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Soutenir la parentalité : pourquoi et comment ?

Différentes approches pour un même concept


Béatrice Lamboy
Dans Devenir 2009/1 (Vol. 21), pages 31 à 60
Éditions Médecine & Hygiène
ISSN 1015-8154
DOI 10.3917/dev.091.0031
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Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60


Revue
Soutenir la parentalité : pourquoi et
comment ?
Différentes approches pour un même concept
Strenghtening parenting and parenthood :
why and how ?
Several approaches for one single concept
Béatrice Lamboy1

Introduction
L’usage du concept de parentalité s’est accru considérablement au cours
des dix dernières années. Pour de nombreux auteurs la parentalité repré-
sente une question majeure de santé publique. Pour certains, ce serait une
des principales problématiques auxquelles sont confrontées les sociétés
actuelles, le rôle le plus important auquel doivent faire face de nom-
breuses personnes sans le moindre soutien ni la moindre préparation
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(Hoghughi, 1998 ; Poole, 2003). Les problèmes de parentalité seraient à
la source de nombreuses difficultés sanitaires et sociales (Hoghughi, 1998 ;
Hogughi et Speight, 1998 ; Stewart-Brown, 2008). Ils auraient d’impor-
tantes conséquences en termes de santé publique et seraient largement
associés aux troubles de comportements, aux conduites à risque, aux
troubles psychiques, à l’abus de substances psychoactives, à l’absentéisme,
à l’échec scolaire, à la délinquance et à la criminalité (Poole, 2003 ;
Stewart-Brown, 2008). Plusieurs rapports nationaux et internationaux
soulignent l’importance de cette fonction, rappellent les enjeux qu’elle
recouvre et recommandent la mise en œuvre d’actions pour la soute-
nir (Haut conseil de la population et de la famille, 2003 ; Haute Autorité
de Santé, 2005 ; Ministère délégué à la famille, 2002 ; Organisation Mon-
diale de la Santé, 2002).
1
Dr, PhD, Direction des
Mais si cette notion mobilise les acteurs de santé publique, chercheurs
affaires scientifiques, Institut
et intervenants, elle intéresse aussi de nombreux autres professionnels et National de Prévention et
met en jeu différents univers : politique, média, sociologie, psychologie, d’Education pour la Santé
psychanalyse, éducation, action sociale, justice… Si tous reconnaissent (INPES), 93203 Saint-Denis,
France.
E-mail : beatrice.lamboy@
inpes.sante.fr
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une place primordiale à la parentalité, il n’est pas certain que tous s’en-
tendent sur les réalités qu’ils rattachent à cette notion ni sur les moda-
lités d’action qu’ils préconisent. Cet article propose de faire un état des
lieux des principales approches de la parentalité, en faisant émerger les
paradigmes qui lui sont associés et en mettant en évidence la diversité des
interventions qui se regroupent sous les termes de « soutien à la parenta­
lité ». Après un bref historique de l’usage du terme, une première défi-
nition du concept selon différentes disciplines (psychanalyse, sociologie,
justice, action politique et sociale, éducation), nous présenterons quatre
grandes formes de soutien à la parentalité.

Définition de la parentalité
Le terme de « parentalité » est un néologisme officialisé dans les années
1980 et présenté dans la langue courante comme « nom féminin (1985)
(renvoyant à) la qualité de parent, de père, de mère » (Le Petit Robert,
2001) ou « fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral
et socioculturel » (Larousse, 2000). Il apparaît dans la langue française
au début des années 1960 au sein du champ psychiatrique et psychana-
lytique. Introduit à l’époque par le psychiatre Racamier (1961), il s’agit
de la traduction du terme de « parenthood » développé par la psychana-
lyste américano-hongroise Benedek (Benedeck, 1959). Dans ce cadre,
il fait spécifiquement référence au processus intrapsychique associé au
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fait d’être parent et permet ainsi de dépasser la distinction habituelle-
ment faite entre la fonction maternelle et la fonction paternelle et de
présenter ce processus comme une étape du développement psycholo-
gique de l’adulte. Jusqu’aux années 1980-90, ce terme est ainsi essentiel-
lement utilisé par des spécialistes et restreint à des univers très circons-
crits. Depuis, son usage s’est largement répandu et son passage dans le
sens commun en a fait un terme polysémique difficile à appréhender de
par la diversité des réalités auquel il peut renvoyer.
Dans le champ psychanalytique, nous avons vu que le terme de
« parentalité » renvoyait à un processus développemental psycho-affectif
ou plus précisément à « l’ensemble des processus de maturation psychi-
que propres à la fonction parentale » (Bouregba, 2004). La parentalité
dans l’univers analytique correspond ainsi à l’« ensemble des réaména-
gements psychiques et affectifs qui permettent à des adultes de devenir
parent, c’est-à-dire de répondre aux besoins de leur(s) enfant(s) à trois
niveaux : le corps (les soins nourriciers), la vie affective, la vie psychi-
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Soutenir la parentalité
que » (Lamour et Barraco, 1998). Il s’agit d’un « processus qui se pré-
pare inconsciemment depuis l’enfance, (qui est) activé à l’adolescence
sous l’influence de facteurs physiologiques, et (qui est) actualisé lors de
la naissance des enfants » (Sellenet, 2007). Cette approche du concept
est encore d’actualité chez les psychologues et psychanalystes contempo­
rains (Bouregba, 2004 ; Poussin, 1993). Dans ce domaine, ce sont princi-
palement les échecs et les problèmes associés à la parentalité qui sont
étudiés (accouchement sous X, dysfonctionnement de la parentalité, refus
d’avoir des enfants…) et analysés en termes psychopathologiques (Bou-
regba, 2004). Le non-accès à la parentalité est ainsi interprété comme
une « incapacité psychique à procréer » (Poussin, 1993), comme un échec
dans le développement psycho-affectif ; la parentalité étant présentée
comme « un besoin quasi inscrit dans le développement du sujet (un désir
d’enfant), une ligne de démarcation manifestant le passage de l’enfance
à l’âge adulte » (Sellenet, 2007). C’est dans ce cadre que s’est dévelop-
pée une clinique de la parentalité.
Le concept de parentalité est aussi largement présent dans le champ
sociologique. Même si dans ce domaine, ce terme semble aussi une traduc-
tion du terme anglais « parenthood » (« condition de parent/s », Robert et
Collins, 2003), il fait davantage référence à un ensemble de fonctions
sociales. Il est apparu dans les années 1970 sans lien avec le concept de
parentalité utilisé par les psychanalystes, mais plutôt comme un dérivé
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de l’adjectif anglais « parental » qui visait à qualifier les nouvelles formes
de structures et de vie familiale (Boisson et Verjus, 2004). Ainsi, le terme
de parentalité serait « entré dans le vocabulaire commun par le biais de
la “ monoparentalité ” » (terme importé des pays anglo-saxons par les socio-
logues féministes des années 1970 et consacré par l’INSEE en 1981) (Sel-
lenet, 2007). Que ce soit chez les ethnologues s’intéressant aux modèles
familiaux dans les cultures non occidentales ou les sociologues se pen-
chant sur les questions associées aux nouvelles structures familiales, le
concept de parentalité permet ainsi de mettre en avant la complexité et
la diversité des fonctions parentales et de différencier la parenté biolo-
gique de la parenté sociale. Le terme de parentalité peut ainsi se décli-
ner de différentes façons pour qualifier les multiples formes familiales :
homoparentalité, pluriparentalité (ou multiparentalité), parentalité adop-
tive, parentalité d’accueil, beau-parentalité, grand-parentalité…
Dans le champ juridique, le terme de parentalité tient peu de place
puisque le droit civil reconnaît uniquement le concept de parenté. Il est
parfois utilisé en référence à la fonction parentale, en particulier dans
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les questions de l’autorité parentale et des droits des parents. C’est


ainsi que « la dernière loi du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale
(…) consacre la notion de “ coparentalité ”, dont le principe était déjà
introduit par la loi du 8 janvier 1993 qui engage un exercice conjoint de
l’autorité parentale indépendamment du statut matrimonial des parents
(mariés, séparés, divorcés ou concubins) » (Boisson et Verjus, 2004).
Dans le champ de l’action politique et sociale, la parentalité est aussi
associée à la fonction parentale. Plus précisément, dans le dictionnaire
critique d’action sociale, « la parentalité apparaît comme un terme spé-
cifique du vocabulaire médico-psycho-social qui désigne de façon très
large “ la fonction d’être parent ” en y incluant à la fois les responsabi-
lités juridiques telles que la loi les définit, des responsabilités morales
telles que la socio-culture les impose et des responsabilités éducatives »
(Dictionnaire d’action sociale, 1995). Dans ce domaine, la question de
la parentalité s’inscrit principalement dans une logique d’interventions
visant à soutenir les familles et à protéger les intérêts des enfants. La
parentalité est ainsi appréhendée comme une fonction susceptible de
pré­senter un certain nombre de défaillances et qui nécessite alors d’être
soutenue ou restaurée.
Dans le domaine psycho-éducatif, le terme de parentalité renvoie
aux pratiques parentales mises en œuvre dans l’éducation des enfants et
prend donc une signification plus restreinte. Si dans les domaines pré-
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cédemment cités, le terme de parentalité semble référer davantage au
terme anglais « parenthood » qui renvoie de façon générale à la condi-
tion d’être parent, dans ce champ, il semble plutôt associé au terme
« parenting » qui concerne le soin et l’éducation d’un enfant (Collins,
2007) (Martin, 2004).

