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Physique des transducteurs piézoélectriques

Article · February 2017

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Frédéric Elie
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Physique des transducteurs piézoélectriques


Frédéric Élie

février 2017

« Si vous ne dites rien à votre brouillon, votre brouillon ne vous dira rien ! »
Jacques Breuneval, mathématicien, professeur à l’université Aix-Marseille I, 1980

La reproduction des articles, images ou graphiques de ce site, pour usage collectif, y compris dans le cadre des études scolaires et
supérieures, est INTERDITE. Seuls sont autorisés les extraits, pour exemple ou illustration, à la seule condition de mentionner
clairement l’auteur et la référence de l’article.

Abstract : Certains matériaux (cristaux et même polymères) ont la propriété de se déformer sous l'action
d'un champ ou d'un courant électrique, et, réciproquement, de générer un champ ou un courant
électrique lorsqu'ils sont déformés sous l'action de contraintes mécaniques. Cette faculté a pour origine
que la distribution des charges dans le matériau cesse d'être statistiquement homogène lors d'une
déformation du matériau, et crée une polarité électrique responsable de l'apparition d'une différence de
potentiel électrique entre les bornes du matériau. Ces matériaux sont qualifiés de « piézoélectriques ».
Sous certaines conditions, heureusement les plus courantes, ces matériaux peuvent être modélisés au
moyen de schémas électriques équivalents qui permettent de simplifier les calculs et la prédiction de
leurs comportements.
Lorsque ces matériaux sont associés à un milieu physique (air, liquide, autre milieu matériel) ou bien un
circuit électrique d'utilisation (amplification, circuit d'émission, circuit de réception...), la modélisation par
schémas électriques équivalents reste possible et permet de prédire, entre autres, les propriétés de
sensibilité à la réception, ou à l'émission, de propagation des ondes acoustiques ou élastiques qui en
sont émises.
Les applications de la piézoélectricité sont très nombreuses et concernent des domaines variés :
éléments actifs des antennes sonars et hydrophones en détection sous-marine, appareils d'échographie
en médecine, expertises des matériaux par ultrasons, systèmes d'émission ou de réception en
acoustique aérienne (hauts-parleurs, microphones...), jauges de déformation, etc., etc.

Sommaire :

1. Transducteurs piézoélectriques
2. Propagation des ondes élastiques dans les solides : généralités
3. Ondes élastiques dans les matériaux piézoélectriques
4. Schéma équivalent pour un transducteur composite en interaction avec un milieu fluide
5. Sensibilités et directivité des capteurs et émetteurs piézoélectriques

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 1/61


Je suis devenu
Oh, Méson ! Que piézoélectrique,
t'arrive-t-il ?? Photon !!...

1. Transducteurs piézoélectriques

1.1. Généralités

Un matériau piézoélectrique, par définition, a la propriété de générer une répartition de charges


électriques dans des directions privilégiées lorsqu'il est soumis à une contrainte mécanique et,
réciproquement, d'être le siège de déformations élastiques lorsqu'il est soumis à un champ
électrique.
Un matériau ordinaire conserve une distribution de charges électriques internes aléatoire de
telle sorte que la charge globale reste nulle, que ce soit sans ou avec contraintes mécaniques.
Ce n'est pas le cas pour les matériaux piézoélectriques.

La direction des déformations n'est pas nécessairement celle de la contrainte appliquée, ni du


champ électrique appliqué, comme l'illustrent les exemples simplifiés de la figure 1.

Contrainte T Contrainte T

Déformation S
Champ électrique E
Champ électrique E
Déformation S
figure 1 : exemples de types de réponse d'un matériau piézoélectrique à l'action d'une contrainte
mécanique

1.2. Matériau non piézoélectrique : propriétés électriques

Pour un matériau non piézoélectrique, la présence d'un champ électrique E (vecteur à 3


composantes spatiales Ei = E1, E2, E3 - unités : V/m), un champ de déplacement électrique D
(vecteur à 3 composantes spatiales D j = D1, D2, D3 - unités : C/m²) est généré dans le
matériau ; la permittivité diélectrique du matériau relie linéairement E et D :

D=[ε] E
soit: Di =εij E j (1)

où [e] est le tenseur permittivité diélectrique de 3 x 3 = 9 composantes ei j (i, j = 1, 2, 3),


exprimées en farad/mètre (F/m). L'inversion de la relation (1) s'écrit :

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 2/61


E=[β] D
soit: E j =β ji Di (2)

où [b] est le tenseur imperméabilité diélectrique, de 9 composantes bi j : [b] = [e]-1 ; unités m/F.
On distingue :
– la constante diélectrique à contrainte constante, éventuellement nulle (matériau libre) :
e Ti j
– la constante diélectrique à déformation constante, éventuellement nulle (matériau
bloqué) : e Si j
Pour un matériau non piézoélectrique, les deux constantes diélectriques sont identiques,
puisque les contraintes ou les déformations sont indépendantes du champ électrique ou du
déplacement électrique.

1.3. Matériau non piézoélectrique : propriétés élastiques

Toujours dans le cas d'un matériau non piézoélectrique, on considère maintenant la relation
entre l'action d'une contrainte et la déformation du matériau qu'elle produit.
Comme indiqué dans les ouvrages de mécanique des milieux continus ( 1), pour un cube
élémentaire de matériau, il y a 9 composantes de contrainte T ij (i,j = 1, 2, 3) et 9 composantes
de déformation Sij (i, j = 1, 2, 3) ; la force exercée suivant la direction spatiale n°i, sur un volume
élémentaire dxdydz dépend des 3 composantes T ij suivant les directions j = 1,2,3 :

Fi=
( ∂ T i1
∂ x1
+
∂ T i2
∂ x2
+
∂T i3
∂ x3 ) dx dy dz =
∂ T ij
∂x j
dx dy dz (3)

de sorte que, pour définir complètement le champ de force dans les 3 directions x i, i = 1,2,3 on
a besoin des 9 composantes T ij de la contrainte, ou encore tenseur des contraintes [T]
(unités : N/m² ou Pa)
Quant à la déformation, on démontre qu'elle est définie par le tenseur de déformation [S] de
composantes (sans dimensions, ou plus exactement exprimées en m/m) :

S ij =
(
1 ∂ ui ∂ u j
+
2 ∂ x j ∂ xi ) (4)

où les ui sont les déplacements du matériau suivant la direction x i. La relation linéaire entre les
deux tenseurs [T] et [S] exprime la loi de Hooke généralisée ; mais adoptée telle quelle, elle
fait intervenir un tenseur lourd à manipuler ; pour simplifier l'écriture, et surtout pour mettre en
évidence certaines symétries dans le matériau, on utilise la convention suivante : les tenseurs
[T] et [S] sont transformées chacun en vecteur à 6 composantes :

T 1=T 11 ; T 2 =T 22 ; T 3=T 33
(5)
T 4 =T 23=T 32 ; T 5 =T 13=T 31 ; T 6 =T 12=T 21

S 1 =S 11 ; S 2 =S 22 ; S 3=S 33
S4 S5 S6 (6)
=S 23=S 32 ; =S 13=S 31 ; =S 12=S 21
2 2 2

puisque les deux tenseurs sont symétriques.


Dans cette convention d'indices, les indices 1, 2, 3 représentent les axes Ox, Oy, Oy

1 J. Salençon: mécanique des milieux continus, Ellipses, Paris, 1988

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 3/61


respectivement, et les indices 4, 5, 6 équivalent à un indice double représentant un plan : 4
pour yOz, 5 pour zOx, 6 pour xOy.

La loi de Hooke exprime que, pour de petits déplacements, les déformations sont
proportionnelles aux contraintes, faisant intervenir le tenseur des raideurs à 6 x 6 = 36
composantes [c] (unités : N/m²) :

T m =c mn S n ; m , n=1,2 ,3,4 ,5 ,6 (7)

Or on montre que [c] est lui aussi un tenseur symétrique : cmn = cnm ; par conséquent le
comportement élastique du matériau est, a priori, déterminé par 21 constantes d'élasticité au
lieu de 36. Selon les propriétés de symétrie des cristaux composant le matériau, ce nombre
peut diminuer considérablement, abaissant corrélativement le rang des tenseurs. Le nombre de
types de cristaux classés selon les critères de symétrie est égal à 32 ; des ouvrages spécialisés
détaillent ces types et la nomenclature des cristaux concernés ( 2).
Le cas d'un matériau isotrope est le plus simple puisque les constantes se réduisent au nombre
de 2 :

1−σ
c 11=c 22=c33=λ+ 2μ=Y
(1+ σ)(1−2 σ)
c 12=c 13=c 23=c 21=c 31=c 32=λ=Y σ
(1+ σ)(1−2σ) (8)
1
c 44=c 55=c 66=μ=Y
2(1+ σ)
autres c mn=0

où l et m sont les coefficients de Lamé (unités : N/m²). On définit :


Y: module d'Young ; c'est le rapport entre la contrainte exercée dans une direction spatiale x j
et la déformation dans cette même direction, sous l'hypothèse que les autres faces du sont
libres, ainsi : Y = Tj / Sj ; unités : N/m²
s: coefficient de Poisson ; c'est le rapport entre la contraction dans une direction spatiale i et
l'extension dans une autre direction spatiale j , ainsi : s = - Si / Sj ;
La loi de Hooke généralisée (7) devient alors, compte tenu de (8) :

T 1 =λ K+ 2μ S 1
T 2 =λ K+ 2μ S 2
T 3 =λ K+ 2μ S 3
(9)
T 4=μ S 4
T 5=μ S 5
T 6μ S6

où K désigne la variation relative de volume :

K =S 1 + S 2 + S 3 (10)

Si l'on choisit i = 1 pour l'axe suivant lequel la contrainte est appliquée, les équations (9)
deviennent :

2 Voir par exemple : Physical Acoustics, Principles and methods, edited by Warren P. Mason,
Academic Press, New York and London, 1964

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 4/61


T 1 =( λ+ 2μ) S 1 + λ (S 2 + S 3 )
0=(λ+ 2 μ) S 2 + λ (S 1+ S 3 ) (11)
0=(λ+ 2 μ) S 3+ λ(S 1 + S 2 )

dont la résolution permet d'exprimer les déformations en fonction des contraintes :

λ+ μ
S 1= T
μ (3 λ+ 2μ ) 1
λ (12)
S 2 =S 3 =− T
2μ (3 λ+ 2 μ) 1

D'après les définitions du module d'Young et du coefficient de Poisson, il vient :

T1 μ(3 λ+ 2μ)
Y= =
S1 λ+ μ
(13)
S2
λ
σ=− =
S 1 2(λ+ μ)

et, réciproquement, les coefficients de Lamé s'expriment à l'aide de Y et s :

λ=Y σ
(1−2 σ)(1+ σ)
1 (14)
μ=Y
2(1+ σ)

On introduit aussi le module d'expansion en volume (ou « bulk modulus » en anglais) B


comme le rapport entre une pression hydrostatique P appliquée à l'ensemble du matériau et sa
variation de volume ; dans ce cas on a T1 = T2 = T3 = P et T4 = T5 = T6 = 0 d'où :

K 1
S 1 =S 2 =S 3 ==−P et donc :
3 3 λ+ 2μ
T 2μ (15)
B= 1 =λ+
K 3

Si l'on veut exprimer les déformations en fonction des contraintes, l'inversion de (7) s'écrit :

S m =s mn T n ; m , n=1,2 ,3 ,4 ,5,6 (16)

où le tenseur des compliances [s] à 36 composantes smn est lui aussi symétrique : smn = snm.
Unités : m²/N. Pour un solide isotrope, on démontre (exercice!) :

s11=s 22=s 33=1/Y


s12=s 13=s 23=−σ/Y (17)
s 44=s 55=s66=1 /μ

1.4. Matériau piézoélectrique : propriétés élastiques et électriques

On considère maintenant le cas d'un matériau piézoélectrique. Les équations précédentes (1),
(2), (7) et (16) doivent être complétées pour prendre en compte :
– les effets d'une contrainte et d'un champ électrique sur les déformations et le
déplacement électrique, le déplacement électrique, et réciproquement,

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– ou bien encore les effets d'une contrainte et d'un champ de déplacement électrique sur
les déformations et le champ électrique, et réciproquement.
Puisque les contraintes T et les déformations S sont, selon la convention d'indices adoptée plus
haut, des vecteurs à 6 composants, et puisque le champ électrique E et le champ de
déplacement D sont des vecteurs à 3 composants, les interactions entre (T, S) et (E, D) font
intervenir, dans l'hypothèse linéaire, des tenseurs 3 x 6 (3 colonnes, 6 lignes) et 6 x 3 (6
colonnes, 3 lignes).
Selon que l'on considère l'un ou l'autre des champs comme appliqués ou bien comme effets, on
a alors les systèmes suivants (voir démonstration en Annexe):

E * D *
S=[s ]T + [d ] E T =[c ] S−[h] D
T (18a) et réciproque : S (18b)
D=[d ]T + [ε ] E E=−[ h ]S + [β ] D

S=[ s D ]T + [ g ]* D E *
T =[ c ] S−[e] E
T (19a) et réciproque : S (19b)
E=−[ g ]T + [β ] D D=[e] S + [ε ] E

avec :
– Les indices supérieurs E, D, T, S désignent les conditions aux limites respectivement à
champ E constant, déplacement électrique D constant, contrainte T constante,
déformation S constante. On a donc par exemple [c E] tenseur des raideurs à champ
électrique constant.
– [c], [s] tenseurs symétriques 6 x 6 (constantes élastiques, respectivement : raideur et
compliance)
– [d], [e], [g], [h] tenseurs 6 colonnes x 3 lignes (tenseurs des constantes
piézoélectriques).
– [e], [b] tenseurs symétriques 3 x 3 (respectivement : permittivité diélectrique et
imperméabilité diélectrique).
– [ ]* représente le tenseur transposé
– ordre des indices doubles :
• constantes élastiques : 1er indice = direction de l'effort appliqué, 2e indice = direction
de la déformation
• constantes piézoélectriques : 1er indice = direction du champ électrique, 2e indice =
direction de la déformation

Les coefficients éléments de ces tenseurs peuvent être arrangés dans un tableau 9 x 9
(appelée matrice élasto-électrique) qui met en relation les couples (S,D) et (T,E) (ou les
autres couples) ; comme les tenseurs sont symétriques, ce tableau contient au maximum 45
coefficients différents. La présence de symétrie dans ces coefficients dépend de la structure
des cristaux que l'on peut nomenclaturer en classes du point de vue piézoélectrique. En fait, les
travaux ont montré que le nombre maximum de classes se réduit, là encore, à 32 ; autrement
dit, pour les cristaux les plus anisotropes, les propriétés piézoélectriques font intervenir 32
constantes indépendantes ! .
Les 32 classes se répartissent entre les 7 systèmes de cristallisation (3) (tableau 1).

