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PROBLÈMES RENCONTRÉS EN

DESSALEMENT
ENTARTRAGE – FOULING
BIOFOULING – CORROSION
BASES THÉORIQUES
MOYENS DE PRÉVENTION

PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

1
COLMATAGE OU FOULING :DIFFÉRENTS TYPES DE DÉPÔTS

Les dépôts qui sont à l’origine de l’encrassement ou FOULING des surfaces


d’échange peuvent être classés comme suit :
1 – Dépôts minéraux qui correspondent au phénomène d’entartrage
(SCALING) constitués principalement par CaCO3, CaSO4, x H2O …

2 – Dépôt organiques constitués principalement par :


- les matières en suspension, les acides humiques ou fulviques …
- les micro-organismes ainsi que les produits excrétés par les micro-
organismes (polysaccharides) : BIOFOULING .
3 – Dépôts colloïdaux :
- silice , soufre, hydroxydes de fer, de manganèse d’aluminium …

En fait un dépôt est en général constitué par un mélange de ces différents types
auxquels il faut rajouter les produits de corrosion , les précipités résultants des
réactifs ajoutés (antitartres, floculants) …
2
ENTARTRAGE
OU
SCALING

3
Problèmes d’entartrage
4
PROBLEMES D’ENTARTRAGE
Dépôts de sels minéraux sur les surfaces d’échange de chaleur ou de
matière (membranes)
- le carbonate de calcium CaCO3 (calcite, aragonite),
- le sulfate de calcium (anhydrite, hemihydrate, gypse),
- l’hydroxyde de magnésium Mg(OH)2 (brucite),
- le sulfate de baryum BaSO4,
- le sulfate de strontium Sr SO4,
- le fluorure de calcium Ca F2,
- des silicates de calcium dont CaSiO3,
- des silicates de magnésium dont MgSiO3,
- le silico-aluminate de sodium (analcite),
- le ferro silicate de sodium (acmite),
- la silice SiO2.

ENTARTRAGE COLMATAGE
OU OU
SCALING FOULING
(chimie en solution) (physico-chimie en suspension) 5
CONDITIONS POUR QU’IL Y AIT
ENTARTRAGE

1°/ CONDITION THERMODYNAMIQUE


limite de solubilité dépassée

2°/ CONDITION CINÉTIQUE


vitesse de dépôt suffisante

3°/ CONDITION TECHNOLOGIQUE


adhérence du dépôt sur la surface d’échange

6
ENTARTRAGE : ASPECT THERMODYNAMIQUE

Courbe de solubilité en fonction de la température

7
SOLUBILITÉ DES PRINCIPAUX TARTRES RENCONTRÉS
EN DESSALEMENT

Solubilité en ppm de l’hydroxide ou du sel anhydre

Température en °C
8
ASPECT CINETIQUE DE L’ENTARTRAGE

Lorsque la limite de solubilité est dépassée, il n’y a pas de précipitation


immédiate.

1 – Période d’induction appelée NUCLÉATION ou germination :


création des premiers germes solides appelés « nucléi » dans une
solution sursaturée.
 nucléation homogène s’il y a formation de nucléi dans la
masse de solution
 nucléation hétérogène s’il y a formation de nucléi au contact
d’une interface : parois, cristaux déjà formés, impuretés.

2 – Période de croissance cristalline


la solution sursaturée tend vers l’état d’équilibre par précipitation.

9
CINÉTIQUE DE PRÉCIPITATION D’UN COMPOSÉ
ENTARTRANT TYPE Ca CO3 ou Ca SO4

10
ASPECT CINETIQUE DE L’ENTARTRAGE
ZONE METASTABLE
Il existe une taille critique en dessous de laquelle un nucleus est instable et tend à
se redissoudre. Au delà, le nucleus pourra croître. Ceci correspond à une
sursaturation à dépasser pour avoir la nucléation.

