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Environnement

Page couverture par Kaf.K


« Ilot de chaleur »

Les œuvres graphiques de Kaf.K


mettent en scène des éléments
iconiques, symboliques,
architecturaux ou patrimoniaux. Par
le biais d’un jeu d’échelle entre la
ville et les personnages, l’artiste
propose un regard ludique sur
l’urbanité.
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Table des matières


Préface ................................................................................................................................ 2
Contexte .............................................................................................................................. 3
Villes et changements climatiques ..................................................................................... 5
Eau ................................................................................................................................... 6
Prix de l’eau................................................................................................................. 7
Eaux usées ................................................................................................................... 8
Substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) ....................................... 9
Gestion des pluies ....................................................................................................... 9
Bâtiments ...................................................................................................................... 11
Énergie........................................................................................................................... 14
Éolien......................................................................................................................... 15
Solaire ....................................................................................................................... 16
Nucléaire ................................................................................................................... 16
Filière batterie........................................................................................................... 16
Matières résiduelles ...................................................................................................... 23
Recyclage .................................................................................................................. 24
Boues......................................................................................................................... 25
Mines ............................................................................................................................. 25
Conclusion ......................................................................................................................... 27
Références ........................................................................................................................ 28

L’auteure de la section « Environnement » est Hélène Hélias

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 1
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Préface
Préface par Paul Germain, élu et maire de Prévost

Certains diront, à tort ou à raison, qu'il faut du courage pour agir en environnement. À
mon avis, l'action climatique découle d'une compréhension approfondie des enjeux
environnementaux, de leurs causes et de leurs effets, aussi bien pour le décideur que
pour les électeurs.
Une compréhension approfondie des problématiques environnementales transforme
l'opinion publique et politique en une nécessité d'intervention. Le sujet devient alors
fondé sur des faits, s'inscrivant dans une perspective d'intérêt général.
L'expertise en matière de changement climatique renverse le fardeau de la preuve. Les
environnementalistes, autrefois perçus comme des rêveurs, émergent désormais comme
des leaders responsables et lucides. Ce sont les rêveurs et les irresponsables qui croient
maintenant que tout peut continuer comme avant, refusant de proposer des mesures
tangibles aux citoyens.
Une partie de la population a une compréhension limitée du phénomène complexe qu’est
le réchauffement climatique. Agir en tant que décideur dans ce domaine implique une
meilleure transmission de l'information à la communauté, une écoute attentive de cette
dernière et une adaptation des actions proposées en fonction des préoccupations
quotidiennes de tous. Avec ces éléments réunis, vos convictions se consolideront et vous
conféreront le courage nécessaire pour rallier vos concitoyens.
Une majorité évidente de la société aspire à des actions concrètes en matière
d'environnement. Il nous incombe simplement de prendre le temps de bien informer et
d'écouter avant de chercher à convaincre.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 2
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Contexte
L'été 2023 restera gravé comme un témoin de la crise climatique qui s'intensifie. La saison
de juin à août a largement dépassé les records en devenant la plus chaude jamais
enregistrée au niveau mondial, avec une température moyenne de 16,77°C, surpassant
de 0,66°C la normale établie. Ces données inquiétantes, issues du programme Copernicus
de l'Union européenne, soulignent de manière flagrante la gravité du réchauffement
climatique.

Source : https://climate.copernicus.eu/summer-2023-hottest-record

L'Accord de Paris, à l’époque félicité pour ses objectifs de limiter la hausse des
températures mondiales à 2°C, voire 1,5°C, demeure un défi colossal. Le Canada a promis
de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % à 45 % d'ici 2030 par rapport
à 2005, avec un horizon de neutralité carbone en 2050. Le Québec, quant à lui, s'est
engagé à abaisser ses émissions de GES de 37,5 % d'ici 2030 par rapport à 1990, avec une
ambition de neutralité carbone pour 2050.
Malgré ces promesses, les dernières projections de Copernicus prédisent un
réchauffement atteignant 1,5°C d'ici la fin de 2034.1
Face à cette urgence climatique, l'Agence Internationale de l'énergie (AIE) insiste sur la
nécessité de renforcer la transition vers les énergies propres. Elle préconise l'essor des
énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la promotion de
l'électrification, conformément aux recommandations du Groupe d'experts

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 3
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Cependant, ces actions requièrent


des décisions politiques audacieuses et immédiates.
Malheureusement, malgré les discours rassurants des dirigeants, l'inaction persiste. Le
Canada, par exemple, a alloué 38 milliards de dollars US de subventions aux énergies
fossiles en 20222, tout en annonçant son intention d'arrêter de soutenir des subventions
jugées inefficaces dans le secteur pétrolier et gazier. Pourtant, ironiquement, des
investissements colossaux persistent, comme l'expansion du pipeline Trans Mountain ou
le gazoduc Coastal GasLink.3
Au sein du G20, le Canada figure parmi les principaux bailleurs de fonds publics pour les
projets liés aux combustibles fossiles. Cette inertie politique consterne les experts du
GIEC, dont le dernier rapport souligne l'impératif d'actions immédiates face aux impacts
actuels et futurs du réchauffement climatique, tels que les vagues de chaleur extrême, la
détérioration de la sécurité alimentaire, les problèmes de santé et les pertes humaines.
Les effets du changement climatique se sont ainsi manifestés de manière intensifiée
durant l'été 2023 au Canada. On notera parmi ces derniers, une vague de feux de forêt
ayant dévasté plus de 18 millions d'hectares, dépassant largement le record de 7,6
millions d'hectares établi en 1989, et même si 32,8 % de ces feux sont liés à l'activité
humaine, ils ne représentent que 4,9 % de la superficie ravagée.4
Alors que l’on tourne la tête en cette fin d’année sur la Conférence de Dubaï de 2023 sur
les changements climatiques (COP 28), on se questionne encore sur la cohérence des
COP, ainsi que sur leur réel objectif. Une conférence sur les changements climatiques
hébergé aux Émirats arabes unis, parmi les plus grands producteurs de pétrole, qui ne
déclarent pas ses émissions de méthane à l’ONU5, et qui placent le PDG de la compagnie
pétrolière nationale émiratie en tant que président de la COP28, on pourrait croire à une
blague. Pourtant, ce dernier a bel et bien déclaré qu’il n’existait « aucune science ni aucun
scénario qui affirme que la sortie des combustibles fossiles permettra d’atteindre [la cible
de] 1,5 °C »6. On a dénombré pas moins de 2 400 lobbyistes de carburants fossiles
présents durant les phases de négociations7, et pour finir, aucun texte qui appelle
directement à la sortie des énergies fossiles… une COP choquante.
Même s’il est important d’inclure les pays producteurs d’énergies fossiles dans les
discussions pour sortir de l’utilisation de ces dernières, et même si on peut se réjouir que
de premières cibles aient été produites pour une « transition hors des énergies fossiles »,
il est essentiel de souligner que ces accords ne sont pas à la hauteur de l’urgence
climatique actuelle. Quelles seront les prochaines étapes à l’échelle du Canada et du
Québec, comment les villes se sont positionnées cette année et comment devront-elles
se positionner dans les années à venir pour répondre aux enjeux des changements
climatiques ?