Différentes approches du soutien


à la parentalité
Nous avons vu que le concept de « parentalité » pouvait être défini diffé-
remment selon le domaine dans lequel il était utilisé. Nous allons main-
tenant nous intéresser plus spécifiquement à la question du « soutien à la
parentalité » et tenter de formaliser les différentes approches associées
à ce phénomène. Si, comme le concept de « parentalité », le problème du
« soutien à la parentalité » cache une diversité de conceptions, il semble
que cette diversité soit encore plus complexe. En effet, elle serait à la
fois fonction des domaines d’utilisation mais aussi étroitement liée aux
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Soutenir la parentalité
représentations de la parentalité, des problèmes et des solutions qui lui
sont associés. Ainsi, à partir de la littérature scientifique, des rapports
officiels et de la littérature grise, nous avons pu dégager quatre gran-
des approches du « soutien à la parentalité » qui se distinguent chacune
par leur façon de problématiser la question et d’apporter des solutions.
Ainsi pour chaque approche, nous dégagerons deux aspects :

a) Pourquoi soutenir la parentalité : les représentations de la parenta-


lité, les problèmes qui lui sont associés et les résultats escomptés en
soutenant la parentalité.
b) Comment soutenir la parentalité : les interventions mises en œuvre.

Cette réflexion portera spécifiquement sur les approches population­


nelles et non thérapeutiques de la parentalité. Ainsi, l’approche psycha-
nalytique ne sera pas approfondie. La clinique (psychanalytique) de la
parentalité s’inscrit davantage dans une prise en charge individuelle et
vise à traiter un certain nombre de troubles et dysfonctionnements de la
parentalité (troubles de l’élaboration narcissique déterminés par un état
psychotique ou limite ou provoqués par les remaniements psychiques au
cours de la grossesse ; troubles différés liés à une structure perverse ou
paranoïaque de la parentalité) (Bouregba, 2004).

L’approche répressive : rétablir l’ordre par un


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rappel à l’autorité
a) Pourquoi soutenir la parentalité
« Si discours politiques, émissions de télévision ou de radio, articles de
presse, s’emparent du thème, c’est pour stigmatiser l’effondrement du
rôle des parents dans la socialisation des enfants, ces enfants que l’on
traite de “ sauvageons ” et qui n’auraient pas reçu en héritage ces codes
culturels qui permettent de bien se tenir en société. Indéniablement, le
discours sur la parentalité est un discours d’ordre public » (Faget, 2001).
La question du soutien à la parentalité peut tout d’abord prendre
place au sein de « débats sécuritaires » (Boisson et Verjus, 2004 ; Martin,
2004) ou de « discours moralisateurs » (Kertudo, 2005) portés le plus
souvent par les hommes politiques et les médias. Elle serait le reflet
d’une « inquiétude politique » (Kertudo, 2005) générée par deux aspects :
les mutations familiales d’une part (augmentation du nombre de divor-
ces, de familles monoparentales, de familles recomposées, de naissances
hors mariages, de couples bi-actifs ; diminution du nombre de mariages,
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de la fécondité, de la fonction et du rôle du père…) et d’autre part, un


certain nombre de problèmes sociaux perçus comme en augmentation
(insé­curité, incivilités, délinquance, consommation de drogues, absen-
téisme…). Dans cette perspective, ces deux phénomènes apparaîtraient
comme deux problèmes liés entre eux de façon causale.
L’abandon de la structure familiale traditionnelle et les transforma­
tions qui en découlent auraient affecté les fonctions et compétences paren-
tales. Un grand nombre de parents ne seraient plus aptes à accomplir
leurs tâches ; ils se désengageraient par rapport à leurs enfants, seraient
devenus incompétents, irresponsables et démissionnaires (Jésu, 2004 ;
Kertudo, 2005 ; Martin, 2004). De par ces mutations sociétales, les fonc-
tions socialisatrices ne seraient donc plus assurées par les parents, ce qui
serait à l’origine de problèmes comportementaux chez les enfants. Ces
discours et représentations seraient largement véhiculés dans la sphère
politique quels que soient les partis d’appartenance. Il se retrouve par
exemple chez des personnalités de gauche comme S. Royal (Le Monde
du 28 février 2001) : « Les parents doivent reprendre une forme d’auto-
rité en réponse aux incivilités et aux conduites à risque des jeunes. Il faut
stopper le laisser-aller, la volonté de copinage avec les enfants, guidée,
souvent, par la mauvaise conscience des parents qui divorcent (…) ». Ce
rappel à l’autorité comme réponse aux problèmes de société est parfois
repris par certains universitaires : « Quand donc les parents cesseront-ils
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d’avoir peur de discipliner leurs enfants ? (…) N’ayons plus peur d’appe-
ler un chat un chat et “ sauvageon ” (c’est le seul mot juste) celui qui n’a
pas eu la chance de rencontrer l’interdit structurant qui le fera passer
de l’état sauvage à l’état humain » (C. Hadji, professeur de sciences de
l’éducation, Le Monde du 16 février 2002). Largement relayée par les
médias, cette approche façonne l’opinion publique. Par exemple, un son-
dage CSA/La Croix auprès de 1000 personnes réalisé en janvier 2000 en
population générale montre que 79% des personnes interrogées évoquent
le manque d’autorité comme facteur explicatif de la violence dans les
établissements scolaires (Kertudo, 2005). Ce discours qui met en avant
les idées d’irresponsabilité, de défaillance ou de démission des parents
comme facteurs explicatifs des problèmes de société et le renforcement
de l’autorité comme moyen pour les résorber semble davantage fondé
sur l’opinion que sur une analyse approfondie des phénomènes ou des
données scientifiques.
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Soutenir la parentalité
b) Comment soutenir la parentalité
Les interventions entreprises dans ce cadre s’appuient sur l’idée d’une
carence de l’autorité parentale. Mais c’est essentiellement par un rap-
pel à l’autorité, en général, qu’elles prennent forme. Le rappel de l’auto-
rité parentale passe par un rappel de l’autorité de l’Etat. Les mesures
sont donc essentiellement répressives et visent à sanctionner les parents
considérés comme responsables et défaillants.
En France, les sanctions peuvent tout d’abord porter sur la suspen-
sion, la suppression ou la mise sous tutelle des prestations familiales.
Cette mesure n’est pas récente puisqu’elle apparaît dès les années 1960
(Ordonnance du 6 janvier 1959 et décret d’application du 18 février 1966)
à l’encontre de parents d’enfants manifestant un absentéisme scolaire
prolongé. Jugée peu efficace et excessive, cette disposition a été abrogée
par la loi Jacob du 2 janvier 2004. Elle a été remplacée par une amende
de 750 euros pour les parents qui ne prennent pas les mesures nécessaires
pour lutter contre l’absentéisme de leur enfant. Parallèlement, la loi du
18 octobre 1966, en vigueur, permet au juge pour enfants d’ordonner
une mise sous tutelle des prestations familiales lorsque l’enfant est élevé
dans de piètres conditions d’alimentation, de logement et d’hygiène ou
lorsque les allocations ne sont pas dépensées dans son intérêt. La sus-
pension des prestations familiales pour absentéisme scolaire est réap-
parue en 2006 à travers la mise en œuvre du « contrat de responsabi-
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lité parentale » (CRP) (loi du 31 mai 2006). Ce contrat, d’une durée de
6 mois renouvelable une fois, est proposé aux familles par le Président
du Conseil général lorsqu’un enfant manifeste un absentéisme scolaire
important, lorsqu’il trouble le fonctionnement d’un établissement scolaire
ou pour « toute autre difficulté liée à une carence de l’autorité paren-
tale ». En 2002, des « stages de soutien à la parentalité » ont aussi été
mis en place pour tenter de renforcer la « responsabilisation » et l’auto-
rité parentale. La circulaire de politique pénale du 13 décembre 2002
précise que « le stage parental doit permettre une action efficace et har-
monisée des différents intervenants en considérant que, si le cadre légal
du dit stage est répressif, la démarche est, quant à elle, éducative ». La note
D.P.J.J. du 4 février 2005 ajoute par ailleurs que : « Les stages parentaux
(…) s’inscrivent dans le champ de l’obligation et du contrôle fixés par
l’autorité judiciaire pour contraindre les parents à entendre et prendre
conscience du rôle de protection et d’éducation qu’ils doivent exercer
à l’égard de leur progéniture. » Un certain nombre de situations (pro-
posées de façon indicative et non restrictive) peuvent donner lieu à un
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tel stage : parents de mineurs primo-délinquants de très jeune âge ; cas