11
DÉFINITION DE LA SURSATURATION

Coefficient de sursaturation
courbe de
précipitation  = C/C*
concentration

C C = concentration de la solution
C* = concentration à la saturation
zone métastable
C*
Ecart de saturation
E = C – C*
courbe de solubilité Pourcentage de saturation

température % = 100 ( - 1) = 100 (C – C* / C*)


Cette valeur définit l’écart relatif par
rapport à la concentration de saturation

12
CARBONATE DE CALCIUM : EQUILIBRES
CALCO-CARBONIQUES

(1) H20 H+ + OH- Ke=[H+] [OH-]

(2) H2CO3 H+ + HCO3- K1=[H+] [HCO3-]


[H2CO3]

(3) HCO3- H+ + CO3-- K2=[H+] [CO3--]


[HCO3--]

(4) Ca+++CO3-- CaCO3 Ks = [Ca++] [CO3--]


Ces équilibres dépendent de [H+] et donc du pH


13
COURBES D’ÉQUILIBRES CALCO-CARBONIQUES
DANS L’EAU DE MER EN FONCTION DU pH

14
DÉPÔTS DE CARBONATE DE CALCIUM :
INDICE DE LANGELIER : IL

IL = pH – pHS

pHS = pH de saturation ou pH d’équilibre


eau agressive  pHS eau incrustante

• IL < 0 ou pH < pHS : eau agressive ; l’eau sous-saturée en


CaCO3 dissout le calcaire sous l’action du CO2 agressif ;
• IL > 0 ou pH > pHS : eau incrustante ; l’eau sur-saturée en
CaCO3 est entartrante.

15
DÉTERMINATION DU pH DE SATURATION pHS

H2CO3 H+ + HCO3- K1 = [H+] [HCO3-] / [H2CO3]

HCO3- CO3-- + H+ K2 = [CO3--] [H+] / [HCO3-]

Ca++ + CO3-- CaCO3 KS = [ Ca++] [CO3--]

pHS = pCa + pALK + pC

pCa = log 1/[Ca] pALK = log 1/[HCO3-] pC = pK2 – pKS


pK2 = log 1/K2 = deuxième constante de dissociation de l’acide carbonique

pKS = log 1/KS = produit de solubilité du carbonate de calcium


16
SOLUBILITE DU CARBONATE DE CALCIUM :
INDICE DE LANGELIER

17
EXEMPLE DE CALCUL DE L'INDICE DE
LANGELIER : CAS DE L'EAU DE MER DE LA
MÉDITERRANÉE
Analyse de l'au de mer de
la Méditerranée : mg/l meq/l mg/lCaCO3
pH = 8,2 Ca 450 22,4 1.120
t = 25°C HCO3 153 2,5 125
TDS = 39.000
IL = pH - pHs
pHs = pCa + pAlk + pC

Calcul Abaques
pCa 1,95 2,0
pAlk 2,60 2,6
pC 2,34 2,3
pHs 6,89 6,9
IL = pH – pH5 + 1,3 + 1,2 18
DIAGRAMME DE SOLUBILITÉ DU SULFATE
DE CALCIUM DANS L’EAU DE MER

I – solubilité de l’anhydrite
CaSO4, O H2O

II – solubilité de l’hémihydrate
CaSO4, ½ H2O

III – solubilité du gypse


CaSO4, 2H2O

IV – limite de métastabilité de
l’anhydrite

Température en °C 19
CALCUL DE L’INDICE DE SURSATURATION
D’UN SEL : CAS DU SULFATE DE CALCIUM

• Constante de solubilité à t °C
Ksp = [Ca]lim [SO4]lim en (moles/litre)2

[Ca]lim, [SO4]lim : concentration en moles/litre correspondant


à la limite de solubilité.

• Indice de sursaturation dans le concentrat

I Sconc = [Ca]conc [SO4]conc Ksp

[Ca]conc, [SO4]conc : concentration en moles/litre dans le


20
concentrat
SOLUBILITÉ DU SULFATE DE CALCIUM
DIHYDRATÉ CaSO4, 2H2O A 25°C EN
FONCTION DE LA FORCE IONIQUE
Ksp dépend de la force ionique I et de la température
log Ksp # 0,73345.log I – 2,74473
Ksp 10-4 (moles/litre)2

21
Force ionique I (moles/litre)
FORCE IONIQUE D’UNE SOLUTION

1
I =  mi.zi2
2
mi : concentration molaire de l’ion i en moles/litre
zi : charge ionique de l’ion i

En fait il est plus commode d’utiliser les concentrations Ci en meq/litre

1
I = [ ci.zi] x 10-3
2
ci : concentration de l’ion i en meq/litre
zi : charge ionique de l’ion i 22
FORCE IONIQUE D’UNE SOLUTION :
EXEMPLE DE CALCUL