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 4
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Villes et changements climatiques


Alors que François Legault annonce que les municipalités devront fournir des efforts pour
s'adapter aux changements climatiques, les villes pointent du doigt la pression qui leur
est mise pour financer et mettre en œuvre des mesures d'adaptation face aux
changements climatiques malgré de lourdes contraintes budgétaires et un retard de
remplacement d’actifs toujours plus important.
L'étude de la firme WSP, commandée par l'Union des municipalités du Québec (UMQ),
estime le coût économique des changements climatiques pour les villes québécoises à
environ 2,3 milliards de dollars par an pour la prochaine décennie, avec un coût total
projeté de 72 milliards pour les infrastructures municipales d'ici 2080.
Le gouvernement du Québec a mis en place des programmes tels que OASIS pour aider
les villes à s'adapter aux changements climatiques, mais ceux-ci ont rencontré une faible
participation. Par exemple, sur les 4,6 millions de dollars budgétés pour la première
année d'OASIS, seulement 800 000 de dollars ont été utilisés. De même, le programme
de restauration ou de création de milieux humides, doté de 113 millions de dollars, n'a
alloué que 3,7 millions de dollars jusqu'à présent.
Ces programmes pourraient être trop spécifiques, ne couvrant pas des initiatives telles
que l'installation de boîtes à fleurs ou de pistes cyclables, considérées comme contribuant
à la résilience des villes selon l'UMQ. Prioriser les besoins des villes face à la pénurie de
main-d'œuvre représente également un défi majeur.8
Pour mieux agir face aux changements climatiques, plusieurs villes ont pris l’initiative de
s’accompagner d’un conseiller ou d’une conseillère scientifique. L’objectif de ce rôle étant
d’aider les villes à « mobiliser les bonnes expertises au bon moment afin de jeter un
regard neuf sur la situation » et de fournir du conseil spécifique de même que faciliter la
prise de décision pour les villes dans la mise en œuvre de leurs plans d’action pour les
changements climatiques. Une initiative pour laquelle on voit une grande opportunité
pour les municipalités québécoises, cependant seules les grosses entités ont pour le
moment le luxe de s’allier ces experts et expertes, ce qui nous fait nous demander
comment les plus petites et moyennes municipalités peuvent elles aussi bénéficier d’une
telle expertise au sein de leurs équipes ?9

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 5
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Eau
La crise liée à l’eau n’est plus un secret pour personne. Des populations dans le monde
entier manquent d’eau, les ressources s’assèchent, les eaux souterraines sont de plus en
plus contaminées, on voit des inondations à répétition partout dans le monde… Lors de
la dernière conférence de l’ONU sur l’eau, Antonio Guterres a d’ailleurs déclaré « Nous
drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et
l’utilisation non durable que nous faisons de l’eau, et nous provoquons son évaporation
en réchauffant la planète. »
Alors que le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO précise que « Si rien n’est fait, entre 40
et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement
et environ 20-25 % à de l’eau potable. »10 Le Canada avec 20 % des ressources mondiales
en eau douce et le Québec avec 3 % de celles-ci, ne peuvent se dédouaner de leur
importance dans la préservation de la ressource. Mais on le voit malgré tout, l’eau
manque, et ce, même dans des villes du Québec. La ville de Sutton est un exemple parmi
tant d’autres. Avec une source provenant d’une eau de surface, et une pression trop
accrue sur cette dernière, la Ville a pris la décision de ne pas accorder de nouveaux permis
de construction, faute de ressources en eau pour combler les besoins de tous les
citoyens.11 Et le développement des villes n’est pas l’enjeu le plus important en matière
de pénurie d’eau, car nombreuses d’entre elles ont été contraintes cet été d’acheter de
l’eau à leurs villes voisines pour subvenir aux besoins de leurs citoyens. « C’est le cas de
Saint-Antoine-de-Tilly qui achète ponctuellement de l’eau à Québec depuis plusieurs
années, lors des périodes critiques. »12
Ainsi les sujets touchant l’eau sont majeurs dans les villes québécoises. Non seulement
pour assurer la préservation de la ressource, mais aussi la santé des citoyens qui la
consomment ainsi que l’équité en matière d’utilisation de celle-ci.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 6
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Prix de l’eau
Parmi les principaux responsables de la diminution des ressources en eau, on ne peut
ignorer la responsabilité des entreprises et des embouteilleurs d’eau qui utilisent l’eau et
réalisent du profit grâce à cette ressource, à un coût dérisoire. Le ministère de
l’Environnement a ainsi déposé un nouveau projet de loi en avril 2023 pour augmenter
de manière significative les redevances sur l'eau prélevée au Québec par des compagnies
privées. Ainsi, les mesures suivantes ont été prises :

• Faire passer, dès le 1er janvier 2024, les taux de redevance de 2,50 $ par million de
litres d'eau ($/Ml) à 35 $/Ml et de 70 $/Ml à 150 $/Ml. Le taux applicable variera
en fonction de l'utilisation de la ressource. Ces taux seraient ensuite indexés de
3 % par an;
• Abaisser le seuil d'assujettissement à la redevance sur l'eau, actuellement de 75
000 litres par jour, à 50 000 litres par jour à compter du 1 er janvier 2026, ce qui
fait qu'un plus grand nombre d'entreprises seraient désormais assujetties à cette
redevance;
• Ajouter au plus haut taux (150 $/Ml), une redevance additionnelle de 350 $/Ml
applicable aux activités d'embouteillement, et ce, à partir du 1 er janvier 2024.
Initialement, les trois millions de dollars payés annuellement en redevances pour
l'extraction de grandes quantités d'eau étaient considérés comme « largement
insuffisantes » par Benoit Charette.
Donc une multiplication par 10 de ces redevances par rapport à l’année 2022, dépassant
ainsi le taux payé par les entreprises ontariennes. Des chiffres certes encourageants,
même si le gouvernement entend tout de même fournir une aide aux entreprises pour
payer ces fameuses redevances. Fournir une aide financière aux entreprises qui
consomment trop pour les aider à payer des redevances censées les inciter à moins
consommer? Légèrement contre-productif…13
Et les avis divergent dans les écrits, la tarification qui parait faible pour des industries de
cette taille est-elle vraiment affectée et assez incitative pour diminuer la consommation
d’eau des entreprises qui en utilisent le plus? Ou faudrait-il exiger la mise en place de
normes ou d’exigences supplémentaires, comme recycler l’eau dès qu’il est possible de
le faire ?14
Dans la même foulée, la création d’un Fonds bleu a été annoncée pour « protéger la
ressource en eau en finançant des mesures de gestion de l’eau dans les domaines de
l’utilisation durable, équitable et efficace des ressources en eau, du contrôle et de la
prévention des inondations, de la conservation des écosystèmes aquatiques ainsi que de
la gouvernance de l’eau ». Cependant, le montant initialement promis par le
gouvernement semble fondre à vue d’œil et a diminué d’environ 20 %.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 7
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Eaux usées
La situation des déversements des eaux usées dans les cours d’eau est une question
fortement médiatisée depuis maintenant plusieurs années. Les villes devant opérer avec
des infrastructures vieilles de plusieurs décennies ne sont pas toutes capables de traiter,
en bonne et due forme, la quantité d’eau qui se retrouve dans leurs usines.
Les municipalités qui traversent la rivière du Nord par exemple, ont fait appel à la
Fondation Rivières pour tenter de localiser les endroits où elle se dégrade pour en trouver
les sources de contamination. « Ce sont soit les rejets d’eaux municipales qui sont mal
traités ou soit des surverses après de fortes pluies ou des installations septiques non
conformes », a expliqué le biologiste Philippe Maisonneuve en préparant son prochain
échantillonnage.15 Mais des villes possédant de plus grosses installations vivent le même
constat : « Lorsque le volume d'eau qui entre dans le réseau est trop élevé – dans les
périodes de fortes pluies, par exemple –, les autorités n'ont d'autre choix que de déverser
les eaux sales dans l'environnement. »16
Entre l’augmentation des pluies exceptionnelles, le vieillissement des installations et le
manque de moyens pour rénover les installations, plusieurs décisions devront être prises
pour réussir durablement à préserver les cours d’eau québécois.
Cependant, force est de constater que le gouvernement ne semble pas avoir établi des
règlementations plus strictes sur la protection de ses cours d’eau. Il n’exige plus des
municipalités qu’elles corrigent les branchements d’égouts sanitaires défectueux en
échange d’une aide financière pour la réfection de leurs infrastructures d’eaux usées alors
qu’il s’était engagé à le faire en 2007. Un programme d’aide financière existait alors pour
encourager les villes à corriger les branchements d’égouts sanitaires défectueux, en
revanche cette proposition a été retirée du Programme d’infrastructures municipales
d’eau (PRIMEAU). C’est d’ailleurs ce que déplore la Fondation Rivières, même si Sébastien
Gariépy, porte-parole du ministère déclare que « Les raccordements inversés se situent,
la plupart du temps, sur les propriétés privées des citoyens et ne sont pas admissibles aux
programmes [de subvention] », la Fondation propose par ailleurs « que ces travaux soient
effectués par les villes – quitte à ce qu’elles refilent ensuite la facture aux citoyens fautifs
– et qu’ils soient admissibles à des subventions, notamment par l’entremise du
Programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec qui finance des
travaux d’infrastructures municipales d’eau. »17

