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Connaissances et méconnaissances des mères sur

l'allaitement
Gina Guigui
Dans Devenir 2007/3 (Vol. 19),
19) pages 261 à 297
Éditions Médecine & Hygiène
ISSN 1015-8154
DOI 10.3917/dev.073.0261
© Médecine & Hygiène | Téléchargé le 23/07/2023 sur www.cairn.info (IP: 169.159.221.254)

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Recherche
Connaissances et méconnaissances
des mères sur l’allaitement
What do mothers know or don’t about
breastfeeding ?
Gina Guigui1

Présentation de l’étude et généralités


sur l’allaitement
Présentation de l’étude
De nombreuses études ont découvert les bienfaits de l’allaitement
maternel sur les plans du bien-être et de la santé, aussi bien pour l’enfant
que pour la mère (voir plus bas § Les bénéfices de l’allaitement naturel).
Et on peut se demander si les mamans, a priori les premières concer-
nées, sont au courant des informations susceptibles de les aider à faire
un choix d’allaitement bénéfique pour leur enfant mais aussi pour elles-
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mêmes ?
Par ailleurs, connaissent-elles les éventuels problèmes ou difficultés
posés par la pratique de l’allaitement ? Ont-elles une idée de la manière
d’y remédier ?
Ce sont des connaissances utiles et nécessaires, si elles ont choisi
d’allaiter, pour qu’elles puissent réussir cette expérience dans la durée.
Et cela devrait avoir un impact sur la durée d’allaitement : il faut noter
que la plupart des études qui ont découvert la valeur préventive de l’allai-
tement sur de nombreuses maladies pour la mère et l’enfant ont vu que
cette prévention valait si l’allaitement avait une certaine durée (voir plus
bas § La durée d’allaitement).
Mais, d’une manière générale, les connaissances dont chaque mère
dispose sur l’allaitement au sein sont-elles suffisantes et adéquates – ne
serait-ce qu’à titre informatif ?
Après avoir démontré plus précisément l’intérêt de l’allaitement natu-
rel à travers quelques études et indiqué la situation de l’allaitement dans
notre pays, nous mentionnerons les recherches qui se sont rapprochées 1 Psychologue, Master de

de notre sujet – soit les opinions et attitudes des mères sur l’allaitement. Recherche en psychologie,
Route de Lagardelle,
F- 31870 Beaumont sur Lèze,
E-mail : gina.guigui@laposte.net
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Puis nous présenterons plus en détail notre étude qui porte sur 199
jeunes mères ayant allaité au sein, au biberon ou en allaitement mixte –
procédure, population, questionnaire, résultats.

Généralités sur l’allaitement


Les bénéfices de l’allaitement naturel…

…pour l’enfant…
L’allaitement naturel constitue pour l’enfant, une prévention pour de
nombreuses maladies, un grand nombre d’études en témoignent.
– Il permet notamment de prévenir l’asthme – voir l’étude australienne
(Oddy, Holt, Sly, et al., 1999) portant sur les enfants de 6 ans ayant
été allaités ou non.
– Nikki (2000) a signalé la valeur préventive de l’allaitement au sein
en Afrique sur nombre de maladies virales.
– En Guinée Bissau, c’est la valeur préventive de l’allaitement mater-
nel sur les diarrhées (Molbak, Gottschau, Aaby, et al., 1994) qui est
démontrée.
– Au Brésil, c’est l’impact sur la pneumonie qui a été étudié (Cesar,
Cesar, Barros, et al., 1999).
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– Une étude israélienne (Palti, Mansbach, Pridan, et al., 1984) a constaté


une différence très importante sur l’incidence des maladies et de l’hos-
pitalisation des enfants selon leur mode d’allaitement – en faveur bien
entendu de l’allaitement au sein.
– Plus proche de nous, Halken (2004), au Danemark, a découvert une
incidence entre allaitement au sein et diminution des allergies.
– A Dundee, c’est l’allaitement comme prévention des maladies gastro-
intestinales qui a été trouvé (Howie, Forsyth, Oqsten, et al., 1990).
– Quant à Duncan, Ey, Holberg, et al. (1993), ils ont découvert que l’al-
laitement réduisait les risques pour un enfant d’attraper des otites.
Cette liste des bienfaits de l’allaitement pour l’enfant n’est pas
exhaustive…

…et pour la mère


En matière de santé, des bienfaits existent aussi pour la mère par exemple
en tant que facteur de prévention des maladies de la préménopause et de
l’âge – certains cancers du sein et de l’ovaire (Tung, Goodman, Wu, et al.
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


2003), l’ostéoporose (Turk, 2005, Woodman, 2002) ; à citer également
l’enquête turque sur la densité osseuse (Gur A., Cevik R, Nas, et al.,
2003)…
Mais les bénéfices pour la mère d’un allaitement réussi sont égale-
ment dans la santé à court terme, dans le bien-être ou encore d’ordre
affectif, psychologique, ou encore esthétique…
Ainsi, un allaitement réussi permet :
– de combattre l’anémie due à la grossesse, pour celles qui en souf-
frent – grâce notamment à l’aménorrhée de la lactation ;
– de perdre, généralement aisément – et dans le cadre d’une alimenta-
tion équilibrée (voir [encadré 1]) le poids acquis pendant la grossesse
(Dewey, Heinig, Nommsen, 1993) ;
– par le jeu des hormones prolactine et ocytocine, d’une part, d’éviter
la dépression du post-partum et, d’autre part, tout simplement, de se
détendre dans une période où les nouvelles responsabilités et
charges incitent au stress (McCoy, Beal, Shipman, et al., 2006) ;
– de nouer une relation fusionnelle avec le nourrisson qui apporte plai-
sir et confiance à la mère comme à l’enfant ;
– de plus, à moyen et long terme, de donner à la mère une améliora-
tion de sa confiance en elle-même et de sa propre image « grâce uni-
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quement à mon lait, le bébé a doublé son poids » bien sûr, quand
l’allaitement s’est bien passé – mais aussi quand elle a dépassé les
petits problèmes qui se sont présentés… ; ce qui fait que souvent elle
garde un souvenir radieux de cette relation fusionnelle dans ces
moments privilégiés (voir les témoignage des mères par exemple sur
les sites Internet – par exemple « Ciao ! »)…

Encadré 1

Manque de conseils pertinents et alimentation maternelle


Madame N. à la suite du remplissage du questionnaire et de la consultation des
réponses conteste le fait que l’allaitement au sein facilite l’amaigrissement de
la jeune mère. En effet, elle-même a donné le sein à son enfant… et pourtant
elle a gardé bien des kilos de sa grossesse… Elle s’explique : dans la mesure où
on lui a dit qu’elle maigrirait aisément et qu’il fallait « qu’elle mange pour
deux », elle a cédé à la gourmandise et a « craqué » sur les viennoiseries…
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La situation en France
Le taux d’allaitement
Taux national
Il est à souligner qu’entre les bénéfices de santé pour l’enfant et ceux
pour la mère, l’allaitement maternel représente un enjeu de santé
publique d’une grande importance.
Or, en France, malgré l’augmentation constante de 2% par an depuis
quelques années au moins jusqu’en 2003, date des dernières statistiques
en notre possession, le taux d’allaitement reste faible – 60% à la sortie
des maternités en 2003 (Vilain, de Péretti et Herbet, 2005).
En comparaison, voici les chiffres de certains pays scandinaves, par
exemple: le Danemark en 1999/2001: taux d’allaitement (exclusif + mixte)
à la naissance : 98%, taux d’allaitement exclusif à 4 mois : 51% ; la Fin-
lande en 2000 : taux d’allaitement (exclusif + mixte) à la naissance : 91% ;
la Suède en 1999 : taux d’allaitement (exclusif + mixte) à la naissance :
98%, taux d’allaitement exclusif à 4 mois : 69% (WHO : The Who Glo-
bal Data Bank on Breastfeeding and Complementary Feeding).

Taux par région


Il existe une grande diversité suivant les régions de notre pays. Une ana-
lyse des certificats de santé du 8e jour (Lordier, Matet, Badeyan, et al.,
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Enquête périnatale, 1998) montre les taux d’allaitement maternel les plus
élevés dans l’Est et le Sud-Est, ainsi qu’en région parisienne et les taux
d’allaitement les plus faibles dans le Nord.

Taux par groupes socio-démographiques (Vilain, de Péretti et Her-


bet, 2005, [tableau 6] )
Le niveau socio-professionnel : pour caractériser la situation en France,
Gojart (2000) parle de courbe en U : sur le plan socio-démographique, ce
sont les couches inférieures – avec notamment les immigrées du Maghreb
et de l’Afrique noire mais aussi des autres pays d’Europe – ainsi que les
couches supérieures qui allaitent le plus souvent au sein.
Le niveau d’études : il est en rapport avec le niveau socio-profession-
nel – c’est toujours la « courbe en U » (Vilain, de Péretti et Herbet, 2005).
L’âge de la mère au premier enfant : il existe une corrélation positive
entre l’âge de la mère et le taux d’allaitement (Rose, Verlyn, Warrington,
et al., 2004).
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


La durée d’allaitement
En 2001, il y avait 13,54% allaitements dont la durée était inférieure à
1 mois ; 26,15% entre 1 et 3 mois ; 28,62 % entre 3 et 6 mois et 20,62%
entre 6 mois et 1 an. A 3 mois, 60,3 % des bébés au sein étaient encore
allaités, contre seulement 37,6% en 1999.
L’OMS préconise une durée d’allaitement exclusif de six mois et
pouvant aller jusqu’à deux ans, en introduisant progressivement d’autres
aliments.
En effet, plus la durée d’allaitement est longue, plus les bénéfices à
long terme pour la mère, par exemple au titre de la prévention des mala-
dies chroniques – cancers, ostéoporose –, deviennent consistants (voir les
études sur la corrélation entre allaitement et cancer ou allaitement et
ostéoporose : par exemple, Gur, Cevik, Nas, et al., 2003).
Pour l’enfant également, la durée d’allaitement aurait une incidence
sur la prévention de certaines maladies : les bénéfices pour l’asthme, par
exemple, sont réellement significatifs si l’enfant a été allaité plus de
quatre mois (Oddy, Holt, Sly, et al.,. 1999).

