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Quand les musées d’ethnographie s’ouvrent à l’art

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Sarah Hugounenq
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Septembre 2019

https://www.lequotidiendelart.com/articles/15895-quand-les-musées-d-ethnographie-s-
ouvrent-à-l-art.html

Les ME font des Beaux-Arts leur nouvelle profession de foi. Le musée du Quai Branly a
récemment placé Picasso en tête d’affiche, en 2017. De son côté le Welt Museum de Vienne
fait régulièrement appel à l’art contemporain, dans une démarche visant à faire tomber les
frontières entre les discipline.

Audrey Doyen, directrice du laboratoire de muséologie Mêtis explique qu’en France, depuis
les années 1980, on assiste à un rapprochement entre art et ethnographie. La récente
tendance générale à l’interdisciplinarité est en grande partie responsable de ce phénomène.

Federica Tamarozzi, conservatrice des collections Europe au MEG et commissaire de


l’exposition « La Fabrique des Contes » explique que le décloisonnement entre art et
ethnographie « va de pair avec l’individualisme de nos société où les cartes blanches
données à des personnalités mettent en valeur un regard plus libre ».

Quant au Welt Museum de Vienne, on peut dire que l’art contemporain est devenu la
marque de fabrique de l’institution.

A l’AfricaMuseum de Tervuren, Géraldine Tobe (artiste originaire de Kinshasa) a été en


résidence pendant un long moment.

Au MBA de Montréal, le parcours d’exposition dédié aux arts du monde convoque art
contemporain africain et canadien.

Nathalie Bondil, directrice du MBA de Montréal explique que l’établissement de ce rapport


entre Beaux-Arts et ethnographie permet de ne pas cantonner les objets à des cases
utilitaires ou esthétique, mais qu’il permet de construire une identité globale au service
d’enjeux communs et transversaux comme la biodiversité, l’identité, l’éducation etc.

Federica Tamarozzi explique quant à elle que le mariage entre ethnographie et beaux-arts
permet de redorer le blason de l’ethnographie avec un art qui parlerait à tout le monde. Par
ailleurs, elle souligne aussi le fait qu’en attirant les amateurs d’art, on fait découvrir des
collections à un public qui ne viendrait habituellement pas. Cela permet au passage un gain
de rentabilité.
Pour Audrey Doyen, l’ouverture intense et récente de l’ethnographie à l’art contemporain
vient d’un marché de l’art moins cloisonné et accompagne une prise de conscience des
musées : « ils doivent sortir de l’Histoire pour aller vers les temps présents ». Elle est
convaincu que ce n’est qu’un début qui amènera à une redéfinition des musées dans les
décennies à venir.

Il est également intéressant d’observer que cette ouverture est aussi en lien avec un recours
de plus en plus important par les ethnologues des méthodes réservées jusque-là aux
historiens de l’art.

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