Soit une eau saumâtre

Ca = 10 meq/litre Cl = 13 meq/litre

Mg = 6 meq/litre SO4 = 9 meq/litre

Na = 12 meq/litre HCO3 = 6 meq/litre

1
I= [10 * 2 + 6 * 2 + 12 * 1 + 13 * 1 + 9 * 2 + 6 * 1] 10-3
2
I = 40,5.10-3
23
INDICE DE SURSATURATION :
EXEMPLE DE CALCUL

• Cas d’une eau saumâtre


I = 40,5.10-3 moles/litre
[Ca] = 10 meq/litre = 5.10-3 moles/litre
(SO4] = 9 meq/litre = 4,5.10-3 moles/litre
Y = 75 %
Calcul de l’indice de saturation
Y = 75 % FC = 1/1-Y = 4
Iconc = I x 4 = 0,160 mole/litre
Ksp = 4,7.10-4 (moles/litre)2
[Ca]conc [SO4]conc = 20.10-3 * 18.10-3 = 3,6.10-4 (moles/litre)2
ISconc = 3,6.10-4 4,7.10-4 = 0,77 24
DÉPÔTS DE SILICE

• La silice est le 2ème élément après l’oxygène, le plus important de la croûte


terrestre.
• Présent dans de nombreuses roches sous forme de : (en % de la masse de
l’écorce terrestre) :
 Oxyde (12 %), SiO2 d’origine animale (diatomite ou kieselguhr) ou
minérale (sable, silex, …)
 Silicates ou aluminosilicates
- feldspaths (60 %) : 6 SiO2, Al2O3, K2O
- silicates de Mg2+, Fe2+ ou Ca++ (17 %)
- micas (4 %) : 6SiO2, 3AlO3, K2O, 2H2O
- autres : zéolites, kaolinites, talcs, …
• La silice limite le taux de conversion dans beaucoup d’unités d’osmose
inverse, en particulier dans les régions volcaniques (Hawaï, Iles Canaries,
Asie du Sud-Est, ….)

25
DIFFÉRENTES FORMES DE SILICE DANS LES
EAUX

La silice peut être présente dans les eaux sous 3 formes différentes :

-La SILICE RÉACTIVE (au réactif molybdique) ou silice


dissoute.
-La SILICE COLLOÏDALE ou non réactive (au réactif
molybdique).
-La SILICE PARTICULAIRE ou en suspension (particules
de sable par exemple).

26
LA SILICE RÉACTIVE OU SILICE DISSOUTE
• La silice réactive ou silice dissoute est constituée par l’acide mono
silicique, acide faible :

SiO2 + 2H2O  H4SiO4


H4SiO4  H3SiO4- + H+
• Le Pka est de l’ordre de 9 – 10 suivant la concentration. À pH = 8,5,
seulement 10 % est sous forme ionique.
• L’acide mono silicique fixe 4 molécules supplémentaires d’eau, ce qui
explique son comportement en osmose inverse :
H2O • OH

H2O • OH Si HO • H2O

HO • H2O 27
SOLUBILITÉ DE LA SILICE EN FONCTION
DU pH à 25°C

• Il y a quelques années, la teneur limite en silice dans le concentrat d’une unité


d’osmose inverse était comprise entre 120 et 160 mg/l suivant le pH et la
température. Actuellement, en, utilisant des antitartres spécifiques, on peut
atteindre 230 mg/l.
• La présence de cations trivalents Al3+ et Fe3+ favorisent la formation de dépôts 28
de silice.
ACIDIFICATION

H+ + HCO3 - CO2 + H2O


•ACIDES UTILISES : H2 SO4 H Cl SO2, CO2

•DEGAZAGE

•PROPBLEMES DE CORROSION : nécessité d’associer


un inhibiteur de corrosion

•1° français de TAC nécessite 1° français d’acide :


soit 9,8 g/m3 de H2 SO4 ou 7,3 g/m3 de H Cl

•PROBLEMES DE REGULATION de pH :
Sous dosage/sur dosage
29
INHIBITEURS D’ENTARTRAGE

• Produits chimiques que l’on injecte à très faible dose (quelquels ppm) dans
l’eau de mer ou l’eau saumâtre et qui ont la propriété d’éviter ou de diminuer les
dépôts de tartre.

