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Numéro 4 CENTRE D’ÉTUDES ET DE FORMATION

Octobre 2001 EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’apprentissage actif
Comment desàprofesseurs
Soutien engagent
l’utilisation de l’Internet et desleurs étudiants
technologies dans l’enseignement
dans un apprentissage actif

Dis-moi, et j’oublierai. Montre-moi, fondamentales : parler / écouter, écrire, lire et Même si certaines activités paraissent
et je ne me souviendrai peut-être pas. réfléchir. Toutefois, c’est lorsque imbriqués séduisantes, bien souvent elles ne semblent
Implique-moi, et je comprendrai. dans des activités bien structurées guidées l’être que pour les autres ou pour d’autres dis-
– Proverbe amérindien. par un professeur que parler / écouter, lire, ciplines que la sienne. Il n’est certes pas facile
écrire et réfléchir libèrent tout leur potentiel à prime abord de se lancer dans l’expérimen-
comme moteur de construction de sens tation de nouvelles activités. Laisser, à certains
’apprentissage actif est centré sur l’étu- (Meyers et Jones, 1993). moments, l’exposé magistral pour expérimen-

L diant. Il sous-tend que l’enseignement fait


appel à des méthodes et à des stratégies
qui impliquent les étudiants dans leur appren-
Des activités ainsi structurées et gui-
dées obligent l’étudiant à penser et à com-
menter les informations qu’ils ont trouvées ou
ter une nouvelle approche dans des grands
groupes d’étudiants toujours plus nombreux
peut faire craindre le pire. Ce peut être aussi
tissage. Pour qu’un tel apprentissage ait lieu, qui leur ont été présentées ; elles l’amènent à la quantité de contenu à communiquer qui
l’étudiant doit s’engager dans quatre actions chercher, à clarifier, à analyser, à synthétiser, à freine l’élan : des activités impliquant les étu-
évaluer, à questionner, à consolider et à s’ap- diants, surtout en classe, peut sembler un gas-
proprier de nouvelles connaissances. L’étu- pillage de temps. Sans oublier le temps de
diant ne se contente pas d’écouter ; il se réflexion et de préparation qu’il faut retirer à
DA N S C E N U M É RO construit des habiletés à jongler avec les con- d’autres activités importantes de la carrière
cepts des disciplines, à réfléchir sur les idées professorale.
et comment s’en servir. En dépit de ces craintes ou contraintes,
L’apprentissage actif ?
1 Différentes façons d’apprendre amè-
nent des apprentissages de divers niveaux.
Certains restent parce que profondément
bien des professeurs décident d’expérimenter
l’apprentissage actif dans leur enseignement.
Expérience faite, ils sont convaincus que cela
Apprendre avec plaisir
2 et écrire pour apprendre.
ancrés. D’autres pas : ils n’ont qu’effleuré
notre conscience mnémonique. L’appren-
tissage actif en est un qui favorise l’ancrage.
en vaut la peine. Ce que confirment les
recherches (Wang, Haertel et Walberg, 1990) :
l’apprentissage actif fait une différence pour
Il permet à l’étudiant de faire siennes les les étudiants en termes de motivation et de
Le forum de discussion comme
3 support à un cas pratique.
connaissances et d’atteindre un niveau de
compréhension et d’intégration qui en favo-
rise l’utilisation dans les situations appro-
qualité de l’apprentissage.
Quatre professeurs ont accepté de
faire part, dans ce Bulletin, de leur façon
Un projet de formation qui priées (Entwistle et Ramsden, 1983). d’aborder l’apprentissage actif. Leurs expé-
4 fait le pont entre théorie et
pratique.
Les stratégies et les activités pour enga-
ger l’étudiant dans un apprentissage actif sont
riences, stratégies, activités et réflexions sau-
ront inspirer et porter à explorer plus avant le
très diversifiées. Les approches par projets, par défi déjà lancé aux étudiants : aller au-delà
problèmes, par cas, les simulations, les débats, de la mémorisation de surface et prendre goût
L’atelier de projet à l’École
5 d’architecture.
les activités d’écriture et de développement de
la pensée critique, avec ou sans les technologies
d’information et de commucication (TIC), sont
à investir dans une compréhension profonde
permettant une meilleure utilisation des
acquis. (Voir références bibliographiques en
autant de façons de faire qui peuvent être ajus- page 2)
Des conseils pour améliorer
7 l’enseignement ?
tées pour convenir aux diverses situations d’en-
seignement (Schön, 1994 ; St-Jean, 1994; Bean,
1996 ; Guilbert et Ouellet, 1997 ; Lebrun, 1999).
Madelaine St-Jean, Ph.D.
Agente de développement

