salbutamol en inhalation, en
nébulisation ou IV, ipratropium). Ces traitements ne changent rien au fait qu’il
faut avoir préalablement administré l’adrénaline par voie générale, même si le
bronchospasme est l’unique manifestation.
4) Hypotension artérielle et choc
• Position de Trendelenburg.
• Remplissage vasculaire avec 20 mL/kg de lactate Ringer ou de NaCl 0,9 % IV
sur une période de 10 à 20 minutes. Répéter au besoin jusqu’à stabilisation
de l’état hémodynamique.
• En cas de choc réfractaire à une expansion volémique appropriée et à l’adrénaline
tel que décrit ci-dessus, amorcer une perfusion de sympathomimétiques par voie
intraveineuse ou intra-osseuse. On titre la perfusion selon la réponse clinique :
– adrénaline : 0,1 à 1 μg/kg/min ;
– dopamine : 10 à 20 μg/kg/min ;
– noradrénaline : 0,1 à 2 μg/kg/min ;
– envisager la vasopressine si réfractaire.
Le glucagon peut être considéré chez les patients prenant des β-bloquants.
116 Anaphylaxie, choc anaphylactique
Complications
L’anaphylaxie est une urgence médicale potentiellement létale, surtout si elle n’est
pas traitée adéquatement. Les complications majeures sont l’obstruction grave
des voies respiratoires et le collapsus circulatoire, tous deux pouvant mener à
un arrêt cardiorespiratoire.
Pronostic
Le pronostic s’avère excellent lorsque l’intervention, en particulier l’administra-
tion d’adrénaline, est précoce.
Prévention
L’évitement strict des allergènes impliqués constitue la base de la prévention, ce
qui, en cas d’allergie alimentaire, exige une formation adéquate du patient, de
sa famille et de l’entourage (voisins, école, service de garde [garderie, crèche]).
Les ingrédients cachés de certains aliments et médicaments constituent un pro-
blème particulièrement complexe.
Une prescription d’auto-injecteurs d’adrénaline doit être remise au patient.
Des seringues préremplies (exemples : EpiPenMD, TwinjectMD, AllerjectMD) sont
offertes à des posologies d’adrénaline de 0,15 mg pour les enfants de moins
de 25 kg et de 0,3 mg pour les patients de 25 kg ou plus.
L’enfant ayant présenté une réaction anaphylactique devrait porter un
bracelet indiquant la nature de son allergie et avoir en tout temps une trousse
contenant un ou deux auto-injecteurs et un plan d’action clair expliquant leur
utilisation.
Le suivi par un allergologue permet de confirmer l’allergène en cause, de
compléter l’enseignement pour l’évitement des allergènes et d’offrir une désen-
sibilisation, le cas échéant (exemple : venins d’hyménoptères).
Anémie 117
Anémie 24
Nancy Robitaille, Christian Lachance, Yves Pastore
Voir aussi Anémie falciforme (drépanocytose).
Généralités
Chez le nouveau-né, on observe une polycythémie physiologique, maximale
au terme de la gestation. Le taux d’hémoglobine (Hb) diminue ensuite rapide-
ment pour atteindre son niveau le plus bas vers l’âge de deux à trois mois ; ce
phénomène est appelé anémie physiologique. Différents mécanismes sont en
cause : durée de vie diminuée des globules rouges chez le nouveau-né (de 60 à
80 jours plutôt que 120) ; production d’érythropoïétine moindre durant le premier
mois de vie ; expansion rapide du volume circulant en raison de la croissance
du nourrisson ; prédominance d’Hb fœtale qui a une affinité plus grande pour
l’oxygène qui sera progressivement remplacée par l’Hb adulte. Le taux d’Hb
augmente ensuite progressivement jusqu’à la puberté pour atteindre les valeurs
adultes, qui sont plus élevées chez le garçon que chez la fille.
Il faut donc évaluer le taux d’Hb en fonction de l’âge. Par exemple, un taux
d’Hb à 120 g/L constitue une anémie chez le nouveau-né alors qu’il est tout à
fait normal à l’âge de un an. Le tableau 24.1 décrit quelques points de repère
approximatifs quant aux limites inférieures de la normale du taux d’Hb selon
l’âge. On parle d’anémie lorsque ce taux est inférieur à deux écarts types par
rapport à la moyenne pour l’âge.
Les taux d’Hb peuvent être influencés par d’autres facteurs que l’âge. C’est
ainsi que les personnes noires ont des taux moyens inférieurs à ceux des per-
sonnes blanches. Les patients ayant une cardiopathie congénitale cyanogène,
quant à eux, présentent des taux d’Hb habituellement élevés.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
Selon l’âge, l’histoire peut révéler différents symptômes tels que des apnées, de
la fatigue, de la dyspnée, des palpitations ou de l’irritabilité. Certains éléments
peuvent orienter vers l’étiologie de l’anémie ; ainsi, une histoire de pica suggère
un déficit en fer ou une intoxication par le plomb. Une histoire de douleurs
abdominales aiguës associée à un ictère d’apparition rapide est suggestive d’une
hémolyse aiguë.
L’examen permet de diagnostiquer facilement une anémie profonde : la
pâleur de la peau et des muqueuses est alors évidente. Lorsque l’anémie s’avère
importante, une tachycardie et un souffle cardiaque de haut débit sont habituelle-
ment présents. Par contre, une anémie légère ou modérée peut passer inaperçue.
118 Anémie
II. Explorations
Il importe d’abord de préciser s’il s’agit d’une anémie normocytaire, microcytaire
ou macrocytaire. Le volume globulaire moyen (VGM) et l’examen du frottis san-
guin permettent de répondre à cette question. Voici quelques points de repère
approximatifs pour les limites inférieures et supérieures de la normale du VGM
en fonction de l’âge :
• à la naissance : de 98 à 118 fL ;
• de 1 à 6 ans : de 70 à 86 fL ;
• de 6 à 12 ans : de 77 à 95 fL ;
• à l’adolescence : de 80 à 96 fL.
Les principales causes d’anémie sont classées selon le VGM ; elles sont énu-
mérées dans le tableau 24.2.
1) Anémie normocytaire : le frottis montre des globules rouges de diamètre nor-
mal et un VGM normal pour l’âge.
2) Anémie microcytaire : les globules rouges ont un diamètre plus petit que
la normale au frottis et un VGM inférieur à la normale pour l’âge. En cas
d’anémie microcytaire, il est important de déterminer si l’anémie est nor-
mochrome ou hypochrome. Le frottis permet de répondre à cette question ;
la réponse est confirmée par la mesure de la concentration corpusculaire
moyenne en Hb (CCMH). La limite inférieure de la normale pour la CCMH
dépend de l’âge :
• de la naissance à 5 ans : 300 g/L ;
• de 6 ans à l’adolescence : 310 g/L.
La majorité des anémies microcytaires sont hypochromes. Il s’agit la plu-
part du temps d’une anémie ferriprive ou d’une thalassémie.
3) Anémie macrocytaire : les globules rouges ont un diamètre plus grand que la
normale au frottis, et le VGM est supérieur à la normale pour l’âge. Lorsque
les réticulocytes sont augmentés, il faut penser à une macrocytose de régéné-
ration. Si ce n’est pas le cas, il faut s’orienter vers un déficit en acide folique
ou en vitamine B12, situations assez rares chez l’enfant.
Anémie 119
V. Thalassémies
Les thalassémies sont des anémies hémolytiques congénitales transmises selon
le mode autosomique récessif. Elles se caractérisent par l’absence ou la dimi-
nution de synthèse d’une chaîne de globine. Elles sont fort répandues dans les
pays qui entourent la Méditerranée, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. On
les rencontre occasionnellement dans les autres groupes ethniques. Seules les
principales formes sont mentionnées ici.
124 Anémie
1) β-thalassémie
Les hétérozygotes (β-thalassémie mineure ou trait thalassémique)
Ils présentent habituellement une anémie hypochrome microcytaire légère. Une
microcytose isolée peut être observée. Le frottis sanguin montre une anisocytose,
une poïkilocytose, des cellules en cible et des ponctuations basophiles. L’indice de
Mentzer, c’est-à-dire le rapport {VGM en fL/nombre de globules rouges} × 1012/L,
est inférieur à 13, ce qui permet souvent de différencier la maladie de l’anémie
ferriprive (voir ci-après). L’électrophorèse de l’Hb montre une Hb A2 supérieure
à 3,5 % (sauf s’il y a un déficit en fer associé), une élévation de l’Hb fœtale ou les
deux anomalies à la fois. Les patients porteurs d’un trait thalassémique mènent
une vie normale et ne présentent aucune complication. Il faut notamment sus-
pecter ce problème :
• chez un enfant qui présente une anémie hypochrome microcytaire et dont
les parents (ou l’un d’eux) sont d’origine ethnique à risque ;
• chez un enfant porteur d’une anémie hypochrome microcytaire qui ne répond
pas au fer.
Il est important d’établir le diagnostic pour éviter que l’enfant soit inutilement
traité avec du fer pendant des mois ou des années et afin d’offrir le conseil
génétique qui s’impose. Pour ce faire, on doit rechercher la présence de tha-
lassémie chez les deux parents ; s’ils sont tous deux hétérozygotes, le risque
d’avoir un enfant atteint de thalassémie majeure au moment d’une autre gros-
sesse est de 25 %.
Les homozygotes (β-thalassémie majeure ou anémie de Cooley) Ils pré-
sentent une anémie grave dès les premiers mois de vie. Cette anémie est hypo-
chrome microcytaire ; le taux d’Hb A2 est variable, mais la proportion d’Hb fœtale
est très élevée. S’ils ne sont pas traités de manière appropriée, les enfants atteints
peuvent présenter une hépatosplénomégalie, un hypersplénisme, une ostéopo-
rose, un épaississement des os du crâne et une déformation craniofaciale ainsi
qu’un retard de croissance et un retard pubertaire. Ils doivent donc être pris en
charge précocement par une équipe spécialisée et être inscrits à un programme
de transfusions chroniques. On doit commencer un traitement de chélation du
fer lorsque l’hémosidérose s’installe, afin d’éviter les complications hépatiques,
cardiaques et endocriniennes associées à cette affection. Dans certains cas, on
peut procéder à une transplantation de cellules souches hématopoïétiques, seul
traitement curatif actuellement offert.
Thalassémie intermédiaire Ces enfants ont des mutations des deux gènes
codant pour les chaînes de β-globine, mais il y a toujours une certaine
production d’Hb. L’anémie est donc de légère à modérée, et les besoins
transfusionnels sont ponctuels. Les patients atteints peuvent présenter une
splénomégalie et des déformations osseuses. La surcharge en fer est de
gravité variable.
2) α-thalassémie
Elle survient chez plusieurs groupes ethniques : Africains, Asiatiques, Indiens
et personnes originaires du Moyen-Orient ou du bassin de la Méditerranée. Le
spectre de la maladie va de l’état de porteur silencieux à l’anémie hypochrome
microcytaire grave, en passant par la mort in utero et l’anasarque fœtoplacen-
taire. La gravité de cette hémoglobinopathie est conditionnée par le nombre de
gènes déterminant la synthèse des chaînes α de l’Hb qui sont mutés (délétion
Anémie 125
de un, de deux, de trois ou de quatre gènes). Le tableau 24.3 décrit les carac-
téristiques des syndromes α-thalassémiques. Les formes graves sont rarissimes
chez les Africains d’origine sub-saharienne.
deux ans. Chez l’adolescente, une anémie peut résulter de menstruations anor-
males (exemples : saignements dysfonctionnels, ménorragies, maladie de von
Willebrand). Le fer sérique est bas, la transferrine est élevée, et la saturation de
la transferrine est inférieure à 10 ou 15 %. Le traitement consiste à corriger l’af-
fection sous-jacente, si possible, et à administrer des suppléments de fer comme
en cas d’anémie ferriprive nutritionnelle.
Généralités
L’anémie falciforme, aussi appelée drépanocytose, est une anémie hémolytique
héréditaire transmise selon le mode autosomique récessif. Elle est due à la présence
d’une hémoglobine (Hb) anormale appelée Hb S. Celle-ci diffère de l’Hb A par
une substitution unique d’acide glutamique par la valine. Sous l’effet de l’hypoxie
tissulaire, l’Hb S se polymérise, ce qui entraîne une déformation des érythrocytes,
ceux-ci prenant la forme d’une faucille et devenant rigides au point d’obstruer
128 Anémie falciforme (drépanocytose)
les petits vaisseaux sanguins. La durée de vie du globule rouge falciforme est
nettement diminuée, soit de 17 à 30 jours comparativement à 120 jours pour un
globule rouge normal. La vaso-occlusion et l’hémolyse sont responsables de la
plupart des complications de la drépanocytose.
De 8 à 10 % des personnes noires sont hétérozygotes (Hb AS) ; on dit alors
qu’elles ont le trait ou qu’elles sont porteuses. Certains centres offrent le diagnos-
tic prénatal ou le dépistage néonatal. Tout enfant à risque n’ayant pas bénéficié
de ce dépistage devrait être testé. Les enfants à risque sont ceux de descendance
africaine, méditerranéenne, moyen-orientale ou indienne et ceux qui sont origi-
naires des Caraïbes, d’Amérique centrale ou d’Amérique du Sud. Le diagnostic
doit être fait par une méthode adéquate pouvant quantifier les fractions d’Hb, soit
par électrophorèse de l’Hb, chromatographie liquide ou électrophorèse capillaire.
Le test rapide de falciformation (test de solubilité au dithionite) ne permet pas
de poser un diagnostic définitif pour deux raisons : il ne détecte pas l’Hb C, et il
faut avoir un minimum de 20 % d’Hb S pour que le test soit positif ; il peut donc
être faussement négatif jusqu’à l’âge de six à huit mois. Par ailleurs, ce test peut être
positif tant chez les hétérozygotes (Hb AS) que chez les homozygotes (Hb SS).
Manifestations cliniques
Les hétérozygotes Hb AS ont environ 40 % d’Hb S. Ils sont généralement asymp-
tomatiques sauf dans des circonstances particulières (exemple : en haute altitude),
et leur hémogramme est normal.
Les homozygotes (SS) et les doubles hétérozygotes Sβ0-thalassémie ont
de 85 à 95 % d’Hb S. Les doubles hétérozygotes SC ont une proportion équivalente
des Hb S et C (environ 45 % chacune). Les doubles hétérozygotes Sβ+-thalassémie
ont environ 55 % d’hémoglobine S et 35 % d’Hb A. Le tableau 25.1 décrit les résul-
tats habituellement retrouvés à l’hémogramme pour chacun de ces phénotypes.
Traitement
I. Soins globaux
Une prise en charge optimale nécessite un suivi par une équipe multidisciplinaire
spécialisée. L’éducation de la famille est fondamentale et doit comprendre, en
plus des conseils pédiatriques habituels, les éléments suivants :
• mode de transmission génétique, dépistage des porteurs et diagnostic prénatal ;
• principaux éléments physiopathologiques ;
• importance du suivi médical régulier ;
• importance des mesures préventives : vaccinations, administration de pénicil-
line prophylactique et d’acide folique ;
• symptômes des principales complications, palpation et mesure de la rate ;
• nécessité d’une consultation immédiate en cas de fièvre ou d’un autre symp-
tôme suggérant une complication ;
• nécessité de bien s’hydrater.
Anomalies vasculaires 26
Josée Dubois, Catherine McCuaig, Julie Powell,
Élisabeth Rousseau, Louise Caouette-Laberge
Généralités
Les anomalies vasculaires sont classifiées en deux groupes : les tumeurs vascu-
laires et les malformations vasculaires. Les tumeurs vasculaires résultent d’une
prolifération endothéliale ; les principaux types rencontrés en pédiatrie sont les
hémangiomes infantiles, les granulomes pyogéniques, les hémangiomes congé-
nitaux et les hémangioendothéliomes. Les malformations vasculaires résultent
d’une anomalie embryologique du développement vasculaire. Selon le type de
vaisseaux impliqués, la malformation est qualifiée de capillaire, veineuse, arté-
rioveineuse, lymphatique ou mixte.
132 Anomalies vasculaires
Tumeurs vasculaires
I. Hémangiome infantile
Les hémangiomes infantiles sont des tumeurs vasculaires bénignes que l’on trouve
chez environ 10 % des enfants âgés de moins de un an. Ils sont plus fréquents
chez les filles et les enfants nés prématurément. Environ 30 % des hémangiomes
infantiles sont apparents à la naissance, et 80 % apparaissent avant l’âge de
un mois. Initialement, on peut noter une macule, une zone de pâleur, une petite
papule rouge cerise, un groupe de papules rouges ou une masse sous-cutanée
bleuâtre. En quelques semaines, l’hémangiome prend son allure caractéristique.
Dans la majorité des cas, l’hémangiome est unique, mais 20 % des enfants touchés
en ont deux, et 5 % en ont trois ou plus. La prévalence des hémangiomes vis-
céraux est inconnue et demeure probablement sous-estimée. Les hémangiomes
cutanés multiples (cinq et plus) ou les hémangiomes segmentaires doivent faire
suspecter la présence d’un hémangiome viscéral sous-jacent, le foie étant l’or-
gane le plus fréquemment atteint, suivi du tractus gastro-intestinal, du cerveau
et du poumon. L’hémangiome segmentaire se caractérise par une plaque géo-
graphique, confluente, souvent d’apparence télangiectasique et située sur une
région segmentaire du visage. La présence d’un hémangiome segmentaire facial
doit faire également suspecter un syndrome de PHACES (malformation de la
fosse Postérieure, Hémangiome segmentaire, anomalies Artérielles, Coarctation
de l’aorte et autres malformations cardiaques, anomalie oculaire [Eye], anoma-
lie Sternale). Un hémangiome situé dans la région mandibulaire nécessite une
laryngoscopie afin d’éliminer un hémangiome sous-glottique.
L’évolution des hémangiomes infantiles est caractérisée par trois phases :
une phase de prolifération qui dure de 5 à 8 mois, pendant laquelle l’héman-
giome augmente de volume ; une phase de stabilisation se situant vers l’âge
de 10 à 12 mois ; et une phase de régression pouvant aller jusqu’à l’âge de 10 ans.
La majorité des hémangiomes sont diagnostiqués cliniquement. L’imagerie est
indiquée pour les raisons suivantes : doute diagnostique, hémangiome nécessi-
tant un traitement, recherche d’une atteinte cérébrale ou viscérale, hémangiomes
oculaire, sous-glottique et médullaire. L’échographie est l’examen paraclinique de
première ligne pour le diagnostic, suivie, si nécessaire, d’une résonance magné-
tique nucléaire (RMN). Le syndrome de PHACES requiert une RMN cérébrale
associée à une étude artérielle (angio-RMN). Il est indiqué d’effectuer une RMN
de la colonne lombosacrée dans le cas d’un hémangiome de la région sacrée
afin d’exclure une anomalie intrarachidienne associée.
Quelles que soient leur localisation et leur taille, la majorité des héman-
giomes infantiles régressent spontanément. Ils involuent avant l’âge de 5 ans chez
50 % des enfants atteints et avant l’âge de 10 ans chez 90 % d’entre eux. Toutefois,
dans 25 à 50 % des cas, il persiste des anomalies cutanées résiduelles comme
une peau cicatricielle, une atrophie ou des télangiectasies. Celles-ci sont indé-
pendantes de la taille ou de la vitesse d’involution de l’hémangiome.
Aucun traitement n’est nécessaire dans 90 % des cas. Les principales indi-
cations de traitement sont les suivantes : nécrose, ulcération, infection, hémor-
ragie, occlusion d’un œil ou d’un orifice, compression des voies respiratoires
ou d’une autre structure vitale, insuffisance cardiaque à haut débit et défigura-
tion. L’hémangiome sous-glottique peut causer une obstruction des voies res-
piratoires supérieures ; advenant un échec au traitement médical (propranolol,
corticostéroïdes), un traitement au laser peut être envisagé, mais une trachéos-
tomie est parfois nécessaire. Lorsque la lésion cause des problèmes graves,
Anomalies vasculaires 133
comme l’occlusion d’un œil ou une compression des voies respiratoires, l’ap-
proche thérapeutique doit être multidisciplinaire. Le propranolol administré
par voie générale est le traitement de choix. Dans les cas réfractaires, les cor-
ticostéroïdes donnés par voie générale ou intralésionnelle, l’interféron alpha,
la vincristine, l’acide aminocaproïque, la chirurgie, le laser et l’embolisation
peuvent être utilisés. Le laser à colorant pulsé peut accélérer la guérison des
ulcères ; il est particulièrement efficace pour traiter les télangiectasies résiduelles
d’un hémangiome involué.
Malformations vasculaires
Les malformations vasculaires sont présentes à la naissance, mais peuvent être dia-
gnostiquées plus tardivement. Elles ne sont ni des tumeurs ni une simple collection
de vaisseaux anormaux, mais résultent plutôt d’une anomalie de développement
qui implique souvent toute une région anatomique. La physiopathologie est mal
expliquée. La puberté, la grossesse, certains médicaments (exemple : contraceptifs
oraux), les traumatismes et la chirurgie sont des facteurs pouvant faire augmenter
le volume des lésions.
134 Anomalies vasculaires
I. Malformations capillaires
L’angiome plan est une malformation capillaire de coloration rouge, présente à
la naissance. On l’appelle « tache de vin » ou nævus flammeus. Il peut se trouver
n’importe où sur la surface du corps. Il ne progresse pas avec la croissance de
l’enfant. Le nævus simplex, ou « tache saumonée », est une malformation capillaire
présente chez 30 à 40 % des nouveau-nés, située sur la nuque, dans la région
médiane du front, des paupières, du nez ou de la lèvre supérieure. Le diagnostic
est clinique, et aucune exploration complémentaire n’est indiquée. À l’exception
du nævus simplex, qui régresse spontanément, le mode de traitement principal
des angiomes plans est le laser à colorant pulsé.
Dans certains cas, les malformations capillaires font partie de l’un des syn-
dromes suivants.
• Syndrome de Sturge-Weber : il est caractérisé par un angiome plan frontopal-
pébral occupant le territoire innervé par la branche ophtalmique du nerf triju-
meau. Il est associé à un angiome leptoméningé ipsilatéral qui peut causer des
symptômes neurologiques (épilepsie, hémiparésie ou hémiplégie, déficience
intellectuelle). La RMN est recommandée vers l’âge de un an, et elle démontre
plusieurs anomalies telles qu’une asymétrie cérébrale avec augmentation de la
densité du côté atteint comparativement au côté normal, une malformation
capillaire leptoméningée visible après injection d’une substance de contraste
et des calcifications. Dans ce syndrome, on peut observer plusieurs complica-
tions oculaires telles qu’un glaucome, un décollement de la rétine, une cécité,
une buphtalmie et des anomalies vasculaires choroïdiennes ou rétiniennes.
• Syndrome de Klippel-Trenaunay, constitué de la triade suivante : malformation
capillaire touchant un membre, hypertrophie du membre atteint et malforma-
tions veineuses ou lymphatiques.
• Syndrome de Parkes-Weber : il est similaire au syndrome de Klippel-Trenaunay,
mais s’en distingue par la présence de fistules artérioveineuses.
Parmi les autres malformations capillaires, il faut mentionner les angiokéra-
tomes, les télangiectasies nævoïdes et le cutis marmorata telangiectica congenita.
Généralités
L’arthrite idiopathique juvénile, appelée auparavant arthrite rhumatoïde juvénile
ou arthrite chronique juvénile, est une maladie inflammatoire chronique qui
touche les articulations pourvues de synoviale. L’arthrite se définit par un gon-
flement ou par deux des éléments suivants : douleur à la palpation ou à la mobi-
lisation, limitation de mouvement, chaleur locale. Elle dure plus de six semaines
et débute avant l’âge de 16 ans. Les autres causes d’arthrite chronique doivent
être exclues : infections, néoplasies, troubles hématologiques, collagénoses, vas-
cularites et autres maladies inflammatoires systémiques. On estime la prévalence
à environ 1/1 000 enfants. Des facteurs immunologiques, génétiques, environ-
nementaux et infectieux ont été incriminés, mais son étiologie exacte demeure
inconnue. L’arthrite idiopathique juvénile peut causer des difficultés fonction-
nelles, une déformation articulaire et avoir un impact sur tous les aspects de la
vie et du développement de l’enfant, à court et à long terme. Certaines formes
peuvent conduire à une destruction de l’articulation, entraînant une incapacité
motrice importante.
1) Avec facteur rhumatoïde négatif (environ les trois quarts des cas)
De 75 à 90 % des enfants atteints sont des filles. Cette forme peut apparaître à
tout âge, avec un pic chez l’enfant de 2 à 5 ans et un autre vers 10 à 14 ans.
L’uvéite est rare, de même que les nodules sous-cutanés ou nodules rhumatoïdes.
Les anticorps antinucléaires sont positifs dans 25 % des cas environ. Cette forme
entraîne moins souvent une atteinte articulaire grave et des séquelles perma-
nentes que la suivante.
2) Avec facteur rhumatoïde positif (environ le quart des cas)
C’est l’équivalent pédiatrique de l’arthrite rhumatoïde classique de l’adulte. Plus
de 80 % des enfants atteints sont des filles. Cette forme commence à la fin de
l’enfance. Elle est associée à l’antigène d’histocompatibilité HLA-DR4. Elle ne
cause pas d’uvéite. Des nodules rhumatoïdes apparaissent fréquemment. Les
anticorps antinucléaires peuvent être positifs. Les dommages articulaires sont
précoces, justifiant une intervention rapide et vigoureuse. Ce type évolue vers
une arthrite grave dans plus de la moitié des cas.
Explorations
L’hémogramme révèle souvent une anémie légère ou modérée. En cas d’arthrite
idiopathique juvénile à début systémique, l’anémie se révèle plus marquée ; elle
est souvent associée à une hyperleucocytose à prédominance neutrophile et à
une thrombocytose. La vitesse de sédimentation est souvent élevée, de même
que la protéine C réactive. Il peut y avoir une hypoalbuminémie et une élévation
des protéines de l’inflammation.
La recherche du facteur rhumatoïde, des anticorps antinucléaires et de l’an-
tigène HLA-B27 aide à préciser la forme d’arthrite idiopathique juvénile et le
risque d’uvéite.
Au début, les radiographies ne montrent qu’un œdème des tissus mous.
Puis, on peut voir apparaître diverses anomalies, comme une ostéopénie péri-
articulaire, un avancement de la maturation osseuse, avec une accélération de
la croissance osseuse (os longs) ou une fusion prématurée des épiphyses (os
courts), un pincement articulaire, une fusion, une déformation de l’articulation
et des érosions avec destruction.
Des examens ophtalmologiques réguliers pour le dépistage d’uvéite sont
essentiels, particulièrement dans la forme à début oligo-articulaire avec anticorps
antinucléaires positifs.
Traitement
Le traitement doit être individualisé et confié, de préférence, à une équipe mul-
tidisciplinaire spécialisée. Il vise à calmer la douleur et l’inflammation, à nor-
maliser la fonction articulaire, à prévenir les déformations ainsi que l’incapacité
motrice et la destruction articulaire.
I. Anti-inflammatoires
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens forment la première ligne du traitement
pharmacologique continu. La tolérance et l’efficacité varient d’un enfant à l’autre.
Parfois, l’effet maximal ne s’obtient pas avant deux mois, mais s’il n’y a pas
d’amélioration après trois semaines, un changement de thérapie doit être consi-
déré. L’adhésion au traitement par un anti-inflammatoire non stéroïdien semble
meilleure avec un petit nombre de doses quotidiennes.
Les principaux anti-inflammatoires non stéroïdiens utilisés en pédiatrie sont
le naproxen, l’ibuprofène, l’indométhacine (ce médicament peut causer des
céphalées ou d’autres symptômes neurologiques transitoires, surtout au début
du traitement) et le kétoprofène (réservé aux enfants âgés de 12 ans ou plus).
L’acide acétylsalicylique (AAS) n’est plus employé.
Le principal effet secondaire de ces médicaments est l’irritation digestive ; on
conseille donc de les prendre avec des aliments. S’il y a des symptômes diges-
tifs ou des antécédents d’ulcère, on doit adjoindre un inhibiteur de la pompe à
protons. Ce traitement préventif n’élimine pas le risque d’ulcère, lequel peut être
asymptomatique. Une toxicité hépatique est possible. Les anti-inflammatoires non
140 Arthrite idiopathique juvénile
Complications
Les complications sont locales ou régionales : perte d’amplitude, fonte muscu-
laire, perturbation de la croissance, déformation articulaire, contracture, limitation
fonctionnelle, destruction articulaire, incapacité motrice.
Elles sont aussi générales, que ce soit sur le plan physique (anémie, inap-
pétence, ostéopénie, amyotrophie, retard statural) ou psychologique (troubles
de l’humeur, difficultés d’adaptation, retrait psychosocial).
Les complications de l’uvéite peuvent aller jusqu’à une perte de vision.
Pronostic
Le pronostic dépend de la forme de la maladie et varie d’un enfant à l’autre. L’ac-
tivité de la maladie n’est pas nécessairement continuelle : on peut observer une
alternance entre rechutes et rémissions. En général, la majorité des patients n’aura
pas de limitations fonctionnelles importantes, mais la persistance de la maladie
à l’âge adulte (chez 50 à 70 % des patients) accroît ce risque. Il faut craindre un
handicap grave pour environ 10 % d’entre eux (surtout dans les formes systé-
miques et polyarticulaires avec facteur rhumatoïde positif).
Un arsenal thérapeutique élargi et mieux ciblé, ainsi qu’une meilleure défini-
tion des sous-groupes de patients, des facteurs de risque et de réponse au traite-
ment, permet d’entrevoir une amélioration de ce pronostic dans un futur proche.
Arythmies cardiaques 28
Anne Fournier, Jean-Marc Côté, Jean-Luc Bigras
Généralités
Les arythmies cardiaques sont relativement rares chez l’enfant. Elles peuvent
survenir spontanément ou résulter d’un trouble infectieux, métabolique, élec-
trolytique ou toxique. Elles sont parfois associées à une malformation cardiaque
congénitale ou causées par son traitement chirurgical. Les arythmies constituent
maintenant un domaine spécialisé de la cardiologie ; dans ce contexte, ce chapitre
142 Arythmies cardiaques
est orienté vers le traitement immédiat des arythmies les plus courantes, en atten-
dant l’intervention d’un cardiologue.
Manifestations cliniques
Les principales manifestations cliniques possibles sont de l’agitation, des
palpitations, des syncopes, des étourdissements, des douleurs rétrosternales,
des épisodes de malaise avec pâleur, une sudation profuse, une cyanose,
une détresse respiratoire et des vomissements. On peut parfois noter des
signes d’insuffisance cardiaque lorsque l’arythmie est associée à une malfor-
mation cardiaque congénitale ou lorsqu’elle est prolongée, principalement
chez les nouveau-nés et les nourrissons. Les arythmies peuvent aussi être
asymptomatiques.
Principales arythmies
I. Arythmie sinusale respiratoire
L’arythmie sinusale respiratoire constitue la forme la plus fréquente de rythme
irrégulier chez l’enfant. La fréquence cardiaque ralentit au cours de l’expiration et
accélère en inspiration. C’est un phénomène physiologique qui tend à diminuer
avec l’âge et qui ne nécessite aucune investigation supplémentaire.
II. Asystolie
L’asystolie consiste en une absence d’activité électrique et mécanique cardiaque.
Les causes les plus fréquentes sont l’hypoxémie, l’acidémie et l’hypovolémie (voir
Réanimation cardiorespiratoire du nouveau-né et Réanimation cardiorespira-
toire après la période néonatale).
V. Extrasystoles supraventriculaires
Les extrasystoles supraventriculaires (ou auriculaires) sont fréquentes en période
fœtale et chez les nouveau-nés. Elles sont habituellement unifocales et souvent
suivies d’une pause compensatoire. Elles sont généralement de nature bénigne
et n’ont pas de signification, pour autant qu’elles n’entraînent pas de tachycardie
supraventriculaire. Sur l’ECG, elles se manifestent par une onde P précoce, dif-
férente de l’onde P en rythme sinusal, et peuvent être conduites vers les ventri-
cules de façon normale, avec aberration (complexe QRS différent du complexe
en rythme sinusal) ou être bloquées (onde P non suivie d’un complexe QRS).
Elles ne nécessitent aucun traitement et disparaissent habituellement pendant la
période néonatale. Chez l’enfant plus âgé, elles sont moins fréquentes et éga-
lement bénignes.
variable. Il s’agit d’une arythmie rare en pédiatrie, ce qui n’est pas le cas chez
l’adulte. Elle peut survenir en cas de myocardite, d’intoxication par la digitale,
d’hyperthyroïdie, lorsque les oreillettes sont dilatées ou, plus rarement, chez l’ado-
lescent normal. À l’ECG (voir figure 28.2), on ne trouve aucune onde P, mais la
ligne de base peut présenter des vagues irrégulières, rapides et de faible ampli-
tude. L’intervalle RR est irrégulier. Le traitement est similaire à celui du flutter
auriculaire, mais la fibrillation auriculaire ne répond pas à l’entraînement élec-
trosystolique rapide. On doit anticoaguler les patients présentant une fibrillation
auriculaire depuis plus de 24 heures avant de les soumettre à une cardioversion.
X. Long QT
L’espace QT représente l’intervalle entre le début du QRS et la fin du segment ST.
On doit corriger la mesure du QT, exprimée en secondes, pour la fréquence car-
diaque, en la divisant par le RR précédent, lui aussi mesuré en secondes. Le QT
corrigé normal est égal ou inférieur à 0,45 seconde chez les patients âgés de
moins de six mois et est égal ou inférieur à 0,44 seconde chez les patients âgés
de six mois et plus. Le long QT peut être syndromique et transmis génétiquement
(exemples : syndrome de Romano-Ward de transmission autosomique dominante,
syndrome de Jervell-Lange-Nielsen de transmission autosomique récessive) ou
acquis. Parmi les causes d’allongement acquis du QT, mentionnons les troubles
électrolytiques (exemples : hypokaliémie, hypocalcémie, hypomagnésémie), la
prise de certains médicaments (exemples : érythromycine, pentamidine, cisapride,
rispéridone, fluconazole, astémizole) et certaines affections telles qu’une myo-
cardite, une hypothyroïdie, une hyperparathyroïdie ou une encéphalite.
La plupart des patients avec long QT sont asymptomatiques. Ils peuvent
par ailleurs présenter une syncope, une arythmie maligne (exemple : tachycardie
ventriculaire sous forme de torsades de pointes) ou une mort subite. Le patient
146 Arythmies cardiaques
avec syndrome du long QT doit éviter les sports de compétition et peut être traité
par un β-bloquant, un cardiostimulateur ou l’implantation d’un défibrillateur.
auto-immune n’est posé chez la mère que plusieurs années après la nais-
sance de son enfant. Ce type de bloc peut aussi compliquer une intervention
chirurgicale cardiaque ou une transposition corrigée des gros vaisseaux. Le
traitement est le suivant.
a) Situation urgente : mettre en place une perfusion intraveineuse d’isoproté-
rénol, à raison de 0,05 à 1,0 μg/kg/min. En cas d’échec, il est nécessaire
de mettre en place un stimulateur cardiaque temporaire par voie veineuse
ou transthoracique.
b) Les indications de poser un stimulateur cardiaque permanent sont les
mêmes que pour le bloc de type Mobitz II (voir plus haut).
Asthme 29
Francine Ducharme, Evelyne D. Trottier, France Gauvin, Géraldine Pettersen,
Denis Bérubé, Robert L. Thivierge, Pascal Bédard, Pierre Gaudreault
Généralités
L’asthme est une maladie respiratoire chronique caractérisée par des symptômes
paroxystiques ou persistants (dyspnée, oppression thoracique, respiration sifflante
et toux), secondaires à une obstruction aérienne variable et à une hyperréactivité
des voies respiratoires aux stimuli endogènes ou exogènes. Trois phénomènes
physiopathologiques contribuent à l’obstruction des voies respiratoires : l’inflam-
mation des parois bronchiques (mécanisme principal), le bronchospasme et les
sécrétions bronchiques.
L’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent.
Sa prévalence varie beaucoup d’un pays à l’autre (de 1 à presque 20 %). Bien que
la mortalité associée soit faible, cette maladie demeure une des causes majeures
de consultation médicale urgente et d’hospitalisation chez les moins de 15 ans.
C’est aussi la principale cause d’absentéisme scolaire dans ce groupe d’âge.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
Les trois symptômes cardinaux liés à l’obstruction des voies respiratoires sont la
toux, la dyspnée et la respiration sifflante (wheezing). Les symptômes sont persis-
tants ou récidivants et sont typiquement augmentés pendant la nuit, au moment
d’une activité physique, de rires, de pleurs ou à la suite d’une exposition à un fac-
teur déclenchant. L’asthme peut également se manifester par une toux chronique.
Le questionnaire doit s’intéresser aux antécédents personnels et familiaux
d’atopie (exemples : dermite atopique, rhinite ou conjonctivite allergique,
asthme), aux manifestations de maladies cardiaques, pulmonaires ou immu-
nitaires de même qu’à l’environnement de l’enfant (domestique, service de
garde [garderie, crèche], école).
À l’anamnèse par système, la présence de certains symptômes doit alerter
le praticien quant à la possibilité d’autres affections telles qu’une fibrose kys-
tique (mucoviscidose) (retard de croissance, stéatorrhée), un déficit immunitaire
(infections fréquentes, inhabituelles ou persistantes), une dyskinésie ciliaire (rhi-
nite chronique, otites à répétition, parfois associés à un situs inversus), un reflux
Asthme 151
II. Explorations
Le diagnostic peut être posé à tout âge et repose sur la démonstration de
deux phénomènes :
1) l’obstruction des voies respiratoires ;
2) la réversibilité de celle-ci (spontanée ou après médication) ou une hyper-
réactivité bronchique (aggravation de l’obstruction à la suite d’une exposition
à un irritant ou à un allergène).
Avant l’âge de cinq ans, le diagnostic est principalement clinique, car les
mesures objectives de la fonction respiratoire nécessitent une sédation (avant
l’âge de trois ans) ou de l’équipement non disponible en dehors des centres
spécialisés (après l’âge de trois ans).
Chez l’enfant coopératif âgé de cinq ans ou plus, il est possible d’effectuer
des épreuves fonctionnelles respiratoires telles que la spirométrie (de préférence)
ou la mesure du débit expiratoire de pointe (deuxième choix) pour confirmer
la présence d’une obstruction des voies respiratoires et sa réversibilité à la suite
de l’inhalation de bronchodilatateurs ; ces tests nécessitent cependant une exper-
tise technique et doivent être reproductibles pour être interprétables. En absence
d’obstruction et de réversibilité des voies respiratoires à l’évaluation initiale, les
épreuves de provocation (métacholine, air froid, exercice) permettent de déceler
la présence d’une hyperréactivité bronchique.
Les tests d’allergies peuvent contribuer à documenter la présence d’aller-
gies suspectées ou occultes, permettant ainsi de cibler la stratégie d’évitement
relative à l’environnement de l’enfant. Selon l’indice de suspicion, des explora-
tions additionnelles peuvent être nécessaires pour éliminer d’autres diagnostics
(exemples : test de la sueur, échographie cardiaque, bilan immunitaire, laryngos-
copie, pH-métrie, impédance œsophagienne, bronchoscopie).
III. Phénotypes
Il existe quatre grands types d’asthme (appelés phénotypes) chez l’enfant ; les
deux plus fréquents sont l’asthme intermittent induit par les infections virales et
l’asthme à déclencheurs multiples. Il est utile de connaître ces phénotypes pour
planifier l’approche thérapeutique.
152 Asthme
1) Asthme intermittent induit par les infections des voies respiratoires supé-
rieures : c’est le phénotype le plus souvent retrouvé chez l’enfant âgé de un à
trois ans. Bien que les infections des voies respiratoires supérieures soient les
principaux déclencheurs de crises quel que soit l’âge, l’enfant porteur de ce
phénotype ne présente des épisodes asthmatiques qu’au moment des infec-
tions et est totalement asymptomatique le reste du temps. De plus, typique-
ment, cet enfant n’est pas atopique. Ce type d’asthme tend à s’améliorer et à
disparaître le plus souvent avant l’âge de six ans.
2) Asthme à déclencheurs multiples, autrefois appelé asthme persistant : c’est
le phénotype le plus fréquent dès l’âge de quatre à cinq ans. Typique-
ment, l’enfant manifeste des symptômes associés à plus de un déclencheur
(exemples : infections virales, allergènes, exercice, changement de tempé-
rature, irritants) ; il présente souvent de la toux à l’effort, aux rires ou aux
pleurs intenses.
3) Asthme à l’exercice : il se retrouve typiquement chez l’athlète adolescent et
touche à peine 1 % des enfants asthmatiques. Entre les épisodes d’effort, l’en-
fant est habituellement asymptomatique, et les épreuves fonctionnelles respi-
ratoires de base sont normales. Une épreuve de provocation à la métacholine
ou à l’effort peut reproduire les symptômes et documenter l’hyperréactivité
bronchique.
4) Asthme exclusivement atopique : il est rare chez l’enfant et se retrouve dans
environ 1 % des cas. Les symptômes d’asthme sont associés à une exposition
à des allergènes bien définis, sans aucun symptôme ou obstruction des voies
respiratoires documentée en dehors des périodes d’exposition.
L’identification des phénotypes se précise souvent avec le temps et est tri-
butaire de l’exactitude des symptômes rapportés. Il est donc essentiel de vérifier
le phénotype à chaque visite, particulièrement chez l’enfant d’âge préscolaire.
Crise aiguë
l. Évaluation
Pour évaluer la gravité d’une crise aiguë, on procède d’abord à l’examen physique,
à la recherche de signes de détresse ou d’insuffisance respiratoire. L’importance
de la tachypnée et du tirage (sus-sternal, sus-claviculaire, intercostal et sous-costal)
est proportionnelle à celle de la crise ; un battement des ailes du nez surajouté
ou une contraction des muscles scalènes indiquent une crise grave. Ces signes
peuvent toutefois disparaître en cas de décompensation respiratoire avancée ; on
peut alors observer de la cyanose ou une altération de l’état de conscience. À
l’auscultation pulmonaire, il faut d’abord porter attention au murmure vésiculaire
sur toutes les plages pulmonaires ; une progression de l’obstruction se manifeste
habituellement par une diminution du murmure vésiculaire aux bases, puis aux
apex. Plus l’obstruction est importante, plus le temps expiratoire s’allonge ; le
wheezing, les râles sibilants (sibilances) et le murmure vésiculaire peuvent dimi-
nuer ou devenir inaudibles si la crise s’aggrave. L’auscultation demeure un outil
subjectif d’évaluation de la gravité d’une crise.
Si possible, une évaluation objective (spirométrie) du degré d’obstruction
bronchique doit être privilégiée. Un volume expiratoire maximal en une seconde
(VEMS) de plus de 70 % de la valeur prédite est associé à une crise légère. S’il
se situe entre 50 et 69 %, on parle de crise modérée alors que s’il se trouve
Asthme 153
1) Oxygène
Tout patient en détresse respiratoire modérée ou grave doit recevoir de l’oxygène
humidifié au moyen d’un masque ou de lunettes nasales, en visant à maintenir
la SaO2 égale ou supérieure à 94 % afin de traiter ou de prévenir l’hypoxémie
causée en particulier par des anomalies de ventilation/perfusion. L’oxygène per-
met de diminuer l’hypertension pulmonaire, la résistance des voies aériennes et
l’altération des fonctions cardiaque et mentale.
2) β2-agonistes
Dans tous les cas, il est indiqué d’administrer immédiatement un bronchodi-
latateur β2-agoniste à courte durée d’action tel que le salbutamol. Les deux
principaux modes d’administration sont l’aérosol-doseur pressurisé avec
chambre d’espacement et la nébulisation. Dans la plupart des cas, on préfère
l’aérosol-doseur, car l’administration des médicaments avec cette méthode est
beaucoup plus rapide que la nébulisation, tout en étant aussi efficace, et elle
cause moins d’effets indésirables. Il est indiqué d’avoir recours à la nébulisation
si l’enfant doit recevoir continuellement de l’oxygène et que la SaO2 chute au
moment des traitements inhalés. La nébulisation continue pourrait avoir un effet
Asthme 155
3) Corticostéroïdes
Tous les enfants présentant une crise d’asthme aiguë modérée ou grave (PRAM ≥ 4
ou VEMS < 70 % de la valeur prédite) doivent recevoir des corticostéroïdes par
voie générale le plus rapidement possible, préférablement après le premier trai-
tement de bronchodilatateur. Les effets bénéfiques des corticostéroïdes sur les
taux d’hospitalisation sont observés après trois à quatre heures, d’où l’importance
d’une administration précoce au cours de la première heure après l’arrivée à
l’urgence. Dans le cas d’une crise légère qui se détériore en cours de traitement
ou qui ne répond pas aux β2-agonistes, il faut ajouter un corticostéroïde par voie
générale. Bien que l’efficacité des corticostéroïdes administrés par voie orale ou
intraveineuse soit similaire, on préconise la voie intraveineuse au moment d’une
crise grave lorsque l’administration orale est compromise. Les corticostéroïdes sont
relativement contre-indiqués si l’enfant présente une varicelle active ou s’il a été
en contact avec une personne atteinte de cette maladie au cours des trois der-
nières semaines et qu’il est susceptible d’avoir la maladie (s’il ne l’a pas déjà eue
ou s’il n’est pas immunisé contre la varicelle). On doit aussi les éviter en pré-
sence d’une primo-infection au virus Herpes simplex ou d’une tuberculose active.
Les posologies les plus courantes sont les suivantes.
• Par voie orale :
– prednisone ou prednisolone : dose initiale de 2 mg/kg (max : 60 mg), sui-
vie d’un traitement à domicile de 1 à 2 mg/kg/24 h (max : 50 mg) en une
dose quotidienne pendant un total de 3 à 5 jours ;
– si l’enfant vomit la prednisone ou la prednisolone, envisager l’administration
de dexaméthasone : dose initiale de 0,3 mg/kg (max : 10 mg), suivie d’un
traitement à domicile de 0,15-0,3 mg/kg/24 h (max : 10 mg) en une dose
quotidienne pendant un total de 3 à 5 jours ; ou dose initiale de 0,6 mg/kg
(max : 15 mg), suivi d’une deuxième dose de 0,6 mg/kg remise à l’urgence
pour prendre à domicile, 24 heures après la première dose.
• Par voie intraveineuse :
– hydrocortisone : dose de charge de 8 mg/kg (max : 400 mg), suivie de
4 mg/kg/dose (max : 250 mg) toutes les 6 heures ;
OU
– méthylprednisolone : dose de charge de 2 mg/kg (max : 125 mg), puis
1 mg/kg/dose (max : 60 mg) toutes les 6 heures.
4) Anticholinergiques
Dans une crise grave, l’administration répétée de bromure d’ipratropium avec un
β2-agoniste, dès la première heure de traitement, améliore la fonction pulmonaire
156 Asthme
1) Sulfate de magnésium
Son mécanisme d’action n’est pas complètement connu ; son administration
entraînerait en une relaxation des muscles lisses bronchiques.
La posologie est la suivante : 25 à 50 mg/kg IV (max : 2 g) d’une solution
diluée à 20 mg/mL (prélever 2 mL de sulfate de magnésium 50 % [500 mg/mL]
et diluer avec 48 mL de dextrose 5 % ou de NaCl 0,9 % pour un volume total
de 50 mL), à administrer en 20 minutes.
La concentration sérique thérapeutique et sécuritaire se situe dans un inter-
valle de 0,7 à 1 mmol/L. Les signes et les symptômes d’une hypermagnésémie
(hypotension artérielle, syncope, nausées, sédation, diminution des réflexes
ostéotendineux et faiblesse musculaire) sont à surveiller.
2) β2-agonistes par voie intraveineuse
L’administration de β2-agonistes à courte action (salbutamol) par voie générale
devrait être envisagée lorsque le traitement par nébulisation continue est insuf-
fisant ; il est possible que les médicaments inhalés ne puissent atteindre leur site
d’action lorsque l’obstruction des voies respiratoires est importante. Dans ce
contexte, une perfusion intraveineuse de salbutamol s’avère une option intéressante.
La posologie du salbutamol par voie intraveineuse est la suivante.
• Dose de charge : 15 μg/kg à administrer en 10 minutes.
• Perfusion continue : 1 à 4 μg/kg/min ; la dose peut être augmentée de 0,2 μg/kg/min
toutes les 10 minutes.
Les complications importantes sont rares, mais on doit toujours placer le
patient sous monitorage cardiaque afin de reconnaître précocement la survenue
d’une arythmie ou de signes évoquant une ischémie myocardique. Il faut égale-
ment surveiller l’apparition d’une tachycardie, d’une hypertension artérielle, d’une
Asthme 157
6) Intubation endotrachéale
Les indications pour procéder à une intubation endotrachéale sont l’insuffisance
respiratoire imminente ou avérée ; cela peut se manifester par une hypoxémie
avec ou sans hypercapnie. Une intubation précoce peut être indiquée dans l’an-
ticipation d’un transport interhospitalier. La kétamine est le médicament de choix
en cas d’intubation.
L’intubation doit être pratiquée par un personnel expérimenté, car elle peut
s’avérer dangereuse ; on estime que plus de 50 % des complications et des décès
liés à une crise d’asthme grave surviennent pendant ou immédiatement après
cette manœuvre.
Suivi ambulatoire
I. Évaluation initiale et à chaque visite
À chaque visite, la maîtrise de l’asthme doit être évaluée. Si elle n’est pas
atteinte, il faut d’abord s’assurer de la justesse du diagnostic et, par la suite,
vérifier si tous les éléments non pharmacologiques ont été pris en compte :
recherche de comorbidités, mesures environnementales, adhésion au traite-
ment, technique d’inhalation, compréhension du plan d’action. On juge initia-
lement du degré de maîtrise de la maladie en fonction des éléments suivants :
fréquence des symptômes respiratoires diurnes et nocturnes, fréquence d’uti-
lisation de β2-agonistes en inhalation à courte durée d’action, limitation des
activités, absentéisme de l’école ou du travail, exacerbations (voir tableau 29.3).
À partir de l’âge de cinq ans, une spirométrie (ou une mesure des débits
expiratoires de pointe) doit être faite pour évaluer le degré d’obstruction des
voies respiratoires.
Les facteurs de risque doivent être déterminés, tels le tabagisme actif ou pas-
sif, une hospitalisation antérieure aux soins intensifs ou une histoire de dété-
rioration rapide et importante des symptômes. On établit la fréquence des visites
de suivi en fonction du degré de maîtrise de l’asthme, des facteurs de risque,
Asthme 159
V. Enseignement
L’enseignement prodigué par le médecin ou un autre professionnel de la santé
de la communauté doit s’intéresser aux éléments suivants :
• la connaissance de la maladie ;
• la détermination des facteurs provocants et les modifications des symptômes
liés à leur évitement ;
• le rôle de chaque médicament ;
• l’autogestion dirigée incluant l’auto-évaluation de sa propre maîtrise par le
patient (et par les parents) et la mise en application du plan d’action sur
l’asthme selon les recommandations de l’équipe traitante.
entre deux visites de suivi. Ce plan comporte trois situations qu’on peut, par
analogie, associer aux feux de circulation.
1) Feu vert (bonne maîtrise) : le patient prend sa médication d’entretien de façon
régulière ou la diminue selon un schéma préétabli.
2) Feu jaune (perte de maîtrise) : les symptômes réapparaissent, et le patient
amorce son traitement en cas de détérioration selon un schéma préétabli.
3) Feu rouge (perte de maîtrise importante) : les symptômes sont constants et ne
répondent pas suffisamment à un bronchodilatateur utilisé toutes les quatre
heures. Une consultation médicale est alors indiquée. Si son plan d’action
le prévoit, le patient peut aussi prendre des corticostéroïdes oraux avant de
consulter.
a) Si les symptômes sont fréquents (plus de quatre fois par semaine) ou que le
rapport VEMS/capacité vitale fonctionnelle est abaissé par rapport à la valeur
prédite (il se situe de 80 à 90 %), ou que le VEMS ou les débits expiratoires de
pointe sont inférieurs à 80 % des meilleures valeurs personnelles (si celles-ci
sont inconnues, on utilise les meilleures valeurs prédites), on entreprend une
dose de faible à modérée de CSI. On doit garder en tête que la majorité des
asthmatiques seront maîtrisés avec de faibles doses de CSI. L’administration
de CSI peut être amorcée selon deux modalités.
i. On commence par une dose modérée en une ou deux prises par jour tout
en réévaluant la maîtrise rapidement après le début du traitement (en dedans
de quatre à six semaines). Par la suite, on diminue la posologie jusqu’à la
dose minimale assurant une maîtrise optimale des symptômes (approche
step-down ou décroissante). On favorise souvent cette approche durant la
phase initiale, car elle permet une maîtrise plus rapide des symptômes.
ii. On commence par une dose faible en une ou deux prises par jour, qui
peut être augmentée si nécessaire jusqu’à l’obtention d’une maîtrise opti-
male des symptômes (approche step-up ou croissante).
Une autre option dans cette situation est l’utilisation d’un antagoniste des
récepteurs des leucotriènes, plutôt que d’un CSI.
b) Si les symptômes sont fréquents (quotidiens ou à prédominance nocturne)
ou que le rapport VEMS/capacité vitale fonctionnelle est très abaissé ou que
le VEMS ou les débits expiratoires sont inférieurs à 70 % des valeurs prédites
ou en cas de crise, on optera pour les actions suivantes.
i. Entreprendre un CSI à dose modérée en deux prises par jour.
ii. Envisager l’administration d’un corticostéroïde par voie générale équiva-
lant à 1 à 2 mg/kg/24 h de prednisone (max : 60 mg) pour une période
de 3 à 5 jours.
iii. Réévaluer rapidement l’enfant (en dedans de deux à quatre semaines) pour
s’assurer que la maladie est maintenant maîtrisée.
Pronostic
Le remodelage bronchique peut apparaître dès les deux premières années après
le début de la maladie et se manifeste par une irréversibilité partielle de l’obstruc-
tion bronchique. Il est donc essentiel d’assurer une maîtrise optimale précoce de
la maladie afin de prévenir une limitation permanente de la fonction pulmonaire
qui peut être manifeste dès l’âge de six ans.
La majorité des enfants souffrant d’asthme intermittent induit par les virus
voient leur état s’améliorer et leur maladie souvent disparaître avant l’âge de
six ans. Par ailleurs, chez ceux qui présentent un asthme à déclencheurs mul-
tiples et particulièrement ceux qui souffrent d’atopie, l’asthme se poursuit à des
degrés divers à plus long terme.
Chez la plupart des enfants, particulièrement ceux dont la maladie est très
bien maîtrisée, on observe une accalmie temporaire des symptômes durant
l’adolescence. En fait, même si plusieurs voient leurs symptômes s’atténuer,
voire disparaître, l’hyperréactivité bronchique peut persister et risquer, un jour,
de déclencher un épisode aigu si les facteurs de l’environnement s’y prêtent.
Ataxie 30
Philippe Major, Anne-Claude Bernard-Bonnin
Généralités
L’ataxie est définie comme une atteinte de l’équilibre et de la coordination non
liée à une faiblesse musculaire. Elle peut être la conséquence d’anomalies de la
transmission proprioceptive des nerfs périphériques (ataxie sensitive), des voies
sensitives ou cérébelleuses de la moelle épinière (ataxie spinocérébelleuse) ou
du cervelet (ataxie cérébelleuse). Elle peut être généralisée ou toucher seulement
le tronc ou les membres. Lorsqu’elle est présente au repos, on parle d’ataxie
statique ; lorsqu’elle survient à la marche, on dit qu’elle est cinétique. Les causes
d’ataxie sont nombreuses ; il est utile de les classer selon leur évolution aiguë
ou chronique.
Approche clinique
L’anamnèse s’intéresse en premier lieu à des épisodes antérieurs similaires, au
mode d’apparition de l’ataxie, aigu ou progressif, ainsi qu’à sa durée. On pré-
cise si l’ataxie est un symptôme isolé ou si elle fait partie d’une constellation de
symptômes neurologiques ou systémiques. Les principaux symptômes à recher-
cher sont la fièvre, les nausées, les vomissements, les céphalées, l’irritabilité et
l’altération de l’état de conscience.
Dans le cas d’une ataxie aiguë, il convient de se préoccuper d’une infection
virale (exemple : varicelle) ou d’un traumatisme récents, ainsi que de la prise de
médicaments, accidentelle ou non. Enfin, on recherche l’existence d’une mala-
die chronique telle qu’une anémie falciforme (drépanocytose) ou un trouble de
la coagulation.
Dans le cas d’une ataxie chronique, l’histoire familiale s’intéresse notamment à
la consanguinité, à l’épilepsie et aux maladies métaboliques. L’histoire personnelle
retrace les événements de la vie périnatale et le développement psychomoteur.
166 Ataxie
I. Ataxies aiguës
Bien que l’ataxie aiguë évolue le plus souvent de façon bénigne (voir para-
graphe sur l’ataxie cérébelleuse aiguë ci-après), la première préoccupation est
d’exclure des causes graves comme une lésion expansive ou une infection du
système nerveux central (SNC). Très souvent, une évaluation clinique suffit ; dans
certains cas, une exploration paraclinique est nécessaire (exemples : dépistage
toxicologique urinaire ou sanguin, imagerie cérébrale, ponction lombaire). En
cas d’ataxie persistante dont l’origine demeure inconnue, une radiographie pul-
monaire et une échographie abdominale sont indiquées afin d’exclure un neu-
roblastome occulte (syndrome paranéoplasique).
Ataxie cérébelleuse aiguë C’est la cause la plus fréquente d’ataxie aiguë chez
l’enfant. Elle est la conséquence d’une démyélinisation cérébelleuse postinfectieuse
probablement d’origine auto-immune. Elle se manifeste abruptement, surtout chez
des enfants de moins de cinq ans. On note rarement de la fièvre. Un antécé-
dent infectieux est trouvé entre 5 et 20 jours avant la présentation chez 70 % des
patients. Les causes infectieuses les plus souvent incriminées sont les oreillons,
le mycoplasme et le virus Epstein-Barr. Avant que la vaccination antivaricelleuse
Ataxie 167
Atélectasie 31
Benoit Bailey, Guy Lapierre, Jacques Boisvert
Généralités
L’atélectasie est un collapsus d’un segment, d’un lobe ou de tout un poumon.
Le territoire atélectasié n’est plus ventilé, mais il continue à être perfusé, ce qui
équivaut à un shunt droite-gauche. L’hypoxémie varie selon l’étendue du col-
lapsus et l’importance de la vasoconstriction réflexe régionale.
Les principales causes d’atélectasie sont énumérées dans l’encadré 31.1.
Beaucoup d’atélectasies, minimes et transitoires, sont générées par des bouchons
muqueux. Il convient de chercher la cause de toute atélectasie persistante ou réci-
divante. Chez l’enfant de moins de cinq ans, il faut suspecter un corps étranger
bronchique, dont l’inhalation passe parfois inaperçue. Il peut aussi s’agir d’une
anomalie congénitale d’une bronche. Des atélectasies peuvent compliquer une
maladie pulmonaire chronique comme une dysplasie bronchopulmonaire ou
une fibrose kystique (mucoviscidose). Le « syndrome du lobe moyen » s’observe
surtout en hiver, chez les jeunes enfants asthmatiques ou souffrant d’infections
respiratoires récidivantes ; le lobe moyen est pauvre en ventilation alvéolaire col-
latérale surtout chez le jeune enfant et peut demeurer collabé pendant quelques
jours à quelques mois, puis il reprend spontanément son expansion normale. Les
tumeurs bronchiques demeurent rares chez l’enfant et l’adolescent. Une atélec-
tasie peut aussi être attribuable à une compression bronchique extrinsèque par
une adénopathie (essentiellement en cas de tuberculose), une tumeur médias-
tinale, un vaisseau aberrant ou une chambre cardiaque dilatée. Les atélectasies
postopératoires sont rares chez l’enfant.
170 Atélectasie
Manifestations cliniques
Une atélectasie minime ne cause habituellement aucun symptôme et ne peut
être détectée par l’examen. Lorsque le territoire collabé est étendu, on peut noter
de la dyspnée, de la cyanose, une diminution localisée du murmure vésiculaire,
une matité à la percussion, ainsi qu’un déplacement de la trachée et du cœur du
côté de l’atélectasie. À moins de surinfection, la fièvre est inhabituelle.
Explorations
À la radiographie, l’atélectasie se manifeste par une opacité lamellaire ou triangu-
laire à sommet proximal ; ses bords concaves sont caractéristiques, contrairement
aux bords droits ou légèrement convexes observés en cas de pneumonie. On
note une distension compensatrice dans le territoire pulmonaire sain ou même,
en cas d’atélectasie massive, dans l’autre poumon. Les structures médiastinales
sont attirées du côté du collapsus. La radiographie peut aussi révéler la cause
de l’atélectasie (exemples : adénopathie, tumeur médiastinale).
Des radiographies des sinus sont utiles lorsqu’on soupçonne un syndrome
sinobronchique.
En cas d’atélectasie inexpliquée, persistante ou récidivante, un test de la
sueur doit être effectué.
En cas d’atélectasie importante, persistante pendant plus de huit semaines
ou surinfectée à répétition, une bronchoscopie est parfois nécessaire pour
Bactériémie 171
Traitement
Les atélectasies minimes et le syndrome du lobe moyen ne nécessitent habituel-
lement pas de traitement antibiotique spécifique. On traite l’asthme de la façon
habituelle.
En cas d’atélectasie importante, la physiothérapie (kinésithérapie) respira-
toire est fort utile, particulièrement lorsqu’elle survient dans le cadre d’un encom-
brement bronchique. Les patients atteints de maladie neuromusculaire peuvent
bénéficier de séances de toux assistée mécaniquement (Cough AssistTM) réali-
sées par l’inhalothérapeute (voir Maladies neuromusculaires). Des séances de
recrutement volumétrique pulmonaire peuvent aussi contribuer à la résolution
de telles atélectasies chez des patients qui coopèrent bien. En cas d’échec, une
bronchoscopie est parfois indiquée, pour enlever un bouchon muqueux rebelle
ou un corps étranger insoupçonné jusque-là.
Lorsque des signes généraux (signes vitaux) font craindre une surinfection,
une antibiothérapie devient nécessaire. Dans le cas d’une compression bron-
chique par une adénopathie médiastinale d’origine tuberculeuse, on ajoute un
traitement aux corticostéroïdes.
Un traitement chirurgical est parfois requis pour enlever une tumeur ou,
exceptionnellement, pour réséquer une zone atélectasiée qui persiste malgré le
traitement médical et qui s’infecte de façon chronique ou persistante.
Complications
Une atélectasie persistante peut s’infecter et s’abcéder.
Bactériémie 32
Marc Lebel
Voir aussi Fièvre et Fièvre prolongée d’origine inconnue .
Généralités
Une bactériémie indique la présence de bactéries dans le sang. Elle peut être
transitoire, comme celle associée à des interventions dentaires ou chirurgicales,
ou continue, comme celle associée à une endocardite. Certaines bactériémies ne
sont pas liées à des infections focales ; le patient ne présente que de la fièvre sans
172 Bactériémie
autres signes ou symptômes (bactériémie « occulte »). Une bactériémie peut être
la conséquence ou la cause d’une infection localisée. La gravité de l’infection est
liée à la concentration des bactéries dans le sang, à la virulence de l’agent patho-
gène et à l’existence d’une maladie sous-jacente qui peut compliquer l’évolution.
Ce chapitre ne s’intéresse qu’aux bactériémies isolées ; le traitement des
infections localisées reste identique, qu’il y ait ou non une bactériémie associée.
Le prématuré, le nourrisson et l’enfant immunocompromis sont plus vulné-
rables. Les enfants atteints de cardiopathie congénitale, de syndrome néphrotique,
de malformation des voies urinaires, de traumatismes multiples ou de brûlures
étendues sont eux aussi plus à risque de développer une bactériémie. L’hospi-
talisation et la présence d’un corps étranger comme un cathéter intravasculaire
ou une prothèse interne constituent d’autres facteurs prédisposant à l’infection,
particulièrement aux infections à staphylocoques.
Chez le nouveau-né (de la naissance à un mois), les bactéries les plus sou-
vent trouvées sont le Streptococcus agalactiæ (streptocoque β-hémolytique du
groupe B) et l’Escherichia coli. Le S. agalactiæ peut causer une bactériémie
précoce, survenant pendant les sept premiers jours de vie, et souvent associée
à une pneumonie qui peut ressembler à une maladie des membranes hyalines.
Il peut aussi être responsable d’une bactériémie tardive, qui se manifeste plus
de sept jours à plusieurs mois après la naissance. Cette bactériémie peut être
associée à une méningite ou à une infection localisée. La colonisation des voies
génitales de la mère par le S. agalactiæ, la rupture prématurée et prolongée
(plus de 18 heures) de la poche des eaux, un état fébrile chez la mère pendant
le travail et la chorio-amniotite constituent des facteurs de risque, de même qu’un
cerclage du col, y compris lorsque la mère ne présente aucun symptôme d’infec-
tion. L’antibioprophylaxie de la mère porteuse de streptocoque β-hémolytique du
groupe B a réduit l’incidence des infections précoces, mais pas celle des infections
tardives. D’autres agents pathogènes peuvent causer des bactériémies néona-
tales, tels les entérocoques, le Listeria monocytogenes, l’Hæmophilus influenzæ
et le Streptococcus pneumoniæ. Chez le nouveau-né prématuré et hospitalisé en
unité de soins intensifs ou intermédiaires néonatals, les bactériémies peuvent être
plus tardives et liées aux staphylocoques (sp et aureus), Klebsiella pneumoniæ
et au Pseudomonas sp.
Chez l’enfant plus âgé, jusqu’à cinq ans, les agents pathogènes les plus sou-
vent trouvés dans les bactériémies sont le pneumocoque et le méningocoque.
Une bactériémie à Staphylococcus aureus sans foyer apparent peut être associée à
une infection ostéo-articulaire ou à une endocardite bactérienne. Les bactérié-
mies à Streptococcus pyogenes (ou streptocoque β-hémolytique du groupe A)
sont souvent observées en association avec une pneumonie, une infection
ostéo-articulaire ou avec la varicelle. Les bactériémies à bacilles Gram négatif
sont rares chez l’enfant non immunocompromis ; il s’agit alors d’une bactériémie
secondaire à une infection urinaire, d’une fièvre typhoïde (Salmonella typhi) ou
d’une fièvre entérique (Salmonella sp), ou d’une infection à Kingella kingae.
Dans le cas d’une bactériémie à K. kingae, il faut rechercher une endocardite
ou une infection ostéo-articulaire.
L’introduction des vaccins conjugués contre le pneumocoque a réduit l’inci-
dence des bactériémies de façon majeure. Cependant, le remplacement de séro-
types de pneumocoque par des souches de sérotypes non comprises dans les
vaccins conjugués a limité l’impact de la vaccination. Les vaccins conjugués contre
l’H. influenzæ de type b (Hib) ont réduit de plus de 95 % l’incidence des infec-
tions invasives à Hib.
Bactériémie 173
Manifestations cliniques
Chez le nouveau-né, les signes et les symptômes peuvent être absents ou discrets.
À cet âge, les bactériémies peuvent aussi se manifester par une symptomatologie
très variée, par exemple : hyperthermie ou hypothermie, altération de l’état géné-
ral ou de l’état de conscience, apnées, détresse respiratoire, cyanose, anorexie,
convulsions, vomissements, ictère mixte, choc septique, tendances hémorragiques.
Chez le nourrisson, les manifestations cliniques se limitent souvent à de la
fièvre et à de l’irritabilité. On a décrit une bactériémie « occulte » à S. pneumoniæ
ou, plus rarement, à Hib.
Chez l’enfant de plus de 24 mois, la fièvre est le principal symptôme ; elle
peut être associée à des frissons, à des nausées et vomissements, à de la diarrhée
et à une éruption cutanée. Il peut y avoir une altération de l’état général. Les
symptômes de choc septique peuvent être présents chez certains patients (voir
Choc septique).
On peut noter une infection cutanée ou une plaie dans des infections à
S. aureus ou à S. pyogenes. La diarrhée ou un voyage en zone d’endémie peut
orienter le diagnostic vers une salmonellose. La présence de pétéchies ou de
purpura est suggestive de méningococcémie, mais peut être observée avec le
S. pneumoniae ou l’Hib. De l’ecthyma gangrenosum peut être associé à une
infection à Pseudomonas aeruginosa.
Explorations
À tout âge, le diagnostic repose sur les hémocultures. La quantité de sang prélevé
influe positivement sur la sensibilité de l’hémoculture. On recommande de préle-
ver au moins 1 mL chez le nouveau-né, de 2 à 3 mL chez l’enfant âgé de 1 mois
à 2 ans et 4 mL par la suite (si possible de 8 à 10 mL chez l’adolescent). Il est
préférable de prélever au moins deux échantillons de sang avant d’entreprendre
le traitement. Les hémocultures devraient être recueillies dans des bouteilles de
culture aérobique. L’utilisation de bouteilles d’hémoculture anaérobique n’est
pas justifiée de routine. Une antibiothérapie préalable diminue le pourcentage
de positivité des hémocultures. Une hémoculture peut être faussement positive
par contamination au moment du prélèvement sanguin ou de l’inoculation dans
la bouteille d’hémoculture. Chez les patients immunocompromis, ceux avec car-
diopathie congénitale et ceux qui sont porteurs d’un cathéter ou d’une prothèse
intravasculaire, les bactéries habituellement considérées comme des contaminants
peuvent être des agents pathogènes.
D’autres explorations peuvent être nécessaires lorsqu’il y a des signes d’at-
teinte multisystémique (voir Choc septique). Chez le nouveau-né et le nourrisson,
il faut aussi cultiver le LCR et l’urine.
174 Bactériémie
Traitement
Pour l’état de choc associé à une bactériémie, voir Choc septique.
cinq à sept jours suffisent. S’il s’agit d’une bactériémie occulte à S. pneumoniæ, on
peut prendre le relais par voie orale avec de la pénicilline V ou de l’amoxicilline
lorsque la fièvre a disparu depuis 24 à 48 heures et si le germe y est sensible.
Complications
Les complications les plus fréquentes sont les suivantes : choc septique, coa-
gulation intravasculaire disséminée, syndrome de détresse respiratoire aiguë,
localisation secondaire (entre autres, ostéomyélite, méningite).
Pronostic
Le pronostic varie selon l’âge de l’enfant, l’agent pathogène en cause et la présence
d’un choc ou d’une maladie sous-jacente. En général, il se révèle excellent lorsque
le traitement est précoce et adéquat. Pour la méningococcémie, plusieurs critères
de mauvais pronostic ont été rapportés : choc septique, éruption ecchymotique,
absence de méningite associée, neutropénie et acidose métabolique. Lorsque
plusieurs de ces signes se manifestent, le taux de mortalité peut atteindre 50 %.
Balanite et posthite 33
Diego Barrieras
Généralités
L’inflammation du prépuce (posthite) s’accompagne habituellement d’une inflam-
mation du gland (balanite). À la naissance, le prépuce est adhérent au gland du
pénis, à l’exception de la région périméatale et du sillon coronal. Les desquama-
tions épithéliales, ou smegma, peuvent s’accumuler dans ce sillon, y augmentant
la pression locale. Le smegma chemine alors vers l’extrémité du gland, libérant
du même coup les adhésions balano-préputiales. Enfin, il est expulsé, sous forme
d’une substance blanchâtre, crémeuse et inodore lorsqu’il atteint la région péri-
méatale. De façon anormale, ce processus peut s’accompagner d’une réaction
inflammatoire, qui peut être locale ou s’étendre au pénis.
La balanoposthite s’observe plus souvent chez le garçon non circoncis
d’âge préscolaire. Elle peut être d’origine inflammatoire ou infectieuse, ces deux
formes pouvant être difficiles à distinguer l’une de l’autre. Elle est favorisée par
le manque d’hygiène, les facteurs irritatifs physiques ou chimiques locaux, la
rupture d’adhérences préputiales, la présence d’un phimosis et, particulièrement,
par les manœuvres intempestives de dilatation.
La forme infectieuse est souvent une infection polymicrobienne, causée par
des germes de la flore intestinale, ou une infection causée par le Staphylococ-
cus aureus ou le Streptococcus pyogenes. D’autres étiologies, qui se manifestent
chez l’adulte (candidose, infection au virus Herpes, autres infections transmises
sexuellement), sont très inhabituelles chez l’enfant.
Manifestations cliniques
En l’absence de déchirures ou d’ulcérations traumatiques, l’affection occasionne
généralement plus d’inconfort que de vives douleurs. Le prépuce et le gland sont
œdémateux et érythémateux. Des sécrétions purulentes peuvent être présentes ;
176 Bronchiolite
Explorations
À moins que l’on ne soupçonne des sévices sexuels ou un diabète sous-jacent, la
culture des sécrétions purulentes est la seule exploration utile ; elle demeure néga-
tive en cas de balanoposthite inflammatoire. Si l’on suspecte un contexte de
sévices sexuels, ce qui est rare, une évaluation médicale et sociale spécifique,
effectuée par une équipe spécialisée, s’impose.
Traitement
Dans la forme inflammatoire, les soins d’hygiène locale suffisent habituellement.
L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et les bains de siège peuvent
accélérer la guérison. Il est important de bien hydrater l’enfant afin de diluer
l’urine et ainsi de diminuer les brûlements mictionnels. Lorsqu’il s’agit d’une forme
infectieuse, on adjoint une antibiothérapie locale (exemples : bacitracine, mupi-
rocine, acide fusidique). La plupart du temps, une antibiothérapie systémique
n’est pas nécessaire. Une infection streptococcique requiert l’administration de
pénicilline V par voie orale, pendant 10 à 14 jours (clindamycine ou érythromy-
cine en cas d’allergie vraie à la pénicilline). Pour le traitement du phimosis, voir
Phimosis, paraphimosis et circoncision.
Complications
L’évolution vers une cellulite ou une septicémie reste rare chez l’enfant immu-
nocompétent.
Prévention
La prévention se résume en une bonne hygiène locale. Il faut aussi éviter les
manœuvres de dilatation forcée, l’utilisation de crèmes et de savons irritants. En
cas de balanoposthite récidivante, une circoncision est parfois nécessaire.
Bronchiolite 34
Jean Turgeon, Patrick Daigneault
Généralités
La bronchiolite est une infection des voies respiratoires inférieures fréquente chez
l’enfant âgé de moins de deux ans et demeure la première cause d’hospitalisa-
tion dans ce groupe d’âge. Elle est d’origine virale. Le virus respiratoire syncytial
(VRS) est le principal agent étiologique en cause. On estime que 90 % des enfants
Bronchiolite 177
présentent une infection à ce virus durant leurs deux premières années de vie et
que près de 40 % d’entre eux auront souffert, durant cette période, d’une infec-
tion des voies respiratoires inférieures attribuable au VRS. D’autres virus peuvent
être en cause, tels que le rhinovirus, l’adénovirus, le virus para-influenza, le
métapneumovirus et le coronavirus.
La bronchiolite a un caractère saisonnier et survient surtout l’automne et
l’hiver. Elle est caractérisée par une obstruction des voies respiratoires distales qui
résulte d’un œdème de la paroi bronchique, d’une diminution de l’activité muco-
ciliaire et de la présence de débris cellulaires. Les principaux facteurs de risque
de voir se développer une bronchiolite grave sont les suivants : très jeune âge
(moins de 12 semaines de vie), antécédents de prématurité, petit poids de nais-
sance, cardiopathie congénitale avec répercussions hémodynamiques, maladie
pulmonaire chronique (exemples : fibrose kystique [mucoviscidose], dysplasie
bronchopulmonaire), déficit immunitaire, atteinte neuromusculaire et anomalies
congénitales ou anatomiques des voies respiratoires. Il est indiscutable que la
fréquentation d’un service de garde (garderie, crèche) augmente le risque de
bronchiolite chez le jeune enfant.
Manifestations cliniques
Les enfants présentent habituellement un prodrome évoquant une infection des
voies respiratoires supérieures, avec de la rhinorrhée et de la toux. Par la suite,
ils peuvent manifester une détresse respiratoire progressive dont la gravité s’in-
tensifie généralement dans les 48 heures qui suivent. Puis on observe une amé-
lioration progressive, et le tableau s’amende généralement une semaine après le
début des symptômes. Chez certains, des symptômes mineurs peuvent persister
pendant plusieurs semaines. Des apnées centrales peuvent être présentes chez
les anciens prématurés et les nourrissons âgés de moins de deux mois, et ce,
même en l’absence de détresse respiratoire. Chez les nourrissons, l’obstruction
des voies respiratoires supérieures peut contribuer à la détresse respiratoire et est
invariablement associée à des troubles alimentaires. La fièvre, souvent présente,
demeure habituellement de faible intensité. Une fièvre élevée doit évoquer une
surinfection bactérienne telle qu’une otite moyenne aiguë ou une pneumonie. À
l’examen, le nez est le plus souvent congestionné et rempli de sécrétions mucoïdes.
Les signes de détresse respiratoire comme la tachypnée, le tirage intercostal et
sous-costal sont presque toujours présents. L’auscultation pulmonaire révèle une
diminution du murmure vésiculaire avec un allongement du temps expiratoire, des
râles crépitants fins inspiratoires et expiratoires et des sibilances expiratoires. Ces
sibilances pourront évoluer en ronchi, au fur et à mesure que la maladie devient
plus sécrétoire. Dans les cas graves, on peut observer des signes d’insuffisance
respiratoire aiguë tels que l’anxiété, la cyanose, l’épuisement et des apnées.
Explorations
L’anamnèse et l’examen sont en général suffisants pour poser le diagnostic. L’hy-
percapnie est fréquente, même dans les cas de bronchiolite modérée ; elle devient
inquiétante si elle est importante (PaCO2 > 55-60 mm Hg) ou si la PaCO2 aug-
mente rapidement. L’hémogramme n’apporte en général aucune information utile.
La radiographie pulmonaire n’est pas requise pour établir le diagnostic.
Elle montre une distension pulmonaire et une accentuation de la trame bron-
chique et, souvent, de petites zones d’atélectasie. Elle s’avère surtout utile, lorsque
178 Bronchiolite
Traitement
La majorité des enfants atteints de bronchiolite n’ont pas besoin d’être hos-
pitalisés et ne nécessitent aucune autre forme de traitement que l’instillation
de sérum physiologique dans les narines, l’aspiration régulière des sécrétions
nasales et le maintien d’une bonne hydratation en offrant de petites tétées
fréquentes.
La décision d’hospitaliser l’enfant est prise en fonction de la présence de
certains facteurs de risque de gravité mentionnés plus haut et selon des critères
cliniques tels que l’hypoxémie, l’épuisement, la diminution de l’entrée d’air à
l’auscultation pulmonaire, les apnées et les difficultés alimentaires. La surveil-
lance s’attarde aux signes généraux (signes vitaux), à la coloration, à l’état de
conscience, au tirage et à l’entrée d’air. La saturation en oxygène par oxymétrie
de pouls devrait être déterminée de façon routinière chez tout enfant hospitalisé
souffrant d’une bronchiolite. Dans les cas graves, on surveille périodiquement
les gaz sanguins. Un moniteur d’apnée est généralement indiqué chez les nour-
rissons âgés de moins de deux mois. Si aucune apnée n’est notée, le moniteur
d’apnée peut être cessé après 24 à 48 heures d’hospitalisation. Outre celles qui
sont mentionnées précédemment pour les enfants qui ne requièrent pas une
hospitalisation, les principales modalités de traitement sont les suivantes.
Oxygène On administre de l’oxygène humidifié au moyen d’une sonde
sous-nasale ou d’un masque. On recherche la plus faible concentration qui per-
met d’obtenir une SaO2 à 92 % ou plus (le niveau optimal de SaO2 à viser chez
un enfant atteint de bronchiolite et stable sur le plan hémodynamique fait l’objet
d’une controverse).
Hydratation et nutrition On donne de petites tétées ou des repas fréquents.
En cas de dyspnée importante, il est souvent nécessaire d’interrompre temporai-
rement l’alimentation orale et de prescrire un soluté à un débit qui correspond
aux besoins d’entretien. Si l’enfant est incapable de s’alimenter normalement
pendant plus de trois ou quatre jours, il est parfois nécessaire de recourir à une
alimentation par sonde gastrique, en tenant compte de l’augmentation des besoins
énergétiques qui résulte d’un travail respiratoire accru.
Bronchodilatateurs Quoique les β-adrénergiques en inhalation soient sou-
vent utilisés dans le traitement de la bronchiolite, leurs bénéfices réels demeurent
controversés. Au total, on estime qu’ils procurent une certaine amélioration cli-
nique transitoire chez environ un enfant sur quatre. Ils sont plus efficaces chez
l’enfant plus vieux, surtout s’il ne s’agit pas d’un premier épisode ou qu’il y a
une histoire personnelle ou familiale d’atopie.
Bronchiolite 179
Complications
Les atélectasies sont fréquentes. L’insuffisance respiratoire aiguë, le pneumomé-
diastin, le pneumothorax et la surinfection bactérienne demeurent rares. Chez
l’enfant normal, la mortalité est très faible, mais elle s’élève chez l’enfant atteint
d’une cardiopathie congénitale majeure, d’un déficit immunitaire grave ou d’une
180 Brûlures
Pronostic
Chez l’enfant normal, le pronostic de la bronchiolite est excellent, mais le risque
d’asthme ultérieur reste plus élevé que dans la population en général ; même les
enfants qui ont présenté un seul épisode de bronchiolite banale peuvent garder,
plusieurs années plus tard, des anomalies persistantes aux épreuves de fonction
pulmonaire. La bronchiolite et l’asthme semblent appartenir à un même conti-
nuum : il n’est cependant pas clair si la bronchiolite prédispose à l’asthme ou si
elle en est une manifestation précoce.
Prévention
L’allaitement maternel exclusif et prolongé et l’éviction de toute forme de tabagisme
passif sont les deux mesures préventives les plus efficaces pour diminuer le risque
de contracter une bronchiolite pendant la première année de vie. Les infections
respiratoires nosocomiales sont fréquentes en milieu hospitalier ; elles peuvent
être évitées en bonne partie par l’application des mesures de précaution respi-
ratoires habituelles, en insistant particulièrement sur le lavage des mains.
Le palivizumab est un anticorps monoclonal contre le VRS qui a été démon-
tré efficace pour réduire la gravité des infections causées par ce virus. Il doit
être administré chaque mois par voie intramusculaire pendant toute la saison où
le VRS prévaut (généralement cinq mois par année). Ses indications varient d’un
pays à l’autre ; on le recommande dans la première année de vie chez certains
enfants nés prématurément et chez les nourrissons âgés de moins de deux ans
présentant certains facteurs de risque tels qu’une prématurité, une dysplasie
bronchopulmonaire, certaines maladies pulmonaires chroniques ou une cardio-
pathie avec répercussions hémodynamiques.
Brûlures 35
E. Patricia Egerszegi, Maria Buithieu, Alain Ouimet
Généralités
Les brûlures demeurent une cause importante de morbidité et de mortalité chez
l’enfant ; elles sont plus fréquentes chez les garçons que chez les filles, ainsi que
dans les milieux défavorisés. Elles constituent parfois une manifestation de mal-
traitance. Le traitement doit tenir compte du rapport surface corporelle/poids,
qui est plus élevé chez l’enfant, ainsi que de l’immaturité rénale et immunitaire.
Ce chapitre traite surtout des premiers soins et du remplissage vasculaire initial
qui constitue un facteur majeur dans la survie du patient brûlé.
Évaluation initiale
L’évaluation suit les étapes initiales habituelles de la stabilisation hémodyna-
mique. Lorsqu’il s’agit de brûlures, le « D » (pour « degré de conscience ») est impor-
Brûlures 181
I. Évaluation de la respiration
Il faut d’abord vérifier que les échanges respiratoires sont suffisants ; ceux-ci
peuvent être compromis par une brûlure des voies respiratoires ou par une inha-
lation de fumée. Les symptômes respiratoires peuvent apparaître tardivement
et s’aggraver jusqu’à 72 heures après la brûlure. Il faut administrer de l’oxygène
à 100 % jusqu’à ce que l’évaluation globale soit complétée.
Traitement
I. Brûlures mineures
On entend par « brûlures mineures » des brûlures dont la surface est peu étendue,
de premier ou de deuxième degré superficiel.
1) Plonger immédiatement la région brûlée dans l’eau fraîche, mais non glacée
(de 20 à 25 °C) pendant environ 20 minutes. Ce geste peut être utile jusqu’à
trois heures après l’accident, son efficacité étant maximale dans le premier
quart d’heure.
2) Laver la région avec de l’eau et du savon, sans frotter.
3) Panser la brûlure avec du BactigrasMD (un tulle gras avec antiseptique), du
Sofra-TulleMD (un tulle gras avec antibiotique) ou un équivalent, ou encore
avec une pommade antibiotique (exemples : polymyxine B/bacitracine ou,
après l’âge de 1 ou 2 mois post-terme, sulfadiazine d’argent 1 % en couche
de 3 à 5 mm – Canada : FlamazineMD ; France : FlammazineMD) recouverte de
compresses. Pour éviter que le pansement colle ou que la plaie se dessèche,
une combinaison de tulle gras et de pommade peut être utilisée (exemple :
BactigrasMD et pommade de polymyxine B/bacitracine).
Quand il n’y a aucun danger d’œdème ou d’infection du site brûlé, un pan-
sement de feuillet argenté (exemple : ActicoatMD) peut être utilisé et changé
tous les trois jours environ. Ce feuillet doit être humidifié à l’eau stérile (non
pas au sérum physiologique), recouvert d’hydrogel (exemple : IntrasiteMD)
et appliqué en lattes longitudinales (pour éviter la constriction). Il doit être
Brûlures 183
initial (les huit premières heures) avec des cristalloïdes, on doit amorcer
rapidement l’administration de colloïdes (albumine), surtout en présence
de brûlures étendues de plus de 50 % de la surface corporelle.
5) Surveiller fréquemment les paramètres suivants :
• état de conscience ;
• fréquence et rythme cardiaques, fréquence respiratoire ;
• pression artérielle et, dans les cas graves, pression veineuse centrale ;
• diurèse horaire ;
• signes de syndrome du compartiment (voir le point 12 ci-après).
6) Administrer de la morphine par voie intraveineuse et non par voie intramus-
culaire ou sous-cutanée (risque d’accumulation et d’intoxication secondaire).
Au moment du changement des pansements, il faut souvent adjoindre de la
kétamine à la morphine ou donner d’autres combinaisons d’analgésiques, de
sédatifs et même parfois d’anxiolytiques, avec la collaboration d’un anesthé-
siologiste. On poursuit l’analgésie aussi longtemps que nécessaire, en dimi-
nuant progressivement les doses, le plus souvent jusqu’à guérison des plaies.
7) Prévenir le tétanos (voir Tétanos).
8) Utiliser les pansements décrits plus haut, mais éviter les pansements serrés
ou qui restent en place plus de 12 à 24 heures dans la phase d’augmen-
tation de l’œdème (pour éviter de causer un syndrome du compartiment
dû au pansement). La baignoire à remous ou la civière-douche facilite les
changements de pansements.
9) En cas de brûlure étendue (plus de 20 à 30 % de la surface corporelle), admi-
nistrer une prophylaxie contre les hémorragies gastroduodénales de stress
(exemple : ranitidine).
10) Après 24 à 48 heures, assurer un apport énergétique et protéique suffisant
en tenant compte des besoins caloriques très élevés. On privilégie la voie
entérale. Si l’enfant ne peut pas se nourrir par la bouche, on utilise une sonde
nasoduodénale de préférence à une sonde gastrique. En présence d’iléus
prolongé de plus de 72 heures, on a recours à l’alimentation parentérale.
11) Administrer une antibiothérapie s’il y a une surinfection, en se basant sur
les cultures de la surface brûlée, réalisées deux fois par semaine. Une anti-
biothérapie préventive n’est habituellement pas indiquée, sauf si l’on trouve
du Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A), entre
autres dans les cultures des sécrétions nasales et pharyngées pratiquées dès
l’admission. Au cours des premiers jours, la fièvre est fréquente, sans qu’il
y ait une infection.
12) S’il y a des signes cliniques d’un syndrome du compartiment (ou syndrome
de compression des loges) tels qu’une douleur excessive, un membre sous
tension à la palpation, une douleur à la mobilisation passive ou une faiblesse
des muscles atteints, il faut mesurer la pression intracompartimentale. Celle-ci
devrait se situer au moins 30 mm Hg sous la pression diastolique – dans le
cas des muscles intrinsèques des mains et des pieds, les pressions maximales
acceptables sont plus basses –, et l’on doit la reprendre à intervalles réguliers
jusqu’à ce que la situation s’améliore. On procède à des escarrotomies de
façon urgente si les pressions sont élevées, habituellement au chevet avec
une technique d’asepsie rigoureuse et sédation, sans anesthésie générale,
car la peau brûlée au troisième degré est insensible. Si les pressions reprises
186 Brûlures chimiques de l’œil
Prévention
Voir Prévention des blessures.
Généralités
Les brûlures chimiques de l’œil constituent une urgence ophtalmologique. Elles
représentent environ de 10 à 20 % des traumas oculaires, tous âges confondus, et
sont plus fréquentes chez les garçons. Elles peuvent survenir au contact de pro-
duits d’entretien domestique, à l’occasion d’un accident de travail ou au moment
d’expériences scientifiques réalisées à l’école. Environ un tiers des atteintes
majeures sont bilatérales. Un délai de traitement peut entraîner des séquelles
permanentes jusqu’à la cécité complète. La concentration de l’agent chimique,
son pH, sa température, le temps d’exposition et le délai de la première irriga-
tion sont des éléments qui influent sur la gravité de la brûlure.
Les brûlures causées par des produits alcalins sont les plus fréquentes et
les plus dommageables. Ces produits pénètrent profondément et rapidement les
structures oculaires. La réponse inflammatoire qui suit peut produire une nécrose
de liquéfaction, principalement de la cornée et des cellules souches limbiques.
Brûlures chimiques de l’œil 187
Les agents alcalins les plus fréquemment en cause sont l’hypochlorite de sodium
(exemple : eau de Javel), l’hydroxyde de sodium (exemple : produits déboucheurs
de drain), la chaux (utilisée en agriculture), l’ammoniaque (exemples : engrais,
produits nettoyants), l’hydroxyde de potassium (exemples : piles alcalines, engrais),
l’aérosol contenu dans les coussins gonflables (hydroxyde de sodium et carbo-
nate de sodium) et la crème EMLAMD. Les substances acides pouvant produire des
brûlures incluent l’acide chlorhydrique (exemples : produits nettoyants, produits
utilisés pour le traitement des eaux de piscine) et l’acide sulfurique (exemples :
batteries d’automobiles, produits utilisés en agriculture). Une réaction de coa-
gulation des protéines prévient habituellement une pénétration profonde de la
substance acide, sauf dans le cas de l’acide fluorhydrique (solvant pour rouille).
L’atteinte peut toutefois être grave si l’agent est concentré.
Traitement
I. Soins préhospitaliers
Il faut rapidement irriguer l’œil à l’eau courante pendant 15 à 30 minutes. Une
personne autre que le patient maintient la paupière ouverte. Si le produit est une
poudre s’activant au contact de l’eau (exemple : chaux), on nettoie d’abord l’œil
avec une tige de coton. Toute partie du corps exposée à la substance chimique
doit aussi être lavée. On poursuit l’irrigation pendant le transport ambulancier.
II. À l’hôpital
On doit tout d’abord irriguer l’œil pendant 30 minutes avec 2 000 mL de lactate
Ringer ou de NaCl 0,9 %. On utilise une tubulure pour soluté ou un verre de
contact d’irrigation relié à une tubulure et on s’assure de nettoyer les culs-
de-sac conjonctivaux afin de déloger les corps étrangers solides pouvant être la
source de relâchement continuel du produit chimique (pour ce faire, on réalise
une éversion de la paupière supérieure). Dès le début de la manœuvre, on mesure
le pH oculaire bilatéralement à l’aide d’une bandelette, même si le contact n’est
rapporté que dans un œil, pour éviter de négliger une atteinte controlatérale.
Tout au long de l’irrigation, l’œil doit être maintenu ouvert manuellement ou à
l’aide d’un écarteur à paupières pour vaincre le blépharospasme. Un anesthé-
sique topique (exemples : tétracaïne 0,5 % ou proparacaïne 0,5 %) rend l’interven-
tion plus confortable ; une sédation et une analgésie par voie générale peuvent
parfois être requises. À la fin de l’irrigation, on s’assure que le pH est neutre
(de 6,5 à 7,5) et qu’il le demeure 5 et 30 minutes plus tard, un effet rebond étant
possible. Si le pH est anormal, on reprend l’irrigation. Une irrigation prolongée
peut être nécessaire, surtout s’il s’agit d’un alcalin puissant.
La fluorescéine facilite la détection d’une atteinte cornéenne. L’ophtalmo-
logue doit, de façon urgente, examiner le patient à la lampe à fente pour évaluer
la cornée, la chambre antérieure et l’iris, et noter l’état de perfusion de l’œil (un
œil rouge et injecté est un meilleur signe qu’un œil blanc, qui peut témoigner
d’une ischémie). Une mesure de la pression oculaire doit être prise dans les cas
de brûlures par un produit alcalin puissant.
En cas d’atteinte mineure, le traitement consiste en l’utilisation de larmes
artificielles sans agent de conservation ainsi que d’un antibiotique topique.
Certaines brûlures plus importantes nécessitent l’utilisation de corticostéroïdes
topiques, d’un cycloplégique ou de vitamine C. Un suivi rapproché est néces-
saire. Les atteintes les plus graves requièrent parfois un traitement chirurgical.
188 Candidoses
Prévention
On doit profiter des visites périodiques pour rappeler aux parents de jeunes enfants
de mettre sous clé les produits chimiques dangereux. Les adolescents devraient
porter des lunettes protectrices lorsqu’ils manipulent des produits chimiques en
laboratoire ou au travail.
Candidoses 37
Caroline Chartrand, Valérie Lamarre, Julie Powell
Candidose buccale
La candidose (moniliase) buccale, appelée communément muguet, est habituelle-
ment causée par le Candida albicans. Cette affection peut atteindre de 5 à 10 %
des nouveau-nés normaux dès sept jours de vie. Elle est habituellement carac-
térisée par de multiples placards blancs localisés sur la langue, le palais ou la
muqueuse buccale. En essayant d’enlever les placards, on peut créer des zones
punctiformes de saignement léger. Si elles sont étendues, les lésions peuvent causer
des douleurs et des difficultés alimentaires. Le diagnostic est clinique, et aucune
exploration complémentaire n’est indiquée. Le traitement consiste à badigeonner
la bouche quatre fois par jour pendant une dizaine de jours, de préférence après
la tétée, au moyen d’une solution de nystatine. Il importe de bien désinfecter les
biberons et les sucettes, ainsi que de vérifier l’absence de lésions sur les seins de la
mère qui allaite, afin de prévenir la réinfection. En cas d’échec, on peut essayer
le clotrimazole en crème. Les cas récalcitrants ou récurrents peuvent recevoir
une dose orale unique de fluconazole. Une candidose buccale persistante ou
répétitive, en l’absence de facteurs de risque telle l’utilisation d’antibiotiques
ou de corticostéroïdes inhalés, doit évoquer la possibilité d’un déficit immuni-
taire, en particulier après la première année de vie.
Candidose cutanée
La candidose cutanée est très fréquente chez le nourrisson normal, particulièrement
à la région périnéale [voir Dermite du siège (dermite de couches)]. Le Candida
peut également causer un intertrigo.
mycoses. Un traitement antifongique à long terme par voie orale (fluconazole, itra-
conazole, voriconazole) est habituellement nécessaire pour prévenir les récurrences.
Vaginite
La vaginite est exceptionnelle chez la fille prépubère et plus fréquente chez
l’adolescente. Les principaux facteurs favorisants sont les contraceptifs oraux,
les antibiotiques et le diabète. Elle se manifeste par du prurit, une dysurie,
un érythème vulvaire ou vaginal et un exsudat blanc opaque. Le diagnostic
peut être confirmé par l’observation microscopique des sécrétions vaginales
ou par la culture. Le traitement consiste en l’application de crème vaginale à
base d’agents azolés. Dans les cas récalcitrants, on peut utiliser une dose orale
unique de fluconazole.
Septicémie
La septicémie à Candida survient principalement chez les nouveau-nés, les
enfants immunocompromis (voir ci-après) et ceux hospitalisés dans un service
de soins intensifs. Les facteurs de risque incluent la prématurité (surtout avec un
poids de naissance inférieur à 1 000 g), la chirurgie abdominale, une assistance
ventilatoire prolongée, la présence d’un cathéter intravasculaire central, l’ali-
mentation parentérale et une antibiothérapie à large spectre. La septicémie peut
s’accompagner d’une atteinte rénale (candidurie, infiltration parenchymateuse dif-
fuse, amas fongiques dans le système collecteur), d’une atteinte ophtalmique
(endophtalmite, choriorétinite) et, chez le nouveau-né, d’une atteinte du système
nerveux central (méningite, abcès cérébral). Le cœur, le foie, la rate, les poumons,
les os et les articulations peuvent également être atteints. On peut ensemencer
les prélèvements faits à la recherche de Candida dans des bouteilles d’hémo-
culture habituelles, mais il est souhaitable d’incuber celles-ci plus longtemps.
Une évaluation ophtalmologique est recommandée chez tous les enfants atteints
de septicémie à Candida. Chez le nouveau-né, on ajoutera à cette évaluation
une culture d’urine et de LCR ainsi qu’une échographie cardiaque et abdominale.
Si le patient est porteur d’un cathéter intravasculaire central, celui-ci devrait être
retiré. Le traitement antifongique consiste en de l’amphotéricine B par voie intra-
veineuse pendant deux à trois semaines, en surveillant la créatininémie. En cas
de toxicité, on remplace l’amphotéricine B désoxycholate par l’amphotéricine B
complexe lipidique ou l’amphotéricine B liposomale. On envisage le relai avec
un antifongique azolé, tel le fluconazole, lorsque la situation clinique est stabi-
lisée et selon les organes infectés et la souche de Candida (le fluconazole est
inactif contre le Candida krusei et jusqu’à 50 % des Candida glabrata). Depuis
le début des années 2000, plusieurs antifongiques (échinocandines, nouveaux
azolés) viennent s’ajouter à l’arsenal thérapeutique et trouvent progressivement
leur place et leurs indications dans le traitement des infections fongiques. L’uti-
lisation du fluconazole en prophylaxie d’infections invasives chez les prématurés
de moins de 1 000 g dépend de l’épidémiologie locale.
Chez les enfants cancéreux, le risque d’une septicémie à Candida avec loca-
lisation secondaire aux poumons, aux reins, au foie ou à la rate est augmenté
après cinq à sept jours de neutropénie importante (voir Neutropénie).
Chez les enfants qui ont subi une greffe de moelle, et pour certains types
de leucémie, on peut recommander une prophylaxie au fluconazole durant la
période neutropénique.
Cardiopathies congénitales 38
Jean-Luc Bigras, Gregor Andelfinger, Jean-Claude Fouron, Suzanne Vobecky
Généralités
Les cardiopathies congénitales sont les malformations les plus fréquentes et re-
présentent la deuxième cause de mortalité durant la première année de vie,
juste après les causes infectieuses. L’incidence des cardiopathies congénitales
est d’environ 1 à 2 % des naissances vivantes ; elle peut atteindre 8 % si toutes
les anomalies mineures telles que les bicuspidies aortiques et les petites com-
munications interventriculaires (CIV) sont incluses.
Les cardiopathies congénitales sont d’origine multifactorielle avec une contri-
bution importante de facteurs génétiques et environnementaux.
La majorité des enfants atteints d’une cardiopathie congénitale n’ont pas
d’autres malformations. Environ 25 à 40 % ont d’autres anomalies ou sont por-
teurs d’un syndrome identifiable.
Environ 10 % sont porteurs d’aneuploïdies chromosomiques (nombre excessif
ou insuffisant de chromosomes). Les exemples les plus fréquents sont la triso-
mie 21 (canal atrioventriculaire), le syndrome de Turner (coarctation de l’aorte),
ainsi que les trisomies 13 et 18 (communication interauriculaire ou CIA, CIV et
canal artériel). Un groupe plus restreint d’enfants est porteur de microdélétions
chromosomiques dont la mise en évidence requiert une étude cytogénétique
moléculaire. Par exemple, la délétion de la région 22q11 est trouvée dans près
de 20 % des cardiopathies conotroncales, alors qu’une microdélétion du chro-
mosome 7p est associée dans plus de 90 % des cas au syndrome de Williams,
caractérisé par une sténose aortique ou pulmonaire supravalvulaire.
La cardiopathie peut faire partie d’un ensemble malformatif bien répertorié
tel que les associations de VATER ou VACTERL (CIV, voir Malformations diges-
tives du nouveau-né) et CHARGE (CIA, CIV, tétralogie de Fallot). L’association
CHARGE comprend un colobome (Coloboma), une malformation cardiaque
(Heart malformation), une atrésie des choanes (Atresia choanæ), un retard de
croissance et de développement (Retarded growth and development), des ano-
malies génitales (Genital anomalies) et des anomalies auriculaires ou une sur-
dité (Ear anomalies).
Dans une minorité des cas, des défauts d’un seul gène peuvent être à la
base d’une cardiopathie chez un patient. Ces mutations ont été décrites dans le
cadre de cardiopathies syndromiques (exemples : syndromes de Marfan, d’Alagille
et d’Holt-Oram) et non syndromiques. Elles peuvent survenir de façon spora-
dique ou encore être transmises de façon autosomique. Les nouvelles avancées
en génétique moléculaire permettent de détecter de plus en plus fréquemment
une mutation causale. La variation du nombre de copies de certains gènes est
Cardiopathies congénitales 191
Manifestations cliniques
Les cardiopathies congénitales peuvent se manifester de façon variable. Beaucoup
de patients ont peu ou pas de symptômes, et l’affection est suspectée au moment
d’un examen de routine qui décèle un souffle cardiaque. Chez le nouveau-né et
le nourrisson, les principaux indices d’une malformation cardiaque congénitale
sont la présence d’un souffle, la cyanose, la détresse respiratoire, l’insuffisance
cardiaque, les infections respiratoires récidivantes, les difficultés alimentaires et
le retard pondéral. Chez l’enfant plus âgé, on peut noter, selon la malformation,
un souffle, une dyspnée d’effort, de la cyanose, du squatting (accroupissement),
de l’hippocratisme digital, des syncopes ou un retard staturopondéral.
Explorations
L’anamnèse et l’examen ont une importance majeure, mais certains examens
paracliniques sont essentiels pour préciser le diagnostic. La radiographie pul-
monaire permet d’évaluer le volume du cœur et la vascularisation pulmonaire.
Normalement, la silhouette cardiaque occupe 50 % du diamètre transversal de
la cavité thoracique ; les vaisseaux pulmonaires diminuent progressivement
de calibre en s’éloignant du hile et ne sont plus visibles dans le dernier tiers de
leur trajet.
L’ECG permet d’évaluer le rythme cardiaque et la masse myocardique ; une
prédominance ventriculaire droite est physiologique chez le nouveau-né et se
transforme progressivement en prédominance ventriculaire gauche au cours des
premiers mois de vie.
L’échocardiographie contribue à déterminer avec une grande précision
la nature de la cardiopathie et ses répercussions fonctionnelles. La résonance
192 Cardiopathies congénitales
Principales cardiopathies
I. Anomalie totale du retour veineux pulmonaire
Cette malformation représente 1 % des cardiopathies congénitales. Elle est plus fré-
quente chez les garçons. Les quatre veines pulmonaires s’unissent pour former une
veine pulmonaire commune qui va se jeter dans la veine cave supérieure (50 %),
le sinus coronaire ou l’oreillette droite (20 %) ou une veine sous-diaphragmatique
(20 %). Cette dernière situation peut constituer un obstacle au retour veineux pul-
monaire. Les cavités gauches sont habituellement petites, et une CIA de calibre
variable y est associée.
Manifestations cliniques
Les enfants atteints peuvent présenter un retard de croissance, une légère cyanose
et divers troubles pulmonaires. L’examen révèle une polypnée, une dyspnée, une
tachycardie et une hépatomégalie. Le 2e bruit est largement dédoublé et peut
être fixe. Un souffle d’éjection systolique est habituellement présent à la partie
supérieure du bord gauche du sternum. S’il y a un obstacle au retour veineux
pulmonaire (surtout dans la forme sous-diaphragmatique), l’enfant peut présen-
ter une instabilité hémodynamique avec œdème pulmonaire et cyanose.
Examens paracliniques
La radiographie pulmonaire met en évidence une accentuation de la vascula-
risation. Le signe classique du « bonhomme de neige », associé au type supra-
cardiaque, est rarement présent avant l’âge de quatre mois. L’ECG montre une
hypertrophie ventriculaire droite. L’échocardiographie permet de préciser le site
d’abouchement des veines pulmonaires.
Traitement
S’il y a de l’œdème pulmonaire, l’enfant est traité au moyen d’oxygène et de diu-
rétiques. Une intubation endotrachéale avec pression positive en fin d’expiration
et une perfusion de prostaglandine peuvent être nécessaires. Une septostomie
par cathéter à ballonnet (manœuvre de Rashkind) s’avère indiquée dans certains
cas. Il faut effectuer une correction chirurgicale dès que le diagnostic est posé.
Manifestations cliniques
Souvent, un petit canal artériel ne cause pas de symptômes ; dans les cas graves,
il peut y avoir une insuffisance cardiaque, des infections respiratoires récidivantes
et de la dyspnée. L’examen révèle un souffle continu à renforcement systolique
(souffle systolodiastolique) au 2e espace intercostal gauche et des pouls bondissants.
Examens paracliniques
La radiographie pulmonaire peut montrer une dilatation de l’oreillette et du
ventricule gauches ainsi qu’une accentuation de la vascularisation pulmonaire
et un bouton aortique saillant. L’ECG est normal ou montre une hypertrophie
ventriculaire gauche. On peut noter une hypertrophie biventriculaire si le canal
est gros. L’échocardiographie permet de mettre le canal artériel en évidence
et de quantifier ses répercussions hémodynamiques telles que la dilatation de
l’oreillette et du ventricule gauches.
Évolution
S’il est de petit calibre, le canal artériel peut se fermer spontanément. S’il est de
gros calibre, il cause une insuffisance cardiaque et, à la longue, une maladie
artérielle pulmonaire irréversible.
Traitement
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’indométhacine et l’ibuprofène
sont indiqués chez le prématuré qui présente des symptômes importants. La fer-
meture par cathétérisme interventionnel (prothèse ou coil) ou par intervention
chirurgicale doit être réalisée lorsque le patient présente des symptômes ou si
le canal artériel persiste après l’âge de six mois.
V. Canal atrioventriculaire
Cette malformation constitue 2 % des cardiopathies congénitales. Elle peut notam-
ment survenir chez l’enfant porteur d’une trisomie 21. Elle est caractérisée par
un shunt gauche-droite auriculaire et ventriculaire. Elle implique un défaut de
développement des coussins endocardiques. Si le canal atrioventriculaire est
complet, les structures touchées sont la partie basse du septum interauriculaire
(CIA de type I) et la partie haute du septum interventriculaire (CIV) ; il y a égale-
ment une valvule atrioventriculaire commune. Un canal atrioventriculaire partiel
associe une CIA basse (type I) et une fente mitrale.
Manifestations cliniques
Les principales manifestations sont l’insuffisance cardiaque, les infections respira-
toires récidivantes et le retard de croissance. À l’examen, on note un souffle d’éjec-
tion pulmonaire, un souffle pansystolique apical (en présence d’une insuffisance
mitrale), ainsi qu’un roulement diastolique apical résultant d’un accroissement du
flux sanguin à travers la valvule mitrale. La composante pulmonaire du 2e bruit
peut être augmentée (en présence d’une hypertension pulmonaire artérielle).
Examens paracliniques
La radiographie pulmonaire révèle une cardiomégalie, une accentuation de la
vascularisation pulmonaire et une saillie de l’arc moyen. L’ECG montre une
déviation axiale gauche et une hypertrophie biventriculaire à prédominance
droite. L’échocardiographie permet de visualiser toutes les composantes du canal
atrioventriculaire ainsi que les malformations associées et d’évaluer leurs réper-
cussions hémodynamiques.
Cardiopathies congénitales 195
Évolution
En l’absence de correction chirurgicale, une proportion importante des enfants
atteints meurt avant l’âge de deux ou trois ans. Une maladie artérielle pulmonaire
(complexe d’Eisenmenger) peut survenir précocement, particulièrement chez les
patients porteurs d’une trisomie 21.
Traitement
On traite l’insuffisance cardiaque de façon habituelle et l’on envisage une correc-
tion chirurgicale précoce à partir de l’âge de trois mois. Dans les formes partielles,
le traitement chirurgical doit être effectué dès que des symptômes apparaissent
ou, de façon élective, à partir de l’âge de six mois. Une insuffisance des valvules
mitrale ou tricuspidienne, une sténose aortique sous-valvulaire et un bloc auricu-
loventriculaire complet peuvent survenir au cours de l’évolution postopératoire.
Manifestations cliniques
Habituellement, il n’y a pas de symptômes. Cependant, dans les cas graves, on
note une insuffisance cardiaque, une dyspnée d’effort ou un retard de croissance.
L’examen révèle un dédoublement fixe du 2e bruit ainsi qu’un souffle systolique
d’éjection au foyer pulmonaire témoignant d’une sténose pulmonaire relative.
Un roulement diastolique tricuspidien peut être audible si le shunt est important.
Examens paracliniques
La radiographie pulmonaire révèle habituellement une cardiomégalie avec une
saillie de l’arc moyen ainsi qu’une accentuation de la vascularisation pulmonaire.
L’ECG démontre une déviation axiale droite et un bloc de branche droit incomplet
ou une hypertrophie ventriculaire droite témoignant d’une surcharge ventriculaire
droite. L’échocardiographie localise la communication. De plus, en mode M, on
note une dilatation du ventricule droit et un mouvement septal plat ou paradoxal.
Évolution
Initialement, une CIA de type II ne cause pas de problèmes, mais une hyperten-
sion pulmonaire peut apparaître à l’âge adulte. En général, les petites CIA de
type II (diamètre inférieur à 5 mm) se ferment spontanément.
Traitement
La correction par cathétérisme interventionnel ou par chirurgie doit être effec-
tuée dès que des symptômes apparaissent ou, de façon élective, à partir de l’âge
de trois ans.
Manifestations cliniques
L’enfant porteur d’une petite CIV peut ne présenter aucun symptôme. Si la CIV
est modérée ou large, il peut y avoir une insuffisance cardiaque, de la dyspnée
d’effort et un retard de croissance. Si la CIV est petite, l’examen révèle un souffle
protosystolique et mésosystolique en jet de vapeur. Dans le cas d’une CIV plus
importante, l’examen montre un souffle holosystolique au 4e espace intercostal
gauche, qui irradie en rayons de roue. Les CIV larges sont silencieuses ; un rou-
lement diastolique apical représentant une sténose mitrale relative peut cepen-
dant être présent. Ce souffle peut demeurer absent ou discret à la naissance et
apparaître ou augmenter au cours des premières semaines de vie, au moment
où le shunt s’accroit en raison de la diminution progressive de la pression dans
l’artère pulmonaire. La composante pulmonaire du 2e bruit peut être augmentée
en présence d’hypertension pulmonaire.
Examens paracliniques
La radiographie pulmonaire révèle une accentuation de la vascularisation et une
cardiomégalie touchant l’oreillette et le ventricule gauches. L’ECG montre habi-
tuellement une hypertrophie ventriculaire gauche ou biventriculaire ainsi qu’une
dilatation auriculaire gauche. L’échocardiographie permet de préciser la locali-
sation de la CIV et d’évaluer l’impact hémodynamique de la malformation. Le
cathétérisme peut s’avérer utile pour quantifier le shunt gauche-droite et évaluer
les pressions pulmonaires.
Évolution
Les petites CIV se ferment souvent spontanément. Les CIV modérées ou larges
peuvent causer une insuffisance cardiaque en bas âge et, à la longue, une mala-
die artérielle pulmonaire irréversible.
Traitement
On traite l’enfant qui présente des symptômes avec de la digoxine et des diurétiques,
avec ou sans vasodilatateur périphérique. En cas d’échec du traitement médical,
on peut effectuer une fermeture chirurgicale. Les autres indications chirurgicales
sont la persistance d’un shunt important (débit pulmonaire double du débit sys-
témique après l’âge de un an), l’apparition de signes d’hypertension pulmonaire
ou d’une insuffisance aortique ou des antécédents d’endocardite. La complica-
tion postopératoire la plus fréquente est un trouble de conduction auriculoventri-
culaire. La correction par cathétérisme interventionnel de certains types de CIV
(musculaire et périmembraneuse) peut s’effectuer dans des indications précises.
IX. Dextrocardie
Elle se caractérise par un cœur dont la pointe se dirige vers la droite. Elle peut
être isolée ou associée à un situs inversus touchant les autres viscères. Dans la
forme isolée, il y a habituellement d’autres malformations cardiaques associées.
Lorsque la position des autres viscères se trouve aussi inversée, le cœur est nor-
mal dans la plupart des cas. Une dextrocardie associée à une maladie des cils
immobiles, avec sinusites et infections bronchiques récidivantes, constitue le
syndrome de Kartagener, transmis selon le mode autosomique récessif.
des restrictions trop sévères ; les parents ont parfois tendance à vouloir surpro-
téger l’enfant, en lui imposant des limites qui peuvent l’empêcher de mener
une vie normale.
IV. Vaccinations
Les enfants porteurs d’une cardiopathie congénitale doivent recevoir les vaccins
habituels, incluant le vaccin contre la grippe. Il est de plus recommandé d’admi-
nistrer le vaccin antipneumococcique polysaccharidique (23-valent) entre l’âge
de 24 et 60 mois.
Cataractes 39
Nicole Fallaha, Catherine Brunel-Guitton
Généralités
Les cataractes sont des opacités du cristallin. Elles peuvent être congénitales ou
acquises, unilatérales ou bilatérales. Selon leur étendue, elles peuvent ou non
entraver la vision. Les cataractes font partie des anomalies qui doivent être détec-
tées à l’examen du nouveau-né et à l’occasion des consultations médicales pério-
diques. Le nouveau-né ou le nourrisson atteint d’une cataracte doit être dirigé
sans tarder vers un ophtalmologue, car si elle n’est pas traitée précocement, la
cataracte peut entraver gravement le développement de la vision.
Selon leur localisation et leur aspect, on distingue plusieurs types de cataractes.
Cataractes 203
Manifestations cliniques
Les petites cataractes peuvent passer inaperçues, sauf à l’occasion d’un examen
fait au moyen de la lampe à fente. Des cataractes étendues produisent une pupille
blanche ou leucocorie. Le dépistage des cataractes repose sur deux manœuvres.
1) L’observation du reflet rétinien rouge au moyen de l’ophtalmoscope direct en
position 0 peut être réalisée par tout praticien ; le reflet est absent, blanchâtre
ou peu lumineux en cas de cataracte étendue.
204 Cataractes
Approche clinique
L’approche clinique repose sur la connaissance des principales causes de cata-
ractes (voir encadré 39.1). La première étape consiste à distinguer une forme syn-
dromique d’une cataracte isolée, par une évaluation clinique générale soignée.
On recherche la présence de malformations oculaires ou extra-oculaires. Dans
la majorité des maladies métaboliques héréditaires associées à des cataractes, les
autres manifestations sont d’une plus grande urgence que la cataracte elle-même.
Dans cette situation, la cataracte sert plus souvent d’élément diagnostique que
de signe d’appel.
I. Anamnèse
En cas de cataracte congénitale, il est important de préciser les circonstances de
la grossesse, de l’accouchement et de la période néonatale. On s’intéresse à la
santé de la mère au cours de la grossesse : une maladie fébrile ou éruptive peut
suggérer une infection congénitale. En cas de cataracte acquise, on s’informe s’il y
a eu prise de corticostéroïdes, traitement d’irradiation, uvéite ou trauma oculaire.
On doit rechercher une histoire familiale de cataracte, voire examiner la parenté
à risque, mais l’absence d’une histoire familiale n’exclut pas une étiologie héré-
ditaire. La transmission autosomique dominante est la plus fréquente pour les
cataractes héréditaires isolées, mais tous les modes de transmission sont possibles.
III. Explorations
En cas de cataracte isolée chez un enfant dont le développement psychomoteur
est normal et qui ne présente aucune dysmorphie, on peut suggérer les examens
suivants : recherche des sucres réducteurs dans l’urine (déficit en galactokinase),
mesure de la glycémie à jeun, de la ferritinémie (syndrome hyperferritinémie-
cataracte) et de la calcémie. En cas de doute sur une infection congénitale, les
épreuves diagnostiques habituelles sont réalisées (voir Infections congénitales).
206 Cellulite
Dans la plupart des cas, les cataractes syndromiques ou associées à des mala-
dies métaboliques sont bilatérales et de type nucléaire central ou lamellaire. Les
formes suivantes de cataractes sont rarement liées à une affection sous-jacente
et ne nécessitent donc pas d’investigations approfondies chez l’enfant qui est par
ailleurs normal : cataracte polaire antérieure ou postérieure, lenticône postérieur
unilatéral, persistance du vitré primaire et cataracte sous-capsulaire postérieure.
Dans la majorité des cataractes, la cause demeure inconnue malgré des
explorations cliniques approfondies. Les études génétiques ont révélé que des
mutations dans un grand nombre de gènes peuvent causer des cataractes. Il
peut s’agir de mutations dans un gène impliqué dans le développement de
l’œil (exemples : PAX6 et aniridie, PITX3 et malformations du segment antérieur
de l’œil), de mutations dans un gène codant pour une enzyme du métabolisme
intermédiaire, qui s’accompagne alors de symptômes liés à la voie métabolique
impliquée ou de mutations dans un gène exprimé principalement dans le cris-
tallin et qui causent alors une cataracte isolée.
Traitement
En cas de cataractes congénitales nuisant à la vision, un traitement précoce,
pendant les premiers jours ou les premières semaines de vie, est essentiel si l’on
veut préserver l’acuité visuelle et la vision binoculaire et prévenir le nystagmus.
On procède à l’exérèse du cristallin, habituellement par aspiration. L’aphakie
résultant de l’ablation du cristallin est corrigée le plus souvent par des verres de
contact ou par des lunettes. Avec les grandes percées technologiques dans la
chirurgie de la cataracte, les implants cristalliniens sont de plus en plus utilisés
chez l’enfant. On a démontré leur efficacité et leur sécurité dans le traitement de
l’aphakie à partir de l’âge de neuf mois. Des études sont en cours pour évaluer
leur sécurité chez les nouveau-nés et les jeunes nourrissons.
Pronostic
Les cataractes du prématuré disparaissent parfois spontanément. Les cataractes
associées à la galactosémie ou à la prise de corticostéroïdes peuvent être réver-
sibles après traitement de la galactosémie ou arrêt des corticostéroïdes. Le pro-
nostic fonctionnel des cataractes congénitales unilatérales est moins favorable
pour l’œil atteint étant donné le risque élevé d’amblyopie. Qu’elles soient unila-
térales ou bilatérales, les cataractes acquises après la période critique de déve-
loppement de la vision ont un meilleur pronostic.
Cellulite 40
Marisol Sanchez, Jean Turgeon, Marc Lebel
Généralités
On désigne par cellulite une infection aiguë de la peau avec atteinte du tissu
sous-cutané. L’érysipèle est une forme de cellulite qui touche uniquement la
zone superficielle du derme. La plupart des cellulites surviennent après un bris
de la barrière cutanée.
Cellulite 207
Manifestations cliniques
La peau est hyperhémiée, œdématiée, douloureuse et chaude. La progression
de la cellulite peut être plus ou moins rapide. La fièvre est rarement élevée. Les
membres inférieurs sont plus souvent atteints. Un bord nettement délimité et
surélevé suggère une origine streptococcique (érysipèle). Dans certains cas, une
lymphangite est associée à la cellulite. Typiquement, l’infection à P. multocida
survient dans les 12 à 24 heures qui suivent une morsure animale.
Il existe certaines formes particulières de cellulite : abdominale (chez l’enfant
souffrant d’obésité morbide), périorbitaire et orbitaire (voir le chapitre consacré
à ce sujet), buccale (S. pneumoniæ) et périanale (S. pyogenes). La cellulite péri-
anale, également appelée proctite, se manifeste par du prurit, de la douleur ou
un saignement à la défécation ; l’examen révèle une rougeur périanale.
Une cellulite grave et qui progresse rapidement doit évoquer le diagnostic
de fasciite nécrosante. Celle-ci est habituellement associée à de la fièvre, à une
tachycardie et à un aspect toxique du patient. Les lésions sont habituellement
très douloureuses à la palpation. Ce diagnostic constitue une urgence médicale
et nécessite une évaluation chirurgicale immédiate.
Explorations
L’hémogramme peut révéler une hyperleucocytose avec prédominance des
neutrophiles. Une hémoculture est effectuée selon les circonstances cliniques ;
elle se révèle souvent négative. On peut cultiver la zone infectée en injectant
de 0,1 à 0,2 mL de sérum physiologique au centre de la lésion au moyen d’une
aiguille de calibre 25 ; ce liquide est ensuite aspiré et cultivé. La culture d’une
lésion primaire (ulcère, abrasion) peut aider à identifier l’agent pathogène res-
ponsable. Si l’on soupçonne une fasciite ou une autre infection profonde, une
imagerie complémentaire, telle qu’une échographie, une tomodensitométrie ou
une résonance magnétique nucléaire, est indiquée. Ces derniers examens ne
devraient pas retarder une approche chirurgicale si le diagnostic de fasciite est
fortement suspecté cliniquement.
208 Cellulite
Traitement
1) Élévation du membre
2) Antibiothérapie
Pour le traitement des cellulites résultant d’une morsure, voir Morsures animales
et humaines, rage.
Voie d’administration On choisit la voie orale ou intraveineuse en tenant
compte des facteurs suivants : âge de l’enfant, degré d’atteinte de l’état général,
extension de la lésion, rapidité d’évolution et localisation. Chez les nouveau-nés,
les enfants immunocompromis et dans le cas de cellulites graves, la voie intra-
veineuse est recommandée ; le relais peut être pris par voie orale lorsque la
fièvre a disparu depuis 24 à 48 heures et lorsque les signes locaux ont régressé
de façon importante.
Choix de l’antibiotique
• Voie orale : les antibiotiques suivants sont de bons choix : cloxacilline, oxacilline,
céphalexine (céfalexine) ou amoxicilline/acide clavulanique. En cas d’allergie
vraie à la pénicilline, on peut utiliser la clindamycine ; cependant, de 10 à 20 %
des souches de S. aureus sont résistantes à cet antibiotique. Si l’épidémiologie
locale fait suspecter la présence de S. aureus résistant à la méthicilline (SARM)
ou si le patient ou un membre de la maisonnée est connu comme étant por-
teur de SARM, on peut utiliser la clindamycine ou la doxycycline (chez l’enfant
âgé de plus de huit ans) ou une association de céphalexine ou cloxacilline
et de triméthoprime-sulfaméthoxazole dans le traitement de première inten-
tion, en attendant le résultat des cultures. La doxycycline et le triméthoprime-
sulfaméthoxazole n’offrent cependant pas une couverture adéquate contre
le S. pyogenes.
• Voie intraveineuse : la cloxacilline, l’oxacilline ou la céfazoline sont appro-
priées. En cas d’allergie vraie à la pénicilline, on peut utiliser la clindamycine.
Si l’épidémiologie locale fait suspecter la présence de SARM ou si le patient
ou un membre de la maisonnée est connu comme étant porteur de SARM, il
peut être pertinent de remplacer la pénicilline antistaphylococcique par de la
vancomycine. Le traitement de la fasciite nécrosante repose sur l’association
de la pénicilline G ou de céfazoline avec de la clindamycine par voie intra-
veineuse ; l’utilisation d’immunoglobulines par voie intraveineuse est recom-
mandée par plusieurs experts.
Durée de l’antibiothérapie La durée totale du traitement par voie parenté-
rale ou orale est de 7 à 10 jours.
3) Débridement chirurgical
Il est indiqué dans les cas de fasciite nécrosante ou s’il y a développement d’un
abcès.
Complications
Les complications demeurent rares. Les principales sont une bactériémie ou une
septicémie, une extension hématogène ou régionale de l’infection (exemples :
arthrite septique, ostéomyélite), une fasciite ou un syndrome du compartiment.
Pronostic
Le pronostic se révèle excellent lorsque le traitement est adéquat.
Cellulites périorbitaire et orbitaire 209
Prévention
Le patient hospitalisé doit être soumis aux mesures d’isolement de contact pen-
dant les 24 premières heures de traitement ou pendant la durée de l’écoulement
purulent. La vaccination contre la varicelle a grandement diminué l’incidence des
infections cutanées et des infections graves causées par le S. pyogenes.
Généralités
La cellulite périorbitaire ou préseptale est une infection bactérienne des pau-
pières et des tissus voisins. Le terme « préseptal » fait référence au septum
orbitaire, une extension du périoste de l’os frontal faite de tissu conjonctif et
qui agit comme barrière pour prévenir la propagation d’une infection de la
région préseptale à la région orbitaire. La cellulite périorbitaire survient surtout
chez l’enfant de moins de cinq ans. La source peut être une infection locali-
sée de la conjonctive, des paupières ou des structures adjacentes (exemples :
conjonctivite, dacryocystite, lésion cutanée traumatique, abcès dentaire), une
bactériémie à point de départ du nasopharynx ou de l’œdème inflammatoire
associé à une sinusite. Les agents étiologiques varient selon le mécanisme en
cause. Depuis la vaccination systématique des nourrissons contre l’Hæmo-
philus influenzæ de type b (Hib), la responsabilité de cette bactérie dans la
survenue de ces infections a beaucoup diminué. Parmi les principaux agents
étiologiques figurent actuellement le Staphylococcus aureus, le Streptococ-
cus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A) et le Streptococcus
pneumoniæ.
La cellulite orbitaire, plus rare et plus grave, est la plupart du temps asso-
ciée à une sinusite ethmoïdienne. Elle est caractérisée par une inflammation des
tissus mous orbitaires, autour du globe oculaire et surtout derrière le septum
orbitaire, ce qui la différencie anatomiquement de la cellulite périorbitaire. Il
peut également y avoir formation d’une collection intra-orbitaire inflammatoire
ou purulente, le plus souvent le long de la lame papyracée. Pour ces diffé-
rentes raisons, le globe peut se retrouver déplacé antérieurement. Les agents
étiologiques sont surtout ceux responsables de sinusites aiguës, mais il faut
penser aussi à d’autres bactéries comme les anaérobies dans les cas de sinu-
site chronique.
Manifestations cliniques
Dans les deux cas, les paupières sont le plus souvent hyperhémiées, œdéma-
teuses, douloureuses et chaudes. L’œil atteint est partiellement ou entièrement
fermé. La progression de la cellulite peut être plus ou moins rapide. Elle s’accom-
pagne souvent de fièvre, surtout dans la forme orbitaire. Certains signes, décrits
dans le tableau 41.1, permettent de distinguer une cellulite périorbitaire d’une
cellulite orbitaire. Dans tous les cas, une douleur provoquée par les mouvements
oculaires doit faire suspecter fortement une atteinte rétroseptale.
210 Cellulites périorbitaire et orbitaire
Explorations
L’hémogramme peut révéler une hyperleucocytose avec prédominance des neu-
trophiles, particulièrement dans la cellulite orbitaire.
L’hémoculture doit être faite en présence de fièvre ou de toxicité, mais elle
se révèle souvent négative.
S’il existe une conjonctivite associée, on cultive les sécrétions conjonctivales,
mais on doit interpréter les résultats avec circonspection. S’il y a une plaie puru-
lente, il est indiqué d’en cultiver les sécrétions.
Lorsqu’on suspecte une cellulite orbitaire, une imagerie par tomodensitomé-
trie ou par résonance magnétique nucléaire constitue le meilleur instrument de
diagnostic. On utilise de plus en plus l’échographie de l’orbite, particulièrement
dans le suivi des abcès orbitaires.
Cellulites périorbitaire et orbitaire 211
Traitement
1) Mesures générales
Elles consistent en l’application de compresses humides tièdes et en une bonne
hygiène nasale, particulièrement en cas de sinusite associée.
2) Antibiothérapie
Si la cellulite est due à un abcès dentaire, voir Abcès dentaire.
Cellulite périorbitaire En cas de cellulite minime, on peut tenter un trai-
tement par voie orale lorsque l’état général est bon, si la fièvre est peu élevée
et si l’enfant a plus de six mois. On utilise par exemple l’association amoxicil-
line/acide clavulanique pendant 7 à 10 jours. S’il y a une porte d’entrée cuta-
née, le traitement avec une céphalosporine orale de 1re génération comme la
céphalexine (céfalexine), ou la cloxacilline chez l’enfant plus âgé, peut être
envisagé. Le patient doit être revu précocement, et il faut passer à la voie intra-
veineuse si l’évolution n’est pas satisfaisante ou s’il y a des signes suggestifs
d’une cellulite orbitaire.
Dans les autres cas, on utilise la voie parentérale. Les principaux choix sont
les suivants :
• céfazoline, cloxacilline (Canada, France) ou oxacilline (France) pour une cel-
lulite à porte d’entrée cutanée ;
• association de céfotaxime et d’une pénicilline antistaphylococcique comme
la cloxacilline (Canada, France) ou l’oxacilline (France) pour une cellulite à
point de départ sinusal probable.
Lorsque la fièvre a disparu depuis 24 à 48 heures et que les signes locaux
ont régressé de façon importante, le relais peut être pris par voie orale. La durée
totale de l’antibiothérapie est habituellement de 7 à 10 jours.
En cas d’allergie non anaphylactique à la pénicilline, on peut choisir une
céphalosporine de 1re génération comme la céphalexine (traitement oral) ou la
céfazoline (traitement intraveineux) pour une cellulite à point de départ cutané ;
pour une cellulite à point de départ sinusal, l’association de clindamycine avec
de la céfixime ou du triméthoprime/sulfaméthoxazole est un bon choix pour le
traitement oral et de la céfazoline avec de la céfotaxime (ou ceftriaxone) pour
le traitement intraveineux. En cas d’allergie anaphylactique à la pénicilline, une
consultation en infectiologie est recommandée.
Cellulite orbitaire Le traitement est parentéral. Il repose sur une association
de céfotaxime ou de ceftriaxone et d’une pénicilline antistaphylococcique comme
la cloxacilline (Canada, France) ou l’oxacilline (France). Dans certaines régions
où le taux de résistance du staphylocoque à la méthicilline est élevé, ou si le
patient ou un membre de la maisonnée est porteur de S. aureus résistant à la
méthicilline (SARM), il peut être approprié d’ajouter de la vancomycine. L’ajout
d’une couverture anaérobique à l’aide de métronidazole est indiqué en cas d’at-
teinte chronique des sinus.
Le traitement antibiotique d’une cellulite orbitaire chez un patient allergique
à la pénicilline ou aux céphalosporines devrait être discuté avec un infectiologue.
On poursuit le traitement parentéral pendant au moins 10 à 14 jours
avant d’envisager un relais oral, pour une durée totale de traitement d’au
moins 3 semaines. La durée pourrait être prolongée s’il y a présence d’un
abcès intra-orbitaire ou sous-périosté, si la réponse reste lente ou si l’atteinte
est extensive.
212 Céphalées
3) Traitement chirurgical
En cas de cellulite ou d’abcès orbitaire, un drainage peut être nécessaire, surtout
s’il y a des signes de souffrance du nerf optique comme une altération du réflexe
pupillaire à la lumière ou un œdème papillaire. D’ailleurs, si ces signes appa-
raissent, le traitement devient urgent. Chaque fois qu’on suspecte une cellulite
orbitaire, un ophtalmologue doit participer à l’évaluation et au traitement ; dans
les cas où il existe une atteinte sinusale, un ORL doit également être consulté,
car une intervention sur les sinus peut aussi s’avérer nécessaire.
Complications
La cellulite périorbitaire évolue le plus souvent sans complications lorsque le
traitement est adéquat.
Une cellulite orbitaire peut se compliquer d’une méningite, d’un abcès intra-
cérébral ou extradural, d’un empyème sous-dural ou d’une thrombose du sinus
caverneux. Une atteinte oculaire permanente (exemples : baisse marquée de la
vision, limitation de la motilité oculaire) est à redouter dans les cas les plus graves.
Céphalées 42
Benoit Bailey, Albert Larbrisseau
Généralités
Les enfants ainsi que les adolescents consultent souvent pour des céphalées.
De 20 à 50 % s’en plaignent au moins occasionnellement.
Les principales causes de céphalées sont mentionnées dans le tableau 42.1.
Beaucoup de maladies infectieuses banales s’accompagnant de fièvre causent
des céphalées aiguës ; c’est le cas, par exemple, des infections des voies respira-
toires supérieures, des otites et des sinusites. Les causes les plus fréquentes de
maux de tête chroniques ou récidivants sont les céphalées de type tensionnel
et la migraine. La céphalée de Horton est très rare chez l’enfant et l’adolescent.
Faute de pouvoir l’exprimer verbalement, le jeune enfant manifeste sa dou-
leur par des pleurs inhabituels. Il est parfois difficile de savoir si un enfant ou un
adolescent éprouve réellement des céphalées ; s’en plaindre peut être une façon
d’exprimer autre chose. C’est le cas, par exemple, de l’enfant qui souffre de pho-
bie scolaire et qui présente des céphalées matinales les jours d’école.
Approche clinique
L’anamnèse et l’examen neurologique permettent d’éliminer une cause sous-
jacente sérieuse telles une méningite, une tumeur cérébrale, une hémorragie
sous-arachnoïdienne ou une hypertension artérielle. Des examens complémen-
taires sont parfois indiqués.
I. Anamnèse
L’anamnèse s’intéresse notamment aux éléments suivants.
• Depuis quand les céphalées sont-elles présentes ? Si elles existent depuis des
mois ou des années, le risque de maladie grave est faible.
• Quelles sont leur fréquence et leur intensité ?
Céphalées 213
• Les épisodes sont-ils suivis de somnolence ? Cela est fréquent dans la migraine.
• Y a-t-il des troubles visuels associés ?
• Les céphalées sont-elles accompagnées de fièvre, d’obstruction nasale ou de
rhinorrhée ? Si tel est le cas, un diagnostic de sinusite est à envisager.
• Les céphalées sont-elles stables, progressives ou s’atténuent-elles ?
• Y a-t-il des antécédents de mal des transports ? Celui-ci peut précéder la
migraine ou y être associé.
• Y a-t-il des antécédents familiaux de migraine ? Celle-ci est d’étiologie génétique.
• Y a-t-il des antécédents familiaux allergiques ? Le rôle de l’allergie alimentaire
dans la genèse de la migraine est maintenant reconnu.
• Les céphalées ont-elles un impact sur les activités et la scolarité ?
• L’enfant a-t-il pris des médicaments avant le début des symptômes ? Un traite-
ment hormonal, certains antibiotiques et la vitamine A, entre autres, peuvent
causer une HTIC idiopathique (pseudotumor cerebri) (voir Hypertension
intracrânienne).
• Quels sont les médicaments utilisés pour le traitement des céphalées ? Selon
quelle posologie ? Quel est leur effet ? La prise quotidienne d’analgésiques
peut être responsable du problème (céphalées « de rebond »).
• Y a-t-il des éléments de stress familial, scolaire ou autre ?
• Des facteurs déclenchants ont-ils été établis ?
• L’enfant a-t-il subi un traumatisme crânien ?
III. Explorations
Dans les rares cas où l’anamnèse et l’examen ne permettent pas d’arriver à un
diagnostic, quelques examens paracliniques peuvent être effectués en fonction
du tableau clinique.
• Une ponction lombaire est indiquée lorsqu’on suspecte une méningite, une
encéphalite ou une hémorragie sous-arachnoïdienne. Elle doit être effectuée
avec prudence, de préférence après la tomodensitométrie cérébrale et est
contre-indiquée s’il existe des signes d’HTIC.
• La tomodensitométrie cérébrale, suivie au besoin d’une résonance magnétique
nucléaire, est indiquée lorsque les données de l’anamnèse et de l’examen
suggèrent une lésion intracrânienne ou une HTIC.
• Une radiographie du crâne est rarement utile ; en cas de craniopharyngiome,
elle met en évidence des calcifications suprasellaires ou des anomalies de
la selle turcique ; en cas d’HTIC chronique, elle peut révéler un écartement
des sutures.
• Les radiographies de la colonne cervicale sont demandées lorsqu’on suspecte
une arthrite ou une autre anomalie des vertèbres.
• L’EEG est peu utile.
II. Migraine
La physiopathologie de la migraine est complexe et n’est que partiellement connue.
Le rôle de la sérotonine et l’existence de phénomènes vasculaires ne font pas de
doute. Parmi les principaux facteurs favorisant les migraines figurent les suivants :
• prédisposition génétique, sexe féminin ;
• certaines influences hormonales ;
• stress et anxiété, exercice intense ;
• contraceptifs oraux ;
• certains aliments riches en tyramine comme les ananas, les avocats, les bananes,
la bière, le chocolat, les fèves, les figues, le foie de poulet, certains fromages
comme le roquefort ou le cheddar, le hareng fumé, les raisins, la sauce de soja
et le vin ;
• certains allergènes alimentaires.
La migraine a une forte tendance familiale. Sa prévalence est d’environ 5 %
chez les enfants, tant chez les filles que chez les garçons. À l’adolescence, elle
demeure à environ 5 % chez les garçons et elle grimpe à environ 20 % chez les
filles. Elle peut être associée ou faire suite au mal des transports. Chez le jeune
enfant, elle se manifeste parfois par des épisodes cycliques de pleurs accompa-
gnés ou non de vomissements ou par des vertiges paroxystiques.
Céphalées 217
1) Critères diagnostiques
L’International Headache Society (2013) a proposé une classification et des cri-
tères de diagnostic des migraines.
Migraine sans aura
a) Le patient a présenté au moins cinq épisodes correspondant aux critères b) à d)
qui suivent.
b) Les crises de céphalée, non traitées ou traitées de façon inefficace, durent
de 4 à 72 heures (chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans, les
attaques peuvent durer de 2 à 72 heures).
c) Les céphalées ont au moins deux des caractéristiques suivantes :
• localisation unilatérale ;
• caractère pulsatile ;
• intensité de modérée à forte ;
• aggravation par certaines activités (exemple : marcher ou monter un esca-
lier) ou présence de certains symptômes empêchant un exercice routinier.
d) Au moins un des symptômes suivants survient au cours des épisodes de
céphalée :
• nausées ou vomissements ;
• photophobie, phonophobie.
e) Il n’y a pas d’autre étiologie établie.
Migraine avec aura
a) Migraine avec aura typique
• Le patient doit avoir présenté au moins deux épisodes correspondant
aux critères b) à d) décrits précédemment dans la section sur la migraine
sans aura.
• Aura qui consiste en une dysfonction corticale focale ou du tronc cérébral
et qui est réversible (symptômes visuels, sensitifs, aphasie).
• Au moins deux des quatre manifestations suivantes :
– début graduel ;
– chaque symptôme dure de 5 à 60 minutes ;
– au moins un des symptômes est unilatéral ;
– les céphalées suivent l’aura avec un intervalle libre de moins de 60 minutes
(elles peuvent aussi commencer avant ou pendant l’aura) ;
• Il n’y a pas d’autre étiologie établie.
b) Migraines complexes
• Migraine hémiplégique familiale : elle correspond aux critères de diagnostic
de migraine avec aura s’accompagnant d’hémiparésie, souvent prolongée.
Cette forme de migraine est rare et d’expression dominante ou sporadique.
Le gène en cause se trouve sur le chromosome 19.
• Migraine basilaire : elle correspond aux critères de diagnostic de migraine
avec aura, mais inclut au moins deux des symptômes suivants : symptômes
visuels dans les champs temporal et nasal des deux yeux, dysarthrie, ver-
tiges, bourdonnements d’oreilles, diminution de l’acuité auditive, diplopie,
ataxie, paresthésies bilatérales et même parésie des membres inférieurs ou
parésie diffuse. Chez l’enfant, la manifestation la plus fréquente est un état
confusionnel aigu qui peut se prolonger pendant plusieurs heures.
218 Céphalées
2) Syndromes périodiques
Il existe plusieurs syndromes périodiques pédiatriques pouvant être des précur-
seurs de la migraine ou y être associés.
Vertiges paroxystiques bénins de l’enfance Pour poser ce diagnostic, il
faut au moins cinq épisodes de vertiges importants, associés à une ataxie, un
état de panique sans altération de l’état de conscience et sans symptôme systé-
mique sauf les nausées et les vomissements ; ils se résolvent spontanément en
quelques minutes ou en quelques heures. L’examen neurologique est normal
entre les épisodes.
Vomissements cycliques Le diagnostic est posé lorsqu’il y a eu un minimum
de 5 épisodes sporadiques et similaires de nausées et de vomissements d’une
durée de 1 heure à 5 jours. Durant les épisodes, il y a au moins 1 fois 4 vomis-
sements par heure durant un minimum de 1 heure. Le patient ne présente aucun
symptôme entre les épisodes. Il n’y a pas d’autre étiologie établie (exemples :
malrotation intestinale, tumeur cérébrale).
Migraine abdominale Le diagnostic est retenu lorsqu’il y a eu au moins
5 épisodes de crise de douleurs abdominales qui durent de 1 à 72 heures. La
douleur abdominale se caractérise par sa localisation mal définie sur la ligne
médiane ou périombilicale, et son intensité est modérée ou grave. Durant les
douleurs abdominales, on observe au moins une des manifestations cliniques
suivantes : anorexie, nausées, vomissements, pâleur. Il n’y a pas d’autre étio-
logie établie.
3) Complications
Les principales complications de la migraine sont les suivantes.
État de mal migraineux L’épisode satisfait aux critères diagnostiques d’une
forme de migraine, qui durent plus de 72 heures.
Migraine avec infarctus Il s’agit d’une migraine avec aura typique, mais dont
l’une des auras dure plus de 60 minutes. L’imagerie montre un infarctus dans la
région correspondant à l’aura.
4) Traitement
Le traitement de la migraine doit être individualisé.
Céphalées 219
Choc cardiogénique 43
François Proulx, Joaquim Miro
Généralités
Le débit cardiaque est égal au produit de la fréquence cardiaque et du volume
d’éjection (volume sanguin éjecté en systole par le ventricule). Les facteurs qui
déterminent le débit cardiaque sont les suivants :
• la précharge, c’est-à-dire le volume de sang présent dans le ventricule en fin
de diastole ;
• la post-charge, c’est-à-dire la résistance contre laquelle le ventricule doit éjecter
le sang ;
• la contractilité myocardique ;
• la fréquence cardiaque.
La fonction myocardique dépend, entre autres, de la perfusion coronarienne
et de la synchronisation auriculoventriculaire (AV).
Dans un choc cardiogénique, une dysfonction cardiaque congénitale ou
acquise provoque une diminution du débit cardiaque. Comme dans les autres
types de choc, le transport en oxygène devient insuffisant pour répondre aux
besoins tissulaires. Cela déclenche un métabolisme anaérobie préférentiel se
traduisant par une acidose lactique. Le choc cardiogénique se différencie donc
de l’insuffisance cardiaque par son caractère aigu et évolutif. Les mécanismes de
compensation étant dépassés, il peut conduire rapidement au décès, si la situa-
tion n’est pas rétablie promptement et de manière vigoureuse.
Le choc cardiogénique est moins fréquent chez l’enfant que dans la popu-
lation adulte. Les causes varient selon l’âge (voir tableau 43.1).
Choc cardiogénique 221
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse peut révéler une histoire de cardiopathie (malformation ou car-
diomyopathie), de maladie systémique avec répercussions cardiaques, d’infection
virale récente ou de traumatisme thoracique. Chez l’enfant, le choc cardiogé-
nique représente le plus souvent l’aboutissement d’une défaillance cardiaque
ayant évolué sur une période de plusieurs jours ou semaines (voir Insuffisance
cardiaque). Le maître symptôme est la dyspnée, souvent augmentée en posi-
tion couchée (orthopnée) ; on peut aussi observer une intolérance progressive
à l’effort (ou aux tétées chez le nourrisson).
III. Explorations
La radiographie pulmonaire révèle généralement une cardiomégalie, ainsi qu’une
congestion veineuse pulmonaire pouvant aller jusqu’à l’œdème pulmonaire alvéo-
laire. La compression des voies respiratoires et du parenchyme pulmonaire par
la dilatation des cavités cardiaques ou de l’artère pulmonaire peut produire une
atélectasie. Certaines cardiopathies congénitales se manifestent par une silhouette
cardiaque particulière (exemples : anomalie totale du retour veineux pulmonaire,
maladie d’Ebstein, tétralogie de Fallot).
De multiples anomalies de l’ECG sont possibles : aplatissement ou inversion
de l’onde T, sous-décalage du segment ST, arythmies, microvoltage.
L’échocardiographie montre une réduction de la contractilité myocardique
(quantifiée le plus souvent par la fraction de raccourcissement et la fraction
d’éjection) dans les cas d’atteinte du muscle cardiaque (cardiomyopathie ou
myocardite). Une dilatation des cavités auriculaires et ventriculaires, associée à
une insuffisance valvulaire, peut être notée. L’échocardiographie permet aussi
d’effectuer le diagnostic précis des différentes cardiopathies congénitales.
On peut mesurer le débit cardiaque de différentes façons : échocardiographie
Doppler, thermodilution à l’aide d’un cathéter artériel pulmonaire (Swan-Ganz),
thermodilution transpulmonaire, méthode de Fick.
Il est indiqué de procéder aux analyses paracliniques suivantes : gaz san-
guins, dosage sérié de l’acide lactique plasmatique (reflet de la perfusion tissu-
laire), urée et créatinine sériques, ionogramme et transaminases. Le dosage des
iso-enzymes cardiaques (créatine kinase, troponine) peut être utile. Les cultures
bactériennes et virales, de même que des épreuves sérologiques pour le dia-
gnostic de certaines infections virales, sont parfois nécessaires. Lorsque l’étiolo-
gie du choc cardiogénique demeure imprécise, certaines analyses biochimiques
additionnelles (acides aminés, acides organiques, carnitine sérique, recherche
d’auto-anticorps antimuscle lisse ou antimitochondrie), voire une biopsie myo-
cardique, peuvent être indiquées.
Traitement
Outre le traitement propre à la maladie causale, celui du choc cardiogénique se
conforme aux principes de base de la réanimation.
1) Il faut d’abord administrer de l’oxygène à 100 % au moyen d’un masque. Dans
la majorité des cas, l’enfant doit être rapidement intubé et ventilé mécanique-
ment afin de diminuer le travail respiratoire et myocardique, et ainsi réduire la
consommation d’oxygène. La ventilation mécanique à pression positive aug-
mente le débit cardiaque en diminuant la post-charge ventriculaire gauche.
En présence d’un œdème pulmonaire alvéolaire associé à une dysfonction
ventriculaire gauche, la pression positive en fin d’expiration (PEP) accroît la
SaO2 et, ainsi, le transport en oxygène. Toutefois, la PEP doit être utilisée pru-
demment (max : 5 cm H2O) en présence d’une défaillance ventriculaire droite
avec hypertension artérielle pulmonaire, car elle peut provoquer une chute du
débit cardiaque en diminuant le retour veineux systémique ; dans de telles
circonstances, on a plutôt recours à une hyperventilation (pH de 7,45 à 7,48,
PaCO2 de 32 à 35 mm Hg) afin de diminuer les résistances vasculaires
Choc cardiogénique 223
Surveillance
Tout patient en choc cardiogénique requiert une surveillance étroite dans un
milieu permettant une intervention rapide. Un monitorage invasif (cathéter arté-
Choc hémorragique 225
Suivi et pronostic
Le suivi et le pronostic dépendent de la maladie causale. Les cardiomyopathies
compliquées par un choc cardiogénique ont un mauvais pronostic. Une fois le
patient stabilisé, une intervention palliative ou curative s’avère nécessaire en cas
de cardiopathie congénitale. Une transplantation cardiaque est indiquée dans
certains cas de cardiomyopathie.
Choc hémorragique 44
Marc-André Dugas, France Gauvin, Nancy Robitaille
Voir aussi Hémorragie digestive, Transfusions et réactions transfusionnelles et Traumatismes.
Généralités
L’état de choc se caractérise par un apport d’oxygène et de substrats énergé-
tiques insuffisant pour combler les besoins tissulaires du patient. L’hémorragie
non maîtrisée mène au choc par la perte de volume plasmatique et de globules
226 Choc hémorragique
Manifestations cliniques
Les signes cliniques varient en fonction de la gravité du saignement ; ils peuvent
être difficiles à déceler lorsque la perte sanguine correspond à moins de 15 %
du volume circulant et ils sont francs lorsque cette perte excède 50 %. La fré-
quence cardiaque augmente progressivement, tout comme la fréquence res-
piratoire. Chez l’enfant, l’absence d’hypotension artérielle ne signifie pas une
absence de choc : la PA peut être normale initialement, puis céder la place à
une hypotension orthostatique ou à une franche hypotension, si l’hémorragie
n’est pas maîtrisée. La coloration du patient devient de plus en plus pâle, et
la perfusion des extrémités est altérée, comme en témoigne un temps de rem-
plissage capillaire allongé (supérieur à trois secondes) au lit unguéal. Lorsque
le choc est établi, le pouls peut être filant ou absent. La peau est initialement
marbrée, puis cyanosée ou d’une pâleur extrême. La température des extrémi-
tés devient de plus en plus froide. Initialement, le patient éprouve de la soif,
de l’anxiété, des étourdissements ou une faiblesse musculaire. Son état de
conscience s’altère progressivement, et le coma s’ensuit. On note une oligurie,
puis une anurie. Une bradycardie et une respiration « agonale » signent un arrêt
cardiorespiratoire imminent.
L’estimation de la gravité du choc hémorragique, et donc du volume à rem-
placer, peut se faire selon l’échelle proposée dans le tableau 44.1. On ne doit
pas attendre la confirmation d’un choc pour traiter le patient.
Explorations
• Hémogramme (le taux d’hémoglobine initial ne reflète pas la gravité d’une
hémorragie aiguë).
• Glycémie et gaz sanguins (ionogramme au besoin).
Choc hémorragique 227
Traitement
La prise en charge du patient, conjointement avec l’équipe chirurgicale, se fait
selon les priorités habituelles de la réanimation et doit être adaptée à la gravité
du saignement et à l’évolution clinique du patient.
1) Vérifier la perméabilité des voies respiratoires, la respiration et la circula-
tion (voir Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale). Tout
patient en choc doit recevoir de l’oxygène à 100 % au moyen d’un masque
avec réservoir. La ventilation doit être assurée au ballon-masque au besoin.
Dans un état de choc décompensé, il est la plupart du temps indiqué de
procéder à une intubation endotrachéale, en même temps que l’on amorce
228 Choc hémorragique
Suivi
Après la phase initiale de réanimation, l’enfant est admis au besoin dans un service
de réanimation afin de surveiller de près ses signes généraux (signes vitaux), sa
fonction cardiorespiratoire, sa diurèse horaire et son état de conscience. Un moni-
torage hémodynamique, invasif (exemples : pression veineuse centrale, saturation
veineuse continue) ou non (exemple : échographie cardiaque fonctionnelle), peut
s’avérer nécessaire.
Complications
Parmi les principales complications possibles, notons les suivantes :
• nécrose tubulaire aiguë avec insuffisance rénale ;
• complications des transfusions massives : hypothermie, hypocalcémie par toxi-
cité du citrate, hypomagnésémie, hyperkaliémie, coagulopathie dilutionnelle
et acidose métabolique ;
• syndrome lésionnel pulmonaire aigu ;
• dysfonction myocardique secondaire au choc hémorragique ;
• syndrome de défaillance multiviscérale.
Pronostic
La détermination rapide de la cause du choc hémorragique et son traitement
précoce diminuent la morbidité et la mortalité associées.
230 Choc hypovolémique non hémorragique
Généralités
Le choc hypovolémique résulte d’une réduction du volume circulant causée par
des pertes liquidiennes excessives ou par un apport hydrique insuffisant. Chez
l’enfant, les mécanismes de compensation sont très efficaces ; la vasoconstriction
permet en général de maintenir une pression artérielle (PA) normale. Le choc
est dit « compensé » lorsque la PA est maintenue ; il est « décompensé » lorsque la
pression de perfusion tissulaire devient insuffisante.
Le choc hypovolémique non hémorragique survient à la suite d’une perte
hydrosodée excessive d’origine digestive (exemples : vomissements, diarrhées),
rénale (exemples : diurèse osmotique du diabète sucré, diabète insipide), cutanée
(exemple : brûlure étendue) ou encore à cause de la formation d’un troisième
espace (exemples : intussusception, volvulus, pancréatite aiguë, séquestration
splénique chez un enfant atteint d’anémie falciforme [drépanocytose]). L’étio-
logie la plus fréquente chez l’enfant est de loin une déshydratation dans un
contexte de gastro-entérite. La fièvre et la tachypnée peuvent causer une hypo-
volémie par augmentation des pertes insensibles.
Certaines caractéristiques physiologiques propres aux nourrissons augmentent
leur susceptibilité à la déshydratation : compartiment hydrique contenant une quan-
tité totale d’eau élevée (en chiffres absolus et en pourcentage du poids corporel),
métabolisme accéléré, capacité limitée de concentration urinaire. Par ailleurs, ils
sont dépendants de leur entourage pour ce qui est de leurs apports hydriques.
Manifestations cliniques
La fréquence cardiaque s’accélère progressivement, la fréquence respiratoire aug-
mente ; la PA est normale ou abaissée. La perfusion des extrémités est altérée, et
le temps de remplissage capillaire (ou temps de recoloration cutanée) se trouve
allongé (> 2-3 secondes). Lorsque le choc est « établi », le pouls peut être filant
ou même absent (on parle alors de dissociation électromécanique). La peau peut
être moite ou sèche. Au fur et à mesure de la progression du choc, on observe
les phénomènes suivants : la température des extrémités devient de plus en plus
froide ; le patient a soif et éprouve des étourdissements ou de la faiblesse mus-
culaire ; il devient anxieux, et son état de conscience peut être perturbé ; on note
une oligurie ou une anurie.
Il est important de reconnaître qu’un patient peut être en choc malgré une PA
normale. La PA minimale requise pour perfuser les organes nobles comme le
cœur et le cerveau correspond au 5e percentile d’une pression systolique nor-
male. Selon l’American Heart Association (2005), le 5e percentile pour la pres-
sion systolique chez l’enfant se définit comme suit : nouveau-né : 60 mm Hg ;
nourrisson de 1 mois à 1 an : 70 mm Hg ; enfant de plus de 1 an : (70 + 2 fois
l’âge en années) mm Hg.
Explorations
L’hémogramme, l’ionogramme, la glycémie, l’urée sanguine, la créatinine sérique
et des gaz sanguins constituent les examens paracliniques de base. Selon les
Choc hypovolémique non hémorragique 231
Traitement
• Vérifier la perméabilité des voies respiratoires, la respiration et la circulation
(voir Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale). Tout patient
en choc hypovolémique doit recevoir de l’oxygène à 100 % au moyen d’un
masque avec réservoir ou d’une sonde endotrachéale.
• Installer immédiatement deux accès veineux en se servant de cathéters du
plus gros calibre possible. Si l’on ne réussit pas à installer une voie veineuse,
on doit alors utiliser la voie intra-osseuse.
• En présence d’une tachycardie et de signes d’hypoperfusion systémique, pro-
céder au remplissage vasculaire aussi rapidement que possible : donner ini-
tialement 20 mL/kg de NaCl 0,9 % ou de lactate Ringer IV en 5 à 10 minutes.
Cette dose peut être répétée au besoin plusieurs fois. Une réponse favorable
est caractérisée par une diminution de la fréquence cardiaque, une augmen-
tation de la PA, une amélioration de la perfusion des extrémités et de l’état
de conscience. L’absence de réponse après l’administration de 60 mL/kg de
soluté isotonique en 30 à 60 minutes indique qu’il faut considérer une autre
étiologie pour expliquer le choc (origine septique ou cardiogénique). Dans
certains cas, le monitorage de la pression veineuse centrale permet de vérifier
l’efficacité du remplissage vasculaire.
Suivi
Une fois le patient stabilisé à l’aide du remplissage vasculaire, on poursuit la réhy-
dratation de la façon habituelle (voir Déséquilibres hydriques et électrolytiques),
en surveillant de près les signes généraux (signes vitaux), la diurèse horaire et
l’état de conscience.
Complications
Les principales complications du choc hypovolémique non hémorragique sont
les suivantes.
• Troubles électrolytiques secondaires à la maladie causale ou au traitement.
Par exemple, l’administration de solutés ayant une concentration insuffisante
de sodium peut provoquer des convulsions hyponatrémiques.
• Acidose lactique ; elle se corrige avec la restauration de la perfusion tissulaire.
• Nécrose tubulaire aiguë avec insuffisance rénale.
• Thrombose du sinus sagittal lorsque le choc est secondaire à une déshydratation
importante ; cette complication survient surtout durant la période néonatale.
Pronostic
Le pronostic s’avère excellent lorsque l’état de choc est reconnu et traité de
façon précoce.
232 Choc septique
Choc septique 46
François Proulx, Bruce Tapiero
Voir aussi Bactériémie.
Généralités
L’état de choc est caractérisé par un transport en oxygène insuffisant vers les tis-
sus, comparativement à leurs besoins. Dans le cas du choc septique, des agents
infectieux, surtout bactériens, induisent des phénomènes circulatoires qui com-
promettent la perfusion périphérique.
Les principaux signes cliniques et paracliniques de la réponse de l’hôte à
une infection sont les suivants : fièvre ou hypothermie, tachypnée, tachycardie,
leucocytose ou leucopénie. Le terme « état septique grave » est utilisé lorsque ces
manifestations s’associent à des indices d’altération de la perfusion tissulaire tels
qu’une acidose métabolique. On parle de « choc septique » en présence d’une
hypotension artérielle soutenue et réfractaire au remplissage vasculaire (voir
Choc hypovolémique non hémorragique).
Les manifestations cliniques du choc septique résultent des effets bio-
logiques de certains constituants bactériens, surtout membranaires, comme
le lipopolysaccharide des bacilles Gram négatif ou l’acide lipotechoïque des
Gram positif. L’endotoxine entraîne une activation du système du complé-
ment, des granulocytes, des plaquettes et de l’endothélium à la suite de la
production de médiateurs inflammatoires, tels que le tumor necrosis factor,
l’oxyde nitrique et le facteur tissulaire. Sur le plan hémodynamique, cela se
traduit par une oligurie résultant d’une diminution du volume circulant effi-
cace et par un syndrome de fuite capillaire. De plus, la réponse de l’hôte
peut modifier directement le tonus vasculaire (vasoplégie périphérique) ou
causer une dépression de la fonction myocardique. Finalement, la réaction
inflammatoire peut entraîner une coagulation intravasculaire disséminée
(CIVD). L’ensemble de ces phénomènes peut conduire au développement
d’une insuffisance polyviscérale.
Parmi les agents infectieux potentiellement responsables d’un choc sep-
tique figurent les bactéries à Gram négatif (Neisseria meningitidis, Escherichia
coli, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniæ, Hæmophilus influenzæ,
Enterobacter) et à Gram positif (Streptococcus pneumoniæ, Staphylococcus
aureus, Streptococcus pyogenes ou streptocoque β-hémolytique du groupe A,
Enterococcus fæcalis), les levures (Candida sp.) et les rickettsies. Un choc sep-
tique survenant au cours du premier mois de vie doit faire envisager, en plus
des agents microbiens déjà mentionnés, la présence du Streptococcus agalactiæ
(streptocoque β-hémolytique du groupe B), du Listeria monocytogenes et de
virus (Herpes simplex, entérovirus).
Les programmes de vaccinations contre l’H. influenzæ, le N. meningitidis et
le S. pneumoniæ ont considérablement diminué le nombre d’infections invasives
liées à ces bactéries. L’épidémiologie varie en fonction de l’âge (voir Bactérié-
mie), de la présence ou non de maladies chroniques, de cathéters centraux, de
malnutrition, de cancers ou d’une immunodéficience. À cet égard, les patients
immunocompromis sont à risque de choc septique, particulièrement attribuable
à des bacilles Gram négatif.
Choc septique 233
Manifestations cliniques
On décrit deux phases dans l’évolution d’un état septique grave vers un choc
septique.
I. Phase précoce
La phase initiale, hyperdynamique (« choc chaud »), n’est pas toujours évidente,
particulièrement chez le jeune enfant. Elle est caractérisée par une fièvre ou de
l’hypothermie, une tachypnée, une tachycardie, des pouls bondissants, un rem-
plissage capillaire rapide, inférieur à trois secondes. On peut, même durant cette
phase, observer des signes d’hypoperfusion comme une altération de l’état de
conscience ou de l’agitation, une oligurie ou une légère acidose métabolique.
Au cours de cette phase, le débit cardiaque augmente, mais la pression veineuse
centrale et la résistance vasculaire périphérique diminuent.
Explorations
Après avoir recherché systématiquement les signes d’une infection localisée à
l’examen (exemples : méningite, pneumonie, otite suppurée, mastoïdite, abcès
amygdalien, péritonite, cellulite, fasciite, infection au site d’insertion d’un cathé-
ter), on réalise différents prélèvements à visée microbiologique. Ceux-ci incluent
toujours au moins une hémoculture, une analyse et une culture de l’urine et,
selon l’existence de signes d’orientation neurologique, une culture du LCR.
Cependant, la ponction lombaire doit être retardée en présence d’une instabi-
lité hémodynamique ou de thrombopénie profonde ; elle est également contre-
indiquée dans le cas d’une hypertension intracrânienne. Chez les enfants âgés
de moins de un mois, on procède à des recherches virales par culture et PCR
pour l’Herpes simplex et les entérovirus (LCR, gorge, selles, urine). Les hémocul-
234 Choc septique
tures sont négatives chez environ la moitié des patients en choc septique et par
conséquent, le fait qu’elles soient négatives ne permet pas d’éliminer le diagnos-
tic. Un foyer d’infection localisée doit être cultivé. Une radiographie pulmonaire
s’impose pour différentes raisons : afin d’éliminer une pneumonie, une cardio-
mégalie ou un œdème pulmonaire. Une échographie abdominale peut être utile
si l’on suspecte une hydronéphrose infectée, un abcès intra-abdominal ou une
invagination intestinale. Ces explorations ne doivent pas retarder inutilement
l’antibiothérapie ou le traitement de soutien hémodynamique.
D’autres examens paracliniques permettent de compléter l’évaluation. Ce sont
avant tout des tests sanguins : gaz sanguins, lactate, glycémie, urée et créatinine
sériques, ionogramme, hémogramme, coagulogramme et fibrinogène. L’échocar-
diographie avec Doppler permet d’exclure une cardiopathie congénitale, d’éva-
luer la qualité de la fonction myocardique et de quantifier le débit cardiaque.
Traitement
Le soutien des fonctions vitales vise à optimiser les éléments déterminants du
transport en oxygène, c’est-à-dire la SaO2, le débit cardiaque et le taux d’hémo-
globine.
Le traitement suit les priorités habituelles de la réanimation.
A. (Airway) Dégager les voies respiratoires.
B. (Breathing) Donner de l’oxygène au moyen d’un masque, à une concen-
tration de 100 %. La SaO2 doit être maintenue au-dessus de 97 %. Il ne faut pas
hésiter à procéder précocement à une intubation endotrachéale chez un enfant
en choc septique. Il s’agit cependant d’une manœuvre potentiellement délicate,
car l’induction anesthésique peut provoquer une désaturation et une hypoten-
sion profonde en supprimant les mécanismes de compensation alors en action
(diminution de la capacité résiduelle fonctionnelle au moment de l’apnée, dimi-
nution du tonus vasculaire et de la contractilité myocardique). L’utilisation de
l’étomidate n’est pas recommandée en raison du risque d’induire une insuffisance
surrénalienne en supprimant l’activité de la 11-β-hydroxylase.
C. (Circulation) Rétablir une circulation adéquate. Il faut installer de préfé-
rence deux voies d’accès veineux de gros calibre. Dans les cas graves, surtout
chez le nourrisson, il peut être nécessaire d’utiliser la voie intra-osseuse.
Les étapes à suivre sont décrites ci-après.
1) Perfuser le plus rapidement possible 20 mL/kg de NaCl 0,9 % ou de lactate
Ringer. S’il n’y a pas d’amélioration de la fréquence cardiaque (tachycardie
persistante), de la pression artérielle ou de la perfusion périphérique, donner
un deuxième bolus de 20 mL/kg. Si cela ne suffit pas, perfuser un troisième
bolus de 20 mL/kg de cristalloïde ou de 10 mL/kg de colloïde tel que l’albu-
mine humaine 5 %. Le plasma frais congelé peut être utilisé en présence d’une
CIVD biologique ou d’un saignement actif. Pendant la première heure de réa-
nimation, il est habituel de perfuser jusqu’à 60 mL/kg de solutions cristalloïdes
et colloïdes. Il faut alors surveiller l’apparition d’une hépatomégalie, d’un galop
ou d’un œdème pulmonaire. Chez un patient instable, on tente de maintenir
le taux d’hémoglobine autour de 100 g/L. On peut considérer que la réponse
au remplissage vasculaire est satisfaisante si le débit urinaire se maintient au-
dessus de 1 mL/kg/h et si les signes généraux (signes vitaux) s’améliorent.
Choc septique 235
Surveillance
Il faut suivre l’évolution de la SaO2, de la fréquence respiratoire, de la fréquence
cardiaque, de la pression artérielle, de la perfusion périphérique, du débit uri-
naire et de l’état de conscience du patient. L’enfant est habituellement admis
dans une unité de réanimation pédiatrique où la surveillance des paramètres
hémodynamiques permet de moduler le remplissage volémique et l’utilisation
des médicaments vaso-actifs. La mesure de la pression veineuse centrale est
généralement indiquée s’il faut utiliser des agents inotropes ou vasopresseurs.
Par la suite, on décide du bien-fondé de mesurer le débit cardiaque par écho-
graphie ou thermodilution transpulmonaire. Des mesures répétées des taux
sériques d’acide lactique peuvent donner des renseignements sur l’évolution
de la maladie. Il est important de surveiller les taux sériques des aminosides et de
la vancomycine afin de procéder aux ajustements posologiques requis en cas
d’insuffisance rénale.
Complications
Les complications du choc septique peuvent concerner l’ensemble des systèmes :
syndrome de détresse respiratoire aiguë, œdème pulmonaire par dysfonction
ventriculaire gauche, insuffisance rénale aiguë, CIVD, dysfonction hépatique ou
neuromusculaire. Une gangrène périphérique ou une encéphalopathie anoxique
et ischémique peuvent se développer chez certains patients. Un syndrome de
défaillance multiviscérale peut mener au décès.
Pronostic
Le pronostic dépend de l’agent étiologique, de l’âge du patient, de la présence
de conditions médicales associées, de la gravité et de la rapidité d’évolution du
choc septique, ainsi que de la promptitude et de la qualité du traitement. La
mortalité peut atteindre 50 % lorsqu’une bactérie à Gram négatif est en cause.
Le choc septique associé au purpura fulminans peut être mortel en quelques
heures.
238 Choc toxique
Prévention
En cas de purpura fulminans ou d’infection prouvée à N. meningitidis, la famille
doit recevoir une prophylaxie antibiotique dès que possible. On prescrit aussi
la prophylaxie pour les personnes qui sont entrées en contact étroit avec le
patient ; elle n’est pas recommandée de routine pour le personnel médical, sauf
en cas de contact direct et non protégé avec les sécrétions respiratoires, comme
pendant une réanimation bouche-à-bouche. On utilise de la rifampicine pen-
dant deux jours (quatre doses). Les autres régimes prophylactiques acceptés
sont la ceftriaxone, la ciprofloxacine et l’azithromycine. On recommande l’im-
munisation des sujets non préalablement vaccinés et qui ont été en contact
avec un cas d’infection invasive à méningocoque, sauf si le cas index est infecté
par une souche de sérotype B pour laquelle il n’existe pas encore de vaccin
commercialisé.
Certains experts recommandent la prophylaxie systématique des sujets qui ont
été en contact étroit avec un cas d’infection invasive à S. pyogenes. La céphalexine
(céfalexine) administrée pendant 10 jours est proposée au Canada ; en France,
on utilise une céphalosporine orale de 2e ou de 3e génération.
Choc toxique 47
Catherine Farrell, Chantal Buteau
Généralités
Lorsque survient une infection aiguë à Staphylococcus aureus ou à Streptococcus
pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A), il peut y avoir libération,
par ces bactéries, de toxines capables de produire un ensemble de signes et de
symptômes conduisant au choc toxique.
Cette maladie a initialement été décrite en association avec l’utilisation de
tampons hygiéniques hautement absorbants qui favorisent la colonisation du
vagin par le S. aureus. L’incidence des cas de choc toxique associés aux tampons
a diminué avec le retrait du marché de certaines marques et une sensibilisation
accrue de la population aux dangers potentiels de l’utilisation des tampons.
Actuellement, environ 50 % des cas de choc toxique staphylococcique n’appa-
raissent pas en période de menstruation. Lorsque la maladie ne se déclenche pas
au cours des règles, les principales causes sont, en pédiatrie, une cellulite ou une
autre infection cutanée (surinfection de varicelle, infection d’une plaie chirurgi-
cale), des brûlures ou une infection vaginale non liée aux règles. Dans 20 % des
cas environ, aucun foyer d’infection n’est trouvé ; une simple colonisation de la
gorge ou d’une plaie chirurgicale, sans signe d’infection, peut être la source du
problème. D’autres infections primaires à S. aureus comme une ostéomyélite,
une pneumonie, une sinusite ou une trachéite peuvent se compliquer par un
choc toxique.
Un tableau similaire peut être causé par le S. pyogenes. Le site d’infection
est typiquement une lésion traumatique de la peau ou des tissus mous. La pro-
portion des cas survenant à la suite d’une varicelle, avec surinfection des lésions
cutanées par le S. pyogenes, a diminué à la suite des campagnes de vaccination
contre la varicelle.
Choc toxique 239
Manifestations cliniques
I. Choc toxique staphylococcique
La phase de prodrome dure un ou deux jours ; elle se caractérise par de la fièvre,
une irritation pharyngée, des myalgies, des vomissements et de la diarrhée. Par
la suite, il apparaît un exanthème généralisé, une hyperhémie des muqueuses,
une altération de l’état de conscience, ainsi qu’une instabilité hémodynamique
qui résulte d’une vasodilatation massive avec extravasation d’eau et de protéines
dans l’espace extracellulaire.
Les critères diagnostiques sont définis de la façon suivante.
1) Fièvre égale ou supérieure à 38,9 °C.
2) Érythrodermie diffuse, suivie d’une desquamation palmoplantaire.
3) Hypotension artérielle, définie comme une pression artérielle (PA) systolique
inférieure au 5e percentile pour l’âge ou une chute orthostatique de la PA de
plus de 15 mm Hg, syncope ou étourdissement orthostatique.
4) Atteinte multisystémique touchant au moins trois des systèmes suivants :
• système nerveux central : désorientation ou altération de l’état de conscience
sans signes focaux, à un moment où la fièvre et l’hypotension sont absentes ;
• système digestif : vomissements ou diarrhée au début de la maladie ;
• foie : élévation de la bilirubinémie totale ou des transaminases à plus de
deux fois la limite supérieure de la normale ;
• système musculaire : myalgies importantes ou élévation de la créatine kinase
à plus de deux fois la limite supérieure de la normale ;
• muqueuses : hyperhémie vaginale, pharyngée ou conjonctivale ;
• système urinaire : élévation de l’urée sanguine ou de la créatininémie à
plus de deux fois la limite supérieure de la normale ou leucocyturie (plus
de cinq globules blancs par champ) en l’absence d’infection urinaire ;
• système hématopoïétique : thrombopénie (100 × 109 plaquettes/L ou moins).
Il faut en outre avoir éliminé :
• par des cultures négatives des sécrétions pharyngées, du sang et, au besoin,
du LCR, une infection causée par une autre bactérie que le S. aureus ;
• par des épreuves sérologiques, selon l’épidémiologie régionale, une fièvre
pourprée des montagnes Rocheuses, une leptospirose et une rougeole.
Explorations
Les explorations peuvent révéler diverses anomalies : hyperleucocytose avec
prédominance de polynucléaires neutrophiles, thrombopénie, hyponatrémie,
hypocalcémie, augmentation de la créatine kinase, des transaminases, de l’urée
sanguine, de la créatininémie ainsi que de la bilirubinémie. Une myoglobinurie
peut être présente.
L’hémoculture se révèle négative dans environ 95 % des cas de choc toxique
staphylococcique alors qu’elle est positive dans 60 % des cas de choc toxique dû
au S. pyogenes.
Il faut effectuer des cultures bactériennes de tous les foyers d’infection et de
colonisation possibles (pharynx, vagin, rectum, conjonctive, anus, lésions cutanées
et trachée si le patient est intubé) afin de mettre en évidence le micro-organisme
responsable.
Quand la souche est isolée, certains laboratoires spécialisés peuvent déter-
miner si elle produit des toxines responsables du choc.
Surveillance et traitement
Pendant les trois ou quatre premiers jours, il faut surveiller étroitement les
fréquences cardiaque et respiratoire, la PA, la diurèse horaire et l’équilibre
acidobasique. Une admission en unité de réanimation est conseillée pour
tout patient qui présente une instabilité hémodynamique ou une insuffisance
respiratoire.
L’aspect le plus important du traitement est le remplissage vasculaire. On
administre la quantité de liquide nécessaire pour maintenir des signes généraux
(signes vitaux) stables, une bonne perfusion viscérale et une diurèse acceptable (de
1 à 2 mL/kg/h) ; ainsi, au début, il est souvent nécessaire d’administrer plusieurs
bolus successifs de 20 mL/kg de NaCl 0,9 % ou de lactate Ringer ; les besoins en
liquide peuvent ensuite se maintenir aux environs de 200 à 300 % des besoins
physiologiques pour l’âge pendant 24 à 48 heures. Dans la majorité des cas, il
faut surveiller la pression veineuse centrale pour moduler l’administration de
Choc toxique 241
Complications
Plusieurs complications sont possibles, dont les suivantes : syndrome de détresse
respiratoire aiguë, œdème pulmonaire, insuffisance respiratoire, cardiomyopathie,
neuropathie périphérique, insuffisance rénale aiguë, nécrose tissulaire.
Pronostic
La mortalité résultant du choc toxique staphylococcique se situe aux environs
de 5 % chez l’enfant. Lorsque la maladie est associée aux menstruations, le taux
de récidives atteint environ 30 % ; elles sont moins graves et surviennent habi-
tuellement au cours des trois mois qui suivent l’épisode initial.
Le taux de mortalité rapporté pour le choc toxique streptococcique est plus
élevé que celui du choc toxique staphylococcique, de l’ordre de 5 à 10 % ; il est
nettement inférieur à celui qui est observé chez l’adulte (plus de 30 %). Les dom-
mages tissulaires associés à la fasciite nécrosante peuvent mener à des amputa-
tions ou à des greffes de peau. Des récidives de choc toxique streptococcique
restent exceptionnelles.
Prévention
Les tampons devraient être changés toutes les quatre à six heures ; ceux qui
ont un haut pouvoir d’absorption devraient être utilisés seulement dans des
circonstances spéciales (exemple : compétition sportive). Les femmes qui ont
présenté un épisode de choc toxique ne devraient plus se servir de tampons
hygiéniques.
242 Coalescence (fusion, synéchie) des petites lèvres
Généralités
La coalescence (fusion, synéchie) des petites lèvres est une anomalie acquise
que l’on trouve chez environ 0,5 à 3 % des filles prépubères et jusqu’à 40 % si
l’on inclut les formes très partielles touchant la partie postérieure des petites
lèvres. Elle peut faire suite à une infection, à une inflammation, à une irritation
locale ou à des microtraumatismes ; elle peut être, dans de rares cas, associée
à un lichen scléreux. Des sévices sexuels répétés pourraient parfois causer des
adhérences denses et fibreuses, mais l’on ne considère pas la fusion des petites
lèvres comme un signe spécifique d’un abus.
Habituellement asymptomatique, la fusion des petites lèvres provoque parfois
une dysurie avec altération du jet urinaire ou une rétention urinaire avec inconti-
nence post-mictionnelle et, exceptionnellement, une hydronéphrose secondaire.
Elle pourrait aussi constituer un facteur de risque de bactériurie asymptomati-
que ou d’infection urinaire. La disparition spontanée est fréquente au moment
de l’œstrogénisation en période prépubertaire ou pubertaire.
Traitement
Le traitement n’est indiqué que si l’enfant est symptomatique ou lorsque la fusion
touche presque tout l’orifice vestibulaire (à plus de 90 %), ne laissant pour ainsi
dire plus d’orifice visible.
Les options thérapeutiques comprennent deux traitements topiques possibles
et, en dernier recours, la séparation manuelle ou chirurgicale des adhérences,
effectuée sous anesthésie locale ou générale.
On peut appliquer localement une crème à base d’œstrogènes deux fois par
jour durant trois à six semaines. Au Canada, on utilise une préparation contenant
des œstrogènes conjugués (PremarinMD), et en France, une crème contenant du
promestriène (ColpotrophineMD). L’autre possibilité consiste en l’application d’une
crème de bétaméthasone 0,05 % durant la même période. Ces deux méthodes
auraient un taux de succès similaire, mais celui-ci varie beaucoup d’une étude
à l’autre (entre 15 et 70 % après 4 semaines de traitement).
Les effets secondaires possibles du traitement à base d’œstrogènes sont une
pigmentation vulvaire et le développement des bourgeons mammaires, plus
rarement un saignement génital ; ils disparaissent après l’arrêt du traitement. Peu
d’études décrivent les effets secondaires à long terme de la crème de bétaméthasone.
Les récidives sont fréquentes ; dans le but de les prévenir, on suggère donc,
lorsque le traitement topique est terminé, d’appliquer une fois par jour une crème
à base de pétrole (VaselineMD), et ce, pendant quelques semaines.
Colite pseudo-membraneuse (Colite à Clostridium difficile) 243
Colite pseudo-membraneuse
(Colite à Clostridium difficile) 49
Valérie Lamarre, Maude Saint-Jean
Généralités
Il faut suspecter une colite à Clostridium difficile lorsqu’un enfant présente
une diarrhée importante pendant qu’il prend des antibiotiques ou au cours des
semaines qui suivent une antibiothérapie. La plupart des antibiotiques courants
sont incriminés. La maladie est causée par les toxines A et B du C. difficile.
Depuis les années 2000, une souche de C. difficile (la NAP1/027) est apparue,
plus virulente par sa production accrue de toxines, augmentant ainsi la mortalité
et la morbidité liées à la maladie. Alors que les milieux de soins pédiatriques ont
été nettement moins touchés que les milieux adultes, on observe actuellement
une recrudescence des cas pédiatriques.
Manifestations cliniques
La diarrhée peut être profuse et conduire rapidement à la déshydratation et à
des troubles électrolytiques ; elle peut s’accompagner de rectorragies. Il y a habi-
tuellement ballonnement abdominal, fièvre et leucocytose. Parfois, il existe un
tableau clinique de mégacôlon toxique, avec distension abdominale importante,
mais peu ou pas de diarrhée.
Explorations
Le diagnostic repose sur la recherche de toxines du C. difficile (enzyme immu-
noassay, recherche d’effet cytopathogène sur lignées cellulaires, test d’amplifi-
cation d’acide nucléique) dans un échantillon de selles fraîches non formées.
Alors que la colonisation asymptomatique demeure rare chez l’adulte, elle
est très fréquente chez les enfants âgés de moins de un an et n’est pas une
rareté chez les moins de trois ans. Ainsi, la recherche de toxines de C. difficile
dans ce groupe d’âge ne doit être entreprise que lorsque le tableau clinique
le justifie et que les autres causes de diarrhée ont été exclues. La rectoscopie
mettant en évidence des pseudo-membranes jaunâtres caractéristiques ainsi
qu’une muqueuse rectale hyperhémiée et friable suffit à poser le diagnostic,
à tout âge.
Traitement
Le traitement consiste à prévenir ou à traiter la déshydratation et les troubles
électrolytiques. Dans la mesure du possible, l’administration d’antibiotiques doit
être cessée dès que l’on suspecte la maladie. Le traitement spécifique, actuelle-
ment entrepris lorsque le diagnostic est confirmé et que l’enfant reste toujours
symptomatique, repose sur l’administration de métronidazole par voie orale
pendant 10 jours.
Pour les cas récidivants ou réfractaires au métronidazole par voie orale,
on suggère la vancomycine orale. Jusqu’à 25 % des patients présentent une
rechute après le traitement initial, mais répondent bien à une seconde cure
avec le même agent.
244 Coma
Les cas graves doivent être traités avec du métronidazole par voie intra-
veineuse et de la vancomycine orale ; en cas d’iléus, on utilise la vancomycine
de préférence par instillation intrarectale. Les agents qui diminuent la motilité
intestinale sont à proscrire.
Pronostic
Le pronostic est excellent si l’on pose le diagnostic de façon précoce, si le trai-
tement de soutien est bien mené et si l’on commence le traitement spécifique
tôt ; dans le cas contraire, la morbidité peut être élevée.
Prévention
Il s’agit d’éviter de prescrire des antibiotiques lorsqu’une infection bactérienne
n’est pas clairement identifiée. Afin d’éviter la propagation intrahospitalière, il
est important de mettre en place des mesures d’isolement de contact (incluant
le port des gants) et de renforcer le lavage des mains à l’eau et au savon. En
effet, les solutions alcoolisées sont peu efficaces. Seul l’effet mécanique du
lavage permettra d’éliminer les spores. La désinfection des l’environnement
du patient doit se faire avec un produit à base de chlore ou avec un autre
agent sporicide.
Coma 50
Catherine Farrell, Anne Lortie, Benoit Bailey
Généralités
Le diagnostic de coma est porté lorsque l’état d’éveil se trouve altéré de telle façon
que le patient n’est plus capable de réagir de manière adéquate aux stimuli exté-
rieurs, incluant les stimuli verbaux. Les causes sont multiples (voir tableau 50.1)
et varient selon l’âge. Chez l’enfant de plus de deux mois, les étiologies les plus
fréquentes sont les traumatismes crâniens, l’encéphalopathie anoxique, l’état
de mal convulsif, les intoxications et les infections du système nerveux central
(SNC). Chez l’enfant plus jeune, ce sont les infections du SNC qui prédominent
comme cause de coma.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse fournit souvent des indices importants quant à l’étiologie du coma.
On s’intéresse avant tout aux antécédents personnels de l’enfant (épilepsie,
lésion cérébrale connue, insuffisance hépatique ou rénale, diabète ou troubles
psychiatriques), puis aux circonstances de survenue du coma (rapidité d’instal-
lation, symptômes au cours des jours et des heures qui l’ont précédé, histoire
de traumatisme). Enfin, on recherche une possibilité d’intoxication (vérification
des substances qui se trouvent dans le milieu de vie) ou d’hypoxémie (exemple :
épisode d’étouffement ou de strangulation).
Coma 245
6) Signes de traumatisme
Parmi ces signes figurent plaies, contusions, ecchymoses, fractures, écoulement
de LCR par le nez ou l’oreille, hémotympan.
7) Anomalies de l’examen général habituel
Il importe de rechercher des indices permettant de préciser la cause du coma
(exemples : haleine acétonémique en cas de coma diabétique, odeur d’alcool en
cas d’intoxication par l’éthanol, arythmies cardiaques en cas d’intoxication par
un antidépresseur tricyclique).
III. Explorations
On procède aux examens complémentaires selon les hypothèses résultant de
l’anamnèse et de l’examen.
Lorsque la cause du coma est inconnue, les examens complémentaires
initiaux sont les suivants : hémogramme, ionogramme, gaz sanguins, urée san-
guine et créatininémie, glycémie, recherche de glucose et de corps cétoniques
dans l’urine, dépistage toxicologique dans l’urine et, pour certaines substances
mesurables, dans le sang.
Lorsqu’on suspecte une intoxication, l’administration de naloxone peut ser-
vir d’épreuve diagnostique pour les analgésiques morphiniques. En l’absence
de myosis et de bradypnée, la naloxone a peu de chance d’être efficace. On ne
devrait jamais administrer du flumazénil comme test diagnostique en raison du
risque de convulsions avec ce médicament.
La tomodensitométrie cérébrale est indiquée s’il y a une histoire de trau-
matisme, lorsqu’on met en évidence des signes neurologiques focaux ou des
signes d’HTIC ou si l’étiologie du coma n’est pas manifeste. Dans certains cas,
un examen par résonance magnétique nucléaire peut révéler des lésions qui
ne seraient pas mises en évidence par la tomodensitométrie cérébrale.
La ponction lombaire est utile lorsqu’il y a une possibilité de méningite ou
d’hémorragie sous-arachnoïdienne. Elle doit cependant être remise à plus tard
chez le patient qui présente une instabilité respiratoire ou hémodynamique, ou
lorsqu’il y a des signes francs d’HTIC.
L’EEG est utile chez les patients qui ont une histoire de convulsions ou lors-
qu’on suspecte un état de mal épileptique ou un état post-critique. Parfois, les
potentiels évoqués auditifs ou somesthésiques peuvent aider à localiser une
atteinte neurologique et à préciser sa gravité.
Certains prélèvements spécifiques peuvent être requis chez le nouveau-né
ou le nourrisson comateux lorsqu’on soupçonne une maladie métabolique (voir
Maladies métaboliques à expression néonatale).
Coma 249
Traitement
Comme dans toute situation d’urgence, l’attention se porte avant tout sur les
voies respiratoires, puis sur la ventilation, puis sur la circulation. Dès lors, il faut
procéder comme suit.
• Intuber le patient afin de protéger ses voies respiratoires si le réflexe pha-
ryngien et le réflexe de toux sont absents, ce qui correspond habituellement
à un score de Glasgow égal ou inférieur à 8. La ventilation mécanique est
nécessaire en cas d’apnée ou d’hypoventilation. On vise à maintenir une oxy-
génation et une ventilation normales.
• Mettre en place une sonde gastrique.
• Installer une perfusion intraveineuse à une vitesse correspondant aux besoins
d’entretien en eau. Toute hypoglycémie doit être traitée (voir Hypoglycémie).
Par ailleurs, dans les premières heures, il faut éviter de donner du glucose s’il
y a une hyperglycémie ou si le coma résulte d’une anoxie ou d’une hypoper-
fusion cérébrale.
• Maintenir la pression artérielle dans les limites de la normale, en corri-
geant une hypertension artérielle, s’il y a lieu, ou en effectuant un rem-
plissage vasculaire s’il y a un état de choc. Si l’état hémodynamique ne
s’améliore pas sous l’effet de cette mesure, administrer une ou des amines
vaso-actives.
• Maintenir la température corporelle dans la normale. Des études effectuées
chez l’animal et chez l’humain adulte suggèrent qu’une hypothermie modérée
(de 32 à 33 °C) pourrait être bénéfique en cas d’encéphalopathie anoxique
faisant suite à un arrêt cardiaque, mais cette pratique n’a toujours pas fait ses
preuves en pédiatrie.
• Traiter les déséquilibres métaboliques, les convulsions et l’HTIC de façon habi-
tuelle. Surtout s’il y a une HTIC, on s’efforce de contrôler l’agitation par des
moyens non pharmacologiques (exemples : chambre calme, lumière tamisée)
ou, au besoin, par des médicaments comme un analgésique morphinique ou
une benzodiazépine à courte durée d’action.
• Protéger les yeux en les maintenant fermés, en limitant le nombre d’exa-
mens du réflexe cornéen et en administrant des larmes artificielles ou une
pommade protectrice. Il faut s’assurer que le patient ne porte pas de verres
de contact.
• Traiter l’étiologie du coma (exemples : méningite, intoxication).
Surveillance
Pendant la période de coma, il faut surveiller étroitement les signes généraux
(signes vitaux) et le score de Glasgow.
Pronostic
Le pronostic dépend de l’étiologie du coma, de sa durée et de sa gravité. Le
suivi à long terme des survivants est fonction des séquelles qu’ils présentent ;
il peut nécessiter la participation de plusieurs professionnels tels qu’un psy-
chologue, un orthophoniste, un physiothérapeute (kinésithérapeute) ou un
ergothérapeute.
250 Constipation et encoprésie
Constipation et encoprésie 51
Anne-Claude Bernard-Bonnin, Ann Aspirot
Généralités
I. Acquisition de la continence
L’acquisition de la continence est une étape du développement qui se fait généra-
lement en quelques mois, avec l’aide des parents. Elle est rarement compliquée.
L’âge d’acquisition de la continence varie d’un enfant à l’autre. Elle survient
simultanément pour les urines et les selles chez la majorité des enfants. Envi-
ron 25 % d’entre eux acquièrent une continence diurne au moins partielle à l’âge
de 24 mois, 50 % à 27 mois, 85 % à 30 mois et 98 % à 36 mois. La continence noc-
turne peut être simultanée ou plus tardive ; parfois, elle prend des mois ou des
années à s’installer, surtout pour ce qui est des urines. Cependant, la plupart
des enfants âgés de 36 à 48 mois sont continents jour et nuit ; les filles le sont
souvent un peu plus tôt que les garçons.
Dès l’âge de 18 mois, l’enfant peut commencer à signifier son intérêt pour la
routine d’élimination, mais c’est généralement vers l’âge de 2 ans que les condi-
tions de succès sont réunies pour commencer l’apprentissage de la propreté.
Certains signes suggèrent que l’enfant est prêt : il indique par des mots ou des
gestes son besoin d’uriner ou d’aller à la selle ; il est capable de se « retenir » (sa
couche est sèche pendant quelques heures), de marcher en direction du petit
pot, d’enlever sa couche ou de baisser et de remonter sa culotte.
L’apprentissage de la propreté doit être une expérience positive pour l’en-
fant ; la contrainte pourrait favoriser la constipation chronique et l’encoprésie. Il
convient d’éviter de commencer cet apprentissage lorsque survient un change-
ment important dans la vie de l’enfant (exemples : naissance d’un autre enfant,
déménagement, séparation des parents, changement de service de garde [garde-
rie, crèche]). Il faut s’assurer que l’enfant n’est pas constipé, car une expérience
douloureuse pourrait l’amener à retenir ses selles et à refuser d’aller sur le pot.
Avant l’âge de deux ans, il est préférable d’utiliser le pot pour l’apprentis-
sage de la propreté : l’enfant y est plus stable. Si on l’installe sur la toilette, la
présence d’un tabouret facilitera l’élimination d’une selle, car il prendra appui
sur ses pieds. Il est souhaitable de l’inviter à s’asseoir sur le pot à des heures
relativement fixes, afin d’établir une routine. Au début, l’enfant peut être assis
tout habillé ; graduellement, la couche est retirée. Lorsque l’enfant semble prêt,
les culottes d’entraînement remplacent les couches.
Les efforts doivent être encouragés, et il faut éviter les punitions. Si un pro-
blème survient, il convient de faire une pause de quelques semaines. Des diffi-
cultés ne doivent pas créer un conflit entre l’enfant et ses parents.
Il peut arriver qu’une régression de courte durée survienne spontanément
ou à la suite d’un stress. Le retour à l’incontinence urinaire peut cependant être
le signe d’une maladie, comme une infection urinaire ou un diabète. Le retour à
l’incontinence fécale peut correspondre à un début d’encoprésie.
Pour l’enfant atteint d’un retard de développement ou d’un trouble du
spectre de l’autisme, comme pour celui qui a été victime de sévices physiques
ou sexuels, l’acquisition de la continence peut représenter un grand défi. L’aide
d’un psychoéducateur (éducateur spécialisé) peut être précieuse pour ces enfants ;
la patience s’impose.
Constipation et encoprésie 251
II. Constipation
Les habitudes de défécation varient d’un enfant à l’autre. La fréquence normale
des selles chez le nourrisson peut varier de 5 à 6 par jour, soit après chaque
tétée (réflexe gastrocolique), à une tous les 8 à 10 jours chez certains nourrissons
nourris au sein et âgés de plus de 1 mois. Chez le grand enfant et l’adolescent,
elle varie de trois selles par jour à une selle tous les trois jours.
La constipation se définit classiquement par l’émission peu fréquente de selles
dures (scybales) dont le contenu en eau est insuffisant. Dans la vaste majorité des
cas, la constipation n’est pas causée par une maladie ou une anomalie organique,
mais est d’origine fonctionnelle. On parle de constipation fonctionnelle chez l’en-
fant de moins de quatre ans si au moins deux des critères de Rome III (2006)
sont présents depuis au moins un mois : deux selles ou moins par semaine, au
moins un épisode d’incontinence depuis l’acquisition de la propreté, comporte-
ment de rétention, selles dures ou douloureuses, masse fécale dans le rectum et
selles de gros diamètre pouvant obstruer la toilette. Chez l’enfant de quatre ans
ou plus, on utilise les mêmes critères selon un schéma un peu modifié, soit un
minimum de deux critères présents depuis au moins deux mois et une inconti-
nence fécale plus fréquente, soit au moins une fois par semaine.
L’indication d’une intervention médicale ne dépend pas seulement de la
fréquence et de la consistance des selles, mais aussi de la présence de symp-
tômes tels une défécation douloureuse, des saignements, une fissure anale, une
distension ou des douleurs abdominales, des vomissements ou de l’encoprésie.
La consommation insuffisante de fibres végétales et d’eau joue un rôle
étiologique indiscutable ; une routine bousculée ou un manque d’intimité au
service de garde ou à l’école peuvent aussi contribuer au problème. Plusieurs
facteurs expliquent le passage à la chronicité. Des selles volumineuses ou dures
ou des lésions anales douloureuses (fissures, anite) vont inciter l’enfant à se
retenir davantage, ce qui mène à l’accumulation de selles qui se dessèchent et
durcissent. De même, la distension chronique de l’ampoule rectale mène à une
perte de sensibilité et de tonicité rectales qui perpétue la constipation et peut
mener à l’encoprésie.
Dans une faible minorité de cas, une affection organique (voir encadré 51.1)
ou un trouble psychiatrique (dépression, anorexie, phobie) peuvent être en cause.
III. Encoprésie
On parle d’encoprésie lorsqu’un enfant âgé de quatre ans ou plus émet des selles
de façon répétée, volontairement ou non, en des endroits inappropriés, au moins
une fois par mois pendant trois mois consécutifs, et ce, en l’absence de proces-
sus inflammatoire, anatomique, métabolique ou néoplasique pouvant expliquer
les symptômes. Le plus souvent, l’enfant se souille fréquemment le jour, mais
rarement la nuit. Il peut présenter des douleurs abdominales récidivantes, une
distension abdominale, une énurésie diurne ou nocturne, ainsi que des infections
urinaires récidivantes. La perte d’appétit est fréquente, et les sautes d’humeur,
habituelles. L’encoprésie touche environ 2,5 % des garçons et 1,5 % des filles
âgés de 7 ou 8 ans. Entre les âges de 10 et 12 ans, ces proportions diminuent
respectivement à environ 1,5 et 0,5 %. L’encoprésie est primaire lorsque le pro-
blème a toujours existé et secondaire si l’enfant a déjà été continent pendant au
moins 6 à 12 mois consécutifs. On distingue l’encoprésie avec ou sans rétention
de selles. Dans environ 85 % des cas, l’encoprésie accompagne une constipation
chronique fonctionnelle et s’associe à la présence d’un fécalome. L’encoprésie
252 Constipation et encoprésie
Approche clinique
L’anamnèse doit notamment préciser les éléments suivants : chronologie d’ap-
parition de la constipation, fréquence et consistance des selles, routine de défé-
cation, habitudes alimentaires, méthodes utilisées pour l’apprentissage de la
propreté, symptômes associés, explorations et traitements déjà effectués, matu-
rité de l’enfant et motivation à guérir, ampleur des répercussions familiales et
sociales. L’anamnèse des systèmes recherche des symptômes suggestifs d’un
Constipation et encoprésie 253
Traitement
I. Traitement non pharmacologique
Des changements alimentaires suffisent parfois à régler une constipation légère
ou d’apparition récente. Chez les nourrissons de moins de six mois nourris avec
une préparation de lait commerciale, on peut limiter la quantité de lait si elle
est jugée excessive et favoriser l’ajout d’eau ou de jus (de pruneau, de poire ou
de pomme) au menu de l’enfant, à raison de 15 à 30 mL à la fois, de 1 à 3 fois
par jour.
Après l’âge de six mois, on peut aussi, tout en respectant les besoins selon
l’âge, réduire l’ingestion de lait (max : de 500 à 600 mL chez le grand enfant)
ainsi que de produits laitiers et encourager l’enfant à boire régulièrement de l’eau
(jusqu’à 1,5 à 2 L par jour chez l’adolescent). Le jus de fruits pur est aussi béné-
fique, mais a l’inconvénient d’augmenter la charge calorique, ce qui est à éviter
chez les patients à risque d’excès pondéral. On vise à augmenter la consommation
de fibres végétales insolubles (pain de blé entier, légumes et fruits non pelés)
et solubles (avoine, orge, légumineuses, agrumes, fraises). Ces fibres créent un
appel d’eau dans la lumière intestinale et augmentent le volume des selles. Toute
la famille doit bénéficier de cette modification diététique permanente. L’exercice
physique est aussi important.
L’enfant doit être encouragé à établir une habitude régulière de défécation,
en profitant du réflexe gastrocolique. Il devrait s’asseoir sur la cuvette de la toi-
lette, les pieds bien appuyés, pendant une dizaine de minutes, deux ou trois fois
par jour, moins de une heure après le repas. L’enfant va plus volontiers à la selle
l’après-midi ou le soir, tandis que l’adolescent y va de préférence le matin. On
peut souligner les efforts de l’enfant au moyen d’un système de renforcement po-
sitif tel que des autocollants sur un calendrier.
254 Constipation et encoprésie
Complications
Les répercussions psychologiques de l’encoprésie peuvent être importantes :
conflits familiaux, rejet social, faible estime de soi et sentiments de culpabilité.
Les sources de frustrations parentales sont nombreuses : l’enfant nie le problème
par honte ou par crainte d’être puni ; il lui arrive de mentir et de cacher ses sous-
vêtements ; il ne perçoit plus l’odeur des selles et garde sur lui son sous-vêtement
souillé ; il est incapable de se retenir.
La constipation favorise aussi les infections urinaires. Elle peut entretenir
une dysfonction mictionnelle. À très long terme, il y aurait un risque accru de
diverticulose et de cancer du côlon.
Pronostic
Généralement bon, le pronostic est étroitement lié à la motivation de l’enfant.
Dans environ 25 % des cas, la réponse au traitement est plutôt défavorable, surtout
en raison de problèmes d’observance, de facteurs psychosociaux ou de troubles
de comportement associés. Les rechutes, fréquentes, s’expliquent le plus souvent
par un traitement trop bref ou insuffisant ; des circonstances spéciales, comme
un séjour dans une colonie de vacances, peuvent aussi les provoquer. On doit
alors intensifier ou recommencer le traitement depuis le début.
Le suivi régulier a pour but de surveiller l’évolution, de vérifier l’observance
au traitement, d’ajuster la posologie du ou des laxatifs, et de soutenir l’enfant
et sa famille. Un calendrier où sont consignés les symptômes et les modes de
traitement peut se révéler utile.
Généralités
Ce chapitre traite de l’approche initiale de l’enfant qui présente une convulsion.
Cette approche sera influencée par l’hypothèse diagnostique la plus probable
selon l’anamnèse et l’examen initiaux. On parle classiquement d’état de mal
convulsif lorsque les convulsions persistent pendant plus de 30 minutes ou s’il
survient deux convulsions ou plus sans retour à un état de conscience normal. La
plupart des convulsions cessent spontanément. Cependant, lorsque la convulsion
dure plus de cinq minutes, les chances qu’elle cesse sans intervention sont rares.
À l’heure actuelle, on considère donc une convulsion de plus de 5 à 15 minutes
comme un état de mal convulsif.
Le tableau 52.1 indique les principales étiologies à envisager, en fonction
de l’âge de l’enfant et de la présence ou de l’absence de fièvre.
La prise en charge de l’enfant en état de mal convulsif vise les objectifs sui-
vants : le maintien des voies respiratoires, de la respiration et de la circulation ;
l’arrêt des convulsions et la prévention des récidives ; le diagnostic et le traite-
ment initial des causes potentiellement fatales ; si nécessaire, le transport vers
un centre hospitalier apte à prendre en charge le patient après la stabilisation
immédiate ; le traitement des cas réfractaires.
Convulsions et état de mal convulsif 257
Manifestations cliniques
Chez l’enfant, comme chez l’adulte, il existe plusieurs types de crises convulsives :
généralisées ou focales, tonico-cloniques, toniques, cloniques, myocloniques,
atoniques, entre autres.
Chez le nouveau-né, les manifestations des convulsions diffèrent de celles
qui sont observées chez l’enfant plus âgé. La convulsion généralisée primaire
n’existe pas, d’autant plus s’il s’agit d’un prématuré ; on observe davantage des
comportements subtils, se rapportant au système limbique, au diencéphale et au
tronc, et se traduisant par des phénomènes autonomes ou moteurs périphériques
tels que mâchonnements, automatismes oromoteurs, sialorrhée excessive, activité
oculomotrice, pédalage, apnées, brusques variations hémodynamiques (exemples :
tachycardie, élévation de la pression artérielle). Les convulsions peuvent aussi
258 Convulsions et état de mal convulsif
Approche initiale
I. Approche non pharmacologique
Plusieurs mesures de soutien sont importantes à instaurer dès que possible.
1) Placer l’enfant en décubitus latéral et aspirer les sécrétions. Immobiliser la
colonne cervicale si un traumatisme est soupçonné.
2) Le replacer en décubitus dorsal et dégager les voies respiratoires supérieures.
3) Administrer de l’oxygène à 100 % et ventiler au masque si nécessaire.
4) Obtenir un accès veineux dès que possible, puis installer une perfusion de
NaCl 0,9 % si la convulsion se prolonge (tous les anticonvulsivants sont com-
patibles avec le sérum physiologique).
5) Qu’il y ait ou non de la fièvre, estimer immédiatement la glycémie au moyen
d’un lecteur de glycémie et prélever du sang pour une lecture plus précise.
Envisager de procéder immédiatement à certaines analyses paracliniques
additionnelles (exemple : calcémie et ionogramme s’il s’agit d’une convulsion
sans fièvre) (voir section Explorations, plus bas).
6) Effectuer une anamnèse et un examen rapide. Les éléments importants de
l’examen incluent les signes généraux (signes vitaux), le diamètre, la symé-
trie et la réactivité des pupilles à la lumière, les signes méningés, les indices
de traumatisme, ainsi que les signes propres à certaines intoxications. Cette
évaluation doit être répétée régulièrement toutes les 5 à 10 minutes.
Explorations
Les explorations sont orientées selon la situation clinique. S’il s’agit d’une convul-
sion sans fièvre, il faut faire une glycémie, une calcémie et un ionogramme. Tout
épileptique connu qui présente une convulsion doit avoir un dosage de son ou
de ses anticonvulsivants. Dans les cas de convulsions associées à la fièvre, mais
qui ne peuvent pas, à cause de leur durée, être classées comme convulsions
fébriles simples, il faut effectuer un hémogramme et rechercher un foyer infec-
tieux (exemples : analyse et culture d’urine, radiographie pulmonaire, hémocul-
ture). Il est judicieux de reporter la ponction lombaire si l’état respiratoire et
hémodynamique du patient est instable, si les convulsions se poursuivent ou si
l’on soupçonne une hypertension intracrânienne (voir Hypertension intracrâ-
nienne). Toutefois, dès que le patient est stabilisé, et principalement lorsque la
cause de l’état de mal convulsif n’est pas évidente, il faut envisager de procé-
der à une ponction lombaire afin de rechercher certaines étiologies qui com-
mandent un traitement spécifique, comme une infection du système nerveux
central (exemple : encéphalite herpétique) ou certaines maladies métaboliques.
Les données de l’anamnèse peuvent orienter l’exploration vers un bilan toxi-
cologique. Après l’arrêt de la convulsion et selon les trouvailles à l’anamnèse,
une tomodensitométrie cérébrale peut être indiquée, surtout si le point de
départ des convulsions était focalisé. Un EEG est demandé dans la plupart des
cas, à moins que la convulsion soit brève ou clairement d’origine métabolique.
Complications
Les principales complications sont l’insuffisance respiratoire, la pneumopathie
d’inhalation, l’hyperglycémie et l’hypertension artérielle transitoires, la rhabdo-
myolyse et l’hyperpyrexie.
Convulsions fébriles 53
Catherine Hervouet-Zeiber, Philippe Major, Lydia Di Liddo
Voir aussi Convulsions et état de mal convulsif.
Généralités
Jusqu’à 5 % des enfants présentent des convulsions fébriles. Elles surviennent
surtout entre l’âge de six mois et de cinq ans, en général au début d’un épisode
262 Convulsions fébriles
de fièvre. Par définition, la convulsion fébrile n’est pas associée à une infection
du système nerveux central (SNC) ni à une encéphalopathie toxique. Il y a une
nette prédisposition génétique ; des gènes de susceptibilité ont été identifiés. Il
peut s’agir d’un événement fort traumatisant pour les parents.
La fièvre est causée par une infection virale (exemples : infection des voies
respiratoires supérieures, infection par l’Herpesvirus hominis de type 6) dans
environ 80 % des cas et par une infection bactérienne (exemples : otite, gastro-
entérite – particulièrement à Shigella –, pneumonie) dans environ 20 % des cas.
Une convulsion fébrile peut aussi faire suite à une vaccination.
Manifestations cliniques
La distinction entre des convulsions fébriles typiques (simples) et atypiques
(complexes) influe sur les décisions thérapeutiques et détermine le pronostic.
Les critères de définition d’une convulsion fébrile typique sont les suivants.
1) Elle survient chez un enfant âgé de six mois à cinq ans, dont le développe-
ment psychomoteur et l’état neurologique antérieurs sont normaux.
2) Elle dure moins de 15 minutes.
3) Elle est généralisée et tonico-clonique.
4) Elle ne survient qu’une fois au cours d’une période de 24 heures.
5) Elle ne se complique pas d’un déficit neurologique (exemple : paralysie de Todd).
6) Elle n’est pas causée par une infection du SNC, comme une encéphalite ou
une méningite.
Explorations
Les seules explorations nécessaires sont celles qui visent à mettre en évidence
un foyer infectieux. Aucun autre examen paraclinique de routine n’est indiqué
s’il s’agit d’une convulsion fébrile typique. Plusieurs études ont montré que la
recherche d’une hypoglycémie, d’une hypocalcémie, d’une hypomagnésémie
ou d’une autre anomalie métabolique est presque toujours inutile en l’absence
d’une histoire suggestive.
La recherche de signes méningés et de signes cliniques d’encéphalite est
importante. Il en est de même pour les signes neurologiques focaux. La ponction
lombaire n’est indiquée que si l’on soupçonne cliniquement une infection du
SNC. Il faut être particulièrement vigilant, surtout s’il s’agit d’un enfant âgé de
moins de un an qui n’est pas adéquatement vacciné contre le pneumocoque ou
l’Hæmophilus influenzæ de type b (ou si son statut vaccinal est inconnu),
ou s’il s’agit d’un enfant qui reçoit déjà des antibiotiques pour traiter une infec-
tion, ceux-ci pouvant masquer les signes et les symptômes habituels d’une
méningite. La présence d’une otite n’exclut pas la possibilité d’une méningite.
L’EEG n’est indiqué qu’en cas de convulsions atypiques (exemples : convul-
sions focales ou de longue durée, épisodes multiples, trouble neurologique
préexistant) ; idéalement, on effectue cet examen au moins sept jours après la
convulsion.
Une imagerie cérébrale (tomodensitométrie ou résonance magnétique
nucléaire) n’est recommandée que si l’on soupçonne une lésion structurale
sous-jacente.
Convulsions fébriles 263
Traitement
Le traitement d’urgence est décrit dans le chapitre Convulsions et état de mal
convulsif. On administre un anticonvulsivant seulement si la convulsion dure
plus de cinq minutes.
Les indications d’un antipyrétique (acétaminophène [paracétamol], ibupro-
fène) sont les mêmes que chez l’enfant fiévreux qui n’a pas eu de convulsion.
L’hospitalisation est indiquée si le traitement de l’infection causale l’exige ou
si l’état général de l’enfant est inquiétant ; elle peut être envisagée si les parents
présentent un degré d’anxiété très élevé ou s’il s’agit d’une convulsion fébrile
atypique (exemples : convulsion focale, convulsions récurrentes).
Prévention
Les antipyrétiques n’ont pas d’effet préventif. Un traitement anticonvulsivant
continu ou intermittent est rarement indiqué chez l’enfant qui a présenté des
convulsions fébriles typiques. Dans quelques rares cas de convulsions fébriles
particulièrement fréquentes ou atypiques, il est parfois nécessaire de recourir à
un traitement anticonvulsivant intermittent (au moment des épisodes de fièvre)
ou continu.
1) Pour la prophylaxie intermittente, dont l’efficacité demeure controversée, on
utilise une benzodiazépine, par exemple le diazépam (1 mg/kg/24 h PO en
doses fractionnées toutes les 8 heures) pendant l’épisode fébrile. Les effets
secondaires sont la léthargie et l’ataxie.
2) La prophylaxie continue avec l’acide valproïque (ou le phénobarbital) peut
avoir divers effets secondaires ; elle est donc réservée à quelques cas excep-
tionnels. La posologie de l’acide valproïque doit être ajustée selon la réponse
clinique et le taux sérique ; il y a un faible risque d’atteinte hépatique grave
chez le jeune enfant. Les effets secondaires principaux du phénobarbital sont
l’hyperactivité ainsi qu’une légère altération des fonctions cognitives, réver-
sible après l’arrêt du traitement. La durée suggérée du traitement préventif
continu est de 12 à 18 mois après la dernière convulsion. La carbamazépine
et la phénytoïne sont inefficaces.
Pronostic
Le pronostic est excellent ; en effet, les séquelles neurologiques sont exception-
nelles. Des récidives surviennent dans environ 30 % des cas, mais rarement après
l’âge de cinq ans. Le risque de récidive est plus élevé si la première convulsion
survient avant l’âge de un an (50 %) qu’après cet âge (25 %). Les autres facteurs
de risque de récidive sont des antécédents de convulsions fébriles dans la famille
immédiate, des convulsions associées à une fièvre peu élevée et une période
fébrile brève précédant la convulsion.
Le risque d’épilepsie ultérieure chez les enfants qui ont eu des convul-
sions fébriles typiques est de 2 %, alors qu’il est de 0,5 % dans la popula-
tion générale. Les principaux facteurs de risque d’épilepsie sont un examen
neurologique anormal avant la première convulsion fébrile, des antécédents
d’épilepsie dans la famille immédiate et une première convulsion fébrile aty-
pique. Si deux de ces facteurs de risque sont présents, le risque d’épilepsie
ultérieure atteint 15 %.
264 Coqueluche
Coqueluche 54
Pierre Gaudreault, Marc Lebel
Généralités
La coqueluche est causée par le Bordetella pertussis. Plusieurs autres agents infec-
tieux peuvent occasionner une toux coqueluchoïde, en particulier d’autres types
de Bordetella (parapertussis, bronchiseptica), l’adénovirus, le virus para-influenza,
le Mycoplasma pneumoniæ et le virus respiratoire syncytial.
La coqueluche est transmise par voie respiratoire, par contact avec des gout-
telettes respiratoires. Elle est très contagieuse ; le taux d’attaque secondaire chez
les contacts familiaux réceptifs peut aller jusqu’à 80 %.
La vaccination des enfants contre la coqueluche a débuté dans les années 1940,
et le nombre de cas a beaucoup diminué jusque dans les années 1980. Aux
États-Unis, depuis le début de la vaccination, l’incidence de la maladie a chuté
de 150/100 000 personnes-années à 0,5-1,5/100 000. Au Canada, le nombre de
cas déclarés est passé de 165/100 000 (de 1935 à 1939) à 6/100 000 (de 2005
à 2009). Cependant, à partir des années 1990, une résurgence de la maladie est
apparue avec une répartition différente des cas, plus particulièrement une aug-
mentation du nombre de cas chez les adolescents (dès l’âge de 10 ans) et les
adultes (anciennement vaccinés) ; la population adolescente et adulte est donc
devenue une source de contamination potentielle pour les nourrissons. On a
observé ce phénomène dans plusieurs pays, dont le Canada, les États-Unis et la
France. Parmi les facteurs responsables de cette situation, citons la baisse pro-
gressive de l’immunité vaccinale, la non-vaccination d’un certain nombre d’en-
fants, l’efficacité partielle du vaccin anticoquelucheux à germes entiers, l’absence
d’immunité passive d’origine maternelle, de meilleurs tests microbiologiques pour
le diagnostic et plus de déclarations de la maladie.
Les épidémies de coqueluche reviennent en moyenne à des intervalles de
deux à cinq ans. Ni la maladie ni la vaccination ne donnent une protection à
vie contre la coqueluche.
Manifestations cliniques
Au début, la coqueluche se manifeste comme une infection banale des voies res-
piratoires supérieures qui dure environ deux semaines (phase catarrhale). Il y a
absence de fièvre. Les quintes de toux caractéristiques, souvent émétisantes, appa-
raissent ensuite ; elles peuvent se terminer par le « chant du coq » (phase paroxys-
tique). Cette période de toux paroxystique persiste de deux à quatre semaines,
puis s’atténue peu à peu. Habituellement, il n’y a pas de dyspnée entre les quintes,
et l’auscultation pulmonaire est normale. Les quintes peuvent s’accompagner de
cyanose et de bradycardie. Un état de malnutrition s’installe parfois. Dans les cas
graves, des apnées peuvent survenir. Les nourrissons de moins de deux mois
présentent souvent des crises de cyanose sans toux. Les enfants plus âgés et
les adultes peuvent présenter comme unique symptôme une toux non quinteuse,
prolongée. La maladie dans son ensemble dure de 6 à 10 semaines.
Explorations
Le diagnostic repose principalement sur le tableau clinique et sur un contexte
épidémiologique de coqueluche. Lorsqu’un hémogramme démontre une hyperleu-
Coqueluche 265
Traitement
Les enfants âgés de moins de six mois chez qui la coqueluche cause des diffi-
cultés alimentaires importantes ou qui ont présenté un épisode de cyanose, de
pause respiratoire ou d’apnée, ou un malaise grave du nourrisson, ainsi que les
enfants plus vieux qui sont gravement atteints doivent être hospitalisés.
Outre l’aspiration régulière des voies respiratoires supérieures et le monito-
rage de la respiration (moniteur d’apnée), il est parfois nécessaire d’administrer
de l’oxygène ou d’installer une perfusion. Si l’enfant vomit, il convient de lui
donner de petits repas fréquents. En cas de difficultés alimentaires sérieuses, une
alimentation entérale (gavages) ou parentérale peut être indiquée.
En cas d’apnées importantes, de bradycardie grave ou d’arrêt cardiorespira-
toire, une intubation trachéale peut être requise.
Un traitement avec un macrolide doit être prescrit pour réduire la durée de
la contagiosité de la coqueluche. Certains auteurs suggèrent que l’administra-
tion d’un macrolide donné durant la phase catarrhale pourrait atténuer la mala-
die, mais ce possible bénéfice disparaît si ce traitement est entrepris au cours
de la phase paroxystique. Chez le nouveau-né, il est suggéré d’administrer de
l’azithromycine (10 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne pendant 5 jours). Chez
l’enfant plus âgé, on recommande de la clarithromycine pendant sept jours ou
de l’azithromycine pendant cinq jours aux doses usuelles. Ces macrolides ont
une efficacité similaire à celle de l’érythromycine, avec moins d’effets secondaires
(vomissements, douleur abdominale, sténose du pylore chez le nouveau-né) ; de
plus, leur posologie favorise l’adhésion au traitement. L’association triméthoprime/
sulfaméthoxazole constitue le traitement de second choix pour les rares patients
qui ne tolèrent pas les macrolides.
Complications
La coqueluche est souvent plus grave chez le jeune enfant, particulièrement chez
les nourrissons âgés de moins de six mois ; une insuffisance respiratoire secondaire
à des apnées ou à une surinfection pulmonaire bactérienne, une insuffisance car-
diaque secondaire à une hypertension pulmonaire peuvent se développer chez
ces patients, et des arrêts cardiorespiratoires avec encéphalopathie anoxique
secondaire sont possibles. Parmi les autres complications rapportées avec la
coqueluche figurent les suivantes : atélectasies, coma, convulsions, emphysème
interstitiel et sous-cutané, fractures de côtes, hémorragies conjonctivales, hémor-
ragie intracrânienne, malnutrition, otite moyenne aiguë, pneumonie, pneumo-
thorax, vomissements persistants.
Incubation
La période d’incubation est de une à deux semaines.
266 Corps étrangers des voies digestives
Contagiosité
En l’absence de traitement, la période de contagiosité dure jusqu’à trois semaines
après le début des quintes ; si l’on traite l’enfant avec un macrolide, elle est de
cinq jours.
Prévention
La vaccination constitue la meilleure méthode de prévention contre la coqueluche.
Les vaccins acellulaires ont été mis au point dans les années 1990 à la suite des
inquiétudes associées aux effets secondaires des vaccins à germes entiers. Les vac-
cins acellulaires sont mieux tolérés que les vaccins à germes entiers, mais plusieurs
études suggèrent qu’ils sont moins immunogènes et qu’il y a une perte progressive
de l’immunité avec le temps. On donne le vaccin acellulaire à tous les enfants à
partir de l’âge de deux mois selon le calendrier vaccinal en vigueur. Une dose de
rappel du vaccin acellulaire contre la coqueluche est également recommandée
à l’adolescence et aux jeunes adultes. Une réaction anaphylactique consécutive
à l’administration d’un vaccin contenant la valence coquelucheuse, ou le dévelop-
pement d’une encéphalopathie dans les sept jours suivant l’administration d’un tel
vaccin et ne pouvant être attribuée à une autre cause, sont des contre-indications
à donner des doses subséquentes de vaccins contre la coqueluche. L’administra-
tion du vaccin contre la coqueluche est habituellement différée durant la première
année de vie chez les enfants atteints d’une maladie neurologique évolutive.
L’enfant hospitalisé doit être placé en isolement respiratoire durant la période
de contagiosité.
Les membres de la famille, vaccinés ou non, devraient être traités avec un
macrolide selon le même régime posologique que dans le cas du traitement
de la maladie [voir Problèmes épidémiologiques courants en service de garde
(garderie, crèche)].
Généralités
La grande majorité des corps étrangers ingérés traversent le tube digestif et sont
éliminés spontanément sans causer de complications. Les corps étrangers logés
dans les voies digestives sont le plus souvent radio-opaques, les pièces de mon-
naie étant de loin les plus fréquentes.
l’arc aortique. L’enfant déjà porteur d’une affection œsophagienne, comme des
cicatrices post-ingestion de caustiques ou une atrésie de l’œsophage opérée, est
plus à risque de souffrir d’obstruction par un corps étranger.
Le diagnostic se fait à l’aide d’une radiographie simple ou d’un transit œso-
phagien s’il s’agit d’un corps étranger non radio-opaque. Le corps étranger impacté
doit être enlevé sans tarder, car il y a un risque de perforation avec médiastinite.
Ce risque est plus élevé s’il s’agit de piles à bouton libérant un contenu corrosif,
qui sont utilisées dans plusieurs appareils électroniques courants ; il est aussi plus
grand s’il s’agit d’objets très pointus. La méthode la plus sûre est l’exérèse par voie
endoscopique sous anesthésie générale, les voies respiratoires étant protégées
par une sonde trachéale. Plusieurs auteurs ont utilisé avec succès une sonde à
ballonnet avec ou sans contrôle par fluoroscopie. Un corps étranger bloqué à la
jonction gastro-œsophagienne peut se déloger seul, surtout durant les 24 pre-
mières heures ; il est donc acceptable de différer l’exérèse dans de tels cas, si le
suivi rapproché est possible. L’utilisation de médicaments comme le glucagon
et le diazépam ou de boissons gazeuses pour dilater brièvement l’œsophage
présente des taux de succès anecdotiques.
Généralités
Chez l’enfant âgé de un à quatre ans, l’inhalation d’un corps étranger dans les voies
respiratoires est un problème assez fréquent. Il peut s’agir de n’importe quel petit
objet ou aliment, comme une arachide (cacahuète), un morceau de carotte crue,
268 Corps étrangers des voies respiratoires
un raisin, etc. Le plus souvent, ces corps étrangers sont radiotransparents. Lorsqu’il
est situé dans le pharynx, le larynx ou la trachée, le corps étranger peut être
responsable d’une mort subite. Lorsqu’il se loge dans une bronche, il peut causer
une morbidité importante s’il n’est pas enlevé rapidement.
corps étranger dans une bronche souche et permettre la ventilation par le côté
contralatéral. Ultimement, une ponction cricothyroïdienne (aiguille de calibre 14)
ou une cricothyrotomie sera effectuée pour rétablir une voie aérienne perméable.
Prévention
Compte tenu de la fréquence élevée de l’inhalation de corps étrangers dans
les voies respiratoires, il est opportun que le médecin de famille ou le pédiatre
donne des conseils préventifs au moment de chaque visite de routine : il ne faut
jamais laisser les enfants de moins de cinq ans jouer avec des pièces de monnaie,
des bijoux ou autre objet dont le diamètre est inférieur à 4 cm et ne jamais leur
donner ou laisser à leur disposition des arachides, des noix ou des graines, des
fragments de légumes crus, des fruits avec noyaux, des friandises (exemples :
gommes à mâcher, bonbons durs, croustilles) ni d’autres aliments difficiles à
mastiquer pouvant obstruer les bronches. Les raisins crus doivent être coupés
en morceaux suffisamment petits, tout comme les saucisses et les morceaux de
viande. Les arêtes de poisson et les petits os des viandes doivent être enlevés
avant de nourrir l’enfant.
Craniosynostoses et déformations
de la voûte crânienne 57
Jean Turgeon, Patricia Bortoluzzi, Louis Crevier, Emmanuelle Lemyre
Généralités
La craniosynostose (ou craniosténose) consiste en une fermeture prématurée
de une ou de plusieurs sutures du crâne. Elle peut être primaire ou secondaire
à une insuffisance de la croissance cérébrale. La craniosynostose primaire peut
être isolée ou, dans environ 15 % des cas, faire partie d’un syndrome malforma-
tif. Son étiologie demeure le plus souvent inconnue, quelques mutations géné-
tiques y étant associées. Le type de déformation de la tête et les complications
qui en résultent dépendent des sutures atteintes et de l’association ou non avec
un syndrome génétique. L’incidence est de 1 sur 2 000 naissances vivantes. La
suture sagittale est touchée dans 55 % des cas, la coronale, dans 25 % des cas,
et la métopique, dans près de 10 % des cas. La suture lambdoïde est rarement
atteinte. Dans 15 % des cas, plus de une suture est touchée.
Les déformations les plus fréquentes de la voûte crânienne demeurent posi-
tionnelles, par opposition à celles qui sont dites synostotiques, et ce, particu-
lièrement depuis 1992, moment où l’on a commencé à recommander de façon
systématique de placer les nourrissons en décubitus dorsal pendant le sommeil
pour prévenir la mort subite du nourrisson.
Manifestations cliniques
Il existe plusieurs déformations synostotiques caractéristiques de la voûte crâ-
nienne ; elles varient selon les sutures atteintes et peuvent être évidentes dès la
naissance.
Acrocéphalie (oxycéphalie, turricéphalie) Le crâne est allongé vers le
haut, en « pain de sucre » ou en « tour ». Cette anomalie est le résultat de cranio-
synostoses multiples.
Brachycéphalie La tête s’élargit selon son axe latérolatéral en raison de la fer-
meture prématurée des sutures coronales ; elle peut s’accompagner d’un hyper-
télorisme et d’une hypoplasie du tiers moyen du visage.
272 Craniosynostoses et déformations de la voûte crânienne
Explorations
Une déformation de la tête doit être recherchée à chaque examen du nouveau-né
ou du nourrisson. La palpation de la suture fermée prématurément peut révéler
un bourrelet osseux particulièrement dans le cas d’une craniosynostose méto-
pique ou sagittale. Une radiographie du crâne est indiquée chez tout enfant chez
qui l’on suspecte une craniosynostose. La disparition partielle ou complète d’une
suture confirme le diagnostic de craniosynostose alors qu’on trouve des sutures
perméables ou une « suture collante » (sclérose périsuturale avec suture ouverte)
dans le cas d’une plagiocéphalie positionnelle.
Traitement
L’enfant chez qui l’on a diagnostiqué une craniosynostose devrait être pris en
charge par une équipe multidisciplinaire. Il arrive souvent que plusieurs troubles
d’une autre nature soient associés à la craniosynostose ; il est donc habituelle-
ment indiqué de procéder à une évaluation pédiatrique complète, ophtalmo-
logique, ORL, neurologique et génétique. La fenêtre thérapeutique idéale varie
selon le type de craniosynostose. Pour la scaphocéphalie, l’intervention doit être
réalisée précocement, entre l’âge de 3 et 6 mois ; après l’âge de 10 à 12 mois,
les résultats sont beaucoup moins satisfaisants. Le traitement chirurgical, dans
ce cas, consiste à recréer une suture, ce qui permet au crâne de reprendre une
croissance harmonieuse. Dans les cas complexes (craniosynostoses multiples),
les craniosynostoses coronales et les craniosynostoses métopiques, le traite-
ment consiste à normaliser la forme du crâne et des orbites par un remodelage
chirurgical. Il s’agit d’interventions majeures de reconstruction craniofaciale qui
permettent d’obtenir de bons résultats esthétiques et fonctionnels. Elles néces-
sitent la collaboration de neurochirurgiens, de chirurgiens plasticiens, d’ophtal-
mologues et d’orthodontistes ; elles sont effectuées plus tardivement, souvent
vers l’âge de un an, alors que la croissance de la voûte crânienne est en bonne
partie complétée.
La plagiocéphalie positionnelle ne nécessite habituellement aucun traite-
ment particulier si elle est dépistée précocement. On recommande aux parents
des manœuvres qui obligeront le nourrisson à appuyer sa tête du côté opposé
à sa déformation (exemples : utiliser un coussin qui immobilise la tête sur le
côté opposé, offrir un stimulus visuel ou sonore du côté opposé à la déforma-
tion durant l’endormissement, alterner la position de l’enfant dans son lit). La
physiothérapie (kinésithérapie) est utile dans les cas de plagiocéphalie secon-
daire à un torticolis. Si la plagiocéphalie est importante, on peut avoir recours
à un casque ou à une orthèse de remodelage, surtout bénéfique entre l’âge de
quatre et six mois.
274 Cryptorchidie
Complications
Un retard dans le diagnostic ou dans le traitement d’une fermeture prématurée
des sutures crâniennes peut avoir des conséquences esthétiques, mais aussi fonc-
tionnelles, et être responsable de séquelles neurologiques, mentales ou visuelles
si plus de une suture est touchée ou si une hypertension intracrânienne s’est
développée. La fusion prématurée d’une seule suture cause rarement d’autres
problèmes que la déformation du crâne.
Cryptorchidie 58
Diego Barrieras, Guy Van Vliet
Généralités
On parle de cryptorchidie lorsque la migration du testicule s’est arrêtée entre
son lieu d’origine dans la région rénale et sa place normale dans le scrotum.
L’ectopie testiculaire désigne un testicule qui a passé l’anneau inguinal externe,
mais qui est situé en dehors du trajet normal de migration (face interne de la
cuisse, pli génitocrural, région prépubienne). Il convient de faire la distinction
entre la cryptorchidie et le testicule rétractile ; ce dernier est maintenu dans le
canal inguinal sous l’action du muscle crémastérien et peut être amené manuel-
lement dans le scrotum.
La cryptorchidie peut être unilatérale ou bilatérale. Elle est plus fréquente
chez le prématuré : la descente du testicule ne se termine normalement pas avant
le 7e ou le 8e mois de grossesse. La fréquence chez le nouveau-né à terme est
d’environ 3 %, mais elle peut atteindre 15 % chez le prématuré. L’anomalie se
situe du côté droit chez 70 % des garçons atteints. Dans environ 10 % des cas, le
testicule se trouve dans l’abdomen. La descente des testicules peut se produire
au cours des six premiers mois de vie, la fréquence n’étant plus que de 0,8 % à
l’âge de un an. Cette évolution naturelle est importante à connaître si l’on veut
éviter des explorations injustifiées ; il faut aussi en informer les parents afin
d’épargner une anxiété inutile.
Explorations
À l’inspection, des replis cutanés rugueux du scrotum suggèrent une descente
testiculaire normale ; leur absence indique que celle-ci n’a probablement pas eu
lieu. La palpation des testicules fait partie de tout examen ; elle doit se faire dans
une pièce bien chauffée, et les mains de l’examinateur doivent être chaudes. La
position accroupie facilite la manœuvre. Si l’on ne palpe pas le testicule dans la
bourse, il faut le rechercher plus haut dans le canal inguinal. Si on le palpe à cet
endroit, on doit tenter de l’abaisser manuellement pour déterminer s’il s’agit d’un
testicule rétractile ou d’une cryptorchidie vraie. En âge scolaire et avant la puberté,
le réflexe crémastérien est très vif, et l’on estime que le testicule rétractile est neuf
fois plus fréquent que la cryptorchidie vraie. Un testicule rétractile, une fois amené
dans le scrotum, devrait y rester quelques secondes sans traction. On recherche
une hydrocèle, un kyste du cordon ou une hernie inguinale. Un micropénis asso-
cié à une cryptorchidie est un indice d’hypogonadisme primaire ou secondaire.
En cas de cryptorchidie unilatérale, l’échographie permet parfois de localiser
le testicule avant l’exploration chirurgicale, mais la sensibilité de cet examen quant
Cryptorchidie 275
Traitement
Aucun traitement n’est indiqué pendant les six premiers mois de vie, car une
migration spontanée reste encore possible. Le traitement chirurgical doit être
effectué assez précocement parce qu’une diminution du nombre de spermato-
gonies peut déjà être observée à partir de l’âge de un an. Le meilleur moment
pour procéder à l’orchidopexie se situe dans la période de 12 à 18 mois de vie ;
cela permet d’éviter l’angoisse de castration possible chez l’enfant plus âgé et de
diminuer le risque de torsion qui peut passer inaperçue quand le testicule n’est
pas en place. Si les testicules ne peuvent être descendus, une orchidectomie est
indiquée étant donné le risque de cancérisation des testicules qui demeurent en
position intra-abdominale après la puberté. Le traitement médical au moyen de
gonadotrophine chorionique humaine ou de gonadolibérine (LHRH) ne donne
pas de résultats supérieurs à ceux d’un placebo ; il n’est donc pas recommandé.
Complications
Les principales complications sont les suivantes.
• Vulnérabilité accrue à l’égard des traumatismes, sauf si le testicule se trouve
dans l’abdomen.
• Infertilité (surtout en cas de cryptorchidie bilatérale) : le risque augmente si
le traitement est tardif.
• Cancer du testicule (après la puberté) : le risque est plus grand chez l’enfant
ayant présenté une cryptorchidie que dans la population normale, de 20 à
40 fois si le testicule était en position intra-abdominale et de 4 à 8 fois s’il
était en position inguinale. Il n’est pas absolument certain que l’orchidopexie
réduise le risque, mais la détection d’une tumeur est plus aisée si le testicule
a été ramené en position normale. Dans 60 % des cas, le cancer qui se déve-
loppe est un séminome survenant en général après l’âge de 50 ans. Quand
la cryptorchidie résulte d’un hypogonadisme hypogonadotrope, il n’est pas
sûr que le risque de cancer testiculaire soit augmenté.
• Torsion : en cas de cryptorchidie, le diagnostic est très difficile et souvent manqué.
276 Déficience intellectuelle
Déficience intellectuelle 59
Dominique Cousineau, Jacques Michaud, Katerina Theodoropoulos
Voir aussi Retard global du développement.
Généralités
I. Définitions et prévalence
L’intelligence désigne l’ensemble des facultés mentales permettant de com-
prendre les choses et les faits, de découvrir les relations entre eux et d’aboutir à
la connaissance conceptuelle et rationnelle. Elle peut ainsi être conçue comme
une faculté de compréhension et d’adaptation à des situations nouvelles.
Le quotient intellectuel (QI) détermine les performances d’un individu
par rapport à une norme pour un âge donné. La distribution du QI dans la
population générale suit une courbe de Gauss dont 100 est la valeur moyenne,
avec 95 % des valeurs de QI comprises à l’intérieur de deux écarts types de part
et d’autre de la moyenne (70-130).
La déficience intellectuelle (DI) se définit par trois critères coexistants :
1) fonctionnement intellectuel inférieur à deux écarts types sous la moyenne
(QI < 70) ;
2) limitations importantes dans le fonctionnement adaptatif ;
3) début des manifestations avant l’âge de 18 ans.
La gravité de la déficience se définit selon le niveau du QI :
• déficience intellectuelle légère : QI entre 50-55 et 70 ;
• déficience intellectuelle modérée : QI entre 35-40 et 50-55 ;
• déficience intellectuelle grave ou majeure : QI entre 20-25 et 35-40 ;
• déficience intellectuelle profonde : QI inférieur à 20-25 ;
• déficience intellectuelle non spécifiée : QI non testable, mais que l’on présume
être inférieur à 70.
Lorsque le diagnostic de DI se base uniquement sur la mesure du QI, la pré-
valence dans la population générale est estimée à environ 3 %. La DI légère est la
forme la plus fréquente (85 % des cas), elle atteint davantage les garçons que les filles
(1,6 pour 1) et se retrouve plus souvent dans les couches défavorisées de la popu-
lation, tandis que la DI profonde (de 1 à 2 % des cas) a une prévalence identique
selon le sexe et dans toutes les classes socio-économiques. Les cas de DI modérée
ou grave représentent respectivement environ 10 % et de 2 à 4 % des cas de DI.
Pour comprendre les limitations d’une personne atteinte de déficience intel-
lectuelle, il faut compléter la mesure du QI par une description du fonctionne-
ment ou du comportement adaptatif (socialisation, communication, autonomie
de la vie quotidienne et motricité) en le comparant à des personnes du même
âge et appartenant au même groupe de référence socioculturelle.
Chez un même individu, des limitations peuvent coexister avec des forces
relatives telles des aptitudes physiques allant, dans certains cas, jusqu’à permettre
de participer aux Jeux olympiques spéciaux. Ainsi, la DI est un phénomène com-
plexe, et les sujets atteints constituent un groupe très hétérogène. La description
des limitations est importante, notamment pour déterminer le profil de soutien
requis, afin d’améliorer le fonctionnement.
Déficience intellectuelle 277
II. Étiologie
L’établissement d’une étiologie permet d’évaluer le risque de récurrence et de
mieux définir le plan d’intervention et de soutien ; il peut avoir des retombées
positives sur l’adaptation familiale au handicap. Cependant, un diagnostic étio-
logique n’est possible que dans moins de 50 % des cas de DI légère.
Plus la DI est importante, plus une cause est susceptible d’être établie. L’ori-
gine est le plus souvent congénitale, secondaire à des désordres génétiques et
médicaux pouvant avoir un impact sur une variété de cascades biochimiques.
Quelle qu’en soit l’origine, la DI résulte de la perturbation du développement
du système nerveux central (SNC) et de son fonctionnement.
Certains désordres génétiques et médicaux sont toujours associés à une DI
(exemples : trisomie 21, hypothyroïdie congénitale ou phénylcétonurie non trai-
tée). Dans l’histoire personnelle de l’enfant, on peut trouver des facteurs de
risque dont l’effet sur le développement est variable (exemples : prématurité,
événement anoxo-ischémique) ; ceux-ci peuvent être isolés ou cumulatifs. Malgré
l’importance des facteurs d’ordre génétique, la pleine actualisation du potentiel
intellectuel sera fonction de facteurs environnementaux et d’expériences indi-
viduelles et sera modulée par la personnalité et le comportement de l’enfant.
On peut regrouper les causes de la DI selon le moment de survenue de
l’atteinte cérébrale (voir tableau 59.1). Les trois causes identifiables les plus fré-
quentes de DI sont les anomalies chromosomiques, le syndrome de l’X fragile
et le syndrome d’alcoolisation fœtale.
Les anomalies chromosomiques représentent la cause la plus fréquemment
reconnue de DI. Elles incluent les aneuploïdies (exemple : trisomie 21), les réar-
rangements déséquilibrés identifiables par caryotype et les microdélétions ou
microduplications submicroscopiques. La trisomie 21 (ou syndrome de Down)
est l’aberration chromosomique la plus fréquemment responsable de DI [voir
Syndrome de Down (Trisomie 21)].
278 Déficience intellectuelle
AD : transmission autosomique dominante ; AR : transmission autosomique récessive ; CMV : cytomégalovirus ; RCIU : restric-
tion de croissance intra-utérine ; SNC : système nerveux central ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine
les enfants de mères porteuses de certains allèles du gène FMR1. Les consé-
quences cliniques de cette instabilité dépendent du nombre de triplets « CGG »,
l’allèle normal comptant de 5 à 44 triplets.
• Allèle intermédiaire (45-54 triplets) : environ 15 % de ces allèles sont instables
et peuvent favoriser l’émergence de prémutations par transmission maternelle.
• Prémutations (55-200 triplets) : les femmes porteuses d’une prémutation ont
un risque accru d’avoir un enfant avec une mutation complète. Une insuffi-
sance ovarienne précoce se développera chez environ 20 % de ces femmes.