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 8
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Substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS)


Composants ayant fait parler d’eux sur la dernière année, les PFAS, ou polyfluoroalkyl and
polyfluoroalkyl Substances, sont une famille de produits chimiques utilisés dans de
nombreux produits de consommation courante tels que les revêtements antiadhésifs, les
emballages alimentaires, les textiles imperméables, les produits de nettoyage, et bien
d'autres. Le problème principal avec les PFAS est qu'ils sont persistants dans
l'environnement et dans le corps humain, ce qui signifie qu'ils ne se dégradent pas
facilement et peuvent s'accumuler au fil du temps.
Dans l'eau, les PFAS peuvent provenir de déversements industriels, d'incendies
d'hydrocarbures, des rejets d'installations de traitement des eaux usées, ou même de
produits du quotidien lavés dans l'évier ou jetés dans les toilettes. Au Québec, la
règlementation sur les PFAS semble encore trop élevée par rapport au risque pour la
santé publique, mais inquiète à mesure que les villes commencent à découvrir ces
composants, jusqu’alors peu présents, dans les eaux municipales.
On a vu par ailleurs, la première recommandation de limitation de consommation d’eau
potable à cause des perfluorés dans la petite municipalité de Sainte-Cécile-de-Milton.18

Gestion des pluies


Pour débuter le sujet sur la gestion des pluies, voici un rapide aperçu des records de pluie
durant l’été 2023 :
- Sherbrooke: 309 mm (juillet 2023) contre 220 mm (juillet 1974)
- Montréal: 263 mm (juillet 2023) contre 246 mm (juillet 1958)
- Québec: 258 mm (juillet 2023) contre 256 mm (juillet 1992)
Ces évènements de pluie hors des normes habituelles forcent les villes à faire face à des
problématiques encore jamais vues sur leurs territoires19. Des inondations, des
refoulements d’égout et des glissements de terrain, et plaçant certaines municipalités sur
un pied d’alerte :
- 1er juillet : un glissement de terrain fait deux morts à Rivière-Éternité, au
Saguenay.
- 11 juillet : à la suite de pluies diluviennes, on signale des centaines d'évacués à
Sainte-Brigitte-de-Laval, au nord de Québec, des routes affaissées et des
sauvetages nautiques en Estrie, et plusieurs résidences isolées à Saint-Raymond,
dans Portneuf.
- 13 juillet : des orages apportent l’équivalent d’un mois de pluie en quelques
heures à Montréal, causant des bris d’aqueduc et des refoulements.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 9
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

- 15 juillet : le Club de golf de la Vallée du Témiscouata, dans le Bas-Saint-Laurent,


a dû fermer ses portes en raison d’inondations sur ses terrains.
- 28 juillet : des rues sont inondées d’eau et des dommages sont causés par des
grêlons de la taille d’une balle de ping-pong en raison d'orages violents, en
Outaouais.
Pour lutter et diminuer l’impact que ces pluies intenses peuvent avoir sur les
infrastructures, on voit émerger des projets de « rues éponges », on parlera, entre autres,
de la Ville de Montréal qui prévoit aménager près de 30 parcs et 400 trottoirs éponges
pour résister à la hausse des pluies décrites ci-dessus.20 21 Depuis 2022, la Ville de
Montréal a aménagé sept parcs éponges, dont la place des Fleurs-de-Macadam, dans le
Plateau-Mont-Royal, et le parc Dickie-Moore, dans le quartier Parc-Extension. »22 Couplé
avec l’aménagement des 800 saillies de trottoirs déjà existantes, la Ville affirme que
l’ensemble de ces aménagements permettent d’absorber l’équivalent de deux piscines
olympiques.
Par ailleurs, l’arrondissement montréalais du Sud-Ouest est l’hôte du projet-pilote de
ruelle bleue-verte. Ce projet encore unique au Québec propose de « repenser
l'aménagement afin de réorienter les eaux pluviales, qui finissent habituellement dans le
réseau municipal, vers des installations vertes accessibles au public. »23 Un article du
journal Le Devoir mentionnait : « En 2020, 49 472 débordements ont été recensés au
Québec par le ministère de l'Environnement. La majorité d'entre eux sont survenus dans
un contexte de pluie (69 %) et de fonte (21 %). En 2019, une année marquée par de fortes
précipitations, 57 136 débordements se sont produits. »24 À Montréal, les surverses
représentent l'équivalent de 1 200 piscines olympiques qui débordent et se déversent
dans le fleuve annuellement.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 10
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Bâtiments
Les bâtiments forment la ville. Au Québec, le secteur du bâtiment serait responsable
d’environ 10 % de nos émissions totales (17 % au Canada), selon les données de 2020.25
Bien que le Code national du bâtiment ne cesse de resserrer ses normes et malgré
l’existence de nombreuses certifications pour les bâtiments, on ne cesse d’observer dans
la vie courante, des bâtiments neufs ou rénovés comportant des ponts thermiques, des
déperditions évidentes et une enveloppe digne des années 1990.
Les urbanistes interviennent souvent par réglementation sur la typologie, les hauteurs ou
les fonctions. Souvent, la performance énergétique résulte du Code du bâtiment en
vigueur ou de la volonté du promoteur d’en faire plus. Pourtant, dans le contexte du
Québec, parallèlement à la réduction des émissions provenant du domaine des
transports, nous devons aussi aborder la question des bâtiments. L’impact carbone de la
climatisation et du chauffage du bâtiment sur tout son cycle de vie est déterminant.
L’année 2022 s’était achevée avec une coalition de cinq municipalités qui réclamait de
Québec une interdiction du chauffage au gaz naturel dans toutes les nouvelles
constructions.26 En dépit d’une réponse claire du gouvernement, nous constatons cette
année encore qu’Hydro-Québec milite toujours en faveur du gaz naturel comme énergie
complémentaire en période de pointe hivernale (la biénergie). Cette approche est
fortement contestée et à juste titre. Sur le plan environnemental, ne nous méprenons
pas, le gaz naturel n’a de naturel que le nom. Il s’agit de méthane. À presque 100 %, le
gaz provient d’énergie fossile et n’est pas produit au Québec. Selon un article paru dans
Le Devoir, « Le gaz naturel est responsable de 14,3 % des émissions totales de gaz à effet
de serre (GES) au Québec. Encore bien présent pour chauffer les espaces et l’eau dans les
bâtiments québécois, il représente 8 % de la consommation d’énergie dans le secteur
résidentiel et 27 % dans le commercial et l’institutionnel.
En décembre, à l’occasion d’un événement organiser par Vivre en Ville sur les
décarbonations des bâtiments27, Cyndy Comerford, gestionnaire du programme Climat
au Département de l’environnement de San Francisco mettait de l’avant l’argument de la
santé publique lié à l’utilisation du gaz naturel. Ce gaz contiendrait pas moins de 21
polluants toxiques issus du gaz non brulé et qui se dispersent dans l’air. Certains de ces
gaz seraient responsables d’augmenter les cas de cancer et d’asthme en plus de
contribuer aux épisodes de smog.28 La corrélation entre l’exposition chronique au gaz
naturel et différentes pathologies est largement documentée, ajoute-elle. « Aux États-
Unis, plusieurs villes ont déjà interdit le raccordement des nouveaux bâtiments au réseau
gazier. »29