• Deux effets complémentaires sont à la base de leur efficacité :

- l’effet de seuil : une très faible dose de tartrifuge (substœchiométrique


par rapport au calcium) retarde la précipitation d’une solution sursaturée en
modifiant le parfait ordonnancement du cristal.

- le pouvoir dispersant : le produit tartrifuge évite la floculation et


maintient en suspension les cristaux de tartre.

30
LES POLYPHOSPHATES

 Polyphosphates à chaîne linéaire ou cyclique


Tripolyphosphate de sodium Hexamétaphosphate de sodium
STPP SHMP

 Liaisons – P – O – P - sensibles à la
température et susceptibles de former des
précipités d’orthophosphates de Ca :
(PO4)2Ca3 par hydrolyse.

 Réglementation sur les rejets de


phosphates de plus en plus contraignante
31
LES POLYMÈRES CARBOXYLIQUES
Ce sont le plus souvent des polymères de l’acide acrylique de poids
moléculaire (PM) compris entre 1.000 et 3.000 g/mole.

POLYACRYLATES

CH2 CH CH2 CH antitartres floculants PM


///////////// ////////////////
COOH COOH 1.000 3.000 200.000 300.000

Les polyméthacrylates sont aussi utilisés :


CH3 CH3

CH2 C CH2 C

COOH COOH

Ces produits sont biodégradables et ne présentent aucun danger


pour l’environnement. Ils sont utilisés sous la forme acide ou sel
de sodium et sont efficaces pour CaCO3, CaSO4, BaSO4 … 32
PRINCIPALES FAMILLES DE PRODUITS
ANTITARTRE UTILISES EN DESSALEMENT
I POLYPHOSPHATES (PO3 Na)n

II ORGANO- a) PHOSPHONATES C PO3 H2


PHOSPHONATES
b) POLYOLS-ESTERS C O PO3 H2

CH2 - PO 3 H 2
c) AMINO-PHOSPHONATES N CH2 - PO 3 H 2
CH2 - PO 3 H 2

d) CARBOXILO-PHOSPHONATES COOH et PO3 H2

III POLYMÈRES CH2 CH CH2 CH


a) POLYACRYLATES
CARBOXYLIQUES COOH COOH
CH3 CH3
b) POLYMÉTACRYLATES
CH2 C CH2 C
COOH COOH
CH CH CH
c) POLYMALÉATES
COOH COOH COOH
33
INFLUENCE DES ANTITARTRES SUR LA
CINÉTIQUE DE PRÉCIPITATION

34
MECANISME D’ACTION D’UN PRODUIT
ANTITARTRE

35
INFLUENCE DES INHIBITEURS D’ENTARTRAGE
SUR LA MORPHOLOGIE DES DÉPÔTS

36
PERFORMANCES DES PRODUITS ANTITARTRE
EN OSMOSE INVERSE :
CAS DU CARBONATE DE CALCIUM

Valeurs de l'indice de LANGELIER IL dans le concentrat pour éviter les


dépôts de CaCO3 :

 Sans produit antitartre IL= - 0,2

 Avec produit antitartre


- valeur moyenne IL= + 1,8

- valeur limite IL= + 2,9

37
PERFORMANCES DES PRODUITS ANTITARTRE EN
OSMOSE INVERSE : CAS DES DIFFÉRENTS SELS
AUTRES QUE CaCO3
polyacrylates : 2.000 à 10.000 daltons
dose : 2 à 5 ppm

Valeurs dans le concentrat(*)


moyennes maxi
CaSO4 230 % 400 %
SrSO4 800 % 1.200 %
BaSO4 6.000 % 8.000 %
CaF2 8.000 % 12.000 %
Silice 200 ppm 300 ppm

(*) en % par rapport à la limite de solubilité 38


ADOUCISSEMENT PAR RÉSINES AVANT
DESSALEMENT

• Fixation des ions bivalents (Ca++, Mg++) sur des résines


échangeuses d’ions AMBERLITE 200 C, de type polystyrène
sulfoné (acide fort) :

2 R Na + Ca++ R2 Ca + 2 Na+

• Régénération de la résine par une saumure NaCl ou mieux par


le concentrat de l’unité de dessalement (Y # 60 % soit FC = 2,5).