Les sujets porteurs de prémutations sont à risque de développer un syndrome
progressif d’ataxie et de tremblements au cours de la vie adulte.
• Mutation complète (plus de 200 triplets).
Les garçons porteurs de la mutation complète sont typiquement atteints du
syndrome de l’X fragile qui se caractérise par la triade suivante.
1) Déficience intellectuelle : la plupart des garçons ont un QI inférieur à 50, mais
l’atteinte cognitive peut être variable. Ils peuvent présenter un retard de déve-
loppement, un retard de langage, des troubles d’apprentissage (mémoire défi-
citaire, faiblesse des fonctions exécutives, des capacités visuospatiales et des
habiletés mathématiques), un trouble du déficit de l’attention avec hyperacti-
vité, des troubles de l’humeur et du comportement (anxiété, agressivité) avec
des traits autistiques.
2) Dysmorphies : visage allongé avec prognathisme, oreilles larges avec promi-
nauris, macrocéphalie. Chez le garçon prépubère, les signes sont beaucoup
moins spécifiques, la dysmorphie faciale peut être absente ou atypique.
3) Macro-orchidie.
Les filles porteuses d’une mutation complète ont un risque de 50 % de pré-
senter une DI généralement moins importante que chez le garçon. L’autre moitié
des filles ont une intelligence normale ou une lenteur intellectuelle qui peut s’ac-
compagner de troubles d’apprentissage et de coordination spatiale, du déficit de
l’attention ainsi que de troubles de comportement et de la socialisation (timidité,
anxiété et tendance dépressive).
Le diagnostic définitif du syndrome de l’X fragile se fait par biologie molé-
culaire. Le diagnostic prénatal est disponible.
Neurofibromatose de type 1 ou maladie de Von Recklinghausen
Elle figure parmi les maladies génétiques les plus fréquentes, avec une prévalence
de 1/3 000. La transmission se fait selon le mode autosomique dominant avec un
taux de mutation spontanée très élevé (50 %). Les manifestations cliniques sont
très variables, y compris au sein d’une même famille. Seulement de 2 à 5 % de
ces enfants ont une DI, et la moitié d’entre eux présentent un tableau de trouble
du déficit de l’attention avec hyperactivité ou de troubles du langage. Le dia-
gnostic est posé lorsqu’au moins deux des sept critères suivants sont présents :
1) au moins six taches café-au-lait (de plus de 5 mm chez les patients prépu-
bères ou de plus de 15 mm après la puberté) ;
2) des lentigines axillaires et inguinales ;
3) au moins deux neurofibromes cutanés ou un neurofibrome plexiforme ;
4) au moins deux nodules de Lisch (hamartomes de l’iris) ;
5) des lésions osseuses spécifiques (telle la dysplasie des ailes du sphénoïde) ;
280 Déficience intellectuelle
6) un gliome optique ;
7) un parent du premier degré atteint de neurofibromatose comme décrite ici.
Certaines complications peuvent survenir telles des tumeurs cérébrales et la
transformation sarcomateuse des neurofibromes.
Sclérose tubéreuse de Bourneville
C’est une affection héréditaire transmise selon le mode autosomique dominant,
avec un taux de mutation spontanée élevée (2/3), dont la pénétrance est com-
plète, mais l’expression est variable, avec une prévalence de 1/10 000. Chez les
patients souffrant de cette maladie, il se forme des hamartomes qui peuvent
survenir dans presque tous les organes, principalement la peau et le SNC, mais
aussi les reins, le cœur, les yeux, les vaisseaux sanguins, les poumons, les os et
le système gastro-intestinal. Environ 60 % des enfants atteints présentent une DI.
Les manifestations cutanées sont pathognomoniques : adénomes sébacés carac-
téristiques au visage, macules hypopigmentées (ash leaf ), plaques gaufrées en
peau de chagrin et tumeurs périunguéales. Elles permettent souvent de poser le
diagnostic assez précocement.
Le pronostic est principalement fonction des manifestations neurologiques qui
peuvent s’y associer : épilepsie (qui apparaît souvent dans les premières années
de vie), DI (fréquente) et, parfois, trouble du spectre de l’autisme.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
La connaissance des étapes du développement normal de l’enfant et sa surveil-
lance systématique au cours des visites périodiques chez le médecin permettent
de reconnaître précocement les facteurs de risque et les déviations de la trajec-
toire développementale habituelle, menant à l’établissement du diagnostic de DI.
La gravité de l’atteinte, la vigilance des parents et du praticien, leur niveau de
connaissances et d’expérience et leurs attentes influent sur le moment où le dia-
gnostic est posé.
Déficience intellectuelle 281
III. Explorations
Il n’existe pas de plan d’investigation standardisé pour la DI. On s’assure de
l’absence de déficit important de l’ouïe (environ 20 % des cas) et de la vue
(de 15 à 50 % des cas). Ce sont des éléments spécifiques de l’anamnèse et
de l’examen physique qui guideront la décision d’avoir recours ou non à des exa-
mens complémentaires. L’imagerie cérébrale est indiquée en présence d’un QI
inférieur à 50 ou de l’un des signes suivants : microcéphalie ou macrocéphalie,
282 Déficience intellectuelle
Évolution et pronostic
Le plan d’intervention doit être adapté aux besoins uniques de l’enfant et de
sa famille : il repose sur une rééducation spécialisée et individualisée ainsi que
sur le traitement de l’affection sous-jacente et de ses comorbidités s’il y a lieu.
Les enfants atteints de DI légère se développent habituellement assez bien
sur les plans de la communication et de la socialisation. Ils peuvent acquérir des
connaissances scolaires du niveau de la fin du primaire. À l’âge adulte, s’ils ont
bénéficié d’un environnement adéquat et de services rééducatifs appropriés, ils
peuvent fonctionner de façon autonome, même s’ils ont parfois besoin d’assis-
tance en situation de stress.
La plupart des patients atteints de DI modérée développent des aptitudes
à la communication durant la petite enfance, et ils peuvent atteindre un niveau
scolaire équivalent à une 1re année du primaire. Les objectifs de rééducation
visent l’autonomie. Ils peuvent apprendre à se déplacer seuls dans des milieux
connus. À l’âge adulte, la plupart d’entre eux réussissent des travaux simples
sous supervision, le plus souvent dans des ateliers adaptés.
Les enfants atteints de DI grave ne développent que peu ou pas de communica-
tion verbale dans la petite enfance. Plus tard, à l’âge scolaire, ils peuvent apprendre à
parler et à prendre soin d’eux-mêmes de façon élémentaire. À l’âge adulte, ils néces-
sitent une surveillance étroite même dans l’exécution des tâches les plus simples.
La DI profonde est, la plupart du temps, associée à une affection neurologique
bien définie. Elle nécessite une supervision étroite et constante, dans un milieu
adapté. Plus de 30 % des enfants atteints de DI profonde souffrent d’épilepsie.
Des déficits moteurs cérébraux peuvent être présents chez 20 à 30 % d’entre eux,
des troubles de langage chez 60 % et des troubles sensoriels chez 20 % de ces
enfants. Des troubles de la déglutition sont également fréquents.
Déficit de l’attention et hyperactivité 283
Certains enfants ont des problèmes de santé directement liés à leur maladie
de base (exemple : une malformation cardiaque chez un enfant atteint de triso-
mie 21). La prévalence des problèmes de santé mentale chez les sujets souffrant
de DI est trois ou quatre fois plus élevée que dans la population générale.
Le soutien des parents dans leur compréhension et leur adaptation au han-
dicap intellectuel est essentiel et doit se poursuivre à long terme. Il faut être très
prudent quant à la discussion du pronostic. Chaque personne atteinte de DI pos-
sède un tempérament, une personnalité, des capacités d’adaptation qui lui sont
propres. L’environnement familial et social, la culture, l’influence de personnes
importantes, l’accès aux ressources, la présence ou non de comorbidités sont autant
de facteurs qui peuvent influer sur l’évolution. Il s’agit d’encourager les parents
à considérer une année à la fois et à tracer de façon réaliste les progrès de leur
enfant en le comparant à lui-même. Certaines périodes de la vie de la personne
atteinte de DI peuvent représenter un grand défi pour ses parents et sa famille,
notamment l’adolescence. La famille peut obtenir des services (soutien psycholo-
gique et financier, répit, éducation) auprès de centres de réadaptation, de diverses
associations et de regroupements de parents. La présence d’un intervenant pivot,
tels un éducateur spécialisé ou un intervenant social, facilite grandement la coor-
dination des services.
Prévention
La prévention est souvent impossible. Parmi les interventions préventives efficaces,
il faut citer la vaccination contre la rubéole, la prévention de la prématurité, la
prise d’acide folique pendant la grossesse, le dépistage néonatal systématique de
la phénylcétonurie et de l’hypothyroïdie congénitale, les conseils visant à éviter
l’exposition du fœtus à des agents toxiques comme l’alcool et les substances illi-
cites, ainsi que les programmes de stimulation précoce du développement pour
les enfants qui présentent des facteurs de risque psychosociaux.
La reconnaissance d’une étiologie précise à l’origine de la DI permet d’offrir
un suivi médical mieux ciblé avec un plan de traitement plus adapté, tout en
anticipant les complications médicales ou comportementales et en précisant le
pronostic. Dans certains cas, un conseil génétique détermine le risque de réci-
dive pour les futures grossesses dans la famille nucléaire et élargie.
Généralités
Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) est un trouble neurolo-
gique chronique caractérisé par l’incapacité à maintenir l’attention, à moduler le
niveau d’activité et à inhiber les actions impulsives. Le TDAH perturbe le com-
portement, les relations interpersonnelles et le rendement scolaire, et il peut avoir
des conséquences à long terme en l’absence d’interventions appropriées. Environ
de 5 à 10 % des enfants d’âge scolaire sont touchés, les garçons étant plus souvent
atteints que les filles, dans une proportion de 3:1. On observe trois formes cli-
niques de TDAH : inattention prédominante (forme la plus fréquente chez les filles),
284 Déficit de l’attention et hyperactivité
hyperactivité et impulsivité prédominante, ainsi que forme mixte. Cette dernière est
la forme la plus fréquente, étant observée chez 80 % des patients. Les nombreuses
recherches sur l’étiologie du TDAH favorisent les pistes génétiques (forte tendance
familiale, association avec certains gènes) et neurobiologiques (déséquilibre dans
les systèmes dopaminergique et noradrénergique, déficit des fonctions frontales),
sans exclure pour autant l’influence de facteurs de stress environnementaux.
Manifestations cliniques
L’hyperactivité, l’inattention et les autres symptômes des enfants présentant
un TDAH peuvent se manifester à des degrés variables à la maison et à l’école. Ils
ont tendance à s’accentuer lorsque la tâche est difficile, répétitive ou ennuyeuse
ou que l’enfant est peu encadré. À l’inverse, ils peuvent diminuer d’inten-
sité lorsque l’enfant est soumis à des renforcements fréquents, qu’il fait face à
une situation nouvelle ou qu’il bénéficie d’une attention individuelle. L’hyperactivité
peut être apparente dès la petite enfance, mais c’est habituellement à l’âge scolaire
que l’enfant est amené chez le médecin, souvent à la demande des enseignants.
L’enfant atteint de TDAH donne souvent l’impression de ne pas écouter
ou de manquer de persévérance. Il a tendance à se disperser lorsqu’il exécute
une tâche et manifeste souvent des difficultés dans l’organisation et la plani-
fication de son travail. Son impulsivité se traduit par une incapacité d’inhiber
ses actions et ses réponses. Il répond de façon précipitée, bavarde, ne peut
attendre son tour, tolère mal la frustration ou interrompt continuellement les
autres. Il remue sur sa chaise, se lève souvent ou est franchement agité. En
raison de leur comportement difficile, les enfants hyperactifs sont souvent mal
acceptés par les autres.
Dans plus de 50 % des cas, le TDAH s’accompagne d’une comorbidité telle
qu’un trouble d’apprentissage ou du langage, un trouble d’opposition avec pro-
vocation, un trouble de conduite, un trouble anxieux ou un état dépressif. Ces
comorbidités peuvent influer sur l’évolution et le traitement du TDAH.
Approche clinique
La démarche diagnostique nécessite une étroite collaboration entre le médecin, les
parents et les divers professionnels impliqués auprès de l’enfant ou de l’adoles-
cent. En l’absence de marqueur biologique, le diagnostic du TDAH repose sur
des critères comportementaux tels que définis dans la 4e édition du Manuel dia-
gnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) de l’American Psychiatric
Association (les critères décrits dans la 5e édition parue en 2013 sont similaires)
(voir tableau 60.1). On recherche ces critères auprès des parents, des intervenants
scolaires et aussi des enfants plus âgés et des adolescents au moyen d’entrevues
et à l’aide de questionnaires et d’échelles de comportement (exemple : échelle de
Conners). On doit également procéder à une anamnèse complète qui comporte
les éléments suivants : antécédents périnataux, état de santé, habitudes alimen-
taires et du sommeil, développement de la motricité grossière et fine, des habile-
tés sociales et du langage, comportement, humeur, tempérament, cheminement
et vécu scolaires et milieu de vie. Il est important de déterminer les antécédents
familiaux tant sur le plan de la santé physique et mentale que sur le plan scolaire,
de la structure familiale, ainsi que de l’environnement scolaire et socioculturel.
Déficit de l’attention et hyperactivité 285
(2) six des symptômes suivants d’hyperactivité-impulsivité (ou plus) ont persisté pendant au moins six mois,
à un degré qui est inadapté et qui ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant** :
Hyperactivité
(a) remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège ;
(b) se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis ;
(c) souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié (chez les adolescents
ou les adultes, ce symptôme peut se limiter à un sentiment subjectif d’impatience motrice) ;
(d) a souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir ;
(e) est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur des ressorts » ;
(f ) parle souvent trop.
Impulsivité
(g) laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée ;
(h) a souvent du mal à attendre son tour ;
( i ) interrompt souvent les autres ou impose sa présence (exemple : fait irruption dans les conversations
ou dans les jeux).
B. Certains des symptômes d’hyperactivité-impulsivité ou d’inattention ayant provoqué une gêne fonctionnelle
étaient présents avant l’âge de sept ans***.
C. Présence d’un certain degré de gêne fonctionnelle liée aux symptômes dans deux, ou plus de deux types
d’environnement différents (p. ex., à l’école – ou au travail – et à la maison).
D. On doit mettre clairement en évidence une altération cliniquement significative du fonctionnement social,
scolaire ou professionnel.
E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’un trouble envahissant du développement,
d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux expliqués par un autre
trouble mental (p. ex., trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif ou trouble de la personnalité).
* Les différentes formes de déficit de l’attention/hyperactivité sont classées de la façon suivante : a) déficit de l’atten-
tion/hyperactivité, type mixte : si, à la fois, les critères A(1) et A(2) sont remplis pour les six derniers mois ; b) déficit
de l’attention/hyperactivité, type inattention prédominante : si, pour les six derniers mois, le critère A(1) est rempli,
mais pas le critère A(2) ; c) déficit de l’attention/hyperactivité, type hyperactivité/impulsivité prédominante : si, pour
les six derniers mois, le critère A(2) est rempli, mais pas le critère A(1).
** Selon la 5e édition du DSM, au moins cinq symptômes sont requis pour les adolescents de 17 ans ou plus.
*** Selon la 5e édition du DSM, certains des symptômes d’inattention ou d’hyperactivité-impulsivité doivent être présents
avant l’âge de 12 ans.
Tiré du Mini DSM-IV-TR, Critères diagnostiques, 4e éd. Paris, France, Masson, 2004. Reproduit avec autorisation.
Ce tableau décrit les critères diagnostiques proposés dans la 4e édition du DSM ; en effet, au moment de la publication
du présent Dictionnaire, la traduction française de la 5e édition (2013) n’était pas parue. Les critères diagnostiques du
trouble du déficit de l’attention/hyperactivité définis dans ces deux éditions sont les mêmes, à quelques éléments près,
spécifiés dans les notes ** et ***.
286 Déficit de l’attention et hyperactivité
Traitement
Le traitement du TDAH repose sur une approche globale et multidisciplinaire ;
il vise à diminuer les comportements dérangeants de l’enfant et à favoriser la
meilleure adaptation possible de ce dernier dans son milieu familial et scolaire
tout en recourant, au besoin, à une médication comme traitement de soutien. La
collaboration du médecin, des parents et du milieu scolaire est essentielle pour
assurer la cohérence de l’intervention et la transmission d’une information juste
sur le TDAH et son traitement.
I. Intervention psychosociale
Les modalités d’intervention psychosociale varient en fonction de la gravité des
problèmes de l’enfant ou de l’adolescent, de la présence ou non d’un trouble
associé (comorbidité) et des difficultés éprouvées dans les milieux familial et sco-
laire. Un traitement comportemental, un programme d’aide aux habiletés sociales,
une thérapie de soutien, des approches cognitives, l’intégration à des activités
de nature sportive ou autre sont autant de moyens qui peuvent aider l’enfant
ou l’adolescent. Des interventions auprès des parents et de la fratrie sont utiles,
que ce soit sous forme de thérapie familiale, de mesures de répit, d’adhésion à
des groupes de soutien ou encore d’entraînement aux habiletés parentales. En
milieu scolaire, les intervenants pourront recourir à des techniques de modi-
fication du comportement, à un encadrement pédagogique spécifique, à une
adaptation du matériel et du mode de présentation des contenus scolaires, à
des interventions pour améliorer l’organisation du travail ou pour stimuler les
capacités d’attention ainsi qu’à des aménagements dans l’organisation physique
de la classe.
Déficit de l’attention et hyperactivité 287
tolèrent pas. Il faut alors décider si une médication autre s’impose en dirigeant au
besoin l’enfant vers un spécialiste ayant une expertise en psychopharmacologie.
Suivi
En période d’ajustement médicamenteux, un suivi médical rapproché s’impose.
Une fois la situation stabilisée, des visites tous les trois à six mois suffisent habi-
tuellement. La pression artérielle, la fréquence cardiaque, le poids et la taille font
partie des paramètres à surveiller, mais il n’est pas nécessaire de procéder à des
épreuves paracliniques particulières.
Déficits immunitaires primaires 289
Le suivi médical a toute son importance, non seulement pour s’assurer que
le patient tolère bien les médicaments ou pour en ajuster la dose au besoin, mais
aussi pour vérifier les progrès accomplis, constater l’amélioration de la situation
familiale et scolaire, échanger sur les perceptions en regard de la médication et
fournir conseils et soutien aux parents et au patient lui-même.
Il est possible de poursuivre le traitement pharmacologique pendant plu-
sieurs années. On peut arrêter la médication quand l’évolution est favorable
et lorsque la situation demeure stable. Il est parfois utile de procéder à des
essais d’arrêt de la médication pendant que le patient vit une période scolaire
calme, afin d’évaluer la nécessité ou non de la poursuivre. Pendant l’adoles-
cence, il est fréquent que le jeune se montre réticent à continuer de prendre
une médication même s’il en retire des bénéfices certains. Il faut discuter de
la situation avec lui pour prendre la meilleure décision. Les stimulants, tout
comme l’atomoxétine, peuvent être arrêtés brusquement sans recourir à une
période de sevrage.
Pronostic
L’avenir à long terme des enfants et des adolescents atteints de TDAH peut se
résumer de la façon suivante : 30 % vont s’adapter à la vie adulte et à ses exi-
gences, de 50 à 60 % continueront à présenter certaines anomalies du compor-
tement, de gravité variable, et de 10 à 15 % présenteront des problèmes graves
d’adaptation et des troubles psychologiques importants.
Généralités
Le système immunitaire est un ensemble complexe de cellules et de protéines
ayant pour fonction de reconnaître et d’éliminer les éléments étrangers à l’or-
ganisme, ainsi que les cellules infectées. Les déficits immunitaires primaires
comprennent plus de 100 maladies différentes, de fréquence très variable. Par
exemple, la fréquence du déficit en IgA est d’environ 1 enfant par 500 nais-
sances vivantes, alors que celle de la granulomatose septique chronique est
d’environ 1 sur 200 000.
On peut regrouper les déficits immunitaires en cinq grandes catégories :
1) déficits de l’immunité humorale (environ 50 % des déficits immunitaires) : ils
touchent les lymphocytes B et les immunoglobulines ;
2) déficits combinés (environ 30 % des déficits immunitaires) : ils touchent à la
fois l’immunité humorale et cellulaire (lymphocytes T) ;
3) déficits de la fonction phagocytaire (environ 18 % des déficits immunitaires) :
ils touchent les polymorphonucléaires, les monocytes et les macrophages ;
4) déficits du complément (environ 2 % des déficits immunitaires) ;
5) déficits de l’immunité innée (moins de 1 % des déficits immunitaires).
Le tableau 61.1 résume les caractéristiques des principaux déficits immuni-
taires primaires.
290 Déficits immunitaires primaires
Manifestations cliniques
I. Manifestations cliniques liées à des infections
On doit soupçonner un déficit immunitaire primaire en présence d’infections
répétées ou inhabituelles dans leur présentation ou leur gravité.
Déficits de l’immunité humorale Les infections commencent le plus sou-
vent après la disparition des anticorps maternels transmis par voie fœtoplacen-
taire, soit vers l’âge de sept à neuf mois. Dans les déficits immunitaires communs
variables, les plus fréquents, ces infections répétées peuvent débuter à tout âge,
mais toujours après six mois. Dans la majorité des cas, il s’agit d’infections bac-
tériennes récidivantes (otite, sinusite, pneumonie, bactériémie, méningite). Ce
sont les bactéries encapsulées, comme le Streptococcus pneumoniæ, qui sont le
292 Déficits immunitaires primaires
• L’aspect des cheveux peut être particulier : on trouve un reflet argenté dans
la maladie de Chediak-Higashi et dans le syndrome de Griscelli.
• Certains déficits immunitaires primaires, tels les syndromes de DiGeorge et
d’hyperIgE, s’accompagnent d’un faciès particulier. Le syndrome de DiGeorge,
caractérisé par des troubles de développement des premiers arcs branchiaux,
peut comprendre un ou plusieurs des éléments suivants : dysmorphie faciale,
cardiopathie congénitale, hypoparathyroïdie avec hypocalcémie, hypoplasie
thymique.
• La présence d’une dysplasie ectodermique anhidrotique doit faire rechercher
un déficit de l’immunité innée, tel un NEMO (NF-κB essential modulator).
Explorations
I. Exploration de l’immunité humorale
En cas de suspicion d’un déficit humoral, les explorations initiales devraient
comprendre un hémogramme et un dosage des immunoglobulines sériques
(IgA, IgG, IgM et IgE). Selon l’importance des manifestations cliniques, l’inves-
tigation peut se poursuivre avec les éléments suivants : dosage des sous-classes
d’IgG (surtout IgG2) après l’âge de 18 mois ; sérologies pour les agents contre
lesquels l’enfant a été vacciné ou par lesquels il a été infecté antérieurement,
dosage des isohémagglutinines (IgM dirigées contre les antigènes des groupes
sanguins A et B) ; évaluation de la dynamique de la réponse humorale par
dosage des anticorps spécifiques avant et après vaccination ; évaluation de
l’immunité cellulaire.
Traitement
On doit traiter rapidement et vigoureusement tout épisode infectieux, pour éviter
des complications potentiellement mortelles ou des séquelles permanentes.
Une antibioprophylaxie est requise dans certains cas. Par exemple, les enfants
atteints d’un déficit cellulaire avec lymphopénie T reçoivent du triméthoprime/
sulfaméthoxazole pour prévenir les pneumonies à Pneumocystis jiroveci. En cas
de déficit humoral, s’il y a des infections bactériennes répétées malgré l’usage
d’immunoglobulines par voie intraveineuse ou sous-cutanée à doses adéquates,
on peut être amené à ajouter une antibioprophylaxie pour éviter des surinfec-
tions et prévenir des complications (exemple : bronchiectasies).
Il est important d’éviter l’administration de vaccins vivants (exemples : rougeole,
rubéole, oreillons, varicelle, tuberculose, rotavirus, vaccin grippal vivant inhalé)
chez les enfants présentant des déficits de l’immunité humorale ou cellulaire.
Le vaccin oral vivant atténué contre la poliomyélite est, quant à lui, contre-
indiqué non seulement pour l’enfant atteint, mais aussi pour les membres de sa
famille, étant donné sa possible transmission par la voie fécale-orale.
Pour les patients recevant des immunoglobulines par voie intraveineuse ou
sous-cutanée, la vaccination est inutile, sauf pour le vaccin inactivé de la grippe
qui peut être proposé à ceux chez qui l’on peut espérer la production d’anticorps ;
il doit surtout être proposé à l’entourage. Certaines précautions doivent être res-
pectées en ce qui concerne les transfusions de produits sanguins. Tout enfant,
incluant tout nouveau-né, chez qui l’on suspecte un déficit de l’immunité cellu-
laire ne peut recevoir que des produits irradiés et sans leucocytes, afin d’éviter
des réactions de type greffon contre l’hôte et la transmission du cytomégalovirus.
Les immunoglobulines demeurent le traitement de base des déficits humo-
raux et des déficits combinés. Alors que l’administration des immunoglobulines
se faisait classiquement par voie intraveineuse, en milieu hospitalier, elle se fait
désormais le plus souvent par voie sous-cutanée, à domicile. On suggère des
doses de remplacement de 400 à 600 mg/kg répétées à intervalle de 4 semaines
pour les immunoglobulines intraveineuses ou en 4 doses fractionnées à intervalle
de 1 semaine lorsqu’elles sont administrées par voie sous-cutanée. On ajuste les
injections subséquentes selon le taux résiduel d’IgG du patient, en sachant qu’il
n’existe pas de consensus pour le niveau seuil. De façon générale, plus les taux
sont élevés, plus le risque de contracter une infection grave diminue ; il est cou-
rant de recommander d’obtenir un taux de 8 g/L ou plus. Néanmoins, le plus
important est de s’adapter à l’état clinique du patient, le taux résiduel requis
étant différent d’un patient à l’autre.
Parmi les traitements plus complexes, les immunomodulateurs (exemple :
anti-CD20) sont utilisés dans les cas de maladies auto-immunes graves ou
d’infection importante à virus Epstein-Barr avec syndrome lymphoprolifératif.
Déformations et malformations des membres inférieurs 295
Un traitement par cyclosporine, étoposide (ou VP-16) et cortisone peut être néces-
saire dans les syndromes hémophagocytaires (syndrome d’activation macropha-
gique) primitifs. La greffe de moelle osseuse constitue parfois le seul traitement
possible pour certains déficits immunitaires primaires.
Prévention
L’identification génétique de plusieurs déficits immunitaires primaires permet
maintenant leur dépistage prénatal, ainsi que le dépistage des porteurs. Un
conseil génétique est primordial pour les parents, la fratrie et la famille étendue
des enfants atteints.
Déformations et malformations
des membres inférieurs 62
Marie-Andrée Cantin, Lydia Di Liddo
Généralités
Ce chapitre aborde seulement les déformations et les malformations les plus com-
munes. Le rôle du médecin est de dépister ces anomalies et d’adresser l’enfant
qui nécessite un traitement spécialisé à un orthopédiste, si nécessaire.
A B
296 Déformations et malformations des membres inférieurs
Après l’âge de deux ans, tout varus résiduel est anormal et justifie une consul-
tation en orthopédie. Le diagnostic est clinique : on place l’enfant en décubitus
dorsal avec les membres inférieurs allongés, on mesure l’écart entre les condyles
fémoraux lorsque les chevilles sont en contact l’une avec l’autre ainsi que l’angle
du varus fémorotibial.
Lorsqu’il est bilatéral, ce genu varum pathologique peut correspondre à une
maladie de Blount. Cette dernière est plus fréquente chez les enfants noirs, les
enfants avec excès pondéral et ceux qui, par surcroît, auraient commencé la marche
très tôt. Lorsqu’il est associé à une petite taille, on doit suspecter une dysplasie
osseuse (achondroplasie) ou une maladie métabolique (rachitisme), surtout si la
déformation progresse rapidement. Le genu varum peut représenter une séquelle
d’infection (exemples : ostéomyélite, méningococcémie) ou être secondaire à un
traumatisme asymétrique de la plaque de croissance avec arrêt de croissance de
l’os du côté de l’atteinte physaire : la déformation est alors unilatérale.
Une radiographie des deux membres inférieurs de face n’est indiquée que
chez l’enfant âgé de plus de 18 mois qui présente un genu varum important
(angle fémorotibial supérieur à 20°) ou associé à une laxité fémorotibiale latérale,
ou si l’on suspecte une maladie métabolique ou une dysplasie osseuse.
Le traitement d’un genu varum pathologique est habituellement chirurgical.
A B
Généralités
La dermite atopique est un eczéma chronique et récidivant qui touche près
de 20 % de la population pédiatrique. L’incidence de cette maladie a beaucoup
augmenté au cours des dernières années (vers les années 1960, on estimait
que 5 % des enfants étaient atteints, comparativement à environ 15 à 25 % au tour-
nant des années 2000). Pour expliquer cette augmentation, on propose l’hypothèse
« hygiéniste », selon laquelle l’amélioration des conditions d’hygiène et la diminu-
tion des maladies infectieuses favoriseraient l’expression du système immunitaire
vers les maladies inflammatoires plutôt que vers la défense microbienne. Il n’y
a pas de prédilection ethnique ni de sexe. Plusieurs éléments interviennent dans
l’étiologie de la dermite atopique : l’hérédité, une mutation du gène codant pour
la filaggrine (une protéine qui permet l’agrégation des filaments de kératine), des
facteurs immunologiques, l’environnement et l’altération de la barrière cutanée.
De 30 à 35 % des enfants atteints présenteront ultérieurement de l’asthme ou
une rhinoconjonctivite allergique. Chez environ 70 % des patients, on note une
maladie atopique chez d’autres membres de la famille. Environ 70 % des cas de
dermite atopique se manifestent avant l’âge de 5 ans.
Manifestations cliniques
La dermite atopique commence très tôt chez le nourrisson, souvent dès les pre-
mières semaines de vie. Dans environ les deux tiers des cas, l’affection a dis-
paru vers l’âge de cinq ans, quoique des récurrences de poussées eczémateuses
peuvent survenir des semaines, voire des années, après une rémission apparente.
La dermite atopique se caractérise en effet par des exacerbations et des rémis-
sions intermittentes, plutôt que par une évolution continue.
304 Dermite atopique (eczéma atopique)
Explorations
Le diagnostic demeure essentiellement clinique. Aucun examen paraclinique
n’est nécessaire. Lorsque les lésions semblent surinfectées, il peut être utile d’en
faire une culture.
Dans la majorité des cas, les tests d’allergie ne sont pas nécessaires. Tou-
tefois, chez l’enfant âgé de moins de deux ans qui présente une dermite ato-
pique grave, étendue et réfractaire au traitement, surtout s’il y a une histoire
familiale d’allergie, il arrive que des allergies environnementales ou alimentaires
associées soient mises en évidence. Bien que non responsables de la dermite
atopique, ces allergies l’aggravent. Le cas échéant, il faut exclure de l’environ-
nement les allergènes identifiés (exemples : acariens, moisissures). Les princi-
paux allergènes alimentaires sont les œufs, le soja, le blé, les protéines du lait
de vache, le poisson et les arachides. En cas d’allergie alimentaire confirmée,
il faut éviter l’allergène en cause au moins jusqu’à ce que l’allergie se résolve
d’elle-même. La collaboration de spécialistes en diététique et en allergologie
est souhaitable.
Traitement
Il n’existe à ce jour aucun médicament curatif de la dermite atopique. Cepen-
dant, il est possible d’augmenter la fréquence et la durée des périodes d’accalmie
et de réduire l’intensité des poussées grâce à une prise en charge adéquate de
la maladie. Le traitement est individualisé pour chaque patient, selon son âge, la
chronicité, l’étendue et la gravité des lésions, l’état psychologique de l’enfant et
l’impact de la maladie sur le patient et sa famille.
Dermite atopique (eczéma atopique) 305
I. Éducation thérapeutique
L’éducation thérapeutique fait partie intégrante du traitement des maladies chro-
niques et constitue la clé du succès. Elle doit inciter à la prise en charge globale, à
l’observance du traitement par l’enfant et ses parents, à la reconnaissance et à l’évi-
tement des facteurs aggravants et à une intervention rapide en cas d’exacerbation.
onguents, les crèmes et les lotions. Les onguents sont des émulsions d’eau dans
l’huile (exemple : gelée de pétrole [VaselineMD]) et ont des propriétés occlusives
très efficaces pour réhydrater la peau très sèche. Les crèmes sont des émulsions
d’huile dans l’eau, d’une consistance plus agréable et plus facile à appliquer.
Leur pouvoir occlusif est moindre que celui des onguents, mais plus efficace que
celui des lotions. On conseille plus rarement les lotions, car elles contiennent
des ingrédients qui peuvent irriter une peau fragile et parce qu’elles ont moins
de propriétés occlusives. On applique l’hydratant après le bain ou la douche sur
tout le corps et davantage sur les zones sèches. La quantité d’hydratant habituel-
lement nécessaire pour un enfant est d’environ 250 g/semaine.
Pendant les poussées inflammatoires, on applique les médicaments topiques
avant l’hydratant. En cas d’aggravation des symptômes associée à l’utilisation
d’un produit nouveau ou déjà utilisé, il faut interrompre le traitement et aviser
le médecin traitant, car il peut s’agir d’une irritation, d’une allergie ou d’une
intolérance au produit.
V. Immunomodulateurs topiques
Les inhibiteurs de la calcineurine – le tacrolimus et le pimécrolimus – constituent
un autre type de traitement topique très utile pour le visage et les plis. Certains
patients présentent du prurit ou éprouvent une sensation de brûlure au site d’ap-
plication, généralement de courte durée, qui s’estompe souvent avec l’usage.
On peut aussi utiliser ces préparations en prévention des poussées d’eczéma
en les appliquant matin et soir, deux fois par semaine, aux sites habituels de
récurrence des lésions.
VI. Antibiotiques
L’infection bactérienne secondaire se manifeste sous forme d’écoulement séreux
et parfois malodorant à partir des zones cutanées atteintes, de croûtes couleur
de miel, de lésions de folliculite ou de furonculose. Elle est souvent causée par
le S. aureus ou le S. pyogenes. Le traitement antibiotique de première intention
est la cloxacilline ou la céphalexine (céfalexine) par voie orale, remplacée par
un macrolide en cas d’allergie à la pénicilline. La clindamycine est une option
chez les patients allergiques à la pénicilline ou porteurs de souches de S. aureus
résistantes aux macrolides. Les antibiotiques topiques, tels la mupirocine ou
l’acide fucidique, peuvent parfois enrayer une infection mineure s’ils sont appli-
qués précocement pendant quelques jours. Tant que l’infection cutanée n’est
pas maîtrisée, il est difficile d’améliorer l’eczéma.
Afin d’éviter l’apparition d’une résistance aux antibiotiques, on ne doit pas
les utiliser à titre préventif. Pour les enfants dont l’eczéma est souvent infecté,
on peut recourir à des bains avec de l’eau de Javel (environ 60 mL dans un
grand bain).
VII. Antihistaminiques
Les antihistaminiques oraux ont peu d’effet sur le prurit, mais ils peuvent procu-
rer un meilleur sommeil. L’hydroxyzine et la diphenhydramine sont moins coû-
teux que les antihistaminiques H1 de 2e génération, et leur effet secondaire de
somnolence durant la journée est minimisé s’ils sont utilisés en dose unique au
coucher. Les antihistaminiques topiques et les agents anesthésiques ne soulagent
pas le prurit et peuvent causer une dermite de contact allergique.
VIII. Photothérapie
On réserve la photothérapie avec rayons ultraviolets B ou avec psoralènes et
rayons ultraviolets A à la dermite atopique qui ne répond pas aux traitements
usuels. Elle requiert des visites fréquentes, de une à trois fois par semaine,
pendant au moins deux mois. Les effets secondaires incluent une phototoxicité
aiguë et un risque de cancer de la peau en cas de traitement prolongé.
X. Psychothérapie
Les facteurs émotifs et psychologiques influent sur le cours de la dermite ato-
pique. Une psychothérapie peut être nécessaire en raison de la détresse psy-
chologique et de l’impact de la maladie sur l’enfant et sa famille. Certaines
approches (relaxation, biofeedback, hypnothérapie) ont pour but de diminuer
le stress causé par la maladie, d’augmenter la confiance et l’estime de soi, de
modifier un comportement (contrôle du prurit), d’optimiser l’observance au trai-
tement ou simplement de fournir un soutien psychologique nécessaire devant
la chronicité de la maladie.
Complications
Une complication grave de la dermite atopique est l’eczéma herpétiforme ou
éruption varicelliforme de Kaposi. Dans ces cas, l’infection virale herpétique se
dissémine souvent à toutes les lésions eczémateuses (voir Infections herpétiques).
Une infection fongique peut aussi se propager rapidement.
En présence d’une infection cutanée importante ou après l’arrêt des corti-
costéroïdes systémiques, la dermite atopique peut évoluer en une érythrodermie
exfoliatrice accompagnée de fièvre, de septicémie, d’insuffisance cardiaque et
de troubles de la thermorégulation.
Généralités
La dermite de contact aiguë est une réaction cutanée inflammatoire de nature
allergique, irritative ou photo-induite. Elle est fréquente en pédiatrie, et ses mani-
festations sont variées.
La dermite de contact allergique est une réaction d’hypersensibilité de type I
ou IV. Les principaux agents responsables sont les plantes vénéneuses (exemple :
sumac vénéneux ou « herbe à puce » au Canada), le nickel (exemples : boutons,
bijoux, montres), le cobalt, le caoutchouc, le latex (personnel de la santé, patient
avec spina bifida ou ayant des cathétérismes vésicaux répétés) et certains pro-
duits topiques (exemples : médicaments, savons, crèmes, vernis à ongles, cosmé-
tiques, parfums). Le paraphénylènediamine, un produit présent dans le henné
commercial (tatouages temporaires) et certaines teintures capillaires, peut éga-
lement causer une dermite allergique.
Dermite de contact aiguë 309
La dermite de contact irritative fait suite à l’effet cytotoxique direct sur l’épi-
derme d’un agent irritant tel que certains savons ou détergents, les agrumes, la
salive, les selles ou les urines.
Dans la dermite photo-induite, l’irradiation d’une substance par la lumière
ultraviolette la transforme en agent irritant (phototoxique) ou allergène (photo-
allergique). Les substances les plus fréquemment impliquées sont les teintures,
le parfum, le goudron, certains médicaments (exemples : sulfonamides, tétracy-
clines, griséofulvine et thiazides), l’écran solaire PABA (acide para-amino ben-
zoïque) ainsi que certains fruits et légumes et certaines plantes contenant de la
furocoumarine (exemples : panais, carotte, persil, citron).
Manifestations cliniques
Les sites de contact présentent des placards érythémateux, des lésions eczéma-
teuses, des vésicules ou des bulles. La distribution linéaire, artificielle ou géo-
métrique et au contour bien délimité suggère habituellement le diagnostic. Un
œdème peut être présent, particulièrement au visage ou aux organes génitaux.
Des allergènes aérosolisés (fumée produite par un feu de branches d’herbe à
puce) peuvent donner une atteinte extensive. La dermite photo-induite touche
uniquement les zones exposées au soleil.
Dans la dermite à l’herbe à puce, on observe des lésions érythémateuses
linéaires et vésiculaires sur les zones exposées de la peau, qui épargnent généra-
lement le cuir chevelu et les surfaces palmoplantaires. Des lésions noires (black
spot poison ivy) sont parfois présentes. La dermite survient environ 48 heures – et
parfois quelques jours – après le contact et persiste de 1 à 3 semaines.
Dans la dermite de contact allergique, l’éruption peut apparaître jusqu’à
une semaine après l’exposition initiale alors qu’elle se manifeste en quelques
heures seulement au moment d’une réexposition. Dans l’urticaire de contact,
les symptômes débutent dans l’heure suivant le contact. Les réactions phototoxiques
ressemblent à des brûlures du premier degré. Les réactions photo-allergiques
sont généralement prurigineuses et requièrent une sensibilisation antérieure.
Une exposition chronique peut mener à un épaississement cutané, à une
lichénification ou à une hyperpigmentation. Des lésions de grattage secondaires
peuvent se surinfecter. À l’occasion, après la dermite de contact initiale, une éruption
plus généralisée apparaît. Cette éruption fine, papulaire, érythémateuse, quelque-
fois vésiculaire et prurigineuse est appelée auto-eczématisation ou réaction « id ».
Explorations
L’anamnèse et l’examen suffisent habituellement. Le test épicutané de provoca-
tion (patch test) est surtout utile à l’évaluation des réactions réfractaires au trai-
tement. Ce test, indolore, consiste à appliquer sur le dos un sparadrap muni de
cupules contenant plusieurs allergènes courants ou suspectés. On garde le tout
en place pendant 48 à 72 heures.
Traitement
• Supprimer l’agent responsable, s’il est identifié. Dans les cas d’herbe à puce, laver
rapidement la peau et les vêtements à l’eau savonneuse ; lorsque l’huile a été
lavée, le contenu des vésicules cutanées n’entraîne pas de diffusion des lésions.
310 Dermite du siège (dermite de couches)
Prévention
La prévention consiste à éviter le contact avec l’allergène en cause.
Généralités
La dermite du siège ou « dermite de couches » est fréquente chez l’enfant âgé de
moins de deux ans. Bien qu’elle se manifeste le plus souvent par un érythème
léger, des formes plus graves avec ulcérations et érosions sont observées, sur-
tout au cours d’épisodes infectieux (par exemple, en lien avec la diarrhée ou
la prise d’un antibiotique) et causent de l’inconfort et de la douleur à l’enfant.
La forme la plus fréquente de dermite de couches est la dermite irritative
simple. Les facteurs qui en sont responsables sont les suivants :
• friction : facteur majeur, provoque des dommages physiques à la couche cor-
née et de la macération ;
• humidité : augmente la perméabilité de la peau et donc les réactions aux
irritants ;
• urine et selles : diverses enzymes telles les protéases et les lipases fécales, de
même que l’uréase, entraînent une alcalinisation et une irritation de la peau,
dont le pH naturel est plutôt acide, et ce phénomène s’amplifie en présence
des sels biliaires fécaux ;
• micro-organismes : lorsque l’intégrité de la peau est brisée, ils peuvent atteindre
l’épiderme et causer de l’infection.
2) Surinfections bactériennes
Impétigo Il s’agit d’érosions superficielles avec ou sans croûtes de couleur
miel, causées par le Staphylococcus aureus.
Folliculite importante Elle se manifeste par des papules et des pustules aux
fesses, aux cuisses et au bas de l’abdomen. Des pustules plus profondes et des
abcès peuvent nécessiter une antibiothérapie par voie orale ou parentérale.
Infection streptococcique périanale Érythème bien délimité et fissure péri-
anale ; un contact étroit avec un enfant ayant présenté une infection récente au
Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A) est souvent
retrouvé à l’histoire.
3) Affections de nature inflammatoire
Dermite de contact allergique Rare, elle est associée aux colorants des
couches jetables et aux bandes élastiques autour des cuisses.
Intertrigo Il s’agit d’une atteinte préférentielle des plis inguinaux et interfes-
sier, avec macération plus ou moins importante de la peau.
Dermite séborrhéique Elle se manifeste par des squames jaunâtres au cuir
chevelu ou des lésions érythématosquameuses dans les plis corporels ou dans
la région périorbitaire.
Dermite atopique Le siège est moins souvent touché en raison de l’humidité
ambiante, mais ces patients sont plus à risque de dermite de contact allergique.
Psoriasis de la région périnéale Affection rare qui se manifeste par des
plaques érythématosquameuses rouge vif non douloureuses, bien délimitées ;
les squames argentées habituelles sont absentes, mais l’histoire familiale est fré-
quemment positive.
4) Histiocytose
C’est une cause rare de dermite pouvant impliquer le périnée. Elle ressemble à
une dermite séborrhéique réfractaire au traitement et est souvent accompagnée
de purpura. Il faut rechercher les signes d’atteinte des autres systèmes, comme
des otites persistantes ou une hépatosplénomégalie. Une biopsie cutanée est
nécessaire au diagnostic.
5) Acrodermatite entéropathique
C’est une maladie rare, due à un défaut d’absorption du zinc. Elle se caractérise
par l’association de pustules périorificielles (narines, joues, menton et anus), ainsi
que sur les mains et les pieds, par une chute de cheveux et une diarrhée, le tout
pouvant être associé à une altération de l’état général et à un retard de croissance.
Une éruption cutanée similaire peut accompagner un déficit acquis en zinc, comme
on peut le voir en cas de malabsorption dans la fibrose kystique (mucoviscidose).
312 Dermite séborrhéique
Prévention et traitement
L’éducation des parents est essentielle. Afin de garder la région périnéale sèche et
propre et pour limiter l’irritation ainsi que la macération, on conseille aux parents
de changer les couches toutes les trois ou quatre heures, ainsi qu’après chaque
défécation et idéalement, chez le nouveau-né, après chaque miction. Les couches
jetables contenant du gel absorbant et une couche externe laissant traverser l’hu-
midité semblent plus efficaces que les couches de coton pour diminuer la dermite
de couches. On conseille d’exposer le siège à l’air autant que possible, mais d’évi-
ter de le sécher à l’aide d’un séchoir à cheveux (risque de brûlures). Il faut laver
la peau avec un savon doux et de l’eau après chaque selle, mais pour les urines,
le savon n’est pas nécessaire à chaque changement. Les serviettes humides, sans
parfum ni alcool, sont généralement bien tolérées. En présence de lésions éro-
sives, il ne faut pas frotter la peau, mais laisser couler de l’eau sur le siège ou uti-
liser de l’huile minérale sur des boules de coton afin d’enlever les selles collantes.
Diverses crèmes et des onguents barrières à base d’oxyde de zinc ou de
gelée de pétrole offrent une bonne protection de base et peuvent être appli-
quées si l’enfant est sensible aux irritations. L’application locale de corticosté-
roïdes topiques de puissance faible, deux fois par jour pendant deux à sept
jours, est réservée aux cas graves et rebelles de dermite irritative, d’intertrigo, de
dermite atopique ou séborrhéique. Un antifongique est associé si ce traitement
se prolonge pendant plus de 72 heures ou s’il y a des signes de candidose. Les
surinfections bactériennes sont traitées, selon leur gravité, par antibiothérapie
locale ou par voie générale.
Dermite séborrhéique 66
Uyen-Phuong Nguyen, Catherine Maari
Généralités
La dermite séborrhéique est fréquente chez le nourrisson, surtout dans les
six premiers mois de vie. Elle se manifeste aussi chez l’adolescent. On note un
nombre de cas beaucoup plus élevé chez les patients atteints du virus de l’im-
munodéficience humaine (VIH). L’étiologie de la dermite séborrhéique demeure
controversée, mais il semble que le Malassezia furfur, une levure commensale
de la peau, joue un rôle dans la pathogenèse de cette affection. Les sujets pré-
disposés auraient une réaction inflammatoire anormale à cette levure, dont la
prolifération serait favorisée par la présence de sébum.
Manifestations cliniques
Des croûtes jaunâtres et graisseuses sur un fond érythémateux sont caractéris-
tiques de cette maladie. Chez le nourrisson, le cuir chevelu est principalement
touché. L’atteinte peut s’étendre aux sourcils, au front, aux plis nasolabiaux, à la
région rétro-auriculaire, aux plis du cou et des aisselles et au siège.
Chez l’adolescent, le cuir chevelu et la région périnasale constituent les sites
de prédilection. Contrairement à la dermite atopique, qui peut lui ressembler,
la dermite séborrhéique ne cause habituellement pas de prurit grave.
Dermite séborrhéique 313
Explorations
Le diagnostic est habituellement clinique. Il faut cependant procéder à une biop-
sie cutanée si l’on suspecte une histiocytose. Dans les cas graves, un dépistage
du VIH doit être envisagé, surtout en présence de facteurs de risque.
Traitement
1) Lésions du cuir chevelu
Atteinte mineure Appliquer un lubrifiant topique comme de l’huile d’olive, de
l’huile d’amande ou de l’huile minérale. Faire un shampoing ordinaire quelques
heures plus tard. Enlever ensuite délicatement les croûtes collées aux cheveux
au moyen d’un peigne fin ou d’une brosse douce en évitant de toucher la peau
inflammatoire sous-jacente.
Atteinte étendue On suit les mêmes étapes et l’on y ajoute un shampoing
médicamenteux à base d’acide salicylique 0,5 ou 1 %, de polypeptide concen-
tré de cocoate de triéthanolamine, de sélénium, de goudron ou d’antifongique
(kétoconazole ou ciclopirox olamine). Si le shampoing médicamenteux ne suf-
fit pas, on peut opter pour une lotion à base d’un corticostéroïde de puissance
faible (hydrocortisone 1 %), appliquée deux fois par jour pendant quelques jours.
Sinon, on peut appliquer une crème antifongique imidazolée (kétoconazole 2 %)
pour une durée de deux à quatre semaines.
2) Lésions de la peau
On peut appliquer une crème de corticostéroïdes de puissance faible ou une
crème antifongique. Une crème magistrale de 50 % de crème d’hydrocortisone
(1 ou 2 %) et de 50 % de crème de kétoconazole (2 %) est souvent efficace. L’ap-
plication de vaseline associée à un agent kératolytique tel que l’acide salicylique,
le soufre précipité ou l’urée peut être envisagée.
L’utilisation des immunomodulateurs topiques (tacrolimus 0,03 % et pimé-
crolimus 1 %) n’est pas encore approuvée pour traiter les enfants de moins de
deux ans, mais pourrait constituer une option intéressante chez les plus âgés.
Pronostic
Il y a habituellement une guérison complète au cours de la première année
de vie, mais l’atteinte périnasale et du cuir chevelu chez l’adolescent est fré-
quemment récidivante, particulièrement durant les moments de stress ou les
changements de saison.
314 Déséquilibres acidobasiques
Déséquilibres acidobasiques 67
Geneviève Benoit, Caroline Chartrand
Généralités
Les troubles de l’équilibre acidobasique sont fréquents chez l’enfant. Ils peuvent
en soi causer des complications et révéler une affection sous-jacente qui mérite
d’être traitée.
Le métabolisme cellulaire normal produit d’importantes quantités de déchets
acides : les acides fixes et le CO2. Le pH sanguin est déterminé par le ratio entre la
concentration de bicarbonate (HCO3) et la PCO2 selon l’équation d’Henderson-
Hasselbach :
H+ + HCO3– ↔ H2CO3 ↔ H2O + CO2.
Tout processus qui augmente la PCO2 ou qui diminue la concentration du
bicarbonate dévie l’équation vers la gauche, donc vers la production de plus de
protons, ce qui fera baisser le pH sanguin et générer une acidose. Inversement,
tout processus qui augmente la concentration du bicarbonate ou qui diminue
la PCO2 dévie l’équation vers la droite, ce qui fera augmenter le pH sanguin et
générer une alcalose.
Pour interpréter l’équilibre acidobasique, il faut procéder par étapes.
1) Vérifier d’abord le pH sanguin. S’il est inférieur à 7,35, il y a une acidémie ;
s’il est supérieur à 7,45, il y a une alcalémie. Les termes acidémie et alcalémie
décrivent des états anormaux du pH sanguin, alors que les termes acidose et
alcalose renvoient aux processus physiologiques qui diminuent ou élèvent
le pH sanguin.
2) Déterminer le trouble primaire. En présence d’une acidémie, si le taux de bicar-
bonate est inférieur à 20 mmol/L, il y a une acidose métabolique ; si la PCO2
dépasse 45 mm Hg, il s’agit d’une acidose respiratoire. En présence d’une alca-
lémie, si le bicarbonate est supérieur à 30 mmol/L, il y a une alcalose méta-
bolique ; si la PCO2 est inférieure à 35 mm Hg, il s’agit d’une alcalose respiratoire.
3) Calculer le trou anionique. Il se calcule selon la formule suivante :
Trou anionique = {Na – (Cl + HCO3)}
Lorsque l’albumine sérique est normale, le trou anionique se situe normale-
ment entre 12 ±2 mmol/L. Le trou anionique doit être corrigé pour l’hypoal-
buminémie ; il est diminué de 2,3 mmol/L par tranche de 10 g/L d’albumine
sous la normale. Sauf exception, la présence d’un trou anionique augmenté
indique la présence d’une acidose métabolique, quel que soit le pH sanguin
et le taux de bicarbonate.
4) Vérifier la compensation physiologique. Chaque déséquilibre acidobasique
entraîne une réponse physiologique qui minimise les variations du pH. La
compensation physiologique attendue est décrite dans le tableau 67.1 ; la PCO2
et le HCO3− changent dans la même direction, de façon plus ou moins marquée
selon qu’il s’agit d’un déséquilibre aigu ou chronique. Le changement induit
par cette compensation est toujours moindre quantitativement que le déséqui-
libre primaire ; la compensation tend seulement à ramener le pH sanguin vers
sa valeur normale de 7,4. Quand la compensation est moindre ou plus élevée
que celle attendue, il existe alors un « trouble mixte » (présence concomitante
Déséquilibres acidobasiques 315
I. Acidose métabolique
La mesure du trou anionique plasmatique (voir ci-dessus) est un élément déter-
minant dans l’évaluation d’une acidose métabolique. Lorsque le trou anionique
est augmenté, l’acidose métabolique est causée par un gain d’acide ; lorsqu’il
demeure normal, elle est causée par une perte de bicarbonate. Dans cette der-
nière situation, le trou anionique demeure inchangé, car la baisse de la concen-
tration plasmatique de bicarbonate s’accompagne d’une hausse équivalente du
chlore plasmatique.
On peut classer les principales causes d’acidose métabolique de la façon
suivante.
1) Acidose métabolique avec trou anionique normal
a) Pertes digestives de bicarbonate (exemple : diarrhée).
316 Déséquilibres acidobasiques
Eau
I. Généralités
L’eau totale constitue environ 60 % du poids de l’enfant (environ 80 % chez le
nouveau-né) et se répartit en compartiments intracellulaire et extracellulaire, ce
dernier étant lui-même subdivisé en compartiments interstitiel et intravasculaire.
La proportion d’eau contenue dans chacun des compartiments change avec
l’âge, le nouveau-né ayant un pourcentage plus élevé de liquide extracellulaire
que l’enfant et l’adulte. À partir de l’âge de un an, les deux tiers de l’eau
totale se trouvent dans le compartiment intracellulaire, et le tiers dans le compar-
timent extracellulaire (dont 80 % dans le compartiment interstitiel et 20 % dans
le compartiment intravasculaire). La distribution de l’eau totale chez un enfant
pesant 10 kg est décrite dans l’encadré 68.1 à titre d’exemple.
En temps normal, il n’y a pas de gradient osmotique entre les milieux intra-
cellulaire et extracellulaire, donc pas de flux net d’eau d’un compartiment à
l’autre. Dès que l’osmolalité d’un compartiment est modifiée (exemples : ajout de
sel, ajout d’eau, ajout d’une solution hypertonique ou hypotonique), il se produit
un mouvement d’eau d’un compartiment à l’autre afin de maintenir l’osmolalité
constante à travers tous les compartiments, et ce, aux dépens d’une variation du
volume de ces derniers.
Les apports d’eau se font principalement par voie orale ; le métabolisme en
produit aussi une certaine quantité. Les pertes d’eau se produisent de manière
Déséquilibres hydriques et électrolytiques 319
* À l’exception des patients ayant une affection rénale ou cardiaque, une acidocétose diabétique, des brûlures graves, une
cirrhose hépatique ou tout autre trouble sous-jacent affectant la régulation des électrolytes.
Dextrose 5 % 34 0 34 0 50 0 Hypotonique
NaCl 0,2 %
Dextrose 5 % 77 0 77 0 50 0 Semi-isotonique*
NaCl 0,45 %
* Soluté hypotonique dont la tonicité est la moitié de celle des solutés isotoniques.
322 Déséquilibres hydriques et électrolytiques
4) Surveillance
L’administration d’un soluté d’entretien requiert une surveillance étroite com-
prenant :
• la mesure des électrolytes sériques et du poids avant le début de la perfusion ;
• la mesure des entrées et des pertes ;
• une pesée quotidienne ;
• une vérification au moins quotidienne des électrolytes sériques chez les
patients qui reçoivent plus de 50 % de leur BE en eau par voie intraveineuse ;
une surveillance plus fréquente peut être requise chez les patients à risque
élevé d’hyponatrémie).
III. Déshydratation
1) Généralités
La déshydratation est fréquente chez l’enfant. Elle peut être liée à des apports
d’eau insuffisants, à des pertes excessives par voie digestive, rénale, cutanée ou
pulmonaire ou à une combinaison de ces facteurs. Elle peut aussi résulter d’une
augmentation de la perméabilité vasculaire avec accumulation d’eau dans un
troisième espace (exemples : ascite, épanchement pleural) ou dans l’espace inters-
titiel tissulaire (cela peut se manifester par une anasarque) (exemple : syndrome
inflammatoire systémique grave). La cause la plus fréquente de la déshydratation
chez l’enfant est la gastro-entérite virale.
Déséquilibres hydriques et électrolytiques 323
Plus un enfant est jeune, plus il est à risque de présenter une déshydra-
tation. Plusieurs facteurs expliquent cette vulnérabilité. La surface corporelle
du jeune enfant est grande par rapport à son poids ; or, les pertes insensibles
sont proportionnelles à la surface corporelle. En période néonatale, l’immatu-
rité rénale fait en sorte que le pouvoir de concentration de l’urine est limité, et
l’épargne de l’eau s’en trouve donc diminuée. Par ailleurs, le jeune enfant dépend
d’une tierce personne pour son approvisionnement en eau. Enfin, il présente
plus souvent des vomissements ou de la diarrhée (causes de pertes sensibles) et
de la fièvre (cause de pertes insensibles) que l’enfant plus âgé ou que l’adulte.
Chez le jeune enfant, des vomissements peuvent rapidement entraîner un état
de déshydratation.
Une diminution du volume sanguin circulant efficace peut survenir au cours
d’une déshydratation. Dans les cas graves, un état de choc hypovolémique se
développe chez l’enfant, combiné à une diminution de la perfusion des différents
organes et à une insuffisance rénale aiguë (prérénale) oligo-anurique.
3) Explorations
Bien qu’ils doivent être interprétés en fonction de l’évaluation clinique, certains
examens paracliniques (ionogramme, glycémie, gaz sanguins, urée sanguine
et créatinémie, électrolytes et créatinine urinaires, densité urinaire) peuvent
être utiles dans l’évaluation de l’enfant déshydraté. Ces tests sont indiqués chez
le patient qui requiert une réhydratation intraveineuse et chez celui qui présente
une déshydratation grave.
4) Traitement de la déshydratation
Phase initiale de remplissage vasculaire Quel que soit le type de dés-
hydratation, s’il y a des signes de choc hypovolémique, compensé ou non, on
doit installer rapidement un accès intraveineux et administrer un soluté isoto-
nique, soit du NaCl 0,9 %, à raison de 20 mL/kg, le plus rapidement possible,
idéalement en 5 à 10 minutes. Ce traitement peut être répété plusieurs fois au
Déséquilibres hydriques et électrolytiques 325
Chez l’enfant qui ne vomit pas ou qui vomit peu, la solution choisie peut
être offerte à volonté, toutes les 15 à 30 minutes. Chez l’enfant qui vomit,
on doit donner une petite quantité de solution (5 mL) fréquemment (toutes
les deux à cinq minutes), à la cuillère, au compte-gouttes ou à la seringue.
On peut, lorsqu’elle est tolérée, augmenter graduellement la quantité de la
solution et espacer la fréquence d’administration. Dans certaines situations,
la solution peut être administrée à débit constant au moyen d’une sonde
gastrique. On ne doit pas utiliser cette méthode chez l’enfant qui présente
une altération de l’état de conscience et qui ne protège pas adéquatement
ses voies respiratoires.
Sur le plan quantitatif, on peut donner les repères suivants : en cas de déshy-
dratation légère, l’enfant devrait prendre, au cours des quatre premières heures,
environ 50 mL/kg de la solution de réhydratation ; en cas de déshydratation mo-
dérée, il devrait prendre, dans cette période de temps, au moins 100 mL/kg. Si
l’enfant continue à présenter des pertes liquidiennes importantes, il faut les rem-
placer. On suggère de donner 10 mL/kg de la solution de réhydratation pour
chaque selle liquide et 2 mL/kg pour chaque vomissement. Il importe de s’assu-
rer que la réhydratation est efficace, en se basant sur la régression des signes de
déshydratation et sur la prise de poids.
En cas de déshydratation grave ou d’échec de la voie orale, on doit avoir
recours à une réhydratation intraveineuse. La réhydratation intraveineuse d’un
enfant atteint d’une déshydratation isonatrémique vise une correction rapide (en
moins de 24 heures) du déficit hydrique. Une fois le patient stabilisé (ou d’em-
blée s’il ne présente pas de déshydratation majeure), on poursuit la réhydrata-
tion avec un soluté isotonique contenant du glucose ; en pratique, on prescrit un
soluté dextrose 5 % NaCl 0,9 % comme soluté de réhydratation.
La quantité de soluté à administrer au cours des 24 premières heures sera
égale aux BE en eau, auxquels on ajoute le déficit hydrique, estimé de la façon
suivante :
déficit hydrique estimé (mL) =
10 × pourcentage de déshydratation × poids en kg.
Si le patient reçoit initialement un remplissage vasculaire pour stabiliser un
état de préchoc ou de choc, ces apports doivent être soustraits du déficit hydrique
estimé. On peut ainsi déterminer le déficit restant à combler après le remplissage.
Habituellement, on administre la perfusion plus rapidement au début de la réhydra-
tation, en donnant, par exemple, la moitié du déficit estimé dans les 8 premières
heures et l’autre moitié dans les 16 heures suivantes. Quant aux BE en eau, ils sont
répartis également sur 24 heures.
Déséquilibres hydriques et électrolytiques 327
* Si l’anamnèse ne permet pas de conclure à une hyponatrémie aiguë ou chronique, il faut considérer qu’il s’agit d’une
hyponatrémie chronique.
330 Déséquilibres hydriques et électrolytiques
* Si l’état de l’enfant permet le recours à la voie orale, on administre 25 mL/h d’eau au moyen d’une sonde gastrique
pendant 40 heures et l’on administre un soluté dextrose 5 % NaCl 0,45 % à 49 mL/h arrondi à 50 mL/h (correspondant
aux besoins d’entretien et au déficit isotonique).
Sodium
Le sodium est un ion essentiellement extracellulaire : il est continuellement échangé
pour du potassium par la pompe Na+K+ ATPase, à partir du milieu intracellulaire
vers le milieu extracellulaire. Il contribue de manière importante à l’osmolalité du
compartiment extracellulaire, y compris à celle du plasma. La natrémie normale
Déséquilibres hydriques et électrolytiques 333
Potassium
Le potassium est un ion essentiellement intracellulaire (environ 98 % intracel-
lulaire et 2 % extracellulaire). Il contribue de manière importante à l’osmolalité
du compartiment intracellulaire. La kaliémie normale est de 3,5 à 5,5 mmol/L
(de 3,0 à 6,0 mmol/L chez l’enfant âgé de moins de deux mois). Elle est régulée
par divers facteurs, dont la concentration en insuline et en catécholamines plas-
matiques, et par l’équilibre acidobasique. La kaliémie ne reflète pas nécessai-
rement le contenu en potassium du milieu intracellulaire ; en présence d’une
acidémie (exemple : acidocétose diabétique), elle peut paraître normale malgré
un profond déficit en potassium intracellulaire.
Les BE habituels en potassium sont d’environ 2 mmol/kg/24 h (environ
40-50 mmol/24 h chez l’adulte). Un soluté contenant 20 mmol/L de KCl satisfait
habituellement les BE en potassium de l’enfant à jeun.
Toute anomalie importante de la kaliémie perturbe profondément le fonc-
tionnement du système neuromusculaire. Il peut y avoir une altération de la
336 Déséquilibres hydriques et électrolytiques
II. Hyperkaliémie (kaliémie > 5,5 mmol/L ou > 6,0 mmol/L chez
l’enfant de moins de 2 mois)
L’hyperkaliémie est beaucoup moins fréquente que l’hypokaliémie. En pédiatrie,
on observe souvent une pseudo-hyperkaliémie liée à l’hémolyse des globules
rouges, lorsque la mesure est effectuée par un prélèvement sanguin capillaire.
Cela s’avère également possible en cas d’hyperleucocytose ou de thrombocy-
tose marquées. Les principales causes d’hyperkaliémie vraie sont les suivantes.
• Apport excessif de potassium : il s’agit d’une cause rare d’hyperkaliémie. Une
transfusion massive de culots globulaires peut s’accompagner d’un apport
important en potassium.
338 Déséquilibres hydriques et électrolytiques
ou, chez l’enfant de moins de 6 mois, 2 mL/kg d’une solution de 4,2 % de bicar-
bonate (0,5 mmol/mL). Cela sera surtout utile en cas d’acidémie. Idéalement, le
bicarbonate de sodium ne devrait pas être administré par la même voie que le
calcium, car il y a un risque de précipitation.
Salbutamol Administrer en nébulisation, dans un volume total de 2 mL de
NaCl 0,9 %, à raison de 0,4 mg chez le nouveau-né, de 2,5 mg chez l’enfant
pesant moins de 25 kg, de 5 mg chez l’enfant pesant de 25 à 50 kg et de 10 mg
chez les enfants et les adolescents de plus de 50 kg. Le salbutamol peut égale-
ment être administré sous forme d’aérosol-doseur aux mêmes doses que celles
utilisées dans la crise d’asthme.
3) Mesures permettant d’accélérer l’élimination du potassium
Diurétique Cette mesure a souvent un effet limité, particulièrement lorsque
l’hyperkaliémie survient dans un contexte d’insuffisance rénale. De plus, l’état
hémodynamique du patient doit permettre une diurèse forcée. On peut prescrire
du furosémide à raison de 1 mg/kg/dose IV (max : 40 mg/dose), bien qu’une
dose plus élevée puisse être nécessaire en présence d’une insuffisance rénale.
Cette mesure met de 60 à 120 minutes à agir.
Résine échangeuse d’ions (KayexalateMD) Donner 1 g/kg, par la bouche,
par sonde gastrique ou par lavement (max : 15 g PO et 30 g par lavement). Cette
résine ne doit être administrée que s’il y a un bon transit intestinal. Cette mesure
met de 60 à 120 minutes à agir.
Hémodialyse On doit l’envisager dans les cas graves, surtout s’il y a une insuf-
fisance rénale concomitante.
Généralités
L’objectif de ce chapitre est de résumer les causes possibles de détresse respira-
toire chez le nouveau-né (voir tableau 69.1), avec une description très succincte
de la prise en charge. Le terme « détresse respiratoire » est utilisé ici au sens large
et inclut la cyanose et la tachypnée sans dyspnée.
Approche clinique
L’anamnèse peut révéler plusieurs éléments pertinents, dont les suivants : nais-
sance prématurée ; présence de complications au cours de la grossesse ou de
l’accouchement (exemples : césarienne, oligohydramnios ou polyhydramnios,
rupture prolongée des membranes, dystocie fœtopelvienne ou accouchement
traumatique, anoxie, présence de méconium dans le liquide amniotique) ; score
d’Apgar bas ; macrosomie ou poids de naissance compatible avec une restriction
de croissance intra-utérine ; infection maternelle ou chorio-amniotite. On s’in-
forme également de la chronologie d’apparition de la détresse respiratoire et de
son évolution, ainsi que de la relation des difficultés respiratoires avec les tétées.
340 Détresse respiratoire du nouveau-né
Anomalies • Anémie*
hématologiques • Méthémoglobinémie
• Polycythémie*
d’un canal artériel persistant. Elle est précédée d’une aggravation soudaine
de l’état clinique du nouveau-né (hypotension, pâleur, cyanose, bradycardie
ou apnée), puis on observe du liquide rose mousseux sortant par la bouche ou
venant de la trachée entre les cordes vocales, ou dans la sonde endotrachéale. Il
faut instituer une ventilation mécanique, des transfusions de produits sanguins et
parfois administrer du surfactant exogène, tout en traitant la cause sous-jacente.
La mortalité est élevée.
Hernie diaphragmatique Sa principale manifestation clinique est l’asymé-
trie de la ventilation à l’auscultation pulmonaire, le murmure vésiculaire étant
faiblement audible ou absent du côté atteint. La dépression de l’abdomen (abdo-
men « scaphoïde ») est inconstante. En raison de la distension gastrique qu’elle
provoque, la ventilation au moyen d’un masque peut aggraver la détresse res-
piratoire de l’enfant ; celle-ci s’atténue lorsqu’il est intubé (voir Malformations
digestives du nouveau-né).
Inhalation de méconium La présence de liquide amniotique méconial peut
être un signe d’anoxie fœtale. L’inhalation de méconium par le nouveau-né
risque de causer une pneumonie chimique. Elle peut également se compli-
quer d’un pneumothorax, d’un pneumomédiastin ou d’une persistance de la
circulation fœtale (hypertension pulmonaire persistante). La radiographie
pulmonaire montre des infiltrats disséminés. L’approche préventive et théra-
peutique suggérée à la naissance, lorsque le liquide amniotique est méconial,
demeure la suivante.
1) Si l’enfant est vigoureux (il a un bon tonus musculaire, sa fréquence cardiaque
est supérieure à 100/min, et sa respiration est efficace) : on aspire le contenu
de l’oropharynx, mais il n’est pas indiqué de procéder à une intubation tra-
chéale et à une aspiration du contenu de la trachée.
2) Si l’enfant n’est pas vigoureux (il ne remplit pas les critères définis ci-dessus) :
on aspire le contenu de l’oropharynx, on procède à une intubation trachéale
et l’on aspire le contenu de la trachée. On peut répéter l’intervention à l’aide
d’une nouvelle sonde trachéale sauf si la fréquence cardiaque de l’enfant
indique la nécessité d’une réanimation immédiate.
Chez le nouveau-né qui présente une inhalation méconiale, une utilisation
judicieuse de la ventilation non invasive ou invasive peut être nécessaire. Dans
les cas plus graves où il y a persistance de circulation fœtale, d’autres traitements
peuvent être envisagés (voir ci-après). L’administration de surfactant exogène peut
améliorer l’insuffisance respiratoire hypoxique. Une antibiothérapie intraveineuse
est souvent prescrite, car il s’avère difficile de distinguer l’inhalation méconiale
d’une pneumonie néonatale. Le choix d’antibiotiques est le même que dans le cas
d’une pneumonie néonatale (voir Pneumonie).
Hypertension pulmonaire persistante (persistance de la circulation
fœtale) Elle cause un shunt droite-gauche à travers le canal artériel et le fora-
men ovale ; la réduction de la perfusion pulmonaire qui en résulte cause une
hypoxémie qui aggrave elle-même la vasoconstriction pulmonaire. Ce phéno-
mène peut être idiopathique ou favorisé par certaines complications périnatales
comme l’asphyxie, le syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né (maladie
des membranes hyalines), la hernie diaphragmatique, l’inhalation de méconium,
la pneumonie, la septicémie ou la polycythémie. La détresse respiratoire est mani-
feste dès la première journée de vie. Le tableau clinique ressemble à celui d’une
cardiopathie congénitale cyanogène. La SaO2 est plus élevée au membre supé-
rieur droit (circulation préductale, en amont du canal artériel) qu’aux membres
344 Détresse respiratoire du nouveau-né
Diabète 70
Louis Geoffroy, Maria Buithieu
Généralités
Chez l’enfant, le diabète est le plus souvent dû à une destruction des cellules β des
îlots de Langherhans du pancréas (diabète de type 1), dont la cause la plus fréquente
est auto-immune. C’est au diabète de type 1 qu’est consacré le présent chapitre.
346 Diabète
Parmi les autres formes de diabète qui peuvent survenir chez l’enfant, citons
les suivantes.
• Diabète de type 2, dont l’incidence a augmenté depuis les années 1990, paral-
lèlement à l’accroissement de celle de l’obésité.
• Diabète de type MODY (maturity onset diabetes of the young). Ce diabète,
dont plusieurs formes ont été décrites, est transmis selon le mode autosomique
dominant ; il est causé par un défaut génétique perturbant la fonction des
cellules β. Si un jeune diabétique atteint facilement un équilibre glycémique
avec peu d’insuline et qu’un des deux parents est diabétique, il faut éliminer
la possibilité d’un diabète de type MODY par des tests génétiques. Ce type
de diabète requiert rarement de l’insuline et peut être traité avec une diète
seule ou à l’aide d’hypoglycémiants oraux.
• Diabète associé à la fibrose kystique (mucoviscidose) ou au syndrome hémo-
lytique et urémique.
• Diabète secondaire à la prise de médicaments (corticothérapie, certains neu-
roleptiques).
• Diabète associé à un syndrome génétique (exemples : syndromes de Down,
de Prader-Willi et de Wolfram).
• Diabète néonatal. C’est une forme très rare de diabète, transitoire dans près de
la moitié des cas. Le risque d’hypoglycémie en cours de traitement est élevé.
Plusieurs anomalies moléculaires ont été décrites chez les enfants atteints de
diabète néonatal ; certaines mutations permettent un traitement autre que l’in-
sulinothérapie (exemple : sulfonylurées). Les patients ayant une forme tran-
sitoire peuvent voir se développer un diabète permanent à l’adolescence ou
à l’âge adulte.
L’incidence du diabète de type 1 varie selon les pays. À quelques excep-
tions près, elle est plus élevée dans les pays nordiques. Elle est d’environ
10/100 000 personnes-années en France et de 35/100 000 au Québec. Le diabète
de type 1 peut apparaître n’importe quand entre les premiers mois de vie et
l’âge adulte. Le pic d’incidence se situe au début de la puberté ; les enfants âgés
de moins de 5 ans constituent 20 % des nouveaux cas.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le diagnostic repose sur
l’un des critères suivants.
1) Polyurie, polydipsie et perte de poids associées à une glycémie supérieure
à 11,1 mmol/L.
2) Glycémie à jeun supérieure ou égale à 7 mmol/L, en l’absence d’apport calo-
rique depuis au moins 8 heures, mesurée en laboratoire dans un échantillon
de sang veineux, en dehors d’une période de stress (sauf s’il y a des symp-
tômes évidents, cette hyperglycémie doit être confirmée au moins une fois).
3) Glycémie supérieure ou égale à 11,1 mmol/L à 120 minutes au cours d’une
épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale effectuée en dehors d’une
période de stress (cette hyperglycémie doit être confirmée au moins une fois).
L’épreuve d’hyperglycémie provoquée n’est pas nécessaire s’il y a des symp-
tômes évidents de diabète.
4) Hémoglobine glyquée supérieure à 0,065 (ou 6,5 %).
L’étiologie du diabète de type 1 est multifactorielle, incluant une prédisposi-
tion génétique et une exposition probable à des facteurs environnementaux mal
élucidés. La part des facteurs génétiques dans l’étiologie de cette maladie serait
de 30 à 50 %, selon les études menées chez les vrais jumeaux. Les marqueurs
Diabète 347
génétiques les plus importants sont localisés dans la région HLA du chromosome 6,
plus précisément dans la région DR, DQ, identifiée comme le locus IDDM1. Plus
de 90 % des diabétiques ont au moins un haplotype de susceptibilité, et 30 % en
ont deux. La probabilité de diabète chez un enfant ayant des antécédents fami-
liaux de diabète de type 1 est la suivante : environ 5 % si le père est diabétique,
de 2 à 3 % si la mère est diabétique, environ 4 % si le frère ou la sœur sont atteints
de cette maladie et de 35 à 50 % s’il s’agit d’un jumeau monozygote.
Certains facteurs non confirmés, liés à l’environnement, jouent probablement
un rôle étiologique (exemples : infections virales, protéines du lait de vache). L’allai-
tement maternel exclusif offrirait une certaine protection chez les enfants à risque.
Sous l’effet de certains de ces facteurs génétiques et environnementaux,
un processus auto-immun se déclenche, puis évolue insidieusement. Plusieurs
marqueurs signent cette période préclinique, en particulier les anticorps anti-IA2
(tyrosine phosphatase), anti-insuline, contre la décarboxylase de l’acide gluta-
mique et contre le transporteur du zinc. Lorsque ces marqueurs sont présents,
surtout en combinaison, le risque de voir apparaître un diabète au cours des
années suivantes est élevé. Les symptômes apparaissent lorsque de 80 à 90 % de
la masse des cellules β se trouve détruite.
Manifestations cliniques
Les symptômes classiques sont une polyurie avec nycturie ou énurésie, une poly-
dipsie et une perte de poids malgré un appétit conservé ou même une polypha-
gie. Le diabète de type 1 se déclare souvent de façon aiguë par un épisode de
déshydratation, avec hyperglycémie, acidose métabolique, acétonémie et acéto-
nurie. L’haleine est « fruitée » avec, en cas d’acidose importante, une respiration
de Kussmaul. Il y a souvent des vomissements, des douleurs abdominales et,
occasionnellement, une altération de l’état de conscience. Ces manifestations
cliniques peuvent être confondues initialement avec une gastro-entérite accom-
pagnée de déshydratation, particulièrement chez le jeune enfant.
3) Insulinothérapie
• En général, on administre l’insuline après une heure de réhydratation, car
celle-ci entraîne par elle-même une chute assez rapide de la glycémie. L’ad-
ministration d’insuline dans la première heure constitue aussi un facteur de
risque d’œdème cérébral. L’insuline est administrée en perfusion continue,
par la même voie veineuse que la solution de réhydratation.
• En pratique, ajouter 10 U d’insuline humaine à action rapide ou ultrarapide
à 100 mL de NaCl 0,9 %, ce qui correspond à une concentration de 0,1 U/mL.
La vitesse initiale de perfusion est de 0,1 U/kg/h. À la concentration indiquée,
le nombre de millilitres à perfuser par heure est égal au poids du patient en
kilogrammes (exemple : 14 mL/h pour un enfant de 14 kg). Cette vitesse peut
être augmentée par paliers de 20 % si l’acidémie ne s’améliore pas après 3 ou
4 heures de traitement, en l’absence de problème technique de perfusion.
• Lorsque le pH est normalisé, on peut amorcer l’insulinothérapie par voie
sous-cutanée. Si l’on désire poursuivre la perfusion continue d’insuline, réduire
la vitesse de perfusion à 0,05 U/kg/h et, si le patient ne s’alimente pas encore,
administrer simultanément un soluté contenant 10 % de glucose, à la vitesse
correspondant aux besoins d’entretien en eau.
Lorsqu’on commence l’administration d’insuline par voie sous-cutanée, on
cesse la perfusion d’insuline 30 minutes après la première injection d’insuline
à action rapide ou 5 minutes après l’injection d’insuline à action ultrarapide.
un facteur de risque. Il faut donc éviter une réhydratation trop rapide ainsi
qu’une baisse trop abrupte de la natrémie et de l’osmolarité.
• Erreurs iatrogènes de calcul (exemple : une erreur de décimale peut faire en
sorte que la dose d’insuline par voie intraveineuse est 10 fois inférieure à ce
qu’elle devrait être) ou de dilution et problèmes techniques de perfusion.
• Hypokaliémie.
• Hypoglycémie.
• Inhalation de liquide gastrique.
survient chez environ 80 % des patients, peu de temps après le diagnostic et dure
de quelques semaines à deux ans. Pendant cette période, la dose est réduite en
moyenne à 0,3 à 0,5 U/kg/24 h. Après la rémission, l’enfant est totalement insu-
linodépendant, la dose journalière d’insuline variant alors de 0,7 à 1 U/kg/24 h.
La puberté amène un certain degré d’insulinorésistance, les besoins en insuline
pouvant alors atteindre 1,4 U/kg/24 h.
Lorsqu’un patient reçoit des doses d’insuline élevées (plus de 1,2 U/kg/24 h
avant la puberté ou plus de 1,4 U/kg/24 h après le début de la puberté), il faut
réévaluer la situation. L’explication la plus plausible est le manque d’observance
du traitement.
Mode d’administration de l’insuline Le but est de reproduire le plus fidè-
lement possible la sécrétion de l’insuline par le pancréas, soit une sécrétion
basale, à laquelle se superposent des pics de sécrétion au moment des repas.
On devrait donc appliquer le traitement « le plus intensif possible selon le contexte »
et s’adapter à l’âge du patient, à son degré de compréhension de la maladie,
à sa motivation et aux cibles glycémiques visées. Il faut aussi tenir compte de
l’horaire de l’enfant et de sa famille.
Plusieurs modalités d’insulinothérapie sont possibles.
a) La pompe sous-cutanée à insuline : elle permet d’adapter l’insuline de façon
synchrone aux variations biologiques et quotidiennes du patient. On n’em-
ploie que de l’insuline à courte action, donnée en perfusion continue pour
assurer l’insulinémie de base. Des bolus sont utilisés après l’ingestion de glu-
cides ou pour corriger une glycémie. Les avantages de la pompe sont nom-
breux : réduction du nombre d’injections (en particulier chez le jeune enfant
âgé de moins de cinq ans), plus grande précision de la dose administrée, ce
qui diminue les hypoglycémies graves ou récurrentes, meilleure synchronisa-
tion avec la prise de glucides autant aux repas qu’entre ceux-ci et plus grande
flexibilité des horaires de vie.
Bien que ce mode de traitement connaisse un grand attrait, il peut présen-
ter des difficultés d’application qui constituent des obstacles pour plusieurs
patients : absence de soutien parental, problème de compréhension pour
manipuler la pompe, affections psychiatriques ne permettant pas une gestion
sécuritaire de celle-ci. De plus, le potentiel de déséquilibre aigu est plus élevé
avec cette méthode comparativement aux injections par voie sous-cutanée
si une défaillance technique survient ou si le cathéter est accidentellement
délogé ou obstrué. Ainsi, en cas de problème technique, une hyperglycémie
peut survenir rapidement, en quelques heures, car le patient ne reçoit pas
d’insuline à longue action.
Par ailleurs, la gestion du diabète est plus conviviale avec cette méthode,
en particulier au cours d’activités physiques ou à l’occasion de jours de
maladie, grâce à la fonction de « débit temporaire » permettant de régler rapi-
dement le débit de base selon les besoins, sans déprogrammer le système.
L’administration d’insuline à l’école ou au service de garde devient plus
acceptable pour le personnel, car il est plus facile de manipuler un appareil
que d’injecter de l’insuline.
b) Quatre injections ou plus (injections multiples) : le principe consiste à assurer
un taux de base en administrant une ou deux injections d’insuline à action
intermédiaire (NPH) ou une injection d’insuline à action prolongée (glar-
gine, détémir), et à ajouter de l’insuline à action rapide ou ultrarapide avant
chaque repas et aux collations au besoin. Bien que ce choix soit l’idéal dans de
354 Diabète
4) Aspects psychosociaux
Le diabète est une maladie chronique qui nécessite des changements importants
dans les habitudes de vie de l’enfant et de sa famille. Les difficultés d’adaptation
peuvent notamment se traduire par des troubles de comportement ou par un
manque d’observance du traitement. Des épisodes répétés d’acidocétose révèlent
presque toujours des perturbations psychosociales.
5) Programme d’enseignement
L’enfant et sa famille ont besoin d’un programme d’enseignement bien struc-
turé incluant toutes les notions nécessaires à une bonne compréhension de la
maladie et de ses conséquences : ajustement de l’insulinothérapie, prévention et
traitement des hypoglycémies, gestion du diabète pendant les maladies intercur-
rentes ou par exemple à l’occasion d’un exercice physique inhabituel ou de con-
sommation d’alcool. On doit périodiquement s’assurer que ces notions sont
comprises et appliquées.
Diabète 357
6) Vaccins
Outre les vaccins habituels, l’enfant diabétique doit recevoir le vaccin contre
l’influenza chaque automne. La couverture contre le pneumocoque doit être
celle qui est recommandée pour les enfants atteints de maladie chronique (voir
Vaccinations).
7) Contraception
Une grossesse non planifiée, surtout chez une adolescente dont le diabète est mal
contrôlé, représente un risque important. Il faut aborder le sujet de la contracep-
tion dès que l’adolescente a eu sa ménarche. Les contraceptifs oraux ne sont pas
a priori contre-indiqués chez l’adolescente diabétique. On utilise de préférence
une préparation à faible teneur en œstrogènes.
8) Problèmes divers
Hypoglycémie Une hypoglycémie peut survenir brusquement. Les causes pos-
sibles sont un surdosage volontaire ou accidentel d’insuline, une augmentation
de l’activité physique, un apport énergétique insuffisant (anorexie ou vomisse-
ments) ou une diminution des besoins en insuline (phase de rémission). Les
manifestations cliniques sont de type adrénergique (sudation profuse, sensation
de faim, pâleur, tremblements) ou bien de type « neuroglycopénique » (cépha-
lées, troubles de comportement, perte de conscience, convulsions). D’un point
de vue biochimique, on parle d’hypoglycémie lorsque la glycémie est inférieure
à 3,2 mmol/L. En pratique, on administre un traitement lorsque la glycémie est
inférieure à 4 mmol/L.
La quantité de glucides recommandée pour le traitement d’une hypo-
glycémie est de 0,3 g/kg, soit environ 10 à 20 g, selon le poids de l’enfant.
Quinze grammes de glucides correspondent à 125 mL de jus de fruits. La teneur
en glucose des pastilles vendues en pharmacie pour traiter les hypoglycémies
varie de 3 à 5 g. Il faut donc donner de trois à cinq de ces pastilles pour traiter
une hypoglycémie. La glycémie est mesurée 15 minutes après la prise de glu-
cides ; si elle demeure trop basse, il faut administrer une seconde dose de 10 à
20 g de glucides. Si l’enfant est inconscient, lui donner du glucagon par voie
sous-cutanée ou intramusculaire, à raison de 0,5 mg pour l’enfant de moins
de 5 ans ou de 1 mg pour l’enfant de 5 ans ou plus. Lui donner des glucides à
la dose indiquée ci-dessus dès qu’il reprend connaissance. En milieu hospitalier,
donner du jus de fruits si l’enfant est conscient. S’il est inconscient, lui admi-
nistrer rapidement 2 mL/kg de dextrose 25 % (Canada) ou 30 % (France) par
voie intraveineuse ou du glucagon par voie sous-cutanée ou intramusculaire,
selon la posologie indiquée plus haut. On perfuse ensuite du dextrose 10 % à
un débit correspondant aux besoins d’entretien en eau. L’état de conscience
devrait se normaliser en quelques minutes, sauf si l’hypoglycémie a duré trop
longtemps ou si l’enfant est en période postictale. Il faut déterminer et corriger
la cause de l’hypoglycémie. Il importe de s’assurer qu’il n’y a pas de risque d’hy-
poglycémies nocturnes, car une forte proportion de celles-ci passe inaperçue.
Déséquilibres transitoires (stress ou infection) Une infection intercurrente
peut occasionner une hyperglycémie par augmentation des besoins en insuline
ou, plus rarement, une hypoglycémie par réduction de l’apport énergétique. Il
faut ajuster les doses d’insuline en tenant compte de l’état clinique, des glycé-
mies, de la cétonurie et de la capacité de l’enfant à s’alimenter.
• Si l’enfant peut s’alimenter, continuer à lui donner ses doses habituelles d’in-
suline. Au besoin, si la glycémie est trop élevée, ajouter des suppléments
358 Diabète
Généralités
On parle de diarrhée lorsque le volume quotidien total des selles est excessif ;
celles-ci sont généralement plus fréquentes ou plus liquides que la normale. La
diarrhée est dite chronique lorsqu’elle persiste plus longtemps que dans une gastro-
entérite banale, soit plus de deux à trois semaines. Elle peut être osmotique
(exemple : déficit en lactase), sécrétoire (exemple : effet de l’entérotoxine de cer-
tains Escherichia coli), inflammatoire (exemple : maladie de Crohn) ou encore
résulter de plusieurs de ces mécanismes. Des selles plus fréquentes peuvent
aussi être secondaires à une malabsorption des graisses – on parle alors de stéa-
torrhée – ou à un trouble de la motilité intestinale. La malabsorption et la diarrhée
chronique peuvent être à la fois la cause ou la conséquence l’une de l’autre.
Il faut éviter de poser un diagnostic de diarrhée chronique devant une situa-
tion normale. Une diarrhée chronique avec malabsorption est toujours patholo-
gique, mais une diarrhée chronique sans malabsorption peut être une variante de
la normale. Très souvent, la présence d’aliments partiellement digérés dans les
selles n’a pas de signification particulière et ne doit pas inquiéter. Chez le nour-
risson, surtout s’il est allaité, la fréquence normale des selles peut atteindre 12 par
jour, et leur consistance varie.
La malabsorption associée à une diarrhée chronique peut être généralisée
(exemple : maladie cœliaque) ou limitée à un type de nutriment (exemple : malab-
sorption du lactose en cas de déficit en lactase).
Les causes de diarrhée chronique sont multiples (voir tableau 71.1). L’ap-
proche clinique doit tenir compte de l’âge de l’enfant et de la fréquence relative
des diverses entités.
360 Diarrhée chronique et malabsorption
Approche clinique
I. Anamnèse
La première étape consiste à faire une anamnèse méticuleuse.
• Depuis quand la diarrhée est-elle présente ?
• Quelle est la fréquence des selles (nombre par 24 heures) et quel est leur
horaire (après les repas, à jeun, pendant les périodes de sommeil) ? L’enfant
ressent-il fréquemment une urgence à déféquer ?
• Quel est l’aspect des selles (abondance, couleur, consistance, apparence) ?
Y a-t-il présence d’huile ou de taches graisseuses, de flatulences ou d’odeurs
excessives, de rectorragies, de méléna ou de mucus ?
Diarrhée chronique et malabsorption 361
Douleur 72
Marie-Joëlle Doré-Bergeron, Élaine Pelletier, Louise Cyrenne
Généralités
La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une
lésion tissulaire existante ou potentielle ou encore décrite comme si un tel dom-
mage existait. Elle est toujours subjective. Malgré l’existence d’outils efficaces pour
la traiter, la douleur n’est pas toujours soulagée adéquatement. Cela s’explique
par des connaissances et une sensibilisation encore insuffisantes chez les pro-
fessionnels de la santé, l’absence d’une évaluation systématique de la douleur, la
crainte injustifiée d’induire une toxicomanie chez le patient et certaines idéolo-
gies largement répandues, attribuant une valeur positive à la douleur physique.
Le traitement insuffisant de la douleur est encore plus commun chez l’enfant que
chez l’adulte, le premier demeurant souvent un « orphelin thérapeutique ». On ne
366 Douleur
Elle peut entraîner une détresse physique prolongée, qui se manifeste par de la
fatigue, des insomnies ou d’autres symptômes. Elle génère régulièrement une
détresse psychologique importante pouvant notamment entraîner des symp-
tômes d’anxiété, de dépression et une limitation des activités quotidiennes avec
un absentéisme scolaire ou au travail.
Le syndrome de douleur régionale complexe constitue une forme particu-
lière et typique de douleur chronique généralement localisée aux extrémités des
membres supérieurs ou inférieurs. Il se manifeste surtout à partir de l’adoles-
cence et survient à la suite d’un trauma souvent mineur et sans lésion nerveuse
dans la plupart des cas. La douleur est souvent très intense. Elle présente les
caractéristiques des douleurs neuropathiques, c’est-à-dire qu’elle est en général
aggravée par le simple toucher et la friction (allodynie) et que le seuil de douleur
est abaissé dans la région du membre atteint (hyperalgésie). Des symptômes de
dysfonctionnement vasomoteur (changements de couleur, de température, suda-
tion, œdème occasionnel) sont habituellement observés, ainsi qu’une atrophie
du membre atteint. Le pronostic de récupération à long terme est meilleur dans
la population pédiatrique que chez l’adulte.
Mesure de la douleur
I. Mesures physiologiques
Ces mesures s’intéressent aux réactions à la douleur comme l’accélération des
fréquences cardiaque et respiratoire, l’élévation de la pression artérielle, la suda-
tion palmaire ou encore l’augmentation du cortisol plasmatique ou l’élévation du
taux des endorphines dans le sérum ou le LCR. Ces mesures ne sont pas spéci-
fiques, car les paramètres utilisés peuvent se modifier en réponse à d’autres sti-
muli comme le stress et l’anxiété ; on a même observé une élévation du cortisol
plasmatique en présence de stimuli anodins et non douloureux comme la pesée
ou l’examen médical. De plus, l’hyperactivité du système nerveux autonome
diminue si la douleur se prolonge ; elle peut même disparaître complètement si
368 Douleur
* Expliquer à l’enfant : « Ces visages montrent à quel point quelque chose peut faire mal. Ce visage (pointer le visage le plus
à gauche) n’a pas mal du tout. Les visages ont de plus en plus mal (pointer chaque visage de gauche à droite) jusqu’à
celui-ci (pointer le visage le plus à droite), qui a le plus mal qu’on puisse imaginer. Maintenant, pointe le visage qui
montre comment tu as mal. »
Source : Hicks CL, von Baeyer CL, Spafford PA, van Kortaar I, Goodenough B. The Faces Pain Scale – Revised : Toward a
common metric in pediatric pain measurement. Pain 2001;93:173-183. Reproduit avec autorisation.
Traitement de la douleur
I. Principes généraux
Le traitement de la douleur ne doit pas se limiter à la prescription d’analgé-
siques. Dans les cas complexes ou chroniques, étant donné les nombreux fac-
teurs qui influent sur la perception et l’expression de la douleur, on privilégie
une approche multidisciplinaire.
IV. Analgésiques
1) Choix
Plusieurs analgésiques, opioïdes ou non, sont disponibles. Les principaux agents
sont cités dans ce chapitre, les autres n’ayant pas d’avantages comparatifs réels.
On préconise une approche par paliers, selon les recommandations de l’Or-
ganisation mondiale de la Santé (OMS). Par ailleurs, l’utilisation simultanée de
plusieurs agents (par exemple, la combinaison d’un analgésique non opioïde à
un agent opioïde) permet d’obtenir un meilleur soulagement de la douleur et
de diminuer les effets indésirables de chaque molécule.
a) Un analgésique non opioïde comme l’acétaminophène (paracétamol), le
naproxène ou l’ibuprofène est utilisé en premier lieu pour le traitement des
douleurs aiguës légères.
b) Un analgésique opioïde comme la morphine ou l’hydromorphone constitue
le deuxième palier pour soulager les douleurs de modérées à graves ; il est
nécessaire pour les douleurs non soulagées par d’autres moyens, comme les
douleurs cancéreuses et postopératoires.
Les analgésiques opioïdes sont moins efficaces pour le traitement de certains
types de douleurs (exemples : neuropathie périphérique, douleurs de membre
fantôme à la suite d’une amputation). Dans ce cas, on y associe un coanalgésique
spécifique de la douleur neuropathique, soit un anticonvulsivant (exemples :
gabapentine, carbamazépine) ou un antidépresseur tricyclique (exemples : ami-
triptyline, imipramine).
Douleur 371
3) Intervalles d’administration
Lorsqu’il s’agit d’une douleur aiguë d’intensité légère à modérée, l’analgésique
peut être administré au besoin ; dans les autres cas (douleur aiguë intense, douleur
chronique, douleur cancéreuse), il est important de le donner de façon régulière.
4) Posologies
Les posologies des analgésiques non opioïdes suivants sont présentées dans
l’Index pharmacologique : acétaminophène, ibuprofène, naproxène, acide niflu-
mique (France) et diclofénac (France).
Les posologies des analgésiques opioïdes suivants sont présentées dans l’In-
dex pharmacologique : morphine, hydromorphone, codéine, nalbuphine (peu uti-
lisée au Canada). Lorsque l’on prescrit un analgésique opioïde dans un contexte
de douleur chronique, il est recommandé de commencer par la plus petite dose
indiquée et d’augmenter la dose au besoin, par paliers de 20 %.
372 Douleur abdominale aiguë
Généralités
On distingue trois types de douleur abdominale aiguë.
1) Douleur viscérale : elle est causée par la distension d’un organe creux conte-
nant des muscles lisses (exemples : estomac, intestin), par l’étirement de la
capsule hépatique ou splénique ou par une ischémie. Ce type de douleur
est généralement vague, mal localisé et souvent ressenti sur la ligne médiane
(exemple : phase initiale d’une appendicite).
2) Douleur pariétale (ou somatique) : elle est causée par l’inflammation d’un
organe qui stimule les récepteurs du péritoine pariétal. Cette douleur est bien
localisée, aiguë et intense ; la toux et les mouvements vont généralement l’ag-
graver (exemple : phase avancée d’une appendicite).
3) Douleur référée : il s’agit d’une douleur viscérale référée à une localisation
somatique. Par exemple, en cas de pneumonie de la base, la douleur peut
être perçue à l’abdomen, étant donné que la plèvre pariétale partage son
innervation avec la paroi abdominale.
TABLEAU 73.1 Principales causes de douleurs abdominales aiguës
Gastriques et duodénales • Duodénite, gastrite
• Ulcère peptique (gastrique ou duodénal)
Génitales4 • Chez le garçon
– Épididymite, orchite
– Torsion ou traumatisme du testicule
• Chez la fille
– Dysménorrhée*
– Grossesse ectopique
– Rupture ou torsion d’un kyste ovarien
– Salpingite
– Torsion ovarienne ou des annexes
Douleur abdominale aiguë 373
Musculosquelettiques • Discite
• Ostéomyélite pelvienne ou vertébrale
• Pyomyosite
Approche clinique
Dans la plupart des cas, on parvient à déterminer la cause de la douleur abdo-
minale à partir de l’anamnèse et de l’examen physique. Le nouveau-né et le
nourrisson expriment leur douleur par de l’irritabilité ou des pleurs inhabituels ;
le fait que ces symptômes ne soient pas spécifiques peut retarder le diagnostic.
Après l’acquisition du langage, la description verbale des symptômes devient
de plus en plus précise.
I. Anamnèse
L’anamnèse familiale recherche des antécédents de lithiase urinaire ou biliaire,
d’ulcère peptique et de maladie inflammatoire de l’intestin.
L’anamnèse personnelle s’intéresse aux caractéristiques suivantes de la douleur :
• chronologie de son apparition ;
• type : douleur crampiforme, transfixiante, sourde ;
• caractère : douleur intermittente ou continue ;
• localisation : douleur périombilicale, épigastrique ou latéralisée ;
• intensité et irradiation ;
• relation avec le mouvement, le stress, les repas et la défécation ;
• interférence avec les activités ;
• symptômes ou signes associés : fièvre, nausées, vomissements, constipation,
diarrhée, méléna, rectorragies, toux, leucorrhée, symptômes urinaires, arthral-
gies, éruption cutanée, perte de poids, ulcères buccaux, fissures anales.
Une douleur qui réveille l’enfant ou l’adolescent la nuit est plus probable-
ment d’origine organique que celle qui se manifeste seulement le jour. Une dou-
leur qui persiste pendant plusieurs heures ou qui est latéralisée suggère une
origine organique. Une douleur périombilicale est moins caractéristique d’une
maladie organique qu’une douleur située ailleurs dans l’abdomen. Lorsque l’af-
fection sous-jacente est une condition chirurgicale (exemple : appendicite), les
douleurs précèdent habituellement les vomissements. La situation inverse évoque
plutôt une condition médicale. Il importe de vérifier si les douleurs abdominales
surviennent à la suite d’un trauma, ce qui doit faire évoquer la possibilité d’une
Douleur abdominale aiguë 375
III. Explorations
Dans bien des cas où l’anamnèse et l’examen physique évoquent des douleurs
abdominales bénignes, une analyse d’urine avec ou sans radiographie simple de
l’abdomen suffit. Dans certaines circonstances, d’autres examens sont indiqués :
hémogramme, ionogramme, urée sanguine et créatininémie (déshydratation ou
altération de l’état général) ; amylasémie pancréatique et lipasémie (suspicion
de pancréatite) ; transaminases (hépatite possible). Dans certains cas, particuliè-
rement s’il y a de la diarrhée, il peut être utile de rechercher du sang occulte,
des globules blancs et, parfois, la toxine du Clostridium difficile dans les selles.
Si l’enfant a présenté des diarrhées sanglantes, des cultures de selles (copro-
cultures) doivent être faites. On doit procéder à une épreuve de grossesse chez
l’adolescente. Un test de falciformation doit être réalisé chez tout enfant à risque
d’être atteint d’anémie falciforme.
L’imagerie s’avère souvent utile. Les principaux examens sont décrits
ci-après.
• La radiographie pulmonaire permet, surtout chez l’enfant fiévreux qui pré-
sente des signes respiratoires, d’éliminer une pneumonie de la base.
378 Douleur abdominale aiguë
Traitement
Il dépend de la cause. Si l’enfant présente des douleurs importantes, il doit être
soulagé adéquatement sans tarder. Une analgésie utilisée judicieusement peut
faciliter le diagnostic en permettant un examen abdominal plus précis chez un
enfant plus coopératif, sans pour autant masquer les signes d’irritation périto-
néale. S’il s’agit d’un abdomen chirurgical, le traitement de soutien préopératoire
comporte l’interruption de l’alimentation orale, la mise en place d’une perfusion,
le drainage gastrique si l’on suspecte une obstruction intestinale, ainsi que la
prévention ou la correction de l’hypovolémie et des troubles électrolytiques et
acidobasiques. L’encadré 73.1 résume les principales entités cliniques pour les-
quelles il faut envisager une consultation chirurgicale.
Généralités
Bien que la prévalence exacte des douleurs abdominales chroniques en pédiatrie
ne soit pas connue, on peut affirmer qu’il s’agit d’un problème très fréquent. Chez
le pédiatre, de 2 à 4 % des visites d’enfants d’âge scolaire et d’adolescents sont
suscitées par cette plainte. De façon plus générale, 75 % des adolescents ont déjà
eu mal au ventre, et environ 15 % d’entre eux éprouvent des douleurs abdomi-
nales hebdomadaires.
La douleur abdominale chronique ou intermittente est un symptôme et ne
constitue pas en soi un diagnostic. Celui-ci est posé par le médecin, qui doit
déterminer l’origine organique ou fonctionnelle du symptôme. L’origine fonction-
nelle prédomine chez l’enfant et s’élève à près de 50 % chez les enfants envoyés
en consultation de gastro-entérologie pédiatrique.
Quelques-unes des principales causes organiques de douleurs abdominales
chroniques ou intermittentes chez l’enfant et l’adolescent sont mentionnées dans
le tableau 74.1.
Les principaux troubles fonctionnels sont d’origine gynécologique (dou-
leur ovulatoire ou douleur chronique cyclique située à l’abdomen inférieur) ou
Approche clinique
L’anamnèse et l’examen constituent les outils de diagnostic les plus utiles ; les
hypothèses qui en résultent permettent de sélectionner les examens paracli-
niques appropriés.
I. Anamnèse
Bien qu’il soit très important de préciser les caractéristiques de la douleur, il faut
s’abstenir de « s’adresser à la douleur » (à laquelle le patient a tendance à s’identi-
fier) et s’obliger à interroger le patient au sujet de celle-ci, de la manière suivante.
• Quand as-tu eu mal pour la première fois ? (Durée, facteurs déclenchants,
stress, infection virale ou bactérienne, antibiothérapie)
• Peux-tu décrire la douleur ? (Types : crampes, brûlures, inconfort)
• À quelle fréquence as-tu mal ?
• Où as-tu mal ? (Localisation et irradiations)
• Peux-tu me dire, sur une échelle de 1 à 10, combien tu as mal ? (Intensité)
• Quand as-tu mal ? (Horaire diurne et nocturne, semaine, week-end)
Douleurs abdominales chroniques ou intermittentes 381
III. Explorations
Un hémogramme est utile dans tous les cas : la présence d’une anémie ou d’une
microcytose peut orienter le diagnostic vers une maladie organique de l’intestin ;
dans ce cas, on recherche à quelques reprises la présence de sang occulte dans
les selles. Une vitesse de sédimentation augmentée peut suggérer une maladie
inflammatoire chronique de l’intestin. Le bilan paraclinique inclut également
les épreuves suivantes, qui devraient être normales : albuminémie, ferritine,
transaminases, amylasémie pancréatique ou lipasémie, IgA et anticorps anti-
transglutaminase.
L’examen du sédiment urinaire complète l’investigation de base : une bac-
tériurie ou une leucocyturie évoque une infection urinaire, que l’on doit alors
confirmer par culture. Une hématurie microscopique peut être présente en cas
de lithiase.
Lorsque l’anamnèse et l’examen physique ne révèlent aucun indice de mala-
die organique, et surtout si la douleur est périombilicale et n’interfère pas avec
le sommeil, il s’agit fort probablement de douleurs fonctionnelles.
Des cultures de selles (coprocultures) et la recherche de parasites comme
le Giardia lamblia s’imposent s’il y a une diarrhée.
La mesure de la concentration de l’hydrogène dans l’air expiré après une
surcharge orale en lactose (test respiratoire au lactose) permet la confirmation
d’une hypothèse de déficit acquis en lactase. Si cet examen n’est pas disponible,
on peut aussi tenter d’éliminer complètement les produits laitiers de l’alimen-
tation pendant une à deux semaines et observer l’effet de cette démarche sur
les douleurs. Le diagnostic de déficit acquis en lactase doit toujours demeurer
à l’esprit, particulièrement si le patient est d’origine asiatique ou africaine – la
prévalence de ce déficit est élevée dans ces groupes ethniques – et s’il présente,
en plus de la douleur, des flatulences et de la diarrhée.
En présence de symptômes évocateurs, l’échographie permet de mettre faci-
lement en évidence une lithiase biliaire ou urinaire. Elle peut aussi donner une
information précieuse à propos du foie, du pancréas, de la rate, des reins et,
chez la fille, de l’utérus et des annexes. Cet examen révèle parfois une anomalie
imprévue comme une hydronéphrose, un kyste ou des ganglions mésentériques.
Des douleurs de l’étage inférieur de l’abdomen chez une adolescente constituent
une indication d’échographie pelvienne ; on recherche un kyste, une endomé-
triose, une affection annexielle ou des malformations congénitales (malformation
obstructive du tractus génital, hématocolpos, hématométrie).
Si les douleurs sont épigastriques, il faut penser à la possibilité d’un ulcère,
particulièrement en présence d’une prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens
ou d’une maladie peptique dans la famille.
Une échographie, un transit gastro-intestinal, une coloscopie et parfois une
gastroscopie sont indiqués lorsque des douleurs crampiformes persistantes font
penser à une maladie inflammatoire de l’intestin et lorsqu’on trouve d’autres
indices de cette affection, comme un retard de croissance, un amaigrissement,
une diarrhée persistante, une atteinte de la région anale, des manifestations extra-
digestives de ce type d’affection (voir Maladies inflammatoires de l’intestin), une
anémie microcytaire ou une hypoalbuminémie.
La douleur peut être associée à une constipation fonctionnelle. Il n’est pas
rare que celle-ci soit méconnue par le patient ou par les parents.
Douleurs abdominales chroniques ou intermittentes 383
Traitement
Lorsque les douleurs résultent d’une maladie organique, on entreprend un trai-
tement orienté vers celle-ci, si possible.
En présence de douleurs abdominales d’origine fonctionnelle, il est essentiel
que le médecin confirme la présence de douleur devant l’enfant et ses parents. Nier
ou minimiser la douleur ne fait qu’aggraver les symptômes en créant de l’anxiété
et un sentiment d’impuissance. Le simple fait de procéder à une anamnèse et à
un examen complets, d’expliquer les mécanismes physiopathologiques de ces
douleurs, puis de rassurer l’enfant ou l’adolescent et sa famille quant à l’absence
de maladie organique constitue l’élément important de l’intervention médicale.
Il faut se garder de promettre de supprimer la douleur. Certains conseils simples
peuvent parfois aider à atténuer une situation de stress qui semble jouer un rôle
aggravant. Il est utile d’encourager l’enfant à adopter une bonne hygiène de
vie et à reprendre des activités normales. L’absentéisme scolaire n’est pas rare
et souvent plus fréquent que lorsqu’il s’agit de maladies organiques. Dans plu-
sieurs cas, on demande à l’enfant de tenir un journal détaillant les symptômes,
les facteurs déclenchants (repas, défécation, événements familiaux et scolaires),
les idéations négatives et les émotions dès que la douleur commence.
Chez l’enfant, aucune donnée probante ne permet de recommander un
traitement pharmacologique dans les cas de douleurs fonctionnelles d’origine
digestive. Les antihistaminiques H2 ou les inhibiteurs de la pompe à protons et
certains prokinétiques sont souvent essayés dans la dyspepsie. Dans les cas de
diarrhée ou de constipation associée au syndrome de l’intestin irritable, on peut
tenter de modifier la diète ou d’employer des modificateurs de transit. Certains
médicaments agissant sur les récepteurs 5-HT3 s’avèrent efficaces chez l’adulte,
de même que les antidépresseurs tricycliques à petites doses. Ils sont à l’étude
chez l’enfant. L’utilisation des probiotiques est en cours d’évaluation, incluant la
posologie et la durée du traitement. La thérapie cognitivo-comportementale per-
met chez l’enfant, du moins à court terme, de diminuer la douleur et l’incapacité
d’accomplir les tâches et les loisirs quotidiens. Pour la migraine abdominale, on
a recours aux antimigraineux.
Un suivi s’impose. Durant son accompagnement, le médecin encourage le
patient à trouver des solutions à son symptôme, à maintenir ses habitudes de vie
et à développer ses forces et ses habiletés. Ainsi, le médecin transfère progressi-
vement la responsabilité du traitement au patient, qui doit apprendre à gérer ses
réactions dans certaines circonstances déclenchantes et à soulager ses symptômes.
384 Douleurs aux membres et boiterie
Généralités
Les douleurs aux membres sont fréquentes chez l’enfant. Elles concernent le
plus souvent les membres inférieurs. La majorité d’entre elles sont bénignes et
disparaissent spontanément, mais elles peuvent constituer le signal d’appel d’une
maladie sérieuse. Certaines douleurs surviennent de façon insidieuse, ne causant
qu’une boiterie légère ; d’autres apparaissent de façon aiguë, et l’enfant refuse
alors de marcher. L’approche clinique doit tenir compte des principales causes
possibles et de leurs fréquences respectives selon les groupes d’âge. Ce chapitre
a pour but de faire un survol des causes fréquentes ou graves de douleurs aux
membres, et de la boiterie associée à celles-ci, pour le praticien de première ligne.
Approche clinique
L’anamnèse et l’examen physique complet sont les outils diagnostiques les plus
importants. Il faut rechercher des manifestations systémiques telles une fièvre,
une perte de poids, une atteinte de l’état général, des adénopathies ou une hépa-
tosplénomégalie. Il faut aussi se rappeler que certaines douleurs peuvent être
référées : une affection de la hanche peut se manifester par une douleur dans
la région du genou ou de la cuisse, et des maladies abdominales ou vertébrales
(exemple : discite) peuvent être ressenties dans les membres inférieurs. Le bilan
paraclinique se limite souvent à un hémogramme, à une vitesse de sédimentation
et aux radiographies, mais des examens plus spécifiques, choisis en fonction des
hypothèses diagnostiques, sont parfois nécessaires. La collaboration d’un ortho-
pédiste s’avère souvent utile.
l’articulation est très limitée, voire nulle. S’il s’agit d’une ostéomyélite, on peut
souvent repérer un point douloureux à la jonction métaphyso-épiphysaire ; la
mobilité articulaire, quoique limitée, demeure présente. Il y a habituellement
un gonflement, une chaleur et un érythème associés, sauf dans la région de la
hanche ou de l’épaule, où ces signes sont rares. Dans tous les cas, le nourrisson
peut présenter des symptômes plus frustes. Une prise en charge rapide est cru-
ciale (voir Infections ostéo-articulaires). La discite est discutée dans le chapitre
Douleurs dorsales et lombaires.
Synovite transitoire (ou toxique) de la hanche Elle est la cause la plus fré-
quente de boiterie provenant de cette articulation. Son étiologie demeure imprécise ;
comme elle fait souvent suite à une infection respiratoire, il se peut qu’il s’agisse
d’une arthrite virale aiguë ou postinfectieuse. Elle est plus fréquente chez les garçons
et avant l’âge de 10 ans. Son apparition est soudaine et, le plus souvent, unilatérale.
La douleur peut irradier jusqu’au genou ; elle est augmentée par la mobilisation
passive ou active de l’articulation. On note une réduction de la rotation interne et
de l’abduction. L’état général de l’enfant demeure excellent, et la fièvre est généra-
lement absente ou légère. L’hémogramme et la vitesse de sédimentation sont nor-
maux ou peu perturbés. La radiographie et l’échographie de l’articulation peuvent
démontrer une augmentation de l’espace articulaire, ainsi qu’un épanchement. La
scintigraphie peut aider à distinguer la synovite transitoire d’une arthrite septique,
bien qu’une ponction articulaire soit parfois nécessaire pour exclure cette dernière.
La douleur s’atténue puis disparaît en quelques jours ou quelques semaines.
Le traitement se limite au repos, aux anti-inflammatoires non stéroïdiens et
parfois à une mise en traction lorsqu’il n’y a pas d’amélioration après quelques
jours. Il est indiqué de procéder à une radiographie de contrôle trois mois après
l’épisode, car la maladie de Legg-Perthes-Calvé peut se présenter initialement
comme une synovite transitoire.
Maladie de Lyme (Voir ce chapitre.) Causée par un spirochète, elle est acquise à
la suite d’un séjour dans une région endémique. Elle se manifeste par une arthrite
épisodique, puis prolongée, touchant le plus souvent une seule articulation (sur-
tout le genou). Un érythème chronique migrant est caractéristique de la maladie.
Cellulite Rarement, une cellulite d’un membre peut se présenter avec une plainte
principale de douleur. Les signes associés permettent généralement d’orienter le
diagnostic. Lorsque la douleur est exquise, que l’état général du patient devient
inquiétant ou que la progression de la lésion est rapide, il importe d’exclure
une fasciite nécrosante.
Myosite Les myosites aiguës sont généralement d’étiologie virale et surviennent
en particulier avec des infections à influenza A ou B. La douleur atteint les masses
musculaires, surtout les mollets, de façon diffuse et bilatérale. Le diagnostic cli-
nique est confirmé par l’élévation de la créatine kinase dans le sérum. La douleur
disparaît spontanément après quelques jours. Le traitement consiste à donner
un analgésique mineur au besoin. La rhabdomyolyse reste exceptionnelle, mais
elle constitue une urgence médicale (voir Insuffisance rénale aiguë) ; elle doit
soulever la possibilité d’une maladie métabolique ou auto-immune sous-jacente.
Les fractures de stress, les fractures à travers une plaque de croissance et les
fractures chez le jeune enfant ne sont pas toujours visibles sur une radiographie
pendant les premiers jours. Dans le doute, il ne faut pas hésiter à immobiliser
temporairement le membre, à répéter la radiographie une dizaine de jours plus
tard ou à faire une scintigraphie osseuse, dont la sensibilité est meilleure.
La « fracture des premiers pas » (toddler’s fracture) survient vers l’âge de 14 à
24 mois et résulte d’une chute de l’enfant sur le membre inférieur replié. La chute
n’est pas toujours documentée. L’enfant présente alors une douleur bien loca-
lisée à la diaphyse tibiale sans signe infectieux. Par ailleurs, une fracture chez
un enfant qui ne marche pas encore ou une histoire incompatible avec le trau-
matisme observé doivent éveiller le soupçon de sévices et inciter à rechercher
d’autres indices de maltraitance.
Les entorses demeurent rares avant l’adolescence, parce que les ligaments
sont plus solides que les physes. Il est rare également d’observer un épanche-
ment articulaire traumatique chez un jeune enfant ; à moins d’une histoire sug-
gestive, il est plus probable que cet épanchement soit causé par une arthrite. Les
différents syndromes de surutilisation qui peuvent affliger les enfants et les ado-
lescents qui pratiquent intensivement certaines activités physiques sont discutés
dans la section qui suit.
trauma, même bénin, ou à une chirurgie d’une extrémité distale. La douleur est
vive, limitée à un membre, incapacitante, et elle risque de se chroniciser rapide-
ment. Il y a une hyperesthésie et des signes locaux de dysfonction du système
nerveux autonome (cyanose, œdème, faiblesse du pouls, froideur ou chaleur de
la peau, troubles de sudation). À long terme, il peut y avoir une atrophie muscu-
laire et des contractures, une déminéralisation des os sous-jacents et une perte
de fonction du membre, d’où l’importance d’un diagnostic précoce. On observe
souvent des perturbations psychologiques. Le traitement comprend de la phy-
siothérapie, une thérapie comportementale, des analgésiques et des antidépres-
seurs. Certains cas évoluent vers une rémission spontanée. Le patient bénéficie
d’une prise en charge par une clinique multidisciplinaire spécialisée en douleur.
Douleurs d’origine psychogène Les douleurs aux extrémités sont parfois
le mode de présentation d’un trouble psychogène, surtout lorsqu’il y a une dis-
cordance entre les plaintes du patient, d’une part, et les données objectives,
d’autre part (examen physique, résultats de laboratoire). Une fois qu’une affection
organique a été exclue, il faut rassurer le patient et le diriger vers les ressources
appropriées en psychologie ou en pédopsychiatrie.
Généralités
Contrairement à l’adulte, l’enfant souffre rarement de douleurs dorsales ou lom-
baires. Cependant, ces douleurs sont plus fréquemment causées par un trouble
organique chez l’enfant, alors que chez l’adolescent et l’adulte, elles sont le
plus souvent fonctionnelles. Les principales causes organiques sont énumé-
rées dans le tableau 76.1. L’étiologie varie beaucoup selon qu’il s’agit de dou-
leurs aiguës (exemples : discite, ostéomyélite, pancréatite, infection urinaire)
ou chroniques (exemples : hernie discale, spondylolyse). Les causes non orga-
niques de douleurs dorsales ou lombaires incluent les « douleurs fonctionnelles »,
les douleurs posturales et les troubles psychosomatiques (ou somatoformes).
Approche clinique
I. Anamnèse
À l’anamnèse, on s’intéresse particulièrement aux questions suivantes.
• Quand la douleur a-t-elle commencé ?
• Quelle est sa localisation exacte ?
• Irradie-t-elle ? (Hernie discale, spondylolisthésis)
• Quelle est son intensité ?
• Est-elle intermittente ou continue ? Si elle est intermittente, quelle est la durée
des épisodes ?
• Quels sont les facteurs déclenchants ? La douleur est-elle aggravée par l’acti-
vité physique et soulagée par le repos ? (Syndrome de surutilisation, spondy-
lolisthésis, spondylolyse)
Douleurs dorsales et lombaires 393
2) Palpation
On recherche une contracture musculaire et l’on tente de préciser la localisation
exacte de la douleur. La compression simultanée des deux crêtes iliaques vers
la ligne médiane vise à mettre en évidence une douleur située à l’articulation
sacro-iliaque.
3) Percussion
On percute la colonne pour mettre en évidence une douleur localisée.
4) Évaluation de la mobilité
On vérifie systématiquement la flexion vers l’avant, l’extension et la flexion laté-
rale des deux côtés. On mesure l’indice de Schober en plaçant un repère au
crayon à 10 cm au-dessus de la 5e vertèbre lombaire (L5) lorsque le sujet est
debout, puis on lui demande de faire une flexion avant maximale, les genoux
restant tendus : chez un sujet normal, cette distance passe de 10 à 15 cm environ.
Cet indice peut être anormal dans les spondylo-arthropathies. La manœuvre de
Faber (flexion, abduction, rotation externe de la hanche) de même que l’hype-
rextension de la hanche en décubitus dorsal (sur le rebord de la table) peuvent
provoquer une douleur à l’articulation sacro-iliaque.
5) Examen neurologique
On vérifie en particulier la mobilité et les diverses formes de sensibilité, y compris
la sensibilité profonde des membres inférieurs, ainsi que les réflexes ostéoten-
dineux et cutanés plantaires. Si l’on suspecte une lésion intrarachidienne, on
vérifie la présence des réflexes cutanés abdominaux, crémastérien et anal, ainsi
que le tonus du sphincter anal par le toucher rectal. On recherche des signes
d’atrophie musculaire et le signe de Lasègue. On met ce dernier en évidence en
élevant la jambe tendue du patient, alors qu’il est en décubitus dorsal ; le signe
est positif si cette manœuvre provoque une douleur à la face postérieure du
membre inférieur et témoigne d’une atteinte du nerf sciatique. On évalue la
force musculaire. On observe la démarche, en particulier la longueur du pas,
la présence d’une boiterie, d’une rigidité du tronc, d’un balancement ou d’un
pied tombant.
III. Explorations
L’hémogramme, la vitesse de sédimentation et la protéine C réactive constituent
des explorations de base nécessaires dans la plupart des cas. Il est nécessaire de
prélever une hémoculture en cas de douleur aiguë accompagnée de fièvre. La
recherche de l’antigène HLA B27 est indiquée lorsqu’on suspecte une spondylo-
arthropathie. Sauf dans les cas bénins et transitoires, des radiographies simples
de la colonne de face et de profil sont presque toujours nécessaires. On
complète l’imagerie au besoin par l’un ou plusieurs des examens suivants :
résonance magnétique nucléaire, scintigraphie osseuse au technétium et scin-
tigraphie au gallium. L’électromyographie est réservée aux patients qui pré-
sentent des anomalies sensitives ou une diminution de la force musculaire à
l’examen physique.
Douleurs dorsales et lombaires 395
Douleurs thoraciques 77
Evelyne D. Trottier, Myriam Brassard
Généralités
Rares chez l’enfant, les douleurs thoraciques surviennent un peu plus fréquemment
à la préadolescence et à l’adolescence. Elles peuvent être une source importante
d’anxiété pour le patient et sa famille, car la crainte d’une maladie cardiaque
demeure répandue, alors que moins de 5 % des douleurs thoraciques chez l’en-
fant ont une cause cardiaque. Même si l’étiologie est habituellement bénigne, la
douleur thoracique peut récidiver et durer plus de six mois chez près du tiers
des patients. Son impact fonctionnel est alors important, puisqu’il engendre un
taux élevé d’absentéisme scolaire et de restriction des activités.
Approche clinique
Dans la majorité des cas, l’anamnèse et l’examen suffisent pour poser un diagnostic.
Douleurs thoraciques 399
I. Anamnèse
L’anamnèse porte surtout sur la description de la douleur et des symptômes
associés.
On recherche un facteur déclenchant tel un traumatisme aigu, une surutili-
sation musculaire par le port de charges lourdes (exemple : sac d’école), un épi-
sode de toux prolongé, l’ingestion d’un corps étranger ou un stress important.
On doit s’intéresser aux antécédents cardiaques (exemples : malformation,
arythmie), respiratoires (exemples : asthme, fibrose kystique [mucoviscidose])
et digestifs du patient. On doit vérifier les facteurs de risque emboliques tels
qu’une immobilisation prolongée ou un long voyage, une maladie systémique
(exemples : néoplasie, anémie falciforme [drépanocytose]), une intervention
chirurgicale récente, la présence d’un cathéter central, une grossesse ou la prise
de médication (exemple : contraceptifs oraux). On recherche s’il y a consomma-
tion de tabac ou de drogues. On s’enquiert également de certains antécédents
familiaux pertinents (exemples : cardiomyopathie hypertrophique, arythmie,
syndrome de Marfan, hyperlipidémie familiale, maladie coronarienne athéros-
clérotique précoce, mort subite).
Les caractéristiques suivantes de la douleur doivent être précisées.
• Durée : une douleur chronique est plus souvent d’origine musculosquelettique
ou idiopathique.
• Localisation : une douleur musculosquelettique est davantage localisée alors
qu’une douleur viscérale est plus diffuse. Une douleur irradiant à l’épaule
gauche peut être d’origine cardiaque (exemple : péricardite) et celle irradiant
au dos, d’origine vasculaire (exemple : dissection aortique).
• Nature et facteurs aggravants : une sensation de brûlure rétrosternale évoque
la possibilité d’un reflux gastro-œsophagien. Une douleur qui augmente à
l’effort suggère une origine cardiaque ou respiratoire. Lorsque les symptômes
augmentent à l’inspiration profonde, on pense à une origine pleurétique. Une
aggravation aux mouvements et à l’inspiration suggère une étiologie muscu-
losquelettique. Une sensation de brûlure rétrosternale évoque la possibilité
d’un reflux gastro-œsophagien.
• Horaire : une association avec les repas laisse suspecter une cause digestive.
Des douleurs nocturnes suggèrent une cause organique.
On questionne le patient sur la présence de symptômes associés, tels des
symptômes systémiques (exemples : fièvre, perte de poids, fatigue, sudation noc-
turne), cardiaques (exemples : palpitations, syncope), pulmonaires (exemples
toux, dyspnée, tachypnée) et digestifs (exemples : pyrosis, dysphagie). Enfin, on
s’intéresse à l’évolution des symptômes dans le temps et à leurs répercussions
sur les activités du patient.
III. Explorations
Aucun examen paraclinique de routine n’est indiqué dans tous les cas. Cer-
taines explorations peuvent s’avérer nécessaires pour confirmer ou infirmer une
hypothèse qui découle de l’anamnèse et de l’examen, particulièrement en cas
de douleur aiguë.
Zona La douleur ressemble à celle d’une brûlure. Elle est unilatérale et cor-
respond à la distribution d’un dermatome. Le diagnostic est évident lorsque les
vésicules caractéristiques sont présentes, mais la douleur peut les précéder de
quelques jours.
Dyslipidémies 78
Uyen-Phuong Nguyen, Anne-Marie Laberge
Généralités
Les dyslipidémies sont fréquentes dans la population générale, mais à l’âge
pédiatrique, elles passent le plus souvent inaperçues. Elles ne se manifestent
habituellement qu’à l’âge adulte, pouvant causer des troubles cardiovasculaires
comme une maladie coronarienne ou une mort subite. Elles touchent autant
les filles que les garçons. Il s’agit d’un groupe d’affections hétérogène, incluant
entre autres les dyslipidémies génétiques et celles qui sont associées à l’obésité
et au diabète.
Contrairement à la plupart des maladies, on diagnostique le plus souvent ce
type de troubles non pas à cause de symptômes ou de signes d’appel cliniques,
mais plutôt de façon fortuite ou dans le contexte d’un dépistage fait à cause de
facteurs de risque.
Le dépistage des dyslipidémies fait l’objet de controverse. Différents orga-
nismes, comme l’American Academy of Pediatrics (2011), sont favorables à un
dépistage universel et recommandent de procéder à un bilan lipidique chez tous
les enfants entre l’âge de 9 et 11 ans. D’autres préconisent plutôt un dépistage
ciblé dès l’âge de 2 ans et avant l’âge de 10 ans dans les circonstances suivantes :
1) si les parents ont une valeur de cholestérol total supérieure à 6,2 mmol/L ;
2) s’il y a une histoire familiale (parents ou grands-parents) de maladie athéros-
clérotique (infarctus du myocarde, angine, angioplastie, pontage coronarien,
mort subite, accident vasculaire cérébral) précoce, soit avant 55 ans chez les
hommes et 65 ans chez les femmes ;
3) chez les enfants qui présentent des facteurs de risque tels que le diabète, des
anévrismes coronariens à la suite d’une maladie de Kawasaki, le tabagisme,
l’hypertension artérielle, l’obésité et la sédentarité ;
4) chez les enfants dont l’histoire familiale est inconnue.
404 Dyslipidémies
Explorations
Un bilan lipidique complet comprend le dosage du cholestérol total, du HDL-
cholestérol (high-density lipoprotein cholesterol), du LDL-cholestérol (low-density
lipoprotein cholesterol) et des triglycérides. On pose le diagnostic de dyslipidé-
mie en fonction des résultats du bilan lipidique (voir tableau 78.1). Si le premier
bilan est anormal, on doit le répéter au moins deux fois, en dehors d’une mala-
die aiguë ou d’une grossesse, afin de déterminer le degré d’atteinte du patient
et son profil lipidique exact.
Les principales anomalies observées sont les suivantes (voir section sur les
Principales entités cliniques, plus bas).
1) Une augmentation du cholestérol total et du LDL-cholestérol avec un HDL-
cholestérol et des triglycérides normaux : c’est un profil fréquemment rencon-
tré en clinique. Il suggère une hypercholestérolémie familiale.
2) Une diminution isolée du HDL-cholestérol (rare).
3) Une augmentation du LDL-cholestérol et des triglycérides : ce profil corres-
pond à une dyslipidémie familiale de type combiné, ce qui est très fréquent,
en particulier chez les patients ayant un excès pondéral.
4) Une augmentation isolée des triglycérides : ce profil est souvent observé chez
les enfants obèses ou plus rarement en association avec un déficit en
lipoprotéine-lipase.
Si une dyslipidémie est détectée, il importe de préciser s’il s’agit d’une dysli-
pidémie primaire ou secondaire (voir tableau 78.2). Pour ce faire, on procède à
un bilan complémentaire comprenant : hémogramme, TSH (hormone stimulant
la thyroïde ou thyroid stimulating hormone), évaluation de la fonction rénale
(urée, créatininémie, analyse d’urine) et hépatique (ALT, AST, albuminémie,
bilirubinémie, coagulogramme).
Dyslipidémies 405
Traitement
Le traitement consiste d’abord en une approche non médicamenteuse et, dans
certaines situations, en l’administration de médicaments.
au moins 6 à 12 mois, et pas avant l’âge de 8 à 10 ans (et souvent, une fois la
puberté amorcée seulement). Un traitement médicamenteux doit toujours se
faire en complémentarité avec le traitement diététique et l’adoption de saines
habitudes de vie.
Les statines sont les médicaments les plus efficaces pour traiter l’hyper-
cholestérolémie. Elles peuvent réduire le taux de LDL-cholestérol jusqu’à 60 %.
Bien qu’il y ait peu de données à long terme, elles sont considérées comme
sécuritaires chez les enfants à partir de l’âge de huit ans. Plusieurs statines sont
actuellement offertes telles que la rosuvastatine, l’atorvastatine, la simvastatine,
la lovastatine, la pravastatine et la fluvastatine. Il n’y a pas de données suggérant
qu’il faille préconiser une statine plutôt qu’une autre. L’administration de ces
médicaments doit être amorcée à la plus faible dose possible. Il faut surveiller
la présence d’effets secondaires tels que la rhabdomyolyse et l’atteinte hépa-
tique. Un bilan sanguin (créatine kinase ou CK, ALT, AST) doit être fait avant le
début du traitement et répété un mois plus tard. On peut tolérer des taux de CK
jusqu’à 10 fois la limite supérieure de la normale et des taux d’ALT et d’AST
jusqu’à 3 fois la limite supérieure de la normale. S’il y a des myalgies en plus
d’une élévation de la CK, il faut arrêter le médicament et ne le recommencer
qu’une fois les symptômes disparus et les anomalies de laboratoire résolues.
En attendant, on prescrit habituellement une autre classe de médicament (voir
ci-après). Les statines sont potentiellement tératogènes ; il importe donc de s’as-
surer d’un mode de contraception approprié chez les jeunes femmes qui l’uti-
lisent. Il existe plusieurs interactions médicamenteuses possibles, en particulier
avec la cyclosporine, l’érythromycine, les antifongiques et certains antirétrovi-
raux comme la zidovudine. L’objectif thérapeutique visé est d’obtenir un taux
de LDL-cholestérol de moins de 3,4 mmol/L, si possible, et idéalement de moins
de 2,8 mmol/L. Si le taux visé de LDL-cholestérol est atteint et qu’il n’y a pas de
complication, on continue le traitement en vérifiant la CK, l’ALT et l’AST tous les
deux ou trois mois pendant la première année et tous les ans par la suite. Si le
taux de LDL-cholestérol visé n’est pas atteint, il faut doubler la dose et répéter
le bilan lipidique environ quatre semaines plus tard. Ce type d’ajustement peut
être répété au besoin jusqu’à l’obtention d’un résultat adéquat en l’absence d’ef-
fet secondaire important.
Les résines agissent en se liant aux acides biliaires et peuvent diminuer
le pool total de cholestérol de 10 à 20 %. Toutefois, elles entraînent des effets
secondaires gastro-intestinaux importants tels que de la constipation et des
ballonnements abdominaux. Elles ne sont pas utilisées en première ligne et
sont surtout prescrites en complément des statines dans les cas difficilement
contrôlables.
Les inhibiteurs de l’absorption intestinale du cholestérol (exemple : ézéti-
mibe) sont utilisés en ajout lorsqu’on ne réussit pas à obtenir un taux de LDL-
cholestérol adéquat avec une dose maximale de statine. On y a moins souvent
recours chez l’enfant que chez l’adulte.
Parmi les autres types de médicaments figurent les oméga-3 et la niacine
(vitamine B3), qu’on peut prescrire chez les patients avec hypertriglycéridémie.
Les fibrates augmentent le HDL-cholestérol et diminuent les triglycérides. Ils
peuvent être utilisés chez les patients avec hypercholestérolémie et hypertrigly-
céridémie, mais leur effet est modeste. On ne recommande pas l’utilisation de
vitamine C ou E, d’ail ou de protéine de soja.
Dyslipidémies 407
IV. Hypertriglycéridémie
Ce profil est souvent rencontré chez les enfants obèses. L’hypertriglycéridémie
elle-même ne donne pas de symptômes ou de signes dans l’enfance ou l’adoles-
cence ; on peut toutefois observer de l’acanthosis nigricans chez l’enfant obèse.
L’hypertriglycéridémie d’origine exogène prédispose l’enfant à des maladies car-
diovasculaires athérosclérotiques précoces. La prise en charge est surtout diété-
tique, incluant une alimentation faible en gras et un contrôle du poids.
Le déficit en lipoprotéine lipase est une affection autosomique récessive rare.
L’augmentation des triglycérides est extrêmement marquée, pouvant atteindre
plus de 100 mmol/L. Le diagnostic est habituellement posé en bas âge lorsqu’on
observe du sang rose clair et de consistance laiteuse au moment d’un prélève-
ment sanguin. Cet aspect est dû à la présence abondante de triglycérides. Assez
souvent, le bilan sanguin est effectué pour explorer les causes possibles d’une
détérioration de l’état général, laquelle est, en fait, une présentation non spéci-
fique d’une pancréatite secondaire à l’hypertriglycéridémie. Cette maladie néces-
site une prise en charge spécialisée. Le traitement demeure surtout diététique,
avec un régime très restreint en gras. Il est rarement médicamenteux, mais on
peut utiliser certains agents tels que les fibrates et la niacine. L’objectif est de
maintenir les triglycérides en dessous de 10 mmol/L si possible, visant ainsi à
éviter la survenue de pancréatite. Dans des cas particuliers, une plasmaphérèse
peut être indiquée. Il est possible qu’une thérapie génique puisse éventuellement
augmenter la tolérance diététique aux gras.
Dysplasie bronchopulmonaire 79
Nabeel Ali, Denis Bérubé, Christian Lachance
Généralités
La dysplasie bronchopulmonaire (DBP) est une maladie pulmonaire chronique
qui atteint surtout les enfants prématurés de moins de 32 semaines de gestation.
On définit la DBP par la persistance de symptômes respiratoires, d’anomalies
radiologiques et de besoins d’oxygène après un mois de vie ou 36 semaines
d’âge corrigé. La DBP est qualifiée de légère si l’enfant n’a plus besoin d’oxy-
gène à 36 semaines d’âge corrigé, de modérée si le besoin en oxygène se pour-
suit au-delà de 36 semaines, mais n’excède pas 30 %, et de grave si le besoin
en oxygène à 36 semaines excède 30 % ou si l’enfant nécessite encore une aide
ventilatoire, par exemple une ventilation spontanée avec pression expiratoire
positive (VS-PEP) (CPAP ou continuous positive airway pressure).
La forme classique de DBP, autrefois décrite chez des enfants moins pré-
maturés, est devenue rare. L’amélioration de la survie des grands prématurés
a déplacé le pic d’incidence de la DBP vers les enfants plus immatures (moins
de 1 250 g ou 28 semaines d’âge gestationnel) ; c’est ainsi que l’incidence de la DBP
Dysplasie bronchopulmonaire 409
Manifestations cliniques
La DBP se développe parfois chez le prématuré sans détresse respiratoire à la
naissance. Classiquement, cependant, le prématuré présente une détresse respira-
toire initiale avec une persistance des besoins d’oxygène ou une apparition plus
tardive d’hypoxémie à l’air ambiant. Chez l’enfant qui est toujours sous assistance
ventilatoire, on peut observer une augmentation des paramètres de ventilation,
accompagnée de polypnée, de battement des ailes du nez et de tirage intercostal
et sous-costal. Des épisodes de désaturation surviennent fréquemment, surtout
pendant les tétées.
Explorations
Le diagnostic est clinique, et il s’appuie sur les antécédents ainsi que sur l’évolution
de l’enfant.
Les gaz sanguins révèlent une acidose respiratoire parfois marquée (hyper-
capnie > 65 mm Hg) partiellement ou complètement compensée. L’hypoxémie
à l’air ambiant est caractéristique.
Les anomalies radiologiques sont variables. Dans les formes légères, il peut
y avoir des opacités diffuses plus ou moins homogènes. Dans les formes plus
graves, on note une distension pulmonaire, ainsi que des images microkystiques,
ou carrément emphysémateuses, qui alternent avec des zones irrégulières de
densité accrue (fibrose). Des zones d’atélectasie migratoires accompagnent sou-
vent la DBP.
Traitement
L’hypoxémie persistante nécessite l’administration continue d’oxygène, par voie
invasive ou non, avec ou sans aide ventilatoire, à l’hôpital ou à domicile. L’oxy-
métrie de pouls est utilisée pour ajuster la quantité d’oxygène administrée. Il n’y
a pas de consensus sur la cible de saturation en oxygène optimale pour à la fois
limiter les risques de toxicité pulmonaire associés à des apports élevés d’oxy-
gène et permettre une oxygénation tissulaire adéquate. La plupart des équipes
de néonatalogie règlent l’apport d’oxygène au niveau minimal permettant de
maintenir la saturation de 90 à 95 % après 36 semaines d’âge corrigé. Plusieurs
enfants atteints d’une DBP grave ont besoin d’une aide ventilatoire non invasive
ou invasive pendant une longue période. Dans ces cas, la stratégie de ventilation
410 Dysplasie bronchopulmonaire
Complications
Les complications cardiovasculaires sont l’insuffisance cardiaque aiguë ou chro-
nique, le cœur pulmonaire, l’hypertension artérielle systémique et pulmonaire. Sur
le plan pulmonaire, les enfants atteints de DBP peuvent présenter des épisodes
asthmatiformes, des surinfections pulmonaires et une obstruction persistante
Dysplasie bronchopulmonaire 411
Pronostic
Les survivants sont fréquemment hospitalisés au cours de la première année
de vie, notamment pour des épisodes de surinfections respiratoires. Les dif-
ficultés respiratoires chroniques et la dépendance à l’égard de l’oxygène ou
de l’aide mécanique ventilatoire s’atténuent progressivement et disparaissent
la plupart du temps avant l’âge de un an. Même lorsque l’évolution clinique
est favorable, les radiographies pulmonaires peuvent demeurer anormales à
long terme, et les épreuves de fonction respiratoire révèlent souvent la per-
sistance d’anomalies de type obstructif jusqu’à l’âge adulte. L’évolution de la
fonction pulmonaire à l’âge adulte plus avancé, notamment chez le fumeur,
demeure inconnue.
Bien que des anomalies respiratoires diverses puissent persister à long
terme, elles représentent rarement un handicap important, du moins dans les
activités courantes. Le devenir à long terme est souvent beaucoup plus modulé
par l’atteinte neurologique que le patient peut présenter (exemples : paralysie
cérébrale, troubles neurodéveloppementaux, cognitifs et scolaires). La présence
de DBP chez un prématuré est un facteur indépendant de mauvais pronostic
neurologique. En particulier, la ventilation mécanique prolongée (> 120 jours)
est fortement associée à des déficits permanents. Un suivi neurologique et déve-
loppemental à long terme s’avère donc essentiel.
Prévention
La prévention de la DBP est fondée sur les interventions suivantes (l’efficacité de
certaines d’entre elles reste à confirmer par de larges études cliniques).
• Prévenir la prématurité.
• Limiter la toxicité de l’oxygène dès la naissance : éviter l’emploi d’oxygène à 100 %
durant la réanimation et régler l’oxygénothérapie selon les saturations nor-
males de la période transitionnelle. La cible exacte de saturation est controversée.
La plupart des unités néonatales utilisent des saturations cibles de 88 à 92 %. Il
faut également éviter des saturations supérieures à 95 % avant 36 semaines
d’âge corrigé.
• Réduire les dommages induits par les phénomènes d’atélectasie. Pour ce faire,
favoriser le recours précoce à une VS PEP (CPAP), dès la salle d’accouchement.
Chez les prématurés de moins de 26 semaines, une intubation précoce, suivie
d’administration de surfactant prophylactique, puis une extubation rapide est
une stratégie de rechange acceptable.
• Minimiser les dommages induits par la ventilation mécanique invasive. Celle-ci
devrait être la plus courte possible. L’excès de distension alvéolaire ainsi que
les barotraumas doivent être évités en limitant les volumes courants (de 4 à
6 mL/kg). Une hypercapnie supérieure à 50 mm Hg peut être tolérée, pourvu
que le pH se maintienne.
412 Dysraphismes
Dysraphismes 80
Jean Turgeon, Louis Crevier
Généralités
Les anomalies du tube neural sont les malformations congénitales du système
nerveux central les plus fréquentes. Elles incluent notamment l’anencéphalie, la
méningocèle crânienne ou spinale, la méningo-encéphalocèle et la myéloménin-
gocèle. Les dysraphismes peuvent être ouverts (spina bifida aperta) ou fermés
(spina bifida occulta).
Divers facteurs étiologiques, tant génétiques qu’environnementaux, sont
incriminés. L’incidence de ces anomalies varie de 1/1 000 à 8/1 000 naissances
vivantes selon les régions. Cette incidence a diminué depuis les années 1980, en
particulier depuis que l’on recommande une supplémentation en acide folique
chez les femmes en période périconceptionnelle.
Lorsqu’un enfant naît avec anomalie du tube neural, le risque que l’enfant
suivant soit atteint est de 5 %. Ce risque est de 7 % lorsque deux enfants de la
même famille ont été atteints. Le dépistage prénatal repose surtout sur l’écho-
graphie obstétricale.
II. Méningo-encéphalocèle
La méningo-encéphalocèle (cranium bifidum) est causée par une lacune osseuse
presque toujours située sur la ligne médiane du crâne. Il y a protrusion des méninges
(méningocèle) ou des méninges et du tissu cérébral (méningo-encéphalocèle). La
méningo-encéphalocèle peut être située n’importe où sur la ligne médiane, mais
le plus souvent elle est localisée à la région pariéto-occipitale et, plus rarement,
au nez, au front ou à la base du crâne. Toute masse dans ces régions doit faire
suspecter la présence d’une méningo-encéphalocèle. Le diagnostic repose sur
l’examen clinique (transillumination), l’échographie, la radiographie simple du
crâne, ainsi que sur la tomodensitométrie et la résonance magnétique nucléaire
cérébrales. Le traitement est chirurgical. Il y a un risque d’hydrocéphalie, de
microcéphalie, d’épilepsie et de retard mental.
Prévention
Lorsqu’un couple a donné naissance à un enfant porteur d’une anomalie du tube
neural, il est recommandé de prescrire à la mère un supplément quotidien de
4 mg d’acide folique dès que le couple n’utilise plus de moyen de contracep-
tion en vue d’une nouvelle grossesse et, par la suite, pendant tout le premier
trimestre de la grossesse. Par ailleurs, toute femme souhaitant devenir enceinte,
et qui aurait cessé la contraception avec cet objectif, devrait prendre un supplé-
ment quotidien de 0,4 mg d’acide folique, même si elle n’a pas donné naissance
à un enfant porteur d’un dysraphisme.
414 Électrisation
Électrisation 81
Benoit Bailey, E. Patricia Egerszegi, Pierre Gaudreault
Généralités
En raison de sa tendance naturelle à explorer son environnement, l’enfant peut
être victime d’une électrisation (choc électrique non mortel) ou d’une électro-
cution (choc électrique mortel) causée soit par un contact avec une prise de
courant, un appareil électrique ou un câble de transmission, soit par la foudre.
La gravité d’une électrisation dépend de plusieurs facteurs, le principal étant
l’intensité (« ampérage ») du courant. En effet, les dommages tissulaires dépendent
de la loi de Joule :
chaleur engendrée = intensité2 × résistance × temps d’exposition.
Les effets cliniques du courant, déterminés expérimentalement, sont les
suivants :
• de 1 à 2 milliampères : sensation de picotement ;
• de 10 à 20 milliampères : tétanie ;
• de 20 à 50 milliampères : arrêt respiratoire par tétanie musculaire ;
• de 50 à 100 milliampères : fibrillation ventriculaire.
La loi d’Ohm stipule ceci : voltage = intensité × résistance. En clinique, seul le
voltage est habituellement connu. Pour un voltage donné, l’intensité du courant
fluctue considérablement, car la résistance de la peau varie beaucoup, comme
le montrent les chiffres suivants :
• muqueuse : 100 ohms/cm2 ;
• peau mince : de 300 à 10 000 ohms/cm2 ;
• peau humide : 1 200 ohms/cm2 ;
• peau épaisse : de 100 000 à 200 000 ohms/cm2 ;
• callosité : de 106 à 2 × 106 ohms/cm2 ;
Un voltage donné peut donc causer des effets aussi différents qu’une sen-
sation de picotement cutané ou une fibrillation ventriculaire.
Selon la loi de Joule, plus le contact avec la source de courant est long,
plus les lésions tissulaires seront importantes. La tétanie causée par le courant
peut allonger le temps de contact. Par ailleurs, la durée de contact augmente le
risque de fibrillation ventriculaire.
À intensité égale, un courant alternatif, comme celui qui alimente les maisons,
est plus dangereux qu’un courant continu, et ce, même à bas voltage.
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques sont nombreuses et peuvent toucher tout viscère se
trouvant sur le trajet du courant.
Il peut y avoir des brûlures du 1er, du 2e, du 3e ou du 4e degré, qui est une
atteinte des tissus profonds (exemples : muscle, tendons, vaisseaux, nerfs). L’éten-
due des brûlures cutanées ne permet pas de prédire celle des lésions internes ;
de 10 à 45 % des personnes qui décèdent par électrocution n’ont pas de lésions
cutanées.
Un arrêt respiratoire par tétanie musculaire est possible. Un arrêt cardiaque
peut survenir par fibrillation ventriculaire ou par asystolie. Il peut aussi y avoir
Électrisation 415
Approche clinique
I. Mesures générales
1) Couper le courant avant de toucher la victime.
2) Entreprendre les manœuvres de réanimation si l’enfant est en arrêt cardiores-
piratoire (voir Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale).
3) Procéder, dès que possible, à une brève anamnèse, comprenant les questions
suivantes.
• Y a-t-il un témoin de l’accident ?
• L’enfant a-t-il perdu conscience ? A-t-il eu de la tétanie (incapacité de lâcher
la source de courant pendant plus de une seconde) ? A-t-il été projeté à
distance (risque de lésions traumatiques associées) ? Sa peau était-elle
mouillée ?
• Quel était le voltage ? (Au besoin, contacter les autorités responsables.)
Était-il continu ou alternatif ?
• L’enfant a-t-il des antécédents cardiaques ?
4) Chercher les lésions cutanées ainsi que les signes d’atteinte viscérale sur le
trajet du courant, entre les points d’entrée et de sortie. Jusqu’à preuve du
contraire, toute personne électrisée a des lésions profondes.
Dans les autres cas, si l’ECG est normal, le patient peut retourner à la maison.
Si l’ECG se révèle anormal (cela inclut même la présence d’une tachycardie ou
d’une bradycardie sinusales ou des extrasystoles ventriculaires), un monitorage
cardiaque, d’une durée de 24 heures, est aussi indiqué.
Prévention
Plusieurs mesures préventives doivent être appliquées : mettre des protecteurs
sur les prises de courant ; ne jamais laisser traîner un câble électrique dont une
extrémité est branchée ; ne jamais utiliser d’appareils électriques dans la salle de
bains. Il faut aussi éduquer les adultes et les enfants sur les dangers que repré-
sentent la foudre, les lignes et les appareils électriques.
Embonpoint et obésité 82
Élisabeth Rousseau, Anca Sterescu
Généralités
I. Définitions et prévalence
Le surplus pondéral se définit comme un excès de tissu adipeux. Il s’agit du
problème nutritionnel le plus fréquent dans les pays développés. La population
pédiatrique est loin d’être épargnée. Ainsi, selon l’Organisation mondiale de
la Santé (OMS), l’embonpoint touchait, en 2011, près de 40 millions d’enfants
âgés de moins de 5 ans. Au Canada, en 2010, on établissait la prévalence de
l’embonpoint à 15 % et celle de l’obésité à 10 % chez les enfants de 2 à 17 ans.
Embonpoint et obésité 417
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse familiale prise sur deux générations s’intéresse principalement à la
présence d’obésité, de dyslipidémie, de diabète, d’hypertension artérielle et de
maladie cardiovasculaire précoce (avant 55 ans chez les hommes et chez les
femmes, avant 65 ans). On note le poids et la taille des parents dont on calcule
420 Embonpoint et obésité
l’IMC. L’histoire personnelle est surtout centrée sur les conditions de la grossesse
(diabète gestationnel maternel, restriction de croissance intra-utérine), sur le poids
de naissance, ainsi que sur l’évolution de la croissance staturopondérale depuis la
naissance. On accorde une attention particulière à d’éventuels éléments d’ordre
psychosocial ayant pu déclencher la prise pondérale (exemples : réaménagement
familial, déménagements, immigration) et à la présence d’une affection médicale
ou psychologique potentiellement associée au gain de poids. On revoit les habi-
tudes de vie : journal alimentaire des trois derniers jours, heures de sommeil et
attitudes familiales quant aux repas (accès trop facile à certains aliments vides
mais riches en calories, fréquentation de restauration rapide, télévision allumée
aux repas). On note le nombre d’heures par semaine d’activités physiques et le
nombre d’heures par jour de « temps d’écran » (télévision, ordinateur, jeux vidéo).
On relève les tentatives de régimes et de traitements pour le surplus pondéral
et leurs effets.
Quoique la plupart des enfants obèses n’expriment aucune plainte,
on doit rechercher chez eux les symptômes de dysfonction endocrinienne,
incluant les troubles ovulatoires chez l’adolescente (syndrome des ovaires
polykystiques), les céphalées (hypertension intracrânienne idiopathique ou
pseudotumor cerebri), les symptômes respiratoires (apnée du sommeil, hypo-
ventilation, asthme), les troubles digestifs (constipation, dyspepsie, reflux
gastro-œsophagien, cholélithiase), les troubles locomoteurs (pieds plats,
gonalgies, coxalgies) et les signes urinaires (récidive d’énurésie). Enfin, on
s’intéresse à la santé psychologique du jeune, en particulier à l’estime de soi
et à d’éventuels symptômes suggestifs de dépression ou de déficit de l’atten-
tion avec ou sans hyperactivité.
III. Explorations
Parmi les enfants obèses âgés de 5 à 10 ans, environ 60 % ont déjà un facteur
de risque pour de futures maladies cardiovasculaires, et 25 % présentent plus
Embonpoint et obésité 421
Traitement
Une combinaison d’interventions alimentaire, comportementale et d’antiséden-
tarité semble la stratégie la plus efficace.
422 Embonpoint et obésité
I. Approche nutritionnelle
On tente de corriger les distorsions alimentaires relevées au questionnaire,
qu’elles soient d’ordre qualitatif ou quantitatif. Le grignotage entre les repas
(souvent sous-évalué), la surconsommation de jus, de boissons gazeuses, de lait
et de sucreries, des repas sautés de même qu’une sous-consommation de fruits et
de légumes (< 5/jour) sont tous synonymes de mauvaise alimentation, donc de
risque d’obésité. On doit privilégier les aliments à faible teneur calorique, mais
à grande valeur nutritionnelle, comme les légumes, les fruits et les céréales à
grains entiers (riches en fibres et en micronutriments) et s’assurer d’un apport
suffisant en vitamine D, les taux sanguins de vitamine D étant souvent bas chez
les patients obèses.
Les enfants obèses âgés de moins de deux à trois ans ne doivent pas être
soumis à un régime diététique restrictif, de crainte de nuire à leur croissance
staturale. On ne fait que corriger les « aberrations » nutritionnelles, principa-
lement la surconsommation de lait liée à l’usage prolongé du biberon. Chez
les enfants plus âgés, maintenir un poids stable peut être un objectif réaliste
et réalisable.
L’implication parentale est absolument nécessaire. La collaboration familiale
s’avère bénéfique à tous, les repas se passant dans une ambiance sereine et non
coercitive. Il faut encourager les adolescents à participer à la planification des
menus, aux achats en épicerie, avec lecture des étiquettes, et à l’élaboration des
plats.
Les conseils nutritionnels proposés sont ceux d’une alimentation saine et
diversifiée. Physiologiquement, les protéines et les fibres comblent la satiété et
calment la faim, les lipides donnent du goût aux aliments, et les sucres ne servent
de coupe-faim que brièvement (environ une heure). Une consultation pour éva-
luation diététique permet d’établir des objectifs pratiques et réalisables. Si l’obésité
est importante et associée à une comorbidité (exemple : hypertension artérielle)
et si l’enfant est âgé de 3 à 12 ans, on suggère une restriction calorique modérée
d’environ 250 kcal/24 h (375 mL de lait, ou 250 mL de crème glacée, ou une part
et demie de pizza, ou 100 g de maïs soufflé ( popcorn), ou 100 g de poulet). S’il
s’agit d’un adolescent, la restriction calorique est de 500 kcal/24 h, le but étant
de changer les habitudes alimentaires et d’améliorer progressivement l’IMC.
Une diète hypocalorique avec instructions utilisant les couleurs des feux
de circulation (soit le rouge pour éviter les aliments trop riches en gras et en
sucre, l’orange pour les aliments à consommer avec modération et le vert pour
tous les aliments à manger sans restriction) peut être un moyen didactique
facile et agréable, enseignant ce qu’il est possible de manger pour sa santé et
ce dont il vaudrait mieux s’abstenir. En fait, il n’y a pas de bons ou de mauvais
aliments. C’est plutôt une question de proportions et de portions. Certaines
diètes très restrictives (< 1 000 kcal/24 h) ont été proposées sur de courtes
périodes à des jeunes en excès pondéral important, et ce, par manipulation de
un ou de plusieurs macronutriments, par exemple la diète riche en protéines,
la diète pauvre en gras, la diète riche en gras et pauvre en sucres ou la diète
à indice glycémique bas. Ces diètes sont déconseillées, car elles sont fades
et inadéquates sur le plan nutritionnel. Elles nécessitent des suppléments de
calcium, de vitamines hydrosolubles et doivent être suivies sous supervision
médicale étroite. Aucune d’entre elles n’a fait l’objet d’une évaluation quant aux
bénéfices réels à long terme. Aucune n’est supérieure à la simple restriction
Embonpoint et obésité 423
V. Chirurgie bariatrique
Bien qu’elle jouisse d’un certain engouement, cette approche draconienne doit
être réservée à l’adolescence (stade de Tanner 4), aux cas d’obésité morbide
(IMC > 40), avec syndrome métabolique, après échec des approches combinées
(régime hypocalorique/exercice/thérapie comportementale). Le by-pass gastrique
associé ou non à la gastroplastie (par anneau, agrafage) limite l’apport calorique,
mais risque de transformer le jeune opéré en infirme digestif à vie, et ceci, sans
compter les reprises de poids possibles et les déficits en micronutriments (fer,
vitamine B12). Il s’agit donc d’interventions exceptionnelles.
Suivi
Il est parfois difficile d’assurer un suivi serré des patients qui, eux-mêmes, comme
souvent leurs parents, ne perçoivent pas l’importance du problème et ne se
sentent pas malades. Idéalement, pour maintenir la motivation de tous, on peut
proposer une visite mensuelle au cours des six premiers mois, puis espacer les
visites selon les cas. Afin de créer une alliance thérapeutique, on doit s’attacher
à maintenir un climat exempt de jugement.
À l’occasion de chaque visite, on pèse et l’on mesure le patient puis on
calcule l’IMC. Le jeune et sa famille sont encouragés à poursuivre leurs efforts
diététiques et leur programme d’activités physiques. S’il n’y a pas de progrès,
on analyse les causes d’échec, les barrières aux changements, afin de déblo-
quer la situation et de trouver des solutions concrètes. Les tests de laboratoire
sont répétés généralement tous les deux ans. L’amélioration de ces tests et la
diminution de la circonférence abdominale témoignant d’une amélioration de
la composition corporelle, plutôt que la perte de poids, peuvent représenter
un objectif intermédiaire plus facile à atteindre. On évite toute obsession sur
les chiffres de poids, on déconseille l’emploi d’un pèse-personne à la maison
et l’on privilégie de la part du jeune et de sa famille un « discours changement »
vers des habitudes de vie saine. Dans les situations d’obésité morbide, il peut
être bénéfique d’avoir recours à une équipe multidisciplinaire (médecin, spé-
cialiste de la nutrition, kinésithérapeute, psychologue et travailleur ou assistant
social pour faire, par exemple, le lien entre l’école et la famille) et à la thérapie
de groupe pour encourager le jeune à modifier ses habitudes alimentaires et à
bouger davantage.
Prévention
Parce que les résultats des interventions chez les enfants présentant un excès
pondéral sont modestes et que le risque de rechute est élevé, la prévention pri-
maire demeure d’une importance cruciale (voir Nutrition).
Encéphalite 425
Encéphalite 83
Anne Lortie, Céline Rousseau, Catherine Farrell
Généralités
L’encéphalite est une inflammation du tissu cérébral. On distingue les encépha-
lites infectieuses et les encéphalites auto-immunes.
Les encéphalites infectieuses sont le plus souvent virales. Parmi les virus les
plus fréquemment en cause figurent ceux de la famille Herpetoviridæ (Herpes
simplex, le virus Epstein-Barr, le cytomégalovirus (CMV), le virus de la varicelle,
le virus humain herpétique type 6), les virus de la famille Picornaviridæ (dont
les Coxsackie A et B, les échovirus et les entérovirus), les arbovirus (dont le virus
du Nil), ainsi que les virus influenza et para-influenza, l’adénovirus, le virus de
l’immunodéficience humaine (VIH), les virus de la rougeole, des oreillons et de
la rage. Un tableau clinique similaire à celui d’une encéphalite virale peut résul-
ter d’une tuberculose, d’une malaria, d’une maladie de Lyme, d’une infection à
Mycoplasma pneumoniæ ou à Bartonella henselæ ; plusieurs autres agents bac-
tériens, fongiques ou parasitaires peuvent causer une encéphalite. On parle de
méningo-encéphalite lorsqu’une méningite est associée. Chez le nouveau-né, les
principales causes d’encéphalite sont les entérovirus et le virus Herpes simplex.
Les encéphalites auto-immunes sont de deux types : liées à un événement
infectieux ou avec une immunisation, ou associées à des auto-anticorps. En pédia-
trie, l’encéphalite auto-immune la plus fréquente est l’ADEM (acute disseminated
encephalomyelitis). Elle touche surtout la substance blanche cérébrale, mais peut
aussi atteindre les noyaux gris centraux et la moelle épinière. Les encéphalites à
auto-anticorps ont d’abord été diagnostiquées dans le contexte de phénomènes
paranéoplasiques, mais on sait maintenant que cette association n’est pas toujours
présente. La plus fréquente en pédiatrie est l’encéphalite à antirécepteurs NMDA
(N-méthyl-D-aspartate).
Manifestations cliniques
Le patient présente généralement une altération de l’état de conscience, qui
peut aller de la somnolence légère au coma profond. Il peut aussi présenter des
céphalées, des troubles de comportement et des vomissements. Certains virus
causent simultanément d’autres symptômes comme de la fièvre et une éruption
(exemples : rougeole, varicelle), ce qui facilite le diagnostic. Selon la localisation
et l’importance des lésions cérébrales, il peut y avoir des convulsions ainsi
que des signes neurologiques latéralisés ou focalisés. Des convulsions focales
précoces, une hémiparésie ou une dysphasie sont fortement suggestives d’une
étiologie herpétique. Le virus de la varicelle cause souvent une atteinte cérébel-
leuse avec ataxie. En cas de méningo-encéphalite, on observe parfois une rai-
deur de la nuque.
Les symptômes de l’ADEM incluent par définition une atteinte de l’état de
conscience qui peut être simplement de l’irritabilité, ainsi que des symptômes
neurologiques variés, selon la localisation des atteintes, dont l’ataxie. Le diagnos-
tic d’ADEM doit être suspecté s’il y a un intervalle libre entre des symptômes
infectieux et l’apparition de symptômes neurologiques.
426 Encéphalite
Explorations
L’anamnèse s’intéresse aux voyages, à l’exposition à des animaux ou à des insectes
ainsi qu’aux contacts avec des personnes malades. À l’examen, on recherche les
signes propres à certaines infections virales, ainsi que des déficits neurologiques.
Lorsqu’il y a des signes neurologiques latéralisés ou focalisés, ou encore
une altération de l’état de conscience, une tomodensitométrie cérébrale est
essentielle pour exclure la présence d’une lésion occupant de l’espace, comme
une tumeur ou un abcès cérébral. On doit procéder à cet examen avant la
ponction lombaire. Dans une minorité de cas (environ 5 %), le LCR est entiè-
rement normal ; la plupart du temps, on note des anomalies similaires à celles
qui sont observées dans la méningite virale. Les cultures virales du LCR sont
spécifiques, mais peu sensibles. La PCR aide à l’identification virale, particuliè-
rement pour le diagnostic de l’encéphalite herpétique. Des analyses par PCR
sur le LCR peuvent également être effectuées pour rechercher d’autres virus
de la famille Herpetoviridæ, plusieurs virus de la famille Picornaviridæ, dif-
férents arbovirus, le M. pneumoniæ, le Bartonella sp et le Mycobacterium
tuberculosis.
La résonance magnétique nucléaire cérébrale, faite dans un deuxième temps,
peut parfois mettre en évidence une souffrance localisée au lobe temporal ou à
la région fronto-orbitaire, suggestive d’une infection herpétique chez l’enfant âgé
de plus de deux ans, ou des signes d’atteinte de la substance blanche, sugges-
tifs d’une encéphalite auto-immune comme l’ADEM. L’imagerie cérébrale peut
cependant se révéler normale.
L’EEG peut être normal mais il va le plus souvent montrer des anomalies
sous forme d’une dysfonction lente qui, sans être spécifique, est évocatrice ;
des anomalies périodiques localisées au lobe temporal suggèrent une étiologie
herpétique.
Selon le cas, on peut procéder aux analyses additionnelles suivantes : culture
virale de sécrétions nasopharyngées (influenza et para-influenza), de gorge ou de
selles (virus de la famille Picornaviridæ, adénovirus) ; recherche d’antigènes par
immunofluorescence sur des lésions cutanées vésiculaires (varicelle et herpès).
L’isolement d’un virus sur un prélèvement des voies respiratoires supérieures ou
des selles suggère une étiologie virale, mais il faut être prudent dans l’interpré-
tation. Ainsi, puisque l’hôte excrète parfois des particules virales dans les selles
pendant plusieurs semaines après une infection, les cultures virales peuvent
demeurer positives, sans que le virus détecté soit nécessairement en cause dans
l’encéphalite.
Il peut être indiqué d’effectuer une sérologie pour les micro-organismes
suivants : CMV, virus Epstein-Barr, arbovirus – dont le virus du Nil –, influenza,
adénovirus, rougeole, oreillons, VIH, rage, M. pneumoniæ, B. henselæ, Lyme.
Un deuxième sérum doit être obtenu de 14 à 21 jours après le premier. Une
Encéphalite 427
Traitement
Devant toute encéphalite grave, surtout s’il y a une souffrance du lobe temporal
ou de la région fronto-orbitaire, il faut suspecter une encéphalite herpétique et
entreprendre immédiatement un traitement à l’acyclovir par voie intraveineuse.
Dans le cas où la PCR sur le LCR se révèle positive pour le virus Herpes, le dia-
gnostic d’encéphalite herpétique est confirmé, et il faut poursuivre le traitement
pendant 21 jours ; on recommande de s’assurer que la PCR est négative dans
le LCR avant de cesser le traitement intraveineux. Si la PCR initiale est négative, la
décision de cesser l’acyclovir doit être individualisée. En effet, la PCR peut être
négative au cours des 48 à 72 premières heures de la maladie. S’il existe une
forte suspicion clinique d’encéphalite herpétique, on doit envisager de répéter
la PCR sur un nouvel échantillon de LCR après quelques jours et de poursuivre
le traitement intraveineux entre-temps. Pour les autres encéphalites virales, on
ne peut offrir que le traitement de soutien habituel. Dans les cas graves, une
surveillance étroite dans une unité de réanimation s’avère essentielle.
En général, l’ADEM répond bien à un traitement de méthylprednisolone à forte
dose, soit 30 mg/kg/24 h IV pendant 3 à 5 jours. Le traitement de l’encéphalite
à antirécepteurs NMDA consiste en une immunosuppression, initialement avec
de la méthylprednisolone par voie intraveineuse.
Complications
Plusieurs complications sont possibles : coma, convulsions, sécrétion inappropriée
d’hormone antidiurétique, déficits neurologiques transitoires ou permanents,
hypertension intracrânienne, insuffisance respiratoire et décès.
Pronostic
Le pronostic est variable selon les sujets, la présence ou non d’un déficit immu-
nitaire, la nature de l’encéphalite (infectieuse ou auto-immune) et l’agent patho-
gène en cause.
De manière générale, l’œdème cérébral diffus, l’état de mal convulsif et le
coma à l’arrivée ou au cours des jours suivants sont des facteurs de gravité ; les
patients concernés ont un moins bon pronostic de récupération.
428 Endocardite bactérienne
Prévention
Il faut veiller à ce que tous les enfants reçoivent les vaccins habituels et particu-
lièrement le vaccin contre la rougeole. L’administration du vaccin et d’immuno-
globulines contre la rage s’impose lorsqu’un enfant a été mordu par un animal
pouvant être atteint de cette maladie. La lutte contre les insectes vecteurs joue
un rôle important dans la prévention des encéphalites à arbovirus.
Endocardite bactérienne 84
Jean-Luc Bigras, Valérie Lamarre, Jean-Sébastien Joyal
Généralités
Les endocardites infectieuses représentent tous les types d’infections de l’endo-
carde. Les endocardites bactériennes sont de loin les plus fréquentes. Les princi-
pales bactéries responsables sont les streptocoques, surtout du groupe viridans
(streptocoque α-hémolytique ou à hémolyse verdâtre), et le Staphylococcus
aureus. Plusieurs autres agents peuvent être en cause, dont les suivants : Staphy-
lococcus epidermidis, Streptococcus pneumoniæ (pneumocoque), entérocoques,
coccobacilles fastidieux à Gram négatif regroupés sous l’acronyme HACEK (dif-
férentes espèces d’Hæmophilus, Actinobacillus, Cardiobacterium, Eikenella et
Kingella) et certains champignons.
Il est rare qu’une endocardite bactérienne survienne sur des valves préala-
blement saines ; il faut l’existence d’une lésion endothéliale préalable sur laquelle
les micro-organismes viennent se fixer. Chez l’enfant, ces lésions endothéliales
sont en grande majorité favorisées par une cardiopathie sous-jacente. Les fac-
teurs cardiaques prédisposant à l’endocardite sont associés à un risque élevé,
modéré ou négligeable.
• Risque élevé : endocardite bactérienne antérieure, valvulopathie rhumatismale,
prothèse valvulaire, malformation cardiaque congénitale cyanogène.
• Risque modéré : prolapsus mitral avec épaississement des feuillets ou régurgita-
tion, sténose mitrale, atteinte de la valve tricuspide, sténose pulmonaire, atteinte
de la valve aortique, communication interventriculaire, coarctation de l’aorte.
Endocardite bactérienne 429
Approche clinique
I. Anamnèse
La symptomatologie est très variable et peut se manifester de façon aiguë ou
chronique. L’anamnèse doit d’abord s’intéresser à la fièvre, bien que celle-ci ne
soit pas toujours présente. Une fièvre prolongée et inexpliquée chez un enfant
porteur d’une cardiopathie doit faire suspecter une endocardite. Des malaises
généraux tels la fatigue, des frissons, des arthralgies ou des myalgies, une perte
d’appétit et un amaigrissement doivent être recherchés. Il arrive qu’une destruc-
tion valvulaire conduise à une défaillance cardiaque, se manifestant de manière
habituelle (exemples : polypnée, dyspnée, difficultés aux tétées chez le nourrisson).
Chez l’enfant porteur d’une prothèse valvulaire, il faut suspecter une endocardite
au moindre symptôme suggestif. L’enfant peut également se présenter avec des
symptômes liés aux complications emboliques de l’endocardite telles qu’une em-
bolie pulmonaire, un déficit neurologique, une méningite ou une ostéomyélite.
Chez l’adolescent utilisateur de drogue intraveineuse, l’indice de suspicion
d’endocardite doit être élevé.
III. Explorations
L’hémogramme peut révéler une anémie normochrome normocytaire et une
hyperleucocytose. Les médiateurs d’inflammation, tels que la vitesse de sédimen-
tation ou la protéine C réactive, sont souvent élevés, ainsi que les complexes
immuns circulants, qui sont anormaux chez la moitié des patients. Il peut y avoir
une hématurie et une protéinurie.
Les deux examens clés sont les hémocultures et l’échocardiographie. Avant
d’entreprendre le traitement, on doit prélever de trois à six hémocultures à par-
tir de différents sites de ponction veineuse. Elles ne doivent pas nécessairement
être effectuées au moment d’une poussée fébrile. Elles se révèlent négatives
dans 10 à 15 % des cas. Il faut apporter un soin particulier à la désinfection de
la peau, car plusieurs bactéries responsables d’endocardites colonisent nor-
malement celle-ci ; des hémocultures faussement positives peuvent être une
source d’erreur de diagnostic. L’échocardiographie peut démontrer l’existence
430 Endocardite bactérienne
Traitement
Certains principes de base guident le traitement : la thérapie doit être administrée
par voie parentérale, elle est de durée prolongée, l’antibiotique principal doit être
bactéricide, et des combinaisons synergiques sont souvent utilisées.
Si l’enfant est assez bien sur le plan clinique, il est parfois préférable d’attendre
les résultats des hémocultures avant d’entreprendre la thérapie. Si l’enfant est très
malade et si la suspicion clinique d’endocardite est assez élevée, il faut amorcer
une antibiothérapie dès que les hémocultures ont été prélevées, sans en attendre le
résultat. Le traitement empirique dépend alors du contexte clinique. S’il s’agit d’un
enfant non porteur de valve prothétique, les principales bactéries impliquées sont
les streptocoques du groupe viridans et le S. aureus ; on peut entamer un traitement
avec de la pénicilline G associée à la cloxacilline et à la gentamicine. S’il s’agit d’un
enfant porteur d’une valve prothétique, les staphylocoques, y compris ceux à coa-
gulase négative, sont souvent responsables ; dans ces circonstances, le traitement
empirique consiste habituellement en l’administration de vancomycine associée à la
gentamicine et à la rifampicine. Chez le patient utilisateur de drogue intraveineuse,
le traitement initial devra assurer une excellente couverture contre le S. aureus.
Une fois les résultats des hémocultures obtenus, on ajuste le traitement anti-
biotique et sa durée en fonction de l’identification bactérienne, des données de
l’antibiogramme (incluant une détermination de la concentration minimale inhi-
bitrice) et de la présence ou non de matériel prothétique. Il est important de
répéter des hémocultures jusqu’à ce qu’elles soient négatives. La durée de traite-
ment sera plus longue pour les endocardites impliquant du matériel prothétique
(souvent de six semaines) et pour celles causées par des bactéries plus résistantes
comme les Streptococcus viridans, l’entérocoque, le S. aureus et le S. epidermi-
dis. L’utilisation de la rifampicine comme traitement adjuvant est particulièrement
intéressante pour les infections impliquant du matériel prothétique. Les endocar-
dites causées par le groupe HACEK sont traitées avec de la ceftriaxone. On doit
toujours favoriser l’utilisation de β-lactames plutôt que de vancomycine lorsque
les sensibilités bactériennes le permettent. Si l’enfant est allergique aux β-lactames
et que ceux-ci sont le premier choix, une désensibilisation est parfois nécessaire.
Lorsque c’est approprié, on procède à des dosages sériques des médicaments
(gentamicine, vancomycine) afin de s’assurer que les concentrations sont optimales.
Un traitement chirurgical peut être requis si des lésions valvulaires impor-
tantes causent une défaillance cardiaque réfractaire, si des phénomènes embo-
liques persistent, s’il y a des troubles du rythme ou si des abcès progressent en
taille pendant le traitement.
Complications
Parmi les principales complications des endocardites figurent les suivantes : défail-
lance cardiaque par destruction valvulaire, arythmies, embolies infectieuses avec
432 Endocardite bactérienne
Pronostic
Le pronostic dépend du micro-organisme en cause, du degré d’atteinte valvu-
laire et des complications neurologiques ; la mortalité demeure élevée (de l’ordre
de 10 %).
Prévention
La prévention consiste surtout à insister sur une bonne hygiène dentaire chez
les enfants porteurs d’une cardiopathie et à leur administrer une antibiothérapie
préventive à l’occasion d’interventions associées à un risque d’endocardite.
Selon les recommandations de l’American Heart Association parues en 2007,
on doit prescrire une prophylaxie selon le type de patient et la nature de l’in-
tervention. Désormais, l’indication de prophylaxie n’est plus uniquement liée
au risque de développement d’une endocardite, mais est établie également en
fonction du risque que celle-ci ait une évolution défavorable. Ainsi, les patients
qui doivent recevoir une prophylaxie sont ceux qui répondent à l’un ou l’autre
des critères suivants :
1) porteurs d’une prothèse valvulaire cardiaque (ou matériel prothétique utilisé
pour réparer la valve) ;
2) antécédents d’endocardite infectieuse ;
3) atteints de certaines malformations cardiaques congénitales :
a) cardiopathies cyanogènes non corrigées, en incluant les shunts palliatifs
et les pontages,
b) cardiopathies totalement corrigées avec une prothèse ou un autre dispositif,
qu’il ait été placé chirurgicalement ou par cathétérisme, dans les six pre-
miers mois après l’intervention (l’endothélialisation du matériel prothétique
apparaît dans les six mois suivant celle-ci),
c) cardiopathies corrigées, mais avec un défaut résiduel au site ou adjacent
au site de fermeture de la prothèse ou d’un autre dispositif ;
4) transplantés cardiaques chez qui se développe une valvulopathie.
Les interventions pour lesquelles une antibioprophylaxie de l’endocardite
est recommandée sont les suivantes.
• Toute intervention dentaire qui concerne les tissus gingivaux ou la région péri-
apicale des dents ou qui implique une perforation de la muqueuse buccale.
Dans cette situation, l’antibioprophylaxie doit être dirigée contre le S. viridans.
Le tableau 84.1 détaille les régimes d’antibioprophylaxie recommandés. Les in-
terventions dentaires qui ne nécessitent pas d’antibioprophylaxie sont les sui-
vantes : injection intrabuccale d’un anesthésique local à travers un tissu non
infecté, radiographies dentaires, mise en place ou ajustements d’appareils d’or-
thodontie, perte des dents primaires et saignements post-traumatiques des lèvres
ou de la muqueuse buccale.
Endocardite bactérienne 433
Généralités
Les engelures désignent des lésions cutanées superficielles causées par le froid ;
elles sont assez fréquentes dans les pays au climat nordique.
Les gelures sont des lésions plus graves. Elles sont liées à une congélation
des tissus. Rares en dehors de circonstances particulières (exemples : milieu socio-
économique très défavorisé, sports d’hiver), elles touchent le plus souvent les
doigts, les orteils, les oreilles et le nez. Les facteurs favorisant leur apparition sont
les suivants : température extérieure très basse, exposition prolongée au froid,
degré élevé d’humidité, présence de vent, protection vestimentaire insuffisante
ou vêtements trop serrés, appui sur un corps métallique, immobilité, malnutri-
tion ou déshydratation, histoire de gelures antérieures, jeune âge (moins de cinq
ans), fatigue, sommeil.
La panniculite au froid, lésion bénigne habituellement localisée sur les joues
de l’enfant, est causée par une solidification des graisses sous-cutanées. Par temps
glacial et venteux, elle peut survenir après une exposition de quelques minutes.
Elle n’est pas rare chez les enfants d’âge préscolaire ; on l’a même observée chez
les enfants de moins de deux ans, après le maintien prolongé en bouche d’une
glace à l’eau (PopsicleMD).
Manifestations cliniques
I. Engelure
L’engelure est un simple refroidissement cutané de la zone exposée, qui se tra-
duit par un blanchiment ou un érythème prurigineux ou douloureux. Celui-ci
disparaît rapidement et sans laisser de séquelles au cours du réchauffement.
II. Gelure
Une gelure superficielle (1er et 2e degrés) se reconnaît à sa coloration blanche,
bleutée ou grisâtre et à l’aspect marbré de la peau. La couche cutanée super-
ficielle devient raide, mais les couches profondes conservent une consistance
normale. La zone atteinte est douloureuse et engourdie ; dans le cas des gelures
Engelure, gelure et panniculite au froid 435
Traitement
I. Engelure
Diverses sources de chaleur peuvent être utilisées (exemples : haleine, chaleur
corporelle, sèche-cheveux, rayonnement d’un appareil de chauffage, couverture
chauffante).
II. Gelure
Dans un cas de gelure, le réchauffement est urgent, mais il doit être remis à plus
tard s’il ne peut être réalisé complètement faute d’une source de chaleur suffisante
ou s’il risque d’être suivi d’un autre refroidissement. Les boissons alcoolisées, les
traumatismes locaux, les frictions et les massages risquent d’aggraver les lésions.
Les vêtements trop serrés doivent être relâchés ; les habits mouillés doivent être
remplacés dès que possible, sans manipulations brutales, par des vêtements secs.
Après ces mesures immédiates, on poursuit le traitement en milieu hospita-
lier. Un enfant atteint d’une gelure doit souvent être hospitalisé selon la gravité
et l’entendue des lésions.
• On doit effectuer le réchauffement rapidement, en 15 à 45 minutes, en utili-
sant un bassin d’eau chaude (de 40 à 42 °C) contenant une solution antisep-
tique ; ce traitement est interrompu lorsque la peau devient rouge, indiquant
le rétablissement de la circulation sanguine locale. Un réchauffement trop
lent au moyen d’eau tiède ou encore l’utilisation d’une eau trop chaude
(plus de 43 °C) peuvent être préjudiciables. Un réchauffement tardif (plus
de 24 heures après la gelure) sera sans effet. Les sources de chaleur sèche,
dont on ne peut mesurer de façon précise le rayonnement thermique, sont
à proscrire : le risque de brûlure est élevé en raison de l’insensibilité des
tissus gelés.
436 Engelure, gelure et panniculite au froid
Complications
Divers problèmes associés comme des fractures ou une hypothermie peuvent retar-
der ou compliquer le traitement immédiat des gelures. Des escarres peuvent
nécessiter une escarrotomie. La progression d’un œdème compressif et la per-
sistance de signes d’ischémie malgré le réchauffement peuvent constituer une
indication de fasciotomie. Dans certains cas de gelures majeures, une rhabdo-
myolyse peut survenir après le réchauffement et nécessiter un traitement médi-
cal intensif incluant, entre autres mesures, une hyperhydratation pour prévenir
l’insuffisance rénale aiguë.
Les séquelles dépendent de la gravité de la gelure et de la qualité du traite-
ment initial ; il peut s’agir d’amputations (celles-ci doivent être les plus limitées
possible), de déformations articulaires ou osseuses, de retards localisés de la
croissance osseuse, d’atrophies musculaires, de causalgie, d’arthralgies, d’hype-
resthésie, de perte de sensibilité permanente, d’hypersensibilité au froid, d’hy-
perhidrose, d’ostéoporose et de géodes osseuses.
Entérocolite nécrosante 437
Prévention
Il faut éviter l’exposition des jeunes enfants à des températures très froides,
surtout si le vent est fort. Les joues ne doivent pas être laissées à découvert. La
meilleure protection consiste en plusieurs épaisseurs de vêtements de bonne
qualité : amples, minces, secs et imperméables au vent et à l’eau. Le fait de por-
ter des bas et des bottes ainsi que des gants, et de les changer lorsque ceux-ci
deviennent humides, diminue aussi le risque de gelures.
Entérocolite nécrosante 86
Ibrahim Mohamed, Mona Beaunoyer
Généralités
L’entérocolite nécrosante (ECN) est l’urgence gastro-intestinale la plus fréquente
en néonatalogie. Elle touche environ 1 enfant sur 1 000. L’incidence peut atteindre
de 3 à 10 % chez les prématurés ayant un poids de naissance inférieur à 1 500 g.
En période néonatale, il existe trois formes d’atteinte intestinale : l’entéro-
colite chez les enfants nés près du terme ou à terme, la perforation intestinale
spontanée et l’ECN classique chez les enfants prématurés.
Chez les enfants nés à terme, l’ECN survient généralement durant la première
semaine de vie. Peu fréquente, elle est associée à des facteurs de risque comme
l’asphyxie périnatale, la chorioamniotite, le choc et les cardiopathies congénitales
qui causent une diminution de la perfusion mésentérique. Certaines affections
intestinales comme le gastroschisis et la maladie de Hirschprung peuvent égale-
ment prédisposer l’enfant à cette complication.
La perforation intestinale spontanée survient surtout chez les enfants de très
petit poids de naissance durant les premiers jours de vie. Elle est habituellement
focale sans être accompagnée de l’importante réaction inflammatoire ni de la
nécrose diffuse qui caractérisent l’ECN classique. Son étiologie est souvent inexpli-
quée ; elle peut compliquer l’administration de glucocorticoïdes et d’indométhacine.
Plus l’enfant est prématuré et plus le poids de naissance est faible, plus le
risque qu’une ECN se développe devient élevé et plus le délai entre la naissance
et l’apparition de la maladie se prolonge.
Les études épidémiologiques suggèrent une étiologie multifactorielle : prédis-
position génétique, prématurité et restriction de croissance intra-utérine, immaturité
intestinale et immunologique, hypoxie-ischémie, colonisation intestinale anormale
et pratiques alimentaires (préparations de lait commerciales pour nourrisson).
L’analyse histologique décrit la présence d’inflammation, de nécrose de coa-
gulation et de prolifération bactérienne anormale. Si la maladie progresse, une
atteinte intestinale transmurale peut mener à la perforation. L’ECN peut toucher tout
l’intestin, mais les sites les plus fréquents sont l’iléon distal et le côlon proximal.
Manifestations cliniques
Les principales manifestations sont une altération de l’état général (apnées, brady-
cardie, détérioration respiratoire, hypothermie et hypotension artérielle), un ralen-
tissement de la vidange gastrique, une distension et une sensibilité abdominales
438 Entérocolite nécrosante
avec ou sans décoloration de la paroi, ainsi que des rectorragies. Chez le grand
prématuré, ces signes peuvent apparaître insidieusement.
Toutefois, ces manifestations cliniques ne sont pas spécifiques. La disten-
sion abdominale et l’iléus peuvent être des signes de septicémie ou d’intolérance
digestive en lien avec la diminution de motilité intestinale chez les prématurés.
La rectorragie peut être due à une fissure anale ou à une intolérance aux pro-
téines du lait de vache chez un enfant en bon état clinique.
L’examen clinique comprenant un examen abdominal, l’évaluation radio-
logique et de laboratoire (voir ci-après) ainsi que l’évolution clinique sont des
éléments importants pour préciser le diagnostic.
Explorations
Les signes radiologiques précoces incluent la présence d’une anse intestinale
dilatée et fixe et la diminution de l’aération intestinale. La radiographie simple
de l’abdomen peut révéler une accumulation caractéristique de gaz dans la paroi
intestinale (pneumatose intestinale) ou dans la veine porte. Lorsqu’on suspecte
une ECN, on doit répéter cet examen à intervalles réguliers pour détecter la
présence d’air libre dans la cavité péritonéale, ce qui signe la perforation intes-
tinale. L’échographie abdominale peut également révéler la présence d’air dans
le système porte et des anomalies de la paroi intestinale.
L’ECN est très souvent classifiée selon le degré de gravité (classification de
Bell) : stade 1 (suspicion clinique sans signe radiologique), stade 2 (présence
de signes radiologiques spécifiques) et stade 3 (forme grave, avec signes radiolo-
giques de perforation).
Il faut surveiller régulièrement l’hémogramme (hyperleucocytose ou leu-
copénie, thrombopénie associée à une coagulation intravasculaire disséminée),
les électrolytes (hyponatrémie par 3e espace) et les gaz sanguins (acidose méta-
bolique). Il peut y avoir une hyperglycémie et une hyperbilirubinémie indirecte
ou directe. Enfin, il est indiqué de prélever des hémocultures et de rechercher
un foyer infectieux.
Traitement
Le traitement médical suffit dans la majorité des cas. Il consiste à arrêter l’alimen-
tation orale et à vider le contenu gastrique, à administrer des antibiotiques et à
assurer un soutien cardiorespiratoire, nutritionnel (alimentation parentérale) et de
l’hémostase. Il est important de bien évaluer et traiter la douleur chez ces enfants.
Le choix d’antibiotiques est fonction de la flore trouvée à l’unité néonatale.
On utilise habituellement une association d’ampicilline et de gentamicine par
voie intraveineuse. En cas de perforation intestinale, certains ajoutent le métro-
nidazole. La durée de l’antibiothérapie et du repos digestif varie entre 3 (stade 1)
et 7 à 14 jours (stade 2 et plus) selon la gravité de la maladie.
Une intervention chirurgicale est nécessaire dans environ 20 à 40 % des cas.
Le traitement chirurgical s’avère indiqué lorsqu’il y a une perforation intestinale
ou une détérioration clinique qui se produit malgré le traitement médical. Les
interventions possibles sont une laparotomie avec résection de l’intestin nécrosé
ou l’installation d’un drain péritonéal pour permettre de décomprimer l’abdomen
et pour faciliter la ventilation mécanique durant la phase aiguë de la maladie
chez les patients très immatures ou trop instables pour tolérer une laparotomie.
Énurésie 439
Complications
I. Complications précoces
Les complications précoces sont surtout liées au choc septique (présent dans
environ 30 % des cas), à la perforation intestinale et à la coagulation intravascu-
laire disséminée. L’ECN est associée à une prolongation de la durée d’hospitali-
sation d’environ 20 (stade 2) à 60 jours (stade 3).
Pronostic
La mortalité varie de 20 à 35 % chez les grands prématurés. Les enfants requérant
une intervention chirurgicale (stade 3) ont de loin le plus haut taux de mortalité,
de morbidité gastro-intestinale à long terme ainsi que de retard du développe-
ment neurologique.
Prévention
La prévention de l’ECN est la meilleure façon d’éviter la mortalité et les morbidités
associées à cette maladie. Le lait maternel et les probiotiques ont été démontrés
efficaces à cet égard.
Énurésie 87
Anne-Claude Bernard-Bonnin, Julie Franc-Guimond, Marie-José Clermont
Généralités
On parle d’énurésie lorsqu’un enfant continue à se mouiller plus de une fois
par semaine le jour après l’âge de quatre ans et la nuit après l’âge de cinq ans.
L’énurésie est primaire s’il n’y a jamais eu de période de continence durant six
mois consécutifs, et elle est secondaire dans le cas contraire.
Dans environ 85 % des cas, l’énurésie nocturne est monosymptomatique, sans
aucune symptomatologie urinaire diurne. L’énurésie nocturne polysymptomatique
s’accompagne de symptômes d’incontinence diurne et de troubles des fonctions
d’élimination (exemple : constipation).
L’incontinence diurne peut être due à une affection neurologique, soit une
vessie neurogène (exemples : paralysie cérébrale, spina bifida) ou anatomique
(exemples : uretère ectopique chez les filles, valves urétrales postérieures,
exstrophie-épispadias et autres anomalies cloacales). Elle peut accompagner la
coalescence des petites lèvres, l’infection urinaire, l’apparition d’un diabète sucré
ou d’un diabète insipide.
Chez environ 5 à 10 % des enfants d’âge scolaire, l’énurésie diurne est d’ori-
gine fonctionnelle, par anomalie de remplissage (instabilité vésicale ou syndrome
440 Énurésie
Manifestations cliniques
Les enfants atteints d’énurésie nocturne monosymptomatique n’ont habituelle-
ment aucun autre symptôme, mais il est très fréquent que l’enfant et ses parents
minimisent la symptomatologie diurne, faussant ainsi le diagnostic.
Explorations
L’anamnèse s’intéresse aux éléments suivants : développement, comportement (en
particulier trouble du déficit de l’attention et hyperactivité), dynamique familiale,
symptômes accompagnateurs (urinaires ou autres), date du début de l’énuré-
sie, fréquence, caractère diurne ou nocturne, présence de constipation ou d’en-
coprésie, troubles du sommeil, dont l’apnée obstructive. En cas d’incontinence
diurne, il faut s’enquérir du moment de l’incontinence (totale avec préservation
ou absence d’un cycle mictionnel, avant d’arriver à la toilette ou après la miction,
comme dans le cas de la coalescence des petites lèvres ou du reflux vaginal).
L’utilisation de calendriers documentant la fréquence et les volumes mictionnels,
ainsi que les habitudes d’élimination intestinale, facilite toujours l’appréciation
des symptômes et permet un meilleur suivi médical.
L’examen est habituellement normal, surtout dans les cas d’énurésie nocturne
monosymptomatique. On recherche des malformations du sacrum et la présence
d’un lipome, d’un hémangiome, d’une fossette ou d’une touffe de poils le long
de la colonne vertébrale. Un tonus anormal de l’anus et une absence de sen-
sation périnéale et de réflexe bulbocaverneux orientent le diagnostic vers une
étiologie neurologique. Il faut également vérifier les réflexes ostéotendineux, la
force musculaire et la sensibilité des membres inférieurs. On s’assure de l’ab-
sence de globe vésical et de l’intégrité de la symphyse pubienne. Enfin, il faut
rechercher une sténose du méat urétral chez le garçon circoncis ou une fusion
des petites lèvres chez la fille.
Mis à part l’examen du sédiment urinaire, la recherche de glucose dans l’urine
et la culture de celle-ci, aucun examen paraclinique n’est nécessaire dans les cas
Énurésie 441
Traitement
Toutes les mesures doivent inclure le traitement d’une constipation ou d’une
encoprésie associée.
2) Conditionnement
On utilise un appareil d’alarme qui émet un signal sonore lorsque l’enfant urine.
Ce traitement exige de la maturité de la part de l’enfant, qui doit être motivé
ainsi que ses parents. Il dure un minimum de trois mois. À long terme, le taux
de guérison serait voisin de 70 %. Un suivi régulier des nuits « sèches » pendant
le traitement et une « surstimulation » de la vessie par ingestion progressive de
liquides après le souper, lorsque la continence nocturne a été obtenue, permet-
traient de prévenir les rechutes.
3) Traitement pharmacologique
Les médicaments sont utilisés lorsque les autres approches ont échoué.
a) La desmopressine est un analogue de l’hormone antidiurétique permettant
un contrôle des symptômes pendant une période limitée et dans des circons-
tances spéciales (exemples : voyage, séjour en colonie de vacances). Environ
60 à 75 % des enfants obtiennent une réponse au traitement. Cependant,
les rechutes après l’arrêt du traitement sont fréquentes. Le taux de succès à
long terme est d’environ 30 %, tandis qu’une amélioration partielle se pro-
duit dans environ 40 % des cas. Les facteurs prédictifs d’une réponse à ce
442 Énurésie
Pronostic
L’énurésie nocturne monosymptomatique finit toujours par disparaître sponta-
nément. Il en est de même pour la majorité des cas d’incontinence diurne, à
l’exception de la vessie neurogène, des anomalies anatomiques et de l’instabilité
vésicale, laquelle persiste jusqu’à l’âge adulte dans 20 % des cas.
Éosinophilie 88
Yves Pastore, Suzanne Anctil, Philippe Ovetchkine
Généralités
Une éosinophilie est définie par un nombre absolu d’éosinophiles circulants
dépassant 0,5 × 109/L. Le décompte d’éosinophiles peut varier selon divers fac-
teurs comme le cycle circadien, l’exercice, le stress et l’âge.
Si la cause de l’éosinophilie est évidente (exemple : asthme), aucune explo-
ration complémentaire n’est indiquée. Lorsqu’on la découvre fortuitement chez
un enfant en bonne santé apparente, on se doit d’en rechercher l’étiologie. Il
arrive que les explorations ne permettent pas de découvrir la cause ; on parle
alors d’éosinophilie idiopathique. Les principales causes de l’éosinophilie sont
présentées dans le tableau 88.1.
Approche clinique
L’anamnèse est orientée vers les causes les plus fréquentes d’éosinophilie : les
infections parasitaires, les allergies ainsi que les néoplasies. On se renseigne
sur les voyages, les contacts avec des animaux, les habitudes alimentaires et la
prise récente de médicaments (exemples : ranitidine, acide acétylsalicylique).
On révise les symptômes de nature atopique (digestifs, respiratoires, dermato-
logiques) chez l’enfant et dans sa famille, ainsi que les symptômes généraux
(exemples : fièvre, perte de poids, détérioration de l’état général).
L’examen physique s’intéresse particulièrement à la sphère ORL, à la peau
et aux poumons (signes d’allergie), aux aires ganglionnaires et à l’abdomen
(hépatosplénomégalie).
Les examens complémentaires sont guidés par les données de l’anamnèse et
de l’examen physique. Certains tests peuvent être réalisés selon la situation clinique
tels qu’un bilan hépatique, une radiographie pulmonaire, une recherche de parasites
sur selles ou des sérologies parasitaires (exemples : Strongyloides ou Toxocara).
Chez l’enfant qui n’a pas séjourné dans une région tropicale, une éosinophi-
lie légère ou modérée (de 0,5 à 2 × 109/L) est souvent associée à une maladie
allergique (exemples : asthme, rhinite allergique, dermite atopique).
Après un séjour dans les régions tropicales, une recherche d’infection para-
sitaire est recommandée. Les parasitoses non invasives (giardiase, oxyurose et
trichocéphalose) ne causent habituellement pas d’éosinophilie. Au contraire, les
parasitoses invasives entraînent une éosinophilie proportionnelle à l’envahisse-
ment tissulaire, pouvant atteindre ou même dépasser 100 × 109/L (voir Para-
sitoses). Les plus fréquentes sont l’ankylostomiase, l’ascaridiase (une des rares
parasitoses assez répandues dans les pays industrialisés), la strongyloïdose, la
toxocarose, la cysticercose, l’échinococcose, la filariose, la schistosomiase et la
trichinose. De façon générale, l’éosinophilie s’avère plus importante lorsqu’elle
444 Éosinophilie
est causée par des helminthes (comparativement aux protozoaires) ou s’il s’agit
de formes invasives viscérales.
L’association d’une éosinophilie et de manifestations respiratoires fait évoquer
la possibilité d’une pneumonie éosinophilique, dont il existe plusieurs formes
(voir tableau 88.1). L’aspergillose bronchopulmonaire allergique est un syndrome
clinique caractérisé par des symptômes asthmatiformes, des infiltrats pulmonaires
et une éosinophilie ; il faut y songer particulièrement chez un patient atteint de
fibrose kystique (mucoviscidose). Une pneumonie éosinophilique peut aussi
s’observer chez les personnes vivant en contact étroit avec des oiseaux. Dans
les régions tropicales, certaines pneumonies éosinophiliques peuvent être attri-
buables à une infection par un parasite : il peut s’agir d’une pneumonie éosinophi-
lique due à un parasite dont le cycle passe par les poumons (exemples : Ascaris,
Strongyloides), réalisant le « syndrome de Löffler » (infiltrats pulmonaires qui
s’associent cliniquement à une toux, une dyspnée et des sibilances) ou d’une
pneumonie éosinophilique par infection directe du parenchyme pulmonaire
(exemple : échinocoque). Il arrive que le diagnostic de pneumonie éosinophi-
lique nécessite un lavage broncho-alvéolaire ou une biopsie pulmonaire. Plu-
sieurs formes de ces entités répondent aux corticostéroïdes. Chez le nourrisson
de moins de trois mois, une éosinophilie accompagne souvent la pneumonie à
Chlamydia trachomatis. Chez les patients immunocompromis, il faut penser à
une infection à Pneumocystis jiroveci.
Chez le nourrisson, l’association d’une éosinophilie et de symptômes diges-
tifs persistants fait évoquer une gastro-entéropathie éosinophilique. Le diagnos-
tic est établi par la biopsie de la muqueuse gastrique. En bas âge, il convient
aussi d’évoquer un syndrome d’Omenn, en particulier en présence de diarrhée
chronique, de mauvaise prise pondérale et d’éruption cutanée. À moins d’une
transplantation de moelle osseuse, cette forme rare de déficit immunitaire à trans-
mission autosomique récessive présente une mortalité élevée.
Le diagnostic de syndrome hyperéosinophilique est évoqué en cas d’éosino-
philie supérieure à 1,5 × 109/L sans cause primaire, persistant pendant plus de
six mois, avec ou sans splénomégalie. Cette situation nécessite des explorations
hématologiques comprenant une ponction de moelle. Des marqueurs molécu-
laires ont récemment été mis en évidence chez certains patients atteints de ce
syndrome avec bonne réponse aux inhibiteurs des tyrosines kinases.
Chez les patients présentant une forte éosinophilie, des complications viscé-
rales, notamment cardiaques (exemples : valvulopathie, fibrose endomyocardique),
causées par la toxicité d’enzymes libérées par les éosinophiles peuvent survenir.
Épilepsie 89
Albert Larbrisseau, Philippe Major
Voir aussi Convulsions et état de mal convulsif et Convulsions fébriles.
Généralités
Les crises d’épilepsie sont causées par des décharges électriques paroxystiques et
répétitives qui se produisent dans le cortex cérébral et qui interfèrent avec diverses
446 Épilepsie
fonctions du système nerveux central. Ces crises peuvent prendre diverses formes
telles que des pertes de conscience avec chute, des mouvements convulsifs, des
absences, des comportements stéréotypés ou des apnées chez le nouveau-né ou
le nourrisson. L’épilepsie commence souvent au cours de l’enfance. Sa prévalence
globale est d’environ 0,5 %.
En 2010, l’International Ligue Against Epilepsy (ILAE) a présenté une nou-
velle classification de cette maladie. L’épilepsie précédemment appelée idiopa-
thique ou primaire est maintenant désignée sous le terme génétique, tandis que
l’épilepsie auparavant nommée secondaire est maintenant appelée structurale-
métabolique (voir tableau 89.1). De plus, l’épilepsie cryptogénique est maintenant
désignée comme étant de cause inconnue.
Un défaut génétique contribue à l’épilepsie génétique, et les convulsions en
sont le symptôme central. Ses principales caractéristiques sont :
• absence de cause organique reconnaissable ;
• caractère souvent familial ;
• apparition à l’âge scolaire dans la majorité des cas ;
• intelligence et développement habituellement normaux ;
• examen neurologique normal ;
• décharges épileptiques habituellement généralisées à l’EEG ;
• possibilité de déclencher les crises par une hyperventilation ou une stimula-
tion lumineuse intermittente lorsqu’il s’agit de crises généralisées ;
• bonne réponse au traitement ;
• pronostic à long terme généralement favorable.
L’épilepsie structurale-métabolique est causée par un défaut structural ou
métabolique touchant le cerveau. Ses principales caractéristiques sont :
• présence d’une cause organique décelable au moyen de l’anamnèse, de l’exa-
men ou de l’imagerie ;
• histoire familiale souvent négative ;
• apparition à tout âge, le plus souvent dès les premiers mois ou les premières
années de vie ;
• développement parfois retardé ou intelligence inférieure à la normale ;
• activité épileptique focalisée à l’EEG ;
• réponse parfois insatisfaisante au traitement ;
• pronostic à long terme plus réservé.
La nouvelle classification qualifie maintenant de focale plutôt que de
partielle la crise conceptualisée comme provenant de réseaux limités à un
hémisphère. Elle introduit aussi de nouveaux descripteurs de crises focales
(voir tableau 89.1).
Il est toutefois important de noter qu’aucun changement n’a été apporté aux
syndromes électrocliniques décrits précédemment. Ces syndromes (exemple : syn-
drome de Lennox-Gastaut) (voir plus bas) se distinguent par certaines caracté-
ristiques cliniques telles que le type de crise, l’âge d’apparition, l’étiologie ou les
anomalies à l’EEG. Il est très utile de les reconnaître pour définir une conduite
thérapeutique et formuler un pronostic.
Épilepsie 447
Approche clinique
Une fois le diagnostic d’épilepsie confirmé, il convient de préciser s’il s’agit d’une
épilepsie génétique, structurale-métabolique ou de cause inconnue.
• traumatisme crânien ;
• maladie dégénérative du système nerveux central (exemples : encéphalopa-
thie mitochondriale, maladie de Batten, syndrome de Rett) ;
• tumeur cérébrale.
L’anamnèse familiale s’intéresse principalement à l’épilepsie, à la consan-
guinité et aux syndromes neurocutanés.
L’examen s’attarde surtout au développement psychomoteur et aux fonc-
tions intellectuelles, au périmètre crânien, aux dysmorphies, aux déficits neu-
rologiques et aux anomalies cutanées (exemples : taches café-au-lait, taches
hypopigmentées).
II. Explorations
L’EEG est l’examen le plus important : la présence d’une activité épileptique sou-
tient le diagnostic. Lorsque les caractéristiques cliniques (apparition à l’âge sco-
laire, crises généralisées, intelligence normale) et électro-encéphalographiques
(activité épileptique généralisée) suggèrent une épilepsie génétique ou un syn-
drome épileptique bien défini de nature génétique (exemple : épilepsie rolandique
bénigne), des explorations complémentaires ne sont habituellement pas néces-
saires. Par contre, lorsqu’on soupçonne une épilepsie structurale-métabolique
(apparition en bas âge, crises focales), l’imagerie cérébrale (tomodensitométrie
et surtout résonance magnétique nucléaire) s’impose.
Traitement
Traitement de la crise : voir Convulsions et état de mal convulsif.
I. Principes généraux
Au moment de la première crise, la décision de traiter ou non l’enfant doit tenir
compte du type de crise, du tableau neurologique et de l’EEG. Le risque de réci-
dive chez un enfant normal qui a présenté une première crise et dont l’EEG se
révèle normal est d’environ 30 %. Ce risque devient encore plus faible s’il y a eu un
facteur favorisant, comme un traumatisme crânien ou une infection. Par contre, le
risque de récidive est plus élevé lorsqu’il y a des signes neurologiques anormaux
à l’examen, des antécédents familiaux d’épilepsie, des anomalies épileptiques
à l’EEG ou lorsque la crise est focale ou de longue durée. En général, le traite-
ment anti-épileptique est entrepris après la survenue d’une deuxième convulsion.
L’administration d’un seul anticonvulsivant est toujours préférable à une
polythérapie, parce qu’elle réduit le risque d’effets secondaires et d’interactions
médicamenteuses. Il est donc important de diagnostiquer de façon précise le type
d’épilepsie par l’anamnèse et l’EEG pour choisir le médicament le plus efficace.
On mesure le taux sérique du médicament choisi, lorsque cela est possible,
quelques semaines après le début du traitement pour s’assurer qu’il se situe dans
les limites thérapeutiques. Selon le médicament, un hémogramme et la mesure
des transaminases sont nécessaires.
La stratégie en cas d’échec est la suivante.
• S’assurer de l’adhésion au traitement.
• Vérifier le taux sérique du médicament. Chez certains enfants, on observe
une réponse clinique seulement lorsque celui-ci est maximal. Par ailleurs, le
métabolisme du médicament peut varier d’un enfant à l’autre.
452 Épilepsie
2) Carbamazépine
Indications Crises focales.
Épilepsie 453
3) Clobazam
Indications Épilepsies généralisée et focale.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence et fatigue transitoires.
• Occasionnels : hyperactivité, étourdissements, vision embrouillée, gain de
poids, ataxie.
• Rares : exanthème.
4) Clonazépam
Indications Absences, crises myocloniques, crises atoniques.
Taux sérique thérapeutique De 0,1 à 0,3 μmol/L (de 10 à 30 ng/mL).
Effets secondaires
• Fréquents ou transitoires : somnolence, hyperactivité, altération des fonctions
cognitives.
• Occasionnels : hypotonie, hypersécrétion salivaire et bronchique, ataxie.
5) Éthosuximide
Indications Petit mal-absence.
Taux sérique thérapeutique De 280 à 710 μmol/L (de 40 à 100 mg/L).
Effets secondaires
• Fréquents : troubles gastro-intestinaux, céphalées, fatigue, étourdissements,
hyperactivité.
• Occasionnels : troubles du sommeil, éruptions cutanées transitoires.
• Rares : leucopénie, anémie aplasique, syndrome analogue au lupus érythémateux.
6) Gabapentine
Indications Épilepsie focale.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence, étourdissements.
• Occasionnels : ataxie, fatigue, céphalées, nystagmus, tremblements, nausées.
• Rares : diplopie, gain de poids, éruption cutanée.
7) Lacosamide
Indications Épilepsie focale.
454 Épilepsie
8) Lamotrigine
Indications Épilepsies généralisée ou focale.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : étourdissements, céphalées, nausées, vomissements, diplopie, ataxie.
• Occasionnels : vision embrouillée, asthénie, somnolence, hyperactivité, fièvre
inexpliquée.
• Rares : éruption cutanée, syndrome de Stevens-Johnson, tremblements, ané-
mie, leucopénie, thrombopénie, coagulation intravasculaire disséminée.
9) Lévétiracétam
Indications Épilepsie focale ; à envisager pour l’épilepsie généralisée réfrac-
taire et les myoclonies.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence, irritabilité comportementale (répondant souvent à un
ajout de vitamine B6).
• Occasionnels : asthénie, étourdissements.
• Rares : trouble de coordination ou de comportement, augmentation des crises
épileptiques.
La plupart des effets secondaires de ce médicament sont souvent transitoires
et observés au cours des quatre premières semaines de traitement.
10) Nitrazépam
Indications Crises myocloniques, crises atoniques, spasmes infantiles.
Taux sérique thérapeutique De 0,2 à 0,9 μmol/L.
Effets secondaires
• Fréquents et passagers : somnolence, hyperactivité, altération des fonctions
cognitives.
• Occasionnels : hypotonie, hypersécrétion salivaire et bronchique, ataxie.
11) Oxcarbazépine
Indications Épilepsie focale. L’oxcarbazépine est aussi efficace que la carba-
mazépine ; elle peut la remplacer si le patient ne la tolère pas ou s’il présente
des effets secondaires associés à celle-ci ; elle peut également être efficace chez
certains patients qui ne répondent pas à la carbamazépine.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Épilepsie 455
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence, fatigue, nausées, vomissements.
• Occasionnels : diplopie, éruption cutanée.
• Rares : hyponatrémie (chez l’adulte ; non documentée chez l’enfant).
12) Phénobarbital
Indications Chez l’enfant âgé de moins de un an, premier choix pour les crises
tant généralisées que focales, mais non pour les crises myocloniques. Après cet
âge, il est rarement indiqué en raison de son effet sur les fonctions cognitives.
Taux sérique thérapeutique De 65 à 175 μmol/L (de 15 à 40 mg/L).
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence, hyperactivité, irritabilité, altération des fonctions
cognitives.
• Occasionnels : exanthème.
• Rares : dépression médullaire, hépatite, syndrome analogue au lupus.
13) Phénytoïne
Indications Son utilisation continue pour la prévention des crises épileptiques
devrait, en raison de la fréquence et de l’importance de ses effets secondaires,
être réservée à des situations exceptionnelles. La phénytoïne demeure un 2e ou
un 3e choix pour le traitement préventif des convulsions tonico-cloniques géné-
ralisées et des convulsions focales.
Taux sérique thérapeutique De 40 à 80 μmol/L (de 10 à 20 mg/L).
Effets secondaires
• Fréquents : altération des fonctions cognitives, hyperplasie gingivale, hirsutisme.
• Occasionnels : exanthème, effets toxiques (nystagmus, signes cérébelleux,
encéphalopathie).
• Rares : dépression médullaire, érythème polymorphe ou syndrome de Stevens-
Johnson, pseudo-lymphome, syndrome analogue au lupus, mouvements invo-
lontaires, neuropathie périphérique, hépatite, néphrite.
14) Rufinamide
Indications Convulsions associées au syndrome de Lennox-Gastaut.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : céphalées, étourdissements, nausées, somnolence.
• Occasionnels : altérations de la démarche ou ataxie.
• Rares : réaction allergique cutanée.
15) Topiramate
Indications Épilepsies généralisée ou focale, spasmes infantiles.
Taux sérique thérapeutique Inconnu.
Effets secondaires
• Fréquents : somnolence, étourdissements, perte de poids.
456 Épistaxis
Épistaxis 90
Bich Hong Nguyen, Marie-Claude Quintal
Généralités
La muqueuse nasale est richement vascularisée par les artères tributaires des carotides
interne et externe. Dans la partie antérieure du septum nasal se trouve le plexus
de Kiesselbach, qui est le siège de la majorité des épistaxis chez l’enfant. Les épis-
taxis sont fréquentes chez les enfants d’âge scolaire ; la plupart du temps, elles sont
minimes et s’arrêtent spontanément. Plus rarement, elles peuvent être abondantes
et se prolonger, surtout chez les enfants qui ont des troubles de la coagulation.
Plusieurs facteurs peuvent favoriser les épistaxis.
1) Étiologies locales
Parmi les causes, on retrouve : microtraumatismes causés par les ongles des
doigts ; sécheresse de l’air qui favorise la formation de croûtes ; processus local
inflammatoire, infectieux ou allergique ; déviation du septum nasal ; traumatisme
nasal ; corps étranger dans la narine ; intervention chirurgicale portant sur le nez,
les végétations adénoïdes ou les voies lacrymales ; ulcération de la muqueuse
(secondaire, par exemple, à la prise de cocaïne ou à certaines maladies comme
Épistaxis 457
Approche clinique
Une épistaxis importante pouvant entraîner une hypovolémie, il faut d’abord
s’assurer que le patient est dans un état hémodynamique stable.
L’anamnèse et l’examen physique permettent généralement d’établir l’étiolo-
gie de l’épistaxis. Il est important d’en préciser les circonstances, la localisation
(narine droite ou gauche), la fréquence, l’abondance et la durée. Le saignement
est généralement unilatéral et évident. Toutefois, dans le cas d’un saignement pos-
térieur, le sang reflue souvent dans les deux cavités nasales et ne se manifeste pas
nécessairement par un saignement antérieur. L’examen des narines à l’aide d’un
otoscope ou d’un appareil d’endoscopie à fibre optique peut révéler le site du
saignement et des particularités de la muqueuse nasale.
Si les épistaxis sont abondantes ou fréquentes, un hémogramme permet de véri-
fier s’il y a une anémie ou une thrombopénie. Si la numération plaquettaire s’avère
normale, on poursuit l’investigation avec une étude de la coagulation, voire des exa-
mens plus spécialisés pour la maladie de von Willebrand. Lorsqu’on suspecte une
tumeur, une exploration spécifique est nécessaire (exemple : tomodensitométrie).
Traitement
Il faut d’abord traiter le choc ou le trouble hémorragique s’ils sont présents, mais
heureusement, la plupart des épistaxis sont mineures. Le traitement consiste alors
à rassurer le patient et sa famille, à asseoir l’enfant dans une pièce calme, la tête
légèrement penchée vers l’avant, et à comprimer la portion cartilagineuse de son
nez entre le pouce et l’index pendant 5 à 10 minutes.
Lorsque l’épistaxis ne s’arrête pas, ou lorsqu’elle récidive, il faut trouver le
site précis de saignement (narine gauche ou droite, saignement antérieur ou
postérieur). Afin de mieux examiner le patient, on anesthésie la région nasale
antérieure en appliquant un tampon imbibé d’une solution de lidocaïne 4 %
(40 mg/mL) et d’oxymétazoline 0,05 %, pendant 10 minutes. La quantité de lido-
caïne appliquée à la muqueuse nasale ne doit pas dépasser une dose totale de
4 mg/kg (max : 300 mg). Si, en retirant le tampon, on arrive à visualiser avec
précision le vaisseau responsable du saignement, il est recommandé de le cau-
tériser en appliquant pendant trois à cinq secondes un bâton de nitrate d’argent
le long du vaisseau. Le nitrate d’argent ne fonctionne que sur une muqueuse
sèche : il faut donc attendre l’arrêt du saignement actif avant de l’utiliser. Par la
suite, on applique une crème antibiotique (exemple : mupirocine) 2 fois par
jour pendant 10 à 14 jours au site de la cautérisation. Si le saignement n’est
458 Érythème infectieux (cinquième maladie)
Prévention
La prévention consiste à maintenir une hygiène nasale quotidienne à l’aide de
sérum physiologique en gouttes, en vaporisation ou par irrigation, à réduire les
microtraumatismes causés par les ongles des doigts et à assurer une bonne humi-
dification de l’air dans la chambre de l’enfant (taux d’humidité de 35 à 50 %).
En cas d’épistaxis mineures, mais récurrentes, on peut appliquer une crème
topique antibiotique antistaphylococcique (exemple : mupirocine) matin et soir
pendant 10 à 14 jours.
Généralités
L’érythème infectieux (cinquième maladie, mégalérythème épidémique) est la
forme éruptive la plus spécifique et la plus commune de l’infection au parvo-
virus B19; il s’observe surtout chez l’enfant d’âge scolaire. Il ne s’agit cependant
que de l’une des nombreuses manifestations cliniques associées à cette infection.
Celle-ci demeure souvent méconnue en raison de l’hétérogénéité de ses formes
cliniques, l’éruption cutanée associée pouvant être de type morbilliforme, papu-
laire, vésiculobulleuse ou purpurique.
Le virus se transmet habituellement par voie respiratoire ; il peut aussi être
transmis par voie placentaire et par voie sanguine. La période de contagiosité
correspond au syndrome fébrile non spécifique qui précède parfois l’éruption
cutanée ; elle se termine au moment où l’éruption apparaît. Chez les patients
immunocompromis présentant une infection chronique, elle persiste pendant
toute la durée de l’infection.
La période d’incubation dure de 4 à 20 jours. La maladie confère à l’enfant
normal une immunité permanente.
Manifestations cliniques
La période d’incubation est souvent asymptomatique, mais l’enfant peut pré-
senter de la fièvre, une rhinorrhée, des malaises généraux, des céphalées ainsi
que des myalgies.
Érythème infectieux (cinquième maladie) 459
L’éruption cutanée, assez caractéristique, dure de six à huit jours. Elle apparaît
d’abord au visage : circonscrite aux joues, elle ressemble à un érythème solaire ou
donne l’impression que l’enfant a reçu des gifles (slapped cheek rash). Elle gagne
ensuite les membres, se localisant surtout à la face antérieure des avant-bras et des
cuisses, où elle prend un aspect réticulé « en dentelle » quasi pathognomonique.
L’atteinte tronculaire est inconstante, plus discrète et moins typique. Les muqueuses
sont épargnées. Le prurit demeure peu fréquent. L’état général n’est pas altéré, et il
n’y a habituellement pas de fièvre. Pendant les trois ou quatre semaines suivantes
(pouvant rarement même s’étendre à plusieurs mois), l’éruption peut réapparaître
de façon transitoire, spontanément, ou sous l’effet de certains stimuli physiques
tels un bain chaud, des frictions, l’exposition au soleil, l’exercice ou le stress.
Chez l’adolescent et le jeune adulte, l’infection s’accompagne fréquemment
d’une atteinte articulaire. Celle-ci peut précéder, accompagner ou suivre l’éruption
cutanée. Elle peut aussi se présenter de façon isolée, sans érythème évocateur,
et prête alors à confusion avec une arthrite juvénile idiopathique. Elle se traduit
par des polyarthralgies et polyarthrites distales et symétriques (mains, poignets,
genoux, chevilles), d’évolution parfois prolongée pendant plusieurs semaines
ou plusieurs mois, mais qui disparaissent sans séquelles.
Explorations
Le diagnostic étant essentiellement clinique, aucun examen complémentaire n’est
habituellement nécessaire.
Une crise aplasique peut survenir chez certains patients à risque (voir section
Complications) ; ceux-ci nécessitent donc une surveillance hématologique étroite
à l’aide d’hémogrammes sériés durant la phase aiguë de la maladie (exemple : tous
les jours ou tous les deux jours).
Dans certains cas particuliers, notamment lorsqu’une femme enceinte est
entrée en contact avec un patient atteint, il est opportun de vérifier l’état d’im-
munité par des épreuves sérologiques. La présence d’IgM spécifiques témoigne
d’une infection en cours ou relativement récente : ces anticorps apparaissent dans
la deuxième semaine qui suit l’exposition et déclinent après deux ou trois mois.
En l’absence d’IgM, la présence d’IgG constitue un indice d’infection ancienne, et
donc d’immunité acquise, chez les patients immunocompétents. Dans certaines
circonstances telles que chez l’enfant immunocompromis, le fœtus ou la femme
enceinte chez qui les épreuves sérologiques sont équivoques, une méthode de
détection par un test d’amplification des acides nucléiques peut être utile.
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique. En cas de prurit marqué, l’administration d’un
antihistaminique peut se révéler utile. Les patients immunocompromis peuvent être
traités au moyen de plasma riche en anticorps antiparvovirus ou d’immunoglobu-
lines spécifiques. Les crises aplasiques graves nécessitent parfois des transfusions
de culot globulaire, dans l’attente d’une reprise spontanée de l’érythropoïèse.
Complications
Chez l’enfant normal, le pronostic est excellent. On a rapporté de rares cas d’hé-
patite, de myocardite, de méningite, d’encéphalite, de neutropénie ou de throm-
bopénie transitoires, mais le rôle du parvovirus comme agent étiologique n’est pas
clairement établi.
460 Érythème noueux
Prévention
Il n’existe pas de vaccin. L’enfant peut continuer à fréquenter le service de garde
(garderie, crèche) ou l’école. Le lavage fréquent des mains pourrait contribuer
à diminuer le risque d’infection. Lorsqu’ils sont hospitalisés, les patients immu-
nocompromis doivent être isolés, et il est préférable que les femmes enceintes
s’abstiennent de leur donner des soins. La majorité des comités d’experts s’en-
tendent toutefois pour déconseiller le retrait des femmes enceintes vulnérables
de leur milieu de travail ou le dépistage systématique du statut immunologique
en cours de grossesse, l’efficacité de ces mesures n’ayant pas été démontrée.
Érythème noueux 92
Afshin Hatami
Généralités
L’érythème noueux est une affection rare en pédiatrie, le plus souvent observée
chez les adolescents. Il s’agit d’une réaction non spécifique qui peut résulter
Érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse épidermique toxique 461
Manifestations cliniques
Le tableau habituel est caractérisé par une éruption de nodules sous-cutanés mal
délimités pouvant atteindre un diamètre de trois centimètres. Ceux-ci sont surtout
localisés à la face antérieure des jambes, mais se trouvent parfois à d’autres sites.
Ces nodules deviennent rapidement inflammatoires (douleur, chaleur, rougeur)
puis violacés et luisants. Ils ne sont pas purulents et ne s’ulcèrent pas.
Explorations
En l’absence de foyer d’appel, on peut se contenter des examens suivants : hé-
mogramme, vitesse de sédimentation, albuminémie, sédiment urinaire, culture
de gorge, épreuve tuberculinique cutanée, dosage des antistreptolysines O et
radiographie pulmonaire. Des explorations plus poussées, orientées vers les
différentes causes possibles, sont indiquées lorsque l’évolution se prolonge de
façon anormale ou lorsqu’il y a des récidives. Une biopsie de peau n’est utile
que dans les cas atypiques, prolongés ou récidivants.
Traitement
Lorsque la cause sous-jacente n’est pas déterminée, le traitement demeure symp-
tomatique : repos et prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Si la douleur est
importante, un soulagement peut être obtenu au moyen d’acide acétylsalicylique
à doses anti-inflammatoires. Un traitement aux corticostéroïdes ne se justifie pas.
Lorsque l’érythème noueux résulte de l’utilisation de contraceptifs oraux, il faut
prescrire un autre moyen de contraception.
Pronostic
Les lésions disparaissent spontanément sans laisser de cicatrices en moins de
six semaines.
Généralités
Le syndrome de Stevens-Johnson (SSJ) et la nécrolyse épidermique toxique (NET
ou syndrome de Lyell) sont de rares réactions inflammatoires mucocutanées aiguës
d’hypersensibilité. Ils sont distincts de l’érythème polymorphe typique simple ou
462 Érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse épidermique toxique
Manifestations cliniques
L’érythème polymorphe simple est caractérisé par des lésions cutanées, souvent
symétriques, distales, qui apparaissent de façon aiguë, en 72 heures habituelle-
ment, et dont l’aspect se modifie au cours du temps. Contrairement à l’urticaire,
où les lésions sont migratrices, la topographie des lésions de l’érythème poly-
morphe reste fixe pendant plusieurs jours. Au début, il s’agit de lésions érythé-
mateuses maculopapuleuses dont le centre devient purpurique – voire bulleux
ou nécrotique – entourées d’un premier anneau rouge sombre puis d’un deu-
xième anneau périphérique blanchâtre, œdémateux, microvésiculeux, ce qui
confère aux lésions leur aspect en « cible » ou en « cocarde » comportant au moins
trois zones concentriques. On peut aussi observer des lésions urticariennes ou
vésiculeuses. Plusieurs types de lésions peuvent coexister au même moment.
Celles-ci peuvent être disséminées de façon symétrique sur tout le corps, mais elles
ont une prédilection pour les surfaces d’extension des bras et des jambes, pour
les paumes et le dos des mains, ainsi que pour le dos et la plante des pieds. La
durée de l’éruption varie de une à quatre semaines. L’état général est peu altéré,
et la fièvre demeure habituellement absente. Une atteinte muqueuse légère peut
parfois être présente, limitée à un seul site, la plupart du temps la bouche. Si
la maladie est causée par une infection à H. simplex, on observe fréquemment
une gingivostomatite virale.
Le SSJ et la NET sont des maladies beaucoup plus graves, tant sur le plan
cutané que sur le plan systémique. Elles sont caractérisées par des lésions en
Érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse épidermique toxique 463
Explorations
On procède à une biopsie cutanée pour confirmer le diagnostic. Le prélèvement
d’un lambeau cutané détaché peut être adéquat pour analyse plus rapide en
coupe congelée. Certaines explorations visant à identifier un agent infectieux
peuvent être indiquées selon les symptômes : il s’agit surtout de cultures bacté-
riennes, virales ou fongiques ainsi que d’épreuves sérologiques.
Traitement
Il n’y a pas de régime thérapeutique spécifique. Si un agent causal a été iden-
tifié, il faut le traiter ; s’il s’agit d’un médicament, celui-ci doit être arrêté, et il
devient contre-indiqué à vie.
Les patients atteints d’un SSJ ou d’une NET doivent être hospitalisés et rece-
voir un traitement de soutien attentif. Comme chez les grands brûlés, il faut accor-
der une attention particulière à l’équilibre hydro-électrolytique et aux risques
d’infection. Les cas les plus graves nécessitent une intubation endotrachéale et
464 Érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse épidermique toxique
une ventilation mécanique de même que la mise en place d’un abord veineux
central et d’une sonde gastrique pour soutien nutritionnel. Une analgésie et une
sédation appropriées sont essentielles.
Le traitement local vise à prévenir le dessèchement des lésions et les infec-
tions secondaires. Lorsque les lésions cutanées sont importantes, des compresses
humides peuvent être utiles (exemple : compresses avec du nitrate d’argent 0,5 %
en solution aqueuse, humectées toutes les deux heures et changées quotidien-
nement). On applique ensuite des pansements aseptiques, non adhésifs, avec
antibiotiques topiques (exemple : mupirocine). Les bains peuvent faciliter le
débridement.
Un nettoyage ophtalmique quotidien délicat à l’aide d’une solution isotonique
stérile de chlorure de sodium, avec retrait prudent des débris, peut être fait par
l’ophtalmologue pour prévenir les complications telles que le symblépharon, la
surinfection et l’assèchement de la surface oculaire. Il est recommandé de pro-
céder à une lyse des membranes et des symblépharons à l’aide d’un instrument
non tranchant. Un traitement topique de lubrifiants et de corticostéroïdes est
nécessaire ; on n’ajoute un antibiotique topique que s’il y a une suspicion ou un
risque élevé de surinfection. Dans les cas avancés en phase aiguë, une greffe
précoce de membrane amniotique pour diminuer l’inflammation et promouvoir
la guérison de l’épithélium pourrait être bénéfique.
Une antibiothérapie systémique n’est indiquée que s’il y a une infection
bactérienne prouvée.
Les corticostéroïdes systémiques, s’ils sont amorcés, doivent l’être dans les
premières 72 heures suivant le début de l’éruption. Le thalidomide ou la plasma-
phérèse ne sont pas recommandés dans les cas de SSJ ou de NET. La cyclospo-
rine, la cyclophosphamide et les substituts cutanés ont été tentés dans certains
cas avec des taux de succès variables. Les immunoglobulines intraveineuses à la
dose de 1 g/kg/24 h pendant 3 ou 4 jours peuvent avoir un effet bénéfique sur
la durée et la gravité des SSJ ou des NET.
En cas d’érythème polymorphe simple récidivant et secondaire à des infec-
tions herpétiques, un traitement prophylactique antiviral à l’acyclovir peut être
envisagé.
Complications
L’érythème polymorphe simple guérit habituellement sans complications.
Pendant la phase aiguë du SSJ et de la NET, on rapporte des lésions ocu-
laires majeures, une atteinte pulmonaire grave de même que des surinfections
bactériennes, en particulier des pneumonies, des infections urinaires et des
septicémies.
Les complications tardives les plus fréquentes sont ophtalmiques (de 20 à
40 % des cas) et peuvent mener à la cécité. La conjonctivite cicatricielle est
fréquente, et l’inflammation peut également produire une destruction des
glandes lacrymales principales et secondaires. Un raccourcissement du cul-
de-sac des paupières inférieure et supérieure résultant de l’inflammation et
de la kératinisation de la muqueuse aboutit à une soudure partielle (sym-
blépharon) ou complète (ankyblépharon) des conjonctives bulbaires et pal-
pébrales. Une malposition des paupières provoque un ectropion (paupières
éversées) ou un entropion cicatriciel (paupières inversées) et peut entraîner
un trichiasis secondaire (cils pointant vers l’œil). L’insuffisance lacrymale et la
Fatigue 465
Pronostic
L’érythème polymorphe simple guérit de façon spontanée, mais il peut récidiver
si l’étiologie s’avère être une infection herpétique récurrente.
Le pronostic est beaucoup plus réservé pour le SSJ et la NET. En phase aiguë,
le taux de mortalité varie de 5 à 10 % pour le SSJ, et il est de 30 % pour la NET.
On doit s’attendre à une morbidité plus importante pour les enfants chez qui
la maladie progresse rapidement (un ou deux jours) avec une atteinte cutanée
extensive (plus de 50 % de la surface corporelle) et une atteinte précoce des
yeux et de la bouche.
Fatigue 94
Oliver Jamoulle
Généralités
La fatigue constitue une raison de consultation fréquente chez les enfants d’âge
scolaire et plus particulièrement chez les adolescents.
La fatigue d’apparition récente peut être déclenchée par une maladie infec-
tieuse, le plus souvent virale et non spécifique.
La fatigue est le plus souvent transitoire. Une fatigue persistante est rarement
en lien avec une maladie organique identifiable, mais résulte davantage d’un mode
de vie fatigant, d’une hygiène de vie inadéquate ou d’un contexte psycho-affectif
épuisant. Quoique bien décrit chez les adultes, le syndrome de fatigue chronique
chez l’enfant et l’adolescent demeure très controversé. On restera donc prudent
avant d’évoquer ce diagnostic, qui en demeure un d’exclusion.
466 Fatigue
Approche clinique
À l’anamnèse, on cherche des réponses aux questions suivantes.
• Depuis quand la fatigue est-elle présente ?
• Quelle est son intensité ?
• Y a-t-il eu un élément déclencheur (exemples : infection, traumatisme crânien) ?
• Le sommeil est-il réparateur ? Bien souvent, les adolescents dont la fatigue
est intense répondent qu’ils sont tout aussi fatigués le matin que la veille en
se couchant. Il est également important de rechercher des indices évocateurs
d’un trouble du sommeil tels que des symptômes d’apnées obstructives.
• Quelles sont les habitudes de sommeil durant la semaine et le week-end ?
• Quel est l’impact de la fatigue sur les activités scolaires, sociales et sportives ?
• La fatigue est-elle constante ? Est-elle présente les jours de congé ou en dehors
de la période scolaire ?
• Des symptômes dépressifs sont-ils présents ?
Il faut également questionner l’enfant ou l’adolescent sur ses habitudes de vie.
• Activités sportives : fréquence, intensité.
• Activités scolaires : temps consacré aux études, adaptation, performance, anxiété
liée à l’école, modification des résultats scolaires.
• Travail : si le jeune travaille en dehors de ses études ou à temps plein, on
s’informe des horaires, des contraintes et de l’adaptation à ce mode de vie.
• Alimentation : on vérifie s’il y a une perte ou un gain de poids, si l’alimenta-
tion est équilibrée, si des repas ne sont pas sautés durant la journée. Une hydra-
tation sous-optimale est parfois associée à une fatigue persistante.
• Consommation de drogues, d’alcool ou de médicaments.
Il est important de procéder à une anamnèse rigoureuse, par système, afin
d’orienter éventuellement le diagnostic vers une cause organique. Chez la fille,
il est important d’évaluer la fréquence et l’abondance des menstruations, parce
qu’un déficit en fer peut être responsable de la fatigue.
La fatigue peut quelquefois accompagner d’autres plaintes fonctionnelles
(exemple : douleurs abdominales). Dans les cas où l’on suspecte une origine
psychosomatique, la fatigue peut être caractérisée par un rythme biologique aberrant
(fatigue marquée durant les jours d’école, mais moins prononcée les week-ends)
ou par la présence de bénéfices secondaires et d’une grande inquiétude paren-
tale ; elle a souvent des répercussions importantes sur le plan du fonctionnement,
comme de l’absentéisme scolaire. La fatigue est le symptôme le plus souvent rap-
porté chez les adolescents de sexe masculin atteints de troubles psychosomatiques
et le deuxième en fréquence chez les filles.
L’examen physique doit être complet et à la recherche de signes pouvant
suggérer une cause organique. Il peut être utile de chercher une hypotension
orthostatique, parfois observée dans les cas de fatigue persistante.
Explorations
La plupart du temps, il n’est pas nécessaire de réaliser des examens paracli-
niques. Si l’on décide toutefois d’y procéder, les examens de base incluent
habituellement un hémogramme, une vitesse de sédimentation et une analyse
d’urine. On planifie l’investigation additionnelle en fonction des données de
Fentes labiale et palatine 467
Traitement
Si l’investigation démontre par exemple une carence martiale ou une origine
organique à la fatigue, on limite le traitement à la cause établie.
Dans le cas particulier de fatigue survenant après un traumatisme crânien,
il importe d’insister sur son caractère temporaire et de proposer un programme
de reprise progressive des activités.
Dans le cas d’exploration négative ou d’enjeux psychosomatiques, il est
important de rassurer le jeune et sa famille sur le caractère bénin du symptôme
et sur la fréquence élevée de la plainte, tout en donnant des conseils sur une
hygiène de vie adéquate (en particulier sur l’alimentation, l’hydratation et le
sommeil). Il appartient au patient lui-même de modifier ses habitudes de vie. Si
l’évaluation penche vers un trouble psychosomatique où la fatigue entraîne des
répercussions fonctionnelles importantes, il est parfois utile d’amener l’adolescent
à consulter en psychologie. L’implication des parents représente souvent, à ce
stade, un élément crucial.
Il est souvent souhaitable de revoir le patient afin de suivre l’évolution des
symptômes. Cela permet de rassurer le patient et sa famille et, parfois, d’éviter
des explorations excessives et des consultations inutiles chez d’autres médecins.
Généralités
Cette malformation peut prendre plusieurs formes.
1) Fente labiale isolée (n’atteint que la lèvre).
2) Fente labiopalatine : elle peut être partielle (lèvre et partie antérieure du palais)
ou complète (lèvre et tout le palais), unilatérale ou bilatérale.
3) Fente palatine isolée : elle peut toucher le palais dur et le palais mou ou le
palais mou seulement ; il peut aussi s’agir d’une fente sous-muqueuse (dias-
tasis musculaire avec muqueuse intacte).
La forme la plus fréquente est la fente labiopalatine unilatérale.
La fréquence de ce type de malformation peut varier selon les populations ;
elle est en moyenne de 1 personne sur 700. Quand la fente fait partie d’un syn-
drome malformatif bien identifié, le risque de récurrence est identique à celui de
ce syndrome. La fente labiale ou palatine non associée à d’autres malformations
ou à un syndrome connu a une transmission multifactorielle dans laquelle inter-
viennent des éléments génétiques et environnementaux. Si la fente est isolée, le
risque de récurrence se situe aux environs de 1 à 3 % lorsque l’histoire familiale
468 Fentes labiale et palatine
s’avère négative. S’il y a d’autres cas dans la famille, ce risque peut atteindre 15 %.
La prise d’acide folique avant la conception aurait un effet protecteur au cours
des grossesses subséquentes.
La fente palatine isolée est un élément de la séquence de Pierre-Robin
(microrétrognatie, glossoptose). Les enfants atteints présentent un degré variable
d’obstruction respiratoire et de troubles alimentaires. Le diagnostic précoce est
important afin d’évaluer les risques d’apnée obstructive par oxymétrie nocturne
et polysomnogramme.
Le diagnostic échographique anténatal de fente labiale ou labiopalatine est
fréquent, ce qui permet à la famille de prendre contact avec les ressources spé-
cialisées avant l’accouchement.
Problèmes
I. Correction de la malformation
Il est important que l’enfant soit promptement dirigé vers une équipe spécialisée
après la naissance. L’orthodontie préchirurgicale permet de réduire la largeur de
la fente avant la chirurgie. La fermeture chirurgicale de la lèvre est habituellement
faite vers l’âge de deux à trois mois, et celle du palais, vers un an. Dans les cas
de fente palatine sous-muqueuse isolée, on suggère d’attendre le développement
du langage afin d’évaluer la parole et de juger de la nécessité d’une chirurgie du
palais. D’autres interventions peuvent être nécessaires ultérieurement. Les résul-
tats esthétiques sont habituellement bons.
V. Dentition
La fente de l’arcade dentaire, la malocclusion, diverses anomalies de dévelop-
pement des dents et une vulnérabilité particulière aux caries font en sorte que
la participation du dentiste pédiatrique (pédodontiste) et de l’orthodontiste est
essentielle au suivi à long terme.
Généralités
La fibrose kystique est la maladie héréditaire létale la plus fréquente chez les
personnes de descendance européenne. Dans cette population, environ 1 per-
sonne sur 20 est porteuse d’une mutation du gène responsable de la maladie, et
l’incidence de la fibrose kystique varie de 1/1 600 à 1/4 000 naissances vivantes
selon les régions étudiées (comparativement à environ 1/15 000 chez les Noirs
et à 1/30 000 chez les Asiatiques).
470 Fibrose kystique (mucoviscidose)
Manifestations cliniques
Bien que la plupart des pays occidentaux procèdent maintenant à un dépistage
néonatal systématique de la fibrose kystique, reconnaissant plusieurs patients
atteints avant les manifestations typiques de cette maladie, il importe de rappeler
ses nombreux modes de présentation possibles.
En période néonatale, elle peut se manifester par un iléus méconial
(environ 20 % des patients atteints) ou par un ictère cholestatique. Certains
parents remarquent un « goût salé » de la peau du bébé, causé par la teneur
élevée en chlorure de sodium de la sueur. La maladie peut se manifester, au
moment de sa présentation clinique, par des symptômes respiratoires per-
sistants (50 % des cas environ), un retard staturopondéral (environ 33 % des
cas) ou une stéatorrhée (25 % des cas). Parmi les modes de présentation plus
rares figurent les suivants : troubles électrolytiques (alcalose métabolique,
hypochlorémie, hypokaliémie, hyponatrémie), polypes nasaux, prolapsus rec-
tal, hépatopathie ou pancréatites à répétition. Chez l’homme adulte, la pré-
sentation tardive d’une forme plus légère de la maladie peut se limiter à une
azoospermie obstructive, cause d’infertilité. Chacune de ces manifestations
doit en elle-même inciter le praticien à rechercher la fibrose kystique à l’aide
du test de la sueur, comme décrit plus bas, afin d’éviter les conséquences
graves d’un retard de diagnostic.
Diagnostic
L’âge médian au moment du diagnostic est d’environ six mois au Canada,
mais de deux mois en France où l’on pratique un dépistage néonatal systé-
matique. Par ailleurs, on diagnostique de plus en plus la fibrose kystique chez
les adultes ayant des formes discrètes de la maladie. La venue du dépistage
néonatal systématique est appelée à transformer le tableau diagnostique et
permettra un suivi précoce. Grâce à lui, il y a moins d’enfants atteints qui pré-
sentent un retard staturopondéral grave, et la morbidité au long cours de la
maladie serait moindre.
Fibrose kystique (mucoviscidose) 471
Explorations
Après confirmation du diagnostic, une évaluation initiale s’impose, que l’on effec-
tue habituellement au cours d’une hospitalisation. L’enfant et sa famille ont alors
l’occasion de se familiariser avec la maladie et avec l’équipe traitante. L’évalua-
tion comprend les éléments suivants.
• Radiographie pulmonaire interprétée selon le score de Brasfield. Ce score éva-
lue 5 critères (distension pulmonaire, anomalies linéaires, atélectasies et infi-
ltrats, lésions nodulo-kystiques, impression générale de gravité) et attribue
un maximum de 5 points à chacun, pour un total maximal possible de
25 points.