Facteurs sociaux et psychologiques


qui entrent en compte dans le choix
d’allaitement
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Les facteurs sociaux et culturels


Kong et Lee (2004) ont recensé les facteurs qui entrent en compte
dans le choix d’allaitement :
– facteurs personnels – le rôle du père, par exemple ;
– sociaux – la pudeur et le regard d’autrui comme barrière à l’allaitement;
– culturels ;
– environnementaux (exemple : problème à Hong Kong de l’exiguïté
des logements qui ne favorise pas l’intimité de l’allaitement) ;
– les influences diverses (medias, pairs) ;
– ainsi que les connaissances des mères sur l’allaitement.

Même si, en France et en Europe, leurs modalités sont souvent très


différentes, ces grands types de facteurs demeurent.
L’importance de la culture a été clairement démontrée à travers toutes
les études en France et dans le monde – voir notamment les différences de
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taux d’allaitement selon la nationalité (Vilain, de Péretti et Herbet, 2005


[tableau 6]). Ainsi il en est, également pour les jeunes mères chinoises en
Australie (Li, Zhang, Scott, et al., 2005), dont le taux d’allaitement est
nettement moins élevé que parmi les autres ethnies de ce pays.
Le soutien du conjoint, de la famille – et belle-famille – et des amis
semble également important dans le choix d’allaitement (Rose, Verlyn,
Warrington, et al., 2004 ; Shepherd, Power et Carter, 2000).
En France, Gojart (2000) a reconnu l’importance des facteurs sociaux
et culturels avec l’origine géographique de la mère ; de même, la familia-
rité – antérieure à la grossesse – avec la petite enfance, semble en corré-
lation avec l’allaitement…
Hoddinott et Pill (1999) ont établi une relation entre le fait d’avoir
vu une mère allaiter et le fait de choisir l’allaitement naturel pour ses
propres enfants.
Mais le manque de confiance de la mère en sa capacité nourricière
peut être un frein à l’allaitement (Mitra, Khoury, Hinton, et al., 2004)…

Les facteurs psychologiques et cognitifs


(L’influence des connaissances des mères, de leurs idées reçues et de
leur attitude vis-à-vis de l’allaitement, ainsi que de leurs sources d’infor-
mation sur le choix d’allaitement).
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Les idées reçues et attitudes négatives (affaissement de la poitrine,


douleur, gêne vis-à-vis du regard d’autrui) et le manque d’information sur
les points positifs de l’allaitement (l’aspect pratique et agréable) entrent
en compte pour le choix d’allaitement – enquête auprès de familles afro-
américaines (Rose, Verlyn, Warrington, et al., 2004).
Kong et Lee (2004), Shepherd, Power et Carter (2000) ont également
retenu la pudeur maternelle devant le regard d’autrui comme un facteur
empêchant l’allaitement.
Une autre opinion défavorable à l’allaitement : celui-ci perçu comme
entraînant un frein à la liberté maternelle (Shepherd, Power et Carter,
2000).
Ertem, Votto et Leventhal (2000), aux USA, ont souligné la gêne de
certaines jeunes mères à allaiter en public et le fait que l’allaitement
naturel « n’était pas à la mode » ; que, d’après certaines mères, l’enfant
préférait le biberon…
Libbus, Bush et Hockman (1997) ont reporté l’idée que l’allaitement
était perçu comme embarrassant et douloureux dans son étude auprès
de jeunes mères américaines aux revenus bas.
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


L’attitude et les connaissances des mères sur l’allaitement ont été
étudiées en Ecosse (Shepherd, Power et Carter, 2000), recherches qui ont
conclu qu’une meilleure information était nécessaire aux futurs mères et
pères pour pallier aux éventuels problèmes de l’allaitement naturel. Ces
recherches ont souligné l’ignorance parentale, d’une manière générale.
L’étude de Chabrol, Walburg et Teissedre (2004) a conclu que les
mères reconnaissent les bénéfices de l’allaitement naturel pour l’enfant
même si, dans leur choix d’allaitement, elles semblent surtout considé-
rer l’aspect de confort et de bénéfices pour elles-mêmes.
Quant aux sources d’influences, de conseils et de soutien, elles diffè-
rent selon les classes sociales, a remarqué Gojart (2000) : pour les classes
populaires, la grand-mère et, en deuxième lieu, les centres de PMI sont
les plus souvent cités ; pour les classes moyennes, les médecins généralistes
semblent être les sources privilégiées et pour les classes supérieures, les
pédiatres et les lectures sont les plus souvent mentionnés.

Le postulat à la base
de la présente étude
Notre postulat était que, en France en général, et en Midi-Pyrénées, en
particulier – ce qui correspond peut-être également à une situation mon-
diale ? –, les mères n’ont que des connaissances partielles et insuffisantes :
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– pour un choix d’allaitement éclairé ;


– pour faire face aux questionnements et problèmes des premières
mises au sein de celles qui ont choisi ce mode d’allaitement.

Les buts de l’étude et les hypothèses


L’étude a cherché à tester deux hypothèses :
– la première qui cherchait à étayer le postulat de base.
Hypothèse n° 1
D’une manière générale, les jeunes mères connaissent peu de choses sur
l’allaitement naturel, ses bienfaits pour la mère et l’enfant, ses limites,
les problèmes qu’il peut occasionner…
– la deuxième était plus en rapport avec l’orientation qualitative des
connaissances – ou des méconnaissances maternelles.
Hypothèse n° 2
Les mères connaissent mieux les bénéfices de l’allaitement pour le
nourrisson que pour elles-mêmes.
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La méthode de la recherche
La recherche s’est faite en deux temps :

1. La recherche systématique dans la littérature médicale et biologique


des découvertes diverses concernant l’allaitement. A partir de cette
base de connaissances éprouvées scientifiquement, il s’agira simple-
ment de tester les connaissances des mères.

2. D’où l’élaboration, la diffusion et le traitement d’un questionnaire


de connaissances à de jeunes mères dans un cabinet de pédiatrie ;
cette partie de l’étude devant répondre à ces questions : Les mères
sont-elles au courant de ce que les scientifiques ont découvert sur
l’allaitement ? Quelles sont les informations qui ont été les mieux
diffusées ? Quelles sont celles qui sont peu ou très peu connues ?
Quelles sont les croyances et idées reçues qui persistent ? La synthèse
des réponses données pouvant rendre compte de l’image de l’allaite-
ment pour chaque mère ayant participé à l’enquête.

Les apports de la littérature médicale


sur la question de l’allaitement
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suivis par l’item du questionnaire proposé aux jeunes mères partici-


pantes, inspiré par chaque étude et par la réponse attendue parmi celles
proposées.

1. Souffrance du nouveau-né et allaitement


Cet item s’appuie sur les résultats de l’étude qui a découvert, en milieu
hospitalier, que la souffrance physique du nourrisson est diminuée lors
de la mise au sein (Carbajal, Soocramanien, Couderc, et al., 2003) – en
opposition au fait de sucer un biberon ou une tétine.

Un bébé qui a mal souffre moins quand on lui donne le sein


❑ 1 en effet, il a moins mal

2. Allaitement et bénéfices en terme de santé pour le nourrisson


Nombre d’études ont découvert les bienfaits du lait maternel sur la santé
de l’enfant – voir l’introduction.

Le lait maternel est meilleur pour la santé du bébé que le lait maternisé
❑ 1 oui, il est meilleur
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


3. Agitation de l’enfant et allaitement
En fait, il semblerait que les pleurs et l’agitation de l’enfant dépendent
plus de la constitution psychologique et somatique de l’enfant, de la mère,
et de l’«entente» entre ces deux membres du binôme, voire, de l’ambiance
familiale, que du mode d’allaitement. La connaissance de cette infor-
mation nous semble susceptible de réduire l’angoisse de la maman qui
allaite et qui, souvent, doute de la qualité de son lait au moindre cri de
son enfant…
D’une manière générale, le bébé nourri au sein pleure moins souvent
que les autres
❑ 3 ça dépend

4. Obésité enfantine et allaitement


Ici, les études se contredisent, quant à leurs résultats (Clifford 2003; Cesar,
Barros, Lima, et al., 2003 ; Von Kries, Koletzko, Sauerwald, et al., 1999).
L’incidence de l’allaitement au sein sur l’obésité ultérieure n’est pas una-
nimement démontrée. De plus, ce serait une erreur de colporter cette
idée à des mères qui risquent de négliger, quand elles ont allaité, les fac-
teurs trouvés d’une manière plus consensuelle d’obésité de l’enfant : ali-
mentation trop riche en sucres et en graisses et sédentarité de l’enfant
avec le manque d’exercice physique. La réponse qui nous semble la plus
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indiquée est donc la n° 3, les autres indiquant plutôt des croyances


maternelles.
Le lait maternel est un facteur de prévention contre l’obésité de l’enfant
❑ 3 c’est la même chose