Numéro 4 – Octobre 2001 Bulletin CÉFES 1


bulletinCÉFES Apprendre avec plaisir
Numéro 4 – Octobre 2001 et écrire pour apprendre
Revue vouée au soutien de prime abord, ne suscite pas un enthousiasme
l’enseignement universitaire,
publiée par le Centre d’études
i tous pouvaient apprendre avec plaisir !
Sapprendre
Comment contrecarrer la tendance à
seulement pour l’examen ? Com-
débordant chez les étudiants attirés bien
davantage par le développement affectif.
et de formation en enseignement
ment susciter le goût pour une matière qui Je veux que ceux qui viennent en classe
supérieur (CÉFES) de l’Université de
Montréal.
n’est pas toujours celle qui attire le plus les aient envie d’apprendre. D’entrée de jeu, je leur
étudiants ? Comment amener les étudiants à donne le choix d’assister ou non au cours. Je
Université de Montréal questionner, à troquer leur opinion « criti- leur explique ; le cours est organisé de telle
C.P. 6128, succursale Centre-ville quante » pour une pensée critique évoluant sorte qu’on peut apprendre tout seul, sans
Montréal (Québec) dans un cadre de rigueur et d’honnêteté intel- venir en classe, en faisant toutes les lectures
H3C 3J7 lectuelle et scientifique ? Les réponses, je ne indiquées au syllabus. Les lectures obligatoires
les connais pas. Mais, pour moi, ça passe par couvrent entièrement la matière sur lesquels
Adresse civique une bonne dose d’humour, une pincée de pro- portent les examens. Les rencontres en classe
Pavillon 3744 Jean-Brillant vocation à l’aune d’images fortes, un enthou- permettent d’apporter des précisions, d’illus-
3e étage siasme débridé pour la matière et un plaisir trer, de répondre aux questions, d’expliquer, de
Montréal évident à enseigner à des étudiants qui sont là discuter ; le contenu des cours magistraux n’a
pour apprendre. C’est aussi en donnant aux pas pour objet de reprendre in extenso le
Téléphone : 514-343-6898 étudiants un espace de liberté et de choix contenu des textes obligatoires. Bien sûr, si l’on
Télécopieur : 514-343-6003 accompagné d’une grande exigence de rigueur veut approfondir les lectures, si l’on veut mieux
intellectuelle et d’effort personnel ; et oui, ils comprendre, on assiste au cours ; ce que je
cefes@umontreal.ca ont ma permission pour choisir des avenues, raconte en classe qui déborderaient des lec-
www.cefes.umontreal.ca
certaines plus prometteuses que d’autres, pour tures obligatoires ne sera jamais à l’examen.
apprendre. Et c’est, enfin, en utilisant l’écriture Deux modalités d’évaluation des
Directrice du CEFES
avec tutorat pour engager et consolider les apprentissages sont offertes. Une première
Rhoda Weiss-Lambrou
apprentissages. comporte un travail de session individuel avec
Rédactrice en chef deux examens objectifs ; l’autre, deux exa-
Madelaine St-Jean Faire des choix mens dont un est objectif et l’autre avec des
J’enseigne à un grand groupe d’environ questions à développement. Précisons ceci.
Comité de rédaction 150 étudiants de première année du baccalau- Afin de ne pas surcharger outre mesure les
Houssine Dridi réat en psychoéducation un cours d’Intro- étudiants, une concertation entre les profes-
Marie Routhier duction sur l’intelligence, une matière qui, à seurs des trois cours d’introduction, portant

Ont collaboré à ce numéro


Jean-François Buissière
Jean-Pierre Chupin Apprentissage actif
Serge Larivée
Mariella Pandolfi
Pour en savoir un peu plus
Madelaine St-Jean
Références bibliographiques (Texte page 1)
• Bean, John, C. Engaging Ideas. The Professor’s Guide to Integrating Writing, Critical
Comité de lecture
Monique C. Cormier
Thinking and Active Learning in the Classroom. San Francisco : Jossey Bass. 1996.
France Fontaine • Entwistle, N. J. ; Ramsden, P. Understanding Student Learning. London : Croom helm.
Diane Raymond 1983.
Conception graphique • Guilbert, L., Ouellet, L. Étude de cas – Apprentissage par problèmes. Collection
Bergeron Communications Formules pédagogiques. Montréal. Presses de l’Université du Québec. 1997.
Graphiques
• Lebrun, M. Des technologies pour enseigner et apprendre. De Boeck. Perspectives
en éducation. 1999.
Impression
Service de polycopie, UdeM • Meyers, C. ; Jones, T. B. Promoting Active Learning. Strategies for the College
Classroom. San Francisco : Jossey-Bass. 1993.
Les opinions émises dans les
articles de ce bulletin n’engagent • Schön, D. A. Le practicien réflexif. À la recherche du savoir caché dans l’agir profes-
que les auteurs et non le CÉFES. sionnel. Collection Formation des maîtres. Les éditions logiques. 1994.
• St-Jean, M. L’apprentissage par problèmes. Service d’aide à l’enseignement.
Tout texte publié dans le Bulletin Université de Montréal. 1994.
CÉFES peut être reproduit avec
mention obligatoire de la source. • Wang, M.C., Haertel, G.D., Walberg, H.J. « What influences learning? A content ana-
lysis of review literature ». Journal of Educational Research. 84 (1). 1990. 30-44.
Note : Le générique masculin est
utilisé uniquement pour alléger le Sites internet
texte. • Bibliographies par secteur disciplinaire sur le site internet de l’« Active learning ».
www.active-learning-site.com/bibl.htm
Dépôt légal aux bibliothèques
nationales du Canada et du Québec • Le site de Marcel Lebrun, auteur cité en bibliographie pour des documents très à
ISSN 1492-4218 propos sur les méthodes actives avec les technologies.
www.ipm.ucl.ac.be/multimedias/multimedias.html