• Épreuves de fonction respiratoire lorsque cela est possible (spirométrie à par-
tir de cinq ans ou oscillométrie forcée entre trois et quatre ans).
• Culture des sécrétions pharyngées ou des expectorations (il faut rechercher
spécifiquement le P. aeruginosa et le Burkholderia cepacia).
• Mesure de l’élastase fécale. La diminution de l’élastase 1 pancréatique fécale
permet de valider un diagnostic d’insuffisance pancréatique exocrine avant
le stade de stéatorrhée.
472 Fibrose kystique (mucoviscidose)
Traitement
I. Traitement des problèmes respiratoires
Sur le plan respiratoire, les trois principaux éléments de la prise en charge sont
les suivants.
1) Physiothérapie (kinésithérapie) respiratoire : c’est un élément essentiel du trai-
tement pour tous les patients. Il existe plusieurs méthodes ; on en choisit une
en fonction de l’âge et du développement de l’enfant, ainsi que des capacités
des parents. La fréquence des traitements est adaptée selon l’état clinique de
l’enfant.
2) Immunisations : il faut s’assurer que l’enfant reçoit les vaccins compris dans
le calendrier vaccinal habituel et, si cela n’en fait pas déjà partie, un total
de quatre doses du vaccin conjugué contre le Streptococcus pneumoniæ ;
après l’âge de deux ans, on ajoute le vaccin de type polysaccharidique
contre le pneumocoque. À partir de l’âge de six mois, une vaccination
annuelle contre l’infection au virus influenza est aussi indiquée. De la
naissance à l’âge de deux ans, les anticorps monoclonaux contre le virus
respiratoire syncytial (palivizumab) peuvent être administrés durant les
mois d’hiver.
3) Antibiotiques : une antibiothérapie précoce par voie orale est indiquée au
moment des infections des voies respiratoires. Le traitement doit être actif
principalement contre le Staphylococcus aureus. Parmi les choix possibles
figurent la céphalexine (céfalexine), la cloxacilline, la clindamycine et l’asso-
ciation amoxicilline/acide clavulanique. On utilise parfois la ciprofloxacine
ou la lévofloxacine de façon ponctuelle en raison de leur activité contre le
Pseudomonas.
Le traitement des exacerbations respiratoires plus graves consiste en une
antibiothérapie intraveineuse, administrée à l’hôpital ou dans le contexte d’un
programme d’antibiothérapie parentérale à domicile. Initialement, elle est dirigée
vers le P. aeruginosa et le S. aureus ; elle peut ensuite être modifiée selon les
bactéries découvertes dans les expectorations et leurs résistances spécifiques aux
antibiotiques. Afin d’éviter l’émergence de souches résistantes, on doit utiliser
une combinaison d’antibiotiques telle qu’un aminoside (tobramycine, gentami-
cine, amikacine) ET une pénicilline anti-Pseudomonas (pipéracilline, ticarcilline,
ticarcilline/acide clavulanique, pipéracilline/tazobactam), ou une céphalosporine
anti-Pseudomonas (ceftazidime), ou une carbapénem (imipénem, méropénem).
Chez l’adolescent, on peut utiliser la ciprofloxacine par voie orale ou intravei-
neuse lorsque le P. aeruginosa y est sensible, mais ce médicament n’est pas
Fibrose kystique (mucoviscidose) 473
approuvé pour utilisation chez l’enfant dans plusieurs pays. D’autres antibiotiques
(colisthiméthate, aztréonam) sont parfois utiles.
La durée du traitement est habituellement de 14 jours. En l’absence d’amé-
lioration, il faut penser au rôle possible d’autres agents pathogènes ou à l’émer-
gence d’une aspergillose bronchopulmonaire allergique et parfois poursuivre le
traitement pendant une troisième semaine. Souvent, un lavage broncho-alvéolaire
se révèle alors nécessaire.
Les antibiotiques administrés en inhalation (tobramycine, colisthiméthate,
aztréonam) contribuent à l’éradication et au contrôle du P. aeruginosa chez les
patients colonisés. Ils sont maintenant prescrits, dès l’obtention d’une première
culture positive, pour tous les patients infectés par cette bactérie, quelle que soit
leur fonction respiratoire. L’azithromycine est parfois utilisée, par voie orale, en
raison de son effet anti-inflammatoire et de son rôle possible contre le biofilm
produit par le P. aeruginosa. La posologie est de 10 mg/kg/24 h (ou 250 mg/24 h
chez les enfants pesant de 25 à 40 kg et 500 mg/24 h chez les plus de 40 kg)
en 1 dose, de 3 à 7 jours par semaine.
Chez les patients ayant un asthme surajouté (20 % des cas), il est indiqué de
prescrire des corticostéroïdes en inhalation et des bronchodilatateurs comme on
le fait habituellement pour un enfant asthmatique (voir Asthme).
La dornase alfa (rhDNase) est utilisée en inhalation chez certains patients.
Elle peut diminuer la viscosité des sécrétions bronchiques, mais son efficacité
varie selon les patients, et son coût est élevé. Une solution saline hypertonique
(3 % ou 7 %, à raison de 4 mL en nébulisation de 1 à 3 fois par jour) peut égale-
ment être employée pour rendre les sécrétions plus fluides.
toutes les 12 heures, d’une solution à 4 mEq/mL (diluer au besoin avec de l’eau).
Chez l’enfant de plus de deux ans, on recommande plutôt une diète plus riche
en sel, contenant jusqu’à 4 g de NaCl par jour.
Complications
I. Complications respiratoires
Les exacerbations bronchiques sont rarement accompagnées de fièvre, mais se
caractérisent par une toux plus soutenue, une dyspnée, des expectorations plus
abondantes et colorées, une asthénie, une anorexie et une perte de poids. Les
épreuves de fonction respiratoire peuvent se détériorer. Les signes radiologiques
peuvent être discrets ou absents.
Les bronchiectasies peuvent être recherchées à l’aide d’une tomodensitomé-
trie, en particulier lorsque les patients présentent une détérioration respiratoire
inexpliquée. Les autres complications des voies respiratoires les plus fréquentes
sont la polypose nasale et la sinusite chronique. On observe une opacification
radiologique des sinus chez presque tous les patients atteints de fibrose kys-
tique ; le diagnostic de sinusite aiguë ne dépend donc pas de l’image radiolo-
gique, mais de symptômes évocateurs. Parmi les autres complications possibles,
mentionnons l’aspergillose bronchopulmonaire allergique, le pneumothorax et
l’insuffisance respiratoire chronique. L’hémoptysie signe habituellement une
surinfection bronchopulmonaire aiguë. Le traitement de l’hémoptysie importante
comporte une antibiothérapie par voie générale, le repos au lit et l’interruption
de la physiothérapie (kinésithérapie). Dans certains cas, une bronchoscopie ou
même une embolisation percutanée peuvent s’avérer nécessaires.
Suivi
L’enfant est revu un mois après le diagnostic, ou avant si nécessaire, puis chaque
mois durant les six premiers mois. Les consultations peuvent ensuite avoir lieu
tous les deux ou trois mois, selon le cas. Une équipe multidisciplinaire dédiée
à la fibrose kystique assure ce suivi. Les principaux éléments à surveiller sont
les suivants :
• croissance et gain pondéral ;
• symptômes respiratoires et digestifs, ainsi que répercussions sur les activités
quotidiennes ;
• situation psychosociale et observance thérapeutique ;
• survenue de complications.
À chacune des réévaluations périodiques, on réalise une culture des sécrétions
pharyngées ou des expectorations. En bas âge, les bactéries les plus communé-
ment trouvées sont le S. aureus, l’Hæmophilus influenzæ et l’Escherichia coli.
Par la suite, la bactérie la plus fréquente est le P. aeruginosa, qui colonise plus
de 70 % des patients et qui constitue un facteur important de morbidité à long
terme. Les autres bactéries importantes sont le B. cepacia, le Stenotrophomo-
nas maltophilia et les mycobactéries atypiques. Des champignons tels que le
Candida, qui colonisent souvent les voies respiratoires, ne sont pas considérés
comme pathogènes. Cependant, l’Aspergillus peut causer plusieurs problèmes
graves, dont l’aspergillose bronchopulmonaire allergique.
Dès que l’âge de l’enfant le permet, on réalise des épreuves de fonction
respiratoire au cours des consultations périodiques. Habituellement normales
chez le jeune patient, elles montrent ensuite une diminution progressive du débit
expiratoire moyen indiquant une atteinte précoce des petites bronches, puis une
diminution du volume expiratoire maximum par seconde (VEMS). Ces épreuves
constituent un facteur pronostique important.
Une radiographie pulmonaire est effectuée régulièrement afin de réévaluer
le score de Brasfield.
Au moment du bilan annuel, on vérifie l’hémogramme, les fonctions hépa-
tique et rénale, le taux sérique des vitamines liposolubles, l’albuminémie, la
glycémie à jeun ainsi que le taux des IgE totales (indice d’aspergillose bronchopul-
monaire ou d’autres troubles allergiques). Certains mesurent également l’hémo-
globine glyquée annuellement. On procède à une échographie hépatique tous
les 2 ans à partir de l’âge de 10 à 12 ans, sauf chez les patients ayant une atteinte
hépatique et chez les adolescents, où elle est faite annuellement. Une épreuve
d’hyperglycémie provoquée par voie orale doit être effectuée annuellement à
partir de l’âge de 10 ans pour le dépistage précoce de l’intolérance glucidique.
Il est important de surveiller la santé osseuse ; on doit envisager de procéder à
une ostéodensitométrie au cours du suivi.
Pronostic
Dans les années 1960, l’espérance de vie des patients souffrant de fibrose kystique
atteignait à peine quatre ans. En 2005, l’âge médian de survie, c’est-à-dire l’âge
476 Fièvre
auquel la moitié des patients étaient décédés, s’établissait à 47 ans en France, alors
qu’il était de 48 ans au Canada en 2009. De nombreux patients atteignent un
âge avancé et mènent une vie très productive. De plus, la qualité de vie des
personnes atteintes de fibrose kystique s’est beaucoup améliorée ; il est donc
maintenant possible d’annoncer le diagnostic avec plus d’optimisme. La charge
quotidienne qu’imposent les différents traitements est cependant lourde, ce
qui entraîne parfois un relâchement de l’adhésion thérapeutique. Le traitement
demeure palliatif, un traitement curatif ne pouvant être envisagé pour l’instant. La
greffe pulmonaire est considérée lorsque le VEMS descend sous le seuil de 30 %
de la valeur prédite ou baisse rapidement, surtout chez l’adolescente, qui est
plus à risque de mortalité précoce. La survie, trois ans après une greffe pulmo-
naire, est de 60 à 80 % environ.
Les études cliniques portant sur de nouvelles avenues thérapeutiques sont
nombreuses et visent notamment les processus inflammatoires et la viscosité
des sécrétions respiratoires. La thérapie génique a pour but d’intégrer le gène
normal du CFTR au génome des cellules épithéliales respiratoires ; il s’agit d’un
traitement prometteur à moyen et à long terme, mais certains obstacles doivent
encore être surmontés avant qu’il soit utilisé en clinique. D’autres molécules,
souvent propres au génotype du patient, visent l’activation ou la correction de
la protéine CFTR défectueuse ; la plupart sont encore à l’étude.
Fièvre 97
Benoit Bailey, Philippe Ovetchkine
Généralités
Pour nombre de parents, la fièvre peut être un signe alarmant qui leur fait redou-
ter les pires diagnostics. Heureusement, dans la très grande majorité des cas,
elle traduit une infection banale d’origine virale de bon pronostic chez l’enfant
normal dont le carnet vaccinal est à jour.
Il est important de distinguer les termes suivants : fièvre, hyperpyrexie et
hyperthermie.
On parle de fièvre lorsque la température du corps, mesurée par voie rec-
tale au repos, atteint ou dépasse 38,0 °C. L’élévation de température fait suite à
un réajustement à la hausse du thermostat hypothalamique, en réaction à divers
stimuli. Au cours d’une infection, par exemple, les leucocytes libèrent des subs-
tances pyrogènes endogènes, les cytokines, qui stimulent la production cérébrale
de prostaglandine PGE2. Il en résulte un réajustement du thermostat hypothala-
mique, une inactivation des mécanismes de perte de chaleur (vasoconstriction
périphérique) et une activation des mécanismes de production de chaleur (aug-
mentation de l’activité musculaire avec ou sans frissons).
On utilise le terme « hyperpyrexie » pour désigner une fièvre qui est supérieure
à 41 °C ; les fièvres de plus de 42 °C sont exceptionnelles en dehors d’infections
graves et de syndromes particuliers.
L’hyperthermie se différencie de la fièvre par une réponse homéothermique
anormale et un dysfonctionnement des mécanismes physiologiques de déperdi-
tion calorique. Elle est la conséquence de l’un des mécanismes suivants :
• production excessive de chaleur (exemples : coup de chaleur, exercices mus-
culaires intenses) ;
Fièvre 477
I. Anamnèse
Chez le nouveau-né et le nourrisson fiévreux, une diminution de l’appétit, une
irritabilité, des pleurs anormaux ou une réduction de l’activité sont des indices
communs aux infections virales et bactériennes. À tous les âges, on recherche les
symptômes d’une infection touchant la sphère ORL (rhinorrhée, dysphagie, ody-
nophagie, otalgie), les voies respiratoires (modification de la voix, toux, dyspnée,
bruits respiratoires inhabituels, douleur thoracique), le système digestif (douleur
abdominale, diarrhées, vomissements), le système nerveux central (céphalées,
douleur nucale, vomissements, photophobie, convulsion) et le système musculos-
quelettique (myalgies, arthralgies, boiterie, douleur osseuse), ainsi que les symp-
tômes d’infection urinaire (pollakiurie, douleurs mictionnelles, douleur lombaire).
On s’intéresse aux voyages récents, à la présence d’animaux dans l’entourage
ainsi qu’aux contacts infectieux dans la famille, au service de garde (garderie,
crèche), à l’école ou à la ferme. On précise l’état vaccinal de l’enfant et l’on
s’enquiert d’une vaccination récente pouvant entraîner une réaction fébrile. On
s’informe du degré et de la durée de la fièvre, de son mode de mesure, des cir-
constances de son apparition et de l’état de l’enfant entre deux poussées fébriles.
infection grave. On parle d’un état « toxique » lorsqu’on observe certains des
signes suivants : pâleur, cyanose, irritabilité, pleurs inconsolables, perte d’intérêt
pour l’environnement, hypotonie, adynamie. De faibles gémissements sont plus
inquiétants que des pleurs vigoureux. Différents scores ont été élaborés pour
mesurer de façon objective le degré d’altération de l’état général. En pratique,
ils se révèlent peu utiles. Un bon appétit, le sourire, le rire, un regard curieux
et l’envie de bouger constituent ordinairement des indices de maladie bénigne.
Chez l’enfant plus âgé et l’adolescent, on prête également attention à l’état
de conscience et à l’état général. On doit s’inquiéter si le patient est pâle, mal
coloré ou prostré.
La gravité apparente de l’état clinique peut être seulement transitoire et s’ex-
pliquer par le manque de sommeil, l’inconfort d’une forte fièvre ou une sensation
passagère d’accablement. La répétition de l’examen à quelques heures d’inter-
valle permet souvent une appréciation clinique plus exacte.
On mesure les signes généraux (signes vitaux) et le temps de remplissage
capillaire et l’on recherche des indices de déshydratation. La mesure de la satu-
ration en O2 par oxymétrie de pouls peut orienter la démarche vers une infec-
tion pulmonaire, notamment.
La présence d’une hyperhémie conjonctivale et de signes d’atteinte diffuse
des voies respiratoires supérieures suggère une infection virale.
L’examen de la peau constitue une étape importante : un purpura pétéchial
ou ecchymotique est un signe alarmant faisant redouter une infection bactérienne
grave et plus particulièrement une méningococcémie. Diverses éruptions sont
assez caractéristiques de certaines infections bactériennes (exemple : scarlatine)
ou virales (exemples : roséole, rougeole, varicelle). La livedo reticularis généra-
lisée, parfois observée chez les enfants fiévreux âgés de quelques mois, n’a pas
de valeur particulière.
La recherche des signes de méningite est impérative (voir Méningite).
On explore soigneusement les tympans, le rhinopharynx et la cavité buccale
en quête d’une otite, d’une rhinite, d’une amygdalite, d’une gingivostomatite ou
d’un abcès dentaire. Toutefois, lorsque l’enfant pleure ou dans le cas de cer-
taines infections virales (exemple : roséole), les tympans sont souvent congestifs.
On palpe ensuite les différentes aires ganglionnaires. Chez l’enfant, la pré-
sence de ganglions multiples de petite taille (< 2 cm) est courante, surtout dans
la région cervicale antérieure. Qu’elles soient de nature virale ou bactérienne, les
amygdalites peuvent s’accompagner de volumineuses adénopathies cervicales.
Par contre, une adénite isolée avec réaction inflammatoire locale (érythème,
douleur, chaleur) est probablement d’origine bactérienne.
Une toux, souvent discrète, une tachypnée, une plainte expiratoire, un tirage
intercostal, une matité, une asymétrie auscultatoire, des râles fins, un souffle
tubaire, une douleur thoracique ou, parfois, une douleur abdominale, font évo-
quer une pneumonie. Chez l’enfant fiévreux, l’absence de signes respiratoires
n’élimine pas nécessairement un diagnostic de pneumonie. Une laryngite se
reconnaît par l’association d’un stridor inspiratoire, d’une voix rauque ou éteinte
et d’une toux aboyante.
À la palpation de l’abdomen, on recherche notamment une splénomégalie, une
hépatomégalie, une masse, une zone douloureuse (suggérant, par exemple,
une appendicite ou une salpingite), une défense musculaire ou une contracture
pariétale témoignant d’une irritation péritonéale. Une douleur à la percussion de
la région lombaire est évocatrice de pyélonéphrite.
480 Fièvre
À tous les âges, une infection d’une articulation profonde, telles l’épaule ou la
hanche, peut ne se manifester que par une douleur à la mobilisation. Lorsqu’une
articulation superficielle comme le coude, le poignet, le genou ou la cheville est
atteinte, un œdème, une hyperhémie et une chaleur locale s’ajoutent souvent à
la douleur locale. L’ostéomyélite aiguë et l’arthrite septique sont les deux pre-
miers diagnostics à considérer, avant ceux de synovite virale ou d’arthrite réac-
tive. Chez le nouveau-né et le nourrisson, une infection articulaire ou osseuse
se traduit fréquemment par une pseudo-paralysie.
III. Explorations
Habituellement, les données de l’anamnèse et de l’examen permettent de poser
un diagnostic précis. L’âge peut orienter celui-ci : ainsi, la roséole ne se rencontre
guère après l’âge de trois ans, et la maladie de Kawasaki s’observe surtout avant
l’âge de cinq ans. Dans les cas de fièvre sans cause apparente, il peut s’agir de la
phase prodromique d’un syndrome infectieux ou inflammatoire (exemples : syn-
drome grippal, roséole, maladie de Kawasaki, arthrite idiopathique juvénile de
forme systémique) ou d’une manifestation isolée de la maladie (exemples : viré-
mie, réaction vaccinale, infection urinaire, sinusite, pneumonie, bactériémie,
endocardite).
La pertinence d’effectuer des examens complémentaires dépend de l’âge de
l’enfant, de son état clinique, des facteurs de risque surajoutés (exemple : déficit
immunitaire), du statut vaccinal et de l’expérience du praticien. Dans bien des
cas, des investigations supplémentaires ne sont pas nécessaires. Pour plusieurs
autres patients, on se limite, en fonction du contexte clinique, à certains examens
de base pour décider de la conduite à tenir : hémogramme, examens des urines,
radiographie pulmonaire, culture de gorge, hémoculture.
• Hémogramme : cet examen est de moins en moins demandé chez les
enfants de plus de six mois vaccinés adéquatement, vu sa faible utilité
pour différencier une infection bactérienne d’une infection virale. En effet,
une hyperleucocytose (globules blancs > 15 × 109/L) n’est pas obligatoi-
rement significative d’une infection bactérienne ; la plupart du temps, elle
est associée à une infection virale chez un enfant fiévreux, compte tenu en
particulier du fait que les infections virales sont beaucoup plus fréquentes
que les infections bactériennes. Par ailleurs, bien que les infections virales
puissent causer une leucopénie (globules blancs < 5 × 109/L), celle-ci peut
faire craindre une infection bactérienne grave (exemples : méningococcé-
mie, typhoïde).
• Examens des urines : ils sont utiles au dépistage de l’infection urinaire. Il est
important d’obtenir non seulement une analyse de l’urine, mais aussi un échan-
tillon pour une culture, par un mode de prélèvement adéquat (voir Infection
urinaire).
• Radiographie pulmonaire : elle est faite chaque fois que la fièvre s’accompagne
de signes suggestifs d’infection pulmonaire, ainsi qu’en cas de fièvre persis-
tante ou d’une altération importante de l’état général. Elle peut être utile pour
éliminer une pneumonie en présence d’une leucocytose marquée (globules
blancs > 20 × 109/L).
• Recherche du Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A)
dans les sécrétions pharyngées : chez l’enfant âgé de plus de deux ans, ou
chez l’enfant plus jeune qui fréquente un service de garde, la recherche rapide
de l’antigène ou une culture de gorge sont indiquées lorsque le pharynx
Fièvre 481
Traitement de la fièvre
Beaucoup de parents et certains membres du personnel soignant, incluant des
médecins, exagèrent les effets nocifs de la fièvre sans vouloir admettre son
rôle bénéfique comme agent anti-infectieux. Si la fièvre est bien tolérée, il n’y
a nullement besoin de la combattre. Cependant, dans certaines circonstances
(exemples : sensation de malaise, irritabilité, insomnie ou hallucinations, détresse
respiratoire, insuffisance cardiaque, hypertension intracrânienne, prématurité),
les médicaments fébrifuges peuvent soulager l’enfant ou prévenir l’aggravation
de son état. Il faut cependant souligner l’échec des antipyrétiques à prévenir les
convulsions fébriles.
L’acide acétylsalicylique a été abandonné en raison de son rôle possible
dans le déclenchement du syndrome de Reye (maladie rare caractérisée par
une atteinte cérébrale associée à une atteinte hépatique, survenant le plus
484 Fièvre prolongée d’origine inconnue
Généralités
En pédiatrie, il n’y a pas de consensus sur une définition exacte de la « fièvre
prolongée d’origine inconnue » (fever of unknown origin ou FUO dans la lit-
térature de langue anglaise). Ce terme est habituellement utilisé lorsque la
température corporelle centrale dépasse 38 °C de façon soutenue, pendant plus
de trois semaines et que le diagnostic demeure incertain malgré plusieurs exa-
mens. Dans ces cas, une anamnèse approfondie, un examen physique détaillé
ainsi que l’évaluation initiale ne permettent pas d’arriver à une cause probable
de la fièvre. Il s’agit d’une situation plutôt rare pour laquelle le diagnostic diffé-
rentiel est cependant étendu.
Approche clinique
À l’anamnèse, il est utile de distinguer une fièvre prolongée d’une fièvre pério-
dique ou récurrente. Les explorations doivent se dérouler de façon séquentielle,
en s’attardant d’abord aux hypothèses les plus plausibles (exemples : virose,
infection urinaire, bactériémie occulte). Fréquemment, la fièvre disparaît spon-
tanément pendant l’investigation. Après avoir écarté la possibilité d’une fièvre
factice, il faut envisager trois groupes d’affections possibles.
1) Une infection est responsable de 25 à 50 % des cas et demeure la cause la
plus fréquente chez les enfants de tous âges. Il s’agit le plus souvent d’une
présentation atypique d’une infection courante ou parfois d’une infection
inhabituelle. Il faut s’enquérir d’un voyage récent ou d’une exposition à
des animaux. Selon le contexte clinique, on recherche les infections
suivantes à l’aide d’explorations spécifiques : hépatite virale, infection
à cytomégalovirus, mononucléose infectieuse, infection par le virus de
l’immunodéficience humaine (VIH), bartonellose, tuberculose, salmonel-
lose, toxoplasmose, brucellose, tularémie, leptospirose. Dans le cas de
la mononucléose infectieuse, les tests basés sur la détection d’anticorps
Fièvre récurrente 485
hétérophiles sont plus fiables après l’âge de quatre ans. En phase aiguë,
la mesure du titre des anticorps spécifiques contre le virus Epstein-Barr
(IgM anti-VCA ou viral capsid antigen) est parfois requise pour valider le
diagnostic (voir Mononucléose infectieuse). Des cultures de selles (copro-
cultures) sont faites, même si l’enfant n’a pas de diarrhée. On réalise
aussi des cultures virales dans les sécrétions pharyngées, dans les selles
et dans l’urine, ainsi que des épreuves sérologiques pour les principaux
virus présents dans la communauté. L’échographie abdominale est utile
pour exclure la possibilité d’un abcès (hépatique, rénal). Si l’enfant est
porteur d’une cardiopathie congénitale, il faut évoquer la possibilité d’une
endocardite bactérienne et procéder à une échocardiographie cardiaque
et à des hémocultures multiples. Dans certains cas, lorsqu’on soupçonne
une infection d’origine articulaire ou osseuse, ou lorsqu’on ne peut éta-
blir de source infectieuse précise, une scintigraphie ou une tomographie
par émission de positons peuvent se révéler utiles.
2) Une collagénose ou encore une autre maladie inflammatoire du jeune enfant
(exemples : maladie de Kawasaki, maladie de Caffey du nourrisson, arthrite
idiopathique juvénile) peut être en cause. Il arrive souvent que les données
cliniques et paracliniques ne permettent pas d’arriver au diagnostic, même si
le tableau clinique est suggestif ; une longue période d’observation peut être
nécessaire, et, dans certains cas, un traitement anti-inflammatoire empirique
peut se justifier. Chez l’enfant d’âge scolaire et l’adolescent, il faut évoquer la
possibilité d’une maladie inflammatoire de l’intestin, même en l’absence de
symptômes digestifs évidents.
3) Une néoplasie occulte comme une leucémie ou un lymphome est moins
probable chez l’enfant que chez l’adulte. On individualise la décision
de procéder à un examen de la moelle osseuse en se basant sur le contexte
clinique. Lorsqu’on pratique une ponction de moelle, celle-ci doit être mise
en culture sur les milieux permettant de détecter les bactéries habituelles, les
mycobactéries et les mycoses. Dans certains cas, la recherche d’une néopla-
sie occulte à l’aide d’une tomodensitométrie, d’une résonance magnétique
nucléaire ou d’une tomographie par émission de positons peut être indiquée.
D’autres causes rares à envisager incluent les suivantes : une lymphohistio-
cytose hémophagocytaire, un diabète insipide central ou un diabète insipide
néphrogénique, une thyrotoxicose, une fièvre médicamenteuse, une fièvre d’ori-
gine centrale (dysfonction neurologique) ou une dysautonomie familiale (syn-
drome de Riley-Day).
Malgré tous les efforts d’investigation, aucun diagnostic précis ne peut être
posé dans une proportion pouvant atteindre 25 % des cas.
Fièvre récurrente 99
Marie-Paule Morin, Philippe Ovetchkine
Généralités
La prise en charge de patients atteints de fièvre récurrente ou périodique
nécessite un interrogatoire minutieux pour l’élaboration des divers diagnostics
486 Fièvre récurrente
Il n’y a pas de gène identifié jusqu’à maintenant ; cependant, des cas de PFAPA
familiaux ont été décrits.
La réponse aux antipyrétiques usuels est limitée. Certains auteurs proposent
de courtes cures de corticostéroïdes par voie générale (exemple : prednisone à
raison de 1-2 mg/kg/24 h PO) dès l’apparition des premiers symptômes afin de
diminuer l’intensité et la durée de l’épisode fébrile. Des études contrôlées ont
démontré que l’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie est curative dans
la grande majorité des cas. Cela constitue une option pour les patients nécessi-
tant des doses fréquentes de corticostéroïdes ou chez qui la maladie a un impact
important sur la qualité de vie.
On n’a pas observé de complications particulières chez ces enfants, notam-
ment aucun retentissement staturopondéral. Après plusieurs années, les épisodes
ont spontanément tendance à diminuer, en fréquence et en intensité, puis ils
finissent par disparaître.
VI. Cryopyrinopathies
Les syndromes périodiques associés aux cryopyrines (ou cryopyrinopathies) sont
des maladies rares qui comprennent le syndrome NOMID (Neonatal Onset Mul-
tisystemic Inflammatory Disease), aussi appelé en Europe le syndrome CINCA
490 Gale
Gale 100
Catherine Maari
Généralités
La gale est une infection cutanée fréquente causée par un ectoparasite, le Sar-
coptes scabiei, dont la femelle creuse de petits tunnels (sillons) dans la partie
superficielle de la peau afin d’y vivre et d’y pondre ses œufs. La démangeaison
ressentie au cours de cette infection est causée par une « allergie » au corps du
sarcopte femelle, à ses œufs et à ses selles. Contrairement à une croyance très
répandue, cette affection peut survenir dans toutes les couches de la société.
Elle se transmet de personne à personne.
Manifestations cliniques
La présence d’un prurit intense (surtout nocturne) d’apparition soudaine doit
toujours faire évoquer ce diagnostic, particulièrement si d’autres membres de
la famille sont atteints. La nature des lésions et leur distribution diffèrent selon
l’âge. La gale n’est pas toujours facile à diagnostiquer ; on peut, à tort, prendre
les lésions pour d’autres dermatoses prurigineuses telles que des piqûres d’in-
sectes ou une dermite eczémateuse.
Généralement, les lésions sont très discrètes et présentent les caractéris-
tiques suivantes.
1) Chez l’enfant de moins de deux ans, elles sont souvent papulovésiculeuses
et peuvent se manifester dans des régions habituellement épargnées chez
l’enfant plus âgé, comme la tête, la paume des mains et la plante des pieds.
2) Chez l’enfant de deux ans ou plus, comme chez les adultes, les lésions ont
une prédilection pour l’abdomen, les organes génitaux, les mamelons, les plis
interdigitaux, la face antérieure des poignets, la face postérieure des coudes, les
fesses et la face externe des pieds. Elles sont parfois papuleuses. À l’examen,
on peut trouver de très petites papules rouges ou de couleur chair, des signes
de grattage, de petites lignes tortueuses à fleur de peau souvent blanchâtres
(que l’on appelle des sillons) et parfois des bosses brun-rouge, plus persis-
tantes, appelées nodules scabieux. Le sillon sous-épidermique caractéristique
n’est pas toujours présent au moment de la consultation. La présentation est
moins typique chez les sujets immunocompromis, avec un aspect plus croûté.
Gale 491
Explorations
Le diagnostic repose sur les données de l’anamnèse et de l’examen. Il peut
être confirmé par l’examen microscopique du produit de grattage de lésions
encore intactes, en particulier celui de sillons sur les mains. Cet examen peut
mettre en évidence le parasite, ses œufs ou ses selles. Il n’existe pas de méthode
diagnostique sérologique.
Période d’incubation
La période d’incubation dure de quatre à six semaines.
Traitement
1) Au Canada :
a) Le premier choix repose sur la lotion ou la crème de perméthrine 5 %
(NixMD, Kwellada-PMD). La perméthrine est autorisée dès l’âge de deux mois
et jugée adéquate et sûre pendant la grossesse et l’allaitement. On l’applique
le soir sur tout le corps et l’on donne un bain le lendemain matin après
une application de 10 heures. On doit aussi traiter la tête chez l’enfant de
moins de deux ans. Un seul traitement est habituellement nécessaire s’il
est bien fait, mais on préconise un deuxième traitement sept jours après
l’application initiale.
b) Le deuxième choix est le crotamiton en crème 10 % (EuraxMD), à appliquer
chaque jour pendant deux à cinq jours. Ce produit est nettement moins
efficace que la perméthrine.
2) En France, il existe, parmi les produits offerts :
a) La pyréthrine en aérosol (SprégalMD), à appliquer le soir sur tout le corps.
On donne un bain le lendemain matin.
b) Le benzoate de benzyle en lotion 10 % (AscabiolMD). Chez l’enfant de moins
de 2 ans, on l’applique une fois sur tout le corps et l’on donne un bain
12 heures plus tard. Chez l’enfant de 2 ans ou plus et chez l’adolescent, on
l’applique 2 fois sur tout le corps, à 10 minutes d’intervalle, et l’on donne
un bain 24 heures plus tard.
Il y a peu de résistance décrite au traitement de la gale.
L’ivermectine, administrée par voie orale, peut s’avérer un traitement plus
efficace dans les formes croûtées étendues. En cas d’échec au traitement topique,
d’éclosion institutionnelle ou d’épidémie, l’utilisation de ce médicament peut
être envisagée chez un patient âgé d’au moins 5 ans et pesant 15 kg ou plus.
Bien qu’elle soit souvent employée dans cette indication, l’ivermectine n’est offi-
ciellement approuvée ni au Canada ni en Europe pour le traitement de la gale.
Idéalement, son utilisation doit être réservée au traitement de la gale chez l’hôte
immunocompromis (gale norvégienne). La posologie est de 0,2 mg/kg en 1 dose
unique qui peut être répétée après 7 jours.
Les nodules de gale persistants peuvent être traités par l’application locale
d’une crème à base de corticostéroïdes. Cependant, des parasites peuvent sur-
vivre ; dans ce cas, il est parfois préférable d’administrer un autre traitement anti-
parasitaire.
Le prurit peut être traité au moyen d’un antihistaminique ; il arrive qu’il
persiste pendant plusieurs semaines, même si le traitement a été efficace.
492 Gastro-entérite
Prévention
Qu’ils manifestent ou non des symptômes, tous les membres de la famille proche
(vivant sous le même toit) doivent être traités simultanément. Tous les vêtements
et la literie utilisés avant le traitement doivent également être lavés au même
moment. On doit isoler les patients hospitalisés jusqu’au début du traitement.
Gastro-entérite 101
Jocelyn Gravel, Valérie Lamarre
Généralités
La diarrhée aiguë reste un problème fréquent en pédiatrie. Dans les pays en
développement, elle constitue la principale cause de morbidité et de morta-
lité infantiles. À l’échelle mondiale, on estime à 1,5 milliard le nombre d’épi-
sodes annuels chez les enfants âgés de moins de 5 ans. De 1,5 à 2,5 millions de
décès surviennent chaque année à la suite d’une gastro-entérite, principalement
dans les pays en voie de développement.
Les gastro-entérites d’étiologie virale prédominent dans le monde et représen-
tent environ 80 % des cas, particulièrement en hiver. Le rotavirus est le plus sou-
vent en cause ; toutefois, des programmes de vaccination contre le rotavirus ont
maintenant été instaurés dans plusieurs pays, ce qui mènera sans doute à des
changements épidémiologiques. De nombreux autres virus, comme les Calici-
viridæ (norovirus, dont l’agent de Norwalk, sapovirus), les adénovirus, l’astro-
virus et certains coronavirus, peuvent être responsables de diarrhées aiguës.
Les infections bactériennes sont moins fréquentes et surviennent surtout en
été. Les principales bactéries en cause sont les suivantes : Salmonella, Shigella,
Campylobacter jejuni, Yersinia enterocolitica, Escherichia coli. Parmi elles, le
E. coli entérohémorragique 0157:H7 est reconnu comme une cause fréquente du
syndrome hémolytique et urémique. La diarrhée grave associée à l’antibiothérapie
est souvent due au Clostridium difficile.
Parmi les parasites pouvant causer une diarrhée aiguë figurent le Giardia
lamblia et le Cryptosporidium. Les enfants qui fréquentent un service de garde
(garderie, crèche) sont plus à risque de contracter une diarrhée causée par
le G. lamblia. Les patients immunocompromis sont particulièrement à risque de
présenter une forme grave de la maladie. Une infection intestinale à Entamœba
histolytica peut se présenter sous forme de colite hémorragique ; dans la majorité
des cas, le contexte épidémiologique est suggestif (voir Parasitoses).
Plusieurs mécanismes peuvent expliquer la diarrhée :
1) invasion de la muqueuse intestinale (Shigella, Salmonella) ;
2) libération de cytotoxines qui endommagent la muqueuse intestinale et réduisent
sa surface d’absorption (virus, Shigella, E. coli entéropathogène) ;
3) libération d’entérotoxines protéiques qui perturbent les mécanismes de trans-
port de l’eau et des ions à travers la muqueuse, créant une diarrhée sécrétoire
sans dégâts structuraux (Shigella, E. coli entéropathogène, Vibrio choleræ) ;
4) adhérence de la bactérie à la muqueuse, ce qui endommage les microvillosités
(E. coli entéropathogène et entérohémorragique).
Gastro-entérite 493
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’anamnèse précise la durée de la maladie, la fréquence et le volume des selles,
l’existence de vomissements associés (qui sont souvent la principale cause de
consultation), la fréquence des mictions et la présence de fièvre ou de rector-
ragies. Elle s’intéresse aussi à la prise récente d’antibiotiques, aux voyages ainsi
qu’aux autres cas de diarrhée dans la famille, au service de garde ou à l’école.
La présence de sang dans les selles suggère une étiologie bactérienne, à l’ori-
gine d’un syndrome dysentérique (selles glairo-sanglantes dans un contexte
de fièvre).
Occasionnellement, des convulsions peuvent survenir ; il peut s’agir de convul-
sions fébriles, métaboliques (hyponatrémie) ou infectieuses afébriles pouvant parfois
être associées à la production de toxines par certains agents infectieux (Shigella).
L’examen physique vise avant tout à apprécier l’état d’hydratation. De plus,
il recherche un étranglement herniaire, une défense abdominale, un boudin d’in-
vagination ou un foyer infectieux extradigestif potentiellement responsable de la
diarrhée. Il faut garder en mémoire que l’appendicite, l’invagination intestinale
et les maladies inflammatoires de l’intestin peuvent se manifester initialement
comme une gastro-entérite ; par ailleurs, des vomissements bilieux (verdâtres)
doivent faire évoquer en premier lieu une occlusion intestinale.
II. Explorations
Lorsqu’il s’agit d’une diarrhée grave avec déshydratation, l’hémogramme, l’io-
nogramme, l’urée sanguine, la créatininémie, la glycémie et une étude de l’état
acidobasique du sang sont nécessaires. Une acidose métabolique peut être due
à une perte de bicarbonate par voie fécale, à une cétose de jeûne et, si l’état
hémodynamique est perturbé, à une production d’acide lactique. En l’absence
de signe clinique de déshydratation, aucun examen complémentaire n’est requis.
S’il existe un syndrome dysentérique ou des rectorragies chez un enfant
d’aspect toxique, une hémoculture est indiquée. C’est également le cas chez
l’enfant immunocompromis et chez le nourrisson de moins de trois mois.
Les recherches virales sont habituellement inutiles. Lorsqu’il faut préciser
l’étiologie de la diarrhée (exemples : patient immunocompromis, tableau clinique
atypique), un test diagnostique rapide pour le rotavirus (ELISA) peut, s’il est po-
sitif, épargner des cultures de selles.
Deux cultures de selles sont faites en cas de diarrhée persistante (plus de
14 jours), ou de rectorragies, ou chez le patient immunocompromis et chez le
nourrisson de moins de 3 mois ; au besoin, les cultures peuvent être faites par
écouvillonnage rectal. Elles peuvent aussi se révéler utiles en situation épidé-
mique dans une collectivité.
On recherche des parasites dans les selles seulement en cas de diarrhée
chronique avec cultures bactériennes négatives, en présence de rectorragies ou
si l’enfant a effectué récemment un voyage en pays d’endémie parasitaire.
La recherche dans les selles de la toxine du C. difficile peut être indiquée
en cas de diarrhée grave survenant pendant ou peu de temps après une anti-
biothérapie.
Certains praticiens cherchent des globules blancs ou de la lactoferrine dans
les selles pour dépister précocement une infection intestinale par une bactérie
invasive.
494 Gastro-entérite
Traitement
Les principaux objectifs du traitement sont la réhydratation, la prévention de la
dénutrition et le traitement étiologique des formes entéro-invasives.
phase de réhydratation ; les céréales, les fruits, les légumes et la viande maigre
conviennent bien ; éviter les aliments gras. Se rappeler qu’une restriction
calorique peut, surtout si elle se prolonge, aggraver ou entretenir la diarrhée.
Profiter de l’effet thérapeutique de certains solides (exemples : riz, soja), qui
réduisent la durée de la diarrhée et le débit fécal.
• Ne pas administrer de liquides qui contiennent trop de sucre et trop peu d’ions.
Par exemple, les jus de fruits ont une concentration adéquate en potassium
et une concentration insuffisante en sodium ; leur concentration excessive en
glucides peut induire une diarrhée osmotique ; de plus, certains d’entre eux
contiennent des sucres laxatifs comme le sorbitol.
• Donner un lait sans lactose pendant quelques semaines si l’enfant n’est pas
allaité, dans les rares cas où la diarrhée se prolonge anormalement ou récidive.
III. Probiotiques
Des méta-analyses suggèrent que les probiotiques pourraient diminuer de 50 %
la durée de la diarrhée infectieuse. Des études avancent que le Saccharomyces
boulardii pourrait être un agent prometteur pour réduire la durée de la diarrhée
aiguë chez l’enfant et pour prévenir la diarrhée induite par les antibiotiques.
L’effet du Lactobacillus semble plus modeste et plus controversé dans la diarrhée
aiguë. Malheureusement, aucune forme commerciale de probiotique vendue en
Amérique n’a fait l’objet d’étude rigoureuse pour contrer la diarrhée infectieuse.
IV. Antibiothérapie
La plupart des gastro-entérites sont d’origine virale et ne nécessitent pas d’anti-
biothérapie. Beaucoup de gastro-entérites bactériennes ou parasitaires guérissent
aussi sans traitement spécifique. L’indication d’une antibiothérapie dépend de
l’agent en cause, de l’âge de l’enfant et des circonstances.
Campylobacter Une antibiothérapie se révèle le plus souvent nécessaire, sur-
tout si le diagnostic est précoce. On peut utiliser l’érythromycine ou l’azithromy-
cine pendant cinq à sept jours.
C. difficile Une antibiothérapie peut être nécessaire chez les enfants sympto-
matiques âgés de plus de un an. Le premier choix repose sur le métronidazole
oral. Il faut réserver la vancomycine par voie orale aux rares situations où la
diarrhée est réfractaire au métronidazole.
E. coli Une antibiothérapie est rarement nécessaire. Certaines études ont
même suggéré que les enfants atteints de colite hémorragique causée par la
souche O157:H7 et traités avec des antibiotiques avaient un risque accru de voir
se développer un syndrome hémolytique et urémique. Même si ces données
496 Gastro-entérite
sont controversées, la plupart des auteurs s’entendent pour ne pas traiter sys-
tématiquement le E. coli O157:H7 et pour réserver un traitement antibiotique
aux formes septicémiques. On l’administre généralement par voie intraveineuse ;
l’association d’une céphalosporine de 3e génération et d’un aminoside apparaît
raisonnable si le profil de sensibilité n’est pas disponible. Chez l’enfant plus âgé,
l’usage d’une fluoroquinolone est acceptable.
Salmonella On administre une antibiothérapie systématique seulement dans
le cas du Salmonella typhi. S’il s’agit d’un autre type de Salmonella, une antibio-
thérapie n’est habituellement pas nécessaire, sauf chez l’enfant de moins de trois
mois, dans les formes graves, prolongées ou septicémiques et chez les patients
immunocompromis. L’ampicilline, l’amoxicilline, le triméthoprime/sulfamé-
thoxazole, le céfotaxime ou la ceftriaxone sont de bons choix pour les souches
sensibles chez les patients nécessitant une antibiothérapie.
Shigella Le traitement antibiotique vise surtout à réduire la propagation de
la bactérie ; il est toujours recommandé. L’établissement du profil de sensibilité
devient alors capital, car les souches résistantes sont fréquentes. On opte pour la
voie orale dans la mesure du possible, et l’on réserve l’administration parentérale
d’antibiotiques aux cas les plus graves. L’amoxicilline et le triméthoprime/sulfamé-
thoxazole sont efficaces pour les souches sensibles. Pour les souches résistantes,
on prescrit de préférence l’azithromycine ou une céphalosporine de 3e génération
tel le céfixime. Par voie parentérale, la ceftriaxone constitue le premier choix dans
tous les cas. On recommande un traitement d’une durée de cinq jours.
Y. enterocolitica Une antibiothérapie est indiquée seulement dans les formes
graves ou prolongées ou chez les patients immunocompromis. L’antibiotique de
premier choix est le triméthoprime/sulfaméthoxazole. Les choix de seconde inten-
tion sont le céfotaxime, les aminosides, les fluoroquinolones, la tétracycline ou
la doxycycline (chez l’enfant de plus de huit ans). Si l’enfant reçoit un traitement
de déféroxamine, celui-ci devrait être arrêté puisque ce médicament augmente
la gravité de la yersiniose. Les états de surcharge en fer augmentent le risque de
sepsis à Yersinia.
De façon générale, les fluoroquinolones ne sont pas recommandées chez l’enfant ;
toutefois, on peut les proposer pour certaines infections digestives bactériennes,
après documentation microbiologique et obtention du profil de sensibilité.
Prévention
La prévention de la transmission repose sur le lavage de mains rigoureux, sur-
tout après avoir changé les couches, avant de manger et après être allé à la selle.
Une saine manipulation des aliments peut aider à diminuer les risques
(exemples : cuisson complète de la viande hachée et du poulet, réfrigération,
lavage des mains avant la manipulation).
Deux vaccins vivants atténués contre le rotavirus sont maintenant disponibles
pour la prévention de la gastro-entérite secondaire au rotavirus (voir Vaccinations).
Ces vaccins offrent une protection d’environ 95 % contre les gastro-entérites graves
à rotavirus (celles qui nécessitent une hospitalisation) chez les jeunes enfants
de moins de 2 ans.
Pronostic
Avec un traitement optimal, la mortalité est à peu près nulle, et la morbidité
demeure faible surtout chez les enfants n’ayant pas de comorbidité.
Glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique 497
Généralités
La glomérulonéphrite aiguë survient habituellement de une à deux semaines
après une pharyngite ou de trois à six semaines après un impétigo à Streptococcus
pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A). Seuls certains sérotypes
de S. pyogenes causent une glomérulonéphrite aiguë ; celle-ci se manifeste en
général chez moins de 2 % des enfants infectés. Elle est plus fréquente en hiver
et au début du printemps dans les climats tempérés, et en été dans les pays au
climat chaud. Elle est aussi plus fréquente chez les garçons (rapport de 2:1) et
dans la tranche d’âge de 2 à 12 ans, bien qu’elle puisse se manifester chez le
nourrisson. Plus rarement, une autre bactérie ou un virus peut causer un tableau
clinique à peu près similaire. À la suite de l’infection aiguë, un processus immu-
nologique provoque une atteinte glomérulaire dont la physiopathologie n’est pas
encore complètement élucidée, avec dépôts de complexes antigène-anticorps
sous-épithéliaux dans la membrane basale du glomérule.
Manifestations cliniques
Une hématurie microscopique est présente dans 100 % des cas, et une hématurie
macroscopique, dans environ 25 à 40 % des cas ; l’urine a alors un aspect brun
foncé de couleur thé ou Coca-ColaMD. Un œdème est présent chez environ 90 %
des patients, surtout dans la région des paupières, mais, parfois, seule une prise
de poids témoigne de la surcharge hydrosodée. Une hypertension artérielle sur-
vient chez environ 60 à 80 % des enfants atteints.
La symptomatologie peut être discrète, telle qu’une hématurie isolée, ou
très marquée, avec, par exemple, un œdème pulmonaire ou des convulsions
secondaires à une encéphalopathie hypertensive (5 % des cas). Des malaises
généraux (anorexie, douleurs abdominales, céphalées) sont fréquents. On peut
observer un certain degré d’oligurie, mais l’anurie demeure très rare.
Explorations
Le sédiment urinaire révèle la présence de globules rouges dysmorphiques et,
assez souvent, de cylindres hématiques. Il peut y avoir une leucocyturie et des
cylindres leucocytaires ou granuleux. Une protéinurie légère ou modérée est
souvent présente, mais n’est d’ordre néphrotique (> 50 mg/kg/24 h chez l’enfant
ou > 3 g/24 h chez l’adulte) que dans 5 à 10 % des cas. La protéinurie peut entraî-
ner une légère hypoalbuminémie, qui peut persister jusqu’à six mois.
Le degré d’augmentation de l’urée et de la créatinine sériques est proportion-
nel à la réduction du taux de filtration glomérulaire. Diverses anomalies électro-
lytiques et acidobasiques (hyponatrémie, hyperkaliémie, hypocalcémie, acidose
métabolique) sont habituellement secondaires, lorsqu’elles surviennent, à l’atteinte
rénale. L’hémogramme peut montrer une discrète anémie normocytaire témoignant
d’une hémodilution. Une diminution du complément CH50 et de sa fraction C3
survient au cours des deux premières semaines dans environ 90 % des cas ; il
s’agit d’un critère important de diagnostic. La fraction C4 peut se révéler normale
ou abaissée, témoignant du fait que c’est la voie alterne qui se trouve activée.
498 Glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique
Une infection récente à S. pyogenes peut être confirmée par la mise en évi-
dence, dans le sérum, de certains anticorps comme les antistreptolysines et les
antistreptokinases. Les anticorps demeurent élevés pendant une à cinq semaines
suivant l’infection, puis diminuent et se normalisent après plusieurs mois. Les
antistreptolysines peuvent être négatives dans les cas d’impétigo ou si une amygda-
lite a été traitée avec des antibiotiques. Un diagnostic rapide de l’antigène strep-
tococcique dans les sécrétions pharyngées ou une culture de gorge (de peau
en cas d’impétigo) peuvent confirmer la présence de cet agent pathogène. La
culture d’urine est négative.
L’échographie rénale démontre un volume normal ou augmenté des reins
et, parfois, un aspect hyperéchogène. Elle est importante pour exclure d’autres
diagnostics. La radiographie thoracique peut révéler une cardiomégalie ou un
œdème pulmonaire.
Traitement
Dans quelques cas mineurs, aucun traitement n’est indiqué, mais un suivi étroit
en ambulatoire s’impose. On doit hospitaliser le patient s’il y a une hyperten-
sion artérielle, un œdème ou une fonction rénale anormale. Le traitement vise
à prévenir et à contrôler les complications de l’hypervolémie, de l’hyperten-
sion ou de l’insuffisance rénale aiguë. On doit donc surveiller les éléments
suivants : œdème, pression artérielle, apports et pertes d’eau, poids, signes
d’œdème pulmonaire ou de défaillance cardiaque, urée et créatinine sériques,
ionogramme.
L’hypertension artérielle est le résultat d’une augmentation du volume intra-
vasculaire et de la résistance vasculaire périphérique. Les mesures de contrôle
consistent d’abord en du repos ainsi qu’en une restriction hydrique et sodée. Si
cela ne suffit pas, on a recours aux diurétiques de l’anse, puis aux autres antihy-
pertenseurs tels les bloquants des canaux calciques, au besoin (voir Hypertension
artérielle). Il est préférable de ne pas utiliser les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine, car ils peuvent causer de l’hyperkaliémie. Si une
insuffisance rénale aiguë se manifeste, on applique le traitement de soutien habi-
tuel (voir Insuffisance rénale aiguë).
Si une culture de gorge ou une culture d’une lésion d’impétigo révèle la
présence du S. pyogenes, on traite cette infection de la manière habituelle.
Les membres de la famille de l’enfant atteint devraient aussi être traités si leur
culture de gorge s’avère positive, bien que le traitement des pharyngites à
streptocoque ne semble pas prévenir la glomérulonéphrite aiguë ou en modi-
fier l’évolution.
Lorsqu’un tableau néphritique grave se maintient plusieurs jours et qu’il n’y
a pas d’indices d’infection à streptocoque, on doit envisager la possibilité d’une
glomérulonéphrite rapidement progressive, requérant à la fois une documen-
tation histologique par biopsie rénale et des traitements spécialisés (corticosté-
roïdes, agents cytotoxiques).
Suivi
Le patient doit être suivi jusqu’à normalisation des paramètres cliniques et bio-
chimiques. L’hématurie microscopique disparaît en moins de un an dans 90 % des
cas environ, et la protéinurie, généralement plus tôt encore. Le C3 se normalise
en moins de huit semaines.
Goitre, hypothyroïdie et hyperthyroïdie 499
Une biopsie rénale est indiquée dans les cas suivants : urée et créatinine
sériques élevées pendant plus de 3 à 4 semaines, insuffisance rénale importante,
C3 abaissé pendant plus de 12 semaines ou C3 d’emblée normal (il est alors
peu probable qu’il s’agisse d’une glomérulonéphrite post-streptococcique),
œdème et protéinurie d’ordre néphrotique persistant plus de 1 mois, héma-
turie macroscopique et protéinurie persistant plus de 6 mois ou épisodes
d’hématurie macroscopique récidivants suggestifs d’une néphropathie à IgA.
Pronostic
Le pronostic est excellent. Plus de 95 % des patients guérissent sans séquelles, la
mortalité est inférieure à 1 %, et le taux d’insuffisance rénale chronique demeure
inférieur à 2 %. Une protéinurie d’ordre néphrotique, une oligurie persistante ou
une altération importante de la fonction rénale au moment du diagnostic consti-
tuent des facteurs de pronostic défavorable à long terme. À la biopsie rénale, la
présence de croissants dans plus des deux tiers des glomérules constitue aussi
un signe de chronicité et de mauvais pronostic.
Les patients atteints d’une glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique ont
acquis une immunité à vie contre ce germe, mais une récidive peut survenir en
cas d’immunosuppression.
Goitre
I. Généralités
Un goitre est une augmentation anormale du volume de la thyroïde. La majorité
des patients présentant cette affection sont euthyroïdiens ; les autres peuvent
être hypothyroïdiens ou hyperthyroïdiens. La prévalence du goitre a fortement
diminué dans les pays industrialisés depuis l’addition d’iode dans le sel de table.
De façon générale, les maladies thyroïdiennes sont à tendance familiale. La pos-
sibilité d’un cancer de la thyroïde doit toujours demeurer à l’esprit en cas de
nodule thyroïdien solitaire.
Hypothyroïdie
I. Hypothyroïdie congénitale
L’incidence de l’hypothyroïdie congénitale se situe aux environs de 1/3 000 nais-
sances. Sa cause la plus fréquente est un défaut de développement de la glande
(ectopie ou athyréose). Elle peut aussi être causée par une insuffisance de produc-
tion des hormones thyroïdiennes (dyshormonogenèse). L’hypothyroïdie d’origine
hypothalamique ou hypophysaire demeure beaucoup plus rare. L’hypothyroïdie
est l’une des seules causes de retard mental que l’on peut prévenir.
L’hypothyroïdie congénitale peut être difficile ou impossible à détecter cli-
niquement chez le nouveau-né. La plupart des pays industrialisés ont donc mis
au point un système de dépistage néonatal permettant un diagnostic et un trai-
tement précoces, essentiels à la prévention du retard mental. Certains pays font
appel à la mesure de la T4, d’autres à la détermination de la TSH.
502 Goitre, hypothyroïdie et hyperthyroïdie
Hyperthyroïdie
I. Généralités
L’hyperthyroïdie est sept fois plus fréquente chez les filles que chez les garçons ;
elle demeure rare avant l’adolescence. Il s’agit le plus souvent d’une affection
d’origine auto-immune (maladie de Graves ou de Basedow). D’autres causes
sont possibles (exemple : syndrome de McCune-Albright).
III. Explorations
La T3 et la T4 sériques sont élevées. La TSH reste en général indétectable. La
maturation osseuse peut être accélérée.
IV. Traitement
Le traitement consiste à administrer un antithyroïdien. Le méthimazole et ses
dérivés, par exemple le carbimazole utilisé en France, sont actuellement les seuls
antithyroïdiens recommandés chez l’enfant. Le propylthiouracile ne devrait plus
être prescrit en âge pédiatrique.
Pendant le traitement, on doit surveiller étroitement le patient et ajouter de
la T4 s’il devient hypothyroïdien. On tente habituellement de cesser le traitement
après un à deux ans ; les récidives sont fréquentes. Les antithyroïdiens peuvent
avoir des effets secondaires, parfois importants. Les plus fréquents sont les réac-
tions allergiques de type urticarien et les douleurs articulaires. L’atteinte hépa-
tique, un syndrome ressemblant au lupus érythémateux, une vascularite et une
agranulocytose sont beaucoup plus rares.
504 Grande taille, accélération de la croissance
Généralités
Plusieurs mécanismes peuvent causer une croissance excessive chez l’enfant,
qu’elle soit partielle (exemples : hémihypertrophie, macrocéphalie, macrodacty-
lie, obésité) ou généralisée (caractérisée par une augmentation de la croissance
linéaire). Lorsque la taille et le poids d’un nouveau-né sont excessifs, on parle de
macrosomie (voir Macrosomie). Par définition, la « grande taille » se situe à plus
de deux écarts types au-dessus de la moyenne pour l’âge et le sexe, ce qui cor-
respond, en Amérique du Nord, à une taille finale supérieure à 176 cm chez la
femme et à 191 cm chez l’homme.
Le tableau 104.1 résume les principales causes de grande taille chez l’enfant.
Approche clinique
L’approche clinique initiale comprend l’anamnèse, l’examen physique et la déter-
mination de l’âge osseux.
À l’anamnèse, on s’intéresse aux éléments suivants : mensurations à la naissance
(poids, taille et périmètre crânien), évolution de la croissance et du développement
Grande taille, accélération de la croissance 505
important dans cette catégorie. On peut également observer une grande taille
« intrinsèque » dans les syndromes suivants.
Homocystinurie Erreur innée du métabolisme des acides aminés, cette affec-
tion associe un phénotype squelettique marfanoïde, une déficience intellectuelle
et une subluxation du cristallin, en plus de comporter un risque thromboembo-
lique élevé.
Syndrome de Beals Dans ce syndrome, le phénotype squelettique est sem-
blable à celui du syndrome de Marfan, mais on observe, de plus, une campto-
dactylie, des contractures des articulations et des pavillons d’oreilles ayant un
aspect froissé ; il n’y a pas d’atteinte oculaire ou vasculaire dans ce syndrome.
Syndrome de Klinefelter Voir Retard pubertaire.
Syndrome de Marfan Ce syndrome est acquis sporadiquement ou par trans-
mission autosomique dominante. Ses principales caractéristiques sont les sui-
vantes : une envergure supérieure à la taille, une diminution du rapport segment
supérieur/segment inférieur, des anomalies squelettiques (tels une arachnodac-
tylie, une hyperlaxité ligamentaire, une scoliose, un pectus excavatum ou un
pectus carinatum), des anomalies oculaires (tels la subluxation du cristallin, la
myopie et le décollement rétinien), des anomalies cardiovasculaires (tels la dila-
tation aortique, pouvant entraîner un anévrisme disséquant, et le prolapsus de
la valve mitrale), ainsi que des troubles d’apprentissage.
cette situation chez des sujets ayant un déficit en aromatase ou une résistance
aux hormones sexuelles par mutation du récepteur œstrogénique, par exemple.
Explorations
Les examens paracliniques, outre celui de l’âge osseux, varient selon le tableau
clinique (exemples : dosage des hormones sexuelles, caryotype, recherche de l’X
fragile, dosage des acides aminés urinaires, bilan thyroïdien, dosage de l’IGF-1
[insulin-like growth factor 1], ce dernier étant élevé dans les cas de gigantisme).
Traitement
Le traitement de la grande taille varie selon son étiologie. Par exemple, l’adé-
nome hypophysaire peut être traité par résection transsphénoïdale ou par radio-
thérapie de l’hypophyse.
On offre parfois un traitement hormonal (œstrogènes chez les filles, énanthate
de testostérone chez les garçons) aux enfants ayant une grande taille familiale
ou un syndrome de Marfan, si leur pronostic de taille est excessivement grand et
qu’ils éprouvent des difficultés psychologiques. Les enfants atteints de troubles
musculosquelettiques occasionnés par leur grande taille, telle une cyphoscoliose,
peuvent aussi être candidats à ce traitement. Administré après le début spontané
de la puberté, il accélère la maturation osseuse et réduit la taille finale. Toutefois,
le traitement avec œstrogènes requiert de fortes doses ; il existe donc plusieurs
contre-indications à son emploi. Il n’y a aucune indication de traitement dans les
cas de croissance avancée ni dans les cas d’adrénarche ou de thélarche précoce,
isolée et non progressive.
Hématurie 105
Mélanie Vincent, Véronique Phan, Julie Franc-Guimond
Généralités
I. Hématurie vraie
L’hématurie vraie est macroscopique ou microscopique.
L’hématurie macroscopique est évidente : l’urine est rouge ou brun foncé
(couleur thé ou Coca-ColaMD). La présence de nombreux globules rouges à l’exa-
men microscopique du sédiment urinaire la confirme.
On recherche l’hématurie microscopique au moyen d’une bandelette réactive,
une méthode semi-quantitative très sensible, puisqu’elle détecte de 5 à 10 glo-
bules rouges par microlitre, soit de 2 à 5 par champ ou, mieux, par l’examen
microscopique du sédiment urinaire après centrifugation. En général, on parle
d’hématurie microscopique qui a une signification clinique lorsqu’il y a plus
de cinq globules rouges par champ. L’hématurie devient persistante lorsqu’elle
est confirmée deux ou trois fois au cours d’une période de quelques semaines.
II. Pseudo-hématurie
Les principales causes de pseudo-hématurie sont les suivantes.
• Présence d’hémoglobine (exemple : anémie hémolytique) ou de myoglobine
(exemple : crush syndrome). La recherche de sang au moyen d’une bandelette
508 Hématurie
Approche clinique
L’approche clinique se fonde sur la connaissance des principales causes pos-
sibles (voir tableau 105.1), ainsi que sur l’ensemble des données cliniques et
paracliniques.
I. Anamnèse
L’histoire familiale s’intéresse entre autres aux éléments suivants : hématurie,
hypertension artérielle, lithiase urinaire, insuffisance rénale ou greffe rénale,
surdité, troubles hémorragiques.
L’histoire personnelle recherche notamment ces indices : antécédents d’infec-
tion urinaire, infection à streptocoque (pharyngite ou impétigo), traumatisme ou
exercice intense récents, fièvre, douleur abdominale ou lombaire, oligurie, polla-
kiurie, brûlures mictionnelles, dysurie, arthrite, prise de médicaments, trouble
hémorragique, anémie falciforme (drépanocytose), cardiopathie congénitale,
voyage dans un pays tropical.
Les éléments suivants suggèrent une origine de l’arbre urinaire inférieur :
brûlures mictionnelles, pollakiurie, dysurie, hématurie initiale ou terminale, pré-
sence de caillots.
Les signes suivants évoquent une origine haute : hématurie totale (présente
pendant toute la miction), urine brun foncé (thé ou Coca-ColaMD).
III. Explorations
1) Examens de laboratoire
La recherche de protéines dans l’urine permet de s’orienter vers une origine rénale
(présence de protéines) ou une origine de l’arbre urinaire inférieur (absence de
protéines). La présence de nitrites dans l’urine suggère une infection urinaire.
L’examen du sédiment urinaire est essentiel.
• La présence de plus de cinq globules rouges par champ confirme l’hématurie.
• La présence de cylindres hématiques signe une origine glomérulaire, mais
leur absence ne l’exclut pas.
• La présence de globules rouges dysmorphiques indique que l’hématurie est
d’origine glomérulaire.
• La présence de bactéries, de leucocytes et de pus révèle une infection.
Il faut faire une culture d’urine dans tous les cas, par mi-jet, par cathétérisme
ou par ponction vésicale, la méthode de prélèvement étant fonction de l’âge
de l’enfant (voir Infection urinaire). Une culture virale est particulièrement indi-
quée en présence d’hématurie macroscopique totale avec caillots.
Un ionogramme ainsi que la détermination de l’urée sanguine et de la
créatininémie sont souvent nécessaires. Le calcul du rapport protéine/créati-
nine urinaire s’avère utile si l’analyse d’urine révèle de la protéinurie. Le calcul
du rapport calcium/créatinine urinaire est réalisé en cas d’hématurie macros-
copique ou microscopique inexpliquée ; il permet de mettre en évidence une
hypercalciurie idiopathique (pour les valeurs normales, voir Lithiase urinaire).
Un hémogramme est souvent utile, ainsi qu’un test de falciformation ou une
chromatographie de l’hémoglobine pour l’enfant noir.
Une culture des sécrétions pharyngées ainsi que le dosage des antistrep-
tolysines et du complément sérique (C3) sont indiqués lorsqu’on suspecte une
glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique. On recherche les anticorps anti-
nucléaires et l’on dose le C3 lorsqu’on soupçonne un lupus érythémateux dis-
séminé ou une autre glomérulonéphrite.
Il est souvent utile d’effectuer un dépistage de l’hématurie microscopique
chez les membres de la famille pour éliminer une hématurie familiale bénigne.
Lorsqu’on suspecte une néphrite d’Alport chez un garçon, il faut procéder à
une évaluation de l’audition.
2) Imagerie
On procède à une échographie rénale et vésicale dans la majorité des cas. Elle
peut révéler une tumeur, une malformation rénale ou vésicale, un calcul ou une
hydronéphrose. En cas de traumatisme abdominal, l’échographie avec Doppler
permet d’évaluer la majeure partie des lésions rénales, parenchymateuses et vas-
culaires ; on réserve la tomodensitométrie avec contraste aux lésions complexes
du rein et du système pyélo-urétéral.
La cystographie mictionnelle radiologique (cystographie rétrograde) peut
se révéler utile lorsque l’hématurie est associée à une infection urinaire ou à
une hydronéphrose ou lorsqu’une hématurie demeure inexpliquée malgré une
investigation complète surtout s’il y a des symptômes urinaires bas.
Si l’on suspecte un traumatisme urétral, une urétrographie rétrograde est
indiquée.
3) Biopsie rénale
Lorsque les explorations mentionnées plus haut ne permettent pas de préciser la
cause de l’hématurie, on peut envisager une biopsie rénale. Cependant, si l’enfant
Hémoptysie 511
4) Cystoscopie
Elle s’avère parfois indiquée si l’hématurie persiste, surtout si elle est terminale,
ou si la cystographie mictionnelle révèle une anomalie vésicale. Au besoin, une
pyélographie et une urétéroscopie rétrogrades peuvent être effectuées si l’hé-
maturie semble provenir de l’arbre urinaire supérieur.
5) Artériographie rénale
Elle est très rarement indiquée.
Hémoptysie 106
Bich Hong Nguyen, Patrick Daigneault
Généralités
L’hémoptysie se définit comme l’émission, par la bouche, de sang provenant des
voies respiratoires inférieures. Ce symptôme est rare en pédiatrie.
Approche clinique
La première étape vise à distinguer une hémoptysie vraie d’un saignement qui
provient de la sphère ORL ou du tube digestif supérieur.
En cas d’hématémèse, l’hémorragie est généralement précédée d’un pro-
drome digestif et survient surtout avec des efforts de vomissements. Le sang est
souvent noirâtre et mélangé à des débris alimentaires. Du méléna peut s’ensuivre.
Une sonde gastrique peut ramener du sang.
Un saignement qui provient de la sphère ORL (épistaxis ou saignement buc-
copharyngé) survient habituellement sans efforts de toux. L’examen physique
permet souvent de déterminer la source de l’hémorragie.
Au cours d’une hémoptysie, le patient émet, avec des efforts de toux, du sang
rouge et parfois spumeux. L’épisode peut être précédé d’un prodrome caracté-
risé par une sensation de chaleur rétrosternale, d’un chatouillement laryngé ou
d’un goût métallique dans la bouche.
L’approche clinique tient compte des diverses causes possibles (voir
tableau 106.1) et de leurs probabilités respectives. L’infection bronchopulmo-
naire et l’inhalation d’un corps étranger représentent de loin les étiologies les
512 Hémoptysie
plus fréquentes. Parmi les autres causes figurent les traumatismes thoraciques,
la tuberculose et les bronchiectasies, particulièrement chez l’enfant atteint de
fibrose kystique (mucoviscidose). L’embolie pulmonaire est rare chez l’enfant,
mais on doit la rechercher de façon systématique chez l’adolescente qui prend
un contraceptif oral. Les néoplasies bronchiques et pulmonaires demeurent
exceptionnelles en pédiatrie.
À l’anamnèse, on recherche les éléments suivants : symptômes prodro-
miques, fièvre ou autres symptômes systémiques, symptômes ORL, respiratoires
ou digestifs, étouffement avec un corps étranger, traumatisme récent, endosco-
pie ou intubation récente, contact infectieux (tuberculose), voyage à l’étranger,
immobilisation prolongée, histoire de saignements d’une autre source que l’arbre
respiratoire, antécédents ou symptômes de pneumopathie chronique, histoire d’hé-
maturie, antécédents de cardiopathie congénitale ou acquise, tabagisme ou autre
toxicomanie, prise récente de médicaments (anti-inflammatoires non stéroïdiens),
Hémorragie digestive 513
Explorations
Tout patient présentant une hémoptysie, même minime, dont la cause n’est pas
établie à l’examen physique mérite une investigation. La mesure du pH sur le sang
émis par la bouche permet généralement d’envisager une origine digestive ou
respiratoire. En cas d’hémoptysie, le sang est alcalin, alors qu’il est acide s’il s’agit
d’hématémèse. La radiographie pulmonaire demeure l’examen initial de choix.
Un bilan sanguin de base inclut un hémogramme, une vitesse de sédimentation
et un coagulogramme. Certains examens de laboratoire additionnels peuvent
être requis : cultures d’expectorations à la recherche d’une étiologie infectieuse,
épreuve tuberculinique cutanée si l’on pense à une tuberculose, bilan paracli-
nique en vue d’exclure une vascularite, sédiment urinaire en présence de signes
suggestifs d’une maladie auto-immune ou test de la sueur si l’on soupçonne une
fibrose kystique. Une angiographie par tomodensitométrie ou une scintigraphie
pulmonaire de ventilation et perfusion peuvent être indiquées pour rechercher
une embolie pulmonaire. La bronchoscopie avec lavage broncho-alvéolaire est
la manœuvre subséquente de choix.
Traitement
La prise en charge dépend de l’étiologie sous-jacente et de l’étendue du saigne-
ment. Un saignement massif chez un enfant constitue une urgence médicale.
Dans tous les cas, l’enfant doit être mis au repos au lit, et l’on doit éviter les trai-
tements de physiothérapie (kinésithérapie) respiratoire. Une ventilation méca-
nique ou un remplissage vasculaire sont parfois nécessaires. Dans la majorité
des cas, l’hémoptysie se résout spontanément. Si la source de l’hémorragie est
déterminée, on dirige le traitement vers celle-ci. Une intubation sélective dans
la bronche souche opposée au site de saignement peut aider dans les cas de
saignements localisés importants. Une aspiration endotrachéale, un lavage avec
une solution saline glacée ou l’administration d’un vasoconstricteur topique par
voie bronchoscopique peuvent être requis. Occasionnellement, on doit avoir
recours à l’embolisation et parfois même à la lobectomie.
Généralités
Il existe de nombreuses causes d’hémorragie digestive haute ou basse en pédiatrie
(voir tableau 107.1) ; leur fréquence relative varie en fonction de l’âge de l’enfant.
514 Hémorragie digestive
Approche clinique
L’évaluation de l’état général et hémodynamique de l’enfant permet de détermi-
ner l’importance de l’épisode hémorragique. Dans les cas les plus graves, des
signes et des symptômes de choc hémorragique peuvent être présents (voir
Choc hémorragique). On recherche en particulier la présence d’une hypotension
orthostatique, l’un des meilleurs indices de saignement digestif important. L’hy-
potension orthostatique est définie par une chute de la pression artérielle systo-
lique de 10 mm Hg ou plus au moment du passage de la position couchée à la
position assise ou par une augmentation de la fréquence cardiaque de 20 batte-
ments/minute ou plus. Une telle situation nécessite une réplétion volémique à
l’aide de lactate Ringer ou de NaCl 0,9 %.
S’il s’agit d’une hémorragie digestive haute, une sonde gastrique de gros ca-
libre doit être mise en place (exemples : nouveau-né, calibre 10 Fr ; adolescent,
calibre 18 Fr) ; elle permet d’évacuer le sang de l’estomac et de laver celui-ci
au moyen de 50 à 150 mL de NaCl 0,9 % à la température de la pièce, jusqu’à
retour de liquide clair, toutes les 30 minutes. En cas de méléna actif ou de rec-
torragie, il est également important de mettre en place une sonde gastrique et
d’aspirer le contenu de l’estomac, afin de déterminer si le saignement est situé
en amont ou en aval de l’angle de Treitz. La suspicion d’un saignement à point
de départ de varices n’est pas une contre-indication à l’installation d’une sonde
gastrique. En cas de doute quant à l’existence d’une hémorragie digestive basse,
on recherche la présence de sang occulte dans les selles, obtenues au besoin
par toucher rectal.
Si l’hémorragie s’avère importante ou qu’elle risque de le devenir, il est
conseillé de mettre du sang en réserve (environ 40 mL/kg de culot globulaire)
et de transfuser le patient au besoin. La surveillance du taux d’hémoglobine et
de l’hématocrite doit être faite régulièrement, en se rappelant qu’initialement,
ces paramètres ne rendent pas compte de l’importance réelle de l’hémorragie.
Lorsque la cause de l’hémorragie demeure obscure, on doit procéder à une
étude de la coagulation.
III. Explorations
Si l’hémorragie est importante ou persistante, le meilleur outil diagnostique
demeure l’œsophago-gastro-duodénoscopie. Il permet de préciser la cause et
le site exact de l’hémorragie et, parfois, de traiter la cause du saignement. Lors-
qu’il s’agit d’une hémorragie majeure et que l’endoscopie ne permet pas d’en
connaître la cause, il faut parfois recourir à l’artériographie sélective (artères
mésentériques supérieure et inférieure) ou à la scintigraphie aux globules
rouges marqués.
IV. Traitement
Le traitement spécifique dépend de la cause (voir Ulcère peptique et gastrite ainsi
que Reflux gastro-œsophagien). Un traitement empirique consistant à supprimer
la sécrétion acide de l’estomac à l’aide de pantoprazole intraveineux est admi-
nistré en cas de suspicion d’une maladie peptique.
Pour les varices œsophagiennes, le traitement consiste à administrer de l’oc-
tréotide intraveineux en dose de charge, puis en perfusion continue. L’objectif
est de maîtriser le saignement, en réduisant le débit sanguin splanchnique et la
pression portale, ce qui facilite l’endoscopie. Cette dernière permet de confirmer
le diagnostic et de traiter les varices, soit par ligature, soit par injection scléro-
sante. En cas d’hémorragie réfractaire, il est parfois nécessaire de procéder à un
shunt portosystémique intrahépatique par voie transjugulaire ou à une embolisa-
tion. Le shunt portocave, mésocave ou splénorénal constitue une option valable
en cas d’hypertension portale d’origine extrahépatique (exemple : cavernome
de la veine porte).
Généralités
De nombreux virus peuvent causer une hépatite.
• Le virus de l’hépatite A (VHA) est transmis de personne à personne par conta-
mination fécale-orale. L’hépatite A est endémique dans les pays où l’hygiène
est déficiente. Les facteurs de risque principaux sont le contact avec un cas
d’hépatite A, les voyages internationaux, les relations homosexuelles mas-
culines et l’exposition à des aliments ou à de l’eau contaminés. La période
d’incubation est de 15 à 50 jours (moyenne : 30 jours). La période de conta-
giosité s’étend de deux semaines avant le début des symptômes jusqu’à une
semaine après ceux-ci. L’infection est asymptomatique chez 70 % des enfants
de moins de six ans alors que 70 % des enfants plus âgés présentent un ictère
ou une hépatomégalie. Chez certains patients, l’infection peut évoluer en « deux
temps » : après une amélioration de l’épisode clinique initial, il survient une
rechute, le plus souvent dans les semaines qui suivent le début de la maladie.
Une évolution vers l’hépatite fulminante ne survient que dans environ 0,1 %
des cas. Le VHA ne cause pas de maladie hépatique chronique.
• Le virus de l’hépatite B (VHB) est transmis par le sang et les liquides biolo-
giques comme le sperme, les sécrétions cervicales et plus rarement la salive.
Les modes d’acquisition les plus fréquemment décrits sont les suivants :
transmission verticale de la mère à son nouveau-né ; contact sexuel ; contacts
interpersonnels intimes, non sexuels, à l’intérieur d’une famille ; aiguilles
contaminées ; transfusion de sang contaminé ou de ses dérivés. Le sang
des donneurs fait l’objet d’un dépistage systématique ; chaque pays – et même
chaque région – a ses propres données, car les calculs sont basés sur la pré-
valence de l’infection chez les donneurs pour une population précise (voir
Transfusions et réactions transfusionnelles).
La période d’incubation est de 45 à 160 jours (moyenne : 90 jours). Une évo-
lution vers l’hépatite fulminante s’observe dans environ 1 % des cas. Cette
infection peut causer une atteinte hépatique chronique qui, à la longue, peut
se compliquer d’une cirrhose (3 % en âge pédiatrique) et d’un carcinome
hépatocellulaire. Le risque d’hépatite chronique est inversement proportion-
nel à l’âge d’acquisition de l’infection : 90 % des nouveau-nés, de 25 à 50 %
des enfants âgés de 1 à 5 ans et de 2 à 6 % des enfants plus âgés vont devenir
porteurs chroniques à la suite d’une infection aiguë.
• Le virus de l’hépatite C (VHC) est le principal agent responsable des hépatites
transfusionnelles. Il peut aussi être transmis par des aiguilles contaminées
et, verticalement, de la mère à son nouveau-né. Les transmissions sexuelles,
nosocomiales ou horizontales sont rares. Dans la majorité des cas d’infection
chez l’enfant et l’adolescent, aucune source n’est trouvée. La période d’incu-
bation varie de 14 à 180 jours (moyenne : 42 jours). Elle n’évolue pas vers
une hépatite fulminante, mais une hépatite chronique peut survenir dans
presque 85 % des cas. Il existe une association entre l’hépatite chronique et le
Hépatite virale 519
Manifestations cliniques
La majorité des jeunes enfants atteints d’hépatite A ou B n’ont aucun symptôme,
tandis que les adolescents et les adultes sont plus fréquemment ictériques. Les
hépatites se manifestent souvent par des symptômes peu spécifiques tels que
l’anorexie, la fatigue, des malaises généraux, des nausées, des vomissements et
une fièvre légère. Le foie est fréquemment augmenté de volume et douloureux.
L’urine peut être foncée, et les selles, pâles.
520 Hépatite virale
Explorations
L’anamnèse et l’examen physique sont importants : ils peuvent souvent révéler
des indices quant à la nature de l’infection et guider le praticien dans le choix des
épreuves sérologiques de confirmation.
• Chez le nouveau-né, on suspectera surtout les entérovirus, l’adénovirus, des
agents responsables d’infections congénitales comme l’Herpes simplex, le cyto-
mégalovirus, le virus de la rubéole ou d’autres agents non viraux tels que le
Treponema pallidum et le Toxoplasma gondii.
• Un contexte clinique ressemblant à celui d’une mononucléose infectieuse
(pharyngite, adénopathies, splénomégalie) peut suggérer une infection au
virus Epstein-Barr ou au cytomégalovirus.
• Un prodrome ressemblant à une maladie sérique ou un syndrome de Giannoti-
Crosti (éruption papuleuse à distribution symétrique pendant quelques
semaines) s’observe parfois en cas d’hépatite B.
• Lorsque le patient utilise des drogues par voie intraveineuse, on pensera sur-
tout à une hépatite B ou C.
• Un voyage en région endémique ou un contact avec une personne ictérique
doit évoquer la possibilité d’une hépatite A ou, plus rarement, d’une hépatite E.
On doit aussi suspecter une hépatite A chez le jeune enfant qui fréquente un
service de garde (garderie, crèche).
L’examen clinique recherche surtout l’ictère et l’hépatomégalie.
Sur le plan paraclinique, les transaminases sont toujours élevées, tandis que la
bilirubinémie, les phosphatases alcalines et les gamma-glutamyl-transpeptidases
peuvent être normales ou augmentées ; chez les enfants infectés par le VHA,
le VHB ou le VHC, les gamma-glutamyl-transpeptidases sont rarement supé-
rieures à 2-3 fois la normale.
L’hépatite à parvovirus B19 peut s’accompagner d’une perturbation des tests
de coagulation (hépatite grave) avec peu d’augmentation de la bilirubinémie ou
aucune augmentation.
Il est important de poser un diagnostic précis, car les mesures épidémio-
logiques et le pronostic diffèrent selon le type de virus en cause. Ce diagnostic
repose sur les épreuves sérologiques, dont le choix est orienté par les facteurs
de risque reconnus à l’anamnèse.
1) Hépatite A
Anticorps de la classe IgM anti-VHA Ils se trouvent seulement au moment
d’une hépatite aiguë de type A et signent le diagnostic. Ils disparaissent de trois
à six mois après l’infection.
Titre total d’anticorps anti-VHA (IgM et IgG) Il est utilisé pour évaluer l’état
d’immunité d’un individu, particulièrement avant d’entreprendre un voyage dans
une région endémique.
2) Hépatite B
Antigène de surface de l’hépatite B ou AgHBs Il se trouve en cas d’infection
aiguë ou chronique (présence d’AgHBs pendant plus de six mois). Sa présence
indique que le patient est contagieux. Dans les infections aiguës, ce marqueur
disparaît en quelques semaines à quelques mois, et il est remplacé par l’anti-HBs.
Hépatite virale 521
La mesure de la charge virale sérique d’ADN du VHB par PCR n’est pas utile à
des fins diagnostiques, mais plutôt dans le suivi des infections chroniques pour
évaluer le besoin d’amorcer un traitement ou pour suivre la réponse thérapeutique.
3) Hépatite C
Anticorps IgG contre le VHC ou anti-VHC Ces anticorps apparaissent de 2 à
11 semaines après le début d’une hépatite C ; leur présence indique une hépa-
tite C aiguë ou récente ou une hépatite C chronique. Chez l’enfant né de mère
porteuse d’hépatite C, ils peuvent persister jusqu’à l’âge de 18 mois.
Recherche d’ARN du VHC (VHC-ARN) Elle confirme la présence d’une répli-
cation virale active et est particulièrement utile pour le diagnostic précoce de
l’infection, dans les cas de transmission périnatale et dans le suivi des enfants
en traitement antiviral.
4) Hépatite delta
Anticorps contre le VHD ou anti-VHD Ces anticorps apparaissent pendant
la phase aiguë d’une hépatite delta et persistent, que la maladie guérisse ou
qu’elle passe à la chronicité.
Traitement
Hépatite non compliquée Il n’y a pas de traitement spécifique. Dans les cas
d’hépatite A, l’enfant peut retourner en milieu scolaire une semaine après l’ap-
parition des symptômes. Aucune restriction alimentaire n’est indiquée, et il faut
veiller à lui procurer une alimentation équilibrée. Le repos ne doit pas être imposé.
522 Hépatite virale
Complications
Les hépatites virales peuvent se compliquer de troubles de la coagulation, d’hy-
poglycémie, d’encéphalopathie et d’insuffisance hépatique aiguë.
Les hépatites B, C et delta peuvent évoluer vers une maladie hépatique
chronique avec cirrhose, et, à long terme, celle-ci constitue un facteur de risque
pour le carcinome hépatocellulaire.
Pronostic
La plupart des hépatites virales guérissent sans séquelles. Le risque d’hépatite ful-
minante ou d’évolution vers une maladie hépatique chronique varie selon le
type (voir plus haut). La mortalité associée à l’hépatite fulminante est très élevée.
Prévention
Les mesures d’isolement à appliquer dans la famille, au service de garde et à
l’hôpital varient selon le type d’hépatite : mesures entériques pour l’hépatite A
et mesures requises en cas de contact avec du sang ou d’autres liquides biolo-
giques pour l’hépatite B ou C.
Parmi les autres mesures préventives figurent principalement les suivantes.
1) Hépatite A
Immunisation passive Elle consiste à administrer une dose d’immunoglobu-
lines par voie intramusculaire aux personnes qui ont eu une exposition signi-
ficative avec un cas d’hépatite A pendant la période de contagiosité de cette
infection, s’il s’est écoulé moins de 14 jours après la dernière exposition, et qui
ne peuvent recevoir le vaccin ou qui pourraient répondre moins bien à celui-ci
(exemples : déficit immunitaire, insuffisance rénale, maladie hépatique chronique).
On considère l’exposition comme significative s’il s’agit d’un contact intime dans
la famille ou au service de garde ou d’un contact sexuel avec un patient atteint.
La posologie est de 0,02 mL/kg IM en 1 dose (max : 2 mL).
Immunisation active On opte pour le vaccin contre l’hépatite A sans immu-
noglobuline chez les personnes réceptives âgées de un an ou plus ayant eu une
exposition à risque avec un cas d’hépatite A pendant la période de contagiosité
et s’il s’est écoulé 14 jours ou moins depuis la dernière exposition. On doit pro-
poser une immunisation préexposition aux personnes qui projettent d’effectuer
un séjour dans un pays à haute endémicité et aux personnes atteintes d’une mala-
die hépatique chronique (incluant les hépatites B et C). Ce vaccin est adminis-
tré à partir de l’âge de 1 an, en 2 doses données entre 6 et 12 mois d’intervalle.
2) Hépatite B
Immunisation passive Elle consiste à administrer des immunoglobulines hyper-
immunes ou spécifiques contre l’hépatite B en 1 dose (0,5 mL IM), le plus tôt
Hépatomégalie 523
possible (moins de 24 heures) après la naissance pour les enfants nés de mères
porteuses du VHB ou moins de 7 jours après l’exposition (0,06 mL/kg IM ; max :
5 mL) pour les autres cas.
Immunisation active Plusieurs pays ont adopté un programme de vaccina-
tion contre l’hépatite B, et celui-ci figure dans le calendrier vaccinal habituel
(voir Vaccinations).
Les indications d’administrer conjointement les immunoglobulines et le vac-
cin chez la personne non vaccinée sont les suivantes :
• nouveau-né dont la mère est atteinte d’hépatite B aiguë ou porteuse chro-
nique du VHB ;
• piqûre accidentelle avec une aiguille qui pourrait être contaminée avec le VHB ;
• éclaboussure ou morsure d’une muqueuse par du sang contaminé par le VHB ;
• victimes d’agression sexuelle.
Chez la personne non déjà vaccinée, les indications de vaccination seule
dans le contexte d’un contact avec le VHB ou à risque de ce type d’infection
sont les suivantes :
• partenaires sexuels de porteurs chroniques ;
• enfants dont la famille élargie provient d’un pays endémique pour le VHB ;
• toute personne vivant sous le même toit qu’un porteur chronique du VHB ;
• personne infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou le
VHC ;
• personne ayant un comportement à risque (drogues, prostitution) ;
• toute personne se trouvant en établissement ;
• personnes qui courent un risque professionnel d’être exposé au sang et aux
produits sanguins (travailleurs de la santé).
3) Hépatite C
Il n’y a pas de mesure de prophylaxie recommandée après une exposition à un
cas d’hépatite C.
Hépatomégalie 109
Steven R. Martin, Grant Mitchell
Généralités
La taille du foie est égale à la distance entre son bord supérieur, déterminé par
la percussion, et son bord inférieur localisé par la palpation, le long de la ligne
miclaviculaire droite. Pour l’estimer, on doit placer le patient en décubitus dor-
sal complet. On peut lui demander d’inspirer profondément afin de sentir plus
facilement, à la palpation, le rebord hépatique descendre sous le rebord costal.
Il est recommandé de commencer la palpation au quadrant inférieur droit puis
de remonter progressivement. La taille hépatique varie normalement de 5 cm en
moyenne chez le nouveau-né à 9 cm vers l’âge de 12 ans. Le foie est palpable
chez la majorité des nouveau-nés normaux, jusqu’à 3 cm sous le rebord costal
droit ; il est rarement palpable après l’âge de deux ans.
Une masse abdominale droite d’origine extrahépatique peut être confon-
due avec une hépatomégalie (voir Masses abdominales). Il en va de même pour
524 Hépatomégalie
le lobe de Riedel, une variante de la normale du lobe droit ; cette entité se dis-
tingue d’une affection hépatique par l’absence de signes, de symptômes ou
d’anomalies biochimiques suggérant une maladie du foie. On peut trouver une
pseudo-hépatomégalie en cas de ptose, lorsque la coupole diaphragmatique droite
refoule le foie vers le bas ; cela survient assez souvent au cours d’une bronchio-
lite ou en association avec une maladie pulmonaire obstructive.
Approche clinique
L’anamnèse, l’examen physique et les explorations complémentaires s’appuient
sur les principaux mécanismes physiopathologiques (hémolyse, infection et
inflammation, maladies métaboliques, obstruction biliaire, troubles vascu-
laires, tumeurs et kystes) (voir tableau 109.1) et leurs fréquences relatives aux
différents âges.
I. Anamnèse
En période périnatale, on porte une attention particulière aux facteurs de risque
que sont les infections (exemples : rubéole, toxoplasmose, cytomégalovirus
[CMV], infection herpétique, syphilis, usage de drogues intraveineuses par la
mère, transfusions sanguines), l’iso-immunisation ABO ou Rh ou la présence
d’un cathéter ombilical.
Chez le nourrisson qui présente un épisode aigu d’acidose avec ou sans cétose,
accompagné d’une hypoglycémie et de somnolence, on doit suspecter une mala-
die métabolique héréditaire. On recherche un facteur déclenchant, principalement
alimentaire (exemples : introduction des fruits dans l’intolérance héréditaire au
fructose, d’aliments riches en protéines dans les amino-acidopathies et les aci-
duries organiques, relation avec le jeûne dans les glycogénoses et les maladies
de la β-oxydation des acides gras). Le stress et le jeûne associés aux infections
virales aiguës peuvent provoquer une décompensation métabolique. De plus,
un retard pondéral, des vomissements, de la diarrhée, une odeur particulière de
l’haleine ou des urines, une régression des acquis psychomoteurs, des convul-
sions et une hypotonie sont d’autres indices suggérant une atteinte métabolique.
Chez l’enfant plus âgé, on s’intéresse aux voyages en pays endémique, à l’usage
de médicaments, aux toxines environnementales et à l’exposition aux produits
sanguins. Chez l’adolescent, on complète l’anamnèse par des questions portant
sur les drogues intranasales et intraveineuses, les relations sexuelles non pro-
tégées, les tatouages et le piercing pouvant faire suspecter une hépatite virale.
526 Hépatomégalie
III. Explorations
On décide du type et de l’étendue des explorations selon les caractéristiques de
l’hépatomégalie et le tableau clinique global. À moins que la cause soit évidente
(exemple : insuffisance cardiaque), le bilan initial comprend au minimum un
hémogramme et un profil hépatique. L’albuminémie et le temps de prothrom-
bine permettent d’évaluer la fonction de synthèse du foie. Une hyperbilirubiné-
mie non conjuguée suggère un processus hémolytique. Une hyperbilirubinémie
conjuguée associée à une augmentation des phosphatases alcalines et de la
gamma-glutamyl-transférase évoque une cholestase. Les enzymes hépatiques, sur-
tout l’ALT, sont particulièrement élevées dans les cas d’atteinte hépatocellulaire
causée par une infection, une hépatite auto-immune, une atteinte ischémique ou
une exposition à des toxines. Si l’on soupçonne une maladie métabolique, il faut
effectuer les dosages suivants : glycémie, cétonémie, acide lactique, acide pyru-
vique, acide urique, acides aminés plasmatiques et acides organiques urinaires.
L’imagerie initiale de choix est l’échographie hépatique, avec étude Doppler.
Elle aide à déterminer les dimensions du foie, à faire la distinction entre les
atteintes diffuses (exemple : stéatose) et focales, à évaluer l’obstruction des voies
biliaires (exemples : kyste du cholédoque, lithiases), la présence de splénoméga-
lie et d’autres signes d’hypertension portale, ainsi que l’atteinte d’autres viscères.
On procède à une tomodensitométrie ou à une résonance magnétique nucléaire
pour mieux définir les lésions focales et l’anatomie biliaire.
En cas de cholestase néonatale, on a recours à la scintigraphie hépatobiliaire
à l’acide imino-diacétique lié au technétium99 (HIDA). Lorsque celle-ci démontre
une excrétion dans l’intestin, on peut éliminer une obstruction biliaire. La cholan-
giographie permet de visualiser l’arbre biliaire intrahépatique et extrahépatique
et de définir la cause, l’étendue et le site de l’obstruction.
Hépatomégalie 527
II. Infections
À tous les âges, de multiples processus infectieux peuvent être responsables
d’une hépatomégalie, surtout aiguë, souvent associée à une splénomégalie. La
mononucléose infectieuse représente un exemple particulièrement fréquent.
La plupart du temps, le contexte clinique est suggestif ; la fièvre constitue un
indice majeur. La notion d’un voyage récent en pays endémique pour la malaria
s’avère importante, de même que la prise ou non d’une prophylaxie antimalarique
(voir Paludisme). Les hépatites virales sont souvent anictériques chez l’enfant ;
l’élévation des transaminases et les épreuves sérologiques permettent de confir-
mer le diagnostic. L’hépatite infectieuse néonatale est généralement associée à
une infection congénitale ou à une septicémie.
IV. Cholestase
On définit la cholestase néonatale par une hyperbilirubinémie conjuguée prolon-
gée. Afin de prévenir une aggravation de l’atteinte hépatique et les complications
à long terme, il est important de reconnaître précocement certaines affections
traitables : septicémie, infections virales (virus Herpes, CMV), syphilis congénitale,
maladies métaboliques (galactosémie, fructosémie, tyrosinémie), fibrose kystique,
alimentation parentérale prolongée.
La distinction entre l’atrésie des voies biliaires extrahépatiques et une atteinte
intrahépatique peut être difficile. Cependant, l’évaluation doit se faire rapidement,
car la correction chirurgicale a beaucoup plus de chances de succès avant l’âge
de 45 jours (voir Ictère).
V. Insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque est une cause importante d’hépatomégalie chez l’en-
fant. La plupart du temps, certains autres indices cliniques de maladie cardiaque
sont évidents : détresse respiratoire, cyanose, râles pulmonaires fins, tachycardie,
polypnée, souffle cardiaque, anomalies des pouls périphériques.
Traitement et complications
Le traitement spécifique dépend de l’étiologie. Les complications associées aux
maladies hépatiques varient selon la nature du diagnostic. Les plus fréquentes
sont l’insuffisance hépatique et l’hypertension portale.
Hernies 110
Nathalie Lucas, Mona Beaunoyer
Hernie inguinale
I. Généralités
Dans la population pédiatrique, la plupart des hernies inguinales sont congénitales
et généralement causées par un défaut de fermeture du processus vaginal. Elles
sont le plus souvent indirectes chez l’enfant. Environ la moitié survient pendant
la première année de vie, surtout avant l’âge de six mois. L’incidence de la her-
nie inguinale chez un enfant né à terme est d’environ 1 à 3 % et d’environ 10 %
chez le prématuré. Les hernies inguinales sont neuf fois plus fréquentes chez le
garçon que chez la fille, et il y a une forte incidence familiale. La présence de
cette anomalie chez une fille, surtout lorsqu’elle est bilatérale, doit faire suspecter
une insensibilité aux androgènes (anciennement appelée testicule féminisant).
La hernie inguinale se situe plus fréquemment à droite. Elle est bilatérale
dans 10 à 20 % des cas chez le garçon né à terme et jusque dans 50 % des cas
chez les enfants nés prématurément ou de petit poids à la naissance.
D’autres facteurs que la prématurité augmentent le risque d’une hernie
inguinale chez l’enfant : les anomalies urogénitales (cryptorchidie, hypospadias,
ambiguïté sexuelle, exstrophie vésicale), les affections associées à une quantité
anormalement élevée de liquide intra-abdominal ou à une augmentation de la
pression intra-abdominale (exemples : maladie hépatique avec ascite, dérivation
ventriculo-péritonéale), les maladies pulmonaires chroniques (fibrose kystique
[mucoviscidose]), les maladies du collagène (maladie d’Ehlers-Danlos) et les mal-
formations de la paroi abdominale telles que l’omphalocèle, le gastroschisis et le
syndrome de Prune Belly.
III. Complications
Lorsque l’enfant présente une douleur inguinale, scrotale ou abdominale subite,
il faut suspecter une hernie incarcérée. Le taux d’incarcération de la hernie ingui-
nale est de 15 à 30 %. En cas d’étranglement (incarcération), on note, en plus
530 Hydrocèle
IV. Traitement
Une hernie inguinale doit être opérée sans tarder en raison du risque d’étrangle-
ment plus élevé au cours de la première année de vie (70 % des hernies ingui-
nales incarcérées qui nécessitent une réduction chirurgicale urgente surviennent
durant la première année de vie).
En cas d’étranglement, si l’épisode dure depuis moins de six heures, on tente
une réduction manuelle sous analgésie et sédation, en position de Trendelenburg.
En cas d’échec, un traitement chirurgical immédiat s’impose, afin d’éviter une
progression vers la nécrose intestinale.
Hernie ombilicale
I. Généralités
L’incidence de la hernie ombilicale est d’environ 5 % chez les enfants blancs et
de 40 % chez les enfants noirs. Elle survient plus souvent chez les enfants de
petit poids à la naissance, dont les prématurés. Elle peut faire partie du tableau
clinique de l’hypothyroïdie congénitale, de la maladie de Hurler ou du syndrome
de Beckwith-Wiedemann.
III. Traitement
Un traitement chirurgical n’est habituellement pas nécessaire, sauf si la hernie
persiste au-delà de l’âge de quatre à cinq ans, si elle cause des symptômes, si
elle s’incarcère ou si elle devient plus volumineuse après l’âge de un à deux ans.
Exception faite des plus volumineuses, la plupart des hernies ombilicales dis-
paraissent spontanément ; environ 85 % se résorbent avant l’âge de six ans, et la
majorité, avant la puberté.
Hydrocèle 111
Nathalie Lucas, Dickens St-Vil
Généralités
L’hydrocèle consiste en une accumulation de liquide dans la tunique vaginale,
qui entoure le testicule. Elle résulte d’un défaut de fermeture de la tunique
vaginale ou de l’inflammation de celle-ci. Elle est plus fréquente du côté droit
et peut être unilatérale ou bilatérale. La quantité de liquide qu’elle contient est
Hydrocéphalie 531
variable. L’équivalent chez la fille est le kyste du canal de Nück. Chez l’enfant,
l’hydrocèle communique presque toujours avec la cavité péritonéale par le canal
péritonéo-vaginal (hydrocèle communicante). L’involution partielle de ce canal en
amont et en aval peut aboutir à la formation d’un kyste du cordon, qui se dis-
tingue à l’examen par une masse palpée le long du canal inguinal sans exten-
sion au scrotum. Une hydrocèle physiologique s’observe chez environ 2 % des
nouveau-nés. Sa fréquence augmente avec la prématurité.
Approche clinique
À l’examen, l’hydrocèle n’est généralement pas douloureuse et est souvent peu
ou pas réductible. Le volume de l’hydrocèle peut fluctuer au moment des acti-
vités, des pleurs ou de la défécation, mais également au cours de la journée, en
fonction de la station debout (volume plus grand en fin de journée qu’au réveil
matinal). La présence d’une douleur doit faire suspecter une autre affection tes-
ticulaire (voir Scrotum douloureux aigu). La transillumination du testicule est
généralement positive, mais elle ne permet pas de confirmer le diagnostic. En
effet, d’autres anomalies, telles qu’une hernie inguinale, peuvent être transillumi-
nables et doivent être éliminées. Une hernie inguinale se distingue d’une hydro-
cèle par le fait qu’elle contient une anse intestinale intrascrotale généralement
détectable et réductible à la palpation.
Chez le garçon âgé de plus de un an, une hydrocèle non communicante
peut résulter d’une affection inflammatoire scrotale telle qu’une torsion testicu-
laire, une torsion de l’appendice testiculaire, une épididymite, une tumeur, un
traumatisme testiculaire ou un purpura de Schönlein-Henoch. Dans la plupart de
ces conditions, la palpation est douloureuse, le scrotum du côté atteint présente
une rougeur, et l’examen du testicule peut s’avérer anormal. Dans les situations
où le testicule ne peut être palpé, une échographie est nécessaire pour préciser
le diagnostic. Lorsque l’hydrocèle est volumineuse, une échographie abdominale
peut être utile afin d’éliminer une extension intra-abdominale.
Traitement
La plupart des hydrocèles vont se résoudre spontanément vers l’âge de 12 mois.
Une cure chirurgicale devient nécessaire si l’hydrocèle persiste au-delà de l’âge
de 18 à 24 mois. Le traitement chirurgical est également indiqué en cas d’hydro-
cèle acquise chez l’enfant âgé de plus de un an. Lorsqu’une hydrocèle commu-
nicante persiste, l’approche chirurgicale consiste en une oblitération haute du
canal péritonéo-vaginal et en une ouverture de la tunique vaginale afin de drai-
ner l’hydrocèle. Dans le cas d’une hydrocèle non communicante, on procède à
une résection partielle suivie d’une inversion de la vaginale résiduelle.
Hydrocéphalie 112
Jean Turgeon, Claude Mercier, Guy D’Anjou
Généralités
On parle d’hydrocéphalie lorsqu’une quantité excessive de LCR fait augmenter
le volume des ventricules. Le plus souvent, elle est causée par un obstacle à la
circulation du LCR. Plus rarement, la réabsorption de celui-ci est insuffisante ou
532 Hydrocéphalie
sa production est excessive. Le LCR est sécrété principalement par les plexus
choroïdes, situés dans les ventricules. Il passe des ventricules latéraux au troi-
sième ventricule par les trous de Monro, puis dans le quatrième ventricule par
l’aqueduc de Sylvius. Enfin, il se dirige vers les citernes de la base du crâne et
les espaces sous-arachnoïdiens cérébraux et spinaux, par les trous de Luschka
et de Magendie. La réabsorption par les sinus veineux se fait essentiellement
par les villosités arachnoïdiennes de la convexité (granulations de Pacchioni).
L’hydrocéphalie est dite non communicante lorsque l’obstruction se situe
en amont ou à la sortie du quatrième ventricule ; on la dit communicante lors-
qu’elle siège en aval de cette sortie. Ces deux types d’hydrocéphalie peuvent être
d’origine congénitale, néoplasique, inflammatoire ou traumatique. Voici quatre
exemples de causes possibles :
1) sténose congénitale de l’aqueduc de Sylvius (hydrocéphalie non communicante) ;
2) compression acquise de l’aqueduc par une tumeur de la fosse postérieure
(hydrocéphalie non communicante) ;
3) réduction de la réabsorption du LCR, secondaire à une hémorragie sous-
arachnoïdienne ou à une méningite (hydrocéphalie communicante) ;
4) augmentation de la production du LCR par un papillome des plexus choroïdes
(hydrocéphalie communicante).
En raison de leur plus grande susceptibilité aux hémorragies intraventri-
culaires en période néonatale, les prématurés sont plus à risque d’être atteints
d’hydrocéphalie. Certaines malformations congénitales peuvent être associées à
une hydrocéphalie ; il s’agit, par exemple, des malformations de Chiari type II
(association d’hydrocéphalie et de myéloméningocèle) et de Dandy-Walker (dila-
tation kystique du quatrième ventricule et hypoplasie ou agénésie vermienne).
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques sont variables. Elles dépendent de l’âge de l’enfant,
de la vitesse d’évolution de l’hydrocéphalie et de la présence ou non d’hyperten-
sion intracrânienne (HTIC).
Chez le nouveau-né et le nourrisson, l’hydrocéphalie accompagnée d’HTIC
se manifeste par les signes suivants : bombement de la fontanelle antérieure,
écartement des sutures et augmentation trop rapide du périmètre crânien. À
cet âge, il faut la différencier des autres causes de macrocéphalie, en particulier
de l’augmentation bénigne des espaces sous-arachnoïdiens de l’enfance (voir
Macrocéphalie). Les autres signes et symptômes d’hydrocéphalie et d’HTIC sont
les vomissements, l’irritabilité ou la léthargie, le retard des acquisitions, la protu-
bérance des bosses frontales, la distension des veines du cuir chevelu, le « bruit
du pot fêlé » à la percussion de la tête et les yeux « en soleil couchant », résultant
de l’association d’un syndrome de Parinaud (limitation du regard conjugué vers
le haut) et du signe de Collier (rétraction des paupières supérieures). L’hydro-
céphalie, indépendamment de son étiologie, peut également s’accompagner
d’une hypertonie prédominante aux membres inférieurs en raison d’une traction
sur les fibres corticospinales périventriculaires.
Chez l’enfant plus âgé, le périmètre crânien peut aussi s’accroître trop rapide-
ment, tant que les sutures ne sont pas soudées. L’HTIC produit les manifestations
suivantes : céphalées, vomissements, irritabilité, œdème papillaire, altération des
fonctions mentales et de l’état de conscience, strabisme convergent par parésie ou
paralysie unilatérale ou bilatérale du nerf crânien VI. À un stade plus avancé,
Hydrocéphalie 533
Explorations
L’échographie obstétricale permet le diagnostic prénatal des hydrocéphalies
congénitales.
Après la naissance, l’échographie cérébrale transfontanelle antérieure demeure
un excellent moyen de dépistage, mais le diagnostic repose surtout sur la tomo-
densitométrie ou sur la résonance magnétique nucléaire cérébrales. Ces examens
mettent en évidence une augmentation de volume des ventricules et peuvent
fournir de l’information quant au type d’hydrocéphalie et à sa cause (exemple :
tumeur de la fosse postérieure). L’augmentation de la taille des ventricules à l’ima-
gerie n’est pas toujours le reflet d’une hydrocéphalie évolutive ; elle peut indiquer
une atrophie cérébrale ou témoigner d’une augmentation bénigne des espaces
sous-arachnoïdiens de l’enfance. L’interprétation de la courbe de croissance du
périmètre crânien permet la plupart du temps de différencier ces diverses entités.
Traitement
Les résultats de la chirurgie fœtale ne sont pas satisfaisants pour le moment. Après
la naissance, il est indiqué de procéder à un traitement chirurgical lorsqu’il y a
une HTIC ou un accroissement trop rapide du périmètre crânien. Ce traitement
consiste à mettre en place une dérivation, le plus souvent ventriculo-péritonéale,
ou à pratiquer, par voie endoscopique, une ventriculostomie du troisième ventri-
cule (qui rétablit la circulation du LCR entre le troisième ventricule et une citerne
de la base).
Complications
Non traitée ou traitée tardivement, l’hydrocéphalie provoque une macrocépha-
lie, une atrophie cérébrale avec détérioration permanente des fonctions intellec-
tuelles, ainsi qu’une atrophie optique pouvant aller jusqu’à la cécité. Elle peut
aussi mener au coma, puis au décès.
Chez l’enfant porteur d’une dérivation ventriculo-péritonéale, la principale
complication est la dysfonction de la dérivation, pouvant notamment être cau-
sée par une obstruction partielle ou complète d’origine mécanique (exemples :
déconnexion, pseudo-kyste intra-abdominal) ou infectieuse ; le germe le plus
souvent responsable est alors le Staphylococcus epidermidis, mais d’autres
bactéries telles que le Propionibacterium acnes peuvent aussi être en cause.
L’enfant porteur d’une dérivation et qui présente des signes ou des symp-
tômes suggérant une dysfonction de celle-ci tels que des vomissements, des
céphalées, une altération de l’état de conscience ou un accroissement trop rapide
du périmètre crânien doit être dirigé vers l’équipe spécialisée qui assume habi-
tuellement le suivi.
Pronostic
Même lorsque le traitement est optimal, les enfants atteints d’hydrocéphalie ont
un risque accru de déficience intellectuelle, de troubles d’apprentissage et du
534 Hypertension artérielle
Généralités
La prévalence de l’hypertension artérielle (HTA) observée dans la population
pédiatrique est estimée à environ 2 %. Elle est plus élevée chez les enfants obèses.
Les études à long terme suggèrent que l’HTA notée durant l’enfance persiste à
l’âge adulte et qu’elle est associée à une athérosclérose précoce et aux maladies
cardiovasculaires.
Manifestations cliniques
Elles varient selon l’âge.
1) Chez le nouveau-né et le nourrisson, l’HTA est parfois masquée par une
insuffisance cardiaque, et elle se manifeste lorsque la fonction myocardique
s’améliore. Un syndrome de détresse respiratoire ainsi que des convulsions
peuvent être notées.
2) Chez l’enfant plus âgé, les manifestations cliniques ressemblent davantage à
celles de l’adulte : céphalées, fatigue, dyspnée d’effort, épistaxis, étourdisse-
ments et troubles visuels. Une poussée hypertensive aiguë peut affecter les
organes cibles.
L’urgence hypertensive (hypertensive urgency) consiste en une élévation
importante aiguë de la PA, symptomatique, mais sans altération de la fonction
des organes cibles. Elle peut progresser rapidement vers une crise hypertensive
si la PA n’est pas abaissée par un traitement intraveineux ou oral.
La crise hypertensive (hypertensive emergency) consiste en une élévation
de la PA avec atteinte de la fonction des organes cibles (insuffisance cardiaque
et œdème pulmonaire, encéphalopathie, insuffisance rénale, rétinopathie). Elle
Hypertension artérielle 537
doit être réduite rapidement (en quelques minutes à quelques heures) pour
minimiser les dommages.
Explorations
La première étape est de confirmer que l’HTA est réellement présente. Il faut
prendre la PA au moins une fois à chacun des quatre membres afin de recher-
cher une coarctation de l’aorte. L’examen physique inclut le calcul de l’indice
de masse corporelle (IMC), l’examen du fond d’œil, l’examen cardiopulmonaire,
la palpation du foie, des artères fémorales et la recherche d’un souffle abdomi-
nal. On recherche également des signes de dysfonction endocrinienne (goitre,
exophtalmie, hirsutisme, vergetures). La présence de taches café-au-lait oriente
le diagnostic vers une neurofibromatose.
En cas d’HTA limite, on peut répéter les mesures de PA une fois par semaine
pendant quelques semaines à quelques mois et amorcer une investigation si le
diagnostic d’HTA est retenu.
Le bilan de base comprend une analyse et un sédiment urinaires, un iono-
gramme, un hémogramme, un dosage de la créatininémie et de l’urée sanguine,
une radiographie pulmonaire, un ECG et une échographie cardiaque. Une écho-
graphie Doppler rénale permet de mesurer la taille des reins, de détecter une
uropathie obstructive et d’étudier le flux artériel rénal. On peut effectuer une
scintigraphie rénale à l’acide dimercaptosuccinique lié à du technétium99 (DMSA)
pour déceler d’éventuelles zones d’ischémie et de cicatrices rénales.
Les explorations endocriniennes comprennent le dosage des métanéphrines
sanguines et urinaires, de l’hormone stimulant la thyroïde (thyroid stimulating
hormone ou TSH), des T3 et T4, ainsi que du cortisol sérique à la recherche, res-
pectivement, d’un phéochromocytome, d’une hyperthyroïdie et d’un syndrome
de Cushing.
Si la PA est très élevée, il faut soupçonner une anomalie vasculaire rénale
(sténose, fibrodysplasie des artères rénales). Un examen Doppler normal n’exclut
pas le diagnostic. Les sténoses impliquent souvent les artères intrarénales et ne
sont pas toujours détectables par angiorésonance. L’angiographie classique est
l’étalon d’or. Elle peut être réalisée chez le nouveau-né et le nourrisson, à condi-
tion d’utiliser du matériel de petit calibre. L’angioplastie est réalisable même chez
le tout-petit ; toutefois, il faut se souvenir que la fibrodysplasie peut être réversible
chez le nouveau-né. Ces examens peuvent être remplacés par une scintigraphie
avec ou sans inhibiteur de conversion, pour vérifier si les lésions sont plus sail-
lantes avec l’utilisation de l’inhibiteur de conversion, comme attendu dans une
lésion vasculaire plutôt que dans une lésion parenchymateuse.
Le dosage de rénine et d’aldostérone fait partie du bilan de deuxième inten-
tion. Une élévation de la rénine périphérique peut suggérer une cause vasculaire
rénale, mais une valeur normale n’exclut pas le diagnostic. Une valeur abaissée
évoque un état d’hypervolémie (exemple : hyperaldostéronisme primaire).
Une biopsie rénale est rarement indiquée.
On recherche une atteinte des organes cibles, par exemple une hypertrophie
du ventricule gauche, une microalbuminurie, des signes d’œdème cérébral et une
rétinopathie. On évalue également les comorbidités associées. Chez les patients
obèses, un bilan lipidique, une hémoglobine glyquée, un test de tolérance orale
au glucose et un dosage des enzymes hépatiques confirment un syndrome méta-
bolique ou une dyslipidémie ; des troubles du sommeil peuvent être présents.
538 Hypertension artérielle
Traitement
Le but du traitement est de baisser la PA sous le 95e percentile. On distingue le
traitement de l’HTA limite ou modérée, où les mesures non pharmacologiques
sont au premier plan, de celui de l’HTA grave, de l’urgence hypertensive et de
la crise hypertensive.
L’enfant atteint de pré-HTA doit être évalué tous les six mois. Il faut encoura-
ger une saine alimentation, une activité physique régulière et corriger les troubles
du sommeil de nature obstructive. Un traitement pharmacologique n’est indiqué
qu’en présence d’une maladie rénale chronique, d’un diabète ou d’une hyper-
trophie du ventricule gauche.
En cas d’HTA de stade 1, l’enfant doit être pris en charge si l’HTA, décou-
verte la plupart du temps au moment d’une visite médicale, se confirme à trois
reprises, au cours des deux semaines suivantes. On amorce un traitement médi-
camenteux si l’enfant est symptomatique, s’il y a atteinte des organes cibles, en
présence d’un diabète de type 1 ou 2, si l’HTA est secondaire ou si elle persiste
malgré les mesures non pharmacologiques.
En cas d’HTA de stade 2, il faut entreprendre un traitement médicamenteux
dans les plus brefs délais si l’enfant est symptomatique.
I. Urgence hypertensive
L’urgence hypertensive est traitée en milieu hospitalier, selon la cause et le degré
de l’HTA. On commence le traitement par l’administration de l’un ou de l’autre
des antihypertenseurs suivants, parfois en combinaison.
La nifédipine, un bloquant calcique La posologie initiale est de 0,1 mg/kg/
dose PO ou par voie sublinguale. Cette dose peut être répétée au besoin
une heure plus tard et être augmentée progressivement si nécessaire (max :
10 mg/dose ou 0,5 mg/kg/dose). Les principaux effets secondaires sont la
tachycardie et le flushing.
Le furosémide, un diurétique Il peut être employé seul ou en association
avec un autre antihypertenseur en cas d’HTA secondaire à une maladie rénale avec
surcharge vasculaire (exemple : glomérulonéphrite aiguë). La dose de charge
est de 1 à 2 mg/kg/dose IV (max : 80 mg/dose) ; une dose plus faible (de 0,2 à
0,5 mg/kg/dose IV) est utilisée en présence d’une dysfonction myocardique avec
œdème pulmonaire sans insuffisance rénale aiguë. Cette dose peut être répétée
au besoin toutes les 4 à 6 heures, sans dépasser 200 mg/24 h. Les principaux
effets secondaires sont l’hypokaliémie et l’alcalose métabolique hypochlorémique.
Le labétalol, un α-bloquant et un β-bloquant Il peut être utilisé en doses
intraveineuses intermittentes (0,2 mg/kg IV, max : 40 mg par dose, vitesse d’ad-
ministration max : 2 mg/min) ou en perfusion continue (de 0,5 à 3 mg/kg/h ;
habituellement 1 mg/kg/h). Les principaux effets secondaires sont le broncho-
spasme et la bradycardie ; il est contre-indiqué en cas d’asthme ou d’insuffisance
cardiaque et peut masquer des symptômes d’hypoglycémie.
L’hydralazine, un vasodilatateur artériolaire La posologie initiale est de
0,15 mg/kg/dose IV (max : 20 mg/dose) ; cette dose peut être répétée au besoin
toutes les 4 à 6 heures. Les principaux effets secondaires sont la tachycardie, les
nausées et, à long terme, un syndrome lupique.
La clonidine, un agoniste des récepteurs adrénergiques α2 Elle est réservée
à l’urgence hypertensive secondaire à une maladie chronique (exemple : maladie
rénale chronique) où la diminution de la PA doit s’étaler sur deux jours ou plus.
Hypertension artérielle 539
Généralités
On définit l’hypertension intracrânienne (HTIC) comme une augmentation sou-
tenue de la pression intracrânienne au-delà de la limite supérieure de la normale
pour l’âge. Cette limite est de 4 mm Hg chez le nouveau-né et de 6 mm Hg chez
le nourrisson de moins de un an. Chez l’enfant âgé de un à six ans, elle est de
8 mm Hg et elle atteint les valeurs adultes (15 mm Hg) au début de l’adolescence.
L’HTIC peut être aiguë, apparaissant alors en quelques minutes ou en quelques
heures, ou chronique, évoluant au cours d’une période de plusieurs jours à quel-
ques mois. Elle peut être compensée ou décompensée. L’HTIC décompensée
constitue une urgence majeure qui peut s’avérer fatale rapidement, parfois en
quelques minutes ; elle nécessite un traitement immédiat.
Les principaux mécanismes de l’HTIC sont l’œdème cérébral, la présence d’une
masse intracrânienne extraparenchymateuse ou intraparenchymateuse, une aug-
mentation du volume sanguin cérébral ou une augmentation de la quantité
Hypertension intracrânienne 541
du LCR. Les deux principaux types d’œdème cérébral sont l’œdème cytotoxique
et l’œdème vasogénique. L’encadré 114.1 énumère les principales causes d’HTIC.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse peut révéler une histoire de céphalées, d’irritabilité ou de modifi-
cations du comportement, des nausées et des vomissements surtout matinaux,
ainsi que des troubles visuels (exemples : diplopie, diminution de l’acuité visuelle,
obscurcissements transitoires de la vision). Selon la cause de l’HTIC, de multiples
symptômes neurologiques sont possibles, dont les suivants : étourdissements,
troubles de l’équilibre et de la coordination, faiblesse, convulsions. Lorsque l’HTIC
est décompensée, on note une altération progressive de l’état de conscience et
de la vigilance, ainsi qu’une modification des signes généraux (signes vitaux).
III. Explorations
La tomodensitométrie (TDM) ou la résonance magnétique nucléaire (RMN)
cérébrale permettent de mettre en évidence un œdème cérébral ou une lésion
occupant de l’espace comme une tumeur, un hématome ou un abcès. Toutefois,
l’absence de signes d’œdème cérébral sur la TDM ou la RMN ne permet pas
d’exclure ce diagnostic et une HTIC associée.
La ponction lombaire permet de mesurer la pression du LCR et de dia-
gnostiquer une méningite. Bien que l’HTIC par processus occupant de l’espace
demeure une contre-indication à la ponction lombaire, cette contre-indication
est parfois relative ; ainsi, ce geste devient nécessaire pour le diagnostic d’une
encéphalite ou d’une HTIC idiopathique (dans ce dernier cas, elle peut même
être thérapeutique). Cependant, la ponction lombaire est formellement contre-
indiquée en l’absence d’imagerie cérébrale préalable, si le patient présente des
signes suggestifs d’une HTIC importante, surtout s’il y a asymétrie pupillaire. De
même, s’il existe un effet de masse ou une lésion expansive (de la fosse posté-
rieure ou supratentorielle) à l’imagerie, la ponction lombaire est formellement
contre-indiquée, car elle peut précipiter un engagement et un décès.
Selon la cause de l’HTIC, d’autres explorations sont parfois requises. Il peut
s’agir, par exemple, d’une artériographie cérébrale ou d’une étude de la circulation
du LCR en médecine nucléaire.
Traitement
Une fois établie la cause de l’HTIC, on entreprend un traitement spécifique.
Il s’agit, par exemple, d’une antibiothérapie en cas de méningite, de l’exérèse
d’une tumeur, de l’évacuation d’un hématome ou d’une ventriculostomie endos-
copique du 3e ventricule (ou dérivation ventriculo-péritonéale) pour traiter une
hydrocéphalie.
Certaines mesures non spécifiques sont utilisées conjointement pour réduire
l’HTIC. Elles doivent être entreprises simultanément.
• Mettre la tête en attitude neutre et surélevée de 20 à 30 degrés.
• Éviter l’hypoxémie et l’hypercapnie.
• Traiter la fièvre, car celle-ci augmente la consommation d’oxygène par le tissu
cérébral. L’utilisation de l’hypothermie modérée comme option thérapeutique
dans l’HTIC post-traumatique peut aider à contrôler la pression intracrânienne
Hypertension intracrânienne 543
à court terme, mais n’améliore pas le profil neurologique des patients à moyen
terme et n’est pas recommandée.
• Maintenir la pression artérielle dans les limites supérieures de la normale. Cela
peut nécessiter l’administration de liquides isotoniques ou même l’utilisation
d’agents vasopresseurs. Rappelons que la pression de perfusion cérébrale est
égale à la pression artérielle moyenne moins la pression intracrânienne.
• Administrer au besoin une sédation ou un analgésique par voie géné-
rale (exemple : fentanyl). Procéder à une anesthésie locale au moment des
manœuvres douloureuses.
En cas d’HTIC décompensée ou soutenue malgré le traitement médical de
base détaillé plus haut, un traitement plus vigoureux est indiqué. Il peut com-
porter les mesures suivantes.
• Mannitol 20 % : de 0,25 à 1 g/kg IV en 10 à 15 minutes. Cette dose peut être
répétée si nécessaire de 15 à 30 minutes plus tard, puis toutes les 6 à 8 heures.
• Soluté salé hypertonique (NaCl 3 %) : de 2 à 6 mL/kg IV en 20 minutes ou en
perfusion continue (de 0,1 à 1,0 mL/kg/h).
• Hyperventilation légère en visant une PaCO2 de 35 à 40 mm Hg. L’hyperven-
tilation constitue une méthode efficace et rapide pour diminuer la pression
intracrânienne. Elle n’est possible que si le patient est intubé et ventilé méca-
niquement. L’intubation se fait à l’aide d’une séquence rapide en se servant
de propofol ou d’étomidate comme agents sédatifs. Il faut éviter une hyper-
ventilation prolongée ou excessive (PaCO2 < 30 mm Hg), car celle-ci peut
causer une ischémie cérébrale par vasoconstriction exagérée.
• Pentobarbital : dose de charge de 5 à 10 mg/kg IV, puis de 2 à 4 mg/kg/h
en perfusion au besoin, en se méfiant des principaux effets secondaires de
ce médicament : l’hypotension artérielle secondaire à une vasodilatation et
la dépression myocardique, qui peuvent nécessiter l’ajout de médicaments
vaso-actifs. Le recours à un coma barbiturique se limite aux cas ne répondant
pas aux autres traitements.
• Drainage du LCR par voie ventriculaire.
• Dans le cas d’une tumeur ou d’un abcès cérébral, dexaméthasone : de 0,5 à
1,0 mg/kg IV (max : 4 mg) toutes les 6 heures pour réduire l’œdème vasogé-
nique périlésionnel.
• Dans certains cas de traumatisme crânien majeur, une craniectomie décom-
pressive peut parfois être envisagée.
• Pour l’HTIC idiopathique ( pseudotumor cerebri ), les traitements proposés
comprennent l’acétazolamide, le topiramate, des ponctions lombaires sériées
et, rarement, une fenestration des nerfs optiques si l’acuité visuelle est com-
promise ou une dérivation lombopéritonéale (ou ventriculo-péritonéale dans
de rares cas). Le retrait du médicament causal ou la perte de poids chez le
patient obèse sont des éléments essentiels dans les cas secondaires.
Surveillance
La surveillance clinique doit demeurer étroite. Elle comporte la mesure fréquente
des signes généraux et du score de Glasgow, ainsi que l’examen du diamètre
et de la réactivité pupillaires. On surveille également les apports et les pertes
d’eau de façon rigoureuse. Les principaux paramètres paracliniques à observer
de près sont les gaz sanguins, l’hémoglobine, la glycémie, l’ionogramme et, sur-
tout si l’on a recours au mannitol ou au soluté salé hypertonique, l’osmolalité
544 Hyperthermie maligne
Complications
Les complications les plus graves sont l’engagement et l’ischémie cérébrale avec
évolution vers la mort cérébrale et le décès. Des complications respiratoires
peuvent apparaître à type d’œdème pulmonaire neurogénique ou de syndrome
de détresse respiratoire aiguë. Des complications cardiaques ne sont pas rares :
arythmies, infarctus du myocarde, choc cardiogénique. Une ischémie rétinienne
susceptible d’entraîner une diminution de l’acuité visuelle, une atrophie optique,
voire une cécité est possible. Enfin, il peut exister une sécrétion inappropriée d’hor-
mone antidiurétique, un syndrome natriurétique cérébral ou un diabète insipide.
Pronostic
Le pronostic dépend de la cause et de la gravité de l’HTIC ainsi que de la qua-
lité et de la promptitude du traitement.
Généralités
L’hyperthermie maligne est une forme particulièrement rare et grave d’hyperther-
mie qui survient généralement au moment d’une anesthésie générale, à la suite
d’une exposition à des agents halogénés ou à la succinylcholine. Elle est trans-
mise selon un mode autosomique dominant, à pénétrance faible et à expressivité
variable. Certaines maladies neuromusculaires ont été associées à l’hyperther-
mie maligne dans le passé ; la seule ayant un lien génétique connu avec cette
maladie est la myopathie centronucléaire. Sur le plan cellulaire, il y a un défaut
de recaptage du calcium dans le réticulum sarcoplasmique, ce qui entraîne une accu-
mulation de calcium myoplasmique qui aboutit à un état d’hypercatabolisme.
Manifestations cliniques
Une crise d’hyperthermie maligne est d’abord une affection musculaire ; les mani-
festations systémiques sont importantes et liées à l’hypermétabolisme musculaire.
Il n’y a pas de signe clinique pathognomonique. Le plus souvent, les signes ini-
tiaux sont la tachycardie, la tachypnée et l’hypertension artérielle. L’hyperthermie
n’est habituellement pas un signe précoce. La rigidité musculaire malgré une
curarisation adéquate est assez spécifique.
Hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes 545
Explorations
Au moment de la crise hypercatabolique, on trouve d’abord une acidose respi-
ratoire puis une acidose métabolique, une hyperkaliémie, une augmentation de
la créatine kinase sérique et une myoglobinurie.
La seule façon de poser le diagnostic de façon certaine est d’obtenir une
biopsie musculaire et de procéder sur le spécimen prélevé à un test de contrac-
ture à l’halothane ou à la caféine. Cet examen nécessite toutefois un échantil-
lon musculaire d’assez gros volume, ce qui limite ce type d’exploration chez un
enfant pesant moins de 20 kg. Des tests génétiques sont en élaboration, mais ne
sont pas encore utilisés de routine.
Traitement
Si l’on suspecte une crise d’hyperthermie maligne, on doit agir rapidement. Il
faut d’abord cesser l’administration d’agents halogénés et de succinylcholine puis
ventiler le patient avec de l’oxygène à 100 %. Le patient doit recevoir du dantro-
lène dans les plus brefs délais.
Prévention
L’anamnèse personnelle et familiale est essentielle ; il faut rechercher systémati-
quement une histoire d’accidents anesthésiques tels qu’une hyperthermie maligne
reconnue, un arrêt cardiorespiratoire, un coma prolongé ou un décès. Un patient
atteint de la maladie peut déjà avoir reçu des agents halogénés ou de la succinyl-
choline sans avoir présenté de réaction grave ; une histoire d’anesthésie non
compliquée n’exclut donc pas le diagnostic.
Si un enfant est considéré comme à risque d’hyperthermie maligne, un pro-
tocole anesthésique (nettoyage de la machine d’anesthésie et abstention d’agents
halogénés et de succinylcholine) doit être scrupuleusement suivi. Il n’est pas
nécessaire d’administrer du dantrolène en prophylaxie.
Pronostic
Le taux de décès associé à une crise d’hyperthermie maligne imprévue s’élève à
plus de 70 % lorsque celle-ci est décelée et traitée tardivement ; il est inférieur
à 10 % dans le cas contraire. La mortalité est presque nulle lorsqu’on connaît déjà
la prédisposition génétique et que le patient est préparé adéquatement.
Généralités
Il est rare que le volume des amygdales et des végétations adénoïdes soit augmenté
au point de causer des troubles cliniques chez le nourrisson. L’hypertrophie adéno-
amygdalienne se manifeste surtout entre l’âge de deux et six ans. Par la suite, le
tissu lymphoïde régresse spontanément de façon progressive jusqu’à la puberté.
546 Hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes
Manifestations cliniques
L’hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes peut causer des
troubles de nature mécanique : dysphagie aux solides, ronflements nocturnes et
respiration buccale. La voix est souvent nasillarde. Dans les cas extrêmes, des
apnées surviennent au cours du sommeil. Le syndrome d’apnée obstructive du
sommeil se caractérise par des périodes récurrentes d’obstruction partielle ou
complète des voies respiratoires supérieures causant une hypoxémie, une hyper-
capnie et une perturbation du sommeil. Cela peut entraîner des conséquences
importantes sur les plans cardiovasculaire (hypertrophie ventriculaire droite,
hypertension pulmonaire, cœur pulmonaire), neurocognitif et comportemental
(troubles de l’attention, impulsivité, troubles d’apprentissage, fatigue ou somno-
lence diurne). On peut également observer un retard pondéral.
Des infections répétées ou persistantes viennent parfois compliquer ce tableau.
Elles peuvent être responsables d’une halitose. L’augmentation de volume et l’in-
fection des végétations adénoïdes peuvent causer une dysfonction des trompes
d’Eustache ; cette dernière entraîne souvent des otites mucoïdes chroniques et
parfois des otites moyennes aiguës à répétition. Un « faciès adénoïdien » (visage
allongé, bouche ouverte, langue projetée vers l’avant, palais ogival, malocclu-
sion dentaire) peut se développer chez l’enfant qui présente une respiration
buccale chronique.
Explorations
L’anamnèse et l’examen contribuent de façon importante au diagnostic. On observe
fréquemment une rhinorrhée antérieure chronique ainsi qu’une rhinorrhée pos-
térieure (écoulement de sécrétions mucopurulentes dans le pharynx) lorsque les
végétations adénoïdes sont hypertrophiées ou chroniquement infectées. L’hy-
pertrophie des amygdales est évidente à l’examen de la cavité buccale ; dans les
cas extrêmes, celles-ci se rejoignent sur la ligne médiane.
Une radiographie de profil des tissus mous du cou peut être utile pour
confirmer le diagnostic d’hypertrophie des végétations adénoïdes en l’absence
d’une hypertrophie amygdalienne. Une oxymétrie nocturne et, au besoin, un
polysomnogramme sont parfois indiqués si l’on suspecte cliniquement un syn-
drome d’apnée obstructive du sommeil.
Indications de l’amygdalectomie
I. Indications absolues
• Hypertrophie amygdalienne occasionnant un syndrome d’apnée obstructive
du sommeil.
• Hypertrophie amygdalienne causant une dysphagie majeure.
• Suspicion de tumeur amygdalienne (asymétrie des amygdales).
• Hémorragie incontrôlable provenant d’un vaisseau amygdalien.
Hypocalcémie et hypercalcémie 547
Indications de l’adénoïdectomie
I. Indications absolues
• Hypertrophie des végétations adénoïdes occasionnant un syndrome d’apnée
obstructive du sommeil.
• Sinusites aiguës à répétition ou sinusite chronique.
Généralités
I. Homéostasie
Le calcium ionisé est la forme physiologiquement active du calcium qui joue un
rôle essentiel dans le contrôle de plusieurs fonctions cellulaires, dont les sui-
vantes : neurotransmission, tonus musculaire et diverses activités enzymatiques.
Le maintien de la calcémie à l’intérieur de limites étroites est essentiel et dépend
de l’équilibre entre l’absorption intestinale du calcium, son excrétion rénale et
les échanges avec les tissus minéralisés de l’os. La régulation de ces mécanismes
de contrôle dépend de l’activité de différentes hormones :
• la 1,25-dihydroxyvitamine D, forme active de la vitamine D3, qui gouverne
principalement l’absorption intestinale du calcium ;
• la parathormone (PTH), hormone phosphaturiante qui augmente la réabsorption
tubulaire rénale du calcium en association avec la 1,25-dihydroxyvitamine D
et qui mobilise les réserves osseuses en activant les ostéoclastes ;
548 Hypocalcémie et hypercalcémie
Hypocalcémie
I. Généralités
Une hypocalcémie est dite légère à modérée lorsque la calcémie ionisée se
situe de 0,8 à 1,0 mmol/L ou de 32 à 40 mg/L (calcémie totale – corrigée en
présence d’une hypoprotéinémie – de 1,6 à 2,0 mmol/L ou de 64 à 80 mg/L) et
grave lorsqu’elle se situe en dessous de 0,8 mmol/L ou de 32 mg/L (calcémie
totale corrigée < 1,6 mmol/L ou 64 mg/L).
En pédiatrie, on peut classer les hypocalcémies en deux groupes : les hypo-
calcémies néonatales (fréquentes) et les hypocalcémies apparaissant après la
période néonatale (beaucoup plus rares).
1) Hypocalcémie néonatale
On distingue les deux principaux modes de présentation suivants.
Forme précoce et transitoire Cette présentation survient au cours des trois
premiers jours de vie et résulte de réajustements homéostatiques complexes. Les
facteurs de risque sont la prématurité, la restriction de croissance intra-utérine,
le diabète maternel, l’asphyxie néonatale et le travail prolongé. On prévient ce
Hypocalcémie et hypercalcémie 549
III. Traitement
Chez les patients qui présentent une hypocalcémie légère ou modérée et qui
sont asymptomatiques, l’administration de suppléments de calcium par voie
orale suffit habituellement. Chez le grand enfant, on administre de 1 à 2 g/24 h
de calcium élémentaire PO en doses fractionnées toutes les 8 à 12 heures. Chez
les nourrissons, on donne 50 mg/kg/24 h PO en doses fractionnées toutes
les 6 à 8 heures. Il est possible de prescrire le calcium en perfusion intraveineuse
à raison de 50 à 100 mg/kg/24 h de calcium élémentaire, advenant le cas où la
voie entérale ne peut pas être utilisée.
Lorsque l’hypocalcémie est plus importante et que l’enfant présente des
symptômes, l’administration intraveineuse de calcium permet d’augmenter rapi-
dement la calcémie. On peut utiliser du gluconate de calcium 10 % (100 mg/mL
de gluconate de calcium) dilué dans un rapport 1:1 avec du dextrose 5 % ou du
NaCl 0,9 % pour obtenir une solution à 5 % (50 mg/mL) ; on prescrit 50 mg/kg,
soit 1,0 mL/kg/dose (max : 60 mL) de cette solution en injection intraveineuse
lente (en 15 à 60 minutes selon l’importance des symptômes), en surveillant le
rythme cardiaque. Si l’on dispose d’une voie d’accès centrale, on peut égale-
ment prescrire du chlorure de calcium 10 % (100 mg/mL de chlorure de calcium)
dilué dans un rapport 1:4 avec du dextrose 5 % pour obtenir une solution à 2 %
(20 mg/mL) et donner de 10 à 20 mg/kg/dose IV de cette solution diluée, soit
de 0,5 à 1 mL/kg/dose (max : 50 mL). On peut répéter l’administration de cal-
cium au besoin toutes les six heures.
La 1,25-dihydroxyvitamine D permet d’augmenter la calcémie rapide-
ment, en un ou deux jours. On peut y avoir recours chez les enfants atteints
d’hypoparathyroïdie, de rachitisme héréditaire ou encore lorsque la réponse
Hypocalcémie et hypercalcémie 551
au calcium administré par voie orale est insuffisante. On utilise alors la poso-
logie initiale suivante :
• < 1 an : 0,25 à 2 μg/24 h PO en doses fractionnées toutes les 12 heures ;
• 1 à 18 ans : 1 à 2 μg/24 h PO en doses fractionnées toutes les 12 heures.
Il faut toujours y associer un apport de calcium par voie orale si celui-ci n’est
pas optimal. Une fois la calcémie normalisée, on diminue les apports de calcium
et l’on revient à des doses d’entretien habituelles de 1,25-dihydroxyvitamine D,
soit de 0,02 à 0,04 μg/kg/24 h.
Le traitement avec la 1,25-dihydroxyvitamine D peut causer une hypercalcé-
mie et une hypercalciurie importantes ; son utilisation doit donc être étroitement
surveillée et ajustée en fonction des résultats.
Par ailleurs, il est important de corriger les autres facteurs qui peuvent causer
une hypocalcémie tels que l’alcalose, l’hypomagnésémie et l’hyperphosphorémie.
Hypercalcémie
I. Généralités
Rare chez l’enfant, l’hypercalcémie se définit comme une calcémie ionisée supé-
rieure à 1,3 mmol/L ou 52 mg/L (calcémie totale – corrigée en présence d’une
hypoprotéinémie – > 2,6 mmol/L ou 104 mg/L). L’hypercalcémie est légère quand
la calcémie ionisée se situe de 1,31 à 1,50 mmol/L ou de 52 à 60 mg/L (calcé-
mie totale corrigée de 2,61 à 3,0 mmol/L ou de 104 à 120 mg/L), modérée si
elle se situe de 1,51 à 1,85 mmol/L ou de 60,4 à 74 mg/L (calcémie totale corri-
gée de 3,0 à 3,75 mmol/L ou de 120 à 150 mg/L) et grave lorsqu’elle se situe au-
dessus de 1,85 mmol/L ou de 74 mg/L (calcémie totale corrigée > 3,75 mmol/L
ou 150 mg/L).
Les principales causes d’hypercalcémie sont énumérées dans l’encadré 117.2.
Plusieurs mécanismes sont en cause.
III. Traitement
On peut traiter une hypercalcémie légère et asymptomatique en diminuant l’apport
en calcium et en vitamine D. Lorsque l’hypercalcémie est majeure et symptoma-
tique, le traitement initial consiste à augmenter la diurèse grâce à une hydratation
intraveineuse abondante (environ deux fois les besoins hydriques habituels). On
peut aussi prescrire du furosémide (1 mg/kg/dose IV 1 à 4 fois par jour), car il
stimule la sécrétion tubulaire du calcium et augmente donc la calciurie.
La calcitonine est une hormone qui peut diminuer rapidement la calcémie en
bloquant la résorption osseuse. La calcitonine de saumon (4 UI/kg SC ou IM) peut
être répétée toutes les six heures. Ses effets sont rapides (de six à huit heures),
mais de courte durée et s’atténuent après quelques jours d’utilisation, ce qui en
diminue l’utilité pour traiter une hypercalcémie prolongée.
Hypoglycémie 553
Hypoglycémie 118
Céline Huot, Ana Maria Carceller, Grant Mitchell
III. Traitement
Si la glycémie est inférieure à 2,6 mmol/L, il faut alimenter le nouveau-né en lui
offrant le sein ou un supplément (préparation de lait commerciale pour nour-
risson). L’apport en glucose nécessaire pour corriger une hypoglycémie se situe
habituellement aux environs de 5 à 10 mg/kg. La glycémie doit être vérifiée
de 30 à 60 minutes après la tétée.
S’il est impossible d’alimenter le nouveau-né, il importe d’installer une perfu-
sion de glucose 10 % à une vitesse correspondant aux besoins d’entretien en eau
(80 mL/kg/24 h), ce qui assure un apport de glucose de 5,5 mg/kg/min. On
surveille régulièrement la glycémie, jusqu’à l’obtention de trois résultats égaux
ou supérieurs à 2,6 mmol/L. Le débit du soluté ou sa concentration en glucose
peut être augmenté (à 12,5 % ou même à 15 %). Si l’on doit, pour corriger l’hy-
poglycémie, administrer des doses de glucose plus élevées, il faut suspecter un
hyperinsulinisme ; cela est particulièrement vrai au-delà de 12 mg/kg/min.
Si l’enfant est symptomatique, on donne rapidement de 2 à 2,5 mL/kg de so-
lution glucosée 10 % par voie intraveineuse. On installe ensuite une perfusion de
glucose 10 % (ou, au besoin, 15 %) à une vitesse correspondant aux besoins d’entre-
tien en eau et l’on poursuit la surveillance régulière de la glycémie. Une perfusion
riche en glucose peut entraîner en soi un état d’hyperinsulinisme ; une diminution
progressive, mais prudente du débit du glucose peut donc s’avérer nécessaire.
Rarement, l’hypoglycémie n’est pas corrigée par la perfusion de glucose 15 %.
L’administration de solutions plus concentrées (25 ou 50 %) doit être évitée, car
elle peut causer un état d’hyperosmolarité ainsi qu’une hypoglycémie réactionnelle
secondaire à une sécrétion accrue d’insuline. En l’absence d’un diagnostic précis,
on peut prescrire de l’hydrocortisone 25-50 mg/m2 (2-3 mg/kg) IV suivie de 5 à
10 mg/kg/24 h PO ou IV en doses fractionnées toutes les 8 à 12 heures après
avoir procédé au prélèvement d’un « échantillon critique ». On peut également faire
un essai de glucagon en dose de charge de 0,02 à 0,03 mg/kg IV (max : 1 mg)
en 1 minute (ce médicament peut également être administré IM ou SC). Lorsque
cela ne suffit pas, il peut être indiqué d’administrer du diazoxide (dose initiale :
de 5 à 10 mg/kg/24 h PO en doses fractionnées toutes les 8 à 12 heures).
En cas d’hyperinsulinisme, le traitement médical consiste à administrer du
diazoxide en plus de favoriser certaines mesures diététiques comme des repas
fréquents ou même une alimentation entérale continue. L’octréotide et les blo-
quants calciques peuvent être utiles dans le traitement de l’hypoglycémie par
hyperinsulinisme résistante au diazoxide ou en cas d’effets secondaires impor-
tants ; les résultats de ce type d’approche sont variables. Dans certains cas, une
pancréatectomie subtotale peut s’avérer nécessaire.
IV. Complications
Des hypoglycémies graves et persistantes peuvent être responsables de séquelles
neurologiques permanentes comme une déficience intellectuelle ou de l’épilepsie.
V. Prévention
Les principales mesures préventives sont les suivantes.
• Un contrôle strict de la glycémie chez la mère diabétique pendant la grossesse
et l’accouchement afin de minimiser l’hyperinsulinémie chez le fœtus.
• Une alimentation précoce : tout nouveau-né en bonne santé doit être alimenté
dès la naissance et toutes les 2 ou 3 heures par la suite (total de 8 à 12 tétées
en 24 heures).
Hypoglycémie 557
hypotonie doit évoquer une erreur innée du métabolisme ; toutefois, leur absence
ne l’exclut pas.
Dans certains cas difficiles, les explorations spécialisées doivent inclure de mul-
tiples prélèvements et, parfois, un jeûne contrôlé avec dosages sériés de la gly-
cémie, de certains métabolites énergétiques (exemples : acides gras libres, corps
cétoniques, acides aminés ramifiés), ainsi que de l’insuline et des autres hormones
qui participent à la régulation de la glycémie.
III. Traitement
1) Traitement non spécifique de l’hypoglycémie
Si le patient est asymptomatique ou si les symptômes sont légers, on peut essayer
de fournir des glucides par voie orale ou par sonde gastrique. Si cela est impos-
sible ou encore si cette approche ne suffit pas, on perfuse une solution gluco-
sée 5 à 12,5 % à une vitesse correspondant aux besoins d’entretien en eau et
l’on continue de surveiller la glycémie de près.
S’il y a des symptômes importants (coma, convulsions), on donne rapide-
ment de 2 à 2,5 mL/kg de solution glucosée 10 % par voie intraveineuse. On doit
vérifier la réponse à l’intervention dans un délai d’au plus 30 minutes. Il faut évi-
ter l’administration de solutions plus concentrées (25 ou 50 %), car elles peuvent
causer un état d’hyperosmolarité ainsi qu’une hypoglycémie réactionnelle en
raison d’une sécrétion accrue d’insuline. On prescrit ensuite une perfusion de
glucose 5 à 12,5 % et l’on continue de surveiller la glycémie. L’apport de glucose
nécessaire est habituellement de 3 à 5 mg/kg/min.
S’il s’agit d’un diabétique, on peut aussi donner de 0,5 à 1 mg de glucagon
par voie intramusculaire ou sous-cutanée.
2) Traitement de l’hypoglycémie cétogène
Il consiste en une alimentation riche en glucides et en protides répartie en
trois repas et trois collations, dont une au coucher. En présence de maladies
intercurrentes interférant avec l’alimentation, les parents doivent surveiller l’ap-
parition d’une cétonurie au moyen de bandelettes réactives ou d’une acétonémie
à l’aide d’un appareil portatif. Si des traces de corps cétoniques apparaissent, il
faut offrir fréquemment une boisson sucrée à l’enfant (exemple : jus de fruits).
Si celui-ci vomit ou est incapable de boire, ou si la cétonurie s’accentue, une
perfusion de glucose doit être installée. La tendance à l’hypoglycémie disparaît
après l’âge de sept ou huit ans.
IV. Complications
Bien que moins fréquentes que chez le nouveau-né, des séquelles neuro-
logiques permanentes comme une déficience intellectuelle ou une épilepsie
peuvent résulter d’hypoglycémies profondes et prolongées chez l’enfant et
l’adolescent.
560 Hypotonie du nourrisson
Hypospadias 119
Julie Franc-Guimond, Anne-Claude Bernard-Bonnin
Généralités
L’hypospadias est une malformation pénienne congénitale qui résulte d’un déve-
loppement incomplet de l’urètre et du corps spongieux qui l’entoure normalement.
Ainsi, le méat urétral se retrouve en position anormale sur la face ventrale du
pénis. La position du méat est distale (méat glandulaire, coronal) dans 50 % des
cas environ, située au milieu du pénis dans 20 % des cas ou proximale (méat pé-
noscrotal ou périnéal) dans 30 % des cas. La gravité dépend de la position du méat
et d’autres variantes anatomiques de la normale (casquette préputiale, chordée,
scrotum bifide). L’incidence est d’environ 1 cas pour 300 nouveau-nés de sexe
masculin. On constate une tendance familiale : après un cas initial, le risque d’at-
teinte chez les autres garçons de la même famille est d’environ 5 à 15 %.
Explorations
En général, aucune exploration complémentaire n’est indiquée. Cependant,
en l’absence de gonades palpables ou en présence de cryptorchidie associée
à un hypospadias grave, il faut soulever la possibilité d’un défaut de la diffé-
rentiation sexuelle. Dans ces cas, il faut investiguer promptement en obtenant
une échographie pelvienne (recherche de structures müllériennes) et en effec-
tuant un caryotype. Des explorations complémentaires peuvent être nécessaires
(voir Ambiguité sexuelle).
Traitement
Il est très important que ces patients ne soient pas circoncis, car le prépuce
sera utilisé au moment de la correction chirurgicale de l’hypospadias, qui se fait
après l’âge de 12 mois. Le traitement chirurgical est indiqué lorsque l’hypospa-
dias entraîne des répercussions fonctionnelles, telle une chordée pouvant com-
promettre la pénétration au cours de relations sexuelles, s’il y a des problèmes
de jet urinaire ou si la position du méat compromet la possibilité de procréa-
tion. La décision d’intervenir lorsque l’hypospadias ne cause pas de problèmes
fonctionnels doit être prise après discussion entre le chirurgien et les parents.
Généralités
Ce chapitre s’intéresse à l’hypotonie grave et persistante du nourrisson ; il ne
traite pas de l’hypotonie transitoire qui peut accompagner une maladie aiguë
telle qu’une méningite ou un trouble métabolique important.
Classiquement, on distingue les causes centrales et périphériques d’hypo-
tonie, selon le site d’atteinte du système nerveux (voir tableau 120.1). Une étio-
logie centrale est retrouvée dans 60 à 80 % des cas ; il est important d’établir un
Hypotonie du nourrisson 561
Approche clinique
I. Anamnèse
Les antécédents familiaux comprennent la recherche de consanguinité et de mala-
dies neurologiques ou musculaires. Il faut particulièrement envisager la possibi-
lité, chez la mère, d’une dystrophie musculaire de Steinert ou d’une myasthénie
grave, ces entités étant associées à des risques d’atteinte chez le nouveau-né
respectivement de l’ordre de 40 % et de 15 %.
On s’enquiert des diverses complications pendant la grossesse (infec-
tion, hémorragie), de la prise de médicaments ou de l’exposition à des toxines
562 Hypotonie du nourrisson
IV. Explorations
L’anamnèse et l’examen doivent guider l’investigation.
• Devant une hypotonie néonatale primitive inexpliquée, la trisomie 21, la dys-
trophie myotonique congénitale et le syndrome de Prader-Willi doivent être
envisagés systématiquement, ainsi que les analyses cytogénétiques et molé-
culaires spécifiques de ces entités. On doit mesurer la calcémie et effectuer
un ionogramme. On doit aussi éliminer une hypothyroïdie congénitale par un
dosage de l’hormone stimulant la thyroïde (TSH ou thyroid stimulating hor-
mone) et de la T4 libre puisque le traitement précoce est impératif.
• Un tableau suggestif de dysfonction du SNC dicte une imagerie cérébrale.
L’EEG est peu utile, mais peut corroborer l’impression clinique en mon-
trant un ralentissement de l’activité électrique ou la présence d’anomalies
épileptiques.
• Des dosages enzymatiques dans les leucocytes, les fibroblastes de la peau en
culture ou un échantillon de foie peuvent être nécessaires pour préciser la
nature d’une maladie de surcharge, tout comme l’examen de la moelle osseuse.
• On procède à une sérologie TORCH (Toxoplasmosis, Other agents, Rubella,
Cytomegalovirus, Herpes simplex virus) lorsqu’il y a des éléments suggestifs
d’infection congénitale (voir Infections congénitales).
• Divers prélèvements (exemples : acides aminés plasmatiques et urinaires, acides
organiques urinaires, gaz sanguins, ammoniac sérique, épreuves de fonction
hépatique) sont requis devant un tableau évoquant une maladie métabolique.
• Lorsque le tableau clinique suggère une cause périphérique, on dose la créa-
tine kinase plasmatique ; elle est augmentée dans certaines dystrophies mus-
culaires ou myopathies congénitales.
• L’électromyogramme aide à différencier une maladie musculaire d’une mala-
die touchant le neurone moteur (exemple : maladie de Werdnig-Hoffmann).
S’il est normal, cet examen n’exclut pas une maladie musculaire comme une
myopathie congénitale.
564 Ictère
Ictère 121
Ana Maria Carceller, Fernando Alvarez
Généralités
L’ictère désigne une coloration jaunâtre de la peau et des muqueuses. Celle-ci
devient visible lorsque le taux de bilirubine sérique dépasse 85 μmol/L. L’hyper-
bilirubinémie se définit par une bilirubine sérique supérieure à la normale.
Ictère 565
Zon e éle
250
éd iair
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Z dia
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200
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Zone
150
100
50
0
0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 132 144
Heures d’âge
Source : Barrington KJ, Sankaran K. Lignes directrices pour la détection, la prise en charge et la prévention de l’hyperbilirubi-
némie chez les nouveau-nés à terme et peu prématurés (35 semaines d’âge conceptionnel ou plus). Société canadienne de
pédiatrie, Comité d’étude du fœtus et du nouveau-né. Paediatr Child Health 2007;12:13B-24B. Reproduit avec autorisation.
Traduit et adapté par la Société canadienne de pédiatrie avec l’autorisation de Pediatrics 2004 ;114 :297-316. © 2004 par
l’American Academy of Pediatrics.
III. Traitement
Lorsqu’il existe un traitement spécifique de la cause de l’ictère, il doit être entre-
pris sans délai (exemple : antibiotiques pour un sepsis).
La plupart du temps, aucun traitement n’est nécessaire pour l’hyperbiliru-
binémie elle-même, sauf si le taux de bilirubine augmente à un niveau jugé
excessif. Parmi les facteurs de risque de développement d’un ictère important
nécessitant une intervention médicale particulière chez un nouveau-né figurent
les suivants : ictère observé dans les 24 premières heures de vie, incompatibi-
lité Rh ou ABO, déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase ou autre anémie
hémolytique héréditaire, âge gestationnel de moins de 36 semaines, fratrie avec
antécédent d’ictère et de photothérapie, présence d’un céphalhématome, mère
568 Ictère
300
250
200
150
• Il est possible d’offrir une photothérapie classique à l’hôpital ou à domicile si les concentra-
tions de BST se situent de 35 μmol/L à 50 μmol/L sous les taux indiqués.
• Utiliser la bilirubine totale. Ne pas soustraire la bilirubine réactive directe ou la bilirubine conjuguée.
100
• Facteurs de risque = maladie hémolytique iso-immune, déficit en G6PD, asphyxie, détresse
respiratoire, léthargie importante, instabilité de la température, sepsis, acidose.
+6
• Chez les nourrissons en santé de 35 à 37 semaines, on peut personnaliser le seuil de BST
50 autour du seuil de risque moyen ; établir des seuils plus faibles pour les nourrissons plus près
+6
de 35 semaines d’âge gestationnel et plus élevés pour ceux plus près de 37 semaines.
0
0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 132 144 156 168
Âge post-natal en heures
400
350
300
250
• L’exsanguino-transfusion immédiate est recommandée si le nourrisson présente des signes d’encéphalo-
pathie bilirubinémique aiguë (hypertonie, cambrure, rétrocolis, opisthotonos, fièvre, pleurs aigus).
200 • Facteurs de risque = maladie hémolytique iso-immune, déficit en G6PD, asphyxie, détresse respiratoire,
léthargie importante, instabilité de la température, sepsis, acidose.
+6
• Chez les nourrissons en santé de 35 à 37 semaines (risque modéré), on peut personnaliser le seuil
d’exsanguino-transfusion d’après l’âge gestationnel exact.
150
0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 132 144 156 168
Âge post-natal en heures
fièvre, difficultés alimentaires, vomissements, cri aigu ou cri cérébral et, par la
suite, opisthotonos, hypertonie, bombement de la fontanelle antérieure, convul-
sions et disparition du réflexe de Moro. L’ictère nucléaire peut conduire au décès
ou avoir plusieurs conséquences à long terme : déficience intellectuelle, paralysie
cérébrale, choréo-athétose, surdité et décoloration de l’émail des dents.
Ictère 571
4) Syndrome de Crigler-Najjar
Cette forme rare de déficit complet du mécanisme de glucuronyl conjugaison
de la bilirubine est transmise selon le mode autosomique récessif. L’hyperbi-
lirubinémie est marquée et se manifeste dès les premiers jours de vie. Seul un
traitement rapide par exsanguino-transfusions multiples permet d’éviter l’ictère
nucléaire. Le diagnostic se fait par séquençage génétique.
4) Syndrome d’Alagille
Il s’agit d’une maladie autosomique dominante provoquée par des mutations
du gène codant pour la protéine Jagged-1. Ce syndrome se caractérise par un
ictère cholestatique, un faciès anormal (front haut ou grand, menton pointu,
yeux enfoncés dans les orbites et hypertélorisme), un embryotoxon postérieur,
des anomalies vertébrales (vertèbres en papillon) et des malformations cardio-
vasculaires de nature diverse (sténose pulmonaire périphérique, sténose de
l’artère pulmonaire, tétralogie de Fallot). Les enfants atteints ont précocement
des selles acholiques persistantes. À la biopsie hépatique, il y a une hypoplasie
ou une paucité des canaux biliaires interlobulaires. Après l’âge de trois mois, les
sujets souffrent très souvent de prurit et, plus tard, de xanthomes (secondaires à
une rétention du cholestérol). À long terme, ils peuvent être atteints d’un hypo-
gonadisme, de troubles rénaux (exemples : sténose de l’artère rénale, dysplasie
rénale, kystes rénaux), ainsi que d’un retard staturopondéral et psychomoteur.
L’expression de la maladie varie ; certains patients évoluent vers une cirrhose et
nécessitent même une greffe hépatique.
5) Cholestase néonatale transitoire bénigne
Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion. Cette affection pourrait être causée par la
combinaison de plusieurs facteurs, parmi lesquels l’immaturité de la sécrétion
biliaire et une atteinte hépatique hypoxique ou ischémique. Plus fréquente chez
le prématuré, elle se résout spontanément durant la première année de vie et
ne laisse aucune séquelle.
6) Cholestase du nouveau-né ayant reçu une alimentation parentérale
Il s’agit également d’un diagnostic d’exclusion. Elle survient en général après
quelques jours d’alimentation parentérale exclusive, surtout chez les prématu-
rés, et est souvent aggravée par des infections. L’évolution s’avère généralement
favorable lorsque l’alimentation parentérale est cessée.
7) Syndrome de la bile épaisse
Cette entité doit surtout être évoquée chez le nouveau-né qui a présenté une
anémie hémolytique grave. Elle résulte d’une excrétion élevée de bilirubine non
monoconjuguée, beaucoup moins soluble que la bilirubine diconjuguée et hydro-
soluble. Le diagnostic est clinique ; le traitement dépend de la cause sous-jacente.
8) Infections
Bactériennes Cette étiologie de l’ictère doit surtout être soupçonnée si l’enfant
présente de la fièvre ou de l’hypothermie, de la léthargie, de l’anorexie ou une
altération de l’état général. L’agent infectieux le plus fréquent est l’Escherichia
coli (septicémie, infection urinaire).
Congénitales (virales ou parasitaires) Il s’agit le plus souvent de nourris-
sons de petit poids avec microcéphalie, calcifications intracrâniennes, cardiopa-
thie congénitale, surdité, cataractes ou atteinte de la rétine. En plus d’un ictère
précoce, ils peuvent présenter de l’irritabilité, des vomissements, des selles
acholiques transitoires, une hépatomégalie, une splénomégalie, une insuffisance
hépatocellulaire avec troubles de la coagulation, une anémie hémolytique ou
une thrombopénie. À la biopsie hépatique, on trouve une inflammation por-
tale, une stase biliaire et des transformations en cellules géantes. Le diagnostic
repose sur les recherches virales et les épreuves sérologiques. L’évolution est
574 Ictère
généralement favorable, sauf dans les cas graves où une fibrose post-nécrotique
non évolutive peut s’installer.
Acquises Il s’agit d’infections acquises en période néonatale. Les virus les plus
souvent en cause sont l’échovirus, le Coxsackie et l’Herpes simplex. Leur évolution
varie en fonction de la gravité de l’atteinte ; certains patients vont évoluer favora-
blement alors que d’autres iront jusqu’à nécessiter une greffe hépatique urgente.
9) Déficit en α1-antitrypsine
Il s’agit d’une maladie autosomique récessive qui se présente par un ictère cho-
lestatique néonatal prolongé, mais transitoire, pouvant évoluer ensuite vers la
cirrhose. Le diagnostic repose sur le dosage sérique de l’α1-antitrypsine plasma-
tique et sur la biopsie hépatique.
10) Fructosémie
La symptomatologie est assez semblable à celle de la galactosémie (voir ci-après)
et survient après l’introduction du fructose dans l’alimentation.
11) Galactosémie
Cette maladie autosomique récessive se manifeste souvent peu de temps après
que le nouveau-né a commencé à boire du lait. Le lait maternel et les prépara-
tions de lait commerciales pour nourrisson à base de protéines de lait de vache
contiennent en effet du galactose. Outre l’ictère, les manifestations cliniques
incluent une altération inexpliquée de l’état général, des vomissements, des dif-
ficultés alimentaires, de l’irritabilité, de la léthargie, des convulsions, une hépato-
mégalie, une splénomégalie, des cataractes et des infections, en particulier causées
par des bactéries à Gram négatif. Les enfants atteints peuvent également pré-
senter de l’hypoglycémie et de l’acidose métabolique. L’épreuve de dépistage
consiste à rechercher des sucres réducteurs autres que le glucose dans l’urine.
Le diagnostic de certitude repose sur le dosage de l’enzyme déficiente, la galactose-1-
phosphate uridyl transférase, dans les globules rouges. En cas de doute, il faut
recourir immédiatement à une alimentation sans lactose, comme le lait de soja.
La cholestase est généralement réversible rapidement, surtout dans le cas d’un
diagnostic précoce.
12) Maladies des peroxysomes
Ces maladies transmises selon un mode autosomique récessif peuvent se présen-
ter avec ou sans hypoplasie de voies biliaires intrahépatiques. Mis à part l’ictère,
les manifestations cliniques incluent fréquemment plusieurs dysmorphies : front
haut, épicanthus, hypertélorisme et hypoplasie des arcades sourcilières. Les en-
fants présentent également une atteinte neurologique grave, avec hypotonie,
convulsions et déficience intellectuelle, des kystes rénaux et des anomalies ocu-
laires (exemples : nystagmus, atrophie optique, opacités cornéennes, glaucome,
cataractes, rétinite pigmentaire, taches de Brushfield). Une biopsie hépatique
peut aider au diagnostic.
13) Tyrosinémie
La forme précoce de cette maladie autosomique récessive se manifeste au cours
des six premiers mois de vie par un retard de croissance et de développement,
une léthargie, de l’irritabilité, des vomissements, un ictère, une hépatomégalie, de
l’hypoglycémie, une atteinte rénale et un rachitisme. Les patients montrent des
Ictère 575
Généralités
Les infections aiguës des voies respiratoires supérieures (IVRS) (exemples : rhumes,
rhinopharyngites) sont très fréquentes, surtout chez les enfants âgés de moins de
six ans. Leur fréquence moyenne est de six à huit par année. De 10 à 15 % des
enfants d’âge préscolaire présentent 12 épisodes ou plus par an. Ces infections se
succèdent parfois de façon ininterrompue. Parmi les nombreux virus pouvant être
en cause figurent les rhinovirus (environ 50 % des cas), les coronavirus, le virus res-
piratoire syncytial, les virus para-influenza et influenza ainsi que l’adénovirus. L’in-
fluenza et le virus respiratoire syncytial prédominent l’hiver, tandis que les rhinovirus
se manifestent plutôt à l’automne et au printemps. L’absence d’immunité durable
et l’abondance des sérotypes (plus de 100 rhinovirus) expliquent la fréquence des
infections. Le principal mode de transmission est l’auto-inoculation par les mains
contaminées de sécrétions. L’excrétion virale dans les sécrétions nasopharyngées est
plus abondante durant les 2 ou 3 premiers jours de l’infection, et elle cesse habi-
tuellement après 7 à 10 jours. Parmi les facteurs de risque, il faut citer l’exposition
à la fumée du tabac et la fréquentation d’un service de garde (garderie, crèche).
Manifestations cliniques
Les symptômes sont plus marqués chez le nouveau-né et le nourrisson que
chez l’enfant plus âgé : la congestion nasale peut causer une obstruction respi-
ratoire haute et des difficultés alimentaires. Il peut y avoir de la fièvre. On note
une rhinorrhée aqueuse ou purulente. Il n’y a pas de corrélation entre la cou-
leur de la rhinorrhée (jaune ou verdâtre) et la surinfection bactérienne. L’enfant
tousse et éternue. Il peut présenter des malaises généraux, des céphalées et des
myalgies. Il y a souvent une hyperhémie conjonctivale et pharyngée. Des vomis-
sements et de la diarrhée peuvent survenir. L’incubation dure un ou deux jours.
La maladie persiste en moyenne de cinq à sept jours, avec un pic des symptômes
entre le 2e et le 4e jour.
Explorations
Le diagnostic demeure essentiellement clinique ; aucun examen complémentaire
n’est habituellement nécessaire.
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique. Sauf dans le cas du virus influenza, aucun
agent antiviral n’est disponible.
Malgré l’importante quantité de médicaments contre le rhume offerts en
vente libre, tels que les antihistaminiques et les décongestionnants, les études
n’ont démontré aucun bénéfice chez les enfants. Des effets nocifs parfois graves
peuvent être associés à leur utilisation, surtout s’il y a surdosage. Ils touchent
principalement le système nerveux central (altération de l’état de conscience,
convulsions, réactions dystoniques) et le système cardiovasculaire (bradycar-
die, tachycardie, hypertension, arythmies). Quelques rares cas de décès ont été
Infection urinaire 577
rapportés. Ces médicaments ne devraient pas être administrés aux enfants âgés
de moins de six ans. Les IVRS représentent un nombre important de consultations
médicales. Le rôle du médecin est d’expliquer le cours naturel de la maladie et
de souligner l’inutilité des antibiotiques dans ce type d’infection.
Le nouveau-né et le nourrisson ne se mouchant pas, il est utile d’instiller du
sérum physiologique dans les narines au moyen d’un compte-gouttes ou d’un
vaporisateur. Les sécrétions peuvent ensuite être aspirées plus facilement avec
une poire ou un « mouche-bébé ». Ces manœuvres peuvent se révéler très utiles
avant la tétée et devraient être enseignées aux parents. Dans les cas graves, une
aspiration peut être faite par un professionnel de la santé au moyen d’une sonde
reliée à un dispositif de succion.
Si la fièvre est incommodante, on peut donner soit de l’acétaminophène
(paracétamol), soit de l’ibuprofène. Il faut bannir l’acide acétylsalicylique en rai-
son du risque de syndrome de Reye. On doit maintenir une bonne hydratation.
Ni la vitamine C, ni le zinc, ni l’échinacée n’offrent un effet thérapeutique
ou protecteur prouvé.
Lorsque les symptômes ne s’atténuent pas après une dizaine de jours, on
peut soupçonner une adénoïdite ou une sinusite ; dans ce cas, une antibiothé-
rapie est parfois indiquée (voir Sinusite).
Complications
Les principales complications sont l’otite moyenne aiguë et la sinusite.
Prévention
L’allaitement offre une protection relative. Il faut limiter les contacts des jeunes
enfants avec des personnes enrhumées. Le lavage des mains demeure la mesure
préventive la plus efficace.
Il n’existe actuellement aucun vaccin contre les virus en cause, à l’excep-
tion du virus influenza.
Généralités
Les infections urinaires figurent au second rang des infections bactériennes de
l’enfant sur le plan de la fréquence, après celles des voies respiratoires. Pen-
dant la première année de vie, elles surviennent plus souvent chez le garçon,
mais après l’âge de un an, elles prédominent chez les filles. Environ 7 à 8 % des
filles et de 1 à 2 % des garçons présenteront une infection urinaire au cours de
leurs huit premières années de vie.
Le plus souvent, des bactéries fécales sont transmises par voie rétrograde
ascendante à point de départ du périnée (hypothèse fécale-périnéale-urétrale) ;
plus rarement, il s’agit d’une infection nosocomiale liée à une instrumentation
(exemple : cathéter vésical) ou d’une infection par voie hématogène associée à
une infection systémique.
578 Infection urinaire
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques varient selon qu’il s’agit d’une pyélonéphrite ou
d’une cystite. La présentation clinique dépend également de l’âge. La fièvre, sou-
vent isolée, est le mode de présentation le plus commun chez le jeune enfant.
Plus celui-ci avance en âge, plus il se plaint de symptômes orientant vers une
atteinte du tractus urinaire. Outre la fièvre, chacune des manifestations cliniques
suivantes peut survenir, seule ou en association : brûlures mictionnelles, miction
impérieuse, pollakiurie, dysurie, urine malodorante, rétention urinaire, douleur
abdominale ou lombaire et hématurie. Les symptômes urinaires bas sans fièvre
évoquent surtout une cystite, alors que la douleur abdominale ou lombaire, sur-
tout si elle est associée à de la fièvre, suggère plutôt une pyélonéphrite. Chez le
nouveau-né et le nourrisson, on peut aussi observer de l’anorexie, de l’irritabi-
lité, des vomissements, de la diarrhée ou, plus rarement, un ictère cholestatique
ou un retard de croissance pondérale.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse s’intéresse aux symptômes et aux signes mentionnés plus haut. Elle
recherche aussi certains facteurs de risque, comme une malformation des voies
génito-urinaires, une infection urinaire antérieure, ainsi que des antécédents
personnels ou familiaux de RVU. Chez le garçon, un jet urinaire faible ou inter-
rompu fait penser à une valve urétrale postérieure. On s’intéresse aux habitudes
Infection urinaire 579
III. Diagnostic
Il est important d’établir un diagnostic de certitude, car une infection urinaire
prouvée requiert souvent des explorations spécifiques. Les diagnostics erronés,
non fondés sur des cultures d’urine quantitatives, ou fondés sur des cultures
d’urine prélevées selon une technique inadéquate, sont fréquents ; ils entraînent
une médicalisation inopportune.
Les bandelettes réactives ont une bonne sensibilité comme méthode de
dépistage. Elles détectent les leucocytes (présence d’estérase leucocytaire), le
sang et les nitrites. En l’absence d’estérase leucocytaire et de nitrites, la proba-
bilité d’une infection urinaire chez un enfant symptomatique n’est que de 10 %
environ (la sensibilité de l’estérase leucocytaire et des nitrites est moins bonne
chez le nouveau-né). L’examen du sédiment urinaire est un autre moyen valable
de dépistage : la présence de leucocytes (plus de cinq par champ si l’échantillon
est centrifugé) et surtout de bactéries suggère fortement une infection urinaire,
en particulier lorsque le contexte clinique est évocateur. Dans tous les cas, le
diagnostic doit être confirmé par au moins une culture d’urine quantitative, pré-
levée de manière adéquate (au moins deux cultures si le prélèvement est fait
par mi-jet). Cela s’avère d’une importance cruciale ; il est très rare que l’état de
l’enfant impose de commencer un traitement antibiotique sans prendre le temps
de prélever l’urine de manière appropriée. L’échantillon doit être réfrigéré ou
ensemencé immédiatement, sinon le risque de culture faussement positive aug-
mente rapidement. Les modes de prélèvement possibles sont les suivants.
1) Ponction vésicale (spécificité : 99 %) : c’est le mode de prélèvement optimal
chez tout enfant fiévreux âgé de moins de six mois qui nécessite une anti-
biothérapie immédiate ou si des cultures d’urine prélevées par sac ou par
mi-jet sont douteuses (voir tableau 123.1). Elle est particulièrement utile en
présence d’une fusion des petites lèvres chez la fille ou d’un phimosis chez le
garçon. Il y a peu de contre-indications à procéder : suspicion d’une affection
abdominale aiguë, cellulite de la paroi abdominale, troubles de la coagulation.
Si la culture ne révèle aucune bactérie, l’infection urinaire est exclue. Toute
pousse de bactéries à Gram négatif, quel qu’en soit le nombre, confirme le
diagnostic. Le seuil de positivité pour les bactéries à Gram positif est de 106/L.
En cas d’échec de la ponction, il faut procéder à un cathétérisme vésical.
2) Cathétérisme vésical (spécificité : environ 85 à 90 %) : ce mode de prélè-
vement devrait être utilisé chez tout enfant âgé de moins de six mois qui
doit recevoir une antibiothérapie immédiate, lorsque la ponction vési-
cale a échoué. C’est aussi le mode de prélèvement optimal chez l’enfant
incontinent de six mois ou plus qui doit être traité immédiatement. Pour
580 Infection urinaire
entre autres des signes pouvant évoquer des valves urétrales postérieures
tels qu’une vessie à paroi épaissie ou trabéculée ou une dilatation de l’urètre
postérieur, avec ou sans hydro-urétéronéphrose).
• Une cystographie mictionnelle radiologique (cystographie rétrograde) avec
fluoroscopie pulsée constitue l’examen de référence pour le diagnostic du RVU
et la détection des valves urétrales postérieures. Elle est réalisée dès la pre-
mière infection urinaire dans l’une ou l’autre des circonstances suivantes.
a) Chez les enfants âgés de moins de deux mois.
b) Lorsque l’échographie rénale est anormale et oriente le diagnostic vers une
affection obstructive ou un RVU de haut grade.
c) Si le jet urinaire est anormal chez le garçon.
Dans les autres cas, plusieurs attendent une deuxième infection urinaire
avant de procéder et ne font pas cet examen d’emblée chez une fille de plus
de deux ans qui présente des infections urinaires basses.
• La scintigraphie rénale à l’acide dimercaptosuccinique marqué au technétium99
(DMSA) est l’examen de référence pour déterminer s’il y a une pyélonéphrite
aiguë ou des cicatrices rénales. Toutefois, la radiation liée à cet examen est
importante, soit environ 15 fois celle d’une cystographie mictionnelle radio-
logique avec fluoroscopie pulsée et 50 fois celle d’une radiographie pulmo-
naire. La scintigraphie rénale au DMSA n’est habituellement pas nécessaire
en phase aiguë. Par contre, elle se révèle utile dans certains cas douteux, par
exemple s’il y a contradiction entre un tableau clinique suggestif de pyélo-
néphrite aiguë et une culture d’urine négative. Cet examen est utilisé le plus
souvent pour le suivi des patients porteurs d’un RVU important, en particulier
ceux pour qui un traitement chirurgical est envisagé ou chez ceux qui ont
présenté plusieurs épisodes de pyélonéphrite.
Traitement
I. Traitement chez l’enfant de moins de 1 mois (ou 30 jours de vie)
On hospitalise l’enfant d’emblée et on le traite initialement par voie intraveineuse
avec l’association d’ampicilline et de gentamicine (1er choix) ou d’ampicilline et
de céfotaxime (2e choix). Des dosages sériques de gentamicine sont nécessaires
en cas d’insuffisance rénale. Les intervalles d’administration de la gentamicine
doivent être allongés en cas d’insuffisance rénale.
On prend habituellement le relais par voie orale après cinq à sept jours de
traitement intraveineux, à moins que l’hémoculture ne soit positive (dans un tel
cas, la durée du traitement intraveineux est souvent plus longue). On opte alors
pour l’antibiotique qui a le spectre le plus étroit possible tout en étant efficace,
en se basant sur l’antibiogramme (exemple : si possible, on choisit plutôt l’amoxi-
cilline que l’amoxicilline/acide clavulanique). Le triméthoprime/sulfaméthoxazole
n’est pas employé chez l’enfant de moins de un à deux mois. La durée totale
du traitement (par voie parentérale, puis par voie orale) est de 10 à 14 jours. Il
est inutile de répéter la culture d’urine durant le traitement ou au décours de
celui-ci si l’évolution s’avère satisfaisante.
Complications
Une bactériémie est possible au moment d’une pyélonéphrite, l’âge étant le fac-
teur de risque le plus important. Chez les enfants de moins de 1 mois, le taux de
bactériémie est de 15 à 35 %, mais diminue rapidement par la suite : il est d’envi-
ron 10 % entre l’âge de 1 et 2 mois et de 2 % dans le groupe d’âge de 2 à 36 mois.
Parmi les autres complications associées à la pyélonéphrite, mentionnons
les suivantes.
1) À court terme : abcès, néphrite focale (ou néphronie lobaire).
2) À moyen et à long terme : ce sont principalement les cicatrices rénales.
On les décèle dans environ 15 % des cas après une pyélonéphrite aiguë
sans que l’on puisse, bien souvent, déterminer avec certitude s’il s’agit de lésions
congénitales ou de lésions acquises. Si les cicatrices sont multiples, étendues
et bilatérales – cela survient quasi uniquement en cas d’infections répétées –,
la fonction rénale peut être compromise à long terme, et une hypertension
artérielle peut survenir. L’altération de la fonction rénale est proportionnelle
à l’étendue des cicatrices. L’évolutivité de celles-ci est difficile à établir, et
les moyens d’action demeurent limités. Une insuffisance rénale chronique
reste possible en présence de cicatrices majeures, mais l’infection urinaire est
devenue une cause rare d’insuffisance rénale chronique chez l’enfant dans
les pays industrialisés.
Suivi
Dans une pyélonéphrite aiguë, la fièvre chute dans les 24 premières heures dans
la moitié des cas et en 48 heures dans 85 % des cas. Il est important de réévaluer
l’enfant si la fièvre persiste 72 heures après le début du traitement. En cas de
non-réponse au traitement, il faut s’assurer du diagnostic, revoir l’antibiothérapie
selon le résultat des cultures et s’interroger sur l’observance au traitement. Dans
de rares cas, la persistance de la fièvre est due à une complication infectieuse,
comme un abcès rénal.
Une fois l’épisode aigu terminé, le suivi se fait en fonction du calendrier
habituel des visites périodiques. Environ le tiers des enfants présenteront au
moins une autre infection urinaire. On doit donc insister auprès des parents sur
l’importance d’une consultation précoce en cas de récidive des symptômes, entre
autres une fièvre soutenue non accompagnée de signes d’infection respiratoire.
On doit leur rappeler qu’une méthode de prélèvement de l’urine inappropriée
peut mener à un diagnostic faussement positif et leur mentionner quelles sont
les méthodes indiquées en fonction de l’âge de leur enfant.
Dans tous les cas, il importe de documenter et de traiter efficacement une
constipation ou une dysfonction mictionnelle associée. Les symptômes et les
Infections à entérovirus 585
Prévention
Il n’y a pas d’avantage net démontré en ce qui concerne la prophylaxie antibio-
tique ; quelques auteurs ont décrit une diminution du nombre d’infections uri-
naires avec une antibiothérapie prophylactique, mais cet effet demeure mince et
limité dans le temps. Par ailleurs, ce type de traitement peut augmenter le risque
d’infections avec des souches bactériennes résistantes.
L’emploi d’une antibiothérapie prophylactique chez les enfants présentant
un RVU est discuté dans le chapitre Reflux vésico-urétéral.
La circoncision est un facteur de protection relatif. Cela ne justifie pas sa pra-
tique systématique ; en effet, il faudrait circoncire environ 100 nourrissons pour
prévenir une seule infection urinaire. En cas d’infections urinaires récidivantes,
une telle intervention peut être indiquée, en particulier chez l’enfant âgé de moins
de 12 mois.
L’utilité des probiotiques et du jus de canneberge dans la prévention des
infections urinaires récurrentes chez l’enfant n’est pas démontrée.
Généralités
Le groupe des entérovirus comprend les poliovirus, les virus Coxsackie et les
échovirus. Les paréchovirus sont suffisamment différents pour appartenir à un
autre genre viral. Tous ces virus font partie de la famille des Picornaviridæ ; ils
586 Infections à entérovirus
ont la capacité d’infecter les voies digestives, mais également plusieurs autres
systèmes. Parmi les populations vaccinées, les infections à virus poliomyélitique
ne sont plus un problème de santé publique, mais les infections associées aux
autres agents pathogènes de cette famille restent très fréquentes. La grande majo-
rité d’entre elles sont asymptomatiques. Leurs manifestations cliniques demeurent
le plus souvent non spécifiques : fièvre isolée, infection des voies respiratoires
supérieures, diarrhée, conjonctivite. Elles sont responsables de la majorité des
éruptions virales chez l’enfant et représentent la première cause de méningite
aseptique. Elles entraînent moins fréquemment d’autres maladies, de gravité
variable : myocardite, péricardite, laryngite, bronchiolite, bronchite, pneumonie,
hépatite, pancréatite, parotidite, orchite, arthrite, myosite, ataxie cérébelleuse, en-
céphalite, myélite transverse, névrite optique, syndrome de Guillain-Barré. Chez
l’enfant en bonne santé, l’évolution est favorable. Les formes graves ou compli-
quées s’observent principalement chez les enfants immunocompromis et tout
particulièrement chez les sujets agammaglobulinémiques. L’atteinte infectieuse
du nouveau-né se distingue par son extrême gravité (voir section Maladie grave
du nouveau-né).
Dans les pays tempérés, les infections à entérovirus sont plus fréquentes
en été ou au début de l’automne. Elles se transmettent par contact direct fécal-
oral, mais également par les gouttelettes respiratoires ou, indirectement, par les
objets. L’incubation est de trois à six jours.
Des entités cliniques plus différenciées sont associées à des sérotypes d’en-
térovirus particuliers (voir Entités cliniques spécifiques plus bas), mais cette spé-
cificité est toute relative puisque des sérotypes différents peuvent donner un
syndrome similaire. Les infections à paréchovirus ont des manifestations sem-
blables à celles causées par l’entérovirus, sauf pour des formes plus graves chez
le jeune enfant.
Explorations
Le plus souvent, aucune exploration complémentaire n’est nécessaire. Dans cer-
taines situations particulières (exemples : encéphalite, hépatite, myocardite), on
établit l’étiologie par des cultures virales de gorge, des selles ou du LCR. La pré-
sence isolée d’un entérovirus dans les selles doit être interprétée avec prudence,
car l’excrétion fécale se poursuit pendant plusieurs semaines. Les tests de détec-
tion d’acides nucléiques (exemple : PCR) tendent à se généraliser pour les enté-
rovirus. La qualité et la fiabilité de ces méthodes varient encore beaucoup d’un
laboratoire à l’autre. Leur utilité la plus reconnue réside dans le diagnostic des
méningites : ces examens sont supérieurs à la culture virale et permettent un
diagnostic plus rapide. La sérologie devrait être réservée à des cas exceptionnels
pour rechercher un sérotype particulier.
Traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique. Le pléconaril a été utilisé dans des formes
graves, mais il n’est plus disponible. Les perfusions d’immunoglobulines stan-
dards intraveineuses ont démontré une efficacité variable, même dans les cas de
méningite chronique chez des patients agammaglobulinémiques.
Infections à entérovirus 587
Prévention
Les précautions de contact doivent s’appliquer pendant la durée de la maladie.
Impétigo
L’impétigo est une infection cutanée superficielle très fréquente chez l’enfant
d’âge préscolaire. Cette affection est causée par le Staphylococcus aureus, par
le Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A) ou par les
deux germes à la fois. Courante en été, elle se transmet facilement de personne
à personne, par contact avec les lésions ou des objets contaminés. L’impétigo est
dit « primaire » lorsqu’il affecte une peau saine et « secondaire » lorsqu’il s’agit d’une
surinfection d’une lésion cutanée sous-jacente, tels une abrasion ou un eczéma.
L’impétigo touche principalement le visage et les extrémités. La forme habituelle,
non bulleuse, est caractérisée par des lésions bien circonscrites apparaissant d’abord
comme des plaques érythémateuses maculopapuleuses et évoluant rapidement pour
devenir vésiculeuses, puis pustuleuses. Par la suite, elles peuvent se recouvrir d’une
croûte caractéristique qui a l’aspect du miel. Des lésions satellites peuvent appa-
raître par auto-inoculation. La forme bulleuse, caractérisée par des vésicules et des
phlyctènes (bulles), est causée par le S. aureus qui produit localement une toxine.
Une fois guéries, les lésions d’impétigo ne laissent habituellement pas de cicatrices.
Une culture des lésions peut s’avérer utile, surtout dans le cas de résistance
au traitement empirique.
Selon les cas, l’impétigo se traite par voie topique ou par voie générale.
1) Pour les lésions peu étendues, on préfère l’antibiothérapie topique seule. On
utilise la mupirocine ou l’acide fusidique en application locale 2 fois par jour,
pendant 7 à 10 jours.
2) On recommande une antibiothérapie par voie générale chez le nouveau-né ou
le nourrisson ou, chez l’enfant plus âgé, dans les circonstances suivantes : lésions
étendues ou profondes, lésions récalcitrantes, fièvre, altération de l’état général,
éruption scarlatiniforme, dermite atopique sous-jacente, déficit immunitaire.
On prescrit habituellement un traitement oral ; on envisage la voie parentérale
en cas de complication. Le premier choix par voie orale est la céphalexine
(céfalexine). Une autre option est la cloxacilline ou, en France, l’oxacilline.
On peut aussi utiliser l’association amoxicilline/acide clavulanique. Si l’enfant
a une allergie vraie aux pénicillines et aux céphalosporines, on peut le traiter
avec la clindamycine ou l’érythromycine. Si l’épidémiologie locale fait suspec-
ter la présence de S. aureus résistant à la méthicilline (SARM) ou si le patient
ou un membre de la maisonnée est connu comme étant porteur de SARM, on
adapte l’antibiothérapie en conséquence en attendant le résultat des cultures.
Infections bactériennes bénignes de la peau 589
Folliculite
La folliculite bactérienne superficielle est une infection du follicule pilosébacé,
le plus souvent causée par le S. aureus. On observe une ou plusieurs petites
papulopustules sur une base érythémateuse autour des orifices folliculaires. Les
régions les plus touchées sont le visage, le cou, le tronc, les fesses et les extré-
mités. Certains facteurs tels le frottement de vêtements, le rasage, une hygiène
sous-optimale ou la macération peuvent prédisposer à ce type d’infection. Les
lésions régressent habituellement spontanément sans laisser de cicatrice et n’af-
fectent pas la croissance du poil.
On peut avoir recours à un nettoyant antiseptique (à base de chlorhexidine
ou de triclosan) ou à une antibiothérapie topique (exemples : mupirocine, acide
fusidique) pour accélérer la guérison. Dans de rares cas extensifs, ou si l’infection
folliculaire est plus profonde, on doit parfois administrer un traitement antibio-
tique par voie générale (exemples : céphalexine ou cloxacilline).
Devant une folliculite récurrente ou réfractaire au traitement, il est utile d’ef-
fectuer un prélèvement pour culture bactérienne. Un état de porteur chronique
de S. aureus doit être recherché au moyen de cultures des narines et du périnée,
et la possibilité d’un SARM doit être évoquée.
D’autres agents étiologiques possibles incluent les bactéries à Gram négatif
(exemples : Klebsiella, Enterobacter, Proteus) chez les patients ayant reçu un trai-
tement antibiotique prolongé pour l’acné et le Pseudomonas aeruginosa chez les
personnes ayant passé du temps dans un bain à remous ( JacuzziMD) mal nettoyé.
Dans ce dernier cas, on observe des papules et des pustules érythémateuses
ou violacées, surtout dans les régions couvertes par le maillot, s’accompagnant
parfois d’une atteinte de l’état général et de fièvre. Les lésions apparaissent de 6 à
72 heures après l’exposition et, chez l’enfant immunocompétent, se résolvent
spontanément en 1 à 2 semaines, laissant souvent une hyperpigmentation post-
inflammatoire. Les enfants immunocompromis sont à risque de complications et
devraient éviter les bains de type JacuzziMD.
Furoncles
Le furoncle est une infection profonde du follicule pileux habituellement causée
par le S. aureus. Il se manifeste initialement par un nodule ferme et douloureux
et évolue progressivement sur une période de une ou deux semaines, vers l’ap-
parition d’une nécrose centrale et l’écoulement de pus au moment de la rupture
de l’abcès. Le furoncle laisse souvent une cicatrice après la guérison.
Le furoncle est plus souvent observé chez l’adolescent que chez le jeune enfant.
Il atteint les zones pourvues de poils, en particulier le visage, le cou, les régions axil-
laires et inguinales et les fesses. Parmi les facteurs prédisposants figurent l’obésité, la
sudation excessive, la macération, la friction ou une dermite atopique sous-jacente.
Le traitement inclut une bonne hygiène locale et l’application de compresses
chaudes et humides. Les lésions de grande taille peuvent être incisées et drainées,
en effectuant un prélèvement pour culture bactérienne. On doit parfois avoir
recours à une antibiothérapie par voie orale (exemples : céphalexine ou cloxa-
cilline), notamment pour des furoncles de taille importante, lorsqu’ils sont nom-
breux, en présence de symptômes systémiques (fièvre, frissons) ou de signes
de cellulite, s’ils touchent le visage ou si l’infection persiste plus d’une dizaine de
jours. Pour éviter les récurrences, le port de vêtements amples et le maintien
d’une bonne hygiène sont de rigueur.
590 Infections congénitales
Complications
Les principales complications des infections cutanées bactériennes superficielles
sont la cellulite, la lymphangite, l’endocardite, la glomérulonéphrite (S. pyogenes),
l’ostéomyélite, l’arthrite septique, la scarlatine (S. pyogenes), la septicémie et le
staphylococcal scalded skin syndrome (SSSS).
Mesures épidémiologiques
Si l’enfant est hospitalisé, un isolement de contact s’impose jusqu’à ce que le
traitement ait été administré pendant plus de 24 heures. Lorsque plusieurs cas
se présentent dans la même famille, on suggère de traiter les personnes atteintes
par un traitement à la fois par voie orale et par voie topique. Le contact direct
avec les lésions cutanées devrait être évité ainsi que le partage du linge de toi-
lette. Devant des infections cutanées bactériennes récurrentes, on doit d’abord
rechercher un état de porteur chronique de S. aureus chez l’enfant ou dans son
entourage proche, suspecter la présence de SARM et, plus rarement, rechercher
la possibilité d’un déficit immunitaire.
Généralités
Les infections congénitales peuvent se présenter sous plusieurs formes, dont
la mort du fœtus, une naissance prématurée ou une restriction de croissance
intra-utérine, un sepsis néonatal, des malformations graves ou encore être tout à
fait asymptomatiques à la naissance (nouveau-né « normal »). De nombreux agents
infectieux, tels que le cytomégalovirus (CMV), le virus Herpes, le Toxoplasma
gondii, le Treponema pallidum et le virus de la rubéole peuvent être respon-
sables de ces infections, à différents moments de la grossesse, et être transmis au
fœtus par voie transplacentaire. Lorsqu’elles surviennent au cours des premiers
mois de la grossesse, certaines infections congénitales entravent l’organogenèse
et peuvent être responsables de malformations congénitales (exemple : rubéole).
Acquises à la fin de la grossesse, elles causent parfois, chez le nouveau-né, un
syndrome infectieux similaire à un sepsis néonatal.
Approche clinique
Seule l’approche clinique des nouveau-nés suspectés d’être atteints d’une
infection congénitale sera abordée ici. Plusieurs de ces infections peuvent se
révéler tardivement, dans les premiers mois, voire dans les premières années
de vie. Un diagnostic étiologique rétrospectif s’avère alors extrêmement difficile
à porter.
Bien que la plupart des nouveau-nés atteints d’une infection congénitale
naissent de mères asymptomatiques, on doit d’abord s’enquérir des antécédents
maternels (voir tableau 126.1), des résultats de l’étude histopathologique du
placenta et des sérologies faites chez la mère durant la grossesse.
Infections congénitales 591
afin que le placenta puisse être analysé. Le dépistage de la surdité doit être fait
assez précocement (surtout pour le CMV et la rubéole) et doit être répété ulté-
rieurement, car certaines surdités sont progressives.
Entités spécifiques
Cette section traite de l’infection congénitale à CMV, ainsi que de la rubéole, de
la syphilis et de la toxoplasmose congénitales. L’infection à CMV est la plus fré-
quente des infections congénitales. La syphilis est en recrudescence chez l’adulte
dans plusieurs milieux, et les statistiques mondiales démontrent une augmenta-
tion des infections congénitales par le T. pallidum. La toxoplasmose congénitale
demeure assez fréquente en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique sub-
saharienne ; elle est plus rare au Canada. Les infections par le parvovirus B19,
le virus Herpes et l’entérovirus sont décrites dans d’autres chapitres de ce livre
et ne sont donc pas reprises ici.
2) Manifestations cliniques
Environ 10 % des enfants atteints d’une infection à CMV sont symptomatiques ; la
majorité des nouveau-nés infectés (90 %) ne présentent aucun trouble apparent,
ce qui n’exclut pas la possibilité de complications tardives.
Dans sa forme généralisée, l’infection congénitale à CMV touche de mul-
tiples organes avec une atteinte particulièrement marquée du système réticulo-
endothélial et hématopoïétique ainsi que du SNC. L’hépatosplénomégalie, l’ictère,
les pétéchies, le purpura et la microcéphalie sont les signes cliniques les plus
fréquents. La léthargie, l’hypotonie, les difficultés alimentaires et les convulsions
sont souvent observées.
L’atteinte neurologique n’est pas toujours présente ou reconnue en période
néonatale. Chez les enfants infectés qui sont symptomatiques en période néo-
natale, on observe des séquelles à long terme, principalement neurologiques,
dans 90 % des cas, alors que 10 % des enfants asymptomatiques à la naissance
auront de telles séquelles. La surdité neurosensorielle est la principale manifes-
tation à long terme, mais d’autres atteintes telles que la déficience intellectuelle,
les déficits moteurs et la choriorétinite peuvent survenir.
3) Diagnostic
Le diagnostic repose sur les éléments suivants.
• Histoire d’infection à CMV chez la mère pendant la grossesse ; cet élément
est fréquemment absent, car la plupart des infections acquises passent ina-
perçues.
• Tableau clinique suggestif chez le nouveau-né.
Infections congénitales 595
• Culture du virus ou recherche par PCR dans les liquides biologiques et parti-
culièrement dans l’urine. Afin de poser un diagnostic d’infection congénitale,
il est impératif que le prélèvement d’urine soit effectué avant l’âge de trois
semaines. Une culture ou une PCR positive après cette date peut résulter d’une
infection post-natale (à la suite d’une transfusion ou par le lait maternel). Le
virus peut être excrété dans l’urine pendant des années.
• Présence d’IgM spécifiques ; le diagnostic requiert alors une confirmation par
d’autres analyses. Les IgG spécifiques sont d’origine maternelle.
4) Traitement
Il est indiqué de traiter un nouveau-né symptomatique avec un agent antiviral.
Classiquement, il a été établi que le ganciclovir intraveineux administré pen-
dant six semaines améliorait le devenir auditif des enfants atteints. Depuis, des
études pharmacocinétiques portant sur le valganciclovir donné par voie orale
chez les nouveau-nés ont démontré que les concentrations de médicament actif
dans le sang étaient comparables à celles obtenues avec la forme intraveineuse,
avec une tolérance équivalente. Ainsi, il est désormais acceptable de traiter les
patients avec du valganciclovir par voie orale. La durée exacte de traitement
reste controversée. Un traitement de trois à six mois pourrait être proposé afin
de diminuer davantage les séquelles neurologiques et développementales à long
terme qu’avec un traitement plus court.
5) Mesures de prévention et d’isolement
L’enfant atteint d’une infection congénitale à CMV excrétera longtemps le virus
dans l’urine et la salive. Les mesures de protection standards sont adéquates.
II. Rubéole congénitale
1) Généralités
L’incidence de la rubéole congénitale a beaucoup diminué grâce aux programmes
de vaccination. Dans les pays industrialisés, un faible pourcentage des femmes
en âge de procréer échappe à la vaccination systématique contre la rubéole. En
général, les femmes provenant de pays en voie de développement n’ont pas été
vaccinées contre la maladie.
Le risque d’infection fœtale est très élevé (environ 90 %) au cours du pre-
mier trimestre de la grossesse, puis il s’atténue pendant le reste de la gestation
(de 25 à 50 % environ).
2) Manifestations cliniques
L’atteinte précoce du fœtus (au cours des quatre premiers mois de grossesse)
peut causer des malformations congénitales. Le spectre de gravité de la rubéole
congénitale est très étendu : il va de l’absence totale de trouble apparent à une
atteinte multisystémique dévastatrice avec déficience intellectuelle, surdité, cata-
ractes et atteinte cardiaque. Certains types de troubles ne se manifestent que
des mois ou des années plus tard, en particulier la déficience intellectuelle, la
surdité ou les cataractes. Avant l’ère de la vaccination systématique, la rubéole
était la cause la plus fréquente de surdité.
3) Diagnostic
Le diagnostic repose sur les éléments suivants.
• Une histoire de rubéole au cours de la grossesse (mais la maladie passe ina-
perçue dans près de 50 % des cas).
• Les caractéristiques cliniques du nouveau-né (voir ci-dessus) (mais l’absence
d’anomalies détectables n’exclut pas la possibilité de manifestations tardives).
596 Infections congénitales
• La culture du virus dans les sécrétions pharyngées, l’urine, le LCR et, en cas
de cataracte opérée, le cristallin.
• La présence d’IgM spécifiques.
4) Traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique.
2) Manifestations cliniques
Elles sont extrêmement variables, ce qui vaut à cette maladie le titre de « grand
imitateur ». Le praticien doit donc avoir un indice de suspicion élevé pour cette
affection facilement traitable. L’infection fœtale qui survient tôt pendant la ges-
tation mène souvent à un avortement spontané ou à une mort in utero. Parmi
les naissances vivantes, environ deux nouveau-nés infectés sur trois sont symp-
tomatiques, alors que des signes de la maladie se développeront plus tardive-
ment chez l’autre tiers.
Les manifestations cliniques survenant au cours des deux premières années
de vie sont dites précoces. Elles sont le résultat direct de l’infection active et
incluent l’hépatosplénomégalie, la rhinite hémorragique, les adénopathies, les
lésions mucocutanées, l’ostéochondrite, la pseudo-paralysie, l’anémie hémoly-
tique et la thrombopénie.
Les signes et les symptômes de la syphilis congénitale tardive sont le résul-
tat de la cicatrisation ou de l’inflammation persistante. Parmi ceux-ci figurent les
problèmes de dentition (hypoplasie dentaire avec dents de Hutchinson, molaires
mûriformes ou mulberry molar), des yeux (kératite interstitielle, cicatrice cor-
néenne), de l’audition (surdité neurosensorielle par atteinte du nerf crânien VIII),
du visage (nez en selle) et de la peau (fissures près des orifices ou rhagades),
du SNC (paralysie des nerfs crâniens, atrophie du nerf optique, retard de déve-
loppement, hydrocéphalie) et du système squelettique (tibia en sabre, perforation
du palais dur, proéminence des clavicules proximales ou signe d’Higouménakis).
3) Examens complémentaires
Ce sont les épreuves sérologiques qui mènent au diagnostic. Celles-ci sont clas-
sées en épreuves non tréponémiques et en épreuves tréponémiques.
Infections congénitales 597
4) Diagnostic
La première étape est une preuve sérologique qui confirme l’infection maternelle.
Le diagnostic est établi en fonction des résultats des épreuves sérologiques chez
l’enfant et chez la mère, du traitement que celle-ci a reçu en cours de grossesse,
du délai entre ce traitement et l’accouchement, et de la réponse sérologique ma-
ternelle à ce traitement. De plus, tout enfant dont la mère a contracté une syphilis
secondaire ou tertiaire dans la première année après sa naissance devrait être
évalué pour la possibilité d’une infection syphilitique.
Si certains éléments font craindre que l’enfant ait été infecté, une ponction
lombaire doit être effectuée pour analyser le taux de globules blancs et de pro-
téines, et il faut doser le VDRL dans le LCR. D’autres examens complémentaires
peuvent être nécessaires tels que des radiographies des os longs (ostéochondrite
et périostite du fémur et de l’humérus) et des analyses hématologiques (anémie
hémolytique, thrombopénie).
Plusieurs catégories diagnostiques peuvent être définies selon les résultats
des examens complémentaires.
Diagnostic définitif Il y a présence, dans les lésions ou les tissus infectés, du
T. pallidum en microscopie. Cette technique n’est plus disponible en routine.
Diagnostic hautement probable C’est le cas dans l’une ou l’autre des cir-
constances suivantes.
• Les tests sérologiques non spécifiques sont positifs chez le nouveau-né à des
taux quatre fois plus élevés que ceux de la mère.
• Les tests sérologiques non spécifiques sont positifs, et il existe des signes cli-
niques compatibles avec le diagnostic de syphilis congénitale.
• Le VDRL est positif dans le LCR.
• Les tests sérologiques tréponémiques sont positifs après l’âge de 15 mois (dans
ce dernier cas, on devrait suspecter des sévices sexuels).
Diagnostic probable Les tests sérologiques non spécifiques sont positifs en
l’absence de signes cliniques compatibles, et la mère n’a pas été traitée adéqua-
tement durant la grossesse.
Diagnostic possible Les tests sérologiques non spécifiques sont positifs en
l’absence de signes cliniques compatibles, et la mère a été traitée adéquatement
durant la grossesse.
598 Infections congénitales
5) Traitement
Le traitement dépend de la catégorie diagnostique. Les enfants chez qui l’on
porte un diagnostic définitif ou hautement probable de syphilis congénitale sont
traités avec de la pénicilline G par voie intraveineuse pendant 10 à 14 jours.
Pour un diagnostic probable, on opte parfois pour une seule dose de pénicilline
benzathine intramusculaire si les examens complémentaires (incluant le LCR)
sont normaux et qu’un suivi du nouveau-né est assuré. Si ces deux conditions
ne sont pas remplies, un traitement de 10 à 14 jours avec de la pénicilline G par
voie intraveineuse doit être administré ; plusieurs experts préfèrent le traitement
long d’emblée. On peut traiter une syphilis congénitale possible avec une seule
dose de pénicilline benzathine intramusculaire, mais certains craignent que
ce traitement ne soit pas suffisant, surtout s’il s’agit d’une séroconversion mater-
nelle pendant la grossesse. Enfin, si la syphilis demeure peu probable, il est
acceptable de ne pas traiter l’enfant, à la condition qu’un suivi adéquat soit assuré.
Dans tous les cas, un suivi clinique et sérologique s’impose. Les titres de RPR
devraient diminuer jusqu’à devenir négatifs.
3) Diagnostic
Le diagnostic repose sur un ou plusieurs des éléments suivants.
• Une séroconversion au cours de la grossesse ou une histoire de toxoplasmose
acquise durant la grossesse ; cependant, l’absence d’antécédent obstétrical n’ex-
clut en rien une toxoplasmose congénitale. Chez la mère, la détermination de
l’avidité des IgG pour l’antigène toxoplasmique aide à dater l’infection. Une
forte avidité permet d’exclure une infection de moins de trois à six mois.
• Un tableau clinique suggestif chez le nouveau-né associé à la détection du
parasite par PCR ou par étude histologique du placenta.
• La présence d’IgM spécifiques. Les IgG spécifiques sont d’origine maternelle
si leur titre diminue progressivement au cours des six premiers mois de vie ; si
elles demeurent stationnaires ou augmentent, cela indique que l’enfant est
infecté.
• La détection du parasite par PCR dans les liquides biologiques de l’enfant :
cela confirme le diagnostic.
4) Traitement
Chez le nouveau-né infecté ou suspecté d’infection compte tenu d’une infec-
tion chez la mère durant la grossesse, un traitement est indiqué afin de diminuer
la survenue et la gravité des manifestations cliniques. On opte le plus souvent
pour l’association, pendant deux à six mois, de pyriméthamine et de sulfadiazine,
à laquelle on ajoute un supplément d’acide folinique pour prévenir la toxicité
médullaire. La pyriméthamine est poursuivie pendant un an à raison de trois jours
par semaine, et la prise de sulfadiazine demeure quotidienne. Certains praticiens
font alterner un mois de spiramycine et un mois de l’association de pyrimétha-
mine, de sulfadiazine et d’acide folinique. Une corticothérapie par voie générale
est indiquée en présence d’une choriorétinite ou d’une hyperprotéinorachie.
5) Mesures de prévention et d’isolement
Aucune mesure préventive ou d’isolement n’est nécessaire pour l’enfant atteint.
Généralités
Le virus Herpes simplex (HSV) appartient à la famille des Herpes viridæ. Ubiqui-
taire, il existe sous deux types : HSV-1 et HSV-2.
Le HSV se transmet essentiellement par contact direct, mais également par
voie transplacentaire ou verticale dans les cas d’infection néonatale. Des lésions
traumatiques minimes de la peau ou des muqueuses favorisent l’infection. Les
principales formes cliniques sont l’atteinte cutanée, l’infection des muqueuses
buccale ou génitale, la conjonctivite, la kératite et l’encéphalite. En dehors de la
période néonatale, la durée d’incubation est de 2 à 14 jours.
Classiquement, il était admis que les infections génitales et, par extension,
les infections néonatales soient surtout causées par le HSV-2. Les données épidé-
miologiques récentes suggèrent que l’acquisition du HSV-1 se fait moins souvent
pendant l’enfance, plus tardivement à l’âge adulte, avec une acquisition croissante
600 Infections herpétiques
par voie génitale, entraînant ainsi une augmentation du nombre de cas d’in-
fections néonatales par le HSV-1. Les infections cutanées, labiales, oculaires et
cérébrales, après la période néonatale, sont généralement causées par le type 1.
La majorité des primo-infections sont asymptomatiques, incluant celles qui
surviennent pendant la grossesse. Lorsqu’il y a des manifestations cliniques, il
s’agit le plus souvent d’une gingivostomatite chez l’enfant et d’ulcères génitaux
chez l’adolescent. Sauf chez le nouveau-né et l’hôte immunocompromis, la plu-
part des lésions mucocutanées demeurent localisées.
À la suite d’une primo-infection, le virus demeure latent à vie dans les
ganglions des racines nerveuses sensitives. Il peut se réactiver spontanément ou
sous l’influence de certains facteurs déclenchants comme la fièvre, le stress, les
menstruations et l’exposition aux rayons ultraviolets. Cela explique les récidives
multiples possibles de l’herpès labial et génital. La majorité des réactivations sont
asymptomatiques, mais présentent un risque de transmission virale.
Les principales méthodes diagnostiques sont la culture virale, l’immunofluores-
cence directe sur le liquide d’une vésicule et la détection d’acides nucléiques
par PCR. La recherche de cellules géantes multinucléées et d’inclusions intranu-
cléaires éosinophiles dans le produit de grattage d’une lésion n’est pas très sen-
sible ; elle demeure peu recommandée. La PCR sur le LCR est l’épreuve de choix
pour diagnostiquer une infection du système nerveux central. Des anticorps de
type IgG apparaissent dans les semaines suivant la primo-infection et persistent
à vie. Peu utile pour établir le diagnostic au moment d’une manifestation aiguë,
une sérologie positive témoigne d’une infection antérieure et permet au mieux
un diagnostic rétrospectif en cas de doute. Il existe des épreuves de sérologie
spécifiques du HSV-1 ou du HSV-2. Ce type de test peut être intéressant pour
conseiller des couples discordants quant à leur statut relatif au HSV. La sérologie
spécifique de type 2 indique presque toujours qu’il s’agit d’une infection génitale.
La sérologie spécifique de type 1 ne permet pas de discriminer une infection
labiale d’une infection génitale.
les cas atypiques. Chez l’enfant sain, un traitement médical n’est pas indiqué.
Chez l’enfant immunocompromis, l’acyclovir est administré par voie intravei-
neuse pendant 7 à 14 jours selon la réponse clinique. Les traitements topiques
semblent peu efficaces.
V. Herpès cutané
Les petites vésicules, disposées en bouquet sur un fond érythémateux, sont carac-
téristiques. Elles touchent une zone habituellement assez peu étendue. La peau
traumatisée est plus vulnérable. Ces vésicules se rompent, puis guérissent sans
laisser de cicatrice en une à trois semaines. Les patients se plaignent fréquem-
ment d’une douleur parfois intense dans la région atteinte, semblable à celle
d’une brûlure. Le plus souvent, il n’y a pas de fièvre. Une surinfection bacté-
rienne est possible. L’herpès cutané peut ressembler au zona, mais contrairement
à ce dernier, sa distribution ne respecte pas la configuration d’un dermatome.
Chez l’enfant sain, il n’est pas, a priori, indiqué de prescrire de l’acyclovir, sys-
témique ou topique. Toutefois, selon la localisation (visage), un traitement oral
peut être proposé pour accélérer la guérison. Chez l’enfant immunocompromis,
on administre l’acyclovir par voie intraveineuse pendant 7 à 14 jours selon la
réponse clinique.
Un panaris herpétique peut survenir à la suite du contact d’un doigt avec
une lésion ou des sécrétions contaminées par le virus. Un traitement à l’acy-
clovir par voie orale est parfois nécessaire, pendant cinq à sept jours, lorsque
l’infection tarde à guérir.
L’eczéma herpétiforme (éruption varicelliforme de Kaposi) est une forme
particulièrement grave de la maladie. Il s’agit d’une atteinte cutanée étendue qui
se greffe sur une dermite atopique et qui peut s’accompagner de fièvre. Elle
peut provoquer des pertes importantes d’eau, d’électrolytes et de protéines. Un
remplissage vasculaire semblable à celui des patients atteints de brûlures devient
alors nécessaire. Il y a un risque de dissémination de l’infection ou de surinfection
bactérienne. Il est important de reconnaître rapidement cette forme de la mala-
die afin d’éviter l’application de corticostéroïdes. Le traitement initial repose sur
l’administration d’acyclovir intraveineux ; sa durée dépend de l’évolution clinique.
VIII. Encéphalite
On doit évoquer le diagnostic d’encéphalite herpétique précocement chaque
fois qu’un patient se présente avec une encéphalite grave, et ce, quel que
soit son âge, qu’il existe ou non des antécédents d’herpès (voir Encéphalite).
Alors qu’en théorie, l’infection par le HSV peut toucher n’importe quel terri-
toire cérébral, le virus possède un tropisme particulier pour les régions tempo-
rales après la période néonatale. Les principales manifestations sont la fièvre
(environ 80 % des cas) de survenue brutale, à laquelle peuvent rapidement
s’associer une irritabilité, une altération de l’état de conscience (plus de 90 %
des cas), des céphalées (environ 60 % des cas) et des convulsions localisées
(classiquement du visage et du membre supérieur) ou généralisées. La sus-
picion diagnostique est renforcée par l’aspect de l’EEG, qui peut montrer un
tracé caractéristique d’ondes lentes (pseudo-périodiques) en temporal, et par
la présence de lésions bitemporales hypodenses qui prennent le contraste en
périphérie sur la tomodensitométrie cérébrale. La ponction lombaire révèle
généralement l’existence d’une pléiocytose dans le LCR. Comme pour l’en-
céphalite néonatale, la méthode diagnostique de choix est la recherche du
virus par PCR. Le traitement repose sur l’acyclovir intraveineux, que l’on doit
amorcer sans attendre la confirmation diagnostique. La durée de traitement est
de 21 jours ; un contrôle de la PCR sur le LCR est recommandé avant de cesser
le traitement. Si la PCR sur le LCR demeure positive après trois semaines de
traitement, il est suggéré de prolonger celui-ci. Le pronostic s’avère d’autant
meilleur que le traitement est précoce ; sans traitement spécifique, le taux de
mortalité est de 70 %.
Infections herpétiques 605
X. Infections récidivantes
Un traitement suppressif à long terme, avec de l’acyclovir, est parfois nécessaire
en cas d’infection récidivante, quel que soit son site.
Prévention
I. En ce qui a trait à l’infection néonatale
Si la mère avait des lésions génitales actives pendant l’accouchement, le nouveau-
né exposé est observé de près, de préférence dans une chambre mère-enfant.
Il fait l’objet de mesures d’isolement de contact s’il est né par voie vaginale ou,
en cas de césarienne, si les membranes étaient rompues depuis plus de quatre
à six heures.
La mère qui présente des lésions génitales actives devrait se laver soigneu-
sement les mains avant et après avoir pris soin de son enfant. Elle devrait porter
des vêtements propres couvrant les lésions.
La mère qui présente un herpès labial ou génital peut allaiter, à condition
que le mamelon ne soit pas atteint. En cas d’herpès labial, la mère ne doit sur-
tout pas être séparée de son enfant. Cependant, tant que les lésions sont actives,
elle doit porter un masque chirurgical lorsqu’elle prend son bébé, jusqu’à ce
que ses lésions soient croûtées. Elle doit s’abstenir de l’embrasser jusqu’à la dis-
parition des lésions.
La mère qui présente un herpès cutané ne doit pas être séparée de son
enfant, mais ses lésions doivent être couvertes.
Le nouveau-né atteint d’une infection herpétique localisée ou disséminée
est isolé dans une chambre individuelle. Les mesures d’isolement de contact
sont respectées.
Blépharite
La blépharite est une inflammation du bord libre de la paupière. La forme aiguë
est le plus souvent d’origine bactérienne, l’agent étiologique habituel étant le
Staphylococcus aureus, mais il existe plusieurs autres agents pathogènes pos-
sibles (bacilles Gram négatif, parasites, virus). Elle peut aussi se manifester sous
la forme d’un phénomène inflammatoire chronique, surtout chez les enfants
atteints de dermite atopique ou séborrhéique.
Qu’il s’agisse d’une blépharite aiguë ou chronique, on note un érythème
avec plus ou moins d’œdème du bord libre de la paupière. Il y a du prurit et une
sensation de brûlure ou de présence d’un corps étranger. Le matin, des débris
squameux ainsi que des sécrétions purulentes peuvent coller les paupières. Lors-
qu’elles sont secondaires à la dermite séborrhéique, les lésions croûtées sont
graisseuses et faciles à enlever, tandis qu’en cas de surinfection bactérienne,
elles deviennent friables et difficiles à déloger. Lorsque l’inflammation persiste,
Infections oculaires bénignes 607
les cils peuvent se décolorer, changer d’orientation et même tomber. Des cha-
lazions récidivants constituent un indice de blépharite chronique. Une dermite
séborrhéique du cuir chevelu est parfois associée.
Une culture des sécrétions peut confirmer l’étiologie staphylococcique de la
maladie. L’examen microscopique des squames et des sécrétions aide à différencier
une blépharite séborrhéique d’une gale.
Le traitement initial consiste à appliquer des compresses tièdes sur les pau-
pières pendant 5 à 10 minutes, 1 ou 2 fois par jour. Par la suite, on frotte les cils
pour enlever les sécrétions. L’utilisation d’un shampoing pour bébés, dilué avec
de l’eau, ou d’un nettoyant commercial pour les cils peut aider au nettoyage. En
général, on emploie une pommade antibiotique locale, par exemple l’érythromy-
cine ou l’acide fucidique ophtalmiques. Il faut appliquer la pommade quatre fois
par jour pendant une ou deux semaines puis, lorsqu’une amélioration clinique
est notée, deux fois par jour jusqu’à la disparition complète des lésions, ce qui
peut prendre jusqu’à quatre à six semaines. On poursuit ensuite le traitement
une fois par jour pendant un mois.
Pour une blépharite aiguë, en cas d’échec du traitement local, une antibio-
thérapie par voie orale peut être nécessaire. Les principaux choix possibles sont
les suivants : une pénicilline antistaphylococcique comme la cloxacilline ou la
céphalexine (céfalexine) ; en France, on peut aussi utiliser la pristinamycine. La
durée du traitement est de 10 jours. L’évolution vers une cellulite périorbitaire
demeure exceptionnelle.
Une dermite atopique ou séborrhéique associée est traitée de la façon habi-
tuelle (voir Dermite atopique et Dermite séborrhéique).
La blépharite séborrhéique chronique nécessite, pendant une longue période
de temps, un nettoyage biquotidien des rebords palpébraux au moyen d’une
gaze stérile imbibée d’une solution diluée d’un shampoing pour bébés ou d’un
nettoyant commercial.
Chalazion
Le chalazion est une lésion kystique bénigne de la paupière. Il est dû à une
inflammation lipogranulomateuse d’une glande de Meibomius obstruée. Il se situe
habituellement à la portion médiane de la paupière, entre le rebord orbitaire et
la ligne des cils.
Lorsqu’il est volumineux (il peut toucher plusieurs glandes voisines), le
chalazion se traduit par un renflement circonscrit de la face externe de la pau-
pière. Parfois peu apparent, il est facilement palpable à travers la paupière,
sous la forme d’un nodule ferme. Il peut être bien visible à la face interne de
la paupière, lorsque celle-ci est éversée. Le plus souvent indolore, le chalazion
peut causer une gêne fonctionnelle et nuire à l’esthétique. Aucune exploration
n’est nécessaire.
La guérison s’obtient par l’application fréquente (de 4 à 6 fois par jour) de
compresses humides chaudes pendant 10 à 15 minutes. Des massages doux
peuvent aider à l’évacuation du chalazion et en hâter la guérison. Une pom-
made antibiotique peut être utilisée s’il y a une blépharite associée. Dans le cas
de récidives fréquentes ou si une lésion kystique persiste après plusieurs mois de
traitement, une exérèse chirurgicale peut s’imposer.
Un chalazion volumineux occasionne exceptionnellement un astigmatisme
en raison de la pression prolongée sur le globe oculaire. Une propagation de
l’infection n’entraîne que rarement une cellulite périorbitaire.
608 Infections oculaires bénignes
Conjonctivite
La conjonctivite est une infection ou une inflammation des conjonctives palpébrale
et bulbaire. Son étiologie peut être d’origine chimique, allergique, infectieuse ou
inflammatoire. Elle peut être unilatérale ou bilatérale, exsudative ou non. Elle
se manifeste habituellement par une rougeur, un écoulement ou du prurit ocu-
laire. La présence d’une photophobie, d’une douleur oculaire ou d’une baisse
de vision devrait faire suspecter une affection plus grave nécessitant une prise
en charge par un ophtalmologue.
I. Conjonctivite néonatale
Chez le nouveau-né, la conjonctivite peut avoir les mêmes étiologies que chez
l’enfant plus âgé (voir section Conjonctivite après la période néonatale, plus bas).
Cependant, les causes plus spécifiques qui suivent doivent toujours être suspectées.
1) Conjonctivite chimique
Maintenant exceptionnelle, la conjonctivite chimique est causée par le nitrate
d’argent utilisé pour la prophylaxie de la conjonctivite gonococcique. Elle sur-
vient environ 24 heures après l’instillation. Elle est habituellement minime et de
courte durée. Il n’y a pas de traitement spécifique.
2) Conjonctivites infectieuses
Conjonctivite à Chlamydia trachomatis Elle est transmise par voie verti-
cale au moment de l’accouchement. Assez fréquente, elle apparaît avant l’âge
de 2 mois, habituellement entre le 5e et le 10e jour de vie. L’œdème palpébral
et l’écoulement purulent peuvent être importants. Elle est parfois associée à
une pneumonie. On peut utiliser le test d’identification rapide de l’antigène,
mais celui-ci peut donner un résultat faussement positif ou négatif. Le diagnos-
tic de certitude repose sur la culture, mais le résultat ne sera souvent obtenu
qu’après une semaine. L’ophtalmologue peut aussi procéder à un grattage
conjonctival ; l’examen microscopique, après coloration au Giemsa, met en
évidence des inclusions intracellulaires. Le traitement consiste en l’adminis-
tration d’érythromycine par voies topique et générale pendant 14 jours. Il faut
faire une culture du col utérin chez la mère et de l’urètre chez le père ; que
ces cultures soient positives ou non, les deux parents doivent être traités. Il
importe aussi de rechercher les autres maladies transmissibles sexuellement
chez les parents.
Conjonctivite à Neisseria gonorrhœæ Elle est devenue plutôt rare en rai-
son des mesures préventives systématiques. Elle se manifeste d’habitude entre
le deuxième et le cinquième jour de vie. Il s’agit d’une infection potentiellement
grave, car elle peut entraîner l’ulcération et même la perforation du globe ocu-
laire. L’écoulement purulent et l’œdème palpébral sont importants. La culture
confirme le diagnostic. Une coïnfection à C. trachomatis doit être recherchée.
Le traitement consiste à nettoyer fréquemment l’œil avec du sérum physiolo-
gique et à administrer une antibiothérapie par voie générale (ceftriaxone ou
céfotaxime en dose unique). Il faut faire une culture du col utérin chez la mère
et de l’urètre chez le père ; que ces cultures soient positives ou non, les deux
parents doivent être traités.
Autres conjonctivites Certaines bactéries et différents virus provenant
des voies génitales de la mère, notamment le S. aureus et le virus Herpes,
Infections oculaires bénignes 609
Conjonctivites infectieuses
a) Étiologie virale : une conjonctivite bilatérale sans exsudat purulent est fré-
quemment associée aux infections virales des voies respiratoires supérieures
ainsi qu’à plusieurs maladies exanthémateuses comme la rougeole. L’adé-
novirus et les entérovirus occupent une place privilégiée parmi les virus
pouvant causer une conjonctivite, parfois hémorragique. On note un écoule-
ment aqueux et un œdème palpébral. Il n’y a pas de traitement spécifique.
Beaucoup de praticiens prescrivent des antibiotiques par voie topique pour
prévenir une surinfection bactérienne, mais l’efficacité de cette mesure n’est
pas établie. Une kératite doit être suspectée s’il y a une douleur importante
ou une atteinte de la vision. Il faut éviter l’emploi de corticostéroïdes en cas
d’infection herpétique de l’œil. Le traitement de la conjonctivite herpétique
est détaillé dans le chapitre Infections herpétiques.
b) Étiologie bactérienne : fréquentes, les conjonctivites bactériennes sont sou-
vent unilatérales, du moins au début, et s’accompagnent d’un écoulement
purulent et d’un œdème palpébral. Les principales bactéries en cause sont le
Streptococcus pneumoniæ, l’Hæmophilus influenzæ (surtout non typable),
le S. aureus et le Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du
groupe A). L’association d’une conjonctivite purulente et d’une otite moyenne
aiguë suggère que l’H. influenzæ de type b est l’agent responsable. Chez
l’adolescent actif sexuellement, une conjonctivite à N. gonorrhœæ ou à
C. trachomatis est possible. Le diagnostic étiologique repose sur la culture.
Le traitement consiste à administrer un antibiotique par voie topique trois ou
quatre fois par jour, sous forme de gouttes ou, le soir, sous forme de pommade.
610 Infections ostéo-articulaires
Orgelet
L’orgelet de la paupière est une infection aiguë ou subaiguë du follicule du cil
ou de la glande sébacée qui lui est annexée (glande de Zeiss). L’agent habi-
tuellement en cause est le S. aureus. La douleur est plus fréquente qu’en cas
de chalazion.
Il se présente sous l’aspect d’une pustule à base inflammatoire, chaude, rouge
et douloureuse, située sur le rebord palpébral et centrée par un cil.
En général, aucune exploration particulière n’est nécessaire. L’orgelet constitue
rarement l’expression d’un déficit immunitaire ou d’un diabète.
Dans la majorité des cas, il suffit d’appliquer des compresses humides 3 ou
4 fois par jour pendant 5 à 10 minutes et de poursuivre ce traitement pour une
durée de 3 ou 4 jours. L’utilité des antibiotiques locaux en pommade n’est pas
clairement démontrée. La simple épilation du cil peut faciliter le drainage spon-
tané. Une incision et un drainage chirurgical sont parfois nécessaires.
L’orgelet peut être tenace ou récidiver.
Arthrite septique
I. Généralités
Les arthrites septiques (ou arthrites bactériennes) touchent principalement les
grosses articulations, en particulier les genoux et les hanches. Les principales
étiologies sont énumérées dans le tableau 129.1 ; le Staphylococcus aureus est
l’agent responsable dans la majorité des cas. L’infection est le plus souvent héma-
togène ou résulte, particulièrement chez l’enfant âgé de moins de 18 mois, de
la propagation d’une ostéomyélite de voisinage.
II. Manifestations cliniques
Chez le nouveau-né, les infections ostéo-articulaires (arthrite, ostéomyélite) sont
graves ; elles font parfois suite à une bactériémie néonatale et sont occasionnellement
Infections ostéo-articulaires 611
multifocales. Le diagnostic est difficile, car la fièvre peut être absente, et les signes
de la maladie ne sont pas spécifiques (fièvre, irritabilité). Ainsi, le diagnostic est
souvent tardif. Une cellulite néonatale doit faire évoquer une infection ostéo-ar-
ticulaire sous-jacente. La pseudo-paralysie du membre atteint demeure un signe
commun.
Chez l’enfant plus âgé, on observe souvent une fièvre élevée. L’articulation
est enflée, chaude et douloureuse. La mobilisation passive s’avère difficile ou
impossible. La peau peut être normale ou hyperhémiée. Lorsqu’il s’agit d’une
arthrite septique d’une articulation profonde, comme la hanche ou l’épaule,
l’œdème, la chaleur locale et l’hyperhémie sont rarement très marqués ou
faciles à déceler. Une arthrite septique de la hanche peut se présenter par des
douleurs référées au genou ou à la cuisse. Toute évaluation clinique pour un
genou douloureux doit donc être accompagnée d’un examen de la hanche
ipsilatérale.
Ostéomyélite aiguë
I. Généralités
L’ostéomyélite aiguë est une infection bactérienne de l’os. Parmi les mécanismes
possibles de survenue de l’infection, la voie hématogène est de loin la plus fré-
quente. On ne trouve un point de départ infectieux, à proximité ou à distance,
que dans une minorité des cas. Plus fréquente chez les garçons que chez les
filles, cette affection survient le plus souvent avant l’âge de 10 ans. Rarement
multifocale, elle peut atteindre tous les os du squelette, mais elle a une prédi-
lection pour la métaphyse des os longs et touche le plus souvent les membres
inférieurs. Elle peut être associée à une arthrite septique, particulièrement lorsque
la tête fémorale ou humérale est atteinte.
L’agent étiologique varie selon l’âge (voir tableau 129.1) et l’état de santé préa-
lable de l’enfant. Le S. aureus prédomine à tous les âges. Le Streptococcus pyogenes
(streptocoque β-hémolytique du groupe A), responsable d’environ 10 % des cas,
est particulièrement fréquent dans un contexte de varicelle, alors que le pneu-
mocoque, qui atteint principalement les enfants âgés de moins de deux ans, est
plus souvent associé à une arthrite septique. Depuis le début de la vaccination
précoce et universelle, les infections ostéo-articulaires à Hæmophilus influenzæ
ont presque disparu. Le Kingella kingæ est désormais le principal responsable
des infections ostéo-articulaires à bactérie Gram négatif, entre l’âge de deux mois
et de cinq ans. Ce micro-organisme fait partie de la flore nasopharyngée normale
de l’enfant. Au décours d’une infection virale des voies respiratoires supérieures,
il y a translocation bactérienne par effraction à travers la muqueuse inflamma-
toire, et le K. kingæ peut, par voie hématogène (bactériémie secondaire), infec-
ter les articulations ou les os.
Au cours des 10 dernières années, ont été décrites en Amérique du Nord
et en Europe des infections ostéo-articulaires très graves avec une évolution cli-
nique défavorable incluant une atteinte des tissus mous adjacents à l’os infecté
(abcès, myosite, thrombophlébite) avec des signes de choc septique, cela étant
associé ou non à des atteintes multiviscérales. Ces infections sont dues à des
souches particulièrement virulentes de S. aureus qui sont productrices de toxines
(leucocidine de Panton-Valentine) et qui sont le plus souvent résistantes à la
méthicilline en Amérique du Nord.
612 Infections ostéo-articulaires
Des agents étiologiques inhabituels peuvent être en cause dans les ostéomyélites
diagnostiquées dans les circonstances suivantes :
• plaie perforante de la plante du pied par un clou passant à travers la chaus-
sure : flore polymicrobienne, dont le Pseudomonas aeruginosa et le S. aureus ;
• fracture ouverte : flore polymicrobienne, bactérie à Gram négatif ;
• neuropathie sensitive, spina bifida : flore polymicrobienne, bactéries anaérobies ;
• patient immunocompromis : Serratia marcescens, Aspergillus sp. (granuloma-
tose septique chronique), Bartonella henselae (infection par le virus de l’im-
munodéficience humaine [VIH]), mycobactéries, levures ;
• anémie falciforme (drépanocytose) : Salmonella ;
• présence de matériel prosthétique : Propionebacterium sp, Corynebacterium sp,
staphylocoque à coagulase négative ;
• usage de drogues par voie intraveineuse : flore cutanée, Pseudomonas ou
autres agents inhabituels ;
• infection secondaire à une morsure ou infection par contiguïté d’une infec-
tion maxillofaciale (sinusite, mastoïdite, abcès dentaire) : bactéries anaérobies,
Actynomyces sp.
Explorations
Une hyperleucocytose avec prédominance des neutrophiles constitue un indica-
teur peu fiable d’infection ostéo-articulaire parce qu’elle est souvent absente. Les
marqueurs d’inflammation tels que la vitesse de sédimentation et la protéine C
réactive (CRP) sont habituellement élevés. La CRP serait plus sensible, mais
Infections ostéo-articulaires 613
II. Antibiothérapie
Le traitement adéquat des infections ostéo-articulaires dépend largement de
l’identification de l’agent pathogène. On amorce une antibiothérapie empirique
selon les données épidémiologiques locales, l’âge et la condition du patient, puis
on restreint le traitement en se basant sur les sensibilités de la bactérie isolée.
1) Traitement initial
a) Chez le nouveau-né : le traitement repose sur une association de céfotaxime
et d’une pénicilline antistaphylococcique comme la cloxacilline.
b) Chez le nourrisson âgé de un mois à cinq ans : on prescrit l’association de
céfotaxime et d’une pénicilline antistaphylococcique comme la cloxacilline ou
d’une céphalosporine de 1re génération comme la céfazoline. Dans ce groupe
d’âge, une couverture contre l’H. influenzæ de type b n’est pas nécessaire si
l’enfant a été complètement immunisé contre cet agent.
c) Chez l’enfant âgé de plus de cinq ans et chez l’adolescent : on utilise soit une
pénicilline antistaphylococcique seule, comme la cloxacilline, soit une cépha-
losporine de 1re génération comme la céfazoline. Chez l’adolescent sexuelle-
ment actif, si la coloration au Gram suggère une infection à N. gonorrhœæ,
on prescrit du céfotaxime ou de la ceftriaxone.
Si l’épidémiologie locale fait suspecter la présence de Staphylococcus aureus
résistant à la méthicilline (SARM) (prévalence de SARM communautaire supérieure
à 10 %), dans les situations cliniques particulièrement graves ou si le patient ou un
membre de la maisonnée est connu comme étant porteur de SARM, le traitement
de 1re intention, en attendant le résultat des cultures, associe une β-lactamine anti-
staphylococcique (cloxacilline, céfazoline) à la clindamycine ou à la vancomycine.
En cas d’allergie à la pénicilline, une céphalosporine de 1re génération
comme la céfazoline pourrait être utilisée avec prudence ; un autre choix pour-
rait être la clindamycine.
Si les cultures sont négatives, le traitement initial doit être poursuivi par voie
parentérale. Si la culture se révèle positive, on ajuste l’antibiothérapie en fonc-
tion de l’antibiogramme : pénicilline G intraveineuse s’il s’agit d’un S. pyogenes,
d’un S. pneumoniæ sensible ou d’un N. gonorrhœæ sensible, cloxacilline intra-
veineuse ou céfazoline s’il s’agit d’un S. aureus sensible.
Les infections ostéo-articulaires à pneumocoque résistant à la pénicilline
devraient être traitées par une céphalosporine de 3e génération, et à S. aureus
résistant à l’oxacilline par de la vancomycine.
2) Poursuite du traitement après la phase initiale
Lorsque la fièvre, la douleur et les signes locaux ont complètement disparu, on
peut décider de poursuivre l’antibiothérapie intraveineuse à domicile ou prendre
le relais par voie orale avec des doses plus élevées que d’habitude (deux ou trois
fois la dose habituelle). Cette seconde option n’est applicable que si les condi-
tions suivantes sont remplies.
Infections ostéo-articulaires 615
3) Durée de l’antibiothérapie
On cesse le traitement après un minimum de trois semaines pour une arthrite
septique et après quatre à six semaines pour une ostéomyélite, lorsque les condi-
tions suivantes sont toutes remplies.
• L’enfant n’a plus aucun symptôme.
• La vitesse de sédimentation est normale (< 20 mm/h).
• La CRP est normale.
• La radiographie de l’os atteint est normale ou montre des signes d’évolution
satisfaisante.
Il n’est pas nécessaire de répéter la scintigraphie osseuse.
III. Immobilisation
En cas d’arthrite septique, l’immobilisation prolongée de l’articulation atteinte
n’est pas nécessaire ; une traction est souvent mise en place pendant les pre-
miers jours après une arthrotomie. On favorisera une mobilisation progressive
sans restriction par la suite.
En cas d’ostéomyélite, l’utilité de l’immobilisation par une attelle ou un plâtre
n’est pas prouvée ni recommandée.
Complications
Certaines arthrites septiques peuvent se compliquer d’ankylose articulaire, de
nécrose aseptique de la tête fémorale (en cas d’arthrite septique de la hanche)
ou de luxation de l’articulation touchée.
L’ostéomyélite chronique se caractérise par des symptômes qui persistent plus
de 15 jours après le début du traitement ou par une récidive de symptômes. Elle
se distingue par une nécrose osseuse. Le traitement est habituellement chirurgical,
avec administration d’antibiotiques pendant une période prolongée (six semaines
par voie parentérale, puis un minimum de six semaines par voie orale).
Les autres principales complications des ostéomyélites sont les suivantes : at-
teinte permanente du cartilage de conjugaison ; inégalité de croissance des mem-
bres ; formation d’un séquestre, fistulisation, fracture pathologique ; rechute (5 %).
Ces problèmes demeurent rares lorsque le traitement est précoce et adéquat.
Prévention
Il y a un risque non négligeable d’infection ostéo-articulaire en cas de blessure
pénétrante du pied. Plus la ponction est profonde, plus le risque d’infection
616 Infections récidivantes
s’élève. Dans tous les cas, il faut s’assurer du statut vaccinal du patient quant au
tétanos et il faut bien nettoyer et irriguer la plaie. Bien que l’ostéochondrite à
Pseudomonas soit possible en cas de blessure pénétrante au travers d’un soulier
fermé, il n’est pas recommandé de donner une antibioprophylaxie. Par contre,
il est préconisé de donner une antibioprophylaxie aux patients présentant une
fracture ouverte du 5e métacarpe à la suite d’un coup de poing à la bouche (voir
Morsures animales et humaines, rage).
On ne doit pas isoler les patients atteints d’une arthrite septique, sauf lors-
qu’une arthrotomie a été effectuée ; dans ce cas, on les isole pendant les 24 pre-
mières heures de traitement.
Généralités
La fréquentation croissante des services de garde (garderies, crèches) s’associe
souvent à la survenue de multiples et d’interminables épisodes infectieux chez
les enfants, et plus particulièrement chez les nourrissons. Ainsi, l’enfant d’âge pré-
scolaire présente environ 5 à 10 infections respiratoires par an, particulièrement
entre les âges de 9 et 18 mois. Ces enfants ont une croissance staturopondérale
normale. Les infections sont causées par des agents infectieux communs, et elles
concernent principalement la sphère respiratoire supérieure (otites, rhinites) ou
la peau. Ces épisodes infectieux sont entrecoupés de périodes complètement
asymptomatiques. L’examen physique de ces enfants se révèle sans particularité,
à l’exception parfois de nombreux petits ganglions palpables dans les chaînes
cervicales et d’amygdales proéminentes.
Approche clinique
Dans la majorité des cas, les épisodes infectieux sont dans les limites de l’acceptable
quant à la fréquence et à la gravité. Cependant, certaines situations justifient une
investigation dans le but d’exclure une affection sous-jacente. Parmi les enfants
qui font l’objet d’explorations en raison d’infections récidivantes, on trouve un
problème allergique dans environ 30 % des cas, une maladie chronique occulte
sous-jacente chez 10 % d’entre eux et un déficit immunitaire dans 10 % des cas.
L’anamnèse et l’examen physique permettent parfois d’orienter le diagnostic
différentiel.
• Une dermite atopique, une congestion nasale, une rhinorrhée chronique ou
une toux persistante suggèrent une maladie allergique. Chez les enfants souf-
frant d’allergies respiratoires, on observe souvent un faciès typique (cernes
et plis sous les yeux, pli transversal sur le nez, sillon nasolabial profond,
palais ogival) ; une toux persistante ou récidivante est souvent la principale
manifestation d’asthme chez l’enfant.
• Une hypertrophie des adénoïdes ou des amygdales peut entraîner un dys-
fonctionnement des trompes d’Eustache et ainsi favoriser la survenue d’otites ;
on note souvent chez ces enfants une respiration buccale, des ronflements
Infections récidivantes 617
Explorations
Les investigations sont menées en fonction des principales hypothèses diagnos-
tiques.
Chez l’enfant atteint d’infections respiratoires répétées, un test de la sueur et
une radiographie pulmonaire s’imposent afin d’exclure une fibrose kystique
et de mettre en évidence des foyers d’infection, des séquelles de celles-ci ou des
anomalies anatomiques. Dans les cas d’infections réfractaires de la sphère ORL,
une radiographie des tissus mous du cou (ou radiographie du cavum) peut
révéler la présence d’une hypertrophie adénoïdienne. Lorsque les symptômes
des voies respiratoires supérieures ou inférieures laissent plutôt croire à la pré-
sence d’un problème allergique sous-jacent (exemples : rhinite, asthme), des tests
cutanés peuvent aider à repérer des facteurs contributifs dans l’environnement
de l’enfant, mais ces tests peuvent être faussement négatifs, surtout chez l’enfant
d’âge préscolaire. On peut alors tenter un essai thérapeutique de corticostéroïdes
en inhalation pour une période d’au moins trois mois ; une réponse favorable
618 Infections transmissibles sexuellement et par le sang
Traitement
Le diagnostic et le contrôle de la maladie sous-jacente, ainsi que la correction
du problème anatomique ou mécanique à l’origine des infections récidivantes
permettront d’éviter ou de réduire la survenue de ces infections.
Généralités
Ce chapitre traite des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS)
les plus communes à l’adolescence. Les principaux agents infectieux respon-
sables d’ITSS et leurs manifestations sont résumés dans le tableau 131.1. Les
traitements recommandés sont identiques pour les adolescents et les adultes ;
les posologies spécifiques d’un agent infectieux ou d’une maladie apparaissent
dans le texte, et les posologies usuelles figurent dans l’Index pharmacologique.
Plusieurs facteurs contribuent aux ITSS chez les adolescents : certaines par-
ticularités physiologiques pouvant favoriser une infection (exemple : ectopie de
la muqueuse de l’endocol vers l’exocol parfois présente chez l’adolescente), un
sentiment fréquent d’invulnérabilité et des facteurs liés à leur pratique sexuelle
(exemples : activités sexuelles plus précoces, usage sous-optimal du préservatif
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 619
Ce chapitre ne traite pas du traitement des ITSS chez l’enfant victime d’abus
sexuel ; chez l’adolescent victime de ce type de sévices, il est le même qu’en
d’autres circonstances d’ITSS.
Approche clinique
Dans la pratique courante, les principaux facteurs de risque d’ITSS à rechercher
sont les suivants :
• plus de 5 partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois ou 2 partenaires
au cours des 2 derniers mois ;
• contact sexuel avec une personne porteuse d’une ITSS ;
• non-utilisation systématique du préservatif, quelles que soient les pratiques
sexuelles ;
620 Infections transmissibles sexuellement et par le sang
I. Anamnèse
L’anamnèse constitue une étape clé pour dépister une ITSS chez un adolescent.