5. Courbe de poids du nouveau-né


Les études indiquent que, les premiers jours de la vie et au moins jusqu’à
trois mois, la prise de poids moyenne est la même quel que soit le type
d’allaitement (Dewey,Heinig, Nommsen, et al., 1993b) – ce n’est qu’après
que les bébés nourris au biberon deviennent plus gros que ceux élevés
au sein. Par contre, d’un enfant à l’autre et en rapport à sa programma-
tion génétique, la prise de poids, les premiers jours, peut être très diffé-
rente. Les mères qui donnent le sein ne doivent pas se dire que leur lait
est mauvais si le nourrisson grossit lentement, au début.
Généralement, le bébé nourri au sein prend plus de poids les premiers
jours de sa vie qu’un bébé nourri au biberon
❑ 3 aucune différence
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6. Effets immédiats de l’allaitement sur la mère


Les hormones de lactation – prolactine, ocytocine – ont un effet de
détente sur la mère (Silborboro, Mezzacappa, Tu, et al., 2003).
Généralement, le fait de donner le sein, procure à la mère :
❑ 2 de la détente

7. Allaitement et silhouette maternelle


Dewey, Heinig et Nommsen (1993a) ont souligné cet avantage de l’allai-
tement au sein pour la mère.
Donner le biberon permet généralement à la maman de perdre plus
facilement le poids acquis pendant la grossesse
❑ 2 non, donner le sein la fait maigrir naturellement

8. Allaitement et prévention des maladies chroniques de la mère


Voir plus haut les avantages de l’allaitement pour la mère en terme de
santé.
Donner le sein est bon pour la santé de la mère, à long terme
❑ 1 c’est un facteur de prévention contre certaines maladies

9. Accouchement sous césarienne et allaitement


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Les mères ayant subi une césarienne et qui ont choisi d’allaiter récupè-
rent plus vite de l’accouchement que celles qui ont choisi de donner le
biberon. L’allaitement, qui permet l’involution de l’utérus, semble favori-
ser la récupération de la nouvelle accouchée (voir l’étude de Callahan,
Séjourné et Denis, 2006).
Lors d’un accouchement sous césarienne, le fait de donner le sein aug-
mente la fatigue de la mère qui vient d’accoucher
❑ 2 au contraire cela permet de récupérer

10. Allaitement et dépression du post-partum


McCoy (2006) a démontré que l’arrêt de l’allaitement pouvait occasionner
une dépression du post-partum. Les hormones de lactation – par exemple
la prolactine – provoquent une détente qui permet à la mère de gérer la
période haute en stress que constituent le post-partum et les premiers
mois du nouveau-né.
Le fait de donner le sein a un effet de prévention contre la dépression
du post-partum (= la dépression qui intervient après la naissance)
❑ 1 oui, c’est bénéfique
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


11. Allaitement et anémie maternelle
L’allaitement maternel combat bien l’anémie de la jeune mère. En effet,
mis à part les saignements du post-partum immédiat, l’allaitement mater-
nel diminue la durée des saignements du premier mois du post-partum
et, de par l’aménorrhée de lactation, évite la perte de sang et donc la perte
de fer maternel mensuelle. De même, le fait que la mère qui allaite se
nourrisse en plus grande quantité, consommant de ce fait plus de fer, et
que le lait maternel, lui, contienne peu de ce métal, crée un surplus qui
contribuera également à combler le déficit maternel.
Donner le sein à la naissance aggrave le problème de la mère anémiée
❑ 2 non, au contraire, c’est bénéfique

12. Allaitement et beauté du buste


Dans notre « société de l’apparence », l’affaissement de la poitrine pour
une jeune femme peut être un sujet de préoccupation. Mais si l’augmen-
tation de la poitrine à la grossesse, à l’accouchement et pendant l’allaite-
ment pourrait être une épreuve pour le buste, le fait de porter le soutien-
gorge adéquat, au fur et à mesure de l’augmentation du volume de la
poitrine, permet à la mère d’éviter l’affaissement des seins – malgré cer-
taines idées reçues qui ont la vie longue.
L’allaitement déforme la poitrine
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❑ 2 généralement non

13. Société moderne et allaitement


Les petits stress – qui sont une des grandes caractéristiques de la vie
moderne – n’ont pas d’influence sur la production du lait. Plusieurs études
le démontrent (par exemple, Hill, Aldag, Chatterton, et al., 2005). Il n’y a
donc aucune raison que la femme d’aujourd’hui produise moins de lait
que celle d’hier.
Aujourd’hui, dans notre société, les femmes peuvent produire un lait
suffisant en quantité et qualité pour nourrir leur bébé
❑ 1 généralement oui

14. Obésité maternelle et allaitement


Avec un taux de prolactine qui a du mal à s’élever, les mères obèses sont
susceptibles de connaître des problèmes pour allaiter (voir l’étude de
Rasmunsen, 2006).
Les femmes obèses ont plus de lait que les autres
❑ 2 non c’est le contraire
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15. Dimension du sein et allaitement


Il s’agissait ici de tester une idée reçue – la taille du buste est plus en
relation à l’importance des tissus graisseux qui le composent principale-
ment qu’aux glandes de lactation et, bien entendu, à la faculté de sécré-
ter du lait, qui elle, dépend du taux de prolactine et ocytocine ainsi que
de l’alimentation et l’hydratation de la mère.
Les femmes qui ont une petite poitrine peuvent ne pas avoir assez de lait
❑ 3 ça n’a pas d’effet

Pour tester les connaissances des mères, ces items ont été soumis à des
participantes.

Présentation du questionnaire
et conditions d’administration
Le questionnaire
Le questionnaire se compose de quatre parties.

Première partie : les questions de connaissances


Les thèmes généraux :
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On peut regrouper ces questions sous trois thèmes :


– Avantages et inconvénients de l’allaitement naturel pour l’enfant.
– Avantages et inconvénients de l’allaitement pour la mère.
– Questions d’ordre divers.
Les modalités de réponses :
Nous avons proposé des modalités de réponses diverses et même contra-
dictoires de telle manière à, en quelque sorte, « brouiller les pistes » afin
que les mères révèlent réellement ce qu’elles savent ou croient savoir :
en général quatre modalités, dont la modalité « je ne sais pas » (voir dans
§ Résultats du quiz, l’énoncé des modalités de réponses proposées).

Deuxième partie : les sources d’information des mères


Trois groupes de questions ont été proposés :
– Une question sur les sources d’information que les participantes ont
eues effectivement : onze sources ont été proposées – mère, amie(s),
médecins…–, la consigne étant de cocher autant de sources que dési-
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273

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


rées. Pour compléter et remédier aux omissions possibles, une dernière
proposition, « autre », donne la possibilité de désigner cette source.
– Deux questions pour savoir si elles estiment avoir été suffisamment
informées : si l’information est bien faite d’une manière générale et
si elles ont personnellement souffert ou non du manque d’informa-
tion – trois modalités de réponses pour chaque question.
– Une question sur les sources qu’elles auraient voulu avoir – 17 sources
proposées dont une mention « autre » à désigner ; autant de réponses
que souhaitées.

Troisième partie : l’expérience d’allaitement des jeunes mères


Il s’agissait de connaître :
– Combien elles ont eu d’enfants – à remplir.
– Comment elles ont nourri leur(s) enfant(s) ? – trois modalités : sein,
biberon et mixte.
– Pour celles qui ont pratiqué l’allaitement au sein exclusif ou mixte à
la sortie de la maternité, pendant combien de temps ? – Six modali-
tés de réponses : une semaine ; 1 à 10 semaines ; 11 semaines à 4 mois ;
5 à 9 mois ; 10 à 18 mois et + de 18 mois.
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– Pour toutes les mères : le degré de satisfaction à leur pratique d’allai-


tement évalué par une échelle de Likert en cinq points de « parfaite-
ment satisfaite » à « pas du tout satisfaite ».

Quatrième partie : quelques données socio-démographiques


Cette partie du questionnaire a été élaborée pour :
– d’une part, mieux connaître notre échantillon ;
– et, d’autre part, pour voir si les tendances observées dans les études
précédentes sur les corrélations entre les données socio-démogra-
phiques et le choix d’allaitement se retrouvent dans notre échantillon.
Sont concernés : l’âge des mères, leur origine géographique, leur niveau
d’études, leur situation matrimoniale, leur situation professionnelle et
celle de leur compagnon.
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La population et les conditions d’administration


du questionnaire
Le questionnaire a été distribué dans un cabinet de trois pédiatres en
banlieue toulousaine. L’échantillon a été ainsi composé de 199 mères de
jeunes enfants, qui attendaient, avec leur enfant généralement en bas
âge, leur tour de consultation. La plupart des mères ont eu le temps de
répondre complètement au questionnaire avant d’être appelées par les
pédiatres. Certaines mères sont revenues finir de remplir leur question-
naire après la consultation. Moins de 10% des questionnaires (18 en
tout) sont restés inachevés – c’est-à-dire qu’on ignore pour le moins
comment les participantes ont allaité leurs enfants.
Dans la mesure où la grande majorité des mères a accepté de répondre
au questionnaire – seules quatre mamans visiblement stressées par la cha-
leur, par leur retard ou par l’état de santé de leur enfant ont refusé… – on
peut dire que l’échantillon était représentatif de la fréquentation du cabi-
net en ce qui concerne les connaissances, la pratique d’allaitement et les
données socio-démographiques par exemple.
Nous sommes toujours restées présentes lors de la passation des ques-
tionnaires… et bien souvent après, ce qui nous a permis, quand les ques-
tionnaires étaient rendus, de recueillir un certain nombre de réactions
et témoignages et même de poser des questions sur les thèmes dont les
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réponses nous surprenaient (voir les divers encadrés).


