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SII – PTSI / CI 10 – Analyser l’architecture et les

contraintes géométriques des chaînes de solides

Principe de cotation au
maximum de matière

Objectifs
Le principe de cotation au maximum de matière modifie le principe de base
d’indépendance de la spécification pour introduire une dépendance entre les
tolérances dimensionnelles et les spécifications géométriques. Il autorise des
écarts supplémentaires de dispersion pour ces dernières qui permettent de
considérer comme « bonnes » des pièces qui auraient été mises au rebut sinon.
Son application permet donc de fabriquer des pièces à moindre coût en se
focalisant sur les conditions de montabilité. L’objectif de ce cours est de
présenter les outils nécessaires à l’interprétation des ces cotations particulières.
Table des matières
1 Principe et application 3
1.1 Notion d’état virtuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Condition d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2 Interprétation d’une cotation au maxi matière 4


2.1 Vérification d’une cotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Comparaison avec le principe de l’enveloppe . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Cas d’une référence au maximum de matière . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Diagramme de tolérance dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.5 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9


Nicolas Mesnier, lycée Jules Ferry, Versailles
Année 2018–2019
1 Principe et application
Le principe de cotation au maximum de matière est défini par la norme de l’AFNOR
NF E04 555:1992. C’est un principe qui modifie le principe de base d’indépendance
en créant une relation particulière entre une tolérance dimensionnelle et une tolérance
géométrique. Dans l’avant-propos de la norme, il est précisé que l’appellation « principe
du maximum de matière » utilisée dans le texte ISO doit être comprise comme « exigence
du maximum de matière ». Cette exigence prend en compte la relation mutuelle de la
dimension et de la tolérance géométrique concernée. Son application est indiquée par le
modificateur M à côté de la tolérance et/ou à côté de la référence (figure 1).

Figure 1 – Exemple de cotation au maximum de matière.

1.1 Notion d’état virtuel


L’exigence du maximum de matière implique que l’état virtuel de l’élément tolérancé
ou l’état de forme parfaite au maximum de matière pour l’élément de référence ne soient
pas dépassés. L’état virtuel correspond à l’enveloppe limite de forme parfaite permise par
l’effet collectif de la dimension maximale (permise par la tolérance dimensionnelle) et de
la tolérance géométrique. En d’autres termes, l’état virtuel est une frontière qui ne doit
pas être franchie par la matière de la pièce. Cette frontière permet de décrire de façon
très commode la frontière d’interchangeabilité imposée par la condition de montage. Ce
principe permet donc de garantir la montabilité de deux pièces en imposant une frontière
entre les éléments.

1.2 Condition d’application


Le principe du maximum de matière doit être employé pour écrire la condition d’assem-
blage de deux pièces lorsqu’il y a du jeu entre elles. En effet le jeu, facilitant le montage,
est minimum lorsque les pièces sont au maximum de matière (situation la plus critique).

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Figure 2 – Cas limite d’un assemblage avec jeu (au maximum de matière).

Dans l’état actuel des normes, l’exigence au maximum de matière ne peut s’appliquer que
lorsque les éléments spécifiés peuvent être caractérisés par un tolérancement dimensionnel
(cylindre, groupe de cylindres, sphère, groupe de sphères, couple de deux plans en face à
face). Le contrôle de la spécification peut être effectué en plaçant un calibre sur la pièce.

2 Interprétation d’une cotation au maxi matière


Définition 2.1 (État virtuel)
L’état virtuel est une forme idéale construite à partir des surfaces tolérancées et des
surfaces de référence en position relative idéale.

Des exemples de dimensions de l’état virtuel sont donnés dans la table 1.

Table 1 – Exemples de dimensions caractéristiques de l’état virtuel.