Système de cristallisation symétries Nombre de constantes exemples


élasto-électriques
I - Triclinique C1 45
Cristaux les plus anisotropes
Ci 27
II - Monoclinique C2 25
Cs 27
C2h 17

3 Physical Acoustics, Principles and Methods – ed. Warren P. Mason, Academic Press, 1964

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Système de cristallisation symétries Nombre de constantes exemples
élasto-électriques
III - Orthorhombique D2 15 Sel de Seignette (sel de Rochelle) (4)
C2v 17
D2h 12
IV - Tétragonal C4 13
S4 13
C4h 9
D4 9
C4v 11 céramiques
D2d 10 ADP (5)
D4h 8
V - Trigonal C3 15
S6 9
D3 10 Quartz (bioxyde de silice) SiO2
C3v 12
D3d 8
VI - Hexagonal C6 11
C3h 9
D6 8
C6v 10 céramiques
D3h 8
C6h et D6h 7
VII - Isométrique T et Td 5
O, Th et Oh 4

Tableau 1 : 32 classes de cristaux piézoélectriques

La matrice des constantes élasto-électriques se présente sous la forme de la figure 2 :

S1 ● ● ● ● ● ● ● ● ● T1
S2 ○ ● ● ● ● ● ● ● ● T2
S3 ○ ○ ● ● ● ● ● ● ● T3
S4 ○ ○ ○ ● ● ● ● ● ● T4
S5 = ○ ○ ○ ○ ● ● ● ● ● x T5
S6 ○ ○ ○ ○ ○ ● ● ● ● T6
D1 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ● ● ● E1
D2 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ● ● E2
D3 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ● E3

Figure 2 – matrice des constantes élasto-électriques :


● constantes éventuellement égales en partie selon les symétries
○ constantes égales à celles qui leur sont symétriques par rapport à la diagonale ;
grandeurs élastiques – grandeurs électriques – constantes élastiques [sE] – interaction champ
électrique/déformations [d]* – interaction contrainte/champ de déplacement électrique [d] – constantes
diélectriques [eT]

La figure 3 donne l'exemple du système orthorhombique du sel de Seignette (à 34°C):

4 Sel de Seignette : COONa-CHOH-CHOH-COOK-4H2O ; densité 1775 kg/m3 à 25°C ; décomposition à


55°C ; constante diélectrique relative er ≈ 200 à température ambiante ; constante diélectrique d14 =
275.10-12 m/V (instable vers 25°C)
5 ADP : Ammonium dihydro phosphate NH4H2PO4 (encore appelé phosphate d'ammonium acide) ;
tenue en températures jusqu'à 100°C ; densité 1804 kg/m3 ; craint l'humidité ; constante diélectrique
relative er ≈ 15 à température ambiante ; constante piézoélectrique d31 = 24.10-12 m/V à 20°C

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S1 52,0 -16,3 -11,6 0 0 0 0 0 0 T1
S2 -16,3 36,8 -12,2 0 0 0 0 0 0 T2
S3 -11,6 -12,2 35,9 0 0 0 0 0 0 T3
S4 0 0 0 150,2 0 0 345 0 0 T4
S5 = 0 0 0 0 350,3 0 0 54 0 x T5
S6 0 0 0 0 0 104,2 0 0 12 T6
D1 0 0 0 345 0 0 205 e0 0 0 E1
D2 0 0 0 0 54 0 0 9,6 e0 0 E2
D3 0 0 0 0 0 12 0 0 9,5 e0 E3

Figure 3 : constantes élasto-électriques du sel de Seignette (cristallisation orthorhombique, symétrie D2)


les compliances smnE sont exprimées en 10-12 m²/N, les constantes piézoélectriques dmn en 10-12 C/N.
Par exemple, on a s12E = -16,3.10-12 m²/N

Relations entre les constantes élasto-électriques :

[ c E ]=[s E ]−1 [ d ]=[e ][ s E ]=[εT ][ g ]


[c D ]=[s D ]−1 [e ]=[d ][c E ]=[ε S ][h ]
(20a) (20b)
[βT ]=[εT ]−1 [ g ]=[h][ s D ]=[βT ][d ]
[βS ]=[εS ]−1 [ h]=[g ][c D ]=[β S ][e ]

T S E * E * *
[ε ]−[ε ]=[d ][e ][d ] =[e ][ s ][e ] =[d ][ e]
S T D * D * *
[β ]−[β ]=[h][s ][h] =[ g ] [c ][ g ] =[h ][ g ]
(20c)
[c D ]−[c E ]=[e ]* [βS ][e ]=[h]* [εS ][h ]=[ h]* [e ]
E D * T * T *
[s ]−[s ]=[ g ] [e ][g ]=[d ] [β ][d ]=[d ] [ g ]

Les matériaux piézoélectriques sont aussi caractérisés par d'autres constantes :


– Température de Curie : température au-dessus de laquelle il y a dépolarisation des
cristaux, ils perdent alors leurs propriétés piézoélectriques. Lorsqu'elle est atteinte, er
atteint son maximum : c'est la limite de fonctionnement du transducteur. Exemple :
125°C pour la céramique titanate de baryum BaTiO 3.
– Champ coercitif : valeur du champ électrique E au-dessus de laquelle le matériau
piézoélectrique se dépolarise.
– Angle de pertes : tan d (en %), où d angle de pertes ; il mesure les pertes dans le
matériau piézoélectrique (amortissements).
– Constante de couplage : k (sans dimension) ; c'est le rapport entre l'énergie fournie au
matériau piézoélectrique et l'énergie mécanique emmagasinée dans le matériau, ceci
pour une direction donnée (j = 1 à 3, n = 1 à 6):


d ² jn
k jn= (21)
εTjj s nn
E

– Constante de fréquence : N = fr L (en Hz x m), où fr fréquence de résonance mécanique


du mode vibratoire du matériau piézoélectrique, L dimension suivant laquelle se produit
ce mode de résonance (épaisseur, longueur, largeur, circonférence, etc.).

Les matériaux piézoélectriques ne sont pas seulement des cristaux monocristallins ; il y a aussi

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 8/61


des céramiques piézoélectriques.
Les céramiques piézoélectriques sont des matériaux polycristallins, initialement non
piézoélectriques, obtenus par frittage (cuisson) de poudres de différents cristaux
ferroélectriques (titanates, zirconates) à haute température. Ce mélange est préalablement
moulé dans la forme définitive de son utilisation (plaque, disque, anneau, tube...). Ils acquièrent
leurs propriétés piézoélectriques lors de l'application d'un champ électrique très intenses
(plusieurs kV) qui les polarise, sous une température supérieure au point de Curie de la
céramique.
La polarisation des céramiques présente une grande hystérésis sous l'action du champ
polarisant. La piézoélectricité des céramiques, pour lesquelles la polarisation est rémanente,
résulte en fait d'une variation, sous l'action d'une force, de leurs polarisations préalablement
existantes.

Avantages des céramiques :


– constantes piézoélectriques d grandes ;
– forte robustesse mécanique : charge de rupture en traction > 107 daN/m² (1 tonne/cm²);
– les céramiques sont insolubles dans l'eau ;
– coût de fabrication plus bas que pour les lames monocristallines.
Inconvénient des céramiques :
– forte sensibilité des propriétés piézoélectriques et des pertes à la température.

Exemple de piézoélectricité d'une lame vibrant longitudinalement (figure 4):

L: longueur de la lame
b: épaisseur de la lame F
A: surface sur laquelle se développent les
efforts z y
DL : variation de la longueur de la lame suivant
Oy
F: force de compression appliquée suivant Oy A DL
u: tension appliquée aux bornes des faces yOz
de la plaque. + -
L

Puisque l'on a : champ électrique appliqué


suivant Ox (indice 1), effort appliqué suivant Oy x
(indice 2), déformation suivant Oy (indice 2), b
champ de déplacement électrique (ou densité
surfacique de charge) sur les faces yOz donc
suivant Ox (indice 1), alors les grandeurs et u
constantes qui interviennent sont : Figure 4 – plaque céramique piézoélectrique
vibrant longitudinalement

– densité surfacique de charge : D1 (C/m²)


– constante diélectrique du cristal libre, suivant Ox (indice 1) : eT1 (F/m)
– champ électrique appliqué suivant Ox (indice 1), suite à la tension u aux bornes : E1 =
u/b (V/m)
– contrainte suivant Oy (indice 2), suite à la force appliquée F : T2 = F/A (N/m²)
– déformation (allongement relatif) suivant Oy (indice 2) : S2 = DL/L
– constante piézoélectrique : d12 (C/N ou m/V)
– compliance sE22 = 1/Y22, où Y22 module d'Young suivant Oy

les équations (18a) se réduisent alors à :

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 9/61


D1 =εT1 E 1 + d 12 T 2
S 2 =d 12 E 1 + s E22 T 2

en éliminant T2 entre ces deux relations, on obtient :

S
D 1 =e 12 S 2+ ε1 E 1 (22a)
où (cf. 2e relation de (19b)):
d 12
e 12= (22b)
s E22

S T
ε1 =ε1 (1−k 12 ²) (22c)

(eS1 constante diélectrique du cristal bloqué), où la constante de couplage k 12 est (cf. (21)):

√ √
d 12 ² d 12 ² Y 22
k 12= = (22d)
εT1 s E22 εT1

Le tableau 2 donne quelques modes de vibration des céramiques piézoélectriques :

forme polarisation excitation déformation constantes fréquence de


résonance fr

d33, g33 N3L/L

k33

eT33
longitudinale

cylindre

d33, g33 N3t/e

k33
En épaisseur eS33
d31, g31
NL/L
k31
Plaque mince

eT33
transversale

d33, g33 N3t/e

k33
En épaisseur
eS33

©Frédéric Élie – http://fred.elie.free.fr, février 2017 - page 10/61


forme polarisation excitation déformation constantes fréquence de
résonance fr

d31, g31,
Np/D
Disque mince kr

radiale eT33

d31, g31 NL/L

k31
longitudinale
eT33
d33, g33
N3t/e
k33

En épaisseur eS33
tube d31, g31
Nc/Dm
k31

circonférentielle eT33

d33, g33 N3t/e

kt
En épaisseur
eS33
d31, g31
coupelle kp

radiale eT33

Tableau 2 : modes de vibrations de quelques céramiques selon leur polarisation et excitation

Ordres de grandeur des constantes des céramiques piézoélectriques :


d33 = 75 à 320.10-12 C/N
d31 = -30 à -140.10-12 C/N
coefficients de couplage :
f r− f a
– en mode radial, pour un titanate : k r ²=2,52 où fr fréquence de résonance, fa
fa
fréquence d’anti-résonance (pour laquelle l'impédance est maximale) ; kr = 0,2 à 0,5
– en mode longitudinal : k33 = 0,3 à 0,7
– en mode transversal : k31, relié à kr par k 31=k r
1−σ
2 √
Constante de fréquence en épaisseur: N3t = fre = 2400 à 2700 (Hz.m) (e : épaisseur).

Nous venons de voir rapidement les propriétés générales des matériaux piézoélectriques. En
utilisation, ils ne sont pas employés seuls mais en interface avec des dispositifs mécaniques

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(on dit alors transducteurs composites), l'ensemble étant au contact d'un milieu fluide (eau,
air...). En mode d'émission, les vibrations du transducteur se transforment en ondes
acoustiques qui se propagent dans le milieu fluide. En mode réception, elles sont produites
dans le transducteur sous l'action d'ondes acoustiques incidentes en provenance du milieu
fluide. Dans les deux cas, les vibrations du transducteur ne sont jamais celles du matériau
piézoélectrique comme s'il était seul ; celles-ci sont modifiées par les interfaces avec les parties
mécaniques et le milieu fluide, ainsi que leurs comportements mécaniques et acoustiques.
Ces ensembles, transducteurs composites, sont rapidement complexes et prédire avec
précision leurs propriétés dynamiques nécessite des codes de calculs numériques imposants.
Heureusement, au voisinage des résonances, il est souvent possible de modéliser ces
systèmes au moyen de schémas électriques équivalents en utilisant les analogies
électromécaniques, de sorte que le modèle fait intervenir des quadripôles constitués
d'impédances en série ou en parallèle formées de selfs, de capacités et de résistances.
Les propriétés des circuits équivalents sont liées non seulement à celles du matériau
piézoélectrique, mais encore aux modes de vibration et de propagation des ondes élastiques et
acoustiques du matériau actif, des constituants mécaniques qui lui sont liés, et du milieu fluide,
et ces propriétés se retrouvent dans la détermination des impédances, des couplages et des
transformations électromécaniques dans le circuit. En conséquence, sans qu'il soit nécessaire
de calculer dans le détail tous les phénomènes d'élasticité, électromécaniques et acousto-
mécaniques, il est utile d'examiner les modes de vibration des solides piézoélectriques sous
l'action d'un champ électrique et d'une contrainte dans le cas simple où ils sont seuls et dans le
cas où ils font partie d'un ensemble composite.
Pour cela, à la section 2 ci-après, quelques types d'ondes élastiques dans les solides ordinaires
sont d'abord étudiés, ce qui permettra ensuite, à la section 3, de les rattacher aux modes de
vibration pour les solides piézoélectriques uniques et aussi dans un ensemble composite.
L'approche d'un transducteur composite en interaction avec un milieu fluide, en émission ou en
réception, est traitée en section 4. On verra, en section 5, comment en découleront les
sensibilités à l'émission et à la réception, compte tenu des niveaux de bruit. Le cas particulier
des ultrasons sera évoqué en section 6.

2. Propagation des ondes élastiques dans les solides : généralités

2.1. Équations d'onde élastiques dans les solides de symétrie quelconque ; théorie de
Christoffel, équations de Giebe et Bleischmidt

Dans un cube élémentaire de volume dx 1dx2dx3 les lois de Newton de la dynamique permettent
d'écrire les relations entre les déplacements dans les 3 directions i = 1, 2, 3 (x, y, z) et les
contraintes (cf. éq. (3)):

∂ ² ui ∂T ij
ρ dx 1 dx 2 dx 3 = dx 1 dx 2 dx 3 (23)
∂t ² ∂xj

et d'après les équations (7), écrites dans les directions spatiales i, j = 1, 2, 3 : T ij =c ijkl S kl ,
(23) donne :
∂ ² ui
ρ = ∂ ( c S ) (24)
∂ t ² ∂ x j ijkl kl

NB : Pour un matériau isotrope, en adoptant la convention d'indices, et donc en appliquant les


relations (8), (9) et (10), (24) devient :

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∂ ² u1
ρ = ∂ (λ K + 2μ S 1 )+ ∂ (μ S 6 )+ ∂ (μ S 5 )
∂t ² ∂ x1 ∂x2 ∂ x3
∂ ² u2
ρ = ∂ (μ S 6 )+ ∂ (λ K+ 2μ S 2 )+ ∂ (μ S 4 ) (25)
∂t ² ∂ x 1 ∂ x2 ∂ x3
∂ ² u3
ρ = ∂ (μ S 5 )+ ∂ (μ S 4 )+ ∂ (λ K + 2 μ S 3 )
∂ t ² ∂ x1 ∂ x2 ∂ x3

Les solutions les plus générales de (24) sont obtenues par la méthode de Christoffel (6).
L'onde se propage suivant un axe normal au plan d'onde, de cosinus directeurs n k (k = 1, 2, 3).
Une distance s le long de cette normale est :

s=n k x k k = 1, 2, 3 (26)

Si l'on cherche des solutions harmoniques de (24), l'onde se propage avec une fréquence et
une célérité composites w/2p et V :

u k =U k exp j ω t exp (− j n k x k ω/ V )=U k exp j ω t exp(− j ω s / V ) (27)

La relation (4) permet de réécrire (24) sous la forme :

∂ ² ui ∂ ² ul
ρ =c ijkl (i, j, k, l = 1, 2, 3) (28)
∂t ² ∂ x j ∂ xk

∂ ul ∂ ul ∂ s ∂s
Or avec (26) : = et =n k , etc. (28) devient alors :
∂xk ∂ s ∂ xk ∂xk

∂ ² ui ∂ ² ul
ρ =Γil (29)
∂t ² ∂s²

avec Gil tenseur de Christoffel (7) : Γil =c ijkl n k n j (30)

Les équations (29), compte tenu de (30), s'explicitent alors en :

∂² u1 ∂ ² u1 ∂ ² u2 ∂ ² u3
ρ =λ11 + λ 12 + λ13
∂t ² ∂s² ∂s² ∂s²
∂ ² u2 ∂² u1 ∂ ² u2 ∂ ² u3
ρ =λ12 + λ 22 + λ 23 (31a)
∂t ² ∂ s² ∂s² ∂s²
∂ ² u3 ∂ ² u1 ∂ ² u2 ∂ ² u3
ρ =λ13 + λ 23 + λ33
∂t² ∂ s² ∂s² ∂s²

où les coefficients symétriques l ij sont :

6 Love : Theory of Elasticity, 4th edition, p.298, Cambridge University Press, 1927.
7 Le tenseur de Christoffel G il ne doit pas être confondu avec les « symboles de Christoffel » Gkil qui
interviennent dans les géométries non-euclidiennes et qui sont employés en Relativité Générale ; ce ne
sont d'ailleurs pas des tenseurs, c'est pourquoi on les appelle « symboles ».