Par souci déontologique – et pédagogique –, après la passation du
questionnaire, nous avons proposé les « bonnes » réponses au quiz sous
forme écrite.

Les résultats
Description de l’échantillon
Les effectifs
Au dépouillement des questionnaires, ceux-ci ont été scindés en 3 groupes,
selon l’expérience d’allaitement des participantes:

Groupe 1 : les mères qui ont pratiqué au moins pour un enfant l’allaite-
ment au sein exclusif à la sortie de la maternité – elles ont
donc au moins une expérience de l’allaitement au sein même
si elles ont pratiqué d’autres formes d’allaitement pour un
ou d’autres enfants.
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275

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Groupe 2 : les mères qui n’ont pratiqué que l’allaitement au biberon pour
tous leurs enfants – elles n’ont aucune expérience d’allaite-
ment au sein ou mixte.

Groupe 3 : les mères qui ont pratiqué au moins pour un enfant l’allaite-
ment mixte à la sortie de la maternité – par contre, elles n’ont
aucune expérience d’allaitement au sein exclusif.

Elles sont 58,56% à avoir pratiqué l’allaitement exclusif (groupe 1)


et 11,60% à avoir pratiqué l’allaitement mixte (groupe 3), soit 70,16% à
avoir fait l’expérience de l’allaitement au sein pour au moins l’un de
leurs enfants. Voir [tableau 1].
Quant aux enfants, ils sont 205 à avoir reçu le lait maternel (sein
exclusif + mixte), soit 66,34% de l’effectif connu. Voir [tableau 2].

Tableau 1 : Effectif des mères composant l’échantillon.

Effectif de notre échantillon Pourcentage

Groupe 1 (sein exclusif) 106 58,56

Groupe 2 (biberon exclusif) 54 29,83

Groupe 3 (mixte) 21 11,60

Total connu 181 100

Sans réponse 18

Total général 199


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Tableau 2 : Effectif des enfants de notre échantillon.


Effectif des enfants selon leur mode d’allaitement à la sortie de la maternité –
sur les 181 questionnaires donnant cette information.

Sein Biberon Allaitement Total des Sans Total


exclusif exclusif mixte réponses réponse enfants

Effectif 166 104 39 309 4 313

Pourcentages 53,72 33,66 12,62 100

Allaitement et satisfaction des mères


Les mères les plus satisfaites – 83,7% de satisfaites – sont celles qui ont
donné le biberon, suivies de près par celles qui ont pratiqué l’allaite-
ment exclusif – 76,9%. Par contre l’allaitement mixte est nettement
moins apprécié – 40% de mères satisfaites. Voir [tableau 3].

La durée d’allaitement
Elle est naturellement en corrélation avec l’indice de satisfaction : 69%
des enfants allaités au sein exclusif à la sortie de la maternité le sont
pendant onze semaines et plus, contre 39% des enfants qui n’ont connu
que l’allaitement mixte. Voir [tableau 4].
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Tableau 3 : Allaitement et satisfaction des mères (en pourcentages).

Parfaitement Plutôt Moyennement Peu Pas du tout Total


satisfaites satisfaites satisfaites satisfaites satisfaites

Enfants sein 52,1 24,8 15,8 5,5 1,8 100


exclusif

Enfants biberon 66,3 17,4 9,3 4,7 2,3 100


exclusif

Enfants 17,5 22,5 32,5 17,5 10 100


allait. mixte

Tableau 4 : Durée d’allaitement (pourcentages).

1 semaine 1 à 10 11 semaines 5 à 9 mois 10 à 18 mois « + » 18 mois Total


semaines à 4 mois

Enfants sein 6 25 35 26 6 2 100


exclusif

Enfants allait. 3 58 31 8 0 0 100


mixte

Données socio-démographiques
– L’âge moyen des mères qui n’ont pratiqué que l’allaitement artificiel
est inférieur à plus d’un an et demi (à la fois par rapport à son année
de naissance et par rapport à son âge à la naissance du premier
enfant) par rapport à celles qui ont pratiqué l’allaitement au sein –
exclusif ou mixte. Sans doute de ce fait, elles ont eu également moins
d’enfants (1,78 enfants pour le groupe 1 et 1,59 enfants pour le
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groupe 2). Voir [tableau 5].

Tableau 5 : Nombre d’enfants par participante et âge des mères (moyennes par groupe).

Nombre d’enfants Age du 1° enfant Année de naissance Age des mères


(mois) des mères au 1° enfant

Groupe 1 1,78 57 1972 28,76

Groupe 2 1,59 50 1974 27,21

Groupe 3 1,81 65 1971 28,89

ENSEMB 1,72928 56,5839 1972 28,32

– Les mères qui donnent le sein sont beaucoup plus souvent mariées –
près des deux tiers – que celles qui donnent le biberon (45%). Voir
[tableau 6].

– Le niveau d’études des jeunes mères qui ont allaité naturellement


est meilleur que celui des mères qui ont donné le biberon. Le coeffi-
cient de corrélation entre le niveau d’études des mères du groupe 1
et celui des participantes du groupe 2 est de .2132 en faveur des
mères qui ont donné le sein. Voir [tableau 7].
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Tableau 6 : Statut marital des mères (en pourcentages).

Mariées Vie maritale Célibataires Divorcées Total

Groupe 1 61 36 2 1 100

Groupe 2 45 41 10 4 100

Groupe 3 65 25 10 0 100

Tableau 7 : Niveau d’études des mères (en pourcentages).

Sans CAP BEP BAC BAC + 2 BAC + 3 Total


diplôme et plus

Groupe 1 3 4 10 13 27 43 100

Groupe 2 12 4 12 22 22 28 100

Groupe 3 0 5 5 37 21 32 100

Remarques sur notre échantillon


Il est à noter que notre échantillon n’est pas représentatif de la popula-
tion des jeunes mères en France à deux égards :

– Par rapport au taux d’allaitement supérieur de près de 9 points à


celui de la moyenne nationale: il était en 2002 de 58%, année moyenne
d’accouchement de notre échantillon (rapport. Vilain, de Péretti et
Herbet, 2005).
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Une implication au niveau des résultats du quiz de cette «sur-représen-


tation» des mères qui ont déjà pratiqué l’allaitement au sein: les scores de
connaissance peuvent être influencés par l’expérience d’allaitement.

– D’autre part, par rapport aux données socio-démographiques : par


exemple, les niveaux d’études sont particulièrement élevés. Cela est
sans doute dû au mode de recrutement des mères, en cabinet de pédia-
trie – en cabinet de généraliste ou centre PMI, le niveau socio-cultu-
rel moyen aurait sans doute été moins élevé. Ce bon niveau sera-t-il
reflété par de bons scores au quiz de notre questionnaire ?

Les résultats du questionnaire de connaissance


Les résultats par items
Les réponses attendues sont en lettres grasses (voir « Les apports de la
littérature médicale sur la question de l’allaitement » plus haut).
1. Un bébé qui a mal souffre moins quand on lui donne le sein
❑ 1 en effet, il a moins mal ❑ 2 non, un biberon ou une sucette c’est mieux
❑ 3 c’est la même chose ❑ 4 je ne sais pas
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Dans notre échantillon pourtant favorisé sur le plan socio-culturel,


peu de mères possèdent cette information, 31% sur l’ensemble des
mères interrogées.

2. Le lait maternel est meilleur pour la santé du bébé que le lait maternisé
❑ 1 oui, il est meilleur ❑ 2 moins que le lait maternisé
❑ 3 c’est la même chose ❑ 4 je ne sais pas

Ces bienfaits sont généralement reconnus par les mères. La réponse


1 est choisie à 88% de notre échantillon. Le score le plus mauvais
étant pour les mères qui donnent le biberon (74% de bonnes réponses
contre 4% de réponse 2 – c’est le seul groupe qui a coché cette réponse
– et 20% de réponse 3). 95% des mères qui ont pratiqué l’allaitement
au sein exclusif ont donné la réponse 1.

3. D’une manière générale, le bébé nourri au sein pleure moins souvent


que les autres
❑ 1 en effet, il pleure moins ❑ 2 au contraire, il pleure plus
❑ 3 ça dépend ❑ 4 je ne sais pas

62% des mères ayant allaité exclusivement au sein donnent la


réponse 3 pour 18% qui cochent la réponse 1.
56% des mères qui n’ont allaité qu’au biberon donnent la réponse 3.
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4. Le lait maternel est un facteur de prévention contre l’obésité de


l’enfant
❑ 1 oui, en effet ❑ 2 non, c’est le lait maternisé
❑ 3 c’est la même chose ❑ 4 je ne sais pas

58% des mères qui donnent le sein pensent que l’allaitement au sein
prévient l’obésité enfantine. Parmi celles qui n’ont donné que le
biberon, autant de participantes préfèrent les réponses 3 ou 4 (40%
pour chacune).

5. Généralement, le bébé nourri au sein prend plus de poids les pre-


miers jours de sa vie qu’un bébé nourri au biberon
❑ 1 oui, il prend plus de poids ❑ 2 c’est le bébé nourri au biberon qui grossit
plus vite ❑ 3 aucune différence ❑ 4 je ne sais pas

Seules 28% des mères du premier groupe – allaitement exclusif – ont


donné la réponse attendue contre 39% ayant donné la réponse 2 (le
biberon fait plus grossir).
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279

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Une petite majorité de « mère biberon » a donné la bonne réponse
(35%).
45% des mères ayant pratiqué l’allaitement mixte ont donné la
réponse 3.