• Problème de l’investissement supplémentaire.


39
UNITÉ D’ADOUCISSEMENT D’EAU DE MER PAR ÉCHANGE
IONIQUE DE CAPACITÉ 4 m3/h IMPLANTÉE A LA STATION
EXPÉRIMENTALE DE DE DESSALEMENT DE TOULON

40
ÉLIMINATION DE DÉPÔTS DE TARTRE
SULFATÉS : ACTION CURATIVE

Les tartres sulfatés ne sont pas dissous par les acides. Une
élimination est difficile. Plusieurs méthodes envisageables :

- eau déminéralisée (cinétique très lente)

- EDTA (sels disodiques de l’éthylène diamine tétra-


acétique) à chaud (60 °C) : valable uniquement pour
les unités de distillation ;

- conversion des sulfates en carbonates


CaSO4 + NaCO3 CaCO3 + Na2SO4
41
PRÉVENTION DE L’ENTARTRAGE PAR GERMINATION :
EXEMPLE D’APPLICATION SUR DES UNITÉS DE
DISTILLATION A MULTIPLES EFFETS

Site Varangeville (France) Tchevtchenko (URSS)

Application Production de sel Dessalement eau caspienne


et 5.500 m3/j distillée 7 unités multiples effets
multiples effets 5 effets 3.500 à 15.000 m3/j

Germes utilisés CaSO4, ½ H2O Ca CO3


(plâtre de Paris) (craie)
Concentration 20 à 30 g/litre 5 à 10 g/litre
en germes
Température 150 °C 107 °C
maximale
42
COLMATAGE
OU
FOULING

43
PRINCIPAUX DEPÔTS EN OSMOSE INVERSE

Résultats de 150 autopsies

Dépôts organiques 50,2 %


Fe2 03 7,6 %
Si O2 13,5 %
Al2 O3 4,7 %
Ca PO4 3,6 %
Ca CO3 3,7 %
Ca SO4 2,6 %
Autres 14,1 %

Référence : Desalination and water reuse – vol. 12 n° 4 – Feb. March 2003


44
LA MATIÈRE ORGANIQUE DANS L’EAU
ORIGINE
La matière organique naturelle est principalement issue de la décomposition des
végétaux, des animaux et des micro-organismes.
DIFFÉRENTES ANALYSES DE LA MATIÈRE ORGANIQUE
• Carbone Organique Total (COT) et Dissous (COD) : pour une eau de surface,
le COT est composé d’environ 90 % de COD et 10 % de carbone organique
particulaire. Le COD représente la matière organique restante après filtration
à 0,45 µ.
• L’oxydabilité au permanganate de potassium (KMnO4) : oxydation chimique à
chaud (100°C) en milieu acide pendant 10 minutes.
• Absorbance UV : très pratique mais possibilité d’interférence avec certains
éléments minéraux.
• Demande Chimique en Oxygène (DCO) : oxydation de la matière organique
par du dichromate de potassium en excès (Cl2O7) en milieu acide et chauffé.
• Demande Biochimique en Oxygène (DBO5) : mesure une dégradation de la
matière organique par des micro-organismes sur 5 jours. 45
SUBSTANCES HUMIQUES

Matières organiques dans les eaux


NaOH
partie
filtre insoluble humines

partie
soluble
Acide
partie acides
filtre insoluble humiques
partie
soluble

acides
fulviques 46
STRUCTURE SCHÉMATIQUE
D’UN ACIDE FULVIQUE

47
BIOFOULING EN OSMOSE INVERSE

48
BIOFOULING EN OSMOSE INVERSE

Définition : colmatage des modules dû à des microorganismes (bactéries


principalement), mais aussi microalgues, champignons :
• soit directement par le développement d’une biomasse,
• soit indirectement par les métabolites produits pas les microorganismes
(polysaccharides par exemple).

Conséquences :
• augmentation de la perte de charge dans les modules par suite de la diminution
des sections de passage de l’eau à traiter ;
• entartrage par suite d’une augmentation localisée de la concentration de l’eau à
traiter ;
• attaque chimique éventuelle des métaux (corrosion) ou des membranes
(acétate de cellulose) par des composés acides produits par les bactéries (acides
organiques en général).