On recherche systématiquement la présence de facteurs de risque et de symp-
tômes évocateurs d’une ITSS (exemples : pertes vaginales, douleurs mictionnelles,
lésions dans la région des organes génitaux, dyspareunie, saignements anormaux,
douleurs pelviennes). Les questions concernant la sexualité sont abordées le
plus souvent en fin d’anamnèse. Cette partie du questionnaire doit se dérouler
dans un climat de confiance et de confidentialité, en évitant de porter quelque
jugement que ce soit.
Le médecin s’informe en outre de l’utilisation d’autres méthodes contraceptives
que le préservatif et de la mise à jour des vaccins (incluant celui de l’hépatite B
et le vaccin contre le virus du papillome humain).
La recherche de ces éléments devrait bien sûr être réalisée au cours d’une
visite pour un dépistage d’ITSS, mais aussi au moment des visites périodiques
ou pour tout autre motif de consultation. Les conseils de prévention en matière
de sexualité sont de mise à chacune de ces occasions.
III. Explorations
L’investigation inclut principalement les tests microbiologiques à la recherche
d’un agent infectieux, par culture ou par test d’amplification des acides
nucléiques (TAAN). La plupart des TAAN ne sont approuvés que pour les pré-
lèvements du col utérin, d’urètre, d’urine et, dans certains cas, pour les prélè-
vements vaginaux. L’urine de premier jet (premiers millilitres d’urine après au
moins deux heures sans avoir uriné) est le prélèvement d’urine optimal dans
ces circonstances, plutôt que le prélèvement mi-jet. L’utilisation de TAAN sur
les prélèvements de gorge et d’anus semble prometteuse, mais elle est toujours
en cours d’évaluation.
• Les explorations pertinentes dépendent de la situation.
• Tout adolescent sexuellement actif devrait subir un dépistage annuel pour
le Chlamydia trachomatis (par TAAN), à l’aide d’un prélèvement urétral ou
urinaire, l’urine étant l’examen de choix chez le garçon. La gonorrhée étant
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 621
péritonéale, annexes, trompes et ovaires). Elle est liée à une infection polymicro-
bienne avec possiblement des bactéries de transmission sexuelle (C. trachomatis,
N. gonorrhœæ), des mycoplasmes du tractus génital (Mycoplasma hominis,
Ureaplasma urealyticum) ou des bactéries usuelles, provenant du tractus diges-
tif, telles que des anaérobies (Bactéroides sp., Peptostreptococcus sp., Peptococ-
cus sp.) ou des anaérobies facultatifs (Gardnerella vaginalis, Streptococcus sp.,
Escherichia coli, Hæmophilus influenzæ). Cependant, l’étiologie bactérienne
n’est pas toujours facile à déterminer.
Les agents infectieux remontent depuis le col infecté vers le tractus génital
supérieur. Une cervicite à C. trachomatis et à N. gonorrhœæ, le jeune âge, la
présence d’un dispositif intra-utérin (dans les 21 jours suivant son installation),
un antécédent d’atteinte inflammatoire pelvienne, le traitement tardif ou inadé-
quat d’une ITSS favorisent le développement de cette affection.
Manifestations cliniques
Dans les formes aiguës, les patientes sont très symptomatiques. Elles peuvent
présenter des douleurs abdominales basses, une ménorragie, une dyspareunie
profonde, une leucorrhée ou de la dysurie. Parfois, des signes généraux sont
observés : fièvre, sensation de malaise, nausées, vomissements. Une douleur de
l’hypocondre droit peut retarder le diagnostic en évoquant plutôt une cholé-
cystite. L’examen de l’abdomen peut révéler une douleur avec signe du ressaut
positif et une défense musculaire de l’une ou des deux fosses iliaques. L’examen
gynécologique permet de rechercher un écoulement cervical purulent, une sensi-
bilité du col à la mobilité et une sensibilité à la palpation de masses annexielles.
Explorations
L’écouvillonnage endocervical doit rechercher le C. trachomatis (TAAN) ainsi que
le N. gonorrhœæ (TAAN, culture). On réalise des prélèvements vaginaux pour
cultures bactériologiques usuelles (voir section Vaginite, plus bas). Des anomalies
à l’échographie pelvienne apparaissent tardivement et ne sont pas spécifiques ;
un examen négatif n’exclut donc pas le diagnostic. L’échographie permet parfois
de diagnostiquer un abcès tubo-ovarien ou d’éliminer une grossesse ectopique.
La laparoscopie est l’exploration de choix pour le diagnostic, particulièrement
dans un contexte de manifestations cliniques importantes. Elle permet de confir-
mer le diagnostic, d’évaluer l’étendue des lésions, de procéder à des cultures
adéquates, de pratiquer un lavage péritonéal, d’effectuer une lyse d’adhérences
ou de drainer un abcès, le cas échéant.
Complications
Les complications possibles peuvent être précoces (abcès tubo-ovarien, péri-
hépatite ou syndrome de Fitz-Hugh et Curtis) ou tardives (douleurs pelviennes
chroniques, adhérences pelviennes, grossesse ectopique, infertilité).
Traitement
Les formes légères ne nécessitent pas d’hospitalisation. Le traitement ambulatoire
recommandé associe la ceftriaxone intramusculaire (250 mg en dose unique) avec
un traitement oral de doxycycline (200 mg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12 heures pendant 14 jours). On peut également ajouter à ce régime théra-
peutique le métronidazole oral (1 000 mg/24 h en doses fractionnées toutes les
12 heures) pour optimiser le traitement contre les bactéries anaérobies.
Pour les formes plus graves ou en cas de doute sur l’adhésion au traite-
ment, l’hospitalisation est requise. On administre le traitement initial par voie
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 623
intraveineuse. Celui-ci repose sur une association de céfoxitine par voie paren-
térale et de doxycycline par voie orale ou intraveineuse. Une association de
clindamycine et de gentamicine constitue une seconde option. Après amélio-
ration clinique pendant au moins 24 heures, on peut prendre le relais par voie
orale avec de la doxycycline ou de la clindamycine pour une durée totale du
traitement antibiotique de 14 jours.
Tous les partenaires sexuels des 60 derniers jours depuis le début des
symptômes doivent être examinés et traités.
II. Cervicite
Généralités
Il s’agit d’une inflammation du col de l’utérus avec parfois présence d’un écou-
lement cervical mucopurulent. Les principaux agents responsables sont le
C. trachomatis (le plus fréquent), le N. gonorrhœæ et le virus Herpes (dans ce
dernier cas, des manifestations externes de l’infection herpétique accompagnent
parfois la cervicite).
Manifestations cliniques
La patiente peut être asymptomatique. Les signes et les symptômes possibles
sont les suivants : écoulement cervical ou vaginal, érythème, œdème et friabilité
du col, saignement vaginal anormal entre les menstruations ou en post-coïtal,
dyspareunie profonde. Si des douleurs abdominales basses sont présentes, il faut
suspecter une atteinte inflammatoire pelvienne.
Explorations
On procède à des examens sur les sécrétions endocervicales : une coloration
de Gram (diplocoques Gram négatif), une culture (N. gonorrhœæ) ou une PCR
(N. gonorrhœæ, C. trachomatis). Un écouvillon et un milieu de transport spécial
sont requis pour la culture du virus Herpes sur les lésions suspectes.
Traitement
Il faut préférer les thérapies en dose unique, car cela améliore beaucoup l’ob-
servance et l’efficacité du traitement. On traite habituellement d’emblée, sans
attendre les résultats des analyses, les adolescentes les plus à risque pour le
C. trachomatis et le N. gonorrhϾ. Le premier choix de traitement empirique
contre ces deux bactéries consiste en une association de céfixime oral (400 mg)
ou de ceftriaxone intramusculaire (250 mg) en dose unique (N. gonorrhϾ) et
d’azithromycine orale (1 000 mg) en dose unique (C. trachomatis). Ce traitement
en dose unique n’est pas efficace dans tous les cas (N. gonorrhœæ résistant) ;
un suivi s’impose donc. L’utilisation de fluoroquinolones dans le traitement des
infections à N. gonorrhœæ n’est plus recommandée, compte tenu du taux élevé
de résistance à cette classe d’antibiotiques.
L’adolescente enceinte atteinte de cervicite est adressée à un centre spécialisé.
Lorsqu’il n’existe pas d’écoulement cervical, que l’adolescente est à faible
risque et que l’observance au rendez-vous semble bonne, le traitement peut
être différé jusqu’à l’obtention des résultats. On traite alors l’agent infectieux
mis en évidence.
Pour le traitement des infections au virus Herpes, voir section Ulcérations
génitales, plus bas.
Tous les partenaires sexuels des 60 derniers jours depuis l’apparition des
symptômes, ou depuis la date du diagnostic si l’adolescente est asymptomatique,
624 Infections transmissibles sexuellement et par le sang
doivent être soumis à une évaluation clinique et traités même s’ils sont asympto-
matiques. Il faut recommander à l’adolescente et à ses partenaires de s’abstenir
d’avoir des relations sexuelles jusqu’à sept jours suivant le traitement et jusqu’à
la résolution des symptômes.
III. Condylomes
Voir Verrues.
IV. Épididymite
Généralités
Il s’agit d’une inflammation de l’épididyme, rare chez le garçon prépubère. Elle
peut être, dans ce cas, associée à une infection de l’arbre urinaire ou secondaire
à une anomalie morphologique de l’appareil urinaire avec, en particulier, un
abouchement urétéral ectopique. Dans cette situation, les bactéries responsables
d’une infection urinaire peuvent également être responsables d’épididymite sans
qu’il s’agisse d’ITSS. Plus fréquemment, elle survient chez l’adolescent pour qui
il ne s’associe pas toujours d’infection urinaire ; les agents infectieux les plus fré-
quents sont alors le C. trachomatis et le N. gonorrhϾ. Par ailleurs, des germes
de la flore fécale peuvent être observés dans les pratiques anales.
Manifestations cliniques
Voir Scrotum douloureux aigu.
Explorations
On prélève les sites qui peuvent être colonisés par le C. trachomatis et le N. gonorrhœæ
pour analyse rapide par PCR (urine ou urètre) et par culture (gorge, anus si cela
est indiqué). On réalise également une analyse et une culture d’urine prélevée
par mi-jet.
Traitement
Le traitement de premier choix repose sur une association de ceftriaxone (250 mg)
en dose unique intramusculaire et de doxycycline orale pendant 10 à 14 jours
(200 mg/24 h en doses fractionnées toutes les 12 heures). Si l’épididymite est cau-
sée par des bactéries entériques, on utilise préférentiellement une fluoroquinolone
telle que la lévofloxacine orale (500 mg en 1 dose quotidienne) pendant 10 jours.
Si l’épididymite semble avoir été transmise sexuellement, tous les parte-
naires des 60 jours précédant l’apparition des symptômes ou la date du diagnos-
tic devraient être soumis à une évaluation clinique et à un traitement contre le
C. trachomatis et le N. gonorrhϾ.
V. Pédiculose du pubis
Voir Pédiculoses.
VI. Pharyngite
Généralités
Le N. gonorrhϾ, le C. trachomatis ainsi que le virus Herpes peuvent causer
une pharyngite.
Manifestations cliniques
Voir Pharyngite et amygdalite.
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 625
Explorations
Le diagnostic se fait par culture des sécrétions pharyngées ; il est utile de culti-
ver aussi, selon les pratiques sexuelles, les sécrétions cervicales, anales et uré-
trales. Il est suggéré de prendre avis auprès d’un microbiologiste pour juger de
la pertinence des TAAN pour rechercher le C. trachomatis et le N. gonorrhoeae
dans ces échantillons.
Traitement
Il est établi selon l’agent causal. On traite la pharyngite à N. gonorrhœæ avec de
la ceftriaxone par voie parentérale.
VII. Proctite
Généralités
Il s’agit d’une inflammation du rectum. Chez l’adolescent, le C. trachomatis (de
sérotypes responsables de lymphogranulome vénérien), le N. gonorrhœæ et le
virus Herpes sont les principaux agents incriminés.
Manifestations cliniques
Ce sont principalement des douleurs anales, un écoulement ou des lésions anales
(fissure, ulcération).
Explorations
Le diagnostic se fait par culture. Il est prudent de cultiver les autres sites qui
peuvent être colonisés (col utérin, gorge, urètre). Il est suggéré de prendre avis
auprès d’un microbiologiste pour juger de la pertinence des TAAN pour recher-
cher le C. trachomatis et le N. gonorrhoeae dans ces échantillons.
Traitement
Il est établi selon l’agent causal (voir section Cervicite, plus haut).
VIII. Syphilis
Généralités
L’agent responsable de la syphilis est le Treponema pallidum. On distingue les
syphilis primaire, secondaire et tertiaire. La neurosyphilis peut survenir à n’im-
porte quel stade de la maladie. Les manifestations cliniques de la syphilis peuvent
être moins marquées chez les adolescents que chez l’adulte.
Manifestations cliniques
Syphilis primaire L’incubation est en moyenne de 21 jours avant l’ap-
parition d’un chancre au point d’inoculation. L’aspect peut être une papule
ulcérée indolore, cratériforme avec présence de sécrétions jaunâtres. La lésion
est le plus souvent unique et peut s’accompagner d’adénopathies régio-
nales indurées et indolores. Le chancre persiste de quatre à six semaines.
Les lésions primaires passent souvent inaperçues, particulièrement chez les
filles du fait de leurs localisations préférentielles sur le col utérin ou sur la
paroi vaginale.
Syphilis secondaire L’incubation varie de 2 à 12 semaines. Parfois, le
chancre peut encore être trouvé à l’examen. L’éruption caractéristique de la
syphilis secondaire est maculopapulaire, généralisée avec, cependant, une
atteinte préférentielle des extrémités (paumes des mains, plantes des pieds). Il
peut y avoir d’autres symptômes ou signes associés comme des malaises, des
626 Infections transmissibles sexuellement et par le sang
Explorations
Devant la possibilité d’une syphilis primaire, on recherche le T. pallidum par pré-
lèvement direct sur la lésion, par examen au microscope à fond noir ou par
immunofluorescence (s’ils sont disponibles), ainsi que par sérologies. L’examen
au fond noir n’est pas fiable pour les lésions orales ou rectales, car d’autres
tréponèmes non pathogènes peuvent apparaître dans les prélèvements de la
bouche ou du rectum. Les épreuves sérologiques non spécifiques (RPR ou rapid
plasma reagin, VDRL ou Venereal Disease Research Laboratory) sont utilisées
pour le dépistage et le suivi. Des épreuves sérologiques spécifiques peuvent
confirmer le résultat d’un test non spécifique : immunofluorescence (FTA-ABS
ou fluorescent treponemal antibody absorption test), agglutination (TPPA ou Tre-
ponema pallidum Particle Agglutination) et micro-hémagglutination (MHA-TP
ou microhemagglutinin-Treponema pallidum). De nouveaux tests spécifiques
basés sur le dosage des IgG et des IgM peuvent être utilisés pour le dépistage.
Il est indiqué de procéder à une ponction lombaire si des signes ophtalmolo-
giques ou neurologiques sont présents, laissant penser qu’il peut s’agir d’une
neurosyphilis, s’il y a un échec ou une réponse sérologique inadéquate au traite-
ment ou encore s’il s’agit d’une syphilis latente, tertiaire ou congénitale. Certains
experts recommandent une ponction lombaire chez tous les patients porteurs
du VIH ou pour tout test sérologique non spécifique supérieur ou égal à 1/32.
Traitement
Il dépend du stade de la maladie.
Aux stades primaire, secondaire et latent précoce, il repose sur l’adminis-
tration de benzathine pénicilline G, en une dose unique de 2,4 millions d’unités
par voie intramusculaire. En cas d’allergie à la pénicilline, la doxycycline ou la
tétracycline orales sont prescrites pendant 14 jours, sauf s’il s’agit d’une patiente
enceinte. Durant la grossesse, la pénicilline est la seule option, après désensibi-
lisation en cas d’allergie.
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 627
Explorations
On réalise une culture virale à la recherche du virus Herpes. Le T. pallidum se
recherche par prélèvement direct sur la lésion et par examen au microscope à
628 Infections transmissibles sexuellement et par le sang
X. Urétrite
Généralités
Elle se définit comme une inflammation de l’urètre et des glandes accessoires
périurétrales. Les principaux agents responsables sont le C. trachomatis, le
N. gonorrhœæ, parfois les deux simultanément. Plus rarement, l’U. urealyticum,
le T. vaginalis, l’Herpes simplex (avec lésion génitale associée) et le M. hominis
sont en cause.
Manifestations cliniques
Les patients sont souvent asymptomatiques. Lorsqu’elles sont présentes, les mani-
festations de la maladie peuvent être :
• chez la fille : dysurie, écoulement urétral (rare), cervicite associée, bartholinite ;
• chez le garçon : écoulement urétral, brûlures ou urgences mictionnelles, pol-
lakiurie, rougeur du méat, douleurs scrotales.
Explorations
On réalise un examen direct sur les sécrétions urétrales après coloration de
Gram. On recherche le C. trachomatis et le N. gonorrhœæ par TAAN sur les sécré-
tions urétrales ou sur échantillon du début du jet urinaire. On cultive les autres
sites possibles de colonisation (anus, gorge) selon les pratiques sexuelles et les
symptômes de l’adolescent.
Complications
Ce sont principalement l’épididymite et la prostatite chez le garçon, ainsi que le
syndrome de Reiter (uvéite, urétrite et arthrite).
Infections transmissibles sexuellement et par le sang 629
Traitement
Lorsqu’un écoulement est détecté, le traitement est identique à celui d’une infec-
tion à C. trachomatis ou à N. gonorrhœæ (voir section Cervicite, plus haut).
Si aucun écoulement n’est détecté et si le suivi paraît adéquat, on peut repor-
ter le traitement jusqu’à l’obtention des résultats.
Si un résultat est positif pour l’U. urealyticum, un traitement spécifique n’est
pas toujours nécessaire ; en effet, la colonisation est fréquente, surtout chez les
filles sexuellement actives. Les garçons, en revanche, doivent être traités ainsi
que leur partenaire.
Dans les situations d’urétrites récidivantes, il faut vérifier l’observance au
traitement et la possibilité de réexpositions.
Si un traitement est indiqué chez le cas index, tous les partenaires sexuels
des 60 derniers jours depuis l’apparition des symptômes, ou depuis la date du
diagnostic si l’adolescente est asymptomatique, devraient être évalués clinique-
ment, dépistés et traités. Si, parmi eux, certains doivent être traités pour une
infection à N. gonorrhœæ, ils devront également recevoir un traitement contre
le C. trachomatis.
XI. Vaginite
Généralités
C’est une inflammation du vagin. La vulve peut être atteinte. Chez l’adolescente,
on distingue les vaginoses bactériennes (G. vaginalis, Mobiluncus et Prevotella),
les candidoses vaginales (C. albicans), les infections à T. vaginalis et l’infection
à virus Herpes simplex.
Parmi elles, seules les infections à T. vaginalis sont considérées comme une
infection transmise sexuellement.
Manifestations cliniques
Les vaginites s’accompagnent de leucorrhée, volontiers nauséabondes, de pru-
rit ou de douleur vulvaire et de dyspareunie. Il existe des particularités selon
l’agent causal :
• vaginose bactérienne : écoulement vaginal blanc-grisâtre, odeur de poisson
pourri à l’ajout de KOH 10 % (Whiff test) ;
• candidose : prurit, irritation, écoulement vaginal blanchâtre, dysurie, dyspareu-
nie externe, odeur âcre ;
• vaginite à T. vaginalis : écoulement vaginal abondant blanc-jaunâtre, prurit.
Dans cette infection, le pH vaginal est supérieur à 4,5 (mesuré au papier
pH-mètre) ; la muqueuse vaginale peut démontrer des lésions d’aspect fram-
boisé (piqueté hémorragique).
Explorations
Ce sont avant tout des prélèvements locaux pour analyses microbiologiques.
L’examen direct peut montrer la présence de levures et de pseudo-filaments
suggestifs de C. albicans ou de T. vaginalis ; on visualise ces derniers sur les
produits de cytologie cervicale. La culture pour le T. vaginalis reste l’examen
le plus sensible.
Traitement
Il dépend de la forme, de l’agent causal.
630 Insuffisance cardiaque
Prévention
L’éducation et l’information sont les principales mesures efficaces au chapitre
de la réduction et des récidives éventuelles des ITSS chez les adolescents. Le
rôle des parents dans l’éducation à la sexualité est essentiel. Le médecin a éga-
lement un rôle important à jouer dans la prévention des ITSS. Les principales
mesures préventives consistent à ne pas multiplier les partenaires sexuels et à
utiliser le préservatif pendant des relations sexuelles génitogénitales, orogéni-
tales ou anogénitales. Cette guidance anticipatoire doit faire partie intégrante
de toute consultation avec des adolescents. La vaccination contre le virus du
papillome humain et contre l’hépatite B sont également partie intégrante des
méthodes préventives.
Généralités
L’insuffisance cardiaque se définit comme une incapacité du cœur à assurer un
débit sanguin suffisant pour subvenir aux besoins métaboliques de l’organisme.
Chez l’enfant, les causes d’insuffisance cardiaque sont multiples, et, comme le
Insuffisance cardiaque 631
montre le tableau 132.1, elles varient en fonction de l’âge. Plus de 90 % des mani-
festations surviennent au cours de la première année de vie et sont associées à
une cardiopathie congénitale.
Manifestations cliniques
Chez le nourrisson, les difficultés alimentaires sont les signes les plus courants
d’insuffisance cardiaque avec, au cours des tétées, une tachypnée, une sudation
excessive (diaphorèse) ou un tirage. Les vomissements sont fréquents. Le temps
632 Insuffisance cardiaque
Explorations
Le bilan paraclinique initial comprend les épreuves suivantes : hémogramme,
ionogramme, calcémie, gaz sanguins avec lactatémie, bilan rénal et hépatique.
Les gaz sanguins révèlent souvent une acidémie mixte. Dans la majorité des cas,
la radiographie pulmonaire montre une cardiomégalie, habituellement associée
à une accentuation de la vascularisation et à une hyperinflation des bases. La sil-
houette cardiaque peut être de taille normale en cas de dysfonction myocardique
aiguë, mais la surcharge vasculaire pulmonaire reste présente. Les anomalies
vues à l’ECG sont variables en fonction de l’étiologie et souvent non spécifiques
(exemple : hypertrophie ventriculaire droite ou biventriculaire). Cet examen peut
montrer des signes d’infarctus latéral en cas d’anomalie congénitale coronaire ou
des anomalies non spécifiques de la repolarisation en cas de myocardiopathie.
Sur le plan diagnostique, l’ECG est surtout utile lorsque l’insuffisance cardiaque
résulte d’une arythmie ou d’un trouble grave de la conduction auriculoventricu-
laire. L’échocardiographie sert à préciser l’étiologie de l’insuffisance cardiaque
et à surveiller l’impact du traitement.
Traitement
I. Traitement d’urgence
Il importe d’abord de stabiliser le patient qui se présente en choc cardiogénique
(voir Choc cardiogénique). Chez celui dont l’état hémodynamique est stable, on
procède comme suit.
1) Placer le patient en position semi-assise.
2) Administrer de l’oxygène humidifié au moyen de lunettes nasales ou d’un
masque. On peut également avoir recours à l’administration d’oxygène par
ventilation spontanée avec pression expiratoire positive (VS-PEP) (CPAP ou
Continuous positive airway pressure). Il importe de se souvenir que l’oxygène
peut abaisser les résistances vasculaires pulmonaires et, dans certains cas de
shunt gauche-droite, aggraver la défaillance cardiaque en majorant l’hyper-
débit.
3) Prescrire une dose d’un diurétique à action rapide comme le furosémide
(de 1 à 2 mg/kg/dose IM ou IV ; max : 80 mg/dose). Cette dose peut être
répétée au besoin de deux à quatre fois par jour. On peut observer une amé-
lioration rapide après une seule dose.
4) Commencer la digitalisation en l’absence de contre-indication. La digitalisa-
tion demeure indiquée dans la plupart des cas, mais elle est contre-indiquée
Insuffisance cardiaque 633
1) Traitement général
• Apport hydrique et calorique : restriction hydrique (100-120 mL/kg/24 h PO
chez le nourrisson, pas plus de 1,5 L/24 h chez l’adolescent). Celle-ci nuit
souvent à l’apport calorique. Pour optimiser cet apport, lequel peut également
être compromis par l’insuffisance cardiaque elle-même (voir section Manifes-
tations cliniques, plus haut), on a recours à un lait enrichi chez le nourrisson
ou à une supplémentation calorique chez l’enfant plus grand. Il est souvent
indiqué, surtout chez le nourrisson, de recourir à une alimentation entérale.
Une supplémentation en vitamine D et en calcium peut s’avérer nécessaire.
634 Insuffisance cardiaque
• Prévention des infections : tous les vaccins doivent être à jour, la défaillance
cardiaque ne constituant pas une contre-indication pour aucun d’entre eux.
En plus des vaccins habituels, on conseille une vaccination contre l’influenza
pour l’enfant âgé de 6 mois ou plus et ses proches, ainsi qu’une prévention
de l’infection au virus respiratoire syncytial par anticorps monoclonaux (pali-
vizumab) chez les enfants de moins de 24 mois.
• Diurétiques : l’administration de diurétiques (un seul ou en association)
peut s’avérer nécessaire et doit être adaptée au degré de surcharge pré-
senté par l’enfant. Le furosémide reste le traitement de première intention
(1 mg/kg/dose PO toutes les 6 à 24 heures ; max : 80 mg/dose). Il est souvent
prescrit en association avec la spironolactone, surtout à des posologies de
plus de 2 mg/kg/24 h, dans le but de diminuer le risque d’hypokaliémie. Les
diurétiques thiazidiques (hydrochlothiazide, chlorothiazide) sont moins pres-
crits dans la pratique courante, mais ils s’avèrent utiles en cas de défaillance
cardiaque grave avec diurèse réfractaire. L’administration de diurétiques à fortes
doses doit se faire sous surveillance clinique jusqu’à l’obtention de la dose
de maintien, avec contrôles sériés de l’ionogramme et de la fonction rénale.
• Digoxine : l’administration chronique de digoxine orale est encore de pratique
courante dans la plupart des cas d’insuffisance cardiaque secondaire à un
shunt gauche-droite. Il faut vérifier l’absence de contre-indication (voir plus
haut), surveiller l’apparition de signes de surdosage et mesurer la digoxinémie
avant la prise au besoin. Dans les cardiomyopathies dilatées, la digoxine a
surtout démontré une réduction transitoire des symptômes sans amélioration
de la survie ; elle est prescrite en phase initiale avant l’introduction et l’aug-
mentation des β-bloquants.
2) Traitement spécifique
• Inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine : ils figurent parmi
les médicaments de premier choix pour le traitement à long terme de l’in-
suffisance cardiaque secondaire à une cardiomyopathie dilatée. Les plus uti-
lisés chez l’enfant sont le captopril et l’énalapril. On amorce habituellement
le traitement par un médicament d’action courte comme le captopril, avec
une dose-test de 0,1 mg/kg PO, en mesurant la pression artérielle avant,
puis une heure après. On prescrit ensuite une dose de 0,5 mg/kg/24 h en
doses fractionnées toutes les 8 heures en augmentant la posologie sur plusieurs
jours en fonction de la tolérance clinique et rénale, pour atteindre une dose
cible de 3-5 mg/kg/24 h. Une fois la dose cible atteinte, on peut passer à un
médicament d’action plus longue comme l’énalapril. En cas d’effet secondaire
(toux chronique surtout), on peut opter pour un bloquant des récepteurs de
l’angiotensine tel que le losartan.
• β-bloquants : ils sont couramment utilisés dans le traitement au long cours de
la cardiomyopathie dilatée, mais on doit les prescrire avec prudence, puisqu’ils
peuvent induire une détérioration transitoire de l’état clinique (asthénie, majo-
ration de la défaillance cardiaque).
• En cas de dysfonction systolique majeure ou arythmie, il est parfois nécessaire
d’administrer un traitement anticoagulant par enoxaparine ou antivitamine K.
Complications
L’insuffisance cardiaque peut provoquer un retard pondéral, des arythmies et des
phénomènes thrombo-emboliques qui peuvent causer le décès.
Insuffisance hépatique aiguë 635
Pronostic
Le pronostic, très variable, dépend de l’étiologie. Certaines cardiomyopathies
vont s’aggraver après un temps variable ; une transplantation cardiaque peut
alors être envisagée.
Généralités
Assez rare chez l’enfant, l’insuffisance hépatique aiguë survient à la suite d’une
maladie qui évolue depuis moins de huit semaines. Sa morbidité et sa mortalité
sont élevées. Les principales causes d’insuffisance hépatique aiguë sont indi-
quées dans le tableau 133.1.
Les rôles du médecin généraliste ou du pédiatre sont de reconnaître pré-
cocement l’insuffisance hépatique et son degré de gravité, de stabiliser l’état de
l’enfant et de corriger ou de prévenir certaines complications (exemple : hypo-
glycémie), d’orienter rapidement le patient vers une équipe spécialisée en hépa-
tologie pédiatrique, dans un centre de transplantation hépatique.
Manifestations cliniques
Les premiers symptômes, souvent peu caractéristiques, sont l’anorexie, les nau-
sées, les vomissements et les douleurs abdominales. Les principales manifes-
tations spécifiques sont l’ictère, l’ascite, les saignements (épistaxis, hémorragie
digestive, saignements aux sites de ponction) et l’encéphalopathie. Une ascite
importante peut s’accompagner d’une détresse respiratoire, voire d’une insta-
bilité hémodynamique avec diminution du volume circulant efficace. L’hypog-
lycémie peut se manifester par une pâleur, une tachycardie, des tremblements,
636 Insuffisance hépatique aiguë
Explorations
Les explorations de la fonction hépatique comprennent le dosage des transami-
nases (AST et ALT), la bilirubinémie totale et conjuguée, l’ammoniémie, la me-
sure des protéines totales, de l’albumine sérique ainsi que des phosphatases
alcalines, de la gamma-glutamyl transférase, du taux de prothrombine, de l’INR,
du temps de céphaline activé et du taux de facteur V. En raison du risque élevé
d’hypoglycémie, la glycémie doit être surveillée régulièrement. Les examens sui-
vants sont également requis et doivent être répétés : hémogramme, ionogramme,
gaz sanguins, amylasémie, urée sanguine et créatininémie.
Une échographie abdominale avec Doppler permet de déterminer le vo-
lume du foie, l’aspect des voies biliaires et la présence d’une anomalie vascu-
laire (exemples : thrombose des veines sus-hépatiques, flux portal hépatofuge).
Une biopsie hépatique à l’aiguille peut être nécessaire, mais on doit souvent la
différer en raison des troubles de coagulation. Chez les patients atteints d’une
encéphalopathie, la tomodensitométrie cérébrale peut confirmer la présence
d’un œdème cérébral.
Il faut réaliser plusieurs autres examens en vue de préciser l’étiologie de l’at-
teinte hépatique. Les explorations suivantes doivent être effectuées de façon priori-
taire : épreuves de dépistage toxicologique, cultures virales, épreuves sérologiques
pour les virus hépatotoxiques, recherche d’auto-anticorps et dépistage métabolique
(chromatographie des acides aminés plasmatiques, chromatographie des acides
Insuffisance hépatique aiguë 637
Traitement
Les patients qui présentent une encéphalopathie de stade II, III ou IV doivent
faire l’objet d’une surveillance étroite dans un service de soins intensifs.
Le traitement comporte deux volets : étiologique et symptomatique.
I. Traitement étiologique
Il existe un traitement spécifique pour l’intoxication par l’acétaminophène (para-
cétamol) (N-acétylcystéine par voie intraveineuse), pour la plupart des causes
métaboliques, les hépatites auto-immunes et l’hépatite à virus Herpes simplex.
Dans la situation particulière de l’insuffisance hépatique du nouveau-né, il est
approprié de suspendre l’alimentation en galactose et d’amorcer un traitement par
acyclovir intraveineux, en attendant les résultats des investigations étiologiques.
Complications
Les principales complications sont l’hypoglycémie, la survenue d’hémorragies mas-
sives, principalement digestives, les infections résultant de perturbations des méca-
nismes immunitaires, l’installation d’une insuffisance rénale et l’œdème cérébral.
Pronostic
Le pronostic varie selon l’étiologie et la gravité de l’insuffisance hépatique. On
rapporte par exemple des taux de survie de plus de 60 % pour l’hépatite A, mais
de 15 % environ pour l’exposition à l’halothane. En cas d’intoxication par l’acé-
taminophène ou dans certaines hépatites virales, une récupération complète des
fonctions hépatiques demeure possible. Lorsqu’une maladie métabolique est en
cause, le traitement spécifique de cette maladie peut prévenir d’autres épisodes.
Le pronostic dépend aussi de la gravité de l’encéphalopathie et des troubles de
la coagulation : une aggravation rapide de l’encéphalopathie (stade III ou IV) avec
une diminution du facteur VII à moins de 20 % de la normale entraîne une morta-
lité d’environ 95 % si une transplantation hépatique n’est pas réalisée.
Insuffisance rénale aiguë 639
Généralités
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) se caractérise par une diminution progressive
et rapide du taux de filtration glomérulaire (TFG) (habituellement en quelques
jours), ce qui entraîne une incapacité des reins à éliminer les déchets azotés et
à maintenir l’équilibre hydro-électrolytique et acidobasique. Elle est définie par
la présence d’au moins un des facteurs suivants :
• augmentation de la créatininémie de ≥ 26,4 μmol/L en 48 heures ;
• augmentation de la créatininémie ≥ 1,5 fois la valeur de base ;
• débit urinaire < 0,5 mL/kg/h pendant 8 heures.
Bien que l’IRA s’accompagne d’une augmentation de l’urée, celle-ci ne fait
pas partie de la définition. Un système de gradation permet de classer le degré
d’IRA (voir tableau 134.1).
Manifestations cliniques
L’accumulation d’urée dans le sang se manifeste par des nausées et des vomis-
sements, de l’anorexie et une haleine malodorante et, lorsqu’elle est très impor-
tante, par une encéphalopathie pouvant mener au coma. L’anurie ou l’oligurie
peuvent provoquer une hypervolémie avec anasarque, ascite, œdème pulmonaire
et défaillance cardiaque. En dehors des reins, les organes le plus souvent atteints
sont le système cardiovasculaire (défaillance cardiaque et parfois péricardite) et
le système nerveux central (encéphalopathie, convulsions). Il peut y avoir une
hypertension artérielle marquée, avec une atteinte d’organes cibles : ischémie myo-
cardique, convulsions, hémorragies rétiniennes, ischémie ou hémorragie cérébrale.
640 Insuffisance rénale aiguë
Explorations
En cas d’IRA, les explorations suivantes peuvent être indiquées selon le contexte
clinique : hémogramme et numération plaquettaire, frottis sanguin (à la recherche
de schizocytes), analyse d’urine pour recherche de sang, de protéines et de signes
suggestifs d’infection urinaire, examen du sédiment urinaire, dosage de l’urée
sanguine et de la créatininémie, ionogramme, albuminémie, glycémie, gaz san-
guins, calcémie et phosphorémie, complément sérique, créatine kinase, culture des
sécrétions pharyngées et dosage des antistreptolysines si l’on suspecte une glo-
mérulonéphrite aiguë post-streptococcique, recherche des anticorps antinucléaires
si le diagnostic de lupus érythémateux disséminé est envisagé, culture d’urine et
recherche de myoglobine dans l’urine. D’autres examens comme le dosage de
l’acide urique et la culture de selles (si l’on soupçonne un syndrome hémolytique
et urémique) peuvent s’avérer utiles.
La mesure de la concentration urinaire en sodium, de l’osmolalité urinaire
et de la fraction d’excrétion de sodium (FeNa) peut aider à distinguer une insuffi-
sance prérénale d’une insuffisance rénale intrinsèque. La FeNa se calcule comme
suit : FeNa = (UNa × PCr /UCr × PNa) × 100, où UNa et PNa correspondent au sodium
Insuffisance rénale aiguë 641
Surveillance et traitement
Les patients atteints d’IRA nécessitent une surveillance étroite et devraient être
traités dans un hôpital où l’on peut entreprendre une dialyse péritonéale, une
hémodialyse ou une hémofiltration en cas de besoin. Les principes de base du
traitement consistent à maintenir une homéostasie hydro-électrolytique et acido-
basique, à éviter les complications potentiellement létales, à assurer un soutien
nutritionnel et à traiter la cause sous-jacente.
Les éléments suivants doivent être surveillés : apports et pertes liquidiens,
poids corporel, pression artérielle, ECG, ionogramme, urée sanguine, créatininé-
mie, calcémie, phosphorémie et gaz sanguins. La mesure de la diurèse horaire
au moyen d’une sonde urinaire est très souvent utile.
Les différentes modalités du traitement sont décrites ci-après.
I. Apports liquidiens et alimentation
• En cas d’insuffisance prérénale, il est prioritaire d’améliorer la perfusion
rénale au moyen d’un remplissage approprié. Si une défaillance cardiaque est
à l’origine de l’hypoperfusion rénale, il faut utiliser les bolus liquidiens avec
642 Insuffisance rénale aiguë
prudence ; dans une telle situation, des agents inotropes associés ou non à
des vasodilatateurs et à des diurétiques sont plutôt à considérer (voir Choc
cardiogénique).
• En cas d’insuffisance rénale intrinsèque, si le patient est anurique, lui donner,
sous forme de NaCl 0,45 % et de glucose 5 %, une quantité de liquides égale
aux pertes insensibles (400 mL/m2/24 h). S’il n’est pas anurique, mesurer la
diurèse horaire et ajouter cette quantité de volume aux pertes insensibles.
S’il y a d’autres pertes (exemple : drainage gastrique), il faut aussi les ajouter.
Si possible, le patient devrait recevoir une alimentation entérale en visant un
apport calorique au moins égal à l’apport habituel. Dans tous les cas, il importe
de restreindre les apports en sodium (de 0,5 à 1 g/24 h) et de diminuer au
minimum, voire d’éliminer, tous les apports en potassium et en phosphore si
possible. Une restriction en protéines (1 g/kg/24 h) est également à envisager
selon le degré d’urémie.
V. Diurétiques
L’objectif est d’augmenter la diurèse du patient qui reste anurique ou oligurique
malgré un volume sanguin circulant jugé adéquat. Prescrire 1 mg/kg IV de furo-
sémide comme dose initiale ; s’il n’y a pas de réponse de 30 à 60 minutes plus
tard, donner 2 mg/kg (certains vont parfois jusqu’à 4 mg/kg). En cas de réponse,
on répète la dose de furosémide qui a été efficace toutes les quatre à six heures.
Insuffisance rénale aiguë 643
Il est inutile de poursuivre ce traitement s’il n’y a pas de réponse, car de fortes
doses de furosémide peuvent causer une otoxicité et une néphrotoxicité. Il n’y
a pas lieu d’utiliser d’autres diurétiques.
VII. Dialyse
Le choix entre une dialyse péritonéale, une hémodialyse et une hémofiltration
dépend de plusieurs facteurs : disponibilité du personnel qualifié et de l’équi-
pement, âge et état hémodynamique du patient, origine de l’insuffisance rénale
et contexte clinique (exemple : une laparotomie récente peut être une contre-
indication à la dialyse péritonéale). Les principales indications d’épuration extra-
rénale pour une IRA sont résumées dans l’encadré 134.1.
• Acidose persistante avec un pH < 7,2 et une concentration de HCO3 < 10 mmol/L
• Hyperkaliémie (≥ 7 mmol/L)
• Hyperphosphorémie accompagnée d’une hypocalcémie avec tétanie ou convulsions
et résistante au traitement
• IRA compliquée d’un œdème aigu du poumon, d’une insuffisance cardiaque ou d’une
crise hypertensive
• IRA prolongée, afin de permettre une alimentation satisfaisante
• Urémie symptomatique (péricardite, coma, convulsion) ou urée sanguine ≥ 40-50 mmol/L
IRA : insuffisance rénale aiguë
Source : Benador N, Phan V, Lemire J, et al. Insuffisance rénale aiguë. Dans Lacroix J, Gauthier M, Hubert P, et al. Urgences
et soins intensifs pédiatriques. Montréal et Paris, Éditions du CHU Sainte-Justine et Masson, 2007;721-743. Reproduit avec
autorisation.
644 Insuffisance rénale chronique
Complications
Les complications les plus graves sont l’hyperkaliémie, l’acidose métabolique, les
arythmies cardiaques, l’hypertension artérielle, la surcharge hydrique avec défail-
lance cardiaque, les infections et l’encéphalopathie.
Pronostic
La mortalité associée à l’IRA varie selon l’âge et l’étiologie. Elle est particulière-
ment élevée lorsque l’insuffisance rénale survient en phase postopératoire (sur-
tout après une intervention chirurgicale sur le cœur). L’anurie est un signe de
mauvais pronostic.
Dans certains cas, une insuffisance rénale chronique fait suite à l’épisode
aigu, nécessitant une dialyse à long terme et, parfois, une transplantation rénale
(voir Insuffisance rénale chronique).
Généralités
On parle de maladie rénale chronique lorsqu’il y a un dommage aux reins ou
une diminution de la fonction rénale pendant trois mois ou plus. On distingue
cinq stades dans la maladie rénale chronique (voir tableau 135.1). Un patient est
habituellement considéré comme étant en insuffisance rénale chronique (IRC)
à partir du stade 3. L’âge à la présentation varie en fonction de l’étiologie sous-
jacente. Environ 20 % des cas se présentent avant l’âge de 2 ans ; dans la majorité
des cas, l’IRC survient après l’âge de 6 ans.
Les principales causes d’IRC chez l’enfant sont résumées dans le tableau 135.2.
Les anomalies congénitales du rein et du tractus urinaire, incluant la dysplasie
rénale, les uropathies obstructives et la néphropathie de reflux, figurent parmi les
causes les plus importantes d’IRC chez l’enfant. Les glomérulopathies de même
que les néphropathies héréditaires constituent aussi des étiologies fréquentes.
Les infections urinaires récurrentes sont devenues une cause rare d’IRC chez
l’enfant dans les pays industrialisés.
Insuffisance rénale chronique 645
Manifestations cliniques
À la phase précoce de l’IRC, le patient est habituellement asymptomatique. Les
symptômes dits d’« urémie » sont généralement présents aux stades 4 et 5 de la
maladie. Ces symptômes sont les suivants.
Manifestations générales Anorexie, asthénie, faiblesse, difficultés de som-
meil. Une diminution importante de l’appétit chez l’enfant ou une cassure de la
courbe de croissance doivent faire rechercher une IRC. L’étiologie du retard de
croissance est multifactorielle.
Manifestations gastro-intestinales Nausées, vomissements, haleine uré-
mique, dysgueusie.
Manifestations neurologiques Altération des fonctions cognitives ou de l’état
de conscience pouvant aller de la somnolence au coma, neuropathie périphérique.
Manifestations osseuses Ostéodystrophie rénale (déformations et douleurs
osseuses, fracture pathologique, retard de croissance).
Autres Péricardite, risque de saignement secondaire à des anomalies de l’ad-
hésion et de l’agrégation plaquettaires, prurit.
Plusieurs autres troubles peuvent survenir chez l’enfant atteint d’IRC, dont les
suivants : surcharge hydrique (secondaire à l’oligurie présente aux stades 4 et 5),
hypertension artérielle (secondaire à l’expansion volémique ou à l’activation du
système rénine-angiotensine-aldostérone), risque accru de maladie cardiovascu-
laire, dysfonction endocrinienne (sick euthyroid syndrome, retard pubertaire).
Explorations
Plusieurs explorations sont nécessaires au moment du diagnostic. L’urée san-
guine et la créatininémie sont mesurées dans tous les cas (la créatininémie peut
être normale au stade 1 de la maladie rénale chronique). On estime le taux de
646 Insuffisance rénale chronique
Traitement
Il a pour objectif de ralentir la progression de l’IRC, de traiter ses complications
et de préparer le patient et sa famille à une éventuelle thérapie de remplace-
ment de la fonction rénale. Les enjeux majeurs sont la croissance, la nutrition
et l’ostéodystrophie rénale. La prise en charge optimale du patient atteint d’IRC
requiert une équipe multidisciplinaire.
La détérioration de la fonction rénale peut également être liée à des atteintes répé-
tées sur le parenchyme rénal (exemple : infections urinaires) ou être secondaire
à la réponse adaptatrice d’hyperfiltration du rein, qui compense pour la perte de
néphrons fonctionnels, mais qui, à la longue, mène à un certain « épuisement ».
D’autres facteurs comme l’hypertension artérielle, la protéinurie, l’anémie, l’hy-
perphosphatémie et l’hypocalcémie peuvent contribuer à la progression de l’IRC.
Le traitement visant à ralentir la progression de l’IRC inclut les éléments
suivants.
• Traitement de la maladie causale (exemple : utilisation d’immunosuppresseurs
dans certaines glomérulopathies).
• Contrôle de la pression artérielle : il importe de réduire la pression artérielle à
une valeur inférieure au 90e percentile pour l’âge, le sexe et la taille du patient.
Les mesures non médicamenteuses habituelles, comme la réduction du poids,
l’exercice et une diète hyposodée, doivent être instaurées. Les enfants qui
présentent une hypertension et une protéinurie devraient être traités, en l’ab-
sence de contre-indication (exemple : hyperkaliémie), avec un inhibiteur de
l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou un antagoniste des récepteurs
de l’angiotensine. L’angiotensine joue un rôle dans la vasoconstriction effé-
rente relative de l’artériole glomérulaire, et le blocage de sa production ou
de son activité réduit l’hyperfiltration glomérulaire, contribuant ainsi à une
possible « rénoprotection » à long terme.
• Traitement des dyslipidémies : une approche non pharmacologique est recom-
mandée dans un premier temps, avec prescription de médicaments (exemple :
statines) au besoin (voir Dyslipidémies).
• Prise en charge de l’anémie et du bilan phosphocalcique : voir ci-après.
• Non recours aux agents néphrotoxiques, y compris les produits de contraste,
si possible.
Pronostic
Plusieurs complications peuvent survenir, surtout si l’enfant ne bénéficie pas
d’une prise en charge optimale. Malheureusement, certaines de ces complica-
tions (exemples : œdème pulmonaire, hyperkaliémie importante) peuvent égale-
ment se présenter malgré les différentes stratégies mises en place par une équipe
qualifiée. Environ 70 % des enfants en IRC évoluent vers une insuffisance rénale
terminale avant l’âge de 20 ans. Grâce aux thérapies de remplacement de la
fonction rénale, ces derniers ont un taux de survie de 80 % sur une période de
10 ans. Les causes les plus fréquentes de décès sont cardiovasculaires (incluant
les accidents vasculaires cérébraux et les arythmies) et infectieuses. L’accumula-
tion de toxines urémiques chez le patient atteint d’IRC majeure entraîne un état
d’immunosuppression qui favorise les infections, et les patients ayant un accès
vasculaire central d’hémodialyse sont particulièrement à risque de bactériémie et
septicémie. Les répercussions psychologiques, sociales et financières associées à
l’IRC sont importantes et méritent que l’on dirige le patient et sa famille vers des
ressources appropriées.
Généralités
L’insuffisance respiratoire aiguë est la principale cause d’arrêt cardiorespiratoire
chez l’enfant ; il faut donc savoir la reconnaître et la traiter rapidement.
On parle d’insuffisance respiratoire aiguë lorsqu’une altération de la fonc-
tion respiratoire compromet les échanges gazeux et, par voie de conséquence,
l’oxygénation tissulaire et l’équilibre métabolique. Il est difficile de définir des
critères d’insuffisance respiratoire aiguë applicables à toutes les situations cli-
niques. Par exemple, en cas de dépression du système nerveux central causée
par une substance toxique, les signes classiques d’insuffisance respiratoire aiguë
peuvent être absents, et l’enfant peut malgré tout souffrir d’acidose respiratoire
et d’hypoxémie. À l’inverse, en cas d’état de mal asthmatique, on peut obser-
ver tous les signes habituels de détresse respiratoire (polypnée, dyspnée, tirage,
diminution de l’entrée d’air à l’auscultation, anxiété), même si le pH sanguin et
la PaCO2 sont normaux, du moins au début de la décompensation.
L’insuffisance respiratoire est confirmée si un patient présente l’une ou l’autre
des anomalies suivantes, ou les deux.
1) Hypoxémie : PaO2 inférieure à 60 mm Hg ou SaO2 inférieure à 92 % à l’air
ambiant, ou PaO2 inférieure à 100 mm Hg sous une FiO2 de 1,0.
650 Insuffisance respiratoire aiguë
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse recherche les symptômes suivants : dyspnée, toux, hypersécrétion,
hémoptysie, wheezing, stridor, douleur thoracique, fièvre, fatigue, intolérance à
l’effort, durée des symptômes, facteurs d’amélioration ou facteurs aggravants et
facteurs prédisposants (exemple : insuffisance respiratoire chronique causée par
une dysplasie bronchopulmonaire).
II. Examen
Les signes cliniques d’insuffisance respiratoire varient en fonction de l’étiologie
et selon le site de l’affection en cause. Par exemple, le signe cardinal d’une obs-
truction laryngée est le stridor, alors qu’une obstruction des voies respiratoires
inférieures se caractérise par des râles sibilants (sibilances), par une tachypnée
sans obstruction ; une affection d’origine neurologique se manifeste par de l’hy-
poventilation et des apnées.
On observe la position de l’enfant et son état général. Au cours de la phase
initiale de l’insuffisance respiratoire aiguë, l’enfant demeure éveillé et anxieux.
Plus tard, on observe une altération de l’état de conscience et une hypotonie.
On recherche la cyanose et l’on mesure les signes généraux (signes vitaux), par-
ticulièrement la fréquence respiratoire : une fréquence dépassant 70/min chez
un enfant âgé de moins de un an ou 60/min chez un enfant de un an ou plus
annonce une insuffisance respiratoire.
On note la présence d’un battement des ailes du nez ainsi que l’utilisation
des muscles accessoires de la respiration. Un tirage intercostal ou sous-costal
suggère que l’insuffisance respiratoire est causée par une atteinte des voies res-
piratoires inférieures (exemple : bronchiolite), tandis qu’un tirage xiphoïdien
s’observe surtout en cas d’obstruction haute (exemple : laryngite). On note la
présence d’une respiration paradoxale ou de geignements expiratoires (grunting).
La percussion du thorax permet de mettre en évidence un épanchement
pleural liquidien (matité) ou gazeux (son tympanique).
L’auscultation pulmonaire vérifie la symétrie de la ventilation et recherche
un souffle tubaire, ainsi que des râles fins, ronflants ou sibilants.
Si l’on suspecte une épiglottite, on s’abstient d’examiner la gorge au moyen
d’un abaisse-langue.
Le reste de l’examen vise à déceler des indices de maladie chronique pré-
existante, comme un hippocratisme digital ou une déformation thoracique.
III. Explorations
1) Quantification de l’insuffisance respiratoire
Pour estimer et suivre l’oxygénation, on utilise l’oxymétrie de pouls ou la PaO2 ;
la première a l’avantage de ne pas être invasive. La PaO2 et la saturation ne
donnent aucune information quant à la présence ou à l’absence d’hypercapnie.
La PaCO2 sert à évaluer et à surveiller la ventilation ; ce paramètre, de même
que le pH, peut être mesuré de façon fiable dans le sang capillaire artérialisé.
Il peut être justifié de procéder à certaines épreuves de fonction respira-
toire si l’état du patient le permet : par exemple, on peut mesurer le volume
expiratoire maximum par seconde (VEMS) en cas d’asthme ou la force inspi-
ratoire en cas d’insuffisance respiratoire neuromusculaire (exemple : syndrome
de Guillain-Barré).
652 Insuffisance respiratoire aiguë
Traitement
I. Traitement général
• Placer l’enfant dans une position demi-assise confortable en évitant de com-
promettre la perméabilité des voies respiratoires supérieures.
• Encourager les parents à rester auprès de l’enfant pour le calmer et le rassurer.
• Réduire les manœuvres invasives (exemple : prise de la température rectale).
• Garder l’enfant à jeun si son état est instable.
• Surveiller étroitement l’évolution de l’état de conscience et des signes géné-
raux (signes vitaux) (fréquences respiratoire et cardiaque surtout).
• Hydratation : voir Déséquilibres hydriques et électrolytiques. Il faut bien sûr
limiter l’apport hydrique en cas de surcharge pulmonaire.
• Nutrition : si l’insuffisance respiratoire se prolonge pendant plus de quelques
jours, l’apport énergétique nécessaire est fourni par sonde gastrique ou duo-
dénale, ou, si cela est impossible, par voie parentérale.
Complications
L’hypoxémie grave peut mener à une bradycardie ou même à une asystolie qui
peut avoir des répercussions majeures et permanentes sur les fonctions céré-
brales. Une hypercapnie importante déprime le système nerveux central, mais
la récupération est excellente en cas de guérison. La ventilation mécanique peut
en soi causer diverses complications : barotraumatisme (pneumothorax, pneu-
momédiastin, emphysème sous-cutané), toxicité de l’oxygène lorsque celui-ci est
administré à une concentration élevée, infection des voies respiratoires, lésion
transitoire ou permanente causée par la sonde endotrachéale.
Pronostic
Le pronostic dépend de la maladie responsable de l’insuffisance respiratoire ainsi
que de la promptitude et de la qualité du traitement. La plus grande partie de
la morbidité et de la mortalité survient pendant la première année de vie ; elle
résulte souvent de malformations congénitales diverses.
Généralités
L’insuffisance respiratoire est définie par une PaO2 inférieure à 60 mm Hg à l’air
ambiant ou par une PaCO2 supérieure à 45 mm Hg. Elle peut être aiguë (voir
Insuffisance respiratoire aiguë) ou chronique (lorsqu’elle persiste pendant plus
de un mois).
L’encadré 137.1 énumère les principales causes d’insuffisance respiratoire
chronique. Celle-ci peut être hypoxémique (exemple : maladie pulmonaire inters-
titielle), hypercapnique (exemple : maladie neuromusculaire) ou mixte (exemples :
fibrose kystique [mucoviscidose], bronchodysplasie pulmonaire). Une insuffisance
respiratoire hypoxémique ou hypercapnique peut évoluer vers une forme mixte
avec la progression de la maladie respiratoire.
L’insuffisance respiratoire hypoxémique est caractérisée par une anomalie
des échanges gazeux. Quatre mécanismes peuvent engendrer une hypoxémie
dans l’insuffisance respiratoire chronique : une inégalité du rapport ventilation-
perfusion, une anomalie de la diffusion, une hypoventilation alvéolaire et, plus
rarement, un shunt artérioveineux. Dans l’insuffisance respiratoire hypoxémique
isolée, l’hyperventilation compensatoire en réponse à la baisse de la PaO2 main-
tient la PaCO2 dans les limites de la normale.
L’insuffisance respiratoire hypercapnique est la résultante d’une hypoven-
tilation alvéolaire. Une rétention modérée ou importante de CO2, soit une aug-
mentation de 30 à 35 mm Hg ou plus de la PaCO2, est souvent observée dans
l’hypoventilation alvéolaire avant qu’une hypoxémie ne survienne. La dysfonction
de la ventilation peut survenir à plusieurs niveaux, soit le contrôle central de la
656 Insuffisance respiratoire chronique
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’anamnèse comprend la recherche de certains éléments tels le ronflement, l’or-
thopnée, ainsi que les symptômes évoquant un trouble de la déglutition, un reflux
gastro-œsophagien ou une hypoventilation nocturne (exemples : fragmentation
du sommeil, céphalée matinale, vigilance et performance cognitive diurne alté-
rées). Les infections respiratoires récurrentes ou graves chez un patient porteur
d’une maladie pulmonaire chronique peuvent signifier la progression de l’affec-
tion vers une insuffisance respiratoire, en particulier chez les patients atteints de
maladies neuromusculaires.
À l’examen physique, il est important de rechercher une respiration para-
doxale caractérisée à l’inspiration par une rétraction vers l’intérieur de la partie
supérieure de la cage thoracique et une expansion de l’abdomen ; à l’expira-
tion, les mouvements contraires sont observés. Il faut documenter la présence
de cyanose centrale et de thorax en forme de cloche. Un retard staturopondé-
ral peut être présent. Plusieurs comorbidités peuvent contribuer à la progres-
sion de l’atteinte respiratoire. Il est important de rechercher une scoliose, une
obésité et des signes d’hypertension artérielle pulmonaire tels que la cyanose,
Insuffisance respiratoire chronique 657
Traitement
I. Mesures générales
• Un suivi par une équipe multidisciplinaire est souvent recommandé, surtout
chez un patient ayant une atteinte multisystémique.
• Immunisation : en plus de la vaccination habituelle, il faut s’assurer que le
patient reçoit le vaccin antipneumococcique polysaccharidique à partir de
l’âge de deux ans. Une vaccination annuelle contre l’influenza est également
recommandée à partir de l’âge de six mois. Dans la majorité des cas, il est
indiqué de prescrire du palivizumab (anticorps monoclonaux contre le virus
respiratoire syncytial) aux patients âgés de moins de deux ans.
• Antibiothérapie : les antibiotiques sont largement prescrits chez les enfants
atteints d’insuffisance respiratoire dès qu’apparaissent des signes d’infection
respiratoire, même mineurs. En général, l’antibiothérapie vise à couvrir les
bactéries qui infectent habituellement les enfants concernés, et ce, en fonc-
tion de l’âge.
• Suivi préchirurgical et post-chirurgical : les patients en insuffisance respiratoire
sont exposés à un risque élevé de complications post-chirurgicales. Ceux qui
présentent une maladie neuromusculaire sont particulièrement à risque d’une
obstruction des voies respiratoires supérieures, d’infection nosocomiale, d’hy-
poventilation et d’atélectasie. On doit porter une attention aux manœuvres de
clairance mucociliaire. Ces manœuvres comprennent entres autres le clapping
et l’assistance manuelle ou mécanique à la toux.
• Planification des soins : dans la phase précoce d’une maladie évolutive ou
dégénérative, il est important que le médecin traitant discute avec le patient,
si cela est possible, et avec ses parents quant au degré d’intervention souhaité
(voir Soins palliatifs).
658 Insuffisance respiratoire chronique
II. Oxygénothérapie
Les principales affections qui peuvent nécessiter une oxygénothérapie à long
terme sont les suivantes : la dysplasie bronchopulmonaire, l’hypertension pulmo-
naire primaire ou secondaire, les maladies interstitielles, la bronchiolite oblité-
rante et la fibrose kystique. Le traitement de l’hypoxémie permet de prévenir une
hypertension artérielle pulmonaire, un malaise grave et les troubles développe-
mentaux. On a recours à l’oxymétrie pour l’investigation et le suivi de l’hypoxé-
mie isolée. Une oxygénothérapie s’avère indiquée si l’enfant ou l’adolescent est
incapable de maintenir une SaO2 moyenne à 93 % ou plus ou encore si la SaO2
est inférieure à 90 % durant une période prolongée de l’enregistrement. On vise
généralement une SaO2 de 92 à 94 %. L’utilisation de l’oxygénothérapie seule est
habituellement proscrite chez un patient atteint d’hypoventilation chronique, car
la supplémentation en oxygène peut diminuer la réponse respiratoire centrale
et exacerber l’hypercapnie.
III. Traitement spécifique de l’insuffisance respiratoire
chronique hypercapnique
• Chez les patients atteints de maladies neuromusculaires, des exercices quo-
tidiens de recrutement des volumes pulmonaires sont recommandés (voir
Maladies neuromusculaires).
• La ventilation non invasive améliore la qualité de vie et la survie chez les pa-
tients souffrant d’insuffisance respiratoire chronique avec hypoventilation.
Elle est généralement indiquée s’il y a une élévation prolongée de la PaCO2
au-dessus de 45 mm Hg ou dans le cas de désaturations prolongées. Le trai-
tement de choix est le plus souvent la ventilation non invasive biphasique
(BiPAP ou biphasic positive airway pressure). Dans certains cas, surtout pour
ceux chez qui un tableau d’obstruction des voies respiratoires supérieures
prédomine (exemple : syndrome de Pierre-Robin), la ventilation spontanée
avec pression expiratoire positive (VS-PEP) (CPAP ou continuous positive
airway pressure) peut être indiquée. Une polysomnographie s’avère utile pour
le suivi afin d’évaluer l’efficacité du soutien ventilatoire. Dans les milieux où
cette technologie n’est pas facilement accessible, une oxymétrie avec moni-
torage continu de la pression partielle transcutanée en CO2 peut être utilisée
à domicile.
• Trachéostomie avec ou sans ventilation mécanique à pression positive : en
général, la ventilation non invasive constitue la première option lorsqu’un
soutien ventilatoire est jugé nécessaire. Une trachéostomie devrait être envi-
sagée si l’on ne parvient pas à une ventilation acceptable par une méthode
non invasive, si le patient ne tolère pas la ventilation non invasive ou si l’on
observe une dépendance à la ventilation assistée (ventilation diurne et noc-
turne). Procéder à une trachéostomie représente une décision majeure, et
une discussion éclairée des enjeux liés à cette intervention doit avoir lieu au
préalable avec les parents. Ce choix est particulièrement controversé dans
les cas de maladies neuromusculaires. Les principales complications précoces
de la trachéostomie sont l’infection locale, la décanulation accidentelle, la
formation d’un faux passage, le pneumomédiastin, le pneumothorax et l’hé-
morragie aiguë. Parmi les complications tardives figurent les suivantes : tra-
chéite récurrente, décanulation accidentelle, obstruction de la canule, sténose
sous-glottique, ulcération et granulome trachéaux, trachéomalacie, fistule
trachéo-œsophagienne, hémorragie et atteinte de la phonation.
Insuffisance surrénalienne 659
Généralités
L’axe corticotrope du corps humain met en relation l’hypothalamus, l’hypophyse
et les glandes surrénales, par l’intermédiaire de plusieurs hormones tels la cor-
ticolibérine (CRH ou corticotropin-releasing hormone), l’hormone corticotrope
(ACTH ou adrenocorticotropic hormone), le cortisol et les androgènes. Les glandes
surrénales interagissent par ailleurs avec les reins, par la production de l’aldos-
térone. Une atteinte, congénitale ou acquise, structurale ou fonctionnelle d’une
des composantes de l’axe corticotrope peut mettre en péril la production des
hormones glucocorticoïdes, minéralocorticoïdes ou androgènes, cela menant à
une insuffisance surrénalienne. Cette situation rare et insidieuse peut se présen-
ter à tout âge. Elle constitue une urgence médicale : si elle n’est pas reconnue et
prise en charge adéquatement, elle peut mener au décès.
Les causes d’insuffisance surrénalienne sont multiples (voir tableau 138.1).
On distingue les formes primaires, qui concernent le développement ou le fonc-
tionnement des glandes surrénales elles-mêmes, et les causes secondaires, qui
proviennent de troubles hypophysaires ou hypothalamiques.
Plusieurs de ces causes ont une étiologie génétique. La plus connue est
l’hyperplasie congénitale des surrénales, dont la transmission se fait selon le
mode autosomique récessif ; elle met en cause un déficit enzymatique (qui
touche l’enzyme 21-hydroxylase dans environ 95 % des cas) sur la voie de syn-
thèse du cortisol et, parfois, de l’aldostérone. Le déficit en cortisol qui en résulte
entraîne une hypersécrétion d’ACTH et une hyperplasie du cortex surrénalien.
Des métabolites androgéniques sont produits en amont du bloc. Le dépistage
néonatal est possible.
La suppression de l’axe corticotrope peut survenir à la suite d’un traitement
prolongé avec des corticostéroïdes systémiques. Un sevrage graduel de cette
médication est important afin de s’assurer d’une reprise graduelle de la produc-
tion endogène de cortisol.
Un pseudo-hypoaldostéronisme peut se développer, notamment, dans le
contexte d’une infection urinaire ou d’une anomalie du tractus urinaire ; il rentre
dans l’ordre une fois le problème sous-jacent contrôlé.
Enfin, il est utile de savoir que certains médicaments, telles la phénytoïne
et la rifampicine, peuvent entraîner une augmentation du métabolisme des
660 Insuffisance surrénalienne
Manifestations cliniques
Chez le nouveau-né, outre le cas de l’hyperplasie congénitale des surrénales chez
la fille (qui se manifeste par une ambiguïté sexuelle), les premiers symptômes
peuvent apparaître après quelques jours de vie ; en l’absence de traitement, un
état de choc peut survenir vers l’âge de une à deux semaines, ou plus tardive-
ment. Les enfants atteints d’insuffisance surrénalienne présentent des manifesta-
tions non spécifiques progressives.
Insuffisance surrénalienne 661
Explorations
Il est important de procéder à l’investigation le plus rapidement possible en pré-
sence d’une insuffisance surrénalienne présumée.
Les investigations de base sont les suivantes : hémogramme, ionogramme,
glycémie, gaz sanguins, urée sanguine et créatininémie. L’hémogramme peut
révéler une anémie dans le cas d’une hémorragie surrénalienne (rare), une
hémoconcentration en cas de déshydratation, ainsi qu’une hyperleucocytose
dans le cas d’une infection précipitant la crise. Les anomalies caractéristiques
de l’insuffisance surrénalienne sont l’hyponatrémie, l’hyperkaliémie et, moins
662 Insuffisance surrénalienne
Traitement
I. Traitement d’urgence
• Prélever l’échantillon sanguin pour les mesures « critiques » (voir ci-dessus).
• Stabiliser l’état hémodynamique et corriger l’hyponatrémie : voir Choc hypo-
volémique non hémorragique et Déséquilibres hydriques et électrolytiques.
Une fois le patient stabilisé, prescrire un soluté NaCl 0,9 % selon les besoins
d’entretien.
• Corriger l’hypoglycémie s’il y a lieu (voir Hypoglycémie). Par la suite, prescrire
un soluté dextrose 5 % selon les besoins d’entretien.
• Traiter l’hyperkaliémie s’il y a lieu : voir Déséquilibres hydriques et électrolytiques.
• Commencer le traitement de remplacement des glucocorticoïdes : dose ini-
tiale d’hydrocortisone de 50 à 100 mg/m2 IV puis 100 mg/m2/24 h IV ou IM
en doses fractionnées toutes les 6 heures. Il est à noter que la cortisone et
l’hydrocortisone, à doses supraphysiologiques, sont les seuls glucocorticoïdes
dotés d’effets minéralocorticoïdes suffisants pour qu’il ne soit pas nécessaire
d’administrer de fludrocortisone (FlorinefMD).
• Rechercher attentivement un facteur précipitant comme une infection.
Insuffisance surrénalienne 663
Prévention
I. Prise de corticostéroïdes par voie générale
Chez un patient qui reçoit des corticostéroïdes par voie générale (orale ou paren-
térale) à des fins thérapeutiques depuis plus de 14 jours, il importe, quand vient
664 Insuffisance surrénalienne
Intoxications 139
Benoit Bailey, Pierre Gaudreault
Pour les drogues, voir Usage de substances psychoactives.
Généralités
Les intoxications demeurent une cause importante de morbidité et de morta-
lité chez l’enfant. La plupart du temps, l’exposition à l’agent toxique se produit
par voie orale. Occasionnellement, des intoxications peuvent aussi survenir par
inhalation, par absorption cutanée, par injection ou par voie rectale. Chez l’en-
fant âgé de un à cinq ans, elles sont involontaires ; chez l’adolescent, elles sont
la plupart du temps volontaires et résultent en général de tentatives de suicide.
Des intoxications médicamenteuses iatrogéniques peuvent survenir à tout âge. Les
intoxications polymédicamenteuses compliquent la présentation clinique en mas-
quant certains tableaux cliniques propres à un type d’intoxication (« toxidromes »).
Les centres antipoison constituent une source inestimable de renseignements et
de conseils parce qu’ils accumulent et intègrent continuellement des données à
propos de la multitude de produits toxiques disponibles.
Mesures générales
I. Évaluation initiale sommaire
Il importe d’abord de vérifier la respiration, la stabilité hémodynamique et l’état
de conscience du patient.
V. Augmentation de l’élimination
1) Le charbon activé peut accélérer l’excrétion de certains agents toxiques en les
attirant dans la lumière intestinale alors qu’ils ont déjà été absorbés dans
la circulation ; c’est la « dialyse intestinale ». Ainsi, en cas d’intoxication par la
carbamazépine, le dapsone, le phénobarbital, la quinine ou la théophylline,
il est utile d’administrer du charbon activé toutes les 4 à 6 heures pendant
24 à 48 heures ou jusqu’au moment où l’état du patient s’est normalisé et où
le taux sérique du produit en cause se situe en dessous du taux toxique.
2) La modification du pH urinaire n’est couramment utilisée que dans l’intoxication
par l’acide acétylsalicylique. Dans cette situation, il faut alcaliniser l’urine en don-
nant du bicarbonate de sodium (voir section Acide acétylsalicylique (aspirine),
plus bas). Une kaliémie normale est essentielle au succès de l’alcalinisation.
Intoxications 667
VI. Antidotes
Les principaux antidotes sont les suivants :
• anticorps antidigitale (intoxication par la digitale) ;
• atropine (intoxication par les insecticides de type organophosphoré ou de type
carbamate) ;
• bleu de méthylène (intoxication par les agents méthémoglobinisants) ;
• carnitine (intoxication par l’acide valproïque) ;
• diphenhydramine (réaction extrapyramidale secondaire à une intoxication
par les phénothiazines) ;
• émulsion lipidique (intoxication par des anesthésiants locaux ou par des
médicaments liposolubles causant une asystolie) ;
• éthanol (intoxication par l’éthylène glycol ou par le méthanol si le fomépizole
n’est pas disponible) ;
• flumazénil (intoxication par les benzodiazépines) ;
• fomépizole (intoxication par l’éthylène glycol ou par le méthanol) ;
• hydroxycobalamine (intoxication par le cyanure) ;
• insuline-glucose (intoxication par les β-bloquants ou les bloquants des canaux
calciques) ;
• N-acétylcystéine (intoxication par l’acétaminophène [paracétamol]) ;
• naloxone (intoxication par les analgésiques opioïdes) ;
• octréoctide (intoxication par les hypoglycémiants de type sulfonyluré) ;
• oxygène (intoxication par le monoxyde de carbone) ;
• physostigmine (intoxication par les anticholinergiques) ;
• protamine (intoxication par l’héparine) ;
• pyridoxine (intoxication par l’isoniazide) ;
• trihexyphénidyle (intoxication par les phénothiazines) ;
• vitamine K (intoxication par la warfarine).
Principales intoxications
Seules les intoxications communes chez les enfants sont traitées ici. Pour les
autres, il convient de consulter un ouvrage spécialisé. Dans tous les cas, un trai-
tement de soutien (exemple : ventilation mécanique) bien mené et adapté à la
situation est important.
I. Acétaminophène (paracétamol)
1) Sources
Nombreuses préparations analgésiques et antipyrétiques.
2) Dose toxique
a) En dose unique : chez l’enfant de moins de 6 ans : 200 mg/kg ; chez l’enfant
de 6 ans ou plus : 150 mg/kg ou 7,5 g.
b) En dose répétée : 75 mg/kg/24 h.
3) Manifestations cliniques
Le principal problème est une hépatite toxique possiblement fatale. Il peut aussi
y avoir une nécrose tubulaire aiguë. Les symptômes peuvent apparaître jusqu’à
24 heures après l’ingestion ; il s’agit d’anorexie, de nausées, de vomissements, de
douleur à l’hypocondre droit, d’ictère et d’encéphalopathie hépatique.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure et si l’on prévoit donner de la N-acétylcystéine par voie
intraveineuse, et non si l’on envisage d’administrer celle-ci par voie orale.
c) Pour une intoxication aiguë, administrer de la N-acétylcystéine moins de 24 heures
après l’ingestion s’il y a un risque d’hépatite toxique selon le nomogramme de
Rumack (voir figure 139.1), en se basant sur le taux sérique d’acétaminophène
obtenu au moins 4 heures après l’ingestion. Si l’on peut obtenir le résultat du
dosage d’acétaminophène rapidement – moins de 8 heures postingestion –,
on peut attendre ce résultat avant de prescrire la N-acétylcystéine. Cepen-
dant, s’il est impossible d’obtenir le résultat du dosage en dedans de 8 heures
postingestion, il est préférable de commencer le traitement sans attendre le
résultat, quitte à l’arrêter si le dosage montre qu’une hépatotoxicité est impro-
bable. Pour une intoxication chronique, administrer de la N-acétylcystéine si
la concentration d’acétaminophène est supérieure à 66 μmol/L (10 μg/mL)
ou si les transaminases sont supérieures aux valeurs normales. La voie intra-
veineuse est préférable à la voie orale, car cet antidote a très mauvais goût et
cause souvent des vomissements. La posologie est la suivante.
• En perfusion intraveineuse continue : 150 mg/kg de N-acétylcystéine (soit
0,75 mL/kg d’une solution 20 %) dilués dans 3 mL/kg (max : 200 mL) de dex-
trose 5 % en 60 minutes, puis 50 mg/kg de N-acétylcystéine (soit 0,25 mL/kg
d’une solution 20 %) dilués dans 10 mL/kg (max : 500 mL) de dextrose 5 %
en 4 heures, puis 100 mg/kg de N-acétylcystéine (soit 0,5 mL/kg d’une solu-
tion 20 %) dilués dans 20 mL/kg (max : 1 000 mL) de dextrose 5 % en 16 heures.
Dans le cas des patients ayant présenté une atteinte hépatique, on poursuit
habituellement la perfusion de 16 heures jusqu’à ce que les concentrations
sériques d’acétaminophène soient indétectables et que la fonction hépatique
soit en voie d’amélioration (exemple : l’INR a régressé de 20 % par rapport à
la valeur anormale maximale, et les transaminases diminuent).
Intoxications 669
• Par voie orale dans du jus de fruits : 140 mg/kg comme dose initiale, puis
17 doses successives de 70 mg/kg toutes les 4 heures.
d) En raison de l’efficacité de l’antidote, aucune méthode d’épuration extrarénale
n’est utile à moins d’acidose lactique précoce avec instabilité hémodynamique.
e) Surveiller les transaminases, la bilirubinémie, la glycémie et la coagulation
s’il y a un risque d’hépatite. Il n’est utile de mesurer de façon sériée (toutes
les quatre à six heures) les concentrations sériques d’acétaminophène qu’en
présence d’une atteinte hépatique nécessitant l’administration prolongée de
N-acétylcystéine.
* Le premier dosage sérique est effectué quatre heures après l’ingestion d’une dose unique. Il est indiqué d’utiliser l’antidote
si le taux sérique est situé au-dessus de la ligne pointillée (toxicité hépatique possible).
Source : Bizoni KE, Smilkstein MJ. Acetaminophen. Dans Goldfrank LR, Flomenbaum NE, Lewin NA, et al., eds. Goldfrank’s
Toxicologic Emergencies. New York, McGraw-Hill, 2002, p. 480-501. Reproduit avec autorisation.
670 Intoxications
rapporté chez quelques enfants âgés de moins de deux ans qui étaient traités
de façon continue avec des doses normales.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) La détermination du taux sérique permet de confirmer la gravité de l’intoxi-
cation ; un taux supérieur à 833 μmol/L (120 μg/mL) est considéré comme
toxique. Il est inutile de déterminer le taux sérique plus de une fois sauf pour
décider du moment où il faut reprendre le traitement habituel.
d) La carnitine peut être utilisée comme antidote si le taux sérique est supérieur
à 3 125 μmol/L (450 μg/mL), de même qu’en présence d’une atteinte hépatique
ou d’une hyperammoniémie chez un patient symptomatique. La dose uti-
lisée pour les taux sériques élevés est de 25 mg/kg IV en 10-30 minutes toutes
les 6 heures (max : 3 g/24 h). Dans les cas d’hyperammoniémie ou d’atteinte
hépatique, on administre une dose de charge de 100 mg/kg IV en 30 minutes
(max : 6 g) suivie de doses d’entretien de 15 mg/kg IV toutes les 4 heures
en 10-30 minutes (max : 6 g/24 h sans compter la dose de charge).
e) L’épuration extrarénale est réservée aux patients présentant une dysfonction
hépatique, une instabilité hémodynamique ou un taux sérique égal ou supé-
rieur à 5 000 μmol/L (720 μg/mL).
2) Dose toxique
Une dose unique supérieure à 5 à 10 mg/kg peut causer des symptômes.
3) Manifestations cliniques
Elles sont très variées, les plus graves étant les manifestations cardiovasculaires
(tachy-arythmies supraventriculaires et ventriculaires, état de choc) et neuro-
logiques (mydriase, somnolence, agitation, confusion, hallucinations, délire,
convulsions, coma, dépression respiratoire). On observe également des troubles
digestifs (nausées et vomissements) et une rétention urinaire.
4) Traitement
a) Le lavage gastrique est rarement indiqué.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
e) Une surveillance électrocardiographique continue est nécessaire chez les
patients intoxiqués ; on doit les observer jusqu’à 12 heures après la disparition
de toutes les manifestations neurologiques et cardiaques (le complexe QRS
doit avoir une durée inférieure à 100 millisecondes).
f) Traitement de soutien : on traite les convulsions au moyen d’une benzodiazépine
ou de phénobarbital (voir Convulsions et état de mal convulsif ). On devrait
éviter la phénytoïne. Le bicarbonate de sodium est utilisé pour le traitement
des arythmies ou de l’hypotension : de 1 à 2 mmol/kg/dose IV, à répéter au
besoin (toutes les 30 minutes à 4 heures) pour obtenir et maintenir un com-
plexe QRS inférieur à 100 millisecondes ou un pH sanguin maximum de 7,55.
VIII. Antihistaminiques
1) Sources
Nombreux médicaments comme la cétirizine, la chlorphéniramine, la clémastine,
le dimenhydrinate, la diphenhydramine, l’hydroxyzine et la tripolidine. On les
trouve fréquemment dans les préparations contre les allergies, le mal des trans-
ports et les infections respiratoires.
2) Dose toxique
En dose unique : environ cinq fois la dose thérapeutique.
3) Manifestations cliniques
Elles sont très variées : vasodilatation cutanée, somnolence, agitation, hallucina-
tions, hyperréflexie, convulsions, coma, mydriase, fièvre, nausées, vomissements,
sécheresse de la bouche, rétention urinaire. Les antihistaminiques récents comme
la cétirizine causent moins de somnolence que les plus anciens.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
e) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
Intoxications 675
XI. Camphre
1) Source
Huile camphrée.
2) Dose potentiellement fatale chez l’enfant
En dose unique : 1 g.
3) Manifestations cliniques
Convulsions survenant généralement très tôt (de 5 à 30 minutes) après l’inges-
tion. Autres symptômes possibles : coma, nausées, vomissements.
4) Traitement
a) Ne pas faire vomir.
b) Le charbon activé est probablement inutile.
c) La détermination du taux sérique est inutile.
d) Il n’y a pas d’antidote.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
f) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
g) Les convulsions sont traitées de la façon habituelle, mais en évitant la phé-
nytoïne (voir Convulsions et état de mal convulsif).
XII. Carbamazépine
1) Source
Anticonvulsivant.
2) Dose toxique
En dose unique : cinq fois la dose thérapeutique.
3) Manifestations cliniques
Agitation, ataxie, coma parfois intermittent, hallucinations, hyperréflexie ou hypo-
réflexie, mydriase, nystagmus, somnolence. Il peut aussi y avoir de la tachycardie,
de l’hypotension artérielle et, plus rarement, des arythmies.
Intoxications 677
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte
à moins de une heure ; on peut aussi envisager de donner des doses supplé-
mentaires de 1 g/kg de charbon activé toutes les 4 heures chez les patients
présentant une instabilité hémodynamique jusqu’à ce que les fonctions vitales
se soient normalisées sous l’effet de la dialyse intestinale.
c) La détermination du taux sérique permet de confirmer la gravité de l’intoxi-
cation ; une concentration supérieure à 51 μmol/L (12 μg/mL) est considérée
comme toxique. Il est inutile de mesurer le taux sérique plus de une fois, sauf
dans le cas d’une intoxication traitée par dialyse intestinale ou si l’on désire
savoir quand recommencer le traitement habituel à la carbamazépine.
d) Il n’y a pas d’antidote.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XIII. Corrosifs
1) Sources
Acides forts (exemples : chlorhydrique, nitrique, phosphorique, sulfurique)
et bases fortes (exemples : comprimés ClinitestMD, hydroxydes de potassium et de
sodium). L’eau de Javel pour usage domestique n’est pas corrosive, sauf sous
forme concentrée.
2) Toxicité
Les corrosifs causent des brûlures de la bouche, de l’œsophage, de l’estomac et
parfois des voies respiratoires supérieures. Les lésions œsophagiennes et pylo-
riques peuvent se compliquer de sténose.
3) Manifestations cliniques
Il peut y avoir des brûlures cutanées ou buccales. Il est possible d’observer des
lésions œsophagiennes en l’absence de brûlures de la bouche. Lorsque l’œso-
phage est atteint, le patient présente souvent de la dysphagie, de l’hypersalivation
et des douleurs thoraciques. Une perforation de l’œsophage peut entraîner une
médiastinite. Une obstruction des voies respiratoires supérieures est possible.
4) Traitement
a) Faire boire immédiatement une petite quantité d’eau ou de lait, sauf en pré-
sence d’une ingestion d’acide sulfurique ; dans ce cas, ne rien donner.
b) Ne pas faire vomir et ne pas effectuer de lavage gastrique.
c) Ne pas administrer de charbon activé.
d) Dans le cas d’un corrosif alcalin (pH > 12,5), pratiquer une œsophagoscopie
le plus tôt possible pour établir le bilan des lésions. En raison du risque de
perforation, il ne faut pas faire descendre l’œsophagoscope plus bas que la
première brûlure. Dans le cas d’un acide, s’il y a des symptômes, il faut pra-
tiquer une œsophagoscopie et une gastroscopie (risque de brûlure, puis de
sténose du pylore).
e) S’il y a des brûlures œsophagiennes superficielles (simple érythème, brûlure
du 1er degré), il n’y a pas de risque de sténose ; aucun traitement ni suivi ne
sont nécessaires. En cas de lésions plus profondes, caractérisées par des ulcé-
rations (brûlures du 2e ou du 3e degré), il faut garder l’enfant en observation
pendant 24 à 48 heures. S’il est incapable d’avaler, on installe une perfusion.
678 Intoxications
S’il s’agit d’une brûlure par un alcalin, on peut considérer d’administrer des
corticostéroïdes pendant trois semaines pour tenter de prévenir les sténoses.
On utilise la prednisone ou la prednisolone à raison de 2 mg/kg/24 h PO
en doses fractionnées toutes les 12 heures (max : 60 mg/24 h). Si l’enfant est
incapable d’avaler, on utilise l’hydrocortisone à raison de 10 mg/kg/24 h IV en
doses fractionnées toutes les 6 heures (max : 200 mg/24 h). Un certain doute
persiste quant à l’utilité des corticostéroïdes en cas d’ingestion d’un alcalin ;
ils n’ont pas d’utilité s’il s’agit d’ingestion d’un acide. Environ trois semaines
après l’ingestion, on vérifie s’il n’y a pas de sténose, au moyen d’un transit
œsophagien (gorgée barytée) plutôt que par une nouvelle œsophagoscopie.
Dans certains hôpitaux, on installe une sonde de silastic dans l’œsophage
pour prévenir la formation de sténoses cicatricielles. Lorsqu’une sténose est
établie, on effectue des dilatations. On réserve l’antibiothérapie aux patients
qui ont une perforation œsophagienne avec médiastinite. En cas d’obstruction
respiratoire, une trachéotomie peut être nécessaire.
XIV. Digitale
1) Sources
Médicaments servant au traitement de la défaillance cardiaque (digoxine et autres),
certaines plantes comme la digitale pourpre, le muguet et le laurier.
2) Dose toxique
En dose unique : de trois à cinq fois la dose thérapeutique ; variable pour les
plantes.
3) Manifestations cliniques
Bradycardie, arythmies, bloc auriculoventriculaire du 1er, 2e ou 3e degré, asysto-
lie ou fibrillation ventriculaire pouvant être fatales. Les signes électrocardiogra-
phiques sont un espace QT court, un allongement de l’espace PR, un segment ST
en cupule, une onde T biphasique ou inversée, ainsi que diverses arythmies. On
observe également des nausées, des vomissements, une hyperkaliémie (intoxi-
cation aiguë) ou une hypokaliémie (intoxication chronique).
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) La détermination du taux sérique est utile : un taux supérieur à 2,6 nmol/L
(2 ng/mL) confirme l’intoxication après la phase de distribution, soit de 6 à
8 heures après l’ingestion.
d) Les anticorps antidigitale sont utilisés avec succès dans les cas graves. Les
principales indications sont les arythmies menaçant la vie, l’hyperkaliémie
(> 5,5 mmol/L) ou une concentration sérique égale ou supérieure à 6,5 nmol/L
(5 ng/mL). Posologie : le nombre de flacons de DigiFabMD de 40 mg à adminis-
trer = digoxinémie (nmol/L) × poids (kg) × 0,00781. Chez un patient présentant
des signes d’intoxication grave pour qui l’on ne peut attendre le résultat de
la digoxinémie, on suggère d’administrer 2 flacons pour un poids se situant
entre 5 et 19 kg ; 4 flacons pour un poids de 20 à 49 kg ; 8 flacons pour un
poids de 50 et 69 kg ; et 10 flacons pour un poids égal ou supérieur à 70 kg.
e) Suivre l’évolution du taux sérique jusqu’à ce qu’il descende sous le seuil
toxique. L’utilisation des anticorps antidigitale empêche de mesurer la digoxine
à moins que le laboratoire puisse être en mesure de mesurer la digoxine libre.
Intoxications 679
XVI. Fer
1) Sources
Préparations pour le traitement de l’anémie. Le fer élémentaire représente 12 % du
gluconate ferreux, 20 % du sulfate ferreux et 33 % du fumarate ferreux.
2) Dose toxique
En dose unique : 40 mg/kg de fer élémentaire.
3) Manifestations cliniques
Hypotension artérielle, choc, léthargie, coma, nausées, vomissements, douleurs
abdominales, diarrhée, atteinte hépatique, méléna, rectorragies, atteinte rénale,
acidose métabolique, hyperleucocytose, hyperglycémie, coagulopathie. Ces mani-
festations peuvent apparaître tardivement.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique peut être utile si l’ingestion remonte à moins de
une heure.
b) Le charbon activé est inutile. Envisager de faire un lavage intestinal.
c) La mesure du taux sérique effectuée environ six heures après l’ingestion per-
met de confirmer la gravité de l’intoxication :
• inférieure à 22,4 μmol/L (125 μg/dL) : pas de symptômes ;
• de 22,4 à 53,7 μmol/L (de 125 à 300 μg/dL) : possibilité de nausées, de
vomissements et de méléna ;
• de 53,7 à 89,5 μmol/L (de 300 à 500 μg/dL) : douleurs abdominales, vomis-
sements, rectorragies, léthargie ;
• de 89,5 à 134,5 μmol/L (de 500 à 750 μg/dL) : hypotension artérielle ;
• supérieur à 134,5 μmol/L (750 μg/dL) : choc, acidose métabolique, coma,
troubles de la coagulation.
Un dosage sérique tardif peut être normal malgré une intoxication grave.
La radiographie simple de l’abdomen peut montrer des comprimés dans l’es-
tomac ou dans l’intestin.
d) La déféroxamine agit comme agent chélateur du fer. On recommande son
administration aux patients ayant un fer sérique supérieur à 89,5 μmol/L
(500 μg/dL) ou qui présentent plus que des malaises digestifs et dont le fer
sérique dépasse 63 μmol/L (350 μg/dL). Elle est généralement administrée en
perfusion intraveineuse, à raison de 10 à 15 mg/kg/h. On interrompt ce traite-
ment chélateur lorsque les symptômes ont disparu et que le fer sérique s’est
normalisé. Un traitement à la déféroxamine qui dure plus de 36 à 48 heures
peut causer un œdème pulmonaire non cardiogénique (syndrome de détresse
respiratoire aiguë).
e) Il faut suivre l’évolution des taux sériques du fer, de l’équilibre acidobasique,
des transaminases, de l’urée et de la créatininémie.
f) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XVII. Fluor
1) Sources
Préparations pour la prévention de la carie dentaire.
2) Dose toxique
En dose unique : de 5 à 6 mg/kg de fluor élémentaire.
Intoxications 681
3) Manifestations cliniques
Hypotension artérielle, arythmies cardiaques, dépression respiratoire, trem-
blements, faiblesse musculaire, tétanie, convulsions, hypersalivation, nausées,
vomissements, diarrhée, douleurs abdominales, hypocalcémie, hypokaliémie,
hypomagnésémie, atteinte hépatique et rénale.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique pourrait être utile si l’ingestion remonte à moins de
une heure.
b) L’efficacité du charbon activé n’est pas établie.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Il faut surveiller l’évolution de la calcémie, de la kaliémie, de la magnésémie,
ainsi que les fonctions hépatique et rénale.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
f) Traiter l’hypocalcémie de la façon habituelle (voir Hypocalcémie et hypercalcémie).
XVIII. Hydrocarbures
1) Sources
a) Hydrocarbures aliphatiques (exemples : essence, kérosène, solvants pour la
peinture).
b) Hydrocarbures aromatiques (exemples : benzène, toluène, xylène).
c) Hydrocarbures halogénés (exemple : tétrachlorure de carbone).
2) Toxicité
Les hydrocarbures aliphatiques ont surtout une toxicité locale lorsqu’ils sont
inhalés dans les bronches. Les hydrocarbures aromatiques et halogénés ont une
toxicité générale.
3) Manifestations cliniques
Avec les hydrocarbures aliphatiques, le problème principal est la pneumonie
chimique. Elle se caractérise par de la toux, de la dyspnée, de la polypnée, du
tirage, des râles, de la fièvre, une hyperleucocytose et des infiltrats radiologiques
qui peuvent prendre une douzaine d’heures pour apparaître. Des pneumato-
cèles peuvent se former. L’ingestion d’une grande quantité d’hydrocarbures ali-
phatiques (> 5 à 10 mL/kg) peut aussi causer une atteinte du système nerveux
central avec des convulsions et une altération de l’état de conscience pouvant
aller jusqu’au coma. Les hydrocarbures aromatiques et halogénés entraînent par-
fois une atteinte hépatique.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est inutile et même contre-indiquée, surtout avec les
hydrocarbures aliphatiques.
b) Le charbon activé est inefficace.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Surveiller les transaminases (toutes les 12 à 24 heures) en cas d’intoxication
par un hydrocarbure aromatique ou halogéné.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
f) Traitement de soutien de la pneumonie chimique. Les corticostéroïdes sont
inutiles. Une antibiothérapie n’est indiquée que dans les rares cas de surin-
fection bactérienne secondaire.
682 Intoxications
XIX. Ibuprofène
1) Sources
Nombreuses préparations analgésiques et antipyrétiques.
2) Dose toxique
En dose unique : 200 mg/kg ; une intoxication grave correspond à une ingestion
de plus de 400 mg/kg.
3) Manifestations cliniques
Somnolence, céphalées, étourdissements, tinnitus, nausées, vomissements et
douleur épigastrique. Des cas de coma, de convulsions, d’acidose métabolique, de
syndrome de détresse respiratoire aiguë, d’apnée, d’hypothermie, de rhabdo-
myolyse et d’insuffisance rénale aiguë ont été rapportés dans les cas d’intoxica-
tions particulièrement graves.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Il n’y a pas de paramètre paraclinique spécifique à surveiller sauf dans les
cas d’intoxications graves, où la fonction rénale et l’équilibre acidobasique
doivent être suivis.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
3) Manifestations cliniques
a) Muscariniques : hypersécrétion bronchique, œdème pulmonaire, bradycar-
die, choc, arrêt cardiorespiratoire, myosis, troubles visuels, diarrhée, douleurs
abdominales et hypersalivation.
b) Nicotiniques : fasciculations musculaires, incoordination, paralysie.
c) Centrales : convulsions, coma.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration du charbon activé surtout si l’ingestion remonte
à moins de une heure.
c) Les antidotes sont les suivants.
• Atropine : indiquée s’il y a une bradycardie avec répercussions hémody-
namiques ou si l’hypersécrétion bronchique provoque des difficultés res-
piratoires. La posologie est de 0,05 mg/kg/dose IV ; cette dose doit être
répétée toutes les 5 à 10 minutes jusqu’à ce que la bradycardie ou l’hyper-
sécrétion bronchique soit maîtrisée ; cela peut représenter l’administration
de plusieurs milligrammes au cours des 24 premières heures, surtout s’il
s’agit de contrôler l’hypersécrétion bronchique.
• Pralidoxime : indiquée dans le cas d’une intoxication par un insecticide orga-
nophosphoré nécessitant l’administration d’atropine ou en présence de
manifestations nicotiniques telles que fasciculations musculaires, faiblesse
musculaire ou paralysie. Une dose de charge de 25 à 50 mg/kg/dose IV
en 20 à 30 minutes (max : 1,3 g) est administrée initialement, suivie d’une
perfusion de 10 mg/kg/h IV (max : 650 mg/h) pendant 48 heures. Par la
suite, on peut poursuivre avec une dose de 10 mg/kg IV (max : 650 mg)
toutes les 4 heures si nécessaire. La pralidoxime est inutile en cas d’intoxi-
cation par un insecticide de type carbamate.
d) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XXII. Isoniazide
1) Source
Médicament utilisé pour le traitement de la tuberculose.
2) Dose toxique
En dose unique : plus de 40 mg/kg.
3) Manifestations cliniques
Les convulsions et l’acidose métabolique sont les problèmes principaux. Autres
manifestations : arythmies cardiaques, hypotension artérielle, fièvre, céphalées,
paresthésies, coma, diarrhée, nausées, vomissements, atteinte hépatique, atteinte
rénale, hyperglycémie, hyperkaliémie.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
684 Intoxications
XXIII. Lithium
1) Source
Médicament utilisé pour le traitement des troubles bipolaires.
2) Dose toxique
Elle est voisine de 100 mg/kg en une dose unique.
3) Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques, surtout neurologiques, peuvent survenir jusqu’à six
heures après l’ingestion : ataxie, confusion, somnolence, coma, hyperréflexie, tré-
mulations, fasciculations, convulsions. On peut également observer : arythmies
cardiaques, hypotension artérielle, goût métallique dans la bouche, diarrhée,
nausées, vomissements, polydipsie, polyurie, nécrose tubulaire aiguë.
4) Traitement
a) Considérer l’évacuation gastrique si l’ingestion remonte à moins de une heure.
b) Le charbon activé n’est pas indiqué. Considérer le lavage intestinal.
c) Le dosage sérique effectué de six à huit heures après l’ingestion permet de
confirmer l’intoxication. Dans le cas d’une intoxication aiguë, il n’est pas rare
d’avoir peu de symptômes initialement avec des taux supérieurs à 4 mmol/L.
Chez un patient dont la fonction rénale est normale et à qui l’on administre
un soluté contenant au moins une fois et demie les besoins d’entretien, il est
peu probable d’observer des symptômes graves. Par contre, en cas d’intoxi-
cation chronique, on considère généralement un taux supérieur à 2,5 mmol/L
comme indicatif d’une intoxication grave.
d) Il n’y a pas d’antidote.
e) Paramètres paracliniques à surveiller : taux sérique du lithium (jusqu’à ce qu’il
descende sous le seuil toxique, c’est-à-dire 1,5 mmol/L), équilibre acidoba-
sique, natrémie et créatininémie.
f) L’hémodialyse est indiquée si les fonctions vitales sont compromises ou en
présence de symptômes neurologiques ou cardiaques graves avec un taux
sérique qui dépasse 4 mmol/L dans une intoxication aiguë ou 2,5 mmol/L
dans une intoxication chronique. L’insuffisance rénale est généralement un
critère d’hémodialyse, particulièrement en cas d’intoxication chronique.
g) Favoriser l’hydratation avec un apport liquidien d’au moins une fois et demie
les besoins d’entretien en l’absence d’insuffisance rénale. Il est important
d’éviter l’hyponatrémie, car elle favorise la réabsorption tubulaire du lithium.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique n’est pas indiquée.
b) Le charbon activé n’est pas indiqué.
c) Sauf si le patient a déjà reçu de l’oxygène, le dosage de la carboxyhémoglo-
bine peut donner une indication quant à la gravité de l’intoxication surtout
s’il est effectué peu de temps après la fin de l’exposition :
• de 0 à 10 % : absence de symptômes ;
• de 10 à 20 % : céphalées ;
• de 20 à 30 % : céphalées, nausées, vomissements ;
• de 30 à 40 % : faiblesse, troubles visuels ;
• de 40 à 50 % : confusion, syncope, tachycardie, tachypnée ;
• de 50 à 60 % : somnolence, convulsions ;
• supérieur à 60 % : coma, dépression myocardique et respiratoire, décès.
d) L’antidote spécifique est l’oxygène, qu’il faut administrer immédiatement à
une concentration de 100 %. Certains auteurs préconisent le traitement par
oxygénation hyperbare, mais il n’est pas accessible partout. De plus, son effi-
cacité pour prévenir les séquelles est controversée. L’oxygénation hyperbare
est généralement indiquée s’il y a eu une perte de conscience, s’il y a des
symptômes neurologiques autres que les céphalées, s’il s’agit d’une femme
enceinte ou si le taux de carboxyhémoglobine est égal ou supérieur à 30 %.
e) Paramètres paracliniques à surveiller : taux de carboxyhémoglobine (HbCO),
PaO2, équilibre acidobasique ; la mesure de la SaO2 par oxymétrie pulsée
est inutile.
XXV. Naphtalène
1) Sources
Antimites, désodorisants.
2) Dose toxique
De 2 à 15 g selon l’âge.
3) Manifestations cliniques
La principale est l’hémolyse aiguë avec anémie, ictère et hémoglobinurie, parti-
culièrement grave chez les enfants déficients en glucose-6-phosphate déshydro-
génase. On peut également observer les manifestations suivantes : céphalées,
somnolence, convulsions, coma, diarrhée, nausées, vomissements, douleurs
abdominales, oligurie.
686 Intoxications
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) L’efficacité du charbon activé est inconnue.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) Paramètres paracliniques à surveiller : hémoglobine, bilirubinémie, épreuves
de fonction rénale à répéter toutes les 4 à 24 heures selon la gravité de
l’intoxication.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
f) Une transfusion de culot globulaire est indiquée en cas d’anémie grave. Une
bonne hydratation s’avère nécessaire en cas d’hémolyse importante.
XXVI. Phénothiazines
1) Sources
Antiémétiques et antipsychotiques.
2) Dose toxique
En dose unique : cinq fois la dose thérapeutique.
3) Manifestations cliniques
Les principales sont l’hypotension artérielle et le coma. On peut aussi obser-
ver les manifestations suivantes : tachycardie, arythmies cardiaques, syndrome
extrapyramidal (exemples : rigidité, phénomène de la roue dentée, postures
bizarres), somnolence, ataxie, hallucinations, convulsions, dépression respira-
toire, hyperthermie ou hypothermie, nausées, constipation.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Antidotes : la diphenhydramine est indiquée s’il y a des signes extrapyrami-
daux. Ce médicament n’est pas disponible en France pour usage parentéral ;
on y utilise le trihexyphénidyle.
d) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
f) Si le complexe QRS est prolongé, utiliser le bicarbonate de sodium (voir sec-
tion Antidépresseurs tricycliques, plus haut).
XXVII. Phénytoïne
1) Source
Médicament utilisé comme anticonvulsivant et plus rarement comme anti-
arythmique.
2) Dose toxique
En dose unique : cinq fois la dose thérapeutique.
3) Manifestations cliniques
Ataxie, nystagmus, diplopie, somnolence, coma, convulsions, nausées, vomisse-
ments. L’injection intraveineuse trop rapide (plus de 1 mg/kg/min ou 50 mg/min)
peut causer une hypotension artérielle et un arrêt cardiaque en raison du sol-
vant, le propylène glycol.
Intoxications 687
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) La détermination du taux sérique permet de confirmer la gravité de l’intoxica-
tion ; un taux supérieur à 80 μmol/L (20 mg/L) est considéré comme toxique.
Il est inutile de mesurer le taux sérique plus de une fois, sauf si l’on désire
savoir quand recommencer le traitement habituel.
d) Il n’y a pas d’antidote.
e) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XXVIII. Propranolol
1) Source
β-bloquant utilisé notamment pour le traitement de l’hypertension artérielle, des
arythmies cardiaques et de la migraine.
2) Dose toxique
En dose unique : 4 mg/kg ou de 3 à 5 fois la posologie unique recommandée.
3) Manifestations cliniques
Bronchospasme, bradycardie, asystolie, hypotension artérielle, céphalées, somno-
lence, hallucinations, convulsions, nausées, vomissements, diarrhée, hypoglycémie.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) En cas de bradycardie accompagnée de symptômes, administrer de l’atropine
(0,01 mg/kg/dose IV ; max : 0,4 mg) ou du glucagon (0,15 mg/kg/dose IV – max :
10 mg – suivi d’une perfusion de 0,05 à 0,1 mg/kg/h IV). La mise en place d’un
stimulateur cardiaque (pacemaker) par voie veineuse est parfois indiquée. En
cas d’hypotension artérielle, procéder à un remplissage vasculaire et, au besoin,
administrer des amines vaso-actives comme la dopamine ou l’adrénaline. Si l’in-
toxication est grave, l’administration d’insuline à forte dose et de glucose pour
maintenir la glycémie est essentielle. On prescrit une dose de charge d’insu-
line rapide à raison de 1 unité/kg IV en 5 minutes avec 1 mL/kg de dextrose 50 %
en dose de charge. Par la suite, on amorce une perfusion d’insuline rapide à
1 unité/kg/h avec une perfusion de dextrose 50 % à 1 mL/kg/h pour maintenir
une glycémie normale. On peut titrer la perfusion d’insuline ; des doses d’insu-
line rapide allant jusqu’à 10 unités/kg/h ont été administrées chez l’adulte. Les
convulsions peuvent être traitées au moyen de diazépam, de lorazépam ou de
phénobarbital. On traite l’hypoglycémie de la manière habituelle.
e) Paramètre paraclinique à surveiller : glycémie toutes les 12 à 24 heures.
f) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XXIX. Sympathicomimétiques
1) Sources
Substances comme l’adrénaline, l’isoprotérénol (isoprénaline), l’orciprénaline, le
salbutamol et la terbutaline, utilisées notamment comme vasopresseurs, bron-
chodilatateurs, décongestionnants et anorexigènes.
688 Intoxications
2) Dose toxique
Variable. Les bronchodilatateurs sont généralement peu toxiques lorsque l’ex-
position survient par inhalation ou par voie orale. Par contre, les vasopresseurs
administrés par voie intraveineuse peuvent être toxiques lorsqu’il s’agit d’erreurs
de doses ou d’une infiltration de soluté non reconnue immédiatement.
3) Manifestations cliniques
Les principales sont la tachycardie et les tachy-arythmies, ainsi que l’hypertension
artérielle. On peut aussi observer les manifestations suivantes : hypotension arté-
rielle, anxiété, agitation, hyperréflexie, hallucinations, convulsions, coma, fièvre,
nausées, vomissements, diarrhée, insuffisance rénale aiguë.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) Il n’y a pas d’antidote.
d) En cas d’hypertension artérielle grave, donner 0,1 mg/kg/dose IV (max : 5 mg/dose)
de phentolamine ou une perfusion de nitroprussiate de sodium. Les convulsions
peuvent être traitées avec du diazépam, du lorazépam ou du phénobarbital. On
peut traiter les tachy-arythmies avec du propranolol. En cas d’infiltration sous-
cutanée d’un sympathomimétique, la phentolamine peut être utile.
e) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
f) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
XXX. Thyroxine
1) Source
Médicament servant au traitement de l’hypothyroïdie.
2) Dose toxique
La dose toxique est très élevée : des manifestations cliniques importantes sur-
viennent rarement après l’ingestion d’une dose unique, mais plutôt à la suite
d’un surdosage chronique.
3) Manifestations cliniques
Elles sont semblables à celles de l’hyperthyroïdie : tachycardie, arythmies car-
diaques, hypertension artérielle, agitation, anxiété, céphalées, trémulations,
mydriase, fièvre, convulsions, coma, nausées, vomissements, diarrhée.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) La détermination des T3 et T4 sériques peut être utile pour confirmer l’intoxi-
cation en cas d’ingestion massive.
d) Il n’y a pas d’antidote.
e) S’il y a des symptômes d’hyperthyroïdie, le propranolol est utile. La fièvre peut
être combattue par refroidissement de surface ; les antipyrétiques sont inefficaces.
f) Il n’y a aucun paramètre paraclinique spécifique à surveiller.
g) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
Intoxications 689
XXXI. Warfarine
1) Sources
Diverses substances utilisées comme anticoagulants ou pour tuer les rongeurs
(rodenticides).
2) Dose toxique
L’ingestion d’une dose unique cause rarement des manifestations cliniques
importantes.
3) Manifestations cliniques
Troubles hémorragiques.
4) Traitement
a) L’évacuation gastrique est rarement indiquée.
b) Considérer l’administration de charbon activé surtout si l’ingestion remonte à
moins de une heure.
c) La détermination de l’INR se révèle utile si la dose ingérée est élevée ; pour
la warfarine, on l’effectue 24 heures après l’ingestion (de 48 à 72 heures pour
les « superwarfarines » ou rodenticides à durée d’action prolongée).
d) Antidote : si le patient présente un saignement actif, administrer du plasma
congelé (10-20 mL/kg IV) et donner de 1 à 5 mg de vitamine K1 par voie orale
ou sous-cutanée. S’il n’y a pas de saignement actif, mais que l’INR est élevé
et si le patient ne reçoit pas de traitement par la warfarine, administrer de 1 à
5 mg de vitamine K1 par voie orale et répéter au besoin selon l’évolution de
l’INR. On cesse l’administration de vitamine K1 lorsque l’INR demeure stable
et au niveau désiré depuis 48 heures.
e) Paramètre paraclinique spécifique à surveiller : aucun, sauf l’INR toutes
les 8 à 24 heures.
f) Les méthodes d’épuration extrarénale sont inefficaces.
Prévention
À l’occasion de chaque visite périodique, il est prudent de recommander aux
parents de garder sous clé les médicaments et les produits d’entretien et de ne
pas conserver à la maison de substance inutile. Il importe aussi de mentionner
de toujours conserver les produits dans leurs contenants originaux. La prudence
s’impose particulièrement pendant les week-ends et les vacances, au moment
d’un déménagement et pendant une période de stress comme une maladie ou
un décès ou au cours d’une visite chez les grands-parents.
Les médicaments inutiles ne devraient pas être prescrits (exemples : anti-
histaminiques et décongestionnants en cas d’infection des voies respiratoires).
Les médicaments utiles ne devraient être offerts qu’en petites quantités. Les
médicaments et les autres produits dangereux devraient tous être vendus
dans des emballages sécuritaires indiquant clairement le type de danger, la
composition exacte et les mesures immédiates à prendre en cas d’ingestion
accidentelle.
Un détecteur de fumée et de monoxyde de carbone devrait être installé dans
chaque maison ou appartement. Le numéro de téléphone du centre antipoison
devrait être mis bien en évidence dans les habitations.
690 Invagination intestinale
Généralités
L’invagination (intussusception) se définit par le télescopage d’une partie de l’in-
testin dans un autre segment distal adjacent. Le segment intestinal proximal est
invaginé avec son mésentère, causant ainsi une occlusion d’abord lymphatique
et veineuse, puis artérielle si elle persiste, ce qui peut conduire à de l’ischémie
intestinale. L’invagination est la cause la plus fréquente d’occlusion intestinale chez
les enfants âgés de trois mois à six ans. Une réduction spontanée peut survenir,
mais, sans traitement, l’invagination risque de conduire à une nécrose ischémique
de l’intestin, à une perforation, à une péritonite et à un choc potentiellement
fatal. L’invagination constitue donc une urgence abdominale.
L’invagination est plus fréquente chez les garçons. Elle reste exception-
nelle avant l’âge de trois mois. Environ 75 % des cas surviennent avant l’âge
de 2 ans avec un pic d’incidence autour de 10 mois. Entre l’âge de trois mois
et de quatre ou cinq ans, 90 % des cas sont idiopathiques et 10 % sont causés
par une lésion organique. Avant l’âge de trois mois et après l’âge de quatre ou
cinq ans, on trouve une cause anatomique dans la moitié des cas (exemples :
diverticule de Meckel, duplication intestinale, polype). D’autres affections
peuvent être en cause comme le syndrome de Peutz-Jeghers, une hémorragie
sous-muqueuse associée à un traumatisme ou au purpura de Schönlein-Henoch,
un lymphome, une fibrose kystique (mucoviscidose) et des polypes intestinaux.
Plusieurs virus, tels l’adénovirus, le virus Herpes et le virus Epstein-Barr, cau-
sant une hyperplasie lymphoïde, ont été incriminés. Aucune association entre
les vaccins actuellement employés contre le rotavirus et l’invagination n’a été
démontrée à ce jour. Environ 90 à 95 % des cas d’invagination sont iléocoliques.
Les formes iléo-iléale, jéjunojéjunale et colocolique, plus rares, ont souvent une
cause anatomique.
Manifestations cliniques
La triade classique consiste en des douleurs abdominales aiguës, intenses et inter-
mittentes, des vomissements et une rectorragie appelée « gelée de groseille » ; celle-ci
n’est présente que dans 20 % des cas. Il faut évoquer le diagnostic d’invagination
intestinale chez tout enfant qui se met soudainement à pleurer de façon intense
et paroxystique. Une douleur abdominale marquée, de type colique, se mani-
feste dans 80 à 95 % des cas, et elle persiste en général de quatre à cinq minutes.
Il est fréquent d’observer des cycles de douleurs abdominales toutes les 20 à
30 minutes, en alternance avec des périodes où l’enfant peut être calme et enjoué.
Le fait que l’enfant soit tout à fait asymptomatique entre les crises de douleurs
abdominales ne signifie pas pour autant que l’obstruction soit réduite. Certains
enfants se présentent avec pâleur et léthargie et même dans un état comateux.
Le mécanisme exact de l’altération de l’état de conscience demeure inconnu ; il
s’agirait vraisemblablement d’un relâchement d’opioïdes endogènes secondaire
à l’ischémie intestinale. Les patients peuvent aussi présenter des vomissements
et des selles liquides peu volumineuses. Il faut toujours penser à l’invagination
lorsqu’un patient se présente avec des symptômes de gastro-entérite et demeure
léthargique après avoir été réhydraté.
Invagination intestinale 691
Explorations
L’invagination constitue une urgence pédiatrique, mais son diagnostic repré-
sente parfois un défi. Le plus important est d’évoquer cette hypothèse diagnos-
tique devant une anamnèse suggestive. Il n’y a pas d’analyse de laboratoire
spécifique à effectuer.
La radiographie simple de l’abdomen peut montrer un signe du « croissant »
(opacité arrondie contenant une image en croissant plus claire), une zone « dés-
habitée » (dépourvue de gaz) sous le foie ou au quadrant inférieur droit, un
effet de masse, une distension de l’intestin grêle en amont de l’invagination, des
niveaux hydro-aériques ou des signes de perforation (air libre). Une radiogra-
phie abdominale normale en présence de symptômes suggestifs d’invagination
n’exclut pas le diagnostic.
L’échographie abdominale est un excellent outil de diagnostic ; sa sensibilité
et sa spécificité se situent à près de 100 %. Elle montre une image « en cocarde » et
a remplacé le lavement avec substance de contraste comme outil diagnostique.
Le Doppler permet d’évaluer la qualité de la perfusion du site d’invagination.
L’échographie et même le transit de l’intestin grêle peuvent ne pas révéler
une invagination jéjunojéjunale ou iléo-iléale, car ces dernières sont souvent
transitoires.
Traitement
Le traitement doit d’abord débuter par un remplissage liquidien et être mis en
œuvre rapidement. Une consultation chirurgicale s’impose avant toute tentative
de réduction.
I. Réduction hydrostatique ou à l’air sous pression
Ces techniques de réduction ne sont efficaces qu’en cas d’invagination colo-
colique ou iléocolique. Elles ne doivent pas être tentées s’il y a un tableau d’occlu-
sion intestinale franche ou s’il existe des signes de péritonite ou de perforation.
La réduction au moyen d’un lavement opaque (lavement avec produit de
contraste) sous pression a été remplacée par la réduction avec de l’air. La pression
appliquée ne doit pas dépasser 120 mm Hg. L’efficacité de cette manœuvre est d’en-
viron 90 % ; plus rapide et moins douloureuse que la réduction hydrostatique, elle ne
nécessite pas de prémédication. En cas de perforation, le risque est moindre qu’avec
le lavement opaque. Ce mode de réduction échoue souvent lorsqu’il y a une
cause anatomique. Après la réduction, l’enfant doit être gardé en observation, et
l’on amorce une reprise de l’alimentation liquide six heures après la manœuvre.
Si la douleur réapparaît, on reprend l’échographie pour éliminer une récidive.
En cas de récidive, la réduction par l’air peut être répétée autant de fois que
nécessaire en l’absence de lésions anatomiques et si l’état de l’enfant le permet.
II. Traitement chirurgical
Une réduction chirurgicale est nécessaire dans les situations suivantes :
• invagination jéjunojéjunale ou iléo-iléale qui ne se réduit pas spontanément ;
• invagination iléocolique, lorsqu’une occlusion intestinale franche est installée
ou s’il y a des indices cliniques ou radiologiques de perforation ;
• en cas d’échec des tentatives de réduction à l’air sous pression.
692 Leucémies
Pronostic
Lorsque le traitement est appliqué précocement, l’évolution demeure excellente. Le
taux de mortalité reste inférieur à 1 %. Le risque de récidive après réduction avec
de l’air sous pression est d’environ 5 à 10 %, un tiers des récidives se produisant
au cours des 48 premières heures. Ce taux est moins élevé après réduction chirur-
gicale, et les récidives sont presque inexistantes en cas de résection intestinale.
Leucémies 141
Caroline Laverdière, Henrique Bittencourt
Généralités
Les leucémies constituent la forme de cancer la plus fréquente chez l’enfant. Les
types de leucémies les plus souvent rencontrés sont la leucémie aiguë lym-
phoblastique (LAL) (80 % des cas) et la leucémie aiguë non lymphoblastique
(LANL) (15 % des cas). La leucémie myéloïde chronique et la leucémie myélo-
monocytaire juvénile sont moins fréquentes. Le processus leucémique se carac-
térise par la prolifération de cellules hématopoïétiques immatures (blastes) au
sein de la lignée lymphoïde (LAL) ou myéloïde (LANL). Divers critères ont été
établis pour la classification des leucémies ; ils se basent sur la morphologie des
blastes, sur leurs marqueurs immunologiques et sur leurs caractéristiques cyto-
génétiques et moléculaires.
Les causes de la leucémie demeurent imprécises. Le pic d’incidence de la LAL
se situe aux environs de quatre ans, et l’on note une légère prédominance chez
les garçons. Pour la LANL, il existe deux pics d’incidence : le premier, avant
deux ans, et le second, pendant l’adolescence.
Le contenu de ce chapitre se limite à quelques données utiles au praticien
de première ligne.
Manifestations cliniques
Les principales manifestations cliniques résultent des cytopénies (anémie,
thrombopénie, neutropénie) secondaires à l’atteinte de la moelle osseuse ou de
l’infiltration tumorale elle-même. Les signes et les symptômes secondaires aux
cytopénies sont l’altération de l’état général, la fatigue, l’anorexie, la fièvre, la
pâleur, les pétéchies ou les ecchymoses. L’infiltration leucémique peut entraîner
des douleurs osseuses ou articulaires, des adénopathies, une hépatomégalie et
une splénomégalie. Des symptômes neurologiques tels que la paralysie de nerfs
crâniens ou des signes méningés peuvent aussi être présents, témoignant d’une
atteinte du système nerveux central. On observe parfois – plus souvent dans
la LANL – des lésions cutanées, gingivales ou des masses leucémiques appelées
chloromes. Une masse médiastinale peut être présente et causer une détresse
respiratoire. Une hyperleucocytose dépassant 100 × 109/L peut entraîner un
syndrome d’hyperviscosité, surtout chez les patients atteints de LANL, et causer
des complications potentiellement graves.
Leucémies 693
Explorations
Chez la majorité des patients, l’hémogramme démontre une anémie normo-
chrome normocytaire, avec ou sans thrombopénie et neutropénie. Le nombre
de globules blancs est souvent augmenté, dépassant parfois 50 × 109/L ; il peut
aussi être normal ou diminué. Dans la LAL, les cellules leucémiques en périphé-
rie sont souvent interprétées par l’appareil qui lit les hémogrammes comme des
lymphocytes. L’examen du frottis sanguin permet généralement la détection
des cellules leucémiques. Le diagnostic définitif repose sur l’aspiration médul-
laire et sur la biopsie de moelle osseuse. Diverses analyses immunologiques et
colorations spéciales permettent de préciser le type de leucémie.
Un bilan métabolique (ionogramme, créatininémie, enzymes hépatiques, LDH
et acide urique) et une évaluation de la coagulation sont nécessaires. La radio-
graphie pulmonaire a pour but d’éliminer la possibilité d’une masse médiastinale.
Traitement
Dès que le diagnostic est posé, et au début de la chimiothérapie (voir ci-après),
une hydratation généreuse (de une à deux fois les besoins d’entretien) et l’admi-
nistration d’allopurinol sont nécessaires pour la prévention du syndrome de lyse
tumorale. Il s’agit de la première phase du traitement.
Le syndrome de lyse tumorale, bien que survenant plus souvent au début de
la chimiothérapie, peut aussi être présent dès le diagnostic. Les patients les plus à
risque sont ceux dont le frottis sanguin, au moment du diagnostic, montre plus
de 100 × 109/L blastes. La lyse des cellules leucémiques peut causer les troubles
suivants : hyperkaliémie, hyperphosphorémie, hypocalcémie et hyperuricémie.
Cette dernière peut causer une insuffisance rénale aiguë. Chez les patients les
plus à risque de syndrome de lyse tumorale, l’utilisation de rasburicase (version
recombinée d’une urate oxydase) est indiquée pour diminuer rapidement le taux
sanguin d’acide urique ; ce traitement remplace alors l’allopurinol.
Au moment du diagnostic, si le patient est fiévreux, un traitement d’anti-
biotiques à large spectre doit être amorcé rapidement en raison du risque infec-
tieux élevé (une neutropénie, absolue ou fonctionnelle, est souvent présente ;
voir Neutropénie). Il peut aussi être indiqué de procéder à des transfusions de
produits sanguins. Le seuil de transfusion de culot globulaire est habituellement
autour de 70 g/L, et il est de 10-20 × 109/L pour les transfusions plaquettaires.
L’hématologiste devrait être consulté avant de décider d’une transfusion chez un
patient ayant une nouvelle leucémie.
La deuxième phase du traitement consiste en une approche individualisée
selon le type de leucémie et les facteurs de risque. La principale modalité de
traitement demeure la chimiothérapie, qui permet d’induire une rémission après
quelques semaines, dans la majorité des cas. Divers agents sont utilisés en com-
binaison (exemples : association de prednisone, de vincristine, de méthotrexate,
d’asparaginase et d’anthracyclines pour les LAL ; d’anthracyclines, de cytarabine
et d’étoposide pour les LANL). Le plan de traitement doit être établi par un onco-
logue pédiatrique et administré dans un centre spécialisé.
Dans les cas de LAL, une fois la rémission induite, la plupart des protocoles
incluent un traitement intensif de l’atteinte subclinique du système nerveux central
à l’aide de chimiothérapie intrathécale (par ponction lombaire). L’utilisation d’une
radiothérapie crânienne prophylactique est maintenant réservée aux enfants qui
sont jugés plus à risque de rechute méningée, ce qui représente de 10 à 20 % des
patients environ dans les protocoles thérapeutiques actuels. La troisième phase
694 Leucémies
de traitement est la phase de consolidation, qui dure environ six mois ; son but
est d’éradiquer la maladie résiduelle. La quatrième phase est celle d’entretien ;
elle s’étend sur environ 18 mois, son objectif étant de maintenir la rémission. Il
peut être indiqué de procéder à une greffe de cellules souches hématopoïétiques
si la leucémie est associée à un très mauvais pronostic (certaines translocations
chromosomiques, maladie réfractaire) ou s’il survient une rechute.
Dans les cas de LANL, une fois la rémission confirmée, le traitement est plus
intense et de plus courte durée que celui de la LAL. Il est basé sur des facteurs
pronostiques présents au moment du diagnostic et consiste en une chimiothéra-
pie d’entretien de six mois pour les patients avec bon pronostic ou en une greffe
de cellules souches hématopoïétiques allogéniques (provenant d’un donneur)
pour les patients qui présentent des facteurs de mauvais pronostic.
Le soutien nutritionnel est primordial dans les premières semaines de traite-
ment. Comme dans toutes les maladies chroniques potentiellement fatales, l’aide
psychosociale offerte à l’enfant et à sa famille revêt une importance majeure.
Complications
Les principales complications sont de nature infectieuse. Une antibiothérapie à
large spectre est nécessaire dès la survenue de tout épisode de fièvre associée à
une neutropénie. Une prophylaxie contre le Pneumocystis jiroveci est requise dès
le début de la chimiothérapie. Elle consiste en l’administration de triméthoprime/
sulfaméthoxazole par voie orale trois jours par semaine ou de pentamidine en
inhalation une fois par mois ; elle ne doit pas être interrompue pendant que le
patient est sous antibiotiques à large spectre, puisque ces derniers ne sont pas
efficaces contre le Pneumocystis.
Des troubles hémorragiques secondaires à une thrombopénie grave ou à une
coagulopathie de consommation peuvent survenir. La méningite leucémique et
les rechutes testiculaires sont rares depuis l’intensification des traitements initiaux.
À long terme, diverses complications peuvent résulter du traitement contre
la leucémie. Les principales sont d’ordre endocrinien (ralentissement de la crois-
sance, déficit en hormone de croissance, puberté précoce, obésité) et plus fré-
quentes chez les patients ayant reçu de la radiothérapie crânienne. La fertilité est
généralement préservée chez les patients traités pour une LAL, mais les risques
d’infertilité demeurent présents chez les patients ayant subi une greffe de cel-
lules souches hématopoïétiques. Des complications cardiaques secondaires aux
anthracyclines (cardiomyopathie, arythmies) sont décrites. Des troubles neuroco-
gnitifs peuvent découler de la radiothérapie crânienne ou de la chimiothérapie
intrathécale, surtout chez les patients traités avant l’âge de trois ans. L’ostéopénie,
l’ostéoporose et la nécrose avasculaire peuvent se manifester pendant les traite-
ments ou après la fin de ceux-ci. Enfin, les survivants sont plus à risque que la
population générale de voir se développer un deuxième cancer en âge adulte.
Pronostic
Il y a une cinquantaine d’années, les enfants atteints de leucémie aiguë n’avaient
que quelques semaines à vivre. Actuellement, on estime que près de 85 %
des enfants atteints de LAL peuvent espérer une survie supérieure à 5 ans,
cela signifiant une guérison dans la grande majorité des cas. Les facteurs de
moins bon pronostic incluent l’âge au moment du diagnostic inférieur à 1 an ou
supérieur à 10 ans, un décompte de leucocytes supérieur à 50 × 109/L, certaines
Lithiase biliaire 695
Généralités
La lithiase biliaire demeure rare en pédiatrie, sauf dans certaines populations ;
ainsi, chez les enfants d’origine indienne d’Amérique latine, les Amérindiens de
l’Amérique du Nord et les Inuits, la fréquence des lithiases biliaires est très élevée.
Les facteurs de risque diffèrent selon l’âge et sont résumés dans le tableau 142.1.
Certains médicaments comme la ceftriaxone, l’octréotide ou la cyclosporine A
favorisent le développement d’une lithiase biliaire.
Manifestations cliniques
Dans 80 % des cas, les cholélithiases restent asymptomatiques.
La principale manifestation clinique, de la naissance à l’âge de deux ans, est
l’ictère obstructif, qui peut parfois être intermittent.
Chez l’enfant plus âgé et chez l’adolescent, les signes et les symptômes sont
identiques à ceux de l’adulte : douleurs abdominales intenses et récidivantes à
l’épigastre et à l’hypocondre droit associées aux repas, nausées, vomissements.
La douleur peut irradier vers l’épaule droite. On parle alors de colique biliaire.
Plus rarement, un ictère obstructif peut survenir lorsqu’un calcul obstrue le cho-
lédoque. En cas de cholécystite aiguë surajoutée, il y a souvent de la fièvre, et
la vésicule peut être palpable et douloureuse.
Explorations
L’échographie est le meilleur outil de diagnostic : elle met facilement en évi-
dence la boue biliaire ou les calculs de plus de 1 mm de diamètre, quelle que
soit leur composition, ainsi que leur cône d’ombre. Elle permet aussi d’évaluer
les voies biliaires.
Seulement 10 à 20 % des calculs contiennent assez de calcium pour être
visibles sur une radiographie simple de l’abdomen. La tomodensitométrie et la
résonance magnétique nucléaire ne sont pas des outils diagnostiques de pre-
mière ligne pour la lithiase biliaire.
La recherche d’un facteur étiologique est basée sur les différentes causes
mentionnées dans le tableau 142.1.
Traitement
Le traitement de la crise aiguë de cholécystite consiste à laisser le patient à jeun,
à mettre en place une perfusion, à administrer des antibiotiques et des anal-
gésiques autres que les dérivés morphiniques et à drainer l’estomac en cas de
vomissements incoercibles. Une cholécystectomie est nécessaire une fois que
les signes d’infection ont diminué.
Lorsque les calculs biliaires causent des symptômes, le traitement de choix
est la cholécystectomie. Une nouvelle échographie précède toujours cette inte-
rention, afin de s’assurer de l’absence de calculs dans le cholédoque. La cholé-
cystectomie est faite par laparoscopie.
La présence d’une cholédocholithiase symptomatique (obstructive) justifie
une cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique avec sphinctérotomie et
ablation du calcul avant la cholécystectomie. Chez l’enfant de trop petite taille
pour subir une cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique, la cholé-
docholithiase peut être traitée par cholangiographie percutanée périopératoire,
de préférence en salle de radiologie au cours de la même anesthésie. Les enfants
ayant une cholélithiase associée à une anémie hémolytique bénéficient d’une
cholécystectomie élective ; les autres porteurs de lithiase asymptomatique n’ont
pas besoin de traitement. Les calculs biliaires asymptomatiques chez l’enfant
prématuré ont tendance à disparaître spontanément. Les indications de lithotripsie
et de dissolution des calculs par l’acide ursodéoxycholique ne sont pas préci-
sées en pédiatrie.
Lithiase urinaire 697
Complications
Les lithiases biliaires peuvent se compliquer d’une cholécystite avec ou sans
septicémie, d’un ictère obstructif associé ou non à une pancréatite. Exception-
nellement, une perforation de la vésicule avec péritonite biliaire peut survenir.
Généralités
Même s’il s’agit d’un problème peu fréquent, la lithiase urinaire chez l’enfant mérite
sa place dans le diagnostic différentiel des douleurs abdominales et témoigne
souvent d’anomalies métaboliques qu’il faut rechercher. Son incidence est moins
élevée que chez l’adulte, mais a considérablement augmenté au cours des der-
nières années. L’infection urinaire est moins souvent en cause qu’elle ne l’était
précédemment ; par ailleurs, les facteurs liés au mode de vie, par exemple les
habitudes alimentaires (on consomme plus de sodium et de protéines d’origine
animale qu’auparavant), sont plus prépondérants.
Parmi les facteurs prédisposants, mentionnons l’excrétion urinaire excessive de
certains éléments comme le calcium ou l’acide urique, ou l’hypoexcrétion
de facteurs protecteurs comme le citrate et le magnésium. On relève aussi comme
facteurs de risque : une histoire familiale positive (35 à 40 % des cas), une anoma-
lie anatomique ou fonctionnelle des voies urinaires (exemples : hydronéphrose,
vessie neurogène) et des infections urinaires répétées. L’anomalie métabolique
la plus fréquente, l’hypercalciurie, peut résulter d’une absorption excessive du
calcium par l’intestin, d’une diminution de la réabsorption tubulaire, d’une immo-
bilisation prolongée, de l’administration de certains médicaments (exemples :
furosémide – surtout chez le nouveau-né –, corticostéroïdes, vitamine D en
excès) ou, plus rarement, d’une acidose tubulaire distale ou d’une hyperparathy-
roïdie. La lithiase peut également résulter d’autres troubles métaboliques plus
rares comme l’hyperoxalurie ou la cystinurie. Elle peut aussi être causée par un ré-
gime cétogène administré pour le traitement de l’épilepsie. Dans 25 à 30 % des
cas, on ne découvre aucune cause.
Les calculs d’oxalate et de phosphate de calcium sont les plus fréquents ; il peut
aussi s’agir de phosphates ammoniaco-magnésiens, d’acide urique ou de cystine.
Manifestations cliniques
La douleur est le signe d’appel dans plus de la moitié des cas. Chez l’enfant de
moins de cinq ans, la présentation est souvent atypique, s’accompagnant d’ir-
ritabilité et de vomissements ; chez le nourrisson, elle peut être similaire aux
« coliques ». Chez l’enfant plus âgé ou l’adolescent, la présentation ressemble à la
colique néphrétique classique. On observe aussi de l’hématurie macroscopique
dans 35 à 55 % des cas, de l’hématurie microscopique dans plus de 90 % des cas
et, occasionnellement, des signes et symptômes d’irritation vésicale. Parfois, on
découvre fortuitement un calcul urinaire asymptomatique au cours d’une ima-
gerie de l’abdomen.
698 Lithiase urinaire
Explorations
Il faut d’abord établir le diagnostic de lithiase urinaire et en évaluer le retentis-
sement. L’échographie rénovésicale met en évidence les calculs radio-opaques
aussi bien que les calculs radiotransparents, et elle permet de déceler des
malformations primaires de l’arbre urinaire ou une hydronéphrose secondaire
à la lithiase. Cet examen est très sensible, en particulier pour les calculs rénaux,
et suffit habituellement, surtout chez les plus jeunes (chez les enfants de moins
de 10 ans, les calculs se logent le plus souvent dans l’arbre urinaire supérieur).
Toutefois, il arrive que les petits calculs et les calculs urétéraux passent inaper-
çus à l’échographie. On recherche alors des signes indirects (urinome, œdème
de l’uretère ou de la paroi vésicale) pour aider au diagnostic. Une échographie
de contrôle effectuée 48 heures plus tard s’avère souvent utile pour infirmer
ou confirmer la présence d’une lithiase. La radiographie simple de l’abdomen
permet de visualiser les calculs radio-opaques, mais devrait être utilisée prin-
cipalement pour le suivi. La tomodensitométrie hélicoïdale sans contraste est
l’examen de choix, car sa sensibilité et sa spécificité sont élevées, permettant
de mettre en évidence des lithiases très petites et des malformations rénales
associées. Toutefois, cet examen doit être réservé à des cas précis, à cause de
la radiation qu’il produit.
Par ailleurs, dans tous les cas de lithiase avérée, on s’informe des éléments
suivants : histoire familiale, diète et apport liquidien quotidien, maladies conco-
mitantes et médication usuelle. L’examen du sédiment urinaire peut mettre en
évidence une hématurie non glomérulaire, une pyurie stérile ou des cristaux
(oxalate de calcium, acide urique, phosphate d’ammonium ou cristaux spéci-
fiques de la cystinurie). Une culture d’urine est nécessaire. L’analyse chimique
du calcul se révèle fort utile pour orienter les explorations et le traitement
préventif.
On mesure la calcémie, la kaliémie, la phosphorémie, le bicarbonate san-
guin, l’acide urique, la magnésémie et la fonction rénale. À distance de l’événe-
ment révélateur et dans des conditions d’alimentation et d’activités usuelles pour
l’enfant, sont mesurés, sur un prélèvement urinaire de 24 heures, l’excrétion du
sodium, du calcium, du citrate, de l’oxalate, de l’acide urique, du magnésium et
de la créatinine. Chez les jeunes enfants, il peut être difficile de pratiquer une
collecte urinaire de 24 heures. On recourt alors à un seul prélèvement d’urine, en
normalisant la mesure des éléments chimiques (exemples : calcium, citrate)
en fonction de la concentration urinaire de la créatinine. Il existe des normes
pour tous les éléments, mais celles-ci n’ont pas été validées de façon rigoureuse.
Normalement, la calciurie ne dépasse pas 4-6 mg/kg/24 h ou 0,15 mmol/kg/24 h.
Le rapport calcium/créatinine urinaire, dans un échantillon mictionnel, évoque
une hypercalciurie lorsqu’il est élevé. On considère que la limite supérieure de
ce rapport est de 2,0 mmol/mmol avant 12 mois, de 1,5 de 1 à 3 ans, de 0,8 chez
les enfants de 4 à 7 ans et de 0,6 chez l’adolescent.
Une aminoacidurie quantitative ou un test de Brandt (pour évaluer la quan-
tité de cystine) sont également indiqués.
Traitement
Le traitement a pour but de contrôler la douleur, d’éliminer la lithiase et de prévenir
la récurrence. L’intensité de la douleur peut être telle qu’elle justifie l’emploi d’un
analgésique morphinique. Lorsqu’il y a une obstruction ou une malformation des
Lupus érythémateux disséminé 699
Pronostic
Le pronostic dépend de la cause de la lithiase. Les récidives sont fréquentes,
d’autant plus que l’enfant est jeune ou qu’il présente des anomalies métaboliques.
Prévention
Quelle que soit la nature de la lithiase, l’apport liquidien quotidien doit être de
30 mL/kg/24 h, jusqu’à un total de 1,5 L chez l’enfant de plus de 10 ans, réparti
sur 24 heures, afin d’obtenir des urines transparentes peu concentrées.
L’enfant qui présente une lithiase avec hypercalciurie doit recevoir un régime
pauvre en sodium et en oxalate et riche en potassium. On ne limite pas les ap-
ports de calcium ; au contraire, on recommande un apport normal. L’adminis-
tration d’un diurétique thiazidique peut être utile, en association, parfois, à des
suppléments de citrate de potassium. Le traitement des enfants atteints d’acidose
tubulaire distale ou qui ont des calculs d’oxalate, d’acide urique ou de cystine
appartient au domaine de la surspécialité.
Généralités
Le lupus érythémateux disséminé est une maladie inflammatoire, auto-immune,
multisystémique et épisodique, dont l’évolution est caractérisée par des poussées
successives de gravité variable survenant pendant plusieurs années.
La cause est inconnue et probablement multifactorielle ; on distingue plu-
sieurs facteurs favorisants (prédisposition génétique, dysrégulation immunolo-
gique ou facteurs hormonaux) et précipitants (les rayons ultraviolets B, le stress,
certaines infections, certains médicaments tels que la contraception orale par
700 Lupus érythémateux disséminé
Manifestations cliniques
Le lupus érythémateux disséminé est à juste titre surnommé la maladie aux mille
visages. Le spectre clinique est large, allant de symptômes subtils à des atteintes
majeures d’organes vitaux (exemples : insuffisance cardiaque ou rénale, coma).
Le lupus se manifeste entre autres par des symptômes généraux constitutionnels
(fatigue, malaise, fièvre, inappétence), souvent présents au début de la maladie et
au moment des exacerbations (de 50 à 80 % des cas), des signes peu spécifiques
Lupus érythémateux disséminé 701
Explorations
L’exploration systématique est axée sur les trois aspects suivants : mesure de l’in-
tensité et de la nature de l’inflammation, recherche d’auto-anticorps et évaluation
de l’atteinte des organes cibles. L’inflammation et l’activation de la maladie se
reconnaissent par une augmentation de la vitesse de sédimentation et plus rare-
ment de la protéine C réactive (celle-ci suggérant davantage une infection) et par
un abaissement des fractions C3 et C4 du complément et du CH50. On recherche
les auto-anticorps suivants : anticorps antinucléaire, anti-dsDNA (spécifique du
lupus), anti-histone (plutôt suggestif de lupus médicamenteux en l’absence d’anti-
dsDNA élevés), anti-Sm (spécifique du lupus), anti-SSA, anti-SSB (syndrome de
Sjögren A et B), anticorps antiphospholipides. Plusieurs autres auto-anticorps
peuvent être trouvés. On recherche l’atteinte de un ou de plusieurs organes ou
systèmes au moyen de l’évaluation clinique, des épreuves de laboratoire, de
l’imagerie et d’examens plus spécialisés appropriés ; plus particulièrement, lors-
qu’il existe des manifestations rénales, une ponction-biopsie rénale est proposée.
Les lésions histologiques observées permettent alors de confirmer le diagnostic,
de définir la gravité de la maladie et son caractère aigu ou chronique, d’orienter
702 Lupus érythémateux disséminé
Traitement
Le choix du traitement dépend des organes touchés et des types d’atteintes. Les
corticostéroïdes demeurent le traitement de base. La posologie varie beaucoup
selon le problème à traiter. Par exemple, les manifestations systémiques (fièvre,
fatigue), l’atteinte cutanée, musculosquelettique ou des séreuses peuvent répondre
à de petites doses, combinées rapidement aux anti-inflammatoires non stéroï-
diens et à l’hydroxychloroquine (plus particulièrement pour les atteintes cutanées
et articulaires, et comme traitement d’entretien). L’atteinte d’un organe ma-
jeur (exemples : glomérulonéphrite, atteinte du système nerveux central) néces-
site de plus fortes doses de corticostéroïdes (prednisone de 1 à 2 mg/kg/24 h
ou bolus de méthylprednisolone pendant quelques jours), auxquels on associe
un traitement immunosuppresseur ; on optera pour le mycophénolate mofé-
til, le cyclophosphamide ou l’azathioprine. Cette association constitue alors le
traitement dit d’induction qui durera six mois et qui sera suivi d’un traitement
d’entretien de deux ans ou plus. Les plasmaphérèses peuvent être nécessaires
dans les cas majeurs. Le rituximab (anti-CD 20) est utilisé dans certains cas. Les
indications pédiatriques des agents immunomodulateurs biologiques restent à
déterminer.
Par ailleurs, il est nécessaire de bien informer le patient et ses parents de la
gravité de la maladie et de l’importance du traitement afin de favoriser l’obser-
vance et d’aider à prévenir les complications.
Il est également important d’optimiser la couverture vaccinale de ces patients
(particulièrement contre le pneumocoque et l’influenza), de les protéger contre
les rayons ultraviolets B par un écran solaire (facteur de protection solaire
ou FPS 30) et de s’assurer d’un apport suffisant en vitamine D et en calcium. L’adop-
tion de saines habitudes de vie (alimentation, activité physique, abstention du
tabac) retardera l’apparition d’athérosclérose et d’ostéoporose. Les questions de
la contraception et de la grossesse doivent être abordées assez tôt, en raison
du rôle potentiellement délétère des œstrogènes sur l’évolution de la maladie.
Complications
Les complications sont principalement de deux ordres : les lésions des organes
cibles et les effets secondaires des traitements.
Les dommages majeurs aux organes cibles concernent surtout les reins
(hypertension artérielle, insuffisance rénale aiguë ou chronique) et le système
nerveux central (psychose, convulsions, accident vasculaire cérébral).
La corticothérapie peut entraîner des effets secondaires majeurs touchant
la santé physique et psychologique des patients atteints. Sur le plan physique, la
susceptibilité aux infections, le retard statural, l’ostéoporose, la nécrose avasculaire
de la tête fémorale, l’intolérance aux glucides et l’hypertension artérielle sont les
complications les plus fréquentes. Les transformations corporelles provoquées par
la corticothérapie, telles que le gain pondéral, les vergetures pourprées et l’acné,
peuvent nuire au développement d’une bonne estime de soi. Ainsi, dès que l’on
obtient un contrôle satisfaisant de la maladie, l’objectif premier est de réduire
progressivement la posologie des corticostéroïdes afin de maintenir quiescente
la maladie avec les plus petites doses possible.
Luxation congénitale de la hanche 703
Pronostic
Le pronostic est souvent lié à l’atteinte rénale ou neurologique et aux compli-
cations infectieuses et cardiovasculaires. De façon générale, il s’est grandement
amélioré au cours des dernières décennies. Cependant, malgré une meilleure
qualité de vie, la morbidité liée aux séquelles de la maladie et aux effets secon-
daires des traitements demeure élevée.
On estime le taux de survie à 5 ans à près de 100 % ; à 10 ans, il est envi-
ron de 85 à 90 %.
Cette maladie chronique impose une prise en charge par une équipe inter-
disciplinaire afin de couvrir tous les aspects que comporte le suivi attentif de
ces patients.
Généralités
Ce chapitre porte essentiellement sur la luxation idiopathique. Les autres types de
luxation résultent de maladies neuromusculaires ou de malformations (exemple :
arthrogrypose).
La « maladie luxante de la hanche » est un continuum et peut être divisée en
quatre stades de gravité.
• Stade 1 : la hanche luxée irréductible, où la tête fémorale n’est plus en contact
avec la cavité acétabulaire et ne peut être réduite.
• Stade 2 : la hanche luxée réductible, où la tête fémorale n’est plus en contact
avec la cavité acétabulaire, mais où elle peut être réduite avec la manœuvre
d’Ortolani (voir ci-après).
• Stade 3 : la hanche luxable, où, en situation de repos, la tête fémorale se trouve
en bonne position dans la cavité acétabulaire, mais se luxe lorsqu’on pratique
la manœuvre de Barlow. Elle reprend ensuite sa position normale (réduite).
• Stade 4 : la hanche subluxable, où la tête fémorale peut être amenée à quitter
sa position normale, tout en demeurant en contact avec la cavité acétabulaire.
Cette instabilité de la hanche est cliniquement significative après six semaines
de vie.
L’incidence de la « maladie luxante de la hanche » varie selon les populations.
En moyenne, on observe 1 luxation vraie par 1 000 naissances. L’incidence de la
704 Luxation congénitale de la hanche
hanche luxable est à peu près la même, tandis que celle de la hanche subluxable
est d’environ 9 nouveau-nés sur 1 000. Le côté gauche est plus souvent touché.
Les facteurs de risque sont les suivants : histoire familiale positive, bébé de sexe
féminin, première grossesse, présentation de siège, oligohydramnios et macroso-
mie. Il existe une prédisposition génétique multifactorielle ; le risque de récidive
dans la fratrie est de 3 à 5 %. La concordance entre vrais jumeaux est de l’ordre
de 40 %. On a rapporté une association avec d’autres troubles comme l’hyper-
laxité ligamentaire, le torticolis congénital et le metatarsus adductus.
Manifestations cliniques
Cette affection doit être recherchée au moment de l’examen du nouveau-né ; on
répète le dépistage à chaque examen de routine du nourrisson jusqu’à l’âge de
six mois. L’enfant doit être calme et détendu (par exemple, après une tétée) et
allongé sur un plan dur. On utilise les manœuvres suivantes.
1) Manœuvre d’Ortolani : l’enfant est placé en décubitus dorsal, et l’examinateur
stabilise son bassin avec une main. L’autre main tient le membre examiné, la
hanche étant fléchie à 90 degrés et le genou fléchi au maximum. La paume de
cette main est placée sur la face antérieure du tibia, tandis qu’on place l’extré-
mité du médius et de l’annulaire sur le grand trochanter, et le pouce sur le ver-
sant interne de la cuisse. La cuisse est alors amenée lentement en abduction,
tandis que le médius et l’annulaire exercent une pression vers le haut (trac-
tion) sur le grand trochanter. Si la hanche est luxée, cette manœuvre réduira
la luxation, ce qui provoqua le ressaut caractéristique (clunk ou ressaut de
réduction). Certains praticiens effectuent la manœuvre simultanément aux
deux hanches.
2) Manœuvre de Barlow : l’enfant est également placé en décubitus dorsal. Les
positions initiales des mains de l’examinateur et du membre inférieur du bébé
sont les mêmes que pour la manœuvre d’Ortolani. La cuisse est amenée en
légère adduction alors que la main de l’examinateur exerce une poussée vers
le sol sur le genou, c’est-à-dire vers la table d’examen, tandis que le pouce
exerce une pression sur la face interne de la cuisse. Cette manœuvre luxera
la hanche et mettra donc en évidence une hanche luxable. Un ressaut de
sortie peut alors être ressenti. Cette même manœuvre peut également révé-
ler une hanche subluxable : la hanche se télescopera postérieurement sans
atteindre le même degré de translation (signe du piston), et il n’y aura pas
de ressaut de sortie.
À l’examen physique, il est important de différencier un clunk d’un clic bénin
de la hanche. Ce dernier est souvent mis en évidence au moment de l’abduction
et de la rotation interne ou externe légère de la hanche, mais n’est aucunement
associé à une perte de contact entre la tête fémorale et l’acétabulum. La mise
en tension des tissus mous est responsable de ce phénomène physiologique.
Une limitation de l’abduction ou un signe de Galeazzi positif (raccourcis-
sement du segment fémoral mis en évidence lorsque les hanches sont fléchies
à 90 degrés alors que l’enfant est en décubitus dorsal et les genoux, en flexion
complète ; le genou du côté de la hanche atteinte est alors plus bas que l’autre)
suggère une luxation congénitale.
Après le début de la marche, une boiterie devient évidente, particulièrement
si la maladie est unilatérale. Lorsque la maladie est bilatérale, on observe une
démarche en canard caractéristique.
Macrocéphalie 705
Explorations
La radiographie des hanches se révèle peu utile chez le nouveau-né. La hanche
est essentiellement cartilagineuse et donc transparente aux rayons X. Les radio-
graphies sont plus appropriées vers l’âge de quatre mois, alors que le noyau
d’ossification de l’extrémité supérieure du fémur devient apparent.
Avant l’âge de quatre mois, l’échographie statique et dynamique (effectuée
pendant les manœuvres d’Ortolani et de Barlow) représente l’examen paracli-
nique de choix. L’échographie permet non seulement d’établir le diagnostic,
mais également d’assurer le suivi de l’évolution de la maturité de la hanche. On
devrait y avoir recours après l’âge de six semaines, en raison de l’immaturité
physiologique présente avant cet âge.
Traitement
Dans tous les cas, le traitement doit être précoce ; il diffère selon l’âge au moment
du diagnostic.
1) Chez le nouveau-né et jusqu’à six mois de vie, on utilise de préférence un
harnais de Pavlik ou une attelle d’abduction non rigide. Idéalement, l’enfant
sera dirigé vers un orthopédiste pour le suivi, en raison des ajustements suc-
cessifs et des risques de complications (non-réduction, nécrose avasculaire,
paralysie du nerf fémoral).
2) Après l’âge de six mois ou après échec du harnais de Pavlik, un examen
effectué sous anesthésie générale et combiné à une ténotomie des adducteurs
peut être nécessaire. L’application d’un plâtre (spica pelvi-cruro-pédieux) est
la règle pour maintenir la réduction.
3) Après l’âge de la marche, le traitement est le plus souvent chirurgical ; il asso-
cie habituellement une réduction ouverte et une ostéotomie pelvienne per-
mettant de corriger la dysplasie résiduelle (surtout après l’âge de 18 mois).
Pronostic
La hanche luxable ou subluxable se normalise souvent rapidement avec un trai-
tement simple au cours des premières semaines de vie. La luxation proprement
dite est corrigée sans séquelles dans la majorité des cas lorsqu’on entreprend le
traitement précocement. Le risque de complications est d’autant plus élevé que
le diagnostic est posé tardivement.
Macrocéphalie 146
Kristine Fortin, Louis Crevier, Paola Diadori
Généralités
La mesure répétée du périmètre crânien fait partie intégrante de l’examen de rou-
tine au moins jusqu’à l’âge de deux ans. Durant la première année de vie, le péri-
mètre crânien augmente d’environ 12 cm, pour atteindre 50 cm à l’âge de trois
ans et demi. Pendant le premier semestre de vie, un accroissement du périmètre
crânien de plus de 2 cm par mois impose un suivi.
706 Macrocéphalie
I. Macrocéphalies bénignes
La macrocéphalie familiale bénigne ou constitutionnelle est la cause la plus fré-
quente de macrocéphalie. Le périmètre crânien augmente surtout entre les âges
de trois mois et deux ans, pour ensuite se stabiliser au-dessus du 97e percentile,
suivant une trajectoire parallèle à la courbe normale. La mesure du périmètre
crânien des deux parents est une étape diagnostique essentielle : une macro-
céphalie s’observe habituellement chez au moins un des deux (ou sinon, chez
d’autres membres de la famille). Il n’y a ni symptômes ni signes d’hyperten-
sion intracrânienne. La fontanelle antérieure, bien que large, n’est ni tendue ni
bombée, et les sutures ne sont pas écartées. Le développement psychomoteur
et l’intelligence sont habituellement normaux. Il n’y a pas de dysmorphie ni de
stigmate de maladie neurocutanée ; l’examen neurologique ne révèle pas non
plus d’anomalie. Aucun examen radiologique ne s’avère habituellement néces-
saire. Cependant, lorsqu’une imagerie est effectuée, on observe soit des struc-
tures normales, soit une augmentation bénigne des espaces sous-arachnoïdiens.
Dans ce cas, les ventricules sont de taille normale ou légèrement augmentée,
et le parenchyme cérébral est normal. Dans la majorité des cas, l’élargissement
des espaces sous-arachnoïdiens se résout spontanément ou demeure stable
sans traitement.
Approche clinique
Il est essentiel d’objectiver la macrocéphalie par une mesure du périmètre crâ-
nien, que l’on consigne ensuite sur une courbe appropriée. On reporte aussi
sur la même courbe les mensurations antérieures afin de déterminer s’il s’agit
d’une macrocéphalie statique ou évolutive. On mesure le périmètre crânien des
parents et des autres membres de la fratrie. L’anamnèse porte notamment sur
les éléments suivants :
• histoire familiale (exemples : macrocéphalie, phacomatoses, maladies méta-
boliques, déficience intellectuelle) ;
• prématurité ;
• histoire de la grossesse, de l’accouchement et des premiers jours de vie ;
• étapes du développement psychomoteur ;
• maladies pouvant se compliquer d’hydrocéphalie (hémorragies intracrâniennes,
méningite, traumatisme crânien) ;
• antécédent de traumatisme crânien ;
• symptômes d’hypertension intracrânienne (céphalées avec vomissements,
irritabilité, somnolence diurne, détérioration des activités quotidiennes).
708 Macrosomie
Macrosomie 147
Emmanuelle Lemyre, Véronique Dorval
Généralités
On parle de macrosomie néonatale lorsque la taille et le poids du nouveau-né
sont supérieurs à deux déviations standards par rapport à la moyenne pour
l’âge gestationnel. On utilise par exemple les courbes de croissance de Fenton
au Canada (voir annexes 1.1 et 1.2 ), ou les courbes de Leroy en France. Chez
l’enfant né à terme, ces limites supérieures varient selon le pays de 52 à 54 cm
pour la taille et de 4 200 à 4 600 g pour le poids. Il existe une association entre
la grande taille maternelle, l’obésité maternelle et la macrosomie néonatale.
Complications
Complications maternelles C’est une dystocie résultant d’une disproportion
céphalopelvienne, d’un travail prolongé. Le taux de césarienne est augmenté.
Complications néonatales Le risque d’asphyxie et d’inhalation de méconium
est accru. La fréquence des traumatismes obstétricaux est également plus élevée :
il peut s’agir, par exemple, d’un céphalhématome, d’hémorragies intracrâniennes,
d’une fracture de la clavicule, d’une élongation ou d’un arrachement du plexus
brachial ou d’une paralysie du nerf phrénique.
Complications durant l’enfance Plusieurs formes syndromiques de sur-
croissance sont associées à un risque de tumeur embryonnaire plus élevé pour
l’âge, en particulier les tumeurs de Wilms. Dans ces situations, une surveillance
particulière est indiquée.
710 Maladie cœliaque
Généralités
La maladie cœliaque est une entéropathie chronique auto-immune déclenchée
par l’ingestion de gliadine, une fraction protéique du gluten, chez des patients
génétiquement prédisposés. Elle constitue l’une des causes les plus fréquentes
de malabsorption intestinale. Sa prévalence varie de 1/80 à 1/400 personnes si
l’on tient compte de l’ensemble des formes symptomatiques (voir ci-après). Par
ailleurs, on observe des tests sérologiques positifs chez 1 % de la population
« normale », les sujets concernés étant atteints, mais n’ayant pas de symptômes
digestifs typiques ou importants.
De nombreux marqueurs génétiques HLA et non-HLA sont impliqués dans
la pathogenèse de cette affection. L’expression des molécules HLA-DQ2 ou
HLA-DQ8 est nécessaire, mais non suffisante pour causer la maladie. Par ail-
leurs, la prévalence de maladie cœliaque est augmentée dans certains groupes
à risque, dont les suivants : membres au 1er degré de la famille d’un patient avec
maladie cœliaque (peut aller jusqu’à 10 à 20 %), patient avec diabète de type 1,
syndrome de Down, syndrome de Turner, syndrome de Williams, déficit en IgA.
Manifestations cliniques
Dans la présentation classique, la maladie se manifeste au cours des deux pre-
mières années de vie, après l’introduction des céréales dans l’alimentation. Les
symptômes typiques sont ceux d’une malabsorption intestinale avec diarrhée
chronique, vomissements, flatulences, distension et douleurs abdominales, menant
à un retard staturopondéral. On observe la triade classique (diarrhée, malab-
sorption, malnutrition) chez environ le quart des patients atteints de la maladie.
Dans la majorité des cas, la maladie apparaît chez l’enfant plus âgé ou chez
l’adolescent. Les symptômes, par exemple une constipation ou de la fatigue
causée par de l’anémie, sont moins « typiques » ou plus discrets, ce qui retarde
le diagnostic. Différents symptômes et signes digestifs et extradigestifs peuvent
survenir : douleurs abdominales, pyrosis, anorexie, irritabilité, apathie, rachitisme,
retard pubertaire, arthralgies ou arthrites, aphtes buccaux, hypoplasie de l’émail
dentaire. On observe initialement une absence de gain pondéral ou même un
amaigrissement ; la croissance staturale ralentit plus tardivement. Un retard statural
isolé s’observe dans 5 à 10 % des cas. Rarement, une invagination intestinale, une
épilepsie ou une dépression peuvent être les seules manifestations. Enfin, une der-
mite herpétiforme doit faire rechercher une maladie cœliaque.
En raison de facteurs génétiques communs, les patients atteints de maladie
cœliaque sont plus à risque d’être atteints d’une maladie thyroïdienne auto-
immune ou d’un diabète de type 1.
Explorations
I. Chez le patient symptomatique
Il est souvent indiqué d’éliminer d’autres causes de malabsorption (exemples :
fibrose kystique [mucoviscidose], giardiase, hypogammaglobulinémie). Les
données de l’anamnèse et de l’examen peuvent suggérer le diagnostic de maladie
Maladie cœliaque 711
Traitement
Après confirmation histologique du diagnostic, le traitement consiste à exclure
à vie toute source de gluten de l’alimentation, incluant le blé, l’orge et le seigle.
L’élimination complète de l’avoine est un sujet de controverse. Il apparaît préfé-
rable d’éliminer l’avoine dans un premier temps pour obtenir une réponse clinique
optimale ; l’avoine marquée « sans gluten » peut être permise lorsque les symp-
tômes ont disparu. Une prise en charge diététique est nécessaire, car le gluten
peut se trouver dans toute une série d’aliments préparés, d’allure « innocente ». On
prescrit également une alimentation sans lactose pendant les premiers mois de
traitement si le patient présente une malabsorption ou des douleurs abdominales.
Chez les jeunes enfants présentant une malabsorption avec atrophie villosi-
taire complète, on peut observer une insuffisance pancréatique externe transitoire ;
elle est secondaire à une hypostimulation entéro-endocrine du pancréas par
l’intestin. Rarement, elle peut nécessiter une supplémentation avec des enzymes
Maladie de Hirschsprung 713
Pronostic
Si le patient suit bien le traitement diététique, la réponse thérapeutique est souvent
rapide et spectaculaire, mais elle peut prendre jusqu’à six mois. Les auto-anticorps
disparaissent après un an. La persistance d’auto-anticorps positifs passé ce délai
fait suspecter une mauvaise observance au régime sans gluten, volontaire ou non.
Sous régime d’exclusion, l’atrophie intestinale se corrige ; dès lors, les enfants
atteints ne sont pas à risque de souffrir de complications à long terme telles que
des néoplasies intestinales (adénocarcinome et lymphome) ou de l’ostéoporose,
contrairement à ceux qui continuent de consommer du gluten.
Généralités
La maladie de Hirschsprung, ou mégacôlon congénital, résulte de l’absence de
cellules ganglionnaires dans les plexus d’Auerbach et de Meissner. Cela entraîne
une obstruction fonctionnelle dans le segment paralysé avec distension du seg-
ment d’amont. Cette anomalie commence toujours dans la région de l’anus et
se limite le plus souvent au rectosigmoïde (forme courte, environ 75 % des cas) ;
elle atteint parfois une portion plus longue ou même l’ensemble du côlon (forme
longue, de 5 à 10 % des cas) et, exceptionnellement, l’intestin grêle. Cette maladie
touche environ 1 nouveau-né sur 5 000. La forme courte est plus fréquente chez
les garçons (4:1) alors que la forme longue touche également filles et garçons.
Les cas familiaux ne sont pas exceptionnels (environ 7 % des cas). La trisomie 21
est l’anomalie la plus fréquemment associée à la maladie.
Manifestations cliniques
La forme néonatale est la plus fréquente (environ 80 %). Elle se manifeste par
un retard d’élimination du méconium (celui-ci est normalement évacué au cours
des 24 premières heures de vie). Un tableau d’occlusion intestinale basse peut
ensuite apparaître : distension abdominale importante, vomissements bilieux et
absence de selles. Le toucher rectal découvre un rectum vide, avec des selles au
bout du doigt ; le retrait de celui-ci s’accompagne d’une débâcle explosive de
selles et de gaz. La maladie peut aussi se manifester chez le nouveau-né par la
présence d’un bouchon méconial ; cette situation requiert une biopsie rectale et
démontre une maladie de Hirschsprung dans près de 15 % des cas.
Chez le nourrisson, la maladie se caractérise par des épisodes de réten-
tion des selles et des gaz avec distension de l’abdomen ; ces épisodes alternent
avec des périodes de diarrhées nauséabondes. Ce tableau est souvent associé à
un retard pondéral. Une entérocolite grave avec déshydratation peut survenir à
714 Maladie de Hirschsprung
tout moment. La maladie se manifeste alors par une diarrhée avec distension
abdominale et altération de l’état général. Il faut souligner que le patient peut
être complètement asymptomatique tant qu’il est allaité et ne montrer des signes
qu’au sevrage du lait maternel ou à l’introduction d’aliments solides.
Chez le grand enfant, la maladie de Hirschsprung se manifeste par une consti-
pation chronique avec accumulation de fécalomes en amont de la zone aganglion-
naire. L’encoprésie demeure exceptionnelle dans ces cas. Il s’agit en général d’une
forme ultracourte de la maladie, touchant uniquement le sphincter interne.
Explorations
L’opacification par voie basse montre une zone distale rétrécie. Celle-ci est sur-
montée d’une zone intermédiaire en entonnoir ; en amont, le côlon est fortement
dilaté par les selles et les gaz. Cependant, cet examen peut être tout à fait nor-
mal à la naissance, le seul signe étant alors un retard d’évacuation du colorant.
La manométrie anorectale constitue un outil de diagnostic utile ; elle démontre
l’absence caractéristique de relaxation du sphincter interne pendant la distension
rectale (absence du réflexe recto-anal inhibiteur). Cet examen n’est pas fiable au
cours du premier mois de vie.
Le diagnostic doit être confirmé par des biopsies rectales étagées (à 3 et 5 cm
de la marge anale), qui démontrent l’absence pathognomonique de cellules gan-
glionnaires, ainsi qu’une hyperplasie des fibres cholinergiques s’étendant jusqu’à
la sous-muqueuse, avec la coloration à l’acétylcholinestérase.
Traitement
Le traitement curatif a pour objectifs de réséquer la zone aganglionnaire et de
rétablir la continuité digestive en préservant la fonction du sphincter anal, sans
nuire aux fonctions urinaire et génitale.
Si l’enfant est en occlusion, le traitement de soutien habituel (soluté, aspira-
tion gastrique continue) est administré en attendant l’opération, en y adjoignant
des irrigations rectales ; une colostomie est effectuée en territoire colique sain.
Le traitement définitif sera fait quelques semaines plus tard ; il consiste à résé-
quer le segment aganglionnaire, à abaisser l’extrémité distale du côlon sain et
à pratiquer une anastomose colo-anale. La dissection colique peut se faire par
laparoscopie, alors que l’anastomose colorectale se fait toujours par voie endo-
anale. Si l’enfant est en subocclusion et si les lavements quotidiens permettent
l’évacuation des selles, la colostomie peut être évitée, et l’opération curative
pourra être réalisée après quelques semaines. Cette stratégie doit être révisée,
et une colostomie doit être réalisée si les lavements échouent ou si une entéro-
colite survient. En cas de forme ultracourte, il faut assurer une vidange rectale
par des moyens médicaux, puis pratiquer une sphinctérotomie interne sur 5 cm par
voie endo-anale.
Pronostic
Les complications postopératoires (exemples : fuite anastomotique, abcès) sont
maintenant devenues rares. Les formes étendues peuvent avoir une évolution
compliquée en raison de la dysmotilité qui peut toucher l’ensemble du tube
digestif. L’incontinence fécale qu’on peut observer après le traitement chirurgical
des formes longues est temporaire ; elle résulte du fait qu’il faut un certain temps
Maladie de Kawasaki 715
Généralités
Depuis sa description au Japon en 1967, la maladie de Kawasaki a été observée
dans le monde entier. Cette affection est à peu près exclusivement pédiatrique :
85 % des cas surviennent avant l’âge de cinq ans. Chez l’enfant, elle demeure la
cause prédominante de maladie cardiaque acquise. Les garçons sont plus sou-
vent atteints que les filles. Les enfants d’ascendance asiatique y sont particuliè-
rement prédisposés.
La maladie consiste en une vascularite généralisée aiguë et limitée dans le
temps, touchant surtout les artères coronaires. Son étiologie demeure inconnue,
mais les études épidémiologiques suggèrent qu’un agent infectieux induit la ma-
ladie dans une population génétiquement prédisposée. L’activation du système im-
munitaire semble jouer un rôle central dans la pathogenèse de cette vascularite.
Manifestations cliniques
Le diagnostic est établi après l’exclusion de plusieurs autres affections (voir
ci-après), lorsqu’une fièvre élevée dure cinq jours ou plus et s’accompagne d’au
moins quatre des cinq critères cliniques suivants, qui sont rarement tous pré-
sents en même temps. Ceux-ci sont fréquemment précédés d’un prodrome non
spécifique de symptômes respiratoires ou gastro-intestinaux.
1) Conjonctivite bilatérale à prédominance bulbaire, non purulente, sans exsudat
et épargnant la région limbique.
2) Hyperhémie des muqueuses buccale et pharyngée, fissuration des lèvres ou
langue framboisée.
3) Atteinte des extrémités : œdème de la surface dorsale des mains et des pieds
ou hyperhémie palmoplantaire. En phase de convalescence (deux ou trois
semaines plus tard), on retrouve fréquemment une desquamation à point de
départ périunguéal.
4) Éruption cutanée de localisation variable, habituellement centripète, maculo-
papuleuse, urticarienne ou scarlatiniforme et habituellement non prurigineuse,
ayant une prédilection pour les régions inguinale et périnéale (avec présence
fréquente de desquamation).
5) Adénopathie cervicale de plus de 1,5 cm, habituellement unilatérale.
Des anévrismes coronariens apparaissent chez 20 à 25 % des enfants non trai-
tés, avec une prédisposition plus élevée chez les nourrissons âgés de moins de
un an. Cette fréquence diminue à moins de 5 % sous l’effet d’un traitement précoce
avec des immunoglobulines intraveineuses (IgIV) (voir section Traitement, plus bas).
716 Maladie de Kawasaki
Des anévrismes peuvent aussi toucher les gros troncs artériels périphériques.
D’un point de vue histologique, une inflammation myocardique est omniprésente
indépendamment de la présence ou non d’une atteinte coronarienne. Les mani-
festations cliniques d’une myocardite demeurent cependant peu fréquentes et
peuvent se présenter par une tachycardie, un rythme de galop, une dysfonction
cardiaque, une péricardite avec ou sans épanchement, des arythmies, une régur-
gitation mitrale ou aortique et une défaillance cardiaque. Comme conséquence de
l’anévrisme coronarien, une sténose coronarienne peut apparaître ultérieurement.
Parmi les autres manifestations cliniques possibles figurent les suivantes :
irritabilité, asthénie, pneumonie, méningite aseptique, diarrhée, hépatite, méatite,
urétrite, arthrite ou arthralgies des petites ou des grosses articulations, myalgie,
uvéite antérieure et otite moyenne. Une distension de la vésicule biliaire peut
survenir ; elle se manifeste par une douleur dans l’hypocondre droit, et la vési-
cule est parfois palpable ; ce signe n’est pas pathognomonique, puisqu’on peut
aussi l’observer, par exemple, en cas de scarlatine. Cette atteinte de la vésicule
se complique rarement d’une cholestase. On peut observer une réactivation de
la cicatrice du vaccin de la tuberculose (BCG).
En l’absence de traitement, la phase aiguë dure en moyenne 1 ou 2 semaines
(moyenne de 12 jours) et au maximum environ 1 mois. Pendant cette période,
la plupart des patients sont très irritables.
Il existe des formes incomplètes de maladie de Kawasaki, lorsque l’ensemble
des critères diagnostiques décrits plus haut n’est pas présent ; dans ces situations,
l’échocardiographie peut aider à poser un diagnostic, plus particulièrement chez
les nourrissons (moins de six mois) fébriles depuis plus de sept jours, sans cause
décelée. La présence d’anévrismes coronariens confirme alors le diagnostic. La
maladie de Kawasaki doit aussi être envisagée chez tout patient irritable ayant
de la fièvre élevée d’une durée de plus de cinq jours et manifestant des signes
d’inflammation systémique (augmentation de la vitesse de sédimentation et de la
protéine C réactive). La présence d’une hypoalbuminémie, d’une anémie, d’une
hyperleucocytose, d’une thrombocytose, d’une transaminite ou d’une pyurie asepti-
que (trois critères ou plus) devrait suggérer fortement le diagnostic d’une forme
incomplète de la maladie. Par ailleurs, si les paramètres inflammatoires et les
plaquettes sont normaux après sept jours de fièvre, il est peu probable que le
patient soit atteint d’une maladie de Kawasaki.
Le diagnostic différentiel inclut les infections virales (exemples : mononu-
cléose infectieuse, rougeole, infection à adénovirus, à entérovirus, à parvovirus
ou à virus du groupe Herpes), la scarlatine, le choc toxique, le syndrome de Ste-
vens-Johnson, la maladie sérique, l’arthrite idiopathique chronique ou la périar-
térite noueuse. La présence d’une conjonctivite suppurée, d’une pharyngite
exsudative, de lésions buccales vésiculaires ou ulcérées, d’une éruption cuta-
née vésiculaire ou bulleuse, d’adénopathies généralisées ou de splénomégalie
est moins souvent retrouvée dans la maladie de Kawasaki et doit donc évoquer
davantage une cause infectieuse. Une infection concomitante (observée jusque
dans 40 % des cas) peut cependant être détectée chez les enfants atteints de la
maladie de Kawasaki et ne doit pas pour autant faire exclure ce diagnostic.
Explorations
Il n’y a aucun marqueur biologique spécifique, mais des marqueurs d’inflam-
mation systémique tels qu’une augmentation de la protéine C réactive ou de
la vitesse de sédimentation et une hypoalbuminémie sont présents. Quoique
Maladie de Kawasaki 717
Traitement
Classiquement, le traitement le plus efficace pour réduire les symptômes et pour
prévenir les anévrismes coronariens est une association d’IgIV et d’acide acétyl-
salicylique. Une dose unique de 2 g/kg d’IgIV est perfusée en 10 à 12 heures.
Son efficacité s’avère d’autant meilleure que le traitement est commencé tôt,
de préférence dans les 7 jours et au plus tard dans les 10 jours, après le début de
la fièvre, d’où la nécessité d’établir le diagnostic avant cette échéance. Cepen-
dant, même si une longue période de temps s’est écoulée depuis l’apparition des
symptômes, l’administration d’IgIV est conseillée, dès l’établissement du diagnos-
tic, pour autant que l’enfant soit encore fiévreux. La fièvre peut persister au-delà
de 36 heures après l’administration d’IgIV chez 10 à 15 % des patients. Le cas
échéant ou si la fièvre récidive, on peut administrer une deuxième dose d’IgIV.
Par ailleurs, l’administration précoce d’IgIV, avant le cinquième jour de fièvre,
reste controversée et pourrait être associée à un risque accru de nécessiter un
traitement supplémentaire. Il est cependant acceptable d’administrer des IgIV
au quatrième jour de fièvre, chez un patient présentant quatre des cinq critères
cliniques. Parallèlement, la présence d’anomalies coronariennes chez un patient
réunissant moins de quatre critères classiques mérite également un traitement
avec des IgIV. Enfin, le bien-fondé d’entreprendre ou non un traitement lors-
qu’on suspecte une forme incomplète de la maladie doit être discuté cas par cas.
718 Maladie de Kawasaki
Suivi
Lorsqu’il n’y a pas initialement d’anévrisme coronarien, le suivi par échocardio-
graphie se poursuit pendant au moins trois mois, afin de détecter l’apparition
tardive d’anévrismes ou d’autres anomalies cardiaques. Quoique la régression
des anévrismes coronariens puisse survenir spontanément dans la plupart des cas
(de 50 à 70 %), la structure et la fonction coronarienne sont considérées comme
endommagées et nécessitent un suivi à long terme. Une angiographie corona-
rienne est parfois indiquée, entre autres lorsqu’il y a des symptômes suggestifs
d’ischémie coronarienne ou que l’épreuve d’effort est positive. L’atteinte coro-
narienne nécessite rarement une angioplastie ou un traitement chirurgical en
bas âge. Toutefois, le suivi à long terme (de 15 à 20 ans) révèle une prévalence
croissante de sténoses coronariennes, touchant de 20 à 25 % des patients atteints
de lésions coronariennes persistantes.
Les activités physiques doivent être restreintes durant les deux premiers
mois de la maladie chez tous les patients. Ceux qui présentent des anévrismes
coronariens multiples ou géants ne doivent pas participer à des sports de com-
pétition. Les patients qui nécessitent un traitement anticoagulant doivent éviter
les sports de contact en raison du risque hémorragique associé.
Il est recommandé de retarder l’administration de vaccins vivants jusqu’à
11 mois après l’utilisation d’IgIV aux doses recommandées dans la maladie de
Kawasaki. Si un tel vaccin doit être administré durant cette période en raison
d’une épidémie particulière, il est approprié de prévoir un rappel vaccinal par
la suite. Les patients âgés de moins de 18 ans traités avec de l’acide acétylsali-
cylique de façon chronique doivent recevoir le vaccin antigrippal annuellement.
Pronostic
La plupart des décès sont causés par des thromboses coronariennes avec infarc-
tus du myocarde ou par des ruptures d’anévrisme. Avant l’ère des immunoglo-
bulines, la mortalité était de 1 à 2 % ; avec le traitement actuel, elle est de l’ordre
de 0,3 %. Il est reconnu qu’une dysfonction endothéliale coronarienne qui pour-
rait être à la base d’une athérosclérose coronarienne précoce se développe chez
Maladie de Lyme 719
Généralités
La maladie de Lyme est une infection bactérienne causée par un spirochète, le
Borrelia sp. Elle se transmet à l’homme par la morsure d’une tique du genre
Ixodes ; c’est la maladie transmise par les tiques la plus fréquente aux États-Unis
et en Europe. En Amérique du Nord, la maladie de Lyme est causée par le Borre-
lia burgdorferi sensu stricto ; elle est endémique dans le nord-est et le centre des
États-Unis, où elle est transmise par la tique I. scapularis, et en Californie, où elle
est transmise par la tique I. pacificus. La maladie de Lyme est encore considérée
de faible incidence au Canada, mais les cas humains rapportés sont en augmen-
tation, surtout dans la partie sud-est du pays. En Europe, la maladie est causée
par différentes espèces de Borrelia burgdorferi sensu lato (B. burgdorferi sensu
stricto, B. afzelii, B. garinii, B. spielmanii) et est transmise par la tique I. ricinus.
Divers animaux servent de réservoir à l’agent vecteur : petits rongeurs, cer-
vidés, chevaux, chats, chiens, reptiles, oiseaux. La distribution saisonnière (de
mai à septembre) correspond à la période d’activité des tiques.
Les personnes les plus exposées sont celles qui circulent dans les régions
boisées riches en tiques et en réservoirs animaux. Le risque de contracter la
maladie est habituellement faible si le temps de fixation de la tique à la peau
est de moins de 24 heures. La transmission par le lait maternel n’a pas été rap-
portée. Le risque de borréliose congénitale après transmission transplacentaire
reste incertain.
La tique I. scapularis peut transmettre deux autres zoonoses : la babésiose
et l’anaplasmose granulocytaire humaine (anciennement appelée ehrlichiose gra-
nulocytaire humaine). Des infections concomitantes transmises par une même
tique peuvent donc survenir.
La maladie de Lyme est une maladie à déclaration obligatoire dans certains
pays, dont les États-Unis et le Canada.
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques sont polymorphes et non spécifiques. La maladie
évolue classiquement en trois temps.
papule érythémateuse. Cette lésion s’élargit pour former une tache rouge de
teinte uniforme ou d’aspect annulaire à centre clair, pouvant atteindre jusqu’à
10 à 16 centimètres de diamètre. Elle peut se recouvrir, dans sa partie centrale,
d’éléments vésiculaires ou nécrotiques. Il y a parfois une sensation de brûlure
ou de prurit. L’érythème migrant peut demeurer isolé, et il risque alors d’être con-
sidéré à tort comme une cellulite ou une dermatophytose. Il y a parfois des signes
généraux (exemples : malaise, fatigue, myalgies, arthralgies, céphalées, fièvre,
raideur cervicale, adénopathie régionale) en plus des manifestations cutanées.
Des symptômes respiratoires ou digestifs ne sont que très rarement rapportés et
devraient faire suspecter un autre diagnostic.
Au cours des 24 premières heures suivant une morsure, la présence d’une
petite zone d’érythème autour de la lésion traduit une simple réaction inflam-
matoire et ne correspond pas à un érythème migrant.
Explorations
Le diagnostic d’érythème migrant s’appuie surtout sur des éléments cliniques :
une morsure par une tique, un séjour en milieu endémique et la présence d’une
éruption cutanée caractéristique. À ce stade, les anticorps spécifiques ne sont
présents que dans 20 à 50 % des cas. La sérologie n’est recommandée que si
l’éruption est atypique ou que les éléments épidémiologiques importants sont
absents. Si elle se révèle négative, on devrait la répéter après quatre semaines,
Maladie de Lyme 721
Traitement
Le traitement est indiqué chez tout sujet ayant séjourné dans une région endémique et
qui présente, avec ou sans histoire de morsure de tique, une lésion d’érythème
migrant d’au moins 5 cm de diamètre. Il est aussi indiqué en présence d’une mani-
festation tardive suggestive de la maladie, associée à une sérologie positive.
1) Traitement des manifestations précoces
(Exemples : érythème migrant, bloc AV du 1er ou du 2e degré, paralysie faciale
isolée)
a) Chez l’enfant âgé de moins de huit ans, l’amoxicilline est l’antibiotique de
choix ; en cas d’allergie à la pénicilline, on utilise le céfuroxime-axétil.
b) Chez l’enfant âgé de huit ans et plus, la doxycycline constitue le meilleur choix,
car elle est également efficace contre l’anaplasmose granulocytaire humaine.
La durée du traitement est de 14 à 21 jours. La réponse thérapeutique est
parfois lente. Les rechutes sont rares ; on répète le traitement initial au besoin.
L’emploi de la doxycycline est contre-indiqué en cours de grossesse et chez la
femme qui allaite. En cas de paralysie faciale, la corticothérapie est déconseillée.
En présence de maladie disséminée, une réaction de type Jarisch-Herxheimer
peut apparaître dans les 24 premières heures de traitement.
Les macrolides sont moins efficaces. On les prescrit aux patients qui ne
peuvent prendre les antibiotiques mentionnés ci-dessus. Leur emploi nécessite
une surveillance clinique accrue pour s’assurer d’une guérison complète. Les
céphalosporines de 1re génération sont inefficaces. Une résistance au traitement
ou une atteinte systémique importante doivent faire suspecter une infection
mixte. L’amoxicilline et le céfuroxime sont sans effet contre l’anaplasmose gra-
nulocytaire humaine et la babésiose.
722 Maladie de Lyme
Prévention
Le meilleur moyen de se protéger contre la maladie est d’éviter tout contact avec
les tiques vectrices. En zone d’endémie, le port de vêtements protecteurs (entre
autres, des chaussures fermées et des chaussettes), l’application répétée d’insecti-
fuges vestimentaires (perméthrine) et cutanés comme le DEET (N, N-diéthyl-meta-
toluamide, encore connu sous l’appellation N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide)
limitent les risques d’infestation. En raison de sa neurotoxicité possible lorsqu’il
est absorbé par la peau irritée ou enflammée, le DEET doit être utilisé avec pru-
dence chez l’enfant (voir Voyages).
Les tiques (adultes femelles) se repèrent plus facilement sur des vêtements de
couleur claire. Les larves et les nymphes sont plus petites et donc plus difficiles
à voir. Il est important d’inspecter attentivement et fréquemment les vêtements
ainsi que les surfaces cutanées et notamment celles qu’affectionne le parasite
(cuir chevelu et régions à l’arrière des oreilles, cou, plis du genou, régions axil-
laire et inguinale).
L’extirpation rapide de la tique réduit le risque d’infection. Pour ne pas
l’écraser, on l’agrippe au ras de la peau au moyen d’une pince courbe à bec fin
et on la soulève en exerçant une traction ferme et soutenue. L’opérateur devrait
porter des gants ou utiliser un morceau de papier ou de tissu pour protéger ses
doigts. On ne doit pas s’inquiéter si les pièces buccales (le rostre) ne peuvent
être arrachées ; elles ne peuvent plus transmettre l’infection et vont s’éliminer
spontanément en peu de temps. Après retrait de la tique, le site de la morsure
et les mains sont lavés à l’eau et au savon. La zone doit être surveillée quoti-
diennement pendant quelques semaines, afin de dépister l’apparition d’un éry-
thème migrant. D’autres méthodes d’extraction telles que l’application d’éther,
de vaseline ou d’essence, ou l’approche d’un embout brûlant de cigarette, sont
à proscrire en raison du risque de transmission du spirochète régurgité par la
tique, ainsi que du risque de brûlure cutanée.
Étant donné le faible risque infectieux et la grande efficacité du traitement
curatif administré aux premiers signes de la maladie, on ne recommande habi-
tuellement pas l’antibiothérapie prophylactique. Elle n’est justifiée qu’en pré-
sence de tous les facteurs de risque suivants : tique engorgée en place pendant
plus de 36 heures, séjour dans une région où le taux de tiques contaminées
est élevé et identification formelle du parasite vecteur. Chez l’enfant âgé de
Maladie des griffes de chat 723
huit ans et plus et chez l’adulte, une dose unique de doxycycline (4 mg/kg ;
max : 200 mg), prise dans les 72 heures qui suivent la morsure, suffit à prévenir
la maladie. La doxycycline est généralement contre-indiquée chez les enfants
de moins de huit ans, et l’amoxicilline ne constitue pas un deuxième choix
pour les raisons suivantes : absence de données probantes sur l’efficacité d’un
traitement prophylactique de courte durée, efficacité reconnue du traitement
antibiotique de la maladie de Lyme si une telle infection se développe, risque
très faible pour une personne avec une piqûre caractéristique de présenter une
complication grave.
Il n’est pas nécessaire d’isoler les sujets possiblement ou manifestement
infectés. À la phase primaire, le spirochète peut être transmis par le sang du
patient, mais non par de simples contacts entre individus.
Aucun vaccin n’est actuellement disponible. Un vaccin contre le B. burg-
dorferi sensu stricto a été utilisé, entre 1998 et 2002, pour les personnes âgées
de 15 à 70 ans. Il n’est plus commercialisé.
Pronostic
Le pronostic est excellent lorsqu’on traite adéquatement la maladie. Les compli-
cations chroniques sont moins fréquentes chez les enfants que chez les adultes.
Le risque d’infection n’est ni plus grand ni plus grave chez la femme enceinte.
Une primo-infection ne confère pas d’immunité durable.
Généralités
La maladie des griffes de chat, une zoonose observée mondialement, est causée
par une bactérie fastidieuse à Gram négatif nommée Bartonella henselæ (ancien-
nement Rochalimæa). Les chatons, les chats errants ou infestés par des puces
sont les principaux porteurs de la bactérie ; ils la transmettent par contact, sans
qu’une griffure ou une morsure soit nécessaire. La morsure par une tique pour-
rait être un autre mode de transmission. Cette infection touche le plus souvent
les enfants et les jeunes adultes.
Manifestations cliniques
La maladie débute typiquement par l’apparition de une ou de plusieurs papules
indolores, rouge brunâtre qui se manifestent de 3 à 10 jours après le contact,
au site de l’inoculation. Ces papules disparaissent habituellement en une à trois
semaines ; on les observe chez environ les deux tiers des cas. La raison princi-
pale de consultation est la présence d’au moins une lymphadénopathie, souvent
unilatérale, qui se développe de une à sept semaines après le contact et qui per-
siste de deux à quatre mois, sinon davantage. Celle-ci se trouve sur le territoire
de drainage lymphatique du site d’inoculation, plus fréquemment la région de
la tête, du cou et des membres supérieurs, mais d’autres aires ganglionnaires
peuvent être atteintes. Le ganglion peut s’abcéder, et, dans environ 10 % des cas,
724 Maladie des griffes de chat
Explorations
Dans la plupart des cas, le diagnostic repose sur un faisceau d’éléments cliniques.
Lorsque cela est cliniquement indiqué, il peut être confirmé par sérologie dans
certains laboratoires de référence.
Lorsqu’une biopsie, une exérèse ganglionnaire ou une ponction à l’aiguille
fine est effectuée, on peut mettre le bacille en évidence par la coloration à l’argent
de Warthin-Starry, surtout en phase précoce de la maladie. Il est parfois possible
de cultiver le germe sur demande spéciale dans certains laboratoires, mais la
croissance de cette bactérie est très fastidieuse dans les conditions de culture
habituelles. Certains laboratoires offrent aussi la technique de détection par PCR.
Traitement
La maladie est autorésolutive chez les enfants immunocompétents atteints de
la forme typique. Aucune intervention n’est indiquée, excepté le contrôle de la
douleur. Il existe peu de données portant sur l’efficacité des antibiotiques. En
cas d’adénopathies importantes, un traitement à l’azithromycine pendant cinq
jours peut être envisagé ; celui-ci pourrait diminuer plus rapidement la taille des
ganglions, sans modifier le pronostic.
Si l’adénopathie devient suppurée et douloureuse, il est parfois utile de pro-
céder à une ponction-aspiration à l’aiguille pour diminuer la douleur. L’exérèse
est rarement nécessaire, à moins de vouloir exclure un autre diagnostic.
Pronostic
La maladie se résout spontanément et complètement en un à quatre mois.
Contagiosité
Les précautions standards sont recommandées. Il n’est pas nécessaire d’isoler
le patient.
Prévention
On peut prévenir la plupart des cas en contrôlant l’infestation des chats par des
puces et en évitant l’exposition à leur salive, ainsi que les griffures et morsures.
Il n’est pas recommandé de se départir des chats possiblement porteurs.
Maladies inflammatoires de l’intestin 725
Généralités
La maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et la colite indéterminée sont des
maladies inflammatoires chroniques du tractus gastro-intestinal (MII) dont l’étio-
logie demeure inconnue. Environ de 60 à 70 % des MII pédiatriques sont des
maladies de Crohn ; les 30 à 40 % restants incluent la colite ulcéreuse et la colite
indéterminée (appelée inflammatory bowel disease undetermined ou IBDU dans
la littérature de langue anglaise).
La classification pédiatrique des MII (classification de Paris, 2011) tient
compte de l’âge de l’enfant (de 0 à 10 ans et de 10 à 17 ans), de la présence de
retard staturopondéral, de l’extension de la MII et du type de maladie de Crohn :
inflammatoire (mode de présentation le plus fréquent), fibrosténosante ou per-
forante (aussi appelée fistulisante).
La maladie de Crohn atteint la muqueuse digestive de façon segmentaire ou
transmurale et peut toucher tous les segments du tube digestif, de la bouche à
l’anus, principalement l’iléon seul, l’iléon et le côlon, le côlon seul et la région
périanale.
La colite ulcéreuse débute par une atteinte rectale de la muqueuse du côlon.
Jusqu’à 20 % des patients souffrant de pancolite ont également une atteinte de
l’iléon terminal (backwash ileitis). On parle de colite indéterminée quand le cô
lon est touché, sans pouvoir classifier la colite en maladie de Crohn ou en colite
ulcéreuse.
L’étiologie des MII est multifactorielle. L’hypothèse actuelle serait qu’il se
produit une réponse immunitaire démesurée au microbiome intestinal chez un
hôte génétiquement prédisposé. En particulier, trois polymorphismes majeurs du
gène NOD-2 CARD15 sur le chromosome 16 sont associés à une maladie de
Crohn iléale de type sténosante, où le risque de chirurgie est plus élevé qu’habi-
tuellement dans cette maladie.
Environ de 25 à 30 % des MII sont diagnostiquées avant l’âge de 18 ans,
et de ce groupe, 20 % le seront avant l’âge de 10 ans, parfois dès la première
année de vie. Avant l’âge de 15 ans, le garçon est plus souvent atteint de mala-
die de Crohn que la fille (1,5:1). En pédiatrie, la maladie de Crohn est plus fré-
quente que la colite ulcéreuse, et son incidence continue d’augmenter à l’échelle
mondiale. Les MII surviennent plus fréquemment dans l’hémisphère Nord, dans
les régions urbaines, chez les Blancs et chez les Juifs ashkénazes. On trouve une
histoire familiale positive de MII chez 10 à 15 % des membres de la première
génération d’une famille. Une MII débutant tôt dans l’enfance aura tendance à
être plus grave et à s’inscrire dans un contexte génétique où plus de membres de
la famille sont atteints de MII. Il existe une « anticipation génétique » de la mala-
die ; ainsi, lorsqu’un parent est atteint d’une MII, son enfant, s’il en est atteint lui
aussi, le sera plus précocement.
Certaines maladies, comme le syndrome de Turner, sont associées à une
fréquence accrue de la maladie de Crohn. On peut observer un tableau digestif
très semblable à celui de cette dernière dans la granulomatose septique chro-
nique. Une forme fistulisante grave imitant la maladie de Crohn a été récemment
décrite dans les cas de déficit du récepteur de l’interleukine 10.
726 Maladies inflammatoires de l’intestin
Manifestations cliniques
La présentation clinique de la MII varie selon la localisation de l’atteinte diges-
tive. Quand celle-ci est plus distale, le diagnostic est plus précoce. La maladie
de Crohn a plus souvent un début insidieux que la colite ulcéreuse.
Les douleurs abdominales sont de type crampiforme, généralement après les
repas. La douleur à la fosse iliaque droite peut suggérer une atteinte iléocolique,
et la douleur dans l’hypogastre, une atteinte colique plus distale.
Les diarrhées peuvent s’accompagner d’urgences à la défécation, de ténesme
et de fausses envies, particulièrement si l’atteinte est plus distale (rectosigmoïde).
Elles peuvent être nocturnes, ce qui témoigne d’une atteinte plus grave. Les rec-
torragies sont plus fréquentes dans les atteintes coliques.
On observe plus souvent des ulcères buccaux dans la maladie de Crohn
que dans la colite ulcéreuse. Dans 25 % des cas de maladie de Crohn, il y a une
atteinte périanale (fissures, marisques inflammatoires ou non, fistules, abcès
périanaux).
Parmi les autres manifestations figurent l’anorexie, une perte pondérale, une
cassure de la courbe staturale et un retard pubertaire. Chez presque la moitié des
enfants atteints de maladie de Crohn, on observe une diminution de la vélocité
de croissance avant même le développement des symptômes gastro-intestinaux.
Environ 20 % des patients n’atteignent pas la taille adulte prédite selon la cible
génétique. Le retard de croissance ne survient que dans 10 % des cas de colite
ulcéreuse. L’obésité n’exclut pas une MII.
Jusqu’à 35 % des enfants atteints de MII présentent des manifestations
extra-intestinales, principalement l’arthrite et les arthralgies, pouvant précéder
l’apparition des symptômes gastro-intestinaux. L’arthrite périphérique, habituel-
lement transitoire et non déformante, touche surtout les genoux et les chevilles
et suit généralement l’activité de la maladie. La spondylite ankylosante est sou-
vent associée à l’antigène HLA-B27.
L’érythème noueux est plus fréquent dans la maladie de Crohn, alors que
le pyoderma gangrenosum se manifeste plus souvent dans la colite ulcéreuse.
Parmi les atteintes hépatiques, la cholangite sclérosante touche 3 % des
patients environ, plus fréquemment dans la colite ulcéreuse. On observe aussi la
péricholangite, l’hépatite chronique active, l’hépatite auto-immune et la stéatose
hépatique. Ces affections ne suivent pas l’activité de la MII.
Les troubles urinaires tels que les néphrolithiases (oxalate de calcium, acide
urique), l’hydronéphrose (par compression externe de l’uretère par une masse
inflammatoire ou un abcès) et les fistules entérovésicales figurent parmi les au-
tres atteintes extra-intestinales. Les maladies thrombo-emboliques sont plus fré-
quentes que dans la population normale ; elles touchent environ de 1 à 5 % des
patients souffrant de MII et, chez l’enfant, elles atteignent surtout les vaisseaux
cérébraux et rétiniens. Sur le plan oculaire, l’épisclérite et l’uvéite doivent être
recherchées. Une ostéoporose peut déjà être présente au moment du diagnostic
de MII ou apparaître au cours de la corticothérapie.
L’activité de la maladie de Crohn peut être évaluée selon le PDCAI (Pedia-
tric Crohn’s Disease Activity Index). Sont inclus dans le score :
1) les symptômes subjectifs de douleur abdominale, les caractéristiques des selles
(nombre, consistance, présence de sang) et l’état général ;
2) les signes physiques : douleur à la palpation abdominale ou masse, atteinte
périrectale ;
Maladies inflammatoires de l’intestin 727
Explorations
L’hémogramme révèle le plus souvent une anémie microcytaire ferriprive ; une
thrombocytose n’est pas rare. La vitesse de sédimentation et la protéine C réac-
tive sont fréquemment augmentées. Un dosage de ferritine est utile pour évaluer
le déficit en fer, mais il peut être normal lorsque le bilan est très inflamma-
toire. On peut noter une hypoalbuminémie secondaire à une dénutrition et à
une entéropathie exsudative. Il existe des tests sérologiques variés incluant les
anticorps ASCA (anti-Saccharomyces cerevisiæ antibodies). Ces derniers sont posi-
tifs chez 55 % des enfants atteints de maladie de Crohn et chez seulement 5 % des cas
de colite ulcéreuse, alors que les anticorps P-ANCA (peri-nuclear anti-neutrophil
cytoplasmic antibodies) se trouvent chez 50 à 65 % des patients souffrant de colite
ulcéreuse. Chez l’enfant ayant une MII à début très précoce (avant l’âge de huit
ans), il faut éliminer un déficit immunitaire.
Avant de poser un diagnostic de MII, des coprocultures sont nécessaires
pour exclure une cause infectieuse. Une surinfection par la toxine du Clostridium
difficile doit être recherchée au moment d’une rechute ; ce type d’infection, plus
fréquent chez les patients atteints de MII que dans la population normale, peut
survenir sans antibiothérapie préalable.
La radiographie de l’abdomen est surtout utile pour évaluer et effectuer un
suivi des épisodes occlusifs ou subocclusifs. Elle peut éliminer un mégacôlon
toxique – compliquant une colite ulcéreuse grave – et une perforation intesti-
nale. Le repas baryté est non spécifique ; on lui préfère l’endoscopie haute (voir
ci-après). Le transit du grêle peut démontrer des ulcérations linéaires et transverses
donnant un aspect pseudo-polypoïde en « pavés de rue » (cobblestoning). Il est utile
pour déceler les atteintes multifocales et pour suivre l’évolution de la maladie. Le
« signe de la corde » (string sign) est causé par un rétrécissement serré localisé ou
multifocal des anses intestinales. En amont des zones sténosées, on peut obser-
ver des anses dilatées, qui peuvent être espacées par de l’œdème mésentérique.
Selon l’accessibilité, on lui préfère l’entérorésonance magnétique nucléaire qui est
plus précise et qui limite les radiations. Le lavement baryté en double contraste
n’est pas recommandé dans le bilan diagnostique. On le réserve à l’évaluation
de complications comme la sténose colique.
728 Maladies inflammatoires de l’intestin
Traitement
Le traitement doit induire une rémission et la maintenir par la suite, tout en favo-
risant la croissance et le développement normaux de l’enfant.
I. 5-aminosalicylates
Les 5-aminosalicylates sont des médicaments à effets anti-inflammatoires locaux
agissant sur la muqueuse intestinale. Ils sont utilisés dans l’induction et le main-
tien de la rémission de la colite ulcéreuse et de la colite indéterminée, mais leur
indication dans la maladie de Crohn est limitée.
III. Corticostéroïdes
La prednisone est utilisée dans les crises de MII de modérées à graves. Environ
de 20 à 35 % des patients deviennent corticodépendants, et 20 % sont cortico-
résistants. La budésonide administrée par voie orale représente une option inté-
ressante pour les formes modérées de maladie de Crohn iléocæcale ou touchant
le côlon ascendant ; elle est libérée dans l’iléon terminal, avec moins d’effets
systémiques que la prednisone.
Maladies inflammatoires de l’intestin 729
IV. Antibiotiques
Les antibiotiques diminueraient l’inflammation intestinale chronique. On réserve
le métronidazole à la maladie de Crohn périanale ; une neuropathie peut être
associée à une utilisation prolongée de ce médicament. La ciprofloxacine peut
être employée en combinaison avec le métronidazole dans les cas de phlegmons
intra-abdominaux et dans la maladie de Crohn colique ; toutefois, on ne la recom-
mande pas pour de longues périodes chez l’enfant en croissance.
V. Agents immunosuppresseurs
L’azathioprine et la 6-mercaptopurine sont des thiopurines ; ce sont les agents
les plus utilisés dans le maintien de la rémission des MII. Avant d’amorcer
le traitement, on obtient un dosage de thiopurine-méthyltransférase sérique,
une enzyme absente chez environ 1 personne sur 300. Une déficience com-
plète ou partielle importante de cette enzyme se traduit par un taux trop élevé
de 6-thioguanine, pouvant causer une aplasie médullaire.
Une surveillance des taux sériques des métabolites des thiopurines
(6- thioguanine et 6-méthylmercaptopurine) est nécessaire afin d’ajuster
les doses des traitements. Les effets secondaires associés sont la pancréatite (5 % des
cas environ), une leucopénie, des réactions idiosyncrasiques (éruptions cuta-
nées, fièvre) et, à long terme, un risque accru de lymphome (particulièrement
après une infection par le virus Epstein-Barr). Le temps moyen de réponse est
de trois mois.
Le méthotrexate est de plus en plus utilisé en première intention, surtout
dans les maladies de Crohn coliques. On y a également recours chez les patients
atteints d’une MII réfractaire aux thiopurines ou ayant présenté des réactions
secondaires graves à ces médicaments, en association avec les anticorps anti-TNFα
(tumor necrosis factor alpha) (voir ci-après). Un supplément d’acide folique est
nécessaire. Les nausées sont un effet secondaire fréquent.
La cyclosporine peut être prescrite dans les colites ulcéreuses fulminantes,
mais on lui préfère l’infliximab.
Complications
I. Complications de la maladie de Crohn
Environ 35 % des enfants atteints de maladie de Crohn auront subi une chirur-
gie au cours des cinq années suivant le diagnostic. Les principales indications
chirurgicales sont la résistance au traitement médical, les subocclusions répétées,
730 Maladies métaboliques à expression néonatale
Pronostic
Les MII sont des maladies chroniques dont les rechutes et les rémissions sont
parfois prolongées, provoquant de lourdes conséquences chez le patient et sa
famille. Non seulement la MII affecte-t-elle la qualité de vie, mais elle perturbe
également l’image corporelle à cause des retards staturopondéral et pubertaire fré-
quemment associés et en raison de chirurgies comme l’iléostomie. Une équipe
multidisciplinaire spécialisée est essentielle à la prise en charge biopsychosociale
des enfants atteints de MII.
Généralités
Les maladies métaboliques héréditaires peuvent se manifester dès les premiers
jours de vie par une atteinte inexpliquée, souvent grave et progressive, de un
ou de plusieurs organes, par une hypoglycémie ou par une acidose métabo-
lique. Les symptômes initiaux ne sont pas spécifiques et peuvent ressembler à
ceux de plusieurs autres maladies graves du nouveau-né comme une anoxie,
une septicémie ou une hémorragie intracrânienne. Dans ce type de situation,
la probabilité qu’il s’agisse d’une maladie métabolique est d’autant plus élevée
que les autres causes possibles sont éliminées.
Le diagnostic de maladie métabolique constitue une urgence médicale.
Si un traitement spécifique n’est pas entrepris, l’état de l’enfant s’aggrave pro-
gressivement en dépit du traitement de soutien ; cette détérioration peut aller
jusqu’au coma et entraîner le décès. Il est également important de poser un
diagnostic précis afin d’offrir à la famille un conseil génétique adéquat et de
l’informer des possibilités de diagnostic prénatal au cours d’une grossesse
ultérieure.
Ce chapitre se limite à discuter des éléments pouvant aider le praticien à
suspecter rapidement la présence d’une maladie métabolique traitable en atten-
dant l’intervention des experts en maladies métaboliques.
Maladies métaboliques à expression néonatale 731
Approche clinique
I. Anamnèse
Le signe d’appel le plus fréquent est une détérioration inexpliquée de l’état
général ou de l’état de conscience survenant après une grossesse normale, une
naissance sans incident et une période de quelques heures à quelques jours,
voire quelques semaines, sans symptôme (notion d’intervalle libre). Le premier
indice peut être une mauvaise succion, un refus de boire ou des vomissements.
L’anamnèse recherche un intervalle libre de symptômes entre la naissance et
le début de la maladie, précise le mode d’alimentation de l’enfant et tente de
reconnaître une période de jeûne ou une hausse de la demande métabolique.
L’histoire familiale peut apporter une aide précieuse, car la plupart des mala-
dies du métabolisme intermédiaire sont héréditaires, essentiellement transmises
selon le mode autosomique récessif ; certaines sont liées au chromosome X.
On recherche une histoire de décès inexpliqués dans la famille, notamment en
période néonatale, ainsi qu’une consanguinité entre les parents.
III. Explorations
Les principaux indices d’une maladie métabolique à révélation néonatale sont
résumés dans le tableau 154.1. L’évaluation clinique, accompagnée de certaines
épreuves de laboratoire rapidement disponibles, permet d’orienter le diagnostic
(voir tableau 154.2). Les explorations métaboliques de base doivent être amorcées
en même temps que celles qui sont requises pour les causes non métaboliques
susceptibles d’expliquer le tableau clinique.
• Mesurer le pH.
• Procéder à une chromatographie des acides organiques (utile particulière-
ment dans le cas d’une acidose métabolique à trou anionique augmenté).
• Congeler au moins trois échantillons en vue d’études ultérieures.
2) Dans le sang ou le plasma
• Prescrire un hémogramme. Celui-ci doit comporter un examen du frottis.
Une neutropénie et une thrombopénie peuvent être associées à des aci-
démies organiques.
• Mesurer la glycémie. Une hypoglycémie peut survenir dans plusieurs types
de maladies métaboliques (défauts de l’utilisation des acides gras, glycogé-
noses, hyperinsulinisme). Une hyperglycémie s’observe souvent en cas d’aci-
démie organique, en particulier si l’enfant reçoit une perfusion de glucose.
• Évaluer l’équilibre acidobasique et les électrolytes. Une acidose métabo-
lique avec trou anionique augmenté est fréquemment présente en cas de
maladie métabolique héréditaire. L’hyperammoniémie primaire s’associe
initialement à une alcalose respiratoire.
• Mesurer l’ammoniémie. La lyse des globules rouges dans un échantillon pré-
levé difficilement ou avec un garrot, ou analysé tardivement, peut augmenter
faussement le taux sérique d’ammoniac. Une élévation importante suggère
un trouble du cycle de l’urée. On observe une augmentation secondaire vraie
dans plusieurs acidémies organiques. Chez le nouveau-né qui présente des
symptômes résultant d’une hyperammoniémie, l’ammoniémie est habituelle-
ment au moins trois fois plus élevée que la limite supérieure de la normale.
• Doser les acides lactique et pyruvique dans le sang. Un prélèvement difficile
ou fait avec un garrot peut causer une élévation factice. Une hyperlacta-
cidémie vraie peut être secondaire à une hypoxémie, à une septicémie, à
une insuffisance hépatique ou à une défaillance cardiaque. Une hyperlac-
tacidémie primaire peut être due à une maladie de la chaîne respiratoire
mitochondriale, à un trouble du cycle de Krebs ou à un déficit en pyruvate
déhydrogénase ou en pyruvate carboxylase. Les aciduries organiques, les
anomalies du métabolisme de la biotine, les glycogénoses et les troubles
de l’oxydation des acides gras peuvent aussi être associés à une élévation de
l’acide lactique.
• Procéder à une chromatographie des acides aminés plasmatiques. Celle-ci
doit être interprétée par un expert, car lorsque cet examen se révèle anor-
mal, il est difficile de distinguer les enfants présentant une maladie méta-
bolique de ceux qui ont des anomalies secondaires des acides aminés
plasmatiques.
• Effectuer un profil des acylcarnitines dans le contexte d’une hypoglycémie
sans cétose, d’une atteinte hépatique, d’une cardiomyopathie ou d’un décès
par mort subite inexpliquée, suggérant un trouble de la β-oxydation des
acides gras ou, si l’on suspecte une acidurie organique, en complément
du profil des acides organiques urinaires.
• Si possible, congeler de 2 à 3 mL de plasma hépariné avant d’entreprendre
les traitements. Cet échantillon pourra servir pour effectuer des études
ultérieures.
734 Maladies métaboliques à expression néonatale
3) Dans le LCR : en cas de prélèvement de LCR, doser le glucose, les protéines ainsi
que l’acide lactique. Les résultats sont plus informatifs si le glucose ou l’acide
lactique sont mesurés en même temps dans le sang. On congèle de 0,5 à 1 mL
au cas où l’on voudrait procéder plus tard à certaines explorations additionnelles.
Dans le cas d’un prélèvement pour convulsions néonatales, il est utile de
discuter avec un expert en maladies métaboliques pour déterminer quelles autres
analyses de laboratoire sont nécessaires et afin de s’assurer des conditions opti-
males de prélèvement (exemples : tubes, volumes).
Par ailleurs, diverses perturbations secondaires surviennent fréquemment
dans plusieurs maladies métaboliques à révélation néonatale (exemples : lyse
hépatocellulaire, troubles de la coagulation, hyperbilirubinémie, hypocalcémie).
Si l’enfant décède, les étapes suivantes sont entreprises.
• S’assurer que des échantillons de plasma et d’urine ont été congelés.
• Prélever de 5 à 10 mL de sang sur édétate calcium disodique (EDTA) pour
une analyse de l’ADN, si elle s’avérait nécessaire.
• Effectuer une biopsie de peau : un fragment de peau est prélevé et placé dans
un milieu de culture de tissu (ou un milieu pour hémoculture si le milieu spé-
cifique n’est pas disponible) ; cette biopsie est gardée à 4 °C (non congelée)
et acheminée rapidement au laboratoire responsable.
• Prélever deux ou trois fragments de 1 cm3 de foie et de muscle aussitôt que
possible après le décès et les congeler à – 80 °C, en vue de dosages enzyma-
tiques qui pourraient être éventuellement jugés indiqués.
• Demander une autopsie complète. Dans certaines situations, des radiogra-
phies du squelette et une étude cytogénétique des cellules sanguines ou de
fibroblastes cutanés peuvent s’avérer utiles.
Traitement initial
En attendant un diagnostic précis et un traitement spécifique, quelques mesures
thérapeutiques simples sont indiquées : d’abord, il faut interrompre toute alimen-
tation orale et installer une perfusion avec une solution de glucose et d’électro-
lytes. Puis, il faut s’assurer de couvrir les besoins caloriques du nouveau-né et
de renverser le catabolisme. Une perfusion de dextrose 10 % avec électrolytes,
allant de 100 à 150 % des besoins d’entretien, est requise pour la majorité des
cas de décompensation néonatale (les besoins en glucose chez le nouveau-né
sont de 8-10 mg/kg/min). Il faut vérifier le lactate, car une charge en glucose
trop élevée peut être néfaste en cas de maladies mitochondriales. Si le pH sys-
témique est inférieur à 7,20 de façon soutenue, on corrige prudemment et pro-
gressivement l’acidose métabolique au moyen de bicarbonate de sodium par
voie intraveineuse. L’administration de bicarbonate ne corrige pas le problème
de base et, si elle est excessive, risque de provoquer une hypernatrémie et de
causer des hémorragies intracrâniennes. En cas de convulsions, un traitement
anticonvulsivant doit être instauré.
Dans tous les cas où le bilan initial oriente le diagnostic vers une mala-
die métabolique à expression néonatale, il importe de consulter immédiate-
ment un expert en maladies métaboliques pour discuter de la prise en charge
du patient. En cas de déficit héréditaire du cycle de l’urée, d’acidurie organique
ou de leucinose, une épuration extrarénale du ou des produits toxiques accu-
mulés peut être indiquée.
Maladies neuromusculaires 735
Généralités
Les maladies neuromusculaires regroupent plus de 200 affections causées par un
dysfonctionnement de l’une des composantes de l’unité motrice : la corne anté-
rieure de la moelle épinière, le nerf périphérique, la jonction neuromusculaire et
le muscle. Elles peuvent se manifester par une faiblesse musculaire, des troubles
sensitifs, de l’ataxie ou un manque de coordination. Le tableau 155.1 énumère
les principales maladies neuromusculaires selon le site anatomique atteint. Ce
chapitre ne traitera ni des ataxies ni de l’hypotonie congénitale, qui font l’objet
de chapitres particuliers de ce livre.
Approche clinique
I. Anamnèse
Comme la majorité des maladies neuromusculaires sont héréditaires, il importe
d’abord de s’informer des antécédents familiaux et d’une éventuelle consangui-
nité. Une histoire de mort prématurée, de retard d’acquisition de la marche, d’uti-
lisation de fauteuil roulant, de déformation des membres ou de scoliose dans la
famille peut être un indice indirect de ce type de maladie.
À l’anamnèse anténatale, on recherche une histoire de polyhydramnios ou
de diminution des mouvements fœtaux. La présence d’arthrogrypose à la nais-
sance et des difficultés alimentaires précoces peuvent également être associées
à certaines maladies neuromusculaires.
L’histoire développementale doit être complète, et l’on recherche des élé-
ments de régression. On documente l’évolution de l’atteinte, la constance ou la
variabilité de la faiblesse et les symptômes neurologiques associés (exemples :
déficience intellectuelle, ptose palpébrale, diplopie, dysphagie, crampes muscu-
laires, myalgies, myotonie, chutes, douleur, trouble sensitif, tremblement, incoor-
dination). Il est important d’établir la courbe de croissance puisque plusieurs des
patients atteints de maladie neuromusculaire présentent un retard staturopondé-
ral. On effectue une anamnèse par système à la recherche de divers symptômes
qui accompagnent souvent ce type de maladies.
• Y a-t-il eu des épisodes infectieux respiratoires ayant nécessité des hospitali-
sations ou une ventilation mécanique ?
• Les infections respiratoires se compliquent-elles de manifestations prolongées ?
• La déglutition est-elle laborieuse avec certaines textures d’aliments ?
• Y a-t-il présence de régurgitations ou de vomissements ?
• De l’encombrement trachéobronchique ou de la toux se produisent-ils dans
les minutes qui suivent la déglutition ?
• Le sommeil est-il de bonne qualité ? S’accompagne-t-il de nombreux éveils,
de céphalées ou de nausées matinales ? (Ces derniers symptômes sont très
suggestifs d’une hypoventilation alvéolaire nocturne.)
• Y a-t-il présence de constipation ou d’incontinence ?
Chez les enfants assez coopératifs, la force musculaire peut être évaluée
comme chez l’adulte et cotée selon l’échelle suivante :
• 0 : aucun mouvement ;
• 1 : trace de mouvement ;
• 2 : mouvement non antigravitaire ;
• 3 : mouvement antigravitaire, mais impossible contre résistance ;
• 4 : mouvement possible contre résistance, mais avec une force diminuée ;
• 5 : force normale contre résistance.
Chez les plus jeunes, selon l’âge, on recherche des réflexes primitifs dimi-
nués ou absents, une hypotonie du cou et des bras au « tiré-assis », un glissement
des aisselles et une absence de flexion des hanches à la suspension verticale,
une posture soutenue des membres inférieurs en abduction en décubitus dorsal
(frog leg), une démarche instable, une difficulté à marcher sur les talons et sur
la pointe des pieds, une maladresse à la course et un signe de Gower. Celui-ci
est positif lorsque l’enfant doit s’aider de ses bras en les plaçant sur ses cuisses
pour se relever de la position assise.
Il est important d’évaluer la distribution de la faiblesse. Une faiblesse proxi-
male est caractéristique des dystrophies musculaires, des maladies de la corne
antérieure et de la jonction neuromusculaire ; une faiblesse distale signale une
polyneuropathie ou une dystrophie myotonique, alors qu’on observe une fai-
blesse généralisée dans les myopathies et les dystrophies musculaires autres
que la dystrophie myotonique. La ptose palpébrale représente une faiblesse
des muscles palpébraux. Elle est plus typique d’une atteinte de la jonction
neuromusculaire ou du muscle. Un faciès inexpressif peut suggérer une atteinte
neurogène ou myogène alors qu’une lèvre supérieure en « V » inversé évoque
plutôt une atteinte musculaire. Des pleurs aigus chez le jeune enfant peuvent
suggérer une amyotrophie spinale alors que la voix nasillarde ou « mouillée »
caractérise plutôt une myopathie.
La myotonie est un relâchement musculaire anormalement lent après une
contraction soutenue, volontaire ou provoquée par la percussion d’un muscle
(généralement à l’éminence thénar du pouce).
L’examen sensitif est normal dans les maladies neuromusculaires (excluant
l’ataxie), sauf dans les polyneuropathies sensitivomotrices. Les réflexes ostéoten-
dineux sont augmentés dans les atteintes du neurone moteur supérieur et dimi-
nués ou absents dans les atteintes en aval. Dans les myopathies, les réflexes
sont habituellement diminués de façon proportionnelle à la faiblesse alors que
dans les polyneuropathies, leur diminution est hors de proportion par rapport
à la faiblesse.
L’examen respiratoire débute par l’inspection de la cage thoracique à la
recherche de déformations et d’un mouvement paradoxal durant l’inspiration
diaphragmatique. L’auscultation permet d’évaluer l’amplitude de l’entrée d’air, de
rechercher une asymétrie ventilatoire de même que la présence de râles ou de
ronchi. On peut également tenter d’évaluer la puissance de la toux et la qualité
des réflexes de protection des voies respiratoires.
Par ailleurs, on recherche un palais ogival, une scoliose, des contractures,
des pieds creux et des orteils en marteau. Chez tout enfant présentant une fai-
blesse aux membres inférieurs, on doit accorder une attention particulière au pli
interfessier afin de s’assurer qu’il n’y a pas de signes suggérant un dysraphisme
spinal (exemples : poils, sinus, pigmentation anormale).
738 Maladies neuromusculaires
III. Explorations
Des examens complémentaires sont toujours nécessaires pour confirmer le dia-
gnostic et doivent être planifiés en fonction du tableau clinique. Le tableau 155.2
résume certaines caractéristiques qui peuvent orienter le diagnostic selon le
niveau de l’atteinte. Les examens les plus utiles sont le dosage sanguin de la
créatine kinase (CK), les études électrophysiologiques et la biopsie musculaire.
Traitement
Des études prometteuses sont en cours pour évaluer l’efficacité de thérapies
géniques, particulièrement dans la dystrophie musculaire de Duchenne. Toutefois,
à l’heure actuelle, il n’y a pas de traitement curatif pour la plupart de ces mala-
dies ; il importe principalement de prévenir et de traiter les complications. Une
approche multidisciplinaire s’avère essentielle pour offrir des soins appropriés.
Il est primordial d’assurer un soutien au patient et à sa famille avec empathie et
franchise tout au long de l’évolution de la maladie. Malgré le mauvais pronos-
tic de plusieurs de ces affections, il faut aider l’enfant à développer ses champs
d’intérêt et à planifier son avenir à moyen ou à long terme. Au fil des visites
médicales, s’il y a lieu, on encourage une discussion ouverte avec le patient et
ses parents sur la fin de vie et le degré de soins désiré. Ce choix éclairé devrait
avoir été fait plusieurs mois sinon plusieurs années à l’avance plutôt que d’être
retardé jusqu’au moment où l’on se voit forcé de prendre une décision cruciale.
La réadaptation est essentielle pour prévenir la détérioration, pallier les inca-
pacités, enseigner de nouvelles habiletés et faciliter l’intégration sociale et l’adap-
tation à la maladie. Un suivi psychosocial et des interventions à l’école s’avèrent
souvent nécessaires pour aider le patient et sa famille à s’adapter au handicap.
On doit porter une attention particulière à la prévention des infections en
s’assurant que toutes les mesures de base telles que la vaccination (en particulier
contre le pneumocoque et le virus influenza) sont bien suivies.
L’état nutritionnel demeure une préoccupation constante. Chez les patients
encore ambulants, on observe un fléchissement de la courbe pondérale, qui
nécessite souvent un enrichissement de la diète et parfois une alimentation entérale.
740 Maladies neuromusculaires
Chez les patients qui n’arrivent plus à marcher ou chez ceux qui reçoivent une
corticothérapie, l’obésité peut devenir problématique, entre autres parce qu’elle
rend les déplacements plus difficiles. Les troubles gastro-intestinaux, tels le reflux
gastro-œsophagien, la dysphagie et la constipation, sont fréquents. L’ostéoporose
est habituellement inévitable ; on doit s’assurer d’un apport adéquat en calcium
et en vitamine D.
L’atteinte respiratoire résulte d’une faiblesse des muscles respiratoires, d’une
scoliose ou d’une combinaison de ces deux facteurs et s’observe principalement
dans la dystrophie musculaire de Duchenne et l’amyotrophie spinale. Sa capacité
à tousser étant restreinte, le patient est à risque d’atélectasie et de pneumonie.
Lorsque la capacité vitale est inférieure à 60 % de la valeur prédite ou que les
forces respiratoires sont inférieures à 50 cm H2O, on amorce les traitements de
recrutement volumétrique pulmonaire. Ces derniers, d’une durée approximative
de 15 à 20 minutes, sont administrés en général au moins une fois par jour et ont
pour but de maintenir l’élasticité de la cage thoracique et du tissu pulmonaire. Ils
consistent en une insufflation mécanique maximale des poumons à l’aide d’un
insufflateur manuel de réanimation. Une valve inspiratoire unidirectionnelle per-
met de gonfler graduellement les poumons jusqu’à une plénitude ressentie par le
patient. Au signal visuel de ce dernier, le parent ou le technicien retire la valve
inspiratoire de ses lèvres pour lui permettre d’expirer passivement. La manœuvre
est répétée plusieurs fois par séance.
Toute infection respiratoire aiguë doit être évaluée et traitée diligemment
avec des antibiotiques, car la morbidité et la mortalité de ce type d’infection sont
élevées chez ces patients. Durant les infections respiratoires aiguës, l’assistance
à la toux par des manœuvres de physiothérapie (kinésithérapie) respiratoire
constitue une partie essentielle du traitement. Chez les patients les plus faibles,
on peut majorer jusqu’à 300 % l’efficacité de ces manœuvres grâce à l’utilisation
d’une assistance mécanique à la toux (CoughAssistMD). Le CoughAssistMD est un ap-
pareil utilisant un système mécanique d’insufflation et d’exsufflation (pressions
inspiratoire et expiratoire de 30 à 40 cm H2O chacune), avec des cycles entre-
coupés de pauses. Le changement rapide d’une pression positive à une pression
négative produit un débit expiratoire élevé, simulant la toux. Les séances peuvent
être répétées plusieurs fois par 24 heures selon l’état du patient.
L’insuffisance respiratoire aiguë est une complication potentielle de toute
infection respiratoire. Il arrive qu’une intubation endotrachéale et qu’une assis-
tance respiratoire mécanique soient requises jusqu’à ce que le processus infec-
tieux se soit suffisamment amélioré. Chez les patients les plus gravement atteints,
l’insuffisance respiratoire peut se prolonger dans le temps à tel point qu’une
trachéostomie devient nécessaire. Plusieurs patients optent plutôt pour l’assis-
tance ventilatoire non invasive comme mesure maximale dans ces circonstances.
On traite habituellement l’insuffisance respiratoire chronique par une assis-
tance ventilatoire non invasive à domicile. Un masque facial ou nasal sert d’in-
terface à un circuit de ventilation par pression positive intermittente, lequel est
mis en action par un ventilateur. On instaure initialement cette assistance ven-
tilatoire durant les heures de sommeil, ce qui assure un repos musculaire suffi-
sant pour le reste de la journée. Par la suite, au fil de la progression de l’atteinte
neuromusculaire ou au moment des infections respiratoires aiguës, le patient
peut utiliser aussi cette technologie durant les heures d’éveil afin de soulager sa
dyspnée. Chez les enfants atteints de dystrophie musculaire de Duchenne, l’in-
suffisance respiratoire chronique est devenue beaucoup plus rare depuis qu’ils
sont traités avec des corticostéroïdes (voir ci-après).
Maladies neuromusculaires 741
II. Polyneuropathies
Neuropathie sensitivomotrice héréditaire avec ou sans agénésie
du corps calleux
Aussi appelée syndrome d’Andermann, elle est transmise de façon autosomique
récessive. On la trouve surtout chez les personnes originaires des régions du
Saguenay–Lac-Saint-Jean et de Charlevoix au Québec. Elle est caractérisée par un
retard de développement moteur associé à une hypotonie, à une atteinte cogni-
tive et à un degré variable d’agénésie du corps calleux. Il n’est pas rare que les
patients présentent des symptômes psychotiques en cours d’évolution, surtout
à l’adolescence. À l’examen, on note une ptose palpébrale, une aréflexie et une
scoliose. L’incapacité de marcher survient habituellement au début de l’adoles-
cence et le décès, dans la trentaine.
La RMN cérébrale met en évidence une agénésie partielle ou complète du
corps calleux chez les deux tiers des patients. On doit suspecter le diagnostic
chez tout enfant ayant un retard de développement et une aréflexie, surtout s’il
est originaire des régions à forte prévalence de la maladie. Un test génétique est
disponible pour confirmer le diagnostic.
Leucodystrophies
Ce sont des maladies héréditaires dégénératives de la substance blanche qui
se présentent par une régression psychomotrice et de la spasticité. La maladie
de Krabbe et la leucodystrophie métachromatique, toutes deux transmises de
façon autosomique récessive, s’accompagnent également d’une polyneuropa-
thie démyélinisante. La RMN cérébrale montre des anomalies de la substance
blanche. On pose le diagnostic de ces maladies en dosant l’enzyme déficitaire
dans le sang, soit la β-galactocérébrosidase (maladie de Krabbe) et l’arylsulfa-
tase A (leucodystrophie métachromatique).
Neuropathies inflammatoires (syndrome de Guillain-Barré
et neuropathie inflammatoire chronique)
Ces affections résultent d’une atteinte auto-immune qui entraîne une démyélini-
sation des nerfs moteurs et sensitifs, souvent de façon segmentaire, et une fai-
blesse musculaire subséquente. Dans le syndrome de Guillain-Barré, la maladie
survient souvent dans les premières semaines qui suivent une infection, et la
faiblesse s’installe rapidement, en moins de quatre semaines (voir Syndrome de
Guillain-Barré). La neuropathie inflammatoire chronique résulte d’un processus
démyélinisant évoluant depuis deux mois ou plus. Elle est relativement rare et se
présente sous forme progressive ou sous forme récidivante. Chez l’enfant, elle
se manifeste souvent comme un trouble de la démarche. Dans les deux types
de neuropathie inflammatoire, on trouve une faiblesse musculaire proximale ou
distale et une aréflexie. Il peut aussi y avoir une atteinte sensitive clinique d’im-
portance variable. L’atteinte des nerfs crâniens est plus rare, mais non excep-
tionnelle. On observe une dysautonomie à l’occasion.
Le diagnostic est basé sur le tableau clinique. La présentation clinique et
l’étude des vitesses de conduction permettent habituellement de distinguer ces
maladies des neuropathies héréditaires. De plus, la protéinorachie élevée sans
élévation des leucocytes que l’on trouve dans le LCR (dissociation albumino-
cytologique) est caractéristique de ce type de neuropathie.
Le traitement du syndrome de Guillain-Barré est décrit dans le chapitre de
ce livre portant sur cette maladie. Le traitement des neuropathies inflamma-
toires chroniques consiste à donner des immunosuppresseurs, le plus souvent
Maladies neuromusculaires 743
atteints, 90 % ont des symptômes oculaires se manifestant par une ptose palpébrale
unilatérale ou bilatérale souvent associée à une diplopie ou à une ophtalmoplégie.
Chez 30 à 50 % des patients, l’atteinte oculaire progresse vers une forme géné-
ralisée de la maladie, habituellement dans les deux ans suivant l’apparition des
symptômes. Dans la forme généralisée, il y a habituellement une atteinte bulbaire
qui se manifeste par de la dysphagie, de la dysphonie, des difficultés à la masti-
cation et une faiblesse proximale des membres d’intensité variable. La caractéris-
tique principale de la myasthénie est une fatigabilité et une faiblesse musculaire
qui augmentent au cours de la journée, qui sont pire le soir que le matin et qui
s’aggravent avec l’effort. L’hyperplasie thymique est fréquemment associée à la
myasthénie, alors qu’on trouve un thymome dans moins de 5 % des cas. L’évo-
lution est variable. Une rémission survient chez 30 à 40 % des enfants atteints
de la forme oculaire et chez 10 % de ceux qui présentent la forme généralisée.
On trouve des anticorps antirécepteurs d’acétylcholine chez la plupart des
patients, mais plus fréquemment dans la forme généralisée que dans la forme
oculaire. On peut aussi retrouver, plus rarement, des anticorps anti-MuSk (anti-
Muscle Specific Kinase) chez les patients présentant surtout une atteinte bulbaire.
Le diagnostic est confirmé par une épreuve diagnostique intraveineuse ou par
un essai thérapeutique par voie orale avec un inhibiteur de la cholinestérase
et par une étude de la transmission neuromusculaire. On doit procéder à une
tomodensitométrie axiale thoracique pour éliminer une hyperplasie thymique.
Les anticholinestérases constituent le traitement de première ligne. S’ils ne
sont pas suffisamment efficaces, il y a lieu d’ajouter des immunosuppresseurs,
les corticostéroïdes étant le plus souvent utilisés. On réserve l’emploi des immu-
noglobulines par voie intraveineuse pour les cas réfractaires, les détériorations
aiguës et en période préopératoire. La thymectomie est habituellement recom-
mandée dans les formes généralisées, surtout dans les deux premières années
d’évolution afin d’augmenter les chances d’une rémission complète.
Les formes congénitales, résultant le plus souvent d’une absence d’une pro-
téine de la membrane post-synaptique, peuvent mimer un tableau de faiblesse
musculaire. La fatigabilité est moindre que dans les formes auto-immunes. Cer-
taines répondent partiellement aux anticholinestérases. D’autres traitements
peuvent être envisagés, comme les agonistes des récepteurs β2-adrénergiques.
Dermatomyosite
Il s’agit d’une maladie inflammatoire dont la forme pédiatrique débute habi-
tuellement entre l’âge de 5 et 15 ans. Contrairement à ce que l’on observe chez
l’adulte, elle est rarement associée à une néoplasie sous-jacente chez l’enfant.
Elle peut commencer insidieusement avec de la fièvre et une fatigue. Dans les
semaines ou mois suivants apparaissent le rash héliotrope et les papules de
Gottron aux jointures. Plus tard, la faiblesse et les myalgies s’installent de façon
prédominante, mais non exclusive, aux fléchisseurs du cou et aux ceintures sca-
pulaire et pelvienne. Au stade avancé de la maladie, on observe habituellement
une calcinose des tissus sous-cutanés.
Le diagnostic est évoqué par la présentation clinique et les examens paracli-
niques (élévation de la CK et anomalies caractéristiques à l’électromyogramme).
La biopsie musculaire confirme le diagnostic. Le traitement consiste à donner des
immunosuppresseurs, le plus souvent des corticostéroïdes, et des immunoglo-
bulines par voie intraveineuse. La plupart des patients sont en rémission après
deux ans de traitement.
Généralités
Le malaise grave du nourrisson (MGN) est désigné par l’acronyme ALTE (Appa-
rent Life Threatening Event) dans la littérature de langue anglaise. Ses caracté-
ristiques sont les suivantes : le témoin croit que l’enfant est en danger de mort ;
il y a une combinaison de certains des éléments suivants : apnée, étouffement,
changement de coloration (exemples : pâleur, cyanose) ou changement de tonus
musculaire (il s’agit le plus souvent d’une hypotonie) ; enfin, l’épisode nécessite
une stimulation vigoureuse ou une réanimation.
De courtes pauses respiratoires asymptomatiques, d’un maximum de
15 secondes, peuvent survenir normalement à tout âge. Le terme « apnée » fait
référence, de manière générale, à une pause dans le rythme respiratoire qui excède
les variations normales pour l’âge. Chez le très jeune enfant, qui démontre souvent
une respiration irrégulière dite « périodique », une apnée est considérée comme
pathologique lorsqu’elle dure au moins 20 secondes ou qu’elle s’accompagne
de cyanose, de pâleur, de bradycardie ou d’hypotonie. Les pauses respiratoires
asymptomatiques de 16 à 19 secondes doivent être interprétées selon leur contexte.
On distingue les apnées centrales, ne s’accompagnant d’aucun effort respiratoire,
des apnées obstructives, au cours desquelles l’enfant fait des efforts sans que
l’air pénètre dans ses poumons. L’apnée mixte combine ces deux phénomènes.
On estime qu’environ 0,5 à 5 % des nourrissons présenteront un ou plu-
sieurs épisodes de MGN ; ces derniers sont observés plus fréquemment chez les
prématurés. Ils surviennent le plus souvent vers l’âge de 8 à 14 semaines, soit
plus précocement que le syndrome de mort subite du nourrisson. Les enfants
qui ont présenté un MGN ne sont pas considérés comme étant plus à risque du
syndrome de mort subite du nourrisson que les autres enfants du même âge. Par
ailleurs, le MGN n’est pas annonciateur de ce syndrome ; seulement 5 à 10 % des
enfants qui décèdent de mort subite auraient présenté des antécédents de MGN.
Malaise grave du nourrisson 747
Approche clinique
I. Anamnèse
La première tâche du praticien est de juger si l’événement répond aux critères
de malaise grave ou d’apnée pathologique ou s’il semble plutôt bénin. La réac-
tion des parents à l’événement fait partie de ces critères, mais il arrive souvent
qu’un malaise qui survient chez un nourrisson inquiète beaucoup les parents,
sans qu’il soit grave pour autant.
L’anamnèse s’intéresse d’abord à la description détaillée des circonstances de
l’événement. L’anxiété des adultes qui ont été témoins de l’événement rend diffi-
cile la collecte des données, mais il faut tenter de préciser le nombre et la durée
des épisodes, le lieu où ils sont survenus, ainsi que l’environnement immédiat,
la position et l’état d’éveil de l’enfant au moment des malaises. Enfin, il faut
connaître la réaction des personnes présentes lorsque le malaise est survenu,
l’utilisation de manœuvres de réanimation, le degré d’inquiétude des parents,
ainsi que le délai avant de consulter.
On note la relation des événements avec les tétées ou l’alimentation, ainsi
que la séquence des symptômes (exemple : l’apnée a-t-elle eu lieu avant l’hypo-
tonie ou est-ce le contraire ?). On recherche des symptômes associés (exemples :
pâleur, cyanose, efforts respiratoires, mouvements ou bruits respiratoires anor-
maux, régurgitations, vomissements, changement de tonus, perte de conscience).
Il est aussi utile de chercher à déterminer si l’apnée est de nature plutôt centrale
(survenant souvent au repos, sans bruit associé) ou obstructive (survenant plutôt
dans le contexte d’une obstruction nasale, d’un vomissement, d’un étouffement
ou d’un laryngospasme secondaire à un RGO, par exemple). Le RGO peut causer
des apnées obstructives (par laryngospasme ou inhalation du contenu gastrique)
et des bradycardies (par stimulation de chémorécepteurs réflexes laryngés et
œsophagiens), mais il faut éviter de conclure immédiatement à un lien causal
entre des régurgitations physiologiques et les incidents observés. Si le MGN est
survenu à l’éveil, peu de temps après un repas, ou qu’il a été accompagné de
régurgitations ou de vomissements, un RGO est possiblement en cause.
On s’enquiert d’un contact récent avec des personnes infectées, ainsi que du
statut vaccinal de l’enfant. Des infections graves comme une méningite ou une
bactériémie se manifestent parfois par des apnées. D’autres éléments importants
peuvent orienter le diagnostic : pleurs vigoureux ou frustration avant l’épisode,
somnolence après celui-ci, fièvre, congestion nasale, toux, dilution inadéquate
de la préparation de lait commerciale pour nourrisson, prise de médicaments, de
produits naturels ou de toute autre substance inhabituelle ou illicite par l’en-
fant (ou par la mère, si elle allaite). Les spasmes du sanglot peuvent survenir tôt
dans la vie – environ 15 % débutent avant l’âge de six mois – et s’accompagner
de perte de conscience, de cyanose et même de convulsions. Les « crises » sur-
viennent seulement à l’éveil, au moment d’une frustration, d’une douleur ou de
pleurs vigoureux.
Chez le nouveau-né et jusque vers l’âge de trois mois, la respiration se fait
obligatoirement par le nez. La congestion associée à une rhinite est donc une
cause fréquente d’apnée par obstruction des voies respiratoires proximales. Elle
peut aussi constituer un facteur d’exacerbation d’un problème autre (exemples :
insuffisance cardiaque, anomalie congénitale des voies respiratoires). Une infec-
tion par le virus respiratoire syncytial (VRS) peut provoquer des apnées centrales
en l’absence de tableau clinique de bronchiolite ou de rhinite. La coqueluche,
Malaise grave du nourrisson 749
quant à elle, peut se manifester de façon atypique, sans quintes de toux, les
seuls signes de la maladie étant des accès répétés de cyanose, avec ou sans
bradycardie.
Chez l’enfant âgé de moins de un an, des convulsions atypiques peuvent
survenir avec une altération de l’état de conscience, une pâleur, une hypotonie
ou une cyanose comme seuls symptômes. Le diagnostic de convulsions est sur-
tout évoqué en présence d’événements similaires répétés.
Parmi les antécédents de l’enfant, on prête attention à son histoire périnatale
puisqu’elle peut suggérer la présence d’anomalies congénitales qui n’auraient
pas été reconnues ou de facteurs de risque particuliers (prématurité, hypoxémie,
infection intra-utérine ou acquise par transmission verticale).
On s’intéresse ensuite aux symptômes pouvant évoquer une maladie chro-
nique. On recherche des antécédents de traumatismes (accidentels ou infligés).
Une anamnèse complète par système est nécessaire. On recueille enfin l’histoire
familiale (mort subite du nourrisson, maladies métaboliques ou génétiques,
convulsions fébriles ou épilepsie, notamment).
III. Explorations
Les données de l’anamnèse et de l’examen demeurent les principaux outils dia-
gnostiques. Un épisode unique, mineur et de courte durée (exemples : étouffe-
ment mineur pendant une déglutition normale, difficulté respiratoire légère et
isolée causée par une congestion nasale) ne nécessite aucun examen complé-
mentaire. On peut rassurer les parents et revoir le nourrisson au besoin dans
les jours qui suivent. Des explications claires permettent souvent d’éviter des
consultations répétées. Malgré l’appellation « malaise grave du nourrisson », un
bon nombre de ces épisodes qui ont effrayé les parents ne sont pas importants
sur le plan médical.
La décision d’hospitaliser l’enfant et de procéder à certaines explorations
paracliniques dépend des facteurs de gravité présents, des hypothèses diagnos-
tiques et, exceptionnellement, de l’anxiété parentale. Quelques jours d’hospita-
lisation permettent au personnel infirmier d’observer les nouveaux incidents qui
pourraient survenir. On peut aussi réaliser un monitorage cardiorespiratoire avec
enregistrement des « événements » ; comme le taux de fausses alarmes est élevé
avec ce type de monitorage, une lecture de l’enregistrement permet de distinguer
celles-ci d’éventuelles apnées ou bradycardies importantes. La très grande majo-
rité des enfants qui manifestent des malaises répétés le font dans les 24 heures
suivant l’événement initial. Une période d’observation d’une journée complète
sans nouvel événement apparaît donc raisonnable. Si l’évolution est rassurante,
on profite du séjour pour atténuer les craintes des parents.
Si l’épisode est à la fois récent et majeur, il est utile de vérifier les gaz san-
guins, la lactatémie, l’ammoniémie et les transaminases hépatiques, en plus de
l’hémogramme, de la glycémie, de la calcémie et de l’ionogramme.
750 Malaise grave du nourrisson
Suivi
Lorsqu’on ne peut préciser la cause d’incidents graves ou récidivants, un moni-
torage cardiorespiratoire à domicile peut être indiqué. On doit enseigner le
fonctionnement de l’appareil et les manœuvres de base de réanimation aux
parents. On poursuit habituellement le monitorage jusqu’à un à deux mois après
le dernier incident. Cette approche demeure controversée, car aucune étude n’a
démontré qu’elle prévenait le syndrome de mort subite du nourrisson ; elle peut
toutefois préciser le diagnostic en décelant des apnées ou certaines anomalies du
rythme cardiaque qui n’auraient pas été mises en évidence jusque-là. L’objectif
principal du monitorage cardiorespiratoire à domicile est d’éviter des épisodes
hypoxémiques répétés, dont les conséquences à long terme sont mal connues.
Chez le très jeune enfant né prématurément ou même né à terme, on note
parfois des apnées pathologiques par immaturité des centres respiratoires. Dans
certains cas, un traitement avec de la caféine ainsi qu’un monitorage à domicile
peuvent s’avérer nécessaires.
Si l’on estime qu’un RGO est la cause la plus plausible pour expliquer un ou
plusieurs épisodes de MGN, il convient de le traiter (voir Reflux gastro-œsophagien).
Dans près de la moitié des cas de MGN, on ne découvre aucune cause sous-
jacente. Cette incertitude diagnostique est parfois pénible pour les parents et
pour les médecins ; il convient alors de se rappeler – et d’expliquer aux parents –
que le MGN n’est généralement pas précurseur d’un syndrome de mort subite
du nourrisson (ce qui constitue souvent la principale crainte des parents). Par
ailleurs, on peut en profiter pour leur mentionner les facteurs de risque associés
à ce syndrome, ainsi que les mesures de prévention suggérées pour tous les
enfants (voir Syndrome de mort subite du nourrisson). Enfin, il convient de rap-
peler aux parents qu’ils peuvent consulter de nouveau s’il y a récidive d’un épi-
sode qui leur semble inquiétant ou si des symptômes additionnels apparaissent.
Atrésie de l’œsophage
I. Généralités
L’incidence de l’atrésie de l’œsophage est d’environ 1/3 500 naissances et aug-
mente avec l’âge maternel. Elle est aussi fréquente chez les filles que chez les
garçons. La majorité des cas sont associés à une fistule trachéo-œsophagienne.
On distingue plusieurs types d’atrésie œsophagienne (voir figure 157.1) ; divers
systèmes de classification ont été proposés. Les divers types de lésions peuvent
être décrits de la manière suivante.
1) Le segment proximal de l’œsophage est borgne, et il y a une fistule entre
le segment œsophagien distal et la trachée (environ 85 % des cas) (souvent
décrite comme type III ou C).
752 Malformations digestives du nouveau-né
2) Les segments proximal et distal de l’œsophage sont tous deux borgnes ; il n’y
a pas de fistule trachéo-œsophagienne (environ 8 % des cas) (souvent décrite
comme type I ou A).
3) Il y a une fistule trachéo-œsophagienne « en H » sans atrésie de l’œsophage
(environ 4 % des cas).
4) Il y a une fistule entre le segment proximal de l’œsophage et la trachée ; le
segment distal de l’œsophage est borgne (moins de 1 % des cas).
5) Il y a deux fistules trachéo-œsophagiennes, soit entre la trachée et chacun
des segments œsophagiens, proximal et distal (moins de 1 % des cas).
85 % 8% 4% ‹1% ‹1%
III. Explorations
Le diagnostic est fait en introduisant une sonde gastrique de calibre 10 dans
l’œsophage. En cas d’atrésie, la sonde bute au site de l’atrésie du segment œso-
phagien proximal. Une radiographie simple après injection d’air par la sonde
permet souvent de mettre en évidence l’interruption de la lumière œsopha-
gienne. L’injection d’une substance de contraste convient moins en raison du
risque d’inhalation ; si elle est requise, elle doit se limiter à une petite quantité
de produit de contraste hydrosoluble de faible osmolarité, de l’ordre de 0,5 mL,
qu’on aspire immédiatement après l’examen.