Type de surface Nature Dim. au maxi matière

Arbre dmaxi + tolérance


Surface tolérancée
Alésage dmini − tolérance

Arbre dmaxi
Surface de référence
Alésage dmini

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2.1 Vérification d’une cotation
Une cotation au maximum de matière peut se vérifier avec un calibre. C’est une pièce
réelle censée représenter l’état virtuel de la surface tolérancée. Ses dimensions dépendent
de la surface tolérancée et en particulier si c’est une surface contenante (alésage) ou une
surface contenue (arbre).

Exemple 2.1 (Spécification de perpendicularité)


Considérons l’exemple d’une spécification de perpendicularité avec une exigence de
maximum de matière.

L’élément tolérancé est une surface nominalement cylindrique de type arbre de diamètre
nominal φ16 mm. Son état virtuel au maximum de matière est caractérisé par un
diamètre de :
16 + 0, 01 + 0, 04 = 16, 05 mm
|{z} | {z } | {z }
nominal Tol. sup. IT spécif.

L’état virtuel associé à cette surface sera donc un cylindre de diamètre φ16, 05 mm,
perpendiculaire au plan de référence A, associé à la surface nominalement plane SA . Le
calibre sera donc constitué d’un alésage de diamètre φ16, 05 mm d’axe perpendiculaire
à une surface nominalement plane. La spécification sur l’arbre sera considérée comme
vérifiée si :
— l’arbre peut être assemblé avec le calibre ;
— si l’épaulement de l’arbre peut être en appui avec la surface nominalement plane
du calibre ;
— si toutes les dimensions locales de l’arbre sont supérieures à 16−0, 02 = 15, 98 mm.

Ce type de cotation permet d’accepter des pièces qui auraient été rejetées au vu de la
cotation dimensionnelle ou de la spécification de perpendicularité sans le modificateur. On
donne sur la figure 3b un exemple de configuration qui ne respecte pas la spécification
de perpendicularité seule, mais qui devient acceptable avec une cotation au maximum de
matière.

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Figure 3 – Exemple de pièces acceptées (a) sans et (b) avec modificateur M .

Une des difficultés de la vérification de la cotation avec un calibre est le respect du


positionnement par rapport à la surface de référence (perpendicularité). Ce dernier aspect
reste à l’appréciation du contrôleur (contact plan/plan). Sur une machine à mesurer
tridimensionnelle, la vérification de ce type de cotation sera un peu différente. Après avoir
palpé la surface de référence et lui avoir associé un plan, il est possible de construire le
plus petit cylindre perpendiculaire à la référence spécifiée et englobant toute la surface
cylindrique réelle. Si le diamètre de ce cylindre est inférieur à la dimension de l’état virtuel
et si les dimensions locales sont supérieures au minimum spécifié (vérification de la cotation
dimensionnelle indépendamment), la pièce pourra être validée au sens de la cotation au
maximum de matière.

2.2 Comparaison avec le principe de l’enveloppe


Le principe de l’enveloppe permet de relier la cotation dimensionnelle avec les écarts de
forme. Nous l’avons introduite pour garantir l’assemblage d’un arbre dans un alésage. La
cotation au maximum de matière relie les écarts dimensionnels à toutes les spécifications
géométriques (forme, orientation, position). En cotant avec le modificateur M , on assure à la
liaison le respect de toutes les contraintes issues des références de la cotation géométrique
(primaire, voire secondaire ou même tertiaire). Par exemple pour la spécification de
perpendicularité étudiée en exemple, le calibre doit « rentrer » dans l’arbre coté, mais
aussi être perpendiculaire à la surface de référence, ce que n’impose pas le principe de
l’enveloppe.

Exigence d’enveloppe E Exigence au maxi matière M


— pour un élément isolé : un cylindre — pour plusieurs éléments, une col-
ou deux plans parallèles ne doivent lection d’éléments de forme idéale ne
pas être dépassés par la matière. doit pas être dépassée par la matière.
— permet le libre assemblage des élé- — facilite la fabrication sans nuire au
ments libre assemblage des éléments pour
lesquelles il y a une interdépendance
entre la dimension et la géométrie.