lourds d’absentéisme scolaire ; parents réticents à toutes mesures éduca­
tives ; parents refusant de venir chercher leurs enfants impliqués dans une
procédure, après de multiples faits ; parents qui tirent profit de l’activité
délinquantielle de leurs enfants. En termes d’intervention, ce stage s’arti­
cule en deux temps : une étape d’information collective sur les droits et
devoirs des parents (réalisée par des représentants du ministère public,
de l’éducation nationale, de la police ou la gendarmerie et de la PJJ) et
une étape de suivi individualisé qui n’excède pas trois mois et qui vise
à contrôler et vérifier si les parents entreprennent des démarches pour
l’éducation de leurs enfants, respectent les obligations qui leur ont été for­
mulées, répondent aux convocations, participent aux réunions d’infor-
mation (réalisées par des travailleurs sociaux).

Approche(s) sociale(s) : soutenir une parentalité


en difficulté, prévenir les problèmes sociaux par
l’écoute et le renforcement des liens
a) Pourquoi soutenir la parentalité
Au sein de cette approche, plusieurs conceptions de la parentalité peu-
vent se retrouver, conceptions qui d’ailleurs ne sont pas mutuellement
exclusives. Il est tout d’abord possible de distinguer une réflexion rela-
tivement récente menée sur la parentalité de façon généraliste et qui
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porte sur les rôles, fonctions et pratiques des parents dans notre société.
Elle complète une réflexion plus ancienne ciblant les familles en prise
avec différents problèmes psychosociaux (maltraitance, délinquance…).
L’approche généraliste de la parentalité est, elle-même, portée par
deux tendances. La première tendance peut se rapprocher de celle décrite
dans l’approche répressive présentée ci-dessus. On y retrouve les mêmes
préoccupations et les mêmes représentations de la parentalité. « L’exer-
cice de la parentalité devient aujourd’hui de plus en plus difficile notam-
ment pour les jeunes couples, les familles monoparentales, les familles
recomposées, les familles issues de l’immigration. Différents facteurs
sont à l’origine de cette situation : les modifications des relations inter-
générationnelles, le développement du travail à temps plein ou atypique
des mères hors du foyer familial, la précarité de l’emploi, les difficultés
de logement, les conflits conjugaux, l’évolution des mentalités et des
représentations surtout » (Conférence de la famille, 1998). L’évolution
des structures familiales et des modes de vie apparaissent comme à l’ori-
gine « d’une crise de la parentalité » qui serait généralisée (Hermange,
39

Soutenir la parentalité
2002 ; Panafieu, 2002 ; Roussille, 2004). Pour faire face à cette « crise »,
« il convient donc d’aider les parents, et plus particulièrement les pères,
à assurer leur rôle parental et notamment la fonction d’autorité qui lui
est attachée » (Conférence de la famille, 1998). C’est dans cette perspec-
tive et lors de la Conférence de la famille en 1998 qu’apparaît le projet
politique de soutenir la parentalité de façon généraliste. « Il faudrait être
attentif à soutenir la parentalité et les liens familiaux lorsqu’ils sont fra-
gilisés par des situations aussi diverses que le chômage, l’hospitalisation,
l’incarcération de l’un des parents ou par les comportements à risque de
l’un des enfants (fugue, ruptures scolaires, tentatives de suicide, toxico­
manie, etc). » « Il faudrait aussi développer des lieux favorisant l’appren­
tissage de la parentalité : lieux d’accueil parents-enfants, groupes d’ex-
pression, établissements d’information, de consultation et de conseil
conjugal, etc.) (Conférence de la famille, 1998). Si cette représentation
de la parentalité « en crise » est bien partagée avec l’approche répres-
sive et si des liens sont aussi établis entre les problèmes de parentalité
et différents problèmes sociétaux (Roussille, 2004), l’approche sociale
se distingue de l’approche répressive dans ses modalités d’intervention.
A ces parents qui sont considérés en difficulté plus que « coupables », il
est proposé de l’aide et du soutien plus que des sanctions et un rappel à
l’autorité.
Mais l’approche généraliste de la parentalité est aussi portée par une
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autre tendance, provenant, cette fois, de la diffusion et de l’assimilation
des savoirs psychologiques dans la pensée commune. Depuis la fin de
la guerre et particulièrement au cours des années 1970, les recherches
psychologiques et psychanalytiques sur l’enfant et le bébé se sont large-
ment développées. La vulgarisation et la diffusion de ces connaissances
ont contribué à modifier les représentations associées à l’enfant et à la
fonction parentale. « Le bébé est devenu une personne » (Martino, 1985),
doué de compétences multiples (Brazelton, 1982 ; Cramer, 1989) ; l’enfant,
un individu à part entière qui mérite attention, écoute et respect. Les
enfants depuis leur plus jeune âge ont des besoins qu’il s’agit de pren-
dre en considération afin de favoriser un développement optimal de la
personne à tous les niveaux : physique, cognitif, affectif et social. Ce pro-
cessus de croissance passe par un attachement sain (secure) à la figure
parentale (Bowlby, 1969) et par des interactions parent-enfant de qua-
lité (Brazelton et Cramer, 1991 ; Stern, 1977). Ainsi, le rôle des parents
dans le développement de l’enfant devient central. Ils doivent pouvoir
répondre de façon adéquate aux besoins de l’enfant et l’accompagner
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à tous les stades de son évolution. Cette tâche éducative apparaît alors
aussi déterminante que complexe. « Les fonctions parentales sont de
moins en moins considérées comme un “ don ” ; elles sont, au contraire,
inscrites dans une perspective dynamique d’acquisition de compétences
et d’une capacité à “ être parent ” (…) », ainsi « l’idée que, normalement,
la prise en charge de l’enfant n’est pas évidente pour le parent, participe
de plus en plus du sens commun » (Boisson et Verjus, 2004). Cette appro-
che correspond à une véritable rupture ; la parentalité apparaît comme
un processus qui se développe et implique des compétences à acquérir.
Aujourd’hui, il n’est plus question d’élever un enfant, en mettant en
œuvre des « savoir-faire naturels » mais de l’éduquer en mobilisant et
développant des compétences multiples. Conscient de l’importance et
de la difficulté de cette tâche, les parents deviennent demandeurs d’aide
et de conseils. C’est dans cette perspective que le concept de « soutien à
la parentalité » trouve toute sa légitimité.
Cette évolution des représentations de l’enfant et du parent se retrouve
aussi parmi les professionnels en charge de publics à risque. Ainsi, la valo­
risation de la parentalité apparaît comme le reflet d’importantes trans-
formations dans les modalités d’interventions sociales. La compréhen-
sion des phénomènes de maltraitance et de délinquance a profondément
évolué ces 50 dernières années. Une première rupture apparait dans les
années 1950-1960, lorsque l’enfant délinquant ou maltraité cesse d’être
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considéré comme coupable. Il n’est plus appréhendé comme « un pervers
né » ou un enfant qui aurait mérité les corrections de son père (seul juge),
mais comme un enfant victime d’un milieu sociofamilial défaillant. Cet
enfant en souffrance n’est plus à corriger ou à punir mais doit être aidé
et protégé de sa famille (Boisson et Verjus, 2005). L’action sociale met
alors en place une politique de protection qui passe souvent par un
éloignement du milieu familial pathogène. Mais petit à petit, l’idée et
le constat que la prise en charge institutionnelle n’est pas aussi satisfai-
sante qu’espérée et que la rupture du lien parent-enfant pose problème
se développent (Boisson et Verjus, 2004). On prend conscience de la
force du lien familial, de la spécificité de la relation parent-enfant et du
risque que représente une telle séparation. Après la prise en compte de
la dangerosité potentielle du milieu familial, on en vient à reconnaître
ses richesses et ses compétences (Kertudo, 2005). Dans le même temps,
la souffrance des parents qui se trouvent en difficulté dans leur relation
commence à être reconnue. Ce n’est plus seulement l’enfant qui est en
souffrance et qui doit être aidé mais toute la famille qui est en difficulté,
41