2 Bulletin CÉFES Numéro 4 – Octobre 2001


respectivement sur le développement cognitif,
affectif et social, assure que les étudiants sont Une activité en grand groupe
tenus obligatoirement de faire un travail de
session dans l’un ou l’autre de ces trois cours. Au début de ma carrière, j’ai appris une technique appelée « buzz ». Je pose une question.
Un tirage au sort détermine dans lequel des Par exemple, je montre un graphique représentant un jeu de données (je suis statisticien)
trois cours les étudiants devront préparer le et je demande à la classe de me résumer la relation entre les deux variables. Les étudiants
travail de session ; la liste des « gagnants » est discutent de la question avec leur voisin, deux à deux, pendant un court laps de temps fixé
annexée à chacun des plans de cours. De là, à l’avance, habituellement 30 à 60 secondes. Puis, je demande à une ou deux personnes de
les choix suivants s’ouvrent. L’étudiant peut me résumer leur réponse.
décider de faire un échange avec un autre étu-
diant parce qu’il préfère faire le travail dans un D’abord, cette technique permet aux étudiants de participer au cours plutôt que de tout
cours différent. Il peut décider de choisir l’op- simplement être passifs ; ils peuvent vérifier leur compréhension de la matière immédiate-
tion travail dans deux ou même dans les trois ment plutôt que d’attendre à la fin du cours. Ensuite, elle change le rythme, ce qui est très
cours s’il le souhaite ; et j’insiste, c’est effecti- important. Finalement, elle prend très peu de temps, tout au plus une minute.
vement souhaitable.
Le travail individuel dans mon cours Christian Léger, professeur titulaire
porte sur un thème au choix puisé à même la Département de mathématiques et de statistiques
liste des thèmes privilégiés précisés dans le syl-
labus et pour lesquels mes trois assistants d’en-
seignement, étudiants au doctorat, sont prépa- Les étudiants sont prévenus. Tout est corrigé, le nent jamais nous voir et qui font un excellent
rés. Je supervise généralement les étudiants qui fond comme la forme. La grille de correction est travail. D’autres, par contre, ne viennent pas et
optent pour des thèmes différents.Aux étudiants annexée au plan de cours et les critères, comme ne réussissent pas.
de décider s’ils se prévalent, ou non, de la pos- la répartition des points, sont clairement indi- La version finale des travaux passe par
sibilité d’être soutenus dans leur cheminement qués. Les étudiants connaissent bien toutes les une double correction ; je corrige tous les tra-
d’écriture par un tuteur qui les accompagne et exigences relatives au travail. Les travaux qu’ils vaux, les classe en trois piles et les distribue
précorrige leurs travaux ; c’est leur choix. soumettent pour précorrection sont retournés entre les trois assistants qui les corrigent à leur
rapidement, dans un délai de deux jours maxi- tour. Une fois la double correction achevée, je
Apprendre en écrivant mum, et si l’étudiant n’est pas satisfait, il peut rencontre un à un mes assistants. On s’entend
Avec cette activité de travail de session, venir me voir et je corrige à nouveau. d’abord sur le rang donné à chacun des tra-
je m’assure que les étudiants sont capables Ce n’est pas facile pour les étudiants de vaux puis, par la suite, sur la note. Il est beau-
d’écrire et de réfléchir. L’objectif est qu’ils déve- recevoir une copie rougie de corrections. Aussi, coup plus facile de s’entendre sur la note une
loppent des capacités à écrire de manière je les encourage en leur faisant comprendre fois d’accord sur le rang. Toutefois, s’il y a plus
scientifique et à traiter un sujet avec rigueur. que d’avoir beaucoup de corrections est signe de cinq points d’écart entre ma correction et
Les étudiants qui se prévalent du tutorat qu’il y a du contenu sur lequel on peut tra- celle de l’assistant, une troisième correction est
apprennent, entre autres, à introduire leur sujet vailler pour améliorer la façon de le communi- faite par une tierce partie. Sur 100 travaux, au
de façon adéquate, à faire état correctement quer. Je leur laisse voir un de mes textes badi- moins quatre ou cinq font toujours l’objet
des principaux concepts relatifs au thème et à geonné de rouge. Aussi, la lecture d’une phrase d’une troisième correction. Et à chaque fois, je
bien faire comprendre les informations tirées non corrigée de mon texte puis corrigée par ne peux m’empêcher de penser : s’il n’y avait
des travaux théoriques et empiriques, à enchaî- ma linguiste préférée parle de soi. eu qu’un seul correcteur, quelle injustice!
ner logiquement les idées qu’ils développent Sur 150 étudiants, combien se préva- Tout ça demande, bien sûr, un investis-
en un tout cohérent et à conclure dans un lent de la possibilité de précorrection ? Je n’ai sement de temps. Il faut être convaincu que
esprit synthétique et critique. Dans bien des pas tenu de statistiques mais à peu près 60 % l’écrit est important.
cas, le progrès fait est observable. font faire une précorrection, peut-être 20 %
Les assistants sont extrêmement sévères deux et environ 5 % en font faire trois ou Serge Larivée, professeur titulaire
dans leur correction ; ils sont formés pour cela. quatre. Il y a toujours des étudiants qui ne vien- École de psychoéducation

Le forum de discussion comme support à un cas pratique !


Pde euteur
de cours à distance existent dans le sec-
de la santé. Dans le cadre d’un cours
gestion en pharmacie hospitalière de la
gramme de maîtrise en pratique pharmaceu-
tique. Il comprend 15 modules de 3 heures
offerts sur une période ayant varié de 7 à 15
quatre à six étudiants sont formées autour
de sept controverses d’actualité telles que la
délégation aux assistants-techniques en
Faculté de pharmacie, nous avons intégré à semaines au cours des deux dernières pharmacie, la prescription des ordonnances
notre approche pédagogique le support de années. Ces modules font l’objet de confé- assistées par ordinateur, etc. Une équipe
WEBCT, depuis février 2000, de telle sorte que rences magistrales en classe ; les notes de assume le rôle de chef de département de
le cours puisse se donner à distance. Dans ce cours sont aussi disponibles en format élec- pharmacie et doit assurer la gestion des
cadre, l’outil qu’est WEBCT a été utilisé, entre tronique de type pdf pour faciliter la naviga- réunions, la rédaction des comptes rendus,
autres, pour la gestion des interactions lors tion à partir des hyperliens intégrés aux notes les prises de décision, le calendrier des tra-
d’une simulation ou d’un cas pratique où les de cours. vaux et la réussite des mandats confiés.
étudiants deviennent de véritables acteurs Outre le contenu théorique abordé Chaque étudiant et son équipe sont tenus
d’un département virtuel de pharmacie dans dans les modules, les trente à quarante étu- d’interagir régulièrement sur le forum élec-
un établissement de santé. diants sont confrontés à un cas pratique bâti tronique et d’arriver à un plan de résolution
à partir des données réelles d’un départe- de leur controverse et ce, convenant au reste
Plan de match… ment de pharmacie dirigé par le professeur du département.
Le cours est offert sur une base responsable. Avec ce cas, chaque étudiant est Outre un examen à choix multiples,
optionnelle aux étudiants de 4e année et considéré comme faisant partie du départe- l’évaluation des étudiants porte sur la parti-
constitue une condition d’admission au pro- ment à titre de pharmacien. Des équipes de cipation individuelle au forum de discussion,