6. Généralement, le fait de donner le sein, procure à la mère


❑ 1 du stress ❑ 2 de la détente ❑ 3 ça dépend ❑ 4 je ne sais pas

La réponse 2 était attendue et 59% des mères en allaitement exclusif


l’ont donnée. 43% de l’ensemble des mères interrogées ont penché
pour la réponse 3.
Le fait que seules 26% des mères qui donnent le biberon et 33% de
celles qui ont pratiqué l’allaitement mixte ont coché la réponse 2
indique que l’information sur les processus hormonaux de l’allaite-
ment et la détente qui en résulte chez la mère n’est pas correctement
diffusée.

7. Donner le biberon permet généralement à la maman de perdre plus


facilement le poids acquis pendant la grossesse
❑ 1 oui, elle peut maîtriser son alimentation
❑ 2 non, donner le sein la fait maigrir naturellement
❑ 3 c’est la même chose ❑ 4 je ne sais pas
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59% des mères qui ont donné le sein en allaitement exclusif savent
que cette pratique peut les aider naturellement à perdre le poids de
la grossesse – nous supposons qu’elles l’ont vérifié dans la pratique,
mais voir notre [encadré 1]… Seules 35% des jeunes mères qui ont
donné le biberon et 43% de celles qui ont pratiqué l’allaitement
mixte connaissent cet avantage de l’allaitement pour la mère.

8. Donner le sein est bon pour la santé de la mère, à long terme


❑ 1 c’est un facteur de prévention contre certaines maladies
❑ 2 non, au contraire, cela peut lui être néfaste
❑ 3 ça dépend ❑ 4 je ne sais pas

57% des mères qui ont pratiqué l’allaitement exclusif connaissent la


valeur de prévention de l’allaitement contre seulement 38% des
mères qui donnent le biberon – 42% parmi celles-ci « ne savent pas »,
ainsi que 43% des mamans qui ont pratiqué l’allaitement mixte…
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9. Lors d’un accouchement sous césarienne, le fait de donner le sein


augmente la fatigue de la mère qui vient d’accoucher
❑ 1 oui, allaiter fatigue ❑ 2 au contraire cela permet de récupérer
❑ 3 cela n’a pas d’effet ❑ 4 je ne sais pas

Seules 4% des mères de notre échantillon connaissent les bienfaits


de l’allaitement dans ces conditions. Aucune mère ayant allaité au
biberon n’a donné la bonne réponse…

10. Le fait de donner le sein a un effet de prévention contre la dépression


du post-partum (= la dépression qui intervient après la naissance)
❑ 1 oui, c’est bénéfique ❑ 2 non, au contraire, cela la provoque
❑ 3 cela n’a pas d’influence ❑ 4 je ne sais pas

Les résultats : la réponse la plus massive (37%) est la 3 : la majorité


des mères considèrent qu’il n’y a pas de corrélation entre allaitement
et dépression.

11. Donner le sein à la naissance aggrave le problème de la mère anémiée


❑ 1 oui, ça la carence ❑ 2 non, au contraire, c’est bénéfique
❑ 3 cela n’a aucun effet ❑ 4 je ne sais pas
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Cet avantage possible de l’allaitement reste hautement méconnu des


mamans. Le fait est que beaucoup plus de participantes pensent que
l’allaitement aggrave l’anémie (27%) plutôt que réduit ce problème
(seulement 4% pour la bonne réponse). 54% admettent qu’elles « ne
savent pas ».

12. L’allaitement déforme la poitrine


❑ 1 généralement oui ❑ 2 généralement non ❑ 3 je ne sais pas

Ainsi, 64,42% des mères qui ont nourri naturellement leur enfant et
71,43% qui ont donné un allaitement mixte ont donné la réponse 2.
Elles ne sont que 28,85% parmi celles qui ont donné le biberon à
répondre ainsi… Voir [encadré 2] pour une autre idée reçue concer-
nant beauté du buste et allaitement.

13. Aujourd’hui, dans notre société, les femmes peuvent produire un


lait suffisant en quantité et qualité pour nourrir leur bébé
❑ 1 généralement oui ❑ 2 généralement non ❑ 3 je ne sais pas
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281

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Encadré 2

A propos de la beauté du buste…


Une autre idée reçue, inconnue de nous, a été découverte durant notre
enquête cette fois en faveur de l’allaitement au sein : deux mamans, ravies,
nous ont déclaré que grâce à leur pratique d’allaitement, leur poitrine s’est
arrondie. L’une s’est même félicitée d’avoir gagné deux tailles de soutien
gorge, « ce qui lui aurait épargné 20 000 francs de chirurgie esthétique »…
Bien que nous ayons supposé que le poids non reperdu de la grossesse se soit
stabilisé au niveau du buste, nous les avons laissé dans leur idée…

Près de 10% des mères qui ont donné le biberon ont coché la réponse
2 et plus de 17% ont répondu « je ne sais pas » alors que la quasi una-
nimité des mères qui ont donné le sein – allaitement exclusif ou mixte
(respectivement 97% et 95%) – ont donné la réponse 1.
Voici donc une des questions dans notre questionnaire qui est le
mieux connue – avec la question 2 dont les scores sont à peu près
équivalents.

14. Les femmes obèses ont plus de lait que les autres
❑ 1 oui ❑ 2 non c’est le contraire
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❑ 3 c’est la même chose ❑ 4 je ne sais pas

Moins de 10% des mères interrogées sont au courant de ce problème ;


elles sont près de 60% à avoir coché la réponse 3 – « C’est la même
chose ».

15. Les femmes qui ont une petite poitrine peuvent ne pas avoir assez
de lait
❑ 1 oui ❑ 2 non, au contraire elles en ont plus
❑ 3 ça n’a pas d’effet ❑ 4 je ne sais pas

Uniquement 6% des mères qui ont donné le biberon et moins d’1%


des mères qui ont donné le sein ont répondu oui. Mais il est vrai que
notre échantillon est d’un niveau socio-culturel supérieur à la moyenne
nationale…
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Pour évaluer les connaissances des mères d’une manière synthétique,


nous avons élaboré des scores.

Résultats par scores obtenus sur l’ensemble des items :


résultats, différences entre les trois groupes de mères
et diverses corrélations

• Si, pour l’ensemble des bonnes réponses, les mères qui ont pratiqué
l’allaitement exclusif ont un score proche de la moyenne (48%),
parmi les mères qui n’ont donné que le biberon, elles sont près de
2/3 à ne pas avoir les connaissances en question (moyenne des scores :
35% de bonnes réponses) – ce qui correspond à une note moyenne
de 3,5 sur dix, si cela peut être plus parlant… Les mamans ayant prati-
qué l’allaitement mixte ont un score intermédiaire. La moyenne géné-
rale est de 44%. On peut donc affirmer que la diffusion des connais-
sances concernant l’allaitement est médiocre, même pour celles qui
sont les premières concernées, soit les jeunes mères elles-mêmes.
• Le coefficient de corrélation des scores de chaque participante du
groupe 1 avec chaque participante du groupe 2 est de .5089. La
connaissance des mères sur les 15 items retenus est donc bien en cor-
rélation positive avec le fait d’avoir donné le sein.
Il est à noter que Kong et Lee (2004) ont également trouvé une cor-
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rélation entre connaissances sur l’allaitement et pratique de l’allaite-


ment au sein – mais est-ce parce que les mères avaient ces connais-
sances qu’elles ont opté pour cette forme d’alimentation ou parce
qu’elles ont pratiqué l’allaitement que l’expérience et la prise d’infor-
mation pour le faire leur ont permis d’avoir une meilleure connais-
sance ? La question reste posée.
Quoi qu’il en soit, les jeunes mères qui n’ont donné que le biberon
ont des connaissances réellement peu consistantes en ce qui concerne
l’allaitement. Leur choix d’allaitement, s’il avait été mieux éclairé
par ces connaissances, aurait-il été le même ?
• Pour placer ces résultats dans un contexte général, il est bon de rap-
peler que le niveau d’études de l’ensemble des participantes est net-
tement supérieur au niveau d’études féminin des Françaises du même
âge ; que si le niveau des participantes qui n’ont donné que le biberon
est un peu inférieur aux autres participantes, il reste également supé-
rieur au niveau d’études des femmes sur le plan national (le coeffi-
cient de corrélation des scores de chaque mères interrogée avec son
niveau d’étude est de .20).
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283

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


• Le coefficient de corrélation des scores de chaque mère interrogée
avec le nombre de sources obtenues citées est de .24. Voir plus bas §
Les sources d’information effectives.

Résultats par scores obtenus sur les items concernant les


bénéfices d’allaitement pour la mère : résultats et différences
entre les trois groupes de mères – ensemble des résultats
voir [tableau 8]
– Sur les connaissances portant sur les bénéfices de l’allaitement naturel
pour les mères, les scores sont encore plus mauvais pour l’ensemble
des mères interrogées – moins d’un tiers de bonnes réponses sur l’en-
semble des participantes… Même les mères qui ont donné le sein
auraient eu une note moyenne de 3,6 sur 10…

– La différence entre les groupes 1 et 2 est néanmoins toujours très


importante: la note moyenne des mères du groupe 2 aurait été infé-
rieure à 2/10 en ce qui concerne les avantages de l’allaitement au sein…

Tableau 8 : Score des participantes sur les réponses concernant les bénéfices de l’allai-
tement pour la mère.
Pourcentages des réponses attendues par question – et moyennes.