Soutenir la parentalité
en prise avec de nombreux problèmes socio-économiques, familiaux et
psychologiques. « La figure du parent “ souffrant ” vient contrebalancer
la figure d’un parent “ coupable ” portant avec elle une politique d’action
fondée sur la prévention et la réhabilitation de l’enfant et du parent. Un
nouveau regard est donc porté sur les parents, donnant lieu à de nouvel-
les modalités d’intervention. L’idée de “ familles compétentes ” qui est
mise en avant vient pondérer l’idée de “ familles dysfonctionnelles ” »
(Ausloos, 1995). « C’est aux besoins et aux difficultés des parents que
désormais, et sans exclure ceux des enfants, l’on s’intéresse aussi en ce
début du XXIe siècle. Cette considération nouvelle pour la condition
parentale participe sans doute d’une démarche intellectuelle et éthique
novatrice ; elle repose aussi sur des motifs stratégiques, c’est-à-dire la
recherche d’une protection de l’enfance et d’une action sociale à voca-
tion familiale plus efficace » (Boisson et Verjus, 2004).
Que ce soit dans le cadre d’une approche généraliste qui fait face à
une parentalité « en crise » ou en questionnement, ou bien dans le cadre
de nouvelles formes d’actions sociales, les politiques, les travailleurs
sociaux et les parents mettent en avant l’importance de la parentalité et
cherchent à développer des dispositifs pouvant la soutenir.

b) Comment soutenir la parentalité


En France, les Réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des
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Parents (REAAP) représentent « une des composantes essentielles
de la politique de soutien à la parentalité » (Panafieu, 2004). Annoncé
à l’occa­sion de la Conférence de la famille en 1998, le dispositif des
REAPP a été créé en 1999 par le premier délégué interministériel à la
famille (P.L. Rémy) et ses collaborateurs de l’Union nationale des asso-
ciations familiales (UNAF). Il « a pour finalité de soutenir les parents
dans leur rôle éducatif en s’appuyant sur la mise en réseau des interve-
nants divers travaillant sur ce sujet ». « Il s’agit d’un programme intermi-
nistériel qui concerne 11 entités administratives et 5 ministères : solida-
rité et emploi (DGAS, DPM), Education Nationale (DESCO, Direction
de la jeunesse), justice, ministère délégué de la famille (DIF), ministère
délégué à la Parité et à l’égalité professionnelle, une autre délégation
inter­ministérielle (DIV) et deux établissements publics (CNAF et
FASILD) (Roussille, 2004). Le comité de pilotage national des REAAP
présidé par le délégué interministériel à la famille a élaboré une charte
fixant les missions, les principes d’actions et d’animation. Cette “ Charte
des initiatives pour l’écoute, l’appui et l’accompagnement des parents ”
42
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

s’articule autour de plusieurs axes : “ valoriser prioritairement les rôles


et les compétences des parents : responsabilité et autorité, confiance en
soi, transmission de l’histoire familiale, élaboration de repères, protec-
tion et développement de l’enfant… ”, “ veiller à la prise en compte de
la diversité des structures familiales (…) ”, “ favoriser la relation entre
parents (…) ”, favoriser “ l’animation et la mise en réseau de tout ce qui
contribue à conforter les familles dans leur rôle structurant vis-à-vis de
leurs enfants ”, créer un mouvement et inscrire les projets dans la durée »
(Roussille, 2004). Au niveau départemental les REAAP sont représentés
par des comités pilotés par la DDASS et regroupent les services de l’Etat
(DDASS, Education Nationale, DDPJJ), la CAF, les services du dépar-
tement et des villes et des associations. Le dispositif des REAAP repré-
sente un budget annuel d’Etat (DGAS) de 9,6 millions d’euros stable
depuis 1999 auquel s’ajoutent des cofinancements provenant principa-
lement des collectivités locales et de la CAF (Roussille, 2004). En 2002,
environ 3000 actions étaient financées dans ce cadre, touchant environ
130 000 à 200 000 familles majoritairement en difficulté (enquête menée
par la DIF) (Roussille, 2004). 70% des actions concernaient les parents
uniquement et prenaient la forme de groupe de parole, groupe d’activi-
tés, lieu d’écoute et de parole, permanence téléphonique, lieu d’informa-
tion et accès aux droits, forums, conférences-débats… Les autres inter-
ventions proposées dans le cadre des REAAP impliquent les parents et
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les enfants : accueil parent-enfant, groupe d’activités, vacances ou sorties
en famille…
De façon générale « les services aux familles et à la parentalité
occupent une place de plus en plus importante dans la politique fami-
liale française » (De Panafieu, 2002). Dans ce domaine, il est possible
de distinguer deux grands types de services proposés aux familles : ceux
qui favorisent la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle
(garde d’enfants, activités de loisirs) et ceux qui proposent un soutien
à la parentalité (De Panafieu, 2002 ). Les actions qui s’inscrivent dans
le champ du soutien à la parentalité sont relativement diverses tant au
niveau des acteurs impliqués qu’au niveau des modalités d’intervention :

• « De très nombreux acteurs y participent : ministère de la famille, cais-


ses d’allocations familiales (CAF), caisses de MSA, centres commu-
naux d’action sociale (CCAS), conseils généraux, mairies, écoles, asso-
ciations parmi lesquelles les associations familiales, les associations
de professionnels de l’aide aux familles….
43

Soutenir la parentalité
• De nombreuses actions sont menées en direction des familles : réseaux
d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, accompagne-
ment à la scolarité, médiation familiale, aide aux familles à domi-
cile, parrainage, lieux d’accueil pour l’exercice du droit de visite,
lieux d’accueil enfants-parents, conférences, groupes de parole, mai-
sons des parents, services téléphoniques, consultations… De plus,
ces actions sont menées dans des cadres d’intervention différents
(volontariat, injonction du juge…).

• Les acteurs intervenant auprès des familles n’ont pas tous la même
vocation (professionnels, bénévoles, parents…) » (De Panafieu, 2002).

Ces interventions peuvent cibler des publics en difficulté (violence,


précarité, échec scolaire, délinquance, divorce, famille monoparentale…)
mais peuvent aussi être ouvertes à tout parent en demande de soutien,
d’écoute ou de conseil.
A côté des actions relevant du dispositif des REAAP, il est possible
de distinguer différentes formes d’intervention pouvant être rattachées
à des activités de soutien à la parentalité (De Panafieu, 2002) :

• Le conseil conjugal et familial vise à soutenir les parents en prise


avec des problèmes conjugaux, parentaux ou familiaux par une écoute,
des conseils et de l’information à l’aide d’entretiens individuels ou
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d’animation de groupes. Les conseillers conjugaux et familiaux sont
présents dans différents types d’établissement : des établissements
d’information, de consultation ou de conseil familial, des centres de
planification ou d’éducation familiale (CPEF), des centres hospita-
liers, des centres de PMI, des associations…

• La médiation familiale vise à résoudre de façon pacifique des situa-


tions conflictuelles (telles qu’un divorce) en favorisant l’échange et
la communication entre les personnes en désaccord par la présence
d’un médiateur.

• L’aide aux familles à domicile, en particulier les techniciens de l’in-


tervention sociale et familiale (diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie
sociale créé en 2002) accompagnent les familles vers la résolution de
leurs problèmes et les aident à faire face à une situation momenta-
nément perturbée. L’intervention de ces professionnels permet une
présence régulière au domicile de la famille et un suivi continu de
celle-ci.
44
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

• Les lieux d’accueil pour l’exercice du droit de visite permettent de


maintenir le lien entre l’enfant et ses deux parents après une sépara-
tion dans un contexte problématique (violence familiale, incarcéra-
tion d’un parent, maladie mentale…).