Numéro 4 – Octobre 2001 Bulletin CÉFES 3


sur la rédaction d’un travail écrit structuré et
sur la présentation orale des recommanda- Un projet de formation qui fait le pont
tions de chaque équipe.
entre théorie et pratique
Le forum de discussion
Le recours au forum de discussion vise Entrevue avec Mariella Pandolfi vie d’une personne. Je conçois la formation
les objectifs suivants : assurer une participa- Professeure titulaire dans un sens large de, formation d’une per-
tion équitable et suffisante des étudiants, Département d’anthropologie sonne, et non seulement de l’apprentissage
favoriser l’application pratique des concepts d’une profession. On peut toujours changer
évoqués à partir du contenu magistral (en d’orientation, de vie, de pays… Ce qui veut
classe ou sur le Web), apprendre à se com- Pourquoi cherchez-vous à impliquer vos dire qu’il faut donner des outils qui permettent
porter avec efficacité sur un forum de discus- étudiants dans un projet de formation où à l’individu de grandir. Je crois que le plus beau
sion et développer son jugement critique en ils apprennent activement ? cadeau que nous pouvons donner à la nouvelle
gestion. Parce que les étudiants ont été peu génération c’est une vraie formation, à savoir
exposés à des concepts de gestion pharma- Vous savez, j’ai une expérience européenne et la capacité de réfléchir. On peut passer à l’ac-
ceutique, on pourrait être tenté de croire que nord-américaine de l’enseignement universi- tion seulement quand on a vraiment une pos-
l’approche magistrale (en classe ou à dis- taire. J’ai essayé dans mon enseignement à sibilité de réflexion profonde. Et donc, pour
tance) est préalable. Pourtant, notre expé- l’Université de Montréal de créer une interpé- moi, il faut nourrir la personne qui est en train
rience révèle que les étudiants ont déjà une nétration entre les deux. Du côté européen, en de se former au premier cycle et au deuxième
opinion sur les controverses de l’actualité Italie par exemple, il y a une habitude à l’ora- cycle. J’ai une conviction profonde de l’aspect
pharmaceutique. La simulation ou le cas vécu lité : les étudiants sont engagés à parler et mal- différencié de l’individu.
par le biais du forum les prépare à devenir en heureusement moins à écrire. Alors qu’ici, en L’anthropologie est une discipline qui
même temps et plus rapidement, au terme de Amérique du Nord, il n’y a pas cette habitude comporte deux ou peut-être même trois
leur formation, des acteurs de cette actualité. à l’oralité. Et j’ai vite compris les difficultés volets : d’abord des informations qui doivent
Pour assurer des discussions efficaces, d’une formation universitaire vidée de la partie faire l’objet d’une formation théorique, aussi
chacune des sept controverses d’actualité est orale ou vidée de la partie écriture. C’est là ma une méthodologie propre à la discipline qui est
traitée par un sous-groupe attitré d’étudiants. première réflexion quand j’ai essayé d’intégrer le travail de terrain et enfin, le travail écrit car
De plus, des règles de participation au forum ma double expérience en me questionnant et les données du travail de terrain font l’objet de
ont été établies, pour l’écrit et pour le fonc- en m’efforçant toujours de comprendre les dif- textes. Ces trois volets occupent souvent l’es-
tionnement général (voir encadrés). férences culturelles. pace de différentes disciplines. Ils constituent,
Fondamentalement, j’ai toujours cru à mon avis, un défi exceptionnel pour la for-
Résultats fermement à une chose, qu’une formation uni- mation d’une personne. Pour ma part, je suis
Bien que les objectifs visés par le versitaire c’est un moment particulier dans la passionnée par mon enseignement. Je ne
forum de discussion n’aient pas été mesurés à
partir d’outils validés, nous pensons qu’ils
sont largement atteints au terme du cours.
Cependant, le recours à un forum comporte
des limites. Bien que la satisfaction des étu-
diants à l’égard du cours soit élevée, plusieurs
étudiants soulèvent des difficultés reliées à
Règles de participation pour l’écrit
l’utilisation du forum. L’évaluation de la par- • Prévoir au préalable les principaux sujets de discussion pour orienter les messages
ticipation au forum faite par le professeur des étudiants.
génère un volume de messages peu utiles, • Éviter d’amorcer de façon concomitante plusieurs discussions au sein d’un même
rédigés souvent seulement pour signifier sa sous-groupe ; savoir se retenir avant d’amorcer de nouveaux sujets.
participation. Les étudiants ont de la difficulté • Identifier un modérateur par sous-groupe et lui demander de proposer une synthèse
à choisir l’essentiel et cherchent à lire tous les des idées discutées avant de clore le sujet.
messages qui peuvent totaliser plus de 1000 • Éviter les messages inutiles ; dans le cas de sondage d’opinion, demander que les
interventions au cours du trimestre pour un participants répondent par le biais du courriel et présenter les résultats compilés au
groupe d’environ 35-40 étudiants. Il est diffi- terme du délai fixé.
cile d’être clair, succinct et pertinent ; plu- • Encourager les participants à rédiger des messages succincts en respectant les
sieurs messages gagneraient à être plus brefs. quelques principes suivants : une idée par paragraphe ; maximum de 2 idées-clés
Enfin, la charge de travail professorale est par message ; conclusion claire c’est-à-dire, question posée, complément d’informa-
importante, mais elle en vaut la peine. tion à ce qui se discute, appui/désaveu par rapport à l’idée qui progresse !

Que retient-on ?
Le forum de discussion permet des
échanges virtuels par écrit autour de cas ou
de problèmes dans lesquels les étudiants s’in-
Règles de fonctionnement général
vestissent entièrement pour les résoudre ou • Identifier de façon explicite les participants au forum ; préciser si d’autres profes-
en débattre. Nul doute que nous poursuivrons seurs, observateurs, étudiants de d’autres groupes auront accès à la plate-forme.
cette approche au cours des prochaines • Convenir d’une fréquence attendue de consultation du forum par tous les partici-
années, en développant des outils de mesure pants (c’est-à-dire quotidienne, aux deux jours, à la semaine…)
plus fiables de l’acquisition et de la rétention • Identifier au préalable les règles de nétiquette s’appliquant au groupe ; préciser si
des connaissances de même que de la satis- les participants jouent un rôle ou donne leur opinion personnelle ; préciser ce qui
faction des étudiants. doit demeurer confidentiel.
• Intervenir de façon prévisible et appropriée ; la nature / fréquence de la participa-
Jean-François Bussières, tion du professeur doit être précisée au préalable ; le professeur agit-il à titre de
professeur, adjoint de clinique modérateur, de clarificateur, d’informateur, d’arbitre ? À quelle fréquence devrait-il
Faculté de pharmacie lire lui aussi les messages affichés ?