La radiographie pulmonaire recherche une pneumonie par inhalation (habi-
tuellement au lobe supérieur droit), des signes de cardiopathie, ainsi que des
anomalies vertébrales ou costales. Des radiographies de la colonne vertébrale
permettent de détecter les anomalies du rachis. On procède également à une
échographie abdominale pour rechercher des anomalies rénales et à une écho-
cardiographie.
IV. Traitement
En présence d’atrésie du segment proximal et de fistule avec le segment distal,
il y a urgence médicochirurgicale.
En attendant l’intervention chirurgicale, on aspire les sécrétions accumulées
dans le pharynx et le segment œsophagien proximal borgne de façon conti-
nue au moyen d’un cathéter de type Replogle à double lumière. Pour diminuer
le risque d’inhalation, l’enfant est placé en décubitus latéral droit, avec la tête
légèrement surélevée.
Lorsque la détresse respiratoire est importante, une intubation et une ven-
tilation mécanique sont parfois nécessaires. La ventilation peut être difficile en
raison de la fuite d’air par la fistule ; idéalement, la sonde endotrachéale est
insérée distalement à celle-ci, tout en évitant une intubation bronchique sélec-
tive ou une intubation de la fistule elle-même.
754 Malformations digestives du nouveau-né
V. Complications
Le suivi postopératoire et à long terme requiert une approche multidisciplinaire
attentive, en raison des nombreuses complications ou anomalies associées possibles.
• Le site de l’anastomose peut connaître une fuite : celle-ci va se tarir spontané-
ment si l’enfant est nourri par voie parentérale et s’il n’y a pas d’obstacle distal.
• En cas de récidive de la fistule, qui peut ne devenir apparente qu’après la
période postopératoire immédiate, il faut pratiquer une gastrostomie et inter-
venir de nouveau. Si elle n’est pas apparente au transit digestif avec injection
de produit de contraste, la fistule peut être mise en évidence au moyen d’une
endoscopie.
• Une trachéomalacie est fréquemment associée et est symptomatique dans
environ 10 à 20 % des cas. La gravité des manifestations varie. Dans la plupart
des cas, elle ne cause qu’une toux aboyante qui peut persister à l’âge adulte.
Chez certains patients, elle s’accompagne d’un stridor, parfois marqué, et de
difficultés respiratoires au moment des tétées. Dans de rares cas, elle pro-
voque des épisodes respiratoires paroxystiques (dying spells), avec cyanose,
Malformations digestives du nouveau-né 755
VI. Pronostic
La morbidité et la mortalité varient selon les facteurs de risque associés. Les décès
surviennent surtout en cas de malformations graves associées (principalement
cardiaques). Une prise en charge précoce et, dans les cas complexes, un suivi
multidisciplinaire sont de mise.
III. Explorations
La plupart du temps, le diagnostic est évident à la radiographie pulmonaire
simple : on note la présence d’anses intestinales dans l’hémithorax. Le cœur et
les structures médiastinales sont repoussés de l’autre côté. Il y a peu d’air dans
l’abdomen. Le diagnostic différentiel radiologique inclut les entités suivantes :
éventration diaphragmatique, emphysème lobaire congénital, malformation adé-
nomatoïde kystique congénitale, tératome kystique, séquestration pulmonaire,
kyste bronchogénique et tumeur neurogénique. Une échocardiographie doit être
effectuée pour rechercher une hypoplasie du ventricule gauche et des malfor-
mations associées.
IV. Traitement
Le nouveau-né en détresse nécessite souvent une intubation endotrachéale im-
médiate. On doit éviter la ventilation au moyen d’un masque, car celle-ci com-
promet la ventilation alvéolaire en augmentant la quantité d’air présente dans
le tube digestif.
L’étape suivante consiste à mettre en place une sonde gastrique et un soluté
d’hydratation.
Pendant la période de ventilation mécanique, une sédation, associée ou non
à une curarisation, est souvent utile. Il faut éviter les pressions élevées en raison
du risque de pneumothorax ; on recommande donc une ventilation à haute fré-
quence, en tolérant une certaine hypercapnie. Dans l’espoir de diminuer l’hy-
pertension artérielle pulmonaire, l’oxyde nitrique en inhalation est fréquemment
utilisé ; on peut également avoir recours dans certains cas à un inhibiteur de la
phosphodiestérase-5 par voie intraveineuse (exemple : sildénafil). Un soutien
hémodynamique au moyen d’amines vaso-actives est souvent nécessaire. Cer-
taines équipes utilisent l’oxygénation extracorporelle (ECMO ou extracorporeal
membrane oxygenation) en cas d’hypoxémie persistante.
On effectue la correction chirurgicale dès que l’état de l’enfant est stabilisé.
Par une laparotomie du côté de la hernie, on réduit les viscères digestifs et l’on
ferme la brèche diaphragmatique. Une prothèse synthétique est parfois mise en
place, quand la réparation de la coupole diaphragmatique hypoplasique risque
de créer une tension excessive. On évite de mettre un drain thoracique pour
permettre la réexpansion graduelle du poumon. Une correction par thoraco-
scopie est parfois pratiquée chez des patients stables, nés à terme et avec une
brèche diaphragmatique limitée ou pour les formes qui se révèlent après la
période néonatale. Les résultats de la réparation in utero de la hernie diaphrag-
matique congénitale ont été décevants ; ce type de chirurgie n’est pratiqué que
dans un contexte expérimental.
Malformations digestives du nouveau-né 757
V. Pronostic
La mortalité néonatale de la hernie diaphragmatique congénitale se situe entre
20 et 40 %. Le pronostic dépend surtout du degré d’hypoplasie pulmonaire et
de la gravité de l’hypertension artérielle pulmonaire. Une détresse respiratoire
précoce (au cours des six premières heures de vie) représente un important
indice de mauvais pronostic. Les autres facteurs de mauvais pronostic sont les
suivants : découverte d’une hernie diaphragmatique congénitale avant 20 semaines
de gestation, foie en position intrathoracique, acidémie grave, hypoxémie réfrac-
taire, présence d’autres malformations (notamment cardiaques) ou d’anomalies
chromosomiques.
La morbidité chez les survivants est importante. La réexpansion pulmonaire
se fait progressivement en plusieurs jours ou plusieurs semaines, mais il peut
persister un syndrome obstructif, bien que parfois peu symptomatique. Les autres
complications possibles sont le RGO, le retard staturopondéral et la scoliose avec
déformation thoracique. Un déficit auditif progressif de type neurosensoriel ainsi
qu’un retard du développement psychomoteur sont possibles. Il persiste aussi
un risque de récidive de la hernie, surtout si une prothèse est mise en place, et
de volvulus intestinal.
Occlusion duodénale
I. Généralités
L’occlusion duodénale constitue la forme la plus typique des occlusions digestives
hautes néonatales et peut être causée par une lésion intrinsèque ou extrinsèque.
La cause la plus fréquente est l’atrésie complète, et son incidence est
de 1/6 000 à 1/10 000 naissances. Dans 85 % des cas, l’obstruction se situe
au 2e duodénum, en général distalement à l’ampoule de Vater. Cette lésion
intrinsèque peut être classifiée en trois types. Le plus fréquemment, une
membrane (web) intraluminale complète (type I), formée par une persistance des
couches muqueuse et sous-muqueuse, entraîne un changement de calibre du
duodénum sans rupture de continuité de la couche musculaire. L’atrésie
de type II est caractérisée par un segment proximal dilaté et un segment distal
affaissé reliés par un cordon fibreux, et le type III présente une discontinuité
complète du duodénum.
On appelle sténose duodénale une obstruction partielle causée par une
membrane intraluminale partielle ou incomplète. Plus rare, cette lésion se pré-
sente plus tardivement.
Le pancréas annulaire est une cause de sténose extrinsèque, mais il s’ac-
compagne d’une anomalie de la paroi duodénale, avec atrésie ou sténose intrin-
sèque de celle-ci. Les brides de Ladd liées à la malrotation intestinale peuvent
également comprimer le 2e duodénum.
L’atrésie duodénale est une embryopathie qui survient entre la 5e et
e
la 7 semaine de gestation, au moment du développement du duodéno-pancréas,
d’où la fréquence de malformations digestives associées, suggérant un proces-
sus pathogène unique. Les anomalies digestives régionales associées sont la
malrotation intestinale, les atrésies ou la bifidité des voies biliaires, ainsi qu’une
veine porte préduodénale. Dans un peu plus de 5 % des cas, on observe une
atrésie de l’œsophage ; il faut lever l’obstacle duodénal avant de traiter la fis-
tule trachéo-œsophagienne et d’anastomoser l’œsophage. Parmi les autres associa-
tions caractéristiques figurent l’imperforation anale, les malformations cardiaques,
758 Malformations digestives du nouveau-né
III. Explorations
Dans les cas d’atrésie duodénale, on observe une image de « double bulle » à
l’échographie anténatale, formée par l’estomac et le duodénum proximal et située
de part et d’autre du rachis.
Une radiographie simple de l’abdomen du nouveau-né montre l’image de
« double bulle » et permet de vérifier la bonne position de la sonde nasogastrique
de décompression. La présence d’air distal à la région duodénale n’exclut pas
une atrésie puisqu’il peut y avoir passage d’air par les canaux pancréatiques.
Au besoin, l’injection d’air par la sonde gastrique permet de préciser le lieu de
l’obstacle.
Les études avec contraste baryté sont parfois nécessaires (exemples : vérifi-
cation de l’angle de Treitz, recherche d’une compression duodénale extrinsèque)
dans les cas d’obstructions incomplètes et dans ceux où le volvulus intestinal ne
peut être exclu à l’aide de la radiographie simple de l’abdomen.
IV. Traitement
La préparation pour l’intervention chirurgicale comprend une décompression
gastrique, une correction de la déshydratation et des troubles électrolytiques, s’il
y a lieu, et un bilan à la recherche d’autres anomalies. La laparotomie transverse
droite supra-ombilicale permet de repérer et de traiter l’obstacle duodénal. La
duodéno-duodénostomie en losange entre les deux culs-de-sac est la technique
recommandée. En cas de diaphragme intraluminal, il est préférable de faire une
excision très partielle du diaphragme ainsi qu’une duodéno-duodénostomie,
pour éviter de léser l’ampoule de Vater.
V. Complications
La dyskinésie de la poche duodénale avec reprise retardée du transit intestinal est
la complication la plus fréquente et nécessite parfois une alimentation parenté-
rale prolongée. Les œsophagites de reflux, la gastrite biliaire, la pancréatite ou la
cholécystite sont possibles, mais rares ; on les traite médicalement. La déhiscence
de l’anastomose et les abcès demeurent rares. La dysfonction anastomotique peut
causer un mégaduodénum et exiger une nouvelle intervention chirurgicale avec
duodénoplastie et révision de l’anastomose.
Malformations digestives du nouveau-né 759
Généralités
La malnutrition survient lorsque l’apport alimentaire quantitatif (calories) et qualitatif
(protéines, vitamines, minéraux) est déficitaire comparativement aux besoins de
l’individu. Le terme sous-nutrition est de plus en plus utilisé pour décrire cet état.
Dans les pays développés, la malnutrition est plutôt rare. Les principaux
facteurs étiologiques chez le nourrisson sont l’insuffisance d’apports caloriques,
la malabsorption intestinale, les régimes aberrants (exemples : croyances paren-
tales, végétalisme, utilisation de préparations à base de lait de riz), les troubles
alimentaires associés aux troubles du spectre de l’autisme, la pauvreté et les per-
turbations psychosociales de la famille. On peut trouver des cas de malnutrition
majeure chez des enfants récemment immigrés des pays en développement, à
titre d’adoptés internationaux ou de réfugiés, ou dans les cas de négligence grave.
Chez l’adolescent, on observe surtout la malnutrition dans les cas de troubles
de la conduite alimentaire.
Dans les pays en développement, la malnutrition demeure un des problèmes
de santé publique les plus importants. La malnutrition aiguë grave touche envi-
ron 20 millions d’enfants de moins de 5 ans, et chaque année, elle est associée à
environ 1 à 2 millions de décès évitables. Les causes de la malnutrition sont mul-
tifactorielles : pauvreté, faible scolarisation, perturbations sociales, sécheresses et
famines – saisonnières ou non –, guerres et déplacements de populations qui en
résultent, désorganisation de l’agriculture et de l’élevage, pratiques et croyances
alimentaires néfastes, épidémie de l’infection au virus de l’immunodéficience
humaine (VIH), rougeole, coqueluche, infections respiratoires et gastro-intestinales
répétées, malnutrition maternelle, grossesses nombreuses et rapprochées. La
période du sevrage de l’allaitement constitue un moment critique, en raison de
Malnutrition, marasme et kwashiorkor 761
Indices anthropométriques
La malnutrition peut être évaluée selon plusieurs mesures (voir tableau 158.1).
• Le rapport poids/taille compare le poids de l’enfant souffrant de malnutrition
au poids moyen d’enfants normaux de la même taille. Il s’agit, en l’absence
d’œdème, du meilleur indicateur de la malnutrition aiguë, soit du déficit pon-
déral récent (wasting). Il est exprimé en écart type par rapport à la moyenne
selon les normes de croissance de l’OMS. Par exemple, un garçon dont la
taille est de 77 cm, mais dont le poids est de 8 kg (alors que la moyenne est
de 10 kg) se situe à trois écarts types en dessous de la moyenne. Toute valeur
inférieure à ce seuil indique une malnutrition aiguë grave.
• Le rapport taille/âge constitue un indicateur de la malnutrition chronique
(stunting). Il est exprimé en écart type par rapport à la moyenne des tailles
d’enfants normaux du même âge selon les normes de croissance de l’OMS.
Par exemple, une fillette âgée de 3 ans, dont la taille est de 83 cm (alors que
la taille moyenne est de 95 cm) se situe à trois écarts types en dessous de la
moyenne. Toute valeur inférieure à ce seuil indique une malnutrition avancée
associée à un retard de croissance majeur.
• Le rapport poids/âge ne permet pas la distinction entre malnutrition aiguë et
chronique, mais il est utile quand on le mesure à plusieurs reprises pendant
une période de temps définie.
• La circonférence brachiale est mesurée à la partie moyenne du bras gauche
chez l’enfant âgé de six mois à cinq ans. Une mesure inférieure à 11,5 cm
indique une malnutrition aiguë grave et un risque élevé de décès. La tech-
nique du ruban avec repères colorés est utile pour le dépistage rapide de la
malnutrition à l’échelle d’une population.
Manifestations cliniques
Il y a deux syndromes cliniques distincts de déficit protéinocalorique : le marasme
et le kwashiorkor. Ils constituent deux formes extrêmes de malnutrition, alors
que la majorité des cas demeurent à l’état sub-clinique. Le plus souvent, l’enfant
atteint de malnutrition grave présente une combinaison de ces deux syndromes,
habituellement associée à des déficits qualitatifs multiples.
La malnutrition se manifeste initialement par un aplatissement de la courbe
de poids, puis par un amaigrissement. Le pannicule adipeux sous-cutané est
atrophié, provoquant un pli cutané. L’hypotrophie musculaire contribue au ralen-
tissement du développement psychomoteur. Si l’apport calorique demeure insuf-
fisant, la vitesse de croissance staturale ralentit à son tour. S’il s’agit d’un enfant
âgé de moins de deux ans, on peut observer une décélération de la croissance
du périmètre crânien, interférant avec le développement cérébral.
I. Marasme
Le marasme résulte d’une insuffisance d’apport calorique et protéique. Cette
forme de malnutrition survient surtout au cours de la première année de vie.
Elle s’observe dans tous les pays, même en milieu développé.
La perte de poids est extrêmement importante, et la fonte des tissus adipeux
et musculaires s’avère plus marquée qu’en cas de kwashiorkor. L’amaigrissement et
la redondance de la peau sont surtout observés aux fesses. Une déshydratation
est parfois associée, mais le signe du pli cutané persistant est difficile à inter-
préter en présence de tissu adipeux sous-cutané très atrophié. Le visage se ride,
donnant à l’enfant l’apparence d’une personne âgée. Le regard est vif, l’enfant a
faim et veut manger. Le tissu adipeux des joues (boules de Bichat) est préservé
plus tardivement ; sa disparition indique donc un état de malnutrition particu-
lièrement grave. Il n’y a pas d’œdème, et les cheveux sont fins et clairsemés.
II. Kwashiorkor
Dans le kwashiorkor, la carence protéique prédomine. De façon caractéristique, le
kwashiorkor commence au cours de la deuxième année de vie, période qui cor-
respond au sevrage de l’allaitement, et touche des enfants âgés de un à quatre ans.
On l’observe surtout dans les pays en développement. Outre l’apport protéino-
calorique insuffisant, d’autres facteurs étiologiques sont incriminés.
• Le déficit en anti-oxydants, qui rend l’enfant très vulnérable aux effets toxiques
des radicaux libres, en particulier l’augmentation de la perméabilité des
membranes cellulaires.
• Les infections bactériennes et parasitaires, qui sont notamment favorisées par
une immunosuppression et qui contribuent à la malnutrition de différentes
façons : augmentation des besoins énergétiques, anorexie, vomissements,
diarrhée et malabsorption.
• L’aflatoxine, une mycotoxine produite par l’Aspergillus flavus, qui croît sur les
graines et les légumes pendant les périodes chaudes et humides. Son effet
hépatotoxique se manifeste par une stéatose hépatique et, sur le plan fonc-
tionnel, par un ralentissement de la synthèse de l’albumine qui contribue, avec
l’insuffisance d’apport protéique, à la genèse de l’œdème hypoprotéinémique.
Les principales manifestations cliniques du kwashiorkor sont les suivantes :
• œdème hypoprotéinémique prenant le godet, surtout aux membres et au
visage ;
Malnutrition, marasme et kwashiorkor 763
• fonte musculaire ;
• retard pondéral isolé au début, puis retard staturopondéral ; le retard pondéral
peut être masqué par l’œdème ;
• modifications du comportement : désintérêt à l’égard de l’environnement,
apathie, irritabilité, anorexie.
Par ailleurs, on observe fréquemment une dépigmentation et une fragilité
des cheveux qui défrisent et pâlissent, une anémie par carence protéique, défi-
cit en fer et en acide folique, une hépatomégalie et une pâleur de la peau, qui
desquame en plaques. Dans les formes graves, la peau devient mince, luisante
et s’ulcère facilement : c’est un indice de mauvais pronostic.
V. Déficit en zinc
Le lien entre le déficit en zinc et l’incidence de malnutrition a été largement
démontré par des études expérimentales et cliniques. Par ailleurs, le déficit en
zinc favorise la susceptibilité des enfants malnutris aux infections diarrhéiques
bactériennes ou virales.
Explorations
• L’hémogramme peut révéler une anémie normocytaire, microcytaire (déficit
en fer) ou macrocytaire (déficit en acide folique ou en vitamine B12) ou des
signes évoquant une infection.
• Le frottis peut donner des indices sur le plan infectieux et, dans les zones à
risque, il permet de déceler le paludisme (goutte épaisse) ou des signes d’hé-
molyse (hémoglobinopathies) qui viennent aggraver le tableau de malnutrition.
• La glycémie, la kaliémie, la magnésémie et le cholestérol sérique peuvent être
abaissés.
• Une cétose et une cétonurie sont souvent présentes au début de la malnutri-
tion, avec une acidose métabolique.
• Le taux sérique des transaminases, des amylases et des phosphatases alcalines
est bas.
• Les protéines sériques et l’albuminémie sont beaucoup plus abaissées en cas
de kwashiorkor qu’en cas de marasme.
764 Malnutrition, marasme et kwashiorkor
Traitement
I. Traitement initial
Dans les pays en développement, l’apparition des aliments thérapeutiques prêts
à l’emploi comme Plumpy’nutMD (mélange de pâte d’arachide, de sucre, d’huile,
de lait en poudre, de vitamines et minéraux) a permis la prise en charge ambu-
latoire des enfants âgés de plus de six mois souffrant de malnutrition modérée
ou grave sans complication médicale majeure. Il s’agit d’un aliment solide, haute-
ment calorique (quatre fois plus que le F-100 décrit ci-après), riche en vitamines
et minéraux, peu coûteux, qui ne nécessite aucune préparation, donc sécuritaire
et qui peut être administré à domicile à un enfant qui veut et peut s’alimenter.
Il peut aussi être produit localement. Cette approche semble aussi efficace que
le traitement hospitalier tout en augmentant grandement l’accessibilité et l’ob-
servance au traitement. Des soins médicaux de base, dont une antibiothérapie
orale, sont associés au traitement.
Lorsque l’enfant est anorexique ou présente des complications médicales, il
est nécessaire de l’hospitaliser. Il faut traiter les causes fréquentes de mortalité
de façon prioritaire.
Hypoglycémie Si le patient peut boire, lui donner 50 mL de glucose 10 %, de
sucrose ou de la formule F-75 (voir ci-après). Si l’enfant ne peut pas boire, admi-
nistrer 5 mL/kg de solution glucosée 10 % IV, puis 50 mL par sonde nasogastrique.
S’il n’y a pas de voie veineuse, on a recours à la voie nasogastrique. Dans les
pays en développement, il faut utiliser le moins possible la voie intraveineuse
pour éviter le syndrome de réalimentation et les risques d’infection. Comme les
infections peuvent causer une hypoglycémie, tout enfant hypoglycémique doit
recevoir d’emblée un antibiotique à large spectre, ainsi que des antipaludiques
selon l’endémicité locale, même en l’absence de tout signe d’infection. Si l’en-
fant est soigné dans un pays développé, il faut surveiller l’apparition de signes
d’infection et procéder à des cultures au moindre doute.
On doit nourrir les enfants souffrant de malnutrition avancée toutes les deux
ou trois heures, jour et nuit pour éviter les épisodes d’hypoglycémies.
Hypothermie Il faut réchauffer l’enfant par la « méthode kangourou », qui consiste
à le placer sur le ventre contre le thorax du parent et à les envelopper dans la même
couverture. On peut utiliser un incubateur s’il est disponible. Tout enfant hypo-
thermique doit être considéré à risque d’hypoglycémie importante et d’infection.
Déshydratation et troubles électrolytiques Certains signes de déshydratation
ne sont pas fiables chez les enfants atteints de malnutrition importante. Ainsi,
l’altération de l’état de conscience peut être le reflet de l’état de malnutrition, de
l’hypoglycémie ou de l’hypothermie ; les muqueuses buccales peuvent être sèches
à cause de l’atrophie des glandes salivaires ; l’atrophie des glandes lacrymales se
Malnutrition, marasme et kwashiorkor 765
traduit par l’absence de larmes ; la perte de tissu adipeux rend la peau mince et
flasque et les yeux enfoncés. Chez ces enfants, les signes de déshydratation les
plus fiables sont la soif, la tachycardie ou le pouls faible, les extrémités froides
et la diminution du nombre de mictions.
La réhydratation a aussi ses particularités dans le contexte d’une malnu-
trition avancée. Le myocarde est atrophié, ce qui peut causer une insuffisance
cardiaque ; il faut donc être très prudent lorsqu’on administre des liquides ou
du sang par voie intraveineuse et surveiller de près les paramètres hémodyna-
miques. On réserve la voie intraveineuse aux situations de choc ou de perte de
conscience. La réhydratation orale est préférable dans toute autre circonstance.
Dans les pays en développement, on utilise des sels de réhydratation orale
recommandés par l’OMS (2000) pour la réhydratation des enfants souffrant de
malnutrition, en particulier le ReSoMal (Rehydration Solution for Malnourished
children) ; celui-ci contient moins de sodium et plus de potassium que la solution
de réhydratation orale habituelle, ainsi que du zinc, du magnésium et du cuivre
(voir tableau 158.2). En pays développé, plusieurs solutions sont offertes ; le
PédialyteMD a un contenu en sodium identique à celui du ReSoMal, et l’on peut
y ajouter 20 mEq/L de potassium au besoin en présence d’une hypokaliémie.
Le gain pondéral visé durant cette phase est d’environ 10-15 g/kg/24 h. La
plupart des enfants devraient atteindre leur poids cible en deux à quatre semaines.
Il faut poursuivre l’administration de fer et d’acide folique pendant trois mois.
L’ajout de zinc améliore le gain pondéral et la reprise de la croissance sta-
turale. Les doses usuelles sont de 1,5 mg/kg/24 h, et elles ne doivent pas dépas-
ser 6 mg/kg /24 h.
Les séquelles intellectuelles et les conséquences de la malnutrition avancée sur
le développement peuvent être importantes. Il faut y remédier par les jeux et un
environnement stimulant. Il faut favoriser les mouvements libres de l’enfant, qui ne
doit pas être couvert ou enroulé dans un tissu. Il est essentiel que la mère ou la per-
sonne qui prend soin de l’enfant participe activement à ses soins et à sa stimulation
sous la supervision de l’équipe traitante. Dans les pays en développement, l’édu-
cation nutritionnelle des mères peut se faire par la préparation d’un repas de type
familial avec les aliments locaux disponibles. Cela permettra d’éviter les rechutes.
La vaccination doit être mise à jour, en particulier le vaccin contre la rougeole,
après l’âge de 9 mois en pays en développement et après l’âge de 12 mois en
pays industrialisé (voir Vaccinations) ; selon des données probantes, la réponse
immunitaire est satisfaisante malgré l’état de malnutrition. Dans les pays en déve-
loppement, un traitement antituberculeux empirique se justifie parfois, lorsque la
réalimentation se solde par un échec sans cause apparente. Les épreuves tubercu-
liniques cutanées sont peu utiles, à cause de l’anergie associée à la malnutrition.
IV. Suivi
Il faut revoir l’enfant régulièrement après son congé pour s’assurer d’une évo-
lution favorable de la croissance et du développement tout en poursuivant la
vaccination, l’éducation et le soutien des parents, principalement de la mère, et
de la famille élargie.
Maltraitance 159
Claire Allard-Dansereau, Jean Labbé, Gloria Jeliu
Généralités
En raison de sa mission de défense des droits des enfants, il est du devoir du
médecin de jouer un rôle de premier plan en reconnaissant les diverses manifes-
tations de chacune des formes de maltraitance. Différentes lois, variables selon
les pays, encadrent l’obligation de signaler aux autorités compétentes toute sus-
picion de maltraitance envers un enfant, pour toute personne, et à plus forte
raison pour un médecin s’occupant d’enfants. Il est essentiel pour le praticien
de connaître l’existence de ces lois. Il doit aussi être en mesure, si nécessaire
et dans le cadre prévu par la loi quant à la confidentialité, d’expliquer aux ins-
tances sociales et judiciaires l’état médical de l’enfant et en quoi telle lésion peut
résulter davantage de sévices que d’une autre cause.
La maltraitance compte cinq catégories : la violence psychologique, l’expo-
sition à la violence familiale, la négligence, les sévices physiques et les sévices
sexuels. La négligence et l’exposition à la violence familiale représentent cha-
cune environ le tiers des cas retenus par les services de protection de l’enfance
et les sévices sexuels, moins de 5 % des cas (ces chiffres peuvent toutefois varier
d’un pays à l’autre). Par ailleurs, ce qu’on nommait auparavant le syndrome de
Maltraitance 769
Négligence
Il existe plusieurs définitions de la négligence. La plupart sont centrées sur les
parents ou sur les responsables de l’enfant qui ne répondent pas aux besoins
fondamentaux de ce dernier. Il est probablement préférable de mettre plutôt l’ac-
cent sur l’enfant. Dans cette perspective, la négligence est présente lorsque les
besoins fondamentaux d’un enfant ne sont pas comblés, quelles que soient
les personnes ou les circonstances en cause, et qu’un dommage en résulte ou
risque de survenir. Cela peut se présenter sous différentes formes :
• sur le plan physique, lorsque les besoins d’ordre alimentaire, vestimentaire,
d’hygiène, de logement ou de protection d’un enfant ne sont pas satisfaits ;
• sur le plan de la santé, lorsqu’un enfant ne reçoit pas les soins que requiert
sa santé physique ou mentale ;
• sur le plan éducatif, lorsqu’un enfant manque de surveillance ou d’un enca-
drement approprié ou que sa scolarisation n’est pas assurée.
Il existe plusieurs indices de négligence : manque d’hygiène, ralentissement
de la croissance pondérale ou staturale (carence nutritionnelle ou affective),
retard de développement psychomoteur et en particulier du langage (stimulation
insuffisante), accidents ou intoxications répétés, caries dentaires importantes non
traitées, retard de vaccination, certains troubles de comportement tels qu’une apa-
thie marquée chez un nourrisson, des mouvements répétitifs ou des maniérismes.
La présence simultanée de plusieurs indices doit toujours être prise au sérieux.
Les causes de négligence peuvent être multiples : troubles de santé mentale
ou déficience intellectuelle chez les parents, toxicomanie, extrême pauvreté, iso-
lement social, violence intrafamiliale, adhésion parentale à certaines convictions
potentiellement nuisibles à l’enfant (exemples : végétalisme extrême, apparte-
nance à des sectes très isolées).
On reconnaît de plus en plus que la négligence et les autres formes de maltrai-
tance dans la petite enfance s’accompagnent de changements structuraux affectant
le développement cérébral de l’enfant et sa réponse au stress. À long terme, les
trajectoires développementales peuvent être modifiées et causer des problèmes
complexes avec difficultés d’attachement, opposition, hyperactivité ainsi qu’une
incidence accrue de certaines affections médicales chroniques à l’âge adulte.
Dans le cas d’un enfant négligé, une assistance multidisciplinaire à la famille,
à visée thérapeutique, peut donner des résultats favorables à long terme. Le place-
ment de l’enfant est envisagé lorsque sa vie, sa santé ou son développement sont
770 Maltraitance
gravement compromis. C’est une mesure de dernier recours, car la rupture du lien
familial biologique constitue un véritable drame pour l’enfant et sa famille. Le pla-
cement à l’intérieur de la famille élargie (grands-parents, oncle ou tante), représente
parfois une solution intéressante, à laquelle on doit recourir après une évaluation
rigoureuse. La qualité et la compétence de la famille d’accueil en regard des besoins
spécifiques de l’enfant doivent être établies. Il est essentiel de formuler très tôt un
projet de vie pour l’enfant, soit le maintien en foyer d’accueil jusqu’à sa majorité,
soit l’orientation vers un tutorat ou vers l’adoption. L’objectif est d’éviter de multiples
déplacements générateurs d’un état de carence affective dont les conséquences
à long terme sont redoutables. L’institutionnalisation temporaire ou permanente
constitue une solution « boiteuse », quelle que soit la qualité de l’établissement.
Les enfants négligés demeurent vulnérables. Un suivi individualisé doit donc
leur être offert, avec les principaux objectifs suivants :
• s’assurer d’une évaluation complète de la santé et du développement de l’enfant ;
• s’assurer que les mesures de soins et de sécurité sont adéquates et efficaces ;
• surveiller la croissance et le développement psychomoteur ;
• veiller à ce que les différentes mesures de santé préventive soient mises en
place et poursuivies.
Sévices physiques
Les sévices physiques demeurent la forme de maltraitance la plus connue. Ils
peuvent avoir été intentionnellement infligés à l’enfant dans le cadre de mesures
disciplinaires excessives ou résulter d’une perte de contrôle de la part du parent
devant des pleurs ou des méfaits de l’enfant. Malgré le fait que les comporte-
ments disciplinaires considérés comme « normaux » à l’intérieur d’une famille
peuvent varier d’une culture à l’autre, on qualifie d’abusive toute correction
induisant des séquelles physiques ou laissant des traces (marques) autres qu’une
simple rougeur transitoire sur la peau de l’enfant (exemples : empreintes de doigts,
ecchymoses). De même, on considère comme abusives les corrections physiques
infligées aux enfants âgés de moins de deux ans, les coups portés à la tête et au
visage ainsi que les coups donnés avec un instrument. De nombreuses études
rapportent des effets délétères aux punitions corporelles infligées aux enfants,
même lorsqu’elles ne sont pas abusives.
La genèse des sévices physiques est complexe. Ceux-ci sont plus fréquents
dans les milieux défavorisés et s’expliquent souvent par la conjonction des trois
types de facteurs étiologiques suivants.
1) Enfant particulier : par exemple, un nourrisson au tempérament difficile et
qui pleure beaucoup est plus exposé. Les handicaps physiques ou mentaux
constituent aussi des facteurs de risque.
2) Parents particuliers : ils peuvent avoir des attentes irréalistes à l’égard de leur
enfant et se montrer rigides et impulsifs. Ils ont souvent été maltraités ou
négligés eux-mêmes. La plupart du temps, ils ne présentent pas de trouble
mental caractérisé.
3) Situation de crise de nature variable : isolement, abus de drogues ou d’alcool,
perte d’emploi, problèmes de santé physique chez l’enfant.
Les sévices corporels existent aussi dans les milieux favorisés ; ils sont tou-
tefois plus difficiles à détecter.
Maltraitance 771
Les indices de sévices peuvent varier selon le type particulier de lésions, mais
de façon générale, il faut se méfier des explications variables ou changeantes,
des situations non compatibles avec le développement de l’enfant (exemple :
un nourrisson de trois mois se causant lui-même des ecchymoses) ou avec le
mécanisme provoquant habituellement les blessures (exemple : une chute de
la hauteur de l’enfant pour expliquer un traumatisme crânien majeur) et plus
encore de l’absence d’explications quant aux lésions présentées par l’enfant.
Le délai de consultation, selon les lésions observées, peut aussi constituer un
indice, de même que le comportement de l’enfant ou des parents : apathie de
l’enfant, méfiance et peur, autant de l’enfant que des parents, agressivité et réti-
cence de ceux-ci à l’égard de l’équipe médicale ou de l’hospitalisation, absence
d’empathie ou indifférence devant la souffrance de l’enfant, rejet de la responsa-
bilité sur une tierce personne ou sur un autre jeune enfant, absence des parents
auprès de l’enfant hospitalisé. Des blessures antérieures fréquentes peuvent aussi
constituer un indice.
I. Types de lésions
1) Lésions cutanées
Il peut s’agir de marques distinctives telles que des empreintes de doigts laissées
sur le visage ou ailleurs sur le corps, des morsures ou des lésions typiques de
certains objets (exemples : coups de ceinturon, de cordon électrique replié ou
d’ustensiles). Les lésions peuvent aussi prendre l’allure de petites ecchymoses
ou de pétéchies, peu caractéristiques en soi, mais qui, regroupées en certains
endroits, peuvent suggérer des marques d’une empoignade aux bras ou aux
cuisses ou encore d’une strangulation. On peut aussi observer des lésions sur le
cuir chevelu (aires d’alopécie traumatique) ou dans la région buccale (pétéchies
ou ulcérations sur le palais ou l’oropharynx), ou parfois des déchirures du frein
labial, qui se produisent lorsqu’on force l’enfant à manger.
Chez les enfants âgés de moins de neuf mois qui ne se déplacent pas encore
par eux-mêmes, les ecchymoses sont très rares et doivent évoquer une maltrai-
tance ou un trouble de la coagulation. Chez les enfants plus âgés, les blessures
accidentelles se trouvent habituellement sur les proéminences osseuses telles
que les crêtes tibiales, les genoux et le front. Les ecchymoses situées sur le tronc,
l’abdomen, les fesses et les organes génitaux, les joues, le cou et les oreilles
sont plus rarement d’origine accidentelle. La présence d’un grand nombre d’ec-
chymoses (15 ou plus) d’aspect différent, associées à d’autres lésions cutanées,
est également suspecte. La couleur des ecchymoses ne permet pas d’établir leur
âge : une teinte jaune suggérerait une lésion datant de plus de 18 heures, mais,
selon plusieurs études, il est impossible de statuer davantage, et il ne faut pas
se permettre de donner une estimation.
Les brûlures infligées représentent une autre forme de maltraitance. Il faut
porter une attention particulière aux circonstances exactes de l’événement, aux
vêtements alors portés par l’enfant et à l’apparence des brûlures avant tout trai-
tement. Certaines brûlures précises (brûlures de cigarettes, de fer à repasser ou
de briquet) et les brûlures par immersion ayant une distribution sous forme de
« gants et chaussettes » à bords bien délimités, sans éclaboussures et bilatérales,
sont très suspectes.
772 Maltraitance
2) Fractures
Les fractures constituent une des formes graves de maltraitance. Il est essentiel
d’obtenir tous les détails concernant l’événement invoqué. L’absence d’histoire
et le retard à consulter sont très suspects. Il faut aussi être très attentif aux dif-
férentes versions qui peuvent être fournies, séparément, par les parents ou les
gardiens. Les chutes domestiques (survenant à la maison), de moins de 1,2 m,
sont fréquentes, mais rarement associées à des fractures. En effet, lorsque la
chute est survenue en présence d’un témoin, ce n’est que dans moins de 1 %
des cas que l’on trouve des fractures, et il s’agit de fractures des clavicules ou
de fractures simples (linéaires) du crâne.
Certaines fractures suggèrent fortement la maltraitance, dont les fractures
de côtes postérieures et les lésions métaphysaires (fractures en « anses de seau »
ou en « coin ») chez les nourrissons, les fractures de l’omoplate, du sternum ou
des apophyses épineuses vertébrales. Les fractures des os longs, en particulier
du fémur et de l’humérus, chez un enfant avant le début de la marche, doivent
aussi éveiller l’attention. Les fractures des corps vertébraux, particulièrement à
la région thoracolombaire, peuvent être associées à la maltraitance, soit qu’on
ait assis le jeune enfant de façon très brusque, provoquant ainsi des compres-
sions vertébrales, ou qu’on ait soumis son tronc à une hyperflexion majeure et
soudaine par secousses ou par coup direct. Les fractures des mains et des pieds
chez un jeune enfant peuvent aussi être suspectes.
Les fractures du crâne, bien que moins caractéristiques d’une maltraitance,
demeurent la seconde lésion squelettique la plus fréquemment observée chez
les enfants victimes de sévices physiques. Elles sont alors souvent multiples ou
complexes, traversant les sutures ou présentant un diastasis.
L’âge des fractures constitue un élément diagnostique important. La pré-
sence de fractures multiples et d’âges différents chez le même enfant laisse sus-
pecter la survenue de traumatismes en plusieurs moments. On détermine l’âge
des fractures grâce à l’aspect radiologique du cal osseux. Les fractures du crâne
et les fractures vertébrales ne donnent pas lieu à la formation d’un cal osseux et
ne peuvent donc pas être datées.
3) Traumatismes crâniens abusifs
Les traumatismes crâniens non accidentels, dont le syndrome du bébé secoué,
représentent la forme la plus létale de maltraitance. Ils comprennent les frac-
tures du crâne, mais aussi des lésions intracrâniennes telles que des hémorragies
sous-durales ou sous-arachnoïdiennes, un œdème cérébral et parfois des lésions
parenchymateuses. Ces traumatismes peuvent résulter d’un impact direct sur la
boîte crânienne, de mouvements intenses d’accélération et de décélération ou
d’une combinaison de ces deux facteurs. Les lésions ne sont pas nécessairement
accompagnées d’une fracture du crâne ou de signes externes de traumatisme,
comme des ecchymoses.
Dans le syndrome du bébé secoué, le mécanisme suggéré est plutôt celui
de secousses violentes infligées à un enfant, généralement âgé de moins de
deux ans ; la tête, beaucoup plus grosse proportionnellement au reste du corps
que chez l’enfant plus âgé, est moins bien soutenue par les muscles cervicaux
plus faibles et ballotte en tous sens. Les forces rotationnelles d’accélération et de
décélération linéaires et angulaires infligées au cerveau peuvent causer une déchi-
rure des veines « ponts » ou « émissaires » à la surface du cerveau, entraînant des
hémorragies sous-durales ou parfois sous-arachnoïdiennes et des hémorragies
Maltraitance 773
rétiniennes. À ces lésions dites primaires s’ajoutent les lésions dites secondaires
causées par l’hypoxie et les cascades métaboliques cytotoxiques, soit un œdème
cérébral et des lésions neuronales. On observe parfois aussi des fractures de côtes
postérieures et des fractures métaphysaires.
Les hématomes sous-duraux du traumatisme crânien non accidentel sont
souvent multiples et touchent particulièrement les régions interhémisphériques
ou parafalciales (autour de la faux du cerveau) en postérieur. Ils peuvent aussi
être d’âges différents, mais la datation des hémorragies, à l’aide de la tomoden-
sitométrie (TDM) ou de la résonance magnétique nucléaire (RMN) peut s’avérer
difficile et requiert l’expertise d’un neuroradiologiste.
Les hémorragies rétiniennes, unilatérales ou bilatérales, sont présentes dans
plus de 80 % des traumatismes crâniens abusifs. Elles sont le plus souvent mul-
tiples, touchent plusieurs couches de la rétine et s’étendent souvent en périphérie
(jusqu’à l’ora serrata), ce qui les distingue des hémorragies rétiniennes observées
dans d’autres affections. Elles s’accompagnent parfois d’un rétinoschisis trauma-
tique, soit une déchirure de la rétine accompagnée de la formation d’une cavité
remplie partiellement ou totalement de sang ; il s’agit d’une lésion plus carac-
téristique du traumatisme crânien abusif que des autres types de traumatisme
crânien. On ne peut dater les hémorragies rétiniennes.
Il n’est pas toujours facile de reconnaître les cas de traumatisme crânien non
accidentel. Chez près d’un tiers des victimes, le diagnostic ne sera suspecté qu’après
plusieurs visites médicales. Le mode de présentation est peu caractéristique ; il
peut s’agir d’irritabilité, de somnolence ou de simples vomissements, habituel-
lement sans fièvre ni diarrhée. Parmi les autres manifestations possibles figurent
les suivantes : difficultés respiratoires, apnées, altération de l’état de conscience
pouvant aller jusqu’au coma, convulsions et même arrêt cardiorespiratoire.
Le pronostic des traumatismes crâniens abusifs, particulièrement du syn-
drome du bébé secoué, demeure très réservé : entre 10 et 30 % des victimes en
décèdent, et l’on observe des séquelles, surtout visuelles ou neurologiques, chez
plus de 50 % des survivants.
4) Traumatismes abdominaux
Ils sont peu fréquents et se présentent sous plusieurs formes : déchirures de l’in-
testin grêle, du foie, de la rate ou du mésentère ou pseudo-kyste du pancréas. La
plupart du temps, ces lésions font suite à des coups, et ce, même en l’absence
de signes de contusions externes sur l’abdomen ou sur le dos. Les signes et les
symptômes peuvent être vagues et peu évocateurs. Le diagnostic est souvent
tardif s’il n’y a pas d’autres signes de maltraitance associés, en particulier en l’ab-
sence d’ecchymoses ; pour cette raison, le taux de mortalité est très élevé (près
de 50 %). On doit rechercher un traumatisme abdominal par sévices physiques
en présence d’ecchymoses sur l’abdomen ou d’autres signes neurologiques ou
squelettiques de maltraitance.
II. Explorations
Au cours de l’anamnèse, on attache une attention particulière à l’histoire (ou à
l’absence d’histoire ou à des versions contradictoires) de l’événement. Les faits
rapportés sont-ils compatibles avec les lésions constatées ou avec le degré de
développement de l’enfant ? Il est recommandé de questionner séparément les
parents ou les témoins des événements. Une étape importante consiste en l’éva-
luation sociale de la famille : structure, dynamique familiale, passé familial des
774 Maltraitance
IV. Traitement
Si l’enfant a été victime de sévices physiques, il faut, en priorité, traiter les lésions
et assurer sa sécurité. Dès que possible, on déclare la situation aux autorités de
protection compétentes. Dans la plupart des cas et particulièrement pour tout enfant
de moins de 12 mois présentant des fractures ou des ecchymoses suspectes ou
encore des lésions suggestives d’un traumatisme cérébral abusif, l’hospitalisation
est indiquée afin de permettre aux autorités sociojudiciaires d’amorcer l’évalua-
tion familiale. L’enfant plus âgé ne peut regagner son domicile que si les lésions
sont mineures et dans la mesure où sa sécurité peut y être assurée. Le reste de
l’approche est similaire à celle décrite dans les cas de négligence.
V. Suivi
Un suivi individualisé doit être offert à tout enfant victime de sévices physiques,
comme c’est le cas pour l’enfant négligé. Une attention particulière sera portée
à la croissance physique, au développement et au comportement de l’enfant,
776 Maltraitance
Sévices sexuels
Un chapitre de ce livre est consacré à cette question (voir Sévices sexuels).
III. Explorations
Le diagnostic repose exclusivement sur une anamnèse détaillée, incluant un
relevé chronologique de toutes les consultations médicales de l’enfant au cours
des années précédentes, tant en milieu ambulatoire qu’hospitalier, y compris les
visites dans d’autres établissements. Il faut recueillir un maximum d’information
auprès d’autres sources que le parent. Il importe, par exemple, d’interroger les
autres membres de la famille, la gardienne ou le personnel du service de garde
(garderie, crèche). On peut ainsi mettre en évidence des indices révélateurs.
• Le parent a consulté de nombreux médecins, mais il n’y a pas eu de diagnostic
précis ni de traitement efficace. L’examen physique et les résultats des inves-
tigations n’expliquent pas les symptômes et signes rapportés par le parent.
• Lorsqu’il y a résolution de certains symptômes, le parent en rapporte de
nouveaux.
• Selon le parent, l’enfant ne tolère pas le traitement ou n’y répond pas, et ce,
de façon persistante.
• Les activités quotidiennes de l’enfant sont limitées au-delà de ce qui est attendu
de son état de santé (exemples : absentéisme scolaire marqué, utilisation non
nécessaire d’un fauteuil roulant).
• Le parent participe de façon excessive aux soins médicaux de son enfant et
devient trop familier avec le personnel soignant.
• Le parent s’inquiète moins que le personnel soignant des risques des examens
paracliniques et des traitements.
• Les symptômes et les signes disparaissent lorsque le parent s’absente ou ils
ne surviennent que lorsqu’il est près de l’enfant.
• Le parent a une formation médicale ou des contacts avec le domaine médical,
dont il utilise la terminologie.
• L’autre parent s’occupe peu de la santé de l’enfant.
• Un autre enfant de la famille souffre d’une maladie non diagnostiquée ou est
décédé.
On trouve parfois certains facteurs favorisants dans l’histoire du parent :
sévices ou rejet par ses propres parents au cours de son enfance, sentiment
d’isolement et de dévalorisation, faible soutien du conjoint, histoire personnelle
suggestive d’un trouble factice pendant l’enfance ou à l’âge adulte (consultations
ou chirurgies multiples inhabituelles) ou d’un trouble de somatisation majeur.
Il n’y a pas de psychopathologie franche (dépression majeure, psychose) dans
778 Maltraitance
IV. Traitement
La protection de l’enfant doit passer avant toute autre considération, sans attendre
d’avoir éliminé toutes les causes organiques possibles avant de songer à un tel
diagnostic.
Lorsqu’on suspecte le diagnostic, il est important de réunir tous les profes-
sionnels impliqués dans le dossier afin de partager et de vérifier tous les ren-
seignements, certains pouvant être contradictoires. Les soupçons font rarement,
au départ du moins, l’unanimité au sein de l’équipe soignante. Les notes écrites
doivent se limiter à une description des faits, car le parent en cause exige sou-
vent de prendre connaissance du dossier.
L’approche en équipe multidisciplinaire est de mise, comprenant un travail-
leur (assistant) social, ainsi que les membres du personnel médical et infirmier
principalement impliqués auprès de l’enfant. L’opinion d’un médecin ayant une
expertise particulière en maltraitance est utile. Un signalement aux autorités
responsables de la protection de l’enfance doit être fait. Leur intervention peut
parfois s’avérer indispensable pour recueillir tous les dossiers médicaux anté-
rieurs, mais surtout pour assurer la protection de l’enfant une fois le diagnostic
révélé aux parents.
Bien que le diagnostic de medical child abuse ne nécessite pas de connaître
les motivations du parent et devrait être posé par un pédiatre, un consultant
en pédopsychiatrie peut contribuer à l’établissement du diagnostic et soutenir
l’équipe traitante au moment de la rencontre décisive avec les parents. Celle-ci
a pour objectif de leur expliquer la situation, de leur faire part du fait que l’on
en est arrivé à un diagnostic de trouble factice et de les informer de la nécessité
d’impliquer les services de protection de l’enfance. Le psychiatre peut évaluer
l’indication d’hospitaliser le parent en cause, par exemple s’il y a un risque de
suicide, et la nécessité d’une psychothérapie pour ce dernier, même si celle-ci
est rarement acceptée, car le parent nie très souvent jouer un rôle dans la mala-
die de son enfant.
V. Pronostic
L’évolution varie selon la gravité de la situation et le traitement institué. Une
grande partie de la morbidité secondaire est iatrogénique : examens paracli-
niques invasifs et douloureux, interventions chirurgicales inutiles, conséquences
physiques et psychologiques des hospitalisations multiples ou prolongées. Le
pronostic s’assombrit si l’enfant ne peut être séparé du parent en cause, par
exemple si la relation thérapeutique s’interrompt avant qu’une intervention effi-
cace des services de protection de l’enfance ne soit mise en place.
La mortalité est estimée à environ 5 % ; le plus souvent, elle est causée par
une suffocation ou un empoisonnement. La morbidité psychologique et émo-
tionnelle à long terme peut être importante ; il s’agit principalement de troubles
de comportement et d’agressivité, conséquences des problèmes relationnels avec
le parent impliqué.
Masses abdominales 779
Généralités
Une masse abdominale est parfois découverte chez un fœtus durant la grossesse,
au moment de l’échographie obstétricale. Après la naissance, elle peut être trou-
vée fortuitement par les parents ou être palpée au cours d’un examen médical
de routine ou d’une consultation pour un symptôme associé.
Les causes de masses abdominales sont multiples et varient en fonction de
l’âge (voir tableaux 160.1 et 160.2). On peut trouver une masse abdominale chez
environ 1 nouveau-né sur 1 000, le plus souvent détectée avant la naissance
par l’échographie obstétricale. Elle est d’origine rénale dans plus de 50 % des
cas et peut parfois être palpée dans le flanc ou dans la région sus-pubienne s’il
s’agit d’une masse vésicale. À cet âge, la plupart des masses abdominales sont
bénignes, alors qu’après la période néonatale, la fréquence relative des causes
malignes est plus élevée (exemples : neuroblastome, tumeur de Wilms). Tous
les organes et les tissus intra-abdominaux peuvent constituer le point de départ
d’une lésion tumorale bénigne ou maligne.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’anamnèse s’intéresse aux symptômes et aux signes suivants, parmi les plus
importants : perte de poids, atteinte de l’état général, fièvre, douleur abdominale,
vomissements, constipation ou diarrhée, dysurie, pâleur et ictère (évoquant entre
autres un kyste du cholédoque). On recherche aussi des antécédents d’infection
urinaire et d’hémorragie digestive ou autre saignement.
L’examen permet de préciser la localisation de la masse, son volume, sa
consistance, sa sensibilité, sa mobilité ainsi que le caractère lisse ou bosselé de
sa surface. Ces caractéristiques et l’âge du patient orientent le diagnostic diffé-
rentiel. La localisation de la masse donne une bonne indication de son origine
(voir tableau 160.3). Une tumeur solide doit être palpée le moins possible en
attendant un diagnostic précis, car il y a un risque de rupture d’une masse qui
serait friable, avec dissémination métastatique secondaire.
Masses abdominales 781
II. Explorations
Une masse abdominale nécessite une investigation sans tarder. Les examens
paracliniques sont effectués selon les hypothèses diagnostiques retenues.
Dans tous les cas de masse abdominale de nature indéterminée, on effectue
un bilan hématologique et biochimique de base incluant une analyse d’urine.
L’hémogramme peut révéler une anémie secondaire à une infiltration médullaire
néoplasique, une hémorragie intratumorale ou une hémolyse liée à un hyper-
splénisme. Une thrombocytose peut être associée à un hépatoblastome, et une
thrombopénie peut être liée à un hémangioendothéliome avec syndrome de
Kassabach-Merritt.
Une radiographie simple de l’abdomen recherche une masse ou une désha-
bitation, des signes d’occlusion, un fécalome ou des calcifications (associées au
neuroblastome). Le déplacement des clartés digestives aide à la localisation de
la masse (intra-abdominale ou rétropéritonéale). L’échographie abdominale et
pelvienne, faite dans tous les cas, peut souvent déceler l’origine de la masse
et sa composition (solide, kystique ou mixte). S’il s’agit d’une hydronéphrose, il
faut préciser s’il y a une dilatation des uretères. Une cystographie mictionnelle
radiologique permet de confirmer un diagnostic de valves de l’urètre postérieur
ou de reflux vésico-urétéral. La scintigraphie rénale au MAG3 recherche un obs-
tacle, par exemple à la jonction pyélo-urétérale.
Si le diagnostic demeure imprécis, le bilan peut être complété par une tomo-
densitométrie (TDM) abdominale ou pelvienne qui précisera davantage les struc-
tures anatomiques ou la présence de calcifications. Une résonance magnétique
nucléaire permet de mieux définir les caractéristiques d’une tumeur. Une investi-
gation radiologique du tube digestif est indiquée lorsqu’on soupçonne une masse
d’origine intestinale. Certains examens scintigraphiques sont utiles pour déter-
miner la tumeur primaire ou la présence de métastases osseuses, ainsi que pour
évaluer l’excrétion biliaire, la fonction rénale ou l’étiologie de l’hydronéphrose.
782 Masses abdominales
Pour les dilatations moins importantes, il n’y a pas de consensus sur la valeur
seuil du diamètre antéropostérieur du bassinet rénal à partir de laquelle un suivi
postnatal est nécessaire. Selon plusieurs études, lorsque le diamètre se situe de
5 à 10 mm à l’échographie du troisième trimestre, il n’y aurait pas de risque accru
d’anomalies du rein et du tractus urinaire justifiant une intervention. En pratique,
lorsqu’une dilatation urinaire unilatérale ou bilatérale est décelée durant la période
prénatale, mais qu’il ne s’agit pas d’une dilatation importante, on recommande
généralement de pratiquer une échographie rénale vers quatre à six semaines,
trois mois, six mois, puis une fois par an, jusqu’à l’âge de cinq ans. Lorsque le
diamètre antéropostérieur du bassinet rénal se situe de 10 à 15 mm, le bien-fondé
de procéder à une cystographie mictionnelle à la recherche d’un RVU associé fait
l’objet de controverse, de même que l’indication d’une scintigraphie au MAG3
(avec furosémide) pour évaluer la fonction des reins ainsi que la présence d’un
obstacle à la jonction pyélo-urétérale.
Le plus souvent, l’hydronéphrose reste stable, mais elle peut s’aggraver. Si
elle est secondaire à un RVU de grade IV ou V, on prescrit habituellement une
antibioprophylaxie. La résolution spontanée du RVU, même de haut grade, est
fréquente, et l’hydronéphrose peut alors évoluer favorablement.
Les indications chirurgicales de l’hydronéphrose tiennent compte de l’impor-
tance de la dilatation et de son évolution. On se contente de surveiller les hydro-
néphroses de bas grade et stables. On opère les hydronéphroses plus importantes
en cas de répercussions sur la fonction rénale, de progression de la dilatation
ou si des symptômes apparaissent (exemples : douleur abdominale, hématurie).
II. Neuroblastome
Le neuroblastome est une tumeur du tissu nerveux sympathique. Son incidence
est d’environ 1/7 000 naissances vivantes. Il est la troisième cause de cancer chez
l’enfant, après la leucémie et les tumeurs cérébrales. L’âge moyen au diagnostic
est d’environ 2 ans, et la presque totalité des cas survient avant l’âge de 10 ans.
Des efforts de dépistage néonatal systématique n’ont pas permis de diminuer
le taux de mortalité.
Le point de départ le plus fréquent est la surrénale ; plus rarement, le neu-
roblastome peut être d’origine rétropéritonéale, cervicale, thoracique ou pel-
vienne. Le mode de présentation le plus fréquent est une masse abdominale
découverte par les parents ou à l’occasion d’un examen médical. Il peut y avoir
des douleurs osseuses ainsi qu’une atteinte de l’état général, une anorexie et un
amaigrissement. Selon le site primaire, le volume et l’extension régionale de la
tumeur, on note parfois des symptômes comme des troubles digestifs, respira-
toires ou urinaires. L’invasion du canal rachidien par un neuroblastome paraver-
tébral peut causer des symptômes neurologiques graves.
L’extension à distance se fait surtout dans les os, la moelle, les ganglions
lymphatiques, le foie et la peau. Une ecchymose périorbitaire avec proptose est
caractéristique d’un neuroblastome métastatique. Le syndrome de Horner consti-
tue un signe d’atteinte des chaînes sympathiques cervicales.
Plusieurs syndromes paranéoplasiques associés ont été décrits : hypertension
artérielle, flushing cutané, opsoclonus-myoclonus, ataxie, diarrhée chronique
causée par des amines vaso-actives (VIP ou vasoactive intestinal peptides), syn-
drome myasthénique de Lambert-Eaton.
Le diagnostic est suspecté selon le tableau clinique et radiologique. Les radio-
graphies simples de l’abdomen, l’échographie et la TDM permettent de révéler des
784 Masses abdominales
Généralités
Les masses cervicales peuvent être divisées en quatre grandes catégories selon leur
étiologie : congénitale, inflammatoire (incluant les causes infectieuses), néopla-
sique ou traumatique (voir tableau 161.1). La majorité des masses cervicales de
l’enfant sont des adénites d’origine infectieuse ou, plus rarement, inflammatoire
(voir Adénite cervicale aiguë).
Approche clinique
Le diagnostic différentiel repose entre autres sur le mode d’apparition de la
masse (aigu ou non), sur sa localisation, ses caractéristiques physiques (taille,
consistance, mobilité, coloration), sur l’âge de l’enfant et sur le tableau clinique
associé (signes inflammatoires locaux ou systémiques, atteinte d’autres organes).
Chez le nouveau-né, on observe principalement des masses d’étiologie
congénitale ; une masse située dans le muscle sternocléidomastoïdien associé
à un torticolis évoque notamment une fibromatose colli. Par ailleurs, le kyste
thyréoglosse et le kyste branchial, lésions congénitales fréquentes, ne sont pas
toujours apparents dès la naissance.
Une masse située sur la ligne médiane antérieure du cou suggère un kyste thy-
réoglosse, un goitre ou un kyste dermoïde (rare). Arrondi et indolore, le kyste
thyréoglosse se situe entre la base de la langue et l’emplacement normal de la
glande thyroïde. Le plus souvent, son diamètre est de 1 à 2 cm ; il est légèrement
mobile durant la déglutition et les mouvements de la langue. Une exérèse chirur-
gicale est indiquée à cause du risque d’infection, mais il faut toujours s’assurer
au préalable, au moyen d’une échographie cervicale, voire d’une scintigraphie
thyroïdienne, que la masse n’est pas une thyroïde ectopique.
Le kyste branchial se présente comme une masse cervicale sous-mandibulaire,
unilatérale ou bilatérale, indolore, arrondie, légèrement mobile, ferme ou fluc-
tuante. Situé au bord antérieur et au tiers moyen du muscle sternocléidomas-
toïdien, ce kyste peut augmenter graduellement de volume et présenter un
écoulement par une fistule cutanée. Il peut s’infecter. Une exérèse chirurgicale
est indiquée.
Le lymphangiome kystique peut se retrouver dans une ou plusieurs zones
du cou. Indolore, de consistance molle ou élastique, il peut être transilluminé.
Son volume est variable ; il peut être volumineux, descendre dans le médiastin
et comprimer les voies respiratoires et digestives. Il peut être le siège d’une
infection ou d’une hémorragie ; dans ce dernier cas, la masse augmente rapi-
dement de volume et prend une coloration violacée. L’échographie confirme
le diagnostic. Le traitement est souvent conservateur et doit être individua-
lisé. Il est parfois chirurgical dans la forme microkystique chez les patients
symptomatiques ; la sclérothérapie des lymphangiomes macrokystiques peut
donner de très bons résultats et n’empêche pas une chirurgie ultérieure en
cas de récidive.
Une masse d’apparition aiguë signe le plus souvent une adénite cervicale
bactérienne, surtout si elle se situe dans le triangle cervical antérieur et qu’elle
s’accompagne de fièvre, d’hyperhémie, de douleur ou d’une infection ORL.
La fluctuation peut indiquer la formation d’un abcès dans le ganglion, néces-
sitant un traitement chirurgical. Les adénites virales (virus Epstein-Barr, cyto-
mégalovirus, virus de l’immunodéficience humaine [VIH]) ou parasitaires
(toxoplasmose) se manifestent souvent plus graduellement, dans un contexte
de polyadénopathies.
Une masse d’évolution subaiguë doit surtout évoquer les possibilités sui-
vantes : une maladie des griffes de chat, une infection à mycobactérie atypique,
une tuberculose ganglionnaire ou une néoplasie. On envisage une tumeur maligne
particulièrement dans les circonstances suivantes : masse indolore, ferme et
non mobile ; augmentation progressive de volume ; localisation supraclavicu-
laire ou dans l’aire du triangle cervical postérieur ; présence de polyadénopa-
thies, d’hépatosplénomégalie ou de symptômes systémiques. Les enfants âgés de
Masses médiastinales 787
six ans ou moins sont plus souvent atteints par le neuroblastome, le lymphome
non Hodgkinien, la maladie de Hodgkin et le rhabdomyosarcome. Entre l’âge
de 7 et 13 ans, les lymphomes prédominent, suivis du cancer de la thyroïde et
du rhabdomyosarcome. Les adolescents sont surtout affligés par la maladie de
Hodgkin. Les tumeurs thyroïdiennes ou d’autres types de tumeurs, de même que
les métastases, sont plus rares.
Explorations et traitement
Les hypothèses diagnostiques et l’évolution du patient déterminent les explora-
tions et le traitement. L’échographie permet de distinguer les différentes structures
anatomiques cervicales et d’évaluer la taille, la forme et les caractéristiques de la
masse (solide, kystique ou abcédée). Une tomodensitométrie ou une scintigra-
phie se révèlent parfois utiles. Si l’on soupçonne une néoplasie, on doit diriger
l’enfant rapidement vers un centre pédiatrique spécialisé, et ce, avant de procé-
der à tout acte chirurgical.
Généralités
Le médiastin se divise en trois compartiments : antérieur, moyen et postérieur. Le
médiastin antérieur se situe derrière le sternum et en avant du cœur et des vais-
seaux brachiocéphaliques ; il contient le thymus, des ganglions lymphatiques
et du tissu graisseux. Le médiastin postérieur est localisé derrière le cœur et la
trachée et s’étend jusqu’aux vertèbres thoraciques ; il contient l’aorte thoracique,
l’œsophage, des ganglions sympathiques et lymphatiques et du tissu graisseux.
Le médiastin moyen est compris entre le médiastin antérieur et le médiastin
postérieur et contient le cœur, le péricarde, les gros vaisseaux, la trachée, les
bronches souches et des ganglions lymphatiques.
Chez l’enfant, les masses médiastinales représentent un groupe hétérogène
de maladies. Environ 70 % d’entre elles sont d’origine néoplasique, les causes les
plus fréquentes étant les lymphomes non hodgkiniens, le lymphome de Hodgkin
et les tumeurs neuroblastiques. Les principales étiologies sont énumérées dans
le tableau 162.1. Il est pratique de classifier les masses médiastinales selon leur
localisation. Cette division permet de les catégoriser en fonction de leur origine
et de mieux orienter le diagnostic.
Approche clinique
Chez l’enfant, près de 75 % des masses médiastinales sont symptomatiques.
Les manifestations cliniques peuvent varier d’une toux légère à des signes ou des
symptômes respiratoires ou cardiovasculaires graves, tel un syndrome de la veine
cave supérieure.
L’anamnèse s’intéresse à une atteinte de l’état général (perte de poids, fièvre,
sudation nocturne) évoquant plutôt une étiologie néoplasique ou infectieuse
(tuberculose), à l’apparition de symptômes respiratoires (toux, dyspnée, wheezing,
788 Masses médiastinales
Traitement
Dans certaines situations, on procède directement à l’exérèse complète de la
masse (exemples : neuroblastome, sarcome). Rarement, dans le cas de troubles
respiratoires importants, un traitement de chimiothérapie sera institué sans dia-
gnostic précis. On décide du traitement définitif en fonction du diagnostic his-
tologique ou microbiologique.
Pronostic
Lorsqu’un traitement approprié est administré, la majorité des tumeurs malignes
médiastinales de l’enfant ont un très bon pronostic.
Mastite 163
Caroline Chartrand
Généralités
La mastite est une infection du tissu mammaire. Si l’on exclut les femmes qui
allaitent (voir Allaitement maternel), elle survient en général dans les deux pre-
miers mois de vie (mastite néonatale), en raison de l’hypertrophie mammaire
physiologique due aux hormones maternelles. Elle est plus fréquente chez
la fille que chez le garçon. Le Staphylococcus aureus est l’agent causal dans la
majorité des cas. Le Streptococcus agalactiæ (streptocoque β-hémolytique du
groupe B) et certaines bactéries à Gram négatif, tel l’Escherichia coli, peuvent
aussi être en cause.
Une mastite peut également survenir chez un enfant ou un adolescent, habi-
tuellement à la faveur d’un traumatisme local au sein. Dans ces circonstances,
on retrouve les germes précédemment cités ainsi que le Streptoccocus pyogenes
(streptocoque β-hémolytique du groupe A).
790 Mastoïdite
Manifestations cliniques
L’infection est habituellement unilatérale. On note un érythème, un œdème, une
sensibilité et une induration du sein ou du bourgeon mammaire. On peut éga-
lement observer un écoulement purulent du mamelon. La présence d’une fluc-
tuation à la palpation doit faire suspecter la survenue d’un abcès, qui complique
plus de la moitié des mastites néonatales. On retrouve une fièvre associée dans
environ 25 % des cas.
Explorations
L’hémogramme peut révéler une hyperleucocytose avec prédominance de neutro-
philes dans environ la moitié des cas. L’hémoculture se révèle rarement positive.
Il faut cultiver tout écoulement purulent du mamelon. En cas de mastite néo-
natale, un bilan septique complet, incluant une ponction lombaire, devrait être
réalisé chez un enfant de moins de 28 jours de vie qui présente une atteinte de
l’état général accompagnée de fièvre.
Traitement
La mastite néonatale doit être traitée initialement au moyen d’une antibiothéra-
pie parentérale visant à la fois le S. aureus et les bactéries à Gram négatif ; on
peut utiliser la cloxacilline ou la céfazoline en association avec la gentamicine
ou la céfotaxime. Le traitement est par la suite modifié selon les résultats des
cultures et l’antibiogramme. Un relais par voie orale peut être envisagé après
amélioration de l’état général et disparition des signes locaux, pour un total
de 7 à 14 jours de traitement.
En présence d’un abcès, il est souvent nécessaire de procéder à une incision
et à un drainage. Il faut alors faire preuve de prudence afin de ne pas léser le
bourgeon mammaire, ce qui pourrait entraîner une asymétrie mammaire per-
manente. La manœuvre devrait être exécutée, si possible, par un spécialiste en
chirurgie plastique, avec guide échographique.
En cas de mastite chez un enfant plus âgé ou chez un adolescent, une anti-
biothérapie orale visant le S. aureus et le S. pyogenes est en général suffisante ;
on peut utiliser la céphalexine (céfalexine), la cloxacilline (Canada, France),
l’oxacilline (France) ou la clindamycine. Toutefois, si l’épidémiologie locale fait
suspecter la présence de S. aureus ou si le patient ou un membre de la mai-
sonnée est connu comme étant porteur de SARM, l’utilisation de la vancomy-
cine doit être envisagée dans le traitement de première intention, en attendant
le résultat des cultures.
Mastoïdite 164
Maude Saint-Jean, Pierre Arcand, Marc Lebel
Généralités
La mastoïdite aiguë demeure la complication la plus fréquente de l’otite moyenne
aiguë (OMA) et est toujours secondaire à celle-ci. L’infection se propage à partir
de l’oreille moyenne par l’intermédiaire d’une muqueuse en continuité avec les
Mastoïdite 791
cellules mastoïdiennes. Le pus sous pression dans la mastoïde est associé à une
périostite qui peut provoquer une destruction progressive des trabécules osseuses.
Cette infection touche plus souvent les enfants âgés de moins de deux à
trois ans. Elle est moins fréquente depuis l’utilisation généralisée des antibio-
tiques. Ceux-ci ne permettent toutefois pas d’en éviter complètement la surve-
nue. Près de la moitié des cas de mastoïdite surviennent au cours du premier
épisode d’OMA. Les agents étiologiques diffèrent un peu de ceux de l’OMA ;
ce sont généralement le Streptococcus pneumoniæ, le Streptococcus pyoge-
nes (streptocoque β-hémolytique du groupe A), le Staphylococcus aureus et
l’Hæmophilus influenzæ non typable.
Manifestations cliniques
Classiquement, l’enfant présente de la fièvre, un érythème ainsi qu’une dou-
leur spontanée et provoquée de la région rétro-auriculaire. Le décollement du
pavillon de l’oreille est un signe très caractéristique. On note le plus souvent
une OMA du même côté, avec ou sans otorrhée, et un gonflement de la paroi
postérieure du conduit auditif externe. Le diagnostic de mastoïdite doit aussi
être évoqué en présence d’une OMA réfractaire au traitement, d’une fièvre
prolongée ou d’une infection du système nerveux central sans foyer apparent.
Chez les nourrissons, la symptomatologie peut être plus fruste et non spécifique
(exemples : diarrhée, irritabilité).
Les signes d’une mastoïdite compliquée (voir section Complications, plus
bas) sont une atteinte systémique importante, des céphalées, une paralysie faciale
ou un strabisme de novo, ainsi que la présence d’une masse périauriculaire.
Explorations
L’hémoculture s’avère rarement positive. Si le tympan n’est pas perforé, les agents
infectieux identifiés par cultures de pus obtenu par tympanocentèse ont une cor-
rélation excellente avec ceux qui sont en cause dans l’infection.
La radiographie simple des mastoïdes n’est plus utilisée. La tomodensitomé-
trie de la mastoïde avec contraste constitue l’examen de choix pour visualiser
la présence d’abcès, d’une lyse osseuse ou une extension de l’infection. Elle est
indiquée dans tous les cas de mastoïdite clinique, surtout lorsqu’on soupçonne
une infection compliquée, particulièrement chez les enfants âgés de moins
de deux ans et dans les cas de réponse lente aux antibiotiques. Au besoin, une
résonance magnétique nucléaire permet de mieux évaluer les complications
vasculaires ou neurologiques.
Traitement
I. Traitement médical
Le traitement initial consiste en une antibiothérapie parentérale. Celle-ci repose
sur l’utilisation d’une céphalosporine de 3e génération (céfotaxime ou ceftriaxone)
parfois associée à la cloxacilline (Canada, France) ou à l’oxacilline (France).
S’il s’agit d’une périostite simple, le traitement médical demeure habituelle-
ment suffisant. La voie orale peut être utilisée lorsqu’il y a disparition des signes
locaux et systémiques depuis 48 heures. On utilise alors l’amoxicilline à dose
élevée (90 mg/kg/24 h), le plus souvent en association avec l’acide clavulanique
ou, en cas d’allergie non majeure à la pénicilline, une céphalosporine de 2e géné-
ration. La durée totale de traitement est de 14 à 21 jours.
792 Méningite
Dans le cas d’une atteinte osseuse, les principes de traitement sont ceux
d’une ostéomyélite (voir Infections ostéo-articulaires). Si l’on soupçonne une
complication intracrânienne, l’administration d’une céphalosporine de 3e géné-
ration associée à de la vancomycine (les deux à fortes doses comme dans le
traitement d’une méningite) doit être instituée.
Dans le cas d’une mastoïdite compliquée d’une thrombose du sinus latéral,
certains proposent d’associer un traitement anticoagulant.
Complications
Les principales complications sont les suivantes : paralysie faciale, labyrinthite, perte
auditive, fistulisation, abcès du système nerveux central, méningite, hypertension
intracrânienne, thrombose du sinus latéral et de la veine jugulaire interne, surdité.
Pronostic
Le pronostic s’avère excellent lorsque le traitement est précoce et adéquat.
Méningite 165
Marc Lebel, Evelyne D. Trottier, Anne Lortie
La méningite est définie comme une inflammation des méninges. Elle peut aussi
s’accompagner d’une inflammation du cerveau (méningo-encéphalite). Il y a deux
principaux types de méningite : la méningite bactérienne et la méningite aseptique.
Méningite bactérienne
I. Généralités
La méningite bactérienne est une maladie grave ; son pronostic dépend de l’agent
infectieux causal, de la précocité du diagnostic et de la mise en route d’un trai-
tement efficace.
Les programmes de vaccinations avec les vaccins conjugués contre l’Hæmo-
philus influenzæ de type b (Hib), le Streptococcus pneumoniæ et le Neisseria
meningitidis de sérogroupe C ont modifié l’épidémiologie des méningites bac-
tériennes dans les pays où la vaccination est disponible. Le nombre de cas de
méningites causées par le pneumocoque et le méningocoque (sérogroupe C) a
ainsi été réduit de façon importante. La méningite à Hib est devenue une rareté,
notamment chez les enfants vaccinés.
Chez le nouveau-né atteint de méningite bactérienne, il faut surtout suspec-
ter le Streptococcus agalactiæ (streptocoque β-hémolytique du groupe B) et les
bactéries à Gram négatif, principalement l’Escherichia coli. En Europe, le Listeria
Méningite 793
monocytogenes est plus commun qu’en Amérique du Nord. On relève ces mêmes
bactéries, mais avec une fréquence décroissante, jusqu’à l’âge de trois mois.
Après l’âge de deux mois et jusqu’à la fin de l’adolescence, le S. pneumoniæ
et le N. meningitidis sont les causes prédominantes de méningite bactérienne.
On observe rarement ces bactéries chez le nouveau-né.
Les facteurs qui prédisposent aux méningites bactériennes incluent le
jeune âge, l’asplénie, l’anémie falciforme (drépanocytose), le déficit en immu-
noglobulines ou en complément, l’infection par le virus de l’immunodéficience
humaine (VIH), les traumatismes pénétrants de la boîte crânienne, un défaut
anatomique de l’oreille, un sinus dermique, la présence d’une dérivation
ventriculo-péritonéale, un implant cochléaire ou une fistule de LCR.
III. Explorations
L’anamnèse et l’examen sont évocateurs ; l’examen du LCR confirme le diagnostic.
Dans la plupart des cas, cet examen permet de distinguer une méningite virale
794 Méningite
d’une méningite bactérienne. La ponction lombaire (voir tableau 165.1) est dif-
férée lorsqu’il existe une instabilité hémodynamique, des signes d’engagement
imminent (anisocorie, arrêt respiratoire, posture de décérébration ou de décor-
tication), des signes de latéralisation ou des signes focaux à l’examen neurolo-
gique ou s’il y a présence de troubles de la coagulation.
Dans une méningite bactérienne, l’aspect du LCR peut être opalescent, trouble
ou franchement purulent. Chez le nouveau-né (< 28 jours), des valeurs jusqu’à
30 × 106 leucocytes/L peuvent être considérées comme normales. Chez l’enfant
plus âgé, la limite supérieure est de 5 × 106 leucocytes/L. Toute valeur supérieure
suggère une méningite. La méningite bactérienne sans pléiocytose demeure rare ;
dans la majorité des cas, le nombre de leucocytes est de beaucoup supérieur
à celui qu’on trouve en cas de méningite virale ; il atteint plusieurs centaines à
plusieurs milliers × 106/L. On observe presque toujours une forte prédominance
des neutrophiles (> 90 %).
Chez le nouveau-né, la protéinorachie normale est inférieure à 1,7 g/L et
chez l’enfant plus âgé, à 0,45 g/L. L’hyperprotéinorachie qui accompagne la
Méningite 795
méningite bactérienne est plus marquée que celle associée à la méningite virale.
La glycorachie s’abaisse souvent à moins de 2,7 mmol/L (< 50 % de la glycémie)
alors qu’elle est généralement normale en cas de méningite virale.
Une antibiothérapie préalable modifie peu la composition du LCR ; par contre,
la culture peut être négative (méningite « décapitée »).
En cas de ponction lombaire traumatique (sanguinolente), la comparaison
du rapport leucocytes/érythrocytes dans le LCR et dans le sang ne renseigne que
de façon approximative quant à la pléiocytose ; des études ont démontré qu’en
moyenne, on note une augmentation de 1 globule blanc par 500 globules rouges.
Cependant, il faut être prudent dans l’interprétation des résultats d’une ponction
lombaire traumatique.
La mise en évidence de bactéries à l’examen direct du LCR après colora-
tion de Gram est un élément important de diagnostic ; cependant, on ne peut
s’y fier entièrement pour déterminer le type de germe en cause. En se basant
sur cet examen, on peut élargir le spectre de l’antibiothérapie, mais le réduire
serait imprudent.
La culture du LCR est positive dans environ 90 % des cas. L’hémoculture
concomitante se révèle fréquemment positive. Des tests de biologie molécu-
laire par PCR sont maintenant disponibles pour le diagnostic des infections
à N. meningitidis et à S. pneumoniæ, et ils peuvent être demandés en cas de
culture bactérienne négative dans le LCR. Pour le méningocoque, la PCR peut
aussi être demandée dans le sang.
D’autres examens paracliniques sont utiles. L’hémogramme révèle fréquem-
ment une anémie normochrome normocytaire modérée ainsi qu’une hyperleuco-
cytose. Une thrombopénie suggère la présence d’une coagulation intravasculaire
disséminée. On répète l’ionogramme de deux à quatre fois par jour pendant
les deux premiers jours afin de détecter la survenue d’un syndrome de sécré-
tion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH). Une tomodensitométrie
cérébrale ou, selon le cas, une résonance magnétique nucléaire cérébrale sont
indiquées en cas d’altération marquée de l’état de conscience, de déficit neuro-
logique localisé, de convulsions focales ou tardives ou de fièvre anormalement
persistante. L’EEG est requis si des convulsions surviennent. En fin d’hospitali-
sation, on vérifie l’audition au moyen de potentiels évoqués auditifs avant l’âge
de deux ans ou, après cet âge, au moyen d’un audiogramme.
IV. Antibiothérapie
On amorce le traitement immédiatement après avoir réalisé les prélèvements
microbiologiques (ponction lombaire, hémocultures). La mise en route de l’anti-
biothérapie ne doit pas être retardée pour réaliser une tomodensitométrie. L’an-
tibiothérapie initiale doit tenir compte non seulement des bactéries pouvant être
en cause selon l’âge du patient, mais aussi de l’épidémiologie locale quant à la
résistance bactérienne aux antibiotiques. Le S. agalactiæ est sensible à l’ampicil-
line et aux céphalosporines de 3e génération. L’E. coli est fréquemment résistant
à l’ampicilline, mais reste sensible aux céphalosporines de 3e génération et aux
aminosides. Le L. monocytogenes est sensible à l’ampicilline, à laquelle on ajoute
la gentamicine en raison de la synergie ; cet agent est résistant aux céphalospo-
rines. Le S. pneumoniæ est de plus en plus résistant ou relativement résistant
aux pénicillines et, à un degré moindre, aux céphalosporines de 3e génération.
Le pneumocoque est toujours sensible à la vancomycine, mais cet antibiotique
pénètre mal la barrière hémato-encéphalique. Depuis le début des années 2000,
796 Méningite
est de 0,15 mg/kg/dose (max : 4 mg) IV toutes les 6 heures pendant 4 jours.
La dexaméthasone devrait être administrée idéalement avant les doses d’anti-
biotiques ou dans les quatre premières heures. Son utilisation est controversée
dans les cas de méningite à S. pneumoniæ ; des études menées chez l’adulte
ont démontré une baisse de la mortalité, et des méta-analyses chez l’enfant ont
révélé une diminution des complications auditives avec ce traitement adjuvant.
Celui-ci n’est pas recommandé dans les cas de méningite à méningocoque ou
dans les méningites néonatales.
VI. Complications
Au cours de la phase aiguë, les principales complications qui peuvent survenir
sont les suivantes : choc septique, coma, convulsions, épanchement ou empyème
sous-dural, hypertension intracrânienne et engagement des amygdales cérébel-
leuses ou des lobes temporaux, déficit moteur focal, thromboses vasculaires
intracrâniennes, SIADH, anémie, arthrite réactive.
Une fièvre persistante peut avoir une origine médicamenteuse, mais il faut
avant tout évoquer la possibilité d’un épanchement sous-dural ou d’une phlé-
bite au site de perfusion.
À long terme, divers déficits neurologiques peuvent rester permanents, le
plus fréquent étant la surdité neurosensorielle (jusqu’à 30 % des méningites à
pneumocoque), qui peut être bilatérale et profonde. Les autres séquelles pos-
sibles sont la déficience intellectuelle, les troubles d’apprentissage ou de com-
portement, l’hydrocéphalie, les déficits moteurs, la cécité et l’épilepsie. Dans les
infections à méningocoque, des complications rénales, orthopédiques et cuta-
nées peuvent être observées.
VII. Suivi
En raison des séquelles possibles, les enfants ayant souffert de méningite bac-
térienne doivent être suivis étroitement, particulièrement sur les plans du déve-
loppement psychomoteur et de l’apprentissage scolaire. Les enfants atteints de
surdité profonde doivent être dirigés rapidement vers un spécialiste pour évaluer
l’indication d’un implant cochléaire avant que la cochlée ne s’ossifie.
VIII. Pronostic
Même bien traitée, la méningite néonatale a une morbidité et une mortalité éle-
vées, particulièrement lorsque l’agent causal est une bactérie à Gram négatif. Le
taux de mortalité est d’environ 30 %, et des séquelles neurologiques permanentes
s’observent dans environ un tiers des cas.
Chez l’enfant plus âgé, le pronostic est meilleur, particulièrement si le traite-
ment a été entrepris précocement et si l’enfant n’a pas présenté de complications
majeures telles qu’un coma ; la mortalité est inférieure à 5 %, et le pourcentage
de séquelles neurologiques permanentes, y compris la surdité, varie de 5 à 50 %
selon les séries et les critères utilisés. Des convulsions survenant plus de 48 heures
après le diagnostic indiquent un pronostic défavorable.
IX. Prévention
On recommande habituellement un isolement respiratoire pendant les 24 pre-
mières heures de traitement. Si l’agent causal est le N. meningitidis, les personnes
ayant été en contact étroit avec l’enfant doivent bénéficier d’une antibiothéra-
pie préventive avec de la rifampicine (ou de la ciprofloxacine chez l’adulte) ; la
Méningite 799
femme enceinte devrait recevoir de la ceftriaxone. Si l’agent causal est l’Hib, une
prophylaxie avec de la rifampicine est recommandée pour les membres de la
famille dans les circonstances suivantes : famille avec au moins un enfant âgé de
moins de 4 ans, autre que le cas index, non immunisé ou dont la vaccination
contre l’Hib n’est pas complète ; famille avec un enfant de moins de 12 ans qui
n’a pas reçu les 2 ou 3 doses de la vaccination primaire ; famille avec un enfant
immunocompromis.
Méningite aseptique
I. Généralités
On parle de méningite aseptique lorsqu’en cas de pléiocytose, l’examen direct
du LCR après coloration de Gram est négatif et que la culture de ce même liquide
ne révèle pas de pousse bactérienne.
Les principales causes des méningites aseptiques sont citées dans le
tableau 165.3 ; l’étiologie est majoritairement virale.
III. Explorations
L’hémogramme offre peu d’intérêt. Dans la majorité des cas, l’examen du LCR
permet de différencier clairement une méningite virale d’une méningite bac-
térienne. Dans une méningite virale, le LCR est limpide ou légèrement opalescent
et non trouble ou purulent, et le nombre de leucocytes est habituellement infé-
rieur à celui qu’on trouve en cas de méningite bactérienne : il est en général de
10 à 1 000 × 106/L, et en moyenne, il est d’environ 400 × 106/L. Le pourcentage
des neutrophiles est d’habitude inférieur à celui qu’on observe en cas de ménin-
gite bactérienne. Au début de la méningite virale, il peut y avoir une prédo-
minance de neutrophiles. La protéinorachie se révèle moins élevée qu’en cas de
méningite bactérienne, habituellement de 0,5 à 1,5 g/L (moyenne : 0,6 g/L). La
glycorachie s’avère normale dans la majorité des cas.
Les cultures virales du LCR indiquent rétrospectivement le virus en cause.
Un nombre croissant de virus parmi lesquels le virus Herpes, les entérovirus et le
virus du Nil occidental peuvent être détectés par PCR sur le LCR (voir chapitres
correspondants). Les épreuves sérologiques ont peu d’intérêt pratique, car l’ap-
parition des anticorps, lorsqu’elle est présente, ne s’observe qu’après au moins
deux semaines d’évolution.
IV. Traitement
L’indication d’une hospitalisation et d’un traitement de soutien est évaluée indi-
viduellement, selon la saison, le degré d’atteinte de l’état général et l’importance
des vomissements. Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique efficace dans
les cas de méningite à entérovirus. Lorsque les éléments cliniques et les carac-
téristiques du LCR sont typiques d’une méningite virale, il convient de résister
à l’envie de prescrire une antibiothérapie, en raison des coûts, des effets secon-
daires possibles et du risque de prolongation de l’hospitalisation. Dans les cas
douteux, on amorce une antibiothérapie, mais elle est cessée après 24 à 48 heures
si les cultures bactériennes se révèlent négatives et si l’évolution du patient est
favorable. Un résultat positif de PCR pour la détection des entérovirus permet
d’arrêter une antibiothérapie probabiliste amorcée dans le doute.
L’acyclovir est indiqué en cas de suspicion de méningo-encéphalite herpé-
tique (voir Infections herpétiques).
L’administration d’immunoglobulines intraveineuses est controversée ; on l’envi-
sage en cas d’infection grave chez le nouveau-né ou en cas de déficit immunitaire.
V. Pronostic
Sauf exception (exemple : infection herpétique), le pronostic de la méningite
virale est habituellement excellent : la maladie guérit spontanément et sans
Microcéphalie 801
VI. Prévention
Les patients hospitalisés doivent faire l’objet des précautions entériques habituelles.
Microcéphalie 166
Katerina Theodoropoulos, Albert Larbrisseau, Grant Mitchell
Généralités
Pendant les deux premières années de vie, le périmètre crânien doit être mesuré
et noté sur une courbe à l’occasion de chaque visite médicale périodique. On
s’assure ainsi qu’il augmente à une vitesse normale. On obtient le périmètre
crânien en mesurant la circonférence occipitofrontale la plus grande. Au cours
des 3 premiers mois, la croissance normale du périmètre crânien est de 2 cm
par mois ; de l’âge de 4 à 6 mois, de 1 cm par mois ; et de l’âge de 6 à 12 mois,
de 0,5 cm par mois.
Selon la définition classique, il y a une microcéphalie lorsque le périmètre
crânien est inférieur à deux déviations standards (certains auteurs utilisent trois
déviations standards) par rapport à la moyenne pour l’âge et le sexe. Cette défi-
nition ne tient pas compte de la corrélation connue entre le périmètre crânien
et la taille. En général, plus la microcéphalie est importante, plus le risque
de déficience intellectuelle devient élevé ; cependant, l’enfant microcéphale de
petite taille risque moins d’avoir une intelligence réduite qu’un enfant micro-
céphale de grande taille. Outre les déficits développementaux et intellectuels,
la microcéphalie peut également être associée à l’épilepsie et à la paralysie
cérébrale.
Les causes de microcéphalie sont nombreuses. Le tableau 166.1 propose
une classification selon l’étiologie. Bien que ce ne soit pas toujours possible, il
importe de tenter de poser un diagnostic précis, afin d’éclairer le pronostic fonc-
tionnel et d’offrir un conseil génétique. En l’absence de diagnostic étiologique, et
d’autant plus si la microcéphalie n’est pas marquée, il faut être prudent lorsqu’on
tente d’établir un pronostic intellectuel chez un enfant ayant une microcéphalie.
Approche clinique
I. Microcéphalie congénitale
L’anamnèse familiale détaillée recherche, entre autres, une consanguinité, une
déficience intellectuelle et des convulsions. L’anamnèse personnelle s’intéresse
notamment aux éléments suivants :
• événements ayant marqué la grossesse : maladie fébrile ou autre, prise de médi-
caments, de drogues ou d’éthanol, radiothérapie, hypoxémie, malnutrition ;
• déroulement de l’accouchement, âge gestationnel, mensurations à la naissance,
score d’Apgar et données échographiques concernant la croissance de la tête
au cours de la grossesse ;
• complications périnatales : anoxie, insuffisance respiratoire, ictère, convulsions,
hypoglycémie, interventions chirurgicales.
S’il s’agit d’un nourrisson ou d’un jeune enfant, on passe en revue les étapes
du développement psychomoteur et l’on évalue le comportement en général.
L’examen recherche de façon systématique des dysmorphies et des malfor-
mations externes, crâniennes, cardiaques ou autres. L’examen du fond d’œil per-
met de s’assurer qu’il n’y a ni cataractes ni lésions rétiniennes suggestives d’une
infection congénitale. Un examen neurologique minutieux s’impose. La mesure du
périmètre crânien du père, de la mère et de la fratrie constitue souvent une étape
essentielle. Parfois, l’examen est compatible avec un syndrome connu ; sinon, il
importe de réévaluer périodiquement l’enfant, car le tableau clinique peut mettre
des mois ou des années à se préciser.
Explorations
Plusieurs examens paracliniques peuvent contribuer au diagnostic.
• Chez le nouveau-né, l’échographie transfontanelle peut mettre en évidence
des malformations cérébrales et des calcifications secondaires à une infection
congénitale. À tout âge, la résonance magnétique nucléaire cérébrale est utile
pour rechercher les malformations et les changements caractéristiques des
maladies métaboliques et dégénératives.
• Lorsqu’on soupçonne une infection congénitale, on recherche de façon sys-
tématique les différents agents infectieux pouvant être responsables de la
microcéphalie. Les caractéristiques des principales infections congénitales
804 Mononucléose infectieuse
Généralités
La mononucléose infectieuse est une infection fréquente causée par le virus
Epstein-Barr (du groupe Herpesvirus).
Sa transmission se fait surtout par l’intermédiaire de la salive, mais aussi par
le sang ou les organes dans les cas de greffes. L’âge d’infection initiale par le
virus Epstein-Barr varie selon le contexte socio-économique : dans les pays non
industrialisés, presque tous les enfants sont infectés avant l’âge de six ans, alors
que l’infection a tendance à survenir plus tard (adolescence ou jeune adulte)
dans les milieux plus favorisés. Une fois l’infection initiale résolue, il est pos-
sible d’excréter le virus dans la salive de façon asymptomatique et intermittente.
Un tableau clinique identique à celui de la mononucléose (syndrome mono-
nucléosique) peut être causé par différents agents infectieux comme le cytomé-
galovirus, le Toxoplasma gondii, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
et le virus de l’hépatite A.
Manifestations cliniques
L’infection peut être totalement asymptomatique ou se manifester, de façon très
variable, par un ou plusieurs des signes et des symptômes qui suivent.
La fièvre peut être absente ou constituer l’indice principal de la maladie,
persistant une ou deux semaines, puis suivie d’une période de malaise ou
d’asthénie ; la mononucléose constitue une cause fréquente de fièvre d’origine
indéterminée (fièvre prolongée).
Chez le jeune enfant (moins de quatre ans), la maladie peut ressembler à une
infection virale banale des voies respiratoires. Les adolescents peuvent présenter
une fatigue importante qui persiste parfois pendant des semaines ou des mois.
Parmi les autres manifestations cliniques possibles figurent les suivantes :
pharyngite exsudative similaire à celle observée dans une infection à strepto-
coque, adénopathies cervicales ou généralisées, œdème palpébral, hépatoméga-
lie et splénomégalie. Il peut y avoir des pétéchies sur le palais mou. On observe
une éruption cutanée chez environ 10 % des patients. La durée des symptômes
varie ; elle dépasse rarement un mois. L’infection chronique est rare et distincte
du syndrome de fatigue chronique.
Mononucléose infectieuse 805
Explorations
L’hémogramme montre souvent une hyperleucocytose avec une lymphocytose
relative. L’examen du frottis sanguin révèle la présence de lymphocytes atypiques.
Les transaminases sont élevées chez environ 80 % des patients.
Le diagnostic d’une mononucléose classique peut être confirmé par la
détection d’anticorps hétérophiles grâce à l’épreuve de Paul-Bunnell-Davidsohn
ou à un test rapide d’agglutination sur lame (Mono-test au Canada, MNI test en
France), désormais plus répandu. L’absence d’anticorps hétérophiles est cepen-
dant possible pendant les premiers jours de l’infection et 40 % des enfants de
moins de 4 ans ne produiront pas d’anticorps hétérophiles.
Le dosage des anticorps dirigés spécifiquement contre le virus Epstein-Barr
constitue un moyen plus précis de diagnostic. Les éléments servant à son inter-
prétation sont les suivants (voir tableau 167.1).
• Les IgM anti-VCA (viral capsid antigen) sont présentes pendant la phase
aiguë et la phase de convalescence, puis elles disparaissent.
• Les IgG anti-VCA sont également présentes pendant les phases aiguës et de
convalescence, mais, contrairement aux IgM, elles demeurent détectables
pendant des années après l’infection.
• Les IgG anti-EA (early antigen) apparaissent en phase aiguë et sont en géné-
ral indétectables de trois à six mois après l’infection.
• Les IgG anti-EBNA (Epstein-Barr nuclear antigen) ne sont pas détectables
pendant la phase aiguë de la maladie ; ils apparaissent au cours de la période
de convalescence et persistent ensuite pendant des axnnées.
La culture du virus Epstein-Barr n’est offerte que dans certains centres spé-
cialisés.
La recherche du virus Epstein-Barr dans le sang par PCR peut être indiquée
dans certaines situations, plus particulièrement chez l’hôte immunocompromis.
On ne devrait pas recourir à cet examen pour le diagnostic de mononucléose
infectieuse chez un enfant ou un adolescent en bonne santé.
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique. Le patient se repose selon son degré de
fatigue. L’acyclovir n’est pas recommandé pour le traitement de l’infection aiguë
au virus Epstein-Barr. Certaines études indiquent une amélioration transitoire des
symptômes aigus par l’administration de corticostéroïdes. Cependant, compte
tenu des risques associés à ces derniers, leur utilisation est réservée aux cas
806 Mononucléose infectieuse
Complications
Plusieurs complications sont possibles.
Éruption cutanée maculopapulaire L’administration de pénicilline, en par-
ticulier d’ampicilline ou d’amoxicilline, provoque une éruption cutanée macu-
lopapulaire sur le tronc, le visage et les extrémités, chez de nombreux patients
atteints de mononucléose infectieuse. Il est donc important de prouver l’origine
streptococcique d’une pharyngite avant de prescrire un antibiotique. Lorsqu’une
pharyngite à streptocoque est associée à la mononucléose, le premier choix anti-
biotique est alors un macrolide ou la clindamycine.
Obstruction des voies respiratoires supérieures Une obstruction impor-
tante des voies respiratoires supérieures, particulièrement marquée pendant le
sommeil, peut survenir chez l’enfant atteint de mononucléose. Elle est causée
par l’hypertrophie des amygdales. Le traitement avec des corticostéroïdes systé-
miques semble efficace dans cette situation.
Rupture de la rate Une rupture de rate est possible pendant la période au
cours de laquelle la splénomégalie persiste ; toute activité sportive pouvant entraî-
ner un traumatisme doit alors être évitée (en général un mois après le début des
symptômes).
Complications cardiaques Myocardite, péricardite, arythmies.
Complication pulmonaire Une pneumonie interstitielle peut survenir.
Complications neurologiques Encéphalite, méningite, paralysie faciale, syn-
drome de Guillain-Barré, myélite transverse, névrite rétrobulbaire.
Complications digestives Une hépatite survient chez 80 à 90 % des patients,
mais elle est rarement grave. On observe un ictère clinique dans 5 % des cas. La
pancréatite demeure rare.
Complications hématologiques Neutropénie, thrombopénie, aplasie médul-
laire, anémie hémolytique.
Complications néoplasiques Le virus Epstein-Barr est parfois incriminé dans
l’apparition de cancers incluant principalement le lymphome de Burkitt et le can-
cer du nasopharynx, mais aussi certains lymphomes hodgkiniens et non hodg-
kiniens. Il est également responsable de syndromes lymphoprolifératifs chez les
patients immunocompromis (syndrome lymphoprolifératif lié à l’X, receveur de
greffe d’organe ou de cellules hématopoïétiques, infection par le VIH).
Complication rénale Néphrite interstitielle aiguë (rare).
Complication génitale Ulcération génitale (rare).
Complications psychologiques Hallucinations visuelles, réaction psychotique
(occasionnelle), symptômes dépressifs et anxiété transitoires.
Syndrome hémophagocytaire La survenue d’un syndrome hémophagocytaire
est une des complications possibles. Celui-ci se traduit par une fièvre élevée, une
hépatosplénomégalie et une pancytopénie progressive. En plus de cette atteinte des
trois lignées sanguines, les anomalies biologiques comportent une lymphopénie
parfois profonde, une élévation des transaminases, un fibrinogène abaissé, une
coagulation intravasculaire disséminée et une élévation très importante de la
Morsures animales et humaines, rage 807
Période d’incubation
La période d’incubation est d’environ quatre à six semaines.
Pronostic
Le pronostic est excellent : la maladie guérit la plupart du temps sans séquelles.
Prévention
On ne doit pas isoler les patients atteints s’ils sont hospitalisés. En l’absence
d’altération de l’état général, il n’est pas nécessaire d’exclure l’enfant atteint de
la collectivité (service de garde [garderie, crèche], école).
Généralités
Les morsures sont généralement causées par les chiens, les chats ou les humains.
Un tiers des morsures s’observent chez l’enfant avant l’âge de cinq ans. Elles
touchent surtout les extrémités (70 %). Les morsures de la tête et du cou (20 %)
atteignent davantage les jeunes enfants ; leur morbidité et leur mortalité sont
plus élevées.
Les morsures peuvent causer des problèmes structuraux importants, comme des
plaies et des fractures, ou se compliquer d’une surinfection bactérienne (cellulite,
abcès, lymphangite, adénite, ténosynovite, arthrite septique, ostéomyélite). Parfois, ces
infections se généralisent (septicémie) ou essaiment à distance (endocardite,
méningite). Le risque de surinfection varie selon le site atteint : il est plus élevé
(environ 30 %) dans le cas des morsures de la main, de l’avant-bras ou du bras
et moins élevé (environ 15 %) dans les morsures de la jambe ou du cuir chevelu.
Les infections secondaires aux morsures sont principalement transmises par
la flore buccale de l’agresseur et, dans une moindre proportion, par les bacté-
ries de la flore cutanée de la victime. Elles sont en général polymicrobiennes.
L’agent bactérien le plus fréquemment responsable d’une infection est le Pasteu-
rella multocida présent dans la flore buccale des chiens et des chats. La cellulite
causée par cette dernière survient habituellement moins de 24 heures après la
morsure. Les autres agents infectieux sont le Staphylococcus aureus, les Strepto-
coccus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A) et viridans, l’Eike-
nella corrodens et diverses bactéries anaérobies. L’infection à S. aureus apparaît
souvent plus de 48 heures après la morsure.
Les principaux facteurs de risque de surinfection bactérienne sont les sui-
vants : morsures punctiformes, écrasement important des tissus mous, morsures
808 Morsures animales et humaines, rage
Explorations
Il faut préciser le type d’animal mordeur, son identité (un animal domestique
dont on connaît le propriétaire ou un animal sauvage), son comportement, son
état vaccinal ainsi que les circonstances de l’accident. Comme il n’y a pas de
corrélation entre les bactéries cultivées initialement dans la plaie et l’agent cau-
sal d’une surinfection ultérieure, il est inutile de cultiver une plaie non encore
infectée. Lorsque la plaie est infectée, la culture permet d’orienter l’antibiothé-
rapie. On réalise des radiographies si l’on soupçonne une fracture sous-jacente.
Traitement
1) Appliquer les soins locaux immédiatement, en prévention des complications
infectieuses.
a) Débrider les tissus nécrotiques.
b) Laver soigneusement la plaie à l’eau et au savon et l’irriguer abondamment
avec au moins 200 mL de sérum physiologique sous pression, au moyen
d’une seringue ou d’une tubulure pour perfusion.
c) Appliquer un antiseptique (exemples : Canada : chlorhexidine 0,05 % ou
proviodine 1 % ; France : polyvidone iodée 10 % ; l’alcool éthylique 70 % est
également efficace).
2) Suturer précocement les plaies propres, soit moins de 12 heures après la mor-
sure. Éviter de suturer les plaies punctiformes, les plaies à haut risque d’infec-
tion (voir plus haut) ou s’il y a un risque de rage. Ne pas utiliser un produit
adhésif de la peau (colle) comme le cyanoacrylate qui est trop occlusif.
3) Administrer une antibioprophylaxie s’il s’agit d’une morsure au visage ou aux
organes génitaux ou encore d’une morsure à haut risque d’infection (voir plus
haut). Utiliser l’amoxicilline/acide clavulanique. En cas d’allergie vraie aux
pénicillines, le choix est difficile et varie selon le type de morsure. Pour les
morsures humaines, on peut donner la doxycycline si l’enfant a plus de 10 ans
ou une association de clindamycine et de triméthoprime/sulfaméthoxazole.
Pour les morsures de chat ou de chien, on peut, par exemple, associer du tri-
méthoprime/sulfaméthoxazole ou de l’azithromycine, qui semblent efficaces
contre les Pasteurella, et de la clindamycine ; cependant, la clindamycine et
le triméthoprime/sulfaméthoxazole sont inactifs contre l’Eikenella. Ni la cla-
rithromycine ni les céphalosporines de 1re génération ne sont recommandées.
On suggère une prophylaxie de cinq jours.
La victime de morsure doit être revue après 24 à 48 heures. Selon le cas, il
faut administrer le traitement préventif de la rage (voir ci-après), du tétanos et,
en cas de morsure humaine, de l’hépatite B.
Si la plaie s’infecte, on entreprend, selon le cas, un débridement méticuleux
de tissus dévitalisés et un drainage d’abcès, accompagné d’une antibiothérapie par
voie orale ou par voie intraveineuse selon l’étendue de l’infection et l’importance
des signes généraux. Si l’on choisit la voie orale, on utilisera l’amoxicilline/acide
810 Morsures animales et humaines, rage
Rage
I. Généralités
Le virus de la rage est presque toujours transmis par la morsure d’un animal atteint ;
la transmission par griffure ou léchage d’une muqueuse demeure extrêmement rare.
L’incidence de la rage a beaucoup diminué dans les pays développés, grâce
à la vaccination des animaux domestiques, aux restrictions imposées à leurs
déplacements et aux mesures prises à l’égard des chiens errants. Dans ces pays,
les mammifères sauvages sont les principaux vecteurs. Dans plusieurs pays
européens, la vaccination de certains animaux sauvages s’est révélée efficace.
Le risque de rage demeure élevé dans les pays en développement, où les
chiens constituent le réservoir principal et où leurs morsures causent une dizaine
de milliers de morts par année.
III. Explorations
Le diagnostic de la rage repose sur la mise en évidence, par immunofluores-
cence, de l’antigène viral logé dans les follicules pileux au moyen d’une biopsie
de cuir chevelu de la nuque (direct fluorescent antibody staining ou DFAS). La
PCR permet d’amplifier l’ARN viral trouvé dans la salive, la peau, le LCR ou le
tissu cérébral. L’examen cytologique du LCR n’est pas spécifique, mais le virus
de la rage peut y être cultivé.
IV. Prophylaxie
1) Processus décisionnel
La décision d’entreprendre une prophylaxie antirabique à la suite d’une morsure
animale (postexposition) doit être prise le plus tôt possible ; elle doit être indivi-
dualisée et découler de l’histoire détaillée des circonstances entourant l’exposition.
Morsures animales et humaines, rage 811
Généralités
Les mycoses superficielles peuvent atteindre la peau glabre, le cuir chevelu et
les ongles. Les infections à Candida albicans font l’objet d’un chapitre séparé
(voir Candidoses).
Mycoses cutanées superficielles 813
V. Pityriasis versicolor
L’agent étiologique est le Malassezia furfur. Cette affection est rare chez l’enfant,
mais peut se manifester chez le nourrisson en particulier aux tempes, au visage
et au cou (dans ce groupe d’âge, les lésions sont souvent hypochromiques).
À l’adolescence, le pityriasis versicolor est assez fréquent. Les lésions caractéris-
tiques sont des macules hyperpigmentées qui prennent une apparence hypo-
pigmentée lorsque la peau est exposée au soleil. Ces lésions desquament finement.
Elles sont surtout localisées à la partie supérieure de la poitrine et du dos. La
lumière ultraviolette (lampe de Wood) sur les lésions produit une fluorescence
jaunâtre. Le diagnostic peut être confirmé par l’examen microscopique du pro-
duit de grattage de la peau traité au KOH 20 à 40 % ou par l’examen direct au
calcofluor. Le M. furfur pousse difficilement sur les milieux de culture habituels.
Le traitement consiste à appliquer une suspension de sulfure de sélénium 2,5 %
sur la peau pendant 15 à 20 minutes. Ce traitement doit être répété 1 fois par
jour pendant 10 à 15 jours. On peut aussi appliquer cette préparation le soir
pendant 10 à 12 heures, 1 fois par semaine pendant 2 à 4 semaines. Une autre
option est d’appliquer une préparation de clotrimazole, d’olamine de ciclopi-
rox, de miconazole ou de terbinafine localement 2 fois par jour ; on poursuit ce
traitement pendant 15 jours. Les anomalies de la pigmentation peuvent prendre
de plusieurs semaines à quelques mois à disparaître même lorsque le traitement
est efficace. Dans les rares cas rebelles, on peut utiliser le kétoconazole par voie
orale en 1 dose, à répéter 10 jours plus tard.
Myocardite 815
Myocardite 170
Karen Harrington, Marie-Josée Raboisson, Christian Renaud
Généralités
La myocardite est une inflammation du muscle cardiaque qui, lorsqu’elle est
importante, peut conduire à une dysfonction cardiaque. Sa présentation peut être
fulminante, aiguë ou chronique. Certains patients demeurent asymptomatiques,
alors que chez d’autres, le diagnostic n’est posé qu’après une mort subite ou
l’apparition d’une cardiomyopathie dilatée. Son incidence est estimée à 1:100 000
dans la population générale et a une distribution bimodale avec un pic chez les
nourrissons et les adolescents.
Les entérovirus (particulièrement les coxsackies B) ainsi que les adénovirus
ont longtemps figuré parmi les causes virales les plus fréquentes, mais le par-
vovirus B19 et le virus Herpes de type 6 sont maintenant les agents étiologiques
les plus souvent identifiés. D’autres agents pathogènes tels l’influenza A et B ou
ceux responsables de la maladie de Lyme et de Chagas peuvent aussi être
retrouvés, en fonction du contexte épidémiologique. Des causes auto-immunes
et toxiques sont également associées à la myocardite.
Manifestations cliniques
Les premiers symptômes sont souvent non spécifiques et ressemblent à ceux
d’un syndrome d’allure virale tels que la fièvre, des vomissements, des difficultés
alimentaires, de l’asthénie ou des myalgies. Le diagnostic est d’ailleurs souvent
manqué au moment de la présentation initiale. On doit envisager la possibilité
d’une myocardite lorsqu’on évalue une détresse respiratoire, une douleur abdo-
minale ou thoracique ou une syncope, surtout s’il y a présence d’une tachycardie
non expliquée, d’une arythmie ou une diminution de la perfusion systémique.
D’emblée ou en cours d’évolution, l’enfant ou l’adolescent atteint de myo-
cardite peut présenter une défaillance cardiaque, avec ou sans choc associé.
Les manifestations cliniques de la défaillance cardiaque incluent la tachypnée,
la dyspnée au repos, l’intolérance à l’effort, la tachycardie, une diminution de la
perfusion systémique et une hépatomégalie (voir Insuffisance cardiaque et Choc
cardiogénique). À l’auscultation, on peut entendre des râles crépitants d’œdème
pulmonaire, un 3e bruit (B3), un 4e bruit ou galop (B4) ou un souffle d’insuf-
fisance mitrale ou tricuspidienne. Une arythmie peut également être présente.
Explorations
La radiographie pulmonaire peut être normale ou révéler une cardiomégalie ou
de l’œdème pulmonaire. L’ECG est normal ou montre des changements non spé-
cifiques de voltage (microvoltage) ou des troubles de la repolarisation diffus et
variables dans le temps. On peut également retrouver des aspects QS du QRS.
Une tachycardie sinusale est souvent observée ; des extrasystoles auriculaires
ou ventriculaires, une tachycardie supraventriculaire ou ventriculaire ou un bloc
auriculoventriculaire peuvent également être présents.
L’échographie cardiaque est rarement normale. Elle établit le diagnostic, per-
met d’évaluer la fonction cardiaque et sert également à exclure une malforma-
tion anatomique causale (exemples : coronaire aberrante, coarctation de l’aorte).
816 Myocardite
Traitement
Un patient atteint d’une myocardite aiguë doit être hospitalisé pour surveillance
cardiorespiratoire ; si son état est instable, il doit être admis dans une unité de
réanimation.
Le traitement est non spécifique et doit être axé sur la prise en charge de
la défaillance cardiaque et sur le traitement des complications rythmiques (voir
Insuffisance cardiaque et Choc cardiogénique). Le traitement symptomatique de
la défaillance cardiaque inclut l’oxygénothérapie pour augmenter le transport
en oxygène. Une assistance ventilatoire est indiquée s’il y a détresse respira-
toire ; dans ces cas, une ventilation à pression positive peut également diminuer
la post-charge du ventricule gauche. On prescrit des diurétiques pour abaisser la
charge volémique ; ils sont indiqués en cas de surcharge pulmonaire. En cas de
bas débit, des agents inotropes sont utilisés pour augmenter la contractilité car-
diaque ; des vasodilatateurs et des inodilatateurs peuvent aider à diminuer la post-
charge. Le choix de l’agent et la voie d’administration dépendent de l’importance
de la défaillance cardiaque. Dans les cas de défaillance cardiaque fulminante, un
support mécanique (ECMO ou extracorporeal membrane oxygenation ou une
assistance ventriculaire) est indiqué.
Neutropénie 817
Complications
Le risque de mortalité dans la phase aiguë avoisine 10 %. Environ 20 % des patients
nécessiteront un support mécanique cardiaque alors qu’une greffe cardiaque sera
requise dans environ 5 % des cas.
Une fois passée la phase aiguë, le pronostic de la myocardite fulminante est
favorable ; la fonction cardiaque peut récupérer complètement. La myocardite
chronique a un moins bon pronostic à long terme, avec un risque de progression
vers une cardiomyopathie chronique dans 10 à 30 % des cas.
Neutropénie 171
Yves Pastore, Catherine Hervouet-Zeiber, Josette Champagne
Généralités
On parle de neutropénie lorsque le taux de neutrophiles est inférieur à la nor-
male. De façon générale, on considère que la neutropénie est légère lorsque
les neutrophiles se situent de 1,0 à 1,5 × 109/L, modérée lorsque leur taux est
de 0,5 à 1,0 × 109/L et sévère lorsqu’ils descendent sous le seuil de 0,5 × 109/L.
Toutefois, il faut tenir compte de l’âge de l’enfant et de son origine ethnique.
Entre l’âge de deux semaines et un an, la limite inférieure du taux de neutrophiles
est de 1,0 × 109/L ; par la suite, la limite inférieure se situe à 1,5 × 109/L. Chez
les enfants d’origine africaine, afro-caribéenne, juive yéménite et originaires de
la péninsule arabique, les valeurs peuvent être de 0,4 à 0,6 × 109/L inférieures
à celles observées chez les enfants blancs.
Une neutropénie peut résulter d’une insuffisance de production par la
moelle ou d’une destruction exagérée en périphérie. Elle peut être transitoire
ou chronique.
Le danger d’infection bactérienne à Gram positif ou à Gram négatif peut être
élevé en cas de neutropénie sévère, principalement dans un contexte oncologique.
Dans ces circonstances, on relève les principaux types d’infections suivants : abcès
(surtout périanaux), adénites, cellulites, gingivites, pharyngites et pneumonies.
La susceptibilité aux infections virales et parasitaires ne semble pas augmentée.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
L’anamnèse personnelle précise l’âge d’apparition de la neutropénie, la chrono-
logie et les types d’infections, un retard de chute du cordon ombilical, la prise
de médicaments et la présence de comorbidités telles que des malformations
818 Neutropénie
II. Explorations
L’analyse du frottis sanguin périphérique est essentielle, afin de rechercher
des anomalies morphologiques et de s’assurer de l’absence d’atteinte d’autres
lignées. En fonction de l’origine ethnique, et en l’absence de symptômes ou de
signes inquiétants, aucune analyse complémentaire n’est nécessaire pour rete-
nir le diagnostic de neutropénie bénigne ethnique si la neutropénie se révèle
légère. Lorsqu’on suspecte une neutropénie transitoire causée par une infection
virale ou bactérienne, une simple surveillance de l’hémogramme suffit. En cas
de persistance de la neutropénie au-delà de quatre à six semaines, ou s’il y a
des symptômes ou des signes inquiétants (exemples : trouble hémorragique,
adénopathies, hépatomégalie ou splénomégalie, atteinte des autres lignées), des
démarches diagnostiques spécialisées telles qu’une ponction de moelle peuvent
s’avérer nécessaires. En cas de persistance de neutropénie dans les premiers
mois de vie, les analyses devraient comprendre un bilan immunitaire incluant le
dosage des immunoglobulines sériques et l’analyse des sous-populations lym-
phocytaires afin d’exclure un déficit immunitaire grave associé.
Traitement
L’approche thérapeutique de l’enfant neutropénique fiévreux est différente selon
la cause de la neutropénie (oncologique versus non oncologique).
Neutropénie 819
Noyade 172
Catherine Farrell
Généralités
La noyade est une insuffisance respiratoire consécutive à une immersion ou à
une submersion dans l’eau (le plus souvent) ou dans tout autre milieu liquide.
Elle constitue l’une des causes les plus fréquentes de décès accidentel, surtout
chez les garçons. La majorité des victimes ont moins de quatre ans. Après cet
âge, la fréquence des cas diminue, puis on assiste à une recrudescence à l’ado-
lescence. À tout âge, l’épilepsie constitue un facteur de risque. D’autres éléments
peuvent être associés à un risque accru de noyade, comme le syndrome du QT
long, la consommation d’alcool ou de drogue. Chez le nourrisson âgé de moins
de un an, la majorité des noyades surviennent dans des baignoires ; la négli-
gence et l’immersion non accidentelle peuvent en être la cause. Dans les pays
tempérés, la majorité des cas surviennent en été ; la prolifération des piscines
privées joue un rôle important. Le traitement des survivants n’est pas différent
selon qu’il s’agit d’eau douce ou d’eau de mer.
822 Noyade
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques varient selon la durée de la submersion (ou de
l’immersion) et la température de l’eau. La victime peut arriver à l’hôpital en
arrêt cardiorespiratoire, en insuffisance respiratoire par inhalation pulmonaire,
consciente ou en coma, en normothermie ou en hypothermie.
Explorations
Les explorations à effectuer à l’arrivée du patient incluent un hémogramme,
un ionogramme (une légère hyponatrémie est souvent présente s’il s’agit d’une
noyade en eau douce), une urée sanguine et une créatininémie, des gaz san-
guins et une radiographie pulmonaire. Selon les circonstances, d’autres examens
sont parfois nécessaires (exemples : radiographie de la colonne cervicale si la
noyade fait suite à un accident de plongeon, dépistage toxicologique, tomoden-
sitométrie cérébrale).
Traitement
Au site de l’accident, on pratique la réanimation cardiorespiratoire (RCR) (voir Réa-
nimation cardiorespiratoire après la période néonatale), en appliquant la séquence
« ABC » (Airway - Breathing - Circulation) plutôt que « CAB ». La noyade est une des
situations exceptionnelles où l’on recommande de maintenir la séquence « ABC »
puisque la clairance des voies aériennes et la prise en charge de la ventilation
peuvent être suffisantes pour réanimer la victime. On poursuit les manœuvres
jusqu’à la reprise de la circulation et de la respiration spontanée. La promptitude
et la qualité de la réanimation au lieu de l’accident influent de façon majeure sur
les chances de survie et sur le risque de séquelles neurologiques. La manœuvre
de Heimlich est à proscrire, sauf exception. Des précautions pour la protection
de la colonne cervicale sont nécessaires si la noyade fait suite à un plongeon.
À l’arrivée à l’hôpital, si le patient est encore en arrêt cardiorespiratoire,
l’approche varie selon sa température : même s’il est en état de mort apparente,
le patient en hypothermie modérée (de 28 à 31,9 °C) ou grave (< 28 °C) doit
être réanimé de la façon habituelle, en même temps qu’il est réchauffé. On
préconise l’emploi de méthodes de réchauffement actives internes en présence
d’hypothermie grave. On pense ici par exemple au réchauffement des gaz ins-
pirés, au réchauffement à 40-42 °C des liquides de perfusion intraveineux ou au
lavage péritonéal avec du liquide de dialysat chauffé à 40-42 °C. Les manœuvres
doivent être poursuivies jusqu’à ce que la température corporelle atteigne
au moins 32 °C. Par contre, l’utilité de poursuivre la réanimation d’un noyé en
normothermie ou en hypothermie légère est contestable, et l’on devrait envisager
Noyade 823
et, parfois, des amines vaso-actives (voir Choc cardiogénique et Choc septique).
Il faut éviter l’hyperglycémie et l’hypoglycémie. L’hyponatrémie se corrige
habituellement de façon spontanée.
• Détecter et traiter l’atteinte multiviscérale éventuelle. Une atteinte myocar-
dique peut se manifester par des arythmies ou par une diminution du débit
cardiaque ; leur traitement est symptomatique. Parfois, on observe une colite
ischémique avec diarrhée et rectorragies, une élévation des transaminases,
une coagulation intravasculaire disséminée ou une nécrose tubulaire aiguë
avec insuffisance rénale.
• Détecter et traiter les complications infectieuses : il y a un risque de pneumo-
nie et de bactériémie. Une antibiothérapie préventive n’est pas recommandée.
Surveiller l’évolution clinique et radiologique ; cultiver le sang, les sécrétions
trachéales, l’urine, les cathéters intravasculaires et prescrire l’antibiothérapie
appropriée lorsqu’une infection est suspectée ou démontrée.
Si une amélioration de l’état est constatée après 24 heures, tenter un sevrage
progressif (en 24 à 48 heures) de la ventilation mécanique et du monitorage, tout en
maintenant une surveillance étroite. S’il n’y a pas d’amélioration après 36 à 48 heures,
envisager l’arrêt de la ventilation mécanique et des autres modes de traitement si
l’on juge que les chances de retour à un état neurologique acceptable sont nulles.
Le don d’organes devrait être proposé à la famille si le patient est admissible.
Pronostic
Parmi les facteurs de pronostic, citons la durée de submersion (ou d’immersion),
la température de l’eau (l’hypothermie profonde a un effet protecteur seulement
si elle précède l’hypoxie cérébrale), la qualité et la durée des manœuvres de
réanimation sur les lieux de l’accident, le besoin de RCR à l’arrivée à l’hôpital,
le pH artériel initial et l’état de conscience après la stabilisation initiale à l’hô-
pital. Les patients en arrêt cardiorespiratoire à l’arrivée ou ayant un score de
Glasgow de 3 ou 4 au moment de leur admission dans l’unité de soins intensifs
ont de très faibles chances de survivre sans séquelles neurologiques majeures.
Il est très difficile d’estimer le pronostic au site de l’accident ou même pen-
dant les premières heures d’hospitalisation. Un jugement plus précis devient
possible environ 24 heures plus tard : un coma profond, surtout accompagné
de flaccidité, indique un pronostic neurologique très sombre. Les conséquences
sur la famille sont majeures, et un soutien psychosocial devrait lui être offert.
Prévention
Voir Prévention des blessures.
L’obstruction aiguë des voies respiratoires supérieures chez l’enfant constitue une
urgence médicale puisqu’elle peut rapidement évoluer vers une insuffisance res-
piratoire menant au décès. Sa reconnaissance précoce de même que l’instauration
d’un traitement approprié peuvent grandement améliorer son pronostic. Parmi
les causes non infectieuses, mentionnons la présence d’un corps étranger, les
Obstruction aiguë des voies respiratoires supérieures d’origine infectieuse 825
Épiglottite aiguë
I. Généralités
L’épiglottite est une inflammation de l’épiglotte et des structures supraglottiques
qui peut évoluer vers une obstruction rapide et grave des voies respiratoires. L’Hæ-
mophilus influenzæ de type b (Hib) est la principale bactérie responsable de cette
affection. Dans les pays où il y a une vaccination précoce systématique contre l’Hib,
l’épiglottite est devenue rare. La protection vaccinale n’est toutefois pas absolue,
des épiglottites à Hib pouvant survenir également chez des enfants vaccinés. L’âge
médian au diagnostic se situe de 6 à 12 ans, comparativement à 3 ans au cours de
l’ère prévaccinale. Une épiglottite ne survient presque jamais avant l’âge de un an. Des
cas d’épiglottite à H. influenzæ type a, f, ou non typable, à Streptococcus pyogenes
(streptocoque β-hémolytique du groupe A), à Streptococcus pneumoniæ et à Staphy-
lococcus aureus ont été rapportés. Chez un hôte immunocompromis, les bacilles à
Gram négatif, dont le Pseudomonas aeruginosa et le Candida, peuvent être en cause.
Certaines épiglottites ne sont pas de nature infectieuse et sont associées, par
exemple, à des brûlures thermiques ou caustiques, à un œdème angioneurotique
ou au syndrome de Stevens-Johnson.
III. Explorations
Il s’agit d’un diagnostic clinique, qui doit être confirmé par la visualisation directe
de l’épiglotte en salle d’opération.
Lorsqu’on suspecte une épiglottite, il est fortement déconseillé d’examiner
la gorge au moyen d’un abaisse-langue ; il est également inapproprié de coucher
l’enfant pour l’examiner. Ces manœuvres risquent en effet de provoquer un arrêt
respiratoire. Chez le grand enfant qui peut ouvrir la bouche sur demande, on
peut parfois visualiser l’épiglotte sans recourir à l’abaisse-langue.
La radiographie de profil des tissus mous du cou est très sensible et spéci-
fique : elle montre une augmentation de volume de l’épiglotte (signe du pouce),
une interruption de la colonne d’air pharyngo-laryngo-trachéale par les replis
ary-épiglottiques œdémateux, ainsi qu’une distension de l’espace aérien en
amont de l’obstruction. En présence d’un tableau clinique suggestif, il est pré-
férable de recourir d’emblée à la laryngoscopie directe plutôt que de perdre du
temps à faire des radiographies ; celles-ci sont surtout utiles dans les situations
douteuses (exemple : laryngite avec une fièvre élevée). Si des radiographies sont
demandées, un médecin doit accompagner l’enfant pendant la prise des clichés
et disposer en tout temps de l’équipement de réanimation.
On prélève une hémoculture et l’on cultive l’épiglotte une fois l’enfant intubé
(voir ci-après).
IV. Traitement
On garde l’enfant en position assise et on lui administre de l’oxygène humi-
difié ; au besoin, on l’assiste en ventilation spontanée à l’aide d’un masque et
d’un insufflateur manuel souple, de type Ayres T-piece. La laryngoscopie doit
être faite par un médecin expérimenté capable d’assumer la prise en charge des
voies aériennes difficiles. La présence d’une épiglotte fortement hyperhémiée
et augmentée de volume confirme le diagnostic ; l’épiglotte peut être normale
au début de la maladie, mais les replis ary-épiglottiques sont toujours œdéma-
teux. Si le diagnostic est confirmé, on procède à une intubation endotrachéale
même si l’enfant n’est pas dyspnéique – ou qu’il l’est peu –, car il est difficile,
voire impossible de prévoir quel patient présentera un arrêt respiratoire.
Une fois intubé, l’enfant doit faire l’objet d’une surveillance étroite dans une
unité de réanimation. On lui administre de l’oxygène humidifié avec une pression
expiratoire positive (PEP), habituellement de 2 à 5 cm H2O. Une sédation s’avère
très souvent nécessaire afin d’éviter une extubation accidentelle. On prescrit ini-
tialement une céphalosporine de 3e génération, comme du céfotaxime ou de la
ceftriaxone par voie intraveineuse.
La majorité des patients peuvent être extubés après 24 à 72 heures, lorsque la
fièvre s’est amendée et que l’épiglotte, visualisée au moyen d’un abaisse-langue
ou d’un laryngoscope, a repris un volume acceptable (normal ou presque). Le
traitement antibiotique peut alors être poursuivi par voie orale, en ajustant le
choix des antibiotiques en fonction du résultat des cultures ; si celles-ci s’avèrent
négatives, on prescrit une céphalosporine de 2e génération (exemple : cefprozil)
ou de 3e génération (exemple : céfixime).
V. Complications
Avant l’intubation endotrachéale, l’enfant peut présenter un arrêt respiratoire
subit pouvant être fatal ou susceptible de causer une encéphalopathie anoxique.
Un œdème pulmonaire peut survenir après la levée de l’obstruction des voies
Obstruction aiguë des voies respiratoires supérieures d’origine infectieuse 827
VII. Prévention
Bien que la contagiosité en milieu hospitalier soit faible, on conseille l’isolement
pendant les 24 premières heures de traitement. Une prophylaxie avec de la rifam-
picine est recommandée pour les membres de la famille dans les circonstances
suivantes : famille avec au moins un enfant de moins de 4 ans, autre que le cas
index, non immunisé ou dont la vaccination contre l’Hib n’est pas complète ;
famille avec un enfant de moins de 12 ans qui n’a pas reçu les 2 ou 3 doses de
la vaccination primaire ; famille avec un enfant immunocompromis.
Laryngite aiguë
I. Généralités
La laryngite est une inflammation du larynx, le plus souvent d’origine virale. Le
site de l’obstruction est la région sous-glottique. Il s’agit d’une maladie fréquente
chez l’enfant, surtout entre l’âge de six mois et trois ans, mais elle peut survenir
à tout âge. Elle se manifeste surtout durant les mois d’hiver. Les principaux virus
en cause sont le para-influenza, le virus respiratoire syncytial et l’adénovirus.
Les laryngotrachéites sont le plus souvent causées par le S. aureus et le S. pneu-
moniæ. Le Candida et le cytomégalovirus peuvent causer une laryngite chez un
hôte immunocompromis.
III. Explorations
Le diagnostic est essentiellement clinique. L’hémogramme ne fournit habituelle-
ment pas d’information utile. Sauf en phase avancée, les gaz sanguins et la SaO2
ne sont pas altérés. L’identification du virus en cause n’a pas d’intérêt pratique.
Les radiographies des tissus mous du cou ne sont pas nécessaires, sauf s’il y a un
doute quant à la possibilité d’un abcès rétropharyngé, de la présence d’un corps
étranger ou d’une épiglottite. Il n’y a pas de corrélation entre le degré d’effilement
de la région sous-glottique sur la radiographie de face et la gravité des manifes-
tations cliniques. Un festonnement de la paroi trachéale (pseudo-membranes)
constitue un indice de laryngotrachéite bactérienne.
Un hémangiome, une sténose sous-glottique ou une laryngomalacie peuvent
demeurer très peu symptomatiques jusqu’à la survenue d’une infection virale ;
il faut suspecter une affection sous-jacente, et investiguer en conséquence, en
présence d’une laryngite grave ou prolongée (> 7 jours) ou de laryngites à
répétition.
IV. Traitement
Laryngite légère Il y a présence de toux aboyante, d’une voix rauque, mais
sans détresse respiratoire ni stridor au repos (il peut y avoir un stridor lorsque
l’enfant s’agite ou pleure). Pour cette catégorie de patients, plusieurs études
ont démontré que l’administration d’une dose unique de dexaméthasone par
voie orale (0,6 mg/kg/dose ; max : 15 mg) réduit la durée des symptômes et le
risque de reconsultation, améliore le sommeil de l’enfant et diminue l’anxiété
parentale. L’administration d’air frais humidifié est généralement recomman-
dée pour soulager les symptômes, mais l’efficacité de cette mesure n’a pas
été étudiée.
Laryngite modérée ou grave En présence de dyspnée importante ou de
stridor au repos, on administre de la L-adrénaline en nébulisation, en plus
de la dexaméthasone. La dose de L-adrénaline recommandée est de 0,5 mL/kg
d’une solution 1:1 000 (max : 5 mL/dose). Certains hôpitaux administrent 2,5 mL
chez l’enfant de 5 kg et moins et 5 mL chez l’enfant de plus de 5 kg. On répète
ce traitement au besoin toutes les 15 à 30 minutes, en surveillant la fréquence car-
diaque. L’effet de la L-adrénaline est remarquable, mais de courte durée. On
recommande d’observer l’enfant pendant trois heures après l’administration de
la dernière dose. L’enfant peut alors avoir congé s’il ne présente plus de détresse
respiratoire ni de stridor au repos. Les parents doivent être avisés de reconsulter
s’il y a récidive de stridor au repos ou de difficulté respiratoire.
Obstruction congénitale du canal lacrymal et dacryocystite 829
V. Pronostic
Le pronostic est le plus souvent excellent. Des récidives surviennent occasionnel-
lement. Des laryngites spasmodiques à répétition suggèrent un terrain atopique.
Dacryocystite
La dacryocystite est une infection du sac lacrymal localisé dans la fosse lacry-
male médialement au canthus interne. Elle peut être favorisée par une dacryo-
sténose. Elle se manifeste par une tuméfaction douloureuse et un érythème situé
à l’angle interne de l’œil, à la portion nasale de la paupière inférieure. Elle peut
s’accompagner d’une hyperhémie de la conjonctive et d’un écoulement purulent.
La fièvre est le plus souvent absente. Les agents étiologiques fréquemment en
cause sont le Streptococcus pneumoniæ, l’Hæmophilus influenzæ, le Pseudomo-
nas et le Staphylococcus aureus.
Outre le traitement topique, une antibiothérapie par voie générale est indi-
quée. Selon l’importance des signes locaux et systémiques, et la présence ou
non d’une cellulite préseptale ou orbitaire, on administre l’antibiothérapie par
voie orale ou intraveineuse. Les principaux choix sont les suivants.
1) Par voie orale
• amoxicilline/acide clavulanique ou céphalexine (céfalexine).
2) Par voie intraveineuse
• association de céfotaxime ou de ceftriaxone et d’une pénicilline antista-
phylococcique : cloxacilline (Canada, France) ou oxacilline (France) ou
vancomycine dans les cas réfractaires ;
• céfuroxime.
Occlusion intestinale 831
Généralités
L’occlusion intestinale se définit comme un arrêt de progression du contenu intes-
tinal incluant les matières et les gaz. Les occlusions de l’estomac, du duodénum
ou de l’intestin grêle proximal sont qualifiées de hautes, et celles du grêle distal,
du côlon, du rectum ou de l’anus sont dites basses.
L’occlusion intestinale est mécanique ou fonctionnelle. Une occlusion ou un
iléus mécanique peut siéger n’importe où entre l’œsophage et l’anus. Plusieurs
situations peuvent causer une occlusion mécanique chez le nouveau-né ou l’enfant
plus âgé, par exemple une obstruction intraluminale, une compression extradiges-
tive ou une torsion (voir tableau 175.1). Une occlusion fonctionnelle (iléus réflexe
ou paralytique) peut être provoquée par un processus infectieux ou par une per-
turbation métabolique, toxique, vasculaire ou neurologique (voir encadré 175.1).
Le présent chapitre traite des affections congénitales et acquises les plus
fréquemment à l’origine d’occlusion digestive en pédiatrie.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse porte sur les antécédents personnels, en particulier de chirurgie
abdominale (occlusion sur brides) et de constipation chronique, ainsi que sur
l’évolution et la nature des symptômes. L’occlusion intestinale peut se présen-
ter de façon aiguë ou chronique. On recherche l’un des symptômes obstructifs
suivants : vomissements (bilieux lorsque l’obstacle est situé en aval de l’ampoule
de Vater ou en cas d’obstruction prolongée), douleur (intense, à type de crampe,
continue ou intermittente), arrêt de passage des matières et des gaz et manifes-
tations systémiques secondaires à un état de choc. Dans les cas d’obstruction
incomplète ou récidivante, la présentation peut être plus subtile avec moins de
symptômes obstructifs et plus de symptomatologie douloureuse.
Chez le nouveau-né, l’anamnèse comporte également les antécédents obsté-
tricaux, notamment les résultats des échographies anténatales, à la recherche d’un
polyhydramnios (qui peut être associé à une atrésie duodénale) et d’anomalies
digestives (exemples : présence d’anses digestives dans le thorax ou d’une disten-
sion des anses intestinales, de calcifications, d’ascite). Certains nouveau-nés ont
parfois subi une évaluation extensive en période anténatale, incluant une réso-
nance magnétique nucléaire obstétricale, et ils naissent alors avec un diagnostic
présomptif. On recherche le passage ou non de méconium (normalement émis
832 Occlusion intestinale
Une cicatrice abdominale peut suggérer une cause précise, comme des adhé-
rences postopératoires, mais la prudence est de mise, car la chirurgie minimale-
ment invasive (laparoscopie) se pratique de plus en plus fréquemment pour des
interventions majeures ; elle laisse une cicatrice minime, ce qui peut induire en
erreur. L’abdomen entier, incluant la région inguinale et génitale, doit être examiné
en cas de douleur abdominale, car une hernie inguinale étranglée avec occlu-
sion et ischémie intestinales pourrait passer inaperçue si l’examen est incomplet.
L’inspection de l’abdomen révèle une distension abdominale dans le cas d’une
occlusion basse. On peut aussi observer des ondes péristaltiques de lutte (signe
tardif) dans les occlusions basses et un péristaltisme de lutte gastrique dans les
cas de sténose hypertrophique du pylore. La percussion permet de préciser si
la distension est causée par de l’ascite ou des anses digestives pleines (matité)
ou par des gaz (tympanisme). À la palpation, on recherche une hépatomégalie,
une splénomégalie, une masse, une olive pylorique, une douleur localisée ou
un empâtement, ainsi que des signes d’irritation péritonéale (position en chien
de fusil, défense pariétale localisée, contracture, signe du ressaut). À l’ausculta-
tion, un péristaltisme très actif fait penser à une occlusion mécanique en phase
précoce. Un silence auscultatoire est suggestif d’une occlusion fonctionnelle ou
d’une occlusion mécanique en phase tardive. Le toucher rectal peut être révéla-
teur dans les cas d’occlusion intestinale très basse. Ainsi, un rectum vide et étroit
et une débâcle de selles lorsqu’on retire le doigt évoquent une maladie de Hir-
schsprung. Toutefois, le toucher rectal est un geste que l’on pratique avec parci-
monie chez l’enfant. Une rectorragie peut signifier une invagination intestinale
834 Occlusion intestinale
III. Explorations
Certains examens paracliniques sont essentiels pour aider à établir un diagnos-
tic et pour guider le traitement de soutien : hémogramme, ionogramme, gaz
sanguins, amylasémie pancréatique ou lipasémie, urée sérique, créatininémie
et densité urinaire.
La radiographie de l’abdomen en position debout (sauf chez le nouveau-né)
et en décubitus latéral avec rayons horizontaux peut révéler certains signes d’in-
térêt majeur.
• Des niveaux hydro-aériques confirment l’existence d’une occlusion mécanique
ou fonctionnelle ; ils peuvent aussi indiquer le site de l’occlusion (haute ou
basse) ; au cours d’un épisode de gastro-entérite, les niveaux hydro-aériques
sont habituellement plus diffus.
• De petits niveaux liquidiens dans la fosse iliaque droite peuvent accompagner
l’iléus paralytique secondaire à une appendicite. Des niveaux liquidiens plus
clairsemés et diffus s’observent en cas de gastro-entérite.
• Une occlusion par strangulation se manifeste par des niveaux liquides dans
des anses fortement dilatées en amont de l’obstruction et par une absence
de gaz en aval ; le patient peut aussi présenter des rectorragies.
• Une distension importante des anses intestinales signale souvent une occlu-
sion complète et basse.
• Une image aérienne en « double bulle » chez un nouveau-né en occlusion haute
est pathognomonique d’une occlusion duodénale causée par une atrésie ou
un diaphragme duodénal ou encore par un pancréas annulaire. Ce diagnostic
est le plus souvent posé par échographie anténatale.
• L’absence ou la rareté des gaz dans l’abdomen suggèrent une occlusion haute,
ou une occlusion basse qui dure depuis plusieurs jours, les anses digestives
étant remplies de liquide. Un cliché abdominal contenant peu d’air doit aussi
faire évoquer le diagnostic de volvulus, surtout chez le nourrisson. On doit
alors procéder rapidement aux autres examens diagnostiques : l’échographie
abdominale permet d’évaluer le pylore et la position des vaisseaux mésen-
tériques ; une étude radiologique de l’œsophage avec produit de contraste
recherche la position du ligament de Treitz et un aspect en tire-bouchon des
premières anses digestives. Chez un enfant âgé de deux à huit semaines, la
dissociation entre la quantité d’air gastrique (augmentée) et l’air dans l’intestin
(absent ou en quantité nettement diminuée) doit faire évoquer la possibilité
d’une sténose hypertrophique du pylore.
• L’absence d’air dans le rectum avant le toucher rectal est observée dans la
maladie de Hirschsprung.
• Une zone « déshabitée » (absence localisée de gaz) peut indiquer la présence
d’une masse ou d’un processus inflammatoire (boudin d’invagination, kyste,
abcès, anse dilatée par du liquide ou tumeur).
• Un croissant gazeux (air libre) sous le diaphragme apparaissant sur un cliché
effectué en position debout traduit une perforation. Chez le nouveau-né ou le
Occlusion intestinale 835
nourrisson pour qui le cliché abdominal est pris en position couchée, la pré-
sence d’air libre, si elle est en grande quantité, se manifeste comme un cercle
d’air central situé en dehors des anses digestives ou encore par une définition
des organes (foie, rate, ligament falciforme, anses digestives) meilleure qu’à
l’habitude, à cause du contraste avec l’air. Un cliché avec rayon horizontal en
position couchée permet de visualiser l’air libre et aide au diagnostic d’une
perforation digestive.
• Un objet radio-opaque tel un stercolithe, un corps étranger ou un calcul peut
orienter le diagnostic.
• Chez le prématuré, une pneumatose intestinale, une anse dilatée fixe, des
signes de perforation ou la présence de gaz dans la veine porte suggèrent
une entérocolite nécrosante. Dans le doute, des radiographies répétées per-
mettent d’en suivre l’évolution.
• Chez le nouveau-né, la présence de calcifications fait évoquer une péritonite
anténatale.
L’échographie abdominale sert à documenter la présence de liquide libre
dans la cavité péritonéale (ascite, sang, pus). Elle permet également de diagnos-
tiquer une sténose du pylore, une lithiase vésiculaire ou urinaire, une appendi-
cite, une pancréatite, un abcès ou une invagination intestinale. Une compression
externe par une masse causant une occlusion peut aussi être diagnostiquée par
échographie ; après un traumatisme, il faut soupçonner un hématome intrapa-
riétal intestinal. Une position anormale de l’artère et de la veine mésentériques
supérieures peut orienter vers un diagnostic de volvulus intestinal (l’artère est
à droite ou surperposée à la veine, alors que normalement, la veine se trouve à
droite de l’artère) ; on recherche alors au Doppler un aspect en tourbillon des
vaisseaux mésentériques. L’échographie Doppler peut aussi jouer un rôle dia-
gnostique dans les maladies inflammatoires intestinales.
Dans certains cas (occlusion basse, bouchon méconial, iléus méconial, maladie
de Hirschsprung), un lavement hydrosoluble peut être utile à des fins diagnos-
tiques, voire thérapeutiques. D’autres situations, telle une occlusion intermittente
causée par une malrotation, nécessitent un transit œsophago-gastro-duodénal pour
confirmer le diagnostic. L’indication d’une tomodensitométrie (TDM) abdominale
se fonde sur les résultats des examens mentionnés précédemment. La TDM est
très utile dans les cas de masse ou d’abcès, non seulement pour préciser la loca-
lisation de la lésion et ses caractéristiques, mais aussi pour le suivi.
Traitement
I. Traitement symptomatique
Le traitement d’une occlusion digestive mécanique est habituellement chirurgi-
cal, sauf exception (exemples : adhérences postopératoires, iléus méconial, lym-
phome intestinal, maladie inflammatoire) (voir section suivante). Tout traitement
chirurgical doit être précédé d’une préparation adéquate de l’enfant, incluant la
correction des troubles hémodynamiques et hydro-électrolytiques associés.
Que l’occlusion soit mécanique ou fonctionnelle, le traitement de soutien
comporte les éléments suivants :
• l’arrêt de l’alimentation et le drainage de l’estomac au moyen d’une sonde
nasogastrique mise sous aspiration intermittente ;
836 Occlusion intestinale
Une sténose colique peut être congénitale ou acquise ; les sténoses coliques
secondaires sont observées, par exemple, à la suite d’une entérocolite nécrosante
ou chez les patients atteints de fibrose kystique (mucoviscidose) et qui ont reçu
des quantités excessives de suppléments d’enzymes pancréatiques. Le traitement
est chirurgical avec résection de la zone sténosée et anastomose.
Persistance du canal omphalomésentérique Les malformations du canal
omphalomésentérique peuvent rester complètement asymptomatiques, se révéler
par une fistule intestino-ombilicale, s’il y a persistance complète, ou par une
occlusion lorsqu’il y a volvulus intestinal autour d’un canal oblitéré persistant ou
invagination iléocolique sur diverticule de Meckel. Ces anomalies se révèlent en
général avant l’âge de deux ans. Le traitement est chirurgical avec résection du
segment fautif et anastomose.
Duplication Les duplications digestives peuvent survenir à tous les niveaux du
tractus digestif (bouche, œsophage, estomac, duodénum, intestin grêle, colon,
rectum) et causer une obstruction. La duplication peut contenir du tissu hétéro-
topique (le plus fréquemment, il s’agit de tissu gastrique) et communiquer avec
d’autres structures adjacentes. L’exérèse de la duplication est curative.
Malrotation intestinale et volvulus Une malrotation avec ou sans vol-
vulus peut être à l’origine d’une occlusion. Le volvulus de l’intestin grêle sur
malrotation constitue l’urgence chirurgicale majeure en pédiatrie. Plus de la
moitié des patients atteints se présentent au cours du premier mois de vie avec
le symptôme typique de cette affection que sont les vomissements bilieux.
La survie du bébé dépend de la rapidité du diagnostic et du traitement. L’en-
fant doit rapidement bénéficier d’une chirurgie pour « dévolvuler » le grêle et
replacer les intestins en position de non-rotation dans l’abdomen. Chez les
nouveau-nés avec dextrocardie, on doit explorer radiologiquement le situs
abdominal pour exclure une malrotation. Quel que soit l’âge du patient, une
malrotation asymptomatique découverte fortuitement doit être opérée si la
base du mésentère, soit la distance entre le ligament de Treitz et la valvule
iléocæcale, est étroite, car elle risque de devenir symptomatique. Une inter-
vention n’est pas nécessaire si la base du mésentère est large et que le patient
est asymptomatique.
Maladie méconiale Chez un nouveau-né souffrant d’iléus méconial, un lave-
ment hydrosoluble hyperosmolaire est administré sous radioscopie jusqu’au
reflux du produit de contraste dans les anses non dilatées. L’« appel d’eau » ainsi
créé dans l’intestin aide à lever l’occlusion ; il est primordial d’assurer une perfu-
sion électrolytique adéquate du nouveau-né. Si l’obstruction n’est pas levée, ou
en cas d’obstruction complète, un traitement chirurgical devient nécessaire. Le
diagnostic de fibrose kystique doit être confirmé dès que possible (voir Fibrose
kystique [mucoviscidose] ). En cas d’équivalent d’iléus méconial chez un patient
plus âgé atteint de fibrose kystique, on traite une occlusion incomplète au moyen
d’une solution électrolytique au polyéthylène glycol administrée par voie orale
ou sonde gastrique et par lavement.
Un bouchon méconial peut causer une obstruction digestive basse chez un
nouveau-né prématuré ou de petit poids. La stimulation rectale ou un lavement
avec produit de contraste suffisent habituellement à lever l’occlusion.
Maladie de Hirschsprung Le traitement consiste à pratiquer des irrigations
rectales pour décomprimer l’intestin. On pratique le traitement chirurgical défi-
nitif lorsque l’état général de l’enfant le permet.
838 Œdème
Complications
Toute occlusion intestinale prolongée sans traitement adéquat peut se compliquer
d’une déshydratation importante suivie d’un choc hypovolémique ; la déshydra-
tation est causée par les vomissements et la création d’un 3e secteur, lui-même
secondaire à l’accumulation de liquide dans les anses dilatées.
La dilatation massive des anses digestives peut engendrer une septicémie
faisant suite à une translocation bactérienne ; une ischémie de l’intestin peut aussi
survenir, car la pression de perfusion dans la paroi intestinale est affectée par
la distension importante. Une nécrose ischémique de la paroi s’observe aussi
lorsqu’il y a étranglement d’un segment du mésentère ou de l’intestin ; cela peut
évoluer vers la perforation et la péritonite.
La nécrose et la résection d’un long segment de l’intestin grêle peuvent
conduire à un syndrome de malabsorption (syndrome de l’intestin court). Les
patients concernés nécessitent une hospitalisation prolongée pour alimentation
entérale et parentérale ; ils sont sujets à de multiples complications. Une transplan-
tation intestinale peut même s’avérer nécessaire.
Œdème 176
Marie Gauthier, Ahmed Moussa
Généralités
La pression hydrostatique capillaire favorise normalement le mouvement trans-
capillaire de liquide vers l’espace interstitiel, alors que la pression oncotique
retient les liquides dans l’espace intravasculaire. Il en résulte un faible mouve-
ment net vers l’espace interstitiel ; grâce aux vaisseaux lymphatiques, ce liquide
interstitiel est retourné dans le système veineux.
Lorsque cet équilibre est rompu, par exemple à cause d’une augmentation
de la pression hydrostatique capillaire, d’une perméabilité capillaire excessive ou
d’une anomalie de la circulation lymphatique, de l’œdème peut survenir. Celui-ci
peut être localisé ou généralisé, transitoire ou permanent. Il peut prendre le
godet ou non (toutefois, un lymphœdème ne produit pas d’œdème à godet). Il
arrive fréquemment que l’œdème soit la première manifestation d’une maladie
causale sous-jacente.
Œdème 839
2) Œdème généralisé
L’œdème généralisé n’apparaît que lorsqu’il y a une expansion importante
du liquide extracellulaire ; le matin, il peut être plus marqué dans la région
des paupières et, si l’enfant est ambulant, il prédomine aux chevilles le soir. Il
arrive qu’un œdème généralisé se manifeste principalement à un endroit, à ses
débuts ou lorsqu’il n’est pas très important, et qu’il donne alors le change pour
un œdème localisé. Ainsi, l’œdème palpébral isolé est un mode de présentation
fréquent du syndrome néphrotique.
L’œdème généralisé peut dépendre de mécanismes physiopathologiques divers.
• Administration excessive de liquides par voie orale ou intraveineuse : elle
devrait être extrême pour causer un œdème généralisé chez l’enfant normal,
car celui-ci peut excréter des quantités considérables d’eau par voie rénale.
Par contre, cette situation peut se produire facilement chez l’enfant se trou-
vant en insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale ou chez celui qui présente
une hypoprotéinémie.
• Diminution de la pression oncotique plasmatique résultant d’une hypo-
albuminémie. Plusieurs causes et tableaux cliniques peuvent se présenter.
– Un déficit en protéines dans l’alimentation, associé à un apport calorique
insuffisant, ne cause un œdème hypoprotéinémique que tardivement, en
cas de malnutrition majeure ; on parle alors de kwashiorkor (voir Malnu-
trition, marasme et kwashiorkor). L’histoire nutritionnelle permet d’établir
le diagnostic.
– Toutes les formes de malabsorption intestinale généralisée peuvent entraî-
ner à la longue un œdème hypoprotéinémique. L’œdème (volontiers asso-
cié à une anémie) constitue un des modes de présentation de la fibrose
kystique (mucoviscidose) chez le nourrisson. On peut aussi l’observer en
cas de maladie cœliaque prolongée.
– Un défaut de synthèse des protéines sériques, secondaire à une maladie
hépatique grave comme une cirrhose, peut être responsable d’un œdème
hypoprotéinémique. Les signes d’atteinte hépatique sont habituellement
évidents. Lorsqu’il y a une hypertension portale, une ascite peut aussi être
présente.
– Une perte excessive de protéines par voie rénale survient en cas de syn-
drome néphrotique (voir Syndrome néphrotique). C’est une des causes les
plus fréquentes d’œdème généralisé.
– Un œdème hypoprotéinémique peut résulter d’une entéropathie exsuda-
tive. Celle-ci peut être causée par diverses maladies rares. En pédiatrie,
la forme la plus fréquente est l’entéropathie exsudative causée par l’aller-
gie aux protéines du lait de vache. Elle se manifeste habituellement avant
l’âge de deux ans par un œdème généralisé associé à une anémie ferri-
prive. Le diagnostic repose sur la disparition rapide de l’œdème à la suite
du retrait des protéines bovines de l’alimentation.
• Augmentation de la pression hydrostatique : elle peut aussi être responsable
d’un œdème. En cas d’insuffisance cardiaque, l’œdème des chevilles se trouve
surtout chez le grand enfant et l’adolescent, alors que c’est l’œdème des pau-
pières et de la région sacrée qui est surtout observé chez l’enfant plus jeune.
844 Œdème
III. Traitement
Dans plusieurs cas, l’œdème ne mérite pas de traitement en soi et se résorbe
une fois l’affection sous-jacente maîtrisée. Une restriction hydrique est souvent
indiquée, mais il faut être prudent chez les patients dont le volume circulant effi-
cace se trouve diminué (exemples : syndrome néphrotique, cirrhose). En présence
d’une ascite ou d’épanchements pleuraux importants, un traitement de l’œdème
lui-même, par exemple avec un diurétique ou une perfusion d’albumine, peut
s’avérer nécessaire. La surveillance du poids corporel constitue une méthode
plus précise que l’inspection pour évaluer l’évolution d’un œdème généralisé.
Œdème angioneurotique (œdème de Quincke) 845
Généralités
L’œdème angioneurotique est aussi appelé œdème de Quincke, angiœdème ou
urticaire géante. L’œdème angioneurotique est souvent accompagné d’urticaire et,
dans la plupart des cas, les mécanismes physiopathologiques et les causes de ce type
d’œdème sont identiques à ceux de l’urticaire. La seule différence est que l’œdème
angioneurotique touche des tissus plus profonds que ne le fait l’urticaire.
L’œdème angioneurotique héréditaire, une maladie très rare (prévalence
de 1/100 000), est transmis selon le mode autosomique dominant ; il peut notam-
ment se manifester à l’occasion de trauma local, de stress et d’infection. Il est
habituellement associé à un déficit de l’inhibiteur de la fraction C1 du complé-
ment. Il ne s’accompagne pas d’urticaire ou de prurit.
Manifestations cliniques
Comme dans le cas de l’urticaire, les symptômes surviennent par poussées aiguës
qui durent de quelques heures à quelques jours. L’œdème est plus profond et plus
diffus que dans le cas de l’urticaire. Il loge souvent sur les paupières, les oreilles
et les lèvres. Il peut aussi toucher les articulations et les organes génitaux. Une
atteinte du tube digestif peut se manifester par des crampes abdominales et des
vomissements. L’atteinte laryngée est la plus grave et peut mettre la vie en danger ;
les symptômes sont de la toux et une dyspnée obstructive, laryngée ou bronchique.
Explorations
(Voir Urticaire.)
Les patients atteints d’œdème angioneurotique héréditaire ont habituellement
un taux plasmatique abaissé de la fraction C4 du complément, particulièrement
au moment des crises. Le dosage quantitatif et fonctionnel de l’inhibiteur de la
fraction C1 n’est possible que dans certains laboratoires.
Traitement
L’œdème angioneurotique bénin aigu ou la forme chronique se traitent comme
l’urticaire. Le traitement des cas graves consiste à administrer de l’adrénaline par
voie intramusculaire et des antihistaminiques. S’il y a atteinte laryngée, on peut
aussi essayer de l’adrénaline en inhalation, ainsi que des corticostéroïdes ; en cas
d’échec, une intubation endotrachéale devient parfois nécessaire.
L’œdème angioneurotique héréditaire ne répond habituellement pas au traite-
ment par adrénaline, antihistaminiques ou corticostéroïdes. La meilleure approche
thérapeutique en cas de crise aiguë demeure l’injection d’une préparation purifiée
de l’inhibiteur de la fraction C1 du complément. Ce traitement n’est pas offert
partout. On peut avoir recours au plasma congelé dans les cas où l’inhibiteur de
la fraction C1 du complément n’est pas disponible. Il existe d’autres traitements
potentiels tels que l’icatibant, un inhibiteur du récepteur de la bradykinine, et
l’écallantide, un inhibiteur de la kallikréine, mais leur utilisation n’est pas encore
approuvée chez l’enfant.
846 Omphalite
Prévention
(Voir Urticaire.)
Selon l’étiologie et si le patient est considéré comme à risque de récidive d’œdème
angioneurotique laryngé, un auto-injecteur d’adrénaline peut être prescrit.
L’administration préventive de préparation purifiée de l’inhibiteur de la
fraction C1 du complément est maintenant l’option de choix pour l’œdème
angioneurotique héréditaire. On peut aussi utiliser l’acide tranexamique pour
la prévention des crises chez les enfants atteints. Le danazol reste plus efficace,
mais comme il s’agit d’un androgène, ce traitement n’est habituellement pas
recommandé chez l’enfant.
Omphalite 178
Melanie Vincent, Maude Saint-Jean
Généralités
Devenue rare dans les pays développés, l’infection néonatale du cordon ombi-
lical et de la région avoisinante demeure un problème potentiellement grave.
Les germes en cause sont ceux qui colonisent le nouveau-né dans les premières
heures de vie, le plus fréquent étant le Staphylococcus aureus. Le Streptococcus
pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A) est parfois associé à une
transmission nosocomiale au moment d’éclosions en pouponnière. Certaines
bactéries à Gram négatif, tel l’Escherichia coli, peuvent également causer l’om-
phalite. Dans un contexte de soins intensifs, des germes plus résistants peuvent
être trouvés. Les infections polymicrobiennes sont fréquentes.
Les principaux facteurs de risque de voir se développer une omphalite sont
le petit poids de naissance, la prématurité, la rupture prématurée des membranes
et la chorio-amnionite.
Manifestations cliniques
On note un érythème, un œdème et une sensibilité de la région périombilicale. On
peut également observer un écoulement mucoïde ou purulent ainsi qu’une odeur
nauséabonde provenant de l’ombilic. Le cordon saigne parfois légèrement à cause
d’un retard d’épithélialisation ou d’une oblitération des vaisseaux. La fièvre et
l’atteinte de l’état général suggèrent une complication systémique.
Explorations
L’hémogramme peut révéler une hyperleucocytose avec une prédominance
de neutrophiles. La protéine C réactive est généralement élevée. Il est indiqué de
cultiver les sécrétions ombilicales. Cependant, on doit interpréter les résultats
avec prudence : l’écouvillonnage superficiel ne permet pas d’attribuer avec certi-
tude un rôle causal au germe cultivé. L’hémoculture se révèle positive dans 10 %
des cas environ. Lorsqu’il y a des signes d’atteinte systémique, un bilan septique
complet est de mise, incluant une ponction lombaire.
On doit évoquer la possibilité que le patient présente un déficit immuni-
taire primaire tel qu’une neutropénie congénitale ou un déficit en intégrines
(facteurs d’adhésion leucocytaire). Les signaux d’alerte sont une neutrophilie
ou une neutropénie importante, une absence de pus ou un cordon toujours en
place après l’âge de trois semaines.
Oreillons 847
Traitement
Pour un cordon suintant, on recommande des mesures d’hygiène locale. Dans le
cas d’une omphalite franche, une antibiothérapie parentérale visant le S. aureus et
les bactéries à Gram négatif doit être entreprise précocement ; on peut utiliser la
cloxacilline (Canada, France), l’oxacilline (France) ou la céfazoline en association
avec la gentamicine ou la céfotaxime. Si l’épidémiologie locale fait suspecter la
présence de S. aureus ou si le patient ou un membre de la maisonnée est connu
comme étant porteur de SARM, l’utilisation de la vancomycine doit être envisagée
dans le traitement de première intention, en attendant le résultat des cultures. Le
traitement est ensuite ajusté selon les résultats des cultures et de l’antibiogramme ;
on le poursuit jusqu’à la disparition des signes systémiques et locaux, généra-
lement pendant un minimum de 10 à 14 jours en l’absence de complications.
Complications
Plusieurs complications sont possibles : septicémie, péritonite, fasciite nécrosante
de la paroi abdominale, thrombose de la veine ombilicale avec apparition ulté-
rieure d’une hypertension portale, thrombophlébite suppurée, artérite ombilicale
septique et, très rarement, abcès hépatique et endocardite.
Pronostic
Le pronostic s’avère excellent lorsqu’un traitement approprié est entrepris
précocement.
Oreillons 179
Bich Hong Nguyen, Philippe Ovetchkine
Généralités
Il s’agit d’une infection due à un virus de la famille des paramyxovirus. Infection
habituellement bénigne de l’enfance, elle se présente souvent sous la forme d’une
parotidite bilatérale. La période d’incubation est de 14 à 21 jours. La contagio-
sité commence environ deux jours avant l’apparition des symptômes, et elle se
poursuit pendant 7 à 10 jours. Cette affection demeure rare chez le nourrisson
âgé de moins de un an, en raison de l’immunité passive conférée par les anti-
corps maternels. Plusieurs autres virus (Coxsackie, influenza, para-influenza) ou
bactéries peuvent aussi causer une parotidite (voir Parotidite).
Manifestations cliniques
La maladie se manifeste comme une infection virale banale avec une fièvre modé-
rée, des céphalées, de l’anorexie, une otalgie qui se majore à la déglutition, des
malaises et des troubles digestifs mineurs. À ce stade, on peut aussi observer un
œdème et une hyperhémie de l’orifice du canal de Sténon. L’augmentation de
volume des glandes salivaires est caractéristique. Cette tuméfaction des parotides,
de consistance élastique, comble le sillon rétromandibulaire, contrairement aux
adénopathies cervicales. Elle est la plupart du temps bilatérale. Elle peut être dou-
loureuse, surtout quand le volume de la glande augmente rapidement. L’atteinte
848 Oreillons
Explorations
Devant un tableau clinique caractéristique, aucune exploration n’est nécessaire.
L’échographie peut être utile pour différencier une adénite d’une parotidite. Une
amylasémie élevée peut également aider à poser le diagnostic. Une hyperleu-
cocytose suggère plutôt une parotidite bactérienne. La preuve virologique peut
être apportée par la culture virale des sécrétions respiratoires, de l’urine et du
LCR. Le diagnostic sérologique repose sur le dosage des IgM spécifiques de la
phase aiguë de la maladie. On peut mettre en évidence une ascension des
anticorps sériques IgG entre la phase aiguë et la phase de convalescence.
Ces méthodes virologiques ne se justifient que dans des circonstances excep-
tionnelles, lorsqu’on doit prouver le diagnostic.
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique. Des analgésiques antipyrétiques tels l’acéta-
minophène (paracétamol) ou un anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène)
peuvent soulager le patient. Les corticostéroïdes ont été utilisés en cas d’orchite
(voir ci-après), mais ils semblent inefficaces pour soulager les symptômes et pour
prévenir l’atrophie testiculaire.
Complications
Diverses complications peuvent survenir.
La méningite aseptique, habituellement bénigne, peut être inapparente ou
se manifester par des céphalées et des vomissements ; elle survient dans 5 % des
cas environ. L’encéphalite est plus rare, surtout depuis la vaccination, mais elle
peut entraîner des séquelles neurologiques ou le décès dans une minorité
de cas.
Une orchite peut survenir ; elle est rarement bilatérale. Sa fréquence est
d’environ 20 % chez les adolescents et les adultes ; seuls quelques cas ont été
rapportés chez des enfants prépubères. La stérilité demeure rare, mais on
note un certain degré d’atrophie testiculaire à long terme chez environ 50 %
des patients.
La surdité neurosensorielle permanente, heureusement exceptionnelle,
représente la complication la plus redoutable des oreillons et constitue l’une des
justifications de la vaccination de routine.
Enfin, des complications plus rares ont été rapportées : myocardite, fibroélas-
tose endocardique, arthrite, néphrite, myélite transverse, polyradiculite ascendante,
ataxie cérébelleuse, thyroïdite, pancréatite, oophorite, mastite et thrombopénie.
La tératogénicité des oreillons contractés pendant le 1er trimestre de la grossesse
demeure controversée.
Pronostic
Le pronostic est généralement excellent.
Otite externe 849
Prévention
Depuis 1967, il existe un vaccin vivant atténué ; son efficacité atteint 95 %. On
l’administre de routine dans la deuxième année de vie, en même temps que les
vaccins contre la rougeole, la rubéole et dans certains pays, la varicelle. Une
deuxième dose est recommandée de routine selon les calendriers vaccinaux
nationaux. Les réactions sont minimes ; une parotidite vaccinale a cependant
été rapportée avec certaines souches. Les contre-indications à la vaccination
chez l’enfant sont la présence d’une allergie à l’un des composants du vaccin
(exemples : néomycine, gélatine) ou un état d’immunosuppression. Les femmes
enceintes ne doivent pas être vaccinées. Lorsqu’on administre des immunoglo-
bulines à un patient, le vaccin, pour être efficace, doit être donné deux semaines
avant ou plusieurs mois après elles. En cas d’hospitalisation, les mesures d’iso-
lement respiratoire doivent être prises pendant toute la période de contagiosité.
Généralités
L’otite externe, ou « otite du baigneur », est une inflammation du conduit auditif
externe. Elle est le plus souvent d’origine infectieuse et parfois d’origine derma-
tologique ou allergique. La bactérie la plus souvent responsable est le Pseudomo-
nas aeruginosa, suivi du Staphylococcus aureus. Une infection fongique survient
chez certains patients (exemple : porteurs d’une prothèse auditive) ou à la suite
d’un traitement antibiotique. La natation dans un environnement chaud, humide
et contaminé est généralement responsable de cette infection, mais d’autres fac-
teurs de risque peuvent être en cause : bouchons de cérumen, traumatisme, corps
étranger, port d’appareils auditifs, dermatoses (eczéma) et, occasionnellement,
certaines maladies sous-jacentes (exemples : trisomie 21, malformation faciale,
immunodéficience, diabète).
Manifestations cliniques
La symptomatologie peut varier d’un simple prurit à une douleur très intense.
Celle-ci est souvent exacerbée par la mobilisation du tragus ou du pavillon de
l’oreille ainsi que par la mastication. Lorsqu’il existe une otorrhée, celle-ci est
aqueuse ou purulente et beaucoup moins abondante que dans le cas d’une otite
moyenne suppurée. Le conduit auditif externe présente une hyperhémie et de
l’œdème pouvant atteindre la couche épithéliale du tympan (lorsqu’il est visible).
Dans les cas d’otite externe importante, il y a obstruction presque complète du
canal par le processus inflammatoire, ce qui peut causer une hypoacousie ; de la
fièvre, une cellulite préauriculaire et postauriculaire simulant une otomastoïdite
et des adénopathies satellites peuvent aussi se manifester.
Explorations
Le diagnostic reste principalement clinique. Aucune exploration complémentaire
n’est nécessaire, sauf pour les cas d’otite réfractaire ou survenant chez un enfant
850 Otite externe
Traitement
Le traitement comporte trois volets.
1) Hygiène : il faut nettoyer soigneusement le conduit auditif externe pour enle-
ver débris, cérumen et pus. Cela peut être effectué par un lavage doux avec
du sérum physiologique.
2) Analgésie : la douleur étant le maître symptôme de cette affection, on peut
donner de l’acétaminophène (paracétamol) ou de l’ibuprofène pour les cas de
légers à modérés et y rajouter un analgésique opioïde (exemple : morphine)
pour les cas plus graves.
3) Traitement topique : application dans le conduit auditif externe, trois ou
quatre fois par jour, de gouttes à usage auriculaire combinant un ou plusieurs
antibiotiques : ciprofloxacine en combinaison avec de l’hydrocortisone, ofloxa-
cine, framycétine, gramicidine, gentamicine, néomycine avec polymyxine B et
hydrocortisone, ou un astringent, solution d’acétate d’aluminium et de chlo-
rure de benzéthonium (exemple : Buro-SolMD). À cause du risque d’ototoxicité,
les gouttes contenant de la gentamicine ou de la néomycine ne devraient pas
être utilisées s’il y a présence d’un tube de tympanostomie ou si le tympan
est perforé. On préconise une durée de traitement de sept jours. Si le conduit est
très œdématié, une mèche ou un tampon imbibé doit être introduit délicate-
ment dans le conduit auditif externe. Dans un tel cas, on recommande d’utili-
ser des gouttes à usage auriculaire qui contiennent aussi un stéroïde topique.
S’il existe des signes généraux d’infection ou des signes locaux d’exten-
sion de l’infection (chondrite, cellulite), une antibiothérapie par voie générale
est indiquée. Si l’on choisit la voie orale, on utilise de préférence l’amoxicilline/
acide clavulanique pendant 10 jours. Si l’on opte pour la voie intraveineuse, une
couverture contre le S. aureus et le P. aeruginosa est préconisée.
En cas d’otite avec fièvre, chez un enfant ayant des antécédents d’infec-
tions, ou en l’absence de réponse au traitement, il convient d’envisager la pos-
sibilité d’une otite moyenne aiguë associée, difficile à diagnostiquer à cause de
l’œdème du conduit auditif.
Complications
Les complications sont les suivantes : cellulite faciale, chondrite du pavillon de
l’oreille, otite externe « maligne » (qui survient préférentiellement chez le patient
diabétique).
Pronostic
Le pronostic demeure excellent lorsque le traitement est adéquat.
Prévention
Des mesures préventives ne sont indiquées que dans les cas récidivants. Elles
consistent à prévenir les bouchons de cérumen en utilisant de l’huile, à éviter
de traumatiser le conduit auditif externe (avec un coton-tige), à bien assécher
Otite moyenne aiguë 851
Généralités
L’otite moyenne aiguë (OMA) constitue l’un des problèmes pédiatriques les
plus fréquents. Le premier pic d’incidence se situe entre les âges de six mois
et de deux ans, et le second, moins important, vers l’âge de cinq à six ans, au
moment de l’entrée à l’école. Environ 80 % des enfants auront présenté un épi-
sode d’OMA avant l’âge de trois ans, alors que 45 % auront eu trois otites durant
cette même période.
L’OMA survient généralement à l’occasion d’une infection virale des voies
respiratoires supérieures. Parmi les facteurs de risque intrinsèques figurent l’âge,
le sexe masculin, l’origine amérindienne ou inuite, les anomalies craniofaciales
(telle la fente palatine), le syndrome de Down et, plus rarement, les déficits
immunitaires. Une prédisposition génétique est possible. Parmi les facteurs de
risque extrinsèques, il faut mentionner l’exposition à la fumée de tabac, l’ap-
partenance à un milieu socio-économique défavorisé ou à une famille nom-
breuse, la fréquentation d’un service de garde (garderie, crèche), l’alimentation
avec une préparation commerciale de lait pour nourrisson pendant les premiers
mois de vie, l’alimentation au biberon en position couchée et l’utilisation de la
sucette (suce).
Les bactéries les plus souvent en cause sont le l’Hæmophilus influenzæ non
typable (de 40 à 50 %), le Streptococcus pneumoniæ (de 30 à 50 %) et, plus rare-
ment, le Moraxella catarrhalis (de 3 à 20 %). Le Streptococcus pyogenes (strep-
tocoque β-hémolytique du groupe A) et le Staphylococcus aureus sont moins
souvent responsables d’OMA. L’administration de routine du vaccin pneumococ-
cique conjugué a entraîné une diminution de la proportion des OMA causées par
le S. pneumoniæ, mais une augmentation proportionnelle de celles générées
par l’H. influenzæ non typable. Chez le nouveau-né et jusque vers l’âge de deux
mois, on peut trouver, outre les agents déjà mentionnés, des bactéries à Gram
négatif, comme l’Escherichia coli.
On ne trouve aucune bactérie dans environ 15 à 25 % des OMA ; divers virus
pourraient être en cause.
Manifestations cliniques
Le diagnostic d’OMA requiert la présence des trois éléments suivants.
1) Un début soudain de signes et de symptômes suggestifs d’inflammation et
d’épanchement de l’oreille moyenne (fièvre, irritabilité ou otalgie).
852 Otite moyenne aiguë
Explorations
Le diagnostic s’appuie sur l’otoscopie, avec une inspection attentive de la
membrane tympanique pour en déterminer la couleur, la transparence, la posi-
tion et la mobilité. Le bombement de la membrane tympanique a plus de 80 %
de valeur prédictive positive pour une OMA. La matité du tympan, associée à
l’estompement des repères anatomiques, est un autre signe utile. L’érythème,
causé par l’inflammation de la membrane tympanique, doit être distingué de
celui provoqué par les pleurs ou la fièvre. S’il est isolé, il a une faible valeur
prédictive positive (15 %) pour une OMA. Le cône lumineux dans le quadrant
antéro-inférieur n’a aucune valeur dans le diagnostic de l’OMA.
On devrait recourir plus souvent à l’otoscopie pneumatique. Elle permet de
mettre en évidence une perte de mobilité du tympan et la présence d’un épan-
chement liquidien. Sa sensibilité est d’environ 95 %, et sa spécificité, de 80 % dans
le diagnostic de l’épanchement de l’oreille moyenne. La tympanométrie a une
sensibilité comparable, mais une spécificité moindre.
La paracentèse permet d’identifier la bactérie responsable et de tester sa
sensibilité. Peu de praticiens recourent à cette manœuvre, qui garde cepen-
dant son intérêt diagnostique dans certaines situations particulières telles qu’un
échec de traitement, une otite néonatale ou une otite survenant chez un enfant
immunocompromis. La paracentèse s’impose dans certains cas d’OMA compli-
quée (exemple : mastoïdite). Une culture du pus devrait être effectuée en cas
d’otorrhée.
Traitement
I. Traitement symptomatique
Pour le traitement de la douleur et de la fièvre, on utilise l’acétaminophène
(paracétamol) ou l’ibuprofène.
II. Observation versus antibiothérapie
Environ 80 % des OMA guérissent spontanément ; la nécessité d’une antibiothé-
rapie systématique doit donc être remise en question. La résolution spontanée
varie selon l’organisme en cause ; elle est de 75 % avec le M. catarrhalis, de 50 %
avec l’H. influenzæ, mais de seulement 20 % avec le S. pneumoniæ.
L’usage excessif des antibiotiques favorise l’émergence de souches multiré-
sistantes. Selon les régions, de 15 à 50 % des souches de S. pneumoniæ ne sont
pas sensibles à la pénicilline. Cette proportion est plus élevée chez les enfants
qui fréquentent un service de garde, chez les enfants âgés de moins de deux
ans et chez ceux qui ont reçu un antibiotique au cours du dernier mois. De plus,
Otite moyenne aiguë 853
III. Antibiothérapie
On choisit l’antibiotique selon l’âge de l’enfant – et donc les germes le plus
probablement en cause –, le coût et la facilité d’administration des diffé-
rents médicaments (intervalles d’administration, goût), la fréquence de leurs
effets secondaires, leur spectre d’action microbiologique et l’existence d’une
allergie médicamenteuse chez le patient concerné.
1) Chez l’enfant âgé de moins de deux mois
• Il faut idéalement faire confirmer ou infirmer le diagnostic par un ORL.
• Le diagnostic d’OMA devrait être posé avec une très grande prudence s’il n’y
a pas de fièvre ni d’altération de l’état général. Si, malgré l’absence de ces
manifestations, le diagnostic d’OMA est retenu, on peut opter pour un traite-
ment ambulatoire par voie orale.
• Il faut hospitaliser l’enfant en cas de fièvre ou d’altération de l’état général.
On effectue un bilan infectieux comprenant une hémoculture et, parfois,
une ponction lombaire. L’antibiothérapie parentérale consiste en une asso-
ciation d’ampicilline et de gentamicine. Lorsqu’on note une amélioration de
l’état général accompagnée d’une normalisation de la température depuis au
moins 24 heures et que les cultures ne démontrent pas de bactériémie ou de
méningite, on peut compléter le traitement par voie orale.
2) Chez l’enfant âgé de deux mois ou plus
• Premier choix : de tous les antibiotiques oraux, l’amoxicilline est celui qui
a le meilleur profil pharmacodynamique contre le S. pneumoniæ sensible,
mais aussi de sensibilité intermédiaire et même non sensible. La posologie
recommandée est de 80 à 90 mg/kg/24 h PO en doses fractionnées toutes les
12 heures (max : 2 g/24 h). On estime qu’environ 80 % des enfants répondront
à ce régime thérapeutique. En cas d’échec de l’amoxicilline à dose élevée, il
faut passer à un antibiotique de deuxième choix.
• Second choix : chez les patients qui ont des symptômes importants (otalgie
marquée ou fièvre > 39 °C) et pour qui l’on souhaite une couverture anti-
biotique plus large visant entre autres l’H. influenzæ et le M. catarrhalis, il
est possible d’opter pour l’amoxicilline/acide clavulanique à la dose de
80 à 90 mg/kg/24 h PO (max : 875-1 000 mg 2 fois par jour) en doses frac-
tionnées toutes les 12 heures.
854 Otite moyenne aiguë
V. Durée de traitement
Sauf si l’on utilise l’azithromycine ou la ceftriaxone, on recommande de trai-
ter une OMA pendant 10 jours dans les cas d’otalgie importante accompagnée
d’une fièvre supérieure à 39 °C et chez l’enfant âgé de moins de deux ans. Pour
les enfants de deux ans et plus présentant une atteinte de légère à modérée, un
traitement de cinq jours est approprié.
Suivi
À la fin du traitement, un épanchement rétrotympanique persistant chez un
enfant qui n’a plus de fièvre ni d’otalgie est le plus souvent constitué de liquide
stérile. Il ne justifie pas une prolongation ni un changement de l’antibiothérapie.
Le liquide se résorbe spontanément en moins de trois mois dans 75 à 90 % des
cas. Une hygiène nasale trois ou quatre fois par jour avec une solution saline
physiologique facilite la résorption de l’épanchement. Il est suggéré de revoir
l’enfant environ trois mois après l’épisode d’OMA, afin de vérifier qu’il n’y a pas
d’épanchement persistant.
Complications
Les complications demeurent rares. Les principales sont les suivantes, par ordre
de fréquence : perforation du tympan avec ou sans otorrhée chronique, mastoï-
dite, thrombose du sinus latéral, abcès cérébral, méningite, labyrinthite, paralysie
faciale, surdité. Une hypoacousie peut résulter de la persistance de liquide dans
l’oreille moyenne et peut être responsable d’un retard de langage si elle se pro-
longe au cours de la phase d’acquisition du langage. Cette situation justifie parfois
une myringotomie avec insertion de tubes d’aération.
Pronostic
Le pronostic est la plupart du temps excellent.
Dans certains cas, le patient peut présenter des épisodes récurrents
d’OMA. On qualifie l’OMA de récidivante s’il y a trois épisodes ou plus en
six mois et quatre épisodes ou plus en un an. Cette entité clinique se produit
surtout chez l’enfant de moins de deux ans (55 % des OMA récidivent dans
ce groupe d’âge), alors que sa fréquence diminue par la suite (on observe 25 % de
récidives chez l’enfant de deux à cinq ans et 10 % chez l’enfant de six ans
ou plus).
En raison du risque de sélection de souches résistantes, on utilise rarement
une antibiothérapie prophylactique dans ces circonstances ; on préfère avoir
recours à une myringotomie pour mise en place de tubes d’aération, accompa-
gnée ou non d’une adénoïdectomie.
Prévention
On recommande l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois
de vie. L’enfant nourri au biberon ne doit pas boire en position couchée. Il
faut éviter toute exposition à la fumée de cigarette. La vaccination contre le
pneumocoque s’avère efficace contre les souches vaccinales. Toutefois, elle
n’a contribué à diminuer que d’environ 5 % l’incidence des OMA, bien qu’un
effet protecteur plus marqué ait été constaté contre les OMA récidivantes et la
nécessité de procéder à une myringotomie. La vaccination contre l’influenza
a aussi démontré une certaine efficacité dans la prévention des OMA durant
la saison des maladies respiratoires. Lorsque cela s’avère possible, il est pré-
férable de retarder la fréquentation d’un service de garde (garderie, crèche).
On doit parfois envisager une myringotomie précoce chez certains enfants à
risque (fente palatine, syndrome de Down, malformation craniofaciale). L’hy-
giène nasale avec de l’eau saline au moins deux fois par jour semble diminuer
la fréquence des OMA.
856 Otite moyenne avec épanchement ou otite séreuse
Généralités
L’otite moyenne avec épanchement (OME), ou otite séreuse, est caractérisée
par la présence de liquide dans l’oreille moyenne sans signe ou symptôme d’in-
fection aiguë. Le liquide présent dans l’oreille moyenne réduit la mobilité de la
membrane tympanique et constitue une barrière à la conduction du son.
C’est un problème très fréquent en pédiatrie. Environ 90 % des enfants pré-
sentent un épisode d’OME avant l’âge scolaire, le plus souvent entre six mois et
quatre ans (plus de 50 % avant un an). La prévalence diminue ensuite avec l’âge.
Une OME peut suivre une otite moyenne aiguë (OMA) ou survenir sponta-
nément, s’il y a altération de la fonction de la trompe d’Eustache. La présence
de cytokines et d’autres médiateurs inflammatoires de l’OMA contribue à la per-
sistance de l’épanchement.
Manifestations cliniques
Contrairement à l’OMA, il n’y a pas de signe ou de symptôme aigu dans l’OME
et, dans 40 à 50 % des cas, ni l’enfant ni les parents ne rapportent de manifesta-
tions cliniques liées à l’épanchement de l’oreille moyenne. Toutefois, dans cer-
tains cas, on note :
• une otalgie légère intermittente, une sensation de plénitude dans l’oreille
ou un bruit d’éclat (popping) ;
• une perte auditive de conduction, associée ou non à un retard de langage
ou à des troubles scolaires ;
• des épisodes récurrents d’OMA avec une OME persistante entre les épisodes ;
• moins fréquemment, des troubles d’équilibre ou des étourdissements, une gau-
cherie inexpliquée ou un retard du développement moteur.
À l’examen, la membrane tympanique est souvent opaque avec une mobi-
lité réduite ; le tympan peut être rétracté ou en position neutre. On peut égale-
ment trouver un niveau liquidien ou une bulle dans l’oreille moyenne. Les signes
d’inflammation de l’oreille moyenne (bombement ou érythème de la membrane
tympanique) sont par ailleurs absents, ce qui distingue cette affection de l’OMA
à l’otoscopie.
Explorations
Le diagnostic d’OME s’établit au moyen de l’otoscopie pneumatique, dont la
sensibilité est de 95 % et la spécificité, de 80 %. Au besoin, on peut confirmer
le diagnostic par la tympanométrie. Cet examen évalue la compliance du
système tympano-ossiculaire en fonction des variations de pression acoustique
dans le conduit auditif externe. Le tympanogramme normal se caractérise par
un « pic » de compliance dont la valeur est élevée et qui est situé à la pression
« zéro », puisque la pression dans l’oreille moyenne est normalement identique à
la pression atmosphérique. Dans l’OME, le « pic » de compliance est déplacé vers
les pressions négatives, et il y a un aplatissement de la courbe.
Otite moyenne avec épanchement ou otite séreuse 857
Traitement
Les enfants qui souffrent des affections suivantes sont à risque accru d’être atteints
de troubles d’audition, de langage ou d’apprentissage et devraient bénéficier
d’une évaluation plus précoce de leur audition en cas d’OME et d’un traitement
plus « agressif » :
• perte auditive permanente indépendante de l’OME ;
• retard de langage, retard développemental ;
• trouble du spectre de l’autisme ;
• syndromes (exemple : syndrome de Down [trisomie 21]) ou anomalies cra-
niofaciales (exemples : séquence de Pierre Robin, syndrome CHARGE) s’ac-
compagnant souvent ou toujours d’un retard cognitif ou de langage ;
• cécité ou handicap visuel majeur ;
• fissure palatine avec ou sans syndrome associé.
Le suivi d’un enfant atteint d’OME et n’ayant pas de risques particuliers de
présenter des troubles d’audition, de langage ou d’apprentissage s’effectue tous
les trois à six mois jusqu’à disparition de l’épanchement. Le praticien doit, à
chaque visite, documenter les éléments suivants : localisation unilatérale ou bila-
térale de l’épanchement, présence d’une rétraction ou d’une déformation tympa-
nique importante, présence de symptômes associés et évaluation du langage, en
particulier chez les enfants ayant une perte auditive significative (plus de 20 dB)
à l’évaluation audiologique ou s’il y a des épisodes répétés ou persistants d’OME.
I. Traitement médical
Aucune donnée scientifique ne justifie l’emploi d’antihistaminiques, de déconges-
tionnants, de corticostéroïdes oraux ou intranasaux.
Les antibiotiques n’ont pas d’efficacité à long terme, et l’on ne doit pas les
utiliser de façon systématique. Puisqu’on peut trouver des bactéries dans l’oreille
moyenne chez environ le tiers des enfants présentant un épanchement persistant,
on peut essayer un traitement antibiotique de 10 à 14 jours afin d’éviter, dans
environ 15 % des cas, la mise en place de tubes d’aération transtympaniques.
On peut tenter d’ouvrir les trompes d’Eustache en augmentant la pression
intranasale, soit par des manœuvres de Valsalva répétées, soit par des exercices
d’auto-inflation avec un ballon, comme l’OtoventMD (Canada). Ces manœuvres
peuvent être envisagées en complément à l’observation, chez l’enfant capable
de les réaliser.
II. Traitement chirurgical
On envisage la paracentèse (ou tympanostomie) avec insertion de tubes d’aé-
ration transtympaniques surtout lorsqu’une OME persiste depuis plus de trois
858 Paludisme
Complications
La persistance d’une OME peut altérer la membrane tympanique et les struc-
tures avoisinantes et provoquer l’une des manifestations suivantes : rétraction ou
atélectasie du tympan, érosion d’osselets, cholestéatome, persistance d’une
perforation tympanique même si le tube n’est plus en place. Toutefois, la princi-
pale complication à redouter est la perte auditive, qui peut avoir un impact sur
le langage et les apprentissages.
Pronostic
L’otite séreuse se résorbe spontanément en moins de trois mois dans 75 à 90 %
des cas. Toutefois, de 30 à 40 % des enfants présentent des OME récurrentes, et
de 5 à 10 % ont des épisodes qui persistent un an ou plus, la durée de l’épan-
chement étant inversement proportionnelle à l’âge de l’enfant.
Dans l’ensemble, le pronostic est bon, et l’on recommande généralement
une observation attentive. Il faut toutefois avoir une approche distinctive, plus
prudente chez l’enfant particulièrement à risque de troubles d’audition ou de
langage comme décrit plus haut.
Paludisme 183
Selim Rashed, Ekoe Tetanye
Généralités
Le paludisme est la principale cause de morbidité et de mortalité infantiles dans
de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique sub-saharienne et en
Asie du Sud-Est. En raison de l’augmentation des voyages, il s’observe aussi de
manière occasionnelle dans de nombreuses régions non endémiques du monde.
La maladie est causée par un protozoaire, le Plasmodium falciparum,
le Plasmodium ovale, le Plasmodium vivax, le Plasmodium knowlesi (respon-
sable d’une zoonose chez le macaque et sévissant depuis peu chez l’homme,
uniquement en Asie du Sud-Est) ou le Plasmodium malariæ. Le P. falciparum est
le plus redoutable en raison de la mortalité qu’il provoque dans les régions endé-
miques, plus particulièrement chez les enfants, les personnes non immunes et
les femmes enceintes.
Habituellement, le paludisme est transmis par la piqûre d’un moustique
femelle de type anophèle, qui pique tard dans la soirée et au cours de la nuit.
Paludisme 859
Manifestations cliniques
I. Période prodromique
La période prodomique dure de un à trois jours et ressemble à un syndrome
grippal. Elle se manifeste par une légère fièvre, des myalgies, des céphalées et
des malaises généraux.
Explorations
Le diagnostic repose sur un test de détection rapide (antigénémie palustre)
et sur l’identification du parasite dans le sang.
860 Paludisme
Traitement
Le mode de traitement doit tenir compte du type de Plasmodium, de la gravité
de l’épisode et du pays où la malaria a été contractée (possibilité de résistance
à la chloroquine).
1) Infection à P. vivax, à P. ovale, à P. knowlesi ou à P. malariæ : le traitement de
choix est la chloroquine orale. Pour les cas de P. vivax résistant à la chloro-
quine, on peut recourir au même traitement que pour le P. falciparum résis-
tant à la chloroquine (voir ci-après).
2) Infection à P. falciparum chez un enfant provenant d’une zone sans résistance
à la chloroquine : au cours d’un épisode non compliqué se caractérisant par
un état général peu altéré, un état de conscience normal et une faible para-
sitémie (moins de 2 % des globules rouges sont parasités), le traitement de
choix est la chloroquine par voie orale ou par sonde gastrique. Pour les cas
plus graves, le traitement est le même que pour un enfant très atteint prove-
nant d’une zone où il y a de la résistance à la chloroquine (voir ci-après).
3) Infection à P. falciparum chez un enfant provenant d’une zone où il y a de
la résistance à la chloroquine :
a) S’il s’agit d’un épisode non compliqué, avec une faible parasitémie (moins
de 2 % des globules rouges sont parasités) et que l’administration orale est
possible, les trois premiers choix thérapeutiques sont les suivants : associa-
tion atovaquone/proguanil pendant trois jours, sulfate de quinine auquel
on ajoute de la doxycycline (chez l’enfant âgé de plus de huit ans) ou de
la clindamycine, pendant sept jours, ou des combinaisons contenant des
dérivés de l’artémisinine (non disponibles au Canada) pendant trois jours.
Les combinaisons les plus fréquemment recommandées sont les suivantes :
artéméther/luméfantrine, artésunate/amodiaquine, artésunate/méfloquine,
artésunate/sulfadoxine/pyriméthamine, dihydroartémisinine/pipéraquine.
La méfloquine seule est une option.
Paludisme 861
Complications
Les principales complications liées à la maladie ont été mentionnées dans la
section Manifestations cliniques.
L’intoxication par la chloroquine ou la quinine peut être une complication
redoutable. La dose devient toxique à partir de 15-25 mg/kg. Les principales mani-
festations de cette intoxication sont des troubles digestifs (vomissements, diarrhée),
respiratoires (polypnée) et neurosensoriels (troubles visuels, acouphènes, agitation,
confusion, voire coma) et de l’hypoglycémie (quinine). La complication majeure
est l’arrêt cardiaque brutal et inopiné. Celui-ci résulte de troubles de conduction
(allongement du QRS) et de troubles du rythme (tachycardie supraventriculaire
à QRS large, tachycardie ventriculaire, torsade de pointes), le risque étant accru
en présence d’une hypokaliémie (chloroquine). Toute suspicion d’intoxication
impose une surveillance étroite avec monitorage cardiaque continu et la mesure
régulière des électrolytes sanguins. Malgré que le mécanisme d’action ne soit
pas connu, des études suggèrent que de fortes doses de diazépam (2 mg/kg IV
en 30 min) suivies de doses fractionnées (de 1 à 2 mg/kg/24 h) pendant 2 à 4 jours,
en association avec une perfusion intraveineuse continue d’adrénaline, seraient effi-
caces dans le traitement des intoxications graves causées par la chloroquine.
Pronostic
Lorsque le traitement est précoce et bien conduit, le pronostic s’avère excellent.
La mortalité s’élève s’il s’agit d’une infection à P. falciparum ou à P. knowlesi. La
maladie est plus grave chez les enfants de moins de cinq ans.
Prévention
I. Mesures préventives générales
Pendant la maladie, les précautions habituelles doivent être prises au moment
de la manipulation du sang et des autres liquides biologiques. Il n’existe pas de
vaccin efficace contre le paludisme.
862 Pancréatite
Pancréatite 184
Denise Herzog, Dickens St-Vil, Jacques Boisvert
Généralités
La pancréatite, rare chez l’enfant, peut être aiguë ou chronique. Chez l’adulte,
les principales causes de pancréatite sont l’alcool et les lithiases biliaires. Chez
l’enfant, les étiologies sont plus diversifiées (voir tableau 184.1), les causes les
plus fréquentes étant les traumatismes abdominaux, les infections, les lithiases
Pancréatite 863
et les médicaments. Dans bien des cas, aucun facteur étiologique ne peut être
établi. Il faut suspecter une pancréatite aiguë chez tout enfant qui présente une
douleur abdominale aiguë surtout si elle fait suite à un traumatisme, si elle est
localisée à l’épigastre et accompagnée de vomissements.
Manifestations cliniques
Les principales manifestations sont des douleurs abdominales épigastriques ou
diffuses, qui peuvent irradier vers le dos, et qui sont souvent aggravées par les
repas. S’y associent de l’anorexie, des vomissements, de la fièvre, habituellement
légère, un ictère, une occlusion intestinale fonctionnelle (iléus paralytique), de
l’ascite et parfois un état de choc ; ce dernier résulte de phénomènes hémorra-
giques, de la création d’un 3e espace, ou de sepsis. La pancréatite aiguë nécro-
sante ou la pancréatite hémorragique demeurent rares chez l’enfant.
864 Pancréatite
Explorations
Le diagnostic repose habituellement sur l’association d’un tableau clinique sug-
gestif et d’une élévation de l’amylase et de la lipase sériques. L’augmentation
de l’amylasémie n’est pas spécifique de la pancréatite aiguë ; elle peut s’élever
au moment de l’administration de morphine et dans le cas de plusieurs autres
affections telles que l’anorexie mentale, l’acidose diabétique, l’appendicite, la
péritonite, les brûlures, la lithiase biliaire, l’occlusion intestinale, la parotidite et
l’ulcère peptique. La mesure de l’amylase pancréatique, maintenant accessible,
est plus spécifique.
On peut observer plusieurs autres perturbations biologiques au cours d’une
pancréatite : anémie, élévation de la vitesse de sédimentation, hyperleucocytose,
hyperglycémie, hypocalcémie, hyperlipidémie, élévation des transaminases, de
la gamma-glutamyl-transférase, de la phosphatase alcaline et de la bilirubinémie,
hypoalbuminémie, anomalies de la coagulation.
La radiographie pulmonaire peut notamment révéler des atélectasies, un
épanchement pleural ou une surélévation de la coupole diaphragmatique gauche.
La radiographie simple de l’abdomen est peu sensible, mais elle peut montrer
des signes d’occlusion intestinale fonctionnelle tels que des niveaux liquidiens ou
une « anse sentinelle ». Des calcifications focales ou diffuses peuvent être visua-
lisées en cas de pancréatite chronique.
L’échographie du pancréas est parfois normale, mais elle révèle le plus sou-
vent une augmentation de volume et une hypoéchogénicité focale ou diffuse, du
liquide libre péripancréatique, ou des « masses » liquidiennes hémorragiques ou
phlegmoneuses. Elle permet aussi de visualiser des calculs lorsque la pancréa-
tite est causée par une obstruction des voies biliaires par lithiase. Il est prudent
de contrôler l’évolution d’une pancréatite à l’aide d’une échographie tous les
deux ou trois jours jusqu’à ce qu’une amélioration clinique soit bien constante.
De quatre à six semaines après une pancréatite, il convient de pratiquer une
échographie afin de s’assurer de l’absence de séquelles comme le pseudo-kyste.
La tomodensitométrie pancréatique donne des renseignements complémen-
taires et plus précis (exemples : anomalie congénitale telle qu’un pancréas an-
nulaire ou divisum, extension des abcès ou des pseudo-kystes), mais elle n’est
pas nécessaire dans tous les cas.
Une opacification rétrograde des voies biliaires et du canal de Wir-
sung est indiquée en cas de pancréatite récidivante, d’anomalie congénitale
du pancréas (exemple : pancréas divisum) ou de cholédocholithiase persistante.
La pancréatographie rétrograde peut être utilisée comme moyen diagnostique et
thérapeutique pour les pancréatites secondaires à un calcul biliaire ; on peut alors
faire l’exérèse du calcul ainsi qu’une sphinctérotomie pour éviter des récidives.
La cholangio-pancréatographie par résonance magnétique nucléaire tend à rem-
placer la tomodensitométrie dans l’évaluation da la pancréatite aiguë chez l’enfant.
Traitement
Le traitement est surtout conservateur et non chirurgical.
Il faut interrompre l’alimentation et veiller à un apport adéquat d’eau et
d’électrolytes par voie intraveineuse. Une alimentation parentérale peut être
nécessaire si l’alimentation entérale reste impossible pendant plusieurs jours. Le
drainage continu de l’estomac n’est requis qu’en cas d’iléus avec vomissements
persistants. On prend la décision de réalimenter progressivement l’enfant selon
Paralysie cérébrale 865
Pronostic
La majorité des pancréatites aiguës chez l’enfant se résolvent sans complication.
Toutefois, la mortalité rapportée varie de 2 à 20 % ; elle dépend de la cause sous-
jacente. Les complications les plus redoutées sont, en phase aiguë, le choc, le
syndrome de détresse respiratoire aiguë et la défaillance multisystémique.
Généralités
La paralysie cérébrale, encore appelée déficience motrice cérébrale, regroupe les
troubles permanents du mouvement ou de la posture menant à une limitation
de la fonction motrice. Elle résulte obligatoirement d’une lésion non progressive
survenant sur un cerveau immature ou encore en développement. Cela exclut
les maladies neuromusculaires et métaboliques dégénératives.
Environ 2 ou 3 enfants sur 1 000 sont atteints de paralysie cérébrale, et près
de 30 % d’entre eux ne marchent pas. L’incidence est plus élevée chez le pré-
maturé, touchant de 4 à 10 % des enfants nés avant 32 semaines de gestation.
Quoique les incapacités motrices majeures de type quadriparésie spastique soient
moins fréquentes depuis la dernière décennie, on observe plus de diplégie ou
d’hémiplégie fruste.
866 Paralysie cérébrale
Manifestations cliniques
Bien que des anomalies neurologiques trouvées à l’examen physique et sugges-
tives d’une paralysie cérébrale puissent survenir très précocement, il faut parfois
attendre quelques mois avant de s’assurer que celles-ci ne sont pas transitoires
– surtout chez les nourrissons nés prématurément – ou n’évoquent pas plutôt
un tableau dégénératif. Par ailleurs, il est important d’évaluer la séquence des
acquisitions motrices puisque le retard de développement moteur peut être le
premier signe clinique décelé. Habituellement, un diagnostic de paralysie céré-
brale est posé avec plus de certitude à partir de l’âge de deux ans.
La paralysie cérébrale peut s’accompagner d’atteintes sensorielles (auditive,
visuelle), cognitives, langagières, perceptuelles ou comportementales ainsi que
d’épilepsie et de problèmes musculosquelettiques. De 30 à 50 % des enfants
atteints de paralysie cérébrale présentent une déficience intellectuelle.
Chez les enfants atteints de paralysie cérébrale, bien que l’anomalie cérébrale
sous-jacente soit définitive et fixe, les manifestations cliniques et les répercussions
fonctionnelles qui en découlent peuvent évoluer dans le temps.
Les critères diagnostiques de la paralysie cérébrale comprennent trois
éléments.
1) Anomalies du tonus musculaire, du mouvement et de la posture
On distingue quatre formes d’anomalies neurologiques du système moteur.
Forme spastique C’est la plus fréquente, avec une prévalence de 75 à 80 %. On
observe une augmentation du tonus musculaire se manifestant par une résistance
à un étirement qui augmente avec un mouvement rapide. Les réflexes ostéoten-
dineux sont vifs, et le signe de Babinski est présent. Les formes spastiques sont
habituellement classées selon la topographie du trouble moteur.
a) Diplégie spastique : dans cette forme, la spasticité touche principalement les
membres inférieurs, même si un certain degré d’anomalie du tonus musculaire
est observé aux membres supérieurs, et plus rarement au visage (dysarthrie). À
l’examen physique, une rotation interne et une adduction des hanches (jambes
Paralysie cérébrale 867
en ciseaux) peuvent être notées tout comme une flexion plantaire (pieds en
équin) menant à une démarche sur la pointe des pieds. Les enfants nés pré-
maturément et atteints d’une lésion de la substance blanche périventriculaire
présentent souvent cette forme de paralysie cérébrale.
b) Hémiplégie spastique : la spasticité touche un seul côté du corps, le membre
supérieur étant plus atteint que le membre inférieur. Les parents rapportent
parfois une préférence pour l’utilisation d’une main ou d’un côté avant l’âge
de deux ans. Elle est souvent associée à un accident vasculaire cérébral (AVC)
impliquant l’artère cérébrale moyenne.
c) Quadriplégie spastique : les quatre extrémités sont atteintes de façon com-
parable. Cette forme de paralysie cérébrale s’accompagne d’une anomalie
du tonus axial et des muscles contrôlant l’alimentation orale et la déglu-
tition. Les réflexes primitifs tels que l’agrippement, le réflexe de Moro ou
le réflexe tonique asymétrique du cou sont persistants. La quadriplégie
spastique fait habituellement suite à une atteinte corticale étendue chez
l’enfant né à terme ou, moins souvent, à une leucomalacie périventriculaire
diffuse.
Forme dyskinétique Elle est présente chez 10 à 15 % des enfants atteints
de paralysie cérébrale. Elle se caractérise par des mouvements involontaires,
récidivants et stéréotypés survenant dans le contexte d’une atteinte des noyaux
gris centraux. Il existe deux sous-types :
a) dystonique : l’hypertonie est présente même lorsque le muscle se trouve au
repos ;
b) choréo-athétosique : le tonus est fluctuant entre l’hypotonie et l’hypertonie.
La forme choréo-athétosique est typique du kernictère.
Forme ataxique On l’observe c hez environ 5 % des enfants atteints de para-
lysie cérébrale. Dans cette forme de la maladie, on retrouve une incoordina-
tion du mouvement qui se manifeste par une large base de sustentation et une
démarche instable. La motricité fine est particulièrement affectée (imprécision
du geste, dysmétrie). Le tonus musculaire est habituellement diminué. Cette
forme de la maladie est associée à des lésions du cervelet. Il est particulière-
ment important de s’assurer qu’il n’y a pas d’autres affections dégénératives
sous-jacentes.
Forme mixte ou non classifiable Environ 5 % des cas de paralysie cérébrale
présentent des signes combinant plus de une forme d’anomalies neurologiques.
2) Limitation de la fonction motrice
Les anomalies neurologiques reconnues à l’histoire et détectées à l’examen phy-
sique doivent se traduire par un certain degré de limitation de l’activité motrice.
Les observations rapportées par les parents quant à la séquence des acquisitions
de la motricité globale (se retourner, s’asseoir, se redresser, marcher, sauter) et
fine (utilisation des mains) sont importantes afin de documenter le retard de
développement.
3) Lésion non progressive
On doit s’assurer qu’aucun élément ne pourrait évoquer une maladie progres-
sive et dégénérative du système nerveux central comme les leucodystrophies, les
maladies mitochondriales ou de surcharge. Une régression dans les acquisitions
motrices est un élément-clé à rechercher.
868 Paralysie cérébrale
Explorations
L’anamnèse permet de documenter les événements prénataux, périnataux et
post-nataux qui auraient pu causer une lésion du cerveau mettant l’enfant à
risque de souffrir d’une paralysie cérébrale (voir tableau 185.1). L’histoire familiale
peut identifier des personnes décédées en bas âge ou atteintes d’un handicap
important. À l’examen physique, on porte une attention particulière à certains
signes pouvant évoquer d’autres diagnostics tels que la présence de dysmor-
phie faciale pouvant faire partie d’un syndrome avec anomalies neurologiques
congénitales, une atteinte visuelle précise (exemples : atrophie optique, nystag-
mus, cataracte), des lésions cutanées ou une hépatosplénomégalie pouvant sug-
gérer une maladie héréditaire du métabolisme.
L’imagerie cérébrale est indiquée si l’évaluation initiale ne permet pas d’établir
clairement une étiologie au tableau clinique. Une résonance magnétique nucléaire
s’avère préférable à la tomodensitométrie (TDM) puisqu’avec cet examen, des
lésions cérébrales sont détectées chez près de 90 % des enfants atteints de para-
lysie cérébrale, alors que la TDM ne révèle des lésions que chez environ 75 %
d’entre eux. Les anomalies les plus fréquentes sont les lésions périventriculaires
de la substance blanche, présentes surtout chez l’enfant né prématurément, l’at-
teinte diffuse de la substance grise corticale et sous-corticale, les malformations
cérébrales et les ischémies ou les hémorragies focales secondaires à un AVC.
On ne devrait effectuer des études génétiques et métaboliques que si le
tableau clinique suggère une telle étiologie ou s’il y a présence d’une malfor-
mation cérébrale associée à un syndrome connu. Le tableau 185.2 énumère les
principaux diagnostics pouvant être confondus avec la paralysie cérébrale.
Dans les cas d’hémiplégie spastique, il est fortement recommandé de
rechercher une coagulopathie. Toutefois, la probabilité de détecter une ano-
malie devient plus grande si le bilan est effectué en période néonatale dans le
contexte d’un AVC. Les valeurs normales des divers facteurs et des différentes
protéines de la coagulation étant souvent basses chez le nouveau-né, un contrôle
doit être fait vers l’âge de trois mois.
Traitement
Le but de la prise en charge est de minimiser l’impact fonctionnel de la paralysie
cérébrale afin de permettre à l’enfant de participer aux activités de la vie quoti-
dienne, d’aller à l’école et, ultimement, de contribuer à la société au maximum
de son potentiel. Cela nécessite une équipe multidisciplinaire. Il est important
Paralysie cérébrale 869
que les soins et les services offerts à l’enfant soient coordonnés et que la famille
participe activement à la prise décisionnelle ; on ne saurait trop insister sur
l’importance d’un médecin traitant clairement désigné.
Si l’atteinte motrice se révèle importante, il est préférable de ne pas attendre un
diagnostic confirmé de paralysie cérébrale avant d’adresser l’enfant en réadaptation.
La prise en charge doit couvrir plusieurs sphères.
Alimentation, nutrition et croissance Les problèmes relatifs à l’alimentation
touchent la majorité des enfants souffrant de paralysie cérébrale, surtout dans la
première année de vie. La dysfonction oro-pharyngo-motrice peut se manifester
par une succion, une mastication et une déglutition insuffisantes. De plus, les
enfants atteints ont souvent des difficultés à manipuler les aliments. Ils sont à
risque de malnutrition, de retard de croissance et de pneumonies d’inhalation.
Chez les enfants gravement touchés, les inhalations peuvent être silencieuses. Une
évaluation de la déglutition est souvent utile. Plusieurs mesures peuvent faciliter
l’alimentation et améliorer l’apport calorique : un meilleur positionnement, un
enrichissement des aliments ou une modification de leur texture. Il faut éviter
un excès pondéral qui peut interférer avec la fonction respiratoire, la mobilité et
l’administration des soins par une tierce personne. Les troubles de la motilité
gastro-intestinale, incluant le reflux gastro-œsophagien (présent dans 75 % des cas
environ), le ralentissement de la vidange gastrique et la constipation (présente
chez 80 % des enfants atteints de paralysie cérébrale), peuvent également nuire à
l’alimentation. De 35 à 60 % des enfants présentent une sialorrhée secondaire
à une dysfonction de la déglutition. La sialorrhée antérieure se manifeste par un
écoulement abondant de salive qui peut irriter la peau, favoriser les infections
buccales, interférer avec le langage et mener au rejet social. L’accumulation de
salive dans le pharynx (sialorrhée postérieure) crée aussi un risque d’inhala-
tion. Les options thérapeutiques pour réduire la sialorrhée incluent l’utilisation
d’agents anticholinergiques, l’injection de toxine botulinique et la chirurgie des
glandes salivaires (voir Ptyalisme).
Audition et vision Environ de 10 à 15 % des enfants atteints de paralysie céré-
brale présentent un déficit auditif, et environ 3 % ont une surdité requérant un
appareillage. De 30 à 45 % ont un problème visuel, surtout de la myopie ou du
strabisme, et environ 10 % souffrent d’un déficit visuel grave. Une évaluation en
audiologie et en ophtalmologie s’impose donc dès que le diagnostic de paraly-
sie cérébrale est suspecté.
Force musculaire et fonction motrice Différentes composantes sont néces-
saires à la réadaptation de l’enfant avec paralysie cérébrale. La physiothérapie
(kinésithérapie) permet d’améliorer le contrôle postural et les déplacements par
un renforcement musculaire et d’éviter l’apparition de contractures par des éti-
rements selon un programme quotidien. La prescription d’orthèses permet de
stabiliser les articulations pour en améliorer la fonction, ralentir la progression
des contractures ou des déformations et diminuer la douleur. Par exemple, l’or-
thèse tibiale maintient la cheville dans une position facilitant la marche et tente
d’éviter les déformations en équin des pieds. L’ergothérapie met l’accent sur les
habiletés manuelles et l’adaptation de l’environnement pour favoriser les activi-
tés de la vie quotidienne.
Spasticité Elle mène à des contractures et à des déformations du système mus-
culosquelettique ou engendre des douleurs chroniques chez environ les deux
tiers des patients. Un traitement devient nécessaire lorsque la spasticité interfère
870 Paralysie cérébrale
avec la fonction motrice ou avec les soins donnés à l’enfant. Outre les exercices
d’étirement et l’utilisation d’orthèses, un positionnement adapté est utile dans
certains cas. On peut y ajouter les blocs neuromusculaires (toxine botulinique,
phénol) dans les cas de spasticité localisée ; leur effet dure de trois à six mois.
Dans les cas plus graves, la radicellectomie sensitive partielle sélective (ou pos-
térieure sélective) (section chirurgicale d’une racine nerveuse médullaire) peut
être envisagée afin d’améliorer la démarche. Les médicaments antispasmodiques
(baclofen, diazépam) sont utilisés par voie générale, principalement chez les
enfants non ambulants ; à cause de leurs effets secondaires (exemples : séda-
tion, hypotonie), on préfère ne pas les employer chez les enfants ambulants. Il
existe aussi des pompes pour administrer le baclofen par voie intrathécale ; elles
peuvent être utiles pour diminuer les doses orales et assurer un contrôle plus
permanent de la spasticité. Un arrêt trop rapide du baclofen peut provoquer
des symptômes de retrait.
Système musculaire et osseux Les anomalies du tonus musculaire peuvent
mener à des déformations du squelette, notamment des chevilles, des genoux,
des hanches et de la colonne et causer des douleurs chroniques. Il faut recher-
cher la présence d’un mauvais alignement des membres inférieurs, de luxation
des hanches ou de scoliose. Il est recommandé d’obtenir une radiographie de
base des hanches à partir de l’âge de 30 mois chez les enfants qui font moins
de 10 pas de marche et de répéter la prise de ces images tous les 6 à 12 mois
jusqu’à l’âge de 7 ans. Chez les enfants non ambulants, une radiographie de
la colonne devrait être effectuée à l’âge de 5 et de 10 ans, puis selon l’examen
clinique. Une évaluation en orthopédie ou en physiatrie est souvent nécessaire.
Les enfants non ambulants sont à risque d’ostéoporose.
Convulsions De 20 à 30 % des enfants atteints de paralysie cérébrale souffrent
d’épilepsie. Celle-ci touche plus particulièrement les enfants atteints d’une hémi-
plégie ou d’une quadriplégie spastiques. La prise en charge se fait de manière
habituelle (voir Épilepsie).
Développement et scolarisation Les enfants atteints de paralysie cérébrale,
même légère, sont à risque de retard de développement dans d’autres sphères que
celle de la motricité, cela pouvant mener à des troubles d’apprentissage scolaire.
Le dépistage des problèmes cognitifs, de la communication et du langage, de
la perception et du comportement – incluant le trouble du déficit de l’attention
avec ou sans hyperactivité – est essentiel afin d’adresser en temps opportun les
enfants concernés pour une évaluation plus exhaustive et pour mettre en œuvre
une intervention. Dans de telles circonstances, il est souhaitable qu’une équipe
multidisciplinaire évalue les besoins précis de l’enfant et émette des recomman-
dations concernant son intégration en milieu scolaire, plus spécifiquement l’en-
vironnement physique (déplacement sécuritaire, équipement spécialisé) et le
type de soutien scolaire dont il devrait pouvoir bénéficier.
Sommeil Il est perturbé chez environ 40 % des enfants atteints de paralysie
cérébrale. Les causes sont multiples : perturbation neurologique des mécanismes
d’amorce et de maintien du sommeil, apnées obstructives, difficulté à changer de
position, reflux gastro-œsophagien, douleur musculosquelettique. Il est impor-
tant d’instaurer une routine permettant à l’enfant de s’endormir graduellement
par lui-même. On peut essayer la mélatonine chez les enfants ayant une diffi-
culté d’endormissement.
Paralysie du plexus brachial 871
Santé dentaire Un examen dentaire tous les six mois permet de déceler la
malocclusion secondaire à des anomalies du tonus des muscles oromoteurs. Chez
les enfants nourris par alimentation entérale, le passage des aliments directement
dans l’estomac annule la stimulation des glandes salivaires, et l’absence de lubri-
fication par la salive favorise l’apparition de caries dentaires.
Pronostic
Au moment de l’annonce du diagnostic de paralysie cérébrale, certains parents
sont avant tout préoccupés de savoir si leur enfant pourra marcher. Les enfants
présentant une quadriplégie spastique ou une forme dyskinésique ont moins
de chance d’acquérir la marche. Ceux qui réussissent à s’asseoir seuls à l’âge de
deux ans seront habituellement en mesure de marcher. Cependant, une dégéné-
rescence musculosquelettique accélérée (tendinopathie, arthrose) peut se déve-
lopper chez eux ; à long terme, ils peuvent perdre la capacité de marcher. Si des
changements fonctionnels et des douleurs musculosquelettiques surviennent, il
faut soupçonner une sténose spinale.
Lorsqu’on leur demande d’évaluer leur qualité de vie, les patients (ou leurs
parents) ont tendance à la décrire comme étant de niveau plus élevé que lors-
qu’elle est estimée par l’équipe traitante.
Généralités
Chez l’enfant vivant en pays développé, on observe une paralysie du plexus
brachial à la suite d’environ 0,5 à 3,0 accouchements sur 1 000. Ce type de
paralysie résulte en général, mais pas exclusivement, d’un traumatisme obsté-
trical (traction entre le cou et l’épaule) ; d’autres phénomènes mécaniques sur-
venant pendant la grossesse, mais encore mal définis, pourraient être en cause.
Le traumatisme le plus léger cause une neuropraxie, soit une lésion sensitive et
motrice légère qui est réversible après la disparition de la source de l’atteinte.
Cela s’accompagne d’une hémorragie ou d’un œdème de la gaine nerveuse, avec
un bloc de conduction nerveuse temporaire, car il n’y a pas d’atteinte axonale.
Plus grave, la rupture axonale (axonotmésis) est une lésion axonale avec dégé-
nérescence wallérienne, causée par une élongation du nerf ; elle peut être asso-
ciée à une atteinte variable des éléments de support nerveux (aucune atteinte,
atteinte seulement de l’endonèvre, atteinte de l’endonèvre et du périnèvre) avec
un potentiel de récupération spontanée selon la gravité de l’atteinte. Une rupture
des racines ou des troncs nerveux provoque une neurotmésis, qui consiste en
une atteinte de l’axone et de son tissu conjonctif incluant l’endonèvre, le péri-
nèvre et l’épinèvre, sans potentiel de récupération spontanée. Enfin, dans le cas
d’un arrachement complet de racines au niveau de la moelle épinière, il n’y a
aucun potentiel de récupération spontanée.
Parmi les principaux facteurs de risque, mentionnons les suivants : dystocie de
l’épaule ; poids à la naissance de plus de 4 000 g et, surtout, de plus de 4 500 g ;
accouchement par le siège ou assisté par instrumentation ; diabète gestationnel
872 Paralysie du plexus brachial
chez la mère ; accouchement antérieur chez la mère, compliqué par une paraly-
sie du plexus brachial chez le nouveau-né. Les facteurs sont souvent multiples
chez le même enfant.
Manifestations cliniques
I. Paralysie du plexus brachial supérieur (Erb-Duchenne)
Une paralysie du plexus brachial supérieur (atteinte des racines C5 et C6), aussi
appelée paralysie d’Erb-Duchenne, peut être associée ou non à une atteinte
de C7, et elle survient dans environ 90 % des cas de paralysie du plexus brachial
à la naissance. Chez ces nouveau-nés, on note une paralysie flasque unilatérale
des muscles de la ceinture scapulaire et des muscles proximaux du membre
supérieur. L’enfant garde le bras immobile en adduction et en rotation interne,
le coude en extension (ou en légère flexion si C7 est atteinte), l’avant-bras en
pronation, et le poignet ainsi que les doigts en flexion (position de waiter’s tip).
Le réflexe bicipital se trouve aboli, le réflexe de Moro est absent ou diminué,
mais le réflexe de préhension demeure intact. On peut trouver une hypoesthésie
dans les dermatomes de C5, de C6 et même de C7. Une atteinte du nerf phré-
nique, avec paralysie du diagramme, peut être associée (C3, C4, C5).
Explorations
Des radiographies comparatives des membres supérieurs sont utiles pour mettre
en évidence une fracture de la clavicule, d’une côte ou de l’humérus ou une
luxation de l’épaule. On suggère également une radiographie de la colonne cer-
vicale, surtout dans les cas de paralysie bilatérale.
S’il y a une détresse respiratoire ou une asymétrie de l’excursion abdominale
ou thoracique, il faut procéder à une échographie ou à une fluoroscopie du dia-
phragme afin de vérifier la mobilité des coupoles diaphragmatiques.
Paralysie du plexus brachial 873
Traitement
Des séances de mobilisation passive en physiothérapie (kinésithérapie) et en
ergothérapie sont nécessaires précocement pour prévenir les contractures arti-
culaires, encourager l’intégration des mouvements et renforcer les muscles en
récupération. Parfois, il faut utiliser des orthèses.
La présence d’un syndrome de Claude Bernard-Horner est une indication
d’investigation vers l’âge de trois mois en vue d’une chirurgie exploratrice et
reconstructrice précoce. Chez les enfants qui ne présentent pas ce syndrome,
on doit procéder à une évaluation périodique et attentive de la récupération cli-
nique au cours des premiers mois de vie, afin de documenter la réinnervation
proximodistale du membre pour chacune des racines.
Si la récupération sensitivomotrice de la région de une ou de plusieurs
racines est insuffisante, il faut procéder à une investigation en prévision d’une
intervention chirurgicale. Celle-ci peut inclure une myélographie avec tomo-
densitométrie ou une résonance magnétique nucléaire pour déterminer si
une ou des racines nerveuses ont été arrachées de la moelle épinière ; dans
ce cas, elles ne peuvent être réparées, mais peuvent nécessiter des « transferts
nerveux micro-anastomosés » ou neurotisations (exemple : on peut « détacher »
une portion du nerf crânien XI ou du nerf intercostal T3 ou T4 pour effec-
tuer une micro-anastomose au site de la lésion de la racine nerveuse). Si les
racines ont subi un traumatisme à un site plus distal, les ruptures peuvent être
réparées à l’aide de greffes nerveuses ou, moins souvent, de « transferts ner-
veux micro-anastomosés ». On effectue l’intervention assez précocement, afin
de réinnerver rapidement les masses musculaires. La chirurgie de reconstruc-
tion nerveuse se fait habituellement entre les âges de 3 et 12 mois. En géné-
ral, on détermine le besoin d’une chirurgie selon le degré de récupération des
muscles les plus importants, qui sont les biceps et les muscles extenseurs du
poignet et des doigts. Certains praticiens utilisent une échelle pour évaluer les
muscles selon leur capacité de lutter contre la gravité et d’exécuter des mou-
vements de façon complète ou incomplète. Le score total, obtenu par l’addi-
tion des résultats de chacun des muscles, détermine les besoins d’investigation
additionnelle et de chirurgie.
Plusieurs patients présentent des lésions incomplètes des troncs nerveux. Ils
ne nécessitent pas obligatoirement des reconstructions avec greffes nerveuses,
mais plutôt un « transfert nerveux micro-anastomosé », fait en général entre les
âges de un et deux ans, ou des transferts musculaires ou tendineux, ou même
une ostéotomie, plus tard à l’âge scolaire.
874 Paralysie faciale
Pronostic
Le pronostic s’avère habituellement bon si l’atteinte est partielle et si l’on observe
une récupération rapide pendant les premiers mois de vie. Le pronostic à long
terme est moins favorable en cas de paralysie complète ou si la récupération
tarde. Un suivi serré effectué par une équipe spécialisée permet d’intervenir au
moment le plus approprié.
Les reconstructions sont meilleures dans les cas de ruptures (traumatismes
distaux aux trous de conjugaison faciles à ponter avec une greffe nerveuse ou
certains « transferts nerveux micro-anastomosés ») que dans les cas d’arrache-
ment proximal. Lorsqu’une lésion nerveuse peut être réparée, le pronostic est
en général meilleur pour les lésions des racines supérieures. La réparation vise
alors les mouvements de l’épaule et du coude (ces enfants ont déjà une bonne
fonction de la main). Après la réparation des racines inférieures, la préhension
et la motricité fine demeurent souvent incomplètes, mais l’enfant peut tout de
même bénéficier d’une certaine amélioration de l’usage de son membre.
Généralités
Une paralysie faciale peut être d’origine centrale ou périphérique.
Le plus souvent d’origine périphérique, elle est alors due à une atteinte du
noyau du nerf facial (nerf crânien VII) ou du nerf facial lui-même. Il existe de
nombreuses causes de paralysie faciale périphérique. La paralysie faciale idiopa-
thique (ou paralysie de Bell) est de loin la plus fréquente ; son étiologie demeure
inconnue, mais les mécanismes les plus probables sont une inflammation du
nerf facial ou une infection virale. Parmi les autres causes de paralysie faciale
périphérique, mentionnons les traumatismes, les tumeurs et les atteintes congé-
nitales comme le syndrome de Möbius. Le syndrome de Ramsay-Hunt (encore
appelé herpes zoster oticus), rare chez l’enfant, associe une paralysie faciale péri-
phérique à une éruption vésiculeuse du pavillon de l’oreille ; il est causé par une
réactivation du virus de la varicelle. La paralysie faciale résulte rarement d’une
infection de l’oreille moyenne ou interne ou d’une mastoïdite.
La paralysie faciale d’origine centrale est secondaire à une atteinte du cortex
moteur ou des voies motrices qui vont du cortex jusqu’au noyau du nerf facial
situé dans le tronc cérébral.
Manifestations cliniques
Dans une atteinte périphérique, toute l’hémiface est paralysée, alors qu’une atteinte
centrale touche de façon prédominante la partie inférieure du visage (innervée
uniquement de façon controlatérale) et épargne en grande partie le front qui est
innervé de façon bilatérale par le cortex moteur. Contrairement à la paralysie faciale
d’origine périphérique, la paralysie faciale d’origine centrale est rarement isolée ;
elle s’accompagne généralement d’une atteinte motrice du membre supérieur ou
de l’hémicorps, d’un déficit sensitif ou d’une atteinte visuelle ou du langage, selon
le type et la localisation de la lésion responsable.
Paralysie faciale 875
Explorations
Si elle est indiquée, l’investigation électrophysiologique d’une paralysie faciale doit
être faite au cours des trois semaines qui suivent l’apparition des symptômes. Elle
a pour but de déceler les cas très graves (mais très rares) chez lesquels il existe
un risque de dégénérescence axonale du nerf facial qui pourrait être irréversible ;
une intervention chirurgicale peut être envisagée dans ces cas. Elle comporte les
trois éléments suivants : le test d’excitabilité, l’électroneuronographie, qui permet
de comparer l’amplitude de la réponse obtenue après stimulation du nerf facial
du côté sain et du côté atteint, et l’électromyographie, qui cherche à détecter des
signes de dénervation dans les muscles du visage. L’investigation neuroradiolo-
gique n’est pas nécessaire dans la majorité des cas ; on n’y a recours que si l’on
soupçonne une étiologie autre que la paralysie de Bell.
Traitement
Dans tous les cas de paralysie faciale, il faut protéger la cornée au moyen de
gouttes ou d’une pommade ophtalmique afin d’éviter une kératite. Par ailleurs,
un traitement spécifique est indiqué dans plusieurs situations.
Le traitement de la paralysie de Bell avec des corticostéroïdes et de l’acy-
clovir demeure l’objet de controverse. On considère que les corticostéroïdes
augmentent la probabilité de récupération au moment d’un premier épisode de
paralysie de Bell et qu’ils devraient être utilisés dans ces circonstances, alors que
les antiviraux (exemples : acyclovir, valacyclovir) ajoutent très peu à l’effet des
corticostéroïdes. On peut prescrire par exemple de la prednisone 1 mg/kg/24 h
(max : 60 mg) pendant 6 jours, avec un sevrage rapide sur 4 jours (certains auteurs
considèrent qu’un tel sevrage n’est pas nécessaire).
En cas de paralysie faciale acquise à la suite d’un processus infectieux local,
on traite l’otite ou la mastoïdite associée de façon intensive ; une myringotomie
d’urgence et une antibiothérapie parentérale s’imposent.
Lorsque la récupération d’une paralysie faciale secondaire à un traumatisme,
obstétrical ou autre, tarde et qu’il y a une activité de dénervation dans les mus-
cles faciaux, une exploration chirurgicale doit être envisagée. Celle-ci a pour
objectif de procéder à une réparation nerveuse ; il est impératif d’intervenir au
cours de l’année qui suit le traumatisme pour éviter une dénervation prolongée
avec atrophie musculaire. Si le nerf proximal n’est pas utilisable ou si la para-
lysie faciale est due à une atteinte centrale (exemple : résection d’une tumeur
876 Parasitoses
cérébrale), la réinnervation peut être effectuée avec une greffe nerveuse à par-
tir du nerf facial controlatéral ou d’un autre nerf donneur (exemples : branche
du masséter du nerf crânien V ou nerf crânien XII). S’il s’agit d’une paralysie
congénitale, on peut effectuer, vers l’âge de cinq ou six ans, une reconstruction
dynamique, avec un transfert nerveux à partir du nerf facial controlatéral ou à
partir d’un autre nerf donneur (voir ci-haut), et un transfert de muscle vascula-
risé et innervé. Les paralysies faciales de longue date et associées à une atrophie
musculaire sont traitées de la même façon que les paralysies congénitales. Des
interventions statiques palliatives plus simples (exemples : tarsorraphie, suspen-
sion faciale) peuvent aussi être pratiquées au besoin.
Pronostic
Le pronostic dans le cas de la paralysie de Bell est excellent, avec un taux de
guérison de 90 à 100 %. L’amélioration clinique est généralement évidente après
deux ou trois semaines, mais, dans certains cas, elle peut prendre deux ou
trois mois avant de se manifester. Le taux de récidive est d’environ 5 % chez
l’enfant. La paralysie faciale secondaire à un traumatisme obstétrical disparaît
habituellement de façon rapide (en moins de six mois) et complète.
Parasitoses 188
Selim Rashed, Anne-Marie Demers, Tinh-Nhan Luong
Généralités
Dans les pays développés, les parasitoses sont relativement peu courantes, mais
peuvent causer des problèmes cliniques importants. Par contre, elles demeurent
un problème majeur de santé publique dans les pays en développement, où
les atteintes simultanées par plusieurs parasitoses différentes sont fréquentes.
Le présent chapitre porte sur les parasitoses en général. Plusieurs autres
chapitres de cet ouvrage décrivent plus spécifiquement certaines de ces infec-
tions (voir Gale, Paludisme, Pédiculose). Par ailleurs, de nombreux protozoaires
intestinaux ne sont pas mentionnés ici, car ils ne sont pas responsables de ma-
ladie et ne doivent donc pas être traités lorsqu’ils sont trouvés dans les selles :
Entamœba dispar, Entamœba hartmanni, Entamœba coli, Iodamœba butschlii,
Endolimax nana, Chilomastix mesnili. Quant au Blastocystis homini, souvent
découvert dans les selles, sa pathogénicité est débattue ; il peut être très excep-
tionnellement la cause de symptômes.
Amibiase
Agent étiologique Entamœba histolytica (protozoaire intestinal).
Distribution L’amibiase peut se trouver partout, mais elle prédomine dans les
pays où les conditions d’hygiène sont défavorables.
Mode de transmission Elle se transmet de personne à personne ou par inges-
tion d’eau ou d’aliments contaminés.
Manifestations cliniques L’amibiase peut être asymptomatique ou se mani-
fester par des troubles digestifs de gravité variable, allant de la légère diarrhée
Parasitoses 877
Ankylostomiase
Agents étiologiques Ancylostoma duodenale ou Necator americanus (helminthes,
nématodes intestinaux).
878 Parasitoses
Ascaridiase
Agent étiologique Ascaris lumbricoides (helminthe, nématode intestinal ou
ver rond pouvant atteindre 35 cm à l’âge adulte).
Distribution Elle est répandue dans toutes les régions du monde, surtout dans
celles où les conditions d’hygiène sont défavorables.
Mode de transmission Elle se transmet par ingestion de terre ou d’aliments
contaminés avec des œufs d’Ascaris.
Manifestations cliniques L’ascaridiase peut être asymptomatique ou provo-
quer des malaises abdominaux vagues. Les principales complications sont la
pneumonie avec éosinophilie (syndrome de Löffler), l’obstruction intestinale, le
volvulus par un bolus d’ascaris dans l’intestin grêle, la cholécystite, l’abcès hépa-
tique, la pancréatite, l’appendicite, la péritonite biliaire et l’ictère par obstruction
des voies biliaires. L’hémogramme peut montrer une éosinophilie.
Diagnostic On le confirme par l’identification du parasite adulte à l’œil nu
dans les selles ou des œufs du parasite à l’examen microscopique de celles-ci.
Pour les formes extra-intestinales, la radiographie pulmonaire, l’échographie
abdominale et la cholangiopancréatographie rétrograde peuvent s’avérer utiles.
Traitement On peut avoir recours à l’une des options suivantes : mébendazole,
albendazole ou ivermectine en dose unique. S’il y a des complications obstruc-
tives, la chirurgie peut s’avérer nécessaire, et les vermifuges doivent être évités
tant que l’obstruction n’est pas levée. Il est suggéré de répéter l’examen des selles
deux semaines après le traitement.
Prévention L’isolement n’est pas indiqué. Les mesures préventives comprennent
l’hygiène corporelle, la protection des aliments contre la contamination et l’uti-
lisation de latrines.
Parasitoses 879
Balantidiase
Agent étiologique Balantidium coli (protozoaire intestinal).
Distribution Elle se trouve partout dans le monde, mais particulièrement en
Amérique latine, en Extrême-Orient et en Nouvelle-Guinée.
Mode de transmission Elle se transmet par ingestion d’eau contaminée, par
manipulation de porcs ou de leurs viscères ou par l’ingestion d’aliments dans
les régions où le fumier de porc est utilisé comme engrais.
Manifestations cliniques Elles sont similaires à celles de l’amibiase.
Diagnostic On le confirme par l’examen microscopique des selles ou par la
découverte de lésions caractéristiques visibles à la rectosigmoïdoscopie.
Traitement Le premier choix repose sur la tétracycline pendant 10 jours, qui est
cependant contre-indiquée chez l’enfant âgé de moins de 8 ans. Parmi les autres
choix, on propose l’iodoquinol pendant 20 jours ou le métronidazole pendant 5 jours.
Prévention Les précautions entériques sont recommandées.
Échinococcose
Agent étiologique Larves de l’Echinococcus granulosus ou de l’Echinococcus
multilocularis (plathelminthe ou ver plat, cestode).
Distribution Elle est présente dans la plupart des régions du monde, surtout
dans les zones où les chiens gardent les troupeaux et vivent en contact étroit
avec les humains.
Mode de transmission Elle se transmet par contact avec des chiens conta-
minés (exemple : chiens de berger non déparasités).
Manifestations cliniques À la suite de l’ingestion des œufs, des kystes hyda-
tiques peuvent se développer, surtout dans le foie et les poumons, plus rarement
880 Parasitoses
dans le cerveau, la rate, les reins ou les os. Ils sont le plus souvent asymptoma-
tiques. La rupture chirurgicale ou traumatique d’un kyste peut causer un choc
anaphylactique ou l’essaimage à distance. Chez l’enfant, la localisation la plus
fréquente est le poumon ; il y a apparition de fièvre, de douleur thoracique, de
toux et d’hémoptysie en cas de rupture du kyste.
Diagnostic On le confirme avec l’identification par échographie, TDM ou RMN
de une ou de plusieurs lésions kystiques dans un viscère. Les épreuves sérolo-
giques s’avèrent utiles, mais il y a des faux négatifs et des faux positifs. On doit
éviter la ponction d’un kyste à des fins diagnostiques à cause du risque d’ana-
phylaxie et d’essaimage.
Traitement Le choix du traitement repose sur différents critères du kyste tels
que sa localisation (hépatique, pulmonaire, cérébral), sa situation superficielle
ou profonde, son caractère unique ou multiple et sa taille. Le traitement peut
être uniquement médical, chirurgical ou par ponction/aspiration avec injection
de protoscolucides associée au traitement médical avec de l’albendazole. Si
la chirurgie est retenue, des précautions particulières doivent être prises pour
éviter la rupture du kyste et l’essaimage. Lorsqu’il y a de multiples kystes, le
traitement médical repose sur l’albendazole en cures de trois mois avec un
intervalle de deux semaines entre deux cures ; pendant le traitement, il faut
surveiller la numération leucocytaire (risque de neutropénie) et les enzymes
hépatiques.
Prévention Elle passe par le dépistage et le déparasitage des chiens domes-
tiques et l’abattage de chiens errants, la surveillance de l’abattage du bétail et
la destruction contrôlée des viscères infectés pour éviter que les chiens y aient
accès. Il n’est pas nécessaire d’isoler le patient.
Filarioses
I. Onchocercose (cécité des rivières)
Agent étiologique Onchocerca volvulus (filaire).
Distribution Elle est surtout répandue en Afrique de l’Ouest, en Amérique
centrale et en Amérique du Sud.
Mode de transmission Elle se transmet par la piqûre de simulie, une mouche
noire.
Manifestations cliniques On voit apparaître une dermite prurigineuse, des lé-
sions cutanées diverses (dépigmentation et vieillissement prématuré de la peau,
lésions hypertrophiques, nodules sous-cutanés) et des lymphadénites. L’atteinte
oculaire est caractérisée par des lésions cornéennes et de la rétine pouvant mener
à la cécité. Il faut suspecter cette infection chez toute personne venant d’une
région endémique et présentant du prurit avec éosinophilie.
Diagnostic Il repose avant tout sur l’observation de microfilaires s’échappant
de biopsies cutanées exsangues mises en incubation dans du sérum physiolo-
gique, sur l’examen ophtalmologique à la lampe à fente et sur la sérologie. Le
test de Mazzotti consiste en l’administration locale de diéthylcarbamazine qui
provoque une lyse des parasites et une réaction allergique. Cette réaction est
particulièrement désagréable et reste, de ce fait, réservée aux situations où les
biopsies et l’examen à la lampe à fente sont négatifs. Il existe également une
version percutanée de ce test qui ne provoque pas d’effets systémiques.
Parasitoses 881
II. Loase
Agent étiologique Loa loa (filaire).
Distribution On la retrouve en Afrique centrale et de l’Ouest.
Mode de transmission Le vecteur qui transmet l’infection est le chrysops ; il
ressemble à la mouche à chevreuil et il pique le jour.
Manifestations cliniques On observe la migration de la filaire Loa Loa sous la
conjonctive oculaire. La loase peut aussi causer un gonflement douloureux des
tissus sous-cutanés (œdème de Calabar), le plus souvent localisé aux poignets et
aux avant-bras. Le syndrome néphrotique et la fibro-élastose endomyocardique
sont des manifestations plus rares.
Diagnostic On le confirme par l’observation des manifestations cliniques et par la
mise en évidence de la microfilaire dans le sang. Une éosinophilie est souvent pré-
sente. La sérologie aide au diagnostic, mais n’est pas spécifique de l’espèce de filaire.
Traitement Il s’applique en milieu spécialisé. Il consiste surtout en l’adminis-
tration de diéthylcarbamazine. Les patients ayant une charge parasitaire élevée
peuvent présenter une méningo-encéphalite mortelle à la suite de ce traitement.
Chez ces derniers, avant la mise en route du traitement, il faut réduire la charge
parasitaire par cytaphérèse ou par un traitement avec de l’albendazole. Lorsque
le ver passe sous la conjonctive, il peut être extrait sous anesthésie locale, sur-
tout dans un but diagnostique. L’utilisation de diéthylcarbamazine doit se faire
prudemment si le patient provient d’une zone où l’onchocercose est endémique :
son administration chez un patient atteint d’onchocercose peut causer de graves
effets oculaires, dont la cécité.
Prévention La prévention repose sur les mesures antivectorielles : déforestation
autour des domiciles, utilisation de moustiquaires aux fenêtres, port d’habits pro-
tecteurs et à manches longues, application d’insectifuges (DEET, perméthrine).
Giardiase
Agent étiologique Giardia lamblia (protozoaire intestinal).
Distribution Elle est universelle.
Mode de transmission Elle se transmet de personne à personne par voie fécale-
orale ou par l’ingestion d’eau contaminée (exemple : randonneurs qui boivent
l’eau des lacs et des rivières). Les enfants ayant un déficit en IgA, ceux qui fré-
quentent un service de garde (garderie, crèche), ainsi que ceux qui sont atteints
de fibrose kystique (mucoviscidose) sont particulièrement vulnérables.
Manifestations cliniques La giardiase peut être asymptomatique ou causer
une diarrhée chronique avec ou sans malabsorption intestinale. Les crampes
abdominales, les sensations de ballonnements, la flatulence et les nausées (envi-
ron 70 % des cas) sont plus fréquentes que les vomissements (ceux-ci touchent
environ le tiers des cas). L’anorexie et la malabsorption peuvent conduire à une
perte de poids et à un retard de croissance.
Diagnostic On le confirme par l’identification des kystes de G. lamblia à l’exa-
men microscopique des selles. Même s’il est répété plusieurs fois, cet examen
peut se révéler faussement négatif. Il est parfois nécessaire de rechercher le para-
site dans le liquide duodénal ou dans la biopsie jéjunale. La détection d’antigènes
dans les selles serait plus sensible que la microscopie.
Traitement Le traitement de premier choix est le métronidazole à dose habi-
tuelle pendant 5 à 7 jours. Les traitements de seconde ligne sont les suivants :
quinacrine (pendant 5 jours), nitazoxanide (surtout dans les cas de résistance
au métronidazole), furazolidone (pendant 7 à 10 jours), albendazole seul ou en
association avec le métronidazole (pendant 5 jours), tinidazole (en dose unique)
ou paromomycine (pendant 5 à 10 jours). Dans les cas de résistance au métroni-
dazole, on prescrit une double dose de métronidazole pour 10 jours. On peut aussi
tenter de combiner le métronidazole avec l’albendazole ou avec la quinacrine.
Prévention Les précautions entériques sont recommandées. Le lavage des mains
(en particulier dans un service de garde) contribue à réduire la transmission.
Parasitoses 883
Isosporiase
Agent étiologique Isospora belli (sporozoaire intestinal), maintenant appelé
Cystoisospora belli.
Distribution Elle est universelle, avec une prédominance en Afrique et en
Amérique du Sud.
Mode de transmission Elle se transmet par ingestion d’eau ou de nourriture
contaminée.
Manifestations cliniques Cette infection peut être asymptomatique ou se
manifester par de la diarrhée, des douleurs abdominales, une perte de poids,
des malaises, des flatulences, de l’anorexie et une fièvre légère. Maladie oppor-
tuniste, elle peut causer une diarrhée chronique chez le patient atteint du
syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA).
Diagnostic On le confirme par l’identification du parasite à l’examen micros-
copique des selles, du liquide duodénal ou d’une biopsie jéjunale.
Traitement Il repose sur le triméthoprime/sulfaméthoxazole à dose thérapeu-
tique habituelle pendant 10 jours, puis à moitié de la dose pendant les 3 semaines
suivantes. En cas d’allergie aux sulfamidés, on peut associer de la pyriméthamine
et de l’acide folinique pendant 14 jours.
Prévention Les précautions entériques sont recommandées.
Leishmaniose
Agent étiologique Plusieurs espèces de Leishmania, protozoaire intracellulaire
vivant dans les macrophages.
Distribution On les retrouve, selon les espèces, en Europe, en Orient, en
Afrique et en Amérique.
Mode de transmission La maladie est transmise par la piqûre d’un insecte,
le phlébotome (sand fly).
Manifestations cliniques Il en existe principalement trois formes.
1) Leishmaniose viscérale (kala-azar) : elle est principalement causée par L. dono-
vani. Elle se manifeste par un tableau chronique de fièvre prolongée avec
perte de poids, hépatosplénomégalie et hypersplénisme. Elle peut être suivie
d’une éruption cutanée chronique caractéristique qui prend naissance autour
de la bouche et qui s’étend au haut du corps.
2) Leishmaniose cutanée : elle atteint le plus souvent les régions découvertes du
corps, prend habituellement la forme d’un ulcère cutané, et moins souvent d’un
nodule ou d’une plaque, ou bien elle provoque des ulcères ou des nodules
le long d’un trajet lymphatique. Les lésions peuvent persister des mois, voire
des années avant de guérir spontanément en laissant une cicatrice atrophique.
Chez certains patients, on peut observer une extension par contiguïté vers
une forme muqueuse. La leishmaniose cutanée diffuse peut ressembler à la
lèpre.