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 11
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

L’année 2023, pour sa part, a été rythmée par le sujet du gaz naturel dans les bâtiments
et l’encadrement de son utilisation par les municipalités. La Ville de Prévost instaure ainsi
le tout premier règlement municipal au Québec interdisant le gaz dans les bâtiments,
prouvant ainsi l’impact que peut avoir une ville sur la réduction de ses GES. Initialement,
l’interdiction visait non seulement le gaz fossile dans les nouveaux bâtiments, mais
également lors du renouvellement d’équipements existants lorsque ceux-ci arriveront en
fin de vie utile.30 Promptement, Énergir, le distributeur d’environ 97 % du gaz naturel au
Québec, s’est alors lancé dans une poursuite à l’encontre de la Ville pour faire invalider
ce règlement, jugeant le règlement « déraisonnable », « discriminatoire » et
« outrepassant les compétences de la Ville ». Juste avant Noël, Énergir a finalement
abandonné sa poursuite contre Prévost.31
Frédéric Marceau, le directeur de l’environnement mentionnait alors que la municipalité
de Prévost permettra « la biénergie en remplacement de l’existant si et seulement si on
est 100 % GNR ». En contrepartie d’un ajustement à la réglementation municipale,
« Énergir va « mettre sur pied un projet pilote avec nous pour prouver la traçabilité » du
gaz naturel renouvelable, comme elle le fait pour les clients industriels. » 32 « Cette
décision répond à nos attentes. À titre de gouvernement de proximité, nous avons la
responsabilité et les compétences pour faire avancer les dossiers environnementaux, a
souligné le maire Paul Germain dans un communiqué obtenu par Radio-Canada. »33
Très médiatisé, le cas de Prévost est un cas d’école dans le sens où la poursuite d’Énergir
visait à tester la légalité et l’autonomie des municipalités québécoises à réglementer les
émissions de gaz à effet de serre. Sur ce sujet, en 2022, le Centre québécois du droit en
environnement et Vivre en Ville avaient publié un rapport qui brossait les lois habilitantes
en matière de décarbonation de bâtiment. L’exercice analysait la Loi sur les compétences
municipales et la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et démontrait la marge de
manœuvre pour les villes tout en mentionnant certains conflits potentiels avec la Loi sur
la Régie de l’Énergie.34
Rappelons tout de même que, lorsque la Ville de Montréal a souhaité interdire le gaz
naturel dans tous les nouveaux bâtiments, elle s’était également retrouvée face à Énergir
et Hydro-Québec qui avaient fait pression pour un allègement de la réglementation
utilisant l’argument de la pointe hivernale pour justifier les besoins en gaz. La Ville de
Montréal, dans son règlement final, a tout de même choisi d’interdire plusieurs appareils
au gaz dans ses nouveaux bâtiments, mais accepterait alors le gaz naturel renouvelable
(GNR) pour les plus grands bâtiments. Aucune poursuite n’avait été intentée contre la
métropole. Comme quoi il semble moins compliqué d’attaquer en justice une ville de
14 000 habitants qu’une grande ville avec de grands moyens. Pour information, le GNR,
provenant de sources comme la biométhanisation, représente, en ce moment, seulement
2 % du gaz distribué au Québec et est injecté dans le réseau de gaz naturel, avant d’être
distribué.35

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 12
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

On notera aussi, la Ville de Candiac, qui a décidé d’interdire l’utilisation de combustibles


gazeux pour les nouvelles constructions résidentielles sur son territoire. « À Candiac, le
gaz naturel, qui représentait en 2021 25 % de l’énergie consommée par le résidentiel,
était responsable de 88 % des émissions de GES de ce secteur. »36 Ces efforts, et en
particulier ceux de plus petites villes, nous montrent que les municipalités possèdent les
clés pour mettre en place des stratégies concrètes pour réduire leurs GES, encore faut-il
que les fournisseurs et les acteurs de milieu de l’énergie soient capables de suivre la
parade et d’accepter d’accompagner les municipalités dans leurs actions en faveur de
l’environnement.
En nombre, dans l’ombre de l’affaire Prévost, le ministre de l'Environnement, de la Lutte
contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charrette, a déposé
le projet de Loi 41 édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments
et modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique.37
« Le projet de Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant
diverses dispositions en matière de transition énergétique permettra la mise en place de
nouveaux standards de déclaration et de performance environnementale dans les
bâtiments afin de réaliser d'importantes économies d'énergie qui vont ultimement
contribuer à décarboner le Québec. L'objectif est de mesurer leur performance
environnementale, avec un renforcement progressif des normes minimales de
performance au fil des années. » 38 Une fois adopté, la nouvelle Loi fusionnera le Plan
directeur en transition, innovation et efficacité énergétique et le plan de mise en œuvre
du Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030).
Il est généralement reconnu que les choix énergétiques et la performance des bâtiments
soient intimement liés à la décarbonation de nos villes. Contre toute logique, une étude
parue en début d’année et réalisée par Cristina Peñasco et Laura Diaz
Anadon de University of Cambridge sur la situation des logements après une rénovation
thermique, tend à démontrer que les économies d'énergie disparaissent la quatrième
année après une rénovation. Les chercheurs anglais ont analysé des données de 2005 à
2017 couvrant un échantillon de plus de 55 000 ménages et démontrant que la simple
rénovation des passoires énergétiques n’entraine absolument pas automatiquement une
réduction des émissions de GES et des coûts supportés par l'occupant.39 L’urbaniste
français, Denis Caraire, commentait l’observation issue de ses propres travaux. En
réponse aux approches techniques, il identifiait quelques pistes de solutions
urbanistiques plus structurantes comme la localisation et la taille des logements.40

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 13
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Énergie
Hydro-Québec l’a annoncé : pour parvenir à décarboner tous les secteurs utilisant encore
des combustibles fossiles, il lui faudra produire 100TWh de plus dans les 30 prochaines
années. Mais c’est sans compter sur les besoins en énergie de la filière batterie à venir au
Québec, qui devrait demander une quantité encore plus élevée en électricité. Alors
qu’Hydro planifie d’économiser 8 TWh d’ici 2030, la société aurait calculé que le potentiel
réel d’économie d’énergie est de 25 TWh. On notera d’ailleurs que plusieurs projets
immobiliers ne pourront pas voir le jour en raison d’un manque d‘électricité, provoquant
ainsi la réduction du développement d’un grand nombre de municipalités. On notera
parmi elles Gatineau qui doit, pour le moment, retarder des projets résidentiels par
manque d’énergie.41
Alors que Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie,
affirme que « Techniquement et économiquement, on sait qu’on peut aller chercher 25
TWh. Alors il faut prendre les mesures nécessaires pour aller les chercher. », plusieurs
solutions sont discutées pour atteindre une telle quantité d’énergie produite.42
Dans un papier rédigé par Pierre-Olivier Pineau, on nous décrypte la feuille de route pour
la carboneutralité dans le monde pour 2050 réalisée par l’Agence internationale de
l’énergie. Les points essentiels de cette dernière :