• Le parrainage vient en appui à la parentalité et offre à l’enfant une


relation affective privilégiée avec un adulte accueillant, disponible et
soutenant.

Approche sociologique : une réflexion et un regard


critique sur les approches de soutien à la
parentalité
a) Pourquoi soutenir la parentalité
Les réflexions sociologiques sur la problématique du soutien à la paren-
talité se présentent essentiellement comme une critique des thèses et
approches proposées par les acteurs ayant investi le champ. Elles passent
par une déconstruction des arguments et postulats avancés et une mise
en avant d’explications alternatives. La thèse des « parents démission-
naires » et de « la parentalité en crise » est largement remise en cause.
L’évolution des configurations familiales est constatée mais n’est pas
pointée comme facteur explicatif des maux de la société. Comme le fai-
sait déjà remarquer Durkheim en 1975, « la famille d’aujourd’hui n’est
ni plus ni moins parfaite que celle de jadis : elle est autre, parce que les
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milieux où elle vit sont plus complexes ; voilà tout ». « L’autorité indé-
fectible du père et l’encadrement quotidien et la disponibilité sans faille
d’une mère toujours présente auprès de l’enfant » (Martin, 2004) sont
des configurations de l’exercice de la parentalité qui sont passées et qui
ne peuvent être réactualisées. Les liens entre la modification de la struc-
ture familiale et un certain nombre de problèmes psychosociaux sont
aussi réfutés. Il est rappelé que les facteurs socio-économiques sont par-
ticulièrement associés aux phénomènes tels que la délinquance et que
« si la famille joue un rôle, c’est le climat familial (et non la structure)
qui est déterminant » (Mucchielli, 2000).
Plusieurs thèses sont avancées pour tenter d’expliquer l’intérêt des
pouvoirs publics « pour la parentalité ». Pour certains sociologues tels
que de Singly ou Furedi, cette focalisation sur la parentalité permettrait
de déplacer les responsabilités des pouvoirs publics vers les parents. Les
problèmes de société trouveraient leur cause au sein de la sphère privée
dédouanant ainsi les décideurs. De même, les solutions à ces problèmes
45

Soutenir la parentalité
ne seraient plus de la responsabilité de l’Etat. « Il y a une forte tendance
opportuniste derrière la politisation du rôle des parents. Face à de nom-
breux problèmes sociaux, il est bien plus onéreux d’améliorer la qualité
de l’éducation, du système de santé et des services sociaux que d’exhor-
ter les parents à passer plus de temps à faire la lecture à leurs enfants,
à les câliner ou à les nourrir au sein (…). Le parent comme outil de la
politique sociale risque d’être très inefficace, mais il a le mérite d’être
très bon marché. » (Furedi, in Kertudo, 2005). Pour d’autre, la diffusion
et l’assimilation des savoirs psychologiques est interprétée comme « une
psychologisation de la société » et une propagation d’une « vulgate psy »
(Castel, 1981, in Martin, 2004). Ce phénomène serait à l’origine d’une
modification des normes éducatives et une inflation des exigences vis-
à-vis des parents. Pour Falconnet et Vergnory (2001), « la vulgarisation
médiatique d’une psychologie péremptoire a accentué les sentiments de
culpabilité et d’incompétence éprouvés par les parents ». Les apports de
la psychologie seraient perçus comme des contraintes mettant en défaut
les parents. Ces derniers, se sentant disqualifiés et incapables d’atteindre
les idéaux qui leur seraient imposés, auraient tendance à se replier sur
eux-mêmes et à ne plus pouvoir agir (Kertudo, 2005). Ainsi pour Martin
(2004), « une réflexion sur la parentalité ne peut se limiter à évoquer
des principes et des normes ». « Le problème est plus complexe. Il s’agit
d’abord d’un problème de diagnostic : celui consistant à mieux com-
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prendre la manière dont les parents sont parvenus ou non à élaborer
un sentiment de compétence et de responsabilité parentale, au cours de
leur trajectoire. » Il s’agit ainsi de mener une réflexion sur les conditions
concrètes d’exercice de la parentalité qui prenne en compte les diffé-
rentes contraintes quotidiennes auxquelles sont confrontés les parents
(conciliation avec la vie professionnelle, conditions socio-économiques,
structures familiales, exercice de l’autorité parentale, répartition des
tâches quotidiennes …)

b) Comment soutenir la parentalité


Les interventions mises en œuvre par les politiques publiques dans le
cadre du soutien à la parentalité sont largement contestées tout comme
l’était leur fondement. Les expressions utilisées par certains sociologues
pour qualifier les actions de soutien à la parentalité ne se font pas tou-
jours dans la mesure. Pour Faget, il s’agirait d’une nouvelle « police des
familles », d’un passage « d’un contrôle imposé à un contrôle négocié »
(Kertudo, 2005). Pour Kertudo (2005), « l’apparente neutralité des inter-
46
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

venants et leur distance professionnelle, les valeurs de respect des per-


sonnes recouvrent ainsi une nouvelle forme de contrôle de la vie fami-
liale, disons une normalisation plus douce, un “ supplice moins amer ”,
pour reprendre l’expression de Michel Foucault à propos de l’évolu-
tion de la sanction pénale. » Ces critiques sont essentiellement dirigées
vers les pouvoirs publics qui sont accusés « à travers la mise en place de
multiples actions regroupées sous l’appellation unificatrice de “ soutien
à la parentalité ”, (de) moins soutenir les parents (que d’imposer) une
certaine normalité de l’être parent, afin d’orienter la société dans son
ensemble dans le sens qu’ils souhaitent lui voir prendre, au niveau de ses
modèles, valeurs, idéaux, représentations. » La présence de normes et de
valeurs est associée à une volonté de contrôle social ; toute intervention
qui devient alors suspectée de s’inscrire dans cette perspective est ainsi
réprouvée. L’intervention prônée par les sociologues paraît ainsi se rap-
procher « de l’idéale neutralité ». L’idée d’intervenir en se fondant sur
« une représentation de la bonne parentalité », « un cadre de référence »,
« un modèle de la parentalité » et « de modifier un état préexistant » par
un processus d’influence est largement critiquée (Martin, 2004 ; Kertudo,
2005). En revanche, une certaine primauté aux perspectives des parents
semble se dégager : « plutôt que de parler de cette parentalité, telle que
l’on voudrait qu’elle soit, il nous semble qu’un travail sociologique pour-
rait plutôt réfléchir à la manière dont les parents définissent eux-mêmes
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leur rôle et construisent progressivement un sentiment de compétence
ou de responsabilité parentale. Prendre au sérieux le point de vue des
parents, plutôt que décliner ce qu’ils devraient être ou faire » (Martin,
2004). Cependant en termes d’intervention concrète, aucune alterna-
tive ne semble réellement proposée par les sociologues. Se pose alors
la question d’une conciliation possible entre cette volonté de neutralité
(posée en principe) et la volonté de changement (et donc d’influence)
contenue dans toute intervention.