3) Formes muqueuses destructrices de la sphère ORL (nez, palais, bouche et
larynx) : elles sont dans la majorité des cas secondaires et surviennent quelques
années après l’ulcère cutané. Il existe des formes primaires causées par cer-
taines espèces du parasite. Ces formes s’observent surtout en Amérique du
Sud et plus rarement en Afrique.
884 Parasitoses
Oxyurose
Agent étiologique Enterobius vermicularis (petit némathelminthe ou ver rond,
mince comme un fil, pouvant atteindre une longueur de 1 cm à l’âge adulte).
Distribution Elle est universelle.
Mode de transmission Elle se transmet de personne à personne.
Manifestations cliniques Souvent asymptomatique, cette infection peut aussi
causer un prurit anal ou vulvaire parfois important, souvent vespéral. C’est une
cause possible de vulvovaginite, de douleurs abdominales et d’infection urinaire
chez la fille.
Diagnostic On le confirme par l’observation directe de l’oxyure vivant dans les
selles. Si le ver ne peut être visualisé, on peut appliquer, le matin au réveil, un
ruban adhésif transparent sur la région anale. Le ruban est ensuite collé sur
un porte-objet pour la recherche microscopique des œufs d’oxyures.
Traitement Il consiste en l’administration d’albendazole, de mébendazole ou
de pamoate de pyrantel, chacun en une dose unique. Toute la famille doit être
traitée, et le traitement doit être répété deux semaines plus tard.
Prévention Dans cette situation, il s’agit de règles de prévention pour limiter
une auto-infestation en insistant sur les mesures d’hygiène simples : couper les
ongles courts, se laver les mains après la défécation. Ce sont aussi des règles de
prévention secondaire qui s’appliquent aux proches : passer l’aspirateur autour
des lits et éviter de secouer les draps pour les nettoyer (cela disperserait les œufs
dans toute la maison), laver les vêtements et les draps. L’isolement des sujets
atteints n’est pas recommandé.
Parasitoses 885
Schistosomiase ou bilharziose
Agents étiologiques Schistosoma mansoni, Schistosoma hæmatobium, Schis-
tosoma japonicum et certains autres types plus rares. Les schistosomes sont
des trématodes hématogènes (vers plats non segmentés) qui font partie des
plathelminthes.
Distribution Elle est endémique dans de nombreuses régions tropicales.
Mode de transmission Elle se transmet par contact avec de l’eau douce conta-
minée (exemple : baignade).
Manifestations cliniques La schistosomiase aiguë peut causer de la fièvre
prolongée, une lymphadénopathie et une hépatosplénomégalie avec éosino-
philie (fièvre de Katayama). L’infection chronique peut être asymptomatique ou
se manifester par de la diarrhée, une hépatosplénomégalie, une hypertension
portale ou, dans le cas du S. hæmatobium, par des signes urinaires, parmi les-
quels l’hématurie macroscopique et l’insuffisance rénale sont les plus communs.
Diagnostic On le confirme par l’identification des œufs du parasite à l’exa-
men microscopique des selles ou de l’urine ou par biopsie rectale. La sérologie
s’avère utile.
Traitement Le praziquantel est indiqué pour toutes les formes de l’infection.
Les posologies varient selon le type de schistosome.
Prévention L’isolement n’est pas nécessaire. Il faut éviter la baignade ou le
contact avec de l’eau douce contaminée.
Strongyloïdose ou anguillulose
Agent étiologique Strongyloides stercoralis (nématode intestinal).
Distribution Elle est surtout prévalente dans les régions tropicales.
Mode de transmission Elle se transmet par pénétration par voie cutanée de
la larve pendant le contact de la peau (le plus souvent des pieds) sur un sol
contaminé. La personne infectée peut s’autoréinfecter, même une fois hors du
pays endémique. Les larves pénètrent alors la muqueuse intestinale ou la peau
périanale.
Manifestations cliniques Cette infection peut être asymptomatique. Lorsque la
charge parasitaire est élevée, elle peut causer des infiltrats pulmonaires, des dou-
leurs abdominales d’allure ulcéreuse, une malabsorption et des manifestations
cutanées. Il peut y avoir une éosinophilie. Chez les patients immunocompromis
ou chez ceux qui sont infectés par le virus T-lymphotropique humain 1 (HTLV 1),
une forme disséminée est possible, les larves pouvant envahir plusieurs organes.
La forme disséminée peut se compliquer d’une méningite ou d’une septicémie
due à une bactérie à Gram négatif.
Diagnostic On le confirme par culture de selles sur des milieux spéciaux,
ou, le plus souvent, par des examens microscopiques répétés des selles ou du
liquide duodénal obtenu par tubage. Il existe une sérologie sensible, mais qui
peut donner des résultats croisés avec d’autres helminthes. Il est important de
diagnostiquer cette infection chez les sujets que l’on souhaite soumettre à un
traitement immunosuppresseur intensif et prolongé (corticostéroïdes, chimiothé-
rapie) à cause du risque de dissémination et de septicémie mortelle.
Traitement Le traitement de premier choix est l’ivermectine pendant deux jours.
Les autres options sont l’albendazole pendant sept jours ou le thiabendazole
886 Parasitoses
pendant deux jours. Comme le parasite n’est pas facile à mettre en évidence
et qu’on ne peut s’assurer de son éradication, il est préférable de répéter le trai-
tement deux semaines plus tard.
Prévention L’isolement n’est pas nécessaire. Il faut éviter de marcher pieds nus
dans les lieux contaminés (sols humides en zone rurale tropicale).
Tæniase, cysticercose
Agents étiologiques Tænia saginata (Tænia du bœuf), Tænia solium (Tænia
du porc), Diphyllobothrium latum (Tænia du poisson), des plathelminthes ou
vers plats (cestodes intestinaux).
Distribution Elle est largement répandue dans le monde, mais surtout préva-
lente dans les pays où l’hygiène s’avère déficiente.
Mode de transmission Elle se transmet par la consommation de viande (ou
de poisson) contaminée crue ou mal cuite.
Manifestations cliniques La plupart des infections sont asymptomatiques.
Les personnes atteintes peuvent toutefois présenter de l’anorexie, une perte de
poids, des douleurs abdominales, des nausées et du prurit anal. La diphyllo-
bothriase cause rarement une anémie macrocytaire par déficit en vitamine B12.
Des segments du ver peuvent se trouver dans les selles en cas d’infection par
le Tænia du bœuf et du poisson. L’ingestion d’œufs de T. solium peut causer la
cysticercose ; il s’agit de lésions kystiques, situées dans les tissus sous-cutanés, les
muscles et les viscères, y compris le cerveau et l’œil. Ces kystes peuvent causer
des complications comme des convulsions dans la forme parenchymateuse ou
une hydrocéphalie, une méningite chronique dans la forme sous-arachnoïdienne
et ventriculaire et des pertes subites de la vue dans l’œil atteint.
Diagnostic On le confirme par l’observation à l’œil nu de segments de ver
ou par recherche d’œufs dans les selles à l’aide du microscope (cette méthode
diagnostique n’est pas très sensible). La détection antigénique dans les selles,
qui n’est pas disponible partout, est beaucoup plus sensible et spécifique que
la microscopie. Le diagnostic de cysticercose n’est pas toujours facile et repose
essentiellement sur les examens radiologiques (radiographies simples des tissus
mous des membres inférieurs, TDM ou RMN cérébrale). La sérologie n’est pas
très sensible. Rarement, une biopsie peut être nécessaire.
Traitement Il dépend du type d’infection.
1) Infection localisée au tube digestif : le traitement de premier choix est le pra-
ziquantel en une dose unique, sinon le niclosamide en une dose unique.
2) Cysticercose cérébrale : l’albendazole administré pendant 8 à 30 jours est plus
efficace que le praziquantel donné pendant 30 jours. Ce traitement peut être
répété si les lésions persistent. Il est recommandé d’administrer des cortico-
stéroïdes et un anticonvulsivant avant et pendant ce traitement, afin d’éviter
l’hydrocéphalie et les convulsions.
Prévention L’isolement n’est pas nécessaire. Il faut éviter de manger des viandes
crues ou mal cuites.
Toxocarose
Agents étiologiques Toxocara canis et Toxocara cati (nématodes tissulaires).
Distribution Elle est universelle.
Parasitoses 887
Toxoplasmose
Agent étiologique Toxoplasma gondii (protozoaire intracellulaire).
Distribution Elle est universelle.
Mode de transmission Elle se transmet par la manipulation de la litière des chats,
la consommation de viande insuffisamment cuite, l’ingestion de kystes dans des
aliments ou de l’eau contaminée, la transmission verticale ou la transfusion de pro-
duits sanguins. Les personnes atteintes du SIDA sont plus vulnérables.
Manifestations cliniques Elles sont de deux ordres.
1) Toxoplasmose congénitale : voir Infections congénitales.
2) Toxoplasmose acquise : l’infection peut être asymptomatique ou se manifes-
ter comme une mononucléose infectieuse, notamment par des adénopathies,
surtout cervicales. La choriorétinite est classiquement décrite (la toxoplasmose
est une des causes les plus fréquentes de choriorétinite). Rarement, il peut y
avoir atteinte du système nerveux central (SNC) ou du cœur.
Diagnostic Voir Infections congénitales. Le diagnostic de l’infection acquise
chez l’hôte immunocompétent repose surtout sur la sérologie. On peut avoir
recours à l’examen direct d’une biopsie ganglionnaire et à la PCR.
888 Parasitoses
Trichinose
Agent étiologique Trichinella spiralis (nématode tissulaire).
Distribution Elle est universelle.
Mode de transmission Elle se transmet par la consommation de porc ou de
gibier contaminés.
Manifestations cliniques L’infection peut être asymptomatique. Parfois fatale,
elle peut aussi se manifester comme suit :
• pendant la semaine qui suit l’infection : nausées, vomissements, diarrhée, dou-
leurs abdominales ;
• de deux à quatre semaines plus tard : fièvre, atteinte pulmonaire, myocardique
et cérébrale, douleurs et faiblesse musculaires, œdème palpébral, hémorragies
conjonctivales et sous-unguéales, éruption urticarienne.
Diagnostic Étayé par l’histoire alimentaire, il est suspecté en cas d’œdème
palpébral et de douleurs musculaires. Une élévation importante de la créatine
kinase et une éosinophilie marquée sont des indices suggestifs. Le diagnostic
est confirmé par la sérologie et par la biopsie musculaire.
Traitement Il repose sur l’albendazole pendant 8 à 14 jours. Le mébendazole
représente une autre option. Les corticostéroïdes par voie générale sont indi-
qués, et leur posologie est ajustée selon la gravité des manifestations cliniques.
Prévention L’isolement n’est pas nécessaire. Il importe de manger de la viande
toujours bien cuite.
Trichocéphalose
Agent étiologique Trichuris trichiuria (nématode intestinal).
Distribution Elle est universelle, mais plus fréquente dans les régions chaudes
et dans celles où les conditions d’hygiène sont défavorables.
Mode de transmission Elle se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments
contaminés.
Manifestations cliniques L’infection est souvent asymptomatique. Une infec-
tion importante peut se manifester par des douleurs abdominales, de la diarrhée
et des rectorragies, un prolapsus rectal et de l’anémie.
Diagnostic On le confirme par l’identification des œufs à l’examen micros-
copique des selles.
Parasitoses 889
Trypanosomiases
I. Trypanosomiases africaines
Agents étiologiques et distribution La maladie du sommeil, ou trypanoso-
miase ouest-africaine, qui sévit en Afrique centrale et occidentale, est causée par
le Trypanosoma brucei gambiense. La trypanosomiase est-africaine, endémique en
Afrique centrale et orientale, est causée par le Trypanosoma brucei rhodesiense.
Mode de transmission Ces deux formes de la maladie sont transmises par
la piqûre de glossine (mouche tsé-tsé). Rarement, il peut s’agir d’une infection
congénitale ou d’une infection transmise par transfusion de produits sanguins.
Manifestations cliniques La première manifestation est un chancre d’inocu-
lation, observé de façon inconstante. Par la suite, la maladie évolue vers une
phase hémolymphatique, dont les manifestations principales sont la fièvre, les
adénopathies et les céphalées. Dans la forme ouest-africaine, on peut noter la
présence d’une importante adénopathie cervicale postérieure (signe de Win-
terbottom). Dans la phase suivante, le SNC est envahi par le trypanosome, cet
envahissement pouvant provoquer des céphalées, des difficultés de concentra-
tion, des changements de comportement, une inversion du cycle éveil-sommeil,
mais surtout un retard psychomoteur chez l’enfant. Avec le temps, le patient
devient difficile à réveiller, ne s’alimente plus et s’enfonce dans un coma. Dans
la trypanosomiase ouest-africaine, les manifestations neurologiques surviennent
de façon insidieuse sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Dans la trypa-
nosomiase est-africaine, le tableau de méningo-encéphalite est d’évolution plus
aiguë (sur quelques semaines).
Diagnostic On le confirme par l’isolement du parasite à partir du chancre,
du sang, du LCR ou du produit de ponction d’un ganglion lymphatique et par
identification au microscope. En cas d’atteinte du SNC, il y a une pléiocytose,
une hyperprotéinorachie et une élévation des IgM dans le LCR. Il existe une PCR
et une sérologie.
Traitement Il s’applique en milieu spécialisé et dépend de la forme de trypa-
nosomiase, du stade de la maladie, avec ou sans atteinte neurologique.
Prévention Les patients atteints ne peuvent pas être donneurs de sang, et l’al-
laitement par une mère infectée est contre-indiqué. Les voyageurs à destination
de zones d’endémie devraient éviter les foyers de maladie du sommeil et d’in-
festation par la mouche tsé-tsé et diminuer le risque de piqûres par le port de
vêtements protecteurs.
Parotidite 189
Nathalie Gaucher, Annie Lapointe
Généralités
Les glandes parotides et sous-maxillaires (ou sous-mandibulaires) sont les princi-
pales glandes salivaires et les plus fréquemment touchées chez l’enfant. La glande
parotide se situe à l’angle de la mandibule et s’étend antérieurement vers la
bouche ; son canal excréteur, le canal de Sténon, s’ouvre à la face interne de
la joue. La glande sous-maxillaire, quant à elle, est située au niveau du plancher
buccal, et l’ouverture de son canal excréteur (canal de Wharton) se trouve à la
base du frein de la langue.
La parotidite infectieuse, plus souvent virale que bactérienne, est l’affec-
tion la plus fréquente des glandes salivaires chez l’enfant. Le virus des oreillons
demeure la première étiologie d’une parotidite en cas d’épidémie, mais le déve-
loppement, depuis 1968, d’un vaccin vivant atténué a modifié l’épidémiologie
de la parotidite en Amérique du Nord et en Europe. Dans une population où
le taux de vaccination est élevé, d’autres virus (Epstein-Barr, cytomégalovirus,
para-influenza 1 et 3, influenza A, adénovirus, Coxsackie, parvovirus B19) sont
mis en cause.
La sialadénite bactérienne suppurative aiguë survient plus fréquemment
chez l’enfant que chez l’adulte. Chacune des glandes salivaires peut être touchée,
mais la composition salivaire de la glande parotide rend celle-ci plus vulnérable.
Parotidite 891
Manifestations cliniques
L’œdème de la parotide cause un soulèvement du lobe de l’oreille et un effa-
cement de l’angle de la mandibule. L’examen bimanuel de la glande permet
parfois de palper une sialolithiase. Le canal de Sténon peut être hyperhémié et
œdématié en cas d’inflammation.
Les oreillons se manifestent habituellement avec de la fièvre et une augmen-
tation bilatérale de la taille des glandes parotides (voir Oreillons).
La parotidite suppurative se présente avec l’apparition rapide d’œdème de la
parotide et de douleur locale. Elle s’associe à de la fièvre et à une douleur à
la mastication. Des sécrétions purulentes peuvent être exprimées là où s’ouvre
le canal de Sténon.
La parotidite récurrente juvénile se manifeste par plusieurs épisodes de
parotidite suppurative aiguë, séparés par des intervalles complètement asymp-
tomatiques.
Explorations
Le diagnostic de parotidite demeure avant tout clinique. Une hyperleucocytose
suggère plutôt une parotidite bactérienne. L’amylasémie d’origine salivaire et
l’amylasémie totale sont élevées dans la majorité des cas de parotidite.
Le virus des oreillons peut être identifié par la culture virale des sécrétions
respiratoires, de l’urine et du LCR pendant la première semaine des symptômes.
Le diagnostic sérologique peut être utile si le virus n’est pas identifié. En cas de
parotidite suppurative, la coloration de Gram et la culture bactérienne des sécré-
tions purulentes sont souvent diagnostiques.
L’imagerie de la parotide n’est pas indiquée en cas de parotidite isolée non
compliquée. Si l’on suspecte un abcès parotidien, une échographie de la glande
peut préciser le diagnostic, bien que la tomodensitométrie de la parotide soit
plus précise.
On doit procéder à une imagerie dans tous les cas de parotidite récurrente.
L’échographie ou la sialographie de la glande permettent d’éliminer une sialo-
lithiase ou une anomalie des canaux salivaires (sténose ou dilatation).
Le diagnostic différentiel de l’œdème de la parotide inclut la sialolithiase,
certains médicaments (phénothiazines, thiouracil), la malnutrition, des tumeurs
ou des kystes et certaines affections systémiques (exemples : infection au virus
de l’immunodéficience humaine [VIH], syndrome de Sjögren). Selon le cas, une
investigation spécifique peut être indiquée.
892 Pédiculose
Traitement
La parotidite suppurative est traitée avec un antibiotique ayant un spectre d’action
antistaphylococcique (céphalosporine de 1re génération, cloxacilline ou oxacil-
line) ; on prescrit cet antibiotique par voie intraveineuse ou orale selon la gravité
de l’atteinte et l’état général du patient. L’hydratation, des compresses tièdes et
des mesures locales pour exprimer la salive (massage de la glande ou prise de
sialagogues, tels des citrons) contribuent aussi au traitement. L’abcès parotidien
doit souvent être drainé chirurgicalement.
En cas de parotidite suppurative récurrente, chaque épisode aigu est traité
de la même façon, c’est-à-dire avec des mesures locales et des antibiotiques. Le
traitement définitif dépend de la cause sous-jacente. La sialendoscopie permet
la dilatation des canaux salivaires et sert également à évacuer une sialolithiase
lorsqu’identifiée.
Pronostic
La parotidite virale a un très bon pronostic ; on observe habituellement une réso-
lution complète des symptômes en quelques jours. Une paralysie du nerf facial
peut compliquer une parotidite suppurative, surtout en cas d’abcès. Toutefois,
le drainage de l’abcès et le traitement de l’infection sous-jacente permettent sou-
vent une récupération complète de l’atteinte nerveuse.
Pédiculose 190
Julie Powell
Généralités
Les poux peuvent infester le cuir chevelu (Pediculus humanus capitis), les cils,
les poils du corps (Pediculus humanus corporis) ou les poils pubiens (Phtirius
pubis). La transmission se fait surtout de personne à personne, par contact direct
entre les têtes, et probablement par l’intermédiaire d’objets contaminés comme
des peignes, des brosses à cheveux et des chapeaux. Chez l’enfant, une infesta-
tion des cils et du cuir chevelu peut être causée par le P. pubis. La pédiculose du
pubis est considérée comme une infection transmissible sexuellement.
Manifestations cliniques
Souvent, l’infestation ne cause aucun symptôme, car il faut de quatre à six
semaines, à l’occasion de la première infestation, pour que la sensibilisation se
manifeste ; l’observation fortuite du parasite vivant ou de ses œufs (lentes) ovales
et translucides, accrochés aux cheveux ou aux poils, conduit au diagnostic. Le
prurit, parfois intense, est secondaire à une hypersensibilité à la salive injectée par
l’insecte, lorsqu’il se nourrit. Dans les cas négligés, une infection bactérienne
secondaire des excoriations du cuir chevelu peut survenir.
Explorations
La présence de lentes n’indique pas nécessairement une infestation active, car
les lentes peuvent persister après un traitement efficace. Le diagnostic repose sur
Pédiculose 893
la détection d’un parasite vivant ou de lentes viables ; seules les lentes situées
à moins de 1 cm de la racine du cheveu sont considérées comme viables et
témoignent d’une infestation récente et active. Cette approche de détection est
plus efficace si l’on utilise un peigne très fin sur des cheveux mouillés. Aucune
exploration complémentaire n’est nécessaire.
Traitement
I. Pédiculose du cuir chevelu
1) Insecticides topiques
De plus en plus de résistances à ces agents sont décrites.
Au Canada Premier choix : après-shampoing à la perméthrine 1 % (Kwellada-PMD,
NixMD) : la durée suggérée de contact avant rinçage est de 10 minutes. On répète
ce traitement une semaine plus tard. Il faut éviter l’emploi de conditionneur, qui
réduit l’effet résiduel de ce traitement et, par le fait même, son efficacité.
Les autres choix sont les suivants.
• Shampoing aux pyréthrines 0,3 % et au butoxyde de pipéronyle 3 % (R&CMD) :
la durée suggérée de contact avant rinçage est de 10 minutes. On répète ce
traitement une semaine plus tard. Il faut éviter ce produit chez les sujets aller-
giques aux chrysanthèmes et à l’herbe à poux.
• Shampoing au lindane 1 % (HexitMD) : la durée suggérée de contact avant rin-
çage est de cinq minutes. Comme il existe une possibilité de neurotoxicité,
ce produit n’est pas recommandé pour les nourrissons et les jeunes enfants
ou pour les femmes enceintes ou qui allaitent.
En France Plusieurs choix sont possibles, dont les suivants.
• Pyréthrines naturelles ou synthétiques (exemples : ItaxMD en aérosol, en lotion
ou en shampoing, Marie RoseMD suractivée en aérosol, PyreflorMD en lotion ou
en shampoing, Spray-PaxMD en aérosol) : on peut laisser agir ces produits une
douzaine d’heures, puis rincer le cuir chevelu. On procède à une seconde
application une semaine plus tard pour éliminer les lentes.
• Malathion (PriodermMD en lotion), qui détruit également les lentes : une seule
application d’une douzaine d’heures est nécessaire.
Suivi
Un peigne fin devrait être passé dans les cheveux un jour ou deux après la
deuxième application d’insecticide pour confirmer le succès du traitement. La
présence de lentes viables (à moins de 1 cm du cuir chevelu) suggère une résis-
tance au traitement. On recommande un examen hebdomadaire au peigne fin
pendant quelques semaines après un traitement réussi.
Prévention
S’il s’agit d’un enfant hospitalisé, il doit être isolé jusqu’au moment de l’applica-
tion du traitement. Les peignes et brosses à cheveux et la literie doivent être lavés
à l’eau très chaude. Les membres de la famille et les autres personnes qui ont
été en contact avec un enfant atteint doivent être examinés et traités au besoin.
L’enfant peut retourner à l’école ou au service de garde (garderie, crèche) après
un premier traitement complet fait avec un insecticide topique, sans égard à la
présence ou non de lentes.
Péricardite 191
Evelyne D. Trottier, Myriam Brassard
Généralités
Le péricarde est l’enveloppe fibroélastique du cœur ; il est composé de deux
membranes, l’une viscérale (épicarde) et l’autre pariétale, séparées par un
espace minime contenant quelques millilitres de liquide, la cavité péricardique.
Il existe plusieurs formes de péricardite : aiguë, récurrente, chronique (qui dure
plus de trois mois) et constrictive. Le présent chapitre traite principalement de la
Péricardite 895
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse porte surtout sur la description de la douleur et des symptômes
associés.
Les patients atteints de péricardite présentent, la plupart du temps, une
douleur thoracique aiguë (ou parfois abdominale haute), en coup de poignard,
persistante, aggravée à l’inspiration et à la toux et irradiant parfois à l’épaule
gauche. Cette douleur s’améliore typiquement en position assise ou debout, le
thorax incliné vers l’avant. Elle est souvent accompagnée de symptômes généraux
tels une fièvre, de la fatigue et des vomissements. La douleur est moins souvent
présente dans le cas d’une atteinte inflammatoire chronique.
896 Péricardite
III. Explorations
Un ECG peut aider à confirmer le diagnostic de péricardite ; il est initialement
anormal dans environ 80 % des cas. Il révèle souvent une élévation diffuse des
segments ST, avec une dépression du segment PR présente dans la majorité des
dérivations. Lorsqu’il y a un épanchement important, les complexes QRS peuvent
être de bas voltage, c’est-à-dire de moins de 5 mm. Ces changements typiques
sont habituellement présents lorsque l’épicarde est atteint, mais ils sont absents
dans le cas d’une atteinte isolée du péricarde pariétal. Lorsqu’ils sont présents,
on les observe surtout pendant la première semaine de symptômes. Par la suite,
les segments ST et PR se normalisent, puis une inversion diffuse des ondes T
peut se produire de façon transitoire ou persistante. Une arythmie soutenue,
rare dans la péricardite simple, suggère la présence d’une myocardite associée
ou d’une affection cardiaque sous-jacente.
Le bilan sanguin initial montre parfois une hyperleucocytose, ainsi qu’une
élévation de la vitesse de sédimentation et, surtout, de la protéine C réactive.
Péricardite 897
Traitement
La plupart des péricardites sont bénignes et de courte durée ; un suivi ambu-
latoire suffit dans ces circonstances. Il est habituellement recommandé d’hos-
pitaliser le patient fébrile ou présentant des palpitations ou des marqueurs
cardiaques élevés, ainsi que tout enfant immunocompromis, atteint d’une coa-
gulopathie ou traité avec des anticoagulants, ayant subi un traumatisme ou une
chirurgie récente ou n’ayant pas répondu à une semaine de traitement avec des
anti-inflammatoires non stéroïdiens.
La majorité des péricardites répondent favorablement à un traitement d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens (exemples : acide acétylsalicylique, ibuprofène,
naproxène) pendant une ou deux semaines, avec un sevrage progressif par la
suite. Le suivi de la protéine C réactive peut aider à déterminer la durée du
traitement. Près de 80 % des patients récupèrent en trois semaines environ. Les
activités physiques sont à proscrire durant la phase aiguë. Rarement nécessaires,
les corticostéroïdes sont réservés aux cas réfractaires. La colchicine est utilisée
dans les cas chroniques ou récidivants.
Lorsqu’une péricardite bactérienne est suspectée, une décompression et un
drainage doivent être réalisés, sous couvert d’une antibiothérapie intraveineuse
adaptée. Chez le patient immunocompétent, celle-ci doit être active contre le
Staphylococcus aureus (exemple : cloxacilline) et les autres bactéries fréquem-
ment responsables de ce type d’infection telles que le pneumocoque, l’Hæ-
mophilus influenzæ de type b et le méningocoque (exemples : céfotaxime ou
ceftriaxone). L’antibiothérapie est ensuite ajustée selon les résultats des cultures
du liquide péricardique. Le traitement antibiotique doit être poursuivi pendant
trois ou quatre semaines.
En présence de signes de tamponnade, on peut tenter de stabiliser le patient
instable sur le plan hémodynamique avec des bolus de NaCl 0,9 %. Les diurétiques
et les vasopresseurs sont contre-indiqués. Une péricardiocentèse urgente doit être
effectuée, de préférence par un cardiologue et sous guidance échographique.
898 Petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et restriction de croissance intra-utérine
Pronostic
L’évolution est favorable, et il n’y a pas de séquelles dans la grande majorité des
cas, à l’exception des péricardites bactériennes, qui ont un taux de mortalité allant
de 25 à 75 %. De 10 à 30 % des patients présenteront une péricardite récurrente ;
une étiologie auto-immune, infectieuse ou néoplasique doit alors être recher-
chée. Environ 1 ou 2 % des cas évoluent vers une péricardite constrictive consis-
tant en un épaississement du péricarde qui restreint le remplissage ventriculaire
et, conséquemment, le débit cardiaque ; dans ces cas, une péricardectomie peut
s’avérer nécessaire.
Généralités
Il faut distinguer un petit poids de naissance pour l’âge gestationnel d’une res-
triction de croissance intra-utérine (RCIU) (hypotrophie).
D’un point de vue physiopathologique, la RCIU s’applique aux nouveau-nés
n’ayant pas atteint leur plein potentiel de croissance, comme dans le cas d’une
insuffisance utéroplacentaire. Dans la pratique, il est difficile de connaître le poten-
tiel de croissance d’un nouveau-né. La définition la plus généralement acceptée
d’un « petit poids de naissance pour l’âge gestationnel » est un poids inférieur
au 10e percentile (parfois inférieur au 5e percentile ou même au 3e percentile selon
certains auteurs) ou inférieur à deux écarts types par rapport à la moyenne pour
l’âge gestationnel. Néanmoins, cette définition est imparfaite. En effet, certains de
ces nouveau-nés ont un petit poids constitutionnel et ne présentent pas de RCIU.
Inversement, certains naissent avec un poids supérieur au 10e percentile et pré-
sentent une RCIU (exemple : un nouveau-né a un poids au 25e percentile alors
que son potentiel est au 75e percentile). Ils échappent ainsi à la définition clinique.
Plusieurs données concernant les paramètres de croissance pour nouveau-nés
ont été publiées. C’est à partir de ces éléments d’information que l’on détermine
si un nouveau-né présente un petit poids pour l’âge gestationnel.
Depuis 1990, l’Organisation mondiale de la Santé utilise un critère différent
dans ses données statistiques. Elle définit le faible poids de naissance comme un
poids inférieur à 2 500 g. Bien que cette définition, établie en fonction de notions
statistiques, ne tienne pas compte de l’âge gestationnel, elle permet de reconnaître
la majorité des nouveau-nés nécessitant une attention particulière, que ce soit
principalement à cause d’une prématurité ou d’une RCIU.
Dans les pays développés, environ de 4 à 8 % des nouveau-nés présentent
une RCIU. On estime l’âge gestationnel selon l’histoire menstruelle, les écho-
graphies obstétricales et le degré de maturation neurologique au moment de
la naissance. En comparaison avec un nouveau-né dont le poids de naissance
est approprié pour l’âge gestationnel, la principale caractéristique clinique du
nouveau-né affecté par une RCIU est la discordance observée chez lui entre la ma-
turité neurologique et les paramètres de croissance, plus particulièrement le poids.
Petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et restriction de croissance intra-utérine 899
Approche clinique
Le diagnostic de petit poids de naissance pour l’âge gestationnel est habituelle-
ment établi durant la grossesse par l’échographie obstétricale. À la naissance, on
reporte le poids, la taille et le périmètre crânien sur les courbes de croissance.
Chez l’enfant qui présente un petit poids de naissance pour l’âge gestationnel, on
trouve plus de malformations congénitales mineures et isolées (exemple : hypo-
spadias) ou liées à une anomalie chromosomique ou à un syndrome. À l’examen,
900 Petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et restriction de croissance intra-utérine
Traitement
Chez tout nouveau-né, qu’il soit prématuré ou à terme, avec petit poids pour
l’âge gestationnel lié à une RCIU, on doit s’assurer que l’enfant tolère l’alimenta-
tion entérale, à cause du risque d’hypoglycémie advenant un apport insuffisant
en glucose (voir Hypoglycémie).
Complications
Le nouveau-né présentant un petit poids de naissance pour l’âge gestationnel,
et plus particulièrement en contexte de RCIU, est plus fréquemment sujet aux
complications suivantes : asphyxie néonatale, inhalation de méconium, persis-
tance de la circulation fœtale, hyperviscosité sanguine ou polycythémie, hypo-
thermie, hypocalcémie, hypoglycémie, entérocolite nécrosante, leucopénie et
thrombopénie (surtout chez les prématurés et les nouveau-nés dont la mère
souffre d’hypertension artérielle gravidique). Chez ces enfants, l’existence d’une
leucopénie est fréquente et transitoire (jusqu’à 30 jours), mais peut être associée
à une augmentation du risque d’infection nosocomiale chez les prématurés. La
thrombopénie fréquemment observée chez les nouveau-nés présentant une RCIU
nés de mère souffrant de prééclampsie n’est habituellement pas majeure ni asso-
ciée à des saignements ; si le décompte plaquettaire est inférieur à 50 × 109/L, il
faut explorer d’autres causes de thrombopénie.
Chez l’enfant né avant terme, les complications de la RCIU s’ajoutent à
celles de la prématurité, et la restriction de croissance ne protège pas le nouveau-né
de complications liées à son âge gestationnel.
Pronostic
Lorsque les complications sont détectées de façon précoce et traitées adéquatement,
le pronostic à court terme est excellent. Le pronostic à long terme dépend de la
cause du petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et de l’importance de
la RCIU. Si l’enfant souffre d’une infection congénitale ou s’il a été exposé à
des substances toxiques, le risque de séquelles est supérieur à 50 % et devient
encore plus élevé si le patient présente en même temps une microcéphalie. En
cas de RCIU associée à des conditions extrinsèques au fœtus (exemples : gros-
sesse multiple, prééclampsie maternelle), on observe dans la majorité des cas
une croissance dite de rattrapage après la naissance. La taille adulte dépendra
Petite taille 901
Généralités
On parle de petite taille lorsque celle-ci est inférieure au 3e percentile pour
l’âge ou lorsqu’elle se situe à deux écarts types ou moins sous la moyenne
de l’âge. Par définition, de 2,5 à 3 % des enfants normaux ont une petite taille
et, dans la plupart des cas, la vélocité de croissance est normale. Les principales
causes de petite taille sont indiquées dans le tableau 193.1.
L’une des étapes cruciales dans l’évaluation d’une petite taille est la constitu-
tion de la courbe de croissance et la détermination de la vélocité de croissance, si
possible sur 12 mois, à partir des mesures antérieures ou de manière prospective.
Une taille inférieure à deux écarts types sous la moyenne pour l’âge mérite une
évaluation, tout autant qu’un ralentissement statural illustré par une vélocité de
croissance sous le 5e percentile pour l’âge sur une période d’au moins six mois.
Approche clinique
L’anamnèse familiale s’intéresse particulièrement à l’existence de petite taille chez
les parents, la fratrie et chez les grands-parents ou même dans la famille plus
éloignée. Il faut aussi s’enquérir de la consanguinité chez les parents, de l’âge
de la ménarche chez la mère et vérifier si le père ou la mère ont grandi plus
tardivement et plus longtemps que les autres enfants de leur âge.
L’anamnèse personnelle s’intéresse aux antécédents néonatals (exemples :
présentation du siège, hypoglycémie). Il est important de connaître le poids
et la taille à la naissance, afin d’éliminer une restriction de croissance intra-
utérine (RCIU) ; les enfants atteints peuvent en effet ne pas faire de rattrapage
statural au cours des deux premières années de vie et ont tendance à rester petits.
Une estimation de la taille cible à l’aide des tailles parentales est utile pour
confirmer l’importance du ralentissement statural chez l’enfant (voir Croissance
physique normale). La détermination du rapport poids/taille permet de distin-
guer les carences (nutritionnelles, d’origine affective ou par maladie chronique)
des endocrinopathies.
L’examen physique complet comprend la recherche des dysmorphies, l’éva-
luation du stade pubertaire (Tanner), ainsi que la mesure des segments supérieur
et inférieur et de l’envergure. Une disproportion est souvent présente chez les
dysplasies squelettiques.
Enfin, il faut aussi rechercher systématiquement les signes et les symptômes
de maladie chronique (exemples : fibrose kystique [mucoviscidose], colite ulcé-
reuse, maladie de Crohn, insuffisance rénale chronique). Le retard statural peut
être le premier signe clinique d’une maladie chronique.
Les examens paracliniques, outre celui de l’âge osseux, varient selon le
tableau clinique. On peut, par exemple, procéder aux examens suivants si l’on
suspecte une maladie chronique sous-jacente : hémogramme, vitesse de sédi-
mentation, bilan hépatique, urée, créatininémie, analyse d’urine. Un bilan thyroï-
dien, un dosage de l’insulin-like growth factor-1 (IGF-1), la mesure de l’hormone
folliculostimulante (FSH ou follicle stimulating hormone) et un caryotype pour
les filles, ainsi qu’une hybridation comparative génomique (CGH ou compara-
tive genomic hybridization) sur micropuce peuvent être utiles et sont prescrits
selon les hypothèses diagnostiques envisagées (voir section Petite taille associée
à des dysmorphies).
de la croissance, avec une taille inférieure ou égale à trois écarts types sous la
taille cible, l’enfant présente un aspect immature. L’âge osseux est très retardé
par rapport à l’âge chronologique et reflète, dans le cas d’un déficit acquis,
l’âge auquel a eu lieu la lésion. Le dosage de l’IGF-1 est très bas pour l’âge,
et le diagnostic repose sur la mise en évidence d’une sécrétion insuffisante de
l’hormone de croissance en réponse à une stimulation pharmacologique par
la L-Dopa, l’arginine, la clonidine ou le glucagon au cours de deux tests consé-
cutifs. La croissance se normalise avec l’administration quotidienne d’une hor-
mone de croissance biosynthétique par voie sous-cutanée.
Syndrome de Cushing Le premier signe peut être une simple absence de gain
statural malgré une progression pondérale. On le reconnaît aux signes classiques
suivants : obésité centrale associée à une petite taille (à différencier d’une obésité
exogène où la taille est égale ou supérieure au 50e percentile), faciès lunaire et
pléthorique, adiposité de la base de la nuque, vergetures, hypertension artérielle,
hypertrichose. Chez l’enfant, ce syndrome peut être causé par un adénome ou
un carcinome surrénalien ou par un adénome de l’hypophyse (dans ce dernier
cas, il s’agit d’une maladie de Cushing). Un syndrome de Cushing est le plus
souvent iatrogène en pédiatrie, faisant suite à la prise d’un corticostéroïde par
voie générale à doses élevées et prolongées. Il peut aussi, chez le jeune enfant,
être causé par l’application topique d’un corticostéroïde, pendant une longue
période et sur une grande surface cutanée, par exemple en cas de dermite ato-
pique (cela est beaucoup plus rare de nos jours avec l’usage des immunomodu-
lateurs topiques). La prise d’une dose moyenne d’un corticostéroïde en inhalation
sur une longue période (exemple : budénoside 400 μg/24 h durant 1 an) peut
également entraîner une suppression transitoire de la croissance, mais habituel-
lement sans atteinte de la taille finale à l’âge adulte.
Hypogonadisme chez l’adolescent Il peut être associé à une petite taille dans
les cas d’hypogonadisme hypogonadotrophique (ou hypothalamo-hypophysaire)
ou dans le syndrome de Turner chez la fille (voir Retard pubertaire).
Généralités
Les infections pharyngées et amygdaliennes sont très fréquentes chez l’enfant.
La majorité de ces infections sont causées par des virus (exemples : rhino-
virus, adénovirus, virus Epstein-Barr). Le Streptococcus pyogenes (streptocoque
β-hémolytique du groupe A), principal agent causal des pharyngo-amygdalites
bactériennes, représente de 15 à 30 % des cas, toutes étiologies confondues, et
il survient le plus souvent en hiver et au printemps. Il est rare avant l’âge de
deux ans chez les enfants qui ne fréquentent pas un service de garde (garderie,
crèche). La période d’incubation est de deux à cinq jours. La complication la plus
importante qui justifie un traitement antibiotique des pharyngites à streptocoque
du groupe A est le rhumatisme articulaire aigu (RAA). Les infections causées par
les streptocoques C et G sont moins fréquentes. L’infection à Corynebacterium
diphteriæ (diphtérie) reste exceptionnelle dans les pays où tous les enfants sont
908 Pharyngite et amygdalite
Manifestations cliniques
Certains éléments cliniques sont plus suggestifs d’une infection virale ou bacté-
rienne, mais ne permettent pas d’établir avec certitude l’étiologie de la pharyngo-
amygdalite.
L’infection streptococcique s’observe principalement chez les enfants âgés
entre 5 et 15 ans. Elle se caractérise classiquement par l’apparition subite d’un
mal de gorge exacerbé par la déglutition et d’une fièvre élevée. On observe sou-
vent des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et des céphalées
associées. En cas d’abcès périamygdalien, la douleur pharyngée est particuliè-
rement intense et s’accompagne parfois de trismus. À l’examen, les amygdales
sont rouges et hypertrophiées, avec ou sans exsudat. Une voussure ou un
déplacement de l’amygdale et de la luette suggèrent la présence d’un abcès. La
muqueuse oropharyngée est rouge et congestive, et il y a parfois des pétéchies
sur le voile du palais. Les ganglions sous-maxillaires sont augmentés de volume
et sensibles à la palpation. S’il y a une éruption de scarlatine, celle-ci révèle une
étiologie streptococcique.
Une toux, une voix rauque, un stridor, une hyperhémie conjonctivale, une
rhinorrhée, des selles diarrhéiques, une gingivostomatite ou une éruption macu-
lopapuleuse sont des signes qui suggèrent davantage une infection virale.
Explorations
En l’absence d’éruption scarlatiniforme, la preuve d’une infection à streptocoque
du groupe A doit être confirmée par des examens microbiologiques. Avant l’âge
de trois ans, la recherche du streptocoque est toutefois moins pertinente si l’en-
fant ne fréquente pas un service de garde ou si aucun membre de la famille
n’est atteint d’infection streptococcique. De plus, la survenue du RAA chez de si
jeunes enfants reste exceptionnelle.
La culture d’un prélèvement pharyngé demeure l’outil diagnostique le plus
fiable. Elle ne permet cependant pas de différencier une pharyngite bactérienne
d’une pharyngite virale survenant chez un porteur asymptomatique de strep-
tocoques.
L’utilisation de tests d’identification rapide de l’antigène streptococcique est
de plus en plus recommandée. Du fait de leur haute spécificité, un résultat posi-
tif confirme la présence de streptocoque du groupe A. En revanche, un résultat
négatif devrait être confirmé par une culture des sécrétions pharyngées selon
les normes américaines, alors qu’en France, ceci ne s’applique qu’aux enfants
qui ont des facteurs de risque de RAA (exemples : antécédent personnel de RAA,
séjour en régions d’endémie de RAA).
L’hémogramme n’a pas de grande valeur diagnostique. Une hyperleucocy-
tose peut être présente ou absente en cas d’infection virale ou streptococcique.
La présence de lymphocytes atypiques suggère une mononucléose infectieuse.
Le dosage des antistreptolysines O (ASO) est parfois utile pour appuyer un dia-
gnostic d’infection streptococcique récente, par exemple en cas de glomérulonéphrite
aiguë post-streptococcique ou de RAA ; il doit être effectué en phase de
convalescence.
Pharyngite et amygdalite 909
Traitement
I. Traitement de la pharyngo-amygdalite virale
Les antibiotiques sont inutiles. Le traitement symptomatique suffit : boissons
abondantes, alimentation molle et froide au goût de l’enfant, administration
d’analgésiques tels l’acétaminophène (paracétamol) ou l’ibuprofène. L’utilisa-
tion de la dexaméthasone par voie orale comme traitement symptomatique de
la pharyngo-amygdalite à virus Epstein-Barr est surtout recommandée lorsque
l’inflammation des amygdales est très importante et qu’elle compromet les voies
aériennes.
Complications
Les complications des pharyngo-amygdalites streptococciques sont de nature
infectieuse (exemples : adénite cervicale, cellulite et abcès périamygdaliens, abcès
rétropharyngé, otite, sinusite, bactériémie), immunologique (glomérulonéphrite
aiguë, RAA) ou mixte (choc toxique). Elles sont peu fréquentes de nos jours, et
les cas de RAA sont devenus exceptionnels. Cependant, une maladie neurologique
auto-immune décrite dans le courant des années 1990 pourrait être associée à
l’infection streptococcique. Cette maladie, le « PANDAS » (Pediatric Autoimmune
Neuropsychiatric Disorders Associated with Streptococcal Infections), se carac-
térise par un trouble obsessionnel-compulsif ou des tics ; l’antibiothérapie n’a
malheureusement pas montré d’effet préventif.
Généralités
On parle de phimosis lorsque le prépuce, trop serré, ne peut être complètement
rétracté sous le gland. La plupart des nouveau-nés ont un phimosis physiologique ;
ils ne nécessitent ni dilatations forcées ni circoncision. Le prépuce n’est rétrac-
table que chez 4 % des nouveau-nés ; cette proportion s’élève à 20 % à six mois,
à 50 % à un an, à 80 % à deux ans et à 90 % à trois ans. Le phimosis peut aussi
être acquis dans le cas de balanites à répétition ou de rétractions forcées d’un
phimosis congénital. Un phimosis survient également avec la balanite xerotica
obliterans, une maladie cutanée semblable au lichen scléreux.
Chez le garçon non circoncis, un paraphimosis survient lorsque le prépuce
phimotique est rétracté derrière le gland et laissé dans cette position. Une conges-
tion veineuse et un œdème du prépuce, de même qu’une congestion du gland,
surviennent et empêchent la réduction du prépuce dans sa position normale.
Dans certains groupes ethniques, la circoncision néonatale est pratiquée
de routine pour des raisons religieuses. Actuellement, la Société canadienne de
pédiatrie et l’American Academy of Pediatrics (AAP) ne recommandent pas la cir-
concision de routine, mais suggèrent de peser les avantages et les risques d’une
telle intervention. L’AAP considère cependant que les bénéfices préventifs de la
circoncision élective supplantent les risques de complications.
912 Phimosis, paraphimosis et circoncision
II. Risques
La méatite et la sténose méatale sont plus fréquentes chez les circoncis. La circonci-
sion se complique d’hémorragie, d’infection ou de l’exérèse accidentelle d’un excès
de tissu dans environ 2 % des cas. Des complications plus rares incluent la fistule
urétrale et l’incarcération du gland qui survient par la cicatrisation sténotique du pré-
puce résiduel. Faite sans anesthésie, elle est douloureuse ; effectuée sous anesthésie,
elle expose l’enfant aux complications de celles-ci, particulièrement le nouveau-né.
II. Contre-indications
Les contre-indications sont les suivantes : toute maladie du nouveau-né, hypo-
spadias, épispadias, méga-urètre, courbure du pénis, trouble hémorragique.
Conclusion
Si l’on exclut les considérations d’ordre religieux, aucun argument ne justifie la
circoncision systématique des nouveau-nés. Il faut éviter les dilatations forcées
qui risquent de causer des déchirures avec une cicatrisation accompagnée de
fibrose et d’un risque de paraphimosis secondaire. On peut réaliser l’hygiène
quotidienne au cours du bain en rétractant le prépuce sans exercer une traction
excessive. La plupart du temps, la rétraction complète devient possible sponta-
nément ; il suffit d’attendre que l’enfant vieillisse.
Généralités
Ce chapitre traite des piqûres d’insectes de l’ordre des diptères (qui comprend
les mouches et les moustiques) et des hyménoptères (qui englobe les guêpes, les
abeilles et les bourdons). Certains diptères piquent pour se nourrir alors que
les hyménoptères ne piquent en général que s’ils se sentent menacés. Les guêpes
peuvent infliger des piqûres multiples, mais les abeilles ne piquent qu’une seule
fois et meurent par la suite. D’autres insectes, ainsi que nombre d’autres arthro-
podes, peuvent infliger morsures et piqûres, par exemple les arachnides (scor-
pions, araignées, tiques et mites).
Les piqûres de diptères et d’hyménoptères sont fréquentes et ne causent,
la plupart du temps, qu’une réaction locale mineure qui ne nécessite ni inves-
tigation ni traitement. Dans certains cas, surtout pour les piqûres d’hyménop-
tères, la réaction locale peut être beaucoup plus importante. Dans de rares cas,
une réaction systémique de nature allergique peut survenir. Cette réaction est
médiée par des IgE spécifiques dirigées contre les diverses protéines du venin
(exemple : phospholipase A dans le cas de l’abeille). Elle apparaît le plus sou-
vent à la suite de piqûres d’hyménoptères, en particulier les guêpes. La piqûre
d’autres insectes, notamment les mouches noires, peut provoquer une réaction
allergique. Une réaction systémique de nature toxique survient parfois à la suite
de piqûres multiples d’hyménoptères.
Manifestations cliniques
Les piqûres de mouches et de moustiques ne causent en général qu’une papule
érythémateuse localisée, en réponse à l’action irritante des sécrétions salivaires
de l’insecte.
Les piqûres d’hyménoptères provoquent une sensation immédiate de brûlure,
rapidement suivie d’une réaction inflammatoire localisée, caractérisée par un
œdème et de l’érythème. Cette réaction dure habituellement quelques heures,
mais peut persister plusieurs jours. L’étendue et la nature de la réaction locale
varient selon l’individu, la quantité de venin injecté et le site de piqûre. Elle peut
être dangereuse si elle se situe à proximité des voies respiratoires.
Dans environ 10 % des cas, les piqûres de diptères et d’hyménoptères causent
un œdème et un érythème local étendus (plus de 10 cm). Cette réaction peut
être accompagnée d’une légère fièvre. Elle est souvent confondue avec une
914 Piqûres d’insectes
cellulite. Une piqûre autour de l’œil peut parfois être prise pour une cellulite
périorbitaire. L’apparition rapide d’une telle réaction, qui est maximale 48 heures
après la piqûre, aide à la distinguer d’une surinfection, qui évolue généralement
sur une période plus longue. Une réaction locale étendue n’augmente pas de
façon importante le risque d’une réaction allergique systémique au moment de
piqûres subséquentes.
Les piqûres d’insectes pourraient être responsables de certaines formes d’ur-
ticaire papulaire. Il s’agit d’une éruption cutanée récurrente ou chronique qui
consiste en de nombreuses lésions papulaires prurigineuses, souvent regroupées.
Une réaction allergique systémique se produit chez 0,4 à 0,8 % des enfants
piqués par un hyménoptère. La réaction allergique peut se limiter à une atteinte
cutanée qui prend la forme d’une urticaire avec prurit. Les réactions plus graves
affectent un ou plusieurs autres systèmes. Les réactions touchant les systèmes
respiratoire et cardiovasculaire sont les plus redoutées : œdème angioneurotique,
œdème laryngé, bronchospasme, hypotension. L’atteinte gastro-intestinale peut
provoquer nausées, vomissements, diarrhée et douleurs abdominales. Chez l’en-
fant, la réaction systémique se limite le plus souvent à une réaction cutanée. Le
choc et les réactions fatales sont plus fréquents chez l’adulte. Le décès est en
général causé par l’obstruction des voies respiratoires, qui peut se manifester
très rapidement.
Une réaction toxique peut survenir en cas de piqûres multiples d’hyménop-
tères. Cette réaction, semblable à une anaphylaxie, est causée par les peptides
et les amines vaso-actives du venin injecté. Elle peut provoquer les troubles sui-
vants : hémolyse, rhabdomyolyse, coagulation intravasculaire disséminée, insuf-
fisance cardiaque, insuffisance rénale et même décès.
Explorations
L’anamnèse et l’examen sont habituellement suffisants.
L’identification de l’insecte piqueur constitue un élément diagnostique impor-
tant en cas de réaction systémique, mais elle n’est pas toujours possible. Si le
dard est resté dans la peau, il s’agit probablement d’une abeille.
On doit diriger vers un allergologue toute personne ayant présenté une
réaction systémique à la suite d’une piqûre d’insecte. Des tests cutanés pourront
être réalisés. L’étendue de la réaction locale au test n’est pas directement liée à
la gravité de la réaction systémique. Bien que généralement sécuritaires, les tests
cutanés peuvent provoquer, dans de rares cas, une réaction systémique. Ils doivent
être réalisés sous surveillance médicale dans un milieu où l’équipement de réani-
mation est disponible. Des épreuves in vitro comme l’ImmunoCAPMD (technique
ELISA en sandwich) sont moins sensibles que les tests cutanés ; elles mettent
en évidence les IgE spécifiques dans le sérum du patient. Elles sont utiles si les
tests in vivo ne peuvent être réalisés ou si l’on suspecte un résultat faussement
négatif. Ces différents tests se révèlent positifs chez la majorité des personnes
allergiques. Dans les cas de réaction anaphylactique avec des tests négatifs, un
dosage de la tryptase devra être fait pour éliminer la présence d’une mastocytose.
Traitement
Le dard doit être enlevé le plus tôt possible, car il permet l’absorption addition-
nelle du venin. La présence du dard peut également prédisposer l’enfant à une
surinfection ou à la formation d’une réaction granulomateuse. Les réactions locales
Piqûres d’insectes 915
minimes ne nécessitent aucun traitement outre le nettoyage du site. Pour les réac-
tions locales plus importantes, on peut appliquer une compresse froide. On admi-
nistre un analgésique mineur pour soulager la douleur. En cas de prurit important,
on peut utiliser un corticostéroïde topique de faible concentration et administrer
un antihistaminique par voie orale. En cas de réaction locale étendue, on élève
le membre atteint et l’on peut envisager l’administration d’un corticostéroïde par
voie générale. Les antibiotiques ne sont nécessaires qu’en cas de surinfection.
Une réaction de nature anaphylactique à une piqûre d’insecte constitue une
urgence médicale. La personne qui présente une réaction anaphylactique doit
recevoir le plus tôt possible de l’adrénaline par voie intramusculaire, suivie d’un
antihistaminique systémique, puis être amenée dans les meilleurs délais dans un
milieu où l’équipement de réanimation est disponible. La personne ayant reçu
de l’adrénaline auto-injectable doit également bénéficier d’une attention médi-
cale le plus tôt possible. Les autres modalités du traitement sont détaillées dans
le chapitre Anaphylaxie, choc anaphylactique.
Prévention
Les personnes allergiques au venin d’hyménoptères doivent être informées des
situations à risque et des mesures d’évitement et de protection. Le jardinage et la
tonte du gazon de même que les repas pris à l’extérieur sont des activités parti-
culièrement dangereuses. Des gants ainsi que des vêtements longs et bien ajustés
devraient être portés s’il y a risque d’exposition. Le port de souliers et de chaussettes
à l’extérieur est primordial. Les couleurs vives et les motifs floraux de même que
les savons et les produits cosmétiques parfumés sont à éviter. On doit enseigner
aux enfants à rester calmes en présence d’hyménoptères ; ces insectes peuvent
interpréter les mouvements brusques comme une attaque. Les nids situés à proxi-
mité de la maison doivent être détruits par une personne qualifiée. Les lotions
insectifuges peuvent être utiles contre les insectes autres que les hyménoptères.
On doit prescrire de l’adrénaline auto-injectable à toute personne qui présente
une histoire d’allergie grave aux piqûres d’insectes. Elle doit l’avoir en sa posses-
sion en tout temps et en connaître le mode d’administration. Elle devrait porter
un bracelet de type Medic-AlertMD indiquant qu’elle présente une telle allergie.
La désensibilisation ou l’immunothérapie au moyen de venin purifié est effi-
cace pour prévenir une réaction systémique subséquente chez plus de 98 % des
enfants traités. Elle est indiquée chez les patients qui présentent une histoire
d’anaphylaxie aux piqûres d’hyménoptères, après confirmation du diagnostic
par les tests cutanés. La réaction locale étendue de même qu’une réaction aller-
gique limitée au système cutané chez l’enfant ne constituent pas des indica-
tions d’immunothérapie. Cette désensibilisation consiste à administrer par voie
sous-cutanée des quantités croissantes de venin dilué, à intervalles rapprochés
jusqu’à l’atteinte d’une dose protectrice efficace (dose d’entretien), qui sera répé-
tée de façon mensuelle. Le temps nécessaire pour atteindre la dose d’entretien
varie de 24 heures à 6 mois, selon le protocole de désensibilisation qui sera
choisi. Des réactions locales ou systémiques peuvent se produire au cours du
traitement. Lorsqu’elles sont importantes, il est souvent nécessaire de réduire
temporairement la dose de venin. Des réactions locales importantes (jusqu’à
10 cm de diamètre) sont fréquentes au cours de la désensibilisation. Ce type
de réaction n’augmente pas le risque de réaction systémique aux injections
subséquentes. Si ces réactions locales sont bien tolérées, on peut continuer la
916 Pleurs excessifs du nourrisson
Généralités
Le très jeune bébé utilise le seul moyen de communication qu’il possède, soit
les pleurs, pour signifier à son entourage qu’il a faim, qu’il n’est pas à l’aise ou
qu’il a besoin de tendresse.
L’évolution naturelle des pleurs du nourrisson est maintenant bien connue :
la durée augmente de la naissance jusqu’à l’âge de six semaines pour atteindre
un pic de trois heures par jour, puis diminue progressivement entre l’âge de
trois et quatre mois. Les périodes de pleurs les plus intenses surviennent habi-
tuellement en soirée.
Pour des raisons qui peuvent être propres à chaque enfant (tempérament,
sensibilité) ou relatives à son environnement (excès de stimulation, stress), cer-
tains bébés pleurent de façon exagérée. Le défi du praticien est de distinguer
les pleurs excessifs représentant un degré extrême de pleurs physiologiques
(coliques), d’autres pleurs excessifs pouvant avoir une cause organique poten-
tiellement traitable (exemples : œsophagite, allergie, trouble neurologique, dou-
leur). Il faut éviter une escalade d’examens invasifs, d’interventions diététiques
onéreuses et parfois difficiles à réaliser (exemple : diète d’éviction chez la mère
qui allaite) ainsi que de traitements ayant des effets secondaires potentiels. Le
rôle premier du médecin est de déterminer s’il existe une affection sous-jacente
à investiguer ou à traiter. Si ce n’est pas le cas, il faut rassurer et accompagner
les parents dans cette période difficile.
Ce chapitre ne traite que des pleurs excessifs persistants et non de ceux qui
accompagnent certaines maladies aiguës et douloureuses comme l’otite.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse s’intéresse surtout aux questions suivantes.
• Depuis quand l’enfant pleure-t-il ?
• Combien d’heures par jour pleure-t-il ?
• Quel est l’horaire des pleurs ?
• Semble-t-il y avoir un lien avec les tétées (refus de boire, début des pleurs
pendant ou juste après) ?
• Le problème a-t-il tendance à s’atténuer avec le temps ?
• Comment l’enfant est-il nourri (type de lait, fréquence et durée des tétées) ?
• Y a-t-il d’autres symptômes anormaux (régurgitations, vomissements, anoma-
lie des selles, dermite atopique) ?
• Quels traitements ont été essayés, incluant les traitements « alternatifs » ?
• Comment la famille réagit-elle ? Quelles sont la structure et la dynamique de
la famille ? Y a-t-il des sources de stress excessif dans la famille ? Comment le
réseau de soutien des parents est-il constitué et comment fonctionne-t-il ?
• La mère souffre-t-elle de dépression ?
918 Pleurs excessifs du nourrisson
III. Explorations
Si l’on suspecte une allergie aux protéines du lait de vache, l’hémogramme peut
révéler une anémie ou une éosinophilie. Une analyse et une culture d’urine
peuvent aussi être indiquées, surtout si les pleurs sont d’apparition subite. Au-
cune autre investigation n’est nécessaire, sauf, dans de rares cas, lorsqu’il s’agit
de confirmer un trouble organique détecté par l’anamnèse ou l’examen ou s’il
y a suspicion de maltraitance.
Traitement
I. Pleurs excessifs « physiologiques » ou coliques
Dans les situations de pleurs « physiologiques », on peut suggérer aux parents de
porter leur bébé pendant une partie de la journée. Par contre, l’efficacité du mou-
vement comme mode de traitement des pleurs excessifs n’est pas établie. La ques-
tion du tempérament difficile s’exprimant par des pleurs excessifs n’est pas résolue.
Plusieurs médicaments ont été tentés, mais n’ont pas fait leurs preuves ; de
plus, ils peuvent produire des effets secondaires. Il est donc préférable d’éviter
toute tentative de traitement pharmacologique, à l’exception d’un essai de trai-
tement du reflux gastro-œsophagien (voir ci-après).
D’autres méthodes moins classiques ou « alternatives » sont parfois tentées
par les parents.
L’emploi d’une tisane contenant un mélange de camomille, de verveine, de
réglisse, de fenouil et de menthe aurait un certain succès. Cependant, la consom-
mation importante de cette tisane pourrait conduire à une réduction des quanti-
tés de lait ingérées. On ne peut pas généraliser ces résultats à toutes les tisanes,
dont certaines peuvent être dangereuses. Une émulsion de graines de fenouil a
donné des résultats positifs, mais les données sont limitées. Les produits de type
Gripe water, un mélange d’herbes et d’eau, peuvent contenir des ingrédients
dangereux ; ils devraient être déconseillés. Le sucrose semble avoir un effet
bénéfique, mais de courte durée. Selon quelques études, le probiotique Lacto-
bacillus reuteri aurait une certaine efficacité, sans engendrer d’effets secondaires.
L’ostéopathie n’a pas été suffisamment évaluée. La manipulation cervicale
est potentiellement dangereuse. L’homéopathie n’a pas été démontrée efficace.
Le massage n’a pas prouvé plus d’efficacité qu’un appareil de vibration inséré
sous le lit du nourrisson, déjà considéré comme un placebo.
Suivi
Il est très important d’organiser un suivi rapproché pour évaluer les résultats
des solutions proposées et offrir un soutien aux parents. On peut leur suggérer
d’assumer à tour de rôle la responsabilité de l’enfant pendant la nuit, de façon
que chacun puisse se reposer quelques heures. Il faut informer les parents de ne
jamais secouer le bébé ; cela est d’une importance majeure. On doit leur suggérer
des solutions, par exemple placer le bébé dans son lit, sur le dos, barreaux du
lit relevés, quitter la pièce et appeler une personne-ressource. Il importe d’être
très vigilant devant la possibilité de maltraitance dans les situations d’inexpé-
rience, de fatigue ou d’isolement parental. Dans ces circonstances, les ressources
du milieu doivent être promptement et intensément mobilisées pour la sécurité
du bébé. Une aide psychologique se révèle parfois nécessaire. Dans certains
cas, l’intervention d’un travailleur (assistant) social ou le soutien d’un membre
du personnel infirmier peut être utile. Dans les cas extrêmes, une courte hos-
pitalisation de l’enfant peut apporter aux parents le répit qui leur permettra de
reprendre leurs forces.
Des observations anecdotiques indiquent que certains de ces enfants cessent
de pleurer lorsqu’ils sont hospitalisés. Dans ces cas, il convient de suspecter
920 Pneumonie
Pneumonie 198
Benoit Bailey, Philippe Ovetchkine, Jacques-Edouard Marcotte,
Jacques Boisvert
Généralités
Les pneumonies, fréquentes chez l’enfant, sont des infections respiratoires basses,
résultant de l’atteinte du parenchyme pulmonaire. Il est important de distinguer
une pneumonie d’une atélectasie, surtout dans le cas d’un syndrome obstructif
(asthme ou bronchiolite).
Avant l’âge de deux ans, la majorité des pneumonies sont causées par des
virus, en particulier le virus respiratoire syncytial (VRS) (voir tableau 198.1). Après
cet âge, la fréquence des pneumonies d’origine virale diminue. Parmi les bac-
téries, le Streptococcus pneumoniæ reste le principal agent pathogène, quel
que soit l’âge de l’enfant. Le rôle du Mycoplasma pneumoniæ et du Chlamydia
pneumoniæ augmente avec l’âge, particulièrement après cinq ans. Deux agents
infectieux peuvent être en cause simultanément dans plusieurs cas (exemple :
un virus et une bactérie).
Chez les enfants immunocompromis, les mêmes germes que l’on trouve
chez l’enfant immunocompétent peuvent être en cause, mais il faut aussi soup-
çonner les agents opportunistes tels que le cytomégalovirus (CMV), le Legionella
pneumophila, le Pneumocystis jiroveci et les agents mycotiques, suivant le type
de déficit immunitaire.
Malgré la vaccination contre l’Hæmophilus influenzæ de type b, il peut tou-
tefois survenir des pneumonies à Hæmophilus d’autres types que le type b ou
non typables qui entraînent exceptionnellement des complications suppuratives
ou des bactériémies. Bien que la vaccination généralisée contre le S. pneumoniæ
ait de toute évidence diminué l’incidence de bactériémie, on ne peut affirmer que
la fréquence des pneumonies avec condensation parenchymateuse a été réduite.
La tuberculose doit toujours être gardée en mémoire, surtout s’il y a une
histoire de contact ou si l’enfant vient d’une région endémique.
Une pneumonie par inhalation doit être soupçonnée chez l’enfant atteint
d’encéphalopathie, de troubles de la déglutition ou de reflux gastro-œsophagien.
L’ingestion d’un hydrocarbure peut provoquer une pneumonie chimique
(voir Intoxications).
Manifestations cliniques
Les symptômes et les signes des pneumonies varient beaucoup d’un patient à
l’autre et comprennent la fièvre, la toux, la dyspnée et la douleur thoracique. Le
degré de fièvre ne permet pas de distinguer une pneumonie virale d’une pneu-
monie bactérienne.
Pneumonie 921
Explorations
I. Hématologie, biochimie, microbiologie
Dans la plupart des cas, aucune exploration autre que l’imagerie n’est indiquée.
L’hémogramme ne permet pas de distinguer une pneumonie bactérienne
d’une pneumonie virale. Il en est de même de la vitesse de sédimentation, de
la protéine C réactive ou de la procalcitonine.
La culture des sécrétions pharyngées est inutile. La culture des expectora-
tions, rarement utilisée, n’est possible que chez les enfants en âge d’expectorer.
L’hémoculture se révèle positive dans au plus 10 à 15 % des cas ; malgré ce
faible taux de positivité, elle mérite d’être effectuée chez tout enfant suffisam-
ment malade pour être traité par voie parentérale.
Pour le diagnostic de l’infection à M. pneumoniæ, la PCR a avantageuse-
ment remplacé les sérologies, en raison de la sensibilité et de la spécificité de
la PCR ainsi que du délai d’obtention des résultats par ELISA et IgG. Chez la
plupart des patients, les cultures et la sérologie pour les virus ont peu d’inté-
rêt pratique. Des tests fiables de diagnostic rapide sont maintenant accessibles,
notamment pour le VRS, les virus influenza A et B, l’adénovirus et les virus
para-influenza 1, 2 et 3.
Chaque fois qu’on soupçonne une pneumonie tuberculeuse, une épreuve
tuberculinique cutanée est nécessaire.
Tout épanchement pleural de volume suffisant doit être ponctionné pour
culture et pour étudier les caractéristiques biochimiques du liquide pleural. On
ne pratique la ponction pulmonaire transthoracique que dans des circonstances
exceptionnelles.
Une pneumonie survenant chez un enfant immunocompromis nécessite
souvent des manœuvres diagnostiques comme un lavage broncho-alvéolaire, un
brossage bronchique ou une biopsie pulmonaire. On recherche systématique-
ment les principaux agents possibles (bactéries et virus habituels, M. pneumoniæ,
P. jiroveci, bacille de Koch, L. pneumophila, champignons tels qu’un Aspergillus
ou un Candida).
II. Imagerie
L’aspect radiologique ne correspond pas toujours à l’état clinique et évolue dans
le temps. Dans la pneumonie, la radiographie pulmonaire montre une infiltra-
tion parenchymateuse. Celle-ci peut être unifocale ou multifocale, alvéolaire ou
interstitielle, segmentaire, lobaire ou peu systématisée. Un bronchogramme est
souvent présent dans les pneumonies bactériennes. Le volume du territoire infil-
tré peut être augmenté ou diminué ; dans cette dernière situation, une pneumo-
nie peut être difficile ou impossible à différencier d’une atélectasie. Bien qu’une
radiographie pulmonaire ne soit pas un test d’identification de l’agent causal,
bactérien ou viral, l’image radiologique suggère parfois une orientation étiolo-
gique telle que les suivantes.
• Les pneumonies lobaires bien délimitées et les pneumonies rondes (« pseudo-
tumorales ») sont souvent causées par le S. pneumoniæ.
• La présence de pneumatocèles suggère surtout une origine staphylococcique
ou une pneumonie causée par une inhalation d’hydrocarbure.
• Les pneumonies multifocales mal délimitées sont souvent causées par des
virus ou par le M. pneumoniæ ; ce dernier peut cependant donner n’importe
Pneumonie 923
Traitement
Selon les circonstances, l’administration d’oxygène, la physiothérapie (kinésithé-
rapie) respiratoire ainsi que l’intubation et la ventilation mécanique peuvent être
nécessaires. Les antitussifs sont à déconseiller.
Les moyens à la disposition du praticien pour préciser l’étiologie d’une pneu-
monie étant limités, on prescrit généralement une antibiothérapie empirique. La
voie orale peut être utilisée dans la plupart des cas. Sauf chez le nouveau-né et
le nourrisson de moins de trois mois que l’on traite souvent d’emblée par voie
parentérale, on réserve la voie intraveineuse aux cas qui présentent de la dyspnée
ou une apparence toxique.
V. Pneumonie chimique
Une antibiothérapie n’est pas indiquée, sauf dans les rares cas de surinfection
bactérienne secondaire. Une fièvre et une hyperleucocytose peuvent être présentes
au cours des 24 à 48 premières heures suivant le début de cette pneumonie ;
elles ne reflètent pas une surinfection bactérienne, mais l’atteinte inflammatoire.
Complications
I. Épanchement pleural et empyème
Un épanchement liquidien détecté sur une radiographie pulmonaire dans un
contexte infectieux correspond le plus souvent à un exsudat satellite d’une
pneumonie bactérienne ou, parfois, à un empyème lorsque le liquide pleural
est purulent. Outre les manifestations de la pneumonie, le patient va souvent
présenter des douleurs thoraciques, pleurétiques ou non, des douleurs abdo-
minales, de la dyspnée ou de l’orthopnée selon le volume de l’épanchement.
L’examen physique peut démontrer la présence d’une matité à la percussion
accompagnée d’une réduction du murmure vésiculaire, d’une diminution des
vibrations vocales du côté atteint et d’un frottement qui disparaît lorsque l’épan-
chement est important.
926 Pneumonie
Suivi
Il est essentiel de réévaluer l’enfant en cas de fièvre qui persiste de 48 à 72 heures
après le début du traitement ; ce suivi est idéalement fait là où le traitement a été
amorcé. En cas de non-réponse au traitement, il faut rechercher une complication
infectieuse (empyème, pneumonie nécrosante), même si ce n’est pas la cause
la plus fréquente de fièvre prolongée. Il faut revoir l’antibiothérapie selon les
résultats des cultures et s’interroger sur l’observance au traitement. Enfin, dans
certains cas, il convient de réévaluer le diagnostic de pneumonie et de remettre
en cause le bien-fondé de la poursuite de l’antibiothérapie (il peut s’agir d’une
pneumonie virale).
La persistance de la toux ne constitue pas un critère de non-réponse au
traitement.
Par ailleurs, lorsque la réponse au traitement s’avère favorable, il n’est habi-
tuellement pas nécessaire de prescrire une radiographie de contrôle, sauf lorsque
l’image radiologique initiale était inhabituelle (exemples : pneumonie ronde ou
pseudo-tumorale, pneumonie interstitielle, pneumonie avec épanchement pleural,
Prématurité 927
Pronostic
Le pronostic est excellent chez la majorité des patients immunocompétents.
Pneumonie persistante
La persistance d’une pneumonie doit surtout faire penser à un traitement ineffi-
cace, à une adhésion insuffisante au traitement, à une tuberculose, à une anoma-
lie d’implantation d’une bronche (exemple : bronche lobaire supérieure droite à
implantation trachéale), à un corps étranger bronchique ou à une séquestration
pulmonaire. La « pneumonie » persistante du lobe moyen (« syndrome du lobe
moyen ») est le plus souvent une atélectasie ; ce problème ne nécessite d’habitude
pas d’autre traitement que de la physiothérapie (kinésithérapie) respiratoire et
finit le plus souvent par se résoudre spontanément. S’il persiste plusieurs mois,
une bronchoscopie diagnostique peut être indiquée.
Pneumonies récidivantes
Les pneumonies récidivantes sont fréquentes chez les enfants atteints d’une des
affections suivantes :
• cardiopathie congénitale avec shunt gauche-droite important ;
• fibrose kystique (mucoviscidose) ;
• troubles de la déglutition d’origine centrale ou intrinsèque ;
• déficit immunitaire (exemples : déficit de l’immunité humorale, syndrome
d’immunodéficience acquise [SIDA]) ;
• retard global de développement, hypotonie ou maladie neuromusculaire ;
• reflux gastro-œsophagien ;
• fistule trachéo-œsophagienne « en H » ;
• syndrome des cils immobiles, associé ou non à un syndrome de Kartagener.
Les « pneumonies » récidivantes des enfants asthmatiques ne sont habituel-
lement que des atélectasies.
Prématurité 199
Francine Lefebvre, Thuy Mai Luu
Généralités
Par définition, un prématuré est un enfant né avant 37 semaines de gestation.
L’incidence de la prématurité a augmenté dans les dernières décennies. Dans les
pays industrialisés, elle se situe autour de 6 à 12 % des naissances. Elle était esti-
mée à 11 % des naissances vivantes à l’échelle mondiale en 2010. La plupart des
bébés prématurés naissent entre 32 et 36 semaines de gestation, les naissances
survenant avant 32 semaines étant les moins fréquentes.
928 Prématurité
Transport néonatal
Plus l’âge gestationnel est bas, plus les risques de complications liées à l’im-
maturité des différents organes et systèmes augmentent. C’est pourquoi les
prématurés les plus précoces devraient naître dans un centre qui possède le
personnel et l’équipement spécialisés permettant de faire face à ces problèmes
afin d’améliorer les chances de survie tout en minimisant le risque de séquelles
physiques ou neurologiques. Étant le meilleur incubateur, la mère devrait
de préférence être transportée afin de permettre un accouchement dans ce
type d’hôpital puisque le transport du bébé déjà né ajoute un risque important
de mortalité et de morbidité. Si ce transport est inévitable, une équipe spécia-
lisée devrait s’en charger.
Consultation prénatale
S’il survient une menace d’accouchement avant terme, une consultation pédia-
trique avec les parents est souhaitable afin de les informer des enjeux d’une
naissance prématurée et de les y préparer. Cette consultation permet aussi de
s’assurer que la mère a pu bénéficier de corticothérapie pour la maturation pul-
monaire fœtale ; on en profite pour l’inciter à mettre le bébé au sein ou à tirer
son lait le plus rapidement possible après l’accouchement. Si une naissance à la
limite de la viabilité risque de survenir, il est important de discuter des dilemmes
éthiques avec les parents et d’établir d’un commun accord les soins à donner au
bébé après l’accouchement.
V. Système hématopoïétique
L’anémie physiologique est plus profonde chez le prématuré que chez le nouveau-
né à terme, et elle survient plus précocement. Plusieurs facteurs contribuent à
l’étiologie de cette anémie normocytaire normochrome : destruction plus rapide
des globules rouges fœtaux, synthèse temporairement ralentie de l’hémoglobine,
prélèvements sanguins multiples et accroissement rapide de la masse corporelle
et donc du volume circulant. Une ou plusieurs transfusions peuvent être néces-
saires. Malgré de nombreuses études, l’administration d’érythropoïétine chez les
prématurés demeure controversée.
IX. Métabolisme
Pendant les premiers jours de vie, l’hypoglycémie et l’hypocalcémie sont plus
fréquentes que chez le nouveau-né à terme. Le prématuré de petit poids présente
un risque accru de rachitisme ; une surveillance des phosphatases alcalines est
donc indiquée pendant les premiers mois de vie.
I. Croissance physique
Sauf s’il présente aussi une restriction de croissance intra-utérine symétrique ou
harmonieuse (voir Petit poids de naissance pour l’âge gestationnel et restriction
de croissance intra-utérine), la plupart du temps, le prématuré rattrape progres-
sivement une taille et un poids dans les limites de la normale au cours de ses
deux premières années. Un rattrapage pondéral trop rapide n’est pas souhaitable
puisqu’il est associé à un risque accru de troubles métaboliques à long terme. Le
périmètre crânien doit également être surveillé de façon régulière. L’installation
d’une microcéphalie progressive peut faire suite à une atteinte cérébrale majeure
(exemples : anoxie, méningite grave). Un accroissement trop rapide du périmètre
crânien peut suggérer le développement d’une hydrocéphalie, plus fréquente chez
le prématuré qui a présenté une méningite ou une hémorragie intracrânienne.
nés à terme. Par ailleurs, des difficultés concernant les fonctions exécutives et
la mémoire sont notées tout comme des problèmes d’attention, d’hyperactivité,
d’anxiété et de socialisation, parfois dans la lignée des troubles du spectre de l’au-
tisme. L’ensemble de ces problèmes rend l’enfant né prématurément vulnérable
au rejet social, à la victimisation et aux troubles d’apprentissage scolaire. Plus de
la moitié des enfants prématurés ont besoin de mesures de soutien spécifiques à
l’école ; celles-ci peuvent leur permettre, en l’absence d’autres incapacités, d’at-
teindre des niveaux de scolarisation similaires à ceux des enfants nés à terme.
Généralités
La fréquence des infections est plus élevée chez la plupart des enfants qui fré-
quentent un service de garde de plus de six enfants. Il s’agit surtout d’infections
virales des voies respiratoires supérieures, d’otites qui en résultent ainsi que de
gastro-entérites. À l’âge scolaire, les enfants qui auront fréquenté des services
de garde avant l’âge de deux ans auront un taux d’infections inférieur à celui
des autres enfants.
• Veiller à un nettoyage adéquat des matelas, des draps, des couvertures ainsi
que des jouets.
• S’assurer que la conservation et la manipulation des aliments se fassent selon
des règles strictes d’hygiène, en insistant particulièrement sur le lavage des
mains. Le personnel éducateur qui travaille au contact des enfants ne devrait
pas préparer les repas. Toute personne infectée par un agent entéropatho-
gène ou présentant des vomissements, de la diarrhée ou une lésion cutanée
infectée ne pouvant être couverte doit s’abstenir de manipuler les aliments
ou de participer à la préparation des repas.
• Informer les parents du fait qu’ils doivent prévenir le service de garde lors-
qu’il y a un changement de l’état de santé de leur enfant.
• Veiller à ce que tous les enfants et les membres du personnel soient adéqua-
tement vaccinés. Les services de garde devraient tenir à jour un dossier d’im-
munisation pour tous les enfants et les membres du personnel.
Mesures spécifiques
Certaines mesures préventives propres au fait que l’enfant se trouve en collecti-
vité méritent un commentaire particulier.
1) Amygdalite à Streptococcus pyogenes
Voir la section Infections à Streptococcus pyogenes, plus bas.
2) Cinquième maladie (érythème infectieux aigu,
mégalérythème épidémique)
L’enfant n’est plus contagieux lorsque l’éruption cutanée apparaît. Il n’est pas
nécessaire de retirer l’enfant du service de garde. Tous les membres du person-
nel ainsi que les parents qui fréquentent ce service doivent être avisés de la
présence d’un cas de cinquième maladie afin que les personnes à risque de
Problèmes épidémiologiques courants en service de garde (garderie, crèche) 937
complications, soit les femmes enceintes et les enfants porteurs d’une hémo-
globinopathie congénitale ou d’un déficit immunitaire, puissent consulter leur
médecin pour une épreuve sérologique au besoin.
3) Conjonctivite purulente
L’exclusion n’est pas nécessaire, sauf en cas d’épidémie (trois cas ou plus). Si la
conjonctivite est accompagnée de fièvre ou d’une atteinte importante de l’œil
(œdème ou érythème important, sécrétions très abondantes), l’enfant devrait être
dirigé vers son médecin et réadmis au service de garde selon sa recommanda-
tion. Il est indiqué d’interdire la baignade.
4) Coqueluche
L’enfant atteint est retiré du service de garde pendant les cinq premiers jours de
traitement avec un macrolide. S’il n’a pas été traité, il est exclu pendant les trois
semaines qui suivent le début des quintes de toux ; par la suite, la contagiosité
est très faible ou nulle, sauf chez les enfants âgés de moins de 12 mois qui ont
reçu moins de trois doses de vaccin acellulaire et chez qui la contagiosité peut
se prolonger pendant 6 semaines. La démarche à suivre concernant les contacts
de cet enfant en service de garde peut varier d’un pays à l’autre selon les lignes
directrices des unités sanitaires locales. Au Québec, le protocole établi limite
considérablement le nombre de personnes qui ont été en contact avec un cas
infecté et qui requièrent une prophylaxie antibiotique, contrairement aux autres
provinces canadiennes et aux États-Unis, qui utilisent beaucoup plus largement
la prophylaxie. En France, il est recommandé de traiter les enfants en contact
qui sont incomplètement vaccinés, ainsi que le personnel. En général, il faut
appliquer les mesures suivantes.
• Aviser les autorités responsables en santé publique de la survenue d’un cas
de coqueluche et s’assurer que les personnes qui ont été en contact avec
celui-ci sont informées.
• Administrer une prophylaxie antibiotique aux personnes qui ont été en contact
étroit avec le cas infecté surtout s’il y a des nourrissons au service de garde ou
des enfants non ou mal vaccinés. Pour la prophylaxie, on utilise les mêmes
antibiotiques aux mêmes doses et durées que pour le traitement. Plus la pro-
phylaxie est administrée tôt, plus elle s’avère efficace. Son intérêt est limité
au-delà de 14 jours après le début des symptômes du cas index.
• S’assurer que la vaccination de tous les enfants du service de garde est à jour
et recommander fortement aux parents de ceux qui ont du retard de leur faire
administrer rapidement un vaccin contre la coqueluche.
Par ailleurs, il existe actuellement une formulation vaccinale avec valence
coquelucheuse, adaptée aux adultes. Elle devrait être recommandée de façon
générale au personnel des services de garde dès l’embauche.
5) Diarrhée
La diarrhée est un problème de santé très fréquent en service de garde. La plu-
part du temps, il n’est pas nécessaire de chercher à identifier l’agent pathogène.
Dans le cas d’une diarrhée épidémique (deux cas ou plus dans un même groupe
en moins de 48 heures), les autorités sanitaires doivent être informées et mener
l’enquête selon le protocole local en vigueur.
• Quel que soit l’agent pathogène, l’enfant souffrant de diarrhée devrait être
exclu du service de garde, s’il y a présence de mucus ou de sang dans les
938 Problèmes épidémiologiques courants en service de garde (garderie, crèche)
selles, si les selles sont trop abondantes pour être contenues dans la couche
ou si la diarrhée est accompagnée de fièvre ou de vomissements.
• En général, l’enfant peut revenir au service de garde lorsque la diarrhée a cessé
et que son état lui permet de suivre les activités normales du groupe. Il n’est
pas nécessaire d’attendre que les selles soient normales avant d’autoriser
le retour.
• Le jugement clinique reste primordial pour décider du retour au service de
garde ; il n’est pas nécessaire d’attendre le résultat de l’analyse microbiologique
des selles pour en décider, sauf dans un contexte épidémique particulier.
• En général, il convient de suivre les indications habituelles de traitement pour
chaque agent pathogène. Il apparaît prudent de traiter les enfants souffrant
de diarrhée à Campylobacter qui fréquentent un service de garde, même s’ils
sont asymptomatiques au moment de l’obtention du résultat.
• Pour les enfants ayant une culture de selle positive pour Shigella, étant donné
la grande contagiosité de la bactérie, le traitement par antibiotique est obli-
gatoire, et des coprocultures, prélevées au moins 48 heures après la fin des
antibiotiques, doivent être négatives afin que l’enfant puisse revenir au service
de garde. Pour l’Escherichia coli entérohémorragique et le Salmonella typhi,
étant donné la gravité des maladies causées par ces bactéries, l’exclusion du
service de garde doit être maintenue jusqu’à l’obtention de coprocultures
négatives.
• En ce qui concerne les parasites, si le Giardia lamblia est mis en évidence,
l’enfant doit être traité, même si les symptômes ont disparu. Il n’est pas néces-
saire de reprendre la recherche de parasites dans les selles en fin de trai-
tement, sauf si l’enfant demeure symptomatique ou s’il s’agit d’un contexte
épidémique.
9) Hépatite B
On ne retire habituellement pas du service de garde l’enfant atteint ou porteur
dont le comportement est normal. Les plaies qui saignent doivent être pansées
adéquatement. L’enfant porteur dont le comportement est agressif (par exemple,
s’il inflige des morsures) doit être retiré du service de garde, sauf si tous les autres
enfants sont vaccinés. Les enfants non préalablement vaccinés qui ont été mordus
par un porteur doivent recevoir les immunoglobulines spécifiques (posologie
de 0,06 mL/kg IM) et une dose de vaccin. L’administration du vaccin contre l’hé-
patite B devrait être systématique pour les nourrissons et les enfants en milieux
de garde, que ceux-ci accueillent ou non des enfants porteurs d’hépatite B. Le
risque de transmission en service de garde est minime, mais la disponibilité d’un
vaccin sûr et efficace rend tout risque inacceptable.
10) Impétigo
L’enfant atteint est retiré du service de garde pendant les 24 heures qui suivent
le début de l’antibiothérapie topique ou générale. Les autres enfants qui pré-
sentent des lésions sont traités et retirés du service de garde pendant 24 heures.
11) Infections à cytomégalovirus
Le retrait du service de garde des enfants excréteurs du virus est inutile. La meil-
leure mesure préventive réside dans le lavage systématique des mains après avoir
changé des couches ou après avoir touché un objet mouillé avec de la salive.
Le fait de travailler dans un service de garde augmente le risque d’infection à
cytomégalovirus (CMV ), en particulier chez les personnes séronégatives pour ce
virus. Chez les personnes séropositives, le risque est beaucoup plus faible, mais
il reste tout de même possible en raison de l’existence de différentes souches
de CMV. Lorsqu’une femme enceinte séronégative pour le CMV est infectée au
cours des 24 premières semaines de la grossesse, le risque d’atteinte fœtale est
d’environ 15 %. Le risque qu’une employée d’un service de garde séronégative
pour le CMV soit infectée au cours des 24 premières semaines de sa grossesse et
qu’une atteinte fœtale en résulte est d’environ 1 à 2 %. Bien que le dépistage
de routine du CMV ne soit pas actuellement recommandé, il est prudent de
déterminer le taux d’anticorps chez les employées de service de garde qui sont
enceintes ou envisagent de le devenir. Toutes les femmes enceintes devraient
prendre les précautions suivantes : éviter le contact avec la salive, les sécrétions
nasales, l’urine et les selles et se laver les mains après tout contact avec de la
salive, des sécrétions nasales, de l’urine, des selles ou un jouet qui pourrait avoir
été en contact avec un de ces liquides.
12) Infection à Neisseria meningitidis (méningite, septicémie)
Tous les enfants et adultes qui ont été en contact avec un enfant atteint, tant dans
la famille qu’au service de garde, doivent recevoir un traitement prophylactique
940 Problèmes épidémiologiques courants en service de garde (garderie, crèche)
19) Oxyurose
Il n’est pas nécessaire d’exclure l’enfant, mais celui-ci doit être traité. Parmi
les personnes qui ont été en contact avec l’enfant atteint en service de garde,
seules celles qui présentent des symptômes sont traitées, alors que tous les
contacts familiaux devraient être traités. Il faut éviter de tomber dans le piège du
« surdiagnostic » et prendre le temps de procéder à des tests diagnostiques en cas
de doute (recherche des œufs avec la spatule adhésive).
20) Pédiculose
Les politiques d’exclusion peuvent varier. En général, l’éviction du service de
garde n’est pas recommandée, mais l’enfant doit être traité. Toutes les personnes
qui ont été en contact avec l’enfant atteint sont examinées, et l’on traite seule-
ment celles qui sont infestées.
21) Pharyngite à Streptococcus pyogenes
Voir la section Infections à Streptococcus pyogenes, plus haut.
22) Roséole
L’enfant atteint n’est pas exclu, sauf si son état général ne lui permet pas de
poursuivre les activités normales du groupe.
23) Rougeole
L’enfant atteint est retiré du service de garde pendant quatre jours suivant le
début de l’éruption. On détermine les personnes qui ne sont pas immunisées.
Les personnes considérées comme immunisées sont les suivantes : celles qui ont
reçu deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle après l’âge de un
an, celles qui ont eu la rougeole et celles qui ont un taux protecteur d’anticorps
contre le virus de la rougeole.
• Les enfants âgés de 6 à 12 mois peuvent recevoir le vaccin en postexposition
si le contact remonte à 72 heures ou moins ; par la suite, ils devront recevoir
leurs deux doses de vaccin après l’âge de un an. Si le contact remonte à plus
de 72 heures, mais à moins de 7 jours, ils doivent recevoir une dose d’immuno-
globulines non spécifiques ; la posologie recommandée est de 0,25 mL/kg IM
(max : 15 mL) chez l’enfant immunocompétent et de 0,5 mL/kg chez l’enfant
immunocompromis. Dans ces circonstances, les doses habituelles de vaccin anti-
rougeoleux devront être administrées après l’âge de 12 mois et au plus tôt 5 mois
après l’administration des immunoglobulines à l’enfant immunocompétent.
• Pour les enfants âgés de moins de six mois, les femmes enceintes réceptives
et les personnes immunocompromises, il faut administrer des immunoglobu-
lines par voie intramusculaire si le contact remonte à moins de sept jours.
• Les enfants âgés de plus de un an qui n’ont pas été vaccinés ou qui n’ont
reçu qu’une seule dose doivent être vaccinés dès que possible. Sur une base
individuelle, l’administration d’immunoglobulines peut être considérée chez
ces enfants, mais ce n’est pas une mesure de santé publique efficace.
• Les enfants dont l’état d’immunité à l’égard de la rougeole est inconnu devraient
être retirés du service de garde jusqu’à ce que cet état soit connu ou que
14 jours se soient écoulés depuis le dernier contact. Si ces enfants sont vac-
cinés, ils peuvent réintégrer le service de garde.
• Toute maladie fébrile survenant pendant les deux semaines après le contact
doit être considérée comme un début possible de rougeole, quelle que soit
942 Problèmes épidémiologiques courants en service de garde (garderie, crèche)
l’histoire vaccinale. L’enfant doit être retiré du service de garde aussi long-
temps que dure la fièvre.
24) Rubéole
Au Québec, dans les cas de rubéole post-natale, l’enfant atteint est retiré du ser-
vice de garde jusqu’à sept jours après l’apparition de l’éruption cutanée ; dans les
cas de rubéole congénitale, on suggère que l’enfant ne fréquente pas un service
de garde avant l’âge de un an, à cause de l’excrétion prolongée du virus et de la
présence possible de personnes non vaccinées (enfants ou femmes enceintes)
dans les pouponnières des services de garde. Les enfants non vaccinés qui ont
été en contact avec le cas atteint peuvent être vaccinés. Si une femme appar-
tenant au personnel du service de garde est enceinte, son état d’immunité doit
être vérifié.
25) Tuberculose
• L’enfant ou l’adulte qui est au stade de tuberculose latente, c’est-à-dire chez qui un
test cutané à la tuberculine (TCT) – ou un test de libération d’interféron-gamma –
est positif et une radiographie pulmonaire se révèle normale, n’est pas conta-
gieux et peut fréquenter le service de garde ou y travailler.
• L’enfant qui présente des lésions pulmonaires cavitaires (ce qui est très rare)
doit être retiré du service de garde jusqu’au moment où, le traitement ayant
été entrepris, les symptômes ont disparu et les cultures des expectorations
ou du liquide gastrique sont négatives (en pratique, environ deux semaines
après le début du traitement). L’enfant qui a une forme peu contagieuse de
tuberculose active (adénopathie hilaire ou médiastinale) peut revenir au ser-
vice de garde lorsque son état de santé le permet.
• Un membre du personnel atteint de tuberculose active doit quitter le travail
jusqu’au moment où les autorités sanitaires le déclarent non contagieux (en
général après au moins deux semaines de traitement, souvent plus pour les
formes cavitaires).
• Lorsqu’un cas de tuberculose active survient dans un service de garde, les au-
torités sanitaires locales doivent être avisées et mener l’enquête qui s’impose.
S’il s’agit d’une forme de tuberculose contagieuse, il faut dépister l’ensemble
des contacts adultes et enfants. Le dépistage peut aussi avoir comme but de
trouver la source de tuberculose ; il sera alors plus centré sur les adultes fré-
quentant le service de garde ou, le cas échéant, sur les adultes vivant avec
l’enfant atteint.
• Le dépistage est basé sur le TCT (ou un test de libération d’interféron-gamma)
et la radiographie pulmonaire (antéropostérieure et latérale).
26) Varicelle
L’enfant ne doit pas être retiré du service de garde, sauf si son état général est
trop altéré. En effet, lorsque l’éruption apparaît, l’enfant était déjà contagieux
depuis un ou deux jours. L’éviction ne contribuera donc pas à éviter la propaga-
tion de la maladie au sein du service de garde. Les autorités de santé publique
recommandent tout de même l’éviction.
• Les enfants normaux et les membres du personnel n’ont besoin d’aucun trai-
tement préventif lorsqu’ils ont été en contact avec un enfant atteint, mais tous
devraient être informés du cas de varicelle au service de garde en raison de
la présence possible de personnes immunocompromises dans l’entourage.
Protéinurie 943
Protéinurie 201
Véronique Phan
Généralités
La plupart des protéines plasmatiques ont un poids moléculaire élevé et une
charge électrique négative ; elles ne traversent habituellement pas la lamina
densa de la membrane basale glomérulaire, elle-même chargée négativement.
La faible quantité de protéines traversant ce filtre est normalement réabsorbée
dans le tubule proximal, par endocytose. Une protéinurie peut être d’origine
glomérulaire, tubulaire ou, beaucoup plus rarement, survenir par débordement
(overflow) en présence d’une augmentation inhabituelle de la charge protéique
filtrée (hémoglobinurie, myoglobulinurie).
La protéinurie est souvent détectée chez un malade atteint d’une affection rénale,
mais on peut aussi la découvrir fortuitement. La protéinurie physiologique (donc
normale) est inférieure à 100 mg/m2/24 h. Une protéinurie pathologique est
considérée comme légère en deçà de 1 g/24 h, modérée de 1 à 3 g/24 h et massive
au-dessus de 3 g/24 h (ou de 40 mg/m2/h ou 50 mg/kg/24 h) (on parle alors de
syndrome néphrotique).
Approche clinique
I. Anamnèse
L’histoire familiale s’intéresse principalement aux éléments suivants : glomérulo-
néphrite, surdité, insuffisance rénale chronique, uropathie de reflux.
S’il s’agit d’un nouveau-né, l’histoire obstétricale s’intéresse aux infections
congénitales (toxoplasmose, rubéole, cytomégalovirus, syphilis), à la présence
d’un polyhydramnios ou d’un gros placenta (pouvant évoquer un diagnostic
944 Protéinurie
Psoriasis 202
Catherine McCuaig
Généralités
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau d’origine auto-
immune, qui induit une prolifération des kératinocytes et une angiogenèse. Il
survient chez environ 1 à 3 % de la population et commence avant l’âge de 18 ans
dans un tiers des cas. Il peut être déclenché par une infection des voies respira-
toires, souvent d’étiologie streptococcique, des facteurs environnementaux, un
stress, un traumatisme cutané (le phénomène Koebner) ou des médicaments.
On retrouve une histoire familiale de façon variable.
Manifestations cliniques
Le psoriasis se manifeste par des plaques érythémato-squameuses bien délimi-
tées. Cette affection inclut cinq types d’atteintes cutanées et une atteinte unguéale
(voir tableau 202.1). La forme la plus fréquente chez l’enfant est le psoriasis vul-
gaire (environ 65 % des cas). On observe un psoriasis en gouttes dans 30 % des
cas environ. Un même patient peut présenter différentes formes de psoriasis.
L’atteinte du visage est plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte. L’arthrite
psoriasique demeure rare en pédiatrie.
Explorations
Le diagnostic est surtout clinique. On n’a recours qu’exceptionnellement à
une biopsie cutanée. Le psoriasis en gouttes est associé dans la moitié des cas
à une infection récente à streptocoque ; dans ce type de psoriasis, il peut être
Psoriasis 947
Traitement
L’enseignement au patient et à sa famille s’avère très important, car le psoriasis est
souvent chronique, et une rémission complète n’est pas toujours possible. Les moda-
lités de traitement sont choisies selon la gravité de la maladie, les préférences de
l’enfant et des parents, ainsi que la réponse thérapeutique. La majorité des psoria-
sis sont maîtrisés pourvu que l’observance du traitement topique soit adéquate.
Par ailleurs, les enfants et les adolescents atteints de psoriasis présentent souvent
des difficultés de socialisation, ainsi qu’une baisse de l’estime de soi ; un soutien
psychologique peut être nécessaire.
I. Traitement topique
Les crèmes hydratantes peuvent réduire le psoriasis et minimiser les facteurs
irritants et le grattage.
Les corticostéroïdes topiques constituent la première ligne de traitement. On
peut utiliser le désonide 0,05 % pour le visage, le valérate d’hydrocortisone 0,2 %
sur le pli glutéal et les organes génitaux, le furoate de mométasone 0,1 % ou le
valérate de bétamétasone 0,05 ou 0,1 % sur les autres régions du corps ; et,
pour les plaques plus résistantes, la clobétasone 0,05 % ou le diproprionate de
bétamétasone 0,05 %, qui convient aussi en onguent pour le cuir chevelu.
Les inhibiteurs de la calcineurine, soit le tacrolimus en onguent 0,1 % ou le
pimécrolimus 1,0 % en crème, appliqués deux fois par jour sont également utiles
sur les zones intertrigineuses et sur le visage.
Les analogues de la vitamine D (calcipotriol 0,005 % ou calcitriol) peuvent
être combinés aux corticostéroïdes, mais il faut les utiliser sur moins de 30 % de
la surface corporelle.
Le goudron, et son dérivé le liquor carbonis detergens 10 %, en huile ajou-
tée dans l’eau du bain, ou mélangé avec des corticostéroïdes en crème ou en
shampooing, peut être utile. L’acide salicylique 6 % peut être ajouté, mais sur
une surface et pour une durée limitées à cause de l’absorption systémique. L’an-
thraline 1,0 % peut se révéler efficace, mais il faut ne l’employer que pendant
une courte période.
Pronostic
Le napkin psoriasis du siège chez les nourrissons âgés de moins de deux ans,
et parfois le psoriasis en gouttes, ont un meilleur pronostic à long terme, tandis
que le psoriasis en plaques est chronique.
Psychose 203
Marianna Zarrelli, Mélanie Vincent
Généralités
La psychose se définit comme une altération majeure de la capacité d’un sujet à
être en contact avec la réalité, comme en témoignent le trouble de la pensée, les
hallucinations ou les délires. Les troubles psychotiques primaires incluent entre
autres la schizophrénie, le trouble schizophréniforme et le trouble schizo-affectif.
Le présent chapitre porte principalement sur la schizophrénie.
La schizophrénie touche environ 1 % de la population générale et apparaît
habituellement au début de la vie adulte. Chez l’enfant, on distingue la schi-
zophrénie à début précoce (entre l’âge de 13 et 17 ans) de la schizophrénie
à début très précoce (avant l’âge de 13 ans). La maladie touche également les
deux sexes, sauf dans la forme à début très précoce, où les garçons sont deux
fois plus souvent atteints que les filles. Des cas de schizophrénie ont été décrits
chez des enfants très jeunes – jusqu’à trois ans –, mais ce diagnostic doit être
posé avec une grande prudence chez le jeune enfant.
Les causes de la schizophrénie demeurent inconnues. L’hypothèse la plus
probable est que cette affection résulte de facteurs génétiques et environnemen-
taux qui déclenchent des changements complexes dans la chimie et la structure
du cerveau. Les membres de la famille immédiate d’un schizophrène sont 10 fois
plus susceptibles que la population générale d’être atteints de la maladie.
Manifestations cliniques
Les symptômes retrouvés dans l’enfance chez les sujets schizophrènes sont mul-
tiples, non spécifiques et variables selon l’âge. Il s’agit entre autres des manifesta-
tions suivantes : difficultés alimentaires précoces, troubles du sommeil, difficultés
d’adaptation, faibles performances scolaires, troubles de la socialisation (enfants
décrits comme introvertis, solitaires, passifs, extrêmement sages, repliés sur eux-
mêmes, émotionnellement instables), troubles de comportement.
La schizophrénie avant l’âge de 18 ans se manifeste souvent de façon insi-
dieuse. Le premier épisode psychotique est habituellement précédé d’un pro-
drome survenant au cours de l’année précédente, au cours duquel on remarque
un changement important de comportement chez l’enfant ou l’adolescent
(exemples : repli sur soi-même, bizarreries, échec scolaire, négligence de l’ap-
parence personnelle, dysphorie, anxiété, modification sur le plan de l’appétit
ou du sommeil).
Psychose 949
Les symptômes psychotiques tels que les hallucinations et les délires peuvent
être présents dans d’autres psychopathologies que les troubles psychotiques
primaires, par exemple dans les troubles de l’humeur (voir Troubles anxieux et
dépression). Les troubles de l’humeur avec symptômes psychotiques sont plus
fréquents chez les jeunes que les troubles psychotiques primaires. Des délires et
des hallucinations peuvent être associés à la dépression. Dans ces circonstances,
ces symptômes concordent habituellement avec l’humeur et s’inscrivent dans le
registre dépressif, les délires ayant un contenu autodépréciatif. Des adolescents
atteints de troubles de la conduite peuvent aussi rapporter des hallucinations,
mais ils ne présentent pas de délire ni de trouble de la pensée.
La psychose induite par des substances devient plus fréquente chez l’adolescent.
L’abus de substances peut être associé à divers phénomènes psychotiques. En géné-
ral, l’épisode psychotique induit par une substance est bref. Par ailleurs, bien que
la consommation de drogues ou d’alcool ne cause pas la schizophrénie en soi, ces
substances agissent fréquemment comme de puissants déclencheurs d’un premier
épisode psychotique ou d’une rechute chez un sujet prédisposé à la schizophrénie.
Explorations
Au moment d’un premier épisode d’allure psychotique, il arrive que le diagnostic
de psychose primaire soit d’emblée évident, mais dans la plupart des cas, une
investigation s’avère indiquée pour exclure une affection sous-jacente pouvant
se manifester par des symptômes psychotiques.
Les données de l’anamnèse et de l’examen physique demeurent les princi-
paux outils diagnostiques. Un examen physique anormal, un état confusionnel
aigu avec désorientation, un cycle veille-sommeil inversé, une fluctuation du
tableau clinique ainsi que la présence de fièvre, d’une infection ou un voyage
récent peuvent orienter vers une étiologie organique. Le diagnostic différentiel
est large (voir tableau 203.1).
On procède à un bilan de base dans tous les cas, incluant les analyses
suivantes : hémogramme, ionogramme, glycémie et calcémie, urée sérique et
créatininémie, épreuves de fonction hépatique, mesure de l’hormone stimulant
la thyroïde (thyroid stimulating hormone ou TSH) et dépistage toxicologique.
Une investigation complémentaire peut inclure un bilan métabolique (gaz san-
guins, lactatémie et ammoniac sanguin), en présence de symptômes évoquant
une maladie métabolique (exemples : vomissements récurrents, retard de déve-
loppement). En fonction du tableau clinique ou épidémiologique, on effectue
un RPR (rapid plasma reagin) pour rechercher la syphilis ou une sérologie pour
détecter une infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou la
maladie de Lyme. Si un lupus est suspecté, on procède à un dosage des anti-
corps antinucléaires et du complément, ainsi qu’à une analyse d’urine comme
bilan initial (voir Lupus érythémateux disséminé). Un lupus peut se présenter
avec une dysfonction cognitive, un état psychotique, une humeur perturbée ou
un délirium. Un dosage de la céruloplasmine sanguine s’avère indiqué si la pos-
sibilité d’une maladie de Wilson est envisagée. Les symptômes psychiatriques de
cette affection s’accompagnent d’une dysfonction hépatique, d’une dysarthrie,
d’une dystonie ou d’un trouble du mouvement. Il peut être indiqué de mesurer
le taux sanguin de vitamine B12. Un déficit de cette vitamine peut causer une
anémie macrocytaire, des symptômes neurologiques (hypotonie, déficits sensi-
tifs et paresthésies) et parfois une psychose, les symptômes neuropsychiatriques
pouvant se manifester en l’absence d’anomalies hématologiques.
Psychose 951
Une imagerie cérébrale est nécessaire dans tous les cas lorsque l’examen
neurologique se révèle anormal. Une tomodensitométrie cérébrale est utile pour
rechercher de l’œdème cérébral, une tumeur ou des signes évoquant de l’is-
chémie. Une résonance magnétique nucléaire peut dépister des phénomènes
de démyélinisation comme on peut en voir dans une sclérose en plaques, dans
une vascularite et dans certaines maladies métaboliques comme une leucodys-
trophie. Cet examen est également indiqué lorsque les symptômes de psychose
sont réfractaires au traitement habituel.
Une ponction lombaire s’avère nécessaire pour diagnostiquer une encépha-
lite virale ou auto-immune. L’encéphalite à anti-récepteurs NMDA (N-méthyl-D-
aspartate) est souvent précédée d’un prodrome de céphalées, fièvre, malaises et
symptômes digestifs ou respiratoires. Le tableau psychiatrique peut être accom-
pagné de comportements stéréotypés, d’insomnie et d’un trouble du langage. Le
diagnostic se confirme par la présence d’anticorps anti-récepteurs NMDA dans
le LCR (voir Encéphalite).
952 Psychose
Traitement
Une hospitalisation dans un service de psychiatrie s’avère souvent nécessaire. On
doit s’assurer d’un environnement paisible ; en effet, le patient devient beaucoup
plus calme lorsqu’il y a peu de stimuli.
La pharmacothérapie permet de maîtriser les symptômes psychotiques et
la pensée désorganisée. Les antipsychotiques atypiques ou de 2e génération
(exemples : rispéridone, aripiprazole, olanzapine, quétiapine) représentent le
premier choix, en raison du risque moins élevé de symptômes extrapyramidaux
qu’avec les antipsychotiques typiques de 1re génération. Néanmoins, ils s’associent
souvent à des troubles métaboliques (exemples : prise de poids, augmentation du
tour de taille, élévation des taux de prolactine, de cholestérol, de triglycérides,
de glucose et des transaminases hépatiques).
On choisit l’antipsychotique en fonction des symptômes présentés par l’en-
fant ou l’adolescent, des bénéfices du médicament comparativement aux autres
antipsychotiques et de son profil d’effets secondaires. La rispéridone est habi-
tuellement le premier choix. L’olanzapine n’est généralement pas considérée
comme un traitement de 1re intention compte tenu du fait que le gain de poids
et le risque de présenter un taux élevé de glucose, de cholestérol et de triglycé-
rides sont plus importants qu’avec la rispéridone.
La pression artérielle, le poids, la taille, l’indice de masse corporelle (IMC) et
la circonférence abdominale doivent être mesurés avant d’amorcer le traitement,
puis au cours de chaque visite. Le bilan biologique initial inclut les épreuves sui-
vantes : glycémie et insulinémie à jeun, bilan lipidique, transaminases et prolac-
tinémie. On vérifie la glycémie à jeun, l’insulinémie et le bilan lipidique trois et
six mois après le début du traitement, puis chaque année. On mesure le taux de
prolactine après trois mois et les transaminases après six mois, avec un contrôle
tous les ans par la suite si ces mesures demeurent normales. L’augmentation
de la prolactinémie peut s’accompagner de signes et de symptômes comme la
gynécomastie, la galactorrhée et les irrégularités menstruelles, mais elle peut
être asymptomatique chez certains patients, notamment les enfants prépubères.
La surveillance des effets extrapyramidaux (exemples : dystonie aiguë, akathisie,
dyskinésie tardive) est également importante.
Dans le cas de schizophrénie réfractaire au traitement, la clozapine peut être
envisagée, mais elle requiert une surveillance rigoureuse compte tenu du risque
de leucopénie, d’agranulocytose et de convulsions qui lui est associé.
Après un premier épisode psychotique, il est recommandé de poursuivre le
traitement antipsychotique pendant 12 à 24 mois afin de prévenir les rechutes.
Les personnes traitées pour la schizophrénie requièrent aussi de la gui-
dance afin d’apprendre à s’adapter au stress de la vie quotidienne, celui-ci
pouvant aggraver les symptômes ou précipiter une rechute. Une approche
multimodale doit être privilégiée : psychoéducation, entraînement aux habile-
tés sociales, réinsertion sociale et scolaire. Le soutien et l’intervention auprès
de la famille sont également essentiels dans le suivi de l’enfant ou de l’ado-
lescent psychotique.
Ptyalisme 953
Pronostic
La schizophrénie est une maladie dont les symptômes s’améliorent en général
avec le traitement, mais dont le risque de rechute demeure élevé. Le pronostic
est variable d’un patient à l’autre. Avec un traitement précoce et efficace, on peut
prévenir les rechutes et optimiser le fonctionnement de l’enfant ou de l’adoles-
cent atteint. La schizophrénie à début très précoce est associée à un moins bon
pronostic.
Les jeunes qui présentent des troubles du spectre de la schizophrénie mani-
festent plus de troubles neurocognitifs (exemples : problèmes de mémoire de
travail, de mémoire verbale, d’attention, de fonctions exécutives, de vitesse de
traitement de l’information) que la population générale. L’apparition de la schi-
zophrénie au début de la vie adulte conduit habituellement à des difficultés
dans les études.
La plupart des schizophrènes ont des contacts sociaux limités. De plus,
il s’agit d’une population à haut risque de dépression, de trouble anxieux,
de suicide et de toxicomanie. Environ 40 à 60 % des schizophrènes tentent de se
suicider et autour de 10 % meurent d’un suicide.
Ptyalisme 204
Marie Gauthier, Valérie Marchand, Marie-Claude Quintal, Anca Sterescu
Généralités
Il est normal pour le nourrisson de baver. C’est vers l’âge de 15 à 18 mois que
l’enfant acquiert le contrôle de la salive, bien que certains enfants normaux conti-
nuent de baver jusque vers l’âge de 3 ans, surtout en mangeant ou en buvant.
Le terme ptyalisme (ou sialorrhée) désigne une sécrétion salivaire exagérée.
Au sens strict, elle implique une production excessive de salive, mais en pratique,
on utilise ce terme pour désigner une salivation surabondante, c’est-à-dire une
perte non intentionnelle et anormale de salive s’écoulant de la bouche.
Chez l’enfant, on peut observer du ptyalisme dans des situations aiguës
(exemples : épiglottite, abcès rétropharyngien, gingivostomatite, rage) ou chro-
niques. Lorsqu’il survient au cours d’une infection aiguë, le ptyalisme est une
manifestation clinique parmi d’autres ; il aide parfois au diagnostic – ainsi, la pré-
sence de sialorrhée doit évoquer une épiglottite aiguë chez un enfant qui présente
de la forte fièvre et une voix rauque –, mais il ne requiert pas de traitement en
soi. Le ptyalisme chronique s’observe principalement chez les enfants ayant une
atteinte neurologique centrale (de 10 à 60 % des enfants souffrant de paralysie
cérébrale en sont atteints) ou neuromusculaire. Dans ces circonstances, il peut
être causé par différents mécanismes, dont une dysfonction de la phase orale de
la déglutition, des mouvements désorganisés de la langue et une réduction de la
fréquence de déglutition.
Le présent chapitre porte sur le ptyalisme chronique.
Manifestations cliniques
On peut observer un écoulement de salive antérieur (l’enfant bave constam-
ment) ou postérieur.
954 Ptyalisme
Explorations
Le diagnostic reste avant tout clinique. Si le ptyalisme est apparu sur une brève
période de temps, à savoir en quelques semaines ou en quelques mois, un transit
œsophagien peut s’avérer utile pour exclure une sténose œsophagienne acquise,
par œsophagite peptique par exemple. Une œsophagogastroscopie peut égale-
ment être envisagée dans ces circonstances.
Certains examens complémentaires servent à documenter un trouble de
déglutition ou les effets éventuels de l’inhalation chronique de salive sur le paren-
chyme pulmonaire. On procède en fonction de l’importance des manifestations
cliniques. La vidéofluoroscopie de la déglutition est considérée comme l’examen
de référence (gold standard) pour la phase pharyngée de la déglutition ainsi que
pour l’évaluation du risque d’inhalation pulmonaire avec différentes textures au
cours de la déglutition. Chez un enfant atteint d’encéphalopathie qui s’étouffe
fréquemment, une endoscopie flexible à fibre optique des voies aériennes supé-
rieures permet de visualiser l’anatomie du larynx, le fonctionnement des cordes
vocales et la présence ou non de salive dans les sinus piriformes (la présence
de salive est un signe indirect d’une anomalie de la déglutition). Un ORL expé-
rimenté peut aussi procéder à l’évaluation de la déglutition par endoscopie à
fibre optique (Fiberoptic-endoscopic evaluation of swallowing ou FEES) à l’aide
d’un nasopharyngoscope de petit calibre placé entre le palais mou et l’épiglotte ;
plusieurs déglutitions sont visualisées directement à l’aide d’un appareil vidéo. Le
salivagramme en médecine nucléaire permet de détecter les inhalations acciden-
telles de salive pendant les déglutitions spontanées, mais il n’y a pas de données
probantes sur sa fiabilité. En présence d’inhalation chronique, la radiographie
pulmonaire montre typiquement de l’hyperinflation, des opacités dans les lobes
inférieurs ou dans les segments postérieurs des lobes supérieurs ou encore
des infiltrats péribronchiques ; toutefois, ces anomalies ne sont pas spécifiques.
Traitement
Le traitement du ptyalisme est difficile. Il faut tout d’abord améliorer l’hygiène
dentaire, la santé des gencives, ainsi que le contrôle de la tête, grâce à une chaise
de positionnement, par exemple. Il importe de traiter adéquatement le reflux
gastro-œsophagien.
Ptyalisme 955
être nécessaires pour obtenir l’effet maximal. La durée de l’effet est variable,
habituellement de deux ou trois mois. Parfois, il faut attendre la deuxième
dose pour observer un résultat. L’apparition d’anticorps anti-toxine botulinique
peut nuire à l’effet du traitement.
Les effets secondaires sont liés à l’injection (exemples : douleur, hématome,
infection) ou à la toxine elle-même (faiblesse faciale, difficultés à la dégluti-
tion à cause de la diffusion de la toxine dans les muscles adjacents).
• Traitement chirurgical : l’intervention chirurgicale la plus fréquemment recom-
mandée est l’exérèse des glandes sous-maxillaires. On peut également rediri-
ger le flux salivaire des glandes sous-maxillaires en repositionnant la portion
distale des canaux de Wharton à proximité des piliers amygdaliens. Ce geste
techniquement difficile ne doit être tenté que chez un enfant neurologique-
ment normal, qui n’est donc pas à risque d’inhalation accidentelle ; les résul-
tats sont bien souvent insatisfaisants. On peut également ligaturer les canaux
de Wharton (glandes sous-maxillaires) ou de Sténon (parotides) dans le but
d’induire une atrophie des glandes salivaires, mais, là encore, les résultats
sont mitigés. On peut pratiquer certaines interventions simultanément pour
optimiser les résultats. Les risques varient selon le type de chirurgie. Il arrive
qu’on observe une xérostomie à la suite de l’intervention.
La chirurgie antireflux gastro-œsophagien n’est pas indiquée dans le trai-
tement du ptyalisme.
Généralités
On parle habituellement de puberté précoce lorsque le développement puber-
taire commence avant l’âge de huit ans chez la fille et de neuf ans chez le gar-
çon. Toutefois, de nombreuses études ont démontré que les signes de puberté
surviennent plus tôt qu’auparavant dans plusieurs pays, en particulier chez
les jeunes filles noires ; l’âge de la ménarche reste par contre quasi inchangé.
Dans la majorité des cas de puberté précoce, la séquence des changements
physiques est identique à celle du développement pubertaire normal ; ainsi,
chez la fille, le premier signe est, la plupart du temps, l’apparition de bour-
geons mammaires.
Il arrive que le développement des caractères sexuels secondaires soit incom-
plet. On parle de thélarche prématurée s’il y a un développement mammaire isolé
chez la fille et de pubarche ou d’adrénarche prématurée lorsque seule la pilosité
pubienne apparaît (ce qui semble survenir plus fréquemment chez les filles).
La puberté précoce est dite « isosexuelle » lorsque les caractères sexuels
secondaires correspondent au sexe phénotypique ; elle est dite « hétérosexuelle »
dans le cas contraire.
Le terme « pseudo-puberté précoce » s’applique à une précocité sexuelle
qui n’est pas liée à une activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique,
mais qui est plutôt causée par une stimulation œstrogénique ou androgénique
d’origine surrénalienne, gonadique ou autre, indépendante des gonadotrophines
Puberté précoce 957
Approche clinique
Il importe de distinguer un développement pubertaire prématuré incomplet
d’une puberté précoce vraie.
la plupart des cas. Puisqu’il est impossible de savoir initialement s’il s’agit d’une
thélarche prématurée ou du début d’une puberté précoce centrale ou périphé-
rique, un suivi attentif s’avère essentiel.
L’anamnèse doit rechercher la prise d’œstrogènes, y compris l’application
cutanée ou muqueuse (exemple : traitement d’une synéchie des petites lèvres au
moyen d’une crème à base d’œstrogènes). À l’examen physique, qui sera répété
au cours du suivi, la présence des éléments suivants est rassurante : la crois-
sance staturale ne s’accélère pas ; la muqueuse vaginale n’est pas œstrogénisée
(elle n’a pas encore pris sa coloration rosée) ; les mamelons gardent leur aspect
non stimulé et non pigmenté ; il n’y a pas de pilosité axillaire ou pubienne ; on ne
décèle aucune anomalie visuelle ou neurologique, ni de masse abdominale ni de
lésion cutanée (exemple : taches café-au-lait). Il est important que l’examen des
seins soit fait non seulement avec une inspection, mais également à l’aide d’une
palpation, afin de différencier les tissus adipeux de réels tissus glandulaires. Chez
la jeune fille obèse, l’omission de la palpation peut mener à une surestimation
du développement mammaire en raison d’une adipomastie. Un âge osseux non
avancé comparativement à l’âge chronologique est également un élément rassurant.
Lorsque tous ces éléments sont présents, il n’est habituellement pas néces-
saire d’effectuer des dosages hormonaux ou une échographie pelvienne. Aucun
traitement n’est indiqué. S’il s’agit d’un nourrisson, le tissu mammaire ne sera en
général plus palpable après l’âge de trois ans.
2) Adrénarche ou pubarche prématurée
Il s’agit d’une variante de la normale. Les androgènes étant produits de façon
plus précoce, la pilosité pubienne apparaît avant l’âge de huit ans chez la fille
et de neuf ans chez le garçon. On ne note aucun autre signe de développement
pubertaire autre que l’odeur corporelle et la pilosité axillaire, qui peut apparaître
après un certain temps d’évolution ou, parfois, constituer le premier signe de
l’adrénarche précoce.
Ce problème survient chez les enfants des deux sexes, mais plus souvent
chez la fille. On doit s’assurer qu’il n’y a pas d’autres signes de virilisation comme
une augmentation de volume du clitoris, de l’hirsutisme ou de l’acné, et qu’il n’y
a pas d’accélération de la croissance ni de la maturation osseuse.
Des taux plasmatiques de sulfate de déhydro-épiandrostérone (DHEAS),
d’androstènedione, de 17-hydroxyprogestérone et de testostérone permettent
d’établir le diagnostic d’adrénarche précoce (DHEAS élevé pour l’âge, mais rare-
ment plus que la limite supérieure pour un stade de Tanner P3, testostérone et
17-hydroxyprogestérone normales) et d’éliminer celui d’un bloc enzymatique
surrénalien (auquel cas la 17-hydroxyprogestérone est élevée). L’adrénarche
précoce constitue un problème mineur, qui ne nécessite aucun traitement ;
le suivi permet de s’assurer qu’aucun signe de virilisation ni de puberté pré-
coce n’apparaît.
3) Ménarche prématurée isolée
Ce problème demeure rare. Il faut d’abord vérifier, par l’examen, que le saigne-
ment est vraiment d’origine utérine et non vaginale. Il faut exclure, au moyen
d’une échographie pelvienne et d’une vaginoscopie, d’autres causes de saigne-
ment telles qu’un corps étranger du vagin, une vulvovaginite, un traumatisme,
des sévices sexuels ou une tumeur vaginale ou utérine. Un saignement causé
par un prolapsus urétral ou par des télangiectasies vaginales peut, rarement, être
confondu avec un saignement menstruel.
Puberté précoce 959
Explorations
Dans tous les cas de puberté précoce centrale ou périphérique, une exploration
complète doit être effectuée. Une résonance magnétique nucléaire cérébrale est
960 Purpura rhumatoïde (purpura de Schönlein-Henoch)
nécessaire pour exclure une lésion tumorale de l’hypothalamus. Chez la fille, une
échographie pelvienne s’avère utile lorsqu’on suspecte une tumeur ou un kyste
ovarien et pour évaluer le degré d’œstrogénisation de l’utérus. Les taux plasma-
tiques de base de FSH et de LH sont similaires à ceux que l’on observe dans une
puberté normale. On trouve, chez la fille, un taux plasmatique d’œstradiol élevé
pour l’âge, quoique de façon inconstante, et, chez le garçon, une augmentation
de la testostérone plasmatique ; les taux de ces hormones sont similaires à ceux
d’une puberté normale.
Traitement
L’enfant atteint de puberté précoce présente un problème complexe et chronique
d’ordre médical et psychosocial ; il doit être pris en charge à long terme par
une équipe multidisciplinaire spécialisée. Lorsqu’il s’agit d’une puberté précoce
dépendante des gonadotrophines, le principe du traitement médical consiste
à administrer un agent analogue de la gonadolibérine (LHRH ou luteinizing
hormone-releasing hormone) dans le but de ralentir la puberté, et ce, principale-
ment pour éviter des difficultés d’ordre psychologique. Chez l’enfant traité avant
l’âge de six ans, l’administration de LHRH permet aussi d’obtenir une taille adulte
plus élevée. Dans les autres cas, le traitement dépend de la cause (exemple :
exérèse d’une tumeur).
Généralités
Le purpura rhumatoïde (purpura de Schönlein-Henoch ou de Henoch-Schönlein)
est la vascularite la plus fréquente en pédiatrie. Cette maladie touche principale-
ment la peau, le tube digestif, les articulations et les reins. Elle se présente surtout
en hiver et au printemps. Les garçons sont deux fois plus souvent atteints que les
filles. Cette affection survient entre l’âge de 2 et 11 ans dans 75 % des cas. Son
incidence annuelle est de l’ordre de 20 cas pour 100 000 enfants.
Bien que sa cause soit inconnue, le purpura rhumatoïde est souvent asso-
cié à certains agents infectieux, plus particulièrement le Streptococcus pyogenes
(streptocoque β-hémolytique du groupe A), mais aussi le Campylobacter jejuni,
le Mycoplasma pneumoniæ, les virus Epstein-Barr et de la varicelle, ainsi que le
parvovirus B19. Une infection des voies respiratoires supérieures précède
le purpura dans la moitié des cas ; il est possible que cette association soit
fortuite, mais l’infection pourrait aussi servir d’élément déclencheur au processus
immunitaire caractéristique de la maladie. Le rôle étiologique des vaccins et
de certains médicaments n’a jamais été prouvé. Une réaction allergique est
évoquée comme mécanisme pathogénique. Les IgA jouent un rôle important ;
elles forment des complexes immuns qui se déposent dans la paroi des petits
vaisseaux de la peau, des articulations, du tube digestif et plus rarement des
reins ; à la biopsie, on observe une angéite aiguë leucocytoclasique avec dépôts
contenant des IgA.
Purpura rhumatoïde (purpura de Schönlein-Henoch) 961
Manifestations cliniques
La gravité de la maladie varie beaucoup d’un enfant à l’autre. Elle se manifeste
habituellement chez un enfant non fiévreux, par une triade caractéristique.
1) Atteinte cutanée (environ 95 % des cas) : purpura non thrombopénique
palpable, parfois pétéchial ou ecchymotique, principalement déclive, siégeant
surtout aux membres inférieurs et aux fesses chez l’enfant en âge de marcher,
parfois aux membres supérieurs. Chez le nourrisson, la maladie est très rare
et se manifeste parfois par des œdèmes asymétriques et migrateurs pouvant
toucher les oreilles, les lèvres, le cuir chevelu, les mains, les pieds, les fesses
et le scrotum.
2) Atteinte digestive (50 à 75 % des cas) : les douleurs abdominales crampiformes
sont fréquentes, parfois très intenses, y compris en l’absence de complication
chirurgicale (voir section Complications). Ces douleurs surviennent habituel-
lement en même temps que l’atteinte cutanée, mais elles peuvent aussi la
précéder – parfois de deux semaines – ou la suivre.
3) Atteinte articulaire (environ 65 % des cas) : les arthralgies ou les arthrites sont
oligo-articulaires, non migratoires et touchent les grosses articulations, sur-
tout celles des chevilles et des genoux. Elles peuvent précéder ou suivre les
manifestations cutanées.
Ces trois types de manifestations peuvent apparaître sur une période allant
de quelques jours à plusieurs semaines et évoluent par poussées successives.
Il existe des formes atypiques, en l’absence de purpura, qui peuvent consti-
tuer un véritable défi diagnostique.
Explorations
Selon l’American College of Rheumatology (1990), le diagnostic de purpura rhu-
matoïde peut être porté en présence d’au moins deux des quatre critères sui-
vants : âge de 20 ans ou moins au moment de l’épisode initial, purpura palpable
non thrombopénique, douleur abdominale aiguë et biopsie positive. Selon la
Pediatric Rheumatology European Society (2005), le diagnostic est posé en pré-
sence de purpura et de l’un des quatre critères suivants : arthrite ou arthralgie,
douleur abdominale, atteinte rénale (hématurie ou protéinurie), histopathologie
démontrant des dépôts d’IgA.
Le diagnostic est le plus souvent clinique, car les manifestations abdominales
et cutanées sont présentes dans la plupart des cas.
Dans les cas typiques, aucune exploration n’est nécessaire, à l’exception de
la numération plaquettaire et de l’analyse d’urine. La recherche d’autres anoma-
lies biologiques n’a pas d’intérêt pratique.
Seules les recherches d’hématurie et de protéinurie doivent être répétées
de façon sériée pendant toute la durée de la maladie. S’il existe une protéinu-
rie, il convient de la quantifier (par collecte urinaire de 24 heures ou, si cela
est impossible, en mesurant le rapport protéines/créatinine sur un prélèvement
d’urine) et de mesurer l’albuminémie, l’urée sérique et la créatininémie. En cas
de syndrome néphrotique ou d’insuffisance rénale, une biopsie rénale peut être
indiquée (voir ci-après pour indication de biopsie rénale en cas de protéinurie
persistante). Elle permet de confirmer le diagnostic (présence de dépôts dans
le mésangium fixant le sérum anti-IgA) et d’évaluer la gravité de la néphropathie.
962 Purpura rhumatoïde (purpura de Schönlein-Henoch)
Traitement
L’évolution demeure habituellement bénigne. L’hospitalisation n’est nécessaire que
dans un petit nombre de cas, lorsque l’enfant est très souffrant ou en présence
de complications importantes. Le repos au lit ne fait que limiter l’importance du
purpura et n’influe en rien sur l’atteinte rénale ou digestive.
Le traitement est essentiellement symptomatique. S’il y a des douleurs arti-
culaires, on prescrit d’abord un analgésique mineur tel que l’acétaminophène
(paracétamol) ou un anti-inflammatoire non stéroïdien. Si cela ne suffit pas,
un analgésique morphinique peut être nécessaire. En cas de douleurs abdomi-
nales intenses, l’administration de corticostéroïdes semble utile, bien que cela
n’ait pas été démontré par des données probantes ; dans ces cas, on emploie le
plus souvent de la prednisone (de 1 à 2 mg/kg/24 h PO en doses fractionnées
toutes les 12 heures ; max : 50 mg/24 h) ou encore de l’hydrocortisone ou de la
méthylprednisolone par voie intraveineuse, à posologie équivalente.
L’efficacité de la corticothérapie pour prévenir les complications digestives
ou l’atteinte rénale n’a pas été démontrée.
Complications
Les principales complications pouvant survenir sont les suivantes.
• Sur le plan digestif : atteinte de l’intestin grêle sous forme d’hémorragies diges-
tives basses de gravité variable (environ 30 % des cas), d’une invagination (le plus
souvent jéjuno-jéjunale ou iléo-iléale), d’une occlusion secondaire (hématome
intramural) ou d’une perforation.
• Sur le plan rénal : une hypertension artérielle peut se produire en l’absence
d’anomalies urinaires. La néphropathie est fréquente (de 20 à 50 % des cas).
Elle apparaît le plus souvent assez précocement (au cours du premier mois de
la maladie), mais peut aussi survenir plus tardivement (presque tous les cas
sont observés au cours des six premiers mois). Elle est de gravité très variable :
sa présentation clinique peut aller de l’hématurie microscopique isolée (fré-
quente) ou macroscopique à un tableau glomérulaire complet associant une
insuffisance rénale aiguë et une protéinurie néphrotique. Sa fréquence et sa
gravité augmentent avec l’âge. L’indication d’un traitement avec des cortico-
stéroïdes dépend des résultats de la biopsie rénale. Très rarement, l’adminis-
tration d’immunosuppresseurs (exemples : cyclophosphamide, cyclosporine)
ou des séances de plasmaphérèse peuvent être discutées en présence d’une
glomérulonéphrite rapidement progressive.
Plusieurs autres complications ont été décrites, mais sont beaucoup plus rares :
• atteinte des organes génitaux externes : tuméfaction douloureuse des testicules
pouvant faire soupçonner une torsion ou une nécrose testiculaire ;
• atteinte de la paroi urétérale pouvant être responsable d’une obstruction ou
d’une nécrose urétérale ou d’une cystite hémorragique ;
• atteinte neurologique pouvant être responsable d’un coma, de convulsions, de
parésies ou de céphalées ;
• atteinte pulmonaire (hémorragies alvéolaires, hémoptysie), myocardique, pan-
créatique ou parotidienne.
Suivi
Les principaux éléments du suivi sont la mesure de la pression artérielle et la
recherche d’une hématurie et d’une protéinurie.
Rachitisme 963
Pronostic
Le pronostic est habituellement bon. La maladie dure en moyenne de quatre à
huit semaines. Les récidives sont fréquentes, habituellement dans les 6 à 12 semaines
suivant l’épisode initial, mais parfois jusqu’à 7 ans plus tard. L’insuffisance rénale
chronique ne survient que très rarement (1 % des atteintes rénales). L’arthrite ne
laisse pas de séquelles.
Rachitisme 207
Gilles Chabot, Nathalie Alos
Généralités
Le rachitisme est une maladie métabolique osseuse généralisée, caractérisée par
un défaut ou un retard de minéralisation de la matrice osseuse des plaques de
croissance épiphysaires non encore fusionnées chez l’enfant. Il s’accompagne
habituellement d’une ostéomalacie, qui consiste en un défaut de minéralisation
de la matrice ostéoïde préformée de l’os spongieux (ou trabéculaire), entraînant
une diminution de la rigidité de l’os. Le déficit en vitamine D est la cause la mieux
connue du rachitisme. Les prématurés, les enfants à la peau foncée et les végéta-
riens sont plus vulnérables au rachitisme par déficit en vitamine D.
La vitamine D (cholécalciférol) est un stérol liposoluble. Elle est produite par
la peau exposée aux rayons ultraviolets du soleil, et on la trouve dans certains ali-
ments à l’état naturel (en faible quantité) et enrichis (exemple : lait enrichi en vita-
mine D). Hydroxylée d’abord par le foie en 25-hydroxyvitamine D, elle est ensuite
hydroxylée par le rein en 1,25-dihydroxyvitamine D (ou calcitriol ), qui est la forme
active de la vitamine D. La calcémie, le taux circulant de 1,25-dihydroxyvitamine D,
l’hormone parathyroïdienne et le f ibroblast growth factor 23 (FGF 23) régulent cette
deuxième hydroxylation. La 1,25-dihydroxyvitamine D est une hormone qui régit
avant tout l’absorption intestinale du calcium afin de répondre aux besoins en cal-
cium de l’enfant en croissance ; elle joue aussi un rôle actif dans la régulation de
la formation des os.
Les formes les plus courantes de rachitisme sont décrites ci-après ; elles sont
classées selon le principal déficit responsable du défaut de minéralisation. Les
manifestations cliniques et radiologiques de certaines dysplasies métaphysaires
964 Rachitisme
I. Rachitisme calcipénique
La cause principale du rachitisme calcipénique est un déficit en calcium qui peut
s’accompagner d’une hypocalcémie et d’une hyperparathyroïdie secondaire.
Ce déficit peut résulter de l’un des problèmes suivants.
1) Apport nutritionnel insuffisant ou malabsorption du calcium (exemple : inges-
tion de chélateurs comme les phytates).
2) Apport insuffisant en vitamine D, malabsorption des vitamines liposolubles
(exemples : cholestase, fibrose kystique [mucoviscidose]) ou exposition insuf-
fisante aux rayons ultraviolets.
3) Anomalies du métabolisme de la vitamine D :
• rachitisme héréditaire par déficit en 1-alpha-hydroxylase de la vitamine D ;
• insuffisance rénale chronique.
4) Rachitisme héréditaire par résistance à la 1,25-dihydroxyvitamine D (par muta-
tion du récepteur de la vitamine D).
Manifestations cliniques
Chez le nourrisson, les principales manifestations sont les suivantes :
• retard statural ;
• fermeture tardive de la fontanelle antérieure ;
• éruption tardive des dents ;
• craniotabès : l’os du crâne se déprime telle une balle de ping-pong lorsqu’on
exerce une pression des doigts sur la région pariéto-occipitale ;
• « chapelet costal » : expression désignant un élargissement palpable et parfois
même visible des jonctions costochondrales ;
• sillon de Harrison : dépression costale située au point d’insertion du dia-
phragme sur la cage thoracique ;
• élargissement des épiphyses des os longs par hypertrophie des cartilages de
croissance, notamment aux poignets et aux chevilles ;
• déformation en varum ou en valgum des membres inférieurs après le début
de la mise en charge ;
• fractures pathologiques, survenant en présence d’une hyperparathyroïdie
majeure ;
• dans le cas d’un rachitisme calcipénique, il peut aussi y avoir de l’irritabilité, de
l’hypotonie, des signes d’hypocalcémie (signes de Chvostek et de Trousseau),
de la tétanie et même des convulsions.
Explorations
I. Biochimie
L’altération des paramètres biochimiques varie en fonction du type de rachitisme.
Phosphatases alcalines Elles sont presque toujours élevées et le demeurent
jusqu’à la guérison complète du rachitisme.
Phosphore sanguin Il est abaissé dans toutes les formes de rachitisme. Dans
les formes calcipéniques, la phosphaturie est induite par l’hyperparathyroïdie
secondaire.
Calcium sanguin Il peut être bas ou normal.
• Dans les cas de rachitisme calcipénique, la calcémie peut initialement se main-
tenir à un niveau normal, grâce à l’accroissement de la résorption osseuse
provoquée par l’hyperparathyroïdie secondaire. Plus tardivement, la calcémie
s’abaisse.
• Dans les cas de rachitisme phosphopénique, la calcémie est normale.
Hormone parathyroïdienne Elle est élevée dans les cas de rachitisme cal-
cipénique ou d’insuffisance rénale. Elle est normale dans les cas de rachitisme
phosphopénique.
Vitamine D Le dosage de ses métabolites est essentiel si l’on veut préciser la
forme de rachitisme.
• La 25-hydroxyvitamine D est basse lorsqu’il y a un déficit en vitamine D.
• La 1,25-dihydroxyvitamine D est basse chez les patients qui présentent une
anomalie du métabolisme de la vitamine D (déficit en 1-alpha-hydroxylase)
ou une insuffisance rénale. Elle est normale ou basse dans les rachitismes
hypophosphatémiques génétiques ou induits par une tumeur. Par contre, elle
est élevée s’il y a une résistance à la 1,25-dihydroxyvitamine D, lorsqu’un
966 Rachitisme
II. Imagerie
Les anomalies radiologiques sont caractéristiques. Elles sont surtout manifestes aux
extrémités des os longs à croissance rapide (poignets et genoux). Le défaut de miné-
ralisation se traduit par l’augmentation de l’épaisseur des plaques de croissance épi-
physaires, l’émoussement de l’extrémité des métaphyses, qui deviennent irrégulières
et peuvent prendre un aspect typique « en cupule ». Par ailleurs, on peut aussi noter
un retard de maturation des centres épiphysaires et, chez l’enfant en âge de marcher,
une incurvation plus ou moins importante des os longs des membres inférieurs.
Dans les cas de rachitisme calcipénique, on peut également observer des
manifestations d’hyperparathyroïdie telles qu’une résorption sous-périostée,
une déminéralisation généralisée et même, parfois, des fractures pathologiques.
Traitement
I. Rachitisme par déficit en vitamine D
La vitamine D administrée par voie orale à raison de 2 000 à 5 000 UI une fois
par jour pendant environ trois mois est habituellement efficace. Au début du
traitement, il faut surveiller l’enfant étroitement et lui donner un supplément de
calcium en s’assurant que l’apport total correspond à deux fois les besoins jour-
naliers (voir Nutrition) ; en effet, la reprise du processus de minéralisation qui
fixe une grande quantité de calcium dans l’os peut entraîner une baisse initiale de
la calcémie ionisée parfois suffisante pour provoquer des symptômes. Le retour
à la normale de la calcémie, de la phosphorémie et des phosphatases alcalines
ainsi que la reminéralisation osseuse confirment l’efficacité du traitement. S’il
existe une malabsorption importante, on peut administrer la vitamine D par voie
intramusculaire. Une dose unique de 600 000 UI de vitamine D2 est habituelle-
ment efficace et ne cause pas de toxicité.
Surveillance
L’administration de doses élevées de vitamine D ou de son métabolite actif, la
1,25-dihydroxyvitamine D, comporte un risque d’hypercalcémie, d’hypercalciu-
rie et de néphrocalcinose. Il faut donc surveiller, tous les trois ou quatre mois,
la calcémie, la calciurie (voir Lithiase urinaire pour les valeurs normales) et la
fonction rénale. Il est souhaitable de procéder à une échographie rénale une
fois par an afin de s’assurer qu’il n’y a pas de néphrocalcinose importante. On
doit aussi surveiller régulièrement les taux de parathormone chez les patients
qui prennent des suppléments de phosphore, ainsi que chez ceux atteints d’in-
suffisance rénale.
Pronostic
Le pronostic est excellent pour le rachitisme par insuffisance d’apport en vita-
mine D ainsi que pour les rachitismes par anomalies du métabolisme de celle-ci.
Dans les cas de rachitisme hypophosphatémique, on observe souvent un retard
statural résiduel ; ce problème se manifeste en particulier lorsque la tolérance
ou l’adhésion au traitement n’est pas très bonne. Le pronostic des formes secon-
daires mixtes dépend de la maladie sous-jacente.
Prévention
Un apport quotidien de 200 à 400 UI de vitamine D permet de prévenir effica-
cement le rachitisme par manque d’apport.
Dans des conditions optimales, le lait maternel peut théoriquement contenir
une quantité suffisante de vitamine D, mais, dans la réalité, là où l’exposition
au soleil est limitée par le climat ou les coutumes, l’apport s’avère insuffisant ;
il est donc recommandé de donner un supplément quotidien de 400 UI à l’en-
fant allaité. Toutes les préparations de lait commerciales pour nourrisson sont
enrichies en vitamine D (Canada, France : 400 UI/L). Au Canada, tous les autres
968 Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale
Réanimation cardiorespiratoire
après la période néonatale 208
Pierre Ruest, Géraldine Pettersen
Généralités
L’arrêt cardiorespiratoire (ACR) est un événement rare en pédiatrie. Il survient
principalement chez l’enfant âgé de moins de 18 mois. Chez l’adulte, la majorité
des cas d’ACR résultent d’une atteinte cardiaque primaire (infarctus du myocarde,
arythmies). Chez l’enfant, ce sont les affections menant à une insuffisance res-
piratoire aiguë qui comptent parmi les premières causes d’ACR. Parmi celles-ci,
mentionnons les infections respiratoires, la noyade, l’inhalation de corps étranger
et la septicémie. Les traumatismes représentent également une cause importante
d’ACR extrahospitaliers chez les enfants de plus de six mois. La séquence des évé-
nements est le plus souvent la suivante : insuffisance respiratoire / hypoxémie / arrêt
respiratoire / bradycardie / asystolie.
L’asystolie est l’arythmie terminale que l’on observe le plus fréquemment
au moment d’un ACR chez l’enfant. La tachycardie ventriculaire (TV) et la fibril-
lation ventriculaire (FV) ne sont observées que dans 15 % des cas ou moins et
surviennent le plus souvent chez des enfants atteints d’une cardiopathie congé-
nitale ou victimes d’une intoxication médicamenteuse.
La reconnaissance et le traitement précoces de l’hypoxémie sont des éléments
déterminants dans la prévention de l’ACR chez l’enfant. Le pronostic de l’ar-
rêt respiratoire isolé et de la bradycardie extrême est meilleur (75 % et 50 % de
survie respectivement) que celui de l’ACR. Le pronostic de l’ACR chez l’enfant
ne s’est pas amélioré au cours des dernières années. Lorsque l’incident survient en
dehors d’un hôpital, le taux de survie est inférieur à 10 %, et la plupart des sur-
vivants ont des séquelles neurologiques graves. À l’hôpital, le taux de survie est
de 20 à 30 %.
Le temps écoulé entre l’ACR et l’arrivée d’un réanimateur constitue un facteur
crucial dans la décision d’entreprendre une réanimation cardiorespiratoire (RCR),
mais il n’est pas toujours connu de façon précise. En cas de doute, tout enfant
en ACR doit donc bénéficier d’une tentative de réanimation dès que l’arrêt est
constaté, sauf s’il n’y a pas d’espoir de récupération neurologique, si la décision
de ne pas réanimer a été prise par le médecin traitant et la famille et qu’elle a
été consignée par écrit (exemple : en cas de cancer terminal) ou encore en pré-
sence de signes de décès évidents (rigidité musculaire, lividité cadavérique). Si
les circonstances suggèrent une hypothermie primaire, une réanimation doit être
Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale 969
Étapes de la réanimation
La séquence de réanimation cardiorespiratoire « C-A-B » remplace désormais la
séquence habituelle « A-B-C » tant pour les adultes que pour les enfants. Ce chan-
gement a été apporté afin d’uniformiser et de faciliter l’enseignement de la RCR.
Par ailleurs, il est important de noter que chez les enfants, l’ACR fait suite, dans
la majorité des cas, à une période d’hypoxie ; par conséquent, il est important
d’introduire rapidement la ventilation dans la séquence de RCR.
Dans un environnement extrahospitalier, après s’être assuré de sa propre
sécurité et de celle de la victime, le sauveteur doit déterminer la nécessité d’en-
treprendre une RCR. Il évalue pendant 10 secondes l’état de conscience de l’en-
fant en le stimulant par la voix et par des stimulations tactiles, tout en évitant
les secousses brusques. L’enfant est par la suite placé en décubitus dorsal. Chez
l’enfant inconscient qui respire, il n’est habituellement pas nécessaire d’adminis-
trer une RCR ; le dégagement des voies respiratoires en décubitus latéral suffit. Il
ne faut toutefois pas confondre les mouvements de gasping, parfois observés au
début de l’ACR, avec une respiration efficace. En présence de deux sauveteurs,
l’un amorce immédiatement la RCR alors que le second va chercher de l’aide et
un défibrillateur automatique externe (voir section F ( Fibrillation) : défibrillation
ventriculaire plus loin). Lorsqu’il n’y a qu’un seul sauveteur, les manœuvres de RCR
doivent être effectuées pendant deux minutes avant d’aller chercher du secours
puisque l’étiologie de l’ACR est le plus souvent d’origine respiratoire chez l’en-
fant. Toutefois, chez un enfant porteur de cardiopathie ou qui présente un ACR
soudain devant témoin, par exemple au cours d’un exercice physique intense,
le sauveteur qui est seul doit plutôt chercher du secours immédiatement ainsi
qu’un défibrillateur externe automatique, avant d’entreprendre la RCR puisque,
dans ces circonstances, une FV ou une TV peuvent être la cause de l’ACR. Or,
chaque minute écoulée entre le moment de la survenue de l’ACR et la première
tentative de défibrillation ventriculaire (DV) augmente la mortalité d’environ 10 %,
du moins chez l’adulte.
Dès que possible, une équipe de RCR adéquatement entraînée et équipée
doit entrer en action en suivant les étapes décrites ci-après (lorsqu’une RCR est
réalisée en milieu hospitalier, plusieurs réanimateurs sont généralement mis à
contribution, et les actions sont souvent entreprises simultanément). Cette inter-
vention constitue, pour le patient, le principal espoir de survie sans séquelles.
Un chef d’équipe doit être désigné : c’est lui qui coordonne les manœuvres,
détermine le rôle de chacun des intervenants, tente d’établir la cause de l’ACR,
surveille le passage du temps et l’évolution de la situation et décide du moment
où la RCR doit être arrêtée.
C (Circulation) : circulation
1) Vérifier la présence de signes d’une circulation efficace en tentant d’abord de
palper le pouls pendant au plus 10 secondes et en recherchant simultané-
ment la présence d’autres signes d’une circulation efficace (toux, respiration
spontanée, mouvements).
• ≤ 1 an : pouls brachial ou fémoral ; la palpation d’une pulsation veineuse
rétrograde produite par les compressions thoraciques externes peut toutefois
970 Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale
Compression selon la technique de l’encerclement, utilisée lorsque le réanimateur dispose de ses deux mains
ii) Technique des deux doigts (voir figure 208.2) : placer les deux doigts
d’une main sur la moitié inférieure du sternum, ce qui correspond à
environ un travers de doigt sous la ligne qui rejoint les mamelons.
Cette méthode est utilisée lorsque l’encerclement est impossible en
raison de la taille de l’enfant ou lorsqu’il n’y a qu’un seul réanima-
teur. Cela permet de minimiser la durée des périodes d’interruption
du massage.
b) > 1 an (voir figures 208.3 et 208.4)
On utilise la paume d’une seule main ou des deux mains. La compression appli-
quée doit se situer à deux travers de doigt au-dessus de l’appendice xiphoïde,
au tiers inférieur du sternum.
Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale 971
B (Breathing) : ventilation
1) S’il n’y a pas de respiration spontanée ou si celle-ci est inefficace, procéder
immédiatement à la ventilation.
• < 8 ans : avoir recours à la ventilation bouche-à-nez-bouche ou bouche-
à-bouche en fonction de l’étanchéité obtenue.
• ≥ 8 ans : pratiquer la ventilation bouche-à-bouche.
Afin de prévenir les infections transmises par la salive et la respiration,
on recommande d’utiliser un masque avec une valve unidirectionnelle
bien qu’il n’y ait pas de cas rapportés d’infections transmises par la
ventilation bouche-à-bouche, par exemple au virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) ou au cytomégalovirus. Dans l’éventualité où un masque
et un insufflateur manuel ne seraient pas disponibles et que le réanima-
teur refuse de pratiquer la ventilation bouche-à-bouche, celui-ci doit tout
de même pratiquer le massage cardiaque externe de façon ininterrompue.
En effet, les résultats d’une RCR avec massage, mais sans ventilation sont
supérieurs à ceux où il n’y a ni ventilation ni massage pour les patients
présentant un arrêt d’origine cardiaque. En présence d’une canule de tra-
chéostomie, celle-ci doit être utilisée pour administrer les insufflations.
2) S’il n’y pas d’expansion appropriée de la cage thoracique à chaque ventila-
tion, repositionner le patient afin de mieux dégager ses voies respiratoires ;
si cela s’avère inefficace, suspecter une obstruction par un corps étranger.
3) Dès que possible, ventiler le patient à l’aide d’un masque facial et d’un in-
sufflateur manuel avec de l’oxygène à 100 %. L’utilisation d’un ballon auto-
gonflable nécessite un réservoir et un débit d’oxygène de 10 à 15 L/min
afin de permettre l’administration d’une concentration élevée en oxygène
(FiO2 de 0,65 à 0,95).
4) Ajuster la fréquence des insufflations selon l’état du patient : en cas d’ACR,
maintenir les séquences 30:2 (un réanimateur) ou 15:2 (deux réanimateurs)
(cela équivaut à environ 8 à 15 insufflations/min). En présence d’un pouls
palpable de plus de 60 battements/min, ventiler entre 12 et 20 fois/min.
5) Éviter de ventiler excessivement. Le débit cardiaque généré par le massage
cardiaque représente de 10 à 25 % du débit en rythme sinusal, diminuant en
soi le besoin de ventilation. De plus, l’hyperventilation compromet le retour
veineux systémique et, par conséquent, le débit cardiaque, en plus d’augmen-
ter le risque de pneumothorax.
6) Procéder le plus tôt possible à une intubation endotrachéale par voie orale,
puis poursuivre la ventilation avec de l’oxygène à 100 %. Chez les enfants qui
sont porteurs d’une cardiopathie congénitale avec shunt droite-gauche obliga-
toire (exemple : hypoplasie du cœur gauche), shunt gauche-droite important
974 Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale
D (Drugs) : médicaments
I. Voies d’accès
1) Accès veineux
• Tenter d’obtenir un accès veineux le plus vite possible, car la rapidité avec
laquelle l’adrénaline est administrée est un des déterminants importants du
succès de la RCR.
• S’assurer que les médicaments administrés atteignent le compartiment cen-
tral en élevant le membre où est située la voie d’accès et en injectant de 5 à
10 mL de NaCl 0,9 % après chaque administration de médicament.
• Lorsqu’une voie centrale est déjà en place, l’utiliser de préférence à une voie
veineuse périphérique.
• Si l’on doit installer une voie d’accès centrale, préférer la veine fémorale aux
veines jugulaire ou sous-clavière, car elle permet de poursuivre les manœu-
vres sans interrompre le massage cardiaque et n’est pas associée à des baro-
traumatismes.
2) Voie intra-osseuse
• En cas d’ACR ou de choc décompensé, on recommande la voie intra-osseuse
lorsqu’on ne réussit pas à installer une voie veineuse en 90 secondes, et ce,
quel que soit l’âge, incluant les premiers mois de vie. On doit y avoir recours
d’emblée s’il apparaît évident qu’un accès veineux périphérique ne pourra
pas être obtenu rapidement.
• La seule contre-indication absolue à son utilisation est la présence d’une
fracture au site de ponction (ou proximale au site). On évitera cependant de
pratiquer une ponction intra-osseuse s’il y a une brûlure ou une infection au
site de ponction ou en présence d’un traumatisme de la veine cave inférieure.
• Le taux de succès varie de 65 à 100 % et est plus élevé chez les enfants âgés
de moins de trois ans. Un site mal choisi et une aiguille trop malléable repré-
sentent les deux principales causes d’échec. Le taux de complications est infé-
rieur à 1 % (fracture, ostéomyélite, extravasation de médicaments, syndrome
de loge musculaire, embolie graisseuse).
• La technique doit être réalisée de manière stérile. Il est très important de bien
déterminer le site à ponctionner et d’employer le matériel approprié (voir
tableau 208.1).
• On peut injecter tous les médicaments de réanimation par voie intra-osseuse
de même que les antibiotiques, sans qu’il ne soit nécessaire de modifier leur
dosage. Toutefois, les médicaments hyperosmolaires (exemples : glucose 50 %,
bicarbonate de sodium) doivent être dilués dans un volume 1:1, afin de dimi-
nuer le risque d’ostéomyélite. Le début d’action des médicaments et leurs
concentrations plasmatiques sont comparables à ce que l’on observe après
l’injection par voie veineuse centrale, et ce, quel que soit l’os ponctionné.
• Les liquides de perfusion et les dérivés du sang peuvent être administrés par
gravité simple ou sous pression sans que le risque d’hémolyse ne soit augmenté.
• Les mêmes précautions concernant la prévention des embolies paradoxales
s’appliquent chez les patients porteurs de shunt intracardiaque, que l’on uti-
lise la voie intra-osseuse ou la voie intraveineuse.
• La voie intra-osseuse peut également être employée pour l’analyse de la natré-
mie, de la créatininémie, des gaz sanguins, ainsi que pour la détermination
du groupe sanguin et de l’hématocrite.
976 Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale
3) Voie intratrachéale
• Chez le patient intubé qui n’a pas d’accès veineux, certains médicaments lipo-
solubles (adrénaline, atropine, lidocaïne, naloxone) peuvent être administrés
par voie intratrachéale.
• L’absorption des médicaments est moins rapide, et leurs concentrations plas-
matiques sont moins élevées lorsqu’ils sont administrés par voie intratra-
chéale que par voie intraveineuse ou intra-osseuse. Les doses efficaces des
médicaments administrés par voie intratrachéale ne sont pas connues, mais
il est suggéré de doubler ou de tripler les doses d’atropine, de lidocaïne et
de naloxone et d’administrer une dose d’adrénaline 10 fois supérieure à celle
donnée par voie intraveineuse. Les médicaments doivent être dilués dans du
NaCl 0,9 % (5 mL) et injectés distalement dans l’arbre bronchique plutôt que
dans la trachée ; on accélère ainsi leur absorption.
Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale 977
III. Médicaments
1) Adrénaline
• Dose initiale : 10 μg/kg (soit 0,1 mL/kg d’une solution 1:10 000 ; max : 1 mL) IV
ou IO à répéter toutes les 3 à 5 minutes au besoin. S’il n’y a pas d’accès intra-
veineux ou intra-osseux, administrer 100 μg/kg par voie intratrachéale (soit
0,1 mL/kg d’une solution 1:1 000 ; max : 10 mL).
• L’adrénaline doit être administrée immédiatement en cas d’asystolie, de brady-
cardie sinusale associée à une mauvaise perfusion périphérique, d’activité
électrique sans pouls et de FV ne répondant pas à la DV.
• L’efficacité d’une forte dose d’adrénaline par voie intraveineuse ou intra-osseuse
(exemple : 100 μg/kg) n’est pas démontrée, qu’elle soit administrée d’emblée
ou après une dose régulière ; ce type de dose pourrait même s’accompagner
d’un taux de survie moins élevé. L’utilisation d’adrénaline à forte dose devrait
être réservée à des situations exceptionnelles (exemple : intoxication par un
β-bloquant).
2) Atropine
• Dose initiale : 20 μg/kg IV ou IO (max : 0,5 mg par dose). Elle peut être répé-
tée une fois. On peut l’administrer par voie intratrachéale.
• Ses effets parasympathicolytiques dépendent de la dose administrée. Une dose
inférieure à celle décrite ci-dessus peut causer des bradyarythmies paradoxales.
• L’atropine est indiquée lorsque la bradycardie est causée par une augmenta-
tion du tonus vagal. Son efficacité dans le traitement de l’asystolie n’est pas
confirmée.
3) Bicarbonate de sodium
• Dose initiale : 1 mmol/kg IV ou IO (soit 1 mL/kg d’une solution 8,4 %). Si l’on
a recours à la voie intra-osseuse, il faut diluer le médicament 1:1 dans de l’eau
stérile. Il ne doit pas être administré en même temps que l’adrénaline.
• L’administration de bicarbonate de sodium peut nuire à la fonction myocardique
en augmentant la PCO2 veineuse et l’acidose intracellulaire. Elle n’est indiquée
978 Réanimation cardiorespiratoire après la période néonatale
que si l’ACR est secondaire à une hyperkaliémie ou dans les cas d’arythmies
ventriculaires secondaires à certaines intoxications (exemple : cocaïne).
4) Calcium
• Dose initiale : 20 mg/kg/dose IV ou IO (soit 0,2 mL/kg/dose d’une solution
de CaCl2 10 % ; max : 10 mL/dose chez le grand enfant), à répéter toutes les
10 minutes au besoin. En raison de sa plus grande biodisponibilité, on utilise
le CaCl2 10 % de préférence au gluconate de calcium.
• Il est indiqué d’administrer du calcium uniquement dans les cas d’hypocalcé-
mie, d’hyperkaliémie (sauf si elle est associée à une intoxication digitalique),
d’hypermagnésémie et d’intoxication par un bloquant calcique.
5) Amiodarone
• Dose initiale : 5 mg/kg IV ou IO administrée lentement (en 60 minutes) en
présence d’un pouls ou en bolus rapide en l’absence de pouls. Elle peut être
répétée 2 fois ou suivie d’une perfusion de 5 à 15 μg/kg/min. Il n’est pas néces-
saire d’ajuster la posologie en présence d’insuffisance rénale ou hépatique.
• L’amiodarone est utilisée dans le traitement des arythmies supraventriculaires
et ventriculaires (FV et TV sans pouls). Chez l’enfant, il est prudent d’obtenir
au préalable l’avis d’un expert en cardiologie pédiatrique, à moins que l’état
de l’enfant ne permette pas d’attendre.
• L’amiodarone prolonge le QRS et augmente le risque de torsade de pointes.
Par conséquent, elle ne doit pas être administrée avec d’autres médicaments
anti-arythmiques qui prolongent l’intervalle QT (exemple : procaïnamide). On
doit diminuer sa vitesse de perfusion en cas de prolongation de l’intervalle QT,
d’apparition de bloc ou d’hypotension et cesser la perfusion en présence d’un
élargissement du QRS de plus de 50 %.
6) Lidocaïne
• Dose initiale : 1 mg/kg IV ou IO. Elle peut être suivie d’une perfusion de 20 à
50 μg/kg/min IV.
• La lidocaïne peut être utilisée dans le traitement des arythmies ventriculaires.
Elle est toutefois moins efficace que l’amiodarone.
7) Vasopressine
Aucune donnée ne soutient son utilisation en pédiatrie au cours d’une RCR.
8) Glucose
Les enfants ont des besoins énergétiques élevés et disposent de peu de réserves
en glucose. Il est donc nécessaire de vérifier régulièrement la glycémie au cours
de la RCR.
E (Electrocardiogram) : électrocardiogramme
Un moniteur de l’ECG doit être installé le plus tôt possible.
Arrêt de la réanimation
Bien que plusieurs facteurs puissent avoir une influence sur les chances de suc-
cès d’une RCR (exemples : temps écoulé entre l’ACR et le début de la RCR, durée
de la RCR, rythme cardiaque initial, température corporelle), il n’y a pas de prédic-
teur unique qui peut guider l’arrêt d’une réanimation. On doit fortement envisa-
ger l’arrêt des manœuvres dans les circonstances suivantes : après 25 à 30 minutes
de réanimation avancée inefficace, en l’absence de réponse à 3 doses d’adréna-
line ou lorsque l’ACR a duré plus de 10 minutes avant le début des manœuvres.
Dans certaines situations exceptionnelles (exemples : ACR survenant en hypo-
thermie profonde, circulation extracorporelle pouvant être amorcée en moins
de 30 minutes), il est approprié de poursuivre la RCR au-delà de 30 minutes
ou jusqu’à ce que la température corporelle dépasse 32 °C. La présence d’une
mydriase fixe ne doit pas être prise en compte dans la décision d’arrêter les
manœuvres de RCR.
Après la réanimation
Le patient qui survit à un ACR doit être surveillé dans un service de soins intensifs
pédiatriques. On procède dès que possible aux explorations paracliniques perti-
nentes dans le but de traiter rapidement la cause de l’ACR et d’éviter une récidive.
Plusieurs dysfonctions d’organes peuvent faire suite à l’ischémie. Une échocar-
diographie sert à évaluer la fonction cardiaque et à éliminer la présence d’un
épanchement péricardique. Il importe également d’évaluer les fonctions hépa-
tique et rénale et de suivre la glycémie.
Les interventions à envisager afin de minimiser les dysfonctions d’organes
secondaires à l’ACR sont de plusieurs ordres : s’assurer d’un bon remplissage
vasculaire et administrer des amines vaso-actives pour maintenir une pression
artérielle et une perfusion adéquates, traiter précocement les arythmies, prévenir
l’hyperthermie et envisager d’induire une hypothermie légère (de 32 à 34 °C)
pendant une période de 12 à 24 heures chez l’enfant qui demeure comateux à
la suite d’un ACR, traiter vigoureusement toute convulsion et éviter l’hypergly-
cémie ainsi que l’hyperventilation.
Pronostic
Le pronostic dépend de la cause de l’ACR, du lieu où il survient (intrahospita-
lier ou extrahospitalier), de la promptitude et de la qualité de la RCR. Même si
celle-ci réussit initialement, une faible minorité de patients s’en tire exempte de
séquelles neurologiques majeures. L’ACR qui est secondaire à un traumatisme ou
à un choc septique s’accompagne généralement d’un pronostic sombre. Compte
tenu de cette évolution bien souvent défavorable, il faut mettre tous les efforts
possibles pour détecter et traiter de façon précoce l’hypoxémie et les autres fac-
teurs qui peuvent conduire à un ACR.
Généralités
La plupart des nouveau-nés s’adaptent naturellement à la vie extra-utérine. Cepen-
dant, environ 10 % d’entre eux doivent être réanimés à la naissance.
La réanimation du nouveau-né consiste en une série d’interventions imposées
par l’état de l’enfant et par sa réponse aux manœuvres. On décide de celles-ci
en fonction de l’évaluation, dès la naissance, des mouvements respiratoires, de
la fréquence cardiaque et du tonus de l’enfant. Le score d’Apgar (voir Soins du
nouveau-né normal) est utilisé pour déterminer l’état du nouveau-né. Il ne dicte pas
en soi les manœuvres de réanimation, mais permet d’évaluer l’efficacité de celles-ci.
Tout délai de la réanimation peut retarder de façon très importante le début
d’une respiration spontanée et soutenue. Il faut donc entreprendre immédiate-
ment la réanimation si l’enfant semble incapable d’établir une ventilation suffi-
sante pour maintenir une fréquence cardiaque adéquate.
La plupart des nouveau-nés nécessitent seulement les manœuvres de base
de la réanimation. La majorité de ceux qui ont besoin d’une réanimation « active »
répondent très bien à la seule ventilation. Environ 1 % d’entre eux requièrent des
médicaments ou un massage cardiaque.
II. Oxygénothérapie
L’oxymétrie de pouls doit être systématiquement utilisée chez tous les patients
nécessitant une ventilation à pression positive. Chez l’enfant né près du terme,
on amorce la ventilation à l’air ambiant (FiO2 de 0,21). On préconise d’ajuster
les concentrations d’oxygène administrées en fonction de l’oxymétrie de pouls
mesurée en position préductale (main droite), en visant à maintenir la SaO2 aux
valeurs ciblées (voir tableau 209.3). Le débit d’oxygène doit être de 5 à 10 L/min ;
un débit plus élevé peut causer des apnées et une bradycardie. Par ailleurs, il est
important de savoir que les insufflateurs manuels autogonflables avec valve ne
fournissent pas d’oxygène si l’on ne ventile pas l’enfant avec une pression posi-
tive. Tout patient présentant une bradycardie réfractaire nécessitant un massage
cardiaque doit être ventilé avec 100 % d’oxygène puis sevré progressivement
lorsque le massage cardiaque n’est plus nécessaire.
Cibles de saturation visées au cours
TABLEAU 209.3
de la ventilation à pression positive
Période écoulée depuis le début de la ventilation SaO2 visée
1 minute 60-65 %
2 minutes 65-70 %
3 minutes 70-75 %
4 minutes 75-80 %
5 minutes 80-85 %
10 minutes 85-95 %
tout en étant à la tête du patient de façon à libérer l’espace requis pour l’instal-
lation d’un cathéter ombilical.
VI. Médicaments
Une intervention pharmacologique est indiquée si une bradycardie persiste mal-
gré un minimum de 30 secondes de ventilation et de massage cardiaque externe
appropriés. On doit privilégier la voie intraveineuse pour administrer les médi-
caments. La voie intratrachéale peut être utilisée en attendant l’établissement
d’un accès veineux. Comme l’absorption intratrachéale des médicaments est mal
connue en situation d’arrêt cardiorespiratoire, les doses doivent être majorées
lorsqu’on donne les médicaments de réanimation par cette voie (voir ci-après).
Adrénaline C’est le médicament le plus utile. Il augmente la fréquence car-
diaque et améliore la perfusion cérébrale et myocardique. On utilise la solu-
tion 1:10 000, à raison de 0,1 à 0,3 mL/kg (de 0,01 à 0,03 mg/kg) IV à répéter
au besoin toutes les 3 à 5 minutes. En attendant l’établissement d’un accès vei-
neux, une dose de 1 mL/kg (max : 3 mL) peut être administrée par voie intratra-
chéale. L’accélération de la fréquence cardiaque se produit généralement après
5 à 10 secondes. Si aucune réponse à l’adrénaline n’est notée, il peut être néces-
saire de corriger une hypovolémie. Les données disponibles sont insuffisantes
pour recommander des doses intraveineuses plus élevées d’adrénaline, surtout
chez le prématuré qui présente un risque d’hémorragie périventriculaire en cas
de poussée hypertensive.
Autres médicaments La naloxone et le bicarbonate ne sont pas recommandés
en cours de réanimation. L’utilité d’autres médicaments tels que l’atropine et le
calcium n’est pas démontrée en réanimation néonatale.
Après la réanimation
Lorsque la réanimation initiale est terminée, il faut surveiller plusieurs fonctions,
et leurs défaillances éventuelles doivent être traitées.
L’oxygénation doit être contrôlée par oxymétrie de pouls, mais aussi à l’aide
de gaz sanguins sériés. Ceux-ci déterminent le besoin de ventilation mécanique ;
il faut éviter l’hyperventilation et l’hypocapnie, qui peuvent théoriquement dimi-
nuer la perfusion cérébrale.
La perfusion périphérique, la pression artérielle et la diurèse sont l’objet
d’une attention particulière. On poursuit la perfusion de liquides sous forme de
dextrose 10 % pour éviter l’hypoglycémie qui pourrait aggraver les séquelles
neurologiques. Une perfusion d’inotropes est parfois nécessaire. Il convient
également de surveiller l’apparition d’une dysfonction myocardique et d’une
dysfonction rénale par nécrose tubulaire aiguë.
Une hypertension intracrânienne et des convulsions peuvent survenir. L’uti-
lisation prophylactique d’anticonvulsivants demeure controversée ; elle n’est pas
recommandée.
Il importe de vérifier régulièrement la glycémie et la calcémie, de même que
l’hémogramme (entre autres à la recherche d’une thrombopénie) et l’hémostase
(à la recherche d’une coagulation intravasculaire disséminée).
De vastes études cliniques et méta-analyses ont permis de conclure que
l’hypothermie thérapeutique légère, à une température rectale de 33,5 à 35 °C,
améliore la survie et peut diminuer les séquelles chez les survivants si elle débute
dans les six premières heures de vie. Il est donc impératif que tout nouveau-né
asphyxié ayant nécessité une réanimation prolongée soit rapidement reconnu
comme candidat potentiel à une hypothermie thérapeutique et que son cas soit
discuté avec une équipe qui peut procéder à cette thérapie. Ce traitement ne
devrait être offert que dans les centres aptes à prendre en charge les complica-
tions potentielles (exemples : arythmies cardiaques, hémorragies, hypertension
pulmonaire, immunodépression) et à assurer le suivi du patient. Les critères
d’admissibilité les plus souvent utilisés sont les suivants :
• nouveau-né d’au moins 36 semaines d’âge gestationnel et histoire d’un évé-
nement périnatal aigu ;
• encéphalopathie modérée ou grave selon l’échelle de Sarnat ;
• besoin de ventilation continue pendant au moins 10 minutes ;
• pH égal ou inférieur à 7,0 ou excès de base égal ou inférieur à –16 mEq/L
sur le cordon ou dans la première heure de vie.
Reflux gastro-œsophagien 989
Généralités
La régurgitation secondaire au reflux passif du contenu de l’estomac jusque
dans l’œsophage est un symptôme presque universel chez le nourrisson ; ainsi,
vers l’âge de trois à quatre mois, jusqu’à 40 % des enfants régurgitent quotidien-
nement au moins la moitié du contenu de leurs tétées de façon physiologique.
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) compliqué est plus rare. On parle de RGO
compliqué lorsque l’enfant présente des symptômes respiratoires récurrents, un
retard staturopondéral ou une œsophagite.
Plusieurs facteurs étiologiques peuvent favoriser le RGO compliqué, parmi
lesquels certaines anomalies anatomiques ainsi qu’une dysmotilité diffuse du
tube digestif supérieur. Les principaux facteurs de risque du RGO compliqué
sont énumérés dans l’encadré 210.1.
Deux mécanismes peuvent expliquer les manifestations respiratoires secon-
daires au RGO. Des micro-inhalations de liquide gastrique peuvent se produire ;
elles n’ont habituellement pas d’expression radiologique. La présence de liquide
acide dans l’œsophage peut aussi induire un bronchospasme ou un laryngo-
spasme réflexe. Il faut être prudent avant d’imputer des problèmes respiratoires
à un RGO, car celui-ci peut aussi bien en être la cause que la conséquence.
Manifestations cliniques
Le RGO simple (non compliqué) du nourrisson se manifeste par des régurgitations
chez un enfant dont l’examen physique se révèle normal et dont la croissance
est régulière. Les principales manifestations du RGO compliqué sont indiquées
dans le tableau 210.1. Une sténose peptique cicatricielle de l’œsophage peut sur-
venir en présence d’un RGO non traité ou particulièrement grave. L’œsophage
de Barrett est possible, mais exceptionnel chez l’enfant.
Explorations
En cas de RGO non compliqué, le recours à des examens complémentaires n’est
pas nécessaire.
990 Reflux gastro-œsophagien
6) Manométrie de l’œsophage
On y a surtout recours pour le diagnostic de dysmotilité œsophagienne.
Traitement
Le traitement doit être réservé aux enfants qui présentent un RGO compliqué.
Les régurgitations physiologiques du nourrisson ne devraient pas faire l’objet
d’un traitement, pharmacologique ou autre, puisque le fait d’offrir un traitement
médicalise inutilement un comportement normal et peut exposer l’enfant à des
effets secondaires sans bénéfice ajouté. Dans les cas de RGO non compliqué, le
traitement se résume à des conseils diététiques ; l’évolution des symptômes est
généralement favorable.
certains pays, alors que dans d’autres, comme le Canada, il n’est disponible que
pour de rares cas précis, dans le cadre de programmes d’accès spéciaux. En
pratique, ce médicament est utilisé de façon exceptionnelle, dans les cas réfrac-
taires de RGO compliqué.
Métoclopramide Ce médicament a une activité antidopaminergique et choli-
nomimétique. Il accélère l’évacuation gastrique. La marge de sécurité est faible.
Il peut causer de la somnolence et de la dystonie, ainsi qu’une complication
rare irréversible, la dyskinésie tardive. En raison de ces effets secondaires, l’em-
ploi de ce médicament chez l’enfant est déconseillé en Europe et interdit aux
États-Unis. Les données restent insuffisantes pour soutenir l’usage du métoclo-
pramide dans le RGO.
Dompéridone Ce médicament a un mode d’action semblable à celui du méto-
clopramide, mais il entraîne moins d’effets secondaires sur le système nerveux
central. Il y a un risque de prolongement de l’espace QT et d’arythmies car-
diaques. Son efficacité n’est pas prouvée chez l’enfant.
Pronostic
Plus l’enfant est jeune, plus le RGO a des chances de disparaître spontanément
en quelques semaines ou en quelques mois, le plus souvent vers l’âge de la
marche. Le RGO d’apparition tardive (après l’âge de trois ans) ou survenant chez
l’enfant présentant une affection sous-jacente (exemples : atteinte neurologique,
atrésie œsophagienne opérée) constitue habituellement un problème chronique
nécessitant un suivi à long terme.
994 Reflux vésico-urétéral
Généralités
Normalement, l’urine ne reflue pas de la vessie vers les reins : en effet, l’implan-
tation oblique de l’uretère crée un effet de valve unidirectionnelle, son extrémité
distale étant, du fait de son trajet intramural oblique, comprimée entre le muscle
détrusor et la muqueuse vésicale. On estime qu’un reflux vésico-urétéral (RVU)
est présent chez environ 1 ou 2 % des enfants qui n’ont jamais souffert d’infec-
tion urinaire. La plupart du temps, le RVU est découvert au moment d’une cys-
tographie mictionnelle réalisée dans le contexte de l’évaluation d’une première
infection urinaire. Chez les enfants qui ont déjà présenté ce type d’infection, le
taux de RVU est de 30 à 40 %.
Le RVU peut être unilatéral ou bilatéral. L’importance du RVU est exprimée
selon la classification internationale sur une échelle qui comporte cinq grades.
• Grade I : la colonne d’urine remonte dans l’uretère non dilaté, mais n’atteint
pas le bassinet.
• Grade II : la colonne d’urine remonte dans l’uretère, le bassinet et les calices,
mais ceux-ci ne sont pas dilatés.
• Grade III : il y a un début de dilatation de l’uretère ou un émoussement des
calices.
• Grade IV : la dilatation de l’uretère est très marquée, et les cupules des calices
sont émoussées ou inversées.
• Grade V : la dilatation de l’uretère, du bassinet et des calices est extrême.
L’uretère dilaté est sinueux et ressemble au côlon.
Il importe de distinguer les deux principaux types de RVU suivants.
1) RVU primaire : il est causé par une anomalie congénitale de la jonction uré-
térovésicale.
2) RVU secondaire : il est lié à une obstruction anatomique (exemple : valve
urétrale postérieure) ou à une dysfonction de l’appareil urinaire bas. Il est
fréquemment associé à une constipation ou à une dysfonction vésicale (cau-
sée, par exemple, par une dyssynergie vésico-sphinctérienne ou par une ves-
sie neurologique).
De manière générale, la majorité des RVU (80 %) sont de grade I à III et
dans 65 % des cas, les enfants atteints sont des filles. Par ailleurs, plus de la moitié
des RVU détectés à cause d’une hydronéphrose anténatale touchent des garçons,
et 50 % sont de haut grade (IV et V).
On reconnaît maintenant une prédisposition génétique au RVU. En effet,
la concordance chez les vrais jumeaux est de 80 %. Le risque de RVU chez les
frères et les sœurs d’un enfant atteint d’un RVU, même s’ils n’ont pas présenté
d’infection urinaire, est d’environ 30 %. Lorsque le père ou la mère a eu un RVU,
la probabilité d’une occurrence chez l’enfant peut atteindre 65 %, même sans
infection urinaire. Il y a également certaines différences ethniques dans la préva-
lence du RVU : ainsi, le taux de RVU chez les enfants noirs est beaucoup moins
élevé que chez les enfants blancs.
Le fait que les enfants ayant déjà présenté une infection urinaire aient beau-
coup plus souvent un RVU que ceux qui n’ont jamais fait ce type d’infection
Reflux vésico-urétéral 995
Explorations
On considère habituellement qu’il est indiqué de rechercher un RVU dans les
circonstances suivantes.
• En cas de dilatation rénale anténatale (hydronéphrose). Environ 15 % des dila-
tations rénales anténatales seraient causées par un RVU. Toutefois, le degré
d’hydronéphrose à partir duquel on devrait procéder à une cystographie ne
fait pas l’unanimité (voir Masses abdominales).
• Dès la première infection urinaire avec fièvre dans l’une ou l’autre des situa-
tions suivantes :
a) chez les enfants âgés de moins de deux mois ;
b) lorsque l’échographie rénale est anormale et suggère un RVU de haut
grade. Dans les autres cas, plusieurs attendent une deuxième infection
urinaire fébrile avant de procéder et ne font pas cet examen d’emblée chez
une fille de plus de deux ans qui présente des infections urinaires basses
(voir Infection urinaire).
• En présence de dysfonction vésicale importante.
• Dans le cadre d’une évaluation de certaines néphropathies (exemples : dyspla-
sie rénale, agénésie rénale) ou uropathies.
Selon certains auteurs, le taux élevé de RVU dans la fratrie d’un enfant qui
est atteint de ce problème justifie un dépistage systématique chez les frères et les
sœurs âgés de moins de cinq ans ; cela demeure controversé. Les études publiées
jusqu’à présent ne permettent pas de conclure que le dépistage et l’éventuel
traitement de frères et de sœurs asymptomatiques influeront de façon positive
sur leur fonction rénale à long terme. La fréquence encore plus élevée de RVU
chez les enfants de parents atteints pourrait justifier davantage le dépistage, mais
là encore, les données demeurent insuffisantes.
En raison de sa bonne définition anatomique, la cystographie mictionnelle
radiologique (cystographie rétrograde) est considérée comme l’examen diagnos-
tique de référence (gold standard) pour le RVU. Certaines études ont montré
une grande variabilité dans l’interprétation des résultats (grade du RVU) entre
les observateurs. Quant à la cystographie mictionnelle isotopique, elle est pré-
férable pour la surveillance du RVU connu (voir ci-après), car elle expose les
gonades à moins d’irradiation.
Toute cystographie nécessite la mise en place d’un cathéter vésical ; elle peut
se compliquer d’infection urinaire, même chez le patient sous antibiotiques au
moment de l’examen (environ 1 % de risque d’infection par événement).
996 Reflux vésico-urétéral
Traitement
Le RVU demeure l’un des sujets les plus controversés en néphrologie et en urolo-
gie pédiatriques. Il n’a pas été démontré que, lorsqu’il est appliqué à l’ensemble
des patients ayant un RVU, le traitement chirurgical réduit le risque d’infection
urinaire symptomatique comparativement à une prophylaxie antibiotique conti-
nue. On y a donc recours dans certains cas particuliers et non pas de manière
systématique (voir ci-après). Par ailleurs, l’objectif de la prophylaxie antibiotique
dans le traitement d’un RVU est double : prévenir les infections urinaires, en parti-
culier la pyélonéphrite aiguë ; diminuer le taux de cicatrices rénales. Or, il n’a pas
encore été clairement démontré que la prophylaxie antibiotique a de tels effets
bénéfiques chez un enfant atteint de RVU. La durée optimale du traitement anti-
biotique n’est pas connue non plus ; dans la plupart des études prospectives, la
durée du traitement est de 12 à 24 mois. Des effets secondaires et des réactions
allergiques peuvent survenir au cours du traitement. De plus, cette approche
favorise l’émergence de souches bactériennes multirésistantes.
La description qui suit constitue la pratique la plus courante.
I. Traitement médical
Il inclut en premier lieu des mesures d’hygiène mictionnelle et périnéale, ainsi que
la prise en charge des troubles mictionnels et de la stase stercorale. Il est essentiel
de traiter adéquatement une dysfonction vésicale ou une constipation associée.
La tendance actuelle est de s’abstenir de prophylaxie antibiotique pour
les RVU de grade I ou II. Plusieurs praticiens agissent de même pour les RVU
de grade III, sauf en cas d’infections urinaires répétées ou de cicatrices rénales
importantes documentées par une scintigraphie rénale à l’acide dimercaptosucci-
nique marqué (DMSA). On prescrit habituellement une prophylaxie antibiotique
pour les RVU de grade IV et V jusqu’au moment où le RVU disparaît spontané-
ment, passe au grade II ou III ou est corrigé chirurgicalement.
On choisit l’antibiotique prophylactique en fonction de l’âge. Chez l’enfant
âgé de moins de un à deux mois, on peut utiliser, par exemple, l’amoxicilline.
Par la suite, on prescrit habituellement le triméthoprime/sulfaméthoxazole. Au
Canada, on emploie aussi la nitrofurantoïne ; le risque mutagène de ce médica-
ment a conduit à son retrait du marché dans certains pays, dont la France. On
prescrit l’antibiotique à environ 25 % de la posologie thérapeutique habituelle ;
une posologie plus élevée n’est pas plus efficace et augmente le risque d’émer-
gence de souches résistantes.
Suivi
Une culture d’urine devrait être faite rapidement si l’enfant atteint d’un RVU
présente une fièvre sans infection respiratoire ou s’il manifeste des symptômes
d’infection urinaire.
998 Retard global du développement
Pronostic
La probabilité de résolution spontanée du RVU est inversement proportionnelle
au grade du reflux et à l’âge de l’enfant. On estime qu’environ 90 % des RVU des
grades I à III auront disparu après l’âge de cinq ans, alors que seulement 25 %
des RVU de grade IV finiront par se résoudre (ces chiffres peuvent varier quelque
peu d’une étude à l’autre). En ce qui concerne le grade V, la probabilité de réso-
lution spontanée reste minime.
De nos jours, grâce au dépistage précoce du RVU et à sa meilleure prise en
charge médicochirurgicale, il évolue rarement vers la néphropathie de reflux et
l’insuffisance rénale chronique. Les femmes qui ont présenté un RVU, même s’il
a été corrigé chirurgicalement, sont plus à risque d’infection urinaire fébrile pen-
dant la grossesse. Il apparaît important de conseiller les adolescentes à ce sujet
et de les informer du risque accru de RVU chez leurs propres enfants.
Généralités
Le développement psychomoteur normal de l’enfant se déroule selon une
séquence d’étapes attendues, franchies à des âges qui peuvent varier de façon
importante d’un enfant à l’autre tout en se situant à l’intérieur des limites normales
(voir Développement psychomoteur normal). Au cours des visites périodiques,
le médecin doit s’assurer du bon déroulement de ce processus en exerçant une
surveillance développementale systématique s’intéressant aux progrès dans les
différentes sphères : motrice (motricité fine et grossière), langagière, de l’autono-
mie, perceptivo-cognitive et socio-affective, pour en apprécier le caractère typique
ou atypique, harmonieux ou discordant. Le développement peut être fortement
influencé par des facteurs propres à l’enfant (sexe, hérédité, état de santé) et à
Retard global du développement 999
Approche clinique
Au cours de l’entretien initial et du processus d’évaluation, il est opportun de se
poser systématiquement les questions suivantes.
• L’enfant bénéficie-t-il d’une stimulation suffisante ?
• Son état de santé lui permet-il un développement optimal ?
1000 Retard global du développement
I. Anamnèse
On recherche les facteurs de risque ou les pistes étiologiques potentielles.
• Antécédents obstétricaux : âge et vécu psycho-affectif de la mère au cours de
sa grossesse, nombre de semaines de gestation, prise de poids (si trop faible,
elle pourrait suggérer une malnutrition maternelle et fœtale), complications
médicales (diabète, toxémie gravidique, épilepsie) ou chirurgicales, consom-
mation de médicaments, d’alcool ou de drogues, exposition professionnelle
ou accidentelle à des produits potentiellement toxiques (radiations, vapeurs
toxiques), contact avec des personnes infectées ou symptômes infectieux
(fièvre, syndrome grippal, éruption cutanée), histoire de traumatisme pendant
la grossesse.
• Circonstances de l’accouchement : travail prolongé, manœuvres ou complica-
tions (présentation anormale, souffrance fœtale, utilisation de forceps ou d’une
ventouse, césarienne, réanimation néonatale), score d’Apgar, mesures du poids,
de la taille et du périmètre crânien du nouveau-né. Une restriction de crois-
sance intra-utérine symétrique peut suggérer une insuffisance placentaire,
un syndrome chromosomique ou une infection congénitale (toxoplasmose,
rubéole, infection par le cytomégalovirus ou par le virus Herpes).
• Période néonatale : détresse respiratoire grave, infection invasive, ictère majeur
et prolongé, difficultés alimentaires (succion faible, vomissements répétés), irri-
tabilité, hypotonie, convulsions ou hémorragies intraventriculaires cérébrales.
• Histoire médicale post-natale : otites répétées nécessitant des tubes de ventila-
tion transtympaniques (hypoacousie possible), infections du système nerveux
central (méningite, encéphalite), convulsions afébriles ou épilepsie, hypotonie
(hypothyroïdie congénitale, maladies neuromusculaires, maladies métaboliques),
traumatisme crânien important, problèmes de santé chroniques (hospitalisations
fréquentes ou prolongées, immobilisation ou dénutrition chroniques), prise
de médicaments pouvant avoir un effet sur la vigilance ou le comportement
(anticonvulsivants tel le phénobarbital, corticostéroïdes par voie générale à
forte dose).
• Milieu de vie de l’enfant : type de famille (biparentale, monoparentale, reconsti-
tuée, placement dans une ou plusieurs familles d’accueil), degré de stimulation
(matériel de jeu à la maison, temps passé avec l’enfant, capacités parentales,
fréquentation d’une structure éducative), réseau de soutien social des parents
(famille élargie, amis, ressources sociales et médicales), présence de tensions
intrafamiliales, langues d’usage à la maison et dans les autres milieux que
fréquente l’enfant.
Retard global du développement 1001
III. Explorations
L’investigation a plusieurs objectifs : détailler la nature et l’importance du retard,
confirmer ou infirmer les principales hypothèses étiologiques et procéder, si
possible, à un conseil génétique. Elle doit être individualisée.
• Une évaluation auditive est indiquée dans tous les cas.
• Un examen ophtalmologique permet de déceler un trouble visuel ou des
signes de maladie génétique (cherry-red spots dans certaines sphingolipidoses,
choriorétinite dans la toxoplasmose congénitale). En outre, une évaluation
visuelle doit être faite si l’un des parents souffre de problèmes oculaires.
• Une mesure de l’hormone stimulant la thyroïde (TSH ou thyroid stimulating
hormone) est indiquée si l’enfant présente des signes compatibles avec une
hypothyroïdie congénitale.
Retard global du développement 1003
Traitement
Le suivi des troubles graves et complexes du développement nécessite fréquem-
ment l’apport complémentaire de plusieurs disciplines médicales et profession-
nelles. Les options thérapeutiques sont rarement curatives ; elles visent plutôt
l’actualisation du plein potentiel de l’enfant par une approche éducative et de
réadaptation et cherchent à minimiser les problèmes d’adaptation et leurs réper-
cussions sur la famille.
Diverses méthodes de stimulation du développement peuvent aider l’enfant
à optimiser son potentiel. Les modalités d’intervention sont nombreuses ; elles
1004 Retard global du développement
doivent être individualisées et, comme pour l’évaluation, elles requièrent sou-
vent une approche multidisciplinaire. Si un manque de stimulation semble être
en partie ou en totalité à l’origine du retard de développement, l’enfant peut
bénéficier d’ateliers de stimulation ou d’une fréquentation d’un service de garde
(garderie, crèche) avec, au besoin, un soutien individuel (accompagnement) afin
de poursuivre des objectifs de stimulation de façon plus intensive. Dans les
cas de retard moteur, cognitif ou langagier important, l’enfant doit avoir accès
aux services de réadaptation pertinents (physiothérapie ou kinésithérapie, ergo-
thérapie, orthophonie). Les parents d’un enfant qui éprouve des difficultés déve-
loppementales doivent souvent être guidés ou soutenus dans l’acquisition de
leurs habiletés parentales. Il faut chercher à adapter l’environnement de l’enfant
pour le rendre sécuritaire et accessible.
Le médecin traitant de l’enfant joue un rôle important dans la coordination
des diverses interventions diagnostiques et thérapeutiques. Il doit offrir son sou-
tien à long terme à la famille, surveiller les progrès, diagnostiquer et traiter les mala-
dies intercurrentes ainsi que les problèmes associés (épilepsie, trouble du déficit
de l’attention) et offrir des conseils préventifs adaptés à la situation de l’enfant.
Il arrive qu’un traitement spécifique soit possible et qu’il influe positivement
sur le pronostic global de l’enfant (exemples : maladie de Menkes, malnutrition,
intoxication par le plomb, hypertension intracrânienne causée par une hydro-
céphalie). Dans d’autres cas, le retard risque de persister malgré un traitement
particulier, devenu inefficace, parce qu’il a été entrepris après que l’atteinte du
développement se manifeste (phénylcétonurie, hypothyroïdie congénitale).
Complications
Les complications dépendent de la cause sous-jacente. Les troubles alimentaires
sont fréquents et peuvent entraîner des problèmes tels un retard pondéral, des
carences nutritionnelles ou de l’obésité. La survenue de troubles de comporte-
ment, du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ou de troubles de l’hu-
meur (trouble anxieux, dépression) peut nécessiter une médication particulière,
surtout dans le contexte d’une rupture de fonctionnement. Les complications
associées à la paralysie cérébrale et à certaines maladies neurologiques (spas-
ticité, contractures, scoliose, ostéoporose, sialorrhée, troubles de la déglutition,
reflux gastro-œsophagien, constipation, pneumonies d’inhalation) doivent être
dépistées et traitées précocement.
Pronostic
Lorsqu’il s’agit d’un nourrisson ou d’un jeune enfant, il est souvent impossible
d’établir un pronostic précis. C’est au fil des visites de suivi, en comparant l’en-
fant à lui-même et à la norme, que le praticien apprécie la vitesse à laquelle il
évolue, rattrapant ou suivant les compétences attendues pour l’âge ou s’éloignant
de celles-ci. Il est souvent difficile pour les parents de vivre dans l’incertitude
quant au devenir de leur enfant. Il faut les accompagner en évitant les affirmations
hâtives dans un sens ou dans l’autre. Dans les troubles graves et complexes du
développement, ce n’est souvent qu’après des mois d’observation, de réévaluations
et de soins multimodaux, prodigués en collaboration étroite avec la famille et les
principaux milieux de vie de l’enfant, qu’un diagnostic précis peut être formulé et
qu’un pronostic peut être évoqué avec nuances et prudence. Très souvent, avec
le temps, en suivant leur enfant dans ses thérapies de réadaptation, les parents
Retard pondéral du nourrisson 1005
Généralités
L’évaluation de la croissance (poids, taille, et périmètre crânien) à partir de mesures
sériées demeure un précieux instrument d’évaluation de la santé globale d’un
enfant. On envisage la possibilité d’un retard pondéral lorsque la courbe pondé-
rale du nourrisson dévie vers le bas ou qu’elle change de corridor de percentile
vers le bas des courbes de référence. Cependant, au courant des deux premières
années de vie, la croissance pondérale de près 25 % des enfants sains dévie légè-
rement vers le bas, puis suit sa courbe de façon normale.
Le retard pondéral reflète des apports énergétiques insuffisants pour com-
penser les dépenses ou les pertes. Il faut diagnostiquer cette situation de façon
précoce, car un état de dénutrition survenant au cours des deux premières années
de vie peut causer des séquelles neurologiques permanentes. Un retard du gain
pondéral peut résulter de difficultés à l’alimentation, représenter le premier signe
d’appel d’une affection organique ou se développer dans un contexte de pro-
blèmes psychosociaux importants.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
Chez un nourrisson qui présente un retard pondéral, les hypothèses suivantes,
réparties en quatre groupes, doivent être envisagées.
1) Apports énergétiques insuffisants
C’est la cause la plus fréquente de retard pondéral dans ce groupe d’âge. Les
étiologies se répartissent en quatre catégories.
Anorexie Celle-ci s’observe entre autres chez les nourrissons atteints d’infec-
tions aiguës (exemples : pneumonie, méningite) ou récurrentes (exemples : in-
fections des voies respiratoires supérieures, otites), d’affections gastro-intestinales
(exemple : maladie cœliaque), de maladies métaboliques, d’affections neurolo-
giques (exemple : hypertension intracrânienne), ainsi qu’en présence de douleur
(exemple : reflux gastro-œsophagien) ou de stress psychologique (exemples :
difficultés relationnelles mère-enfant, négligence, violence familiale, dépression).
Par ailleurs, certains enfants sains sont de « petits mangeurs » plus souvent inté-
ressés à explorer qu’à manger.
1006 Retard pondéral du nourrisson
II. Explorations
Lorsque l’anamnèse et l’examen physique sont peu révélateurs, les investigations
suivantes doivent être envisagées : hémogramme, urée et créatinine sériques,
ionogramme, dosage de l’albumine et de la préalbumine plasmatiques, enzymes
hépatiques, analyse (incluant l’examen du sédiment urinaire) et culture d’urine,
bilan martial, anticorps antitransglutaminase, dosage de lipides dans les selles
(collecte de 72 heures) et test de la sueur. L’investigation doit toujours inclure
une évaluation diététique des apports nutritionnels en les comparant aux besoins
estimés du nourrisson en fonction du sexe, de l’âge et de la taille.
Lorsque la cause précise du retard pondéral demeure obscure, il faut appro-
fondir l’histoire psychosociale et comportementale, en gardant à l’esprit que la
maladie organique et les perturbations psychosociales ne sont pas mutuellement
exclusives. Une période d’observation à domicile faite par du personnel infirmier
ou en centre ambulatoire (hôpital de jour) permet de peser l’enfant quotidien-
nement, de déceler la présence de symptômes anormaux, d’observer la relation
parents-enfant et d’évaluer les mécanismes oromoteurs que l’enfant utilise pour
1008 Retard pondéral du nourrisson
s’alimenter. Dans certains cas, on peut décider d’hospitaliser l’enfant, pour obte-
nir un bilan précis des apports énergétiques.
Traitement
L’approche thérapeutique consiste en une correction du déficit énergétique en
optimisant les apports nutritionnels et en intervenant sur les facteurs en cause
dans le retard pondéral. Il faut prendre en considération la présence ou l’ab-
sence d’allergies alimentaires, de malabsorption ou de restrictions alimentaires
culturelles ou religieuses.
La mère qui allaite, dont la production lactée est insuffisante, peut faire
appel à l’assistance d’une conseillère en allaitement pour évaluer les sources de
difficultés et les moyens d’y remédier (voir Allaitement).
Les nourrissons qui ne sont pas allaités peuvent recevoir une préparation
commerciale de lait pour nourrisson plus concentrée, ce qui augmente la densité
calorique. Lorsque l’alimentation est plus variée, l’ajout de lipides (exemples :
beurre, crème), de polymères d’amidon, d’huiles végétales ou de lait en poudre
permet d’enrichir les aliments usuels.
Lorsqu’une maladie organique est soupçonnée, l’intervention nutritionnelle
doit débuter en même temps que se poursuit l’investigation et avant l’instauration
du traitement de cette affection, pour éviter les délais possibles.
Certains enfants chez qui une aversion à la nourriture s’est développée, par
exemple à cause d’une hypersensibilité orale ou d’un épisode grave d’étouf-
fement, bénéficieront d’une thérapie de réadaptation avec un ergothérapeute.
Lorsque le retard pondéral est attribuable à des troubles du comportement
alimentaire, le fait de donner des conseils sur le déroulement des repas constitue
une étape cruciale (voir Troubles alimentaires de la petite enfance).
Si l’enfant ne prend pas les quantités qui lui sont offertes et que le retard
pondéral est important, il arrive qu’on doive avoir recours à une alimentation
entérale par sonde nasogastrique (voir Alimentation entérale et parentérale).
Si le nourrisson ne prend pas de poids alors qu’il reçoit des calories en
quantité estimée adéquate, il faut approfondir les investigations concernant une
malabsorption ou une maladie métabolique et revoir le contexte psychosocial,
qui peut être complexe et nécessiter l’intervention d’une équipe multidisciplinaire.
Suivi
Il est essentiel d’impliquer les parents dès le début du processus diagnostique
et thérapeutique. L’intervalle entre chaque visite de suivi varie selon l’âge de
l’enfant, la gravité du retard pondéral et le type d’affection associée. On recom-
mande un suivi toutes les une à quatre semaines pour les nourrissons (selon
la situation clinique) et tous les deux ou trois mois pour l’enfant âgé de plus
de deux ans.
Pronostic
Le suivi à long terme doit s’intéresser non seulement au gain pondéral et aux
facteurs mis en cause, mais aussi au développement psychomoteur, car ces
enfants sont à risque de retard cognitif ou de troubles de comportement ou de
l’apprentissage.
Retard pubertaire 1009
Généralités
Une puberté qui tarde à se manifester représente une source d’inquiétude pour
plusieurs adolescents. Parfois, c’est le parent qui désire préciser la normalité de
la santé de son enfant ou le médecin lui-même qui aborde la situation. Le retard
pubertaire se définit de la manière suivante (l’un ou l’autre des critères doivent
être présents).
1) Chez le garçon
a) Persistance du stade 1 de Tanner pour les gonades (G1 : axe longitudinal
du testicule < 2 cm ou < 3 mm3) au-delà de l’âge de 14 ans.
b) Écart de plus de 5 ans entre l’amorce de la puberté et sa fin.
2) Chez la fille
a) Persistance du stade 1 de Tanner pour les seins (S1 : absence de tissu glan-
dulaire palpable) après l’âge de 13 ans.
b) Absence de menstruation après l’âge de 16 ans (voir Troubles menstruels).
c) Écart de plus de 5 ans entre l’amorce de la puberté et la ménarche.
Plusieurs affections peuvent se manifester par un retard pubertaire
(voir tableau 214.1) ; dans certains cas, la puberté débute normalement, mais
ne se complétera pas (exemples : syndrome de Klinefelter, syndrome de Turner
mosaïque). Bien que certaines étiologies ne soient pas des atteintes endocri-
niennes primaires, elles ont toutes une répercussion sur la fine homéostasie
hormonale.
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse familiale retrace l’âge de la ménarche de la mère, le moment où la
croissance s’est accélérée chez les parents, ainsi que les antécédents de mala-
die chronique, d’infertilité, de consanguinité, ou de maladie génétique connue
(exemples : hyperplasie congénitale des surrénales, insensibilité des récepteurs
aux androgènes). L’anamnèse personnelle couvre l’histoire périnatale (trauma-
tisme à la naissance, anomalies congénitales), les antécédents de chirurgie, de
radiothérapie ou de chimiothérapie, les symptômes neurologiques, oculaires,
olfactifs, le gain ou la perte de poids, ainsi que certains symptômes ou signes
annonciateurs d’une maladie chronique ou auto-immune ou d’une endocrinopa-
thie (exemples : hypothyroïdie, syndrome de Cushing, hyperprolactinémie). On
s’intéresse au type et à l’intensité des activités physiques, aux facteurs de stress,
ainsi qu’à la possibilité de troubles de la conduite alimentaire ou d’usage de subs-
tances, d’alcool, de suppléments alimentaires et d’autres médicaments naturels.
III. Explorations
Dans tous les cas, on procède d’abord à la mesure de l’âge osseux avec une
radiographie de la main et du poignet gauches.
Les éléments suivants suggèrent fortement un retard pubertaire constitu-
tionnel : âge osseux inférieur à l’âge chronologique, taille se situant autour du
3e percentile avec une vélocité de croissance normale, aucun signe de maladie
chronique et puberté tardive chez les parents. Dans ces circonstances, une obser-
vation suffit généralement. Il n’y a pas de tests hormonaux pour confirmer ce
diagnostic d’exclusion. Cependant, un retard constitutionnel ne devrait jamais
être envisagé après l’âge de 18 ans.
Si l’âge osseux est supérieur à 12 ans chez la fille et à 13 ans chez le garçon,
ou si le développement pubertaire déjà amorcé cesse de progresser, on procède
à un dosage de l’hormone lutéinisante (LH ou luteinizing hormone) et de l’hor-
mone folliculostimulante (FSH ou follicle stimulating hormone).
1) Des taux plasmatiques bas de LH et de FSH peuvent orienter le diagnostic vers
un hypogonadisme hypogonadotrophique (ou hypothalamo-hypophysaire).
Devant un déficit d’autres hormones hypophysaires ou en présence d’une
hyperprolactinémie, il faut effectuer une résonance magnétique nucléaire céré-
brale afin d’exclure une lésion tumorale de l’hypothalamus ou de l’hypophyse
(exemple : craniopharyngiome) ; on recherche également une hypoplasie des
bandelettes ou des bulbes olfactifs suggérant un syndrome de Kallmann (cela
nécessite des techniques d’imagerie spécifiques). Les taux plasmatiques des
gonadotrophines sont également bas dans le retard pubertaire constitution-
nel. Par ailleurs, les épreuves de stimulation à la gonadolibérine (LHRH, ou
luteinizing hormone-releasing hormone) ou avec un analogue de la LHRH
(exemples : nafaréline, leuprolide, triptoréline), au cours desquelles on observe
une réponse hypophysaire (LH et FSH), ne permettent pas de distinguer un
hypogonadisme hypogonadotrophe d’un retard constitutionnel. Cela souligne
l’importance de faire un suivi longitudinal de l’adolescent présentant un hypo-
gonadisme hypogonadotrophe si la résonance magnétique nucléaire cérébrale
s’avère normale.
On effectue une numération globulaire et une vitesse de sédimentation, qui
peuvent toutes deux être anormales en présence d’une maladie chronique peu
symptomatique. Cependant, des valeurs normales n’excluent pas totalement
cette possibilité. Il faut éliminer une hypothyroïdie et une hyperprolactinémie
qui peut être causée par une tumeur qui comprime la tige hypophysaire ou
un prolactinome et rechercher l’emploi de certains médicaments (exemples :
phénothiazines et autres antipsychotiques) ou de substances (exemple : utili-
sation chronique de cocaïne).
2) En présence de taux de LH et de FSH augmentés, suggérant un hypogona-
disme hypergonadotrophe, on détermine le caryotype. Les principales anoma-
lies chromosomiques causant un hypogonadisme primaire sont les suivantes.
• Syndrome de Klinefelter (47,XXY) : adolescent de grande taille avec pro-
portions eunuchoïdes (rapport segment supérieur/segment inférieur d’envi-
ron 0,9), hypogonadisme avec testicules petits et fermes qui peuvent être
cryptorchides, gynécomastie, retard de langage et difficultés d’apprentissage.
• Syndrome de Turner (45,X et ses variantes) : adolescente de petite taille,
dysmorphies (pterygium colli ou cou palmé, implantation basse des che-
veux en M, palais ogival, mamelons écartés et thorax en tonneau, cubitus
1012 Retard pubertaire
Traitement
I. Retard pubertaire constitutionnel
Quand l’anxiété de l’adolescent ou de ses parents est très marquée (crainte d’une
affection sous-jacente importante), on peut offrir, selon le souhait de l’adoles-
cent, un traitement de stéroïdes sexuels pendant une courte période de temps.
Selon certains auteurs, ce type de traitement permettrait non seulement de
devancer l’acquisition d’une maturité sexuelle, mais également de réduire les
risques attribuables à une diminution de la densité osseuse à l’âge adulte. À
court terme, un androgène à faible dose est efficace et sécuritaire pour pro-
duire une croissance linéaire et une maturité sexuelle sans accélérer indûment
l’âge osseux. Chez les garçons – rarement avant l’âge de 14 ans –, on utilise une
forme estérifiée de testostérone, soit l’énanthate, le cypionate ou le propionate
de testostérone. On amorce le traitement à la dose de 50 mg IM 1 fois par mois
pendant 12 mois ; si, après ce temps, le volume testiculaire n’a pas augmenté,
on procède à l’induction pubertaire avec des doses croissantes de 25 mg tous
les 6 mois, sans dépasser 100 mg. On peut aussi prescrire la testostérone par
voie orale ou transdermique. Cependant, les androgènes administrés par voie
orale ne constituent pas un premier choix en raison de l’exposition du foie à des
concentrations hormonales élevées et potentiellement néfastes. L’utilisation d’inhi-
biteur de l’aromatase est encore à l’étude. Une absence de progression pubertaire
(volume testiculaire qui n’augmente pas après un traitement de 12 à 18 mois)
suggère la possibilité d’hypogonadisme hypogonadotrope.
Chez les filles – rarement avant l’âge de 12 ans –, il est possible d’offrir le
17β-œstradiol (œstradiol micronisé) sous forme orale, habituellement à la dose
de 0,25 mg 1 fois par jour. L’induction pubertaire par voie transdermique pour-
rait être avantageuse, car cela évite l’exposition hépatique à des doses élevées
d’œstrogènes.
La taille adulte observée chez le patient atteint d’un retard pubertaire consti-
tutionnel est souvent inférieure à la taille prédite selon l’âge osseux prépubertaire
Retard pubertaire 1013
et, parfois, à la taille cible (voir Croissance physique normale). La taille atteinte
est comparable, que le patient ait reçu ou non un traitement avec des stéroïdes
sexuels à petites doses.
Généralités
La rhinite allergique est la maladie allergique la plus commune ; sa prévalence
peut atteindre 40 % pour la rhinite allergique saisonnière, et elle diminue à 20 %
quand elle dure toute l’année. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité immé-
diate de type I, médiée par des IgE. La rhinite allergique est classée en fonction
de la durée des symptômes et de son impact sur la vie quotidienne :
• intermittente : moins de quatre jours par semaine ou moins de quatre semaines
consécutives par année ;
• persistante : plus de quatre jours par semaine et plus de quatre semaines consé-
cutives par année ;
• légère : symptômes peu gênants ; sommeil, activités scolaires et loisirs normaux ;
• de modérée à grave : symptômes gênants ; sommeil, activités scolaires ou loi-
sirs perturbés.
Parmi les facteurs de risque, on retient les antécédents familiaux d’allergie,
surtout la rhinite allergique, et l’exposition précoce à des allergènes de l’envi-
ronnement qui favorisent l’apparition de symptômes dans un contexte de pré-
disposition à l’atopie. Les principaux allergènes en cause sont les acariens de
la poussière de maison, les pollens des arbres, des graminées et de l’herbe à
poux, les plumes, les pellicules et certaines protéines de la salive et de l’urine
des animaux, les moisissures et les excréments d’insectes tels que les blattes.
La rhinite allergique s’associe souvent à la conjonctivite allergique, à l’asthme
et à la sinusite ; elle peut provoquer une otite séreuse avec un épanchement liqui-
dien secondaire à l’œdème et l’inflammation de la trompe d’Eustache.
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques habituelles sont la rhinorrhée aqueuse, la congestion
nasale, les éternuements et les reniflements. Un prurit nasal peut être responsable
du « salut allergique » (l’enfant a tendance à se passer la main sur le nez). Un
prurit du palais cause parfois l’émission de bruits bizarres dus au passage de la
langue sur le palais. Une ride transversale, causée par le « salut allergique », peut
être présente à la racine du nez. On note parfois un signe de Dennie-Morgan
(plis cutanés surnuméraires sur la paupière inférieure), ainsi que de l’œdème
périorbitaire et des yeux cernés ; l’ensemble de ces anomalies constitue ce qu’on
appelle le faciès allergique. La muqueuse nasale est œdémateuse, congestive,
pâle et violacée.
Explorations
Habituellement, l’anamnèse – incluant la fréquence des manifestations cliniques,
les circonstances déclenchantes et les allergènes potentiels ayant provoqué les
symptômes – et l’examen suffisent pour établir le diagnostic de rhinite allergique.
L’éosinophilie et l’élévation des IgE totales sériques orientent le diagnostic vers
une atopie. Les tests cutanés d’hypersensibilité immédiate sont effectués en
fonction des données de l’anamnèse, en particulier lorsque la rhinite allergique
Rhinite allergique 1015
persiste toute l’année, afin de déterminer les facteurs aggravants évitables dans
l’environnement (exemples : acariens, moisissures). On pratique les dosages
sériques des IgE spécifiques (technique ELISA en sandwich telle qu’ImmunoCAP
systemMD ou Immulite systemMD) lorsque les tests cutanés sont ininterprétables,
par exemple dans les cas où l’enfant prend des médicaments interférant avec les
résultats (exemple : antihistaminiques) ou si une maladie de peau en complique
l’interprétation (dermographisme, dermite atopique grave).
Traitement
I. Contrôle de l’environnement
Il faut avant tout éviter les contacts avec les allergènes en cause, si possible. Les
principales mesures de contrôle de l’environnement intérieur sont détaillées dans
le chapitre Asthme. L’environnement extérieur est impossible à contrôler, bien
que l’installation d’un appareil de climatisation puisse souvent aider à réduire
l’exposition aux pollens. Certaines situations peuvent être évitées (exemples :
jardinage, travaux de ferme, contacts avec des animaux à plumes ou à poils).
Plusieurs patients ayant une rhinite allergique ont une hyperréactivité nasale à
des stimuli non spécifiques tels la fumée de cigarette, les changements de tem-
pérature ou la pollution. Il est souhaitable d’éviter ces stimuli, si possible.
Complications
La rhinite allergique peut favoriser l’apparition d’une otite séreuse, d’une otite
moyenne aiguë et d’une sinusite aiguë ou chronique ; elle peut aussi provoquer
des exacerbations de l’asthme. Il a d’ailleurs été prouvé qu’un bon contrôle des
symptômes de rhinite réduirait ceux de l’asthme. Une hypertrophie du tissu
lymphoïde (amygdales et végétations adénoïdes) peut également être associée.
Pronostic
La rhinite allergique n’est pas une maladie dangereuse, mais elle peut compro-
mettre le bien-être, les performances scolaires et le sommeil de façon impor-
tante. Un traitement adéquat peut améliorer considérablement la qualité de vie.
Rhumatisme articulaire aigu 1017
Généralités
Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une réaction inflammatoire auto-immune
qui peut toucher le cœur, les articulations, le cerveau et les tissus sous-cutanés.
Cette réaction se produit après une infection à Streptococcus pyogenes (strepto-
coque β-hémolytique du groupe A) telle qu’une pharyngite ou une amygdalite.
De 1 à 3 % des pharyngites non traitées peuvent se compliquer de RAA. La pé-
riode de latence entre la pharyngite et le RAA est en moyenne de deux à quatre
semaines, mais elle peut durer jusqu’à huit mois en cas de chorée de Sydenham.
Quelques sérotypes du streptocoque sont associés au RAA et dépendent de la
présence de certains facteurs de virulence, particulièrement de la protéine M,
qui est le principal antigène de surface. Dans les pays en développement, le RAA
demeure la cause principale de cardiopathie acquise, alors que dans les pays dé-
veloppés, son incidence annuelle est relativement faible (< 10/100 000). Il touche
particulièrement les enfants âgés de 5 à 15 ans.
Manifestations cliniques
Les manifestations cliniques sont très variables d’un sujet à l’autre. Le diagnostic
d’un premier épisode de RAA repose sur les critères cliniques de Jones révisés
par l’American Heart Association en 2002. Il faut faire la preuve d’une infection
streptococcique récente et reconnaître au moins deux critères majeurs ou un
critère majeur et deux critères mineurs. La chorée à elle seule peut établir le
diagnostic de RAA.
Les critères majeurs sont les suivants.
1) Cardite (50 % des cas) : la péricardite se manifeste par un frottement ou un
épanchement péricardique. Les principaux signes de myocardite sont une
tachycardie disproportionnée par rapport au degré de fièvre, une cardiomégalie
ou une insuffisance cardiaque. La myocardite s’accompagne habituellement
d’une valvulite, qui consiste en une insuffisance mitrale ou aortique isolée, ou,
plus rarement, en une atteinte mixte, mitrale et aortique. La valvule mitrale est
atteinte trois fois plus souvent que la valvule aortique. Une sténose valvulaire
peut se développer tardivement, habituellement à l’âge adulte. La cardite est
la seule lésion du RAA qui peut devenir chronique.
2) Arthrite (75 % des cas) : elle est migratrice, passant d’une articulation à l’autre,
et peut durer des jours ou des semaines ; elle touche surtout les grosses arti-
culations, et au moins deux articulations doivent être atteintes pour que ce
critère soit présent. La douleur est intense à la mobilisation.
3) Chorée de Sydenham (environ 5 à 30 % des cas) : elle survient plus fréquemment
chez les filles. Elle se présente souvent de façon isolée ; la cardite et l’arthrite
peuvent apparaître ultérieurement. Elle peut être unilatérale ou bilatérale et
se manifeste par des mouvements brusques, involontaires et incoordonnés
du visage, du tronc et des membres. Ces mouvements disparaissent pendant
le sommeil. La chorée peut être accompagnée d’une labilité émotionnelle
(pleurs ou rires), de troubles de comportement et, parfois, d’une détérioration
du langage et de l’écriture.
1018 Rhumatisme articulaire aigu
4) Nodules sous-cutanés (< 1 % des cas) : leur diamètre varie de 0,5 à 2 cm. Ils
sont durs, indolores et mobiles. Ils se localisent aux protubérances osseuses
ou aux tendons extenseurs des grosses et des petites articulations. La peau
qui les recouvre est exempte de signes inflammatoires.
5) Érythème marginé (< 3 % des cas) : il s’agit d’une éruption cutanée non pru-
rigineuse, fugace et tardive, aux bords serpigineux et au centre clair. Il se
localise principalement au tronc et à la face interne des bras et des cuisses.
Les critères mineurs sont les suivants.
1) Cliniques : fièvre élevée (fréquente dans la phase initiale de la maladie),
arthralgies.
2) Paracliniques : élévation de la vitesse de sédimentation ou de la protéine C réac-
tive (CRP), allongement de l’intervalle PR à plus de 200 millisecondes sur l’ECG.
Le diagnostic est principalement clinique et difficile à poser. L’arthrite rhu-
matoïde, la polyarthrite suppurée gonococcique, les arthrites réactives post-
infectieuses, l’endocardite bactérienne, l’anémie falciforme (drépanocytose), la
maladie de Lyme et la leucémie sont les principales entités qui font partie du
diagnostic différentiel du RAA.
Explorations
Au moment du diagnostic, la culture de gorge se révèle positive chez 10 à 25 %
seulement des enfants atteints de RAA. Par ailleurs, les antistreptolysines O servent
à documenter une infection streptococcique antérieure ; il peut parfois être utile
de vérifier la mesure deux à quatre semaines après le prélèvement initial. Pour
être diagnostiques, elles doivent être supérieures à 300 U Todd/mL. On peut
également mesurer d’autres marqueurs, comme l’anti-DNase B. Par exception,
la chorée peut avoir une présentation tardive avec absence de manifestations
biologiques qui prouvent l’infection à streptocoque.
L’échocardiographie permet d’évaluer de façon précise la nature et la gravité
de l’atteinte cardiaque et de surveiller l’évolution de la maladie.
Traitement
On recommande le repos pendant la phase aiguë de la maladie.
Un traitement de 10 jours à la pénicilline est indiqué dans tous les cas de RAA,
même si la culture de gorge s’avère négative. Le premier choix est la pénicilline V,
250 mg PO 2 ou 3 fois par jour si l’enfant pèse moins de 27 kg et 500 mg PO
2 ou 3 fois par jour si l’enfant pèse 27 kg ou plus.
Dès que le diagnostic est posé, il faut entreprendre un traitement anti-
inflammatoire. On donne de l’acide acétylsalicylique (AAS), en débutant avec
une dose de 100 mg/kg/24 h PO en doses fractionnées toutes les 6 heures, pen-
dant 3 à 5 jours, suivi d’une dose de 75 mg/kg/24 h PO pendant un minimum
de 4 semaines, si possible sous forme de comprimés enrobés. On poursuit ce
traitement jusqu’à amélioration clinique et normalisation de la vitesse de sédi-
mentation et de la CRP, ce qui peut prendre de six à huit semaines. Le sevrage
doit être lent et progressif.
En cas de cardite compliquée d’insuffisance cardiaque, il est préférable
d’administrer un corticostéroïde comme traitement anti-inflammatoire initial. On
prescrit le plus souvent de la prednisone ou de la prednisolone par voie orale
(2 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes les 6 ou 12 heures ; max : 50 mg/24 h)
Roséole (exanthème subit) 1019
Suivi et prévention
La prévention du RAA consiste à traiter les amygdalites à S. pyogenes avec de la
pénicilline pendant 10 jours.
La prévention secondaire a pour but de prévenir les rechutes du RAA ou
l’apparition de cardite tardive. Les rechutes sont plus fréquentes pendant les
deux premières années qui suivent la poussée initiale de RAA. La pénicilline par
voie intramusculaire demeure la prophylaxie de premier choix. On donne de la
pénicilline benzathine à raison de 600 000 UI IM pour les enfants qui pèsent moins
de 27 kg ou 1 200 000 UI IM pour ceux qui pèsent 27 kg ou plus, tous les 28 jours.
On peut également utiliser la pénicilline V par voie orale, 250 mg ou 500 mg 2 fois
par jour selon les mêmes strates de poids. Si l’enfant est allergique à la pénicilline,
on a recours à l’érythromycine, à la clindamycine ou à l’azithromycine.
On poursuit cette prophylaxie pendant 5 ans ou jusqu’à l’âge de 21 ans
(la plus longue des deux options) si le RAA ne s’accompagne pas de cardite,
pendant 10 ans ou jusqu’à l’âge adulte s’il y a une cardite sans lésion résiduelle
et jusqu’à l’âge de 40 ans s’il y a une atteinte valvulaire. La prophylaxie contre
l’endocardite n’est recommandée que si l’enfant est porteur d’une prothèse val-
vulaire cardiaque (voir Endocardite bactérienne).
Pronostic
Le pronostic varie en fonction de l’importance de l’atteinte cardiaque.
Généralités
La roséole, ou exanthème subit ou sixième maladie, est une maladie éruptive,
fréquente chez le jeune enfant. Elle s’observe presque exclusivement chez l’enfant
1020 Roséole (exanthème subit)
Manifestations cliniques
La description classique de la maladie est la suivante : apparition brutale d’une
fièvre élevée (> 39 °C) qui dure de 3 à 5 jours. En dehors des pics de fièvre, l’en-
fant garde un bon état général. Les symptômes et les signes associés demeurent le
plus souvent discrets, ils sont variables et dépendent de l’agent infectieux causal
(anorexie, irritabilité, rhinorrhée, toux, diarrhée, tympans congestifs, amygdales
inflammatoires, adénopathies cervicales). Il n’est pas rare de trouver un bom-
bement de la fontanelle antérieure. La défervescence de la fièvre est rapide, et
l’éruption cutanée, maculaire ou maculopapulaire, apparaît dans les 24 heures
qui suivent. Les lésions, petites taches rosées séparées par des intervalles de
peau saine, ont une distribution centripète : front, nuque, région dorsolombaire,
région antérieure du thorax et de l’abdomen. Elles dépassent rarement la racine
des membres et disparaissent en moins de 48 heures.
Le principal problème repose sur le diagnostic différentiel lorsque l’enfant a
été traité par antibiotique et que survient l’éruption à la défervescence thermique.
L’enfant est souvent étiqueté à tort allergique à l’antibiotique.
Explorations
Dans les cas typiques, aucune exploration n’est nécessaire. L’hémogramme peut
montrer, en fin de phase fébrile, une leucopénie avec neutropénie et lymphopé-
nie qui se normalisent après deux ou trois semaines.
Traitement
La roséole est en règle générale une maladie bénigne, de guérison spontanée
et complète en près de une semaine. Il n’y a pas de traitement spécifique. On
recommande une bonne hydratation et, au besoin, l’administration d’un antipy-
rétique tel l’acétaminophène (paracétamol).
Complications
Chez l’enfant immunocompétent, la principale complication associée à la roséole
est la survenue de convulsions fébriles. Chez le patient immunocompromis, et
plus particulièrement le transplanté de cellules souches hématopoïétiques, les
infections au virus Herpes de type 6 ou la réactivation de ce virus ont été asso-
ciées à une mortalité accrue et à la survenue de complications graves.
Rougeole 218
Philippe Ovetchkine, Anne-Claude Bernard-Bonnin
Généralités
La rougeole est causée par un paramyxovirus. Le plus souvent considérée
comme une maladie bénigne de l’enfance, elle peut être fatale, principale-
ment à cause de complications respiratoires et neurologiques. Les programmes
de vaccination ont permis de réduire l’incidence de cette maladie. Toutefois,
d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle est l’une des principales
causes de mortalité infantile par maladie évitable au moyen de la vaccination
partout dans le monde. La majorité des cas survient dans les pays en dévelop-
pement, mais les pays dits industrialisés ne sont pas pour autant épargnés : en
France, environ 15 000 cas ont été notifiés pour l’année 2011, dont près de 5 %
ont présenté une pneumopathie grave. Au Québec, la même année, un peu
plus de 700 cas étaient rapportés. Près de 75 % des enfants touchés n’étaient
pas vaccinés.
Manifestations cliniques
La maladie peut être divisée en deux phases.
1) La phase prodromique commence par un catarrhe oculonasal associé à de la
toux et à une fièvre élevée. L’ensemble de ces symptômes et signes a tendance
à s’aggraver durant deux à quatre jours. À ce stade, le signe de Köplick peut
apporter un diagnostic clinique précoce, avant l’apparition de l’érythème : il
s’agit de petites taches ressemblant à des grains de sel parsemant une muqueuse
hyperhémiée ; on les observe à la face interne des joues. Cependant, ce signe
est éphémère et passe facilement inaperçu.
2) La phase d’exanthème survient à l’acmé des symptômes respiratoires. L’exan-
thème maculopapulaire apparaît dans les régions rétro-auriculaires et sur le
visage, puis, de façon centrifuge, il gagne le tronc et les membres, évoluant
vers la confluence. Les lésions cutanées durent de trois à cinq jours et s’ef-
facent de la même façon qu’elles sont apparues. La fièvre cède le plus sou-
vent au troisième jour après l’apparition de l’exanthème. Lorsqu’elle persiste
au-delà, elle peut être associée à une complication. Chez l’enfant malnutri,
l’éruption cutanée peut prendre un aspect plus pigmenté qui desquame à la
guérison.
Explorations
Le tableau clinique est d’habitude suffisant pour poser le diagnostic ; le signe de
Köplick, en particulier, est pathognomonique. En général, aucune exploration
paraclinique ne s’avère nécessaire.
Dans certaines circonstances, lorsqu’il doit être prouvé, le diagnostic repose
sur la présence d’IgM spécifiques, qui peuvent ne pas être détectables avant le qua-
trième jour de l’éruption cutanée, ou sur l’ascension des anticorps spécifiques, mise
en évidence par deux prélèvements de sang successifs réalisés à trois semaines
d’intervalle. Le virus peut également être identifié par cultures cellulaires ou
par PCR, à partir de prélèvements des sécrétions nasopharyngées ou respiratoires.
1022 Rougeole
Traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique. On utilise un antipyrétique tel l’acétami-
nophène (paracétamol) comme traitement symptomatique. Une antibiothérapie
n’est indiquée que s’il y a une surinfection bactérienne.
L’administration de vitamine A réduit la morbidité et la mortalité. Il est donc
recommandé de prescrire de la vitamine A par voie orale à raison d’une dose
quotidienne de 200 000 UI pour 2 jours consécutifs à tous les enfants atteints
de rougeole, âgés de 1 an ou plus. Les doses quotidiennes sont moindres chez
les enfants plus jeunes : 100 000 UI chez les nourrissons âgés de 6 mois à 1 an
et 50 000 UI chez les moins de 6 mois. Chez ceux qui ont un déficit en vita-
mine A, l’administration d’une troisième dose est recommandée, de deux à quatre
semaines plus tard.
Complications
Les complications sont nombreuses et parfois graves ; elles demeurent principa-
lement d’ordre respiratoire ou neurologique.
L’atteinte pulmonaire, par infection virale, est très fréquente ; elle constitue
la principale cause de mortalité due à la rougeole. Chez les jeunes enfants, elle
peut prendre la forme d’une bronchiolite. Les enfants qui présentent un défi-
cit de l’immunité cellulaire sont particulièrement à risque d’être atteints d’une
pneumonie à cellules géantes. À un stade plus tardif, il peut également s’agir
d’une surinfection bactérienne. Parmi les autres manifestations respiratoires, les
laryngites et les laryngotrachéites sont fréquentes et font souvent l’objet d’une
surinfection bactérienne. Chez les jeunes enfants, les otites et les mastoïdites sont
des complications courantes.
L’atteinte neurologique peut se manifester sous les formes suivantes.
• Encéphalite : sa fréquence est d’environ 1/1 000 cas de rougeole. Elle
survient pendant la phase d’exanthème ou les deux semaines qui suivent.
Possiblement mortelle, elle laisse souvent des séquelles neurologiques graves
et permanentes.
• Encéphalite aiguë à inclusions : il s’agit d’une forme rare, mais fatale d’en-
céphalite. Elle survient quelques mois après la rougeole et touche les patients
immunocompromis (déficit de l’immunité cellulaire inné ou acquis).
• Panencéphalite subaiguë sclérosante : plus rare, mais presque toujours fatale,
c’est une complication tardive survenant en moyenne 10 ans après la rougeole.
Durée d’incubation
Il s’écoule habituellement de 8 à 12 jours entre le contact et le début des
symptômes.
Période de contagiosité
La rougeole est contagieuse un ou deux jours avant le début des symptômes ou
de trois à cinq jours avant l’apparition de l’exanthème ; la contagiosité persiste
pendant les quatre premiers jours après l’éruption.
Prévention
[Voir Problèmes épidémiologiques courants en service de garde (garderie, crèche)].
Rubéole 1023
Rubéole 219
Catherine Hervouet-Zeiber, Céline Laferrière
Généralités
La rubéole est causée par un virus ARN du genre Rubivirus appartenant à la
famille des Togaviridæ. Cette maladie, habituellement bénigne, demeure excep-
tionnelle dans les pays où la vaccination est systématique. L’humain en est l’unique
réservoir. Sa durée d’incubation varie de 12 à 23 jours. La maladie est transmise
par contact direct avec les sécrétions nasopharyngées ou par des gouttelettes en
1024 Rubéole
suspension dans l’air. La rubéole est contagieuse à partir de quelques jours avant
l’apparition de l’éruption et jusqu’à sept jours après celle-ci.
Acquise au cours de la grossesse, la rubéole peut causer des dommages
chez le fœtus, surtout au cours du premier trimestre. L’excrétion du virus est
beaucoup plus longue dans le cas d’une rubéole congénitale. Cette forme de la
maladie est décrite dans le chapitre Infections congénitales.
Manifestations cliniques
La rubéole post-natale demeure asymptomatique dans environ 25 à 50 % des cas.
Lorsqu’elle est symptomatique, la maladie commence par un prodrome catarrhal
mineur et de courte durée, caractérisé par une hyperhémie conjonctivale légère
et des signes d’infection virale des voies respiratoires supérieures. Des adénopa-
thies occipitales et cervicales postérieures sensibles constituent l’un des signes les
plus caractéristiques de la maladie et précèdent l’éruption de un jour ou deux.
La fièvre est habituellement absente ou peu élevée. Les malaises généraux sont
également minimes. Il peut y avoir un énanthème discret. L’exanthème macu-
lopapulaire commence au visage et s’étend ensuite, particulièrement au tronc.
Cette éruption persiste pendant trois à cinq jours. On note souvent une légère
splénomégalie. La rubéole peut ressembler à une infection à entérovirus ou au
parvovirus B19, à une rougeole légère, à une roséole, à une infection au virus
du Nil occidental ou à une éruption médicamenteuse.
Explorations
C’est le tableau clinique qui permet en général de suspecter la maladie. Le
plus souvent, aucune exploration paraclinique n’est requise. Lorsque le dia-
gnostic doit être prouvé (chez une femme enceinte, par exemple), il repose
sur la présence confirmée d’IgM spécifiques de la rubéole ou sur l’ascension
d’au moins quatre fois du titre des IgG spécifiques, mise en évidence à deux
semaines d’intervalle.
La culture virale ou la détection d’acides nucléiques du virus par PCR
devraient être limitées à des situations cliniques particulières telle une infection
congénitale présumée (voir ci-après).
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique.
Complications
Les principales complications sont les arthralgies ou les arthrites survenant sur-
tout chez les adolescents et les adultes, particulièrement chez les femmes, et une
thrombopénie transitoire. L’encéphalite, l’anémie hémolytique et le syndrome de
Guillain-Barré sont des complications rares.
Prévention
I. Isolement des malades hospitalisés
En plus des précautions de base, l’isolement de contact et l’isolement respira-
toire sont requis pendant les sept jours qui suivent l’apparition de l’éruption.
Scarlatine 1025
Scarlatine 220
Philippe Ovetchkine
Généralités
Classiquement, la scarlatine est causée par un streptocoque β-hémolytique du
groupe A, capable de sécréter une toxine érythrogène responsable des signes
cutanés. D’autres bactéries comme les streptocoques des groupes B et C ainsi que
le Staphylococcus aureus peuvent donner une éruption scarlatiniforme similaire.
La scarlatine est plus fréquente en hiver et au printemps, elle touche surtout
les enfants âgés de 4 à 10 ans et ne s’observe généralement pas chez les nour-
rissons. L’incubation dure de deux à cinq jours.
1026 Scarlatine
Manifestations cliniques
Le début de la maladie est brutal, marqué par une fièvre élevée, associée à
des céphalées, des vomissements, des douleurs abdominales et surtout une
dysphagie. L’éruption apparaît dans les 24 à 48 heures suivant les premiers
symptômes. Elle débute et prédomine dans les plis de flexion (aines, cou, ais-
selles) et s’étend en une seule poussée de la partie supérieure du thorax à la
partie inférieure de l’abdomen (en caleçon). Elle peut toucher le visage, mais
épargne alors le pourtour des ailes du nez et de la bouche. Elle peut s’étendre
aux extrémités, sans toucher la paume des mains et la plante des pieds. L’éry-
thème est généralisé, sans intervalles de peau saine, semblable à un érythème
solaire. Il est ponctué de points rouges qui donnent à la palpation une sen-
sation rugueuse de « papier sablé » (papier de verre ou en peau de chagrin).
Des éléments purpuriques se surajoutent parfois à l’érythème, sous la forme
de pétéchies clairsemées sur le tronc et les membres ou de vibices (stries pur-
puriques d’un rouge violacé) dans les plis de flexion (signe de Pastia). L’érup-
tion atteint son paroxysme au 2e ou au 3e jour et décroît vers le 6e jour. Entre
le 7e et le 15e jour, survient une desquamation qui commence là où l’éruption
était apparue en premier, atteignant en dernier les extrémités où elle se fait en
larges lambeaux, « en doigts de gants ».
L’exanthème s’associe à un énanthème. À l’examen des muqueuses, on trouve
des amygdales hypertrophiées et rouges, avec ou sans exsudat. Les piliers amyg-
daliens antérieurs et le voile du palais sont parsemés de nombreuses pétéchies.
L’aspect de la langue est caractéristique : initialement saburrale, elle perd pro-
gressivement cet enduit blanchâtre de la périphérie vers le centre pour prendre,
entre le 6e et le 8e jour, un aspect rouge framboise.
Les ganglions sous-maxillaires augmentent de volume et deviennent sen-
sibles à la palpation. Il n’y a pas de conjonctivite, ce qui différencie entre autres
la scarlatine d’une maladie de Kawasaki.
Dans la scarlatine staphylococcique, l’érythème est semblable à celui pré-
cédemment décrit. Cependant, l’éruption est habituellement visible à son début
au pourtour du foyer de suppuration ou des orifices naturels. Le plus souvent,
il n’existe pas d’énanthème ; la langue demeure normale. Quelques jours après
l’éruption, il apparaît une desquamation au pourtour des yeux et de la bouche
qui se généralise par la suite.
Le tableau clinique est souvent fruste ou incomplet : les symptômes sont
absents ou atténués, l’éruption est brève, plus rose que rouge, pouvant passer
inaperçue ou se limiter strictement aux plis de flexion, et il n’y a pas de des-
quamation. L’amygdalite reste l’élément le plus caractéristique de l’infection
streptococcique, mais elle fait défaut dans les scarlatines staphylococciques qui
succèdent à une infection cutanée.
Enfin, certains éléments cliniques tels une conjonctivite, des symptômes
respiratoires ou une prise de médicament évoquent plutôt une infection virale,
une maladie de Kawasaki ou une toxidermie médicamenteuse qu’une scarlatine.
Explorations
L’hémogramme montre une hyperleucocytose modérée avec une prédominance
de neutrophiles. On trouve souvent une éosinophilie associée. Le prélèvement
de gorge met en évidence la présence d’un streptocoque par un test d’identifi-
cation rapide des antigènes streptococciques ou par une culture des sécrétions
Scoliose 1027
pharyngées. Cela peut être utile dans les situations d’incertitude diagnostique
ou chez l’enfant âgé de moins de deux ans. Le dosage des antistreptolysines O
présente peu d’intérêt au stade aigu de l’infection. En cas de scarlatine staphy-
lococcique émanant d’une plaie, on peut établir le diagnostic par l’isolement du
staphylocoque dans le foyer de suppuration.
Traitement
Le traitement de choix de la scarlatine d’origine streptococcique est la péni-
cilline pendant 10 jours (voir Pharyngite et amygdalite). En cas de scarlatine
d’origine staphylococcique, le choix de l’antibiothérapie orale repose sur la
céphalexine (céfalexine) ou sur une pénicilline antistaphylococcique comme
la cloxacilline. En cas d’allergie vraie aux pénicillines et aux céphalosporines, la
clindamycine constitue un bon choix.
Complications
Les complications de la scarlatine sont rares. Ce sont les complications des infec-
tions à streptocoque β-hémolytique du groupe A incluant la glomérulonéphrite
aiguë post-streptococcique ou le rhumatisme articulaire aigu.
Scoliose 221
Hubert Labelle
Généralités
La scoliose, définie comme une déviation latérale de la colonne vertébrale, est
en réalité une déformation tridimensionnelle complexe du tronc. Les scolioses
de l’adolescent n’occasionnent souvent que peu de douleur, contrairement à ce
qu’on peut observer chez l’adulte.
La tâche du médecin est de dépister précocement la scoliose et de diriger
l’enfant ou l’adolescent atteint vers un orthopédiste.
Il existe quatre principaux types de scoliose.
1) La scoliose idiopathique (80 % des cas) est plus fréquente chez les filles ; on la
découvre habituellement à l’âge scolaire ou pendant l’adolescence.
2) La scoliose congénitale est causée par une barre (fusion partielle de deux
vertèbres) ou par une hémivertèbre (défaut de formation) ou elle est mixte
(barre et hémivertèbre).
3) Les scolioses posturales sont dues à un phénomène douloureux ou à une
inégalité de longueur des membres inférieurs, alors que toutes les autres sco-
lioses sont structurales et associées à une rotation des vertèbres.
1028 Scoliose
Approche clinique
I. Dépistage
Pour dépister une scoliose, l’examinateur se place derrière le patient debout.
Après avoir vérifié l’égalité de longueur des membres inférieurs, il recherche
une saillie des omoplates ou une asymétrie des épaules et de la taille. Ensuite,
le patient fléchit le tronc vers l’avant le plus loin possible, tout en gardant les
membres inférieurs droits. Le but de cette manœuvre, appelée test d’Adams, est
de mettre en évidence une gibbosité localisée, caractéristique de la scoliose, qui
résulte de la rotation vertébrale et de la saillie secondaire des côtes ou des mus-
cles lombaires. Un inclinomètre (ScoliometerMD) permet de mesurer la gibbosité.
L’examen neurologique complète l’évaluation.
II. Évaluation
Lorsque le diagnostic clinique est posé, on effectue des radiographies de toute
la colonne et l’on mesure l’angle maximal de déviation ou angle de Cobb.
III. Traitement
L’approche thérapeutique est basée sur l’importance de l’angle de Cobb, sur
le fait que la croissance soit terminée ou non et sur le caractère progressif ou
non de la scoliose. Les recommandations qui suivent constituent des points de
repère généraux.
1) Si la croissance n’est pas terminée :
• angle de 10 à 25 degrés : surveillance clinique et radiologique tous les
6 mois ;
• angle de 25 à 45 degrés : orthèse (corset) ;
• angle supérieur à 45 degrés : correction chirurgicale.
Scrotum douloureux aigu 1029
Généralités
Le scrotum douloureux aigu est une entité pédiatrique assez fréquente. Il s’agit
d’une urgence chirurgicale potentielle qui doit être évaluée sans tarder. Cer-
taines causes sont bénignes alors que d’autres, s’il y a un retard de diagnostic
ou de traitement, peuvent provoquer une nécrose puis une perte du testicule
(torsion du testicule) ou une nécrose intestinale nécessitant une résection (her-
nie inguinale incarcérée). Les trois causes les plus communes sont la torsion
du testicule, l’épididymite et la torsion de l’hydatide de Morgagni (ou appen-
dice testiculaire).
Entités spécifiques
I. Torsion du testicule
La torsion axiale du testicule découle d’un défaut de fixation, lequel peut être bi-
latéral dans 50 % des cas. Cette anomalie anatomique est présente chez 10 % de
la population masculine. La torsion, qui se fait de l’extérieur vers l’intérieur, in-
terrompt la perfusion artérielle du testicule, ce qui peut conduire rapidement à
une nécrose de celui-ci. Elle peut survenir à tout âge, mais il y a deux pics de fré-
quence, le plus important étant à l’adolescence (65 % des torsions) et le second, de
moindre importance, durant la première année de vie, particulièrement chez
le nouveau-né. Le facteur déclenchant est le plus souvent une contraction crémas-
térienne importante, pouvant survenir à l’occasion d’un traumatisme du scrotum
(souvent mineur et pouvant passer inaperçu), d’un exercice intense, d’une érec-
tion nocturne ou d’une chute rapide de la température. Il faut rechercher une
histoire antérieure d’épisodes douloureux similaires qui se sont résolus sponta-
nément et qui suggèrent des torsions intermittentes avec détorsions spontanées.
Le tableau clinique commence brusquement par une douleur testiculaire
intense, souvent accompagnée de nausées et de vomissements. Il peut y avoir
une douleur abdominale référée, d’où l’importance de toujours examiner les
testicules des enfants qui présentent des douleurs abdominales. Il n’y a pas de
fièvre. L’examen des testicules doit être effectué en position debout. Tout le tes-
ticule est douloureux à la palpation (pôle supérieur et pôle inférieur). La bourse
peut être enflée et hyperhémiée, surtout si l’examen est tardif, ce qui rend parfois
l’examen des testicules difficile à effectuer. Le réflexe crémastérien est presque
toujours aboli, mais il peut être présent dans les torsions incomplètes. Le testi-
cule atteint est plus haut que l’autre ; il a une orientation horizontale. Il n’y a pas
de brûlures mictionnelles ni de dysurie, et le sédiment urinaire demeure habi-
tuellement normal.
1030 Scrotum douloureux aigu
II. Épididymite
L’épididymite est la cause la plus fréquente de scrotum douloureux aigu, quel
que soit l’âge.
Chez l’enfant, elle est le plus souvent d’origine virale (exemple : adénovirus)
et plus rarement d’origine bactérienne. L’épididymite bactérienne peut être asso-
ciée à diverses anomalies de l’arbre urinaire, ainsi qu’à une infection urinaire.
Parmi les facteurs de risque, citons notamment une infection urinaire antérieure,
une vessie neurogène, une imperforation anale, une cystoscopie récente et la
correction récente d’un hypospadias.
Chez l’adolescent actif sexuellement, l’épididymite est souvent l’expression
d’une infection transmissible sexuellement (Chlamydia trachomatis ou Neisse-
ria gonorrhϾ).