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λ 11=n 1 ² c11+ n2 ² c 66+ n3 ² c 55+ 2 n 2 n3 c 56+ 2 n3 n1 c 15+ 2 n1 n2 c16
λ12=n1 ² c 16+ n 2 ² c 26+ n3 ² c 45+ n2 n3 (c 46+ c 25)+ n3 n1 ( c14 + c 56)+ n1 n2 (c 12+ c66 )
λ 13=n 1 ² c 15+ n2 ² c 46 + n3 ² c 35+ n2 n3 (c 45+ c36 )+ n3 n 1 ( c13+ c55 )+ n 1 n 2 (c14 + c 56)
(31b)
λ 23=n1 ² c56 + n 2 ² c 24+ n3 ² c34 + n 2 n 3 (c 44+ c 23 )+ n3 n 1 (c 36+ c 45)+ n1 n2 (c 25+ c 46)
λ 22=n 1 ² c66 + n 2 ² c 22+ n 3 ² c 44+ 2 n2 n3 c 24 + 2 n 3 n1 c 46+ 2 n1 n2 c 26
λ33=n1 ² c 55+ n 2 ² c 44+ n3 ² c 33+ 2 n2 n3 c 34+ 2 n3 n1 c35+ 2 n1 n2 c 45

Les équations (31) s'appliquent à tous types de classe cristallographique.

Pour des modes harmoniques, l'utilisation de (27) dans les équations (29) ou (31) conduit
à l'équation aux valeurs propres pour les amplitudes:

Γik U k =ρV² U i (32)

qui admet des solutions non triviales si et seulement si :

∣ ∣
λ11−ρV² λ12 λ13
dét∣Γik −ρV² δik∣= λ 12 λ 22−ρV² λ23 =0 (33)
λ 13 λ 23 λ 33−ρV²

Les solutions V² de (33) sont les valeurs propres V p² (célérités) (p = 1, 2, 3) des modes de
propagation, d'où l'on tire les amplitudes de déplacement U p (vecteurs propres de (32)).
En général, les ondes de célérité V p se propagent suivant une direction qui n'est pas la même
que celle du champ des déplacements u k. Soient (qk) k = 1, 2, 3, les cosinus directeurs d'un
déplacement ; alors l'amplitude u de ce déplacement le long de cette direction est :

u=q k u k avec q k q k =1 (34)


d'où :
u k =q k u (35) (8)

En utilisant (35) dans l'équation de Christoffel (29), pour le mode de propagation Vp, on trouve :
Γik u k =ρV p ² ui soit :

Γik q k =ρV p ² qi (36a)

qui fournit les directions des déplacements définies par leurs cosinus directeurs q k. (36a)
s'explicite en, compte tenu de (31a) ( 9):

q1 λ11+ q2 λ12 + q 3 λ 13=q 1 ρ V p ²


q 1 λ 12+ q 2 λ 22 + q 3 λ 23=q 2 ρV p ² (36b)
q1 λ 13+ q 2 λ 23+ q 3 λ 33=q 3 ρV p ²

Lorsque pour un mode de vibration n°p (valeur propre de (32)) la direction des déplacements
est différente de la direction de l'onde, c'est-à-dire si q p ≠ np, on dit que la direction de

8 En effet : remplaçons (35) dans (34), il vient qkuk = qk(qku) = qkqku = u puisque qkqk = 1. Par exemple,
en coordonnées polaires 2D : x, y jouent le rôle des uk, R celui de u, et cos q et sin q celui des qk ; on
a bien : x = R cos q et y = R sin q → R = x cos q + y sin q puisque cos² q + sin² q = 1.
9 v. Brissaud, Acustica 66 (1988) n°2

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propagation de l'onde n'est pas pure.

Remarque : l'application directe de la forme harmonique du champ des déplacements (27)


dans (28) donne d'autres expressions des équations du mouvement :

∂ ² ui 2
=−c ijkl n j nk ω
ρ
∂t ² V ( ) ul (37)

2.2. Équation de Giebe et Bleischmidt

2.2.1. Pour les solutions harmoniques, au lieu d'écrire (27), on écrit les déplacements en
fonction des nombres d'onde :

ωl ω nl
u k =U k exp j ω t exp(− j K l x l ) avec nombre d'onde : K l= = (38)
Vl V

où les wl et les Vl correspondent aux modes unidirectionnels suivant xl :

Vl ωl 2
ωl =
2 Ll
(39) avec donc : ω 2=
( )
V

l Vl ( ) (40)

V étant le module de la célérité, qui se projette sur les cosinus directeurs n l en Vl, et Ll étant les
dimensions du matériau dans les directions l.
L'idée est de déterminer les fréquences propres w puis de déduire V par (40) :
L'injection de (38) dans (37) donne :
ωk ω j
ρω ² ui =c ijkl ul (i, j, k, l = 1, 2, 3) (41)
V kV j

Après la réduction des indices, conformément à la convention des indices présentée en section
1 (11 = 1, 22 = 2, 33 = 3, 12 = 6, 13 = 5, 23 = 4), et puisque c nm = 0 pour n ≠ m et n, m ≥ 4, (41)
devient, en négligeant le cisaillement dans les directions principales, ainsi que la compression
dans les autres, il vient :
ωi ωk
ρω ² ui =c ik uk (i, k = 1, 2, 3 ; termes 4, 5, 6 négligés) (41bis)
V iV k

c
Avec V i ²= ρii , (41bis) donne, compte tenu de (39), l'équation aux valeurs propres en u k :

ωi ω k
ω ² ui=cik uk (42)
√ c ii c kk
dont l'existence des solutions non triviales a pour condition l'annulation de son déterminant, ce
que traduit l'équation de Giebe et Bleischmidt :

dét∣γik ωi ω k −ω ² δik∣=0 (43a)

cik
où gik sont les coefficients de couplage du mode i sur le mode k : γik = (43b).
√ cii c kk

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Appliquons à l'exemple d'un matériau de classe cristallographique hexagonal C 6v (exemple :
céramique), pour lequel les raideurs vérifient (v. tableau 1):

c23 = c13 et c22 = c11

l'excitation étant supposée dirigée suivant x 3. Posant :

c 23 c 13
α= =
√c 22 c 33 √ c 11 c 33
c12 c 12
γ= =
√c 11 c 22 c 11
l'équation (43a) devient :

∣ ∣
ω1 ²−ω ² γ ω1 ω 2 α ω 1 ω3
γ ω1 ω 2 ω2 ²−ω ² α ω 2 ω3 =0 (44)
α ω 1 ω3 α ω 2 ω3 ω3 ²−ω ²

Avec (44) et (39) on montre que le couplage des modes fait intervenir les rapports de forme du
L1 L2
matériau : G1 = et G2 = . En effet, (44) se développe en :
L3 L3

6 4 2
f + a 2 f + a1 f + a 0 =0 (45)

f = w/2p étant la fréquence, et où :

a 2 =−( f 1 ²+ f 2 ²+ f 3 ²)=− f 3 ² 1+
[ ( c 11
c 33
1
+
1
G1² G2² )]
[ ( ]
c11 c 11
a 1 =(1−α ²)( f 1 ²+ f 2 ²) f 3 ²+ (1−γ ²) f 1 ² f 2 ²= f 34
c33
(1−α ²)
1
+
1
G² 1 G² 2 )
+ (1−γ ²)
1
c 33 (G G )2
1 2
2
2
a 0 =( f 1 f 2 f 3 ) ( γ ²+ 2 α ²−2 α γ−1)= f 6
3 ( )
c 11
c 33
1
(G 1 G2 )2
( γ ²+ 2 α ²−2 α γ−1)

L'équation (45) est une équation polynomiale du 3e degré d'inconnue f², dont les solutions
a² 2 9 a 1 a 2 −27 a0 −2 a 32 a
dépendent du signe de b = −a . Posant : b = , w= f² + 2 le
1 3 1 0 3
27
tableau 3 liste les solutions.
Mais le problème se simplifie pour les comportements asymptotiques, G 2 → ∞, c'est-à-dire
lorsqu'une des dimensions latérales devant l'autre et devant l'épaisseur devient très grande
(figure 5). En effet, dans ce cas (45) devient :

4
f −( f 3 ²+ f 1 ²) f² + f 1 ² f 3 ²(1−α ²)=0 (46)

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L2 → ∞
L1

L3

figure 5 – solution asymptotique pour un matériau de classe hexagonal

Signe de b1 Nombre de racines racines Notations auxiliaires

w=b 1/
b1 = 0 1 racine réelle triple 3
0
b1 < 0 Racine réelle simple

2 racines complexes
w 1=−2
√ −b 1
3
cotan 2 ϕ tan θ=
3 b0 √
2 b1 −b1
3
1 /3
conjuguées w 2=
√ −b1
3
cotan 2 ϕ+ j
√−b1
sin 2 ϕ
tan ϕ= tan θ
( 2 )

b1 > 0
w 2=
√ −b1
3
cotan 2 ϕ− j

4b13 < 27 b0² :


√−b1
sin 2 ϕ

1 racine réelle simple

2 racines complexes
w 1=2
√ b1 1
3 sin 2 ϕ
tan θ=
−2 b1 b1
3b 0 √ 3
1 /3
conjuguées w 2, w3 =−
1

3 sin 2 ϕ
b1
±j
√b 1
tan 2 ϕ
4b13 = 27 b0² :
tan ϕ= tan θ
( 2 )
3 racines réelles dont w 1=w 2 =−3 b 0 / 2b 1
2 doubles
w 3 =3 b0 /b1
4b13 > 27 b0² :
3 racines réelles w 1=2 √ b1 /3 cos ϕ/3 3 b0
simples
w 1=2 √ b1 /3 cos (π−ϕ)/3
cos ϕ=
2 b1 √ 3
b1

w 1=2 √ b1 /3 cos (π+ ϕ)/3

Tableau 3 : solutions de (45) pour une pièce parallélépipédique de matériau de classe hexagonale

Dans l'approximation asymptotique, (46) admet 2 racines réelles, que l'on exprime sous forme
de constantes de fréquence N 3 en épaisseur en fonction du rapport de forme G1 :

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√ √(
2
N± ± 1
3 = f L3 = 2 2
√ √ c 33
ρ 1+
c11 1
c33 G1 ²
± 1−
c 11 1
c 33 G 1 ² ) + 4α ²
c 11 1
c 33 G 1 ²
(47)

Les courbes de f+ et f- en fonction de G 1 sont représentées à la figure 6 ; elles montrent les


valeurs asymptotiques pour G1 → ∞ et 0.

log(fL3)
fβ+L3

fα+L3
fβ-L3
fL3+
fL3-

fα-L3
G1 <<1 : poutre G1 >>1 : plaque log(G1)

figure 6 : régimes asymptotiques pour un matériau de classe hexagonale

Les asymptotes (en tirés rouge et bleu sur la figure 6) correspondent aux modes non couplés :

--- f L3 =
1 c33
2 ρ √=constante (mode épaisseur pur)

--- f L3 =
L3
2 L1 √ (√ )
c 11 1 c 11 1
ρ = 2 ρ G (mode longitudinal pur)
1

avec les valeurs asymptotiques des fréquences :

f +α= f 3
P


P où c 11 =c 11 (1−α ²) constante de raideur de plaque (G1 → ∞)
1 c 11
f -α= ρ = f 1√
1−α ²
2 L1

f β+= f 1
*

f β- =
1
2 L3 √ c *33
ρ = f 3 √ 1−α ²
où c 33=c 33 (1−α ²) constante de raideur de poutre (G1 → 0)

c13
Notons enfin que pour un matériau isotrope on a α= = σ puisque (8) s'applique.
c11 1−σ

Dans la suite de cette section, quelques exemples de transmission des ondes dans les solides
isotropes sont examinés ; ils permettent d'introduire la notion d'impédance mécanique qui sera
utile dans l'analyse des transducteurs au moyen des schémas équivalents.