Items Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 En tout


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sein biberon mixte


exclusif exclusif

Généralement, le fait de donner le sein procure 59 26 33 47


à la mère : 2 de la détente

Donner le biberon permet généralement à la maman 59 35 43 51


de perdre plus facilement le poids acquis pendant
la grossesse : 2 non donner le sein la fait maigrir
naturellement

Donner le sein est bon pour la santé de la mère, 57 38 52 50


à long terme : 1 c’est un facteur de prévention
contre certaines maladies

Lors d’un accouchement sous césarienne, le fait de 4 0 10 4


donner le sein augmente la fatigue de la mère qui
vient d’accoucher : 2 au contraire, cela lui permet
de récupérer

Le fait de donner le sein a un effet de prévention 31 17 14 26


contre la dépression du post-partum
( = la dépression qui intervient après la naissance) :
1 oui, c’est bénéfique

Donner le sein à la naissance aggrave le problème 4 2 10 4


de la mère anémiée : 2 non, au contraire, c’est
bénéfique

Moyennes 35,66 19,66 27 30,33


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On peut donc affirmer que les jeunes mères ne connaissent pas les
avantages possibles de l’allaitement pour elles-mêmes.
Cependant, dans notre questionnaire, les mères disent se référer à
plusieurs sources d’information.

Les sources d’information effectives et désirées


Les sources d’information effectives
En moyenne, les mamans disent avoir eu 2,55 sources d’information.
Les mamans qui ont allaité au sein ont eu plus de sources d’information
que celles qui n’ont donné que le biberon : 2,67 parmi celles qui ont
expérimenté l’allaitement exclusif, 2,85 parmi celles qui ont opté pour
l’allaitement mixte et 2,23 parmi celles qui n’ont donné que le biberon.
Les sources d’information les plus citées sont, par ordre décroissant :
– Les séances de préparation à l’accouchement : 51% toutes options
d’allaitement confondues à part à peu près égale pour nos trois
groupes.
– Les lectures ; mais si elles sont 49% en tout à citer cette source, ce
sont majoritairement les mères qui ont pratiqué l’allaitement naturel
qui ont donné cette réponse (58% pour celles du groupe 1 ; 70% pour
l’allaitement mixte et seulement 28% pour les mères au biberon).
– Le médecin pédiatre : 41% des participantes.
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– La grand-mère a été citée par 32% des mères, surtout celles qui
n’ont donné que le biberon (38%).
– Les amies (24%) sont, elles, beaucoup plus citées par les mères qui
ont donné le sein exclusif (30%) que par celles qui ont donné le
biberon (13%).
– Les membres féminins de la famille (20%) autres que la mère sont un
peu plus citées par les mères du groupe « mixte » (25%) et par celles
du groupe « biberon »(23%) que par les mères « sein exclusif »(19%).
– Le médecin gynécologue est cité à 13%.
– Le médecin généraliste est cité à 5%.
– Egalement 5% pour le mari ou compagnon.
– Mais si la « pub télé » est citée à 3% seulement, c’est 8% des « mères-
biberon » qui s’y réfèrent. Ce qui est normal car, en France, il n’existe
aucune campagne d’information pour l’allaitement au sein, contrai-
rement aux annonces payées par des firmes proposant des laits
maternisés…
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285

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


– 12% des mères ont coché la mention « autre ». Les sources citées sont :
la formation professionnelle ou la profession, l’Internet, la puéricultrice,
la sage-femme faisant office de conseillère d’allaitement à domicile ;
une jeune mère a vu une émission télévisée sur FR5 sur l’allaitement et
une autre, non contente de ne cocher aucune source proposée, a
confirmé encore « aucune source ». Plusieurs mères se sont plaintes
d’avoir dû faire leur recherche toutes seules – sans doute insatisfaites
des informations qu’on leur avait fournies spontanément.

Opinion des mères sur les informations dont elles ont disposé
63% des mères considèrent que l’information sur l’allaitement est insuf-
fisante – un peu insuffisante (41%) ; très insuffisante (22%). Les mères
les plus satisfaites sont celles qui ont donné le biberon (45%), malgré un
niveau de connaissances particulièrement mauvais (voir leur score au
questionnaire).
38% des participantes auraient été un peu aidées par une meilleure
information et 11% auraient été beaucoup aidées (soit 49% en tout). Ce
sont toujours les « mères biberon » qui sont les moins mécontentes (64%
d’entre elles « n’auraient pas eu besoin d’une meilleure information »).
Il est à remarquer que ce sont les mères qui ont le moins de connais-
sances, soit les mères qui n’ont jamais donné que le biberon qui sont le
moins en demande. Il nous semble que cela peut dénoter un manque
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certain au niveau d’une sensibilisation qui aurait pu avoir lieu avant


l’accouchement et même avant la grossesse.

Les sources d’information souhaitées


Cette question pouvait avoir deux sens : soit des sources autres que celles
obtenues effectivement, soit l’ensemble : sources obtenues effectivement
et sources souhaitées et non obtenues.
Certaines mères ont saisi le deuxième sens, mais le fait que le nombre
de sources désirées (2,29 en moyenne) est inférieur à celui des sources
effectives pourrait indiquer qu’un certain nombre de participantes ont
compris la première proposition.
De toute façon, dans le cadre d’une utilisation pratique de cette étude,
les réponses aux deux questions (sources effectives et sources désirées)
peuvent être considérées comme pertinentes pour la diffusion d’informa-
tion concernant l’allaitement.
A la question sur les sources souhaitées, en plus des onze proposi-
tions pour la première question, cinq ont été ajoutées. Voici les scores
que chacune totalise :
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– Les cours de préparation à l’accouchement : ils arrivent encore en


tête avec 44%.
– Le pédiatre : 39% surtout les mères qui ont pratiqué un allaitement
mixte (65%), et dans une moindre mesure, celles qui ont donné le
biberon (40%), 34% « seulement » pour celles qui ont donné le sein
exclusif.
– Le gynécologue : 36%.
– Une émission médicale à la télévision : 24% des mères ont retenu
cette proposition.
– Une émission de vulgarisation scientifique tout public à la télé (type
« E = M6 » ou « C’est pas Sorcier ») : 18% de participantes dont 21%
de « mères au biberon ».
– Le médecin généraliste : 15%.
– Les lectures : 11% (6% pour les mères au biberon).
– La grand-mère : 10% en tout (15% pour les mères au biberon et les
« mixtes »).
– Le collège ou le lycée : 7% de réponses en tout (un peu plus pour les
mères au biberon seules soit 9%).
– Le journal télévisé, 4%, proposition retenue uniquement par les par-
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ticipantes du premier groupe – sein exclusif.


– Une affiche publicitaire: 4% des participantes, surtout parmi le groupe
« allaitement exclusif ».
– Un autre membre féminin de la famille : 4%.
– Une amie : 3%.
– Une publicité à la télé, 3%.
– Le compagnon et père de l’enfant : 2% seulement.
– Une émission de radio : 2% de l’ensemble des participantes toutes
du groupe « allaitement exclusif ».
– La proposition « Autre » a été retenue par 2% des mères. Le plus
souvent, celles-ci souhaitent un accompagnement à la maternité – une
de celles-ci se plaint d’y avoir eu « une très mauvaise information et
aucun soutien » ce qui rejoint souvent le mécontentement exprimé
oralement par nombre de participantes – voir [encadré 3]. Une jeune
mère se contente de souhaiter un livre remis à la maternité ; une autre,
par contre, élargit le débat en demandant « Une formation spéciale
pour l’allaitement et les autres soins de bébé »…
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287

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Encadré 3

Le manque d’information et de conseils adéquats dans certaines maternités


Après son accouchement, Madame B. remarque les cris et les pleurs de son
enfant. Elle s’adresse au personnel soignant de la maternité qui tente de la
rassurer : ce sont les « colites » du nouveau-né. Elle reste cependant stressée
par ces cris d’autant plus qu’elle souffre d’un problème physique dû à l’allai-
tement. Sa poitrine engorgée et lourde lui cause tensions et souffrances. Et
personne pour la conseiller efficacement…
Deux jours passent ainsi. La réponse à la question des cris du bébé est enfin
découverte : sa poitrine est tellement engorgée et dure que le nourrisson ne
peut rien prendre ! Le nouveau-né qui n’a rien avalé depuis deux jours,
depuis sa naissance, il a simplement faim ! Enfin, la jeune mère se voit prodi-
guer les soins nécessaires et le bébé peut téter…
Sa poitrine est enfin souple et elle sait quoi faire pour les engorgements.
Mais guérira-t-elle un jour du sentiment de culpabilité pour avoir laissé son
enfant avoir faim les deux premiers jours de sa vie ?