Contrairement à ce qui se produit dans la torsion du testicule ou de l’hyda-
tide de Morgagni, l’apparition de la douleur et de l’œdème évolue parfois sur
plusieurs jours. L’épididymite s’accompagne rarement de fièvre. Il y a parfois
des brûlures mictionnelles et de la dysurie. Il peut y avoir un écoulement uré-
tral (dans le contexte d’une infection transmissible sexuellement), qu’il convient
de cultiver. La douleur est localisée à l’épididyme, qui peut être augmenté de
volume. La bourse peut être hyperhémiée, et le volume du testicule, augmenté
(surtout tardivement). Le réflexe crémastérien est souvent préservé, sauf en cas
d’œdème important. Une leucocyturie et une bactériurie peuvent être présentes
sur le sédiment urinaire. L’échographie Doppler (ou la scintigraphie testiculaire)
montre une perfusion testiculaire normale ou augmentée (orchite souvent asso-
ciée) et une augmentation de la perfusion de l’épididyme. Une antibiothérapie
est généralement prescrite. Chez l’enfant, elle doit être dirigée contre les bacté-
Scrotum douloureux aigu 1031
ries responsables des infections urinaires et, chez l’adolescent, contre les germes
en cause dans les infections transmissibles sexuellement. En cas de doute de
torsion testiculaire, une exploration chirurgicale est justifiée.
Chez l’enfant prépubère, une investigation complémentaire, incluant une
échographie abdominale et une cystographie mictionnelle radiologique (cys-
tographie rétrograde), est recommandée pour rechercher une malformation de
l’arbre urinaire.
III. Torsion de l’hydatide de Morgagni
L’hydatide de Morgagni (ou appendice testiculaire) est un vestige embryonnaire.
La stimulation hormonale prépubertaire fait augmenter son volume, ce qui favo-
rise sa torsion. Elle se manifeste par une douleur scrotale aiguë sans fièvre. Il n’y
a pas de brûlures mictionnelles ni de dysurie. Le signe pathognomonique est la
présence d’une tache bleutée visible à travers la peau située au pôle supérieur
du testicule (souvent non visible tardivement lorsque l’œdème s’est installé),
en avant de la tête de l’épididyme. L’œdème et l’hyperhémie sont minimes ou
absents. Le testicule n’est ni douloureux ni œdémateux – à moins d’une présen-
tation tardive – sauf à son pôle supérieur, où l’on palpe une tuméfaction dou-
loureuse de la taille d’un pois. Le réflexe crémastérien est préservé. Le sédiment
urinaire demeure normal. L’échographie Doppler ou la scintigraphie testiculaire
montrent une perfusion normale du testicule. La symptomatologie régresse spon-
tanément en quelques jours. Une exploration chirurgicale est justifiée en cas de
doute d’une torsion testiculaire ; dans ce cas, l’hydatide est réséquée.
IV. Hernie inguinale étranglée
Le plus souvent, le diagnostic d’une hernie inguinale scrotale étranglée est cli-
niquement évident (voir Hernies).
V. Orchite
L’orchite est une inflammation du testicule, généralement d’origine infectieuse.
L’étiologie la plus fréquente était le virus des oreillons, mais la vaccination sys-
tématique a considérablement diminué sa fréquence. Dans ce cas, elle survient
de quatre à six jours après le début de la parotidite (cette dernière est parfois
absente). Elle peut aussi être causée par le virus Coxsackie, Epstein-Barr ou par
l’échovirus, et plus rarement par une bactérie. L’orchite est parfois associée à
une épididymite (orchi-épididymite).
Le testicule est douloureux et œdémateux. L’atteinte peut être bilatérale, sur-
tout dans l’orchite ourlienne. Aucune exploration n’est nécessaire en cas d’orchite
ourlienne ou si l’étiologie suggère fortement une infection virale à cause des
symptômes associés. S’il y a un doute pour une torsion testiculaire, une échogra-
phie Doppler (ou la scintigraphie testiculaire) doit être effectuée. La perfusion
testiculaire est augmentée en cas d’orchite. Sauf dans les rares cas d’étiologie
bactérienne, seul un traitement symptomatique s’avère indiqué.
Généralités
Les sévices sexuels se définissent comme toute activité sexuelle à laquelle un
enfant ou un adolescent est incité ou contraint de participer par une personne
qui use de son autorité ou de la force ou qui se livre à des manipulations psy-
chologiques plus ou moins évidentes. Ils constituent une réalité de plus en plus
reconnue dans les sociétés occidentales. On estime qu’environ 10 % des garçons
et un peu plus de 20 % des filles en auraient été victimes.
Le plus souvent, les sévices sexuels sont infligés par un membre de la famille
ou une connaissance, plus rarement par un inconnu. Il peut s’agir d’un événe-
ment unique ou d’une situation chronique. C’est un événement traumatisant pour
la victime, mais l’enfant ou l’adolescent en parle rarement de façon spontanée.
Un grand pourcentage de victimes n’en ont jamais parlé.
Les conséquences des sévices sexuels sont multiples ; elles varient selon la
nature des sévices, l’âge et la personnalité de la victime, les caractéristiques de
son milieu familial, le lien avec l’agresseur et les interventions thérapeutiques.
Les sévices sexuels peuvent être à l’origine d’une grande variété de troubles à
court et à long terme, sur les plans physique, comportemental, familial et psycho-
social. Il n’est pas rare qu’ils soient associés à d’autres formes de maltraitance,
comme la violence physique ou psychologique, la négligence ou l’exposition
à la violence conjugale.
Le médecin généraliste ou le pédiatre est appelé à jouer un rôle important
auprès des victimes de sévices sexuels et de leur famille ; il doit être capable de
leur fournir les soins et les conseils appropriés.
Dépistage et diagnostic
Souvent, on amène au médecin un enfant ou un adolescent qui a révélé des
sévices ou chez qui cette possibilité est soupçonnée. Mais des victimes se
retrouvent aussi en consultation pour d’autres motifs. L’expertise du médecin
est donc sollicitée tantôt pour dépister, tantôt pour évaluer et diagnostiquer
les sévices ou leurs conséquences. Le diagnostic de sévices sexuels n’est pas
toujours évident, l’abus n’étant parfois repéré qu’à partir de certains indices ou
signes d’appel, dont voici les principaux.
• Anomalies du comportement général et sexuel : tristesse, isolement, retrait,
dépression, idées suicidaires ou tentative de suicide, pseudo-maturité, méfiance
à l’égard de certains adultes, pudeur excessive ou sans-gêne dans la vie
quotidienne, comportement agressif, jeux sexuels trop élaborés pour l’âge,
compréhension inhabituelle pour l’âge de certains détails sexuels, masturba-
tion excessive, comportement exagérément séducteur, délinquance, fugue,
prostitution.
Sévices sexuels 1033
I. Anamnèse
Elle s’intéresse particulièrement aux éléments suivants (certains sont recueillis
plus souvent par les policiers ou par un travailleur [assistant] social, et d’autres,
par le médecin) :
• circonstances de l’agression : date, heure, lieu du dernier épisode, fréquence
des sévices, utilisation de la force, de menaces, de l’alcool ou de drogues ;
• identité et âge de l’agresseur et lien de la victime avec celui-ci ;
• type de contact (attouchements, contact génitogénital, anogénital ou bucco-
génital) ;
• démarches effectuées après l’agression (confidences, recherche de protec-
tion, déclaration à la police) ;
• symptômes apparus au moment de l’agression (douleur, saignement) ou
depuis celle-ci (exemples : incontinence, constipation, leucorrhée, aménorrhée,
dysurie, modification de l’appétit ou du sommeil, régression, peur de mourir,
peur de la solitude, nervosité, tristesse, agressivité, négation, crainte d’une
grossesse ou d’une ITSS) ;
• gestes faits après l’agression si l’événement date de cinq jours ou moins :
douche vaginale, bain, changement de vêtements ;
• histoire gynécologique et sexuelle : ménarche, activité sexuelle au cours des
cinq jours précédant l’agression, contraception, intervention chirurgicale ou
traumatisme antérieur ;
• histoire antérieure d’autres sévices corporels ou sexuels ;
• dynamique familiale, milieu de vie, gardiennage.
Suivi
La victime doit pouvoir bénéficier d’un suivi dont les objectifs sont les suivants.
• Évaluer son état émotionnel et physique.
• Poursuivre, s’il y a lieu, le dépistage pour les ITSS en répétant les épreuves
sérologiques (en général, trois mois après l’agression) et les prélèvements pour
C. trachomatis et N. gonorrhœæ deux ou trois semaines après l’agression.
• Répéter l’épreuve de grossesse si cela est indiqué.
• Vérifier si les mesures de protection sont appliquées.
• Évaluer le fonctionnement quotidien à l’école, dans la famille ainsi que dans le
groupe d’amis.
• Reconnaître les réactions et les séquelles comme la dépression, la colère contre
soi-même, la culpabilité, le retrait social, les difficultés relationnelles.
• Offrir un soutien et évaluer le besoin de références spécialisées (psychothé-
rapie, service social ou autre).
Dans les situations de sévices sexuels extrafamiliaux, la fréquence des
visites doit être individualisée. Une visite deux ou trois semaines après l’agres-
sion, alors que la phase aiguë s’estompe en général, permet souvent d’évaluer
la capacité de récupération de la victime et de son entourage, de même que la
qualité du soutien offert dans son milieu. Après trois mois, on devrait constater
1038 Sinusite
une évolution vers une vie plus près de celle d’avant les sévices sexuels ; on
peut alors évaluer la nécessité d’une intervention spécialisée en santé mentale.
Il est important, chez l’enfant plus âgé et l’adolescent, de rencontrer séparément
la victime et ses parents pour qu’ils puissent exprimer librement leurs réactions
et leurs besoins.
En cas de sévices intrafamiliaux, des interventions sociales et judiciaires
sont souvent déclenchées, et des consultants psychosociaux sont fréquemment
impliqués à plus long terme.
Sinusite 224
Caroline Chartrand, Marc Lebel, Marie-Claude Quintal
Généralités
Les cellules ethmoïdiennes et les sinus maxillaires sont présents dès la naissance ;
la pneumatisation des sinus sphénoïdiens survient vers l’âge de cinq ans, tandis
que les sinus frontaux apparaissent vers l’âge de sept ou huit ans.
On estime que de 5 à 10 % des infections virales des voies respiratoires
supérieures se compliquent d’une sinusite bactérienne aiguë (définie comme
étant d’une durée inférieure à quatre semaines). Les agents responsables de la
sinusite bactérienne aiguë sont les mêmes que ceux qui causent l’otite moyenne
aiguë : les principales bactéries sont le Streptococcus pneumoniæ, l’Hæmophilus
influenzæ non typable et le Moraxella catarrhalis.
La sinusite chronique (plus de trois mois d’évolution) est plus rare chez l’en-
fant. Outre les bactéries identifiées dans les sinusites aiguës, les agents étiolo-
giques sont le Staphylococcus aureus, des bâtonnets à Gram négatif et certaines
bactéries anaérobies. Il existe d’autres causes non infectieuses : rhinite allergique,
fibrose kystique (mucoviscidose), déficit en IgA et en IgG, syndrome des cils
immobiles et anomalies anatomiques.
Manifestations cliniques
Une sinusite bactérienne aiguë peut se manifester selon trois modes de
présentation :
1) des symptômes d’infection des voies respiratoires supérieures (toux diurne,
rhinorrhée) qui persistent plus de 10 jours, mais moins de 30 jours, sans amé-
lioration ;
2) des symptômes importants dès le début de l’infection, avec fièvre élevée
(≥ 39 oC) et rhinorrhée purulente pendant au moins trois jours ;
3) une infection « biphasique » avec aggravation ou reprise des symptômes de
toux diurne, rhinorrhée ou fièvre après un début d’amélioration.
D’autres symptômes retrouvés plus rarement sont l’halitose, l’hyposmie, les
céphalées ou une douleur faciale.
Explorations
Le diagnostic de sinusite bactérienne aiguë est habituellement basé sur la symp-
tomatologie du patient ; les examens de laboratoire aident peu au diagnostic et
sont indiqués seulement en cas de complications d’une sinusite.
• L’hémogramme peut démontrer une hyperleucocytose.
Sinusite 1039
Traitement
I. Traitement de soutien
On prescrit au besoin un médicament analgésique et antipyrétique tel que l’acé-
taminophène (paracétamol) ou l’ibuprofène. L’efficacité thérapeutique d’une
hygiène nasale accrue (irrigations salines de trois à six fois par jour), de corti-
costéroïdes intranasaux, de décongestionnants topiques et d’antihistaminiques
oraux pendant cinq à sept jours n’a pas été démontrée de façon formelle, mais
est recommandée par certains auteurs.
II. Antibiothérapie
1) Sinusite bactérienne aiguë
La plupart des sinusites aiguës non compliquées répondent bien à une antibiothé-
rapie orale. On utilise de préférence l’amoxicilline à forte dose (90 mg/kg/24 h PO
en doses fractionnées toutes les 12 heures ; max : 2 g/24 h). La durée de traitement
est variable selon les études, soit de 10 à 28 jours. En pratique, on suggère de
cesser l’antibiothérapie quand l’ensemble des symptômes est résolu depuis sept
jours consécutifs. En cas d’allergie non anaphylactique aux pénicillines, on peut
opter pour de la céfuroxime axétyle ou du cefprozil. En cas d’allergie de type I
à la pénicilline, on peut prescrire de la clindamycine ou de la clarithromycine.
S’il n’y a pas de réponse thérapeutique satisfaisante après 72 heures chez le
patient non allergique aux pénicillines, le traitement de choix est l’amoxicilline/
acide clavulanique (90 mg/kg/24 h d’amoxicilline ; max : 2 g/24 h). Chez le patient
allergique aux pénicillines, la situation doit être discutée avec un consultant
en ORL et en maladies infectieuses.
1040 Soins des nouveaux arrivants
Complications
En raison de la proximité des structures orbitaires et intracrâniennes, on observe
parfois les complications suivantes : cellulite périorbitaire ou orbitaire avec abcès
sous-périosté, abcès épidural, empyème sous-dural, abcès cérébral, méningite,
thrombose du sinus caverneux ou ostéomyélite de l’os frontal.
Suivi
La plupart du temps, on observe une réponse clinique après deux ou trois
jours de traitement. Si ce n’est pas le cas, il peut y avoir des problèmes d’obser-
vance du traitement, de drainage insuffisant du sinus ou une infection par une
bactérie résistante à l’antibiotique choisi. Une évaluation de ces facteurs est alors
nécessaire, ainsi qu’une consultation en ORL.
Généralités
La démographie des grandes villes se transforme, et les immigrants y occupent
une proportion de plus en plus importante, dont plusieurs ont un statut de réfugié.
Soins des nouveaux arrivants 1041
Approche clinique
Une anamnèse approfondie, un examen physique complet et parfois quelques
examens complémentaires appropriés servent à rechercher plusieurs problèmes
ou entités somatiques et psychologiques. Comme les nouveaux arrivants pos-
sèdent souvent une faible connaissance de la langue du pays d’accueil, le recours
à un interprète est fréquemment requis.
1) Conditions hématologiques
La prévalence de l’anémie ferriprive est très élevée (environ 25 % des enfants d’âge
préscolaire) et justifie qu’on procède à un hémogramme et à un bilan martial
chez tous les enfants. L’origine africaine, méditerranéenne ou asiatique doit inciter
le praticien à réaliser une chromatographie de l’hémoglobine et un dosage du
glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD). Ce déficit enzymatique doit être
évoqué chez tout patient ayant un antécédent d’ictère [voir Anémie et Anémie
falciforme (drépanocytose)].
2) Infections
• La prévalence de l’hépatite B dans le monde est élevée ; le dosage systéma-
tique des transaminases sériques, la recherche de l’antigène de surface du
virus de l’hépatite B (HbsAg) et d’anticorps dirigés contre cet antigène sont
donc indiqués (voir Hépatites). Cette recherche s’avère d’autant plus impor-
tante s’il existe une histoire personnelle ou maternelle de transfusion ou une
histoire familiale de cirrhose ou de cancer du foie. Il faut vacciner les enfants
non immuns pour l’hépatite B et provenant de zones endémiques. L’hépa-
tite C doit également être dépistée.
• La recherche de parasites dans les selles doit être effectuée chez les enfants
provenant de régions tropicales, même s’ils sont asymptomatiques. De plus,
une sérologie pour la strongyloïdiase est indiquée chez les enfants provenant
de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique et d’Haïti. Une sérologie pour la schistoso-
miase est demandée chez ceux provenant de l’Afrique (voir Parasitoses).
• S’il existe une éosinophilie à la formule sanguine, d’autres sérologies, parasi-
taires et virales, peuvent se révéler utiles selon le pays d’exposition (exemples :
toxocarose, filariose, strongyloïdiase, virus de l’immunodéficience humaine
[VIH]) (voir Éosinophilie).
• Il faut évoquer la possibilité d’un accès palustre en cas de fièvre chez un
patient arrivant d’une zone endémique (voir Paludisme).
• Les signes cliniques de la trypanosomiase chagasique congénitale (trypano-
somiase américaine ou maladie de Chagas) sont très variables et peu spéci-
fiques. Ce diagnostic doit être évoqué en présence de symptômes d’atteinte
cardiaque, d’œdème, de retard de croissance, d’hypotonie, de prématurité,
d’encéphalite, d’un état septique ou d’ictère avec hépatosplénomégalie chez un
enfant né d’une mère venant d’Amérique du Sud (à l’exclusion des Caraïbes).
Il faut également y songer chez l’enfant venant d’une zone rurale d’Amérique
du Sud, ayant vécu dans un contexte de pauvreté, dans une maison construite
1042 Soins des nouveaux arrivants
Intervention
Une intervention précoce informant les parents des risques associés aux chan-
gements d’environnement culturel est préconisée. En général, il est nécessaire
de promouvoir un bon ancrage avec la culture d’origine. Une fois cet ancrage
constitué, l’enfant devrait se sentir bien et être fier de ses origines. Dans ces
conditions, la découverte de la nouvelle culture, avec l’accompagnement des
parents, se fera sans clivage important et permettra un métissage harmonieux.
Si l’on perçoit l’installation d’un fossé culturel entre les parents et leurs enfants,
il s’avère utile de désenclaver les familles et de les diriger vers des organisations
communautaires ou gouvernementales susceptibles de les éduquer et de les
rapprocher. Il est donc pertinent de connaître les organisations communautaires
ayant le mandat et l’expertise pour intervenir auprès d’immigrants et de réfugiés.
Si une crise s’installe, il faut absolument que l’intervention psychosociale se
fasse avec des intervenants qui comprennent bien les enjeux culturels. On permet-
tra ainsi un rapprochement familial et l’on redonnera aux parents la compétence
parentale perdue par l’intervention, parfois inappropriée, des différents intervenants
sociaux. Le recours à un interprète comme médiateur culturel permet de com-
prendre les deux réalités et peut contribuer à résoudre le conflit. Si la problématique
se révèle plus complexe, une consultation multidisciplinaire ethnothérapeutique
(en pédiatrie transculturelle ou en ethnopsychiatrie) devient parfois nécessaire.
Généralités
Les soins palliatifs sont des soins actifs visant à assurer le soutien global de per-
sonnes atteintes d’une maladie grave, ayant un pronostic réservé ou fatal, ainsi
que de leur famille. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « les soins
palliatifs améliorent la qualité de vie des patients et des familles confrontés à
une maladie affectant le pronostic vital, en soulageant les douleurs et les symp-
tômes, en apportant un soutien spirituel et psychologique depuis le moment où
le diagnostic est posé jusqu’à la fin de la vie et au cours de la période de deuil1 ».
Toujours selon l’OMS, les soins palliatifs devraient être « mis en œuvre préco-
cement au cours de la maladie, en conjonction avec d’autres thérapies visant à
prolonger la vie, telles une chimiothérapie ou une radiothérapie, et comprennent
les analyses nécessaires pour mieux comprendre et prendre en charge les com-
plications cliniques pénibles ».
Tous les médecins devraient être familiarisés avec les concepts de base des
soins palliatifs. Par ailleurs, plusieurs hôpitaux ou centres de santé sont maintenant
dotés d’équipes de soins palliatifs qui peuvent conseiller le personnel traitant et
l’aider, selon le cas, en s’impliquant directement dans certains aspects de la prise
en charge, par exemple dans la planification au préalable des soins ou dans l’ad-
ministration des médicaments en fin de vie.
Les enfants et les familles qui devraient bénéficier d’une approche palliative
se divisent en six groupes.
1) Les enfants souffrant d’une affection grave, potentiellement mortelle, mais
pour laquelle un traitement curatif est possible (exemples : cancer, atteinte
cardiaque, rénale ou hépatique majeure). Les soins palliatifs peuvent être
nécessaires pendant des périodes d’incertitude ou quand les traitements cura-
tifs s’avèrent inefficaces.
2) Les enfants atteints d’une affection qui va inévitablement causer une mort
prématurée (exemples : fibrose kystique [mucoviscidose], dystrophie muscu-
laire). Ils peuvent avoir besoin de longues périodes de traitements intensifs
destinés à prolonger leur vie et à leur permettre de participer à des activités
normales pour des enfants de leur âge.
3) Les enfants ayant une maladie progressive, sans espoir de guérison (exemples :
maladie de Werdnig-Hoffmann [amyotrophie spinale de type I], leucodystro-
phie métachromatique). Les traitements offerts à ces enfants sont uniquement
palliatifs et peuvent s’étendre sur des années.
4) Les enfants atteints de troubles neurologiques graves considérés comme non
progressifs, mais qui augmentent le risque de complications pouvant amener
une détérioration non prévisible (exemples : paralysie cérébrale grave, encépha-
lopathie anoxique).
5) Les nouveau-nés dont l’espérance de vie est très limitée.
6) Les membres d’une famille ayant perdu un enfant de façon imprévue à la suite
d’une maladie, d’une situation engendrée par une cause externe (exemple : trau-
matisme majeur) ou d’une perte dans la période périnatale (exemple : morti-
naissance). Dans ces circonstances, les soins palliatifs peuvent apporter le
soutien nécessaire à la famille et faire le suivi du deuil.
Approche clinique
I. Introduction des soins palliatifs
L’introduction des soins palliatifs dans l’évolution de la maladie peut avoir lieu à
différents moments, selon le patient, sa famille, la maladie et le pronostic envi-
sagé. Par exemple, dans la maladie de Werdnig-Hoffmann (amyotrophie spinale
de type I), pour laquelle l’espérance de vie est d’environ 12 à 14 mois, le recours
aux soins palliatifs a souvent lieu dès le diagnostic. Dans les maladies néopla-
siques, cela peut survenir lorsque les traitements curatifs ne sont plus possibles,
donc à quelques semaines ou mois de la fin de vie. Pour des patients atteints
de maladie neurodégénérative ou pour certaines encéphalopathies, les soins
palliatifs sont souvent amorcés après un ou des épisodes de détérioration grave
(pneumonies d’inhalation ou états de mal convulsif répétés). Toutefois, de plus
en plus d’études démontrent les bénéfices d’introduire les soins palliatifs plus tôt
dans l’évolution de la maladie, et non seulement durant la phase terminale, afin
d’améliorer si possible la qualité de vie, même dans ces circonstances difficiles.
De plus, les familles sont généralement beaucoup mieux disposées à aborder les
discussions au sujet des soins palliatifs que ne le pensent les soignants.
atteints d’une maladie chronique à issue potentiellement fatale. Les pédiatres sont
responsables d’amorcer les discussions concernant le niveau thérapeutique appro-
prié pour le malade plutôt que d’attendre que celui-ci ou que les membres de sa
famille soulèvent eux-mêmes la question. Ces discussions doivent être amorcées
tôt et avoir lieu régulièrement tout au long de l’évolution de la maladie, idéa-
lement avant les crises. Il faut réévaluer régulièrement les décisions, à mesure
qu’évoluent l’état médical du patient et les connaissances au sujet du traitement
et du pronostic. Il faut clarifier les décisions prises concernant les traitements
souhaités et ceux qui ne le sont pas et les documenter par écrit dans un texte
individualisé. Celui-ci doit décrire les traitements de base à prodiguer en tout
temps (exemples : oxygénothérapie pour confort, analgésie, anticonvulsivants)
ainsi que les décisions concernant certains soins qui pourraient s’avérer essen-
tiels au maintien de la vie (exemples : réanimation cardiorespiratoire, ventilation
mécanique, amines) ; ces directives peuvent ainsi être communiquées aux autres
intervenants (exemples : services d’urgence, école, aidants à domicile).
Les nausées et les vomissements sont des symptômes fréquents, qui peuvent
être causés par les médicaments (analgésiques opioïdes), par une atteinte neuro-
logique (hypertension intracrânienne) ou par une obstruction intestinale. L’utilisa-
tion d’anti-émétiques (dimenhydrinate, métoclopramide, dropéridol, ondansétron)
ou de corticostéroïdes pour réduire les symptômes associés à l’obstruction intes-
tinale peut être efficace. L’utilisation d’une sonde nasogastrique s’avère souvent
bénéfique, car elle permet de décomprimer l’estomac.
La constipation est souvent causée par l’inactivité, la médication, la déshy-
dratation et la maladie sous-jacente. Sa prévention ne doit jamais être oubliée.
L’emploi de médicaments laxatifs (polyéthylène glycol ou PEG, lactulose, docu-
sate sodique, suppositoires de glycérine) est souvent efficace. Parfois, un lave-
ment devient nécessaire pour soulager la douleur causée par un fécalome ; il faut
alors le faire précéder d’une analgésie adéquate. Si une obstruction intestinale
est probable, il ne faut pas utiliser de laxatifs, mais plutôt soulager la douleur
grâce à des analgésiques.
Symptômes neurologiques Des convulsions peuvent survenir à cause d’une
affection neurologique sous-jacente, d’un trouble électrolytique, d’un effet secon-
daire médicamenteux ou d’une fièvre excessive. On peut faire cesser les crises
grâce à des anticonvulsivants (benzodiazépine, phénytoïne, phénobarbital) et
éviter d’autres convulsions en administrant une dose d’entretien.
Symptômes hématologiques Les troubles hématologiques les plus fréquents
sont les saignements. Ceux-ci peuvent être secondaires à la maladie de base
(exemple : leucémie) ou à des complications (exemple : thrombopénie associée
à une infection). Il peut s’agir de saignements des muqueuses (peau, gencives,
nez) ou d’hémorragie pulmonaire, cérébrale ou digestive. Il faut d’abord tenter
d’éviter les saignements en ayant recours à des soins cutanés adéquats et en évi-
tant tout traumatisme (exemple : prise de température rectale). Lorsqu’un saigne-
ment survient, une compression du site de saignement doit être faite lorsqu’elle
est possible. L’utilisation d’acide tranexamique topique au site de saignement
ou administré par voie générale peut s’avérer efficace. En cas de thrombopénie,
la transfusion de plaquettes est une mesure utile pour éviter les saignements.
Fièvre et infections Les infections surviennent fréquemment chez les patients
en fin de vie. Il convient d’éviter les méthodes de refroidissement externe, souvent
moins bien tolérées que la fièvre elle-même. Les antibiotiques ou les autres agents
anti-infectieux peuvent être utiles, notamment lorsque le processus infectieux
est douloureux (exemples : otite moyenne aiguë, zona).
la situation. On doit aussi permettre aux parents de passer du temps seuls avec
l’enfant (sans personnel médical) s’ils le désirent. On doit favoriser les contacts
physiques entre eux et l’enfant s’ils le souhaitent : donner le bain, mettre de la
crème sur la peau, s’allonger dans le lit à côté de l’enfant, si cela est possible.
D’un autre côté, il ne faut pas obliger les parents à être présents sans arrêt. On
doit leur laisser du temps pour se reposer et vivre leur peine. Les rituels religieux
ou spirituels sont très importants pour certaines familles, et l’on doit leur per-
mettre de pratiquer ces rituels, étape importante de fin de vie. La présence d’un
intervenant en soins spirituels est souvent bénéfique pour les familles.
Le médecin se doit d’expliquer les réactions possibles de l’enfant au moment
du décès (réflexes, gasping), car cela peut être très impressionnant, voire trauma-
tisant pour la famille qui ne s’y attend pas. On doit expliquer aux proches que
l’enfant s’en ira à son propre rythme et qu’il faut respecter cela. La fin peut être
courte ou longue, mais il faut s’assurer du bien-être de l’enfant jusqu’à la toute
fin. À la suite du décès, il faut retirer l’équipement (exemples : sonde urinaire,
soluté) et permettre aux parents de garder l’enfant dans leurs bras et de rester
aussi longtemps qu’ils le désirent à ses côtés. Le médecin doit être présent afin
de répondre aux questions des parents, de leur apporter son soutien ; il doit
proposer l’autopsie lorsqu’elle est indiquée.
V. Suivi de deuil
Un suivi de deuil est nécessaire pour toutes les familles. Il est utile de leur remettre
de la documentation sur les ressources disponibles ainsi que sur les étapes à
suivre à la suite du décès (exemples : salon funéraire, funérailles). Un profession-
nel (travailleur ou assistant social, infirmier ou infirmière, psychologue, médecin)
effectue un appel téléphonique dans les jours qui suivent le décès afin de s’as-
surer que la famille est bien soutenue. En cas de doute de deuil pathologique,
une consultation en psychiatrie peut être nécessaire. Une carte de condoléances
envoyée par l’équipe traitante peu après le décès est toujours appréciée par la
famille. Le médecin traitant revoit habituellement les parents dans les mois qui
suivent afin de répondre à des questions demeurées en suspens, pour commu-
niquer le rapport d’autopsie, le cas échéant et, par-dessus tout, pour apporter
son soutien. Il est aussi important d’apporter du soutien à tout le personnel
soignant qui a vécu le décès ; toutes ces personnes qui ont établi un lien étroit
avec l’enfant et sa famille doivent elles aussi faire leur propre deuil. Une ren-
contre, où tous peuvent échanger et exprimer leurs émotions quant à la perte
de l’enfant, s’avère souvent utile.
Généralités
Les spasmes du sanglot font partie des troubles paroxystiques fréquents de la
petite enfance. Ils surviennent chez environ 5 % des jeunes enfants. Ils apparaissent
le plus souvent au cours de la première année de vie et presque toujours avant
l’âge de deux ans. Environ 15 % des cas surviennent avant l’âge de six mois. Les
filles et les garçons sont également touchés. Il y a une histoire familiale dans
1050 Spasmes du sanglot
environ 20 à 30 % des cas. On distingue une forme fréquente avec cyanose, sur-
tout provoquée par les frustrations, et une forme plus rare avec pâleur, surtout
déclenchée par la douleur. Certains enfants ont un mélange des deux formes.
La physiopathologie des spasmes du sanglot est hétérogène, pouvant impliquer
divers mécanismes comme un trouble de la régulation du système nerveux auto-
nome ou des facteurs respiratoires intrinsèques (exemple : compliance excessive
de la cage thoracique). Certaines études soulignent une association avec le déficit
en fer et une réponse favorable au traitement martial.
Manifestations cliniques
Les épisodes de spasmes du sanglot sont involontaires. Ils durent moins de une
minute et suivent le plus souvent un événement déclencheur. Dans la forme avec
cyanose, les cris intenses s’interrompent brusquement au moment où l’enfant
cesse de respirer en expiration, puis la cyanose apparaît. Dans la forme avec
pâleur, l’enfant réagit à une douleur souvent légère en pleurant très peu, ou
même pas du tout, en arrêtant de respirer, puis en devenant pâle. La plupart du
temps, la crise s’arrête là ; il s’agit d’un épisode « simple ». Plus rarement, il peut y
avoir une perte de conscience par hypoxie cérébrale, une bradycardie ou même
une brève période d’asystolie. On peut noter de l’hypertonie suivie d’hypotonie
et même parfois des convulsions généralisées de brève durée. On parle alors
d’épisodes « majeurs ». La fréquence des épisodes varie beaucoup d’un enfant à
l’autre, allant de plusieurs fois par jour à une fois par année.
Explorations
Lorsque les épisodes sont typiques, la seule exploration nécessaire est l’hémo-
gramme et, s’il y a des indices hématologiques, un bilan martial. Dans les formes
moins typiques, en particulier s’il n’y a pas évidence d’un événement déclencheur,
ou s’il s’agit d’épisodes « majeurs », un ECG peut être nécessaire, à la recherche
de troubles du rythme ou d’un intervalle QT allongé. Si la symptomatologie ne
permet pas d’exclure un phénomène convulsif, on peut procéder à un EEG avec
vidéo et enregistrement d’un épisode. Il peut être indiqué de rechercher un reflux
gastro-œsophagien ou une trachéomalacie chez le nourrisson qui présente des
épisodes « majeurs » à répétition.
Traitement
Les épisodes de spasmes du sanglot sont souvent impressionnants, mais habi-
tuellement non dangereux. Les parents peuvent être rassurés quant à la béni-
gnité de cette affection. Il faut leur conseiller de ne pas tenter de prévenir toute
frustration chez leur enfant. Il est important qu’ils restent calmes lorsque survient
un épisode et même qu’ils « ignorent » le plus possible les événements, tout en
manifestant de l’affection à l’enfant lorsque son comportement est redevenu nor-
mal. Si l’enfant perçoit que les épisodes rendent ses parents très nerveux, il y a
en effet un risque qu’il apprenne à les manipuler avec ses pleurs.
Si l’enfant présente un déficit en fer, on traite celui-ci de la façon habituelle.
Si ce n’est pas le cas, aucun traitement n’est nécessaire, à moins qu’il ne s’agisse
d’épisodes fréquents et « majeurs », avec pâleur, pour lesquels un traitement médi-
cal (exemple : atropine) ou la mise en place d’un stimulateur cardiaque (pacema-
ker) peut être envisagé, ce qui demeure exceptionnel. Chez certains patients, on
Splénomégalie 1051
peut retrouver une histoire d’apnée obstructive associée. Dans ce contexte, une
adéno-amygdalectomie peut favoriser une résolution des symptômes.
Pronostic
Le pronostic est excellent, et aucune séquelle neurologique n’a été rapportée.
L’âge médian de rémission est de quatre ans, et l’on n’observe presque aucun épi-
sode passé l’âge de huit ans. Environ 15 % des enfants qui ont présenté la forme
de spasmes de sanglot avec pâleur pourraient avoir des syncopes à l’âge adulte.
Splénomégalie 228
Catherine Hervouet-Zeiber, Fernando Alvarez
Généralités
Une « pointe de rate » est palpable chez environ de 15 à 30 % des nouveau-nés
normaux ; à l’âge de un an, cette proportion diminue à 10 %. Chez l’enfant sain
âgé de plus de deux à trois ans, la rate n’est palpable qu’exceptionnellement,
même en inspiration profonde ; on la note chez approximativement 3 % des
adolescents sains. Pour que la rate devienne palpable chez le grand enfant, son
volume doit être deux ou trois fois plus grand que la normale.
Une pseudo-splénomégalie peut être notée en cas de maladie pulmonaire obs-
tructive comme une bronchiolite : la coupole diaphragmatique gauche est abaissée
et repousse la rate vers le bas. Il s’agit d’une ptose que l’on peut également obser-
ver en cas de variation anatomique, de kystes spléniques ou de rate accessoire.
Le syndrome de polysplénie congénitale (incluant entre autres des anomalies car-
diaques et pulmonaires) peut aussi s’accompagner d’une pseudo-splénomégalie.
On quantifie la splénomégalie en mesurant la rate dans son grand axe, du
rebord costal gauche jusqu’à son pôle inférieur. L’échographie abdominale peut
confirmer son existence et en préciser la mesure sur l’axe moyen.
Approche clinique
L’approche clinique doit tenir compte des différentes causes possibles de spléno-
mégalie (voir tableau 228.1) et de leurs fréquences relatives. Les causes les plus
fréquentes sont les infections, les anémies hémolytiques et les néoplasies. Ainsi,
l’anamnèse recherche les éléments suivants : douleur, traumatisme, symptômes
digestifs et systémiques incluant fièvre, perte de poids et ecchymoses faciles. On
s’intéresse aux antécédents chirurgicaux, aux transfusions reçues et aux voyages
effectués. L’histoire familiale peut révéler la présence d’anémie héréditaire ; à cet
égard, la connaissance de l’origine ethnique du patient est utile.
L’examen physique porte une attention particulière à l’état général, à la peau
(pâleur, ictère, lésions, ecchymoses), aux aires ganglionnaires et à l’abdomen
(recherche d’une hépatomégalie associée).
Chez un enfant en bonne santé, une splénomégalie minime et isolée ne
nécessite habituellement aucun autre examen complémentaire qu’un hémogramme
avec frottis sanguin, surtout si elle accompagne ou suit un syndrome infectieux.
Cependant, il faut s’assurer, quelques semaines ou quelques mois plus tard, que
la splénomégalie a disparu ou, du moins, qu’elle n’augmente pas.
Lorsqu’une imagerie s’avère nécessaire, l’échographie abdominale est l’exa-
men de choix.
1052 Splénomégalie
Complications
Surtout en cas de splénomégalie d’origine infectieuse, on doit redouter une rup-
ture de rate. Il faut donc déconseiller les activités sportives ou autres qui font
courir un risque de traumatisme.
1054 Sténose du pylore
Traitement
Le traitement dépend de l’étiologie sous-jacente. La splénectomie peut parfois
s’avérer nécessaire.
Généralités
La sténose du pylore est caractérisée par une obstruction progressive du canal pylo-
rique causée par l’hypertrophie de la couche circulaire de la musculeuse pylorique.
Son étiologie exacte demeure imprécise et controversée. Il y a une nette prédis-
position génétique. La sténose du pylore est quatre fois plus fréquente chez les
garçons que chez les filles. La maladie touche environ 0,3 % des Blancs. Elle est
plus rare chez les enfants noirs et exceptionnelle chez les Asiatiques. Le risque
augmente à 4,5 % chez l’enfant dont un frère ou une sœur a présenté une sté-
nose du pylore. Des études épidémiologiques ont démontré que l’utilisation
d’érythromycine par voie orale en période néonatale constitue un facteur de
risque de sténose du pylore.
Manifestations cliniques
Les symptômes surviennent en moyenne à l’âge de trois semaines, exception-
nellement après l’âge de trois mois, sauf chez les prématurés. La présentation
classique est caractérisée par des régurgitations qui évoluent vers des vomisse-
ments non bilieux entre la deuxième et la quatrième semaine de vie. De façon
caractéristique, les vomissements sont décrits comme étant en jet et incoercibles.
Les symptômes classiques de vomissements projectiles sont cependant absents
chez le tiers des patients.
La présence d’une masse ou « olive », palpable sous le rebord du foie, est
pathognomonique ; elle demeure toutefois difficile à palper, surtout pour un
examinateur non expérimenté. On la perçoit plus facilement lorsqu’on vide l’es-
tomac au moyen d’une sonde gastrique, que l’on détend l’enfant en le faisant
boire ou que l’on attend qu’il s’endorme. Lorsqu’on donne à boire à l’enfant, il
avale avec avidité, semble éprouver un malaise, puis vomit en jet. Immédiatement
avant un vomissement, on peut souvent observer, à travers la paroi abdominale,
des vagues péristaltiques qui se dirigent de la gauche vers la droite. Si la maladie
évolue depuis plusieurs jours, il peut y avoir une déshydratation, ainsi qu’une
fonte du tissu adipeux. Un ictère est parfois présent.
Sténose du pylore 1055
Explorations
Lorsqu’on palpe une « olive », le diagnostic est certain. Si tel n’est pas le cas,
l’échographie peut confirmer le diagnostic. Les principaux critères diagnos-
tiques à l’échographie sont, par ordre de fiabilité, l’épaississement de la paroi
musculaire (≥ 3 mm) mesurée dans l’axe du canal pylorique et surtout dans le
plan antéropostérieur transverse, l’allongement du muscle pylorique (≥ 14 mm)
et l’allongement du canal pylorique (≥ 14-15 mm). Lorsque ces critères ne sont
pas présents et que les symptômes persistent, on peut répéter l’échographie
dans un délai de 12 à 24 heures ou faire un transit gastroduodénal. En cas de
sténose du pylore, cet examen met en évidence un allongement et un rétrécis-
sement du pylore, un passage difficile de la substance de contraste et un « signe
du rail » (double trajet).
La perte d’acide chlorhydrique par les vomissements conduit à une alcalose
métabolique et à une alcalémie. Chez le nouveau-né ou le nourrisson qui vomit,
l’alcalose est presque pathognomonique. La compensation respiratoire (hyper-
capnie) est inconstante et tardive. L’hypokaliémie, fréquente, a une origine mul-
tifactorielle (exemples : perte de potassium par les vomissements, déficit d’apport
alimentaire en potassium, translocation du potassium vers le compartiment intra-
cellulaire liée à l’alcalémie). Chez les enfants qui présentent un ictère, on observe
une hyperbilirubinémie non conjuguée (indirecte).
Traitement
I. Aspects médicaux
Aussitôt que le diagnostic est confirmé, on interrompt l’alimentation. Une sonde
gastrique peut être mise en place afin de drainer le contenu de l’estomac de
façon continue si les vomissements persistent malgré le jeûne. Une perfusion est
installée. La pierre angulaire de la correction de l’alcalose métabolique est l’ad-
ministration généreuse de chlore, sous forme de KCl et de NaCl. On choisit donc
une solution contenant 5 % de glucose et 77 mmol/L de sodium (NaCl 0,45 %).
La quantité de potassium à fournir est d’environ 4 mmol/kg/24 h (besoin de
correction) ; selon le débit de perfusion, la concentration de la perfusion en
potassium est habituellement de 20 à 30 mmol/L. Une concentration plus élevée,
de l’ordre de 40 mmol/L, est parfois nécessaire en cas d’hypokaliémie profonde.
La vitesse de perfusion varie selon le degré de déshydratation ; s’il n’y a pas de
signes cliniques de déshydratation, il faut effectuer le calcul comme s’il y avait
une déshydratation à 5 %. Les pertes gastriques sont remplacées par la même
solution de perfusion, mais sans potassium. Il convient de surveiller périodi-
quement, par exemple toutes les six à huit heures, la régression des signes de
déshydratation, le gain de poids, ainsi que l’évolution des anomalies électroly-
tiques et acidobasiques.
Pronostic
Pratiquée par des spécialistes expérimentés, la pylorotomie donne généralement
d’excellents résultats.
Strabisme 230
Anne-Claude Bernard-Bonnin, Caroline Bélanger
Généralités
Au cours des premiers mois de vie, le nourrisson peut présenter une dévia-
tion oculaire intermittente. La macula se développe en effet jusqu’à l’âge de
trois mois, et le système oculomoteur peut prendre jusqu’à six mois pour
atteindre la pleine maturité d’un alignement stable. Chez l’enfant normal, une
déviation oculaire intermittente externe (strabisme divergent) peut être obser-
vée jusqu’à l’âge de trois mois, tandis qu’un strabisme variable peut se manifes-
ter jusqu’à l’âge de six mois. Après ces limites d’âge, tout défaut d’alignement
des axes visuels doit être considéré comme pathologique. Environ 3 % de la
population générale est touchée.
Lorsqu’il fixe un point, l’enfant atteint de strabisme ne le regarde qu’avec un
seul œil, selon une adaptation visuelle du cerveau encore plastique de l’enfant
pour éviter la diplopie. La vision stéréoscopique est donc absente, et l’acuité
visuelle de l’œil inactif peut se détériorer rapidement et de façon permanente
(amblyopie) lorsque le traitement tarde trop.
Les principales formes de strabisme sont, par ordre décroissant de fréquence :
• strabisme convergent ou ésotropie ;
• strabisme divergent ou exotropie ;
• strabisme vertical (hypertropie ou hypotropie).
L’ésotropie infantile (congénitale) se manifeste au cours des six premiers
mois de vie et présente un angle large de déviation. Les mouvements ocu-
laires sont complets et, au début, l’enfant alterne l’œil utilisé pour la fixation.
En raison d’un déficit inné de la vision binoculaire, la situation évolue vers un
strabisme constant.
L’ésotropie accommodative est la cause la plus commune d’ésotropie chez les
enfants âgés de deux à trois ans. Elle est souvent associée à une hypermétropie
Strabisme 1057
supérieure à 3,5 dioptries qui oblige l’enfant à accommoder pour bien voir. L’ac-
commodation est liée à la convergence qui produit l’ésotropie.
L’exotropie congénitale qui persiste après l’âge de quatre mois est souvent
associée à des retards de maturation neurologique, à des syndromes craniofa-
ciaux ou à des anomalies d’un seul œil.
L’exotropie intermittente est la cause la plus commune d’exotropie chez l’en-
fant au cours de la première décennie. La déviation se manifeste surtout quand
l’enfant est fatigué ou qu’il regarde des objets au loin.
La cause la plus fréquente d’hypertropie est une parésie du nerf crânien IV
qui s’accompagne d’une diplopie intermittente verticale ou oblique compen-
sée par une inclinaison de la tête. On retrouve une hypotropie dans les cas de
fracture de l’orbite ou d’une parésie du nerf crânien III se manifestant par une
ptose et une dilatation pupillaire, et dont les principales étiologies sont virales,
traumatiques ou tumorales.
Le strabisme peut être la manifestation d’une affection oculaire grave comme
le rétinoblastome ou la cataracte congénitale. Dans ces cas, le reflet rouge réti-
nien est absent, et la pupille est blanche (leucocorie).
Manifestations cliniques
Les parents ou le médecin traitant remarquent habituellement les premiers que les
yeux de l’enfant louchent.
Explorations
L’anamnèse s’intéresse à l’âge d’apparition du strabisme et à sa progression, ainsi
qu’à la latéralité de la déviation oculaire, qui peut être constante ou inconstante,
associée à la fatigue ou à certaines positions du regard, et à la présence de cépha-
lées. On recherche des antécédents familiaux de strabisme ou d’amblyopie et
des facteurs de risque tels la prématurité, la paralysie cérébrale, les anomalies
chromosomiques et les syndromes génétiques, l’exposition anténatale à des dro-
gues ou à de l’alcool, un traumatisme crânien grave et des anomalies oculaires
(exemples : cataractes, hypermétropie).
À l’examen physique, on vérifie la symétrie du reflet cornéen d’une source
lumineuse ; cette manœuvre permet de différencier un strabisme vrai d’un
pseudo-strabisme causé par la présence d’un épicanthus et d’une base du nez
large qui cachent la sclère nasale. Dans les cas de pseudo-strabisme, les reflets
lumineux cornéens sont centrés dans chaque œil ou légèrement décentrés, mais
de façon symétrique.
L’examen sous écran ou cover test confirme le strabisme. Pendant que l’enfant
fixe un point, on masque un œil pendant qu’on observe la présence de mouvement
dans l’autre œil. L’alignement oculaire est normal s’il n’y a pas de mouvement. En
cas de strabisme, l’œil qui n’est pas masqué bouge pour fixer le point qui était
précédemment fixé par l’œil masqué. On répète la manœuvre avec l’autre œil.
On complète l’évaluation oculaire par l’examen des pupilles, la stéréoscopie, la
mesure de l’acuité visuelle de chaque œil, la réfraction (hypermétropie, aniso-
métropie) et l’examen du fond d’œil, incluant le test de Brückner qui vérifie la
symétrie des deux reflets rouges rétiniens.
On recherche les signes associés comme une position anormale de la tête
ou un déficit neurologique.
1058 Stridor
Traitement
Le traitement vise à prévenir ou à traiter l’amblyopie, à permettre le développe-
ment de la vision binoculaire ou à la préserver ainsi qu’à corriger l’esthétique
du regard.
L’amblyopie est traitée par occlusion de l’œil habituellement utilisé afin de
favoriser les connexions cérébrales avec l’œil amblyope. Les erreurs de réfraction
sont corrigées selon le cas par des lunettes.
Si, malgré le traitement médical, une déviation importante persiste, il faut
recourir à la chirurgie, de préférence avant l’âge de un an pour l’ésotropie infan-
tile. L’intervention consiste à réduire la tension de certains muscles par recul et
à augmenter celle d’autres muscles par résection.
Complications
La complication la plus redoutable est la baisse importante et permanente de
l’acuité visuelle de l’œil inactif, qui peut réapparaître dès l’arrêt du traitement
médical, avant l’âge de neuf ans (après cet âge, l’amblyopie ne peut habituelle-
ment plus être améliorée). L’autre complication est l’absence de la vision bino-
culaire, rarement récupérable à la suite d’une chirurgie, surtout si la déviation
est présente depuis un certain temps.
Suivi
Le suivi doit continuer jusque vers l’âge de neuf ans, afin de surveiller la récur-
rence de l’amblyopie et de déceler d’autres anomalies.
Pronostic
Le pronostic est fonction de la précocité du diagnostic et du traitement.
Stridor 231
Guillaume Emeriaud, Chantal Giguère
Généralités
Le stridor est un bruit provoqué par un rétrécissement des voies respiratoires
supérieures larges. Il se manifeste principalement chez les patients âgés de
moins de six ans en raison du petit calibre de leurs voies aériennes. En théorie,
un stridor inspiratoire indique une lésion extrathoracique (région du larynx, du
pharynx ou du nez), le stridor expiratoire étant plutôt causé par une anoma-
lie intrathoracique (trachée ou bronche). Un stridor biphasique peut être causé
par une lésion ou par tout rétrécissement important de la région glottique ou
sous-glottique. En pratique, cette distinction n’est pas toujours claire, et le stridor
est le plus souvent inspiratoire.
Approche clinique
Dans un premier temps, il faut rechercher des signes annonciateurs d’une insuffi-
sance respiratoire, qui doivent conduire à une prise en charge urgente des voies
aériennes. Il faut ensuite chercher des antécédents d’intubation, de prématurité
ou d’allergie. Le moment d’apparition du symptôme et son contexte (exemples :
Stridor 1059
infection, malaise évoquant l’inhalation d’un corps étranger) sont précisés, ainsi
que le caractère aigu, récurrent ou chronique, la progression et les circonstances
dans lesquelles le bruit augmente (exemples : pleurs, effort). Des répercussions
sur l’alimentation, la croissance et le sommeil doivent être recherchées. Lorsque
le diagnostic n’est pas clair ou s’il y a présence de signes de gravité, une explo-
ration paraclinique est nécessaire, commençant le plus souvent par une naso-
fibroscopie souple ou une laryngoscopie.
en quelques heures, mais l’obstruction peut être assez grave pour nécessiter
une réintubation. Le traitement reste controversé, mais il suit généralement les
mêmes principes que celui associé à une laryngite aiguë. Si le stridor persiste,
une sténose sous-glottique doit être recherchée.
Généralités
La subluxation de la tête radiale est fréquente chez le jeune enfant. La traction
longitudinale du bras, lorsque le poignet est en pronation, entraîne le blocage de
la tête radiale sous le ligament annulaire. Le mécanisme classique est celui d’un
bras tiré en extension alors que l’enfant se jette par terre. Cette affection touche
principalement les enfants de un à quatre ans, se présente plus rarement avant
l’âge de neuf mois ou après l’âge de six ans et est plus fréquente chez les garçons.
Manifestations cliniques
Les parents rapportent le plus souvent un non-usage subit du membre supérieur
atteint. Plusieurs enfants au stade préverbal peuvent induire le praticien en erreur
en pointant le poignet ou l’épaule comme site douloureux.
Le patient présente habituellement un membre supérieur flasque, en adduc-
tion et en pronation légère, cela étant souvent peu douloureux. On commence
l’examen par la palpation et la mobilisation du membre supérieur opposé, afin
d’amadouer l’enfant souvent craintif et réticent. Par la suite, on procède à la palpa-
tion du membre atteint par segment : la clavicule et l’épaule, le bras et le coude,
puis l’avant-bras et le poignet. Cet examen ne devrait pas démontrer d’œdème
ou de douleur exquise. Ultimement, une supination du coude provoquera de la
douleur, un cri ou une réaction de retrait.
Explorations
L’anamnèse et l’examen physique mènent au diagnostic dans la grande majo-
rité des cas. Le diagnostic est d’autant plus évident s’il s’agit d’une récidive. Les
radiographies ne sont pas nécessaires pour le confirmer.
Traitement
Deux méthodes de réduction d’une subluxation de la tête radiale peuvent être
utilisées.
1) On peut procéder à une traction axiale et à une hyperpronation de l’avant-
bras de l’enfant alors que le coude semi-fléchi est maintenu fermement par
la main du médecin, le pouce de ce dernier étant appuyé sur la tête radiale.
1062 Suicide et comportements suicidaires
Un « clic » est perçu lorsque la subluxation est réduite. Cette méthode s’avère
rapide, plus efficace et possiblement moins douloureuse que la suivante.
2) On peut également opter pour une supination forcée de l’avant-bras, avec une
flexion complète du coude. Tout comme pour la méthode précédente, le coude
doit être maintenu fermement par le médecin pour réussir la manœuvre. Un
« clic » est également perçu sous le pouce de l’examinateur lorsque la subluxa-
tion est réduite.
Après la réduction, une brève période d’observation de 10 à 15 minutes permet
de s’assurer qu’il y a une résolution complète des symptômes. Si la subluxation
est survenue plus de 12 à 24 heures avant la réduction, l’enfant peut ressentir
un peu de douleur qui entravera ses mouvements ; dans ces circonstances, il est
prudent de le garder en observation pendant une ou deux heures afin d’objecti-
ver une reprise complète de la mobilité. Dans les rares cas où la réduction n’est
pas efficace, une attelle plâtrée postérieure du coude, avec le membre supérieur
en flexion et en supination, est requise. Un suivi rapproché, en dedans de 24 à
48 heures, et des examens radiographiques sont alors nécessaires.
Prévention
Puisque la subluxation de la tête radiale a tendance à récidiver, on doit recom-
mander aux parents d’éviter toute traction subite de l’avant-bras, de soulever
l’enfant par le torse plutôt que par les bras et de limiter les jeux où l’enfant est
tiré par les bras.
Généralités
Les comportements suicidaires regroupent un ensemble de manifestations où
peuvent se recouper, sans continuité linéaire, l’idéation suicidaire, la menace, l’in-
tention manifeste, la tentative et le suicide accompli. Ils ne découlent pas d’une
motivation unique ou précise. Un comportement suicidaire n’est pas en soi un
trouble psychiatrique ; il reflète plutôt des difficultés souvent très variables d’une
personne à l’autre et ayant pour seul point commun le sentiment d’impasse dans
lequel se trouvent les patients concernés.
Avec les efforts investis en prévention du suicide, on note un certain recul du
taux de suicide chez les garçons adolescents depuis le milieu des années 1990.
Dans la majorité des pays occidentaux, il est de l’ordre de 10/100 000 chez les
jeunes âgés de 14 à 19 ans. Le suicide demeure la troisième cause de mortalité
chez les enfants âgés de 10 à 14 ans après les accidents et les homicides, mais à
certains endroits (au Québec par exemple), il est la deuxième cause de morta-
lité chez les 15 à 19 ans. Son pic survient au début de la vingtaine ; il est extrê-
mement rare chez l’enfant prépubère. On estime qu’il y a de 5 à 45 tentatives
de suicide pour chaque suicide accompli, et, dans certaines sociétés (exemples :
chez les Japonais à cause de la compétition à outrance, chez les Amérindiens
à cause de la déculturation et de l’acculturation), jusqu’à 25 % des adolescents
admettent avoir déjà eu une idéation suicidaire.
Suicide et comportements suicidaires 1063
Approche clinique
La diversité des situations exige une évaluation rigoureuse et complète, compre-
nant l’histoire personnelle et familiale, en particulier les relations avec les parents,
les autres membres de la famille et les amis, ainsi que le fonctionnement à l’école.
1064 Suicide et comportements suicidaires
Traitement
Seules les grandes lignes d’un traitement en général multimodal et taillé sur
mesure pour chaque patient seront soulignées ici.
L’approche thérapeutique découle de l’évaluation globale du comportement
suicidaire et des conclusions qui ont pu en être tirées.
L’intervention initiale suffit dans certains cas, en permettant des réaména-
gements de la dynamique relationnelle. Il faut alors respecter le désir du patient
Suicide et comportements suicidaires 1065
Prévention
Compte tenu de la fréquence élevée des tentatives de suicide chez les adoles-
cents, il faut rechercher les facteurs de risque décrits plus haut chez tout ado-
lescent qui se présente pour une visite médicale. De nombreux adolescents ont
1066 Surdité
Surdité 234
Ana Maria Carceller, Issam Saliba
Généralités
Une surdité bilatérale modérée compromet le développement du langage. Les
conséquences cliniques et sociales d’une surdité non dépistée sont importantes.
On reconnaît maintenant le dépistage universel comme étant nécessaire ; en
effet, les résultats obtenus à la suite des interventions offertes avant l’âge de six
mois chez l’enfant sourd démontrent un développement cognitif et linguistique
normal, quel que soit le degré de gravité de la surdité.
Il existe plusieurs types de surdité : la surdité de conduction causée par une
affection de l’oreille moyenne ou externe, la surdité neurosensorielle résultant
d’une affection de l’oreille interne (dysfonction de la cochlée) ou du nerf auditif, la
surdité de type mixte et le trouble du spectre de la neuropathie auditive qui sont
dus à un problème de transmission de l’information auditive entre la cochlée et
le nerf auditif ou les structures rétrocochléaires. La surdité est une des anomalies
congénitales les plus courantes. Son incidence est d’environ 6 par 1 000 naissances.
Une étiologie génétique est retrouvée dans 30 à 50 % des cas. De 5 à 10 % des cas
sont liés à une infection anténatale, de 5 à 15 %, à des causes périnatales telles que
la prématurité ou l’anoxie, de 10 à 20 %, à certaines conditions post-natales (exem-
ples : méningite, médication ototoxique), alors que dans 20 à 30 % des cas, aucune
étiologie précise n’est retrouvée. L’infection à cytomégalovirus (CMV) est une cause
importante de surdité neurosensorielle ; les nourrissons atteints peuvent souffrir
d’une surdité tardive et progressive.
La surdité est qualifiée de légère (perte auditive de 25 à 40 dB) lorsque l’en-
fant perd l’audition du langage jusqu’à une proportion d’environ 50 %. Souvent,
l’entourage considère que l’enfant écoute peu et qu’il présente un trouble de
comportement. En cas de surdité modérée (perte auditive de 41 à 55 dB), l’en-
fant perd l’audition du langage dans des proportions allant de 50 à 100 % et a
de la difficulté à distinguer plusieurs sons de l’environnement; la voix est altérée,
la qualité du langage se modifie, et la communication devient très compromise.
L’enfant atteint de surdité modérément grave (perte auditive de 56 à 70 dB) est
incapable de distinguer la plupart des sons de l’environnement alors que l’en-
fant souffrant de surdité grave (perte auditive de 71 à 90 dB) a de la difficulté
à entendre des sons forts. En cas de surdité profonde (perte auditive de plus
de 90 dB), l’enfant ressent les vibrations, mais il ne les entend pas.
Surdité 1067
Approche clinique
Devant un diagnostic présumé de surdité, une évaluation médicale complète
est nécessaire. On s’informe de la chronologie d’apparition des symptômes et
de l’arbre généalogique. L’anamnèse aide à déceler des antécédents d’infections
(exemples : méningite, otite moyenne chronique, rubéole), de traumatisme crâ-
nien ou d’exposition à des médicaments ototoxiques. On doit rechercher d’éven-
tuels symptômes évoquant une dysfonction thyroïdienne, des troubles visuels et
des symptômes cardiaques. À l’examen physique, il faut vérifier la présence de
stigmates syndromiques, d’anomalies des oreilles, des yeux et de la pigmentation
de la peau (exemples : albinisme, syndrome de Waardenburg).
Lorsqu’un diagnostic de surdité est confirmé et qu’on ne peut déceler
aucun facteur de risque, une consultation en génétique devient souhaitable. La
majorité des cas de surdité héréditaire ne sont pas associés à un syndrome, et
environ la moitié des cas sont causés par une mutation. Plus de 50 loci ont été
1068 Surdité
identifiés, en particulier les DFNB (connexine 26 et 30) dans les cas de trans-
mission autosomique récessive et les DFNA dans les cas de transmission auto-
somique dominante.
De plus, une évaluation en ophtalmologie, un ECG, des sérologies (toxoplas-
mose, rubéole, CMV) et une analyse d’urine (syndrome d’Alport) peuvent être
utiles, de même qu’une tomodensitométrie cérébrale, éventuellement complétée
par une résonance magnétique nucléaire cérébrale.
Traitement
La coordination des soins et le soutien offert aux parents d’un enfant sourd sont
essentiels. Souvent, les parents subissent un choc à l’annonce du diagnostic. Le
rôle central du médecin est de les informer, de les diriger vers un centre de réfé-
rence audiologique et de thérapie éducative, et de les aider dans leur prise de
décision quant au mode de communication et d’intervention.
Les interventions se divisent en deux grandes catégories : les appareils
qui amplifient le son et les méthodes éducatives. Quels que soient l’appareil-
lage et la méthode éducative choisis, l’intervention doit être amorcée le plus
tôt possible.
Il existe plusieurs types d’appareils qui amplifient le son. La miniaturisation
de l’électronique et la numérisation du son permettent de sélectionner les fré-
quences vocales pour détacher la parole du bruit ambiant, ce qui rend la prothèse
auditive numérique plus performante que la prothèse auditive traditionnelle. Le
système de son en modulation de fréquence est un dispositif qui fonctionne
comme une petite station de radio sur une fréquence de télédiffusion et qui
transporte la voix de l’interlocuteur directement dans le casque d’écoute de l’en-
fant. L’implant à ancrage osseux (Bone Anchored Hearing Aid ou BAHA) conduit
le son à travers le crâne directement jusqu’à la cochlée, en omettant l’oreille
externe et l’oreille moyenne. L’implant cochléaire est utilisé chez les enfants qui
bénéficieraient peu – ou pas du tout – des autres types d’appareils auditifs. Une
intervention chirurgicale est nécessaire pour implanter les parties internes de
l’implant dans la cochlée. Les parties externes comprennent un microphone, un
processeur de parole programmable et une bobine de transmission.
Il existe également différentes méthodes éducatives : l’approche audiover-
bale, le langage parlé complété, les langues des signes et l’approche par com-
munication totale. La thérapie audioverbale est axée presque exclusivement
sur l’audition résiduelle et le développement des capacités d’écoute. La lecture
labiale permet au malentendant de comprendre un interlocuteur qui parle, mais
seulement 30 % du message est « lu » sur les lèvres, le reste étant interprété par la
personne sourde selon le contexte. Le langage parlé complété essaie de com-
bler les « trous » de compréhension dans la lecture labiale en explicitant les sons
cachés avec des gestes de la main autour du visage. Les langues des signes sont
des langues visuelles et gestuelles que les personnes sourdes ont développées
pour communiquer entre elles. La communication totale constitue le système le
plus éclectique possible ; elle emprunte des techniques à plusieurs méthodes dif-
férentes, soit une combinaison de signes, d’écritures, de mimes, de mots, d’images
ou de toute autre méthode de communication qui fonctionne.
Les nouveautés technologiques permettent dorénavant aux enfants atteints
de surdité profonde d’entendre et de parler. Au niveau préscolaire, l’enfant peut
se joindre à un groupe pour favoriser le développement continu de ses habiletés
Syncopes 1069
Syncopes 235
Maud Egedy, Anne Fournier
Généralités
La syncope se définit comme une perte de conscience transitoire causée par
une perturbation réversible de la fonction cérébrale, elle-même consécutive
à une baisse rapide ou soudaine du débit sanguin cérébral. On observe ensuite
une récupération spontanée des fonctions vitales. Ce problème est plus fréquent
chez l’adolescent que chez l’enfant. Bien qu’elle suscite beaucoup d’anxiété, il
s’agit dans plus de 95 % des cas d’une syncope d’origine vagale sans gravité.
L’anamnèse vise surtout à distinguer les causes potentiellement fatales, d’origine
cardiaque, de celles de la syncope vagale, de nature bénigne. Chez le jeune
enfant, il peut s’agir de spasmes du sanglot (voir Spasmes du sanglot).
Généralités
Le syndrome d’épidermolyse staphylococcique du nourrisson (staphylococcal
scalded skin syndrome ou SSSS) s’observe surtout en période néonatale et chez
l’enfant d’âge préscolaire. Cette maladie est aussi connue sous les noms suivants :
dermite exfoliatrice staphylococcique du nourrisson, maladie de Ritter, pemphigus
épidémique et syndrome de l’enfant ébouillanté. Il s’agit d’une affection cutanée
qui résulte de l’action à distance d’exotoxines (exfoliatines A et B) sécrétées par
certains staphylocoques : ces protéases détruisent les desmosomes, provoquant
ainsi un clivage intra-épidermique dans la couche granuleuse. Le SSSS se dis-
tingue de la nécrolyse épidermique d’origine médicamenteuse (syndrome de
Lyell ou nécrolyse épidermique toxique); dans cette dernière, l’atteinte cutanée
est plus profonde (le décollement se situe sous l’épiderme), et le pronostic est
plus grave (voir Érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse
épidermique toxique). L’impétigo bulleux représente une forme mineure et loca-
lisée du SSSS (voir Infections bactériennes bénignes de la peau).
Manifestations cliniques
Le foyer infectieux se situe habituellement dans le rhinopharynx, les yeux, l’om-
bilic ou sur la peau (exemples : abcès, impétigo, plaie chirurgicale). L’éruption
cutanée apparaît et s’étend rapidement. Elle se caractérise d’abord par une
érythrodermie douloureuse, souvent plus marquée aux plis. Des érosions et des
débris croûteux peuvent apparaître autour des orifices, particulièrement autour
de la bouche. La peau est très sensible et se déchire sous l’effet du frottement
ou de la pression du doigt (signe de Nikolsky). Après quelques heures, les zones
érythémateuses se couvrent de phlyctènes à paroi flasque et fragile qui peuvent
servir de point de départ à de larges décollements cutanés. La peau se fissure
et se plisse, révélant un épiderme dénudé, lisse et suintant, d’abord rouge vif
1072 Syndrome d’épidermolyse staphylococcique du nourrisson
Explorations
Lorsque l’état général n’est pas atteint, on peut se contenter de rechercher le
staphylocoque et, si possible, de le typer. Les cultures prélevées aux sites d’in-
fection (exemples : abcès, conjonctivite, rhinite, plaie chirurgicale) sont souvent
positives, alors que celles effectuées dans les zones bulleuses ou dénudées se
révèlent négatives. La biopsie montre un décollement au niveau de la couche
granuleuse; il n’y a pas de nécrose ni de réaction inflammatoire. Habituellement,
cet examen n’est pas nécessaire.
Traitement
L’antibiothérapie est dirigée contre le Staphylococcus aureus. La plupart du temps,
un traitement oral suffit. On utilise la céphalexine (céfalexine) ou une pénicil-
line antistaphylococcique comme la cloxacilline (Canada, France) ou l’oxacilline
(France). Le nouveau-né et le jeune nourrisson doivent de préférence être hos-
pitalisés et recevoir une antibiothérapie intraveineuse pendant les premiers
jours de traitement (exemples : céfazoline ou cloxacilline). En cas d’allergie
vraie à la pénicilline, la clindamycine constitue un bon choix (certains utilisent
aussi cet antibiotique pour son effet antitoxine). Si l’on suspecte une infection
causée par le S. aureus résistant à la méthicilline (SARM), on adapte l’antibio-
thérapie systémique selon l’épidémiologie locale de ce germe. La durée totale
du traitement est de 10 jours. Les soins locaux sont les mêmes que ceux d’une
brûlure (voir Brûlures).
Complications
Lorsque le traitement est adéquat, le risque d’infection secondaire, focalisée ou
généralisée, demeure faible.
Pronostic
Il est excellent.
Mesures épidémiologiques
L’isolement de contact est recommandé jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’écoulement
au site d’infection.
Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) 1073
Généralités
Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) est secondaire à l’immu-
nosuppression causée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). À
l’échelle mondiale, il représente l’une des causes les plus importantes de morbi-
dité et de mortalité chez l’enfant et l’une des principales sources d’orphelins dans
certains pays émergents. En 2011, l’Organisation mondiale de la Santé estimait
à 3,4 millions le nombre d’enfants vivants infectés par le VIH. Pour les enfants
âgés de moins de 15 ans, le nombre annuel de décès causés par le SIDA était
évalué à plus de 230 000. La très grande majorité des enfants infectés provient
des pays subsahariens du continent africain.
On reconnaît classiquement deux formes cliniques de l’infection par le VIH
chez l’enfant : une forme à évolution rapide et à mortalité en bas âge et une forme
plus lente, beaucoup plus fréquente, où l’enfant demeure peu symptomatique
pendant plusieurs années ; puis, progressivement, s’installe une immunosuppres-
sion, associée à une augmentation de la prolifération virale plasmatique. Au-delà
d’un certain degré d’immunosuppression, l’enfant devient à risque de contracter
des infections opportunistes mettant sa vie en péril : c’est le SIDA.
La transmission du VIH de la mère à l’enfant est maintenant responsable
de la presque totalité des infections au VIH chez l’enfant. Les infections par des
produits sanguins ou du matériel contaminé et par sévices sexuels n’en repré-
sentent qu’un petit pourcentage. La transmission du VIH de la mère à l’enfant peut
survenir en cours de grossesse, à l’accouchement ou par l’allaitement maternel.
Le risque de transmission du virus à la naissance peut atteindre 25 %, et l’al-
laitement maternel, s’il est prolongé, augmente encore le risque de 15 %. Avec
un traitement antirétroviral pendant la grossesse, l’accouchement et la période
néonatale, un accouchement par césarienne si la charge virale de la mère est de
plus de 1 000 copies/mL, et en s’abstenant d’allaitement maternel, ce risque est
diminué à moins de 1 %.
Manifestations cliniques
Le système de classification du SIDA pédiatrique utilisé pour catégoriser le stade
de la maladie comprend deux paramètres : l’état clinique et le degré d’immuno-
suppression (voir tableaux 237.1 et 237.2).
L’enfant infecté à la naissance qui n’a pas accès à une médication antiré-
trovirale adéquate risque d’être atteint d’une maladie grave à évolution rapide
caractérisée par des fièvres inexpliquées, une hépatosplénomégalie et des poly-
adénopathies, une diarrhée récurrente ou persistante, un retard staturopondé-
ral, des infections à répétition et, dans certains cas, une pneumocystose ou une
encéphalite avec atteinte neurologique majeure. Le décès survient rapidement,
à moins que ces enfants soient traités précocement avec les antibiotiques et les
antirétroviraux appropriés.
Cependant, un bon nombre d’enfants infectés ont un parcours moins dif-
ficile, malgré l’absence de traitement antirétroviral. De l’âge de deux à six ans,
ils présentent des infections bactériennes et virales récurrentes, qui évoquent
1074 Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)
le profil habituel des infections observées dans ce groupe d’âge. Les mani-
festations cliniques varient au gré de la progression de l’immunosuppression
(mesurée par le nombre de cellules CD4). Même en l’absence de traitement,
plusieurs enfants vont évoluer jusqu’à l’adolescence sans présenter de signes et
de symptômes importants. On peut observer une diminution inexpliquée de la
vélocité de croissance. Lorsque l’immunosuppression devient modérée, l’enfant
présente des infections bactériennes usuelles (exemples : otite, sinusite, pneumo-
nie) ou des infections virales telles qu’un zona ou un herpès récurrent. Quelques
affections doivent attirer l’attention vers un diagnostic d’infection au VIH : une
parotidite bilatérale persistante, des polyadénopathies modérées des chaînes
cervicales antérieures, axillaires et inguinales, une candidose cutanéomuqueuse
récurrente et une pneumopathie interstitielle inexpliquée.
Au fur et à mesure que le degré d’immunosuppression s’accroît selon la
chute des cellules CD4 plasmatiques (< 200 cellules/mm3), le risque s’accentue
de voir apparaître des infections opportunistes telles que l’œsophagite à Candida
Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) 1075
Explorations
Le diagnostic de l’infection au VIH est confirmé par la présence d’anticorps
anti-VIH. La technique utilisée est une sérologie ELISA. Un résultat positif doit
cependant être confirmé sur un deuxième échantillon de sang.
Il y a une exception à cette règle : le nouveau-né et le nourrisson âgé de
moins de 18 mois nécessitent que l’on fasse une recherche du virus dans le sang
par PCR d’ADN viral (qualitatif) ou d’ARN viral plasmatique (quantitatif). En
effet, dans ce groupe d’âge, la présence d’anticorps IgG anti-VIH transmis de la
mère infectée à l’enfant rendent l’ELISA anti-VIH faussement positif.
Chez le nouveau-né exposé au VIH, la détection de l’infection par ce virus
est réalisée par la mesure de la charge virale par PCR d’ARN viral quantitatif ou
d’ADN qualitatif, effectuée au cours des six semaines du traitement prophylac-
tique (voir section sur la prévention, plus bas), mais également à deux mois et
à quatre mois de vie. Deux résultats positifs sont nécessaires au diagnostic, dont
un effectué après l’arrêt de la prophylaxie.
Au cours du suivi de l’enfant ou de l’adolescent infecté, la mesure de la charge
virale permet d’évaluer l’efficacité de la réponse à la médication antirétrovirale.
Le phénotypage lymphocytaire (CD4 et rapport CD4/CD8) permet de mesurer
le degré d’intégrité du système immunitaire. On peut également avoir recours à
des examens plus complexes, dont l’étude de la résistance virale aux antirétro-
viraux et le dosage pharmacologique de ceux-ci.
Traitement
L’infection par le VIH est une maladie aux multiples facettes qui survient dans
un contexte difficile. La stigmatisation des personnes atteintes demeure un pro-
blème de premier plan. La prise en charge de l’enfant ou de l’adolescent infecté
par le VIH et de sa famille se fait de préférence par une équipe multidisciplinaire.
I. Traitement spécifique
La médication antirétrovirale permet un contrôle rapide de la prolifération du
virus dans l’organisme, ainsi que le maintien de l’intégrité ou même la « recons-
truction » éventuelle du système immunitaire, ce qui contribue à réduire le risque
d’infections opportunistes et d’infections invasives graves. Avec l’accès à une
médication et à une prise en charge adéquates, la majorité des enfants et des
adolescents infectés par le VIH peuvent espérer une vie normale à l’âge adulte.
Les seules difficultés sont l’obligation d’une médication antirétrovirale et d’une
surveillance médicale continues.
1076 Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)
par l’enfant, mais aussi la nécessité stratégique de garder des options pour
un traitement à long terme.
• Chez l’enfant âgé de un à cinq ans et asymptomatique, on devrait amorcer un
traitement si les cellules CD4 représentent moins de 25 % des lymphocytes T
totaux ou si la charge virale excède 100 000 copies/mL, même si le nombre
absolu de cellules CD4 est normal.
• Chez l’enfant âgé de plus de cinq ans et asymptomatique, il est recommandé
d’entreprendre le traitement si les cellules CD4 sont en dessous du seuil
de 500 cellules/mm3 ou si la charge virale excède 100 000 copies/mL, même
si le nombre absolu de cellules CD4 est normal. Le traitement le plus souvent
préconisé est constitué de deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase
inverse (abacavir si le HLA-B*5701 est négatif et lamivudine), avec un inhibi-
teur non nucléosidique.
• Chez l’adolescent qui a des contacts sexuels, même s’il n’existe pas de recom-
mandation formelle en ce sens, on considère habituellement qu’il est préfé-
rable de prescrire une médication antirétrovirale, afin de réduire le risque de
transmission du virus, et ce, sans tenir compte de l’état clinique, immunolo-
gique ou virologique de l’adolescent concerné.
Quelles que soient les données virales et immunologiques, la survenue
d’une symptomatologie grave nécessite l’introduction d’une médication antiré-
trovirale appropriée.
L’objectif thérapeutique est la réduction rapide de la charge virale sous le
seuil des 40 copies/mL et le maintien de cette suppression sur une longue durée.
Cela permet l’augmentation ou le maintien des cellules CD4 à un niveau sécu-
ritaire et diminue les risques de complications infectieuses. Les modifications
thérapeutiques permettent de contrer le développement de résistances virales
ou d’ajuster un traitement mal toléré.
L’infection par le VIH, contrôlée par une médication efficace et continue,
est désormais une affection chronique, souvent asymptomatique. Comme pour
toute maladie chronique se pose à long terme la question de l’observance théra-
peutique. À l’adolescence, ce problème est majeur et entraîne souvent des résis-
tances médicamenteuses qui peuvent limiter les options thérapeutiques. Lorsque,
malgré le traitement, survient une augmentation de la charge virale plasmatique
associée à une diminution des cellules CD4 et un ralentissement de la courbe
pondérale, il faut faire la part entre la non-observance thérapeutique et l’appari-
tion d’une résistance médicamenteuse. Le questionnaire sur l’adhésion au traite-
ment, l’étude de la résistance virale et le dosage plasmatique des médicaments
permettent généralement de préciser la source du problème.
Complications
I. Complications cardiaques
L’infection virale de même que le traitement antirétroviral peuvent être associés
à des complications cardiaques, telles une cardiomyopathie, une dysfonction
ventriculaire, une myocardite ou une péricardite. Les atteintes cardiaques sont
plus fréquentes chez l’enfant et l’adulte qui ont une virémie non traitée. La car-
diomyopathie peut se manifester par des arythmies ou une insuffisance cardiaque.
Jadis fatale, elle est maintenant rare et réversible dans un contexte thérapeu-
tique approprié.
V. Complications infectieuses
Les infections bactériennes graves (septicémies, méningites, ostéomyélites, arthrites
septiques, pneumonies et abcès) sont plus fréquentes que les infections oppor-
tunistes. Les principaux agents étiologiques sont l’Hib, le Staphylococcus aureus,
le Streptococcus pneumoniæ et les Salmonella autres que typhi. Des infections
à Pseudomonas aeruginosa peuvent survenir, surtout chez l’enfant hospitalisé.
L’infection disséminée à CMV peut se manifester par une pneumonie, une réti-
nite, une hépatite ou une diarrhée chronique. La tuberculose peut également
survenir au cours d’une immunosuppression modérée.
Pronostic
L’arrivée des antirétroviraux a totalement modifié le pronostic de l’infection par
le VIH. La mortalité en âge pédiatrique est maintenant une exception. La morbi-
dité a régressé nettement, et l’hospitalisation demeure rare. La plupart des enfants
ne présentent que les maladies courantes d’âge pédiatrique. Il est cependant trop
tôt pour statuer sur le devenir à long terme des enfants infectés.
Dépistage
En raison de la gravité de la maladie et des succès de la médication actuelle, le
médecin ne doit pas hésiter à proposer le test de détection du VIH s’il reconnaît
des facteurs de risque, tout en ayant l’obligation d’informer la famille de l’enfant,
ou l’adolescent lui-même, de son intention de le faire.
À l’occasion d’un test de dépistage, il importe d’assurer l’adolescent de la
confidentialité des résultats. Il faut également l’informer de la signification d’un
résultat positif ou négatif, de même que des avantages et des inconvénients de
connaître son état sérologique. On revoit l’adolescent lorsque le résultat du test
est connu. Si ce dernier s’avère négatif, on profite de l’occasion pour évoquer les
mesures préventives et surtout la nécessité d’utiliser le préservatif à l’occasion
de chaque relation sexuelle, ainsi que le risque inhérent à l’usage de drogues
par voie intraveineuse. Si le résultat se révèle positif, une prise en charge multi-
disciplinaire est offerte au patient et à sa famille.
Prévention
I. Transfusions
Depuis 1985, les méthodes de dépistage du VIH dans le sang et ses dérivés ont
permis de réduire de façon quasi absolue le risque de transmission du virus par
transfusion.
III. Allaitement
L’allaitement peut transmettre le virus de la mère à l’enfant. L’utilisation de pré-
parations de lait commerciale pour nourrisson est sécuritaire ; on recommande
donc à la mère infectée de ne pas allaiter son enfant. Cependant, cette recom-
mandation étant coûteuse, il n’est pas possible de l’appliquer dans tous les pays.
Les mères qui doivent allaiter peuvent, avec un traitement maternel antirétro-
viral efficace, réduire considérablement, mais non complètement, le risque de
transmission du virus à leur enfant durant toute la période de l’allaitement.
Généralités
Le syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né (SDR) est aussi connu sous
le nom de maladie des membranes hyalines. Il demeure la cause principale de
détresse respiratoire néonatale. Le risque de SDR décroît avec l’âge gestationnel ;
il est de 60 % chez le prématuré de moins de 28 semaines, de 30 % de la 28e à
la 34e semaine et inférieur à 5 % chez l’enfant né à 35 semaines ou plus.
D’autres facteurs de risque incluent le sexe masculin, le diabète gestation-
nel, l’asphyxie périnatale, l’hypothermie, la gestation multiple et la césarienne.
Les corticostéroïdes administrés chez la mère avant la naissance et la rupture
prolongée des membranes réduisent le risque de SDR.
Le SDR est causé par l’immaturité structurale du poumon et par un déficit quan-
titatif et qualitatif en surfactant alvéolaire. Cela entraîne une réduction de la com-
pliance pulmonaire et en atélectasies provoquant de l’œdème et une inflammation.
Du matériel exsudatif et des débris cellulaires s’accumulent secondairement dans
les alvéoles, formant la membrane hyaline éosinophile observée au microscope.
La présence de ces débris inflammatoires provoque une inactivation du surfac-
tant existant, causant une aggravation de l’atteinte pulmonaire et des symptômes.
La présence d’un shunt gauche-droite (canal artériel ou foramen ovale) peut
compliquer la maladie : le shunt peut en effet s’inverser en raison de l’hyperten-
sion pulmonaire, elle-même secondaire à l’acidose respiratoire et à l’hypoxémie.
Manifestations cliniques
Le SDR se présente rapidement après la naissance, et les symptômes progressent
au cours des deux ou trois premiers jours de vie. Les principales manifestations
sont la tachypnée, le battement des ailes du nez, le geignement expiratoire
(grunting), le tirage, le balancement thoraco-abdominal et la cyanose. L’auscul-
tation pulmonaire est normale ou révèle une diminution symétrique du mur-
mure vésiculaire.
Explorations
Les explorations ont deux objectifs principaux : confirmer le diagnostic et déter-
miner la gravité de la maladie. Bien que le SDR soit la cause la plus fréquente
de détresse respiratoire du nouveau-né, d’autres affections respiratoires peuvent
se manifester de façon similaire ou lui être associées (exemples : pneumonie,
hernie diaphragmatique).
• Gaz sanguins : l’hypoxémie prédomine au début. Une hypercapnie s’installe
fréquemment ensuite. L’oxymétrie de pouls et la mesure de la pression partielle
transcutanée en CO2 permettent une surveillance étroite de ces paramètres.
• Radiographie pulmonaire : parfois normale au début, elle révèle classique-
ment de petits volumes pulmonaires avec une image finement réticulogranu-
laire en « verre dépoli », ainsi qu’un bronchogramme aérique. Lorsque le SDR
se prolonge, les anomalies caractéristiques de la dysplasie bronchopulmonaire
peuvent apparaître (voir Dysplasie bronchopulmonaire).
• Un bilan infectieux est généralement nécessaire, la pneumonie néonatale
pouvant ressembler en tous points à un SDR.
Syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né 1083
Traitement
• Traitement de soutien : instauré précocement, il diminue la gravité du SDR.
La température corporelle doit être maintenue afin d’éviter une augmentation
de la consommation d’oxygène. Il faut fournir un apport liquidien et énergé-
tique suffisant, d’abord sous la forme d’une perfusion de glucose, suivie d’un
apport nutritionnel précoce.
• Amélioration des échanges gazeux respiratoires : au besoin, administrer de l’oxy-
gène pour maintenir une PaO2 satisfaisante. L’utilisation précoce d’une pression
expiratoire positive (VS-PEP) (CPAP ou continuous positive airway pressure)
ou d’une ventilation nasale non invasive (NIPPV ou non invasive positive pres-
sure ventilation) permet d’améliorer la ventilation en recrutant des alvéoles
déjà collabées et en réduisant l’apparition d’autres atélectasies. Une intubation
endotrachéale et une ventilation mécanique s’imposent en cas d’acidose res-
piratoire ou de besoins en oxygène non contrôlés par la ventilation non inva-
sive. La ventilation mécanique classique ou la ventilation à haute fréquence par
oscillations permettent d’améliorer l’oxygénation et d’éliminer le CO2. Ces deux
méthodes de ventilation peuvent cependant provoquer certaines complications
telles que l’hypotension artérielle et l’hypocapnie et surtout, à plus long terme,
elles augmentent le risque de développer une dysplasie bronchopulmonaire.
• L’administration précoce de surfactant exogène (au cours des deux premières
heures de vie) par voie intratrachéale a considérablement diminué la gravité
de la maladie ainsi que la mortalité associée. Le surfactant est donné rapi-
dement après l’intubation du prématuré en détresse respiratoire et permet
souvent une extubation rapide après l’amélioration des symptômes. Certains
praticiens administrent préventivement le surfactant, dès la naissance, sur-
tout chez les grands prématurés de moins de 26 semaines et chez ceux de
moins de 28 semaines n’ayant pas bénéficié de corticothérapie anténatale.
Chez l’enfant de 28 semaines ou plus d’âge gestationnel, il est généralement
accepté d’observer la symptomatologie clinique et les besoins en oxygène
sous VS-PEP (CPAP) avant de décider de procéder à l’intubation pour admi-
nistrer le surfactant.
• Un pneumothorax sous tension doit être drainé immédiatement.
Complications
Les fuites d’air intrathoraciques sont causées par les barotraumatismes qu’exerce
la ventilation mécanique sur un poumon dont la compliance est faible et hétéro-
gène. Il peut s’agir d’un pneumothorax, d’un pneumomédiastin, d’un pneumo-
péricarde ou d’un emphysème pulmonaire.
La persistance du canal artériel peut être secondaire au SDR ; elle est favorisée
par l’hypoxémie, l’acidose respiratoire et l’hypertension artérielle pulmonaire.
La dysplasie bronchopulmonaire et la rétinopathie du prématuré sont des
complications potentielles chez les prématurés ayant souffert de SDR.
Pronostic
Le pronostic est avant tout fonction de la gravité du SDR, de l’âge gestation-
nel et du poids de naissance. Un SDR léger ne nécessitant pas de surfactant est
habituellement à son maximum au 2e ou au 3e jour de vie et peut s’atténuer
graduellement après quelques jours sans laisser de séquelles respiratoires. Les
1084 Syndrome de Down (trisomie 21)
enfants les plus immatures ont davantage de risques que leur situation évolue
vers une dysplasie bronchopulmonaire, nécessitant des apports en oxygène sur
une longue période.
Prévention
Les mesures de prévention de la prématurité occupent une place prépondérante
dans la protection contre le SDR. L’administration intratrachéale de surfactant
exogène, dès la naissance ou dans les heures qui suivent, permet de réduire
la mortalité, les besoins d’oxygène, la durée de ventilation mécanique ainsi que la
période d’hospitalisation de ces enfants. Cette mesure ne diminue cependant pas
le taux de dysplasie bronchopulmonaire chez les plus immatures. L’administration
préventive d’un corticostéroïde à la mère, en cas de menace d’accouchement
entre la 22e et la 34e semaine de grossesse, accélère la maturation pulmonaire.
Cette mesure a permis de réduire l’incidence et la gravité du SDR et d’améliorer
le taux de survie de ces enfants.
Généralités
Le syndrome de Down (ou trisomie 21) est l’affection chromosomique la plus
fréquente, touchant environ 1 nouveau-né vivant sur 700. Dans 95 % des cas, la
présence d’un chromosome 21 surnuméraire (caryotype 47,XX ou 47,XY) causée
par une non-disjonction méiotique est à l’origine du syndrome ; ces cas surviennent
de façon sporadique (trisomie 21 libre). Environ 3 ou 4 % des patients atteints de
trisomie 21 sont porteurs d’une translocation chromosomique déséquilibrée impli-
quant un autre chromosome acrocentrique, le plus souvent le chromosome 14.
Dans ces cas, les parents sont parfois porteurs d’une translocation équilibrée.
Enfin, 1 ou 2 % des sujets présentent un mosaïcisme, une partie seulement des
cellules étant porteuse de l’anomalie chromosomique. Le tableau clinique est
parfois moins prononcé chez ces enfants, mais ce n’est pas toujours le cas.
Le risque de donner naissance à un enfant atteint du syndrome de Down
augmente avec l’âge maternel : celui-ci est d’environ 1/1 500 à l’âge de 20 ans,
de 1/350 à l’âge de 35 ans et de 1/95 à l’âge de 40 ans.
Manifestations cliniques
I. Caractéristiques phénotypiques
Les caractéristiques cliniques les plus souvent observées chez les enfants atteints
du syndrome de Down sont les suivantes.
• Déficience intellectuelle (constante) : celle-ci est habituellement légère (quo-
tient intellectuel de 50 à 70) ou modérée (quotient intellectuel de 35 à 50).
• Petite taille (constante).
• Anomalies craniofaciales et oculaires caractéristiques (constantes) : on peut
observer une brachycéphalie, un profil facial plat, des fentes palpébrales
mongoloïdes ou orientées vers le haut, des replis épicanthiques, des taches
Syndrome de Down (trisomie 21) 1085
de Brushfield dans les iris, des oreilles petites et parfois malformées, une pro-
trusion de la langue.
• Excès de peau sur la nuque (inconstant).
• Hypotonie (dans la plupart des cas).
• Malformations squelettiques (inconstantes) : on peut noter une hyper-
laxité ligamentaire ainsi que des anomalies des extrémités telles des mains
« carrées », des doigts courts, un pli palmaire transverse unique (pli simien),
une clinodactylie du cinquième doigt, un écart important entre le premier et
le deuxième orteil.
• Malformations cardiaques congénitales (inconstantes) : celles-ci sont présentes
chez environ 50 % des enfants, en particulier un canal atrioventriculaire (chez
un peu plus de la moitié des cas), une communication interventriculaire
(chez environ un tiers des cas), une communication interauriculaire et, plus
rarement, une persistance du canal artériel ou une tétralogie de Fallot.
• Malformations congénitales du tube digestif (inconstantes) : celles-ci sont présentes
chez environ 10 % des enfants, notamment l’atrésie duodénale, l’imperforation
anale ou l’atrésie de l’œsophage avec ou sans fistule trachéo-œsophagienne.
Explorations
I. Diagnostic
La trisomie 21 est souvent dépistée pendant la grossesse à l’aide de plusieurs
modalités diagnostiques, dont la recherche de signes échographiques évoca-
teurs (exemple : clarté nucale), de plusieurs marqueurs sériques chez la mère
(exemples : protéine A plasmatique associée à la grossesse, alpha-fœtoprotéine,
hormone chorionique gonadotrophique), l’amniocentèse ou le prélèvement de
villosités choriales.
La maladie n’aura pas été détectée avant la naissance chez certains nouveau-nés.
Lorsqu’on suspecte le diagnostic après la naissance, il faut le confirmer par
l’analyse du caryotype. Dans l’attente du caryotype classique, une analyse par
hybridation in situ en fluorescence (FISH) permet une confirmation provisoire
rapide (en 24 à 48 heures) de la présence d’un chromosome 21 surnuméraire.
Cette analyse rapide ne peut cependant pas déterminer le type de trisomie 21
(trisomie libre versus par translocation). C’est le caryotype de l’enfant qui permet
d’obtenir cette information, primordiale pour le conseil génétique à la famille.
Suivi
Il est essentiel d’assurer un suivi médical régulier chez un enfant atteint du syn-
drome de Down, en portant une attention particulière aux éléments suivants.
Croissance Il existe des courbes de croissance propres aux enfants atteints du
syndrome de Down, mais elles ne reflètent plus les données actuelles chez cette
population. Les courbes standard doivent donc être utilisées en attendant que
de nouvelles courbes spécifiques soient établies. En cas de ralentissement de la
croissance staturale, on doit rechercher une hypothyroïdie. Il y a aussi un risque
de retard pondéral en bas âge à cause, entre autres, des difficultés alimentaires
qui sont fréquentes, ainsi que des anomalies digestives et cardiaques souvent
associées au syndrome. Plus tard, il y a un risque d’obésité, d’où l’importance
de suivre l’indice de masse corporelle et d’offrir des conseils appropriés sur l’ali-
mentation et l’activité physique.
Développement, comportement et troubles neurologiques Outre le retard
global de développement, il existe un risque accru de troubles de comporte-
ment (30 %), de comportements obsessifs-compulsifs, de déficit de l’attention et
d’autisme (1 %). Il y a aussi un risque augmenté de convulsions, en particulier
de spasmes infantiles. On oriente rapidement l’enfant en réadaptation pour qu’il
puisse bénéficier d’une intervention précoce en physiothérapie (kinésithérapie),
en ergothérapie et en orthophonie. Dès la petite enfance, on doit régulièrement
questionner les parents au sujet du comportement et aiguiller l’enfant de façon
appropriée en cas de difficulté. Il faut toujours s’assurer qu’il n’y a pas de mala-
die organique sous-jacente pouvant expliquer les symptômes comportementaux
(hypothyroïdie, maladie cœliaque, apnée du sommeil, reflux gastro-œsophagien,
constipation).
Affections oculaires Environ 60 % des enfants éprouvent des problèmes de
vision, et 50 % des enfants ont des erreurs de réfraction. On observe souvent des
cataractes congénitales (15 %), un nystagmus, un strabisme et une dacryosténose.
On doit donc obtenir une évaluation en ophtalmologie dans les six premiers
mois de vie et planifier un suivi régulier.
Audition et problèmes otorhinolaryngologiques Les otites moyennes
aiguës sont fréquentes, et les otites séreuses surviennent chez 50 à 70 % des
enfants atteints du syndrome de Down. Chez environ 75 % des enfants, on observe
une surdité congénitale ou une surdité de conduction secondaire à des otites
moyennes avec épanchement. Puisque les canaux auditifs externes sont souvent
petits, des examens réguliers au microscope effectués par un ORL sont recom-
mandés dès le plus jeune âge. Des tests d’audition sont faits à la naissance, et
Syndrome de Down (trisomie 21) 1087
un suivi en audiologie est recommandé à l’âge de six mois, puis au moins une
fois par année par la suite.
Dentition On observe une hypodontie ou un retard d’éruption dentaire chez
environ 25 % des enfants. Comme pour tous les enfants, un suivi régulier en mé-
decine dentaire est recommandé.
Hypothyroïdie Une hypothyroïdie congénitale est présente chez environ 1 %
des enfants. L’hypothyroïdie acquise est fréquente et peut se développer à tout
âge. On vérifie à chaque visite s’il y a des manifestations cliniques d’hypothyroï-
die (voir Goitre, hypothyroïdie et hyperthyroïdie) et l’on mesure la TSH sérique
annuellement.
Instabilité atlanto-axiale De 10 à 30 % des enfants présentent une instabilité
atlanto-axiale. Des symptômes médullaires se développent chez 2 % des patients
environ, souvent à la suite d’un accident. Le risque de subluxation atlanto-axiale
doit être expliqué aux parents. On s’assure à chaque visite qu’il n’y a pas de
cervicalgie, de douleur radiculaire, de faiblesse, de spasticité, de difficultés à la
marche, d’incontinence fécale ou urinaire ou d’hyperréflexie. Il n’est plus recom-
mandé de procéder à des radiographies de dépistage chez les enfants asymp-
tomatiques, puisque celles-ci n’aident pas à reconnaître les enfants à risque.
Lorsqu’il y a des symptômes, on prescrit une radiographie de la colonne cervi-
cale en position neutre d’abord : si des anomalies sont présentes, on dirige l’en-
fant en neurochirurgie ou en orthopédie. Si la radiographie se révèle normale,
on procède à des clichés en flexion et en extension. Cet examen, volontaire et
assisté par le patient, ne peut être réalisé que chez l’enfant capable de collabo-
rer et d’indiquer par une résistance qu’il ressent de la douleur. Il est essentiel de
vérifier la stabilité de la colonne avant toute anesthésie ou chirurgie. Les parents
devraient être avisés du risque de certaines activités sportives, notamment les
sports de contact et le trampoline, qui sont à éviter chez ces enfants.
Troubles respiratoires et apnées obstructives La trachée est souvent
de petit calibre ; on observe parfois une trachéomalacie. Il peut aussi exister
une fistule trachéo-œsophagienne. Les infections respiratoires et le wheezing
chronique sont fréquents. Les apnées obstructives du sommeil sont courantes,
survenant chez 50 à 75 % des enfants. On doit questionner les parents sur le
sommeil de leur enfant, incluant les ronflements, les pauses respiratoires, les
positions de sommeil inhabituelles, les éveils nocturnes fréquents et la fatigue
diurne avec d’éventuels troubles de comportement associés. En cas de doute,
on peut adresser le patient en ORL et l’évaluer par une oxymétrie nocturne ou
un polysomnogramme. Certains organismes comme l’American Academy of
Pediatrics (2011) recommandent une évaluation systématique du sommeil avant
l’âge de quatre ans.
Anomalies cardiaques On surveille les signes d’insuffisance cardiaque chez
les enfants atteints d’anomalies cardiaques congénitales. Un traitement médical
ou chirurgical est parfois nécessaire (voir Insuffisance cardiaque). Des complica-
tions cardiaques peuvent aussi survenir chez les patients qui souffrent d’apnées
du sommeil.
Troubles digestifs Ceux-ci sont fréquents, même en l’absence de malforma-
tion congénitale du tube digestif. Des troubles de la déglutition et des difficultés
alimentaires peuvent survenir en raison de l’hypotonie et du retard de déve-
loppement ou à cause d’affections cardiaques ou pulmonaires concomitantes.
1088 Syndrome de Down (trisomie 21)
Pronostic
Le pronostic est variable, selon les malformations congénitales de l’enfant et la
survenue de complications, surtout dans la première année de vie. Plus de 80 %
des sujets atteignent l’âge de 50 ans.
Conseil génétique
Le caryotype de l’enfant est primordial pour déterminer le risque de récurrence
au cours d’une prochaine grossesse. S’il s’agit d’une trisomie 21 libre, le risque de
récidive dépend de l’âge de la mère à la naissance de l’enfant et au moment
de la prochaine grossesse (le plus souvent, ≤ 1 %). S’il s’agit d’une trisomie 21 par
translocation, le caryotype des parents devient nécessaire pour établir le risque
de récurrence. Si une translocation équilibrée est trouvée chez l’un des parents,
le risque de récidive avoisine 15 % s’il s’agit de la mère et varie de 1 à 3 % s’il
s’agit du père. Dans le cas d’une translocation non héritée, le risque de récidive
est de 1 % ou moins.
Les hommes atteints de trisomie 21 sont généralement stériles. Les femmes
atteintes de trisomie 21 ont un risque de 50 % de transmettre cette anomalie
génétique à leurs enfants.
Syndrome de Guillain-Barré 1089
Généralités
Le syndrome de Guillain-Barré est une polyneuropathie de nature immunolo-
gique, qui fait souvent suite à une infection virale et qui se caractérise par une
démyélinisation touchant principalement les nerfs moteurs. Il s’agit de la princi-
pale cause de paralysie flasque aiguë chez l’enfant. Il en existe aussi une forme
axonale, plus rare, qui atteint les axones du nerf lui-même et épargne la myéline.
L’incidence du syndrome de Guillain-Barré est estimée à environ 0,8/100 000
sujets âgés de 2 mois à 20 ans. Elle est plus élevée chez les enfants de un à
quatre ans que chez les enfants de cinq ans et plus.
Manifestations cliniques
Au début de la maladie, l’enfant présente souvent des douleurs musculaires, des
paresthésies ou de la faiblesse aux membres inférieurs. Dans bon nombre de
cas, le tableau douloureux peut retarder le diagnostic en évoquant d’autres
affections (exemples : arthrite, ostéomyélite). Dans les cas typiques, on note une
paralysie flasque, symétrique et ascendante, qui atteint d’abord les membres
inférieurs et qui peut se propager en quelques jours ou en quelques semaines
au reste du corps. Cette faiblesse musculaire devient maximale en moins de
deux semaines chez environ 75 % des enfants et en moins de un mois chez
tous les patients atteints. De façon caractéristique, les réflexes ostéotendineux
sont abolis dans le territoire atteint. Dans quelques cas atypiques, la paralysie
est asymétrique. Dans les formes graves, les muscles respiratoires sont touchés.
L’atteinte respiratoire se manifeste initialement par des troubles de la dégluti-
tion (fausses routes) et une toux faible. Les nerfs crâniens peuvent également
être atteints. Des manifestations dysautonomiques sont possibles. Il n’y a pas
d’atteinte des fonctions cognitives.
Le syndrome de Miller-Fisher constitue une variante de la maladie ; il se
caractérise par une ophtalmoplégie, une ataxie et une faiblesse des membres
inférieurs associée à une aréflexie.
Explorations
Le diagnostic clinique de syndrome de Guillain-Barré est confirmé par l’examen
du LCR, qui montre une dissociation albuminocytologique caractéristique : pro-
téinorachie élevée (> 0,5 g/L), mais leucocytes inférieurs à 10 × 106/L (10/mm3).
Bien que les recherches microbiologiques (bactériologiques et virologiques)
soient habituellement négatives, il convient de procéder à des recherches virales
(par culture, PCR ou sérologies selon le cas) sur des échantillons de LCR, d’urines,
de selles et de sang, et sur un prélèvement de gorge. Parmi les virus associés à
un tableau de paralysie flasque aiguë figurent notamment les entérovirus, dont
le virus de la poliomyélite ; ce dernier fait l’objet de programmes de surveillance
épidémiologique et doit impérativement être recherché dans les selles du malade,
même si l’on ne considère pas cette hypothèse diagnostique comme probable.
Des spécimens peuvent être recueillis jusqu’à six semaines après l’apparition de
la paralysie, mais au bout de deux semaines, la sensibilité de l’isolement viral
1090 Syndrome de Guillain-Barré
Traitement
L’hospitalisation est nécessaire initialement, en raison du risque d’évolution vers
l’insuffisance respiratoire par faiblesse des muscles respiratoires ; cela survient
parfois très rapidement, en moins de 24 heures.
Le traitement de soutien est essentiel. L’enfant doit être admis dans un service
de soins intensifs dès l’apparition des premiers signes d’atteinte respiratoire. Une
ventilation mécanique est parfois nécessaire de façon prolongée (pendant quelques
semaines). La douleur profonde peut être soulagée avec des anti-inflammatoires
et, si ceux-ci s’avèrent insuffisants, avec des analgésiques opioïdes. On peut traiter
la douleur neuropathique des extrémités (brûlement, fourmillement et dysesthé-
sies) avec plusieurs médicaments comme certains anti-épileptiques (exemple :
carbamazépine) ou avec des antidépresseurs. Dans les cas mineurs de syndrome
de Guillain-Barré, aucun traitement spécifique n’est indiqué.
Si l’atteinte neurologique progresse rapidement, l’administration intravei-
neuse précoce d’immunoglobilines (400 mg/kg/24 h en perfusion lente, don-
née 1 fois par jour pendant 5 jours consécutifs, ou 1 g/kg/24 h pendant 2 jours
consécutifs) semble plus simple et efficace que la plasmaphérèse, qui constitue
une autre option thérapeutique pour les formes graves.
La physiothérapie (kinésithérapie) est essentielle pour éviter les contractures
et faciliter la réadaptation.
Complications
Les complications aiguës sont liées à l’atteinte de certains muscles striés, impli-
qués dans la respiration ou la déglutition (exemples : insuffisance respiratoire,
pneumonie par inhalation, rétention vésicale), ou à l’atteinte du système nerveux
autonome (exemples : poussées hypertensives, arythmies cardiaques).
Pronostic
La plupart du temps, on note une régression de la paralysie qui commence
après deux ou trois semaines d’évolution et qui peut s’étendre sur une période
de plusieurs mois.
Le pronostic est nettement meilleur chez l’enfant que chez l’adulte.
La récupération est habituellement assez rapide, avec un retour à un fonction-
nement normal après deux mois en moyenne ; pour certains enfants, la période
de récupération est plus longue.
Syndrome de mort subite du nourrisson 1091
Selon quelques études de suivi à long terme, aucun des enfants atteints
d’un syndrome de Guillain-Barré n’a présenté de séquelles graves et, en parti-
culier, de perte de la marche. On a toutefois observé des séquelles légères ou
modérées chez environ le quart d’entre eux, surtout sous forme de fatigabilité,
de douleurs musculaires à l’effort, d’incoordination motrice ou de faiblesse.
Plusieurs années après l’épisode aigu, les réflexes ostéotendineux peuvent
demeurer absents ou diminués chez environ 25 % des patients, cette anomalie
de l’examen neurologique n’étant cependant pas associée à une évolution cli-
nique défavorable.
Un diagnostic précoce et une prise en charge appropriée, surtout en ce qui a
trait à la surveillance de l’état respiratoire et des signes généraux (signes vitaux)
au cours de la phase évolutive de la maladie, permettent d’éviter les décès. Les
rechutes sont rares.
Généralités
Le syndrome de mort subite du nourrisson désigne la mort subite d’un enfant
âgé de moins de un an, qui demeure inexpliquée malgré une investigation
exhaustive du cas, incluant une autopsie complète, l’examen du lieu du décès et
la révision de l’histoire clinique. Il s’agit d’un événement tragique qui constitue la
cause de décès la plus fréquente chez l’enfant âgé de un à six mois. Là où des
campagnes de prévention prônant le décubitus dorsal comme position de som-
meil pour les nouveau-nés et les nourrissons ont été réalisées, l’incidence de la
mort subite a diminué de plus de 50 %. Depuis le début des années 1990, dans
les pays industrialisés, elle est passée d’environ 1-2/1 000 naissances vivantes
à 0,3-1/1 000. La fréquence maximale se situe vers l’âge de deux à trois mois ;
la mort subite est exceptionnelle avant l’âge de un mois et après six mois. Elle
frappe un peu plus souvent les garçons. Les études épidémiologiques ont relevé
certaines associations avec des facteurs maternels (jeune âge, monoparentalité,
faible statut socio-économique) ou obstétricaux (absence de suivi prénatal, gros-
sesse gémellaire, prématurité, petit poids de naissance). En Amérique, le risque
est plus élevé chez les enfants amérindiens ou noirs.
Les causes du syndrome sont probablement multiples et demeurent incom-
prises ; il s’agit d’un diagnostic d’exclusion. Plusieurs bactéries et de nombreux
virus ont été mis en cause après avoir été trouvés à l’autopsie. L’allongement de
l’intervalle QT sur l’ECG ou d’autres anomalies du rythme cardiaque ont aussi
été évoqués. Il est probable que certains polymorphismes génétiques puissent
conduire à la mort subite en présence, par exemple, de facteurs déclenchants
environnementaux. Une anomalie primaire de la tolérance à l’hypercarbie ou
à l’hypoxémie, et donc la capacité à s’éveiller spontanément ou à se dégager
d’une position dangereuse, pourrait être en cause. De rares cas d’infanticide
par suffocation peuvent être classés erronément comme des syndromes de mort
subite, en l’absence de signes spécifiques au moment de l’examen clinique et
de l’autopsie.
1092 Syndrome de sevrage néonatal
Prévention
Parmi les principaux facteurs de risque, notons le sommeil en décubitus ventral,
sur une surface molle ou dans un environnement surchauffé. Le risque associé
au décubitus ventral est plus élevé lorsque l’enfant dort sur le ventre pour la
première fois. Le décubitus latéral est plus sécuritaire, mais non recommandé,
de crainte que l’enfant ne bascule sur le ventre. Le décubitus dorsal est la posi-
tion de sommeil jugée la plus sûre. Malgré les campagnes de prévention, une
proportion élevée d’enfants dorment encore sur le ventre ; la sensibilisation doit
donc se poursuivre. Il est toutefois approprié que les parents placent l’enfant sur
le ventre lorsqu’il est éveillé et sous leur surveillance : cette pratique permet de
contrer l’effet qu’une position prolongée sur le dos pourrait avoir sur le déve-
loppement des muscles, et elle réduit le risque de plagiocéphalie.
Le tabagisme durant la grossesse est un autre facteur important ; les enfants
nés de mères fumeuses ont un risque au moins deux fois plus élevé de mort
subite. L’exposition à la fumée secondaire après la naissance augmenterait éga-
lement ce risque.
Le partage du lit des parents augmente le risque de syndrome de mort
subite du nourrisson et d’étouffements accidentels sous un parent, un oreiller,
un édredon ou entre le matelas et une structure solide, particulièrement chez les
nourrissons âgés de moins de quatre mois. Ce risque est encore plus élevé en
présence d’un des facteurs suivants : consommation d’alcool, de drogue ou de
sédatifs, tabagisme, obésité et fatigue excessive de la part des parents.
L’utilisation de la sucette (suce) serait associée à un moindre risque de mort
subite. Elle semble réduire le niveau sonore nécessaire à l’éveil et aider à la res-
piration buccale. L’allaitement maternel exclusif serait également un facteur de
protection.
Il est donc recommandé de placer l’enfant en décubitus dorsal sur une surface
ferme, dénuée d’objets mous ou de couvertures libres, pour toutes les périodes
de sommeil. Le lieu de sommeil ne doit pas être surchauffé, et l’enfant ne doit
pas être trop couvert. Ce dernier ne devrait pas partager le lit parental au cours
des quatre premiers mois de la vie. On doit recommander aux futures mères
d’éviter le tabac. La sucette pourrait être utilisée pour le sommeil, de préférence
après le premier mois de vie chez les enfants allaités. Le monitorage à domicile
est inefficace pour prévenir la mort subite du nourrisson.
Généralités
Le syndrome de sevrage néonatal (SSNN) regroupe les signes et les symptômes
liés à l’abstinence qui peuvent se présenter chez le nouveau-né dont la mère a
consommé des substances toxiques pendant la grossesse. Dans les premières
descriptions du SSNN, on rapportait des nouveau-nés exposés, au cours de la
grossesse, à des opiacés, dont l’héroïne. Par la suite, le SSNN a été décrit avec
d’autres substances (voir encadré 242.1). Les manifestations cliniques du SSNN
surviennent chez plus de la moitié des nouveau-nés exposés aux opiacés ou aux
benzodiazépines durant une longue période de la grossesse.
Syndrome de sevrage néonatal 1093
• Barbituriques
• Benzodiazépines (chlordiazépoxide, diazépam, lorazépam)
• Éthanol
• Opiacés
– Buprénorphine
– Codéine
– Fentanyl
– Héroïne
– Méthadone
– Morphine
– Oxycodone
• Antidépresseurs
– Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine
– Tricycliques
– Venlafaxine
• Phencyclidine (PCP)
• Psychostimulants
– Cocaïne
– Métamphétamine
Manifestations cliniques
I. Considérations générales
Les manifestations cliniques du SSNN sont liées à l’hyperexcitabilité du système
nerveux autonome et s’observent dans tous les types de sevrage. Les principales
sont les suivantes : tachypnée, tremblements, irritabilité, insomnie, cris aigus,
1094 Syndrome de sevrage néonatal
Explorations
Lorsqu’on suspecte une exposition à des substances potentiellement toxiques
pour le fœtus pendant la grossesse, il est essentiel d’obtenir une histoire détail-
lée de la prise de substances par la mère. La recherche des drogues dans l’urine
peut se révéler utile, particulièrement lorsque l’histoire d’exposition est néga-
tive, mais seules les drogues consommées peu de temps avant l’accouchement
(de 12 à 48 heures pour l’héroïne) peuvent être décelées. Le taux de faux néga-
tif est donc élevé. La recherche de drogues dans le méconium et les cheveux
permet de détecter une exposition remontant à trois mois ; bien que sensibles,
ces méthodes sont rarement utilisées en clinique en raison de leur complexité.
Selon la symptomatologie, il est souvent indiqué de procéder à certaines ana-
lyses complémentaires (exemples : glycémie et calcémie en cas de convulsions,
bilan septique en cas de fièvre).
Traitement
Afin de juger de la gravité du SSNN, d’orienter le traitement et de mesurer ses
effets, on mesure le score de Finnegan (voir tableau 242.1) deux heures après la
naissance de l’enfant, puis toutes les quatre heures. Si le score est supérieur à 8,
Syndrome de sevrage néonatal 1095
la mesure est rapprochée toutes les heures ; par la suite, si le score redescend
à 7 ou moins pendant 24 heures, on peut le déterminer toutes les 4 heures. S’il
n’y a pas de symptôme après trois jours, on peut se contenter de déterminer le
score toutes les huit heures.
Environ 40 % des enfants présentant un SSNN ou une symptomatologie qui
s’y apparente en raison d’une toxicité n’ont besoin d’aucun médicament s’ils béné-
ficient d’un environnement favorable. Ces enfants doivent être observés dans un
endroit calme et sombre afin de réduire au minimum les stimuli sensoriels ; la
1096 Syndrome de sevrage néonatal
Généralités
Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une cause fréquente d’insuffi-
sance rénale aiguë chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Il est défini par
la triade diagnostique suivante :
1) anémie hémolytique avec des schizocytes au frottis sanguin ;
2) thrombopénie ;
3) insuffisance rénale aiguë.
La majorité des cas surviennent après un prodrome diarrhéique (SHU D+),
causé par un Escherichia coli producteur de shigatoxines ; le sérotype O157:H7
est fréquemment identifié. L’ingestion d’aliments contaminés par des selles de
bovins (viande mal cuite – on parle alors de « maladie du hamburger » –, fruits
ou légumes) est le principal mécanisme d’acquisition de la bactérie. La plupart
des cas surviennent de façon sporadique durant la période estivale.
Les mécanismes physiopathologiques du SHU D+ demeurent mal connus.
Les manifestations systémiques sont secondaires aux effets cytotoxiques des
shigatoxines sur l’endothélium ainsi qu’à la réponse inflammatoire qu’elle sus-
cite. Le terme « microangiopathie thrombotique » représente l’atteinte des cel-
lules endothéliales survenant au cours de la maladie et conduisant à l’occlusion
des capillaires par des dépôts de fibrine et des amas de plaquettes. Le rein est
l’organe cible le plus fréquemment atteint, car il présente une forte concentra-
tion de récepteurs pour les shigatoxines.
Le SHU D– inclut toutes les formes dites atypiques non associées à une
infection à E. coli producteur de shigatoxines. Dans la moitié des cas, des muta-
tions dans les gènes codant pour des protéines contrôlant l’activation de la voie
alterne du complément (facteur H, facteur I, protéine CD46) sont retrouvées. La
suractivation inappropriée et chronique de la voie alterne du complément est
alors responsable des lésions de microangiopathie thrombotique. Le SHU D– peut
aussi faire suite à une infection (empyème ou méningite) causée par le Strepto-
coccus pneumoniæ.
Le purpura thrombotique thrombopénique (PTT) est également une forme grave
de microangiopathie thrombotique dont les manifestations peuvent être similaires
à celles du SHU, même si, le plus souvent, les atteintes neurologique et hémato-
logique prédominent sur l’atteinte rénale. Cette affection touche majoritairement
l’adulte. Elle est causée par un déficit congénital ou acquis (auto-anticorps) de la
protéase du facteur de von Willebrand.
Manifestations cliniques
Dans le SHU D+, un certain nombre de signes et de symptômes assez caracté-
ristiques peuvent apparaître au cours des premiers jours suivant le début d’une
gastro-entérite, celle-ci étant le plus souvent accompagnée de rectorragies (colite
hémorragique) : pâleur, atteinte de l’état général, irritabilité, œdème, hématurie,
oligurie, hypertension artérielle, convulsions et coma. Le diagnostic doit être
évoqué chez un patient qui présente une prise de poids au cours d’un épisode
de diarrhée. Une myocardite, des lésions ischémiques cérébrales, une pancréa-
tite, un diabète ou un mégacôlon toxique se développent chez certains malades.
1098 Syndrome hémolytique et urémique
Explorations
L’hémogramme montre une thrombopénie et une anémie normochrome normocy-
taire qui résulte de l’hémolyse. Au frottis sanguin, on note la présence de globules
rouges fragmentés, appelés schizocytes. Le test de Coombs se révèle négatif, sauf s’il
s’agit d’un SHU causé par le S. pneumoniæ. Le coagulogramme s’avère normal dans
le SHU D+, mais il est souvent perturbé dans le SHU causé par le S. pneumoniæ.
L’urée sanguine et la créatininémie s’élèvent de façon variable, et une hyper-
kaliémie peut apparaître. Une protéinurie et une hématurie, présentes précocement,
signent l’atteinte glomérulaire. Une élévation des transaminases, de l’amylasémie
pancréatique, de la glycémie et de la troponine peut être présente et témoigne
alors des atteintes extrarénales citées ci-dessus. Une coproculture doit être effec-
tuée sur un milieu spécial pour la recherche de E. coli producteur de shigatoxines,
et l’on doit aussi rechercher les shigatoxines par PCR.
Traitement
Il consiste surtout en des mesures de soutien qui doivent être ajustées selon l’état
de l’enfant. Elles comprennent entre autres les éléments suivants : correction de
l’anémie par la transfusion de culots globulaires si l’hémoglobine est à 60 g/L
ou moins ; préservation de la diurèse par le maintien judicieux de la volémie et
l’administration de furosémide ; traitement de l’hyperkaliémie et de l’hypertension
artérielle si nécessaire. Environ la moitié des enfants ayant un SHU D+ néces-
sitent une dialyse durant la phase aiguë de la maladie. Les indications de dialyse
sont décrites dans le chapitre Insuffisance rénale aiguë. Pour un SHU D+, la
méthode d’épuration de choix demeure la dialyse péritonéale. L’hémodialyse est
utilisée en présence d’une atteinte intestinale majeure. Les transfusions plaquet-
taires sont contre-indiquées, sauf si l’on doit pratiquer une chirurgie qui risque
de provoquer un saignement ou en cas d’hémorragie active. Ainsi, on procède
à une transfusion plaquettaire pour la pose d’un cathéter de dialyse si le taux
de plaquettes est inférieur à 30 × 109/L.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement antishigatoxine, anti-
inflammatoire ou antithrombotique dont l’efficacité est démontrée pour modi-
fier l’histoire naturelle du SHU D+. En présence d’une atteinte neurologique,
et lorsqu’il persiste un doute quant à l’étiologie spécifique de la microangiopa-
thie, la plasmaphérèse est parfois utilisée durant la phase aiguë de la maladie,
mais aucune étude randomisée n’a permis de confirmer son efficacité dans ce
contexte. On doit éviter d’administrer des antibiotiques ou des agents antimo-
tilité au cours du prodrome entérique. Ils pourraient augmenter la libération et
l’absorption systémique de toxine.
Le traitement du SHU D– non associé à une infection à pneumocoque est
en cours de réévaluation. La plasmaphérèse avec substitution par du plasma frais
congelé est recommandée afin d’apporter en quantité suffisante les protéines non
fonctionnelles de régulation de la voie alterne du complément. L’éculizumab,
un anticorps monoclonal humanisé recombinant anti-C5, a été approuvé par la
Food and Drug Administration des États-Unis pour ce type de SHU.
Syndrome néphrotique 1099
Pronostic
Le taux de mortalité du SHU D+ est d’environ 3 à 5 %, les décès étant principa-
lement liés à l’atteinte neurologique. De 2 à 3 % des malades demeureront avec
une insuffisance rénale terminale au décours de la période aiguë. Dans la plupart
des cas, la fonction rénale se normalise, mais ces malades doivent être suivis de
façon régulière, car environ 25 % d’entre eux présenteront une protéinurie, une
hypertension artérielle ou un degré variable d’insuffisance rénale chronique à
distance de l’épisode aigu.
Généralités
Le syndrome néphrotique est une maladie qui se caractérise par des éléments cli-
niques (œdème) et paracliniques (protéinurie, hypoalbuminémie, hyperlipidémie). Il
est deux fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles, et l’âge le plus courant
à la présentation est de deux ans. En pédiatrie, la majorité des syndromes néphro-
tiques sont idiopathiques. Certains enfants, particulièrement ceux qui se présentent
durant la première année de vie ou à l’adolescence, sont porteurs d’une mutation
d’un gène codant pour une protéine du podocyte, ce qui provoque une anomalie
structurale de la barrière de filtration glomérulaire. Une faible proportion des cas peut
être secondaire à des agents infectieux (exemple : virus de l’hépatite B), à des médi-
caments (exemple : anti-inflammatoires non stéroïdiens), à une maladie systémique
(exemple : lupus érythémateux disséminé) ou à une néoplasie.
La pathogenèse du syndrome néphrotique idiopathique n’est pas connue
précisément. Chez les patients dont la néphrose est corticosensible, il y aurait
une anomalie immunitaire sous-jacente pouvant impliquer un facteur circulant
qui altère la perméabilité de la barrière de filtration glomérulaire.
Dans plus de 75 % des cas, les lésions histologiques observées sont des
lésions glomérulaires minimes ; dans ces circonstances, le syndrome néphrotique
est habituellement « pur », c’est-à-dire sans élément néphritique comme de l’héma-
turie ou de l’hypertension artérielle, et il répond bien à la corticothérapie. Envi-
ron 10 % des patients présentent des lésions de hyalinose segmentaire et focale.
Dans ces cas, le syndrome néphrotique est souvent « impur », et la présentation
est généralement plus tardive (âge médian de six ans) que celle du syndrome
néphrotique avec lésions glomérulaires minimes. Soixante-dix pour cent des syn-
dromes néphrotiques avec hyalinose segmentaire et focale sont corticorésistants.
Manifestations cliniques
À l’anamnèse, on trouve souvent un élément déclencheur tel qu’une infection des
voies respiratoires supérieures, un vaccin ou une piqûre d’insecte. Initialement, la
1100 Syndrome néphrotique
maladie se manifeste par un œdème palpébral matinal ; cet œdème peut ensuite
s’étendre notamment aux membres inférieurs et, chez le garçon, au scrotum. De
l’ascite et des épanchements pleuraux peuvent survenir. Dans la plupart des cas,
la pression artérielle est normale, et il n’y a pas d’hématurie.
Explorations
On confirme le diagnostic en mettant en évidence une protéinurie massive à
l’aide d’une bandelette réactive. En théorie, la protéinurie doit être supérieure
à 0 mg/kg/24 h chez l’enfant ou à 3 g/24 h chez l’adulte. En pratique, il est
généralement inutile de mesurer la protéinurie de 24 heures au moment de la
présentation initiale. Le sédiment urinaire ne montre habituellement pas de glo-
bules rouges ni de cylindres. L’albuminémie est inférieure à 30 g/L. On procède
aux épreuves paracliniques suivantes : hémogramme (une hémoconcentra-
tion ou une thrombocytose peuvent être présentes), ionogramme sérique (une
hyponatrémie de dilution est parfois observée), urée sanguine et créatininémie,
bilan lipidique et dosage du complément C3 (celui-ci est normal dans les lésions
glomérulaires minimes ou dans la hyalinose segmentaire et focale, tandis qu’il est
souvent abaissé dans la glomérulonéphrite membranoproliférative). Il est indiqué
de rechercher des anticorps antinucléaires chez les enfants âgés de 10 ans ou
plus ou chez ceux qui présentent des signes de lupus érythémateux disséminé.
Une sérologie de l’hépatite B, de l’hépatite C et du virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) est requise chez les patients appartenant à une population à risque.
Une biopsie rénale n’est pas indiquée d’emblée si la présentation reste
typique ; on présume alors qu’il s’agit de lésions glomérulaires minimes. Les indi-
cations de biopsie rénale sont les suivantes : âge inférieur à 1 an ou de 12 ans ou
plus, résistance aux corticostéroïdes, insuffisance rénale, complément C3 abaissé,
signes ou symptômes extrarénaux évoquant une maladie systémique (exemple :
lupus érythémateux disséminé), hématurie macroscopique ou hypertension arté-
rielle suggérant une histologie autre que des lésions glomérulaires minimes. On
peut également décider de procéder à une biopsie rénale en cas de rechutes
fréquentes ou de corticodépendance.
Une analyse génétique peut être indiquée chez certains patients, particu-
lièrement ceux ayant un syndrome néphrotique congénital ou infantile et ceux
qui présentent un syndrome néphrotique corticorésistant.
Traitement
La décision d’hospitaliser le patient ou non repose sur l’importance de l’œdème
(incluant la quantité d’ascite et des épanchements pleuraux) ainsi que sur la
présence de certaines complications (voir ci-après).
Le traitement initial consiste en l’administration de prednisone à raison de
2 mg/kg/24 h PO en 1 ou 2 doses (max : 60 mg) pendant 4 à 6 semaines, puis
on diminue la dose à 1,5 mg/kg (max : 40 mg) 1 jour sur 2 pendant 4 à 6 autres
semaines, avec un sevrage graduel sur environ 2 à 3 mois. Certaines études ont
démontré un bénéfice à administrer une thérapie plus prolongée, incluant
une période de sevrage. La durée totale du traitement initial peut donc varier
selon l’équipe traitante. Environ 75 % des enfants ayant un syndrome néphro-
tique idiopathique entrent en rémission (définie par l’absence de protéines ou
la présence de traces seulement sur la bandelette urinaire durant trois jours
consécutifs) dans les deux semaines suivant le début de la corticothérapie.
Syndrome néphrotique 1101
Complications
Le risque principal est celui des infections, particulièrement aux bactéries encap-
sulées ; on doit redouter les septicémies fulminantes et la péritonite primaire à
Streptococcus pneumoniæ. Tout épisode de douleur abdominale grave constitue
un signal d’alarme, la fièvre pouvant être absente lorsque le patient reçoit des
corticostéroïdes. Le patient est plus vulnérable non seulement en raison de la
corticothérapie mais aussi par perte urinaire de facteurs immunitaires, dont les
immunoglobulines. Le vaccin conjugué et le vaccin polysaccharidique contre le
pneumocoque, ainsi que le vaccin antigrippal sont recommandés pour les enfants
traités pour un syndrome néphrotique.
Le syndrome néphrotique est également associé à un état d’hypercoagula-
bilité, notamment par perte urinaire de facteurs fibrinolytiques (protéines C, S,
antithrombine III). Une thrombophlébite, compliquée ou non d’embolie pul-
monaire, une thrombose des veines rénales et des thromboses intracrâniennes
peuvent survenir.
Lorsque le syndrome néphrotique persiste, on peut voir s’installer un état
de malnutrition découlant d’une anorexie ou d’une malabsorption secondaires à
la maladie ; il accroît le risque d’infections et compromet la croissance de l’enfant.
Pronostic
Les syndromes néphrotiques peuvent être classifiés selon la réponse aux cor-
ticostéroïdes. Environ 90 % sont corticosensibles et 30 % ne présentent qu’un
seul épisode ou de rares rechutes. La majorité sont des « rechuteurs fréquents »
(≥ 4 fois/an) ou sont « corticodépendants », c’est-à-dire qu’ils répondent au traite-
ment initial avec une rémission complète, mais ils présentent une rechute alors
1102 Tétanos
qu’ils sont encore traités avec des corticostéroïdes ou dans les deux semaines
après le sevrage de la corticothérapie. Un syndrome néphrotique « corticorésis-
tant » est défini par une absence de rémission après quatre semaines de prise
de corticostéroïdes.
Le facteur pronostique le plus important pour le maintien d’une fonction
rénale normale à long terme est la réponse initiale à la corticothérapie. Le pro-
nostic du syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes est habituel-
lement excellent. Au moins 50 % des patients atteints de syndrome néphrotique
corticorésistant progressent vers l’insuffisance rénale terminale. Le taux de morta-
lité du syndrome néphrotique est faible (< 5 %) ; les infections et les thromboses
sont d’importantes causes de décès dans cette maladie.
Tétanos 245
Benoît Carrière, Chantal Buteau
Généralités
Le tétanos est une maladie neurologique souvent mortelle (dans 10 à 30 % des
cas) causée par une puissante exotoxine sécrétée par le Clostridium tetani.
L’incidence et la mortalité ont chuté rapidement après l’introduction du vaccin
en 1940. Cependant, certains groupes demeurent à risque, dont les personnes
non vaccinées ou dont la vaccination est incomplète (incluant les immigrants),
les personnes de plus de 60 ans, les utilisateurs de drogues intraveineuses, les
diabétiques et les femmes enceintes. Les complications du tétanos peuvent être
éliminées grâce à des soins de plaies adéquats et à la vaccination universelle.
Les professionnels de la santé doivent se préoccuper des mesures de pré-
vention qui s’imposent chaque fois qu’un patient se présente avec une plaie
souillée surtout par de la poussière, de la terre, des selles, de la salive (exemple :
morsure animale ou humaine), une plaie pénétrante (exemple : clou rouillé), une
brûlure grave (incluant les engelures) ou un polytraumatisme.
Prévention
La première mesure demeure toujours le nettoyage et le débridement des plaies.
L’immunisation peut être active (vaccin ou anatoxine) ou passive (immunoglo-
buline antitétanique ou antitoxine) et doit être administrée le plus tôt possible.
La décision repose sur la nature des lésions et sur l’état vaccinal du patient (une
preuve écrite est nécessaire).
1) Vaccin
Pour toute plaie, il est indiqué de vacciner un patient dont le statut vaccinal est
incertain ou incomplet (moins de 3 doses) ou dont le dernier rappel date de
plus de 10 ans (plus de 5 ans dans le cas d’une plaie contaminée).
Une dose de vaccin contre la diphtérie et le tétanos associée à toute autre
composante appropriée en fonction de l’âge et des antécédents vaccinaux
du patient est recommandée aux enfants âgés de deux mois à six ans : DCaT-
Hib-Polio-hépatite B ou DCaT-Hib-Polio pour les enfants âgés de moins de quatre
ans, dcaT-Polio (Québec) ou DCaT-polio (France) entre l’âge de quatre et six ans.
Une dose de dcaT est donnée après l’âge de six ans (voir Vaccinations). S’il
Thrombocytose 1103
s’agit d’une primovaccination, des doses subséquentes doivent être prévues pour
compléter la série vaccinale. Une réaction anaphylactique à une dose précédente
est la seule contre-indication absolue à la vaccination.
2) Immunoglobulines antitétaniques humaines
Il est indiqué d’administrer des immunoglobulines antitétaniques humaines dans
les cas suivants : plaie souillée (incluant les morsures animales ou humaines) ou
pénétrante ; brûlures graves ou polytraumatisme chez un patient dont le statut
vaccinal est incertain ou incomplet (moins de trois doses) ; patient présentant
un trouble de l’immunité humorale (exemples : syndrome d’immunodéficience
acquise [SIDA], greffe de moelle osseuse), quelle que soit l’histoire vaccinale,
sauf s’il s’agit d’une plaie propre ou mineure.
La dose standard d’immunoglobulines est de 250 unités IM quel que soit
l’âge ; elle devrait être administrée à un site différent du vaccin, idéalement en
même temps (ou dans un délai de 72 heures), et jusqu’à un maximum de 14 jours
après la vaccination.
Thrombocytose 246
Karine Doyon, Rochelle Winikoff
Généralités
Il est question de thrombocytose lorsque le décompte plaquettaire est supérieur
à 400 × 109/L. C’est un problème fréquent en pédiatrie ; environ 15 % des enfants
peuvent présenter un épisode de thrombocytose. L’étiologie peut être primaire ;
il s’agit alors de thrombocytose essentielle, affection qui fait partie des symp-
tômes myéloprolifératifs. Elle est cependant beaucoup plus souvent secondaire
ou « réactionnelle ». Les principales étiologies secondaires sont mentionnées dans
le tableau 246.1 ; les causes infectieuses comptent pour de 30 à 80 % d’entre elles.
Manifestations cliniques
Sauf dans les syndromes myéloprolifératifs, dont 30 % présentent des manifes-
tations thrombotiques ou hémorragiques, il n’y a pas d’autres symptômes que
ceux de la maladie causale.
Explorations
Les seules explorations utiles sont la recherche de la cause, bien qu’elle soit
le plus souvent apparente, et celles que nécessite la maladie responsable de la
thrombocytose.
Traitement
La plupart du temps, aucun traitement spécifique n’est nécessaire, même si les
plaquettes sont supérieures à 1 000 × 109/L. Les exceptions sont les maladies
sous-jacentes qui augmentent le risque de thrombose telles que la maladie de
Kawasaki et la thrombocytose post-splénectomie ; dans ces cas, l’administration
d’un antiplaquettaire comme l’acide acétylsalicylique ou le dipyridamole est
nécessaire (voir Maladie de Kawasaki) ou doit être discuté (post-splénectomie).
1104 Thrombopénie
Complications
La thrombose est une complication majeure, mais rare des thrombocytoses
secondaires.
Pronostic
Le pronostic dépend de la maladie causale. La plupart des thrombocytoses
secondaires ont un excellent pronostic ; elles régressent spontanément avec la
résolution du problème sous-jacent.
Thrombopénie 247
Uyen-Phuong Nguyen, Yves Pastore
Généralités
On parle de thrombopénie lorsque le taux de plaquettes est inférieur
à 150 × 109/L. La thrombopénie est légère lorsque les plaquettes se situent
entre 100 et 149 × 109/L, modérée lorsqu’elles sont entre 20 et 99 × 109/L et
sévère lorsque la numération plaquettaire est inférieure à 20 × 109/L. Une throm-
bopénie légère demeure habituellement asymptomatique, sans risque accru
de saignement. Lorsque le taux de plaquettes se situe entre 50 et 99 × 109/L,
le risque de saignement augmente seulement en cas d’intervention chirurgicale
majeure ; lorsque la thrombopénie est entre 20 et 49 × 109/L, un traumatisme,
même mineur, peut provoquer un saignement. Une thrombopénie inférieure
à 20 × 109/L peut provoquer des saignements spontanés importants suscep-
tibles de menacer la vie.
Une thrombopénie peut être transitoire ou chronique. Elle peut résulter
d’une insuffisance de production par la moelle, d’une destruction exagérée en
périphérie ou d’une séquestration (voir tableau 247.1) ; il arrive que plusieurs de
Thrombopénie 1105
Approche clinique
I. Anamnèse
L’anamnèse précise l’âge d’apparition de la thrombopénie, la prise de médica-
ments et certains symptômes tels que la fièvre, la perte de poids, la fatigue, des
douleurs osseuses et des ménorragies. La présence de comorbidités telles que
des malformations congénitales ou une surdité neurosensorielle peut faire évoquer
certains syndromes (exemple : affections associées aux mutations du gène MYH9
tel le syndrome de May-Hegglin). Une thrombopénie congénitale à transmission
autosomique dominante peut être suspectée en cas d’anamnèse familiale positive,
et une transmission autosomique récessive est évoquée en cas de consanguinité
(exemple : maladie de Bernard-Soulier).
1106 Thrombopénie
III. Explorations
Le diagnostic différentiel repose sur une bonne connaissance du contexte clinique et
de la fréquence relative des différentes causes de thrombopénie (voir tableau 247.1).
L’hémogramme, incluant la numération et le volume des plaquettes, oriente
l’approche clinique initiale. Un volume plaquettaire légèrement élevé peut suggé-
rer une destruction excessive, un volume nettement augmenté (formes géantes)
suggère une thrombopathie congénitale (exemple : maladie de Bernard-Soulier)
alors qu’un volume abaissé évoque le syndrome de Wiskott-Aldrich. L’analyse du
frottis sanguin périphérique est essentielle, à la recherche d’anomalies morpho-
logiques plaquettaires et celles d’autres lignées. En cas d’agrégats plaquettaires,
on évoque une thrombopénie factice. La présence de schizocytes (schistocytes)
suggère un processus microangiopathique ; la découverte de blastes doit faire
évoquer une leucémie, alors que la présence de lymphocytes atypiques peut
suggérer une infection virale.
Selon le contexte clinique, d’autres examens tels qu’une créatininémie, un
sédiment urinaire, un test de Coombs, un coagulogramme, la mesure des produits
de dégradation de la fibrine, un dosage des immunoglobulines, des anticorps
antinucléaires ou des cultures de selles (recherche de Escherichia coli 0157:H7)
peuvent être effectués. Il peut être indiqué de rechercher une infection par le virus
de l’immunodéficience humaine (VIH). Dans les cas de thrombopénie néonatale,
un décompte plaquettaire chez la mère permet de différencier la thrombopénie
allo-immune de la thrombopénie auto-immune. Une ponction de moelle doit
également être discutée en cas d’atteinte d’autres lignées sanguines, de spléno-
mégalie, d’hépatomégalie ou de poly-adénopathies.
Traitement
Le traitement dépend avant tout de la cause de la thrombopénie (voir section
Principales entités cliniques, ci-après).
Dans plusieurs cas, les transfusions de plaquettes constituent le traitement
principal ; elles sont indiquées en cas de thrombopénie sévère accompagnée de
saignements actifs ou en cas de thrombopénie modérée, en préparation d’une
intervention invasive. On transfuse habituellement 1 unité de plaquettes/10 kg
(max : 5 unités) ou 10 mL/kg chez les nouveau-nés et les nourrissons de moins
de 5 kg (cela étant exprimé en unités de plaquettes issues de dons de sang total)
en vérifiant la numération plaquettaire par la suite. En général, on obtient une aug-
mentation du taux plaquettaire de 40 à 50 × 109/L une heure après la transfusion.
Thrombopénie 1107
Généralités
La thrombopénie immune (TPI, anciennement appelée purpura thrombopénique
idiopathique) résulte d’un processus immunologique au cours duquel des anti-
corps antiplaquettaires provoquent la destruction des plaquettes par le système
réticulo-endothélial. Son incidence est d’environ 2 à 8/100 000 enfants par année.
Elle survient à un âge moyen de 5 à 6 ans, 70 % des cas étant diagnostiqués entre
l’âge de 1 et 10 ans. On parle de TPI aiguë dans les trois premiers mois suivant
le diagnostic, de TPI persistante lorsque la thrombopénie dure plus de trois mois
et de chronique lorsqu’elle est toujours présente au-delà de une année.
Manifestations cliniques
Le plus souvent, l’enfant se présente avec des pétéchies, des ecchymoses dissé-
minées et parfois des saignements des muqueuses, sans fièvre. L’état général est
conservé, et il n’y a pas d’autres anomalies à l’examen physique telles qu’une
hépatosplénomégalie ou des adénopathies. Chez près des deux tiers des enfants
atteints, les symptômes apparaissent dans les semaines suivant un épisode viral
et, plus rarement, à la suite d’une vaccination, en particulier après le vaccin
contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (le risque de présenter une TPI
avec ce vaccin est toutefois très faible). La thrombopénie peut parfois être une
découverte fortuite chez un patient asymptomatique.
Explorations
L’hémogramme permet de confirmer la présence d’une thrombopénie isolée.
On n’y retrouve aucune autre anomalie permettant d’orienter le diagnostic vers
Thrombopénie immune 1109
Traitement
Il n’y a pas de preuve que le traitement diminue la morbidité, la mortalité ou le
risque d’évoluer vers la chronicité chez l’enfant atteint de TPI aiguë. Le traite-
ment permet cependant d’accélérer l’atteinte d’un taux de plaquettes jugé plus
sécuritaire. Trois traitements sont souvent utilisés en première ligne : les corti-
costéroïdes, les immunoglobulines intraveineuses (IgIV) et les anticorps anti-D.
À moins d’une complication hémorragique grave, une transfusion plaquettaire
n’est pas indiquée.
1) Corticostéroïdes : plusieurs schémas d’administration sont décrits. Parmi ceux-ci,
on retrouve les suivants.
1110 Thrombopénie immune
Complications
La complication la plus redoutée de la TPI est l’hémorragie, mais le risque est
faible. Une hémorragie intracrânienne peut survenir dans moins de 1 % des cas
et des hémorragies graves telles qu’une épistaxis importante ou une hémorra-
gie digestive sont observées dans moins de 3 % des cas. Les enfants âgés de
moins de trois ans, ceux présentant des saignements muqueux et ceux atteints
de thrombopénie profonde (< 10 × 109/L) semblent plus à risque de complica-
tion hémorragique.
Thromboses veineuses et artérielles 1111
Pronostic
La TPI chez l’enfant est une maladie aiguë, spontanément résolutive dans plus
de 75 % des cas. Le risque de chronicité augmente avec l’âge, les enfants âgés de
plus de 10 ans étant davantage à risque.
Thromboses veineuses
I. Généralités
La maladie veineuse thrombo-embolique est une affection grave. Elle inclut la
thrombose veineuse et l’embolie pulmonaire. Elle est beaucoup plus rare chez l’en-
fant que chez l’adulte. Son incidence, tous âges confondus, est de 1/1 000/année
dans les pays développés, et elle augmente progressivement depuis ces dernières
années. Il y a deux pics d’incidence en pédiatrie : l’un avant l’âge de un an et
l’autre à l’adolescence. Les thromboses veineuses sont plus fréquentes chez l’en-
fant que les thromboses artérielles.
Dans la presque totalité des cas chez l’enfant et l’adolescent, on trouve un
ou plusieurs facteurs de risque sous-jacents : présence d’un cathéter veineux
central, infections, coagulation intravasculaire disséminée, interventions chirur-
gicales, traumatismes ou immobilisation (paralysie, phase postopératoire), cer-
taines maladies (anémie falciforme [drépanocytose], maladies inflammatoires et
auto-immunes, syndrome néphrotique, néoplasie), polycythémie et asphyxie
néonatales, prise de contraceptifs oraux œstrogéniques, grossesse et obésité.
La thrombopénie induite par l’héparine cause paradoxalement des thromboses
(voir section Complications de l’anticoagulation, plus loin). Plusieurs anomalies
biologiques héréditaires ou acquises, appelées thrombophilies, peuvent éga-
lement prédisposer aux thromboses, et plus particulièrement aux thromboses
veineuses. Les thrombophilies héréditaires les plus importantes sont les déficits
en inhibiteurs physiologiques de la coagulation (antithrombine, protéine C et
protéine S), la mutation G20210A de la prothrombine (facteur II) et le facteur V
Leiden. Parmi les causes acquises, il faut compter le syndrome des antiphospho-
lipides (anticoagulant lupique, anticardiolipines ou anti-B2-glycoprotéine I). La
majorité des thrombo-embolies veineuses chez l’enfant sont liées à une cause
préexistante, même en présence d’une thrombophilie sous-jacente.
La fréquence relative de thrombose veineuse des membres supérieurs est
élevée chez l’enfant, atteignant plus de la moitié des cas dans certaines études.
Elle est le plus souvent liée à la présence d’un cathéter veineux central.
III. Explorations
Le diagnostic clinique d’une thrombose veineuse n’est pas spécifique. L’échogra-
phie Doppler avec compression est un examen très sensible et très spécifique
pour les thromboses des membres inférieurs et, dans une moindre mesure, pour
celles des membres supérieurs. En cas de suspicion clinique élevée de thrombose
et d’une échographie Doppler négative, le Doppler peut être répété de cinq à
sept jours plus tard, dans le but de détecter l’extension proximale d’une phlébite
qui serait passée inaperçue ; s’il s’agit des membres supérieurs, le bilan peut être
complété au moyen d’une angiographie par résonance magnétique nucléaire ou
d’une angiographie par tomodensitométrie.
Si l’on suspecte une embolie pulmonaire, il est important de prescrire une
radiographie pulmonaire, cet examen pouvant suggérer un autre diagnostic.
L’examen initial de choix reste cependant la scintigraphie ventilation/perfusion
ou l’angiographie par tomodensitométrie. Les deux méthodes sont considérées
comme équivalentes pour infirmer ou confirmer le diagnostic. La scintigraphie
ventilation/perfusion expose l’enfant à moins de radiation ; l’angiographie par
tomodensitométrie est préférée pour les patients intubés ou instables. On peut
également poser un diagnostic d’embolie pulmonaire par échocardiographie,
en visualisant un thrombus dans l’artère pulmonaire, en cas d’urgence dia-
gnostique par exemple. L’échocardiographie permet, entre autres, d’évaluer le
retentissement de l’embolie sur la fonction ventriculaire droite. La mesure des
D-dimères ne doit pas être utilisée pour exclure une thrombo-embolie chez
l’enfant, car contrairement à la situation observée chez l’adulte, les résultats ne
sont pas fiables.
Les facteurs de risque cliniques jouant un rôle plus important qu’une éven-
tuelle thrombophilie sur le risque de récidive, et donc sur la durée de l’anticoa-
gulation, un dépistage de thrombophilie ne modifie pas, en général, la prise en
charge du patient. Dans les cas de thrombo-embolies spontanées, les avantages tels
que la durée d’anticoagulation et le counseling génétique familial de même que
les inconvénients (exemple : assurabilité) d’un dépistage de thrombophilie doivent
être individualisés. Si l’on décide de procéder à celui-ci, il est important d’effec-
tuer les prélèvements à distance de l’épisode thrombotique et sans traitement
anticoagulant.
IV. Traitement
1) Traitement initial
Thrombose veineuse profonde
• Anticoagulation : le traitement de la thrombose veineuse profonde vise à
prévenir son extension, à diminuer la mortalité consécutive à une embolie
Thromboses veineuses et artérielles 1113
2) Traitement d’entretien
Une anticoagulation efficace doit être assurée pour un minimum de trois mois.
Le traitement est prolongé en cas de persistance de facteurs de risque importants.
Les HBPM ont une efficacité comparable à celle des antivitamines K (warfarine)
et peuvent être utilisées pour la durée totale du traitement d’entretien. La posolo-
gie d’entretien des HPBM est la même que pour le traitement initial. La transition
au traitement d’entretien avec de la warfarine peut être entreprise dès le premier
jour d’héparinothérapie. La dose initiale de warfarine est de 0,2 mg/kg/24 h PO
en 1 seule prise (max : 10 mg). Le traitement est ensuite ajusté 48 heures plus tard,
selon le temps de prothrombine exprimé en ratio normalisé international (INR ou
International Normalized Ratio) (cible : de 2 à 3). L’héparine standard (ou l’HBPM
selon le cas) est cessée après deux INR thérapeutiques, deux jours de suite. On
peut surveiller l’INR par microméthode chez l’enfant stabilisé. Les HBPM sont de
loin préférées aux antivitamines K chez le jeune enfant, l’ajustement de ces der-
nières étant difficile et variable en fonction de l’alimentation, de l’absorption diges-
tive et des autres médicaments.
V. Complications
1) Complications des thromboses veineuses
Des rechutes et un syndrome post-thrombotique (œdème chronique, douleur,
pigmentation et induration de la peau, ulcères cutanés) peuvent survenir à la
suite d’une thrombose veineuse d’un membre. Les récidives de thrombose après
l’arrêt du traitement sont soignées de la même façon qu’un épisode initial, mais
la durée du traitement d’entretien est généralement prolongée.
2) Complications de l’anticoagulation
Les principales complications de l’anticoagulation sont les hémorragies, la throm-
bopénie induite par l’héparine et l’ostéoporose (en cas de traitement à long terme).
La thrombopénie induite par l’héparine est causée par la présence d’IgG
réagissant avec un complexe d’héparine et de facteur plaquettaire 4 (PF4). Elle
apparaît généralement de 5 à 10 jours après le début du traitement d’héparine
(elle peut apparaître plus rapidement s’il y a eu exposition antérieure). Elle est
moins fréquente avec les HBPM qu’avec l’héparine standard. Pour détecter cette
complication, il est indiqué de mesurer quotidiennement la numération des pla-
quettes durant le traitement initial à l’héparine : un taux de plaquettes inférieur
à 150 × 109/L ou une diminution de plus de 50 % par rapport à la valeur initiale
font évoquer ce diagnostic. Paradoxalement, cette complication est associée à
la survenue de thromboses artérielles et veineuses, avec une morbidité et une
mortalité élevées. On doit également penser à une thrombopénie induite par
l’héparine en cas de résistance à l’héparine (augmentation des doses requises
pour allonger le TCA) ou en cas d’apparition de nouvelle thrombose ou d’ex-
tension de la thrombose initiale. Lorsqu’on suspecte fortement ce diagnostic, il
Thromboses veineuses et artérielles 1115
VI. Prévention
L’utilisation systématique d’une prophylaxie antithrombotique chez l’enfant n’est
pas recommandée, y compris en période postopératoire ou dans un contexte de
traumatisme. L’indication d’héparine prophylactique doit être discutée au cas par
cas, en tenant compte de l’ensemble des facteurs de risque, incluant les facteurs
de risque biologiques. De même, la prévention de la thrombose sur cathéter vei-
neux central par de l’héparine n’a pas sa place, sauf en période néonatale et
possiblement dans le contexte d’alimentation parentérale ou de dialyse.
Thromboses artérielles
I. Généralités
La majorité des thromboses artérielles chez l’enfant touchent les extrémités,
particulièrement les membres inférieurs, et la plupart sont secondaires à un
cathétérisme cardiaque. Si le patient reçoit de l’héparine, on doit évoquer une
thrombopénie induite par l’héparine comme cause possible de la thrombose.
III. Explorations
L’absence de pouls à l’examen Doppler est utilisée en pratique pour le diagnos-
tic et le suivi de la thrombose artérielle des membres inférieurs. L’échographie
Doppler permet de visualiser le thrombus chez la majorité des patients. L’angio-
graphie demeure l’examen de référence.
IV. Traitement
Mesures générales Le membre atteint peut nécessiter un traitement spécifique
lié au facteur causal (exemple : traitement d’une fracture).
Héparine Plus des deux tiers des thromboses artérielles chez l’enfant se résolvent
avec de l’héparine. Contrairement aux thromboses veineuses, on préfère l’hépa-
rine standard aux HBPM, selon le même protocole d’administration que pour la
maladie veineuse thrombo-embolique (voir section Embolie pulmonaire, plus
haut). On poursuit le traitement pendant cinq à sept jours. Si la thrombose est
liée à un cathéter artériel, on doit retirer celui-ci.
Thrombolyse S’il n’y a pas de récupération rapide avec de l’héparine à
dose thérapeutique ou si la viabilité du membre est compromise, une fibri-
nolyse thérapeutique doit être amorcée. Ce traitement appartient au domaine
spécialisé. Rarement, une thrombectomie d’urgence doit être discutée, si la
fibrinolyse est contre-indiquée ou si le risque de perte de viabilité du membre
devient imminent.
1116 Tics et syndrome de Gilles de la Tourette
V. Complications
Les principales complications à court terme sont l’ischémie aiguë, avec la perte
de viabilité du membre, et le syndrome d’ischémie-reperfusion. Il existe un faible
risque d’amputation. Les complications à long terme sont l’inégalité des membres,
la claudication, la paraplégie et la perte d’accès artériel.
Généralités
Les tics sont des manifestations motrices ou sonores, soudaines, brèves et répé-
titives qui surviennent de façon semi-volontaire en réponse à une sensation ou
à une envie. Ils peuvent être simples (exemple : clignement des yeux) ou com-
plexes (gestes élaborés, émission de sons ou de mots). Ils sont souvent précé-
dés d’une sensation d’inconfort et de tension que la production du tic soulage.
Ils sont temporairement contrôlables par la volonté et exacerbés par le stress
et les émotions.
Les tics sont plus fréquents chez les garçons que chez les filles (de 1,5 à 9/1).
À l’âge scolaire, la prévalence des tics transitoires est de 5 à 20 %. Celle du syn-
drome de Gilles de la Tourette (SGT) est mal connue et varie selon les études
de 0,05 à 10/10 000.
ou des pertes de contrôle. C’est parfois en découvrant les tics, jusque-là ignorés
par l’enfant ou son entourage, que le médecin évoque la possibilité d’un SGT.
L’encadré 250.1 énumère les critères diagnostiques du SGT. Selon ces critères,
les tics doivent être présents avant l’âge de 18 ans ; on rapporte cependant de
rares cas qui débutent à l’âge adulte. Le diagnostic différentiel inclut les tics tran-
sitoires, les tics moteurs ou sonores chroniques, la compulsion et la stéréotypie.
Torticolis 251
Evelyne D. Trottier, Julie Dubé, Stefan Parent
Généralités
Le torticolis consiste en une inclinaison de la tête d’un côté, avec une rotation
vers le côté opposé. Il peut être congénital ou acquis.
Généralités
On parle de toux chronique lorsque sa durée dépasse nettement celle d’une
infection banale des voies respiratoires, soit plus de quatre semaines. Elle peut
être irritative ou productive.
Approche clinique
L’anamnèse et l’examen demeurent les outils de diagnostic les plus utiles. Quelques
explorations sélectionnées permettent ensuite de confirmer ou d’infirmer une
hypothèse clinique. Une radiographie pulmonaire est indiquée dans la presque
totalité des cas. Les principales affections à envisager dans le diagnostic diffé-
rentiel sont énumérées dans le tableau 252.1.
II. Asthme
À tout âge, l’asthme est une cause fréquente de toux persistante ou récidivante.
En plus de l’histoire personnelle, on recherche d’autres manifestations aller-
giques telles qu’une dermite atopique ou une rhinite allergique. Cependant, chez
le jeune enfant, les exacerbations d’asthme sont souvent déclenchées par des
infections virales des voies respiratoires supérieures, sans autre manifestation
d’atopie. Il importe de retracer de façon méticuleuse la chronologie de la toux
Toux chronique ou récidivante 1123
et les circonstances qui la déclenchent. Par exemple, une toux provoquée par
l’exercice ou survenant pendant le sommeil évoque l’asthme. L’anamnèse fami-
liale explore les manifestations d’atopie chez les autres membres de la famille.
La présence de râles sibilants facilite le diagnostic, mais ceux-ci sont souvent
absents. La radiographie pulmonaire peut parfois montrer une certaine disten-
sion ; cet examen a surtout pour but d’exclure d’autres diagnostics. Il y a parfois
une éosinophilie et une augmentation des IgE sériques. Chez l’enfant âgé de
plus de quatre ou cinq ans, les épreuves de fonction pulmonaire avec ou sans
provocation permettent de confirmer le diagnostic clinique. Chez l’enfant plus
jeune, elles sont impossibles à réaliser avec les moyens habituels, sauf dans cer-
tains centres spécialisés ; c’est pourquoi une épreuve thérapeutique de quelques
jours peut être utile. Par exemple, on utilise une association de salbutamol en
inhalation et de prednisone ou de prednisolone par voie orale.
V. Autres entités
Fibrose kystique (mucoviscidose) On doit rechercher cette maladie dans
tous les cas de toux chronique inexpliquée, surtout s’il s’agit d’un jeune enfant
et s’il présente également un retard pondéral.
Reflux gastro-œsophagien Il faut le suspecter surtout si l’enfant est jeune,
s’il a des régurgitations ou des vomissements persistants et si la toux a une pré-
pondérance nocturne. L’absence de troubles digestifs ne permet cependant pas
d’exclure ce diagnostic. Une pH-métrie de l’œsophage est donc indiquée dans
certains cas (voir Reflux gastro-œsophagien).
Corps étranger endobronchique Cette possibilité doit surtout être envisagée
chez l’enfant âgé de un à quatre ans. Une anamnèse minutieuse permet sou-
vent, mais pas toujours, de mettre en évidence un épisode d’étouffement avec
un aliment ou un petit objet. Des anomalies auscultatoires asymétriques peuvent
être présentes. La radiographie pulmonaire se révèle presque toujours anormale
lorsque le corps étranger est présent depuis un certain temps.
Bronchiectasies Elles peuvent être causées par une ou plusieurs infections
bronchiques, par une fibrose kystique, par un déficit immunitaire ou par une dys-
kinésie ciliaire.
Cardiopathie congénitale Plusieurs facteurs peuvent expliquer la toux per-
sistante dans ce cas : sensibilité particulière aux infections respiratoires, œdème
pulmonaire ou compression bronchique par une chambre cardiaque ou par un
vaisseau dilaté.
1124 Transfusions et réactions transfusionnelles
Toux psychogène Il s’agit d’un phénomène rare que l’on observe surtout chez
les enfants d’âge scolaire et les adolescents. La toux peut être particulièrement
sonore, souvent de type aboyant. Alors que la plupart des toux d’origine organique
persistent ou s’aggravent pendant le sommeil, la toux psychogène s’arrête pendant
la nuit, ce qui est presque pathognomonique. Une psychothérapie devient parfois
indiquée. La toux peut aussi faire partie du syndrome de Gilles de la Tourette.
Malformation congénitale Plusieurs malformations (exemple : compression
de la trachée par un vaisseau aberrant) peuvent être à l’origine d’une toux chro-
nique. La fistule trachéo-œsophagienne est rare. On doit la suspecter chez le
jeune enfant qui tousse ou s’étouffe en buvant et qui présente une distension
abdominale persistante et des infiltrats pulmonaires récidivants.
Tumeur thoracique Rares chez l’enfant, les tumeurs extrabronchiques ou
intrabronchiques peuvent être mises en évidence par la radiographie pulmonaire
et les autres types d’imagerie.
Anomalie de la déglutition Une toux chronique peut être causée par un
trouble de la déglutition. Celui-ci peut être isolé ou faire partie d’un tableau
d’encéphalopathie ou de maladie neuromusculaire.
Traitement
Il faut d’abord s’appliquer à rechercher et à traiter, si possible, la cause de la toux.
De façon exceptionnelle et chez un enfant âgé de plus de 12 ans, si celle-ci est
nocturne, irritative ou incapacitante, on peut considérer l’utilisation d’un antitussif
tel que la codéine sur une courte période (un ou deux jours), mais l’indication
et l’efficacité des antitussifs demeurent l’objet de controverse.
Transfusions
Les produits sanguins doivent être utilisés avec parcimonie parce que leur
administration n’est pas dénuée de risques. Ils peuvent être classés en deux
groupes : les produits labiles et les produits de fractionnement (aussi appelés
produits stables). On sélectionne le type de produit en fonction des besoins
du patient.
2) Plasma congelé
Le plasma congelé est disponible en unités d’environ 200 mL (500 mL pour les
plasmas d’aphérèse), entreposées à au moins –18 °C, pendant un an au maxi-
mum. Les unités doivent être décongelées dans des bains-marie ou des fours à
micro-ondes conçus spécialement à cet effet. Une fois décongelé et parvenu à la
température ambiante, le produit doit être utilisé dans un délai de quatre heures
et ne peut être recongelé.
Le plasma congelé contient tous les facteurs de coagulation. Les indications
de transfuser du plasma congelé sont la prévention ou le traitement de saigne-
ments cliniquement significatifs causés par un déficit de plusieurs facteurs de
coagulation (exemples : insuffisance hépatique, coagulation intravasculaire dis-
séminée, transfusion massive) ; pour un déficit isolé d’un facteur, on doit pri-
vilégier l’emploi de concentrés de facteur s’ils sont disponibles (voir Troubles
hémorragiques). On utilise aussi le plasma congelé au cours de plasmaphérèses
pour certaines affections (exemple : purpura thrombotique thrombopénique). Il
n’est pas indiqué pour les situations suivantes : expansion volémique (les cris-
talloïdes, les colloïdes synthétiques ou l’albumine sont préférables), correction
ou prévention d’une malnutrition, correction de l’hypogammaglobulinémie (les
immunoglobulines humaines sont préférables).
La posologie habituelle est de 10 à 20 mL/kg IV (max : 4 unités à la fois), à
répéter au besoin. L’effet se mesure selon la réponse clinique et les épreuves de
coagulation ; il est habituellement de courte durée. La vitesse d’administration
recommandée est d’environ trois heures.
3) Concentré de plaquettes
Les concentrés de plaquettes sont conservés à température ambiante, de 20 à 24 °C,
pendant cinq jours au maximum. Une agitation constante doit être effectuée afin
d’assurer une fonction plaquettaire optimale. Le volume d’une unité de plaquettes
varie selon le mode de préparation. Une unité de plaquettes issue d’un don de
sang total est d’environ 50 mL, tandis qu’une unité de plaquettes prélevées par
aphérèse ou par la méthode Buffy Coat (préparation qui utilise des plaquettes
provenant de quatre ou cinq dons de sang total) est de 150 à 400 mL.
On utilise les plaquettes pour la prévention ou le traitement des hémorra-
gies. Elles sont indiquées chez tout patient qui présente un saignement clini-
quement significatif causé par une thrombopénie ou une thrombopathie. Chez
le malade qui ne saigne pas, le seuil de plaquettes recommandé pour procéder
à la transfusion varie selon l’affection sous-jacente (exemples : < 10 × 109/L en
cas de thrombopénie non immune, < 50 × 109/L si une ponction lombaire est
envisagée, < 100 × 109/L en présence d’un trauma crânien). Il est contre-indiqué
de transfuser des plaquettes chez les patients présentant une thrombopénie
induite par l’héparine ou un purpura thrombopénique thrombotique. On doit
également éviter ce type de transfusion dans le purpura thrombopénique idiopa-
thique et le syndrome hémolytique et urémique, sauf si un saignement menace
la vie du patient.
Exprimée en unités de plaquettes issues de dons de sang total, la poso-
logie habituelle est de 1 unité/10 kg IV (max : 5 unités) ou 10 mL/kg chez les
nouveau-nés et les nourrissons de moins de 5 kg. La transfusion fait augmenter
le taux de plaquettes d’environ 50 × 109/L sauf s’il y a destruction augmen-
tée. L’effet est de courte durée. La vitesse d’administration recommandée est de
une heure (max : quatre heures).
Transfusions et réactions transfusionnelles 1127
4) Cryoprécipités
Les cryoprécipités sont entreposés à au moins –18 °C pendant un an au maxi-
mum. Ils contiennent du facteur VIII, du facteur XIII, du fibrinogène et du facteur
de von Willebrand en grande quantité. Ils sont utilisés chez les patients atteints
d’hypofibrinogénémie (congénitale ou acquise) et présentant un saignement
cliniquement significatif.
La posologie est de 1 unité/10 kg (max : 12 unités). Chaque transfusion aug-
mente le fibrinogène de 0,5 g/L. La vitesse d’administration recommandée est
de 30 minutes (max : 4 heures).
Réactions transfusionnelles
Les transfusions de produits sanguins labiles peuvent être accompagnées de
réactions transfusionnelles immédiates ou tardives et de complications diverses.
Les réactions immédiates surviennent habituellement durant la transfusion ou
dans les six heures suivant la fin de celle-ci. C’est pourquoi, chez tout patient
recevant une transfusion, il est nécessaire de surveiller étroitement les signes gé-
néraux (signes vitaux) ainsi que la présence de nouveaux symptômes durant
les 15 premières minutes, puis de façon régulière jusqu’à 6 heures après la
transfusion. Les réactions tardives peuvent survenir après quelques jours, quelques
semaines ou même quelques années.
I. Réactions immédiates
On doit suspecter plusieurs types de réactions transfusionnelles immédiates chez
tout patient recevant une transfusion et présentant une nouvelle symptomatologie.
Réaction fébrile non hémolytique C’est la réaction la plus fréquente (environ
1 cas sur 300 culots et 1 cas sur 20 concentrés de plaquettes) et la plus bénigne.
En plus de la fièvre, elle peut s’accompagner de frissons, de malaises, de cépha-
lées, de nausées ou de vomissements. Les symptômes surviennent habituellement
vers la fin ou après la fin de la transfusion. La réaction serait médiée par des
anticorps du receveur qui se lient aux leucocytes du sang donné, ce qui permet
l’activation du complément et la production de cytokines, ou par des substances
biologiques actives qui s’accumulent durant la conservation. Le seul traitement
est l’administration d’acétaminophène (paracétamol) pour réduire la fièvre ou
atténuer les frissons. Les corticostéroïdes et les antihistaminiques sont inutiles.
Réaction hémolytique aiguë C’est la réaction la plus rare (environ 1 cas
sur 50 000 unités de produits sanguins), mais elle est aussi beaucoup plus grave.
Elle se définit par une lyse ou une destruction accélérée des globules rouges
chez le transfusé, causée par une incompatibilité immunologique (les anticorps
du receveur réagissent aux globules rouges du donneur, ceux-ci possédant
l’antigène correspondant). L’incompatibilité ABO demeure la plus fréquente
et la plus grave. Une erreur humaine en est la cause dans la majorité des cas.
L’hémolyse se manifeste par de l’hémoglobinémie, de l’hémoglobinurie et une
anémie aiguë. Le patient présente aussi de la fièvre, des frissons, des malaises
1128 Transfusions et réactions transfusionnelles
Réaction hypotensive isolée Elle est de plus en plus reconnue (environ 1 cas
sur 25 000 unités de produits sanguins), bien que son étiologie soit encore incer-
taine. Elle serait probablement causée par la production de bradykinine lorsque
le produit sanguin est exposé à une surface chargée négativement (exemple :
filtre), lorsque le patient reçoit un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’an-
giotensine ou, possiblement, chez les malades qui métabolisent lentement la
bradykinine. Ces réactions sont caractérisées par une hypotension isolée, par-
fois accompagnée de flush ; elles surviennent rapidement après le début de la
transfusion. Elles sont plus fréquentes avec les transfusions de plaquettes. Si ce
type de réaction survient, il faut cesser la transfusion et administrer un traite-
ment de soutien.
TRALI (transfusion related acute lung injury) ou syndrome respiratoire
aigu post-transfusionnel Il est maintenant reconnu comme une des réac-
tions transfusionnelles les plus dangereuses (environ 1 cas sur 40 000 unités de
produits sanguins). Il peut survenir au moment de l’administration de tout pro-
duit sanguin contenant du plasma, même en quantité très faible. Il serait causé
par une réaction immunologique entre certains anticorps du donneur contenus
dans le plasma et certains antigènes présents sur les leucocytes du receveur
(ou rarement vice-versa). Une autre hypothèse suggère que les neutrophiles
du receveur sont déjà activés par un facteur prédisposant (infection, chirurgie
récente), puis sont réactivés par le plasma du donneur, qui contient des lipides
biologiques actifs et des anticorps. Cette réaction se manifeste par un syndrome
de détresse respiratoire aiguë de gravité variable, avec œdème pulmonaire non
cardiogénique et hypoxémie. D’autres symptômes accompagnateurs sont l’hy-
potension, la tachycardie et la fièvre. La radiographie pulmonaire démontre un
infiltrat alvéolaire et interstitiel diffus. La réaction survient habituellement dans
un délai de 6 heures après le début de la transfusion, et l’on note une amélio-
ration clinique en 48 à 96 heures. La mortalité associée est d’environ 5 à 15 %.
Si l’on observe ce type de réaction, il faut cesser immédiatement la transfusion
et administrer un traitement de soutien, incluant de l’oxygène (nécessaire dans
tous les cas) et une ventilation mécanique (indiquée dans environ 70 % des cas).
On doit rapporter tout TRALI suspecté à la banque de sang, puisque les autres
produits du donneur doivent être retirés.
Surcharge volémique Une transfusion peut entraîner une surcharge volé-
mique (environ 1 cas sur 6 000 unités de produits sanguins). Les patients les
plus à risque sont ceux qui ont une réserve cardiaque diminuée ou une anémie
chronique (Hb < 50 g/L), les nourrissons et les personnes âgées. Le symptôme
principal est la détresse respiratoire avec hypoxémie, accompagnée de tachycar-
die et d’hypertension artérielle. Si cette réaction survient, la transfusion doit être
cessée, et il faut administrer un traitement de soutien avec oxygène et diurétiques.
On peut prévenir cette réaction chez les patients à risque en transfusant lente-
ment le produit sanguin (pas plus de 1 mL/kg/h), en divisant la transfusion ou
en administrant des diurétiques de manière prophylactique
III. Complications
1) Transfusions massives
Lorsqu’on transfuse plus de 1 volume sanguin en 24 heures (10 unités de culot
globulaire chez l’adulte) ou plus de 50 % du volume sanguin en moins de 3 heures,
plusieurs complications peuvent survenir (exemples : thrombopénie dilution-
nelle, hypothermie, toxicité due au citrate) (voir Choc hémorragique). On peut
éviter ces complications en suivant les recommandations suivantes : utiliser un
réchauffe-sang si la vitesse de transfusion est supérieure à 50 mL/kg/h ; surveil-
ler la coagulation et transfuser plaquettes, plasma congelé et cryoprécipité pour
garder un taux de plaquettes supérieur à 50 × 109/L, un INR inférieur à 1,5-2,0
et un taux de fibrinogène supérieur à 1,0 g/L ; surveiller l’hypocalcémie et admi-
nistrer du calcium au besoin.
2) Transmission d’infections
La transmission virale est de moins en moins fréquente. Chaque pays – et même
chaque région – a ses propres données, car les calculs sont basés sur la préva-
lence de l’infection chez les donneurs pour une population donnée. À titre indi-
catif, pour la période 2008-2010, le risque résiduel potentiel d’infection après un
dépistage approprié était estimé à 1 sur 3 millions de dons en France pour le VIH,
à 1 sur 3,5 millions pour l’hépatite B et à 1 sur 7 millions pour l’hépatite C ;
au Canada, en 2012, le risque estimé était de 1 sur 8 à 12 millions pour le VIH,
de 1 sur 1,1 à 1,7 million pour l’hépatite B et de 1 sur 5 à 7 millions pour l’hépa-
tite C. Afin d’éviter l’hépatite B post-transfusionnelle, tout receveur potentiel de
Traumatismes 1131
transfusion devrait être vacciné contre cette maladie. Certaines autres infections
peuvent être transmises, selon la saison ou le lieu géographique.
Traumatismes 254
Alain Ouimet, Marianne Beaudin, Claude Mercier, Antonio D’Angelo,
Catherine Farrell, Denis Filiatrault, Daniel Vischoff
Généralités
I. Épidémiologie
Les traumatismes viennent au premier rang des causes de décès et d’invalidité
entre l’âge de 1 et 18 ans. Soixante-cinq pour cent des patients d’âge pédiatrique
qui décèdent à la suite de traumatismes sont des jeunes de 14 à 19 ans, et, dans
plus de 80 % des cas, il s’agit d’accidents de la circulation, la victime étant pié-
ton, cycliste ou passager dans un véhicule. Près du quart des décès résultent de
suicides, survenant principalement après l’âge de 15 ans. C’est surtout chez l’en-
fant de moins de un an que surviennent les traumatismes par sévices physiques.
On peut observer un traumatisme crânien, des fractures des extrémités, un
traumatisme abdominal ou thoracique ou une combinaison de ces différents
types de lésions chez le même patient.
II. Gravité
Les décès immédiats et très précoces résultent de lésions cérébrales ou médul-
laires, rarement de lésions cardiaques ou vasculaires. Ceux qui surviennent
dans les heures qui suivent le traumatisme sont la conséquence d’hémorragies
internes. Les décès qui ont lieu dans les premiers jours sont secondaires à des
lésions majeures non contrôlées par les moyens thérapeutiques actuels, comme
les traumatismes crâniens très graves qui évoluent en mort cérébrale. Les décès
tardifs, se produisant plusieurs jours ou semaines après le traumatisme, sont la
plupart du temps causés par des complications infectieuses ou par une défail-
lance multisystémique.
Traitement initial
I. Phase préhospitalière
Sur les lieux de l’accident, on doit agir par priorité selon l’ordre suivant.
• Si le patient est retrouvé inconscient et sans pouls, entreprendre la réanima-
tion par un massage cardiaque externe.
1132 Traumatismes
compressif. La mise en place d’un garrot ou l’utilisation de pinces n’est pas recom-
mandée ; le garrot s’avère cependant utile en cas d’amputation traumatique. Le
pantalon antichoc est déconseillé, sauf pour stabiliser des fractures du bassin ou
des membres inférieurs, en l’absence d’autres moyens efficaces.
On doit rapidement mettre en place un ou plusieurs accès veineux. Lorsque
les dégâts tissulaires ou la profondeur du choc rendent impossible la ponction
transcutanée d’une veine périphérique, on doit recourir à la voie intra-osseuse ;
cela s’avère surtout nécessaire chez les enfants âgés de moins de six ans. La voie
fémorale (veine fémorale percutanée) est une option valable dans un contexte
d’urgence. S’il s’agit d’un traumatisme à l’abdomen ou du bassin, il faut installer
les cathéters périphériques aux membres supérieurs, si possible. On réserve habi-
tuellement les voies jugulaire et sous-clavière aux soins post-réanimation ; elles
doivent être mises en place par des médecins expérimentés dans les meilleures
conditions possible (salle d’opération, soins intensifs). La dénudation chirurgi-
cale, même faite par des mains expertes, est difficile et longue.
L’hypovolémie est corrigée par l’administration d’un bolus, préférablement
réchauffé, de NaCl 0,9 % ou de lactate Ringer à raison de 20 mL/kg (max : 1-2 L),
le plus rapidement possible si l’état hémodynamique est instable, à répéter 2 fois
si nécessaire (voir Choc hémorragique). La réponse hémodynamique dicte l’utili-
sation subséquente de sang typé ou de sang O négatif qui est aussi administré en
bolus de 10 mL/kg. Le besoin de recourir à une transfusion d’urgence doit faire
suspecter une hémorragie interne. Une échographie ciblée (Focused Assessment
with Sonography for Trauma, FAST) peut être utile pour déceler la présence de
liquide libre dans l’abdomen ; celle-ci ne représente pas nécessairement une indi-
cation chirurgicale, mais dans ce cas, il faut procéder à des investigations sup-
plémentaires et obtenir l’avis d’un chirurgien. La présence d’un hémopéricarde à
l’échographie ciblée nécessite une consultation chirurgicale urgente. Lorsqu’il faut
remplacer une fois le volume sanguin du patient (soit environ 80 mL/kg de poids
idéal) – on parle alors de transfusion massive –, plusieurs centres hospitaliers ont
des protocoles précis pour la distribution des produits sanguins. Le traitement de
l’hémorragie massive est détaillé dans le chapitre Choc hémorragique.
C’est à l’étape de la pose des voies veineuses qu’il est le plus approprié de
procéder à la partie du bilan paraclinique initial qui comprend l’hémogramme,
le groupe sanguin et d’autres examens requis par l’état du patient (exemples :
glycémie, ionogramme, épreuves de fonction pancréatique, rénale et hépatique,
coagulogramme, dépistage toxicologique, recherche d’hormone chorionique
gonadotrophique dans l’urine ou le sang chez l’adolescente).
3) Étape D (Degré de conscience)
Une fois les fonctions respiratoire et circulatoire stabilisées, on procède à l’évalua-
tion neurologique. L’échelle de coma de Glasgow est un outil efficace et repro-
ductible de noter l’état de conscience (voir Coma). On recherche les signes de
lésions focales, centrales et périphériques (anisocorie, mydriase, mouvements
asymétriques, anormaux ou absents). La répétition de l’examen neurologique et
l’utilisation d’une échelle standardisée d’évaluation sont les moyens les plus sûrs
de détecter des lésions cérébrales ou médullaires évolutives.
4) Étape E (Évaluation globale)
Une fois que l’état hémodynamique a été stabilisé et que l’état neurologique
a été évalué, il faut procéder à l’évaluation globale des lésions et établir des
priorités de traitement afin, par exemple, de prévenir la perte de fonction d’un
Traumatismes 1135
fracture du crâne enfoncée ou ouverte avec fuite de LCR, d’un traumatisme crâ-
nien accompagné d’un déficit neurologique focal ou d’un traumatisme crânien
modéré ou grave ; on considère habituellement qu’un traumatisme crânien est
grave si le score de coma de Glasgow demeure égal ou inférieur à 8, une fois
terminées les manœuvres initiales de réanimation.
L’évaluation et la prise en charge varient selon la gravité et le type de trau-
matisme crânien. Chez l’enfant inconscient ou trop jeune pour s’exprimer, il faut
toujours rechercher une lésion de la colonne cervicale.
1) Traumatisme léger sans altération de l’état de conscience
Si l’enfant ne présente aucune modification du comportement ni de vomissements,
et si l’on ne décèle aucune anomalie à l’examen neurologique, le patient peut
être retourné à domicile. Les parents doivent ramener immédiatement l’enfant à
l’hôpital en cas d’altération de l’état de conscience, de comportement inhabituel
ou de vomissements répétés.
2) Traumatisme crânien avec altération de l’état de conscience
Une évaluation médicale s’impose si l’enfant présente une altération de l’état de
conscience ou une perte de conscience immédiate ou secondaire, transitoire ou
persistante, suivie ou non d’amnésie. On utilise le score de Glasgow pour évaluer
le degré d’atteinte de l’état de conscience et pour suivre l’évolution.
a) Si le score de Glasgow est de 14 ou 15, on parle de traumatisme craniocéré-
bral léger. Une tomodensitométrie (TDM) cérébrale est indiquée en présence
de symptômes associés (céphalées, vomissements, amnésie) qui ne s’amé-
liorent pas après une période d’observation de quatre à six heures ou s’il y
a des signes de fracture de la base du crâne.
b) Un score de Glasgow de 9 à 13 correspond à un traumatisme craniocérébral
modéré ; une TDM s’impose.
c) Un score de Glasgow égal ou inférieur à 8, une fois terminées les manœuvres
initiales de réanimation, témoigne d’un traumatisme craniocérébral grave avec
une forte probabilité de lésions cérébrales. Dans ce cas, il est essentiel de
procéder immédiatement à une TDM, après stabilisation des états respiratoire
et circulatoire.
Il n’y a pas de corrélation signifiative entre la présence ou l’absence d’une
fracture du crâne et d’éventuelles lésions cérébrales. Toutefois, chez l’enfant
âgé de trois ans ou moins présentant un céphalhématome, il est indiqué de
procéder à une radiographie du crâne pour dépister une fracture enfoncée ou
avec diastasis. L’âge (trois ans ou moins), un diastasis de 4 mm et plus et une
contusion cérébrale sous-jacente démontrée à la TDM cérébrale sont des facteurs
de risque de développement d’une fracture à écartement progressif (growing
fracture) ou d’un kyste leptoméningé post-traumatique. Une échographie de
surface du trait de fracture permet de déceler la rupture méningée à l’origine
de cette complication.
Au cours d’un traumatisme direct, on peut trouver des lacérations et des héma-
tomes du cuir chevelu, des lacérations du cortex cérébral, des hématomes épiduraux
et sous-duraux causés par une déchirure de l’artère méningée ou des veines émis-
saires (ou veines « ponts »). Un traumatisme indirect (exemple : forces de décéléra-
tion-accélération linéaires et rotationnelles) cause des lésions classiques intra-axiales
incluant des lésions axonales diffuses de la substance blanche, des contusions du
cortex cérébral, des hémorragies de la substance grise et des hémorragies intra-
Traumatismes 1137
V. Traumatismes pelviens
Ils peuvent être responsables de fractures complexes du bassin, fermées ou
ouvertes, accompagnées de lésions des organes intra-abdominaux et du système
génito-urinaire, ainsi que de lésions vasculaires. Le taux de morbidité est très élevé.
Lorsqu’un traitement pour hémostase s’impose, il est le plus souvent réalisé par
embolisation. La chirurgie est parfois nécessaire pour fixation du bassin avec fractures.
Prévention
Il existe plusieurs stratégies efficaces de prévention des traumatismes ; elles sont
détaillées dans le chapitre Prévention des blessures.
1144 Troubles alimentaires de la petite enfance
Généralités
Les troubles alimentaires constituent un motif fréquent de consultation durant
la petite enfance. Jusqu’à 25 % des enfants présentent des difficultés transitoires
à l’égard de la nourriture pendant les premières années de vie, le pic se situant
entre 18 et 24 mois. La plupart des troubles alimentaires à cet âge sont d’origine
comportementale plutôt qu’organique.
C’est entre l’âge de 6 et 12 mois que le nourrisson fait l’expérience de diverses
textures et de différents goûts et qu’il apprend à manger des purées, puis à mas-
tiquer des morceaux. Il a une préférence innée pour le goût sucré et salé, un
manque d’intérêt pour les aliments au goût sur et amer, ainsi qu’une propension
affirmée pour les mêmes aliments familiers. Compte tenu du ralentissement phy-
siologique de la vitesse de croissance vers l’âge de deux ans, l’appétit diminue et
fluctue d’un repas à l’autre à ce moment de la vie. L’enfant affirme son autonomie
et veut se nourrir seul. Il devient sélectif dans ses choix alimentaires et acquiert
souvent une néophobie alimentaire (peur et rejet des nouveaux aliments). Certains
enfants opposent un refus systématique pour des aliments précis à cause de leur
goût, de leur texture, de leur odeur ou de leur apparence. La famille a parfois une
conception erronée des besoins nutritionnels et s’inquiète du manque d’appétit
de l’enfant. Devant les difficultés d’acceptation de tel ou tel mets, un climat de
tension familiale au moment des repas peut s’ensuivre et aggraver le refus alimen-
taire. L’appellation de « petits mangeurs » (picky eaters) est souvent utilisée pour
caractériser les enfants atteints de troubles alimentaires d’allure comportementale.
Approche clinique
I. Anamnèse et examen physique
Ils constituent les meilleurs outils pour aborder les difficultés alimentaires de la
petite enfance. L’analyse des courbes de croissance est également primordiale
pour déterminer l’évolution du poids et de la taille. Il faut cependant toujours
tenir compte de la cible génétique déterminée par la taille des parents (voir
Croissance physique normale).
Parmi les antécédents personnels, on détaille les périodes anténatale et péri-
natale (prématurité, restriction de croissance intra-utérine), les difficultés avec
l’allaitement ou le biberon et les étapes d’introduction des aliments.
L’anamnèse alimentaire documente les éléments suivants.
• Expériences orales négatives : étouffements importants, allergies alimentaires,
reflux gastro-œsophagien durant la première année de vie.
• Habitudes particulières au moment des repas : alimentation pendant que l’enfant
est partiellement endormi, distraction nécessaire durant le repas (jeu, télévi-
sion), alimentation forcée, alimentation à des heures prédéterminées sans tenir
compte des signaux de faim de l’enfant, intolérance parentale, repas prolongés
(plus de 30 minutes).
• Comportement opposant de l’enfant : refus de certains aliments précis, enfant
qui détourne la tête ou qui garde les aliments dans sa bouche, fixation ali-
mentaire, haut-le-cœur anticipatoire et mérycisme.
Troubles alimentaires de la petite enfance 1145
Une anamnèse par système recherche des symptômes qui pourraient nuire
à l’alimentation, principalement des troubles gastro-intestinaux, respiratoires,
endocriniens ou neurologiques, ainsi que des infections répétées. On s’inté-
resse aux différentes étapes du développement psychomoteur de l’enfant et à
des symptômes suggérant un trouble du spectre de l’autisme (exemple : rigidité
alimentaire).
Des précisions sont recueillies sur le déroulement des repas, les portions
présentées à l’enfant, l’atmosphère à table et la réaction des parents devant
les refus de l’enfant. Il est important de comprendre les perceptions des parents
et l’impact de la situation sur le vécu quotidien (exemples : conflits dans le
couple quant à la meilleure façon de réagir, pression de préparer des plats dif-
férents). Souvent, lorsque l’enfant a un faible appétit, les parents ont tendance à
le forcer à manger, ce qui ne fait qu’empirer l’expérience négative du repas. On
s’informe de l’environnement familial (personnes qui gardent l’enfant, horaire
de travail des parents) et des facteurs de stress tels que des problèmes de santé
mentale chez les parents ou des troubles de comportement dans la fratrie.
Le relevé alimentaire est un bon outil d’évaluation et repose idéalement sur
un journal alimentaire de 72 heures. Les détails d’une journée type (exemples :
horaire des repas et des collations, relevé de la consommation nocturne de bois-
sons) peuvent également fournir des éléments d’information très utiles. Il existe
un risque nutritionnel si l’enfant :
• consomme plus de 600 mL de lait ou de jus par jour ;
• boit encore au biberon après l’âge de deux ans ;
• mange moins de cinq portions par semaine de chacun des groupes alimen-
taires suivants : viandes, légumes, fruits et céréales.
L’examen physique permet de détecter des dysmorphies et des indices de
maladie chronique (exemples : souffle cardiaque, hépatomégalie, splénomégalie)
et d’évaluer cliniquement l’état nutritionnel.
L’entrevue permet d’observer le développement de l’enfant, son compor-
tement (exemples : immature ou opposant) ainsi que la qualité de l’interaction
parent-enfant.
II. Explorations
Une exploration complémentaire n’est indiquée que s’il y a des indices de sus-
picion de maladie organique ou un retard pondéral important (voir Retard pon-
déral du nourrisson). Lorsqu’un risque nutritionnel est suspecté, on procède à
tout le moins à un hémogramme avec frottis et à un bilan martial (fer sérique,
capacité de fixation de la transferrine et ferritine).
Traitement
Le principal objectif de la prise en charge est de s’assurer que la vélocité de
croissance est normale, qu’il n’existe pas de carences nutritionnelles, qu’il n’y a
pas de maladie sous-jacente et que le stress associé à l’alimentation est relativisé.
Une évaluation diététique est essentielle pour quantifier l’apport en calories
et en nutriments et pour donner aux parents des idées concrètes de repas, de
collations et d’enrichissement des aliments offerts, au besoin.
Il est important d’améliorer les carences notées à l’anamnèse alimentaire,
en se basant sur les recommandations des apports nutritionnels de référence.
1146 Troubles alimentaires de la petite enfance
Pronostic
Dans l’ensemble, l’évolution de ces enfants « petits mangeurs », difficiles et capri-
cieux au cours des repas, est favorable ; chez 1 ou 2 % d’entre eux cependant,
les problèmes persistent. La sélectivité alimentaire a tendance à disparaître entre
l’âge de quatre et six ans.
Troubles anxieux
I. Généralités
Les troubles anxieux constituent l’un des problèmes de santé mentale les plus
courants en pédiatrie. Leur prévalence varie de 6 à 20 % chez les enfants et les
adolescents. À tout âge, les troubles anxieux entraînent des problèmes de fonc-
tionnement sur le plan social, familial ou scolaire.
Le trouble anxieux chez l’enfant se définit comme une inquiétude exces-
sive, irréaliste et inappropriée pour le stade de développement. L’étiologie est
multifactorielle. Plusieurs facteurs peuvent prédisposer une personne à souffrir
de trouble anxieux. Il s’agit de facteurs cognitifs, comportementaux, neurobio-
logiques, génétiques et environnementaux. Les enfants anxieux ont souvent un
ou des parents qui le sont aussi. Le tempérament inhibé peut être un facteur
prédisposant à l’apparition d’un trouble anxieux.
Les plaintes somatiques, fréquemment liées aux troubles anxieux, peuvent
mener à une investigation médicale exhaustive. De plus, les patients atteints de
troubles anxieux sont plus à risque de dépression, de toxicomanie et de suicide, et
ils peuvent présenter un trouble du déficit de l’attention associé (comorbidité).
En l’absence de dépistage et de prise en charge, les troubles anxieux apparais-
sant pendant l’enfance se poursuivent souvent à l’âge adulte.
6) Anxiété généralisée
Elle se caractérise surtout par une inquiétude excessive qui domine dans la vie
de l’enfant et de l’adolescent et qui concerne différents aspects de sa vie (famille,
santé, performance scolaire) sur une période d’au moins six mois. La personne
qui souffre d’anxiété généralisée maîtrise avec difficulté son inquiétude et pré-
sente au moins trois des six symptômes suivants : agitation, fatigue, difficultés de
concentration, irritabilité, tension musculaire et trouble du sommeil.
7) État de stress post-traumatique
L’état de stress post-traumatique est un trouble diagnostiqué lorsqu’une personne
vit un événement traumatique qui comporte des pertes de vie ou des risques
de décès ou de blessures physiques graves pour elle ou pour autrui et qu’elle y
réagit avec une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur. La peur
est associée à des symptômes de trois types :
a) reviviscence du traumatisme, de façon récurrente (cauchemars, flash-back,
souvenirs envahissants et jeu répétitif évoquant l’événement) ;
b) conduite d’évitement et émoussement des émotions (tendance à éviter de par-
ler du traumatisme ou effort pour l’oublier, restriction de l’affect) ;
c) symptômes persistants d’hyperactivation physiologique (troubles du sommeil,
difficultés de concentration, irritabilité, hypervigilance, réaction de sursaut
exagérée).
Dans l’état de stress post-traumatique, les symptômes persistent pendant un
mois ou plus, alors que s’ils sont présents depuis moins de un mois, on parle
d’un état de stress aigu.
Ces symptômes peuvent apparaître après l’événement traumatique, mais
dans certaines situations, ils se manifestent plusieurs mois ou même des années
plus tard, par exemple dans certains cas de maltraitance.
IV. Traitement
La première étape consiste à fournir de l’information à l’enfant et aux parents
sur le trouble anxieux (psychoéducation). Deux types d’intervention sont rete-
nus : la thérapie cognitivo-comportementale et le traitement pharmacologique.
L’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale basée sur l’exposition
a bien été démontrée chez l’enfant et l’adolescent. L’implication de la famille
s’avère essentielle dans le suivi de l’enfant anxieux.
La pharmacothérapie permet de réduire ou d’éliminer les symptômes d’an-
xiété. Les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) représentent
le premier choix si un traitement pharmacologique est indiqué. Le traitement
doit débuter avec une très faible dose et être majoré graduellement, les patients
anxieux étant très sensibles aux effets secondaires de ces médicaments. Leur
efficacité peut prendre de quatre à six semaines avant de devenir apparente. Les
études menées sur les troubles anxieux ont surtout fait appel à la fluoxétine,
la sertraline ou la fluvoxamine. Néanmoins, la plupart des ISRS ont démontré
une efficacité comparable. Leur approbation pour les enfants varie d’un pays
à l’autre. L’introduction d’ISRS nécessite un suivi clinique régulier, surtout en
début de traitement compte tenu, entre autres, du risque de comportements
suicidaires associé. On utilise peu les benzodiazépines dans le traitement des
troubles anxieux chez les enfants.
Troubles anxieux et dépression 1151
Dépression
I. Généralités
Les troubles de l’humeur (dépression unipolaire et maladie affective bipolaire)
sont rares chez l’enfant prépubère ou d’âge scolaire. Toutefois, la dépression
n’épargne pas les petits. Chez les enfants, elle peut se manifester par une irri-
tabilité, de la colère, une excitation débordante, une tendance à l’isolement ou
une perte d’intérêt pour le jeu et entraver le fonctionnement familial, scolaire et
social de façon importante. La prévalence de la dépression chez l’enfant d’âge
scolaire est de 1 ou 2 %. Elle est d’environ 5 % chez l’adolescent – les études épi-
démiologiques de la dépression à l’adolescence rapportent des données variables
en fonction des critères diagnostiques retenus – et pourrait atteindre 20 % à
la fin de l’adolescence. La dépression est plus fréquente chez les filles après la
puberté. Quant à la prévalence de la maladie affective bipolaire dans la popu-
lation pédiatrique (adolescents), elle est d’environ 3 %.
L’étiologie de la dépression est multifactorielle. Plusieurs facteurs sont en
cause sur les plans génétique, biochimique, environnemental et psychosocial.
Chez les enfants, les symptômes dépressifs ont fréquemment une origine psy-
chosociale ou familiale (exemples : discorde familiale, criminalité parentale,
abus de substances de la part des parents). L’entourage (parents, professeurs,
amis) ne pense pas d’emblée à une dépression majeure et peut mettre ces
manifestations sur le compte d’une « crise d’adolescence » intense. La dépres-
sion chez l’adolescent peut souvent prendre une allure masquée et se révéler
abruptement par une tentative suicidaire, si elle n’est pas diagnostiquée pré-
cocement. Elle peut aussi se manifester par des comportements à risque tels
que des abus de drogues ou d’alcool, des fugues ou de la délinquance, par
de l’automutilation, des troubles de la conduite alimentaire, un désinvestisse-
ment scolaire ou des symptômes somatiques. Par conséquent, il est primordial
de reconnaître précocement les maladies affectives si l’on veut diminuer l’im-
portante morbidité qui leur est associée (exemples : suicide, usage de drogues
illicites, effondrement du rendement scolaire, détérioration de l’estime de soi
et marginalisation sociale). Les jeunes qui ont connu un ou plusieurs épisodes
dépressifs seront plus à risque de présenter ces troubles à l’âge adulte, notam-
ment si la dépression n’a pas été bien traitée à l’adolescence. La dépression en
jeune âge augmente le risque de récurrence des épisodes dépressifs et de la
maladie affective bipolaire.
III. Traitement
Le traitement de la dépression chez l’enfant ou l’adolescent consiste d’abord
en la mise en place de soutien psychothérapeutique combiné à de la psychoé-
ducation. La thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie interpersonnelle
pour adolescents, la psychothérapie de soutien et la thérapie familiale s’avèrent
efficaces. L’implication des parents est essentielle dans le traitement de l’enfant
et de l’adolescent déprimé.
En cas de dépression modérée ou grave et lorsque les symptômes persistent
malgré l’intervention psychothérapeutique, une pharmacothérapie combinée à
l’intervention psychologique est indiquée. Les antidépresseurs tricycliques n’ont
pas démontré d’efficacité dans le traitement de la dépression chez l’enfant et
l’adolescent, et ils présentent un risque accru de toxicité (en cas d’intoxication).
Les ISRS constituent donc le premier choix. Parmi les ISRS disponibles, men-
tionnons la fluoxétine, le citalopram et l’escitalopram ; leur approbation pour
utilisation chez l’enfant varie d’un pays à l’autre. Il faut surveiller de près les
effets secondaires, en particulier le syndrome sérotoninergique, qui peut être
confondu avec des symptômes anxieux en raison de l’agitation qu’il provoque
souvent. La prolongation de l’intervalle QT et le risque de torsade de pointes
sont à surveiller avec l’escitalopram. On poursuit le traitement pendant envi-
ron 6 à 12 mois après la rémission des symptômes. L’usage des médicaments
antidépresseurs chez les jeunes nécessite un suivi médical rigoureux. En effet,
les études ont montré que les ISRS peuvent augmenter le risque de comporte-
ment suicidaire ou impulsif (agitation ou hostilité). Dans tous les cas, l’enfant
ou l’adolescent doit être surveillé par ses proches et un médecin, notamment
pendant les premières semaines de traitement, afin de dépister précocement
certains effets secondaires des antidépresseurs.
En cas de dépression bipolaire, les stabilisateurs de l’humeur comme la
lamotrigine, le lithium ou l’acide valproïque demeurent le traitement de pre-
mière intention. L’absence de réponse justifie la combinaison d’un stabilisateur
de l’humeur avec un antidépresseur (exemples : bupropion, ISRS). En cas de
symptômes psychotiques, il convient d’ajouter un antipsychotique de 2e géné-
ration (antipsychotique atypique) comme la rispéridone, la quétiapine, l’aripi-
prazole ou l’olanzapine. Ces médicaments engendrent fréquemment des effets
secondaires sur le plan métabolique, dont les plus importants sont les suivants :
prise de poids, élévation des taux sériques du glucose, du cholestérol, des tri-
glycérides et de la prolactine, et anomalies de la fonction hépatique et thyroï-
dienne (voir Psychose).
1154 Troubles d’apprentissage scolaire
Généralités
Sous leur forme la plus courante, les troubles d’apprentissage consistent en des
difficultés particulières, persistantes et inattendues (compte tenu des habiletés
de l’enfant dans d’autres domaines) dans l’apprentissage du langage écrit (lec-
ture, écriture) ou des mathématiques. Pour les nommer, on utilise aussi des
termes comme dyslexie, dysorthographie et dyscalculie. L’absence de marqueur
biologique et de critères diagnostiques universellement reconnus fait obstacle à
une estimation juste de leur prévalence, qui serait de 3 à 10 % chez les enfants
d’âge scolaire. Les garçons sont plus souvent touchés que les filles, et l’on observe
une forte tendance familiale.
Bien que l’on attribue les troubles d’apprentissage à un dysfonctionnement
du système nerveux central, aucune cause précise n’a encore été confirmée. Il est
probable que le problème trouve son origine dans une multiplicité de facteurs à
la fois endogènes et exogènes. Outre les facteurs génétiques, divers facteurs neu-
robiologiques et neurophysiologiques ont été incriminés. Les troubles d’appren-
tissage sont souvent associés à des problèmes dans le traitement de l’information
verbale ou non verbale, à des faiblesses langagières ou psycholinguistiques et à
des atteintes de divers processus cognitifs, mnésiques, attentionnels, séquentiels,
perceptuels, moteurs ou autres. À titre d’exemple, mentionnons les difficultés
de traitement phonologique qui sous-tendent les troubles d’apprentissage de la
lecture. Les troubles d’apprentissage peuvent aussi s’inscrire dans le cadre d’une
atteinte cérébrale survenue au cours de la période périnatale ou de diverses
affections médicales tels un syndrome d’alcoolisation fœtale ou le syndrome de
l’X fragile chez les filles. Ils sont présents en tant que comorbidité chez 15 à 40 %
des enfants atteints d’un trouble de l’attention ou d’hyperactivité et se retrouvent
assez souvent associés à divers problèmes psychiatriques.
Manifestations cliniques
Il n’existe pas de profil scolaire typique d’un enfant aux prises avec des difficul-
tés d’apprentissage, et celles-ci peuvent se manifester dans différentes matières
et habiletés.
Les problèmes en lecture constituent la majorité (de 80 à 85 %) des troubles
d’apprentissage reconnus. Ils sont presque toujours accompagnés de difficultés
en orthographe. Il existe plusieurs classifications descriptives des problèmes en
lecture, selon le degré de compétence du lecteur, l’ampleur du retard, les straté-
gies de lecture privilégiées par l’enfant (exemple : lecture syllabique) ou encore
selon le type d’erreurs commises (exemples : inversion des lettres, substitution
de mots). Les difficultés en orthographe sont aussi variées et peuvent toucher le
vocabulaire, la syntaxe, la grammaire ou tout autre aspect du langage écrit. Elles
sont à distinguer d’une calligraphie négligée. Les problèmes isolés en mathéma-
tiques sont moins fréquents. L’enfant peut éprouver des difficultés à intégrer les
notions de numération, à comprendre les opérations de base (exemple : division),
à manipuler les concepts de géométrie ou à saisir la démarche d’un problème.
Des difficultés d’attention et de concentration ainsi qu’un manque d’organisation
et de planification complètent souvent le tableau clinique.
Troubles d’apprentissage scolaire 1155
Les difficultés scolaires sont susceptibles d’engendrer chez l’enfant des com-
portements qui traduisent une piètre estime de soi, un manque de confiance en
soi ou un sentiment d’échec. Ces comportements gênent la motivation, nuisent
aux relations sociales tant à l’école que dans le milieu familial et contribuent à
leur tour à diminuer le rendement scolaire.
Explorations
Les objectifs de l’évaluation sont de préciser la nature des difficultés de l’enfant,
de faire état de ses forces et de ses faiblesses, de situer ses habiletés cognitives,
d’apprécier ses capacités dans les processus liés aux apprentissages, de vérifier
ses compétences psycholinguistiques et d’analyser les aspects affectifs et psycho-
sociaux du problème.
Au moyen d’une observation systématique de l’enfant et de ses difficultés et
à l’aide d’instruments de mesure appropriés, les intervenants et les professionnels
du milieu scolaire, premiers responsables de la situation, tracent un portrait de
l’enfant. Il est parfois difficile de faire la distinction entre un trouble d’apprentis-
sage avéré et un faible rendement scolaire expliqué par des facteurs propres à
l’enfant, comme des capacités intellectuelles réduites ou des attitudes inappro-
priées, ou par des facteurs d’environnement liés à une problématique familiale,
psychosociale ou scolaire (exemple : enseignement mal adapté).
Le médecin généraliste ou le pédiatre est appelé à jouer un rôle complémen-
taire dans la démarche diagnostique. Il recueille l’information pertinente entourant
la période périnatale, les antécédents médicaux de l’enfant, son développement,
son comportement, son cheminement scolaire, l’histoire familiale et la situation
psychosociale. Cette démarche a pour but d’évaluer l’influence possible de ces
facteurs sur l’expression des difficultés d’apprentissage.
Au cours de l’examen, le médecin vérifie la croissance de l’enfant et son état
de santé. L’examen neurologique permet d’exclure un problème d’encéphalopathie,
fruste ou non. Des signes neurologiques mineurs (exemples : syncinésies, agnosie
digitale) sont observés avec une plus grande fréquence chez les enfants qui pré-
sentent des troubles d’apprentissage, sans être pour autant pathognomoniques.
Il faut s’assurer que la vision et que l’audition de l’enfant ont été évaluées.
Des examens complémentaires tels qu’un EEG, un enregistrement des poten-
tiels évoqués cognitifs, une tomodensitométrie ou une résonance magnétique
nucléaire cérébrale ne sont pas essentiels, à moins que des données cliniques
suggèrent une atteinte neurologique.
Traitement
Le traitement des difficultés d’apprentissage requiert en général la mise en place,
par les intervenants scolaires, d’un plan d’intervention personnalisé incluant des
objectifs d’apprentissage, des stratégies d’intervention, ainsi que des mécanismes
d’évaluation et de révision appropriés, compte tenu de la nature du problème.
Il existe de nombreuses techniques éducatives et rééducatives permettant de
remédier aux difficultés scolaires. Aucune ne répond à tous les cas. Elles doivent
surtout être adaptées au profil de l’enfant. Leur intensité et leur pertinence se
mesurent aux progrès que réalise celui-ci. Bien qu’il soit préférable de maintenir
l’enfant dans le circuit scolaire régulier, il arrive que des mesures d’adaptation plus
importantes, comme l’orientation en classe spéciale, soient nécessaires. Indépen-
damment de la méthode utilisée, il importe d’aborder l’enfant dans sa globalité
1156 Troubles de comportement
Pronostic
Le pronostic des troubles d’apprentissage varie selon leur nature et leur inten-
sité et aussi selon d’autres facteurs comme la précocité du diagnostic, l’aide
apportée, les habiletés cognitives de l’enfant, le milieu dans lequel il vit et la
présence ou non de comorbidité. Les enfants dont les difficultés sont légères
finissent par combler leur retard et évoluent normalement. Ceux qui sont plus
gravement atteints peuvent, par exemple, arriver à une lecture fonctionnelle tout
en maintenant un écart par rapport aux enfants de leur groupe d’âge et de leur
niveau d’éducation. Les difficultés en orthographe et en mathématiques sont le
plus souvent persistantes.
L’échec scolaire et ses conséquences sur le fonctionnement de l’enfant aug-
mentent le risque de mésadaptation au cours de l’adolescence et à l’âge adulte.
Le décrochage scolaire, la délinquance, les problèmes de socialisation et les
troubles de la conduite ont été rapportés comme des complications possibles
des difficultés d’apprentissage, ce qui justifie une intervention bien articulée et
requiert de favoriser chez l’enfant l’émergence et l’actualisation de ses compé-
tences propres.
Prévention
On n’a jusqu’à présent trouvé aucun moyen de prévenir les troubles d’appren-
tissage. Cependant, la détection précoce de difficultés de développement, par
exemple dans la sphère du langage, permet une intervention appropriée dès le
début de la scolarité et peut en minimiser les conséquences.
Généralités
Les troubles de comportement se définissent comme des symptômes d’ordre
comportemental causant un dysfonctionnement scolaire, social ou familial. Ils
Troubles de comportement 1157
I. Troubles neurodéveloppementaux
Ils incluent entre autres la déficience intellectuelle, les troubles de la communica-
tion, les troubles du spectre de l’autisme, le trouble du déficit de l’attention avec
ou sans hyperactivité (TDAH) et les tics. Ils se manifestent habituellement tôt dans
le développement, le plus souvent pendant la période préscolaire. Ils peuvent tou-
cher certaines capacités d’apprentissage précises (exemple : atteinte des fonctions
exécutives du TDAH) ou être plus globaux (exemple : atteinte du développement
psychomoteur de la déficience intellectuelle). Les patients atteints ont souvent des
difficultés à gérer leurs comportements et leurs émotions, comme dans les crises
de colère. Les comportements agressifs planifiés ou volontaires sont plus rares.
Les manifestations cliniques peuvent changer dans le temps. Ainsi, chez le
très jeune enfant, le TDAH peut se présenter de la manière suivante : tempérament
difficile, trouble de la régulation (problèmes de sommeil, intolérance aux frus-
trations, agitation motrice), adaptation sociale limitée, interactions inappropriées
avec les parents. Entre les âges de trois et six ans, on observe des comportements
perturbateurs incluant l’inattention, l’agitation motrice, le comportement oppo-
sitionnel, l’intolérance à la frustration et l’adaptation sociale difficile. Les enfants
atteints de TDAH peuvent avoir, entre l’âge de 6 et 11 ans, un comportement
agressif et une faible estime de soi, et ils risquent d’être rejetés par leurs pairs. À
l’adolescence, l’agitation motrice diminue, mais l’inattention persiste, tandis que
1158 Troubles de comportement
Approche clinique
Il importe d’abord de tenir compte de la variabilité du comportement chez l’en-
fant normal.
Troubles de comportement 1159
Entre l’âge de deux et quatre ans, les comportements agressifs (taper, frap-
per, mordre) sont fréquents ; les enfants traversent une période d’agressivité
dite « normale ». L’intensité de l’agressivité et la durée de cette période peuvent
varier d’un enfant à l’autre, mais elle est généralement plus intense et fréquente
chez les garçons. Autour de l’âge de quatre ans, l’agressivité physique diminue.
L’enfant a acquis de nouveaux moyens de s’affirmer et de réagir à la frustra-
tion, en particulier grâce à la maîtrise du langage. La persistance de l’agressivité
peut indiquer la présence d’un déficit sensoriel qui empêche l’enfant d’accéder
à de nouveaux modes d’expression. C’est le cas des enfants atteint d’un retard
de langage ou de surdité.
Les crises de colère sont une expression émotionnelle du jeune enfant (de
un à quatre ans) en réponse à une frustration ; elles surviennent habituellement
au moment où se développe un besoin d’indépendance et d’affirmation de soi.
Les crises sont marquées par des mouvements anarchiques, des cris, une agres-
sivité verbale, des injures et des critiques blessantes. Elles peuvent persister bien
au-delà de cet âge chez des enfants impulsifs et opposants qui réagissent trop
intensément à une frustration.
L’opposition, elle aussi, est reconnue comme un comportement normal qui se
manifeste chez la majorité des enfants. L’enfant apprend à résister aux demandes
d’autrui, ce qui fait partie de l’apprentissage de l’autonomie, du développement de
l’identité et de la distanciation des figures parentales. On note alors un certain
degré d’opposition et de comportements négatifs envers les figures d’autorité,
qui sont plus marqués durant les phases développementales où l’acquisition de
l’autonomie constitue un enjeu important, soit la période du « non » à deux ans
et le début de l’adolescence. Il n’est pas toujours facile de déterminer le seuil
en fréquence, en intensité et en fonction de l’âge permettant de distinguer les
comportements normaux de ceux du trouble d’opposition.
En présence d’un enfant ou d’un adolescent possiblement atteint d’un trouble
de comportement, les étapes à franchir sont les suivantes.
1) Procéder à une anamnèse incluant l’enfant et ses parents. Ceux-ci sont sou-
vent les premiers à déceler un problème de comportement chez leur enfant,
et ils jouent un rôle important dans l’approche diagnostique et thérapeutique.
L’évaluation doit s’intéresser à l’historique du symptôme (moment d’apparition,
évolution dans le temps, facteurs précipitants ou aggravants, rupture de fonc-
tionnement) et rechercher les antécédents familiaux de troubles psychiatriques.
Il importe d’adapter l’anamnèse au développement de l’enfant et de s’infor-
mer de ses comportements à domicile, mais également en service de garde
(garderie, crèche) ou à l’école, afin de caractériser le trouble.
Chez l’adolescent, une partie de l’entrevue est faite sans les parents,
dans le but d’établir une alliance thérapeutique en assurant la confidentialité.
L’anamnèse sert à obtenir de l’information sur les facteurs de risque (consom-
mation de drogues, activité sexuelle, intimidation, conflits interpersonnels et
familiaux) et sur les antécédents de tempérament difficile, l’hyperactivité, le
trouble d’opposition, l’affaiblissement du lien d’attachement avec les parents,
le rejet par les pairs, le regroupement avec les pairs déviants et les difficultés
scolaires. De plus, il faut rechercher les signes d’une faible estime de soi ou
de tristesse et des antécédents d’accès violents ou des fugues.
Quel que soit l’âge de l’enfant, il faut s’intéresser à ses points forts pour
éviter de brosser un tableau trop négatif de la situation.
1160 Troubles de comportement
Traitement
La complexité des troubles de comportement nécessite une approche multimo-
dale et multidisciplinaire.
1) Débuter habituellement par une approche comportementale (approches cogni-
tives qui visent les habiletés sociales et la résolution de problèmes) ou par des
modifications de l’environnement. Pour ce faire, solliciter la collaboration de
professionnels (psychologue, psychoéducateur, travailleur ou assistant social).
2) Apprendre aux parents comment faire face au trouble de comportement en
utilisant des programmes de développement des habiletés sociales comme
le programme québécois Fluppy (ateliers s’adressant aux enfants âgés
de quatre à six ans, interventions auprès des parents et des enseignants) ou
le programme ontarien SNAP® (Stop Now and Plan) qui suggère des stratégies
Troubles de la conduite alimentaire 1161
Prévention
Le médecin doit se familiariser avec le type de programmes mentionnés ci-dessus
qui ciblent les enfants présentant un risque de troubles comportementaux et qui
font la promotion des aspects de la compétence sociale, soit les aspects cognitif,
émotionnel et comportemental.
Généralités
Les troubles de la conduite alimentaire apparaissent habituellement pendant l’ado-
lescence. Il en existe plusieurs types. Le présent chapitre porte principalement
sur l’anorexie mentale et la boulimie. Dans 90 % des cas, ces troubles touchent
les filles. Environ de 0,5 à 1 % des adolescentes souffrent d’anorexie mentale et
de 2 à 4 %, de boulimie. L’étiologie de ces problèmes est multifactorielle, des
facteurs génétiques, personnels, familiaux et socioculturels pouvant y contribuer.
Les troubles de la conduite alimentaire précoces surviennent chez les enfants
âgés de moins de 12 ans et ont leur propre classification. Le risque de comorbi-
dité psychiatrique est plus élevé dans ce groupe d’âge que chez les adolescents.
Ce sujet dépasse le cadre de ce chapitre.
Manifestations cliniques
Il faut suspecter une anorexie mentale en présence des quatre « a » suivants :
adolescence, anorexie, amaigrissement et aménorrhée (absence d’au moins trois
1162 Troubles de la conduite alimentaire
Explorations
L’anamnèse et l’examen physique permettent habituellement à eux seuls de poser
le diagnostic. L’anamnèse recherche de façon systématique les caractéristiques
mentionnées plus haut. L’examen revêt une grande importance puisqu’il permet
de faire prendre conscience à l’adolescent des répercussions que sa conduite
alimentaire restrictive a sur son corps. Il est utile d’exprimer le poids perdu en
pourcentage du poids antérieur. Le poids, la taille et l’indice de masse corpo-
relle (IMC) doivent être placés sur la courbe de croissance pour interpréter la
situation actuelle et pouvoir fixer des objectifs adaptés à chaque adolescent. Un
ralentissement ou un arrêt de la croissance staturale peut survenir en cas d’amai-
grissement prolongé.
On procède dans tous les cas aux explorations suivantes : hémogramme (on
peut retrouver une anémie normocytaire ou microcytaire ferriprive, une leuco-
pénie et, plus rarement, une thrombopénie), ionogramme, glycémie, urée san-
guine, créatininémie, calcémie, magnésémie, phosphorémie, enzymes hépatiques
et tests de fonction thyroïdienne. L’hypokaliémie est l’anomalie électrolytique la
plus redoutable dans les troubles de la conduite alimentaire ; elle peut être grave.
Ainsi, en cours d’évolution, lorsque l’anamnèse révèle des vomissements auto-
induits, une prise de laxatifs ou de diurétiques ou lorsqu’on soupçonne ce type
de problème, il importe de vérifier l’ionogramme même s’il était normal initiale-
ment. Lorsque le patient boit de l’eau en quantité excessive, on doit rechercher
une hyponatrémie. En présence de bradycardie importante, il est nécessaire de
procéder à un ECG. Selon l’auscultation cardiaque, une échocardiographie peut
être indiquée. Si l’amaigrissement se prolonge – et l’aménorrhée chez la fille –,
une évaluation de la densité osseuse permet de détecter la présence d’ostéopénie.
Quelques examens complémentaires sont parfois requis lorsque le tableau
clinique ne correspond pas tout à fait aux critères reconnus de trouble de la
conduite alimentaire ou si certains éléments de l’anamnèse ou de l’examen
laissent suspecter une affection sous-jacente (exemple : maladie inflammatoire
de l’intestin).
Traitement
La prise en charge doit être adaptée à l’évolution de la maladie. Le pédiatre ou le
médecin de famille joue un rôle important en posant le diagnostic, en dépistant
les complications médicales et en impliquant d’autres professionnels de la santé
(exemples : psychologue, psychiatre, travailleur [assistant] social) au besoin. Selon la
gravité de la maladie, une équipe spécialisée en trouble de la conduite alimentaire
peut être mise à contribution, en particulier lorsqu’une hospitalisation s’impose.
Au cours de la première consultation, l’adolescent présente déjà une dysfonc-
tion alimentaire depuis un certain temps, souvent depuis plusieurs mois ; celle-ci
a comme but la perte de poids. Durant cette phase de la maladie, l’adolescent
manifeste souvent une réticence à accepter les interventions proposées. Générale-
ment, c’est l’entourage, inquiet, qui voit à ce que la consultation médicale ait lieu.
La première visite permet d’établir le diagnostic. Au cours de celle-ci, le
médecin évalue la gravité de l’atteinte physique et psychique de son patient.
L’importance de retrouver une stabilité sur le plan physique et un meilleur état
nutritionnel, de façon à pouvoir cheminer sur le plan psychologique, est soulignée,
en informant l’adolescent et ses parents de l’impact de la restriction alimentaire.
Celle-ci est en effet responsable de bon nombre des pensées obsessionnelles liées
à la nourriture et à l’image du corps, ainsi que de certains symptômes dépressifs
et anxieux. Le médecin propose un plan de suivi adapté ou il adresse immédia-
tement le patient à une équipe spécialisée.
Le terme « accompagnement » définit le mieux le rôle du médecin traitant
envers l’adolescent. Parvenir à réduire la vitesse à laquelle celui-ci perd du poids
1164 Troubles de la conduite alimentaire
constitue un premier objectif ; le médecin doit insister sur la nécessité d’une marge
de sécurité pour poursuivre une approche motivationnelle et le suivi ambula-
toire. On dispose d’une marge de sécurité suffisante si la fréquence cardiaque est
supérieure à 50/min et s’il n’y a pas d’épisodes d’hypotension orthostatique. Il
faut aussi que l’ionogramme soit normal si le patient se fait vomir, s’il utilise des
laxatifs ou des diurétiques ou s’il boit beaucoup d’eau. Sur le plan psychique,
il doit fonctionner adéquatement à la maison, à l’école ou au travail et ne pas
avoir d’idées suicidaires.
À défaut de cette marge de sécurité, l’hospitalisation dans un milieu spé-
cialisé s’impose. Si cela s’avère nécessaire, le rétablissement doit se faire à un
rythme adapté à l’état du patient. La réhydratation se fait de préférence par voie
orale, sauf si l’état hémodynamique est instable. La reprise de l’alimentation doit
aussi être graduelle pour prévenir le syndrome de réalimentation. Il faut en effet
tenir compte de l’adaptation des différents systèmes à la restriction hydrique et
alimentaire chronique et ne pas tenter de rétablir les anomalies trop rapidement,
au risque d’entraîner une décompensation.
Si un suivi ambulatoire est possible, les parents sont invités à aider leur ado-
lescent à retrouver des habitudes alimentaires normales et à le soutenir dans ces
changements qui peuvent être anxiogènes pour lui. Ils ont souvent besoin de
conseils et de soutien pour ce faire, surtout si leur adolescent est en phase de déni
de la maladie et n’est pas prêt à délaisser ses comportements dysfonctionnels.
Cela requiert patience et constance entre les parents et dans le temps.
Dans la mesure où l’on dispose d’une certaine marge de sécurité et où l’état
nutritionnel s’améliore, il convient d’amener peu à peu l’adolescent à comprendre
le sens de ses conduites alimentaires problématiques et à gérer différemment
les enjeux reconnus comme étant difficiles dans sa vie. Parmi les divers modes
de traitement des troubles de la conduite alimentaire, citons les approches fami-
liale, motivationnelle, cognitivo-comportementale, psycho-éducative, de groupe,
psychodynamique et psychanalytique. En pédiatrie, on privilégie souvent les
deux premières.
Dans certains cas, une médication peut être indiquée, en particulier pour
la boulimie ou pour traiter un trouble anxieux ou de l’humeur associé (celui-ci
peut avoir précédé ou suivi le trouble alimentaire). Les inhibiteurs du recaptage
de la sérotonine peuvent être utiles dans ces situations. L’indication de prescrire
une médication est le plus souvent établie après consultation auprès d’un psy-
chiatre. Certaines études ont rapporté un effet bénéfique des antipsychotiques
de 2e génération, mais leur indication est encore à préciser et à réserver aux
situations réfractaires ; lorsqu’ils sont prescrits, on doit suivre de près leurs effets
secondaires éventuels (voir Psychose).
Au cours de la phase de reprise pondérale, le patient perd le « contrôle de
son contrôle » ; il peut se remettre à manger de façon désordonnée, parfois avec
des épisodes boulimiques. Le plus souvent, il reprend du poids et peut revenir
à un poids à peu près identique à celui qu’il avait avant son anorexie. Pendant
que l’adolescent se rapproche de ce poids, on observe d’abord une baisse dans
l’intensité des épisodes boulimiques, puis dans la fréquence de ces épisodes.
La détresse psychologique peut s’avérer importante durant cette période, et le
soutien psychothérapeutique doit parfois être intensifié.
Troubles du langage 1165
Pronostic
Le pronostic des troubles de la conduite alimentaire à l’adolescence varie selon
les études. En général, il est meilleur que celui des adultes. Les études longitu-
dinales révèlent un pronostic favorable, la majorité des patients guérissant, mais
cela, après de nombreuses années de suivi ; certains demeurent aux prises avec
un autre problème psychiatrique.
Généralités
L’enfant naît avec la capacité innée de saisir les règles du langage ; il a besoin
d’un minimum d’exposition pour le développer. La maîtrise du langage oral lui
permet d’acquérir certaines habiletés métalinguistiques nécessaires à l’apprentis-
sage de la lecture et de l’écriture. Le langage est indispensable dans les relations
sociales et constitue un outil de développement social, affectif et intellectuel.
Le langage est un ensemble de symboles (un code) gouverné par des règles.
Ses composantes sont les suivantes.
1) La forme : elle comporte la prononciation, la phonologie (choix et organisa-
tion des sons pour constituer un mot) et la structure de phrase ou syntaxe
(choix et organisation des mots pour constituer une phrase).
2) Le contenu (ou sémantique du langage) : il inclut le vocabulaire emmagasiné
par l’enfant et la signification des mots, lesquels, en relation les uns avec les
autres, véhiculent un message.
3) L’utilisation (ou pragmatique du langage) : elle comprend l’adaptation du
langage au contexte social (s’adapter à l’autre, maintenir un échange) et les
intentions de communication (nommer, décrire, demander, saluer, commen-
ter, raconter, poser des questions).
La parole renvoie à la production motrice du langage (articulation).
Il est important de connaître les différentes étapes du développement nor-
mal du langage. Les visites périodiques sont, pour le praticien, l’occasion de
procéder au dépistage d’un retard de langage simple ou d’un trouble du lan-
gage ou de la parole. Toute inquiétude parentale relative au développement
du langage doit être prise en considération. Les signaux d’alarme importants
sont les suivants.
• De la naissance à deux mois : absence de réponse aux sons, succion faible,
troubles de déglutition.
• Entre trois et six mois : absence de gazouillement, absence ou perte du babil-
lement, réponse inconstante aux sons.
• Entre 9 et 12 mois : un nourrisson silencieux qui ne réagit pas quand on l’ap-
pelle par son prénom et qui ne tente pas d’interagir avec son environnement.
• Entre 13 et 24 mois : un enfant qui ne semble pas comprendre le langage,
qui ne fait aucune demande, n’imite aucun son, ne dit aucun mot à 15 mois
1166 Troubles du langage
Manifestations cliniques
I. Retard de langage simple
L’enfant présente un développement langagier plus lent, mais typique, c’est-à-dire
comparable à celui d’un enfant plus jeune. Les différentes composantes du
langage sont atteintes de façon homogène. Habituellement, le retard est récu-
péré avant l’entrée à l’école, et les progrès sont rapides avec l’intervention en
orthophonie.
Explorations
Il importe de faire une histoire détaillée portant sur les antécédents personnels et
familiaux ainsi que sur l’ensemble du développement de l’enfant. Le nombre de
langues auquel l’enfant est exposé et le degré de stimulation sont des éléments
essentiels au diagnostic différentiel, tout comme un examen physique minutieux
pour s’assurer que le déficit de langage ou de parole ne s’inscrit pas dans un
cadre plus large tel un syndrome génétique (exemple : syndrome vélo-cardio-facial
Troubles du langage 1169
Traitement
Il importe d’abord de prendre en charge les problèmes sous-jacents qui peuvent
causer le trouble du langage ou y contribuer. En particulier, une surdité de
conduction peut se corriger après une myringotomie avec mise en place de tubes
transtympaniques de ventilation. Une surdité neurosensorielle peut nécessiter le
recours à une prothèse auditive ou la pose d’un implant cochléaire.
Si la stimulation du langage n’est pas adéquate au sein du milieu familial,
la fréquentation d’une structure éducative (service de garde [garderie, crèche],
prématernelle, atelier de stimulation) peut aider à remédier à cette lacune.
S’il faut diriger l’enfant en orthophonie, cela doit se faire précocement, pour
obtenir les meilleurs résultats. Le retard simple du langage se corrige habituelle-
ment avant l’âge de six ans. Le trouble primaire du langage (dysphasie) nécessite
une prise en charge spécialisée (orthophonie, orthopédagogie) souvent tout au
long de la scolarisation. Pour favoriser un meilleur apprentissage, il peut être
nécessaire de recourir à des adaptations scolaires particulières (accompagnement
au sein d’une classe régulière, classe à effectif réduit, classe de langage, école
spécialisée). Les troubles de la parole associés à une anomalie orofaciale (fissure
palatine) nécessitent, en plus d’un suivi par une équipe médicale spécialisée,
une prise en charge orthophonique précoce, idéalement dès l’âge de deux ans.
Il faut rassurer les parents d’un enfant de moins de quatre ans qui semble
traverser une période de dysfluidité, car celle-ci peut être normale à cet âge.
Si le bégaiement persiste plus de six mois, demeure prononcé après l’âge de
quatre ans ou s’accompagne de signes de tension secondaires (grimaces), une
intervention orthophonique devient souhaitable. Le bégaiement augmente avec
le stress, la fatigue ou les émotions et s’atténue ou disparaît quand la personne
parle « automatiquement » sous l’effet de la colère, quand elle chante ou récite
1170 Troubles du sommeil
un texte par cœur. Le recours à certains de ces moyens peut faciliter la fluidité
verbale. Le bégaiement ne se guérit pas, mais peut se maîtriser par l’utilisation
de différentes techniques avec un soutien orthophonique. Plus le problème est
détecté tôt, plus les résultats thérapeutiques s’installent rapidement. Un soutien
psychologique est recommandé dans les cas de bégaiement psychogénique ou
de mutisme sélectif.
Généralités
Le sommeil est essentiel au développement physique, cognitif et psychologique
de l’enfant. Les problèmes liés au sommeil sont fréquents : on estime que de 25
à 50 % des nouveau-nés, des enfants et des adolescents en seraient atteints à un
moment ou l’autre.
On parle de trouble du sommeil en présence d’un désordre qui entraîne de
la somnolence diurne ou des difficultés à instaurer ou à maintenir le sommeil
(dysomnie), ou d’un désordre qui fait intrusion durant le sommeil (parasom-
nie). La privation de sommeil, quant à elle, renvoie à l’incapacité d’obtenir une
quantité de sommeil suffisante pour répondre aux besoins endogènes d’une per-
sonne. Elle est souvent tributaire de mauvaises habitudes de vie et peut mener
à des troubles du sommeil. Elle peut être corrigée par des mesures générales
favorisant l’hygiène du sommeil, alors que les troubles du sommeil requièrent
généralement une intervention ciblée.
La durée totale de sommeil des enfants et des adolescents a considérable-
ment diminué depuis un siècle. Plus de la moitié des adolescents rapportent
une fatigue excessive ou de la somnolence durant la journée. Les habitudes de
vie actuelles sont en cause. Parmi les principaux facteurs en jeu dans la priva-
tion de sommeil figurent l’utilisation de technologies à écran, la consommation
de stimulants (exemple : caféine), la mauvaise qualité de l’environnement phy-
sique (exemple : environnement trop bruyant ou trop éclairé) et le manque de
priorité accordée au sommeil par les familles et la société.
Des horaires de sommeil variables et écourtés sont associés à une augmen-
tation du risque de surpoids et d’obésité chez l’enfant et l’adolescent, de même
qu’à une perturbation de la réponse immunitaire. Les répercussions cognitives
de la perturbation du sommeil sont nombreuses et lourdes de conséquences.
À l’inverse des adultes qui éprouvent de la somnolence lorsqu’ils manquent de
sommeil, les enfants présentent plutôt des problèmes d’attention, une irritabilité
et, parfois, une hyperactivité. Ils ont plus de difficultés dans leurs fonctions exé-
cutives telles que la capacité à résoudre un problème, à planifier leurs actions
et à inhiber des comportements indésirables. Il existe également une relation
étroite entre le sommeil et la régulation cérébrale des émotions.
Les troubles du sommeil sont particulièrement fréquents chez les enfants et
les adolescents atteints d’un trouble psychiatrique, comme un trouble anxieux, un
trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, un trouble de l’humeur,
un syndrome de stress post-traumatique ou un trouble du spectre de l’autisme.
Les adolescents qui rapportent des difficultés de sommeil sont également plus
Troubles du sommeil 1171
Physiologie du sommeil
La qualité du sommeil et sa quantité sont essentielles pour que celui-ci puisse
accomplir sa fonction récupératrice. Le sommeil lent profond, présent surtout en
début de nuit, est associé à certaines fonctions somatiques telles que la sécré-
tion d’hormone de croissance, l’activation du système immunitaire et la répa-
ration tissulaire. Il joue également un rôle dans l’homéostasie (diminution de
la dette de sommeil) et permet la mise en place du sommeil paradoxal. Ainsi,
les troubles du sommeil qui perturbent la première moitié de la nuit sont plus
susceptibles d’avoir un impact sur la santé physique. Le sommeil paradoxal est
davantage associé aux fonctions neurocognitives telles que la maturation du sys-
tème nerveux central, l’encodage en mémoire et le rappel. Il sert aussi de support
physiologique au rêve. Comme le sommeil paradoxal est majoritairement présent
en deuxième moitié de nuit, la privation de sommeil durant cette période aura
pour conséquence principale une baisse du rendement cognitif.
Tant chez l’enfant que chez l’adulte, deux processus physiologiques dis-
tincts interagissent pour déterminer la durée, la continuité, la composition et le
moment de la période de sommeil : le processus homéostatique régule l’endor-
missement et le maintien du sommeil en créant une « pression au sommeil » qui
augmente avec le nombre d’heures sans sommeil accumulées et qui se dissipe
avec le temps dormi, alors que le processus circadien régule l’endormissement et
l’éveil en ajustant quotidiennement l’horloge biologique interne aux « donneurs
de temps » (synchroniseurs) environnementaux. La sécrétion de mélatonine par
la glande pinéale en réponse à l’absence de lumière est un mécanisme important
pour maintenir le rythme circadien du cycle de sommeil et d’éveil. La lumière
représente donc le « donneur de temps » le plus important.
Au fil du développement, de nombreux changements physiologiques, chrono-
biologiques, psychologiques et sociaux vont influer sur le sommeil.
I. Nouveau-né
Au cours du premier mois de vie, les périodes d’éveil et de sommeil alternent sur
un cycle de trois à quatre heures (rythme ultradien), de sorte que les périodes
de sommeil se distribuent également entre le jour et la nuit.
Le sommeil du nouveau-né est composé de deux stades, le sommeil calme
et le sommeil agité. Le nouveau-né s’endort en sommeil agité, au cours duquel il
exécute des mouvements corporels, oculaires et de multiples mimiques faciales.
Les yeux peuvent être fermés ou mi-clos, et le nouveau-né peut émettre des cris
qui sont souvent confondus avec un éveil. En dehors de ces mouvements, il existe
une hypotonie importante. La respiration est rapide, irrégulière et entrecoupée
par des pauses respiratoires qui peuvent atteindre 15 secondes (respiration para-
doxale). Ce stade s’apparente au sommeil paradoxal de l’enfant et de l’adulte. Il
est important de reconnaître le caractère normal de ces comportements durant
le sommeil parce qu’ils peuvent être confondus avec des éveils fréquents, une
apnée ou encore une convulsion.
Après environ 25 minutes en sommeil agité, le nouveau-né devient immo-
bile, sauf pour quelques sursauts ou de petits mouvements de succion. Les yeux
1172 Troubles du sommeil
Approche clinique
L’enseignement des bonnes habitudes de sommeil et la reconnaissance des
troubles du sommeil doivent faire partie de toute visite médicale périodique.
1174 Troubles du sommeil
des siestes de qualité. De la même façon, une sieste faite trop tard en après-midi
peut compromettre l’endormissement du soir.
Les conditions d’endormissement au coucher le soir et durant les siestes doivent
être reproductibles durant la nuit afin que l’enfant se rendorme seul après les éveils
nocturnes. Les pièges à éviter sont d’endormir l’enfant hors du lit (exemple : en
le berçant systématiquement). Dès les premiers mois de vie, le nourrisson devrait
être déposé dans le lit alors qu’il est somnolent, mais pas endormi, en évitant de le
laisser s’endormir durant l’alimentation. Les tétées devraient être espacées de l’en-
dormissement et idéalement avoir lieu à l’extérieur de la chambre. Finalement, le pa-
rent devrait éviter de rester auprès de l’enfant jusqu’à l’endormissement. La chambre
doit être calme, sombre et confortable et être réservée uniquement au sommeil. La
température idéale de la chambre devrait se situer autour de 18 à 20 °C. Pour évi-
ter les suffocations, aucun objet ne doit être présent dans le lit. Le nourrisson doit
dormir sur le dos jusqu’à ce qu’il soit en âge de se retourner seul.
Le sevrage de l’alimentation durant la nuit nécessite de rompre l’association
entre l’endormissement et les tétées. Après l’âge de six mois, il est suggéré de
diminuer progressivement la quantité de lait (biberon) ou la durée d’allaitement
(exemple : réduire l’allaitement de cinq minutes toutes les deux nuits). Progres-
sivement, l’enfant finira par renoncer à l’alimentation nocturne.
Après l’âge de quatre à six mois, il est parfois utile de recourir à une tech-
nique de maîtrise des pleurs pour inciter l’enfant à s’endormir seul. La méthode
« 5-10-15 » consiste à déposer l’enfant mi-éveillé dans son lit et à sortir de la
chambre en fermant la porte. Après un intervalle de temps prédéterminé sans en-
dormissement (5 minutes pour la première visite, 10 minutes pour la deuxième
et 15 minutes pour les visites subséquentes), le parent retourne brièvement dans
la chambre pour rassurer verbalement l’enfant et lui offrir un petit réconfort,
comme un objet de transition avec lequel il est familier (exemples : couverture,
animal en peluche). L’enfant ne doit pas être pris ou touché malgré les pleurs.
Le succès de cette technique dépend de sa rigueur d’application ; une période
de une semaine est nécessaire en moyenne pour obtenir les bénéfices escomp-
tés. Il arrive que le problème s’aggrave initialement avant de s’améliorer. Cette
méthode s’avère souvent difficile sur le plan émotionnel, et il importe de bien
préparer psychologiquement les parents. On doit les rassurer quant au fait que
les pleurs circonstanciels ne laisseront aucune séquelle à l’enfant et que les
bénéfices de l’apprentissage de bonnes habitudes de sommeil sur celui-ci et sa
famille dépassent largement ce désagrément transitoire. La technique « 5-10-15 »
convient aux enfants de moins de 18 mois, mais ne devrait pas être appliquée
alors que l’enfant est malade ou très anxieux.
La technique du « retrait progressif » convient, quant à elle, aux enfants de
tous les âges, de même qu’aux parents ou aux enfants trop sensibles pour la
technique « 5-10-15 ». Elle peut cependant nécessiter près de un mois avant que
l’enfant ne s’endorme par lui-même. Elle consiste à coucher l’enfant apaisé
dans son lit et à augmenter progressivement la distance physique entre lui et le
parent. Par exemple, si le parent a l’habitude de s’asseoir dans le lit de l’enfant
pour l’endormir, la première étape consisterait à s’asseoir sur une chaise près
du lit jusqu’à l’endormissement complet. Après trois soirs consécutifs au même
endroit, le parent augmente la distance jusqu’à ce qu’il soit à l’extérieur de la
chambre. Comme pour la technique du « 5-10-15 », il est essentiel de limiter les
interactions au minimum, et le processus doit être repris pour les éveils noc-
turnes et les siestes.
1176 Troubles du sommeil
III. Hypersomnie
L’hypersomnie est un trouble du sommeil caractérisé par des épisodes de som-
nolence diurne excessive qui n’est pas attribuable à une perturbation du sommeil
nocturne ou à un désordre du rythme circadien.
Troubles du sommeil 1179
est capable de motiver ces derniers à apporter les changements nécessaires dans
les habitudes de vie. Les traitements impliquent, d’une part, l’amélioration de l’hy-
giène du sommeil et, d’autre part, une technique qui vise à devancer la phase de
sommeil telle que la chronothérapie, la photothérapie ou l’utilisation de mélato-
nine. Il est possible d’avancer la phase de sommeil en devançant graduellement
l’heure du coucher et du lever, par exemple de 15 à 30 minutes tous les jours.
V. Parasomnies
Les parasomnies regroupent les désordres du sommeil caractérisés par la présence
d’événements comportementaux ou physiologiques anormaux qui surviennent
habituellement à la transition entre un certain stade du sommeil et l’éveil. Elles
peuvent impliquer le sommeil lent profond, comme durant les épisodes de som-
nambulisme, de terreurs nocturnes et d’éveil confusionnel, ou survenir pendant
le sommeil paradoxal, comme c’est le cas pour les cauchemars, les hallucina-
tions hypnagogiques et hypnopompiques, la paralysie du sommeil et la somni-
loquie. Les parasomnies les plus courantes sont le somnambulisme, les terreurs
nocturnes, l’éveil confusionnel et les cauchemars. La somniloquie renvoie au fait
de parler durant son sommeil. Ce phénomène sans conséquence sur l’enfant ne
requiert habituellement aucune intervention particulière.
Les parasomnies du sommeil lent profond ont plusieurs caractéristiques
communes. Puisqu’elles surviennent à la transition entre le sommeil lent pro-
fond et l’éveil, elles se manifestent à la fois par des éléments cliniques de l’éveil
(ambulation, vocalisation) et du sommeil (seuil d’éveil très haut, non-réponse à
l’environnement). Comme le sommeil lent profond survient principalement dans
le premier tiers de la nuit, les épisodes se déroulent généralement quelques
heures après l’endormissement, et le patient présente une amnésie de l’évé-
nement. L’anamnèse permet de poser le diagnostic, mais il est nécessaire de
rechercher d’autres troubles pouvant perturber le sommeil tels que les troubles
respiratoires ou de mouvements durant le sommeil et l’épilepsie nocturne. La
polysomnographie n’est pas nécessaire de routine ; elle est indiquée pour exclure
une épilepsie nocturne ou pour les cas graves, lorsqu’on envisage un traitement
pharmacologique.
Les parasomnies sont généralement des événements bénins et transitoires
durant l’enfance. La prise en charge est par conséquent axée sur l’éducation,
tout en rassurant les parents. L’adoption d’une bonne hygiène de sommeil est
essentielle. Il importe également de sécuriser l’environnement surtout lorsque
l’enfant adopte des comportements potentiellement dangereux. Par exemple, des
clochettes peuvent être installées sur la porte de la chambre afin de signaler que
l’enfant se déplace, les portes et les fenêtres devraient être barrées, et des bar-
rières devraient être installées dans les endroits à risque de chute. La thérapie par
éveils programmés et le traitement pharmacologique sont réservés aux épisodes
de somnambulisme ou de terreurs nocturnes très incommodants ou dangereux.
Les principaux types de parasomnie sont les suivants.
Somnambulisme Il consiste en une série de comportements complexes liés à
l’éveil partiel durant le sommeil lent profond qui culmine en une marche nocturne
alors que l’enfant présente un sensorium et un jugement altérés. Il est alors très
difficile d’éveiller l’enfant ou celui-ci est désorienté lorsqu’on l’éveille, il ne se sou-
vient pas du tout de l’événement, ou peu, il manifeste des comportements de son
quotidien (exemple : s’habiller) à un moment inapproprié ou encore des comporte-
ments désorganisés, voire potentiellement dangereux. Les épisodes débutent géné-
Troubles du sommeil 1181
VII. Bruxisme
Le bruxisme représente un désordre de mouvements stéréotypés durant le som-
meil caractérisé par des grincements ou des serrements de dents. La moitié des
enfants présentent du bruxisme peu après l’éruption de leurs incisives vers l’âge
de 10 mois, et l’on estime que plus de 20 % des adultes en souffrent. Le bruxisme
survient chez l’enfant normal, surtout en association avec un stress psycholo-
gique ou ituationnel, mais également chez les patients atteints de paralysie cérébrale.
La présence d’un défaut anatomique mineur tel qu’une malocclusion den-
taire peut être un facteur prédisposant. En plus du bruit parfois perturbant qu’il
occasionne, le bruxisme peut provoquer divers maux dentaires ou faciaux,
ainsi que des céphalées. Une usure dentaire, un dommage gingival et une
hypertrophie des masséters peuvent survenir et mener à un trouble de l’articula-
tion temporomandibulaire. Des traitements de relaxation par rétroaction biologique
(biofeedback) sont souvent utiles chez l’enfant plus âgé. Le port d’une plaque
occlusale durant le sommeil est parfois requis.
Troubles du spectre de l’autisme 1183
Généralités
L’autisme est un trouble neurodéveloppemental complexe de la petite enfance
qui se manifeste par des difficultés de communication, des relations sociales
associées à des comportements particuliers, des anomalies dans les processus
de perception, d’attention et de développement moteur.
On a longtemps distingué différents sous-types : autisme, syndrome d’As-
perger, trouble envahissant du développement non spécifié, syndrome de Rett
et trouble désintégratif de l’enfance. Dans la 5e édition du Manuel diagnostique
et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Associa-
tion parue en 20131, on ne fait plus ces distinctions. Les critères révisés incluent
seulement deux domaines de symptômes :
1) la communication sociale ;
2) les intérêts fixes et les comportements répétitifs.