Approche psycho-éducative : prévenir les


problèmes psycho-sociaux et promouvoir la
santé (mentale) par l’apprentissage de nouvelles
pratiques éducatives
a) Pourquoi soutenir la parentalité
L’approche psycho-éducative de la parentalité s’appuie sur les résultats
de recherche accumulés ces 30 dernières années dans les domaines de
la psychologie et psychopathologie du développement, la neuropsycho-
47

Soutenir la parentalité
logie, l’épidémiologie et la recherche évaluative. L’influence de la qua-
lité des interactions parent-enfant sur le développement social, cogni-
tif et émotionnel de l’enfant a été démontrée par de nombreux travaux
(Bornstein et Tamis-LeMonda, 1989 ; Brooks 2005 ; Coie et Dodge, 1998 ;
Landry, Smith, Swank, 2003 ; Maccoby et Martin, 1983 ; Grusec et Good-
now, 1994). Les premières années de vie et les expériences relationnelles
précoces déterminent particulièrement le fonctionnement ultérieur de
l’enfant. « Plusieurs recherches récentes en neurophysiologie soulignent
l’importance des soins parentaux sur le développement du cerveau de
l’enfant au cours des premières années de vie » (Desjardins, et al., 2005).
Ainsi, les mécanismes physiologiques, comportementaux et psycho-
logiques qui se construisent durant les premières années et orientent
l’enfant toute sa vie sont largement dépendants de la qualité des soins
parentaux et des interactions parent-enfant (Landry, Smith, Swank, 2003 ;
Steinhauer, 1997).
De nombreuses études mettent en évidence l’impact des pratiques
parentales (parenting) sur le développement de l’enfant et plusieurs auteurs
considèrent la parentalité comme un des principaux déterminants de la
santé physique et mentale (Hoghughui, 1998, 2004 ; Poole, 2003 ; Stewart-
Brown, 2008). Les pratiques parentales sont ainsi associées à un nom-
bre important de troubles psychiques (trouble oppositionnel, trouble
des conduites, addictions, problèmes de comportements alimentaires),
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de troubles physiques (obésité, accidents, problèmes cardio-vasculaires,
troubles musculo-squelettiques) et de problèmes sociaux (délinquance,
criminalité, toxicomanie, comportements antisociaux, absentéisme sco-
laire, échec scolaire, maltraitance, grossesse adolescente) (Hoghughui,
1998, 2004 ; Poole, 2003 ; Stewart-Brown, 2008). Les relations parenta-
les jouent aussi un rôle protecteur essentiel durant l’adolescence. La
National Longitudinal Adolescent Healthy Study menée aux Etats-Unis
montre que « l’influence des pairs est la raison principale pour initier
des comportements problématiques, alors qu’un environnement familial
positif (par exemple : liens affectifs, supervision parentale, valeurs fami-
liales prosociales) est la raison majeure pour que les jeunes ne s’enga-
gent pas dans des comportements à risque tels que l’abus de drogues,
la délinquance et les pratiques sexuelles à risque » (Kumfler et Fowler,
2007). Les attitudes et pratiques parentales positives (accordage affec-
tif et chaleur (Teti et Gelfand, 1991), empathie et capacité à répondre
adéquatement (Stifter et Bono, 1998), instructions maternelles de qua-
lité (Supplee, et al., 2004), supervision, fréquentes activités en commun,
48
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

organisation du temps de l’enfant et discipline constructive (Gardner, et


al., 2003) sont des facteurs protecteurs des troubles de comportements
chez l’enfant et l’adolescent (Hutchings et Lane, 2005 ; Lamborn, et al.,
1991 ; Petit et Bates, 1989) et sont corrélées à une meilleure estime de
soi, de meilleurs résultats scolaires, de plus grandes compétences socia-
les et un plus faible niveau d’anxiété et de dépression (Holmbeck, et al.,
1995 ; Patterson, 1989).
Ainsi certaines pratiques parentales représentent des facteurs protec-
teurs essentiels et ce, d’autant plus en fonction des différentes périodes
du développement (Stewart-Brown, 2008). L’accordage affectif, l’empa­
thie, la sensibilité, l’écoute des besoins et la capacité à y répondre
adéquatement (sensitivity, attunement, containment, responsive paren-
ting) seraient des attitudes particulièrement déterminantes durant la
petite enfance (Bradley, et al., 1988 ; Eshel, et al., 2006 ; Landry, Smith,
Swank 2003 ; Olson, et al., 1984 ; Stewart-Brown, 2008 ; Wakschlage et
Hans, 1999). Elles influenceraient en grande partie le type d’attache-
ment développé par l’enfant et auraient donc un impact important sur
le développement futur de l’enfant (Moss, et al., 1998 ; Desjardins, et al.,
2005). La régulation des comportements, une discipline constructive et
des renforcements positifs joueraient un rôle crucial durant l’enfance
(Stewart-Brown, 2008). La supervision (parental monitoring, supervi-
sion) aurait particulièrement de l’impact durant l’adolescence (DeVore
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et Ginsburg, 2005 ; Stewart-Brown, 2008). A tous les âges, les pratiques
parentales protectrices impliqueraient de la chaleur, un soutien affectif,
une absence d’hostilité ou de rejet, la capacité de résolution de problè-
mes et de conflits et un niveau de contrôle approprié (Stewart-Brown,
2008). Ces comportements protecteurs qui permettent de réduire des pro-
blèmes de comportements et sont indépendants des autres facteurs de
risque (Gardner, Lane, Hutchings, 2004) peuvent devenir une cible pri-
vilégiée d’intervention (Hutchings et Lage, 2005).
Un grand nombre de revues de littérature et de méta-analyses ont
démontré l’efficacité des programmes de soutien à la parentalité (paren-
ting programmes) (Kaminski, et al., 2008 ; Lundahl, et al., 2006 ; Petrie,
et al., 2007 ; Reyno et McGrath, 2006). Ces programmes permettent de
réduire un nombre important de problèmes affectifs et comportemen-
taux chez les jeunes (Barlow, 1997 ; Barlow, Parsons, 2003 ; Dimond et
Hyde, 1999 ; Richardson et Joughin, 2002 ; Sanders, 1999), d’améliorer la
santé psychosociale des mères en diminuant en particulier leur niveau
d’anxiété et de dépression et en augmentant leur estime de soi (Barlow, et
49

Soutenir la parentalité
al., 2002 ; Barlow, Coren, 2003 ; Sanders, Wooley, 2005), de limiter les prati-
ques parentales problématiques (discipline coercitive, relations conflic-
tuelles…) (Kaminski, et al., 2008 ; Sanders, Wooley, 2005) et d’accroître
le sentiment d’efficacité parentale (parenting self-efficacy, maternal
confidence) (Sanders, Wooley, 2005 ; Sanders, 1999 ; Rutledge et Pridham,
1987 ; Tucker, et al., 1998). Une meta-analyse portant sur les composan-
tes des programmes a permis d’isoler les modalités d’intervention favo-
risant l’efficacité (Kaminski, et al., 2008). Deux des stratégies les plus
efficaces visent à améliorer les interactions parent-enfant. La première
concerne l’apprentissage d’habiletés de communication affective (parents
emotional commmunication) en formant les parents à l’écoute empathi-
que ou écoute active, à la régulation des émotions de leurs enfants et à la
communication positive excluant les critiques et le sarcasme. La seconde
stratégie porte sur la mise en place d’interactions positives entre parent
et enfant en dehors des situations de conflit en démontrant de l’enthou-
siasme et de l’attention positive pour renforcer les comportements appro-
priés de l’enfant, en s’adaptant à l’enfant et le laissant mener l’interac-
tion pendant les périodes de jeux, en proposant des activités récréatives
appropriées. Une des stratégies efficaces concerne la discipline. Il s’agit
d’apprendre aux parents à avoir recours aux pratiques de temps mort
(time-out) et à mettre en œuvre une discipline cohérente qui mobilise
les mêmes attitudes parentales face aux mêmes comportements problé-
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matiques de l’enfant. Enfin, les interventions qui impliquent une prati-
que in vivo avec son propre enfant se révèlent aussi plus efficaces. Les
stratégies visant à transmettre des connaissances sur le développement
de l’enfant ne se sont pas révélées efficaces quand elles sont utilisées de
façon isolée. Cependant, la transmission de connaissances sur le dévelop­
pement est possiblement intégrée aux autres composantes efficaces mais
de façon opérationnelle ; les notions développementales sont traduites en
comportements concrets et mises en relation avec des pratiques paren-
tales adaptées (Kaminski, et al., 2008).

b) Comment soutenir la parentalité


Dans le cadre de cette approche, les interventions visant à soutenir la
parentalité se présentent sous la forme de programmes (parenting pro-
grammes). Il s’agit d’interventions structurées de court ou moyen terme
qui aident les parents à faire face au développement émotionnel et com-
portemental de leurs enfants et visent à améliorer les pratiques parenta-
les et le fonctionnement familial en favorisant la communication parent-
50
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

enfant, et l’acquisition de nouvelles habiletés parentales (Barlow, et al.,


2005 ; Kaminski, et al., 2008 ; Kane, Wood, Barlow, 2007 ; Petrie, et al.,
2007). Les programmes de soutien à la parentaltié peuvent varier selon
différentes dimensions (Barlow, et al., 2005 ; Kaminski, et al., 2008) :