• Le solaire, apparaît comme la source d’énergie la plus en croissance sur Terre,


mais est impossible à développer de manière généralisée dans le monde sans la
coupler avec d’autres énergies plus rentables telles que l’éolien ou le nucléaire.
• Les transports électriques seraient la manière la plus efficace pour décarboner les
transports (oui, mais surtout réduire la place de la voiture dans le quotidien !!!).
Batteries essentielles (oui, mais à quel prix et surtout dans quelles quantités?)
• Pour diminuer efficacement la consommation d’énergie dans les bâtiments :
rénovation des bâtiments et meilleure gestion de l’utilisation de l’énergie, ce qui
n’est pas vraiment d’actualité au Québec.
Même si ce rapport semble indiquer qu’avec l’énergie hydroélectrique produite par le
Québec la province se positionne en avance au niveau de la production et l’utilisation
d’énergie renouvelable, la rénovation des bâtiments pour réduire efficacement la
rénovation thermique et énergétique des bâtiments n’est pas assez dans les priorités.43
Ainsi développons sur les sources d’énergie envisagées pour pallier le besoin énergétique
au Québec.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 14
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Éolien
L’éolien est une solution très fortement envisagée par le gouvernement. Dans un premier
temps, selon Samuel Bergeron de l’Association québécoise de la production d’énergie
renouvelable (AQPER), « l’éolien est l’énergie la moins chère », mais aussi selon d’autres
scientifiques, tels que Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie
Trottier, et Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, « estiment même qu’il serait possible
d’atteindre l’objectif de 100 TWh uniquement avec l’énergie éolienne. »44
Cependant, il faut considérer plusieurs freins à ces développements. D’un côté le prix des
constructions éoliennes, en pleine hausse dans le monde entier, inquiète. En effet, les
composants de construction de ces éoliennes augmentent à vue d’œil et les aides
gouvernementales ne fonctionneraient pas pour la majeure partie des installations, car la
plupart des composants ne proviennent pas du Québec. D’un autre côté, les oppositions
citoyennes générées par les projets éoliens sont présentes :

• La MRC d’Arthabaska, qui a été interpellée par plus d’une dizaine de citoyens,
reproche le manque de transparence et de communication concernant le projet
éolien de la MRC.45
• Ou encore la MRC Nicolet-Yamaska où un règlement de contrôle intérimaire relatif
à l’implantation d’éoliennes sur le territoire de Nicolet-Yamaska a été voté devant
le mécontentement d’un bon nombre de citoyens face à la décision de ne pas
réaliser de référendum à ce sujet.46 47 48
Sans tout miser sur la technique et l’innovation, certaines innovations comme les
éoliennes en bois de conception suédoise49 présentent suffisamment d’avantages pour
permettre de croire à une production énergétique plus sobre que ce qu’on fait
actuellement. Le fait d’utiliser le bois plutôt que l'acier lors de la construction permettrait
d’économiser environ 2 000 tonnes d'émissions de CO2 par tour en incluant la séquestration. À la fin
de sa durée de vie utile, les matériaux de ces tours sont entièrement recyclables.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 15
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Solaire
D’après un article de La Presse : « L’énergie solaire fournit à peine 0,002 % de notre
production électrique. La plupart des experts voient cette proportion augmenter d’ici
2050, mais estiment qu’il n’y a aucune urgence à installer des panneaux solaires à grande
échelle. D’après nos modélisations, le solaire deviendra compétitif avec l’éolien d’ici 10 à
15 ans. Alors je dirais qu’il n’y a pas d’urgence à foncer maintenant », dit l’expert Philippe
Dunsky, qui s’attend tout de même à ce qu’environ 30 TWh d’énergie solaire soient
déployés entre 2035 et 2050. »50

Nucléaire
Sujet épineux, le nucléaire revient dans la bouche politique comme une potentielle
solution pour augmenter la production d’électricité. « Le ministre Fitzgibbon, disait ne pas
vouloir fermer la porte au nucléaire, dans le contexte des immenses besoins énergétiques
du Québec ». Ainsi, Michael Sabia, quelques jours après être entré en poste à la tête
d’Hydro-Québec, a fait un tollé dans les médias après avoir annoncé qu’Hydro-Québec
pouvait envisager le retour du nucléaire sur son territoire, une étude de faisabilité a
d’ailleurs été demandée pour rouvrir la centrale Gentilly-2, à Bécancour. 51 52

Filière batterie
Beaucoup de choses ont déjà été écrites ou dites au sujet de la filière batterie si chère au
gouvernement Legault. Pour les uns, ce positionnement stratégique est gage de
retombées économiques et d’une participation active dans la décarbonation des
transports. Pour les autres, les milliards investis sont plutôt vus comme une dépense et
les emplois reliés aux différents projets ne seront pas une création d’emplois, mais un
déplacement de personnes qualifiées d’entreprises existantes vers les nouvelles
entreprises de la filière batterie.
Dans la deuxième moitié de 2023, à peu près tous les médias québécois ont fait mention
du manque d’électricité anticipé pour répondre à la demande des Québécois en période
de pointe hivernale. Cet état de fait sur la capacité énergétique d’Hydro-Québec a soulevé
plusieurs questions quant à l’opportunité de développer la filière batterie au Québec.
Pourquoi octroyer des blocs d’énergie pour des usines de fabrication de batteries,
notamment au profit d’autres types d’industries? Pourquoi octroyer des blocs d’énergie
pour les entreprises de la filière batterie sachant que bien souvent, il ne s’agit pas
d’entreprises québécoises et que les capitaux sortiront de notre économie et que les
profits seront probablement délocalisés afin de bénéficier d’une fiscalité clémente ?

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 16
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Le plan stratégique 2022-2026 adopté durant la brève direction de Sophie Brochu chez
Hydro-Québec « prévoyait une augmentation de la demande d’électricité de 20 TWh
entre 2019 et 2029 et de 100 TWh d’ici 2050. Or, M. Fitzgibbon avance maintenant une
croissance des besoins qui pourraient atteindre 150 TWh d’ici 2050, comparativement à
une production actuelle d’environ 180 TWh. » […] « M. Fitzgibbon, qui autorise désormais
tous les projets nécessitant 5 mégawatts (MW) et plus de puissance, n’a accepté que 11
des 20 projets qui lui avaient été présentés en date du 31 mars dernier. Ces 11 projets
obtiendront une puissance de 956 MW, en regard des 2671 MW demandés pour les 20
projets. Le ministre aurait un carnet d’une cinquantaine de projets requérant 5 MW et
plus. L’arbitrage de ces demandes sera difficile, car le volume des projets acceptés ou pas
aura une incidence majeure sur notre prospérité, les besoins de main-d’œuvre et
l’immigration. »53
Pourquoi subventionner l’achat de voitures électriques et investir autant d’argent public
pour la construction de véhicules et de pièces si à terme, le Québec n’aura pas la capacité
de les recharger pour pouvoir s’en servir ? Hydro-Québec et le ministre de l’Énergie
semblent déjà avoir des pistes de solution à en croire l’appel d’offres d’Hydro-Québec
pour 3000 MW d’énergie éolienne et l’annonce des travaux visant à augmenter la
puissance de la centrale hydroélectrique René-Lévesque (Manic-3).54
Les enjeux liés à la capacité de production ne sont pas circonscrits aux développements
industriels. À l’automne, Hydro-Québec et ses représentants ont fait bon nombre de
sorties médiatiques. Une des nouvelles les plus préoccupantes pour le monde municipal
est certainement que le manque d’électricité pourrait affecter le développement de
projets résidentiels, et ce, en pleine crise de l’habitation.55
Même si le développement de la filière batterie pose plusieurs questions dont les
réponses ne sont pas encore connues, il semble évident que cette stratégie économique
et environnementale du gouvernement de la CAQ apporte un impact déjà sur quelques
municipalités québécoises.