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2.2.2. Transmission des ondes élastiques dans les solides isotropes

On a les relations (8), (9), (10), (14), (15) pour une quelconque des directions x 1, x2, x3
d'application de la contrainte. L'équation dynamique (28) appliquée au cas isotrope, donne
alors :

∂ ² u1 ∂K
ρ =(λ+ μ) + μ ∇ ² u1
∂t ² ∂ x1
∂ ² u2 ∂K
ρ =(λ+ μ) + μ ∇ ² u2 (48)
∂t ² ∂ x2
∂ ² u3 ∂K
ρ =(λ+ μ) + μ ∇ ² u3
∂t ² ∂ x3

où ∇ ²=∂ ²/ ∂ x 1 ²+ ∂ ² /∂ x 2 ²+ ∂ ²/ ∂ x 3 ² est le laplacien. Les équations (48) peuvent être


transformées pour conduire à l'équation d'onde de la déformation relative:

∂² K λ+ 2 μ
− ρ ∇ ² K =0 (49)
∂t ²

Les solutions de (49) sont des ondes dites de dilatation, ou longitudinales, qui se propagent
avec la célérité :

V L= √ λ+ 2μ
ρ
(50)

Ces ondes longitudinales se propagent dans la même direction que celle des déplacements u.
Ainsi, pour des déplacements dans la direction x 1 :

u 1 ( x1, t)=U 1 cos ω t−


( ) x1
VL
(51)

Les équations (48) peuvent aussi être transformées pour faire apparaître l'équation d'onde du
rotationnel des déplacements :

ρ
(
∂ ² ∂ u2 ∂ u3

∂t ² ∂ x 3 ∂ x 2 ) (
=μ ∇ ²
∂u 2 ∂ u 3

∂ x3 ∂ x2 )
(
∂ ² ∂ u1 ∂ u 3
) ( )
∂ u1 ∂ u 3
ρ − =μ ∇ ² − (52a)
∂ t ² ∂ x3 ∂ x1 ∂ x3 ∂ x1

ρ
(
∂ ² ∂u 1 ∂ u 2

∂t ² ∂ x 2 ∂ x 1 ) (
=μ ∇ ²
∂ u1 ∂ u 2

∂ x 2 ∂ x1 )
où l'on reconnaît les composantes du rotationnel des déplacements : rot u=
( ∂ ui
∂xj

∂uj
∂ xi ) avec

i, j = 1,2,3, et donc :

∂² μ
rot u− ρ ∇ ² rot u=0 (52b)
∂t ²

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les équations (52) mettent en évidence un deuxième mode de propagation : celle des ondes
transverses ou de cisaillement, avec la célérité :
μ
V S= ρ √ (53)

les ondes de cisaillement se propagent dans une direction perpendiculaire à la direction des
déplacements. Pour un déplacement dans la seule direction x 1, par exemple, (donc u2 = u3 = 0)
et indépendante de x1 et x2, (52) se réduit à :

ρ
∂ ² ∂u 1
∂t ² ∂ x 3

∂ ² ∂u 1
∂ x3 ² ∂ x3
=μ ∂
∂²
∂ x 3 ∂ x3 ²
u1 = ∂ ρ
∂ x3
∂ ² u1
∂t ² ( )
∂² u1 1 ∂ ² u1
qui devient, à une constante d'intégration près qui peut être nulle : − =0 ;
∂t ² V² S ∂ x 3 ²
l'onde plane de cisaillement se propage dans la direction x 3 perpendiculaire à celle x1 du
déplacement, sous la forme :

( )
u 1 ( x3, t)=U 1 cos ω t−
x3
VS
(54)

Ainsi, dans un solide isotrope, il existe deux modes de propagation des ondes associées aux
déformations : l'une longitudinale ou de compression, l'autre transversale ou de cisaillement.
Le tableau 4 donne quelques valeurs de constantes élastiques et de célérités.

matériau Y (10-10 N/m²) m (10-10 N/m²) l (10-10 N/m²) s VL (m/s) VS (m/s)


aluminium 6,8 – 7,1 2,4 – 2,6 6,1 0,355 6420 3040
laiton 10,4 3,8 11,3 0,374 4700 2110
cuivre 12,1 – 12,8 4,6 13,1 0,37 5010 2270
or 8,12 2,85 15,0 0,42 3240 1200
fer 20,6 8,2 11,3 0,29 5950 3240
plomb 1,5 – 1,7 0,54 3,3 0,43 1960 690
magnésium 4,24 1,62 2,56 0,306 5770 3050
nickel 21,4 8,0 16,4 0,336 6040 3000
platine 16,7 6,4 9,9 0,303 3260 1730
argent 7,5 2,7 8,55 0,38 3650 1610
acier 19,6 7,57 11,3 0,30 5790 3100
étain 5,5 2,08 4,04 0,34 3320 1670
zinc 10,5 4,2 4,2 0,25 4210 2440
Verre pyrex 6,2 2,5 2,3 0,24 5640 3280
nylon 0,355 0,122 0,511 0,4 2620 1070
polyéthylène 0,076 0,026 0,288 0,458 1950 540
polystyrène 0,528 0,12 0,34 0,405 2350 1120

Tableau 4 : constantes d'élasticité et célérités des modes longitudinaux et transverses de quelques


matériaux

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2.3. Transmission des ondes à l'interface de deux milieux

2.3.1. Considérons deux milieux : solide (1) et viscoélastique (2) (par exemple un solide au
contact d'un liquide, d'un gaz, d'une colle, d'une résine, d'un caoutchouc...).

Une onde longitudinale, d'amplitude U (1) qui se propage dans le milieu (1) rencontre l'interface
entre les deux milieux (figure 7) avec l'angle d'incidence par rapport à la normale a (1) : elle
donne lieu à :
- une onde longitudinale réfléchie dans le milieu (1), d'amplitude U R(1) et d'angle de réflection
aR(1)
- une onde longitudinale transmise (réfractée) dans le milieu (2), d'amplitude U T(2) et d'angle de
réfraction aT(2) ;
- une onde de cisaillement réfléchie dans le milieu (1), d'amplitude V R(1) et d'angle de réflection
bR(1) ;
- une onde de cisaillement transmise dans le milieu (2), d'amplitude V T(2) et d'angle de réfraction
bT(2).

VT(2)
bT(2)
UT(2)

Milieu (2) aT(2)

Milieu (1) x1
aR(1)
a(1)

bR(1)
U(1) UR(1)

x3 VR(1)

Figure 7 – réflection et réfraction d'une onde longitudinale entre deux milieux matériels

2.3.2. Supposons d'abord que l'interface est un plan complètement réfléchissant : UT(2) et VT(2)
sont donc nuls par hypothèse. On sait que pour une onde longitudinale, sa propagation a la
même direction que le déplacement. Il s'ensuit que les composantes du déplacement u suivant
les axes x1 et x3 sont :

[
- déplacement suivant x1 : u 1(1) =U (1) sin a (1) exp j ω t− λ ( x 1 sin a(1)−x 3 cos a(1)) (55a)
L ]

[
- déplacement suivant x3 : u 3(1)=−U (1) cos a(1) exp j ω t− λ (x 1 sin a (1)− x 3 cos a(1) )
L ] (55b)

où U(1) est l'amplitude de l'onde longitudinale incidente.


Le déplacement uR(1) associé à l'onde longitudinale réfléchie vers le milieu (1), UR(1), a pour
composantes suivant les axes x1 et x3 :


[
- déplacement suivant x1 : u R1(1)=U R(1) sin a R(1) exp j ω t− λ ( x 1 sin a R(1) + x 3 cos a R(1))
L ]

[
- déplacement suivant x3 : u R3(1)=U R(1) cos a R(1) exp j ω t− λ ( x1 sin a R(1)+ x 3 cos a R(1) )
L ]
or les angles d'incidence et de réflection sont égaux : sin a(1) = sin aR(1), soit a(1) = aR(1). Pour

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l'onde longitudinale réfléchie les déplacements suivant x 1 et x3 sont donc :

[ 2π
u R1(1)=U R(1) sin a (1) exp j ω t− λ ( x 1 sin a(1)+ x 3 cosa (1) )
L ] (56a)

[ 2π
u R3(1)=U R(1) cos a(1) exp j ω t− λ ( x 1 sin a(1) + x 3 cos a(1))
L ] (56b)

Quant à l'onde de cisaillement réfléchie dans le milieu (1), VR(1), on sait que sa propagation est
perpendiculaire à celle du déplacement. Soient q 1 et q3 les cosinus directeurs du déplacement
et bR(1) l'angle de réflection de l'onde de cisaillement réfléchie ; les cosinus directeurs de l'onde
sont n1 = sin bR(1), n3 = cos bR(1) , par conséquent la condition de perpendicularité des directions
de l'onde et du déplacement s'écrit :

q⋅n=0=q1 sin b R(1)+ q3 cos b R(1)

dont la solution est, puisque b R(1) < p/2 : q1 = cos bR(1) et q3 = - sin bR(1). Les déplacements vR(1)
suivant x1 et x3 sont donc, pour l'onde de cisaillement réfléchie :

[ 2π
v R1(1)=V R(1) cos b R(1) exp j ω t− λ ( x 1 sin b R(1)+ x 3 cos b R(1) )
S ] (57a)

[ 2π
v R3(1)=−V R(1) sin b R(1) exp j ω t− λ (x 1 sin b R(1)+ x 3 cos b R(1))
S ] (57b)

Il résulte, des équations (55), (56), (57) la relation de réflection de l'onde de cisaillement à partir
d'une onde incidente longitudinale :

sin a(1) sin b R(1) sin a (1) λL V L


soit = = (58)
λ L = λS sin b R(1) λS V
S

Les amplitudes se déduisent ainsi :


D'après (7), T3 = T5 = 0 entraîne que :

2 (U (1)−U R(1) )sin b R(1) cos a(1)−V R(1) cos 2 b R(1)=0


VL (59)
(U (1) +U R(1))(λ+ 2μ cos² a(1) )−V R(1) μ sin 2 b R(1) =0
VS

( ) ( ) ( )
λ+ 2μ V L V L² sin ² a(1)
Et comme, d'après (58), on a : μ = V soit : λ=μ −2 =μ −2 ce
S
VS² sin ² b R(1)
qui ré-exprime (59) par :

2(U (1)−U R(1) )sin b R(1) cos a (1)−V R(1) cos 2b R(1)=0
(60)
(U (1)+ U R(1) )sin a(1) cos 2 b R(1) −V R(1) sin b R(1) sin 2 b R(1)=0

Si l'onde longitudinale incidente est perpendiculaire à l'interface Ox 1, alors a(1) = bR(1) = 0 et (59)
devient :

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U (1)+ U R(1)=0
(61)
V R(1)=0

autrement dit, l'onde réfléchie d'une onde longitudinale incidente normale à l'interface est
exclusivement une onde longitudinale, de même amplitude : il n'y a pas conversion en une onde
de cisaillement réfléchie.

NB : En restant encore dans le cas d'un dioptre plan complètement réfléchissant, on regarde
maintenant ce que donne une onde incidente de cisaillement, V(1), d'angle d'incidence b (1). Elle
va produire deux ondes : l'une de cisaillement réfléchie, d'amplitude V R(1) et d'angle de réflection
b(1) (identique à l'angle d'incidence), la deuxième longitudinale réfléchie d'amplitude U R(1) et
d'angle de réflection aR(1). Un raisonnement analogue à celui qui précède (intervention des
cosinus directeurs et utilisation de (7)) conduit à :

(V (1) +V R(1)) sin 2b(1) sin b(1)−U R(1) sin a R(1) cos 2b(1)=0
(62)
(V (1)−V R(1)) cos 2 b(1)−2U R(1) sin b(1) cos a R(1)=0

d'où l'on déduit de (62) une relation similaire à (58) :

sin a R (1) λL V L
= =
λS V (63)
sin b(1) S

le maximum de (63) est atteint pour sin a R(1) = 1, ce qui correspond à un angle maximum
d'incidence au-delà duquel il n'y a plus de réflection possible sous forme d'onde longitudinale :

VS
sin b(1) max = (64)
VL

b(1)max est appelé angle total de réflection ; cette situation se rencontre également en optique.

2.3.3. Supposons maintenant qu'une onde longitudinale incidente, U(1), rencontre un dioptre
plan partiellement réfléchissant, parallèle à Ox 1, sous l'angle d'incidence a(1) (figure 7) : elle se
réfléchit avec le même angle a (1) en une onde longitudinale UR(1) et, avec un angle bR(1), une
onde de cisaillement VR(1), et transmet au milieu (2) une onde longitudinale UT(2) d'angle de
réfraction aT(2) et une onde de cisaillement VT(2) d'angle de réfraction bT(2).
Un raisonnement analogue au cas (b1) précédent, appliqué dans les deux milieux (1) et (2)
conduit, tous calculs faits, aux relations entre les angles :

sin a(1) sin a R(1) sin b R (1) sin a T (2) sin bT (2)
= = = = (65)
V L(1) V L (1) V S (1) V L( 2) V S (2)

où : VL(1) célérité de l'onde longitudinale dans (1), V S(1) célérité de l'onde de cisaillement dans
(1), VL(2) célérité de l'onde longitudinale dans (2), V S(2) célérité de l'onde de cisaillement dans (2).
Si l'onde longitudinale incidente est normale au dioptre plan, il n'y a pas d'onde de cisaillement
transmise au milieu (2), et l'on montre que :

U R (1) ρ2 V L(2) −ρ1 V L(1)


r= = facteur de réflection (66a)
U (1) ρ2 V L(2) + ρ1 V L(1)

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U T (2) 2 ρ1 V L(1)
τ= = facteur de transmission (66b)
U (1) ρ2 V L (2)+ ρ1 V L(1)

où VL(1) célérité de l'onde longitudinale dans (1), et V L(2) dans (2). On a : r + τ=1 .

2.3.4. Le milieu (2) est maintenant de propriétés viscoélastiques (par exemple un liquide, un
gel, etc.). Les équations d'élasticité (9) doivent être alors complétées de ces effets ; un des
modèles qui le permet est le modèle de Voigt, selon lequel la viscoélasticité se traduit par une
variation dans le temps des déformations relatives des surfaces et du volume :

∂K ∂S
T 1=λ K + 2μ S 1 + χ +2 η 1
∂t ∂t
∂K ∂S2
T 2 =λ K + 2μ S 2 + χ +2η
∂t ∂t
∂K ∂ S
T 3=λ K + 2μ S 3 + χ +2η 3
∂t ∂t
(67)
∂S4
T 4 =μ S 4 + η
∂t
∂ S5
T 5 =μ S 5 + η
∂t
∂S6
T 6=μ S 6 + η
∂t

Pour un liquide h est la viscosité dynamique (en kg/m/s) (rappel : n = h/r est la viscosité
cinématique en m²/s), et souvent m est négligeable. Mais pour des liquides constituées de
longues chaînes de polymères (bains fondus, huiles...) m n'est pas négligeable.
Pour un gaz, on a : c = -(2/3) h.

2.3.4.1. Étude du cas simple d'une onde plane de cisaillement se propageant dans la direction
x3, et dont le champ des déplacements est suivant x 2 (éq. (23)):

u 2 =U 2 exp j ω t
∂ ² u2 ∂T 4 (68)
ρ = =−ω ² u 2
∂t ² ∂ x3

La quatrième équation qui donne T 4 dans (67), appliquée dans (68), fournit alors :

∂ ² u2
−ρ ω ² u 2 =(μ+ j ω η) (69)
∂ x3 ²

La solution onde plane de (69) est :

u 2 ( x 3, t)=U 20 exp (( A+ j B) x 3 ) exp j ω t


−jω 1
A=R e( μ ωη)
ρ 1+ √ √
j μ (70)
− jω 1
B=I m( μ ωη)
ρ 1+ √ √
j μ

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où U20 est la valeur maxi de l'amplitude, et où Re et Im désignent les parties réelle et imaginaire
de la quantité complexe. Dans (70), A est négatif, et est donc le facteur d'atténuation de
l'amplitude de l'onde dans la milieu. On reconnaît dans (70) la célérité de l'onde de cisaillement
(53) : V S = √ μ /ρ .
NB : Pour de faibles valeurs de ω η/μ le développement au premier ordre de (70) conduit à :

−ω ² η
atténuation : A≈ (71a)
2 ρV 3S

B≈ −ω
facteur de phase : V S (71b)

(71a) montre que l'onde est d'autant plus atténuée aux hautes fréquences et/ou dans les
milieux de forte viscosité.
Revenant au cas général, (70) appliqué dans (67) donne alors la contrainte T 4 :

T 4 (x 3 , t)= j ω U 20 √ ρ(μ+ j ω η)exp( j ω t)exp (( A+ jB)) x 3 (72)

Par définition, l'impédance caractéristique Zc est le rapport entre la contrainte et la vitesse de


déplacement u°3 = ∂u3/∂t (unités : kg/m²/s):

T4
ZC= =RC + j X C =√ρ(μ+ j ω η) (73)
u3 °

NB : pour un milieu non visqueux (h = 0), (73) devient : Xc = 0, Rc = rVS.