• Les approches théoriques sur lesquelles ils se fondent : approche com-


portementale, approche systémique, approche humaniste, approche
adlérienne…
• Les dimensions de la parentalité visées : la communication parent-
enfant, la discipline, la résolution de problème, le sentiment d’effica-
cité parentale…
• Les techniques pédagogiques : jeux de rôle, mises en situation, trans-
mission de connaissances, groupe de discussion, devoirs…
• Le lieu d’intervention : domicile des parents, école, locaux commu-
nautaires, lieux de soins…
• Les publics ciblés : jeunes avec des problèmes, parents à risque, popu-
lation générale…

Parmi les programmes validés par des études d’efficacité standardi-


sées et ayant des résultats à long terme, trois types d’intervention sem-
blent se dessiner (Hutchings, et al., 2004) : les interventions précoces
fondées sur des visites à domicile, les programmes de prévention dont
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le soutien à la parentalité représente une composante, les programmes
multidimensionnels centrés exclusivement sur le soutien à la parentalité.
Dans le cadre d’interventions fondées sur des visites à domicile,
un professionnel se rend au domicile de l’enfant et peut proposer un
soutien, de l’éducation à la santé, une formation aux habiletés parenta-
les, du counselling. Ce type de programme cible les familles d’enfant en
base âge (de la grossesse à 3 ans) et s’adresse généralement aux popu-
lations à risque (jeunes mères, milieux socio-économiques défavorisés,
mères souffrant de toxicomanie…). « Les visites à domicile, avec ou
sans programme éducatif précoce pour l’enfant, ont démontré des effets
à long terme sur la manifestation de conduites agressives, les activités
de délinquance et des facteurs de risque dans de nombreuses études »
(Department of Health and Human Services – US, 2001). Il semblerait,
cependant, que l’efficacité de cette stratégie de prévention soit dépen-
dante de la durée de l’intervention, du type de professionnel impliqué
et du moment de l’implantation. Les programmes s’étalant sur plusieurs
51

Soutenir la parentalité
années, faisant appel à des infirmières et commençant très tôt au cours
du développement de l’enfant seraient les plus efficaces (Department of
Health and Human Services – US, 2001).
Le programme de visites à domicile validé le plus célèbre est l’Elmira
Home Visitation Study (Olds, et al., 1997 ; Olds, et al., 1998). Au cours des
visites réalisées par des infirmières, trois thématiques principales sont
abordées avec la mère : les comportements sanitaires positifs durant la
grossesse et pendant les premières années de l’enfant, les soins adap-
tés à l’enfant, le développement personnel de la mère (planning familial,
retour aux études, participation à des groupes de travail). Les infirmières
facilitent aussi le lien avec les services de santé et les organismes sociaux
et tentent d’impliquer des membres de la famille ou des amis autour de
la grossesse et de la venue de l’enfant. Dans l’Elmira programme, 9 visi-
tes en moyenne étaient réalisées pendant la grossesse, et 23 de la nais-
sance aux deux ans de l’enfant. Ce programme a été mis en place dans
l’état de New York et proposé à 116 femmes âgées de moins 19 ans, non
mariées et d’un niveau socio-culturel faible. Une évaluation sur 15 ans
après l’intervention a permis de mettre en évidence des résultats inté-
ressants aussi bien au niveau de la mère que du jeune. Comparativement
aux mères ayant eu un suivi classique, on observe moins de maltraitance
et de négligence, moins de consommation d’alcool et de drogues, moins
de nouvelles grossesses et moins de grossesses prématurées, moins d’aides
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sociales et moins de comportements antisociaux (arrestations, prisons…)
chez les femmes ayant bénéficié du programme Elmira. En outre, les
enfants de ces mères présentent également moins de comportements
antisociaux (moins d’arrestations, moins de condamnations, moins de
fugues) et moins de consommation d’alcool et de tabac (Olds, 1998). Le
programme Elmira a ensuite été réalisé dans d’autres régions des Etats-
Unis (Memphis) (Kitzman, 1997). Une adaptation de ce programme est
actuellement en cours en France (programme CAPEDP, Hôpital Bichat-
Claude-Bernard et Etablissement Public de Santé Maison Blanche), et
en voie d’implantation dans plusieurs pays (Canada, Pays-Bas).
Le soutien à la parentalité peut aussi représenter une des composan-
tes des programmes de prévention. Ces programmes visent à prévenir
des troubles psychiques tels que le trouble des conduites ou des com-
portements problématiques (violence, consommation de drogues…)
et s’adressent généralement à des enfants et adolescents âgés de 3 à
16 ans. Cette dimension parentale est généralement présente dans des
programmes sélectifs (jeunes à risque du fait de facteurs environnemen-
52
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

taux, sociaux ou familiaux) ou indiqués (jeunes présentant des facteurs


de risque individuel ou/et manifestant des premiers symptômes). Le
Fast Track Progam est un exemple de programme multimodal validé
qui intègre le soutien à la parentalité dans ses stratégies d’intervention.
Ce programme américain de prévention du Trouble des conduites a été
construit à partir d’un modèle développemental de ce trouble et une
mise en commun de plusieurs interventions validées (Conduct Problems
Prevention Research Group, 2000). La composante parentale de ce pro-
gramme a été élaborée à partir de deux programmes validés (Greenberg, et
al., 2001) : le programme Parent and Children Training Series (dénommé
maintenant The Incredible Years : Parents, Teachers, and Children Series)
(Webster-Stratton, 1992a, 1992b) et le programme Helping the Noncom-
pliant Child curriculum (Forehand et McMahon, 1981). Le Fast Track
Program se décline sous deux formes : une intervention de prévention
universelle et un programme sélectif et indiqué comprenant différentes
interventions impliquant les enfants, les parents, l’école et les pairs. La
composante parentale utilise différentes stratégies d’intervention :

• Des formations parentales réalisées en groupe, à l’école, qui visent à


promouvoir de bonnes relations entre la famille et l’école et à favori-
ser la mise en place d’une communication et d’une discipline efficaces
à la maison (session de 2 heures à l’école) : 22 sessions la 1re année,
14 la 2e année, 9 la 3e année).
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• Des sessions communes aux parents et aux enfants visant à appliquer
les habiletés apprises sous la supervision de formateurs (30 à 60 minu-
tes à la fin de chaque session des groupes parents et enfants).
• Des visites à domicile : renforcement des habiletés apprises, soutien
parental, aide face aux différents problèmes et événements de vie,
développement de relations positives entre les intervenants et les
parents (11 visites durant la 1re année ; entre 8 et 32 les années sui-
vantes, selon la demande).

Le programme indiqué a été appliqué à 891 enfants sélectionnés


en fonction de leur lieu d’habitation (4 sites à risque de part leur niveau
de pauvreté et de criminalité) et de leur niveau d’agressivité. Des mesu-
res effectuées à la fin de chacune des années montrent que les compor­
tements agressifs et oppositionnels sont significativement moins nom-
breux chez les enfants ayant bénéficié de l’intervention. Chez ces der­niers,
le taux d’enfants ayant dû être orientés vers un enseignement spécialisé
53

Soutenir la parentalité
est aussi plus faible, de l’ordre de 26% (Conduct Problem Prevention
Group, 2000, 2002, 2007).
Le troisième type de programme est centré exclusivement sur le sou-
tien à la parentalité. Ces programmes multidimensionnels ont recours
à différentes stratégies d’intervention : groupes de parents, rencontres
individuelles, soutien téléphonique, campagne d’information… Ils peu-
vent concerner tout type de population (prévention universelle, sélective
ou indiquée) et cibler différentes tranches d’âges (enfants en bas âge,
enfants, adolescents). Un des programmes validés les plus connus est un
programme développé en Australie : Triple P-Positive Parenting Pro-
gram (Sanders, et al., 2002). Ce programme multiniveaux vise à soutenir
les parents dans l’éducation de leur enfant et à prévenir les problèmes
développementaux, comportementaux et émotionnels des enfants en
augmentant les connaissances, les compétences et la confiance en soi
des parents. Ce programme, qui s’adresse à des parents d’enfants de la
naissance à l’adolescence, comprend cinq niveaux d’intervention qui
augmentent en intensité en fonction des problématiques des parents et
des enfants. Le niveau 1 du programme prend la forme d’une campa-
gne de communication réalisée en population générale. Celle-ci vise à
diffuser des informations sur la parentalité, le développement de l’en-
fant, les pratiques parentales et les ressources disponibles via différents
supports : TV, journaux, brochures, site Internet, vidéo. Le niveau 2 cible
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les parents dont les enfants présentent quelques petits problèmes de
comportement (exemples : problème de coucher, comportement pro-
blématique pendant les repas…). Il s’agit d’interventions brèves (1 ou 2
sessions) en groupe, en entretien individuel en face-à-face ou par télé-
phone. Le niveau 3 concerne les parents d’enfants ayant des problèmes
un peu plus importants (ex. des problèmes persistants pour le coucher
ou pendant les repas) et propose un peu plus de sessions (environ 4)
et une formation aux pratiques parentales. Le niveau 4 est proposé
pour les parents d’enfants ayant des problèmes de comportements plus
importants (comportements agressifs, problèmes d’apprentissage…).
Les sessions sont plus nombreuses (8-10 environ) et visent à développer
des habiletés parentales dans différents domaines et à améliorer les inte-
ractions parent-enfant. Le niveau 5 cible les familles dont les problèmes
de parentalité sont couplés à d’autres difficultés (conflits conjugaux,
dépression maternelle, maltraitance…). Il s’agit d’interventions inten-
sives avec des modules qui comprennent des visites à domicile favori-
sant l’apprentissage de nouvelles pratiques parentales, la régulation des
54
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