49
CROISSANCE BACTÉRIENNE :
PHÉNOMÈNE EXPONENTIEL

• Croissance bactérienne exponentielle : une cellule mère donne


naissance à 2 cellules filles en un temps compris entre 20
minutes et 3 heures.

• Si le dédoublement se fait toutes les 20 minutes (cas


d’escherichia coli), une bactérie donne naissance à 4,7 * 1021
bactéries en 24 heures

• Sur la base d’environ 1*10-14 g/bactérie, la production de


biomasse pourrait atteindre 4,7 tonnes en 24 heures. En fait,
cette valeur n’est pas atteinte :
- les ressources nutritives sont épuisées
- il y a accumulation de métabolites toxiques.
50

CROISSANCE BACTÉRIENNE :
PARAMÈTRES INFLUENTS

• La croissance bactérienne dépend des paramètres


suivants :
- température
- nutriments
- pH
- vitesse du fluide
- pression osmotique
- teneur en oxygène
- présence ou non de biocides
51
CYCLE SAISONNIER DE CROISSANCE DU PLANCTON
VÉGÉTAL

Cas des océans tempérés de l'hémisphère nord. Il y a un pic de croissance du


plancton au printemps, lorsque la lumière et les nutriments sont en
abondance. Un deuxième pic se produit en automne. Ces fortes croissances
de phytoplancton sont appelées blooms.
52
Source : Lucinda Spokes
ÉLECTROCHLORATION DE L’EAU DE MER

• Le transport de chlore des usines de production vers les sites d’utilisation pose des
problèmes de sécurité et de coût.
• Or, l’eau de mer contient des teneurs élevées en chlorures :
Eau de mer standard : 19,35 g/l
Méditerranée : 21,5 g/l
Golfe (Koweït) : 24,9 g/l
• On peut donc produire du chlore sur place par électrolyse de l’eau de mer avec des
électrodes soit en graphite, soit en titane platiné ou ruthénié (électrodes DSA*.
•On obtient à l’anode……….. Cl- + 2OH- - 2e  OCl- + H2O
Cl- - e  1/2 Cl2
H2O – 2e  1/2 O 2 + 2H+
à la cathode……. 2 H2O + 2e  H2 + 2OH-
• La consommation électrique est d’environ 4 - 5 kWh/kg de chlore produit

53
* Dimensionally Stable Anode
ÉLECTROLYSEUR D’EAU DE MER A ÉLECTRODES DE
GRAPHITE ET INVERSION DE POLARITÉ (photo CEA)

54
BIOFOULING ET CHLORATION : CAS DE LA
STATION DE DESSALEMENT DE GABÈS (TUNISIE)*

• Unité d’osmose inverse prévue pour traiter une eau saumâtre à 3,2 g/l
chargée en sulfates et en calcium (400 mg/l) :
- capacité de 22.500 m3/jour, extensible à 30.000 m3/jour ;
- modules d’osmose inverse en polyamide spiralée.

• Prétraitement :
- aération destinée à oxyder Fer et Manganèse ;
- filtres à sable ( SDI = 4 1 ;
- filtres à diatomées (0,1 µ ) ;
- filtres à cartouches (5 µ) ;
- vaccination avec H2SO4 à 99 % (pH = 7,1)
- séquestrant à base de phosphonates ;
- chloration avec de l’hypochlorite de sodium (avant 1996)
- déchloration avec du bisulfite de sodium (avant 1996).
55
* Kamel Fethi, Chheibi Habib – Desalination 136 (2001) 263-272
BIOFOULING ET CHLORATION : CAS DE LA STATION DE
DESSALEMENT DE GABÈS (TUNISIE) (suite)*

• Biofouling apparu dès les premiers mois d’exploitation (mise en service : juin
1995) : il s’est manifesté par une recrudescence bactérienne dès que le chlore
est éliminé par le bisulfite :
- augmentation des pertes de charge,
- nettoyage fréquent (1 fois par ligne toutes les 3 semaines),
- disponibilité de la station réduite à 76 %.

• Arrêt de la chloration en octobre 1996 :


- plus d’augmentation des pertes de charge,
- pas de nettoyage de membranes en 6 ans,
- augmentation importante de la disponibilité.