La Vallée de la transition énergétique


En mai 2023, le gouvernement lançait la Vallée de la transition énergétique (VTE), la
troisième zone d’innovation après Sherbrooke et Bromont56, qui promet de transformer
l’économie de la grande région de Trois-Rivières. Le projet promet une « incidence
économique positive sur plusieurs entreprises locales. »57 Plus spécifiquement, les villes
de Bécancour, Shawinigan et Trois-Rivières ont été identifiées pour accueillir les
entreprises du secteur des transports électriques.58 Malgré les défis que pose un
développement aussi faste, dont la disponibilité de la main-d’œuvre, le train est déjà en
marche. Par exemple, « dans le parc industriel et portuaire de Bécancour […] deux
multinationales ont commencé à y construire une usine de cathodes (un matériel actif
SECTION VI – ENVIRONNEMENT 17
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

utilisé dans les batteries) qui sera mise en service en 2025. » […] « La VTE, qui s’appuiera
sur des centres de recherche spécialisés, souhaite devenir « une référence nationale et
mondiale » dans trois secteurs : la filière des batteries, l’électrification des transports, puis
l’hydrogène et la décarbonation industrielle et portuaire. » 59
Le développement accéléré ne se fera pas sans heurt. Déjà en 2022, Radio-Canada révélait
l’histoire d’un milieu humide détruit en catimini à Trois-Rivières. « Au nord de l’autoroute
40, Trois-Rivières possède 26,6 hectares de terrains humides et de tourbières qu’une
majorité d’élus municipaux souhaitent protéger. Toutefois, la Ville a pour projet d’en
détruire une quinzaine, avec l’autorisation du ministère de l’Environnement du Québec,
pour agrandir le parc industriel Carrefour 40-55 qui aurait pour vocation d’accueillir des
entreprises vertes. […] une partie du milieu humide a fait l’objet de travaux de remblai
sans permis de construction à la fin de l’été et au cours de l’automne 2021. »60 Les travaux
illégaux de remblai allaient permettre l’implantation d’une usine de bornes de recharge
électrique d’Elmec. Jean-Marc Pittet, le propriétaire d’Elmec, aurait alors déclaré au
journaliste « Il y a trois grenouilles. On s’en fout des trois grenouilles, à un moment
donné. » […] Les employés, les ingénieurs qui travaillent avec moi, ils vont utiliser les
salaires que je paye pour faire l’épicerie. »61 L’idée n’est pas de calomnier une personne
en particulier, mais de souligner que financièrement, aucun développement n’est assez
rapide et que souvent, la course euphorique au développement se gagne au profit de la
qualité.

Shawinigan
À Shawinigan, « un producteur d’hydrogène vert a convaincu Québec de lui offrir un
important bloc énergétique pour un projet se chiffrant dans les milliards qui verrait le jour
à Shawinigan, a appris La Presse. En contrepartie, les promoteurs proposent d’investir
dans la construction d’une centaine d’éoliennes et d’un parc solaire pour compléter leurs
besoins. »62 Le projet de l’entreprise TES Canada soulève encore de nombreuses
questions de fond sur la stratégie du bulldozer qu’utilise la CAQ quand il s’agit de projets
liés à la filière batterie. « Le projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada à des fins
commerciales contrevient à la loi qui protège le monopole d’Hydro-Québec et constitue
un premier pas vers la dénationalisation de la société d’État »63, selon plusieurs groupes
environnementaux ainsi que les partis d’opposition. « Le député Haroun Bouazzi a évoqué
l'article 60 de la Loi sur la Régie de l'énergie qui prévoit que l'autoproduction doit être sur
le terrain d'une entreprise ou sur un emplacement adjacent. Or, le projet TES prévoit la
production d'énergie sur 200 kilomètres carrés, sur 12 municipalités, a-t-il fait
remarquer ».64
Outre les controverses, de nombreux partenariats ont été conclus en 2023. Mentionnons
le partenariat entre le Centre national en électrochimie et technologies
environnementales (CNETE) du cégep de Shawinigan et le CRITT M2A (un centre français
SECTION VI – ENVIRONNEMENT 18
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

d’expertise « de référence dans les essais de batteries et la recherche et le


développement »)65 ainsi que le partenariat entre la Ville et Exaion pour le
développement de la recherche et de l’innovation dans le domaine de la décarbonation
de l’industrie.66

Bécancour
Bécancour n’est pas en reste, « Air Liquide a fait savoir qu’elle implantera une plateforme
de production de gaz bas carbone dans le parc industriel et portuaire de Bécancour qui
nécessitera plus de 200 millions $. »67

En juillet, la compagnie Ford annonçait avoir fait l’acquisition d’un immense terrain dans
le parc industriel de Bécancour au coût de 14 millions de dollars. « Le terrain, situé au
nord de l’autoroute 30, fait face à ceux de GM-POSCO et de Nemaska Lithium » nous
rapportait La Presse.68

En octobre, l’entreprise Nouveau Monde Graphite est entrée dans la phase de


préconstruction afin de débuter la construction de son usine en 2024 dans le parc
industriel et portuaire de Bécancour. À terme, ce que l’entreprise identifie comme la
phase 2 « comprend une vaste usine de matériaux de batteries à Bécancour et
l’exploitation d’une mine à Saint-Michel-des-Saints. »69

Fait inusité, la Ville de Bécancour a développé une offre de tourisme industriel qu’elle
désire d’ailleurs bonifier. On peut lire sur le site web de la Ville : « L’expérience estivale
2023 a permis de démontrer que ce créneau suscite beaucoup d’intérêt, tant pour les
résidents de Bécancour et des environs que pour les touristes. Avec la popularité et
l’appréciation des portes ouvertes de la Société du parc industriel et portuaire de
Bécancour (SPIPB) en juin dernier, et des visites guidées en trolley de la SPIPB, Tourisme
Bécancour voit en ce succès une opportunité de développer le potentiel touristique de ce
créneau et de le bonifier. Rappelons que les quatre circuits industriels commentés offerts
cet été ont tous affiché complet. »70

Northvolt
Le projet le plus médiatisé de l’année relatif à la filière batterie est sans aucun doute
l’implantation de l’usine suédoise Nothvolt, dont le terrain de plus de 170 hectares
chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. Pour rappel, uniquement pour la
phase 1, « Québec et Ottawa offrent près de 3 milliards pour financer la construction »
en plus de subventionner aussi la production à hauteur de 4,6 milliards de dollars.71
La Presse révélait que : « Pas plus tard qu’en mars dernier, le ministère de
l’Environnement a bloqué le projet immobilier du précédent propriétaire des terrains de
l’ex-usine d’explosifs CIL parce qu’il portait "atteinte à la conservation de la

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 19
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

biodiversité ". » 72 Après trois ans d’attente, le refus du ministère avait alors signé l’arrêt
pour un développement immobilier qui prévoyait plus de 2 400 habitations pour un
projet de type Transit Oriented Development (TOD), près de la gare de train de banlieue
de McMasterville. Malgré le passé industriel du site, plusieurs scientifiques reconnaissent
« l’utilité » écologique des milieux humides situés sur le terrain de la future usine. La
lecture des nombreuses sorties médiatiques sur le sujet démontre que pour le ministre
Pierre Fitzgibbon et le ministre Benoit Charrette, c’est chose faite dans leur esprit. Ainsi,
Northvolt a acquis ce terrain avec un prêt de 240 millions de dollars provenant des fonds
publics provinciaux. On apprendra plus tard qu’en 2020, ce terrain avait été évalué à 85
millions.73
Dans la période de négociation et de prospection de Northvolt, « le gouvernement
Legault a modifié, sans tambour ni trompette, un règlement qui pourrait se révéler crucial
pour la compagnie Northvolt. En février, le seuil pour déclencher un examen du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) dans le cadre de la fabrication de
cathodes est passé de 50 000 à 60 000 tonnes. Or, Radio-Canada a appris que la future
usine en produira 56 000. » […] « En février, le gouvernement voulait aussi établir un seuil
pour qu'un projet d'assemblage de batteries d'une capacité de 30 gigawattheures (GWh)
ou plus soit soumis au BAPE. Or, 30 GWh, c'est exactement la capacité de la première
phase du projet de Northvolt, annoncée jeudi. Finalement, Québec a retiré le changement
proposé et aucun seuil d'assujettissement n'apparaît dans la version finale du règlement,
publiée en juillet. » 74 Finalement, « Northvolt sera soumis au BAPE, mais une fois que
l’usine sera en activité. »75
La manœuvre a évidemment créé des émois chez les écologistes76 77et les citoyens.78 À la
fin septembre, une pétition de plus de 700 noms en opposition à la future usine de
Northvolt est déposée au Conseil municipal de McMasterville.79 L’initiateur du
mouvement suggérait alors la tenue d’un référendum invitant les citoyens à se prononcer
sur le projet. « En entrevue avec Radio-Canada, le maire de McMasterville, Martin Dulac,
a souligné lundi soir qu’il avait un préjugé favorable pour le projet, indiquant que les
informations actuelles concernant le bruit, les odeurs, la pollution lumineuse, ce n’est pas
avéré. »80
Une modification au règlement de zonage serait, parait-il nécessaire pour que
l’implantation de l'usine devienne réalité à McMasterville. Le maire « a d'ailleurs promis
que si un référendum avait lieu concernant le changement de zonage, il respecterait le
choix de ses citoyens. »81 Quant à elle, Northvolt a tenu une série de séances
d'information en octobre à propos de son projet de méga-usine de batteries.82 Des
centaines de personnes y ont pris part où plusieurs craintes et regrets sur le manque de
transparence ont été formulés. « La population québécoise devrait bénéficier d’une plus
grande transparence sur les tenants et aboutissants », avait insisté Caroline Poussier,
directrice générale par intérim du Centre québécois du droit en Environnement, par