émotions, la gestion du stress et des conflits. Plusieurs études d’effica-


cité ont été menées et ont montré des résultats positifs : diminution des
problèmes de comportements chez l’enfant, amélioration des interac-
tions parent-enfant, augmentation du sentiment d’efficacité parentale
(Sanders, et al., 2002 ; Bodenmann, et al., 2008). Triple P a ensuite été
implanté dans de nombreux pays : USA, Canada, Hong Kong, Singapour,
UK, Japon, Iran, Suisse, Pays-Bas (Suchoka et Kovess, 2006 ; Boden-
mann, et al., 2008). Une association (Parasole) essaie de développer ce
programme en France (Coulon, 2006).

Conclusion
La Haute Autorité de Santé rappelle que la « littérature insiste sur
Résumé
l’oppor­tunité de soutenir la fonction parentale par des dispositifs de
La parentalité est un néolo-
gisme qui renvoie de façon
santé, d’action publique » (HAS, 2005). Mais les modalités d’interven-
générale à la fonction d’être tion mises en œuvre dans le domaine de la parentalité peuvent varier
parent et plus spécifiquement considérablement selon les perspectives adoptées. Les représentations
à la condition d’être parent véhiculées par cette thématique sont en effet multiples. Les réflexions
quand il s’agit de la traduc-
menées autour de la parentalité ne se fondent pas sur les mêmes élé-
tion du terme « parenthood »
ments, la parentalité n’est pas problématisée de la même façon, les solu-
ou bien aux pratiques édu-
catives (parentales) lorsque tions proposées sont de nature différente.
c’est une traduction du Dans le champ psychanalytique, la notion de parentalité est appré-
hendée à partir de la théorie du développement psychosexuel. Les diffi-
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terme « parenting ». L’emploi
de ce concept s’est large-
cultés associées à la parentalité sont interprétées comme des troubles et
ment développé ces dix
donnent lieu à une analyse psychopathologique fondée sur une interpré-
dernières années. De nom-
breux auteurs considèrent
tation intrapsychique des problèmes. Les interventions proposées sont
la parentalité comme une essentiellement curatives et individuelles. L’approche dite « répressive »
question majeure de santé porte un regard critique sur différents phénomènes sociaux et essaie de
publique. En effet, les problè- les mettre en perspective. La parentalité est perçue comme globalement
mes de parentalité seraient
en crise de par l’évolution des structures familiales et des modes édu-
à l’origine de nombreuses
catifs qu’elle a subie ces trente dernières années. Ceci serait à l’origine
difficultés sanitaires et socia-
les : troubles de comporte-
de problèmes sociaux majeurs considérés comme en plein essor : délin-
ments, conduites à risque, quance, violence, absentéisme, échec scolaire… Ces mutations familiales
troubles psychiques, abus de seraient dues à un certain désengagement, à une certaine irresponsabi-
substances psychoactives, lité des parents et à un affaiblissement de l’autorité. Différentes mesu-
absentéisme, échec scolaire,
res ont ainsi été proposées pour restaurer cette autorité : suspension,
délinquance, criminalité…
Ainsi depuis quelque temps,
suppression ou mise sous tutelle des prestations familiales, contrat de
ce domaine mobilise les responsabilité parentale, stages de soutien à la parentalité. Cette res-
acteurs de santé publique, tauration de l’autorité parentale passe principalement par le rappel de
chercheurs et intervenants ; il
intéresse aussi de nombreux
autres professionnels et met
55

Soutenir la parentalité
l’autorité de l’Etat via des actions répressives à visée éducative. L’appro-
che sociale peut partager cette analyse de la parentalité en crise et cette
mise en perspective avec différents problèmes sociaux. Mais contraire-
ment à l’approche répressive, cette crise de la parentalité est expliquée
par différents facteurs sociaux et économiques ; et les parents ne sont
pas considérés comme responsables de cette situation. La parentalité est
en crise ; et les parents en souffrance ou en questionnement ont besoin
d’être soutenus dans leur fonction. Dans cette perspective, depuis une
dizaine d’années, l’Etat dégage annuellement un budget considérable
pour favoriser la mise en œuvre d’actions de soutien à la parentalité (via
la mise en œuvre des REAAP) et de nombreux intervenants du social,
de la santé et du monde associatif se mobilisent sur cette question. Ces
projets sont portés par l’idée qu’il est important que les parents puissent
être accompagnés dans leur rôle et que leurs questionnements puissent
être entendus. L’approche sociologique porte un regard critique sur
les discours véhiculés autour de la parentalité et sur les interventions en jeu différents univers :
politique, médias, sociologie,
proposées. L’observation et l’analyse sociologique des phénomènes
psychologie, psychanalyse,
en question conduit à proposer une autre lecture de la problématique
éducation, action sociale,
entourant la parentalité. Cette dernière n’est plus perçue comme en justice… Mais si tous recon-
crise mais comme en mutation et cette évolution peut s’expliquer par naissent une place primor-
un certain nombre de facteurs socio-économiques tout comme peuvent diale à la parentalité et met-

l’être un certain nombre de problèmes sociaux (délinquance, violence, tent en avant l’importance
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du soutien à la parentalité,
échec scolaire…). Les motivations des pouvoirs publics sur cette théma-
tous ne s’entendent pas sur
tique sont réinterprétées et le risque de contrôle social est mis en avant.
les réalités qu’ils rattachent à
Les sociologues critiquent les méthodes et les finalités des actions de cette notion ni sur les moda-
soutien à la parentalité, soulignant leur manque de neutralité et leur lités d’action qu’ils préconi-
volonté d’imposer une certaine normalité. L’approche psycho-éducative sent. Ainsi différentes appro-

est fondée sur la littérature scientifique et sur les résultats de recherche ches de la parentalité ont pu
être identifiées en fonction
accumulés ces dernières années en psychologie du développement et en
des représentations asso-
épidémiologie. Elle met en avant le lien entre les pratiques parentales
ciées à ce phénomène et des
et un nombre considérable de problèmes de santé (mentale et sociale) différents modes de soutien
tels que les troubles de comportement (trouble des conduites, compor- à la parentalité préconisés :
tements violents, comportements anti-sociaux, addictions, problèmes l’approche psychanalytique,

alimentaires), l’obésité, les accidents de la vie courante, les problèmes l’approche répressive, l’ap-
proche sociale, l’approche
cardio-vasculaires, les troubles musculo-squelettiques… L’observation
sociologique, l’approche
standardisée de ces phénomènes et la compréhension qui en découle
psycho-éducative.
ont permis d’élaborer des programmes d’intervention visant à améliorer
les pratiques parentales et à prévenir l’apparition de ces problèmes de Mots-clés
santé. Parentalité et éducation
parentale.
Prévention.
Promotion de la santé.
56
Devenir, volume 21, numéro 1, 2009, pp. 31-60

Cet état des lieux permet de constater la pluralité des perspectives


et des modalités d’interventions qui peuvent être regroupées sous les
termes de « soutien à la parentalité ». Ces approches qui se côtoient et
ne sont pas toujours mutuellement exclusives font de la parentalité un
champ complexe et riche. La mise en œuvre d’une action de santé publi-
que dans ce domaine représente un enjeu de taille au regard de la diver-
sité des univers représentationnels mobilisés et de l’impact positif qu’il
est possible d’en attendre.

Réferences
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57

Soutenir la parentalité
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