4 Bulletin CÉFES Numéro 4 – Octobre 2001


transmets donc pas seulement des informa- une affiche, écrire et préparer des présenta-
tions et une méthodologie mais une passion. tions de 20 minutes comme dans les confé-
rences internationales. J’ai invité des profes-
Que faites-vous pour allier théories, J’amène les étudiants seurs du département à faire les commentaires.
pratique et écriture et engager vos à voir comment L’an dernier, j’ai proposé aux étudiants d’or-
étudiants dans un apprentissage actif ? ganiser un panel comme des professeurs et
théories et terrain des spécialistes et de participer au Colloque
J’essaie d’intégrer une formation théorique très s’interpénètrent des anthropologues canadiens qui se tenait à
pointue ouverte sur d’autres disciplines avec Montréal. D’imminents anthropologues amé-
un passage à l’action. Ces deux choses, théorie et vont de pair ; ricains et français m’ont dit que c’était un des
et action, sont des pôles ; c’est à moi de faire comment une panels les plus intéressants. Je suis à faire le
les ponts entre ces pôles et à engager les étu- information théorique, recueil des textes présentés et à organiser
diants dans un projet de formation. Ce n’est avec le département une publication. Les étu-
pas facile d’engager les étudiants qui ont sou- une théorie diants m’ont dit que c’était la grande expé-
vent peur ; mais, moi, je n’ai pas peur ! peut changer rience de leur vie.
Au premier cycle, mon cours comporte Mon défi est toujours le même. Com-
une première partie théorique, donnée en une idée de terrain. ment introduire et faire sortir ou apparaître
intensif, et une deuxième partie dans l’action la vie pendant un cours ? Comment mettre
sur le terrain. Pour moi, il est clair que cette les étudiants dans la vie et mettre l’expé-
action n’est valide que parce qu’elle est nour- rience du cours dans la vie ? Au premier cycle,
rie par la théorie. J’amène les étudiants à voir c’est la première expérience du travail de ter-
comment théories et terrain s’interpénètrent et d’autres disciplines ; un grand nombre d’œu- rain. Au deuxième cycle, c’est chercher un
vont de pair ; comment une information théo- vres importantes sont à lire. Ce séminaire endroit, une occasion où l’étudiant peut véri-
rique, une théorie peut changer une idée de demande un engagement très fort des étu- fier sa formation.
terrain. Il y a deux expériences de terrain dans diants. Souvent, la qualité exceptionnelle du Je ne pourrais pas vivre à l’Université
le cours. La première permet à l’étudiant de se travail m’a poussé à accroître les défis. Par sans penser que j’ai le droit de passionner mes
lancer, d’explorer, d’aller voir ; on discute par la exemple, j’ai amené les étudiants à organiser étudiants et de me passionner, de lancer des
suite des données. Basée sur l’expérience du un mini-colloque pour présenter au départe- défis aux étudiants et de moi-même en relever.
premier terrain et toujours nourrie par la théo- ment ce qu’on fait. Ce qui sous-entend faire y
rie, l’étudiant vit une deuxième expérience où
il construit l’objet d’étude, les outils pour
recueillir les données, etc. qu’il présente orale-
ment à la classe et par écrit. Il doit s’habituer Tout doit être mis en œuvre pour que l’étudiant, à l’occasion de cet enseignement, s’ac-
à parler de cette expérience et à en rendre complisse comme personne et , ce faisant, se dépasse et me dépasse. À quoi sert
compte dans un texte écrit. Pour soutenir les l’Université si la jeune génération n’est pas mise en situation d’être meilleure que la
étudiants dans cette démarche, il y a des ren- mienne ? Le respect de l’étudiant oblige à exiger beaucoup de lui, mais, en retour, à offrir
contres individuelles, en petits groupes et de tous les moyens pour lui permettre d’être créateur, donc audacieux, dès aujourd’hui.
classe. Avec une assistante, je vais, à certains
moments sur le terrain avec l’étudiant. André Bélanger, professeur titulaire
Au deuxième cycle, je donne un sémi- Département de sciences politiques
naire théorique où l’anthropologie touche

L’atelier de projet à l’École d’architecture


Ltionepédagogique
projet est une formidable mise en situation
destinée à favoriser l’intégra-
de connaissances et l’acquisition de com-
liers de projet en architecture. Ainsi, on notera
que de façon générale l’enseignant s’adresse à
un petit groupe d’environ quinze étudiants
nels, des chercheurs invités et des professeurs
des universités voisines. Pour chaque projet, on
compte au moins une critique intermédiaire,
pétences. Le projet de l’étudiant en architec- réunis dans l’atelier de projet proprement dit, et, bien entendu, une revue finale. Événements
ture, qui fait tantôt appel à l’imitation de mais qui vont et viennent dans un environne- parfois difficiles sur le plan émotionnel, les
pratiques et sollicite à d’autres moments les ment de travail particulièrement complet (ate- jurys sont toujours des moments très forma-
ressorts de la créativité individuelle et de l’in- liers de dessin, laboratoires d’informatique et teurs autant pour les étudiants qui présentent,
géniosité, ne doit pas être confondu avec un ateliers multi-techniques). En tant que lieu de que pour l’auditoire.
modèle réduit, un faux-semblant ou une simu- conception des projets, l’atelier est un espace
lation ludique. Pour l’étudiant, comme pour le d’appropriation dans lequel l’étudiant person- Apprendre à pratiquer
professionnel, le projet est une activité à risque, nalise un emplacement qu’il conservera pen- la réflexivité
qui exige autant de concentration et d’investis- dant au moins un trimestre et dans lequel il Dans l’atelier de « design architectural »
sement personnel, que d’ouverture d’esprit et passera le plus clair de son temps. Il n’est pas proposé aux étudiants du deuxième trimestre
de distanciation critique. De la première année rare que les étudiants décident de s’y retrouver de la maîtrise, je vise personnellement à pro-
du baccalauréat, jusqu’à l’obtention de la maî- le soir et la fin de semaine pour rechercher les longer le développement d’une pensée critique,
trise professionnelle, les étudiants sont de fait conditions propices à la concentration, voire à en général déjà bien en place après quatre
conduits à présenter une dizaine de projets l’entraide. L’enseignant sait où il peut rencontrer années d’étude, par une intensification des pra-
d’architecture. les étudiants de façon individuelle ou collective tiques réflexives. L’atelier de projet est une
à différents moments de la semaine. occasion privilégiée pour amener les étudiants
L’atelier comme lieu Moments déterminants dans l’évolution à repenser les choses les plus évidentes, celles
d’élaboration du projet du travail et de l’acquisition des compétences, qui leur semblent parfois le moins propices à la
Il n’est pas inutile de rappeler certaines les « jurys », véritables revues critiques des « grande édification » architecturale. Derniè-
caractéristiques communes à la plupart des ate- projets, font souvent appel à des profession- rement, j’ai proposé la thématique de la piscine