2.3.4.2. On suppose maintenant que l'onde incidente de cisaillement depuis le milieu solide (1)
rencontre le dioptre qui le sépare d'un milieu (2) viscoélastique. Si l'angle d'incidence dans le
milieu (1) est a(1) et l'angle de réfraction bT(2) de l'onde transmise dans le milieu (2), les
conditions à l'interface x3 = 0 sont :

u 2(1)=u 2(2) : continuité des déplacements


(74)
T 3(1)=T 3 (2) ; T 4(1)=T 4 (2) : continuité des contraintes

et les déplacements sont :

u 2 (1)=U 20 exp j ω t . exp( j ω (x sin a −x cos a )) : onde incidente dans le milieu (1)
V S (1) 1 (1) 3 (1)

u R2(1)=U 20 r exp j ω t . exp( j ω ( x 1 sin a(1) + x 3 cos a(1))) : onde réfléchie dans le milieu (1)
V S (1)
u T2(2)=U 20 τ exp j ω t . exp−(( A+ j B)( x 1 sin bT (2)−x 3 cos a(1) )) : onde réfractée dans le milieu (2)
(75)

où V S (1)=√ μ 1 /ρ1 est la célérité de l'onde de cisaillement dans le milieu (1).


Dans (74) la condition de continuité des déplacements, avec (75) pris en x 3 = 0, donne :

(1+ r) exp ( j ω x 1 sin a(1))= τ exp(−( A+ j B) x 1 sin b T (2) )


V S (1) (76)

L'égalité (76) est vérifiée par la condition de réfraction, en présence d'atténuation par viscosité :

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sin b T ( 2) V S (2)
=
sin a(1) V S (1) √ j ω η2
1+ μ
2
(77)

où V S (2)= √ μ 2 /ρ2 est la célérité de l'onde de cisaillement dans le milieu (2).


Les conditions de continuité des contraintes, dans (74), conduisent à :

(1−r) √ ρ1 μ1 cos a(1)=τ √ ρ2 (μ 2 + j ω η2 )cos b T (2) (78)

Or d'après (73) les impédances caractéristiques des milieux (1) et (2) sont respectivement :

Z c(1)=√ρ1 μ1 puisque le milieu (1) est sans viscosité: η1 =0


Z c(2)= √ ρ2 (μ 2 + j ω η2 ) en présence de la viscosité dans le milieu (2) η2

la relation (78) s'écrit finalement :

1−r cos a(1)


Z c(2)=Z c(1) (79)
1+ r cos bT (2)

Ainsi les relations (77) et (79) expriment le passage d'une onde de cisaillement d'un milieu
solide dans un milieu viscoélastique.

2.4. Vibrations en torsion d'un cylindre solide

Soit un solide ayant la forme d'un cylindre vertical, d'axe Ox 3, de rayon R, dont chaque section
d'épaisseur élémentaire dx3 est soumise à une déformation en torsion, c'est-à-dire en rotation
autour de l'axe Ox3 d'angle q (figure 8)(10).

x3 Dans chaque section d'épaisseur élémentaire


dx3, supposée être en rotation d'ensemble
R autour de Ox3, l'équation du mouvement est :

∂²θ ∂²θ
ρ −μ =0 (80)
∂t ² ∂ x3 ²
(A)
dx3
dq de solution, avec pour conditions aux limites en
x3 = 0, vitesse angulaire q°(x3 = 0) = q°0, moment
de raideur M(x3 = 0) = M0 :

ω x3 M0 ω x3
Figure 8 – déformation en torsion d'un cylindre θ °=d θ/d t=θ° 0 cos −j sin
VS Zc VS
(81)
ω x3 ω x3
M =M 0 cos − j θ ° 0 Z c sin
VS VS

10 Il s'agit ici d'une modélisation approximative ; pour une approche détaillée sur les modes de torsion,
de compression et de flexion des barres cylindriques, se référer aux équations de Pochhammer et
Chree dans :
L. Pochhammer : J. reine angew. Math. (Crelle), 81, 324 (1876)
C. Chree : Trans. Cambridge Phil. Soc., 14, 1158 (1889)
Love : Theory of Elasticity, pp. 307-309, 4th ed., Cambridge University Press, 1934

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La célérité de propagation d'une onde de torsion est donc celle d'une onde de cisaillement :
μ

V S = ρ . Zc est l'impédance caractéristique pour une poutre cylindrique vibrant en torsion :

Z c =√ J M = π R
4
√μ ρ (82)
2

où J est le moment d'inertie par rapport à Ox 3, par unité de longueur parcourue le long de la

circonférence de la section J =ρ A et M le moment de raideur par unité de longueur
2

parcourue le long de la circonférence de la section M =μ A (avec donc A = p R²) (11).
2

2.5. Ondes de compression dans une poutre

En compression, le déplacement u 3, et la contrainte exercée T 3 sont dans la même direction x3,


et T3 est proportionnelle à la déformation relative S 3 (égale ici à ∂u3/∂x3), la constante de
proportionnalité étant le module d'Young Y. L'équation du mouvement est alors :

∂² u3 Y ∂ ² u3
−ρ =0 (83)
∂t ² ∂ x3 ²

avec pour conditions aux limites en x3 = 0:


– déplacement imposé à l'extrémité de la poutre : u3(x3 = 0) = u30
– contrainte imposée à l'extrémité de la poutre : T3 (x3 = 0) = T30.
la solution de (83) est :

(
u 3 ( x 3, t)= u 30 cos
ω x3
VC

T 30
ω zC
sin
ω x3
VC ) exp j ω t
(84)

( )
∂ u3 ω x3 T 30 ω x3
T 3 ( x 3, t)=−Y =Y ω u 30 sin + cos exp j ω t
∂ x3 VC V C ω zC VC

avec :
– célérité de l'onde de compression : V = Yρ (85)
C √
– impédance caractéristique par unité de surface d'une section droite du cylindre :
z C =√ ρY (86). Noter que, de manière analogue à la définition (73) d'une impédance
caractéristique ZC, celle-ci ne doit pas être confondue avec zC, et vaut ici :

ω x3
1− j u ° 30 z C tan
T3 T 30 VC
Z C ( x 3 )= = (86)
u °3 u ° 30 T 30 ω x3
1− j tan
zC VC

où u° = ∂u3/∂t vitesse de déplacement.

11 Pour obtenir les moments complets dynamique Jq et de raideur Mq on doit donc multiplier J et M par la
∂² J θ ∂ ² M θ
longueur de l'arc Rq : Jq = JRq et Mq = MRq ; les équations du mouvement étant : =
∂t ² ∂ x3
d'où (80).

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2.6. Vibrations en mode de flexion d'une barre allongée

Soit une barre allongée (longueur très grande devant la largeur) orientée suivant la direction
Ox3. Une contrainte est appliquée suivant la direction Ox 1 perpendiculaire à l'axe de la barre ; il
s'agit alors de déterminer en chaque section de la barre le moment de flexion par rapport à l'axe
Ox2 perpendiculaire à Ox1 et Ox3, le déplacement u1 suivant la direction Ox1 (figure 9).

x1
F+dF
dx3

Fibre neutre

x3
M x2 M+dM
R
F

figure 9 – flexion d'une poutre allongée

Si T1 est la contrainte exercée suivant Ox 1, alors la force élémentaire qui s'exerce sur la section
droite de surface dA = dx1dx2 est :

∂F
d F =T 1 d x 1 d x 2 = d x3
∂ x3
on applique les équations (23) :

∂ ² u1 ∂T 1 ∂F
ρ d x1 d x 2 d x 3 = d x 1 d x2 d x3= d x3
∂t ² ∂ x3 ∂ x3

la surface de la section A étant finie : A=∬ dx 1 dx 2 , la relation précédente devient :


∂ ² u1 ∂F
ρA d x3 = d x d'où l'équation des déplacements dans la direction x 1 :
∂t ² ∂ x3 3

∂ ² u1 ∂F
ρA = (87)
∂t ² ∂ x3

La différence des moments dynamiques M+dM et M des deux forces exercées F et F+dF aux
extrémités (- dx3/2 et + dx3/2) du tronçon de la poutre de longueur dx 3, ramenés au centre du
tronçon et par rapport à l'axe de flexion Ox 2 passant par ce centre, est égale à :

∂M dx −d x 3 d x3
(M + dM )−M =dM = d x 3 =−((F + d F ) 3 − F )=−F d x 3 −dF ≈−F d x 3
∂ x3 2 2 2

au premier ordre en dx3. D'où l'équation du moment fléchissant :

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∂M
F =− (88)
∂ x3

La fibre neutre est la ligne de la poutre où aucune déformation ne se produit : les points situés
au-dessus (vers les x1 positifs) s'écartent parallèlement à Ox 3 (extension), tandis que ceux
situés en-dessous (vers les x 1 négatifs) se rapprochent (compression). Soit R le rayon de
courbure au niveau de la fibre neutre, alors la déformation relative suivant Ox 1 est :

x1
S 1= (89)
R

La contrainte et la déformation relative étant reliées par le module d'Young Y: T1 = YS1, la force
exercée s'écrit alors :

x1
dF =T 1 dA=Y S 1 d A=Y dA
R

avec dA = bdx1, où b largeur de la section suivant Ox2. On en déduit le moment dynamique M


pour une section finie :
a /2 a/2 x² 1 b a3
M = ∫ x 1 dF= ∫ Y b d x 1 =Y (90)
−a / 2 −a/ 2
R R 12

où a est l'épaisseur de la section suivant Ox 1.

NB : lorsque l'aire de la section est donnée, on exprime aussi (90) à l'aide du rayon de
gyration RG :

1
M= Y A R² G (91)
R

pour une poutre de section rectangulaire, R G = a/√12 ; pour une poutre de section circulaire
(cylindre), RG = D/4 (D : diamètre).

Il reste à expliciter la courbure 1/R. Pour de petites déformations il est, au premier ordre :

1 ∂ ² u1

R ∂ x3 ²

∂ ² u1
d'où, de (90) utilisé dans (88) : F =−Y A R² G et (87) donne l'équation du mouvement :
∂ x3 ²

∂² u1 ∂4 u 1
+ V² C R² G =0 (92)
∂t² ∂ x 34


√ Y
V C = ρ est la célérité de l'onde en compression, déjà rencontrée en (85). Il s'agit d'une
équation aux dérivées partielles de degré 4, qui nécessite donc de connaître 4 conditions aux
limites pour des positions x3 particulières qui dépendent du problème:
– déplacement u1 ;

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– inclinaison ∂u1/∂x3 ;
– moment dynamique M ;
– force appliquée F.

2.7. Application de (92) au cas simple d'une barre libre aux extrémités, et représentation
par un circuit électrique équivalent

Soit une barre rectiligne de section rectangulaire, de longueur 2L suivant Ox 3, d'épaisseur a


suivant Ox1, de largeur b suivant Ox2, à laquelle on applique en son centre une différence de
deux forces suivant Ox1, F = F1 – F'1 ; les extrémités sont libres (figure 10).

x1

F1
Fibre neutre
b u1

a x3

x2 F2

L L

figure 10 – effort appliqué en flexion sur une barre libre

L'onde de flexion est sous la forme :

u 1 ( x 3, t)=U 1 ( x 3 )exp j ω t

son injection dans (92) donne l'équation en amplitude :

4
d U1 ω²
− U =0 (93)
d x 34 V² C R² G 1

ω
posant p=
√ V C RG la solution générale de (93) est :

U 1 (x 3 )= A1 cosh p x 3 + A2 sinh p x 3 + A3 cos p x3 + A4 sin p x 3 (94)

où les constantes inconnues A1, A2, A3, A4 sont déterminées par les 4 conditions aux limites :

– en x3 = 0 : Z = - F/u°1 (on impose la force et la vitesse de déplacement au centre), et


du1/dx3 = 0 (pas d'inclinaison au centre) ;
– en x3 = L : M = R²GAY/R = R²GAY∂²u1/∂x²3 = 0 (pas de moment de flexion aux extrémités),
F = - ∂M/∂x3 = 0 (pas de force aux extrémités), les extrémités sont donc libres.

Compte tenu de (94) ces quatre conditions conduisent, tous calculs faits (exercice),
à l'impédance Z en x3 = 0 (12) :

12 Rappel : Z = F/u°3 ne doit pas être confondu avec l'impédance caractéristique Z c = T1/u°3 qui est une
impédance surfacique.

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Y A R² G p3 sinh p L cos p L+ cosh p Lsin p L
Z=2 j (95)
ω 1+ cosh p L cos p L

Aux basses fréquences, pL<<1:


sin pL ≈ sinh pL ≈ pL

cosh pL ≈ 1 + (p²L²/2), cos pL ≈ 1 – (p²L²/2)

(95) se réduit alors à :

Z= jω M
(96)
avec: M =2ρ A L

Tout se passe comme si, aux basses fréquences, la barre se comporte principalement comme
une masse M sans compliance, et peut être assimilée à un dipôle électrique formé d'une self
d'impédance jMw. Le courant qui traverse ce dipôle est analogue à la vitesse de déplacement
u°3, et la tension à ses bornes est analogue à la force F.
Pour des pL plus grands, l'impédance Z donnée par (95) devient infinie pour une fréquence
appelée fréquence d'anti-résonance wA, telle que le dénominateur s'annule :
cosh pAL cos pAL = -1 pour pAL = 1,8751 (on peut s'en convaincre en traçant la courbe y =
cosh(x)cos(x)), soit :

V C RG
ω A=3,516 (97)

Compte tenu de la définition de Z, l'anti-résonance peut être interprétée ainsi : à la fréquence


(97), d'autant plus basse que la barre est allongée, ou que sa raideur est faible, sous l'action
d'une force finie F, les vitesses de déformation tendent vers zéro, la flexion ne se produit
quasiment pas.
Au voisinage de l'anti-résonance, on peut modéliser les déformations en flexion de la poutre au
moyen d'un circuit équivalent, comme suit :
– fréquences : ω=ω A+ ω ' avec ω ' / ω A ≪1
ω
– développement de p au voisinage de l'anti-résonance : p L= R V ≈ p A L 1+ 2 ω A
G C
1 ω'
√ ( )
w'/wA étant très petits on assimile :

cosh
( p A L ω'
2 ωA ) (
=cos
p A L ω'
2 ωA )≈1 ; sinh
( p A L ω'
2 ωA ) (
=sin
pALω'
2ωA )

pALω'
2ωA
(98)

que l'on injecte dans (95), ce qui donne :

p A L ω' p A L ω'
sinh p L=sinh p A L cos + cosh p A L sinh
2 ωA 2 ωA
pA L ω ' pALω'
cosh p L=cosh p A L cosh + sinh p A L sinh
2ωA 2ω A
pALω' pA L ω '
cos p L=cos p A L cos −sin p A L sin
2 ωA 2 ωA
pA L ω ' p A L ω'
sin p L=sin p A L cos + cos p A Lsin
2 ωA 2 ωA

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qui deviennent, compte tenu des approximations (98) :

pALω'
sinh p L≈sinh p A L+ cosh p A L
2ω A
pA L ω '
cosh p L≈cosh p A L+ sinh p A L
2 ωA
(99)
pA L ω '
cos p L≈cos p A L− sin p A L
2 ωA
p A L ω'
sin p L≈sin p A L+ cos p A L
2 ωA

Utilisant (99) dans (95), il vient :

p A L ω'
sinh p L cos p L+ cosh p L sin p L=cosh p A L sin p A L+ cosh p A L cos p A L
2 ωA
2
+
pALω'

(100a)
2ωA
sinh p A L sin p A L+
( pA L ω '
2 ωA ) sinh p A L cos p A L=sinh p A L cos p A L+ cosh p A L sin p A L

au premier ordre en (pALw'/2wA), et :

pALω' pA L ω '
1+ cosh p L cos p L=1+ cosh p A L cos p A L− cosh p A L sin p A L+ cos p A L sinh p A L
2 ωA 2ωA
2

( pA L ω '
2ωA ) sin p A L sinh p A L

or, dans cette expression, la condition d'anti-résonance (cosh p AL cos pAL = -1), ainsi que l'arrêt
du développement au premier ordre en (p ALw'/2wA), conduisent à :

pA L ω '
1+ cosh p L cos p L= ( cos p A Lsinh p A L−cosh p A L sin p A L) (100b)
2 ωA

avec les relations (100), (95) devient :

3
Z =2 j ω [
Y A R² G p 2ω A sinh p A L cos p A L+ cosh p A L sin p A L
p A L ω ' cos p A L sinh p A L−cosh p A Lsin p A L
1/ 2
]
Y A R² G 1 ρY ω ω A
( )
ω 3/ 2 1 1
=4 j
(
p A L ω V C RG ) ( ) ω'
ωA
[...]=4 j
pALω'
ωA
A
V C p² A V C
[...]