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 20
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communiqué. […] « Alors qu’il s’agirait du plus grand investissement privé manufacturier
de toute l’histoire du Québec, le principe de précaution devrait être de mise », avait
renchéri Camille Cloutier, avocate au CQDE. »83
En décembre, La Presse révélait que : « McMasterville et Saint-Basile-le-Grand se sont
entendus avec Northvolt sur le montant des taxes municipales que s’engage à payer le
fabricant de cellules de batteries chaque année. Un projet de loi privé officialisera les
termes de l’entente. Selon le directeur général, « McMasterville recevra plus de taxes
de la part de Northvolt qu’en vertu de la loi actuelle, et Northvolt gagne en
prévisibilité. »84

Autres projets de la filière batterie


La filière batterie trouve également des ramifications dans d’autres villes du Québec,
dont :
• Bromont dans l’électronique de puissance85
• Brossard dans la gestion de l’énergie86
• Rouyn-Noranda dans le secteur minier87
• Saguenay et Granby dans la filière batterie88 89

Réflexions
Au-delà des positions « pour » ou « contre » la filière batterie, plusieurs défis attendent
les villes hôtes de ces grands projets industriels. Les enjeux de transport et de logement
ne sont pas sans rappeler les villes industrielles comme le quartier de Pullman à Chicago
90 ou le phalanstère de Charles Fourier91. Ces utopies urbaines, développées durant

l’industrialisation de l’Occident, étaient certes empreintes d’une certaine dictature


bienveillante, mais elles revêtent plusieurs qualités en matière de planification urbaines
et de préoccupations sociales. Aujourd’hui, avec l’usage et la possession de la voiture
personnelle et par la liberté qu’elle procure, les projets urbains issus de ce type d’utopie
sont davantage perçus comme objet d’étude que comme un modèle à copier. Sans pour
autant entièrement confier la planification urbaine à une autorité régulatrice privée, une
planification intégrée autour des grands projets industriels de la filière batterie serait plus
que souhaitable. Imaginons une symbiose des différentes fonctions urbaines intégrants :

• des boucles de récupération thermique;


• de la géothermie à l’échelle du quartier;
• une gestion et une production d’énergie en micro-réseau;
• des commerces et des services pour les travailleurs et pour la collectivité
(garderie, épicerie, pharmacie, piscine, etc.);
• de résidences en tenant compte des contraintes liées aux activités industrielles

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 21
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• du transport collectif fiable et fréquent (par exemple le bus en site propre (SRB)
ou le tramway) afin d’offrir une réelle alternative à la voiture pour les grands
générateurs de déplacement;
• une trame viaire en continuité des secteurs existants ;
• des parcours préférentiels et dédiés pour le transport par camion lourd pour éviter
les conflit d’usage et les arrêts inutiles générateurs de GES (en attendant
l’électrification complète des flottes de camions);
• de pistes cyclables, d’abris à vélo, de services de vélopartage ou d’autopartage, de
douches et de commodités nécessaires pour la pratique du vélo de manière
utilitaire et sécuritaire;
• un partage des espaces de stationnement entre différentes usages (par exemple,
un stationnement destinés aux travailleurs durant les heures ouvrables et
mutualisé avec un aréna avec un achalandage les soirs et les fins de semaines);
• des bâtiments écologiquement performants (enveloppe, gestion de l’eau de pluie,
solaire passif, photovoltaïque, etc.)
La précédente liste aurait pu être plus étoffée, mais l’idée est de réfléchir ces projets non
pas comme du développent industriel en vase clos, mais comme une composante d’un
territoire existant avec ses forces et ses lacunes.
Les investissements pharaoniques de nos gouvernements tentant de séduire les
multinationales a donné lieu à un avertissement du directeur parlementaire du budget
« qui chiffre à 43,6 milliards le coût total de l’aide des ordres de gouvernement. […] C’est
clair que ça aura un impact sur les déficits et que tout cela aura besoin d’être financé par
des emprunts additionnels. »92 Dans un tel contexte et considérant l’ampleur des
investissements, les choix environnementaux et les impacts sur les villes qu’auront les
différents projets découlant de l’organisation Plan pour une économie verte, il est
surprenant de voir l’empressement du gouvernement à ajuster les lois et d’escamoter les
processus en place. Les enjeux sont si grands qu’il est difficile de concevoir la tenue de
référendums à la pièce pour déterminer l’opportunité d’affaires de chaque projet qui
demande néanmoins une expertise. D’un autre côté, chaque projet se traduit par des
gestes, des aménagements, des développements résidentiels et industriels, une demande
accrue en logements et en services, de la circulation de transit et de la livraison dans
différentes municipalités. Parfois, les enjeux se feront aussi sentir par les villes limitrophes
des villes hôtes de ces grands projets sans pour autant percevoir les retombées
financières. Dans un tel contexte, est-ce que la démocratie représentative est la mieux
adaptée ? Est-ce qu’une démocratie participative (référendum par exemple) ne
fragiliserait-elle pas la vision du gouvernement ? Est-ce que les nombreux investissements
publics dans des entreprises privées deviendront la question de l’urne pour l’élection
provinciale à venir ? Est-ce que le manque de transparence du gouvernement provincial
(surtout dans le projet Northvolt) sera sanctionné par les électeurs ? Au niveau municipal,

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 22
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est-ce que la position des élus sur l’opportunité d’accueillir ou non un projet influencera
les votes lors du futur scrutin ?