Discussion
Comparaison des résultats avec les études antérieures –
données socio-démographiques et choix d’allaitement
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Généralement, notre étude confirme les tendances déjà repérées dans des
recherches précédentes (Etude de Gojart, 2000) :
– Niveau culturel et socio-professionnel : plus le niveau culturel s’élève,
plus souvent les mères ont tendance à donner le sein. Même chose
avec le niveau socio-professionnel. Par contre, le fait que notre échan-
tillon ne représente que très peu les niveaux inférieurs explique que
notre courbe n’est pas en forme de U.
– Statut marital : le fait d’être mariée est en corrélation avec l’allaite-
ment au sein. Dans notre étude, comme dans les études précédentes,
les mères qui ne sont pas mariées officiellement ont plus tendance à
nourrir leur bébé au biberon (Shepherd, Power et Carter, 2000 ;
Rose, Verlyn, Warrington, et al., 2004).
– Age au premier enfant : si une tendance existe toujours entre âge de
la mère au premier enfant et choix d’allaitement (Rose, Verlyn,
Warrington, et al., 2004) – plus la maman est âgée au premier enfant,
plus souvent elle donnera le sein – dans notre étude, ce facteur semble
moins important aujourd’hui : en moyenne, il n’y a qu’un an et demi
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de différence entre les mères du groupe 2 et celles du groupe 1. Nous


supposons que la meilleure information et sensibilisation qui a conduit
aux récents progrès du taux d’allaitement en France s’est adressée en
priorité aux femmes les plus jeunes.

Validation de nos hypothèses


Hypothèse n° 1
D’une manière générale, les mères connaissent peu de choses sur l’allai-
tement naturel, ses bienfaits pour la mère et l’enfant, ses limites, les pro-
blèmes qu’il peut occasionner…
Les résultats du quiz sont très fluctuants, d’une question à l’autre et
selon les mamans, d’une pratique d’allaitement à l’autre. Trois réponses
adéquates font remonter les moyennes générales, 1) la supériorité du lait
maternel pour la santé de bébé, 2) le fait que la mère dans une société
moderne produit généralement assez de lait pour son nourrisson en quan-
tité et qualité, et 3) la non-influence de la taille du sein sur la quantité de
lait produit. Ces bonnes réponses ont des scores nettement au dessus de
la moyenne, pour l’ensemble des mères interrogées (respectivement 88%,
90%, et 82%).
Mais sur les douze questions restantes, seules quatre (6, 7, 8 et 15) ont
un score de bonnes réponses autour de la moyenne et les autres bien en-
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dessous, la moyenne des scores pour l’ensemble des participantes se


situant à 43,8%, dans un échantillon où les mères ont pourtant, d’une
part, un niveau socio-culturel élevé et, d’autre part, ont en majorité
allaité leur enfant – une expérience récente pour notre échantillon et,
nous semble- t-il, que l’on peut considérer comme forte. Voir [tableau 9].
Vu les circonstances, on peut donc dire que les connaissances des
mamans sur l’allaitement sont pratiquement rudimentaires… Il semble
même qu’il y ait une vraie carence au niveau à la fois de la sensibilisa-
tion (avant même le projet d’enfant et pendant la grossesse) et de l’in-
formation à la fin de la grossesse et à la naissance de l’enfant.
Notre première hypothèse semble – hélas ! – bien vérifiée.

Hypothèse n° 2
Les mères connaissent mieux les bénéfices de l’allaitement pour le
nourrisson que pour elles-mêmes.

– Questions concernant les bénéfices pour les enfants (question 1 :


l’allaitement réducteur de la douleur physique de l’enfant, et 2 : la
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289

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Tableau 9 : Les scores de connaissance avec comparaison entre les trois groupes de mères
– bonnes réponses en pourcentage, par groupe de mères.

Items et réponses attendues Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 En tout


sein biberon mixte
exclusif exclusif

Un bébé qui a mal souffre moins quand on lui donne 35 28 14 31


le sein : 1 en effet, il a moins mal

Le lait maternel est meilleur pour la santé du bébé 95 74 90 88


que le lait maternisé : 1 oui il est meilleur

D’une manière générale, le bébé nourri au sein 67 56 52 62


pleure moins souvent que les autres : 3 ça dépend

Le lait maternel est un facteur de prévention contre 17 40 38 27


l’obésité de l’enfant : 3 c’est la même chose

Généralement, le bébé nourri au sein prend plus de 28 35 45 32


poids les premiers jours de sa vie qu’un bébé nourri
au biberon : 3 aucune différence

Généralement, le fait de donner le sein procure 59 26 33 47


à la mère : 2 de la détente

Donner le biberon permet généralement à la maman 59 35 43 51


de perdre plus facilement le poids acquis pendant
la grossesse : 2 non donner le sein la fait maigrir
naturellement

Donner le sein est bon pour la santé de la mère, 57 38 52 50


à long terme : 1 c’est un facteur de prévention contre
certaines maladies

Lors d’un accouchement sous césarienne, le fait 4 0 10 4


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de donner le sein augmente la fatigue de la mère


qui vient d’accoucher : 2 au contraire, cela lui
permet de récupérer

Le fait de donner le sein a un effet de prévention 31 17 14 26


contre la dépression du post-partum
( = la dépression qui intervient après la naissance) :
1 oui, c’est bénéfique

Donner le sein à la naissance aggrave le problème 4 2 10 4


de la mère anémiée : 2 non, au contraire, c’est
bénéfique

L’allaitement déforme la poitrine : 2 généralement non 64 29 71 54

Aujourd’hui, dans notre société, les femmes peuvent 97 73 95 90


produire un lait suffisant en quantité et qualité
pour nourrir leur bébé : 1 généralement oui

Les femmes obèses ont plus de lait que les autres : 10 7 10 9


2 non c’est le contraire

Les femmes qui ont une petite poitrine peuvent 87 70 81 82


ne pas avoir assez de lait : 3 ça n’a pas d’effet

MOYENNES 47,6 35,33 43,87 43,8


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supériorité du lait maternel pour la santé de l’enfant). Les scores


sont mauvais pour la première question (moins du tiers des mères a
donné la bonne réponse). Il est bon pour la question 2 (88% de
bonnes réponses).
– Questions concernant les bénéfices pour les mamans : 1 : la détente
induite par les hormones au moment de l’allaitement ; 2 : la perte du
poids de grossesse facilitée par l’allaitement ; 3 : l’allaitement comme
facteur de prévention de nombre de maladies chroniques ; 4 : l’allai-
tement comme facteur de prévention de la dépression du post-par-
tum ; 5 : l’allaitement comme permettant une meilleure récupération
en cas d’accouchement sous césarienne et 6 : l’allaitement, bénéfique
en cas d’anémie.
Pour les question 1, 2 et 3, nous remarquons une grande différence
entre les mères qui ont donné le sein et celles qui ne l’ont jamais fait.
Les mamans du groupe 1 sont près de 60% à donner les bonnes
réponses (contrairement à celles du groupe 2 qui ne donnent les
réponses adéquates qu’à 26 et 35 et 38%) respectivement…
Les questions 4, 5 et 6 ne concernent que les mères ayant accouché
sous césarienne, sujettes à la dépression du post-partum ou à l’ané-
mie ; idéologiquement, elles sont néanmoins importantes car, d’une
manière sous-jacente, elles signifient que l’allaitement peut être la
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source de solutions et non uniquement de questions ou de pro-


blèmes… La perception de la valeur de l’allaitement naturel pour le
bien-être et la santé maternelle est réellement étrangère à la grande
majorité des participantes car les scores de bonnes réponses sont
vraiment très mauvais … Voir [tableau 8]. Cela confirme le fait que
l’image de l’allaitement reste, pour les jeunes mères, hautement déva-
lorisée quant aux bénéfices pour elles-mêmes…
Globalement, l’information, en ce qui concerne les bénéfices pour
les mères de l’allaitement semble donc nettement insuffisante et si,
pour les mères ayant allaité au sein, les questions 1, 2 et 3 donnent
plus souvent lieu à de bonnes réponses, cela peut être simplement
dû à l’expérience vécue et non à une information préalable…
Sur la foi de ces résultats, on pourrait dire que notre deuxième hypo-
thèse est validée.
Mais, dans la mesure où il n’y a que deux items concernant les béné-
fices pour l’enfant, et qu’il est difficile de comparer les items concer-
nant les enfants avec ceux concernant les mères, nous préférons
conclure que, d’une manière générale :
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291

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


• l’information sur l’allaitement est insuffisante pour un choix d’allai-
tement éclairé et pour une bonne gestion du post-partum ;
• et que les bénéfices de l’allaitement pour la mère sont particulière-
ment peu connus.

Conclusions et recommandations
Intérêts et limites de notre étude
Intérêts de notre étude
Le thème de notre étude, soit les connaissances des jeunes mères sur
l’allaitement, utiles pour leur choix d’allaitement et souvent nécessaires
pour réussir une pratique d’allaitement sereine, a été, en fait, peu abordé
d’une manière systématique par les études précédentes – même si cer-
taines recherches ont remarqué l’importance de ce facteur pour le choix
d’allaitement (Kong et Lee, 2004).
Les quelques études qui se sont intéressées aux connaissances des
mères sur l’allaitement ont surtout essayé de repérer des idées reçues ou
tenté de rechercher la perception de l’allaitement au sein par les mères.
Un vrai test de connaissance des jeunes mères, en regard des publi-
cations médicales sur l’allaitement, n’avait jamais été effectué à notre
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connaissance. Celui-ci nous apporte une compréhension à la fois sur la


perception de l’allaitement par les jeunes mères et sur les informations
connues ou inconnues d’elles.
Malgré tout, certaines conclusions de cette étude rejoignent celles
des études précédentes.
Il existe une grande insuffisance au niveau :
– De la sensibilisation : ce sont les très mauvais scores des mères qui
n’ont donné que le biberon qui nous font penser que, sans doute,
elles n’ont jamais été simplement sensibilisées à l’allaitement au sein…
Bien avant l’accouchement et même avant la grossesse, il serait donc
utile qu’une « pré-information » se fasse…