1 /2

( )
1 ρY ω ² A 1 ρ A L ωA
≈ (ω≈ω ) 4 j A [...]=4 j ρ A ω A [...]=4 j [...]
p² A L ω ' V² C ω'
A
ωA ( p² A L ω '
ωA ) ( p A L) ² ω
A

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ωA
où RG a été remplacé à l'aide de p A=
√ V C RG
. Le terme entre crochets […] a comme valeur

numérique, puisque pAL = 1,8751 : […] = - 0,539. Finalement, l'impédance est :

4 jρ A L ω A
Z=−0,539
ω' (101)
( p A L)² ω
A

Ce résultat (101) est comparable à celui que l'on obtiendrait pour un circuit équivalent constitué
d'une masse, jouant le rôle d'une self L', en parallèle avec une compliance, jouant le rôle d'une
capacité C', au voisinage de la fréquence d'anti-résonance de ce circuit, donc avec la même
approximation en fréquences : ω=ω A+ ω ' avec ω ' /ω A ≪1 (figure 11) :

u°3 L' (« masse »)

F C' (« compliance »)

figure 11 – schéma équivalent d'une barre vibrant en flexion, au voisinage de son anti-résonance

En effet, l'admittance du circuit de la figure 11 est égale à :

1 1 1−L ' C ' ω ² j L' ω


= + j C ' ω= d'où l'impédance : Z=
Z j L'ω j L' ω 1− L' C ' ω ²
1
donc l'impédance devient infinie (anti-résonance) pour ω A= que l'on remplace dans
√L'C '
j L' ω
Z=
l'expression de Z : 2 ; au voisinage de l'anti-résonance, avec l'approximation au
1− ωω( )
A
premier ordre adoptée, Z se simplifie en :

Z=
( )≈ j L ' ω (1+ ωω ' ) ≈ − j L ' ω
ω'
j L' ω A 1+ ω
A A A A
(102)
2 ω'
2( ω )
ω'
1−(1+ ω )
ω' −2 ω
A A A

qui a la même forme que (101). En égalisant les deux expressions de Z, et puisque p AL =
1,8751,
4 j ρ A L ωA j L' ωA ρAL
Z=−0,539 =− → 0,539×4×2 =L '
ω' ω' 2
( p A L)2 ω 2ω ( p A L)
A A
soit la masse équivalente :
L '=1,226 ρ A L (103)

1
On en déduit la compliance équivalente C', puisque ω A= et (97) :
√L'C '
1 V R L4 ρ L4
ω A= =3,516 C G → C '= =
√L' C ' L² ( 3,516)² V² C R² G L ' (3,516)² Y R² G ×1,226ρ A L

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où l'expression de VC et la relation (103) ont été utilisées ; finalement :

1 L3
C'= (104)
15,16 Y A R² G

L' et C' ont bien respectivement les dimensions d'une masse (kg) et d'une compliance (m²/N).

3. Ondes élastiques dans les matériaux piézoélectriques

3.1. Conditions aux limites d'un système piézoélectrique et choix des variables
indépendantes

Un système piézoélectrique est un milieu élastique auquel s'ajoutent des champs


supplémentaires de nature électrique, E ou D, ainsi que des conditions aux limites propres à
l'interaction entre les champs élastiques et ces champs électriques. Par conséquent, les formes
de résolution de problème d'élasticité vues en section 2 doivent être complétées en ce sens.
Le choix des variables indépendantes qui interviennent dans les équations (18) et (19)
présentées en section 1 dépend directement des conditions aux limites tant mécaniques
qu'électriques portant sur T, S, E, D. On distingue fréquemment :
– les conditions aux limites de nature mécanique (contrainte et déformation): système libre
si T = 0 (pas de contrainte imposée), ou/et bloqué si S = 0 (déformation impossible en
une partie du système) ; dans ce cas, il y a avantage à choisir T ou S comme variables
indépendantes en mécanique ;
– les conditions aux limites de nature électrique (champ et déplacement électriques E, D)
sont liées à la géométrie du matériau et/ou l'emplacement des électrodes ; dans ce cas
les variables indépendantes sont E ou D.

3.2. Modélisation d'un transducteur annulaire mince, et exemple de représentation par


son circuit équivalent

Un transducteur, de masse volumique r, a la forme d'un anneau de section


rectangulaire (fig.12):
– rayon (mesuré du centre O au cercle partageant la largeur en deux parties égales) : R
– largeur de l'anneau : b
– épaisseur de l'anneau : a.
Les axes sont définis comme suit :
– perpendiculaire au plan de l'anneau : Ox3
– tangentiel à l'anneau : Ox1
– radial : Ox2.
x3

O
R
a
dq T1
x1
E3

x2
Figure 12 : anneau piézoélectrique mince, avec champ électrique dans la direction de l'épaisseur

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Le champ électrique est dans la direction Ox 3, c'est-à-dire entre les électrodes que sont les
faces supérieures et inférieures de l'anneau : E3. Les autres composantes du champ électrique,
E1 et E2 respectivement dans la direction tangentielle et la direction radiale, sont nuls puisque
les surface électrodes et les sections droites de l'anneau sont équipotentielles.
Par ailleurs, l'anneau étant mince, la seule contrainte qui s'exerce est dans la direction
tangentielle Ox1 : T1.
Il s'ensuit que les variables indépendantes du problème sont E 3 et T1, et que les autres
variables sont la déformation tangentielle S 1 et le déplacement électrique dans la direction Ox 3,
D3 ; l'application de (18a) donne alors comme équations piézoélectriques :

E
S 1 =s11 T 1 + d 31 E 3 (105a)

T
D 3 =d 31 T 1 + ε33 E 3 (105b)

L'anneau se déforme radialement (donc suivant Ox 2) sous l'action de la contrainte tangentielle


T1, puisque la compression interne le long de la circonférence est négligée à cause de
l'hypothèse anneau mince. Le déplacement radial est noté u 2 et dépend de x2 ainsi que du
temps t. Il en est de même pour la contrainte T 1. Par hypothèse (b/R et a/R <<1) on a
donc approximativement : ∂T1/∂x2 = - T1/R. En introduisant cette relation dans l'équation (23), on
obtient directement :
∂ ² u2
ρR ( x , t)=−T 1 (x 2 , t) (106)
∂t ² 2

La déformation relative est, toujours sous les mêmes hypothèses : S1(x2,t) = u2(x2,t)/R. En
remplaçant dans (105a) cette expression de S 1, et en utilisant (105a) dans (106), on obtient
l'équation du déplacement u2 :

∂² u 2 d 31
+ ω ²0 u 2 = E3 (107)
∂t ² E
ρ R s 11

où w0 est la fréquence de résonance pour un anneau sans champ électrique (E 3 = 0) :


1
ω0 =
(108)

E
ρ R ² s11

Remarque : (107) n'est pas une équation d'onde, la propagation spatiale de la déformation n'y
figurant pas ; il n'y a pas de longueur d'onde, ou périodicité spatiale, d'une déformation se
retrouvant à l'identique en d'autres points de l'anneau. A fortiori, il n'y a pas de célérité de
propagation des déformations.
Si le champ électrique est harmonique, E 3 = E30 exp jwt , l'équation (107) admet une solution
elle aussi harmonique de même fréquence w/2p :

d 31
u 2 (t)= E 3 (t) (109)
E
ρ R s11 (ω ²0 −ω ²)

De (109) et (105b) on déduit le champ de déplacement électrique D 3 :

d 31
D3= S 1 + εT33 (1−k ² 31) E 3 (110)
E
s 11

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où, on le rappelle, la déformation relative est :

u2
S 1= (111)
R

u2 est donné par (109), le coefficient de couplage est donné par (cf. (21)):

d ² 31
k ² 31= (112)
E T
s 11 ε33

et la permittivité du solide bloqué (cf. (22c)) :

S T
ε31=ε33 (1−k ² 31) (113)

d
De l'expression de D3 on tire celle du courant électrique : I = ( D A ) où AE est la surface
dt 3 E

[ ( ) ( )] b 2 b 2
totale des électrodes annulaires : A E =2× π R+ −π R− =2 π R b , ce qui donne :
2 2

[ ]
d ²31
I =2 π R b j ω + εS31 E 3 (114)
ρ R ²( s E11)2 (ω ² 0 −ω ²)

La tension électrique entre les électrodes est U = E3a , on définit alors l'impédance électrique Z
comme le rapport entre la tension électrique et le courant (loi d'Ohm), ou son inverse
l'admittance électrique 1/Z ; (114) donne alors :

[ ] [ ]
1 I 2π Rb d ²31 2π Rb k ² 31 ω ²0
S T
= = jω + ε 31
= j ω ε 33 ω ² −ω ²
+ 1−k ²31 (115)
Z U a E 2 a
ρ R ² ( s11 ) (ω ² 0−ω ²) 0

où l'on a utilisé (108), (112), (113).


La résonance est atteinte à une fréquence f R = wR/2p où l'impédance s'annule (ou, en pratique,
est minimale), donc où elle correspond à un pôle de l'admittance (valeur infinie) ; (115) tend
vers l'infini pour :

1
ω ² R=ω ²0 = (116)
ρ R ² s E11

L'anti-résonance est atteinte à une fréquence fA = wA/2p où l'impédance devient infinie (ou, en
pratique, est maximale), donc où elle correspond à un zéro de l'admittance (valeur nulle) ; (115)
s'annule pour :

ω ²R
ω ² A= (117)
1−k ² 31

La relation (117) montre que la résonance et l'anti-résonance sont reliées par le coefficient de
couplage électromécanique ; réciproquement, celui-ci peut être déduit de ces fréquences :

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f ² A− f ² R
k ² 31= (118)
f ²A

NB : l'anti-résonance est toujours obtenue à des fréquences plus élevées que celle de la
résonance.

Avant de modéliser l'anneau piézoélectrique par un circuit électrique équivalent, on a besoin


des définitions suivantes :

– Le circuit équivalent complet, à constantes localisées, intègre les composants


suivants, valable uniquement au voisinage de la résonance : a) une branche électrique
représentée par un condensateur caractérisé par la capacité bloquée, notée C0,
rassemblant les propriétés du transducteur en l'absence de déformation ; b) une branche
mécanique, circuit résonnant en série constitué d'éléments mécaniques caractérisés par
la compliance mécanique Cm et la masse totale M du transducteur ; c) une branche
acoustique représentée par l'impédance de rayonnement, ou impédance de charge, ZR
= RR + j XR de l'interface transducteur/milieu fluide ; lorsque cette impédance de charge
est absente, le transducteur est dit « sans charge ».
– La conversion électromécanique est la transformation de l'ensemble du circuit lorsque la
branche électrique est couplée à la branche mécanique. On la représente par un
transformateur entre les deux branches, de coefficient de transformation électro-
mécanique 1/f (f est alors appelé coefficient de transformation mécanique-électrique).
– Lorsque l'on applique le coefficient de transformation au secondaire du transformateur, le
circuit équivalent obtenu est formé de la branche électrique en parallèle avec une
branche, dite branche motionnelle d'impédance ZM = RM + jXM, qui intègre la branche
mécanique et la branche acoustique transformées (on utilise aussi l'admittance
motionnelle YM = 1/ZM.
– L'impédance totale du circuit équivalent complet est l'impédance Z = R + jX mesurée en
entrée aux bornes de la branche électrique.

La figure 13 montre cette représentation, en tant que transformateur et une fois la


transformation électro-mécanique intégrée.
Dans la suite, on va déterminer les expressions des différentes grandeurs listées ci-dessus,
dans la configuration « sans charge ».

figure 13 – circuit équivalent d'un transducteur piézoélectrique annulaire sans charge

La relation (115) donnant l'admittance a la même forme que celle d'un circuit où C 0 est en
parallèle avec une branche série constituée de L M et CM ; sans préjuger pour l'instant de ce que

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sont ces variables, on a en effet :

1 1 1 1
Y = = j X = j ω C 0+ = j ωC 0+ j C M ω
Z 1 LM C M 1 (119)
+ j LM ω −ω ²
jCM ω LM C M

où l'on constate que RM = 0 dans ce cas idéal.


La comparaison avec (115) suggère alors les identités suivantes :

2π Rb T
C 0 =(1−k² 31) ε33 capacité bloquée (120)
a

2π Rb T
C M =k ² 31 ε33 capacité de la branche motionnelle (121)
a

E 2
1 ( s11 ) ρ R a
LM = = inductance de la branche motionnelle (122)
C M ω ²0 2 π d ²31 b

La relation (122) nous permet de déduire le coefficient de transformation électromécanique f, et


de remonter ainsi à la branche mécanique du circuit équivalent (M, C m). En effet, la masse
totale de l'anneau M est approximativement : M = r2p Rab, (122) devient :

( )
E
s 11
L M =M
2 π d 31 b

La comparaison avec le résultat de l'application du coefficient de transformation


électromécanique montré à la figure 13, L M = M/f ², fournit ce coefficient :

2 π b d 31
ϕ= (123)
E
s 11

On déduit de (123) et (121) la compliance mécanique C m :

E
CM R s 11
C m= = (124)
ϕ² 2πa b

Finalement on retrouve le schéma de gauche de la figure 13, c'est-à-dire la branche mécanique


connectée à la branche électrique par l'intermédiaire d'un transformateur idéal de rapport f.