Matières résiduelles
En 2023, les villes du Québec font face à des défis croissants liés à la durabilité
environnementale, à la réglementation plus stricte et à la sensibilisation accrue des
citoyens.
Les municipalités demeurent sous la pression croissante de normes environnementales
plus rigoureuses établies par le gouvernement provincial. Elles doivent continuer à se
conformer à des objectifs de réduction des déchets enfouis et à augmenter les taux de
recyclage et de valorisation des matières.
Engagement citoyen accru : Les municipalités cherchent à renforcer l'engagement citoyen
en encourageant la participation active des résidents à des initiatives de réduction des
déchets. Cela peut se traduire par des campagnes de sensibilisation, des programmes de
compostage domestique, des incitations financières pour le tri sélectif et la participation
à des événements communautaires axés sur le recyclage et la réutilisation.
Collaboration intermunicipale : De plus, on observe une tendance à la collaboration entre
les villes au sein des MRC pour mettre en place des stratégies de gestion des déchets plus
efficaces et rentables. Cela permet de mutualiser les ressources et les infrastructures, et
de développer des solutions innovantes à plus grande échelle.
En somme, en 2023, les villes du Québec poursuivent leurs efforts pour améliorer la
gestion des matières résiduelles en adoptant des approches novatrices, en encourageant
la participation citoyenne et en répondant aux exigences croissantes en matière de
durabilité environnementale.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 23
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Recyclage
Plusieurs nouvelles en matière de recyclage ont fait irruption dans le paysage municipal
durant l’année 2023. Parmi elles, le gouvernement fédéral souhaitait, en 2021, classer les
articles en plastique comme étant toxiques, lesquels semblaient être une avancée
majeure en termes de réduction des déchets. Malheureusement, ce décret a été
considéré comme nul et illégal, car la catégorie « plastique » aurait été jugée trop vaste.
Cette décision rendrait alors difficile la mise en place de l’interdiction de certains articles
en plastique touchés par l’interdiction fédérale des plastiques à usage unique.93 À suivre…
En revanche, si on peut noter une bonne nouvelle, le projet de Loi 29 contre
l’obsolescence programmée a été adopté à l’unanimité : « Dès la sanction de la loi, il sera
interdit au Québec de vendre des biens dont la durée normale de fonctionnement a été
délibérément limitée. »94
Un sujet particulièrement chaud dans le domaine des matières résiduelles, et qui est
entré en vigueur en 2023, c’est la Loi sur la consigne élargie. « À tous les contenants de
boisson déjà consignés s’ajouteront tous les contenants en aluminium de 100 ml à 2 l. De
plus, le montant de la consigne augmentera à 10 cents sur la majorité des contenants de
boisson. Les contenants récupérés par le biais du système de consigne sont recyclés à 100
%. »95 Un projet environnemental nécessaire, mais qui a suscité des questionnements au
niveau des infrastructures disponibles pour recycler le double des contenants
actuellement recyclés, mais aussi sur la logistique de récupération dans les épiceries ou
dépanneurs qui ne possèderont pas forcément la place pour stocker l’entièreté des
contenants qui leur seront apportés.96
Lorsque l’on parle de modification des habitudes, cela passe en grande partie par
l’acceptation citoyenne ainsi que de la sensibilisation adéquate pour transmettre les
bonnes pratiques. Cependant, des freins semblent persister. L’exemple de la Ville de
Montréal concernant l’utilisation de leur système de compostage en est la preuve. Malgré
son accessibilité à une grande partie des habitants de Montréal, le compost semble sous-
utilisé par les citoyens.97
« Lorsqu’ils ont accès à un bac brun, deux Montréalais sur trois ne l’utilisent pas. Un taux
d’adhésion très loin de l’objectif de la Ville, qui vise à le rehausser à 60 % d’ici 2025. Seuls
35 % des Montréalais qui ont accès au bac brun ou à un sac de compostage participent
activement au système de collecte, selon des données de la Ville de Montréal. »

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 24
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Boues
C’est lors de la diffusion des émissions La semaine Verte et Enquête, les 26 novembre et
1er décembre 2022, que les citoyens découvrent avec stupeur que des boues d’épuration
provenant des États-Unis sont importées pour être épandues à proximité des terres
agricoles québécoises (non destinées à l’alimentation humaine). Leur composition
inquiète, et en particulier à cause de la présence de PFAS pouvant être particulièrement
élevée. C’est donc sans plus attendre que le gouvernement, assez pressé par la situation
peu glorieuse, décide de mettre en place un moratoire jusqu’à ce qu’une règlementation
puisse être officiellement établie. « Plus d’une quarantaine de municipalités québécoises
ont adopté des résolutions pour que cesse l’importation de biosolides américains et ont
exprimé des craintes quant à l’utilisation des boues québécoises. » 98
Cependant, au-delà des boues américaines, des tests ont été effectués sur les boues
québécoises, révélant tout autant, voire parfois plus de PFAS ou encore de métaux lourds,
rendant ces boues impossibles à recyclées. La Ville de Rouyn-Noranda par exemple fait
les frais de la présence d’un grand nombre de métaux lourds dans ses boues, les forçant
alors à enfouir leurs boues faute de pouvoir les épandre.99
Le gouvernement du Québec a alors annoncé le lancement d’une consultation d’experts
pour déterminer un « seuil préventif » de contaminants dans les boues. Le défi pour les
villes ici sera alors de trouver comment traiter ou valoriser les boues pour diminuer
l’impact environnemental que l’enfouissement représente.100

Mines
Autre sujet chaud dans le monde municipal : la question des mines. Intrinsèquement liée
avec la destruction des milieux naturels, l’autonomie municipale, l’économie québécoise
et nos modes de consommation, la question des mines est tout sauf mineure. Le MAPAQ
a dévoilé ces chiffres : « D’avril 1998 à mars 2022 inclusivement, la Commission de
protection du territoire agricole (CPTAQ) a rendu 10 décisions, toutes favorables,
concernant des dossiers miniers qui lui ont été présentés ; 6 concernaient de l’exploration
minière, 2 de la restauration de sites orphelins et 2 autres des projets d’exploitation
minière en Abitibi-Témiscamingue. »
Cependant, la CPTAQ ayant pour mission d’assurer la protection du territoire agricole, elle
décrit elle-même son mandat comme étant « de garantir aux générations futures un
territoire propice à l’exercice et au développement des activités agricoles » semble avec
ces chiffres, s’éloigner quelque peu de sa mission initiale.
« Au 30 juin 2023, le nombre de claims actifs au Québec était de 323 621, une
augmentation de 137 110 depuis 2013, dont près de 60 000 au cours des six derniers mois

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Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

seulement. »101 Un claim est un titre qui donne le droit exclusif d'effectuer des travaux de
recherche de substances minérales sur un territoire pour une durée de deux ans,
renouvelable. Ces claims sont distribués sans consultation des populations locales et leur
renouvellement sans limite empêche la création d’aires protégées, selon M e Rodrigue
Turgeon, porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, un regroupement qui
demande notamment un moratoire sur l’octroi de nouveaux claims miniers.102
Considérant l’inflation et les hauts taux d’intérêt, la vente de voitures électriques a
drastiquement diminué en 2023.103 Conséquemment, la production a décliné et le prix
des minéraux utilisés dans la fabrication des batteries a connu la même dévaluation. Le
magazine InsideEVs104 aurait mentionné une chute de 67 % et 20 % sur le prix du lithium
et du cobalt respectivement. Il s’agit probablement d’une simple inflexion dans la course
à l’électrification des transports, mais les soubresauts de l’industrie semblent significatifs
et préoccupants. C’est à suivre en 2024.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 26
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Conclusion
Les questions environnementales sont complexes et elles exigent souvent des
connaissances techniques et scientifique. L’idée provenant des scientifiques en chef à
Victoriaville et à Longueuil est une des formes que peut prendre l’aide à la décision pour
les municipalités en matière d’environnement. La tâche de réduire l’impact de nos
sociétés sur les écosystèmes et de s’adapter aux changements à venir ne peut incomber
uniquement au monde municipal. La tâche requiert un alignement de tous les paliers
gouvernementaux, du fédéral au municipal.
Pendant les années pandémiques, le gouvernement provincial semble avoir pris
l’habitude d’agir rapidement et en se dérobant parfois aux règles et aux processus en
place dus à l’urgence d’agir.105 Le développement économique semble répondre aux
même impératifs d’urgence. Il serait souhaitable de sentir la même urgence dans les
questions environnementales et dans l’application du principe de précaution. Pour
l’instant, les discussions sur la sobriété énergétique québécoise découlent davantage de
questions économiques que de soucis environnementaux. Et surtout, espérons que les
discussions publiques et les débats médiatisés sur l’environnement permettent
d’éduquer et d’instruire les élus et les citoyens. L’environnement ne se résume pas aux
gaz à effet de serre. La sobriété est encore trop peu considérée dans les stratégies
officielles et tout projet de développement n’est pas forcément une catastrophe.

SECTION VI – ENVIRONNEMENT 27
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

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SECTION VI – ENVIRONNEMENT 31

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