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2.3 Cas d’une référence au maximum de matière
Comme nous l’avons présenté, le modificateur au maximum de matière peut porter
sur une surface tolérancée. Mais il est tout à fait possible de spécifier une référence au
maximum de matière. Dans ce cas le calibre qui prend appui sur cette référence devra avoir
une dimension qui respecte l’état virtuel de la surface de référence, c’est-à-dire, respectant
les dimensions données dans la table 1.

Figure 4 – Exemple de spécification de coaxialité au maximum matière et calibre associé.

Dans le cas d’une spécification de coaxialité au maximum de matière pour la surface


de référence et la surface tolérancée, il est nécessaire de définir un unique calibre à partir
des états virtuels des deux surfaces. La géométrie du calibre associée à l’état virtuel de la
surface de référence aura un diamètre de 25 + 0 = 25 mm. Celle associée à l’état virtuel de
la surface spécifiée aura un diamètre de 12 + 0 + 0, 04 = 12, 04 mm.

2.4 Diagramme de tolérance dynamique


Le principe du maximum de matière permet de globaliser les écarts des spécifications
géométriques (forme, orientation et position) et les dimensions pour augmenter les tolé-
rances. Nous avons déjà vu que le cas le plus défavorable, qui se produit pour la pièce au
maximum de matière, correspond à un état virtuel valant :
— dmaxi + tolérance pour un arbre ;
— dmini − tolérance pour un alésage.
Prenons l’exemple de la cotation de perpendicularité de la figure 5.

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Figure 5 – Exemple de spécification de perpendicularité au maximum de matière.

En appelant d le diamètre de l’arbre et t l’écart de perpendicularité, on peut dire que


toute pièce pour laquelle le couple (d, t) vérifie :

d + t < dmaxi + tolérance = 16, 001 + 0, 004 = 16, 005 mm

est admissible pour la cotation au maximum de matière. Cette interprétation revient donc
à négliger le défaut de forme de l’arbre. On représente cette condition dans un diagramme
t = f (d) :

t (mm)

0,007 Droite d’équation


d + t = 16, 005

0,004

d (mm)
15,998 16,001 16,005

Figure 6 – Diagramme de tolérance dynamique.

Sur le diagramme de tolérance dynamique représenté figure 6, on peut remarquer que,


pour un même état virtuel, il est possible d’augmenter la tolérance sur le diamètre de l’arbre
en diminuant la tolérance de perpendicularité (cas d ∈ [16, 001; 16, 005]). Cela permet
d’avoir des contraintes moins exigeantes en terme de fabrication de l’arbre. On pousse
ce raisonnement à l’extrême jusqu’à avoir une tolérance de perpendicularité nulle avec le
modificateur maximum de matière. En d’autres termes, il est toujours préférable d’avoir

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une tolérance géométrique nulle pour traduire une condition d’assemblage. Pour illustrer
cela, on présente sur la figure 7, deux spécifications de perpendicularité qui induisent le
même état virtuel.

Figure 7 – Exemples de spécifications de perpendicularité induisant le même état virtuel.

On ajoutera enfin que, lors du processus de fabrication, l’opérateur « connaît » la plage


de défaut de perpendicularité de la machine sur laquelle l’arbre est usiné. Il peut alors
grâce au diagramme de tolérance dynamique connaître la plage maximale admissible pour
le diamètre afin de respecter la cotation au maximum de matière.

2.5 Exemples

Exemple 2.2 (Alignement de paliers)


Exemple de spécification de rectitude des axes de deux sections d’un arbre supportant
des paliers.

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Exemple 2.3 (Localisation d’un groupe d’axes de perçages)
Exemple de spécification de la localisation d’un groupe d’axes de perçages.

La dimension de l’état virtuel correspondant à cette cotation de trou est dmini −


tolérance = 12 mm. Le calibre correspondant est donc formé par quatre cylindres d’axes
perpendiculaires au plan de référence et situés à 60 mm et 50 mm les uns des autres.
La méthode de contrôle de cette cotation aura donc l’allure suivante :

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