3.3. Modélisation d'un transducteur de forme parallélépipédique rectangle allongée, avec


champ électrique parallèle à sa longueur, et représentation par son circuit équivalent

Un transducteur, de masse volumique r, a la forme d'une barre parallélépipédique rectangle


allongée dans la direction Ox1 (figure 14):
– longueur de la barre : L
– largeur de la barre : b
– épaisseur de la barre : a.
Les axes sont définis comme suit :
– perpendiculaire aux faces horizontales : Ox1

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– parallèle à la longueur : Ox3
– perpendiculaire aux faces latérales : Ox2.
Les dimensions a et b sont supposées petites devant la longueur L.
Le champ électrique est dans la direction Ox 3, c'est-à-dire entre les électrodes que sont les
faces avant et arrière perpendiculaires à Ox 3 : E3. Les conditions aux limites pour les
déplacements sont imposées aux faces avant et arrière, ce qui revient à fixer en ces faces la
contrainte T3 :
– en x = 0 : u3 = U30
– en x = L : u3 = -U3L (l'emploi du signe « moins » se justifiera plus loin, lors de la
représentation par circuit équivalent).
Avec ces conditions, la contrainte dans la barre est parallèle à la longueur (Ox 3), de même pour
le champ de déplacement électrique D 3. Les variables indépendantes choisies sont dont T 3 et
D3, et les autres variables sont la déformation relative longitudinale S 3 et le champ électrique
longitudinal E3. L'application de (19a) donne les équations piézoélectriques :

D
S 3 =s33 T 3 + g 33 D3 (125a)
E 3 =−g 33 T 3 + βT33 D 3 (125b)

x1

électrodes
a
F30 T3 -F3L

U30 E3 -U3L
x3
b L
x2

Figure 14 – barre parallélépipédique rectangle allongée piézoélectrique sous contrainte parallèle à l'axe
de sa longueur

L'équation (23) s'écrit ici, avec u3(x3,t) déplacement longitudinal :

∂ ² u3 ∂T 3
ρ = (126)
∂t ² ∂ x3

(125a) et (126) donnent :

∂ ² u3 1 ∂ S 3 g 33 ∂ D3
ρ = −
∂t ² s D ∂ x3 s D ∂ x3
33 33

or : S 3 =∂u 3 /∂ x 3 et ∂ D3 /∂ x 3=0 pour un diélectrique isolant. D'où l'équation d'onde de


compression longitudinale :

∂ ² u3 1 ∂ ² u3
− =0 (127)
∂ x3 ² V D ² ∂t ²

où la célérité de l'onde de compression longitudinale à déformation constante est :

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1
V D= (128)
D
ρ s 33

Les solutions de (127) sont de la forme :

[ ( ) ( )]
u 3 ( x3, t)= Asin
ω x3
VD
+ B cos
ω x3
VD
exp j ω t (129)

où A et B sont déterminées par les conditions aux limites transducteur contraint u3(0,t) = U30,
u3(0,L) = - U3L :

[( ]
1 U 3L U 30
A=− + exp(− j ω t) 1

sin
ωL
VD ) ( )
tan
ωL
VD
, B= U exp(− j ω t )
j ω 30
(130)

Dans la suite, on va calculer l'impédance électrique totale Z, et, après avoir identifié le rapport
de transformation électromécanique, on va remonter au schéma électrique équivalent mettant
séparément en évidence la branche électrique et la branche mécanique.

U
Impédance électrique : Z= ; le courant électrique est égal à :
I

∂ D3
I =A E = j ω a b D3 (131)
∂t

où AE = ab est la surface de la section droite du barreau et où l'on a utilisé D3 = D30 exp j wt .


L'utilisation des équations (125), avec la solution (129) et (130), donne pour la tension
électrique U entre les électrodes, tous calculs faits :

[( g ² 33
)
2 g ²33 V D
( )]
L
ωL
U =∫ E 3 d x 3 = + βT33 L− ω tan 2 V (132)
D D
0 s 33 s 33 D

D'où :

Z=
1
j ωab [( g ² 33
sD
33
+ βT33 L−
)
2 g ² 33 V D
D
s 33 ( )]
ωL
ω tan 2 V
D
(133)

Il s'agit d'identifier, dans l'expression (133), la branche électrique et la branche motionnelle :

1
Z= + RM + j X M (134)
j ωC 0

où RM et XM sont les composants résistif et de phase de la branche motionnelle. Il est déjà clair
que RM = 0. On va identifier la capacité bloquée C 0, ce qui nous permettra par déduction de
trouver XM. Pour cela, réécrivons (133) :

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( )
g ²33 V D 2 g ² 33
Z=
1
jωab s D
33
+ β T
33
L+ j
ω² ab s D
33
tan
ωL
2V D ( ) (135)

Dans (135) une composante en 1/jw, donc de nature capacitive, apparaît, ainsi qu'une autre
composante en j/w² qui est de nature ni selfique ni résistive ni capacitive. La première
composante doit donc être liée à la capacité bloquée, en série avec l'impédance motionnelle jX M
qui est la seconde composante.
d ² 33
T
εT33 g ² 33
D'après (21) : k ² 33
= ; et comme d'après (20) on a d 33=ε33 g 33 : k ² 33= ;
E T E
s 33 ε33 s 33
D E T 1
Par ailleurs, toujours avec (20) : s33=s 33 (1−k 33 ²) et β33= T ; d'où :
ε33

g ²33 k 33 ² 1 1
+ βT33= + =
D T T T
s 33 ε33 (1−k 33 ²) ε33 ε 33(1−k 33 ²)

par identification dans (134), la capacité bloquée est :

ab T
C 0= ε (1−k 33 ²) (136)
L 33

La branche motionnelle a donc pour impédance phasique :

V D 2 g ² 33
j XM=j
ω² D
a b s 33
tan
( )
ωL
2V D (137)

elle n'est ni selfique, ni capacitive. La fréquence d'anti-résonance correspond à Z infinie, soit :

VD
f A= (138)
2L

et la fréquence de résonance correspond à Z nulle, soit :

fR
fA
cotan π
( )
f
2 f
R

A
2
= π k 33 ² (139)

On cherche maintenant à identifier la branche mécanique du circuit équivalent du transducteur,


d'impédance Zm. On sait que, pour cela, il faut connaître le rapport de transformation f d'un
transformateur idéal électromécanique ; mais comme la branche motionnelle n'est pas selfique,
on ne peut pas le déduire directement de la masse, il faut revenir à la définition même de ce
rapport de transformation, lequel est lié aux conditions aux limites :

force
ϕ= (sous condition de blocage statique S3 = 0)
tension électrique

On connaît la tension électrique (132), il reste donc à déterminer la force, mais ceci pour
chaque face du barreau où des forces différentes s'appliquent ; on s'attend donc à obtenir un
circuit équivalent de la branche mécanique avec autant de transformations électromécaniques
qu'il y a de conditions aux limites relatives aux forces appliquées, en l'occurrence, dans le

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problème présent, deux.
Conditions aux limites (le terme exp jwt est sous-entendu):

( )
1 g 33
– force exercée en x3 = 0 : d'après (125a) F 0=−a b T 3 (0)=−a b D
S 3 (0)− D
D3
s33 s 33

( 1 ∂ u3
)
g 33 I
d'après (131) et (4) pour Ox3 : F 0=−a b (0)− puisque
s D ∂ x3
33 sD j ωab 33

( )
∂u 3 1 U2 U1
I (0)=− + ω
D3 = ; avec (129) et (130) : ∂ x3 jω ωL ω L V D d'où :
ja bω sin tan
VD VD

1 U1 1 U2 g 33 I
F 0= ab + ab +
D ωL D ωL D
j s 33 V D tan j s 33 V D sin s jω
33
(140)
VD VD

– En x3 = L, de même, par un calcul analogue :

1 U1 1 U2 g 33 I
F L= ab + ab +
D ωL D ωL D
j s 33 V D sin j s 33 V D tan s jω
33
(141)
VD VD

∂u 3
Champ électrique : il est donné par (125b) compte tenu de (125a) et de S 3= ainsi que
∂ x3
(129), (130), (131) :

( ) ( )
1 g 33 1 ∂u 3 g 33 I 1
E 3 =−g 33 T 3 + βT33 D3 =−g 33 S 3− D3 + βT33 D 3=−g 33 − D + βT33 I
sD D D ∂x j abω j a bω
33 s 33 s
33 3 s 33

−g 33
E 3=
D
s 33 ( A ω cos( ω L/V D )−B ω sin (ω L/V D )−g 33
VD VD
I
j ab ω
+ βT33
1
jabω
I
)
d'où :

( )
L g 33 g 33 L g 33 ²
U =∫ E 3 d x 3 = D
U 1+ D
U 2+ + βT33 I
0 j ω s 33 j ω s 33 j ωab sD
33

g 33 ² T
βT33
or d'après (20) : D
+ β33= et avec comme capacité bloquée :
s 33 1−k 33 ²

ab
C 0= (1−k 33 ²) (142)
LβT33

La tension électrique entre les électrodes est :

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g 33 g 33 I
U= U 1+ U 2+ (143)
j ω sD
33 j ω sD
33
j ωC 0

Lorsque S3 = 0, les relations précédentes (140), (141), (143) deviennent, compte tenu des
équations (125) :

−g 33 I
T 3= D jab ω
s33
g 33 I
F 0 =F L =−T 3 a b=
sD j ω
33

( )
g 33 ² L
U =E 3 L= + βT33 I
D j a bω
s 33

le facteur de transformation est alors :

F (S 3=0) ab 1
ϕ= =
U L g 33 T D
β33 s33
1+
g 33 ²

soit :

a b g 33
ϕ= (144)
L s E βT
33 33

où l'on a utilisé encore (20).

On montre qu'un circuit où les analogues de tension F1, F2 (forces) et vraie tension électrique U
sont reliées aux analogues de courant U1, U2 et vrai courant électrique I vérifient les relations
(140), (141), (143), (144) comprend deux branches avec une transformation électromécanique
déplacements (U1, U2) → courants (I1, I2) tel que représenté en figure 15 (13).

figure 15 – circuit équivalent d'un barreau piézoélectrique avec champ électrique parallèle à sa longueur
et bloqué à ses extrémités

En appliquant les relations des transformateurs idéaux :

13 Voir par exemple : G. Chateigner, D. Bouix, M. Boës, J. Vaillant, D. Verkindère : Manuel de génie
électrique, Dunod, 2006

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F
U 1= ϕ1 ; I 1 =ϕU 1
F2
U 2 = ϕ ; I 2=ϕU 2

on obtient :

U 1=
( 1
+
Z1 Z2
+
j ωC 0 ϕ² ϕ² ) (
I 1+
1
+
Z1
j ω C 0 ϕ²
I 2+
1
j ω C0
I
)
U 2=
( 1 Z
) (
+ 1 I 1+
j ω C 0 ϕ²
1 Z Z
+ 1 + 2 I 2+
j ω C 0 ϕ² ϕ²
1
j ω C0
I
) (145)

1 1 1
U= I 1+ I 2+ I
j ωC 0 j ω C0 j ω C0
avec :
ZD 1
Z 1= −
ωL j ω C0
j sin
VD (146)
ωL
Z 2 = j Z D tan
2V D

où l'impédance mécanique caractéristique est : Z D =ρ a b V D


On en déduit, pour la branche mécanique (schéma de droite de la figure 15) :

ZD ωL
Z A= ; Z B= j Z 0 tan
ωL 2V D (147)
j sin
VD

Remarque : Dans cet exemple la branche motionnelle Z M = RM + jXM est en série avec la
branche électrique Z0 = R0 + j/wC0 (avec ici R0 = 0 en l'absence de pertes diélectriques) ; la
raison en est que l'excitation électrique et la déformation s'effectuent dans une même direction.
Dans l'exemple de l'anneau, au point 3.2, les deux branches étaient en parallèle : en effet,
l'excitation électrique était suivant l'épaisseur tandis que la déformation était tangentielle donc
suivant une direction perpendiculaire à la première.

4. Schéma équivalent pour un transducteur composite en interaction avec un milieu

4.1. Analogies électromécaniques, admittance d'entrée

En pratique, le transducteur est en interface avec un milieu fluide (gaz ou liquide) dans le quel il
rayonne, ou depuis lequel il reçoit, une onde acoustique, selon qu'il fonctionne en émetteur
(source acoustique) ou bien en récepteur (hydrophone ou microphone). L'ensemble peut
toujours être représenté par un circuit équivalent au voisinage de la résonance, sachant que
celle-ci est différente de la résonance du transducteur seul puisqu'elle est modifiée par la
« charge » apportée par le milieu fluide.
Par ailleurs, en pratique aussi, les performances acoustiques d'un transducteur s'évaluent en
vitesse de vibration et en forces plutôt qu'en déplacements et contraintes mécaniques. Le
schéma équivalent utilisera alors les analogies électromécaniques, en tenant compte d'une part
des pertes diélectriques et mécaniques, et d'autre part de l'interaction avec le milieu fluide

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(tableau 5). En présence d'une impédance de charge acoustique qui ferme le circuit, la figure
13 doit être complétée comme la figure 16.

figure 16 – schéma du circuit équivalent d'un transducteur en présence d'une impédance de


rayonnement acoustique

Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques Grandeurs


motionnelles
Tension U (V) Force F (N) F=fU
Intensité I (A) Vitesse de vibration u° =du/dt (m/s) u° = I/f
Charge q (C) Déplacement u (m) u = q/f
Capacité C (F) Élasticité Cm (m/N) CM = Cm f²
Inductance L (H) Masse M (kg) LM = M/f²
Résistance R (W) Résistance mécanique Rm (pertes mécaniques) (N/m/s) RM = Rm/f²

Tableau 5 : analogie électromécanique

En (123) comme en (144) le coefficient de transformation électromécanique est :

Y AE d
ϕ= (148)
L

où : Y module d'Young (= 1/sE) en N/m², AE surface des électrodes (en m²), d constante
piézoélectrique (en m/V), L distance entre électrodes (en m) ; f est alors en C/m ou N/V. Cette
relation (148) est générale, sans préjuger des différentes directions i, j qui dépendent du
problème.
La constante de couplage, définie en (21), a l'expression générale, sans préjuger des directions
mises en jeu dans la configuration du transducteur :

k=
√ Yd²
εT
(149)

De (148) et (149) il vient la relation entre ces deux coefficients :

T
ε AE
ϕ=k ² (150)
Ld

Pour la capacité bloquée, l'expression (136) prend la forme générale sans préjuger des

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directions mises en jeu dans la configuration du transducteur :

ε S AE εT A E
C 0= = (1−k² ) (151)
L L

Impédance totale du transducteur en présence d'une impédance de rayonnement acoustique


(cf. fig. 16) :

Avec les conventions de sens adoptées à la figure 16, l'impédance de rayonnement est le
rapport de la force F exercée par le fluide sur la face du transducteur à la vitesse de vibration
de cette face (appelée « face parlante » du transducteur) :

F
Z R= R R+ j X R=− (152)

où u° = du/dt (dans la direction de la déformation considérée).