Numéro 4 – Octobre 2001 Bulletin CÉFES 5


comme « lieu public ». Quoi de plus évident – Le tutorat, faire et en réfléchissant à voix haute à leur
et pourtant de si paradoxal – qu’une piscine l’accompagnement en atelier projet, je suis mieux à même de les guider.
publique ! Des vestiaires, un bassin pour les et le « coaching » Certains professeurs travaillent un peu à la
petits, un bassin pour les grands, un plongeoir, Dans tout atelier de projet, l’étudiant manière d’un « coach » de hockey, d’autres à
etc. Une étudiante s’est ainsi beaucoup préoc- détient une large part de responsabilité en la façon d’un guide de haute montagne. Dans
cupée de la notion de « bain libre ». C’est une regard de son apprentissage ; son apport est tous les cas, il faut aider l’étudiant à envisager
notion plutôt maltraitée dans les piscines crucial. Et quand l’étudiant suspend sa géné- d’autres dimensions, à considérer les consé-
conçues comme des équipements, et non rosité ou quand il refuse de suspendre sa quences d’une option ; il faut parfois les recen-
comme des lieux du corps. Le bain libre s’y méfiance, cela peut conduire à une impasse trer lors d’une trop grande dispersion ou leur
résume à une tranche horaire et non à un qu’il faudra déjouer. Ce qu’apporte l’étudiant laisser entendre que la gestion du temps est à
espace au programme singulier. Cette revoir d’urgence. Dans une telle mise en
étudiante a travaillé sur cette question situation pédagogique, la dimension
pendant trois mois, pendant que d’autres relationnelle est particulièrement déter-
s’attachaient à penser la relation des minante, avec les risques inhérents à
bassins aux techniques du corps, à la toute relation humaine, que celle-ci soit
qualité de l’eau, à la détente, à la ren- encourageante ou confrontante.
contre, à la pudeur, aux formes symbo-
liques. À partir du flou « artistique » de Les compétences
la thématique générale, chaque étudiant Certains Dans cet accompagnement pro-
travaille une question de recherche par- professeurs gressif, de projet en projet, on parvient à
ticulière qu’il choisit et énonce lui-même développer certaines compétences
: au risque de voir sa proposition finale travaillent nécessaires à l’architecte. L’architecte
mise au défi de la pertinence. n’est pas ce créateur échevelé soucieux
un peu à la manière d’imposer ses idées, tel qu’il est le plus
Le projet, c’est la d’un « coach » souvent dépeint à grands traits dans les
démarche caricatures ou les films romantiques. Il
Le travail en atelier repose d’une de hockey, s’agit surtout d’un acteur social qui est
part sur le dialogue réflexif entre le tuteur d’autres à la façon amené à discuter longuement avec les
et l’apprenant et d’autre part sur la gens, qui doit apprendre à écouter, à
« conversation avec les matériaux de la d’un guide prendre la mesure des choses, qui doit
situation » (pour paraphraser D. A. aussi argumenter et le plus souvent se
Schön1). Dans les premières semaines, de haute convaincre pour mieux convaincre. Les
cela peut aller de la recherche en biblio- montagne. bons architectes sont tous capables de
thèque, jusqu’aux visites sur le terrain, ou faire entrer les gens dans l’univers du
encore aux voyages dans des lieux ana- projet qu’ils anticipent. Savoir présenter
logues qui stimulent la réflexion, donnent oralement un projet est une compétence
par comparaison de la pertinence au indispensable. Savoir écrire dans un
projet et permettent de prendre position français impeccable en est une autre,
tant sur le plan social et culturel, que spa- que ce soit pour rédiger les documents
tial et technique. Dans les semaines sui- contractuels, pour une note de chantier
vantes, l’étudiant doit se concentrer sur nécessitant des instructions précises, ou
l’organisation des espaces, la schématisation des détermine en grande partie le résultat. Mais, pour accompagner un jury de concours dans
parcours, les hypothèses formelles et construc- le résultat objectif n’est en aucun cas le seul les méandres des documents graphiques.
tives : et ce, tout en continuant l’analyse des facteur pris en compte dans l’évaluation du L’écriture distingue les bons profession-
précédents historiques, tout en précisant le posi- projet lors des jurys. À tel point que le travail nels des moins bons ; une compétence que le
tionnement « philosophique » du projet. peut être sanctionné, s’il s’avère que l’étu- nouveau directeur de l’école d’architecture
Même si les étudiants doivent suivre un diant s’est délibérément soustrait aux diffé- prend à ce point au sérieux, qu’il vient d’auto-
certain nombre d’étapes pour m’assurer qu’in- rentes étapes intermédiaires du dialogue riser un projet pilote avec le Centre de com-
dividuellement ils sauront tous mener leur pédagogique en travaillant uniquement chez munication écrite (CCE) pour parfaire l’acquisi-
projet jusqu’à un stade satisfaisant « d’inachè- lui par exemple. tion de ces compétences fondamentales
vement », autant dire que le processus ne peut La démarche de travail de l’étudiant est parfois malmenées chez des étudiants immer-
pas être découpé ni compartimenté, encore aussi importante et révélatrice que le résultat. gés dans un trop plein de culture visuelle.
moins linéaire et déterministe ; à tout moment Avec la plupart de mes collègues, je suis d’avis
de la conception, de la formalisation et de la qu’il est très difficile d’évaluer le projet sans une Sans conclure
réalisation, le point de vue du concepteur peut connaissance objective régulière de la démarche Relié historiquement à l’apprentissage
être reformulé et fait l’objet de multiples réfec- sous jacente. En d’autres termes il faut pouvoir de l’architecture, l’atelier de projet est une for-
tions. À l’intérieur même d’une première phase observer l’étudiant au travail. En atelier de mule pédagogique centrale dans la plupart des
où l’étudiant génère son projet, il peut amorcer projet, je suis à même d’apprendre comment ils écoles de la Faculté de l’aménagement.
un processus de formalisation et de validation cherchent, comment ils argumentent, s’ils met- L’atelier est de fait un lieu d’apprentissage du
critique. Il s’agit donc d’une démarche où les tent du temps pour entrer dans l’action ou s’ils projet du point de vue de la conception des
étapes ne sont pas cloisonnées, mais plutôt en se lancent dans l’action avec audace, s’ils énon- objets et des espaces de vie. Mais il réfère
forme de spirales. cent une intention mais tendent à en concrétiser aussi, comme je souhaite l’avoir esquissé, à
une autre, etc. Cette « mise à nu » toute relative une façon d’apprendre à concevoir des projets
de la démarche de l’étudiant et de sa réflexion « par le projet ».
dans l’action est l’occasion de nombreux
échanges et de transferts réciproques entre les Jean Pierre Chupin, professeur agrégé
enseignants et les étudiants. École d’architecture
1 Schön, D. A. Le practicien réflexif. À la recherche Les étudiants doivent se regarder tra-
du savoir caché dans l’agir professionnel.
Collection Formation des maîtres. Les éditions vailler et regarder travailler les autres. En m’ex-
logiques. 1994. pliquant où ils en sont, ce qu’ils voudraient