– De l’information (voir le score de l’ensemble des mères sur la plu-


part des questions du quiz) : avant l’accouchement et pendant le post-
partum, les futures mères devraient avoir certaines informations hon-
nêtes concernant aussi bien les avantages de la pratique d’allaitement
que les problèmes qu’elle peut susciter – avec des solutions possibles :
voir le témoignage de l’[encadré 4].
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Encadré 4

L’importance d’un soutien éclairé : les conseillères d’allaitement


Madame A. a eu deux enfants. Pour le premier, elle a accouché en France,
pour le deuxième, aux USA.
Bien qu’elle ne soit restée que 48 heures à l’hôpital, elle déclare qu’elle a été
mieux suivie pour l’allaitement aux Etats-Unis qu’en France et que si elle avait
accouché de son premier là-bas, elle l’aurait allaité beaucoup plus longtemps.
En effet, elle se plaint du manque de soutien dans notre pays, dans les circons-
tances qu’elle a connues : ayant perdu sa grand-mère alors que son enfant
avait un mois, le choc émotionnel aurait tari son lait.
Aux Etats-Unis, dès l’accouchement, la jeune mère est suivie par une conseillère
en allaitement qui indique les premiers gestes et qui aide à résoudre les pre-
miers problèmes de la mise au sein.
Puis, à la sortie de l’hôpital, c’est la conseillère elle-même qui appelle la maman
pour lui demander si tout va bien et ce pendant un mois.
Madame A. est sûre qu’aux Etats-Unis la conseillère lui aurait donné les solu-
tions pour provoquer de nouveau les montées de lait malgré le stress de son
deuil. Car elle aurait souhaité allaiter plus longtemps…

Notre étude permet donc de mieux connaître le niveau d’informa-


tion des jeunes mères et de constater qu’il y a des carences en ce domaine
ainsi que de repérer les connaissances qui font le plus cruellement défaut,
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Résumé de telle manière à créer un ou plusieurs outils pour remédier à l’insuffi-


L’étude a pour thème ce que sance au niveau de l’information.
connaissent – ou pas… – les Enfin, notre étude permet également de pressentir, d’après les mères
mères sur l’allaitement, ses elles-mêmes, certaines sources d’information adéquates. Il est à noter que
avantages pour le nourrisson
les sources mentionnées par les participantes à notre enquête recoupent
et la mère, les difficultés
souvent les résultats de l’étude de Gojart dans le Val de Marne (2000).
éventuelles que cette pra-
tique peut impliquer...
Ainsi, on sait maintenant :
Ce que l’on savait déjà : – que les cours de préparation à l’accouchement semblent, pour les
– les nombreux avantages de
mères, une des opportunités les plus favorables pour aborder cette
l’allaitement au niveau de la
question ;
santé et du confort pour la
mère et pour l’enfant, ce qui – que les médecins (surtout les pédiatres et les gynécologues) auront
en fait une vraie question de une forte influence sur leurs patientes ;
santé publique – ainsi que
– et que certaines émissions télévisuelles (médicales ou de vulgarisa-
les facteurs qui influencent le
choix d’allaitement :
tion scientifique) pourraient avoir un impact important.
l’attitude et le soutien social,
la culture, les connaissances Il faut également tenir compte de la diversité des sources effectives
et les croyances des mères ou désirées. Par exemple, le fait que :
sur l’allaitement…
Notre échantillon a été com-
posé de 199 mères qui ont
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Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


– bon nombre de mères demandent des informations à leur propre
maman, mais aussi aux autres femmes de leur famille ou à leurs
pairs, indique que l’information devrait être diffusée à l’attention de
tous et non pour les seules futures mères – ou jeunes mères…

Et il ne faut pas oublier les sources citées par les participantes elles-
mêmes. Soit :
– l’Internet ;
– et surtout le personnel soignant des maternités ou au moins un
ouvrage traitant de l’allaitement et des autres premiers soins au
bébé remis aux mamans pendant leur séjour.

Limites de notre étude


Elles concernent tout d’abord notre échantillon et son manque de repré-
sentativité sur le plan national – sur le plan socio-démographique où les
catégories les plus favorisées, sur le plan du niveau d’études, par
exemples sont sur-représentées –, mais aussi sur celui du taux d’allaite-
ment qui est supérieur à la moyenne nationale.
De même, le fait que la grande majorité des participantes sont d’ori-
gine de la région sud-ouest et du fait de l’importance de la culture sur les
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pratiques d’allaitement indique qu’on ne peut généraliser sur l’ensemble


de la France les résultats obtenus. Des enquêtes dans d’autres régions
seraient nécessaires.
rempli un questionnaire et
La présentation et la formulation de nombre de questions pourraient
apporté des témoignages
être améliorées et des options de choix ajoutées – exemple : pour l’idée spontanés dans un cabinet
reçue qu’ont certaines mères que l’allaitement permet l’augmentation de pédiatres de la banlieue
de la poitrine – voir [encadré n° 2]. toulousaine.

Par ailleurs, sur la question des sources, par exemple, on peut se Résultats : hormis quelques
points limités, les partici-
demander si un biais ne s’est pas produit et si les participantes n’ont pas
pantes – et en particulier,
été influencées par le cadre où elles se trouvaient quand elles ont rempli
celles qui n’ont jamais prati-
le questionnaire, soit un cabinet de pédiatres. Nous ne doutons pas de qué l’allaitement naturel –
l’importance et de l’influence des médecins et du milieu médical effectif ont eu une très mauvaise

et possible de ce milieu mais, par contre, nous pouvons nous demander information sur l’allaitement,
notamment sur les bénéfices
si d’autres sources auraient pu être, de ce fait, sous-évaluées.
pour la mère. Il semble donc
D’autres terrains de recueil de données pourraient être étudiés pour
exister un vrai besoin de sen-
éviter ces biais : questionnaires envoyés par la poste (au moins pour les sibilisation et d’information.
questions sur les sources d’information), les écoles maternelles, les halte-
garderies ou les crèches… Mots-clés
Allaitement.
Mères.
Connaissances.
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Malgré les limites de notre étude, les résultats obtenus nous permet-
tent d’esquisser certaines recommandations.

Recommandations
D’ores et déjà, nous pouvons affirmer qu’un grand effort de sensibilisa-
tion pour les jeunes filles et les femmes avant tout projet d’enfantement
serait utile en indiquant les bénéfices de l’allaitement naturel pour l’enfant
et surtout pour la mère, ce qui leur permettrait de faire un choix d’allai-
tement éclairé, le moment venu – voir l’enquête dans les Philippines qui
s’est intéressée aux campagnes d’éducation à l’allaitement – promotion
et encouragement à allaiter plus longtemps (Abada, Teresa, Trovato, et
al., 2001).
D’une manière générale, tout ce qui concerne l’allaitement, les pro-
cessus et hormones en jeu, et bien entendu les avantages de l’allaitement,
devrait être largement diffusé : bien des études ont reconnu l’influence
d’autrui sur le choix d’allaitement des mères : par exemple, Rose, Verlyn,
Warrington, et al., (2004) ont trouvé l’influence des beaux-parents de la
jeune mère, de son compagnon et de sa famille. Kong et Lee (2004) ont
également recommandé que l’information sur l’allaitement soit renfor-
cée dans la promotion de cette pratique en associant le père.
Une information plus précise d’information concernant la pratique
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même d’allaitement – pendant la grossesse et juste après l’accouche-


ment – permettrait de répondre aux questions urgentes et de résoudre
les problèmes liés à l’allaitement.
Summary
Our study focuses on what
Des informations théoriques et pratiques devraient être mises à la
mothers do or don’t know disposition des mères dans les lieux qui semblent propices – cours de
about breastfeeding, its préparation à l’accouchement, cabinets de pédiatres…
benefits for infants an Des conseillères d’allaitement existent ; aux Etats-Unis, par exemple,
mothers, its eventual
mais aussi en France ; mais, dans notre pays, en nombre vraiment insuf-
difficulties of practice...
fisant. Cette aide qui semble donner de très bons résultats devrait être
Scientifics already know :
– the important benefits of
largement développée et même systématique – voir [encadré 4].
breastfeeding for the child Elle pourrait par exemple également se décliner en « marrainage »
and the mother’s health and de femmes ayant pratiqué l’allaitement et reçu une formation complé-
comfort so it is an important mentaire.
public health concern - and
Enfin, un « numéro vert » du style « S.O.S.Allaitement » pourrait-
the factors that affect breast-
être créé…
feeding intentions : social
attitudes and support, cul-
ture, mothers knowledge and
beliefs...
For our study, 199 mothers
have completed a question-
naire and have given sponta-
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295

Attitudes vis-à-vis de l’allaitement


Une attitude à éviter
Il ne s’agit pas de se tromper de combat et de lutter contre « les mau-
vaises mères » qui donnent le biberon, bref, de « forcer » matériellement
ou moralement – plus insidieux mais aussi néfaste – les jeunes mères à
donner le sein (voir les articles parus dans BMJ du 4 avril 1998 de Mair
et Flanagan, de Mc Innes et enfin de Jones).
Notre but n’est pas de tomber dans cette ornière qui est de moraliser
l’allaitement (voir la conclusion de l’étude de Chabrol, Walburg, Teis-
sedre, et al., 2004).
L’enjeu d’une meilleure information est, bien sûr, une augmentation
du taux et de la durée d’allaitement qui permet une meilleure santé pour
les mères et pour les enfants – avec à la clef des économies pour les
familles et la Sécurité Sociale…
Mais, également, il est dans le respect de ces femmes qui choisissent
de devenir mères.

Article reçu en mars 2007, révisé en mai 2007

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