La gravité des manifestations peut varier de façon importante d’un sujet à
un autre au sein de ces deux domaines, d’où la notion de troubles du spectre
de l’autisme (TSA). Des comorbidités peuvent être associées : TSA et déficience
intellectuelle (comorbidité chez environ de 50 à 70 % des enfants autistes), TSA et
trouble du langage, TSA et trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperac-
tivité (TDAH).
La prévalence de l’autisme classique grave est d’environ 1 enfant sur 400
alors qu’environ 1 enfant sur 100 présente un TSA. Les garçons sont plus sou-
vent atteints que les filles (rapport 5:1).
Dans la majorité des cas, l’autisme est primaire, sans étiologie unique. Il y
aurait une interaction entre plusieurs facteurs génétiques et environnementaux,
dont l’âge avancé des parents à la naissance de l’enfant, les maladies maternelles
pendant la grossesse, le stress prénatal extrême, les complications périnatales, les
toxines environnementales et certains processus immunitaires. Bien qu’il existe
une forte composante familiale, aucun gène spécifique ni aucune caractéristique
biologique n’ont pu être clairement associés à l’autisme à ce jour. Le risque pour
des jumeaux homozygotes est de l’ordre de 70 %, il est de 10 % pour les jumeaux
hétérozygotes et de 5 % dans la fratrie. On avance l’hypothèse de néomutations
agissant en tant que facteurs génétiques complexes, d’expressivité et de péné-
trance variables, dans des régions multiples, critiques, possiblement différentes
d’un enfant atteint à un autre, surtout sur les chromosomes 2, 7, 15, 16, 17 et X,
gènes impliqués dans la transmission synaptique, dans la programmation, la
régulation et le développement des réseaux neuronaux. La gravité du tableau
peut varier d’un sujet à l’autre au sein d’une même famille. Dans la famille élar-
gie, on retrouve plus fréquemment des troubles neurodéveloppementaux et psy-
chiatriques (troubles spécifiques du langage, TDAH, troubles anxieux, troubles
obsessionnels-compulsifs).
On parle d’autisme secondaire, ou autisme syndromique, lorsqu’une maladie
ou un syndrome génétique est identifié. Les déficits sensoriels, particulièrement
la cécité congénitale ou précoce et l’amaurose rétinienne congénitale de Leber,
peuvent mimer un profil autistique. D’autres entités médicales plus rares sont l’ex-
position prénatale à l’acide valproïque et les syndromes mitochondriaux. Parmi
les maladies génétiques, la sclérose tubéreuse de Bourneville et le syndrome de
l’X fragile sont les plus fréquents, représentant environ 5 % de la cohorte autis-
tique. On peut aussi observer de l’autisme, à un taux de prévalence moindre,
dans d’autres affections (exemples : neurofibromatose, phénylcétonurie, hypomé-
lanose d’Ito, maladies neuromusculaires) et dans les syndromes d’Angleman, de
Cohen, de Cornelia de Lange, de Cowden, de DiGeorge [monosomie 22q11], de Down
[trisomie 21], de Goldenhar, de Joubert, de Klinefelter, de Lesch-Nyhan, de Moe-
bius, de Noonan, de Prader-Willi, de Rett, de Sanfilippo, de Smith-Lemli-Opitz, de
Smith-Magenis, de Turner et de Williams. Les situations de carence ou de négli-
gence extrêmes qui prévalent dans certains orphelinats mènent parfois à un
tableau d’autisme « institutionnel » qui peut être partiellement réversible. Plu-
sieurs études épidémiologiques rigoureuses ont montré une absence de lien
causal entre la vaccination, le mercure, le plomb, l’alimentation (gluten et ca-
séine) et l’autisme.
Manifestations cliniques
Le diagnostic de TSA repose sur les critères du DSM-5. C’est généralement autour
de l’âge de trois ans que le diagnostic est posé, moment où les déficits dans les
relations sociales et la communication jumelés aux comportements atypiques
peuvent être reconnus de manière fiable. Les caractéristiques précoces obser-
vées chez un enfant atteint d’un TSA sont les suivantes.
• Répond peu ou pas au sourire social (expression émotionnelle réduite).
• Établit peu ou pas de contact visuel avec des personnes autres que les membres
de sa famille.
• Semble plus intéressé à regarder les objets que les visages des personnes.
• Réagit peu ou pas à l’appel de son prénom.
• Ne pointe pas du doigt les objets désirés ou découverts.
• Ne fait pas de demande spontanée (verbale ou non verbale) pour combler
ses besoins.
• Ne tente pas d’attirer l’attention des parents, de partager ses découvertes ou
son plaisir.
• Ne suit pas du regard le geste d’une personne qui pointe un objet (attention
partagée).
• Réagit peu au départ ou au retour de ses parents.
• N’a pas de langage à l’âge de 16 mois ou ne juxtapose pas deux mots à l’âge
de 24 mois.
• Perd des habiletés linguistiques ou sociales acquises antérieurement.
• Peut rester seul pendant de très longues périodes de temps.
• Évite ou ignore les autres enfants qui s’approchent de lui ou qui cherchent à
interagir avec lui.
• S’adonne à des activités répétitives (fermer et ouvrir des portes).
• Ne joue pas de façon fonctionnelle avec les jouets, plutôt les aligne ou les
fait tourner.
Troubles du spectre de l’autisme 1185
Explorations
Il n’existe pas encore de test de laboratoire ou d’imagerie spécifique pour le
diagnostic de l’autisme.
Dès les premiers signes d’anomalie dans le développement de la commu-
nication et de la socialisation, un dépistage pour le TSA peut se faire à l’aide
d’outils standardisés tels que le M-CHAT (Modified Checklist for Autism in
Toddlers, 2010).
L’évaluation du potentiel cognitif non verbal peut constituer un défi important
chez les enfants très atteints et non verbaux. Le profil cognitif est généralement
hétérogène. Le profil verbal peut se révéler très inférieur au profil non verbal,
lequel peut comporter un pic d’habiletés visuospatiales.
Le diagnostic repose sur une évaluation clinique approfondie et rigoureuse
de l’enfant par une équipe interdisciplinaire expérimentée, selon des épreuves
diagnostiques standardisées, telles que l’ADI-R (Autism Diagnostic Interview-
Revised, 2003), l’ADOS-2 (Autism Diagnosis Observation Schedule 2nd Version,
2012) ou le CARS-2 (Childhood Autism Rating Scale 2nd Version, 2010).
L’atteinte du langage et de la communication étant habituellement impor-
tante, il est essentiel d’effectuer une évaluation auditive même en présence d’un
tableau clinique caractéristique.
Troubles du spectre de l’autisme 1187
Traitement
L’autisme est multidimensionnel et hétérogène ; la nature et la quantité de sou-
tien requis dans le fonctionnement au quotidien du sujet atteint varient donc
d’une personne à l’autre.
On a recours à des approches d’interventions précoces qui combinent des
objectifs touchant les comportements, les habiletés de communication et les inter-
actions sociales. Elles sont prodiguées par des équipes spécialisées, généralement
en centres de réadaptation ; elles améliorent les perspectives développemen-
tales et favorisent l’adaptation des enfants autistes. Pour éviter les obstacles aux
activités quotidiennes et au travail éducatif, les perturbations du profil sensoriel
doivent faire l’objet d’une thérapie de désensibilisation par l’ergothérapeute. La
réadaptation orthophonique est complémentaire.
Les enfants autistes les plus gravement atteints ne développent que très
rarement une communication verbale, mais une bonne proportion d’entre eux
peuvent faire comprendre leurs besoins à l’aide d’un support visuel à la com-
munication (photos, images ou pictogrammes). Selon le profil de l’enfant atteint
d’un TSA, la scolarisation se fait dans une école ou une classe spécialisée ou
au sein de classes régulières avec ou sans accompagnement individualisé, avec
ou sans adaptation des contenus pédagogiques, avec l’aide de professionnels
(orthophoniste, orthopédagogue, éducateur spécialisé). La socialisation reste sou-
vent le plus grand défi, particulièrement au moment de l’entrée au secondaire
(Canada) ou au collège (France), l’environnement social y étant encore plus
exigeant. Certains comportements difficiles et certaines comorbidités (troubles
du sommeil, agitation, compulsions, automutilation, agressivité, anxiété, trouble
obsessionnel-compulsif, TDAH, syndrome de Gilles de la Tourette) peuvent
compliquer le tableau et requérir un traitement pharmacologique nécessitant
l’expertise d’un pédopsychiatre.
L’épilepsie est plus fréquente chez les sujets les plus touchés surtout si une
déficience intellectuelle est associée. Lorsqu’elle survient, on la traite de la façon
habituelle.
Un soutien psychosocial à long terme peut être nécessaire pour favoriser
l’adaptation et la qualité de vie de la famille de l’enfant souffrant d’un TSA.
Pronostic
On ne peut juger du devenir de l’enfant atteint d’un TSA à partir de sa présenta-
tion initiale en bas âge. Le médecin doit éviter les pronostics hâtifs pouvant avoir
comme conséquence de priver les parents de l’espoir dont ils ont besoin pour
poursuivre une rééducation longue et difficile. Le pronostic dépend de la stimu-
lation du potentiel intellectuel et langagier, de la qualité de la prise en charge et
de l’adaptabilité de l’enfant et de son milieu. Plus la thérapie individualisée est
entreprise précocement, plus on peut espérer des résultats favorables.
1188 Troubles hémorragiques
Généralités
Le système hémostatique nécessite un équilibre, souvent délicat à maintenir, entre
les composantes sanguines procoagulantes et anticoagulantes. Un déséquilibre
peut entraîner un état d’hypocoagulabilité ou des hémorragies. Les composantes
principales du système hémostatique sont l’endothélium vasculaire, les plaquettes
ainsi que les systèmes de coagulation et de fibrinolyse. Le processus complexe
de la coagulation peut être divisé en trois phases : initiation et formation du clou
plaquettaire, propagation du caillot par la cascade de coagulation (formation de
fibrine) et élimination du caillot de fibrine par fibrinolyse. Des saignements
excessifs peuvent résulter d’anomalies vasculaires ou plaquettaires, de déficits en
facteurs de la coagulation ou d’anomalies du système fibrinolytique. Les facteurs
plasmatiques de coagulation sont les suivants : facteur I (fibrinogène), facteur II
(prothrombine), facteurs V, VII, VIII, IX, X, XI, XII et XIII ; les anomalies de ces
facteurs peuvent être héréditaires (congénitales) ou acquises.
Les troubles hémorragiques sont fréquents chez l’enfant. Le diagnostic
étiologique s’avère parfois difficile à poser en raison des difficultés de prélè-
vement – cela est surtout vrai chez le jeune enfant – ainsi que de la variation
de plusieurs paramètres de la coagulation en fonction de l’âge. Cependant, un
diagnostic précis et précoce demeure indispensable pour procéder à une prise
en charge adéquate.
Manifestations cliniques
Les anomalies de l’hémostase primaire, qu’elles soient d’origine vasculaire ou
plaquettaire, sont habituellement responsables d’hémorragies mucocutanées
(ecchymoses, pétéchies, épistaxis, ménorragies) et parfois d’hémorragies des
systèmes urinaire (hématurie) et digestif (méléna, rectorragies).
Les anomalies de la coagulation plasmatique, comme les déficits congénitaux
en facteurs de la coagulation, provoquent surtout des hémorragies profondes
(hématomes musculaires, hémarthroses).
Un trouble de la fibrinolyse entraîne une accélération de celle-ci et se mani-
feste par des saignements tardifs, c’est-à-dire survenant après un certain délai
à la suite d’une blessure ou d’une intervention chirurgicale. Certaines anoma-
lies en facteurs de la coagulation et de la fibrinolyse provoquent un défaut de
cicatrisation des plaies.
III. Explorations
Il n’est pas nécessaire de procéder à des explorations lorsque la cause de l’hé-
morragie est évidente ou s’il s’agit d’un saignement de courte durée touchant un
site unique (exemple : épistaxis). Cela exclut les ménorragies isolées pour les-
quelles une anomalie de la coagulation est retrouvée chez 10 à 15 % des patientes
concernées ; ce symptôme requiert une évaluation.
Un petit nombre d’examens complémentaires sont indiqués si les saignements
surviennent dans les circonstances suivantes : hémorragies touchant simultané-
ment ou successivement plusieurs sites, saignements récidivants, hémorragies
disproportionnées par rapport à leur cause, indices associés de maladie hépatique,
rénale, infectieuse ou néoplasique ou histoire familiale de trouble hémorragique.
Les principales explorations de dépistage sont alors les suivantes : hémo-
gramme pour la numération plaquettaire, frottis sanguin, coagulogramme com-
plet, temps de fermeture (il s’agit d’un temps de saignement in vitro fait à l’aide
d’un appareil appelé PFA-100) qui remplace, de plus en plus, le temps de sai-
gnement in vivo. Le coagulogramme complet inclut un temps de prothrombine
(TP) (il correspond au PT de la littérature de langue anglaise et est aussi exprimé
par l’INR, International Normalized Ratio ou rapport temps du patient/temps du
1190 Troubles hémorragiques
5) Déficit en facteur XI
• Généralités : le déficit en facteur XI est transmis selon le mode autosomique
récessif. Il survient plus fréquemment dans certaines populations, par exemple
les Juifs ashkénazes. Les homozygotes ont un déficit majeur en facteur XI,
lequel est inférieur à 0,2 U/mL, alors que les hétérozygotes présentent un
déficit léger (facteur XI de 0,2 à 0,5 U/mL).
• Manifestations cliniques : les homozygotes et les hétérozygotes peuvent saigner
de façon anormale, particulièrement pendant une intervention chirurgicale
1194 Troubles hémorragiques
8) Autres anomalies
Des déficits en d’autres facteurs de la coagulation (II, V, VII, X) ou en des com-
posantes du système fibrinolytique peuvent être responsables d’hémorragies.
Généralités
Dans les pays industrialisés, l’âge moyen de la ménarche est de 12 ans et demi.
Les premières menstruations peuvent survenir du stade 2 à 5 de Tanner, le plus
souvent au stade 4. Au cours des 18 à 24 mois qui suivent la ménarche, les cycles
menstruels sont fréquemment anovulatoires ; pendant cette période, les menstrua-
tions surviennent irrégulièrement, et leur durée est variable. Le cycle menstruel
normal dure de 21 à 35 jours (moyenne : 28 jours). La durée des menstruations
varie de quatre à huit jours (moyenne : six jours). L’adolescente utilise en moyenne
cinq serviettes hygiéniques ou cinq ou six tampons par jour. Des cycles mens-
truels normaux nécessitent l’intégrité de l’hypothalamus, de l’hypophyse, des
ovaires et de l’utérus.
Aménorrhée
Il existe deux types d’aménorrhée : l’aménorrhée primaire et l’aménorrhée secon-
daire. Le traitement de l’aménorrhée dépend de sa cause.
I. Aménorrhée primaire
On parle d’aménorrhée primaire lorsque la patiente n’a jamais été menstruée
alors qu’elle atteint l’âge de 16 ans et qu’il y a présence de caractères sexuels
secondaires ou lorsqu’elle atteint l’âge de 14 ans et que son développement
pubertaire n’est pas amorcé. Il est aussi anormal de ne pas avoir de menstrua-
tions quatre ans après le début de la puberté, quel que soit l’âge.
1) Si le développement pubertaire est normal, il faut rechercher systématique-
ment une imperforation de l’hymen (après la ménarche, celle-ci conduit
nécessairement à un hématocolpos) ou une agénésie utérine (syndrome de
Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser).
2) Si le développement pubertaire est absent ou retardé, le dosage des gona-
dotrophines (FSH, follicle stimulating hormone ou hormone folliculostimu-
lante, et LH, luteinizing hormone ou hormone lutéinisante) permet d’orienter
le diagnostic.
a) S’il est élevé, il s’agit d’un hypogonadisme hypergonadotrophique, que l’on
peut observer dans les dysgénésies gonadiques tels le syndrome de Turner
et l’insuffisance ovarienne précoce.
b) S’il est bas, il s’agit d’un hypogonadisme hypogonadotrophique, trouvé dans
les conditions suivantes :
• hyperthyroïdie ;
• stress scolaire, familial ou autre ;
• excès d’exercice (exemples : ballet, marathon) ;
Troubles menstruels 1197
Dysménorrhée
La dysménorrhée consiste en une douleur abdominale basse ou lombaire qui sur-
vient pendant les trois premiers jours des menstruations. Plus de la moitié des ado-
lescentes souffrent de dysménorrhée. C’est la cause médicale la plus fréquente
d’absentéisme scolaire à cet âge.
I. Dysménorrhée primaire
La dysménorrhée primaire ou essentielle est la plus commune. Elle apparaît au
moment où les cycles deviennent ovulatoires, en général quelques mois après
la ménarche. Il n’y a pas d’anomalie anatomique. Si la patiente a besoin de
contraception, on prescrit des contraceptifs oraux, car ceux-ci peuvent avoir un
effet thérapeutique important. Si l’adolescente n’a pas besoin de contraception
ou si l’effet des contraceptifs est insuffisant, on prescrit l’une des antiprostaglan-
dines suivantes : ibuprofène, naproxen (ou naproxen sodique) ou acide méfé-
namique. Pour s’avérer efficace, le traitement doit être commencé précocement,
si possible au cours des 24 heures qui précèdent les menstruations. Si l’un de
1198 Troubles menstruels
ces analgésiques ne donne pas de résultat satisfaisant, on essaie l’un des autres.
En cas de dysménorrhée grave répondant de façon insuffisante à ce traitement,
on ajoute des contraceptifs oraux même si ceux-ci ne sont pas requis en soi
comme contraceptifs.
Les contre-indications aux antiprostaglandines sont la grossesse, l’intolérance
digestive et l’asthme aggravé par l’un de ces agents. En l’absence de réponse, il
faut rechercher une cause organique ; une consultation en gynécologie devient
alors nécessaire, et une laparoscopie peut être indiquée.
(voir ci-après) (si le taux d’Hb est très bas, on pourra donner les contraceptifs
sans interruption pendant six à neuf semaines).
On peut aussi entreprendre le traitement d’emblée avec un contraceptif
oral combiné comprenant au moins 0,03 mg d’éthinyl-estradiol et 0,15 mg de
lévonorgestrel à raison de 1 comprimé 4 fois par jour additionnés de 4 mg de
17β-œstradiol 4 fois par jour.
L’acide tranexamique, un agent antifibrinolytique, peut être ajouté s’il n’y
a pas de risque thrombotique. L’anémie ferriprive doit être traitée.
2) Si le taux d’Hb se situe entre 100 et 120 g/L et que la patiente ne saigne pas de
façon active (ou si le saignement est modéré), on prescrit des contraceptifs
oraux combinés. On utilise la combinaison d’éthinyl-estradiol et de progesta-
tif de la manière suivante : 1 comprimé 4 fois par jour pendant 3 ou 4 jours,
puis 3 fois par jour pendant 3 jours, puis 2 fois par jour pendant 2 ou 3 jours,
et ensuite 1 fois par jour jusqu’à ce qu’un total de 21 jours de traitement soit
atteint (il existe plusieurs variantes de ce protocole). Après un arrêt de sept
jours, on administre quotidiennement la même combinaison de façon cyclique
pendant trois mois. S’il y a une intolérance ou une contre-indication aux œs-
trogènes, on donne de la médroxyprogestérone pendant 10 jours au cours du
cycle menstruel, à la dose de 10 mg PO 1 fois par jour, pendant 4 à 6 mois. Les
anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent réduire les pertes sanguines
menstruelles de 30 à 50 % s’il s’agit d’un saignement utérin dysfonctionnel
ovulatoire, ce qui est plutôt rare chez l’adolescente. Les antifibrinolytiques
(exemple : acide tranexamique) offrent une autre option pouvant être utile
pour contrôler les pertes sanguines menstruelles. On doit également traiter
l’anémie ferriprive.
3) Si le taux d’Hb est supérieur à 120 g/L, on recommande à l’adolescente de
tenir un calendrier de ses menstruations et l’on s’assure que ses apports nutri-
tionnels en fer sont suffisants.
Généralités
Le terme « troubles psychosomatiques » regroupe des formes variées de difficultés
psychiques s’exprimant par le corps.
On décrit habituellement quatre catégories de troubles psychosomatiques.
Il y a absence de lésion organique dans les trois premiers cas et présence d’une
maladie bien reconnue dans le dernier cas.
Approche clinique
L’investigation représente un défi pour le praticien, la grande difficulté étant de
savoir quand la cesser.
Sur le plan physique, il existe un danger à mener une investigation dans
le seul but de répondre aux inquiétudes du patient ou à ne pas investiguer en
raison de l’imprécision des symptômes ou de la présence évidente d’un gain
secondaire (exemple : absence de fréquentation scolaire). D’une part, une investi-
gation trop sommaire peut affaiblir le lien de confiance médecin-patient. D’autre
part, une investigation trop extensive peut laisser croire au patient et à sa famille
qu’il se passe quelque chose d’inquiétant et favoriser l’installation de l’enfant ou
de l’adolescent dans un rôle de malade avec diminution des activités propres à
cet âge et chronicisation de la situation. Une explication claire sur les motifs de
l’exploration entreprise et l’obtention rapide des résultats des analyses deman-
dées figurent parmi les éléments-clés d’une prise en charge appropriée.
Troubles psychosomatiques 1201
Traitement
Voici quelques principes qui doivent diriger l’intervention.
• Reconnaître la souffrance de l’enfant ou de l’adolescent, par exemple en lui
expliquant que l’on croit à la réalité de sa douleur.
• Se fier aux données de l’anamnèse, de l’examen physique et de l’évolution
du symptôme.
• Reconnaître les limites des explorations ; elles confirment le diagnostic ou
permettent d’étayer plusieurs diagnostics différentiels, mais ne réussiront pas
à réconforter le patient et ses parents.
• Éviter de laisser croire trop rapidement qu’une exploration ou un traitement
résoudra les symptômes. Il est souvent aidant d’annoncer dès le début que
l’investigation physique peut se révéler négative et que l’évaluation des fac-
teurs psychologiques fait partie de l’évaluation.
• Établir une relation « triangulaire » entre le patient, les parents et le médecin
pour favoriser l’autonomie de l’enfant ou de l’adolescent et permettre à cha-
cun de faire part de ses attentes et de ses craintes.
Le médecin doit tenter certaines des interventions suivantes.
• Établir un lien entre les symptômes et les composantes psychologiques démon-
trées (crainte d’une maladie, anxiété, gains secondaires).
• Proposer des associations entre l’apparition, l’exacerbation ou la diminution
des symptômes et certaines activités quotidiennes.
• Si le patient n’est pas prêt à établir une relation entre son symptôme physique
et ses difficultés, trouver plutôt avec lui une piste d’intervention ciblant ses
difficultés, par exemple un suivi psychologique pour l’aider à s’affirmer.
• Donner une opinion franche sans minimiser la souffrance ou l’impuissance
des parents devant la présence de la plainte.
• Éviter de présenter le diagnostic de trouble psychosomatique comme un
diagnostic d’exclusion ; l’opinion d’une origine psychosomatique est bien
accueillie dans la majorité des cas si elle tient compte de la souffrance per-
çue par le patient et qu’elle s’inscrit dans une prise en charge intégrée de ses
problèmes.
• Permettre la réaction : l’opposition au diagnostic peut faciliter la verbalisation
d’une colère, d’une crainte ou d’une attente.
• Miser sur une reprise des activités habituelles, même si ce sujet entraîne sou-
vent une réaction de colère et de sentiment d’incompréhension chez le patient
et sa famille.
• Conclure en proposant certains changements pouvant amener une améliora-
tion telles l’adoption de bonnes habitudes de santé et la recherche de moyens
de relaxation.
1202 Tuberculose
• Garantir un suivi ; cela représente souvent le geste le plus rassurant pour les
parents. Il ne faut pas donner un congé en raison d’une exploration négative
sans proposer un plan d’intervention.
Tuberculose 266
Bruce Tapiero, Guy Lapierre, Anne-Marie Demers
Généralités
L’agent étiologique de la tuberculose est le bacille alcoolo-acido-résistant de Koch
ou Mycobacterium tuberculosis. On distingue deux états cliniques fondamentale-
ment différents dans l’infection tuberculeuse : l’infection latente et la tuberculose
maladie (ou tuberculose active).
L’infection latente (ou primo-infection tuberculeuse) est la plupart du temps
totalement asymptomatique et non contagieuse ; seule la réaction tuberculinique
est positive, et le patient est porteur du M. tuberculosis, dont la croissance a été
contrôlée par l’immunité cellulaire.
La tuberculose active est la forme symptomatique de l’infection, accompa-
gnée le plus souvent de manifestations respiratoires. Il s’agit de l’évolution de
l’infection latente qui n’est pas ou n’est plus contrôlée par l’immunité cellulaire
du sujet atteint.
L’acquisition de la tuberculose se fait par inhalation de microgouttelettes
contenant le M. tuberculosis ; celles-ci sont projetées dans l’air par une personne
ayant une tuberculose pulmonaire active au moment où elle tousse. Une fois
inhalées, les bactéries prolifèrent dans les espaces alvéolaires, essaiment par voie
lymphatique dans les ganglions régionaux, puis peuvent diffuser dans plusieurs
tissus (exemples : méninges, rein, tissus ostéo-articulaires) par voie hématogène.
Certains facteurs augmentent le degré de contagiosité : contacts étroits et
prolongés avec la personne atteinte (favorisés par une promiscuité) dans des
espaces peu ou pas ventilés, tuberculose non traitée, laryngée ou cavitaire avec
présence dans les expectorations de M. tuberculosis à l’examen direct microsco-
pique à coloration fluorescente (auramine) ou de Ziehl. D’autres facteurs liés à
l’hôte favorisent l’évolution vers une tuberculose active : jeune âge (cinq ans et
moins), adolescence, malnutrition, déficit immunitaire (incluant le cancer et les
traitements par immunosuppresseurs ou immunomodulateurs tels que les inhi-
biteurs du tumor necrosis factor alpha ou TNFα), infection (rougeole, coque-
luche), maladie chronique concomitante, habitudes de vie (itinérance, alcoolisme
et autres toxicomanies).
Dans les pays développés, la tuberculose active est désormais considérée
comme une maladie rare, en constante diminution avec un taux annuel estimé à
moins de 10 cas par 100 000 habitants. Certains sous-groupes sont plus à risque. Au
Canada, par exemple, la majorité des cas de tuberculose pédiatrique se retrouvent
chez les populations des Premières Nations ou nées en dehors du Canada. Dans
les pays en développement, la tuberculose active demeure un problème majeur
de santé publique avec une prévalence actuelle moyenne de 350/100 000 habi-
tants en Afrique subsaharienne, pouvant atteindre près de 900/100 000 habitants
en Afrique du Sud. Un autre phénomène d’importance est la multiplication des
souches résistantes aux médicaments antituberculeux.
Tuberculose 1203
Manifestations cliniques
I. Infection tuberculeuse latente
La primo-infection tuberculeuse survient un ou deux mois après le contact ;
elle est le plus souvent silencieuse, tant sur le plan clinique que radiologique.
On observe en de rares occasions un infiltrat discret et une adénopathie hilaire
satellite sur la radiographie pulmonaire. Une résolution spontanée survient dans
environ 90 % des cas. L’infection entre alors dans une phase de latence. C’est à
ce moment qu’apparaît l’hypersensibilité retardée, qui permet le diagnostic au
moyen d’une épreuve cutanée.
Au fil de toute la vie, on estime que le risque de réactivation vers une mala-
die est de 7 à 10 %. Celle-ci survient surtout au cours de l’année suivant l’acquisi-
tion du M. tuberculosis (80 % des réactivations surviennent dans les deux années
qui suivent), mais, chez certains patients, elle peut se produire des années plus
tard. Les principaux facteurs de risque qui favorisent cette progression ont été
cités dans la section Généralités. Le but du traitement de la primo-infection est
de prévenir cette réactivation.
Explorations
Il n’est pas toujours possible de confirmer la présence de M. tuberculosis par
culture chez l’enfant. Les tests cutanés à la tuberculine (TCT) et les tests de libé-
ration d’interféron-gamma jouent donc un rôle dans le diagnostic. Celui-ci est
souvent basé sur trois critères principaux :
1) un TCT ou un test de libération de l’interféron-gamma positif ;
2) un examen clinique ou une radiographie anormaux ;
3) un lien épidémiologique avec un cas connu ou suspect de tuberculose conta-
gieuse.
Par ailleurs, un TCT ou un test de libération d’interféron-gamma négatif ne
permet pas d’écarter le diagnostic de tuberculose active.
III. Imagerie
La radiographie pulmonaire peut révéler des adénopathies médiastinales ou
hilaires, un infiltrat segmentaire ou lobaire (surtout apical chez l’adolescent),
une caverne (rare chez l’enfant), une atélectasie (compression d’une bronche
par une adénopathie), des calcifications, un épanchement pleural ou une tuber-
culose miliaire. Comme la région hilaire peut être difficile à évaluer avec une
seule incidence antéropostérieure, il est important de toujours inclure un cliché
de profil lorsqu’on soupçonne une tuberculose. La tomodensitométrie thora-
cique avec injection de produit de contraste permet d’évaluer plus précisément
le médiastin chez les patients dont la radiographie pulmonaire est équivoque.
Des lésions pulmonaires sont habituellement présentes en cas d’atteinte extra-
thoracique. La résonance magnétique nucléaire constitue l’examen de choix
pour les méningites tuberculeuses et l’exploration des tuberculoses vertébrales.
Traitement
Dans différentes régions du monde, le M. tuberculosis devient de plus en plus
résistant aux médicaments antituberculeux, particulièrement à l’isoniazide (INH).
Il importe donc de tenter d’isoler la souche et de déterminer sa sensibilité, autant
chez l’enfant que chez la personne à partir de qui il a été infecté.
La longue durée du traitement, tant de l’infection latente que de la tuber-
culose active, favorise le manque d’adhésion à celui-ci. Il faut donc recourir à
différentes mesures de surveillance, comme des contacts téléphoniques réguliers
et des rencontres fréquentes avec le patient et sa famille pour renforcer l’adhé-
sion au traitement.
• Chez un enfant traité à l’INH pour infection tuberculeuse latente, il n’est pas
nécessaire d’administrer un supplément de pyridoxine, du moins si son état
nutritionnel est satisfaisant ; la neuropathie par déficit en pyridoxine demeure
en effet très rare. Par contre, le nourrisson allaité et l’adolescent devraient
recevoir un supplément quotidien de 25 à 50 mg de pyridoxine.
• Un corticostéroïde doit être ajouté au traitement antituberculeux en cas de
méningite tuberculeuse ou d’atélectasie secondaire à une compression bron-
chique causée par une adénopathie médiastinale. Une corticothérapie peut
aussi être indiquée en cas de tuberculose miliaire grave, de pleurésie ou de
péricardite. On utilise alors la prednisone (de 1 à 2 mg/kg/24 h PO en doses
fractionnées toutes les 12 heures ; max : 50 mg/24 h). Ce traitement est pour-
suivi pendant un mois, puis on effectue un sevrage graduel qui s’étend sur
deux ou trois semaines.
• L’administration de plusieurs antituberculeux chez le jeune enfant atteint
de tuberculose représente en soi un défi ; des ressources spécialisées en
pédiatrie (exemples : infirmier en tuberculose, travailleur [assistant] social)
devraient être sollicitées dès qu’on procède à l’investigation et tout au long
du traitement.
Prévention
La prévention peut prendre diverses formes, comme l’isolement respiratoire des
patients hospitalisés qui excrètent le M. tuberculosis et le traitement préventif
de l’infection latente.
Les adultes directement en contact avec l’enfant hospitalisé doivent être éva-
lués et isolés jusqu’à ce que la possibilité qu’ils soient la source du cas pédia-
trique ait été éliminée. On doit procéder à une radiographie pulmonaire et à un
TCT chez toutes les personnes qui vivent sous le même toit. Si l’enquête fami-
liale se révèle négative, la recherche doit s’étendre au service de garde (garderie,
crèche) ou au milieu scolaire.
Les cas de tuberculose survenant chez les enfants devraient être considérés
comme des incidents révélateurs de la transmission de l’infection dans la com-
munauté avoisinante ; ainsi, chaque fois qu’un cas de tuberculose est décelé chez
un enfant, il faut le déclarer aux autorités de santé publique afin de procéder
à une enquête épidémiologique pour rechercher la source de la contamination
dans son entourage immédiat.
L’efficacité du BCG demeure sujette à controverse. En France, la recom-
mandation systématique de vacciner tous les enfants avec le BCG a été levée
en 2007 ; le vaccin reste fortement recommandé dès le premier mois de vie, pour
les enfants à fort risque de tuberculose. Au Canada, l’administration systématique
du BCG n’est pas recommandée, y compris chez les populations des Premières
Nations où la fréquence de la maladie s’avère plus élevée. Toutefois, il est reconnu
que, dans certains milieux, des considérations relatives à l’épidémiologie locale
de la tuberculose et à l’accès aux services diagnostiques peuvent inciter à offrir
le BCG ; il peut s’agir principalement des nourrissons de certaines communau-
tés où le taux annuel de tuberculose active dépasse 15/100 000 habitants, tous
âges confondus (exemple : la communauté inuite) et des enfants âgés de moins
de cinq ans qui vont effectuer un séjour prolongé dans une zone endémique
(exemple : enfant de coopérants).
Ulcère peptique et gastrite 1209
Généralités
Les ulcères gastriques, les ulcères duodénaux et la gastrite constituent un groupe
de maladies beaucoup moins fréquent chez l’enfant que chez l’adulte. Les ulcères
gastriques et duodénaux sont des lésions profondes de l’épithélium, pénétrant à
travers la muscularis mucosæ. Les érosions sont des lésions plus superficielles. Dans
la gastrite et la duodénite (précurseurs des ulcères), on trouve de l’inflammation,
de l’œdème et de l’hyperémie de la muqueuse, sans bris de celle-ci. La préva-
lence globale des ulcères chez l’enfant n’est pas connue.
L’inflammation de la muqueuse gastrique et duodénale aboutit à un désé-
quilibre entre les facteurs de défense locaux comme la couche de mucus et les
facteurs agressant la muqueuse : hypersécrétion acide, médicaments (exemples :
acide acétylsalicylique, anti-inflammatoires non stéroïdiens, corticostéroïdes, sup-
pléments de potassium et de fer), agents infectieux (Helicobacter pylori, virus
Herpes, cytomégalovirus), alcool, cigarette, stress systémique.
Le rôle majeur de l’H. pylori dans la physiopathologie de la gastrite et de
l’ulcère est maintenant bien établi. L’H. pylori est une bactérie à Gram négatif, spi-
ralée, très mobile grâce à ses multiples flagelles, qui traverse la couche de mucus
de l’estomac et adhère à la cellule épithéliale gastrique. Elle produit de l’uréase,
qui lui permet de se protéger du milieu acide par un « nuage d’ammoniaque ».
L’infection à H. pylori est plus fréquente dans les pays en développement, où
environ 65 % des enfants sont infectés avant l’âge de 2 ans ; dans les pays déve-
loppés, seulement 10 % des enfants le sont à l’âge de 10 ans. La majorité des
infections sont asymptomatiques chez l’enfant. On estime toutefois à 10 % le
risque qu’un ulcère se développe chez un patient infecté, que ce soit pendant
l’enfance ou à l’âge adulte.
Chez l’enfant, l’H. pylori provoque une gastrite nodulaire par hypertro-
phie du tissu lymphoïde. Si un ulcère se développe, il se situe le plus souvent
dans le duodénum. Cette bactérie est incriminée dans 90 % des cas d’ulcères
duodénaux. Très rarement, l’H. pylori, qui est un carcinogène de type I, a été
associé à un lymphome chez l’enfant (Mucosa Associated Lymphoid Tissue,
MALT lymphoma).
L’ulcère gastrique, l’ulcère duodénal ou la gastrite peuvent être associés à
une maladie systémique telle qu’un état septique, un traumatisme grave ou une
insuffisance rénale chronique. La maladie de Crohn, la gastro-entéropathie éosino-
philique, la gastrite auto-immune, la gastrite associée au syndrome de Ménétrier
ainsi que le syndrome de Zollinger-Ellison peuvent également causer des ulcères
ou une gastrite.
Manifestations cliniques
Chez l’enfant d’âge préscolaire, les symptômes sont moins typiques que chez
l’adulte : nausées, vomissements récurrents, douleurs abdominales parfois mal
localisées, perte pondérale et irritabilité. Chez l’enfant plus âgé, la présentation
ressemble à celle de l’adulte : douleurs localisées à l’épigastre le réveillant parfois
la nuit, pires le matin à jeun et soulagées par l’ingestion d’aliments. À tout âge, la
1210 Ulcère peptique et gastrite
présentation clinique peut être plus dramatique, sous forme d’une hémorragie
digestive ou d’une perforation intestinale.
Explorations
Le meilleur outil diagnostique pour rechercher une maladie ulcéreuse peptique,
une gastrite ou une duodénite est l’endoscopie haute. Cet examen permet une
visualisation directe de la muqueuse et l’obtention de biopsies ; celles-ci sont habi-
tuellement prélevées dans l’antre gastrique à proximité du pylore et sont soumises
à une coloration de Warthon-Starry ou de Giemsa, à la recherche de l’H. pylori. Si
le patient reçoit déjà un traitement anti-acide, il se peut que les biopsies antrales
ne révèlent pas la présence de la bactérie ; il faut alors obtenir d’autres biopsies
dans le corpus gastrique.
L’endoscopie haute a remplacé le transit œsophago-gastro-duodénal à la re-
cherche d’un ulcère. On a recours au transit œsophago-gastro-duodénal quand
on cherche à exclure des anomalies anatomiques (exemple : malrotation).
Le test respiratoire à l’urée 14C ou 13C (urea breath test) est un examen non
invasif surtout employé pour s’assurer de l’éradication de l’H. pylori un mois
après l’arrêt du traitement. En pédiatrie, on utilise le 13C, car la molécule n’est
pas radioactive. L’uréase produite par l’H. pylori scinde l’urée en deux molécules
d’ammoniaque et en 13CO2 expiré. On recommande de ne pas utiliser le test respi-
ratoire à l’urée comme épreuve diagnostique pour l’évaluation de douleurs abdo-
minales ; l’endoscopie haute, si elle est indiquée, demeure la méthode de choix.
Une autre méthode diagnostique très spécifique et sensible est la recherche
de l’antigène H. pylori dans les selles. Elle est aussi sensible que le test respira-
toire à l’urée 13C, mais n’est pas accessible dans tous les laboratoires. Les tests
sérologiques ne sont pas valables pour la détection de l’infection à H. pylori, car
ils demeurent positifs des mois, voire des années, après celle-ci. En outre, plus
l’enfant est jeune, moins il développera d’anticorps contre l’H. pylori.
Traitement
Selon qu’il s’agisse de gastrite ou d’ulcère, les modalités de traitement sont iden-
tiques. Toutefois, la durée de celui-ci varie. On considère généralement de une
à quatre semaines de traitement pour une gastrite et, classiquement, une période
minimale de quatre semaines pour un ulcère. Lorsque l’ulcère s’est compli-
qué d’hémorragie digestive ou de perforation, une endoscopie haute de contrôle
devient nécessaire avant de cesser l’administration des inhibiteurs de la pompe
à protons.
IV. Alimentation
Les boissons gazeuses (surtout celles qui ont un pH très acide comme le Coca-
ColaMD), l’alcool, le café et le thé sont proscrits. Les aliments pouvant exacerber
la douleur (particulièrement les repas épicés) doivent être évités.
Complications
Les complications les plus graves sont l’hémorragie digestive, l’obstruction et la
perforation. La complication la plus fréquente est l’hémorragie digestive aiguë.
Après stabilisation hémodynamique du patient et installation d’une perfusion
intraveineuse de pantoprazole, on procède à une endoscopie haute dans un but
diagnostique et thérapeutique. Si l’hémorragie digestive s’avère secondaire à un
ulcère, le traitement consiste en une injection endoscopique d’adrénaline par
sonde endoscopique, ou par laser à argon (modalité thermique), ou à l’aide d’un
HemoclipMD (modalité mécanique). En cas de saignement persistant non maî-
trisé, on a recours à l’angio-embolisation ; si cette dernière s’avère inefficace, le
patient est adressé en chirurgie pour une suture de l’ulcère ou une ligature de
l’artère responsable de l’hémorragie. Deux autres indications chirurgicales sont
la perforation, qui est réparée par pose de patch avec de l’épiploon, et l’obs-
truction pylorique persistante.
1212 Urticaire
Urticaire 268
Julie Powell, Anne Des Roches
Voir aussi Œdème angioneurotique (oedème de Quincke).
Généralités
Fréquente chez l’enfant, l’urticaire peut être causée par de très nombreux facteurs,
dont les suivants : infection virale, bactérienne ou parasitaire, allergie alimen-
taire, environnementale ou médicamenteuse, piqûre d’insecte, effort physique,
exposition au soleil ou au froid, allergie de contact (exemples : contact avec du
latex, un produit cosmétique, une plante ou un animal). Dans près de 80 % des
cas, l’agent causal ne peut être identifié.
Parmi les médicaments les plus souvent incriminés, citons les pénicillines,
les céphalosporines, l’acide acétylsalicylique et les anti-inflammatoires non sté-
roïdiens. Les transfusions de produits sanguins peuvent aussi provoquer une
urticaire. Les principaux allergènes alimentaires sont les produits laitiers, l’œuf,
le soja, le blé, les crustacés, le poisson, l’arachide, les noix, le sésame et le kiwi.
Certains aliments, comme les fraises et les tomates, qui contiennent des amines
vaso-actives, peuvent aggraver l’urticaire, mais en sont rarement la cause.
Manifestations cliniques
L’urticaire peut être isolée ou s’accompagner d’autres anomalies cliniques. Il peut
y avoir un œdème diffus ou circonscrit à un ou à plusieurs territoires (exemples :
paupières, oreilles, lèvres, petites articulations ou organes génitaux externes),
des symptômes respiratoires (exemples : toux, dyspnée obstructive laryngée ou
bronchique), des arthralgies, des arthrites ou des troubles digestifs (exemples :
douleurs abdominales, diarrhée, vomissements).
Par ailleurs, il existe plusieurs formes d’urticaire, décrites ci-après.
Explorations
I. Urticaire aiguë
L’anamnèse et l’examen physique suffisent le plus souvent. On recherche un
foyer infectieux ou une exposition, dans l’heure précédant le début de l’urticaire,
à un allergène potentiel ou à une condition environnementale particulière. Des
tests d’allergie peuvent parfois s’avérer utiles.
Traitement
I. Urticaire aiguë classique
S’il y a un collapsus cardiovasculaire ou une détresse respiratoire, une réaction
anaphylactique est probable, et le patient doit être traité en conséquence (voir
Anaphylaxie, choc anaphylactique).
Urticaire 1215
Les antihistaminiques ont un effet palliatif et non curatif. Les voies intramusculaire
et intraveineuse n’offrent pas d’avantage sur la voie orale, outre leur début d’action
plus rapide. Leur efficacité varie selon le produit et la susceptibilité individuelle.
Les antihistaminiques H1 de 2e génération (exemples : cétirizine, desloratadine,
fexofénadine, loratadine) s’administrent en une dose par jour grâce à leur durée
d’action plus longue et causent moins de somnolence que les antihistaminiques H1
de 1re génération (exemples : diphenhydramine, hydroxyzine). Par contre, les
propriétés sédatives de ces derniers peuvent offrir un intérêt chez un enfant très
incommodé par le prurit, particulièrement le soir. En cas d’urticaire aiguë, la
diphenhydramine et l’hydroxyzine ont la faveur de nombreux auteurs comme
antihistamiques de premier choix ; la chlorphéniramine peut aussi être utilisée.
Lorsqu’un antihistaminique reste sans effet après quelques jours de traitement,
il peut être bénéfique d’en essayer un autre.
Prévention
Il convient d’éviter, dans la mesure du possible, les facteurs qui favorisent ou
qui déclenchent l’urticaire (exemple : utiliser une crème solaire à large spectre
en cas d’urticaire solaire, associée, au besoin, à la prise d’un antihistaminique à
longue durée d’action).
1216 Usage de substances psychoactives
Les patients présentant des poussées d’urticaire grave dont le facteur étiolo-
gique peut s’associer à des réactions anaphylactiques devraient porter un brace-
let indiquant la nature de leur maladie et le nom de l’agent responsable, s’il est
connu (exemples : allergie alimentaire, allergie au latex). Dans ces cas, ainsi que
pour les cas d’urticaire au froid et d’urticaire à l’exercice, où il existe un risque
de réaction anaphylactique, le patient ou ses parents devraient toujours avoir
à portée de la main un auto-injecteur d’adrénaline en bon état et non périmé.
Généralités
L’augmentation mondiale du commerce et de la consommation de substances
psychoactives vers la fin des années 1990 a rendu celles-ci plus facilement
accessibles aux adolescents, qui sont particulièrement enclins à l’expérimenta-
tion. Depuis quelques années, de larges études épidémiologiques démontrent
une légère baisse de la consommation chez les jeunes d’Amérique du Nord
et d’Europe de l’Ouest. Néanmoins, celle-ci s’est diversifiée, est devenue
de plus en plus régulière, et l’âge des premières consommations est mainte-
nant plus précoce.
Chez l’adolescent, l’usage de substances psychoactives se fait souvent dans
un contexte de dangerosité immédiate pouvant mener à des blessures (inten-
tionnelles ou non) et même au décès ou à des handicaps graves. Par exemple,
l’alcool est habituellement impliqué dans les causes les plus fréquentes de décès
chez les 15 à 24 ans, malgré son statut légal et l’impression d’innocuité qu’en ont
les jeunes. La consommation de substances psychoactives par les adolescents
est également associée à d’autres comportements à risque (violence, relation
sexuelle non protégée ou non désirée).
Le choix de consommer une substance psychoactive pour une première fois
dépend de plusieurs facteurs tels que l’effet désiré par la prise de la substance,
les motivations personnelles, le coût, la disponibilité du produit, l’acceptabilité
de la consommation selon les normes familiales et socioculturelles et le hasard
des occasions. Les facteurs qui déterminent l’évolution vers la dépendance
sont bien plus complexes ; ils comprennent les caractéristiques personnelles du
consommateur (faible estime de soi, humeur dépressive, trouble d’anxiété géné-
ralisée, intolérance à la frustration, recherche de sensations, trouble du déficit
de l’attention), l’environnement immédiat (consommation familiale, carences ou
conflits affectifs, pression des pairs, produit disponible et abordable) et le patri-
moine génétique. Ce dernier pourrait être responsable d’environ 50 % du risque
d’acquérir une dépendance.
La consommation de substances psychoactives s’accompagne d’un taux
élevé de comorbidités en créant des symptômes qui imitent des troubles de santé
mentale, en précipitant une maladie mentale sous-jacente ou encore en exacer-
bant ou en masquant des symptômes déjà présents. Parmi les plus fréquents,
citons les troubles de l’humeur, le trouble du déficit de l’attention, le syndrome
de stress post-traumatique et le trouble d’anxiété généralisée.
Usage de substances psychoactives 1217
Évaluation
Plusieurs facteurs doivent être pris en considération au cours de l’évaluation d’un
adolescent consommant des substances psychoactives.
I. Type de consommation
1) Expérimentation
Il s’agit d’une étape normale de l’adolescence qui permet au jeune de déterminer
ce qu’il doit, peut et veut être. Dans la vie d’un adolescent, l’expérimentation des
substances psychoactives n’est ni désirable ni obligatoire, mais ne doit pas né-
cessairement être perçue d’emblée comme pathologique. Pour toute consom-
mation, il y a par ailleurs un risque de surdosage et de « conduites à risque » au
moment des excès, même au cours du premier épisode.
2) Consommation occasionnelle
Elle survient habituellement entre amis, de manière récréative, sans grande réper-
cussion fonctionnelle s’il n’y a pas d’excès. Il y a peu de risque d’accoutumance,
mais une escalade est possible.
3) Consommation régulière
Elle diffère sur le plan de la fréquence selon la substance, de journalière avec
la cigarette, à hebdomadaire pour la cocaïne. Le simple fait de consommer est
souhaité par l’adolescent, et sa vie commence à tourner autour de la substance
psychoactive. La consommation est planifiée, les sorties sont organisées autour
de celle-ci, et les autres activités commencent à être négligées.
4) Consommation avec dépendance
La consommation s’avère ici une nécessité. Le fonctionnement social global est
le plus souvent altéré : endettement, troubles physiques, marginalisation et isole-
ment font partie du tableau. La notion de dépendance devient centrale. La dépen-
dance à une substance repose sur les deux phénomènes suivants : la tolérance
et le sevrage. La tolérance désigne la nécessité d’augmenter la dose de produit
consommé pour obtenir un même effet au long cours ou une perte d’effet pour
la même dose consommée. Le sevrage est l’apparition de symptômes déplaisants
lorsque la substance n’est plus consommée ou qu’elle est diminuée de façon
substantielle sur une période de temps plus ou moins longue. La dépendance
est d’ordre physique lorsque des symptômes organiques (exemples : myalgies,
céphalées, diarrhée, tremblements) apparaissent au moment de l’arrêt. La dépen-
dance se manifeste par un besoin irrésistible de consommer, une incapacité de
l’adolescent à s’abstenir de consommer de façon constante, une méconnaissance
des problèmes graves causés par ses comportements, ainsi qu’une réponse émo-
tive dysfonctionnelle. Elle est habituellement plus précoce chez l’adolescent que
chez l’adulte pour une même substance.
Intervention
I. Principes généraux
Pour le médecin, toute consultation avec un adolescent, incluant les visites médi-
cales périodiques, doit être l’occasion d’évaluer et de conseiller ce dernier au
sujet des substances psychoactives.
1) Au cours de l’anamnèse, utiliser un questionnaire de type HEEADSSS (voir
Visites médicales périodiques) ; cela peut soulever des problèmes concernant
la sphère psychosociale et du développement. On peut ensuite avoir recours
à des questionnaires brefs et spécifiques comme le DEP-ADO et le CRAFFT
(appelé en français ADOSPA pour ADOlescents et Substances PsychoActives,
voir encadré 269.1), pour lequel deux réponses affirmatives indiquent un
usage inquiétant de substances psychoactives.
L’approche immédiate dans le cas d’une intoxication aiguë doit être basée
sur les principes généraux de la réanimation et sur la reconnaissance de certains
toxidromes (ensemble de symptômes et de signes évoquant un agent toxique
particulier) (voir Intoxications, Coma, Convulsions et état de mal convulsif et
Insuffisance respiratoire aiguë).
Tout adolescent traité pour une intoxication aiguë doit bénéficier d’une
évaluation psychosociale dès que son état clinique est stabilisé. Le traitement
médicamenteux d’un syndrome de sevrage (exemples : benzodiazépines pour un
sevrage à l’alcool, morphine pour un sevrage aux opiacés, phénobarbital pour
un sevrage aux barbituriques) doit s’accompagner du soutien d’une équipe multi-
disciplinaire pour le traitement de la dépendance psychologique.
Pronostic
Les rechutes sont fréquentes, et les médecins de première ligne ont un rôle impor-
tant à jouer dans le dépistage de la consommation inquiétante, la continuité des
soins et le soutien de l’adolescent et de sa famille après la thérapie.
Varicelle
I. Généralités
La varicelle est causée par un virus du groupe Herpes (Herpesvirus varicellæ). Il
s’agit d’une maladie très contagieuse, dont le taux d’attaque est supérieur à 90 %.
Souvent bénigne chez l’enfant normal, la varicelle peut être grave, voire mor-
telle, chez les enfants immunocompromis. Les adolescents sont plus gravement
affectés que les jeunes enfants. La plupart des nouveau-nés sont protégés par les
anticorps maternels transmis par voie transplacentaire. Toutefois, une varicelle
survenant chez une femme enceinte, de cinq jours avant à deux jours après l’ac-
couchement, peut être particulièrement grave ou même fatale chez le nouveau-né.
Dans la majorité des cas, la varicelle confère un état d’immunité persistant
toute la vie. Un deuxième épisode peut cependant survenir, surtout chez les sujets
immunocompromis. La durée de l’immunité que procure le vaccin est inconnue.
III. Explorations
La plupart du temps, le diagnostic est cliniquement évident, et aucun examen
complémentaire n’est nécessaire. Dans certaines circonstances particulières, on
peut confirmer le diagnostic par la culture du virus ou par PCR dans le liquide
obtenu par ponction d’une vésicule. L’immunofluorescence directe peut aussi
se révéler utile si une réponse rapide s’impose chez l’enfant immunocompromis
pour qui le diagnostic clinique n’est pas clair.
IV. Traitement
• Acyclovir : chez l’enfant immunocompromis, on doit administrer de l’acyclo-
vir par voie intraveineuse pendant 7 à 10 jours pour réduire la gravité de la
maladie. La durée du traitement peut se prolonger au-delà de 10 jours si les
lésions ne sont pas complètement sèches après ce délai. Chez l’enfant immu-
nocompétent, bien que l’administration de l’acyclovir ou du valacyclovir par
voie orale réduise le nombre de lésions et la durée de la fièvre, celle-ci n’est
recommandée que dans les cas suivants :
– enfant âgé de plus de 12 ans ;
– enfant atteint d’une affection cardiopulmonaire ou cutanée chronique ;
– enfant recevant des corticostéroïdes oraux de façon intermittente ou des
corticostéroïdes inhalés ;
– enfant recevant un traitement chronique avec des salicylates (risque de
développement d’un syndrome de Reye). Le traitement aux salicylates doit
être interrompu pendant l’épisode de varicelle ;
– cas secondaire de varicelle dans la famille (ces enfants sont à plus haut
risque d’avoir une varicelle plus grave que le cas index).
• En cas de surinfection bactérienne, voir Infections bactériennes bénignes de
la peau.
• Un prurit important peut être soulagé par l’administration d’un antihistami-
nique comme l’hydroxyzine, la dexchlorphéniramine ou la diphenhydramine.
V. Complications
• La surinfection bactérienne constitue une complication fréquente. Elle est habi-
tuellement causée par le Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique
du groupe A) ou le Staphylococcus aureus. La varicelle est un facteur de
risque de survenue d’infections invasives (exemple : fasciite nécrosante) à
S. pyogenes.
• La pneumonie varicelleuse demeure rare chez l’enfant normal ; elle est plus
commune chez l’adolescent, la femme enceinte, l’adulte et l’enfant immuno-
compromis ; elle signe une varicelle grave avec une morbidité importante et
un taux de mortalité élevé.
• Une ataxie cérébelleuse aiguë postinfectieuse peut survenir chez 1 enfant
sur 4 000 de moins de 15 ans ayant la varicelle. Elle dure pendant quelques
jours et, en général, régresse complètement.
• La varicelle hémorragique est une complication rare, dont la mortalité s’avère
élevée. Elle touche surtout les enfants immunocompromis.
• Un zona peut survenir des années après la varicelle (voir section Zona, plus
bas).
Varicelle et zona 1225
• Parmi les autres complications rares, citons les suivantes : laryngite, endocar-
dite, péricardite, hépatite, glomérulonéphrite, purpura fulminans, myélite
transverse, paralysie faciale, névrite optique, syndrome de Guillain-Barré,
méningite aseptique, méningo-encéphalite et encéphalite, purpura throm-
bopénique, arthrite réactive, myosite, syndrome de Reye.
VI. Incubation
La durée de la période d’incubation est de 10 à 21 jours. Cette période peut être
prolongée jusqu’à 28 jours chez le patient qui a reçu une immunoprophylaxie
contre la varicelle.
VII. Contagiosité
La contagiosité commence un ou deux jours avant l’éruption et se termine lorsque
toutes les lésions sont à l’état de croûtes, soit habituellement de six à huit jours
après le début de l’éruption.
VIII. Prévention
Le vaccin contre la varicelle réduit l’incidence, la morbidité et la mortalité liées
à la maladie. Aux États-Unis et au Canada, il est inclus dans le calendrier vacci-
nal des nourrissons. Il s’agit d’un vaccin vivant qui reste contre-indiqué chez les
enfants immunocompromis.
Après un contact avec une personne atteinte de varicelle ou de zona, des
immunoglobulines spécifiques contre la varicelle doivent être administrées le
plus rapidement possible, au maximum dans un délai de 10 jours, aux per-
sonnes n’ayant pas été vaccinées ou n’ayant pas eu la varicelle, dans les situa-
tions suivantes :
• enfants immunocompromis (exemples : cancer, transplantation d’organe, syn-
drome néphrotique, traitement aux corticostéroïdes par voie générale) ;
• femmes enceintes ;
• nouveau-né d’une mère qui a la varicelle entre cinq jours avant et deux jours
après l’accouchement ;
• prématuré hospitalisé dont la mère n’est pas protégée contre la varicelle et
dont l’âge gestationnel est de 28 semaines ou plus ;
• prématuré hospitalisé dont l’âge gestationnel est inférieur à 28 semaines, que
sa mère ait déjà fait la varicelle ou non.
Zona
I. Généralités
Le zona est causé par une réactivation du virus de la varicelle (Herpesvirus
varicellæ) persistant à l’état latent, après une varicelle, dans les ganglions des
racines postérieures de la moelle. Relativement rare chez l’enfant, son incidence
augmente avec l’âge. Cette réactivation du virus survient sans facteur précipitant
apparent ou à la suite d’une diminution des défenses immunitaires (exemples :
leucémie, syndrome d’immunodéficience acquise [SIDA], traitement immunosup-
presseur en post-transplantation). La survenue d’un zona chez un enfant n’im-
plique pas nécessairement un déficit immunitaire sous-jacent.
La morbidité associée au zona est généralement plus importante chez l’adulte
(névralgie post-herpétique) et le patient immunocompromis (dissémination du
virus à d’autres organes) que chez l’enfant immunocompétent.
1226 Verrues
III. Explorations
Le diagnostic est clinique. Dans la plupart des cas, comme pour la varicelle,
aucune exploration n’est nécessaire. Dans certaines situations, le diagnostic peut
être confirmé par immunofluorescence directe sur les cellules de la base de la
vésicule, par la culture du virus ou par PCR dans le liquide obtenu par ponction
d’une vésicule.
IV. Traitement
Chez l’enfant immunocompétent, on se contente de soulager la douleur avec
l’administration d’un analgésique si nécessaire.
Chez l’enfant immunocompromis, étant donné le risque d’une dissémination
du virus à d’autres organes, un traitement parentéral avec de l’acyclovir s’im-
pose. Dans certaines situations où le risque de dissémination du virus est faible,
un traitement oral avec du famciclovir ou du valacyclovir peut être envisagé.
En cas d’atteinte de la cornée ou lorsque le zona touche le dermatome de
la branche ophtalmique du trijumeau, quel que soit le statut immunitaire du
malade, un traitement par voie générale s’avère indiqué ; une consultation en
ophtalmologie est recommandée.
V. Pronostic
Le pronostic est excellent chez l’enfant immunocompétent. Une guérison com-
plète survient la plupart du temps en moins de deux semaines, et les douleurs
névralgiques persistantes sont rares. Chez l’enfant immunocompromis, la mor-
bidité (exemples : dissémination du virus, durée, récidives) et la mortalité liées
à cette affection sont plus importantes.
Verrues 271
Afshin Hatami
Généralités
Particulièrement fréquentes chez l’enfant d’âge scolaire et l’adolescent, les verrues
peuvent se présenter sous forme de verrue ordinaire, plane ou filiforme. Elles
Verrues 1227
sont toutes causées par les différents sous-types du virus du papillome humain
(VPH). Il s’agit d’un virus résistant dont le temps d’incubation peut être très long,
de quelques mois à plus de un an.
La transmission se fait de personne à personne au moment de contacts
étroits ou de façon indirecte (exemples : piscine, objets infectés) ; elle est favo-
risée par la macération ou par des traumatismes mineurs de la peau. La multi-
plication des verrues peut se faire par auto-inoculation, surtout dans le cas de
verrues situées sur les mains.
La transmission du virus de la mère au nouveau-né au cours de l’accouche-
ment est possible, mais rare. Dans ce cas, les lésions trouvées chez l’enfant sont
principalement les papillomes laryngés et les verrues de la région anogénitale ;
celles-ci peuvent se manifester des mois ou même des années après la naissance.
Plus l’enfant est jeune, plus la transmission verticale de verrues génitales au moment
de l’accouchement est plausible. La possibilité de sévices sexuels doit être envisa-
gée lorsqu’un enfant de plus de deux ou trois ans présente des verrues génitales,
particulièrement en l’absence d’autres lésions similaires ailleurs sur son corps.
Les condylomes des régions génitale et anale constituent la maladie sexuellement
transmissible la plus fréquente. Certains types de VPH sont incriminés dans l’étiologie
du cancer du col de l’utérus, de la vulve, du vagin, du pénis et de la région anale.
Manifestations cliniques
Les papules arrondies lisses ou kératosiques sur la peau ou sur les muqueuses sont
souvent caractéristiques. Bien que la plupart des verrues soient asymptomatiques,
les verrues plantaires peuvent être douloureuses en raison de l’inflammation
sous-jacente. Uniques ou multiples, les verrues peuvent présenter une morpho-
logie très variée.
Les lésions génitales ou anales, souvent exophytiques, mesurent de quelques
millimètres à quelques centimètres de diamètre et peuvent parfois être à l’origine
de prurit ou d’irritation locale.
Explorations
Dans la très grande majorité des cas, l’examen clinique suffit pour poser un dia-
gnostic avec certitude. Une biopsie cutanée pour l’analyse histopathologique et
le typage du VPH peut être faite en cas de présentations atypiques ou de ver-
rues génitales. S’il y a suspicion de sévices sexuels, une évaluation pédiatrique
et sociale est indiquée. Une fois le diagnostic de condylome confirmé, il faut
dépister les autres infections transmissibles sexuellement.
Chez l’adolescent qui présente des condylomes anogénitaux, l’extension
peut être déterminée par colposcopie, rectoscopie ou urétroscopie selon qu’ils
siègent dans le vagin, sur le col, l’anus ou le méat urinaire.
Traitement
La majorité des verrues (environ les deux tiers) régressent spontanément en moins
de deux ans. Sauf dans le cas de lésions de la région anogénitale, une attitude
conservatrice peut se justifier. L’immunité cellulaire est l’acteur principal dans la
résolution spontanée des verrues.
Pour les verrues ordinaires, les modes de traitement suivants ont en moyenne
un taux de succès de 70 %.
1228 Vomissements
Vomissements 272
Melanie Vincent, Christophe Faure
Généralités
Les vomissements et les régurgitations s’observent souvent en pédiatrie, surtout
chez le nourrisson et le jeune enfant. La plupart sont physiologiques. Lorsqu’ils
sont pathologiques, ils peuvent résulter d’un grand nombre de troubles, parfois
graves et urgents à reconnaître, qui ne sont pas tous liés au système digestif.
Les régurgitations se font sans effort. Les vomissements sont généralement
précédés de nausées et associés à des contractions des muscles abdominaux
et thoraciques qui aboutissent à l’émission involontaire, avec force, du contenu
gastrique par la bouche. La signification diagnostique de cette distinction n’est
pas toujours absolue.
L’approche clinique est basée sur l’anamnèse, l’examen clinique et une bonne
connaissance des principales causes de vomissements aux différents âges. D’un
point de vue pratique, il est important de faire la distinction entre des vomisse-
ments aigus et chroniques.
Vomissements 1229
Approche clinique
Des signes d’alarme témoignant d’une cause grave, urgente ou chirurgicale
doivent être systématiquement recherchés autant à l’anamnèse qu’à l’examen
physique.
L’anamnèse familiale recherche des symptômes semblables chez les autres
membres de la famille ainsi qu’au service de garde (garderie, crèche). L’histoire
de la maladie s’intéresse à la chronologie du symptôme, à la fréquence et à
l’abondance des vomissements et aux manifestations associées (exemples : fièvre,
douleur abdominale, diarrhée). Des vomissements bilieux suggèrent la présence
d’une obstruction située en aval de l’ampoule de Vater et nécessitent une éva-
luation immédiate. Des vomissements fécaloïdes sont caractéristiques d’une obs-
truction intestinale basse avancée. La présence de sang dans les vomissements
doit notamment faire penser à une gastrite, à une hernie hiatale ou à un ulcère
peptique. Une diarrhée associée suggère fortement une gastro-entérite.
L’examen recherche une perturbation hémodynamique, une déshydratation,
une distension abdominale, des signes de péritonite, une masse et, chez l’enfant
âgé de moins de six semaines, une olive pylorique. L’évaluation du gain pondé-
ral et de l’état nutritionnel est essentielle.
I. Vomissements d’apparition aiguë
Ici, l’objectif est de ne pas laisser passer inaperçue une urgence médicale ou
chirurgicale.
• Sténose du pylore : cette affection doit être suspectée de façon prioritaire
chez le nourrisson âgé de deux à six semaines, surtout si c’est un garçon. Les
vomissements apparaissent vers la deuxième ou la troisième semaine de vie ;
ils s’aggravent rapidement et sont projectiles.
• Occlusion intestinale : outre la sténose du pylore, un obstacle peut être situé
n’importe où le long du tube digestif, de l’estomac à l’anus. Chez le nourris-
son, tout vomissement bilieux doit évoquer la possibilité d’une malrotation.
• Hypertension intracrânienne : elle doit être une préoccupation dominante
chaque fois que des vomissements aigus sont inexpliqués. Parmi les autres
indices cliniques, il faut rechercher une altération de l’état de conscience, une
bradycardie, un bombement de la fontanelle antérieure, un œdème papillaire
ou un strabisme par paralysie du nerf crânien VI.
• Maladies métaboliques : plusieurs de ces affections causent une acidose méta-
bolique et peuvent être responsables de vomissements. Principalement chez
le nouveau-né et le nourrisson, des vomissements inexpliqués doivent faire
penser à une maladie métabolique. Une atteinte hépatique ou neurologique
est généralement présente au cours des périodes de décompensation des
maladies du cycle de l’urée ou du métabolisme des acides gras ou aminés.
La galactosémie et l’intolérance héréditaire au fructose s’accompagnent d’une
atteinte hépatique.
• Hyperplasie congénitale des surrénales : à suspecter chez le nouveau-né et le
nourrisson.
• Intoxication aiguë par des médicaments et d’autres produits toxiques (monoxyde
de carbone).
Si toutes ces hypothèses sont éliminées par l’anamnèse et l’examen clinique,
la cause figure le plus souvent parmi les situations suivantes.
Vomissements 1231
Généralités
Le wheezing est un bruit respiratoire audible sans stéthoscope. Il s’agit d’un siffle-
ment surtout expiratoire, témoignant d’une obstruction bronchique. Un wheezing
localisé est rare chez l’enfant ; il suggère l’obstruction d’une bronche proximale
par un corps étranger ou par toute autre compression intrinsèque (exemple :
tumeur) ou extrinsèque (exemples : adénopathie, structure vasculaire). Le plus
souvent, il est diffus et résulte d’une obstruction des bronches et des bronchioles.
Wheezing persistant ou récidivant 1233
Approche clinique
L’anamnèse s’intéresse notamment aux éléments suivants : antécédents familiaux
et personnels d’atopie, histoire de prématurité, antécédents respiratoires et infec-
tieux, chronologie de la maladie, possibilité d’inhalation d’un corps étranger,
présence de toux et de dyspnée, vomissements et régurgitations, étouffements
alimentaires, diarrhée chronique, tabagisme passif, présence d’animaux dans la
maison, fréquentation d’un service de garde (garderie, crèche), traitements déjà
prescrits et leurs effets.
À l’examen, on évalue l’évolution dynamique du poids et de la taille. On
mesure le taux de saturation en oxygène par oxymétrie pulsée, les fréquences
cardiaque et respiratoire et l’on recherche la cyanose, l’utilisation des muscles
accessoires de la respiration, le tirage, une asymétrie de ventilation ou toute autre
anomalie auscultatoire pulmonaire ou cardiaque et un hippocratisme digital.
La radiographie pulmonaire et le test de la sueur doivent être effectués dans
tous les cas. Dans certaines situations, d’autres examens peuvent s’avérer néces-
saires (voir ci-après).
II. Bronchiolite
Occasionnellement, les symptômes d’une bronchiolite banale peuvent persister
au-delà de la durée habituelle. Le nourrisson qui fréquente un service de garde
peut présenter une suite apparemment ininterrompue de bronchiolites. La pos-
sibilité que le tableau évolue vers de l’asthme doit alors être évoquée. Le test
d’identification rapide du virus respiratoire syncytial ou la culture virale des
sécrétions nasopharyngées n’ont d’intérêt qu’en phase aiguë.
X. Autres causes
• La dyskinésie ciliaire, associée ou non à une dextrocardie (syndrome de Kar-
tagener), est un diagnostic à envisager dans certains cas. Il peut être confirmé
par une biopsie de la muqueuse nasale ou bronchique.
• Une défaillance cardiaque chronique peut causer du wheezing. Le diagnostic
d’une cardiopathie sous-jacente est habituellement évident.
• La dysplasie bronchopulmonaire de l’ancien prématuré ventilé ne pose pas
de problème de diagnostic en raison de son histoire clinique caractéristique.
• La bronchomalacie est une affection congénitale qui peut entraîner un wheezing
persistant durant la première année de vie. Il s’agit de l’anomalie la plus fréquem-
ment observée chez les nourrissons appelés happy wheezer. Cette dénomination
vient du fait que ceux-ci sont bien portants et peu incommodés par leurs symp-
tômes respiratoires. Le wheezing est le plus souvent positionnel et intermittent.
En général, la bronchomaladie s’améliore progressivement durant la deuxième
année de vie. Elle peut être mise en évidence par une bronchoscopie.
• Une compression bronchique par un vaisseau aberrant (exemple : artère
sous-clavière) peut être mise en évidence par une étude radiologique de
l’œsophage avec produit de contraste ; dans certains cas, la tomodensitomé-
trie du thorax est utile.
• Une compression par une adénopathie ou une tumeur médiastinale peut être
confirmée par une radiographie pulmonaire simple et, au besoin, par une
tomodensitométrie.
Troisième partie
Index pharmacologique
Index pharmacologique 1237
Index pharmacologique
Danièle Beauchamp, Hélène Roy, Christina Nguyen, Francine Auclair
Avertissements
1) À quelques exceptions près, cet index pharmacologique ne contient que la
liste des médicaments dont l’usage est suggéré dans cet ouvrage.
2) Le lecteur doit se référer à l’index pour ce qui est de la posologie de la plupart
des médicaments mentionnés dans ce livre ; la principale exception concerne
certaines situations d’urgence pour lesquelles les posologies sont décrites dans
le texte lui-même.
3) Malgré le soin apporté à la préparation de cet index, il est recommandé de
vérifier la posologie dans une autre source si l’on doit prescrire un médica-
ment dangereux ou rarement utilisé. Les auteurs déclinent toute responsabilité
en cas d’accident thérapeutique.
4) Les doses mentionnées dans l’index proviennent de plusieurs sources d’in-
formation pédiatriques. Pour quelques médicaments, le schéma posologique
proposé est tiré de l’expérience clinique et de l’expertise pédiatrique déve-
loppées au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine (dans ces cas, on
trouve une mention à cet effet).
5) Les posologies mentionnées dans l’index concernent l’enfant après la période
néonatale. Pour certains médicaments fréquemment utilisés chez le nouveau-né,
les posologies de la période néonatale sont clairement indiquées.
6) Chez les jeunes enfants et chez les patients qui souffrent de troubles de la
déglutition, on doit favoriser les formes liquides, car elles diminuent le risque
d’étouffement accidentel. L’âge auquel un enfant peut avaler un comprimé
sans danger est variable, mais en règle générale, il est préférable de réserver
les formes solides (à moins de pouvoir les écraser ou de les faire croquer)
aux enfants âgés de six ans ou plus.
7) Dans la colonne « Commentaires », le lecteur trouvera l’information suivante :
• Les effets secondaires considérés comme majeurs, c’est-à-dire qui peuvent
avoir un impact déterminant sur la santé du patient ; les effets secondaires
fréquents, mais ayant un effet mineur, ne sont pas mentionnés.
• La nécessité d’ajuster la posologie en cas d’insuffisance rénale modérée ou
grave (consulter une référence spécialisée pour cet ajustement) ; l’absence
de la rubrique « Ins. rénale » signifie qu’aucun ajustement n’est nécessaire.
• Le besoin d’ajuster la posologie en cas d’insuffisance hépatique (consulter
une référence spécialisée pour cet ajustement) ; l’absence de la rubrique
« Ins. hépatique » signifie qu’aucun ajustement n’est nécessaire.
• L’existence d’interactions importantes ou nombreuses avec d’autres médi-
caments (exemple : inducteur ou inhibiteur du cytochrome P450 3A4) ; l’ab-
sence de la rubrique « Interactions médicamenteuses » signifie qu’il n’existe
pas d’interactions majeures ou de nombreuses interactions.
1238 Index pharmacologique
Index pharmacologique
Aciclovir Voir Acyclovir.
Acide 5-aminosalicylique Voir Mésalamine.
Acide acétylsalicylique 1) Analgésique et antipyrétique Analgésique et antipyrétique
PO (Canada) : 10-15 mg/kg/dose toutes les 4-6 h Canada : 80 mg/kg/24 h ou 1 g/dose ou 4 g/24 h
au besoin France : 100 mg/kg/24 h ou 2 g/dose ou 6 g/24 h
PO, IR (France) : 25-100 mg/kg/24 h en doses Anti-inflammatoire
fractionnées toutes les 4-6 h au besoin 5,4 g/24 h
2) Anti-inflammatoire Antiplaquettaire
PO : 60-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées 325 mg/24 h
toutes les 6-8 h
1239
1240
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Acide acétylsalicylique 3) Maladie de Kawasaki
(suite ) PO : 80-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées
Index pharmacologique
toutes les 6 h durant la phase fébrile, puis
3-5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
4) Antiplaquettaire
PO : 3-5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Acide cromoglicique Voir Cromoglycate de sodium.
Acide folinique Prévention de la toxicité hématologique associée à la
sulfadiazine et à la pyriméthamine dans le traitement
de la toxoplasmose
PO : 5-10 mg tous les 3 jours
Acide folique 1) Traitement du déficit
IV, IM, SC, PO : 1-5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
2) Prévention du déficit ou traitement d’entretien
IV, IM, SC, PO :
– 1 à 10 ans : 0,1-0,4 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
– ≥ 11 ans : 0,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
3) Prévention des anomalies du tube neural
PO :
– 4-5 mg/24 h en 1 dose quotidienne chez la
femme en âge de procréer, mère d’un enfant
atteint d’anomalies du tube neural ou présen-
tant des facteurs de risque
– 0,4-1 mg/24 h en 1 dose quotidienne chez la
femme en âge de procréer ne présentant pas
de facteurs de risque
Le traitement doit être commencé 3 mois avant
la conception et poursuivi au moins jusqu’à la fin
du 1er trimestre.
Acide méfénamique PO :
≥ 12 ans :
– Dose initiale : 500 mg/dose
– Dose d’entretien : 250 mg/dose toutes les 6 h au
besoin
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Acide niflumique PO : PO : 1 000 mg/24 h
(France) ≥ 12 ans : 500-750 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
IR : IR : 600 mg/dose (30 mois à 12 ans)
– 6 mois à 29 mois : 200 mg/dose toutes les 12 h
– 30 mois à 12 ans : 40 mg/kg/dose toutes les 12 h
– > 12 ans : 700 mg/dose toutes les 12 h
Acide tranexamique IV : 10 mg/kg/dose toutes les 6-8 h IV : 1 g/dose Ins. rénale : ajustement requis
PO : 25 mg/kg/dose toutes les 6-8 h PO : 1,5 g/dose
Acide ursodéoxycholique Voir Ursodiol.
Acide valproïque PO : 60 mg/kg/24 h Effets secondaires majeurs : hépatotoxicité,
– Dose initiale : 10-15 mg/kg/24 h en doses frac- Polythérapie hyperammoniémie
tionnées toutes les 8-12 h 100 mg/kg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
– Dose d’entretien : 30-60 mg/kg/24 h en doses Interactions médicamenteuses : nombreuses
fractionnées toutes les 8-12 h interactions
Taux sérique thérapeutique : 350-700 μg/L
Acide zolédronique Données limitées en pédiatrie 4 mg/dose
PO :
– 1 à 2 ans : 0,025 mg/kg/dose pour 1 dose
– 3 à 17 ans : 0,05 mg/kg/dose pour 1 dose
Acyclovir 1) Encéphalite à virus Herpes simplex (HSV) PO : 800 mg/dose Ins. rénale : ajustement requis
IV : L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
Index pharmacologique
– Nouveau-né : 60 mg/kg/24 h en doses gestationnel + l’âge post-natal.
fractionnées toutes les 8 h (espacer l’inter-
valle posologique si âge post-conceptionnel
< 34 semaines)
– < 1 an : 45-60 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 8 h
– ≥ 1 an : 1 500 mg/m2/24 h en doses fraction-
nées toutes les 8 h
1241
1242
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Acyclovir (suite ) 2) Autres infections à HSV chez le patient immuno-
compétent
Index pharmacologique
IV :
– < 1 an : 15 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
– ≥ 1 an : 750 mg/m2/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
3) Autres infections à HSV chez le patient immuno-
compromis
IV :
– < 1 an : 15-30 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h
– ≥ 1 an : 750-1 500 mg/m2/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
PO : 80 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
4) Traitement suppressif de l’HSV chez le nouveau-né
après un traitement intraveineux
PO : 300 mg/m2/dose toutes les 8 h pendant
6 mois
5) Varicelle ou zona chez le patient immuno-
compétent
IV :
– < 1 an : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
– ≥ 1 an : 1 500 mg/m2/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h
PO : 80 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
6) Varicelle ou zona chez le patient immuno-
compromis
IV :
– < 1 an : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
– ≥ 1 an : 1 500 mg/m2/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Acyclovir (suite ) 7) Prévention de la varicelle ou du zona chez le
patient post-greffe de moelle osseuse
PO :
– < 40 kg : 60-80 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8-12 h
– ≥ 40 kg : 800 mg/dose toutes les 12 h
8) Infection herpétique génitale chez l’adolescent
PO :
– Épisode initial : 400 mg/dose toutes les 8 h
– Rechutes : 800 mg/dose toutes les 8 h pen-
dant 2 jours ou 800 mg/dose toutes les 12 h
pendant 5 jours
– Prévention des rechutes : 400 mg/dose toutes
les 12 h pendant un maximum de 12 mois
Adalimumab 1) Maladie de Crohn modérée ou grave Effets secondaires majeurs : réactivation d’une
SC : tuberculose latente, anaphylaxie, infections graves,
– < 40 kg : risque de lymphomes
• Induction : 80 mg, puis 40 mg 2 semaines
plus tard
• Entretien : 20-40 mg toutes les 2 semaines
– ≥ 40 kg et adultes :
• Induction : 160 mg, puis 80 mg 2 semaines
plus tard
• Entretien : 40 mg toutes les 2 semaines
Index pharmacologique
2) Arthrite idiopathique juvénile
SC :
≥ 4 ans :
– 15-29 kg : 20 mg toutes les 2 semaines
– ≥ 30 kg : 40 mg toutes les 2 semaines
Adénosine IV, IO : Dose de charge : 6 mg/dose
Dose de charge : 0,1 mg/kg ; si inefficace après Dose subséquente : 12 mg/dose
2 min, administrer une dose de 0,2 mg/kg
1243
1244
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Adrénaline 1) Arrêt cardiorespiratoire Arrêt cardiorespiratoire/bradycardie sinusale 1:1 000 = 1 mg/mL
IV, IO : 0,01 mg/kg/dose (ou 0,1 mL/kg/dose extrême 1:10 000 = 0,1 mg/mL
Index pharmacologique
de la solution 1:10 000) ; répéter toutes les IV, IO : 1 mg/dose
3-5 min au besoin Endotrachéale : 2,5 mg/dose
Endotrachéale : 0,1 mg/kg/dose (ou 0,1 mL/kg/ Anaphylaxie
dose de la solution 1:1 000) ; répéter toutes les IM, SC : 0,5 mg/dose
3-5 min au besoin
2) Bradycardie sinusale extrême
IV, IO : 0,01 mg/kg/dose (ou 0,1 mL/kg/dose
de la solution 1:10 000) ; répéter toutes les
3-5 min au besoin
3) Effet inotrope
IV perfusion : 0,1-1 μg/kg/min
4) Anaphylaxie
– Réaction légère ou modérée :
IM, SC : 0,01 mg/kg/dose (ou 0,01 mL/kg/
dose de la solution 1:1 000) toutes les
10-20 min au besoin
– Réaction grave :
IV : 0,01 mg/kg/dose (ou 0,1 mL/kg/dose de
la solution 1:10 000) ; répéter toutes les
5-30 min au besoin, 2 fois
IM :
– 10-25 kg : 0,15 mg (Epipen JrMD)
– > 25 kg : 0,3 mg (EpipenMD)
5) Laryngite modérée à grave
Nébulisation (adrénaline 1:1 000 = 1 mg/mL)
– ≤ 5 kg : 2,5 mL/dose ; répéter toutes les
15-30 min au besoin
– > 5 kg : 5 mL/dose ; répéter toutes les
15-30 min au besoin
Albutérol Voir Salbutamol.
Alcool éthylique Voir Éthanol.
Allopurinol PO : 10 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 800 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 6-12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Almotriptan PO : 2 doses/24 h ou 25 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
≥ 12 ans : 6,25-12,5 mg en 1 dose unique ; répéter
au besoin après 2 h
Altéplase (r-tPA) 1) Cathéter intraveineux obstrué Cathéter intraveineux obstrué
Injecter dans la voie obstruée, laisser en place 2 mg de la solution à 1 mg/mL
pendant 1-2 h, puis retirer.
– < 10 kg : 0,5 mg/dose à diluer dans du
NaCl 0,9 % jusqu’au volume nécessaire pour
remplir le cathéter utilisé
– ≥ 10 kg : volume de r-tPA requis pour remplir
la lumière du cathéter utilisé
2) Empyème
Données limitées en pédiatrie
Injection intrapleurale :
– ≤ 10 kg : 4 mg/dose à diluer dans 20 mL de
NaCl 0,9 % ; garder le drain thoracique clampé
pendant 1 h
– > 10 kg : 4 mg/dose à diluer dans 40 mL de
NaCl 0,9 % ; garder le drain thoracique clampé
pendant 1 h
Amikacine IV, IM : 15-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées Dose initiale : 500 mg/dose Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
toutes les 8 h ototoxicité
Ins. rénale : ajustement requis
Taux sérique thérapeutique : creux : 2,5-10 mg/L ;
Index pharmacologique
pic : 20-30 mg/L
L’administration en dose uniquotidienne peut s’appli-
quer dans certaines situations.
Aminophylline IV : Effets secondaires majeurs : arythmies, convulsions
– Dose de charge (si le patient n’a pas reçu Ins. hépatique : ajustement requis
de doses dans les dernières 24 h) : 6 mg/kg Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose d’entretien : interactions
• 6 semaines à 5 mois : 0,5 mg/kg/h Taux sérique thérapeutique de théophylline :
• 6 mois à 11 mois : 0,7 mg/kg/h 10-20 μg/mL ou 55-110 μmol/L
• 1 à 8 ans : 1 mg/kg/h
• ≥ 9 ans : 0,75 mg/kg/h
1245
1246
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Amiodarone IV, IO : données limitées en pédiatrie IV : Effets secondaires majeurs : prolongation de
Dose de charge : 5 mg/kg à répéter jusqu’à 2 fois au – Dose de charge : 300 mg/dose l’intervalle QT
Index pharmacologique
besoin, suivie d’une perfusion de 5-15 μg/kg/min – Dose de charge cumulative : 15 mg/kg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
PO : PO : Interactions médicamenteuses : nombreuses
– < 1 an : – Dose initiale : 1 600 mg/24 h interactions
• Dose initiale : 600-800 mg/1,73 m2/24 h en – Dose d’entretien : 400 mg/24 h
doses fractionnées toutes les 12-24 h pendant
4-14 jours
• Dose d’entretien : 200-400 mg/1,73 m2/24 h
en 1 dose quotidienne
– ≥ 1 an :
• Dose initiale : 10-15 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12-24 h pendant 4-14 jours
• Dose d’entretien : 5 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
Amitriptyline 1) Douleur chronique Effets secondaires majeurs : tachycardie, arythmies
PO : dose initiale de 0,1 mg/kg/24 h en 1 dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
au coucher ; augmenter graduellement tous interactions
les 5-7 jours jusqu’à 0,5-2 mg/kg/24 h
2) Prévention de la migraine
Données limitées en pédiatrie
PO :
Dose initiale : 0,25 mg/kg/24 h en 1 dose au
coucher ; augmenter graduellement jusqu’à
1 mg/kg/24 h
Amlodipine PO : 0,1-0,3 mg/kg/24 h en doses fractionnées 0,6 mg/kg/24 h ou 20 mg/24 h
toutes les 12-24 h
Amoxicilline 1) Indications générales Indications générales Ins. rénale : ajustement requis
PO : Canada : 90 mg/kg/24 h ou 1 g/dose ou 3 g/24 h
– Dose habituelle : 50 mg/kg/24 h en doses frac- France : 150 mg/kg/24 h ou 6 g/24 h
tionnées toutes les 8-12 h Prophylaxie chez un patient asplénique
– Dose élevée : 80-90 mg/kg/24 h en doses 250 mg/dose
fractionnées toutes les 8-12 h
2) Prophylaxie chez un patient asplénique
PO : 20 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Amoxicilline/acide IV (France) : 100-200 mg/kg/24 h d’amoxicilline en IV (France) : 12 g/24 h d’amoxicilline Ins. rénale : ajustement requis
clavulanique doses fractionnées toutes les 6 h PO : 90 mg/kg/24 h ou 875 mg-1 g/dose Favoriser l’utilisation des préparations contenant le
PO : ou 3 g/24 h d’amoxicilline ratio amoxicilline/acide clavulanique le plus élevé.
– Dose habituelle : 50 mg/kg/24 h d’amoxicilline en
doses fractionnées toutes les 8-12 h
– Dose élevée : 80-90 mg/kg/24 h d’amoxicilline en
doses fractionnées toutes les 8-12 h
Amphotéricine B IV : 0,5-1 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne 1,5 mg/kg/24 h Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
désoxycholate hypokaliémie
Ins. rénale : ajustement requis
Amphotéricine B IV : 2-5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
complexe lipidique hypokaliémie
Ins. rénale : ajustement requis
Amphotéricine B IV : 3-5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
liposomale hypokaliémie
Ins. rénale : ajustement requis
Ampicilline 1) Indications générales 400 mg/kg/24 h ou 12 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : gestationnel + l’âge post-natal.
25-50 mg/kg/dose
• ≤ 29 semaines :
0 à 28 jours : toutes les 12 h
Index pharmacologique
> 28 jours : toutes les 8 h
• 30 à 36 semaines :
0 à 14 jours : toutes les 12 h
> 14 jours : toutes les 8 h
• 37 à 44 semaines :
0 à 7 jours : toutes les 12 h
> 7 jours : toutes les 8 h
– > 1 mois : 100-200 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6 h
2) Méningite ou sepsis à streptocoque du groupe B
IV, IM :
– Nouveau-né : 100 mg/kg/dose selon les inter-
1247
valles ci-dessus
– > 1 mois : 200-400 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6 h
1248
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Anti-acides Voir Hydroxyde d’aluminium et de magnésium.
Aripiprazole 1) Schizophrénie et troubles bipolaires Schizophrénie et troubles bipolaires
Index pharmacologique
PO : 30 mg/24 h
≥ 13 ans : 2 mg/24 h en 1 dose quotidienne ; Irritabilité associée à l’autisme
augmenter à 5 mg/24 h après 2 jours, puis 15 mg/24 h
à la dose cible de 10 mg/24 h après 2 jours
additionnels
2) Irritabilité associée à l’autisme
PO :
≥ 6 ans : 2 mg/24 h en 1 dose quotidienne ;
augmenter à 5 mg/24 h après une semaine
Aspirine Voir Acide acétylsalicylique.
Atazanavir PO : Ins. hépatique : ajustement requis
6 à 17 ans : Interactions médicamenteuses : nombreuses
– 15-19 kg : 150 mg (+ 100 mg ritonavir)/24 h interactions
en 1 dose quotidienne Toujours utilisé en association avec le ritonavir
– 20-39 kg : 200 mg (+ 100 mg ritonavir)/24 h
en 1 dose quotidienne
– ≥ 40 kg : 300 mg (+ 100 mg ritonavir)/24 h
en 1 dose quotidienne
Aténolol PO : 0,3-1,5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne 2 mg/kg/24 h ou 100 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
Atomoxétine PO : 1,4 mg/kg/24 h ou 100 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
> 6 ans : et de comportements suicidaires
– Dose initiale : 0,5 mg/kg/24 h en doses frac- Ins. hépatique : ajustement requis
tionnées toutes les 12-24 h pendant 7 jours Les doses recommandées correspondent aux
au moins ou présentations commerciales offertes (10 mg,
• 20-29 kg : 10 mg/24 h 18 mg, 25 mg, 40 mg, 60 mg, 80 mg, 100 mg)
• 30-44 kg : 18 mg/24 h
• 45-64 kg : 25 mg/24 h
• ≥ 65 kg : 40 mg/24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Atomoxétine (suite ) – Dose intermédiaire : 0,8 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h pendant 7 jours
au moins ou
• 20-29 kg : 18 mg/24 h
• 30-44 kg : 25 mg/24 h
• 45-64 kg : 40 mg/24 h
• ≥ 65 kg : 60 mg/24 h
– Dose élevée : 1,2 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h ou
• 20-29 kg : 25 mg/24 h
• 30-44 kg : 40 mg/24 h
• 45-64 kg : 60 mg/24 h
• ≥ 65 kg : 80 mg/24 h
Atorvastatine PO : 20 mg/24 h Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
10 à 17 ans : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. hépatique : ajustement requis
Atovaquone/proguanil 1) Traitement du paludisme à Plasmodium falciparum 1 comprimé adulte : 250 mg atovaquone/100 mg
PO : proguanil
– 5-8 kg : 125 mg/50 mg (2 comprimés 1 comprimé enfant : 62,5 mg atovaquone/25 mg
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne pen- proguanil
dant 3 jours
– 9-10 kg : 187,5 mg/75 mg (3 comprimés
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours
– 11-20 kg : 250 mg/100 mg (1 comprimé
Index pharmacologique
adulte)/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours
– 21-30 kg : 500 mg/200 mg (2 comprimés
adulte)/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours
– 31-40 kg : 750 mg/300 mg (3 comprimés
adulte)/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours
– > 40 kg : 1 000 mg/400 mg (4 comprimés
adulte)/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours
1249
1250
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Atovaquone/proguanil 2) Prévention du paludisme à Plasmodium falciparum
(suite) PO :
Index pharmacologique
– 5-8 kg : 31,25 mg/12,5 mg (½ comprimé
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne
– 9-10 kg : 46,87 mg/18,75 mg (¾ comprimé
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne
– 11-20 kg : 62,5 mg/25 mg (1 comprimé
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne
– 21-30 kg : 125 mg/50 mg (2 comprimés
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne
– 31-40 kg : 187,5 mg/75 mg (3 comprimés
enfant)/24 h en 1 dose quotidienne
– > 40 kg : 250 mg/100 mg (1 comprimé
adulte)/24 h en 1 dose quotidienne
Commencer la prophylaxie 1-2 jours avant l’expo-
sition et poursuivre 1 semaine après le départ de
la zone endémique
Atropine 1) Arrêt cardiorespiratoire Arrêt cardiorespiratoire
IV, intratrachéal, IO : 0,02 mg/kg/dose ; répéter Dose initiale :
1 fois au besoin – 0,5 mg/dose (enfant)
2) Prémédication pour anesthésie – 1 mg/dose (adolescent)
IV, IM, SC, PO : 0,01-0,02 mg/kg/dose 30-60 min Dose cumulative :
avant la manœuvre – 1 mg (enfant)
3) Intoxication par un insecticide organophosphoré – 2 mg (adolescent)
IV : 0,02-0,05 mg/kg/dose ; répéter toutes les Prémédication pour anesthésie
10-20 min au besoin 0,6 mg/dose
Intoxication par un insecticide organophosphoré
2 mg/dose
Azathioprine IV, PO :1-3 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne 200 mg/24 h Effets secondaires majeurs : suppression de
la moelle osseuse
Ins. rénale : ajustement requis
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Azithromycine 1) Infection respiratoire Infection respiratoire Effets secondaires majeurs : prolongation de
PO : Jour 1 : 500 mg/dose l’intervalle QT
≥ 6 mois : 10 mg/kg en 1 dose le jour 1, Jours 2-5 : 250 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
puis 5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne interactions
les jours 2 à 5
2) Otite moyenne aiguë Otite moyenne aiguë
PO : Traitement de 5 jours :
≥ 6 mois : – Jour 1 : 500 mg/dose
– Traitement de 5 jours : 10 mg/kg en 1 dose – Jours 2-5 : 250 mg/dose
le jour 1, puis 5 mg/kg/24 h en 1 dose quoti- Traitement de 3 jours : 500 mg/dose
dienne les jours 2 à 5 Dose unique : 1 500 mg/dose
– Traitement de 3 jours : 10 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
– Dose unique : 30 mg/kg
3) Coqueluche Coqueluche
PO : Jour 1: 500 mg/dose
– < 6 mois : 10 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Jours 2-5 : 250 mg/dose
pendant 5 jours
– ≥ 6 mois : 10 mg/kg en 1 dose le jour 1,
puis 5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
les jours 2 à 5
4) Amygdalite, pharyngite à streptocoque du Amygdalite, pharyngite à streptocoque du groupe A
groupe A 500 mg/dose
PO :
≥ 2 ans : 12 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Index pharmacologique
pendant 5 jours
5) Infection à Mycobacterium avium complex (MAC) Infection à MAC
PO : Traitement : 500 mg/dose
– Traitement : 10-12 mg/kg/24 h en 1 dose Prévention : 250 mg/dose en 1 dose ou
quotidienne 1 200 mg/dose 1 fois par semaine
– Prévention : 5 mg/kg/24 h en 1 dose quoti-
dienne ou 20 mg/kg/dose 1 fois par semaine
6) Urétrite et cervicite à Chlamydia trachomatis
PO :
– < 45 kg : 20 mg/kg en 1 dose unique
– ≥ 45 kg : 1 g/dose en 1 dose unique
1251
AZT Voir Zidovudine.
1252
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Aztréonam (Canada : 1) Indications générales 8 000 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
Programme d’accès IV, IM : 90-120 mg/kg/24 h en doses fractionnées
Index pharmacologique
spécial) toutes les 6-8 h
2) Fibrose kystique (mucoviscidose)
IV, IM : 150-200 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
Baclofen PO : < 2 ans : 40 mg/24 h
– < 2 ans : 10-20 mg/24 h en doses fractionnées 2 à 7 ans : 60 mg/24 h
toutes les 8 h, puis augmenter de 5-15 mg/24 h ≥ 8 ans : 120 mg/24 h
tous les 3 jours
– 2 à 7 ans : 20-30 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h, puis augmenter de 5-15 mg/24 h
tous les 3 jours
– ≥ 8 ans : 30-40 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h, puis augmenter de 5-15 mg/24 h
tous les 3 jours
Béclométhasone Inhalation : 800 μg/24 h
Aérosol-doseur :
– Dose faible : < 250 μg/24 h
– Dose modérée : 250-500 μg/24 h
– Dose élevée : > 500 μg/24 h
Administrer en doses fractionnées toutes les 12 h.
Benzoyle (peroxyde de) Après lavage des régions affectées, appliquer locale- Concentrations disponibles : 2,5 %, 5 %, 10 %, 20 %
ment 1-2 fois par jour.
Commencer avec la plus faible concentration de
peroxyde de benzoyle et augmenter graduellement
selon la réponse clinique et la tolérance du patient.
Benztropine 1) Réaction extrapyramidale induite par Réaction extrapyramidale induite par
un médicament un médicament
IV, IM, PO : 1-2 mg/dose
> 3 ans : 0,02-0,05 mg/kg/dose toutes les 12-24 h Ptyalisme
6 mg/dose
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Benztropine (suite ) 2) Ptyalisme
Données limitées en pédiatrie
PO :
> 3 ans : 0,5-1 mg/dose en 1 dose quotidienne
(augmenter graduellement selon la réponse
clinique et la tolérance du patient)
Benzyle (benzoate de) – < 2 ans : appliquer localement la lotion 10 %
(France) sur tout le corps, du cou aux pieds ; rincer 12 h
plus tard
– ≥ 2 ans : appliquer localement la lotion 10 %
à 1-2 reprises sur tout le corps, du cou aux
pieds ; rincer 24 h plus tard
Beractant Intratrachéale : 4 mL/kg/dose ; répéter toutes Effets secondaires majeurs : bradycardie et désatu-
les 6-12 h au besoin s’il y a persistance des ration transitoires
signes de détresse respiratoire
Bicarbonate de sodium 1) Arrêt cardiorespiratoire Bicarbonate de sodium 8,4 % = 1 mmol/mL
IV, IO :
– ≤ 2 ans : 1 mmol/kg/dose (1 mL/kg/dose) d’une
solution 8,4 % (diluer chaque mL d’une solution
8,4 % avec 1 mL d’eau pour obtenir une
concentration finale de 0,5 mmol/mL)
– > 2 ans : 1 mmol/kg/dose (1 mL/kg/dose) d’une
solution 8,4 % sans dilution
Index pharmacologique
2) Acidose métabolique
IV :
Le dosage est ajusté selon la formule suivante :
Dose en mmol : {0,5 × poids (kg) × [HCO3– désiré
– HCO3– sérique (mmol/L)]} ; administrer IV lente-
ment ou en perfusion continue (diluer chaque mL
d’une solution 8,4 % avec 1 mL d’eau pour obtenir
une concentration finale de 0,5 mmol/mL)
PO : 2-3 mEq/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h ; augmenter la dose selon le résultat
thérapeutique obtenu
3) Alcalinisation des urines
1253
PO : 1-10 mmol/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
1254
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Bisacodyl PO : PO : 15 mg/dose
≥ 3 ans : 0,3 mg/kg/dose ou 5 à 10 mg/dose en dose
Index pharmacologique
unique 6 à 12 h avant l’examen ou 1 fois par jour
au besoin
IR :
– < 2 ans : 5 mg/dose en 1 dose, 15 à 60 min
avant l’examen ou 1 fois par jour au besoin
– 2 à 11 ans : 5-10 mg/dose en dose unique,
15 à 60 min avant l’examen ou 1 fois
par jour au besoin
– ≥ 12 ans : 10 mg/dose en dose unique,
15 à 60 min avant l’examen ou 1 fois
par jour au besoin
Bosentan Hypertension artérielle pulmonaire Ins. hépatique : non recommandé
Données limitées en pédiatrie Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : interactions
– 5-9 kg : 15,6 mg (¼ comprimé)/24 h en 1 dose
quotidienne pendant 4 semaines, puis augmenter
à 15,6 mg/dose toutes les 12 h
– 10-19 kg : 31,25 mg (½ comprimé)/24 h en 1 dose
quotidienne pendant 4 semaines, puis augmenter
à 31,25 mg/dose toutes les 12 h
– 20-39 kg : 31,25 mg (½ comprimé)/dose toutes
les 12 h pendant 4 semaines, puis augmenter
à 62,5 mg/dose toutes les 12 h
– ≥ 40 kg : 62,5 mg (1 comprimé)/dose toutes
les 12 h pendant 4 semaines, puis augmenter
à 125 mg/dose toutes les 12 h
Budésonide Inhalation : 1 600 μg budésonide/24 h
– Inhalateur de poudre sèche (TurbuhalerMD) :
≥ 6 ans :
• Dose faible : < 400 μg/24 h
• Dose modérée : 400-800 μg/24 h
• Dose élevée : > 800 μg/24 h
Administrer en doses fractionnées toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Budésonide (suite ) – Nébulisation humide : 0,25-0,5 mg/dose toutes
les 12 h
Intranasal :
≥ 6 ans : 1 vaporisation (64 μg) dans chaque narine
toutes les 12 h ou 2 vaporisations (128 μg) dans
chaque narine toutes les 24 h
Budésonide/formotérol Inhalation : Exemples de présentations disponibles :
Inhalateur de poudre sèche (TurbuhalerMD) : TurbuhalerMD-100 : 100 μg budésonide-
≥ 6 ans : 1-2 inhalations toutes les 12 h 6 μg formotérol
TurbuhalerMD-200 : 200 μg budésonide-
6 μg formotérol
Caféine (citrate) Apnée du prématuré Taux sérique thérapeutique : 40-100 μmol/L
IV, PO : 10 mg de base = 20 mg de citrate de caféine
– Dose initiale : 10 mg de base/kg
– Dose d’entretien : 2,5-5 mg de base/kg/24 h
en 1 dose quotidienne
Calcitriol Traitement de l’hypocalcémie chez les patients
(1,25-dihydroxy- présentant une insuffisance rénale chronique
cholécalciférol ou IV : 0,01-0,05 μg/kg/dose 3 fois par semaine
1,25-dihydroxy- PO : 0,01-0,015 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne,
vitamine D) puis augmenter au besoin jusqu’à 0,5-1 μg/24 h
Calcium 1) Arrêt cardiorespiratoire Arrêt cardiorespiratoire/hypocalcémie En cas d’arrêt cardio-respiratoire, administrer sous
Index pharmacologique
– Chlorure de calcium : Chlorure de calcium : 1 g/dose (10 mL/dose d’une surveillance cardiaque.
IV, IO : 20 mg/kg/dose (0,2 mL/kg/dose d’une solution 10 %) Risque de nécrose cutanée si extravasation.
solution 10 % sans dilution) ; répéter toutes 100 mg de chlorure de calcium = 28 mg de cal-
les 10 min au besoin cium élémentaire = 0,7 mmol de calcium élémen-
taire = 1,4 mEq de calcium élémentaire
– Gluconate de calcium : Gluconate de calcium : 3 g/dose (30 mL/dose d’une 100 mg de gluconate de calcium = 9,3 mg de
IV, IO : 60-100 mg/kg/dose (0,6-1 mL/kg/dose solution 10 %) calcium élémentaire = 0,23 mmol de calcium
d’une solution 10 % sans dilution) ; répéter élémentaire = 0,46 mEq de calcium élémentaire
toutes les 10 min au besoin
1255
1256
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Calcium (suite ) 2) Hypocalcémie
– Chlorure de calcium :
Index pharmacologique
IV : 10-20 mg/kg/dose d’une solution 10 % ;
administrer en 1-2 h toutes les 6 h au besoin
(diluer chaque mL d’une solution 10 % avec
4 mL de soluté, pour obtenir une concentration
finale de 20 mg/mL)
– Gluconate de calcium :
IV : 50-100 mg/kg/dose d’une solution 10 % ;
administrer en 1-2 h toutes les 6 h au besoin
ou administrer en perfusion continue (diluer
chaque mL d’une solution 10 % avec 1 mL de
soluté, pour obtenir une concentration finale
de 50 mg/mL)
– Calcium élémentaire :
PO : 45-65 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
3) Besoins d’entretien nutritionnels quotidiens en
calcium élémentaire
PO :
– 1 à 3 ans : 700 mg en doses fractionnées toutes
les 8-12 h
– 4 à 8 ans : 1 000 mg en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
– 9 à 18 ans : 1 300 mg en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Captopril PO : 6 mg/kg/24 h ou 450 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
– Dose initiale : 0,1-0,3 mg/kg/dose toutes
les 6-12 h
– Dose d’entretien : augmenter au besoin selon
la réponse du patient jusqu’à 6 mg/kg/24 h
en doses fractionnées toutes les 6-12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Carbamazépine PO : 35 mg/kg/24 h ou 1 600 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose initiale : 10 mg/kg/24 h en doses frac- interactions
tionnées toutes les 8-12 h Taux sérique thérapeutique : 17-51 μmol/L
– Dose d’entretien : 20-30 mg/kg/24 h en doses (4-12 μg/mL). Certains patients requièrent
fractionnées toutes les 8 h (formulation régulière) des taux plus élevés, soit 34-51 μmol/L
ou toutes les 12 h (formulation à libération (8-12 μg/mL).
prolongée)
Carbimazole (France) PO : Dose initiale : 60 mg/24 h Effets secondaires majeurs : agranulocytose
– Dose initiale : 0,75-1 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h
– Dose d’entretien : ajuster à la plus faible dose
efficace
Carnitine Voir L-carnitine.
Caspofongine IV : Dose de charge : 70 mg/dose Ins. hépatique : ajustement requis
– 3 mois à 11 ans : données limitées en pédiatrie Dose d’entretien : 50 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
• Dose de charge : 70 mg/m2/24 h en 1 dose interactions
• Dose d’entretien : 50 mg/m2/24 h en 1 dose
quotidienne
– ≥ 12 ans :
• Dose de charge : 70 mg/24 h en 1 dose
• Dose d’entretien : 50 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
Index pharmacologique
Céfaclor PO : 20-40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1,5 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 8-12 h
Céfalexine Voir Céphalexine.
Céfazoline IV, IM : 50-150 mg/kg/24 h en doses fractionnées 6 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
toutes les 8 h
Céfixime PO : 8 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 400 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 12-24 h
1257
1258
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Céfotaxime 1) Indications générales 2 g/dose ou 12 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
Index pharmacologique
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : gestationnel + l’âge post-natal.
50 mg/kg/dose
• ≤ 29 semaines :
4 0 à 28 jours : toutes les 12 h
4 > 28 jours : toutes les 8 h
• 30 à 36 semaines :
4 0 à 14 jours : toutes les 12 h
4 > 14 jours : toutes les 8 h
• 37 à 44 semaines :
4 0 à 7 jours : toutes les 12 h
4 > 7 jours : toutes les 8 h
– > 1 mois : 100-200 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
2) Méningite
IV, IM :
– Nouveau-né : voir doses ci-dessus
– > 1 mois : 200-300 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6 h
Céfoxitine IV, IM : 80-160 mg/kg/24 h en doses fractionnées 2 g/dose ou 12 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
toutes les 6-8 h
Cefprozil PO : 15-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 12 h
Ceftazidime 1) Indications générales 6 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : 100-150 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
2) Fibrose kystique (mucoviscidose)
IV, IM : 150-225 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
Ceftriaxone IV, IM : 50-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées 2 g/dose ou 4 g/24 h À éviter chez le nouveau-né < 1 mois
toutes les 12-24 h (risque d’hyperbilirubinémie)
Céfuroxime IV, IM : 100-150 mg/kg/24 h en doses fractionnées 6 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
toutes les 8 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Céfuroxime axetil PO : 20-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1 g/24 h
les 12 h
Céphalexine 1) Indications générales 4 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
PO : 50-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
2) Ostéomyélite
PO : 100-150 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
Cétirizine PO : Ins. hépatique : ajustement requis
– 6 à 11 mois : 2,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. rénale : ajustement requis
– 1 à 5 ans : 2,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne ;
augmenter si besoin à 5 mg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12-24 h
– ≥ 6 ans : 5-10 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12-24 h
Charbon activé PO, sonde nasogastrique : 1 g/kg/dose toutes 50 g/dose La solution de charbon activé est disponible dans
les 4-6 h au besoin de l’eau ou du sorbitol 70 %.
Solution à base de sorbitol 70 % :
– < 1 an : non recommandée
– ≥ 1 an : peut être utilisée pour la 1re dose
Chloramphénicol Méningite 4 g/24 h Effets secondaires majeurs : suppression de la
IV : 75-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes moelle osseuse, anémie aplasique, hémolyse chez
Index pharmacologique
les 6 h les patients porteurs d’un déficit en glucose-6-
phosphate déshydrogénase (G6PD)
Ins. hépatique : ajustement requis
Ins. rénale : ajustement requis
Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Taux sérique thérapeutique : méningite : creux :
5-15 mg/L ; pic : 15-25 mg/L
Chloroquine 1) Traitement du paludisme à Plasmodium falciparum Traitement du paludisme 150 mg de base = 250 mg de phosphate
PO : 10 mg base/kg/dose pour la 1re dose, Dose initiale : 600 mg de base/dose de chloroquine
puis 5 mg base/kg/dose 6 h, 24 h et 48 h Dose subséquente : 300 mg de base/dose Effets secondaires majeurs : prolongation de
1259
après la 1re dose Prévention du paludisme l’intervalle QT
300 mg de base/dose
1260
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Chloroquine (suite ) 2) Prévention du paludisme à Plasmodium falciparum
ou vivax
Index pharmacologique
PO : 5 mg base/kg/dose 1 fois par semaine.
Commencer la prophylaxie 1 semaine avant l’ex-
position et poursuivre 4 semaines après le départ
de la zone endémique.
Chlorphéniramine PO : 4 mg/dose
> 6 ans : 0,35 mg/kg/24 h en doses fractionnées 24 mg/24 h
toutes les 4-6 h
Chlorpromazine Nausées, vomissements/psychose IV, IM : Effets secondaires majeurs : hypotension importante
IV, IM : 0,5-1 mg/kg/dose toutes les 6-8 h – < 5 ans : 40 mg/24 h au moment de l’administration IV, réactions extra-
PO : 0,5-1 mg/kg/dose toutes les 4-6 h – 5 à 12 ans : 75 mg/24 h pyramidales, prolongation de l’intervalle QT
IR : 1 mg/kg/dose toutes les 6-8 h Ins. hépatique : ajustement requis
Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Cholestyramine PO : 240 mg de résine anhydre/kg/24 h en doses Interactions médicamenteuses : nombreuses
fractionnées toutes les 8 h interactions
Ciclésonide Inhalation : 800 μg/24 h
Aérosol-doseur :
≥ 6 ans :
– Dose faible : 100 μg/24 h
– Dose modérée : 200-400 μg/24 h
– Dose élevée : > 400 μg/24 h
Administrer en doses fractionnées toutes les 12-24 h
Ciprofloxacine 1) Fibrose kystique (mucoviscidose) Fibrose kystique (mucoviscidose) Ins. rénale : ajustement requis
IV : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes IV : 400 mg/dose ou 1 200 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
les 8-12 h PO : 2 g/24 h interactions
PO : 40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes Autres indications En dehors de situations particulières, l’utilisation
les 12 h IV : 400 mg/dose ou 1 200 mg/24 h des fluoroquinolones n’est pas recommandée
2) Autres indications PO : 1,5 g/24 h en pédiatrie.
IV : 20-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
PO : 20-40 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Citalopram Dépression 40 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
PO : et de comportements suicidaires
≥ 12 ans : 20 mg/24 h en 1 dose quotidienne, aug-
menter de 10 mg toutes les 2 semaines au besoin
Clarithromycine PO : 15 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1 g/24 h Effets secondaires majeurs : prolongation de
les 12 h l’intervalle QT
Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Clindamycine IV : 25-40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes IV : 2,7 g/24 h
les 6-8 h PO : 1,8 g/24 h
PO : 10-40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
Clobazam PO : 80 mg/24 h Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
– Dose initiale : 0,25 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12-24 h
– Dose d’entretien : 0,5-1 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-12 h
Clonazépam PO : 20 mg/24 h Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
– < 30 kg :
• Dose initiale : 0,01-0,05 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-12 h
• Dose d’entretien : augmenter de
Index pharmacologique
0,025-0,05 mg/kg/24 h tous les 3 jours
jusqu’à 0,1-0,2 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
– ≥ 30 kg :
• Dose initiale : 1,5 mg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 8 h
• Dose d’entretien : augmenter de 0,5-1 mg/24 h
tous les 3 jours
1261
1262
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Clonidine 1) Hypertension artérielle Hypertension artérielle
PO : 0,2 mg/dose
Index pharmacologique
– Dose initiale : 5-10 μg/kg/24 h en doses frac- Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité
tionnées toutes les 6-12 h 0,4 mg/24 h
– Dose d’entretien : 5-25 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6 h
2) Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité
PO :
– Dose initiale : 0,05 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
– Dose d’entretien : 3-5 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
Cloxacilline IV, IM : IV, IM : 2 g/dose ou 12 g/24 h L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : PO : 4 g/24 h gestationnel + l’âge post-natal.
25-50 mg/kg/dose
• ≤ 31 semaines :
0 à 7 jours : toutes les 12 h
> 7 jours : toutes les 8 h
• ≥ 32 semaines :
0 à 7 jours : toutes les 8 h
> 7 jours : toutes les 6 h
– > 1 mois : 100-200 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 6 h
PO : 50-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6 h
Codéine 1) Analgésique Analgésique Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IM, SC, PO : 1,5 mg/kg/dose ou 60 mg/dose (risque accru chez les patients présentant un méta-
> 12 ans : 0,5-1 mg/kg/dose toutes les 4-6 h bolisme ultrarapide)
2) Antitussif Antitussif Ins. rénale : ajustement requis
PO : 20 mg/dose
> 12 ans : 1-1,5 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 4-6 h
Colistiméthate Fibrose kystique (mucoviscidose)
Inhalation : 75 mg/dose toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Corticostéroïdes Voir Béclométhasone. La prednisone est 4 fois plus puissante que
Voir Budésonide. l’hydrocortisone.
Voir Ciclésonide. La méthylprednisolone est 5 fois plus puissante
Voir Corticostéroïdes topiques (tableau, page 1324). que l’hydrocortisone.
Voir Dexaméthasone. La dexaméthasone est 25 fois plus puissante
Voir Fludrocortisone. que l’hydrocortisone.
Voir Fluticasone.
Voir Hydrocortisone.
Voir Méthylprednisolone.
Voir Prednisone.
Cromoglycate de sodium Intranasal : Intranasal : 6 vaporisations/narine/24 h
≥ 2 ans : 1 vaporisation dans chaque narine toutes
les 6-8 h
Gouttes ophtalmiques :
> 5 ans : 2 gouttes dans chaque œil toutes les 6 h
Crotamiton Appliquer localement la crème 10 % du cou aux Éviter l’application sur le visage, les yeux, la bouche,
orteils 1 fois par jour pendant 2 jours. Le traitement les muqueuses et le méat urinaire.
peut être répété après 7-10 jours. Prendre un bain
ou une douche avant la première application et
24-48 h après la dernière application.
Cyanocobalamine Voir Vitamine B12.
Cyclosporine Greffe d’organe Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité
Index pharmacologique
PO : 5-15 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes Interactions médicamenteuses : nombreuses
les 8-12 h. Ajuster la dose selon les concentrations interactions
thérapeutiques visées. Taux sérique thérapeutique : variable selon les
différents protocoles et le type de greffe
Cyproheptadine Stimulation de l’appétit 16 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
Données limitées en pédiatrie
PO : 0,25 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 8-12 h
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1264
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Darunavir PO : Interactions médicamenteuses : nombreuses
6 à 17 ans : interactions
Index pharmacologique
– 20-29 kg : 375 mg (+ 50 mg de ritonavir) toutes Risque d’allergie croisée avec les sulfamidés
les 12 h Toujours utilisé en association avec le ritonavir
– 30-39 kg : 450 mg (+ 60 mg de ritonavir) toutes
les 12 h
– ≥ 40 kg : 600 mg (+100 mg de ritonavir) toutes
les 12 h
Déféroxamine 1) Intoxication aiguë par le fer Intoxication aiguë
IV perfusion : 15 mg/kg/h IV, IM : 6 g/24 h
IM : 50 mg/kg/dose toutes les 6 h IM :
Le traitement est poursuivi jusqu’à normalisation – Dose initiale : 1 g/dose
du fer sérique et de la coloration des urines. – Doses subséquentes : 500 mg/dose
2) Intoxication chronique par le fer Intoxication chronique
IV perfusion : 15 mg/kg/h IV perfusion : 12 g/24 h
SC perfusion : 20-50 mg/kg/24 h en perfusion SC perfusion : 2 g/24 h
de 8-12 h
Desloratadine PO : Ins. hépatique : ajustement requis
– 6 à 11 mois : 1 mg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. rénale : ajustement requis
– 1 à 5 ans : 1,25 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 6 à 11 ans : 2,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 12 ans : 5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Desmopressine 1) Diabète insipide Diabète insipide
PO : PO : 1,2 mg/24 h
– Dose initiale : 0,05 mg/dose toutes les 12 h Intranasal : 40 μg/24 h
– Dose d’entretien : 0,1-0,8 mg/24 h en doses Hémophilie
fractionnées toutes les 8-12 h 20 μg/dose
Intranasal :
– Dose initiale : 5 μg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12-24 h
– Dose d’entretien : 5-40 μg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Desmopressine (suite ) 2) Hémophilie
IV : 0,3 μg/kg/dose 30 min avant la manœuvre
3) Énurésie nocturne
PO :
≥ 6 ans :
– Dose initiale : 0,2 mg/dose au coucher
– Dose d’entretien : 0,2-0,6 mg/dose au coucher
Dexaméthasone 1) Laryngite Laryngite/asthme La dexaméthasone est 25 fois plus puissante
IV, IM, PO : 0,6 mg/kg en 1 dose unique 15 mg/dose que l’hydrocortisone.
2) Asthme Œdème cérébral La prednisone est 4 fois plus puissante que
PO : 0,15-0,6 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Dose initiale : 10 mg/dose l’hydrocortisone.
3) Œdème cérébral Dose d’entretien : 16 mg/24 h La méthylprednisolone est 5 fois plus puissante
IV, IM, PO : que l’hydrocortisone.
– Dose initiale : 1-2 mg/kg
– Dose d’entretien : 1-1,5 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6 h
4) Anti-émétique (nausées induites par la
chimiothérapie)
IV : 5-10 mg/m2/dose toutes les 6-12 h au besoin
5) Anti-inflammatoire
IV, IM, PO : 0,08-0,3 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 6-12 h
Dexamphétamine Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité 40 mg/24 h
PO :
Index pharmacologique
– 3 à 5 ans : 2,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne le
matin ; augmenter de 2,5 mg chaque semaine en
fonction de la réponse clinique et de la tolérance
du patient
– ≥ 6 ans : 5 mg/24 h en 1 dose quotidienne le
matin ; augmenter de 5 mg chaque semaine en
fonction de la réponse clinique et de la tolérance
du patient
Les doses élevées peuvent être fractionnées en
2 prises.
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Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Dexamphétamine/ Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité 30 mg/24 h
amphétamine PO :
Index pharmacologique
Gélule à libération prolongée :
≥ 6 ans : 5-10 mg/24 h en 1 dose quotidienne le
matin ; augmenter de 5-10 mg chaque semaine en
fonction de la réponse clinique et de la tolérance du
patient
Diazépam 1) Convulsions Convulsions Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IV : 0,3 mg/kg/dose ; répéter une fois 5 min plus IV : Ins. hépatique : ajustement requis
tard au besoin – < 5 ans : 5 mg/dose Gel intrarectal : ajuster la dose à la hausse selon
IR (solution injectable) : 0,5 mg/kg/dose ; répéter – ≥ 5 ans : 10 mg/dose le dosage des seringues préremplies disponibles :
une fois 5 min plus tard au besoin IR : 20 mg/dose 5 mg, 10 mg, 15 mg et 20 mg
IR (gel) : Sédation, relaxation musculaire, anxiété
– 2 à 5 ans : 0,5 mg/kg en 1 dose IV, IM : 0,6 mg/kg/8 h
– 6 à 11 ans : 0,3 mg/kg en 1 dose PO : 10 mg/dose
– ≥ 12 ans : 0,2 mg/kg en 1 dose
2) Sédation, relaxation musculaire, anxiété
IV, IM : 0,04-0,3 mg/kg/dose toutes les 2-4 h
PO : 0,12-0,8 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
Diazoxide Hypoglycémie
PO :
– < 1 an : 8-15 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
– ≥ 1 an : 3-8 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Commencer avec la plus petite dose.
Diclofénac Données limitées en pédiatrie 200 mg/24 h
PO : 2-3 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-12 h
Digitale Voir Digoxine.
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Digoxine IV : Dose de digitalisation : Ins. rénale : ajustement requis
– Dose de digitalisation : – IV : 1 mg Interactions médicamenteuses : nombreuses
• Nouveau-né à terme : 20 μg/kg – PO : 1,5 mg interactions
• 1 à 24 mois : 30-40 μg/kg Dose d’entretien : Taux sérique thérapeutique : 1-2,6 nmol/L
• 2 à 10 ans : 20-30 μg/kg – IV : 0,4 mg/24 h Taux sérique toxique : > 2,6 nmol/L
• > 10 ans : 8-12 μg/kg – PO : 0,5 mg/24 h Fractionner la dose de digitalisation en 3 prises,
– Dose d’entretien : soit 50 % de la dose totale au moment de la
• Nouveau-né à terme : 6-8 μg/kg/24 h en doses 1re administration suivie de 25 % de la dose
fractionnées toutes les 12 h totale 8 et 16 h plus tard
• 1 à 24 mois : 7,5-9 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
• 2 à 10 ans : 6-8 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
• > 10 ans : 2-3 μg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
PO :
– Dose de digitalisation :
• Nouveau-né à terme : 30 μg/kg
• 1 à 24 mois : 40-50 μg/kg
• 2 à 10 ans : 30-40 μg/kg
• > 10 ans : 10-15 μg/kg
– Dose d’entretien :
• Nouveau-né à terme : 8-10 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
• 1 à 24 mois : 10-12 μg/kg/24 h en doses
Index pharmacologique
fractionnées toutes les 12 h
• 2 à 10 ans : 8-10 μg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
• > 10 ans : 2,5-5 μg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
Dimenhydrinate IV, IM, PO, IR : 5 mg/kg/24 h en doses fractionnées 300 mg/24 h
toutes les 6 h
Diphenhydramine IV, IM, PO : 5 mg/kg/24 h en doses fractionnées 300 mg/24 h
toutes les 6 h
Diphenylhydantoïne Voir Phénytoïne.
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1268
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Diphenylhydramine Voir Diphenhydramine.
Divalproex sodique Voir Acide valproïque.
Index pharmacologique
Dobutamine IV, IO perfusion : 2,5-20 μg/kg/min
Docusate sodique PO : 5 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 400 mg/24 h
les 12-24 h
Dompéridone PO : 0,3-0,6 mg/kg/dose toutes les 6-8 h 80 mg/24 h Effets secondaires majeurs : prolongation de l’inter-
valle QT (risque accru avec doses > 30 mg/24 h)
Dopamine 1) Effet rénal
IV, IO perfusion : 2-5 μg/kg/min
2) Effet vasopresseur
IV, IO perfusion : 5-20 μg/kg/min
Dornase alfa Nébulisation :
> 5 ans : 2,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Doxépine Urticaire chronique réfractaire
PO :
≥ 12 ans : 10 mg/dose toutes les 8-24 h
Doxycycline 1) Traitement du paludisme à Plasmodium falciparum Traitement du paludisme, acné Interactions médicamenteuses : nombreuses
de souche résistante à la chloroquine 200 mg/24 h interactions
PO : Prévention du paludisme
> 8 ans : 4 mg/kg/24 h en doses fractionnées 100 mg/24 h
toutes les 12 h
2) Prévention du paludisme à Plasmodium falciparum
de souche résistante à la chloroquine
PO :
> 8 ans : 2 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Commencer la prophylaxie 1-2 jours avant l’expo-
sition et poursuivre 4 semaines après le départ de
la zone endémique.
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Doxycycline (suite ) 3) Traitement de l’infection à Chlamydia trachomatis
chez l’adolescent
PO : 100 mg/dose toutes les 12 h
4) Acné
PO :
≥ 12 ans : 100 mg/dose toutes les 12 à 24 h
Éfavirenz PO : 600 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
≥ 3 ans : interactions
– 10-14 kg : 200 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 15-19 kg : 250 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 20-24 kg : 300 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 25-32 kg : 350 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 32,5-39 kg : 400 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 40 kg : 600 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Énalapril Hypertension, insuffisance cardiaque 40 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
PO :
– Dose initiale : 0,1 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12-24 h
– Dose d’entretien : 0,1-0,5 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
Énoxaparine 1) Traitement thrombolytique < 2 mois : 3 mg/kg/dose Ins. rénale : ajustement requis
SC : 2 mois à 18 ans : 2 mg/kg/dose Ajuster la dose selon les résultats du dosage de
– < 2 mois : 1,5 mg/kg/dose toutes les 12 h l’activité anti-Xa.
Index pharmacologique
– 2 mois à 18 ans : 1 mg/kg/dose toutes les 12 h
2) Prophylaxie de la thrombose
SC :
– < 2 mois : 0,75 mg/kg/dose toutes les 12 h
ou 1,5 mg/kg/dose toutes les 24 h
– 2 mois à 18 ans : 0,5 mg/kg/dose toutes
les 12 h ou 1 mg/kg/dose toutes les 24 h
Enzymes pancréatiques Voir Pancrélipase.
Épinéphrine Voir Adrénaline.
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1270
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Érythromycine 1) Indications générales Indications générales Effets secondaires majeurs : prolongation de
PO : 30-50 mg/kg/24 h en doses fractionnées 2 g/24 h l’intervalle QT
Index pharmacologique
toutes les 6-8 h Ins. hépatique : estolate contre-indiqué
2) Traitement prokinétique Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 20 mg/kg/24 h en doses fractionnées interactions
toutes les 6-12 h
Escitalopram Dépression 20 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
PO : et de comportements suicidaires
≥ 12 ans : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne ; aug-
menter à 20 mg/24 h après 3 semaines, au besoin
Ésoméprazole 1) Reflux gastro-œsophagien
PO :
– 1 à 11 ans : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 12 ans : 20 mg/24 h en 1 dose quotidienne
2) Œsophagite
PO :
– 1 à 11 ans :
• < 20 kg : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
• ≥ 20 kg : 10 à 20 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
– ≥ 12 ans : 20 à 40 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
Éthambutol 1) Tuberculose Tuberculose Effets secondaires majeurs : névrite optique,
PO : 15-25 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Dose quotidienne et intermittente : 2,5 g/dose hépatotoxicité
ou 30-50 mg/kg/24 h 3 fois par semaine Infections à mycobactéries atypiques Ins. rénale : ajustement requis
2) Infection à mycobactéries atypiques 1 g/24 h
PO : 15 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Éthanol Intoxication par l’alcool méthylique Éthanol 25 % : éthanol 100 % dilué 1:3 avec du jus
IV, PO : Éthanol 10 % : éthanol 100 % dilué 1:9 avec du
– Dose initiale : 1 g/kg en 30 min, soit : dextrose 5 %
• IV : 10 mL/kg d’éthanol 10 %
• PO : 4 mL/kg d’éthanol 25 %
– Dose d’entretien : 0,1-0,15 g/kg/h, soit :
• IV : 1,0-1,5 mL/kg/h d’éthanol 10 %
• PO : 0,4-0,6 mL/kg/h d’éthanol 25 %
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Éthosuximide PO : 1,5 g/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose initiale : 15 mg/kg/24 h en doses frac- interactions
tionnées toutes les 12-24 h Taux sérique thérapeutique : 280-710 μmol/L
– Dose d’entretien : 15-40 mg/kg/24 h en doses Taux sérique toxique : > 1062 μmo/L
fractionnées toutes les 12 h ; augmenter tous
les 3-7 jours au besoin
Étravirine PO : 400 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
6 à 17 ans : interactions
– 16-19 kg : 100 mg/dose toutes les 12 h
– 20-24 kg : 125 mg/dose toutes les 12 h
– 25-29 kg : 150 mg/dose toutes les 12 h
– ≥ 30 kg : 200 mg/dose toutes les 12 h
Famciclovir 1) Infection herpétique génitale chez l’adolescent Ins. rénale : ajustement requis
PO :
– Épisode initial : 250 mg/dose toutes les 8 h
– Rechutes : 125 mg/dose toutes les 12 h pen-
dant 5 jours ou 1 000 mg/dose toutes les 12 h
pendant 24 h
– Prévention des rechutes : 250 mg/dose toutes
les 12 h pendant 12 mois
2) Infection herpétique labiale récurrente chez
l’adolescent
PO : 1 500 mg en 1 dose unique
3) Traitement du zona chez l’adolescent
Index pharmacologique
PO : 500 mg/dose toutes les 8 h
Fentanyl IV, IM : 1-2 μg/kg/dose toutes les 30-60 min Intranasal : 100 μg/dose, soit 50 μg par narine Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
au besoin Ins. rénale : ajustement requis
IV perfusion : 1-3 μg/kg/h
Transdermique :
> 2 ans :
La dose initiale est établie en fonction de la dose
quotidienne totale de morphine orale reçue :
– 60-134 mg de morphine PO : timbre de fentanyl
de 25 μg/h
– 135-224 mg de morphine PO : timbre de fentanyl
1271
de 50 μg/h
1272
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Fentanyl (suite ) – 225-314 mg de morphine PO : timbre de fentanyl
de 75 μg/h
Index pharmacologique
– 315-404 mg de morphine PO : timbre de fentanyl
de 100 μg/h
Changer le timbre toutes les 72 h.
Intranasal : 1-2 μg/kg/dose pour 1 dose unique
Fer Anémie ferriprive 100 mg/dose (fer élémentaire) 60 mg de fer élémentaire = 300 mg de sulfate
PO (fer élémentaire) : ferreux
– Prophylaxie : 1-2 mg/kg/24 h en 1 dose 100 mg de fer élémentaire = 300 mg de fumarate
quotidienne ferreux
– Traitement : 3-6 mg/kg/24 h en doses fractionnées Utiliser en doses fractionnées si intolérance digestive
toutes les 8-24 h
Fer dextran Anémie ferriprive ≤ 10 kg : 50 mg/dose Effets secondaires majeurs : réactions
IM (fer élémentaire) : > 10 kg : 100 mg/dose anaphylactiques
– 5-15 kg : Non recommandé chez les enfants < 4 mois
• Dose totale en mL : {0,0442 × [Hb désirée Poids maigre (kg) :
(g/dL) – Hb observée (g/dL)] × poids (kg) – Femme : 45,5 kg + 2,3 kg pour chaque 2,54 cm
+ [0,26 × poids (kg)]} (1 pouce) de taille > 152,4 cm (5 pieds)
– > 15 kg : – Homme : 50 kg + 2,3 kg pour chaque 2,54 cm
• Dose totale en mL : {0,0442 × [Hb désirée (1 pouce) de taille > 152,4 cm (5 pieds)
(g/dL) – Hb observée (g/dL)] × poids maigre Solution injectable concentrée à 50 mg/mL
(kg) + [0,26 × poids maigre (kg)]}
Fractionner la dose totale calculée en 3-4 doses
administrées 1 fois par jour ou 1-2 fois par semaine.
Il est nécessaire d’administrer une dose test avant
d’entreprendre le traitement.
Fer saccharose 1) Anémie ferriprive (indications générales)
IV (fer élémentaire) :
≥ 12 ans : 100-300 mg/dose 1-3 fois par semaine
2) Anémie ferriprive chez les patients en insuffisance
rénale chronique
IV (fer élémentaire) : 2 mg/kg/dose 1 fois par
semaine en fin de dialyse
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Féxofénadine PO : Ins. rénale : ajustement requis
– 6 mois à < 2 ans : 15 mg/dose toutes les 12 h
– 2 à 11 ans : 30 mg/dose toutes les 12 h
– ≥ 12 ans : 60 mg/dose toutes les 12 h ou
120 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Fibres végétales Voir Psyllium.
Fluconazole 1) Candidose buccale/candidose œsophagienne Candidose buccale Ins. rénale : ajustement requis
IV, PO : 200 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose initiale : 6 mg/kg/dose en 1 dose unique Candidose œsophagienne/ prévention chez le patient interactions
– Dose d’entretien : 3 mg/kg/24 h en 1 dose neutropénique L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
quotidienne 400 mg/dose gestationnel + l’âge post-natal.
2) Infection systémique à Candida Infection systémique à Candida
IV : IV, PO : 600 mg/dose
Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel :
– Dose de charge : 25 mg/kg/dose
– Dose d’entretien :
• < 30 semaines :
40 à 14 jours : 6 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
4> 14 jours : 12 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
• ≥ 30 semaines :
412 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
IV, PO :
Index pharmacologique
> 1 mois : 6-12 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
3) Candidose vaginale non compliquée chez
une adolescente
PO : 150 mg en 1 dose unique
4) Candidose vaginale grave ou récurrente chez
une adolescente
PO : 150 mg/dose toutes les 72 h pour 2-3 doses
5) Prévention d’infection fongique invasive chez
le patient neutropénique
PO : 6 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Fludrocortisone PO : 0,05-0,2 mg/24 h en 1 dose quotidienne
1273
1274
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Flumazénil IV : 0,01 mg/kg/dose, répéter toutes les min Dose de charge : 0,2 mg/dose
au besoin Dose cumulative : 1 mg
Index pharmacologique
Flunarizine Données limitées en pédiatrie Ins. hépatique : ajustement requis
PO :
– < 40 kg : 5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 40 kg : 5-10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Fluor Recommandations de la Société canadienne
de pédiatrie
PO :
Concentration de fluor dans l’eau :
– < 0,3 ppm :
• 0 à 6 mois : aucun supplément
• > 6 mois à 3 ans : 0,25 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
• > 3 à 6 ans : 0,50 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
• > 6 ans : 1 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 0,3 ppm : aucun supplément
Fluoxétine PO : 80 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
≥ 7 ans : 10-20 mg/dose toutes les 24 h et de comportements suicidaires
Ins. hépatique : ajustement requis
Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Fluticasone Inhalation : Inhalation : 1 000 μg/24 h
Aérosol-doseur : Vaporisation nasale : 200 μg/24 h
– Dose faible : < 250 μg/24 h
– Dose modérée : 250-500 μg/24 h
– Dose élevée : > 500 μg/24 h
Administrer en doses fractionnées toutes les 12 h.
Vaporisation nasale : 50 μg (1 vaporisation) à 100 μg
(2 vaporisations) dans chaque narine toutes les 24 h
Fluvastatine PO : 80 mg/24 h Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
≥ 10 ans : 20 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Fluvoxamine Données limitées en pédiatrie 8 à 11 ans : 200 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
PO : ≥ 12 ans : 300 mg/24 h et de comportements suicidaires
> 8 ans : 25-200 mg/24 h en doses fractionnées Ins. hépatique : ajustement requis
toutes les 12-24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Formotérol Inhalation : 24 μg/24 h
Inhalateur de poudre sèche (TurbuhalerMD) :
≥ 6 ans : 6-12 μg/dose toutes les 12 h
Furosémide IV, IM, PO : 0,5-2 mg/kg/dose toutes les 6-12 h IV, IM, PO : 80 mg/dose Effets secondaires majeurs : ototoxicité,
IV perfusion : 0,05-0,4 mg/kg/h néphrotoxicité
Gabapentine 1) Anticonvulsivant 3 600 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
PO :
≥ 3 ans :
– Dose initiale : 10-15 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
– Dose d’entretien : 20-50 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
2) Douleur neuropathique
Données limitées en pédiatrie
PO : 10-35 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
Ganciclovir IV : 10 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes les 12 h Ins. rénale : ajustement requis
Index pharmacologique
G-CSF (Granulocyte IV, SC : 5-10 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
colony stimulating factor)
Gentamicine IV, IM : Dose initiale : 120 mg/dose Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : ototoxicité
• < 30 semaines : Ins. rénale : ajustement requis
40 à 28 jours : 3,8 mg/kg/dose toutes les 36 h Taux sérique thérapeutique : creux : 0,5-2 mg/L ;
4> 28 jours : 3,2 mg/kg/dose toutes les 24 h pic : 5-10 mg/L
• 30 à 39 semaines : La posologie néonatale est celle du protocole utilisé
40 à 28 jours : 3,2 mg/kg/dose toutes les 24 h au CHU Sainte-Justine.
4> 28 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 18 h
1275
1276
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Gentamicine (suite ) • ≥ 40 semaines : L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge
40 à 7 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 18 h gestationnel + l’âge post-natal
Index pharmacologique
4> 7 jours : 2,5 mg/kg/dose toutes les 8-12 h
– ≥ 1 mois : 5-7,5 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h ou en 1 dose quotidienne
Glucagon IV, IM, SC :
– ≤ 20 kg : 0,02-0,03 mg/kg/dose ou 0,5 mg toutes
les 20 min au besoin
– > 20 kg : 1 mg toutes les 20 min au besoin
Glycopyrrolate Contrôle des sécrétions oropharyngées
et respiratoires
IV, IM : 4-10 μg/kg/dose toutes les 3-8 h
PO : 40-100 μg/kg/dose toutes les 6-8 h
Griséofulvine micronisée PO : 10-20 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1 g/24 h
(France) les 12-24 h
Halopéridol IM (lactate) : IM, PO : Effets secondaires majeurs : réactions extra-
– 6 à 12 ans : 1-3 mg/dose toutes les 4-8 h – 6 à 12 ans : 0,15 mg/kg/24 h pyramidales, prolongation de l’intervalle QT
– > 12 ans : 2-5 mg/dose toutes les 4-8 h – > 12 ans : 30 mg/24 h (risque augmenté avec l’administration IV)
PO :
– 3 à 12 ans : 0,05-0,15 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-12 h
– > 12 ans : 0,5-5 mg/dose toutes les 8-12 h
Héparine IV : Dose de charge : 5 000 U/dose Ajuster la dose selon les résultats du temps de
Dose de charge : 50-75 U/kg en 10 min céphaline activé (ou APTT)
IV perfusion :
– < 1 an : 28 U/kg/h
– ≥ 1 an : 20 U/kg/h
Huile de paraffine Voir Huile minérale.
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Huile minérale PO : PO : 3 mL/kg/24 h ou 45 mL/24 h
≥ 1 an :
– Liquide : 1 mL/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12-24 h
– Gelée : 5-20 mL/24 h en doses fractionnées toutes
les 12-24 h
IR : 20-60 mL/dose
Hydralazine IV, IM : 0,1-0,5 mg/kg/dose toutes les 4-6 h IV, IM : 20 mg/dose Ins. rénale : ajustement requis
PO : 0,75-1 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes PO : 200 mg/24 h
les 6-12 h ; augmenter la dose au besoin sur une ou
période de 3-4 semaines – < 1 an : 5 mg/kg/24 h
– ≥ 1 an : 7,5 mg/kg/24 h
Hydrochlorothiazide PO : 2-4 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 200 mg/24 h Ins. rénale : inefficace si clairance de la créatinine
les 12 h < 25-50 mL/min
Hydrocortisone 1) État de mal asthmatique État de mal asthmatique La prednisone est 4 fois plus puissante que
IV : 400 mg/dose l’hydrocortisone.
– Dose de charge : 4-8 mg/kg/dose La méthylprednisolone est 5 fois plus puissante
– Dose d’entretien : 2-4 mg/kg/dose toutes les 6 h que l’hydrocortisone.
2) Anti-inflammatoire La dexaméthasone est 25 fois plus puissante
IV, IM : 1-5 mg/kg/24 h en doses fractionnées que l’hydrocortisone.
toutes les 12-24 h
PO : 2,5-10 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
Index pharmacologique
3) Remplacement physiologique
IM : 0,25-0,35 mg/kg/dose toutes les 24 h
PO : 0,5-0,75 mg/kg/24 h ou 10-20 mg/m2/24 h
en doses fractionnées toutes les 8-12 h
4) Insuffisance surrénalienne aiguë ou état de stress
chez un patient connu pour une insuffisance
surrénalienne
IV, IM :
Dose initiale : 50-100 mg/m2 en 1 dose, poursuivre
avec 100 mg/m2/24 h en doses fractionnées
toutes les 6 h
PO : doubler ou tripler la dose de remplacement
1277
physiologique
1278
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Hydromorphone IV : 0,005-0,015 mg/kg/dose toutes les 2-4 h Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
au besoin
Index pharmacologique
IV perfusion : 3-5 μg/kg/h
IM, SC : 0,02-0,03 mg/kg/dose toutes les 3-4 h
PO, IR : 0,03-0,08 mg/kg/dose toutes les 3-4 h
au besoin
PO longue action : 0,06-0,15 mg/kg/dose toutes
les 12 h
Hydroxychloroquine Arthrite idiopathique juvénile 400 mg/24 h Effets secondaires majeurs : suppression de
(sulfate) PO : 3-5 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes la moelle osseuse
les 12-24 h
Hydroxyde d’aluminium PO : La solution orale contient 40 mg/mL d’hydroxyde
et de magnésium – < 1 an : 2,5-5 mL/dose toutes les 1-3 h au besoin d’aluminium et de magnésium.
– 1 à 12 ans : 5-15 mL/dose toutes les 3-6 h
au besoin
– > 12 ans : 15-45 mL/dose toutes les 3-6 h
au besoin
Hydroxyurée Anémie falciforme 35 mg/kg/24 h
PO : 15 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne et aug-
menter de 5 mg/kg/24 h toutes les 8-12 semaines
Hydroxyzine 1) Prurit 400 mg/24 h
IM : 0,5-1 mg/kg/dose toutes les 4-6 h au besoin
PO : 2 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
2) Urticaire chronique
PO : 2-4 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Ibuprofène 1) Analgésique/antipyrétique/dysménorrhée Analgésique/antipyrétique
PO : 40 mg/kg/24 h ou 400 mg/dose
– ≥ 6 mois à 11 ans : 5-10 mg/kg/dose toutes Dysménorrhée
les 6-8 h au besoin 1,2 g/24 h
– ≥ 12 ans : 200-400 mg toutes les 4-6 h au
besoin
2) Anti-inflammatoire Anti-inflammatoire
PO : ≥ 6 mois à 12 ans : 2,4 g/24 h
– ≥ 6 mois à 11 ans : 30-40 mg/kg/24 h en doses > 12 ans : 3,2 g/24 h
fractionnées toutes les 6 h
– ≥ 12 ans : 400-800 mg toutes les 6-8 h au
besoin
Imipénem/cilastatine IV : 60-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 4 g/24 h Effets secondaires majeurs : convulsions
les 6 h Ins. rénale : ajustement requis
Imipramine Énurésie 6 à 12 ans : 50 mg/24 h Effets secondaires majeurs : tachycardie, arythmies
PO : > 12 ans : 75 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
≥ 6 ans : 10-25 mg toutes les 24 h au coucher, interactions
puis augmenter de 10-25 mg/24 h toutes les
1-2 semaines
Indométhacine Anti-inflammatoire Anti-inflammatoire
PO : 1-3 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 4 mg/kg/24 h ou 200 mg/24 h
les 6-12 h
Index pharmacologique
Infliximab 1) Maladie de Crohn modérée ou grave/colite Maladie de Crohn modérée ou grave/colite ulcéreuse Effets secondaires majeurs : réactivation d’une
ulcéreuse 10 mg/kg/dose tuberculose latente, anaphylaxie, infections graves,
IV : risque de lymphome
– Induction : 5 mg/kg/dose aux semaines 0, 2 et 6
– Entretien : 5 mg/kg/dose toutes les 8 semaines
2) Arthrite idiopathique juvénile
– Induction : 3 mg/kg/dose aux semaines 0, 2 et 6
– Entretien : 3-6 mg/kg/dose toutes les 8 semaines
INH Voir Isoniazide.
1279
1280
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Iodoquinol Amibiase 650 mg/dose
PO : 30-40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
Index pharmacologique
les 8 h pendant 20 jours
Ipratropium Inhalation : Inhalation : 160 μg/dose
– Aérosol-doseur : 80 μg/dose toutes les 20 min Nébulisation : 500 μg/dose
pour 3 doses ; répéter cette séquence 1 fois
au besoin.
– Nébulisation : 250 μg/dose toutes les 20 min
pour 3 doses ; répéter cette séquence 1 fois
au besoin
Isoniazide 1) Tuberculose active Dose quotidienne : 300 mg/24 h Effets secondaires majeurs : hépatotoxicité
PO : 10-15 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Dose intermittente : 900 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
ou 20-30 mg/kg/dose 3 fois par semaine interactions
2) Tuberculose latente
PO : 10 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Isoprénaline Voir Isoprotérénol.
Isoprotérénol Perfusion IV : 0,05-2 μg/kg/min
Isotrétinoïne PO : 0,5-1 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 2 mg/kg/24 h Effets secondaires majeurs : tératogénicité
les 12-24 h pendant 16-20 semaines
Itraconazole Données limitées en pédiatrie 10 mg/kg/24 h ou 400 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 3-5 mg/kg/24 h en doses fractionnées interactions
toutes les 12-24 h La biodisponibilité des capsules et de la solution
orale n’est pas la même.
Kayexalate Voir Résine échangeuse d’ions (polystyrène
[sulfonate de]).
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Kétamine IV : 0,5-2 mg/kg/dose ; répéter au besoin
IV perfusion : 5-20 μg/kg/min
PO, IR : 5-10 mg/kg/dose 30 min avant la manœuvre
Kétoconazole PO : 3,3-6,6 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne 400 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Kétoprofène PO : 200 mg/24 h
≥ 12 ans : 150-200 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
Labétalol Données limitées en pédiatrie IV : 40 mg/dose
1) Urgence hypertensive PO : 12 mg/kg/24 h ou 1 200 mg/24h
IV : 0,2-1 mg/kg/dose ; répéter toutes les 10 min
au besoin
IV perfusion : 0,5-3 mg/kg/h
2) Hypertension artérielle
PO :
Dose initiale : 1-3 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12 h ; augmenter progres-
sivement selon la réponse du patient
Lacosamide Données limitées en pédiatrie 3 à 16 ans : Ins. hépatique : ajustement requis
PO : Dose initiale : 50 mg/dose
– 3 à 16 ans :
• Dose initiale : 1 mg/kg/24 h en doses frac-
Index pharmacologique
tionnées toutes les 12 h ; augmenter progres-
sivement chaque semaine de 1 mg/kg/24 h
• Dose d’entretien : 2-10 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
– ≥ 17 ans :
• Dose initiale : 50 mg/dose toutes les 12 h ;
augmenter progressivement chaque semaine
de 100 mg/24 h
• Dose d’entretien : 200-400 mg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
1281
1282
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lactulose 1) Constipation 90 mL/24 h
PO : 5-10 mL toutes les 24 h, puis doubler la dose
Index pharmacologique
jusqu’à l’obtention d’une selle
2) Encéphalopathie hépatique
PO :
– < 1 an : 2,5-10 mL/24 h en doses fractionnées
toutes les 6-8 h
– 1 à 12 ans : 40-90 mL/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 6-8 h
– > 12 ans : 30-45 mL/dose toutes les 6-8 h
Lamivudine 1) Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) Ins. rénale : ajustement requis
PO : 300 mg/24 h
– ≤ 6 semaines : 4 mg/kg/24 h en doses Hépatite B
fractionnées toutes les 12 h 100 mg/dose
– > 6 semaines : 8 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
2) Hépatite B
PO :
≥ 2 ans : 3 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Lamotrigine PO : 2 à 12 ans : Effets secondaires majeurs : syndrome de Steven-
– 2 à 12 ans : – Sans inducteur enzymatique et sans acide Johnson (fréquence de ce syndrome augmente
• Sans inducteur enzymatique et sans acide valproïque : 300 mg/24 h avec l’ajustement trop rapide de la posologie
valproïque : – Avec acide valproïque : 200 mg/24 h ou en association avec l’acide valproïque)
4Semaines 1 et 2 : 0,3 mg/kg/24 h en doses – Avec inducteur enzymatique sans acide Ins. hépatique : ajustement requis
fractionnées toutes les 12-24 h valproïque : 400 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
4Semaines 3 et 4 : 0,6 mg/kg/24 h en doses interactions
fractionnées toutes les 12 h Exemples d’inducteur enzymatique : phénytoïne,
4Dose d’entretien : 4,5-7,5 mg/kg/24 h en doses phénobarbital
fractionnées toutes les 12 h
• Avec acide valproïque :
4Semaines 1 et 2 : 0,15 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
4Semaines 3 et 4 : 0,3 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
4Dose d’entretien : 1-5 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lamotrigine (suite ) • Avec inducteur enzymatique sans acide
valproïque :
4Semaines 1 et 2 : 0,6 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
4Semaines 3 et 4 : 1,2 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
4Dose d’entretien : 5-15 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
> 12 ans :
• Sans inducteur enzymatique et sans acide
valproïque :
4Semaines 1 et 2 : 25 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
4Semaines 3 et 4 : 50 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
4Dose d’entretien : 225-375 mg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
• Avec acide valproïque :
4Semaines 1 et 2 : 25 mg/dose toutes les 48 h
4Semaines 3 et 4 : 25 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
4Dose d’entretien : 100-400 mg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
• Avec inducteur enzymatique sans acide
valproïque :
Index pharmacologique
4Semaines 1 et 2 : 50 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
4Semaines 3 et 4 : 100 mg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
4Dose d’entretien : 300-500 mg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
1283
1284
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lansoprazole Reflux gastro-œsophagien/œsophagite 60 mg/24 h Ajuster la dose selon le dosage des comprimés à
PO : 1-2 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes dissolution rapide disponibles
Index pharmacologique
les 12-24 h 3,75 mg = ¼ comprimé de 15 mg
ou 7,5 mg = ½ comprimé de 15 mg
– < 10 kg : 7,5 mg en doses fractionnées toutes
les 12-24 h
– 10-30 kg : 15 mg en doses fractionnées toutes
les 12-24 h
– > 30 kg : 30 mg en doses fractionnées toutes
les 12-24 h
L-carnitine IV, IV perfusion : PO : 3 g/24 h
– Dose de charge : 50 mg/kg
– Dose d’entretien : 50-300 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 4-6 h ou en perfusion continue
PO : 50-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Lévétiracétam PO : 100 mg/kg/24 h ou 3 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
> 1 mois :
– Dose initiale : 10-20 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12 h
– Dose d’entretien : 20-60 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
Levofloxacine Données limitées en pédiatrie 750 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, PO : En dehors de situations particulières, l’utilisation
– 6 mois à 4 ans : 20 mg/kg/24 h en doses frac- des fluoroquinolones n’est pas recommandée
tionnées toutes les 12 h en pédiatrie.
– ≥ 5 ans : 10 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Lévothyroxine IV, IM : 50 à 75 % de la dose orale
PO :
– 0 à 3 mois : 10-15 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
– 4 à 6 mois : 8-10 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
– 7 à 11 mois : 6-8 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
– 1 à 5 ans : 5-6 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
– 6 à 12 ans : 4-5 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
– > 13 ans : 2-3 μg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lidocaïne 1) Anti-arythmique Anesthésique local Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IV, IO : 4,5 mg/kg/dose ou 300 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
Dose de charge : 1 mg/kg/dose ; répéter interactions
0,5-1 mg/kg/dose une fois au besoin
IV perfusion : 20-50 μg/kg/min
2) Anesthésique local
Les doses varient selon la manœuvre.
Ne pas répéter l’injection ou l’application
avant 2 h.
Lindane 1) Gale L’utilisation chez les enfants âgés de moins de 2 ans
Appliquer la lotion en couche mince de la tête aux n’est pas recommandée.
pieds et rincer 6-8 h après l’application. Répéter le
traitement 7 jours plus tard si nécessaire.
2) Pédiculose
Appliquer 15-30 mL de shampoing sur le cuir che-
velu et rincer 4-5 min après l’application. Utiliser
un peigne fin pour enlever les lentes. Répéter le
traitement 7 jours plus tard si nécessaire.
Linézolide IV, PO : 600 mg/dose
– < 12 ans : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
– ≥ 12 ans : 600 mg/dose toutes les 12 h
Lisinopril PO : 0,6 mg/kg/24 h ou 40 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
Index pharmacologique
≥ 6 ans :
– Dose initiale : 0,07 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne ; augmenter graduellement
toutes les 1-2 semaines
Lithium PO : Effets secondaires majeurs : diabète insipide
– 6 à 12 ans : 15-60 mg/kg/24 h en doses frac- Ins. rénale : ajustement requis
tionnées toutes les 6-8 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
– > 12 ans : 600-1 800 mg/24 h en doses frac- interactions
tionnées toutes les 6-8 h (toutes les 12 h pour Taux sérique thérapeutique : 0,6-1,5 mmol/L
la formulation à libération prolongée)
1285
1286
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lopéramide 1) Diarrhée aiguë Diarrhée aiguë
PO : 16 mg/24 h
Index pharmacologique
– Dose initiale (premières 24 h) : Diarrhée chronique
• 2 à 5 ans : 1 mg/dose toutes les 8 h 2 mg/dose
• 6 à 8 ans : 2 mg/dose toutes les 12 h
• 9 à 12 ans : 2 mg/dose toutes les 8 h
– Dose d’entretien : 0,1 mg/kg/dose après chaque
selle liquide
> 12 ans :
– Dose initiale : 4 mg/dose
– Dose d’entretien : 2 mg/dose après chaque selle
liquide
2) Diarrhée chronique
PO : 0,08-0,24 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Lopinavir/ritonavir PO : Dose initiale : 400 mg/dose de lopinavir Interactions médicamenteuses : nombreuses
– 14 jours à 6 mois : 300 mg/m2 de lopinavir toutes interactions
les 12 h ou 16 mg/kg de lopinavir toutes les 12 h Lopinavir/ritonavir : association 4:1 (200 mg
– 6 mois à 18 ans : lopinavir/50 mg ritonavir ; 100 mg lopinavir/
• ≤ 40 kg : 230-300 mg/m2 de lopinavir toutes 25 mg ritonavir)
les 12 h La solution orale contient 42 % d’alcool et du
• > 40 kg : 400 mg/dose de lopinavir toutes propylène glycol et elle est contre-indiquée
les 12 h chez les enfants de moins de 14 jours de vie
ou ou de 42 semaines d’âge post-conceptionnel
• 7-14 kg : 12 mg/kg de lopinavir toutes
les 12 h
• 15-40 kg : 10 mg/kg de lopinavir toutes
les 12 h
• > 40 kg : 400 mg/dose de lopinavir toutes
les 12 h
Loratadine PO : Ins. hépatique : ajustement requis
≥ 2 ans : Ins. rénale : ajustement requis
– < 30 kg : 5 mg toutes les 24 h
– ≥ 30 kg : 10 mg toutes les 24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Lorazépam 1) Convulsions Convulsions Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IV, IR : 0,05-0,1 mg/kg/dose ; répéter 1 fois au 4 mg/dose
besoin 10-15 min plus tard Sédatif/anxiolytique
2) Sédatif/anxiolytique 2 mg/dose
IV, PO : 0,05-0,1 mg/kg/dose toutes les 4-12 h
Losartan PO : Dose initiale : 50 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
≥ 6 ans : 0,7 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne ; Dose d’entretien : 100 mg/24 h
augmenter graduellement selon la réponse clinique
Lovastatine PO : 40 mg/dose Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
10 à 17 ans : Ins. rénale : ajustement requis
– Dose initiale : 10 mg/dose en 1 dose quotidienne Ins. hépatique : ajustement requis
– Dose d’entretien : 10-40 mg/dose en 1 dose
quotidienne
Magnésium 1) Hypomagnésémie IV : 2 g/dose de sulfate de magnésium Il est préférable d’administrer le magnésium en
IV : 0,1-0,2 mmol/kg/dose de magnésium élémen- perfusion continue. Les doses intermittentes sont
taire (25-50 mg/kg/dose de sulfate de magné- réservées aux situations d’urgence.
sium) administré en 2-4 h à une vitesse maximale 500 mg de sulfate de magnésium
de 0,5 mmol/kg/h de magnésium élémentaire = 49,3 mg de magnésium élémentaire
(125 mg/kg/h de sulfate de magnésium) = 2 mmol de magnésium élémentaire
IV perfusion : 0,15-0,25 mmol/kg/24 h de ma- = 4 mEq de magnésium élémentaire
gnésium élémentaire (37,5-62,5 mg/kg/24 h de
sulfate de magnésium)
PO : 20-40 mg/kg/24 h de magnésium élémentaire
Index pharmacologique
en doses fractionnées toutes les 6-8 h
2) Traitement de la crise d’asthme
IV : 25-50 mg/kg/dose d’une solution 50 % ;
administrer en 20 min en 1 dose unique
(diluer chaque mL d’une solution 50 % avec
24 mL de soluté pour obtenir une concentra-
tion finale de 20 mg/mL)
Mannitol Hypertension intracrânienne Solution 20 %
IV : 0,25-1 g/kg/dose en 20-30 min toutes les 4-6 h Ne pas employer si l’osmolarité plasmatique
dépasse 320 mOsm/L.
1287
1288
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Mébendazole 1) Oxyurose
PO :
Index pharmacologique
– < 2 ans : données limitées
– ≥ 2 ans : 100 mg en 1 dose quotidienne ;
répéter après 2 semaines
2) Trichocéphalose, ascaridiase, ankylostomiase
PO :
– < 2 ans : données limitées
– ≥ 2 ans : 100 mg/dose toutes les 12 h pen-
dant 3 jours ; répéter le traitement au besoin
après 3-4 semaines
3) Capillariose
PO :
– < 2 ans : données limitées
– ≥ 2 ans : 200 mg/dose toutes les 12 h pen-
dant 20 jours
Médroxyprogestérone 1) Aménorrhée
PO :
Adolescente : 5-10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 5-10 jours
2) Saignements utérins
PO : 5-10 mg/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 5-10 jours ; commencer le jour 16 ou 21
du cycle menstruel
3) Contraception
IM : 150 mg/dose tous les 3 mois
Méfloquine 1) Traitement du paludisme Traitement du paludisme Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 1re dose : 750 mg/dose interactions
– 1re dose : 15 mg/kg 2e dose : 500 mg/dose
– 2e dose : 10 mg/kg, 12 h après la 1re dose
2) Prévention du paludisme
PO :
– 5-10 kg : 31,25 mg (1/8 comprimé)/dose toutes
les semaines
– 11-20 kg : 62,5 mg (¼ comprimé)/dose toutes
les semaines
– 21-30 kg : 125 mg (½ comprimé)/dose toutes
les semaines
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Méfloquine (suite ) – 31-45 kg : 187,5 mg (¾ comprimé)/dose toutes
les semaines
– > 45 kg : 250 mg (1 comprimé)/dose toutes
les semaines
Commencer la prophylaxie 1 semaine avant l’ex-
position et poursuivre 4 semaines après le départ
de la zone endémique.
Mélatonine Données limitées en pédiatrie
PO : 0,5-10 mg/dose au coucher
Mépéridine IV, IM, SC, PO : 1-1,5 mg/kg/dose toutes les 3-4 h IV, IM, SC, PO : 2 mg/kg/dose ou 100 mg/dose Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
au besoin Ins. rénale : ajustement requis
IV perfusion : dose de charge de 0,5-1 mg/kg, suivie
d’une perfusion de 0,3-0,7 mg/kg/h
Mercaptopurine Maladie de Crohn/colite ulcéreuse 100 mg/24 h Effets secondaires majeurs : suppression de
PO : 1-1,5 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne la moelle osseuse
Ins. rénale : ajustement requis
Méropénem 1) Indications générales 6 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV : 30-60 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
2) Infections graves (incluant méningite)
IV : 120 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 8 h
Index pharmacologique
Mésalamine PO : 50 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes PO : 4 g/24 h ou 4,8 g/24 h selon la formulation
les 6-12 h IR : 4 g/24 h
IR :
≥ 12 ans :
– Suspension rectale : 1-4 g/24 h en 1 dose
quotidienne
– Suppositoire : 500 mg/dose toutes les 8-12 h ou
1 g/24 h en 1 dose quotidienne
Metformine PO : 2 g/24 h Effets secondaires majeurs : acidose lactique
≥ 10 ans : Ins. hépatique : ajustement requis
Dose initiale : 500 mg/dose toutes les 12 h ; augmen- Ins. rénale : ajustement requis
1289
ter de 500 mg/24 h toutes les semaines au besoin
1290
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Méthimazole PO : Dose initiale : 60 mg/24 h Effets secondaires majeurs : agranulocytose
– Dose initiale : 0,4-0,7 mg/kg/24 h en doses Dose d’entretien : 30 mg/24 h
Index pharmacologique
fractionnées toutes les 8 h
– Dose d’entretien : 0,2 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
Méthotrexate Arthrite idiopathique juvénile/maladie de Crohn 25 mg/semaine Effets secondaires majeurs : suppression de
IM, SC, PO : 10-15 mg/m2/dose toutes les semaines la moelle osseuse
Ins. rénale : ajustement requis
Méthylphénidate PO : Formulation à libération immédiate, Ritalin SRMD
> 6 ans : et BiphentinMD : 2 mg/kg/24 h ou 60 mg/24 h
Formulation à libération immédiate : ConcertaMD :
– Dose initiale : 0,3 mg/kg/dose ou 2,5-5 mg/dose – 6 à 12 ans : 2 mg/kg/24 h ou 54 mg/24 h
le matin et le midi – > 12 ans : 72 mg/24 h
– Dose d’entretien : 0,3-1 mg/kg/24 h en doses
fractionnées le matin et le midi ; augmenter
graduellement de 5-10 mg/24 h chaque semaine
au besoin. Certains patients peuvent bénéficier
d’une 3e dose avant le repas du soir.
Formulations à libération prolongée :
– Ritalin SRMD et BiphentinMD
• Dose initiale : 0,3 mg/kg/dose ou 10 mg/dose
(BiphentinMD) ou 20 mg/dose (Ritalin SRMD)
en 1 dose quotidienne
• Dose d’entretien : 0,3-1 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne ; augmenter graduellement chaque
semaine au besoin
– ConcertaMD
• Dose initiale :
Patient ne prenant pas de méthylphénidate :
18 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Patient prenant déjà du méthylphénidate : se
référer à la monographie du produit pour les
conversions de doses
• Dose d’entretien : augmenter de 18 mg/24 h
toutes les semaines au besoin
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Méthylprednisolone 1) Anti-inflammatoire/immunosuppresseur Corticothérapie en bolus (pulse therapy) La méthylprednisolone est 5 fois plus puissante
IV, IM, PO : 0,5-2 mg/kg/24 h en doses frac- 1 g/dose que l’hydrocortisone.
tionnées toutes les 6-12 h La prednisone est 4 fois plus puissante que
2) État de mal asthmatique l’hydrocortisone.
IV, IM : La dexaméthasone est 25 fois plus puissante
– Dose de charge : 2 mg/kg que l’hydrocortisone.
– Dose d’entretien : 0,5-1 mg/kg/dose toutes
les 6 h
3) Corticothérapie en bolus (pulse therapy)
IV : 15-30 mg/kg/dose toutes les 24 h pen-
dant 3 jours
Métoclopramide 1) Reflux gastro-œsophagien et nausées ou vomisse- Reflux gastro-œsophagien et nausées ou vomisse- Effets secondaires majeurs : réactions extra-
ments postopératoires ments postopératoires pyramidales
IV, IM, PO : 0,1-0,2 mg/kg/dose toutes les 6 h 15 mg/dose Ins. rénale : ajustement requis
2) Nausées ou vomissements liés à la chimiothérapie Nausées ou vomissements liés à la chimiothérapie
en association avec la diphenhydramine 50 mg/dose
IV, PO : 1-2 mg/kg/dose toutes les 6 h
Métoprolol Données limitées en pédiatrie 200 mg/24 h
PO :
≥ 1 an : 1-6 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12 h
Métronidazole 1) Infections à bactéries anaérobies Infections à bactéries anaérobies/infections Ins. hépatique : ajustement requis
IV : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes à Clostridium difficile
Index pharmacologique
les 6-8 h IV : 4 g/24 h
PO : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes PO : 2 g/24 h
les 8 h Giardiase
2) Infections à Clostridium difficile PO : 750 mg/24 h
IV, PO : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées Maladie inflammatoire de l’intestin
toutes les 6-8 h PO : 1,5 g/24 h
3) Giardiase
PO : 15 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 8 h pendant 5 jours
4) Maladie inflammatoire de l’intestin
PO : 10-20 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
1291
1292
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Métronidazole (suite ) 5) Vaginite à Trichomonas
PO :
Index pharmacologique
– < 12 ans : 15 mg/kg/24h en doses fractionnées
toutes les 8 h pendant 7 jours
– ≥ 12 ans : 2 g en 1 dose unique ou 500 mg/dose
toutes les 12 h pendant 7 jours
6) Autres parasitoses (exemple : amibiase)
PO : 30-50 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h pendant 7-10 jours
Midazolam 1) Sédation chez le patient sous ventilation Sédation pour manœuvre Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
mécanique IV, dose cumulative : Interactions médicamenteuses : nombreuses
IV : 0,05-0,15 mg/kg/dose toutes les 1-2 h – 6 mois à 5 ans : 6 mg interactions
au besoin – 6 à 12 ans : 10 mg
IV perfusion : 0,025-0,3 mg/kg/h – > 12 ans : 10 mg
2) Sédation pour manœuvre IM, dose cumulative : 10 mg
IV : PO, IR : 20 mg/dose
– 6 mois à 5 ans : 0,05-0,1 mg/kg/dose, répéter
toutes les 2-3 min au besoin
– 6 à 12 ans : 0,025-0,05 mg/kg/dose, répéter
toutes les 2-3 min au besoin
– > 12 ans : 0,5-2 mg/dose, répéter toutes
les 2-3 min au besoin
IM : 0,05-0,15 mg/kg/dose, répéter toutes
les 2-3 min au besoin
PO, IR : 0,25-0,5 mg/kg/dose
Milrinone IV perfusion : dose de charge de 50 μg/kg, suivie Ins. rénale : ajustement requis
d’une perfusion de 0,25-0,75 μg/kg/min
Minocycline Acné 200 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
PO : La minocycline est contre-indiquée chez les enfants
≥ 12 ans : 50 à 100 mg/dose toutes les 12-24 h âgés de 8 ans et moins.
Mofétylmycophénolate PO : Formulation régulière : Effets secondaires majeurs : suppression de
Formulation régulière : 300-600 mg/m2/dose – 1 g/dose (enfant) la moelle osseuse
toutes les 12 h – 1,5 g/dose (adulte)
ou Formulation entérosoluble :
Formulation à enrobage entérosoluble : – 720 mg/dose (enfant)
400-450 mg/m2/dose toutes les 12 h – 1 080 mg/dose (adulte)
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Montélukast PO :
– 6 mois à 5 ans : 4 mg/dose/24 h en 1 dose quoti-
dienne au coucher
– 6 à 14 ans : 5 mg/dose/24 h en 1 dose quotidienne
au coucher
– ≥ 15 ans : 10 mg/dose/24 h en 1 dose quotidienne
au coucher
Morphine IV : 0,05-0,1 mg/kg/dose toutes les 2-4 h au besoin Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IV perfusion : 0,01-0,06 mg/kg/h Ins. rénale : ajustement requis
IM, SC : 0,1-0,15 mg/kg/dose toutes les 3-4 h
au besoin
PO, IR : 0,2-0,4 mg/kg/dose toutes les 4 h au besoin
PO longue action : 0,3-0,6 mg/kg/dose toutes
les 12 h
N-acétylcystéine 1) Intoxication par l’acétaminophène (paracétamol)
IV :
– 1re perfusion : 150 mg/kg dilué dans 3 mL/kg
de dextrose 5 % (max : 200 mL) en 1 h
– 2e perfusion : 50 mg/kg dilué dans 10 mL/kg
de dextrose 5 % (max : 500 mL) en 4 h
– 3e perfusion : 100 mg/kg dilué dans 20 mL/kg
de dextrose 5 % (max : 1 000 mL) en 16 h
PO : dose initiale de 140 mg/kg diluée dans du jus,
puis 17 doses consécutives de 70 mg/kg toutes
Index pharmacologique
les 4 h
2) Agent mucolytique
Inhalation :
– < 1 an : 1-2 mL d’une solution 20 % ou
2-4 mL d’une solution 10 % toutes les 6-8 h
– 1 à 12 ans : 3-5 mL d’une solution 20 % ou
6-10 mL d’une solution 10 % toutes les 6-8 h
– ≥ 13 ans : 5-10 mL d’une solution 10 ou 20 %
toutes les 6-8 h
1293
1294
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
N-acétylcystéine (suite ) 3) Syndrome d’obstruction intestinale (équivalent
d’ileus méconial)
Index pharmacologique
PO, IR :
– < 10 ans : 30 mL d’une solution 10 % diluée
dans 30 mL de jus ou de cola toutes les 8 h
pendant 24 h
– ≥ 10 ans : 60 mL d’une solution 10 % diluée
dans 60 mL de jus ou de cola toutes les 8 h
pendant 24 h
4) Constipation
IR : un lavement composé de N-acétylcystéine
(30-60 mL), d’huile minérale (30-60 mL) et de
NaCl 0,9 % (500 mL) peut être utilisé pour traiter une
constipation opiniâtre ou une occlusion intestinale
Nadolol Données limitées en pédiatrie 2,5 mg/kg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
PO : 0,5-1 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne, puis
augmenter graduellement au besoin
Nalbuphine Analgésique 20 mg/dose ou 160 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
IV, IM, SC : 0,1-0,15 mg/kg/dose toutes les 3-6 h
au besoin
Naloxone 1) Intoxication par un opiacé Intoxication par un opiacé
IV, IM, SC : 0,1 mg/kg en 1 dose ; répéter toutes 2 mg/dose
les 2-3 min au besoin Soulagement du prurit associé aux opiacés
2) Soulagement du prurit associé aux opiacés IV : 0,12 mg/dose
Données limitées en pédiatrie
IV : 1-2 μg/kg/dose toutes les heures au besoin,
répéter au maximum 3 fois/24 h
IV perfusion : 0,25-2 μg/kg/h
Naproxène 1) Analgésique 1 250 mg/24 h 250 mg de base = 275 mg naproxène sodique
PO : 5-7 mg/kg/dose toutes les 8-12 h
2) Anti-inflammatoire
PO : 10-20 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h
3) Dysménorrhée
PO :
≥ 12 ans : 500 mg pour une dose, suivi de 500 mg
toutes les 12 h ou 250 mg toutes les 6-8 h au besoin
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Névirapine (Canada : 1) Prévention de la transmission verticale de l’in- 400 mg/24 h Effets secondaires majeurs : syndrome de Steven-
Programme d’accès fection au virus de l’immunodéficience humaine Johnson, érythrodermie bulleuse avec épidermolyse,
spécial) (VIH) chez le nouveau-né de mère séropositive non hépatotoxicité
traitée durant la grossesse ou dont la charge virale Interactions médicamenteuses : nombreuses
est élevée au moment de l’accouchement interactions
PO :
– 1,5-2 kg : 8 mg/dose pour 3 doses
– > 2 kg : 12 mg/dose pour 3 doses
Administrer la 1re dose le plus tôt possible (pas plus
de 48 h après naissance), la 2e dose 48 h après la
1re dose et la 3e dose 96 h après la 2e dose
2) Traitement de l’infection au virus de l’immuno-
déficience humaine (VIH)
PO :
– < 8 ans : 200 mg/m2/24 h en 1 dose quoti-
dienne pendant 14 jours, puis 200 mg/m2/dose
toutes les 12 h
– ≥ 8 ans : 120-150 mg/m2/24 h en 1 dose quoti-
dienne pendant 14 jours, puis 120-150 mg/m2/
dose toutes les 12 h
Nicardipine (France) Données limitées en pédiatrie Interactions médicamenteuses : nombreuses
(Canada : Programme IV perfusion : 0,5-5 μg/kg/min interactions
d’accès spécial)
Niclosamide (France) Traitement du Tinea saginata et du Tinea solium 2 g/dose
Index pharmacologique
PO : 50 mg/kg en 1 dose unique
Nifédipine Urgence hypertensive 10 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO, sublingual : 0,1 mg/kg/dose toutes les 4-6 h ; interactions
augmenter graduellement jusqu’à 0,5 mg/kg/dose Des doses initiales de 0,25-0,5 mg/kg peuvent cau-
au besoin ser des effets imprévisibles sur la pression artérielle.
Nitazoxanide (France) Giardiase/cryptosporidiose
PO :
– 1 à 3 ans : 200 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h pendant 3 jours
– 4 à 11 ans : 400 mg/24 h en doses fractionnées
1295
toutes les 12 h pendant 3 jours
– ≥ 12 ans : 1 000 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h pendant 3 jours
1296
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Nitrazépam PO : Effets secondaires majeurs : détresse respiratoire
– Dose initiale : 0,25 mg/kg/24 h en doses frac-
Index pharmacologique
tionnées toutes les 8-24 h
– Dose d’entretien : 0,25-1,2 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8 h
Nitrofurantoïne 1) Traitement d’une infection urinaire basse Traitement Ins. rénale : ajustement requis
PO : 400 mg/24 h
> 1 mois : 5-7 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6 h
2) Prévention des infections urinaires Prévention
PO : 100 mg/24 h
> 1 mois : 1-2 mg/kg/dose en 1 dose quotidienne
au coucher
Nitroglycérine IV perfusion : 20 μg/kg/min
– Dose de charge : 0,25-0,5 μg/kg/min, puis aug-
menter au besoin de 0,5-1 μg/kg/min toutes
les 3-5 min
– Dose d’entretien : 1-5 μg/kg/min
Nitroprussiate de sodium IV perfusion : 10 μg/kg/min Effets secondaires majeurs : intoxication par le
– Dose de charge : 0,3-0,5 μg/kg/min, puis aug- thiocyanate ou le cyanure
menter toutes les 5 min au besoin
– Dose d’entretien : 3-4 μg/kg/min
Noradrénaline IV perfusion : 0,05-0,1 μg/kg/min de noradrénaline 2 μg/kg/min de noradrénaline base 1 mg de noradrénaline base = 2 mg de noradréna-
base ; augmenter au besoin line bitartrate
Norépinéphrine Voir Noradrénaline.
Nystatine PO :
– < 1 an : 100 000 U en badigeonnage buccal toutes
les 6 h
– ≥ 1 à 10 ans : 200 000 U en badigeonnage buccal
toutes les 6 h
– > 10 ans : 400 000-600 000 U en badigeonnage
buccal toutes les 6 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Octréotide 1) Diarrhée chronique Diarrhée chronique
IV, SC : 1-10 μg/kg/dose toutes les 8-12 h IV, SC : 500 μg/dose
IV perfusion : 1 μg/kg en dose de charge, Saignements par varices œsophagiennes
puis 1 μg/kg/h Dose initiale : 50 μg/dose
2) Saignements par varices œsophagiennes Dose d’entretien : 50 μg/h
IV perfusion :
– Dose initiale : 1-2 μg/kg/dose
– Dose d’entretien : 1-2 μg/kg/h
Olanzapine Données limitées en pédiatrie 20 mg/24 h
PO :
≥ 6 ans : 2,5-10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Olsalazine PO : 1 g/dose ou 3 g/24 h
> 12 ans :
– Dose initiale : 500 mg/dose toutes les 6 h
– Dose d’entretien : 500 mg/dose toutes les 12 h
Oméprazole 1) Reflux gastro-œsophagien/œsophagite 40 mg/24 h Disponible en comprimés non sécables de 10 et
PO : 20 mg.
– 10-19 kg : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– ≥ 20 kg : 20 mg/24 h en 1 dose quotidienne
2) Helicobacter pylori
PO :
– 15-30 kg : 10 mg/dose toutes les 12 h
– > 30 kg : 20 mg/dose toutes les 12 h
Index pharmacologique
Ondansétron 1) Nausées ou vomissements liés à la chimiothérapie Nausées liées à la chimiothérapie ou à la
ou à la radiothérapie radiothérapie
IV, PO : 8 mg/dose ou 3 doses/24 h
– < 1 an : 0,15 mg/kg/dose toutes les 4 h au besoin Nausées ou vomissements postopératoires
– ≥ 1 an : 5 mg/m2/dose toutes les 4 h au besoin 4 mg/dose
2) Nausées ou vomissements postopératoires Nausées ou vomissements liés à la gastro-
IV, PO : 0,1 mg/kg/dose en 1 dose unique entérite aiguë
8 mg/dose
1297
1298
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Ondansétron (suite ) 3) Nausées ou vomissements liés à la gastro-
entérite aiguë
Index pharmacologique
IV : 0,15 mg/kg/dose en 1 dose unique
PO :
– 8-15 kg : 2 mg/dose en 1 dose unique
– 16-30 kg : 4 mg/dose en 1 dose unique
– > 30 kg : 8 mg/dose en 1 dose unique
Oseltamivir 1) Traitement de l’infection par le virus Influenza Ins. rénale : ajustement requis
PO :
– ≥ 1 an et ≤ 15 kg : 30 mg/dose toutes les 12 h
pendant 5 jours
– > 15-23 kg : 45 mg/dose toutes les 12 h
pendant 5 jours
– > 23-40 kg : 60 mg/dose toutes les 12 h
pendant 5 jours
– > 40 kg : 75 mg/dose toutes les 12 h
pendant 5 jours
2) Prévention de l’infection au virus Influenza
PO :
– ≥ 1 an et ≤ 15 kg : 30 mg/24 h en 1 dose
quotidienne pendant 10 jours
– > 15-23 kg : 45 mg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 10 jours
– > 23-40 kg : 60 mg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 10 jours
– > 40 kg : 75 mg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 10 jours
Oxacilline (France) IV, IM : 100-200 mg/kg/24 h en doses fractionnées 12 g/24 h
toutes les 4-6 h
Oxcarbazépine PO : 2 à 3 ans : Ins. rénale : ajustement requis
– 2 à 3 ans : – Dose initiale : 600 mg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
• Polythérapie : 8-10 mg/kg/24 h en doses – Dose d’entretien : 60 mg/kg/24 h interactions
fractionnées toutes les 12 h ; augmenter
graduellement au besoin
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Oxcarbazépine (suite ) – 4 à 16 ans : 4 à 16 ans :
• Dose initiale : 8-10 mg/kg/24 h en doses Dose initiale en polythérapie : 600 mg/24 h
fractionnées toutes les 12 h ; augmenter
graduellement au besoin
• Dose d’entretien :
4Monothérapie :
20-24 kg : 600-900 mg/24 h
25-34 kg : 900-1 200 mg/24 h
35-44 kg : 900-1 500 mg/24 h
45-49 kg : 1 200-1 500 mg/24 h
50-59 kg : 1 200-1 800 mg/24 h
60-69 kg : 1 200-2 100 mg/24 h
70 kg : 1 500-2 100 mg/24 h
4Polythérapie :
20-29 kg : 900 mg/24 h
30-39 kg : 1 200 mg/24 h
> 39 kg : 1 800 mg/24 h
Oxybutinine PO : 20 mg/24 h
– 1 à 5 ans : 0,2 mg/kg/dose toutes les 6-12 h
– > 5 ans : 5 mg/dose toutes les 6-12 h
PO (formulation à action prolongée) :
≥ 6 ans : 5 mg/24 h en 1 dose, puis augmenter
de 5 mg/dose au besoin
Palivizumab IM : 15 mg/kg/dose 1 fois par mois, pendant la saison
Index pharmacologique
du virus respiratoire syncytial (généralement 5 mois)
Pamidronate Ostéopénie/ostéogénèse imparfaite 90 mg/24 h
IV : 0,5-1 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne pen-
dant 3 jours consécutifs
Pancrélipase PO : 2 500 U lipase/kg/dose
– < 1 an : 2 000-4 000 U lipase/120 mL de formule
de lait
– 1 à 4 ans : 1 000 U lipase/kg/repas et ½ dose à
chaque collation
– > 4 ans : 400 à 500 U lipase/kg/repas et ½ dose
1299
à chaque collation
1300
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Pantoprazole Données limitées en pédiatrie IV : 40 mg/24 h
IV : 1-1,5 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes IV perfusion :
Index pharmacologique
les 12-24 h – Dose de charge : 80 mg/dose
IV perfusion : – Vitesse maximale de perfusion : 8 mg/h
– 5-14 kg : dose de charge de 2 mg/kg, suivie d’une
perfusion de 0,2 mg/kg/h
– 15-40 kg : dose de charge de 1,8 mg/kg, suivie
d’une perfusion de 0,18 mg/kg/h
– > 40 kg : dose de charge de 80 mg, suivie d’une
perfusion de 8 mg/h
Paracétamol Voir Acétaminophène.
Paromomycine PO : 25-35 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
Paroxétine Données limitées en pédiatrie 50 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
PO : et de comportements suicidaires
≥ 7 ans : 10 mg/24 h en 1 dose quotidienne, aug- Interactions médicamenteuses : nombreuses
menter de 10 mg par semaine si besoin interactions
PEG Voir Polyéthylène glycol/électrolytes.
Pénicilline G sodique 1) Infection légère à modérée 24 millions U/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : 100 000-250 000 U/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 4-6 h
2) Infection grave/méningite
IV, IM : 250 000-400 000 U/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 4-6 h
Pénicilline V potassique 1) Indications générales Indications générales Ins. rénale : ajustement requis
PO : 25-50 mg/kg/24 h toutes les 6-8 h 100 mg/kg/24 h ou 3 g/24 h
2) Pharyngite à streptocoque du groupe A
PO : 25-50 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h pendant 10 jours
ou
– < 27 kg : 250-300 mg/dose toutes les 8-12 h
pendant 10 jours
– ≥ 27 kg : 500-600 mg/dose toutes les 8-12 h
pendant 10 jours
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Pénicilline V potassique 3) Prophylaxie chez un patient asplénique
(suite ) PO :
– < 3 mois : 75 mg/dose toutes les 12 h
– 3 mois à 2 ans : 125-150 mg/dose toutes
les 12 h
– ≥ 3 ans : 250-300 mg/dose toutes les 12 h
Pentamidine 1) Traitement de l’infection à Pneumocystis jiroveci Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : 4 mg/kg/24 h en 1 dose pendant
14-21 jours
2) Prévention de l’infection à Pneumocystis jiroveci
IV, IM : 4 mg/kg/24 h toutes les 2-4 semaines
Inhalation :
– < 5 ans : 150 mg/dose tous les mois (données
limitées en pédiatrie)
– ≥ 5 ans : 300 mg/dose tous les mois
Perméthrine 1) Pédiculose
> 2 mois : appliquer localement la lotion 1 % après
le shampoing en quantité suffisante pour saturer
le cuir chevelu et laisser agir pendant 10 min,
puis rincer à l’eau. Le traitement peut être répété
après 9 jours.
2) Gale
> 2 mois : appliquer localement la crème 5 % de la
tête à la plante des pieds pendant 8-9 h chez les
Index pharmacologique
moins de 6 ans ou pendant 12-14 h chez les 6 ans
et plus, puis rincer à l’eau. Le traitement peut être
répété après 7-10 jours.
Péroxyde de benzoyle Voir Benzoyle.
Péthidine Voir Mépéridine.
Phénobarbital 1) État de mal convulsif État de mal convulsif Effets secondaires majeurs : dépression respiratoire
IV : Dose cumulative : 30 mg/kg Interactions médicamenteuses : nombreuses
Dose de charge : 15-20 mg/kg, répéter au besoin interactions
5 mg/kg toutes les 15-30 min ; administrer à une Taux sérique thérapeutique : 65-175 μmol/L
1301
vitesse maximale de 1 mg/kg/min ou 60 mg/min
1302
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Phénobarbital (suite ) 2) Épilepsie
IV, PO :
Index pharmacologique
– < 1 mois : 3-4 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h
– 1 à 11 mois : 5-6 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h
– 1 à 5 ans : 6-8 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h
– 6 à 12 ans : 4-6 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h
– > 12 ans : 1-3 mg/kg/24 h en doses fraction-
nées toutes les 12-24 h
Phényléphrine Hypotension/choc IM, SC : 5 mg/dose
IV : 5-20 μg/kg/dose toutes les 10-15 min au besoin
IV perfusion : 0,1-0,5 μg/kg/min
IM, SC : 0,1 mg/kg/dose toutes les 1-2 h au besoin
Phénytoïne 1) État de mal convulsif État de mal convulsif Interactions médicamenteuses : nombreuses
IV : 1 g/dose interactions
Dose de charge : 15-20 mg/kg ; administrer à une Taux sérique thérapeutique : 40-80 μmol/L
vitesse maximale de 1 mg/kg/min ou 50 mg/min
2) Épilepsie
IV, PO : 5-10 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Phytonadione Voir Vitamine K.
Picosulfate de sodium PO : Diluer chaque dose dans 200 mL d’eau
– 1 à 2 ans : ¼ sachet × 2 doses À partir de la première dose, boire au
– 3 à 5 ans : ½ sachet × 2 doses moins 100 mL/kg/8 h de liquides clairs
– 6 à 10 ans : 1 sachet suivi de ½ sachet (max : 250 mL/h) jusqu’au coucher
– > 10 ans : 1 sachet × 2 doses
Prendre la 2e dose 6-8 h après la 1re dose
Pimécrolimus ≥ 2 ans : appliquer localement la crème 1 % en
couche mince toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Pipéracilline 1) Indications générales 4 g/dose ou 24 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV, IM : 200-300 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 4-6 h
2) Fibrose kystique (mucoviscidose)
IV, IM : 300-500 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 4-6 h
Pipéracilline/tazobactam 1) Indications générales 4 g/dose de pipéracilline ou 16 g/24 h de pipéracilline Ins. rénale : ajustement requis
IV : 200-300 mg/kg/24 h de pipéracilline en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
2) Infection grave à Pseudomonas
IV : 300-400 mg/kg/24 h de pipéracilline en doses
fractionnées toutes les 6 h
Polyéthylène glycol 3350 1) Laxatif (ou constipation chronique) Laxatif Diluer 17 g dans 120-240 mL d’eau ou de jus
PO : 0,5-1,5 g/kg/24 h en 1 dose quotidienne 17 g/24 h
2) Fécalome Fécalome
PO : 100 g/24 h
> 3 ans : 1-1,5 g/kg en 1 dose quotidienne
pendant 3 jours
Polyéthylène glycol/ 1) Préparation intestinale pour endoscopie Préparation intestinale
électrolytes PO : 25 mL/kg/h jusqu’à retour clair 4L
2) Laxatif
PO : 5-10 mL/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12-24 h
Index pharmacologique
Potassium (chlorure) 1) Prévention de l’hypokaliémie durant un traitement Effets secondaires majeurs : en cas d’administra-
diurétique tion IV trop rapide, risques d’arythmies, d’hypo-
PO : 1-2 mmol/kg/24 h en doses fractionnées tension et d’arrêt cardiaque
toutes les 12-24 h Administration par voie périphérique : concentration
2) Traitement de l’hypokaliémie maximale de 80 mmol/L
– IV perfusion : 2-5 mmol/kg/24 h Administration par voie centrale : concentration maxi-
– IV intermittent : 0,5-1 mmol/kg/dose male de 200 mmol/L
à une vitesse de 0,3-0,5 mmol/kg/h
(max : 1 mmol/kg/h sous monitorage cardiaque)
– PO : 2-5 mmol/kg/24 h en doses fractionnées
toutes 6-12 h
1303
1304
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Pralidoxime Intoxication par un insecticide organophosphoré, 12 g/24 h
en association avec l’atropine
Index pharmacologique
IV, IM :
– < 12 ans : 25-50 mg/kg en 1 dose ; répéter
après 1 h au besoin ; poursuivre toutes
les 6-12 h selon la réponse clinique
– ≥ 12 ans : 1-2 g en 1 dose ; répéter après 1 h
au besoin ; poursuivre toutes les 6-12 h selon
la réponse clinique
Pravastatine PO : Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
– 8 à 13 ans : 20 mg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. rénale : ajustement requis
– 14 à 18 ans : 40 mg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. hépatique : ajustement requis
Praziquantel 1) Schistosomiase ou bilharziose
– Schistosoma mansoni, Schistosoma
hæmatobium
PO : 40 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h pour 2 doses
– Schistosoma japonicum, Schistosoma mekongi
PO : 60 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 4-6 h pour 3 doses
2) Taenia saginata, taenia solium
PO : 5-10 mg/kg en 1 dose unique
3) Cysticercose cérébrale
PO :
Dose initiale : 100 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h pour 24 h
Dose d’entretien : 50 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 8 h pendant 29 jours
Prednisolone Voir Prednisone.
Prednisone 1) Asthme/anti-inflammatoire Asthme La prednisone est 4 fois plus puissante que
PO : 1-2 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 60 mg/24 h l’hydrocortisone.
les 12-24 h Thrombopénie immune La méthylprednisolone est 5 fois plus puissante
2) Thrombopénie immune 80 mg/dose que l’hydrocortisone.
PO : 4 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes La dexaméthasone est 25 fois plus puissante
les 12 h pendant 4 jours que l’hydrocortisone.
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Prégabaline PO : 600 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
Adolescents : 150 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Primaquine Traitement du paludisme à P vivax et P ovale 30 mg de base/24 h Effets secondaires majeurs : hémolyse secondaire
PO : 0,5 mg de base/kg/24 h en 1 dose quotidienne à un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogé-
pendant 14 jours nase (G6PD) ; dosage de cette enzyme requis avant
l’instauration du traitement
15 mg de base = 26,3 mg de phosphate de primaquine
Probénécide PO : 500 mg/dose Ins. rénale : non recommandé
≥ 2 ans : Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose initiale : 25 mg/kg/dose interactions
– Dose d’entretien : 40 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 6 h
Procaïnamide IV : IV : Effets secondaires majeurs : syndrome lupique,
Dose de charge : 3-6 mg/kg/dose en 5 min, répé- – Dose de charge : 100 mg/dose prolongation de l’intervalle QT
ter toutes les 5-10 min au besoin – Dose de charge cumulative : 15 mg/kg ou 1 g Ins. rénale : ajustement requis
IV perfusion : 20-80 μg/kg/min IV perfusion : 2 g/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
IM : 20-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes IM, PO : 4 g/24 h Taux sérique thérapeutique :
les 4-6 h – Procaïnamide : 15-37 μmol/L
PO : 15-30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes – Procaïnamide et N-acétylprocaïnamide : < 110 μmol/L
les 3-6 h
Prochlorpérazine Migraine réfractaire 10 mg/dose Effets secondaires majeurs : hypotension importante,
Index pharmacologique
Données limitées en pédiatrie réactions extrapyramidales
IV : 0,15 mg/kg en 1 dose unique Interactions médicamenteuses : nombreuses
interactions
Proguanil (France) Prévention du paludisme en association avec la 200 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
chloroquine dans les zones de résistance
PO : 3 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
ou
– 1 à 4 ans : 50 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 5 à 8 ans : 100 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 9 à 12 ans : 150 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– > 12 ans : 200 mg/24 h en 1 dose quotidienne
1305
Commencer la prophylaxie 1 jour avant l’exposition
et poursuivre 4 semaines après le départ de la zone
endémique.
1306
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Prométhazine 1) Antihistaminique Antihistaminique Effets secondaires majeurs : réactions extra-
PO : 12,5 mg/dose (jour) pyramidales
Index pharmacologique
≥ 2 ans : 0,1 mg/kg/dose toutes les 6 h le jour 25 mg/dose (au coucher) Interactions médicamenteuses : nombreuses
et 0,5 mg/kg/dose en 1 dose au coucher interactions
2) Anti-émétique Anti-émétique
IV, IM, PO : 25 mg/dose
≥ 2 ans : 0,25-1 mg/kg/dose toutes les 4-6 h
au besoin
3) Sédatif Sédatif
IV, IM, PO : 50 mg/dose
≥ 2 ans : 0,5-1 mg/kg/dose toutes les 6 h au besoin
Propafénone PO : 200-300 mg/m2/24 h en doses fractionnées 600 mg/m2/24 h ou 900 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
toutes les 6-8 h
Propranolol 1) Arythmie Arythmie
IV : 0,01-0,1 mg/kg/dose toutes les 6-8 h au IV : 3 mg/dose
besoin (vitesse maximale : 1 mg/min) PO : 16 mg/kg/24 h ou 60 mg/24 h
PO :
– Dose initiale : 0,5-1 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
– Dose d’entretien : 2-4 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
2) Hypertension artérielle Hypertension artérielle
PO : 8 mg/kg/24 h
– Dose initiale : 0,5-1 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-12 h
– Dose d’entretien : 1-5 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
3) Migraine Migraine
PO : 4 mg/kg/24 h
– 0,6-1,5 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
ou
– ≤ 35 kg : 10-20 mg/dose toutes les 8 h
– > 35 kg : 20-40 mg/dose toutes les 8 h
Pseudoephédrine PO : 6 à 12 ans : 120 mg/24 h
– 6 à 12 ans : 30 mg/dose toutes les 6 h > 12 ans : 240 mg/24 h
– > 12 ans : 60 mg/dose toutes les 6 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Psyllium PO :
– 6 à 11 ans : ½ cuillère à table comble, soit envi-
ron 7,5 mL (formulation régulière) ou ½ cuillère
à thé comble, soit environ 2,5 mL (formulation
sans sucre), ou ½ sachet dilué dans 120 mL
d’eau ou de jus toutes les 8-24 h
– ≥ 12 ans : 1 cuillère à table comble, soit envi-
ron 15 mL (formulation régulière), ou 1 cuillère
à thé comble, soit environ 5 mL (formulation
sans sucre), ou 1 sachet dilué dans 240 mL
d’eau ou de jus toutes les 8-24 h
Pyrantel (pamoate de) 1) Oxyurose/ascaridiase 1 g de base/dose
PO : 11 mg de base/kg/dose en 1 dose unique ; ré-
péter la dose 2 semaines plus tard pour oxyurose
2) Ankylostomiase
PO : 11 mg de base/kg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 3 jours
Pyrazinamide PO : 30-40 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Dose quotidienne : 2 g/24 h Effets secondaires majeurs : hépatotoxicité
ou 60-80 mg/kg/dose en 1 dose quotidienne Dose intermittente : 3 g/dose Ins. hépatique : ajustement requis
3 fois par semaine Ins. rénale : ajustement requis
Pyréthrines Pédiculose
Appliquer localement sur le cuir chevelu ou aux
autres régions affectées pendant 10 min, puis rincer
Index pharmacologique
abondamment ; répéter après 9 jours
Pyridoxine 1) Convulsions par dépendance en pyridoxine
IV :
Dose initiale : 100 mg en 1 dose
PO :
Dose d’entretien : 50-200 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
2) Névrite d’origine médicamenteuse
PO :
– Traitement : 10-50 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
1307
– Prévention : 1-2 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne
1308
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Pyriméthamine 1) Toxoplasmose congénitale, en association avec Dose initiale : 100 mg/24 h Effets secondaires majeurs : toxicité hématologique
la sulfadiazine Dose d’entretien : 25 mg/24 h qui peut être prévenue en donnant de l’acide
Index pharmacologique
PO : folinique
– Dose initiale : 2 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12 h pendant 2 jours
– Dose d’entretien : 1 mg/kg/24 h en 1 dose
quotidienne ou 3 fois par semaine
2) Toxoplasmose non congénitale, en association
avec la sulfadiazine
PO :
– Dose initiale : 2 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12 h pendant 3 jours
– Dose d’entretien : 1 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
Quinidine (gluconate) Traitement du paludisme à P falciparum Dose de charge : 600 mg/dose de gluconate Effets secondaires majeurs : arythmies avec admi-
(Canada : Programme IV perfusion : nistration IV rapide, prolongation de l’intervalle QT
d’accès spécial) Dose de charge : 10 mg/kg de gluconate administré Interactions médicamenteuses : nombreuses
en 1-2 h, suivi d’une perfusion de 0,02 mg/kg/min interactions
de gluconate jusqu’à ce que le traitement oral soit Administrer sous surveillance cardiaque
toléré 6,2 mg de base = 10 mg de gluconate de quinidine
Quinine (dichlorhydrate) Traitement du paludisme à P falciparum Effets secondaires majeurs : arythmies, hémolyse
(Canada : Programme IV : voie utilisée lorsque l’administration PO est Interactions médicamenteuses : nombreuses
d’accès spécial) impossible interactions
Dose de charge : 7 mg/kg de dichlorhydrate adminis- 8,3 mg de base = 10 mg de dichlorhydrate
tré en 30 min, suivi de 10 mg/kg de dichlorhydrate de quinine
en perfusion de 4 h ; répéter toutes les 8 h jusqu’à
ce que le traitement oral soit toléré
Quinine (sulfate) Traitement du paludisme à P falciparum de souche 600 mg/dose de sulfate Effets secondaires majeurs : hémolyse
résistante à la chloroquine Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 30 mg/kg/24 h de sulfate en doses fractionnées interactions
toutes les 8 h pendant 3-7 jours 250 mg de base = 300 mg de sulfate de quinine
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Raltégravir PO : 800 mg/24 h La biodisponibilité des comprimés croquables et des
Comprimé croquable : comprimés réguliers n’est pas la même.
2 à 12 ans :
– 7-9 kg : 50 mg/dose toutes les 12 h
– 10-13 kg : 75 mg/dose toutes les 12 h
– 14-19 kg : 100 mg/dose toutes les 12 h
– 20-27 kg : 150 mg/dose toutes les 12 h
– 28-39 kg : 200 mg/dose toutes les 12 h
– ≥ 40 kg : 300 mg/dose toutes les 12 h
Comprimé ordinaire :
≥ 12 ans : 400 mg/dose toutes les 12 h
Ranitidine IV : 2-4 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes IV : 6 mg/kg/24 h ou 400 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 6-8 h PO : 300 mg/24 h (reflux) ou 600 mg/24 h
PO : 5-10 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes (œsophagite)
les 12 h
Rasburicase Traitement ou prévention du syndrome de lyse Contre-indication : patients avec déficit en glucose-6-
tumorale phosphate déshydrogénase (G6PD)
IV : 0,2 mg/dose toutes les 24 h pendant au plus
7 jours
Résine échangeuse PO : 1 g/kg/dose toutes les 6-24 h au besoin PO : 15 g/dose
d’ions : polystyrène IR : 1 g/kg/dose toutes les 2-6 h au besoin IR : 50 g/dose
(sulfonate de)
Index pharmacologique
Rétinol Voir Vitamine A.
Ribavirine Infection à virus respiratoire syncytial Effets secondaires majeurs : tératogénicité
– Traitement aérosol continu : solution concentrée à
20 mg/mL, administrée en 12-18 h/24 h pendant
3-7 jours
– Traitement aérosol intermittent : solution concen-
trée à 60 mg/mL, 2 g/dose toutes les 8 h, admi-
nistrée en 2 h pendant 3-7 jours
1309
1310
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Rifampicine 1) Tuberculose Tuberculose et prévention de l’infection à Hæmophi- Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 10-20 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne lus influenzæ de type B interactions
Index pharmacologique
ou 10-20 mg/kg/dose en 1 dose quotidienne Dose quotidienne et intermittente : 600 mg/24 h Ins. hépatique : ajustement requis
3 fois par semaine Prévention de l’infection à Neisseria meningitidis
2) Prévention de l’infection à Hæmophilus influenzæ 1 200 mg/24 h
de type B
PO : 20 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 4 jours
3) Prévention de l’infection à Neisseria meningitidis
PO : 20 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12 h pendant 2 jours
Rispéridone Données limitées en pédiatrie
PO :
≥ 5 ans :
– Dose initiale : 0,25-0,5 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
– Dose d’entretien : augmenter de 0,25-0,5 mg/24 h
tous les 4-7 jours jusqu’à 0,5-4 mg/24 h
Ritonavir Voir l’inhibiteur de la protéase virale avec lequel il Toujours utilisé en association
est associé :
– Atazanavir
– Darunavir
– Lopinavir
Rosuvastatine PO : Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
10 à 17 ans : 5-20 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Rufinamide PO : 3 200 mg/24 h
≥ 4 ans : 10 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 12 h puis augmenter la dose de 10 mg/kg tous
les 2 jours jusqu’à 45 mg/kg/24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Salbutamol 1) Traitement de la crise d’asthme en milieu Traitement de la crise d’asthme en milieu hospitalier Effets secondaires majeurs : hypokaliémie
hospitalier Aérosol-doseur : 1 000 μg/dose
IV perfusion : Nébulisation : 1 mL/dose
Dose initiale : 0,7 μg/kg/min ; augmenter au besoin Traitement de l’asthme à domicile
de 0,2 μg/kg/min toutes les 10-15 min jusqu’à un 1 200 μg/24 h
maximum de 4 μg/kg/min
Inhalation :
– Aérosol-doseur : 100 μg (1 bouffée)/3 kg/dose
toutes les 20-60 min selon la gravité de la
crise ; espacer l’administration lorsque
la crise s’atténue
– Nébulisation humide à 5 mg/mL :
100-150 μg/kg/dose (0,02-0,03 mL/kg/dose) ;
diluer dans du NaCl 0,9 % pour un total
de 3 mL ; répéter selon les mêmes inter-
valles que pour l’aérosol-doseur
2) Traitement de l’asthme à domicile
Inhalation :
Aérosol-doseur : 100-200 μg/dose toutes les 4-6 h
au besoin
Salmétérol Inhalation :
≥ 4 ans :
Inhalateur de poudre sèche (DiskusMD) : 50 μg
(1 coque) toutes les 12 h
Index pharmacologique
Salmétérol/ Inhalation : Exemples de présentations disponibles :
fluticasone ≥ 4 ans : DiskusMD-100 : 50 μg salmétérol – 100 μg fluticasone
– Inhalateur de poudre sèche (DiskusMD) : 1 coque DiskusMD-250 : 50 μg salmétérol – 250 μg fluticasone
toutes les 12 h DiskusMD-500 : 50 μg salmétérol – 500 μg fluticasone
– Aérosol-doseur : 1-2 inhalations toutes les 12 h ; Aérosol-125 : 25 μg salmétérol – 125 μg fluticasone
adapter la dose à la gravité de l’asthme (voir Aérosol-250 : 25 μg salmétérol – 250 μg fluticasone
Fluticasone)
1311
1312
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Scopolamine Ptyalisme
Données très limitées en pédiatrie
Index pharmacologique
Transdermique : 1 timbre de 1,5 mg ; changer le
timbre toutes les 72 h
Secnidazole (France) Dientamœba fragilis 1,5 g/24 h
PO : 30 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 8-24 h pendant 10 jours
Sélénium (sulfure de) Pityriasis versicolor
≥ 2 ans :
Appliquer localement la lotion à 2,5 % en couche
mince pendant 10-15 min, puis rincer abondam-
ment ; répéter 1 fois/24 h pendant 10-15 jours
Sennosides A et B PO : 8,6 mg/comprimé
– 2 à 5 ans : 4,3-8,6 mg/24 h en 1 dose quotidienne
au coucher
– 6 à 12 ans : 8,6-17,2 mg/24 h en 1 dose quoti-
dienne au coucher
Sertraline PO : 200 mg/24 h Effets secondaires majeurs : risque accru d’idées
– 6 à 12 ans : 12,5-25 mg/24 h en 1 dose et de comportements suicidaires
quotidienne ; augmenter la dose au besoin Interactions médicamenteuses : nombreuses
de 25-50 mg toutes les semaines interactions
– 13 à 17 ans : 25-50 mg/24 h en 1 dose quoti-
dienne ; augmenter la dose au besoin de 50 mg
toutes les semaines
Sildénafil Hypertension artérielle pulmonaire 2 mg/kg/dose toutes les 4 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
Données limitées en pédiatrie interactions
PO :
Dose initiale : 0,25-0,5 mg/kg/dose toutes les 4-8 h ;
augmenter graduellement jusqu’à 1 mg/kg/dose
Simvastatine PO : Effets secondaires majeurs : rhabdomyolyse
10 à 17 ans : 10-40 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Sotalol PO : 480 mg/24 h Effets secondaires majeurs : prolongation de
– Dose initiale : 2 mg/kg/24 h en doses fractionnées l’intervalle QT
toutes les 12 h ; augmenter de 1-2 mg/kg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
tous les 2-3 jours Interactions médicamenteuses : nombreuses
– Dose d’entretien : 2-10 mg/kg/24 h en doses interactions
fractionnées toutes les 8-12 h
ou
90 à 200 mg/m2/24 h en doses fractionnées
toutes les 8-12 h
Spiramycine Toxoplasmose 4 g/24 h
PO : 50-100 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12-24 h
Spironolactone PO : 1-3,3 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 200 mg/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 6-24 h
Streptomycine Tuberculose Dose quotidienne : 1 g/24 h Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité et
IM : 20-40 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Dose bihebdomadaire : 1,5 g/24 h ototoxicité
Ins. rénale : ajustement requis
Sucralfate PO : 40-80 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 1 g/dose
les 6 h
Sulfadiazine 1) Toxoplasmose congénitale, en association avec 8 g/24 h Effets secondaires majeurs : toxicité hématologique
(Canada : Programme la pyriméthamine qui peut être prévenue en donnant de l’acide
d’accès spécial) PO : 100 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes folinique
Index pharmacologique
les 12 h Ins. rénale : ajustement requis
2) Toxoplasmose non congénitale, en association
avec la pyriméthamine
PO : 100-200 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6 h
Sulfasalazine Colite ulcéreuse Phase aiguë : 6 g/24 h Effets secondaires majeurs : toxicité hématologique
PO : Entretien : 2 g/24 h et hépatique
– Dose de la phase aiguë : 40-70 mg/kg/24 h en Ins. rénale : ajustement requis
doses fractionnées toutes les 6 h
– Dose d’entretien : 30-50 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 6-8 h
1313
1314
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Sumatriptan Données limitées en pédiatrie Ins. hépatique : ajustement requis
Intranasal :
Index pharmacologique
≥ 5 ans : 5-20 mg/dose au début de la crise, en
1 dose unique dans une seule narine
Surfactant Voir Beractant.
Tacrolimus 1) Immunosuppression Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité
IV perfusion : 0,03-0,05 mg/kg/24 h Interactions médicamenteuses : nombreuses
PO : 0,1-0,3 mg/kg/24 h en doses fractionnées interactions
toutes les 12 h (formulation régulière), et toutes Taux sérique thérapeutique : variable selon l’indica-
les 24 h (formulation à libération prolongée) tion thérapeutique
2) Dermite atopique modérée à grave
Topique : appliquer localement l’onguent à 0,03 %
toutes les 12 h en couche mince
Ténofovir Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) 300 mg/24 h Effets secondaires majeurs : toxicité rénale
PO : et osseuse
– 2 à 11 ans : 8 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne Ins. rénale : ajustement requis
– ≥ 12 ans et ≥ 35 kg : 300 mg/24 h en 1 dose
quotidienne
Terbinafine Onychomycose Ins. hépatique : non recommandé
PO : Ins. rénale : non recommandé
– 10-20 kg : 62,5 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– 20-40 kg : 125 mg/24 h en 1 dose quotidienne
– > 40 kg : 250 mg/24 h en 1 dose quotidienne
Terbutaline Inhalation :
Inhalateur de poudre sèche (TurbuhalerMD) :
≥ 6 ans : 0,5 mg/dose toutes les 4-6 h au besoin
Tétracycline 1) Indications générales Indications générales Ins. rénale : ajustement requis
PO : 3 g/24 h La tétracycline est contre-indiquée chez les enfants
> 8 ans : 25-50 mg/kg/24 h en doses fractionnées âgés de 8 ans et moins.
toutes les 6 h
2) Acné
PO :
≥ 12 ans : 500 mg/dose toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Ticarcilline (France) IV, IM : 225 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 15 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
les 8 h
Ticarcilline/acide 1) Indications générales 4 g/dose de ticarcilline Ins. rénale : ajustement requis
clavulanique IV : 200-300 mg/kg/24 h de ticarcilline en doses 24 g/24 h de ticarcilline
fractionnées toutes les 4-6 h
2) Fibrose kystique (mucoviscidose)
IV : 300-400 mg/kg/24 h de ticarcilline en doses
fractionnées toutes les 4-6 h
Tinidazole (France) 1) Amibiase 2 g/24 h
PO :
≥ 3 ans : 50 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
pendant 3-5 jours selon la gravité de l’infection
2) Giardiase
PO :
≥ 3 ans : 50 mg/kg en 1 dose unique
Tobramycine 1) Indications générales Indications générales Effets secondaires majeurs : néphrotoxicité,
IV, IM : Dose initiale : 120 mg/dose ototoxicité
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : Ins. rénale : ajustement requis
• < 30 semaines : Taux sérique thérapeutique : creux : 0,5-2 mg/L ;
0 à 28 jours : 3,8 mg/kg/dose toutes les 36 h pic : 5-10 mg/L (25-35 mg/L pour fibrose kystique)
> 28 jours : 3,2 kg/dose toutes les 24 h La posologie néonatale est celle du protocole utilisé
• 30 à 39 semaines : au CHU Sainte-Justine.
0 à 28 jours : 3,2 mg/kg/dose toutes les 24 h L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge gesta-
Index pharmacologique
> 28 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 18 h tionnel + l’âge post-natal.
• ≥ 40 semaines : Après la période néonatale, l’administration en
0 à 7 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 18 h dose uniquotidienne peut s’appliquer à certaines
> 7 jours : 2,5 mg/kg/dose toutes les 8-12 h situations.
– ≥ 1 mois : 7,5 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 8 h
2) Fibrose kystique (mucoviscidose)
IV, IM : 10 mg/kg/24 h en 1 dose quotidienne
Inhalation : 80 mg/dose toutes les 8-12 h
ou
TOBIMD 300 mg toutes les 12 h, par cycle
de 28 jours
1315
Inhalation poudre sèche (TOBIMD, PodhalerMD) :
≥ 6 ans : 112 mg toutes les 12 h, par cycle de
28 jours
1316
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Tocophérol Voir Vitamine E.
Topiramate PO : Ins. hépatique : ajustement requis
Index pharmacologique
2 à 16 ans : Ins. rénale : ajustement requis
– Dose initiale : 1-3 mg/kg/24 h en 1 dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
quotidienne interactions
– Dose d’entretien : 5-9 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12 h
Trihexyphenidyle Ptyalisme 5 mg/dose
Données limitées en pédiatrie
PO :
– Dose initiale : 0,02-0,04 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-12 h
– Dose d’entretien : 0,1-0,3 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 8-12 h
Trétinoïne Après lavage des régions affectées, appliquer locale- Concentrations disponibles : 0,01 %, 0,025 %,
ment 1 fois par jour. 0,05 %, 0,1 %
Commencer avec la plus faible concentration de tré-
tinoïne et augmenter graduellement selon la réponse
clinique et la tolérance du patient.
Triméthoprime/ 1) Indications générales Indications générales et prévention de l’infection Ins. rénale : ajustement requis
sulfaméthoxazole IV, PO : 6-12 mg/kg/24 h de triméthoprime en à Pneumocystis jiroveci Triméthoprime/sulfaméthoxazole : association 1:5
doses fractionnées toutes les 12 h 320 mg/24 h de triméthoprime (8 mg triméthoprime/40 mg sulfaméthoxazole)
2) Infections graves ou à Pneumocystis jiroveci Non recommandé chez les enfants âgés de moins
IV, PO : 15-20 mg/kg/24 h de triméthoprime en de 2 mois à cause du risque d’ictère nucléaire du
doses fractionnées toutes les 6-8 h nouveau-né (kernictère)
3) Prévention de l’infection à Pneumocystis jiroveci
PO : 150 mg/m2/24 h ou 5 mg/kg/24 h de trimé-
thoprime en doses fractionnées toutes les 12 h,
3 jours par semaine
4) Prévention de l’infection urinaire Prévention de l’infection urinaire
PO : 2-3 mg/kg/24 h de triméthoprime en 1 dose 160 mg/24 h de triméthoprime
quotidienne
Ursodiol PO : 10-20 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes 30 mg/kg/24 h
les 8-12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Valaciclovir Voir Valacyclovir.
Valacyclovir 1) Infection herpétique labiale chez l’adolescent Varicelle chez le patient immunocompétent Ins. rénale : ajustement requis
PO : 2 g/dose toutes les 12 h pendant 24 h PO : 1 g/dose
2) Infection herpétique génitale chez l’adolescent
PO :
– Épisode initial : 1 g/dose toutes les 12 h
– Rechutes : 500 mg/dose toutes les 12 h
ou 1 g/dose toutes les 24 h
– Prévention des rechutes : 500 mg/dose toutes
les 24 h ou 1 g/dose toutes les 24 h chez les
patients ayant présenté plus de 9 rechutes
par année
3) Varicelle chez le patient immunocompétent
PO :
2 à 17 ans : 20 mg/kg/dose toutes les 8 h
Valganciclovir Infection congénitale à cytomégalovirus Effets secondaires majeurs : granulopénie, anémie,
PO : 16 mg/kg/dose toutes les 12 h thrombopénie
Ins. rénale : ajustement requis
Vancomycine 1) Indications générales IV : 4 g/24 h Ins. rénale : ajustement requis
IV : PO : 500 mg/dose ou 2 g/24 h Taux sérique thérapeutique : creux : 10-15 mg/L
– Nouveau-né selon l’âge post-conceptionnel : Administration IV toutes les 4 h possible selon les
10 mg/kg/dose taux sériques
• ≤ 29 semaines : La posologie néonatale est celle du protocole utilisé
Index pharmacologique
0 à 14 jours : toutes les 12 h au CHU Sainte-Justine.
> 14 jours : toutes les 8 h L’âge post-conceptionnel équivaut à l’âge gesta-
• 30 à 36 semaines : tionnel + l’âge post-natal.
0 à 14 jours : toutes les 8 h
> 14 jours : toutes les 6 h
• 37 à 44 semaines :
0 à 7 jours : toutes les 8 h
> 7 jours : toutes les 6 h
– > 1 mois : 40-60 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 6 h
1317
1318
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Vancomycine (suite ) 2) Méningite à Streptococcus pneumoniæ
IV :
Index pharmacologique
> 1 mois : 60 mg/kg/24 h en doses fractionnées
toutes les 6 h
3) Colite pseudo-membraneuse
PO : 40 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6 h
Vasopressine 1) Diabète insipide IV perfusion : 10 mU/kg/h (0,01 U/kg/h)
IV perfusion : 0,5 mU/kg/h (0,0005 U/kg/h), doubler
la dose toutes les 30 min au besoin
IM, SC : 2,5-10 U/dose toutes les 6-12 h
2) Hémorragie digestive haute
IV perfusion : 2-5 mU/kg/min (0,002-0,005 U/kg/
min) ; augmenter au besoin
Vérapamil 1) Tachycardie supraventriculaire IV : Interactions médicamenteuses : nombreuses
IV : – 1re dose : 5 mg/dose interactions
> 1 an : 0,05-0,1 mg/kg/dose, répéter après – 2e dose : 10 mg/dose
30 min au besoin
2) Arythmie/hypertension artérielle
Données limitées en pédiatrie
PO : 4-8 mg/kg/24 h en doses fractionnées toutes
les 6-8 h
Vigabatrin 1) Spasmes infantiles 3 g/24 h Effets secondaires majeurs : troubles du champ
PO : 50-150 mg/kg/24 h en doses fractionnées visuel
toutes les 12 h Ins. rénale : ajustement requis
2) Autres formes d’épilepsie
PO :
– Dose initiale : 30 mg/kg/24 h en doses frac-
tionnées toutes les 12-24 h
– Dose d’entretien : 60-100 mg/kg/24 h en doses
fractionnées toutes les 12-24 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Vitamine A Malabsorption intestinale/fibrose kystique
(mucoviscidose)
PO :
– 0 à 11 mois : 1 500-3 000 U/24 h en 1 dose
quotidienne
– 1 à 3 ans : 3 000-5 000 U/24 h en 1 dose
quotidienne
– ≥ 4 ans : 5 000-10 000 U/24 h en 1 dose
quotidienne
Les doses sont ajustées selon les concentrations
sériques.
Vitamine B6 Voir Pyridoxine.
Vitamine B12 Anémie pernicieuse/déficit
IM, SC :
– Dose initiale : 30-100 μg/24 h en 1 dose
quotidienne
– Dose d’entretien : 100-1 000 μg/dose une fois par mois
Vitamine D 1) Chez les nourrissons allaités
PO : 400 U/24 h en 1 dose quotidienne (Canada) ;
1 000 à 1 200 U/24 h en 1 dose quotidienne (France)
2) Déficit/malabsorption intestinale/fibrose kystique
(mucoviscidose)
PO : 400-800 U/24 h en 1 dose quotidienne
Index pharmacologique
Les doses sont ajustées selon les concentrations
sériques.
Vitamine D 1,25 Voir Calcitriol.
(1,25-dihydroxy-
cholécalciférol)
Vitamine E Malabsorption intestinale/fibrose kystique
(mucoviscidose)
PO :
– 0 à 11 mois : 50-100 U/24 h en 1 dose quotidienne
– 1 à 3 ans : 100-150 U/24 h en 1 dose quotidienne
1319
– ≥ 4 ans : 100-400 U/24 h en 1 dose quotidienne
Les doses sont ajustées selon les concentrations
sériques.
1320
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Vitamine K 1) Prévention de la maladie hémorragique Déficit/malabsorption intestinale/maladie hépatique Risque d’anaphylaxie si administration IV ; privilégier
du nouveau-né 10 mg/dose la voie sous-cutanée
Index pharmacologique
IM, SC : 1 mg en 1 dose unique
PO (France) : 2 mg/dose
2) Déficit/malabsorption intestinale/maladie
hépatique
IM, SC : 1-5 mg/dose
PO : 2,5-5 mg/dose en 1 dose quotidienne,
1-7 jours par semaine selon l’INR
Voriconazole Données limitées en pédiatrie IV et PO : Ins. hépatique : ajustement requis
IV : – 2 à 11 ans : Ins. rénale : ajustement requis (formulation IV)
– 2 à 11 ans : 9 mg/kg/dose toutes les 12 h • Dose initiale : 400 mg/dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
– ≥ 12 ans : • Dose d’entretien : 200 mg/dose interactions
• Dose initiale : 6 mg/kg/dose toutes les 12 h – ≥ 12 ans :
pour 2 doses • Dose initiale : 400 mg/dose
• Dose d’entretien : 4 mg/kg/dose toutes les 12 h • Dose d’entretien : 300 mg/dose
PO :
– 2 à 11 ans : 9 mg/kg/dose toutes les 12 h
pour 2 doses
– ≥ 12 ans :
• < 40 kg : 200 mg/dose toutes les 12 h le 1er jour
puis 100 mg/dose toutes les 12 h les jours
suivants
• ≥ 40 kg : 400 mg/dose toutes les 12 h le 1er jour
puis 200 mg/dose toutes les 12 h les jours
suivants
Warfarine PO : Dose initiale : 10 mg/dose Ins. hépatique : ajustement requis
– Dose initiale : 0,2 mg/kg/24 h en 1 dose Interactions médicamenteuses : nombreuses
quotidienne interactions
– Dose d’entretien : ajuster la dose selon les résul-
tats de l’INR
Zafirlukast PO : Ins. hépatique : ajustement requis
– 5 à 11 ans : 20 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h
– ≥ 12 ans : 40 mg/24 h en doses fractionnées
toutes les 12 h
Nom Posologie Dose maximale Commentaires
Zidovudine 1) Prévention de la transmission du virus de l’immu- PO : 600 mg/24 h Effets secondaires majeurs : acidose lactique
nodéficience humaine (VIH) chez le nouveau-né Ins. hépatique : ajustement requis
Nouveau-né selon l’âge gestationnel :
IV :
– < 30 semaines :
• 0 à 28 jours : 1,5 mg/kg/dose toutes les 12 h
• > 28 jours : 2,3 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 30 à < 35 semaines :
• 0 à 14 jours : 1,5 mg/kg/dose toutes les 12 h
• > 14 jours : 2,3 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 35 semaines :
• 3 mg/kg/dose toutes les 12 h
PO :
– < 30 semaines :
• 0 à 28 jours : 2 mg/kg/dose toutes les 12 h
• > 28 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 30 à < 35 semaines :
• 0 à 14 jours : 2 mg/kg/dose toutes les 12 h
• > 14 jours : 3 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 35 semaines : 4 mg/kg/dose toutes les 12 h
2) Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)
> 6 semaines à 18 ans :
– 4-8 kg : 12 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 9-< 30 kg : 9 mg/kg/dose toutes les 12 h
– ≥ 30 kg : 300 mg/dose toutes les 12 h
Index pharmacologique
ou
180-240 mg/m2/dose toutes les 12 h
1321
1322 Tableaux des traitements topiques
ANTIVIRAL OPHTALMIQUE
ANTIBIOTIQUES TOPIQUES
Nom Présentation/concentration Posologie
MD
Acide fusidique (Fucidin ) Crème/onguent 2 % Application locale 3-4 fois par jour
Gentamicine Onguent 0,1 % Application locale 3-4 fois par jour
MD
Mupirocine (Bactroban ) Crème/onguent 2 % Application locale 3-4 fois par jour
Néomycine/polymyxine B/ Onguent 0,5 % (néomycine) Application locale 2-5 fois par jour
bacitracine (NeosporinMD)
Polymyxine B/bacitracine Onguent 0,1 % (polymyxine B) Application locale 1-3 fois par jour
(PolysporinMD, PolytopicMD)
Polymyxine B/gramicidine Crème 0,1 % (polymyxine B) Application locale 1-3 fois par jour
(PolysporinMD, PolytopicMD)
Sulfadiazine d’argent (FlamazineMD) Crème 1 % Application locale d’une couche
de 3 à 5 mm de crème selon les
besoins du patient
ANTIVIRAL TOPIQUE
ANTIFONGIQUES TOPIQUES
Nom Présentation/concentration Posologie
MD
Ciclopirox (olamine) (Loprox ) Crème 1 %, lotion 1 % Application locale 2 fois par jour,
matin et soir
Clotrimazole (CanestenMD) Crème 1 % Application locale 2 fois par jour,
matin et soir
Crème vaginale 1 %, 2 % ou 10 % Application locale 1 fois par jour,
Crème vaginale 1 % + comprimés au coucher, pendant 1, 3 ou 6 jours
vaginaux selon les différentes présentations
Kétoconazole (NizoralMD) Crème 2 % Application locale 1-2 fois par jour
Shampoing 2 % Traitement : application locale 2 fois
par semaine
Prévention : application locale 1 fois
toutes les 1-2 semaines
Miconazole (MonistatMD) Poudre en aérosol 2 % Application locale 2 fois par jour,
Crème 2 % matin et soir
Crème vaginale 2 % ou 4 % Application locale 1 fois par jour,
Crème vaginale 2 % + ovules au coucher, pendant 1, 3 ou 7 jours
vaginaux selon les différentes présentations
Nystatine (NyadermMD, NystatinMD) Crème/onguent 100 000 U/g Application locale 2 fois par jour
Crème vaginale 25 000 U/g Application locale 1-2 fois par jour
Suspension orale 100 000 U/mL – < 1 an : 1 mL en badigeonnage
buccal 4 fois par jour
– ≥ 1 an : 2-5 mL en badigeonnage
buccal 4 fois par jour
Terbinafine (LamisilMD) Crème 1 % Application locale 1-2 fois par jour
Vaporisateur 1 %
Tolnaftate (TinactinMD) Poudre 1 % Application locale 2 fois par jour
Solution topique 1 %
Crème 1 %
Poudre en aérosol 1 %
Source : Fenton TR, Kim JH. A systematic review and meta-analysis to revise the Fenton growth chart for preterm infants.
BMC Pediatr 2013;13:59. www.biomedcentral.com/1471-2431/13/59. Cette version française de la courbe est également
téléchargeable à l’adresse suivante : www.ucalgary.ca/fenton/2013-en-francais.
Annexes 1329
Source : Fenton TR, Kim JH. A systematic review and meta-analysis to revise the Fenton growth chart for preterm infants.
BMC Pediatr 2013;13:59. www.biomedcentral.com/1471-2431/13/59. Cette version française de la courbe est également
téléchargeable à l’adresse suivante : www.ucalgary.ca/fenton/2013-en-francais.
1330 Annexes
Naissance 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
po po
FILLES
cm ÂGE (MOIS) cm
39 39
38 38
95 95
37 37 L
36 97 36 O
90 90 N
35 85 35
G
34 50
34
85 85 U
33 33 E
15
32 32 U
80 3 80 R
31 31
30 30
75 75
29 29
28
70
27
L 26 38
O 65 17
N 25
G 24 36
60 16
U 23
E 34
22
U 55 15
R 21 32
97
20 50 14
19 30
18 45 13
85
17 28
16 40 P
12
26 O
15
50 I
14 35 11 D
24
13 S
12 30 15 10 22
11
10 25 3 9 20
9
8 20 18
8
7
16
7
14 14
6 kg
ÂGE (MOIS)
12 lb
10 12 14 16 18 20 22 24
5
P 10 TAILLE DE LA MÈRE
ÂGE GESTATIONNEL
kg 12
O TAILLE DU PÈRE À LA NAISSANCE SEMAINES
4
I lb
8 DATE ÂGE LONGUEUR POIDS COMMENTAIRES
D
S 3
6
2
4
lb kg
Naissance 2 4 6 8
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
Annexes 1331
Naissance 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
po ÂGE (MOIS)
po
cm cm
GARÇONS
39 39
38 38
95 95
37 37 L
97
36 36 O
90 85 90 N
35 35
50
G
34 34 U
85 15
85
33 33 E
32 3 32 U
80 80 R
31 31
30 30
75 75
29 29
28
70
27
L 26 38
O 65 17
N 25
G 24 36
60 16
U 23
E 34
22
U 55 97
15
R 21 32
20 50 14
19 30
85
18 45 13
17 28
P
16 40 50 12
26 O
15 I
14 35 11 D
24
13 15 S
12 30 10 22
11 3
10 25 9 20
9
8 20 18
8
7
16
7
14 14
6 kg
ÂGE (MOIS)
12 lb
10 12 14 16 18 20 22 24
5
P 10 TAILLE DE LA MÈRE kg 12
ÂGE GESTATIONNEL
O 4 TAILLE DU PÈRE À LA NAISSANCE SEMAINES
I 8 DATE ÂGE LONGUEUR POIDS COMMENTAIRES
lb
D
S 3
6
2
4
lb kg
Naissance 2 4 6 8
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
1332 Annexes
Naissance 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
cm ÂGE (MOIS) cm
po po
52 52
P 20 20
50 97
50
É
R 19 85 19
48 48
I 50
M 18 46 15
46 18
È 3
44 44
T 17 17
R 42 42
E 16
40
25
C 15 38 54
R 24
36 52
 14 99,9 23
N 34
50
I 13 22
48
E 32
21 46
N 12 97
30
20 44
11 28
20
85 19 42
FILLES
40 18 18 40
38 50 38
17 17
36 36
16 16 P
15
34 34 O
15 15
3
I
32 32
14 14
D
30 30 S
13 13
28 28
26 12 12 26
P 24 11 11 24
O
I 22 10 10 22
D
S 20 9 9 20
18 18
8 8
16 16
7 7
14 14
6 kg
LONGUEUR
12 12
5 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100 102 104 106 108 cm
10 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 po
lb
4
8 ÂGE GESTATIONNEL À LA NAISSANCE SEMAINES
DATE ÂGE LONGUEUR POIDS PÉRIMÈTRE COMMENTAIRES
6 3 CRÂNIEN
lb 2
kg
cm 46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 66
po 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
Annexes 1333
Naissance 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
po cm ÂGE (MOIS) cm po
54 54
P 21 21
É 52 52
R 20 97 20
50 50
I 85
M 19 48 50 48 19
È 15
18 46 46 18
T 3
R 44 44
E 17 17
42
C 16 54
40 24
R 52
 15 38 23
N 99,9 50
I 14 36 22
48
E 34 21
N 13 46
97
32 20 44
12
30
20 19 42
85
40
GARÇONS
18
38 50 38
17 17
36 36
16 15
16
P
34 34
15 15 O
3 I
32 32
14 14 D
30 30 S
13 13
28 28
26 12 12 26
P 24 11 11 24
O
I 22 10 10 22
D
20 9 9 20
S
18 18
8 8
16 16
7 7
14 14
6 kg
LONGUEUR
12 12
5 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100 102 104 106 108 cm
10 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 po
lb
4
8 ÂGE GESTATIONNEL À LA NAISSANCE SEMAINES
DATE ÂGE LONGUEUR POIDS PÉRIMÈTRE COMMENTAIRES
6 3 CRÂNIEN
lb 2
kg
cm 46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 66
po 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
1334 Annexes
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
po ÂGE (ANS) po
cm cm
78 78
77 TAILLE DE LA MÈRE 77
195 195
76 TAILLE DU PÈRE 76
75 75
190 DATE ÂGE TAILLE POIDS COMMENTAIRES 190
74 74
73 73
185 185
72 72
71 180 180 71
70 70
69 175 97 69 T
175
68 68 A
FILLES
67 170 85 170 67 I
66 66 L
65 165 165 65 L
64 50 64 E
63 160 160 63
62 62
61 15
155 155 61
60 60
59 3 59
150 150
58 58
57 145 145 57
T 56 56
A 55 140 140 55
I 54 54
L 53 135
L 52
E 51 130 90 200
50
190
49 125 85
48 180
47 120 80
46 97 170
45 115 75
44 160
43 110 70
150
42 85 P
41 105 65 O
140
40 I
39 100 60 130 D
38 50 S
37 95 55 120
36
35 90 50 110
15
34
85 45 100
33 3
32 90
31 80 40
30 80
29 75 35
70
30
60
25 25
50 50
P 20 20
O 40 40
I 15 15
30 Selon l’OMS [Organisation mondiale de la Santé], 30
D
S 10 l’indice de masse corporelle (IMC) est la meilleure 10
20 mesure après l’âge de 10 ans en raison de l’âge 20
variable de la puberté. La surveillance du poids
lb kg seule n’est pas conseillée. kg lb
ÂGE (ANS)
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Source : La charte principale est fondée sur les normes de croissance de l’enfant (2006) et sur les références de l’OMS
(2007). De plus, elle est adaptée au Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie
pédiatrique (GCEP), le Collège des médecins de famille du Canada, les Infirmières et infirmiers en santé communautaire
du Canada et Les diététistes du Canada. La section du poids pour les 10 à 19 ans a été préparée par le GCEP, en fonction
des données du National Center for Health Statistics des États-Unis, au moyen des mêmes producteurs que les courbes de
croissance de l’OMS. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
Annexes 1335
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
po po
cm ÂGE (ANS) cm
80 80
79 TAILLE DE LA MÈRE 79
200 200
78 TAILLE DU PÈRE 78
77 77
195 DATE ÂGE TAILLE POIDS COMMENTAIRES 195
76 76
75 97 75
190 190
74 74
73 73
185 85
185
72 72
71 180 180 71 T
70 70 A
GARÇONS
69 50 69
175 175 I
68 68 L
67 170 170 67 L
66 15 66 E
65 165 165 65
64 3 64
63 160 160 63
62 62
61 155 155 61
60 60
59 150 150 59
T 58 58
A 57 145 145 57
I 56 56
L 55 140
L 54 97
E 53 135 90 200
52
190
51 130 85
50 180
49 125 85 80
48 170
47 120 75
46 160
45 115 70
50 150
44 P
43 110 65 O
140
42 I
41 105 15 60 130 D
40 S
39 100 55 120
38 3
37 95 50 110
36
90 45 100
35
34 90
33 85 40
32 80
31 80 35
70
30
60
25 25
50 50
P 20 20
O 40 40
I 15 15
30 Selon l’OMS [Organisation mondiale de la Santé], 30
D
S 10 l’indice de masse corporelle (IMC) est la meilleure 10
20 mesure après l’âge de 10 ans en raison de l’âge 20
variable de la puberté. La surveillance du poids
lb kg seule n’est pas conseillée. kg lb
ÂGE (ANS)
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Source : La charte principale est fondée sur les normes de croissance de l’enfant (2006) et sur les références de l’OMS
(2007). De plus, elle est adaptée au Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie
pédiatrique (GCEP), le Collège des médecins de famille du Canada, les Infirmières et infirmiers en santé communautaire
du Canada et Les diététistes du Canada. La section du poids pour les 10 à 19 ans a été préparée par le GCEP, en fonction
des données du National Center for Health Statistics des États-Unis, au moyen des mêmes producteurs que les courbes de
croissance de l’OMS. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
1336 Annexes
Source : Nellhaus G. Head Circumferences from Birth to Eighteen Years : Practical Composite International and Interracial
Graphs. Pediatrics 1968;41:106-114.
Annexes 1337
BMI IMC
39 40
38 39
37 38
36 99,9 37
Calculatrice
35 et tableaux de l’IMC disponibles à l’adresse suivante : www.whogrowthcharts.ca 36
*Pour calculer l’IMC : Poids (kg) ÷ Taille (cm) ÷ Taille (cm) x 10,000 OU
Poids (lb) ÷ Taille (po) ÷ Taille (po) x 703
35
FILLES
IMC 34
33
BMI 33
32 32
31 31
30 30
29 97 29
28 28
27 27
26 26
25 85 25
24 24
23 23
22 22
50
21 21
20 20
19 19
15
18 18
17 17
3
16 16
15 15
14 14
13 13
IMC IMC
ÂGE (ANS)
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
1338 Annexes
BMI IMC
39 39
38 38
37 37
36 99,9 36
35 35
Calculatrice et tableaux de l’IMC disponibles à l’adresse suivante : www.whogrowthcharts.ca
34 *Pour calculer l’IMC : Poids (kg) ÷ Taille (cm) ÷ Taille (cm) x 10,000 OU 34
Poids (lb) ÷ Taille (po) ÷ Taille (po) x 703
33
IMC
31
30
GARÇONS 32
31
30
29 97 29
28 28
27 27
26 26
85
25 25
24 24
23 23
22 50 22
21 21
20 20
15
19 19
18 18
3
17 17
16 16
15 15
14 14
13 13
12 12
IMC IMC
ÂGE (ANS)
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Source : D’après les normes de croissance de l’enfant (2006) et les références de l’OMS (2007). Il s’agit d’une adaptation
pour le Canada par la Société canadienne de pédiatrie, le Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique, le Collège des
médecins de famille du Canada, l’Association canadienne des infirmières et des infirmiers en santé communautaire et
Les diététistes du Canada. Reproduit avec l’autorisation de Dietitians of Canada, 2014. www.whogrowthcharts.ca
Annexes 1339
Source : Tanner JM, Davies PSW. Clinical longitudinal standards for height and height velocity for North American children.
J Pediatr 1985;107:323. Reproduit avec l’autorisation d’Elsevier.
1340 Annexes
Source : Tanner JM, Davies PSW. Clinical longitudinal standards for height and height velocity for North American children.
J Pediatr 1985;107:321. Reproduit avec l’autorisation d’Elsevier.
Annexes 1341
Source : Allison DB, Fernandez JR, Redden DT, Pietrobelli A. Waist circumference percentiles in nationally representative
sample of African-American, European-American, and Mexican-American children and adolescents. J Pediatr 2004;
145:439-444.
1342 Annexes
Surface
Taille corporelle Poids
(cm) (m2) (kg)
80
70
2,0 60
240 1,8
220 50
1,6
200 1,4 40
190
180
1,2 30
170
160 1,0 25
150 0,9
140 20
0,8
130
0,7 15
120
110 0,6
100 10
0,5 9,0
90 8,0
0,4 7,0
80 6,0
70 5,0
0,3
4,0
60
3,0
0,2
50 2,5
2,0
40 1,5
0,1 1,0
30
Tracer une droite reliant la taille du patient (échelle de gauche) et son poids (échelle de droite). La surface corporelle est
indiquée par l’intersection de cette droite avec l’échelle de surface corporelle (exemple : taille = 100 cm, poids = 15 kg ;
surface corporelle = 0,69 m2 ).
Source : WE Nelson, ed. Textbook of Pediatrics, 8e éd. Philadelphie, WB Saunders corporation, 1964. Reproduit avec
l’autorisation d’Elsevier.
Annexes 1343
Source : National High Blood Pressure Education Program Working Group on High Blood Pressure in Children and Adolescents.
The Fourth Report on Diagnosis, Evaluation, and Treatment of High Blood Pressure in Children and Adolescents. Pediatrics
2004;114:55-76.
Annexes 1345
Source : National High Blood Pressure Education Program Working Group on High Blood Pressure in Children and Adolescents.
The Fourth Report on Diagnosis, Evaluation, and Treatment of High Blood Pressure in Children and Adolescents. Pediatrics
2004;114:55-76.
Index alphabétique
WEBER
DICTIONNAIRE DE PÉDIATRIE
Anémie Nutrition
ÉPISTAXIS
zona Soins du nouveau-né Érythème infectieux PARALYSIE FACIALE Sténose du pylore
Problèmes épidémiologiques
Électrisation ARYTHMIES CARDIAQUES Déficience intellectuelle
Pancréatite Alopécie
RUBÉOLE
Scoliose Masses cervicales CHOC HÉMORRAGIQUE 0UZ\MÄZHUJLJHYKPHX\L
Coma ROSÉOLE Vaccinations Allaitement maternel Spasmes du sanglot CONVULSIONS FÉBRILES
ÉNURÉSIE
Anaphylaxie
Otite externe
TORTICOLIS
GALE
Céphalées
SYNCOPES
Rhinite
CONSTIPATION
Atélectasie
Verrues PARASITOSES MACROSOMIE
MALADIE
Varicelle
Prévention
OREILLONS Encoprésie COLITE
Fatigue Rachitisme obésité COLIQUES
STRIDOR
Hypocalcémie Pharyngite HYDROCÈLE Lithiase Hypercalcémie
PURPURA
Taille Surdité Acné
Pancréatite URTICAIRE
Posthite
Cellulite
Croissance
DROGUES VARICELLE
Syncopes
POIDS
HYPERTHERMIE
Infection
Intoxications MACROSOMIE
TICS Tuberculose Hématurie Scarlatine
Leucémies BALANITE
Transfusions
Dépression Pédiculose Luxation Allergie
Microcéphalie rhinite Macrocéphalie (KVW[PVU
Ictère Sévices sexuels TROUBLES DE LANGAGE Ambiguïté sexuelle TROUBLES DU SOMMEIL
GASTRO-ENTÉRITE Brûlures Spasmes du sanglot Prévention des blessures Syndrome néphrotique Infections congénitales
Épilepsie Noyade PARALYSIE FACIALE HYPERACTIVITÉ
Diabète
HERNIES
Asthme Toux Engelure Adolescence CONVULSIONS FÉBRILES Anorexie mentale Dermite atopique
Choc Impétigo Coqueluche SPORT Pneumonie Posthite Hémoptysie Prématurité
Soins
STRABISME Alopécie Colite Sinusite
RAGE CATARACTES CANDIDOSES
Protéinurie OMPHALITE Amygdalite Alimentation
ISBN 978-2-7650-4746-9