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Des conseils pour améliorer l’enseignement ?
Dleurouze de professeurs, lauréats de prix d’excellence en enseignement à l’Université de Montréal,
font des suggestions. Ces professeurs ont participé à un sondage-éclair à la fin de l’été 2001
1
demandant de choisir dans une liste de 20 conseils – la plupart visant l’amélioration de la
1 Coup d’œil sur l’enseignement universitaire.
Vingt trucs pour mieux enseigner. Bulletin du
Service pédagogique, Université de Montréal.
prestation dans les cours magistraux – ceux qu’ils donneraient eux-mêmes à des collègues. Les sui- Janvier 1991, numéro 5, p. 11.
vants ont reçu l’assentiment de la majorité.

• Françoise Armand,
1. Utilisez plusieurs moyens différents et variez le rythme de façon à maintenir l’at- professeure agrégée
tention et à éveiller l’intérêt. Faites une blague, référez-vous à un événement d’ac- Département de didactique
tualité, à une expérience importante ou à une découverte récente. Si vous avez l’ha- Faculté des sciences de l’éducation
bitude d’utiliser le rétroprojecteur ou l’ordinateur, forcez-vous à utiliser le tableau et • André Bélanger, professeur titulaire,
vice-versa. Faites usage de citations, allez même jusqu’à lire des extraits de textes Département de sciences politiques
originaux (pas trop), question d’introduire un autre point de vue dans la classe. Faculté des arts et des sciences
Plusieurs études semblent vouloir démontrer que l’attention des étudiants à un • Rachel Brosseau, professeure
exposé est à son plus bas après 20 minutes. C’est le temps de varier le rythme, ou adjointe de clinique,
même de vous permettre d’entretenir des propos hors du sujet pour une minute ou École de réadaptation
deux. Vous ne perdrez pas grand chose et les étudiants y gagneront ! Faculté de médecine
• Monique Cormier,
2. Soyez enthousiaste ! professeure titulaire,
Département de linguistique
3. Si vous pouvez vous le permettre, n’hésitez pas à utiliser un brin d’humour, particu-
et traduction
lièrement juste avant d’aborder un point difficile ou une démonstration ardue. La Faculté des arts et des sciences
tendance habituelle, c’est de devenir plus sérieux lorsqu’on se rapproche du point
• Élisabeth Dutil, professeure titulaire
crucial. Cela a pour effet d’ajouter à la tension des étudiants et parfois de leur faire École de réadaptation
rater l’explication. Rares sont ceux qui peuvent apprendre sous tension. Étonnant ! Faculté de médecinex
C’est après avoir bien ri que nos cerveaux sont plus réceptifs aux idées nouvelles et • Sorel Friedman, chargée de cours
difficiles. Toutefois, si l’humour ne cadre pas avec votre personnalité, évitez-le. Direction de l’enseignement
des langues
4. N’essayez pas d’impressionner vos étudiants. Ils savent bien que vous êtes intelligent
Faculté des arts et des sciences
et plus savant qu’eux. Prouvez-le en leur communiquant votre message avec sim-
plicité et cohérence. • Christian Léger, professeur titulaire,
Département de mathématiques
5. Efforcez-vous de rendre les choses significatives. Établissez des liens entre les évè- et statistiques
Faculté des arts et des sciences
nements de la vie courante et les théories dont vous faites la démonstration. Dans
les cours, évoquez les expériences personnelles : les vôtres ou celles des étudiants. • Marie Marquis, professeure adjointe,
Département de nutrition
6. Au début de chaque cours, dressez la liste des objectifs pour ce cours. Quels points Faculté de médecine
principaux entendez-vous couvrir ? Cela fournira aux étudiants un cadre de référence • Fabienne Pironet,
tout en vous forçant à mieux cibler votre présentation. Tentez au moins l’expé- professeure agrégée
rience ! Si vous trouvez cela difficile, imaginez le mal qu’auront les étudiants. Département de philosophie
Faculté des arts et des sciences
7. Arrivez tôt à vos cours et retardez le moment de votre départ. À la fin des cours,
• Jean Proulx, professeur agrégé,
demeurez quelques minutes dans les environs. Lorsque les étudiants auront compris,
École de criminologie
ces périodes de temps deviendront les moments de communication les plus intenses Faculté des arts et des sciences
que vous passerez avec eux.
• André Roy, professeur titulaire,
8. Laissez à vos étudiants quelque chose de permanent. L’objectif immédiat pour un Département de géographie
Faculté des arts et des sciences
étudiant, c’est d’apprendre ce qui est nécessaire pour réussir le cours. Votre objec-
tif devrait être de préparer les étudiants à appliquer ce qu’ils ont appris aujour- • Jean Sirois, professeur agrégé,
d’hui pour résoudre des problèmes futurs et imprévus. Faculté de médecine vétérinaire