• Explication : les rares bactéries qui ont échappé à l’action du chlore


possèdent une activité biologique intense favorisée par l’abondance de la
nourriture constituée par les composées organiques assimilables résultant de
l’oxydation de la matière organique par le chlore (acides humiques…).
56
* Kamel Fethi, Chheibi Habib – Desalination 136 (2001) 263-272
BIOFOULING ET CHLORATION :
AUTRES EXEMPLES

Installations de dessalement d’eau de mer ayant résolu leur problème de


biofouling en arrêtant la chloration

Site Capacité Date d’arrêt de Taux de disponibilité


m3/jour la chloration avant après

Al Zawra, Ajhan, UAE 4.500 1 – 95 < 75 > 98


Qidfa 1, Fujairah, UAE 4.500 4 - 95 < 80 > 98
Mirfa, UAE 4.500 5 - 95 < 80 > 95
Jebel Dhana, EAE 9.000 8 – 95 < 80 > 95
Dalma, UAE 9.000 10 – 95 < 80 > 95
Bukashesha, UAE 1.100 11 – 95 < 80 > 95
Sir Baniyas, UAE 4.500 11 – 95 < 75 > 95
Sila, UAE 1.100 1 – 96 < 80 > 95
Rhaffek, UAE 1.100 2 – 96 < 80 > 95
Antigua 2.725 5 – 96 - > 95
Antigua (extension) 1.817 6 – 96 - > 90
57
CHLORATION ET BIOFOULING

Compte tenu de l’expérience acquise sur le biofouling :

 il n’y a plus de chloration permanente ;

 on prévoit seulement un traitement choc comme, par


exemple, 5 à 20 ppm de chlore pendant 1 heure toutes
les semaines

58
PROBLÈME DE BIOFOULING RENCONTRÉ A
TAMPA BAY, Floride, USA

Tiny Asian green mussels, originally native to the Indian and Pacific oceans,
were found to be clogging filters at the plant. It is thought that they were
accidentally introduced into Tampa Bay in ballast water from a bulk cargo ship
59
CORROSION
PAR L’EAU DE MER

60
61
SÉRIE GALVANIQUE DE DIFFÉRENTS
MATERIAUX DANS L’EAU DE MER
Noble et cathodique - Platine
- Graphite
- Titane
- Hastelloy C (62 Ni, 17 Cr, 15 Mo)
- 18-8 Mo acier inoxydable passivé
- 18-8 acier inoxydable passivé
- Inconel passivé (80 Ni, 13 Cr, 7 Fe
- Monel (70 Ni, 30 Cu)
- Cupro-nickels (60-90 Cu, 40-10 Ni)
- Bronzes (Cu-Sn)
- Laiton (Cu-Zn)
- Hastelloy B (60 Ni, 30 Mo, 6 Fe, 1 Mn)
- Inconel
- 18-8 Mo acier inoxydable
- 18-8 acier inoxydable
- Acier inoxydable au chrome
- Acier ou fer
Actif et anodique - 2024 aluminium (4,5 Cu, 1,5 Mg, 0,6 Mn)
62
MATÉRIAUX ENVISAGEABLES POUR LE
DESSALEMENT DE L’EAU DE MER PAR
OSMOSE INVERSE
Le choix des matériaux d’une unité de dessalement d’eau de
mer par osmose inverse doit tenir compte des conditions
particulières du procédé :
•Température ambiante (0 à 45 °C),
• Eau de mer complètement aérée,
• pH pouvant être légèrement acide (pH 6),
• Cycles de lavages à pH acide (pH=2) et basique (pH=12),
• Pression élevée (50 – 70 bars)
• Vitesses variables (eau de mer stagnante à 2 m/s).

Il est évident que le choix des matériaux ne pose problème que


pour le circuit haute pression 63
RÉSISTANCE DES ACIERS INOXYDABLES À
LA CORROSION PAR PIQÛRES

64
ACIERS INOXYDABLES DUPLEX

• Ce sont des alliages fer-nickel-chrome dont la composition est équilibrée de façon


à obtenir une structure « duplex » contenant environ 50 % d’austénite et 50 % de
ferrite.