N’attendez pas l’évaluation officielle pour avoir un retour de la part de vos étudiants, posez Sans glisser dans la familiarité, montrez
leur des questions sur la manière dont ils perçoivent le cours (débit du professeur, niveau de à vos étudiants que leur réussite vous
difficulté de la matière pertinence du matériel pédagogique). Cela ne veut pas dire que vous tient à cœur et manifestez-leur de l’em-
devrez vous adapter nécessairement à tout ce qu’ils diront ou demanderont, ça peut être pathie.
aussi l’occasion de leur expliquer pourquoi il faut lire tel texte ou passer absolument par telle
difficulté, etc. De toutes manières, vous saurez mieux dans quelles eaux vous naviguez… Monique Cormier,
professeur titulaire
Fabienne Pironet, professeure agrégée Département de linguistique
Département de philosophie et traduction

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Des livres à la librairie
de l’Université de Montréal Courrier des
oici quelques ouvrages en pédagogie uni-
Vversité
versitaire disponibles à la librairie de l’Uni-
au Pavillon principal. Pour une liste plus
• Palloff, R.M., Pratt, K. Building learning
communities in cyberspace: Effective
strategies for the online classroom.
lecteurs
exhaustive, consultez le site Web de la libraire San Francisco. CA: Jossey-Bass Vos commentaires et
à l’adresse http://www.libraire.umontreal.ca Publishers. 1999. suggestions sur le bulletin nous
dans la section Catalogue>CÉFES. seraient très précieux. Faites-les
• Proulx, J. Le travail en équipe. parvenir à l’adresse électronique
• Bates, A.W. Managing Technological Collection Formules pédagogiques. suivante :
Change : Strategies for College and Montréal. Presses de l’Université du
University Leaders. San Francisco, Ca: Québec. 1999. Madelaine.St-Jean@montreal.ca
Jossey-Bass Publishers. 2000.
• Chamberland, G., Lavoie, L. et Marquis, Les deux prochains Bulletin
• Collison, G., Elbaum, B., Haavind, S., D. 20 formules pédagogiques. Collection du CÉFES porteront
Tinker, R. Facilitating online learning : Formules pédagogiques. Montréal. Pres- respectivement sur l’encadrement
Effective strategies for moderators. ses de l’Université du Québec. 1996. des étudiants et sur l’évaluation des
Madison, WI: Atwood Publishing. 2000. apprentissages. Vous êtes
• Depover, C., Giardina, M., Parton, P. cordialement invités à soumettre des
• Guilbert, L., Ouellet, L. Étude de cas – Les environnements d’apprentissage textes pour ces numéros à l’adresse
Apprentissage par problèmes. Collection multimédia, Analyse et conception. ci-haut mentionnée.
Formules pédagogiques. Montréal. Pres- Montréal : L’Harmattan Inc. 1998.
ses de l’Université du Québec. 1997.

M’investir dans une recherche


en pédagogie universitaire

oV
ous êtes convaincu que l’apprentissage actif chez l’étu- conditions de soutien requises pour organiser une ou des activités
diant universaire est souhaitable. Vous utilisez déjà dans de recherche en pédagogie universitaire.
votre enseignement des méthodes ou des stratégies pour
faire participer davantage vos étudiants à leur apprentis- D’emblée, deux groupes d’intérêt
sage que ce soit avec ou sans les TIC : approches par problèmes, par pourraient être établis :
projet, par cas, par simulation, activités d’écriture, de développement
de pensée critique, etc. Ou encore, vous vous intéressez particulière- 1. Méthodes et stratégies d’enseignement pour un
ment aux nouvelles technologies dans l’enseignement ? apprentissage actif.
2. La place des TIC (technologies d’information et de
Si oui, peut-être seriez-vous intéressé à créer communication) dans l’enseignement.
un groupe de recherche en pédagogie universitaire
ou à en à faire partie ? Si vous êtes intéressé à participer ou à en savoir davantage,
veuillez s.v.p. communiquer avec :
Dans un premier temps, l’objectif est d’identifier des professeurs Madelaine St-Jean, Ph. D., agente de développement au CEFES,
intéressés à se regrouper autour d’intérêts communs en pédagogie, par courriel : Madelaine.St-Jean@umontreal.ca
de cerner des créneaux prometteurs de recherche et d’identifier les ou par téléphone au 343-6111, poste 1642.

Au CÉFES
Vous pouvez vous inscrire directement par le Web, www.cefes.umontreal.ca, aux activités pédagogiques suivantes qui permettent de se familia-
riser à des approches pédagogiques favorisant un apprentissage actif.

Les forums de discussion Les notes de cours interactives La préparation des étudiants
Jean-François Buissières, professeur Jean-Louis Brazier, professeur et étudiantes au travail d’équipe
Faculté de pharmacie Faculté de pharmacie Pierre-Claude Lafond, chargé de cours
Faculté de droit
5 novembre 2001, 9 h à 12 h 8 novembre 2001, 9 h à 12 h
19 novembre 2001, 9 h à 12 h Mars 2002

Pour obtenir de l’information sur les méthodes actives et, particulièrement, sur celles les plus aptes à faire atteindre les objectifs propres à
leurs cours, les enseignants peuvent consulter Claire Bélanger, agente de développement pédagogique au CÉFES, au 343-6111, poste 8794 ou
à l’adresse claire.belanger@umontreal.ca.

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