•Ces alliages à faibles teneur en nickel (# 6 %) présentent des caractéristiques


mécaniques élevées par rapport aux austénitiques et une très bonne tenue à la
corrosion intergranulaire et localisée.

•Les aciers « duplex » ayant un PREN>40 sont appelés « SUPER-DUPLEX ».

PREN (Pitting Resistance Equivalent) = % Cr + 3,3 % Mo + 16 % N

Ces aciers ont une très bonne résistance à la corrosion par piqûres dûe, en
particulier, aux chlorures.

65
COMPOSITION DE QUELQUES ACIERS INOXYDABLES

Composition en %

Famille de
Matériaux Désignation Cr Ni Mo N Cmax PREN

304 18 9 - - 0,08 18
316 L 17 12 2 - 0,03 24
Austéniques 317 L 18,5 14 3,5 - 0,03 30
254 SMO 20 18 6 0,20 0,20 44,2

SAF 2205 d’AVESTA 22 5,5 3,0 0,17 0,03 37


SAF 2304 d’AVESTA 23 4,5 0,3 0,10 0,03 26
DUPLEX AF 22 de MANNESMANN 22,4 5,6 3,1 0,2 0,023 35,8
DP3 de SUMITOMO 24,9 6,8 3,18 0,14 0,014 38
FERRALIUM 255 de 25,5 5,54 3,47 0,17 0,02 39,7
BONAR LANGLEY

ZERON 100 de WEIR 25 7 3,5 0,25 - 42


SUPER-DUPLEX SAF 2507 d’AVESTA 25 7 4,0 0,28 0,03 42,5
DP-3W de SUMITOMO 25 7 3 0,27 - 42,5

66
MATÉRIAUX POUR OSMOSE INVERSE :
PLASTIQUES RENFORCÉS
• Dans une unité de dessalement par osmose inverse, le coût des tuyauteries,
coudes, manchons, vannes…. représente environ 20 % du coût d’investissement
compte tenu du coût élevé des inox (duplex….).
• L’utilisation des plastiques renforcés (pour tenir aux pressions élevées) devrait
permettre une diminution sensible des coûts (~10 %) avec un avantage non
négligeable pour la construction, cette technique ne demandant pas de soudure
haute pression inox.

polypropylène fibre de verre


polyéthylène renforcé par fibre de carbone
polyuréthane acier

• Il existe des pompes en plastique renforcé fibres de verres (FRP Fiberglass


Reinforced Plastic) : FYBROC par exemple.
67
PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

68
PRINCIPAUX PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX
RENCONTRES EN DESSALEMENT

 Problèmes d'émission de gaz à effet de serre dûs à


la consommation d'énergie.

 Problèmes de rejet des des usines de dessalement


dans le milieu marin dans le cas de l'eau de mer ou
dans l'environnement dans le cas des eaux saumâtres

69
PROBLÈMES DE REJETS DES USINES DE
DESSALEMENT
1. Rejets du prétraitement : eau de lavage des filtres
principalement

2. Rejets de saumure caractérisés par :


- une salinité élevée
- des produits chimiques utilisés en prétraitement
(biocide, antitartres, antimousse, coagulants,
floculants)
- des produits de corrosion (Ni, Cu, Zn, …).

3. Solutions de nettoyage des membranes ou des échangeurs


de chaleur : acides, bases, oxydants, détergents, EDTA
(Ethylène Diamine Tétra Acétique).
70
REJETS D'UNE USINE DE DESSALEMENT
D'EAU DE MER AU KOWEIT

71
PROBLÈME DU DEVENIR DES MODULES
D'OSMOSE INVERSE EN FIN DE VIE

72
CONSOMMATION D'ÉNERGIE DES DIFFÉRENTS
PROCÉDÉS DE PRODUCTION D'EAU POTABLE

● Procédés conventionnels ~ 0,25 kWh/m3


(pompage, filtration, chloration)

● Procédés à membranes 0,3 – 0,7 kWh/m3


(ultafiltration, microfiltration)

● Dessalement eaux saumâtres 1- 2 kWh/m3


eau de mer 3 -4 kWh/m3

73
DESSALEMENT ET EFFET DE SERRE :IMPORTANCE DE
LA SOURCE D’ÉNERGIE
g de carbone x 3,67 = g de CO2

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