L'admittance Y du circuit complet fermé sur Z R (ou admittance électrique d'entrée, mesurée aux
bornes de la branche électrique) est telle que :

I =Y U

elle est la somme de l'admittance Y 0 de la branche électrique constitué de la capacité bloquée


C0 et de la résistance de pertes diélectriques R 0 et de l'admittance de la branche motionnelle
YM :

ϕ²
Y =Y 0 + =Y 0 + Y M
Z R+ Z m

ainsi :
ϕ²
Y M= (153)
Z R+ Z m

où Zm est l'impédance de la branche mécanique :


(
Z m=R m+ j M ω−
1
Cm ω ) .

L'admittance électrique d'entrée est alors :

Y=
( 1
R0 )
+ j ω C0 +

(
Rm + j M ω−
ϕ²
1
ω Cm )
+ R R+ j X R (154)

avec donc Z = I/Y.

Remarque : le coefficient de couplage est également défini par la relation ( 14) :

CM
k ²= (155)
C 0+ C M

14 En effet : CM/(C0 + CM) = Cmf²/(C0 + Cm f²) avec Cm = L/YAE et C0 = (eTAE/L)(1 – k²) et f = YAEd/L, ce
qui donne : CM/(C0 + CM) = Yd²/(eT – k²eT + Yd²) = (Yd²/eT)/(1 – k² + Yd²/eT) = k²/(1 – k² + k²) = k²

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4.2. Rendement, facteur de qualité, diagramme d'admittance

Réécrivons l'admittance (154) en séparant la partie réelle, notée G (conductance) et la partie


imaginaire, notée B (susceptance) ; on obtient, en utilisant les transformations du tableau 5 :

Y =G+ j B (156a)
avec :
RR
RM +
1 ϕ²
G= + (156b)
R0 2 2

( RM +
RR
ϕ² )( + L M ω−
1
+
XR
ωC M ϕ² )
1 X
L M ω− + R
ω C M ϕ²
B=ωC 0 − (156c)
2 2

( RM +
RR
ϕ² )( + LM ω−
1
CM ω
+
XR
ϕ² )
En général l'impédance de rayonnement est résistive : XR << RR ; avec cette approximation,
(156) montre que :
– G est maximale pour la fréquence de résonance motionnelle (ou encore résonance
1
série, ou résonance mécanique), soit : L M ω− ω C =0 d'où :
M

1 1
ωS = = (157)
√ LM CM √M C m
– à une autre fréquence (ou pulsation wP), dite fréquence de résonance parallèle,
l'argument (ou angle de phase) de Y = G + jB est le même qu'à la résonance
motionnelle. On doit donc avoir :

B B
tan θ (ω S )=tanθ (ω P )= (ω S )= (ω P )
G G

avec (157) et (156) cela donne :

B ωS C 0
( ωS )=
G 1 1 (158a)
+
R0 R M + RR /ϕ²
ωP C M
ω P C 0 −((ω P /ω S ) ²−1)
B (R M + R R /ϕ²) ² (ω P C M )²+ ((ω P /ω S ) ²−1)²
( ω )= (158b)
G P R M + R R /ϕ²
1/ R0 + (ω P C M ) ²
(R M + R R /ϕ²)² (ω P C M )²+ ((ω P /ω S ) ²−1) ²

L'égalité de (158a) et (158b) conduit à une équation algébrique de degré 5 en wP :

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ω P (ω P C M ) ² R0 C 0 ( R M + R R /ϕ²)²+ ω P R0 ((ω P /ω S ) ²−1)(C 0 (ω P /ω S ) ²−C 0 −C M )
(ω P C M )²( R M + R R / ϕ²)( RM + R R /ϕ²+ R0 )+ ((ω P /ω S )²−1) ²
(159)
ωS R0 C 0 ( R M + R R /ϕ²)
=
R0 + R M + R R / ϕ²

Pour un transducteur non chargé, comme dans l'air : R M + R R /ϕ²≈0 , l'équation (159)
se simplifie :

((ω P /ω S ) ²−1)(C 0 (ω P /ω S ) ²−C 0 −C M )≈0

comme on cherche une fréquence autre que celle de la résonance motionnelle,


l'annulation du premier terme (( ω P /ω S )²−1)=0 est à exclure (on retombe sur la
solution (157)) ; la seconde solution est alors celle de (C 0 (ω P /ωS )²−C 0 −C M )≈0 ,
soit :


CM
ω P =ω S 1+ (160)
C0

que l'on écrit aussi :

CM ω P ²−ω S ²
= (161)
C0 ωS ²

CM CM 1
k² = = ω 2
D'après (155) C 0+ C M C0
1+
CM
C0
( )
, soit : k ²=1− ω S
P
(162)

– B est nulle pour deux fréquences : la fréquence de résonance (pulsation wR) pour
laquelle l'admittance est la plus grande (donc impédance la plus petite), la fréquence
d'anti-résonance (pulsation wA) pour laquelle l'admittance et la plus petite (donc
impédance la plus grande):

B (wR) = 0 et B(wA) = 0 avec |Y(wR)| > |Y(wA)|

Dans l'air, avec R R≈0 , on vérifie que (156c) s'annule pour deux valeurs : l'une wA
proche de wP, et l'autre proche de wS, pour lesquelles on a |Y(wR)|² > |Y(wA)|². Dans l'air
on a approximativement ω R≈ω S et ω A≈ω P et l'on a toujours wR < wA .
– On définit aussi la fréquence pour laquelle l'admittance est maximale, wMAXI → |Y|
maximale, et la fréquence pour laquelle l'admittance est minimale, wMINI → |Y| minimale.

Le facteur de qualité mécanique, Qm, évalue l'importance relative des pertes mécaniques :

ωS LM
Qm = (163)
R M + R R /ϕ²

En l'absence de charge (transducteur dans l'air), (163) devient :

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ωS LM 1
Qm = = (164)
RM ωS C M R M

On peut relier le facteur de qualité mécanique au rendement électroacoustique hea, lequel fait
intervenir les pertes mécaniques et la résistance de rayonnement, comme on va le voir ci-
après.

Définition du rendement électroacoustique :

puissance rayonnée
ηea = =η em ηma
puissance électrique fournie

puissance mécanique P puissance rayonnée P


où ηem= = m et ηma= = R
puissance électrique fournie P E puissance motionnelle P M

Pour hma : c'est le courant I = f u° qui véhicule la puissance, on est donc en série :

R R / ϕ²
P M =(R M + R R /ϕ²) I ² et P R=( R R / ϕ²) I ² → η =
ma R M + R R /ϕ²
Pour hem : c'est la tension U qui fournit la puissance, on est donc en parallèle :

1 1
P m=

RM + R R /ϕ² et
P E =U ²
1
+
( 1
R0 RM + R R /ϕ² ) →
ηem=
RM + R R /ϕ² 1
+
1
R0 R M + R R /ϕ²

Le rendement électroacoustique est donc :

R R /ϕ² 1
ηea =
(R M + R R /ϕ²) ² 1 1 (165)
+
R0 R M + R R /ϕ²

Le rendement étant défini, réécrivons Q m en fonction de lui, pour cela on pose :


R= RM + R R /ϕ² . (163) s'écrit alors : Q m =ω S L M / R . Exprimons R en fonction de hea, à
partir de (165) ; on obtient l'équation du second degré en R :

R0 R R
R ²+ R R0 − =0
ηea ϕ²

dont la solution positive est :

RR
R=
R0
2 (√ 1+ 4
R0 R R
ϕ² R 0 ² ηea
ω S L M ηea ϕ²
−1
) ; dans l'approximation R R/f²R0

faible, il vient : R≈ d'où : Qm ≈ . De (150) et (151) on a : k ² C0


ϕ=
ϕ² ηea RR 1−k ² d
d'où finalement :

ω S L M ηea C 0 2
Qm =
RR d ( k²
1−k ² ) (166)

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Qm est grand si : la fréquence de résonance motionnelle wS est grande, la masse motionnelle L M
est grande, le rendement est proche de 1, le facteur de couplage électromécanique k est
proche de 1, le rayonnement acoustique est réduit (peu de pertes par rayonnement). Comme
RR est très faible dans l'air, Q m est plus grand dans l'air que dans l'eau et à la résonance
motionnelle, l'admittance présente un pic plus prononcé dans l'air, révélant une bande passante
à -3dB plus étroite, mais véhiculant plus de puissance.
L'évolution de l'admittance avec la fréquence est représentée dans le plan complexe (G, B) par
une courbe appelée boucle de Kennelly. Son exploitation donne quelques renseignements
intéressants relatifs aux définitions et relations données dans cette section : fréquences de
résonance motionnelle, parallèle, fréquence de résonance, fréquence d'anti-résonance,
fréquence wMAXI, fréquence wMINI, rendement électroacoustique, évaluation de la bande
passante, pertes diélectriques.
En première approximation, la courbe (G, B) est proche d'un cercle, comme on peut le justifier
de manière heuristique suivante.
R 1
Pour cela, posons : α=R + R , β=L M ω− ω C , et (156) se réécrivent (avec XR = 0) :
M ϕ² M

1
G= + α
R0 α ²+ β ² (167a)
β
B=ωC 0 −
α ²+ β ² (167b)

les relations (156) s'écrivent alors :

1 2
( G−
R0)+ ( B−ω C 0 )2 =
1
α ²+ β ² (168)

Mais l'équation (168), sous sa forme, doit être modifiée car l'un des paramètres, b, dépend de
w, il faut donc l'éliminer pour arriver à une expression de la forme d'une équation de cercle ;
pour cela on utilise (167a) pour ne faire apparaître que G, R 0, B, C0, a :

1
α ²+ β ²
1
( )
= α G−
1
R0

1 2
d'où (168) se réécrit :
( ) G−
R0
1
+ (B−ω C 0 )2 = α G−
1
R0 ( ) ou encore :
2

( G−
1 2 1
R0) ( )
− α G−
1
R0
+ (B−ω C 0 )=0= G−
1
R0

1
2α (( ) )

1
4α²
+ ( B−ω C 0 )2 =0

qui se réarrange en :

( (
G−
1
+
1
R0 2 α )) + (B−ω C 0 ) 2=
1
4α² (169)

1 1
L'équation (169) est celle d'un cercle, dans le plan (G,B), de rayon r= =
2 α 2( R M + RR /ϕ²)
1 1 1 1
et de centre de coordonnées : GC = R + 2α = R + 2( R + R /ϕ²) , BC =ω C 0 .
0 0 M R
Cette conclusion est légitime si le centre varie peu avec la fréquence, ce qui est admis en

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première approximation au voisinage de la résonance. Le cercle de Kennelly est représenté à la
figure 17, dans l'air et dans l'eau, avec ses différents points remarquables.

Figure 17 – cercles de Kennelly (diagramme d'admittance G, B) pour un transducteur dans l'air (cercle
en noir) et un transducteur dans l'eau (cercle en rouge), au voisinage de la résonance

Remarque : le rendement électroacoustique, tel que défini en (165), peut se retrouver


directement au moyen des cercles de Kennelly dans l'air et dans l'eau. Il suffit pour cela de
mesurer les distances :

1 1 1 1 1 1
A1 A2= , A 1 A3 = , A2 A3= − ' A0 A2 = +
( RM + R R /ϕ²) RM R M R R /ϕ² R0 R M + RR /ϕ²

et de calculer :

1 1

A 1 A 2 A 2 A3 RM R M R M + R R /ϕ²
=
A 1 A 3 A 0 A2 R M + R R / ϕ² 1 1
+
R 0 RM + R R /ϕ²

ce qui donne exactement (165), ainsi :

A1 A2 A2 A3
ηea = (170)
A1 A3 A0 A2

Enfin, le diagramme d'admittance renseigne aussi directement sur les pertes diélectriques R 0 :
la tangente de l'angle entre l'axe OG et OA 1 est en effet égale à wR0C0.

Sur la figure 17, les fréquences de pulsation w1 et w2 correspondent à des points du cercle de
Kennelly situés à son sommet et à sa base, de même abscisse GC. La ligne qui les joint est
perpendiculaire en C à la ligne d'ordonnée BC : ces fréquences sont dites fréquences
quadrantales. Ce sont les points où l'énergie mécanique diminue de moitié dans la branche

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motionnelle (RM, RR/f², LM, CM). On peut les calculer à partir de l'équation du cercle de Kennelly
(169) :

(G−GC ) ²+ ( B−B C )²=1 /4 α ² on a : G = GC → 1


De B=± + BC ;

β 1
mais d'après (167b) B est aussi égal à B=ωC 0 − avec β=L M ω− :
α ²+ β ² ω CM
L M ω−1/ω C M 1
ω C 0− =± + ω C 0 puisque BC =ω C 0 .
α ²+ β ² 2α
1 1 1
On remplace 1/(a² + b²) par : α ²+ β ² = α GC − R
0 ( )
dans l'équation précédente. On obtient

alors deux équations en w : (


2 GC −
1
R0 )( 1
ωCM )
− LM ω =±1 . En posant x= ωω
S et en

utilisant (157), ainsi que GC −1/ R0 =1/2 α , ces équations deviennent :

x ²± α x−1=0
LM ω S

ces deux équations admettent chacune une racine positive :

– dans le cas « + » : x 2=
1
2 √ α²
LM ² ωS ²
+ 4− α
2 LM ωS (171a)

– dans le cas « - » : x 1=
1
2 √ α²
LM ² ωS ²
+ 4+ α
2 LM ωS (171b)

La différence entre les fréquences quadrantales correspond approximativement à la bande


passante à -3 dB du transducteur : Df = f1 – f2. Elle est reliée au facteur de qualité mécanique
Qm, en effet :

ω1−ω2 Δ f R + R R /ϕ²
x 1 −x 2 = = = α = M
ωS f S LM ωS L M ωS

ce qui d'après (163) donne :

fS
Qm = (172)
Δ f

Pour une fréquence de résonance donnée, un facteur de qualité mécanique élevé signifie une
bande étroite. Cette conclusion est surtout intéressante en mode émission, pour favoriser une
bonne discrimination en fréquences, tandis qu'en réception on cherche plutôt des bandes
larges.

4.3. Exemple de transducteur composite : type TONPILZ (15)

Le transducteur de type Tonpilz possède une partie piézoélectrique (le « moteur ») qui
fonctionne suivant les modes mécaniques de compression et extension ; ces vibrations sont
transmises vers l'avant à un pavillon au contact de l'eau qui les convertit en ondes sonores. Le
moteur est bloqué à l'arrière par une contre-masse relativement importante, ce qui empêche les

15 O. Brandt : Le transducteur du type Tonpilz – n° 15632 DSM/B, décembre 1966

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vibrations de se propager vers l'arrière.
De façon plus détaillée, on distingue (figure 18) :

figure 18 – transducteur composite type Tonpilz

– le moteur : empilement de céramiques annulaires, fonctionnant en mode de


compression-extension, et soumises à un champ électrique dans le sens de leur
épaisseur établi par des électrodes intercalées entre elles ;
– le pavillon, d'impédance mécanique intermédiaire entre celle des céramiques et celle du
milieu de propagation ; la face qui rayonne dans le fluide ou bien qui reçoit l'onde
acoustique incidente est appelée face parlante ; ses modes de vibration (déformées
modales) peuvent être complexes selon les fréquences ;
– la contre-masse faite d'un métal lourd : elle assure le découplage entre le moteur et
l'appui arrière du transducteur, afin que les déformations des céramiques se transmettent
uniquement vers le pavillon ;
– la tige de précontrainte : elle plaque les céramiques piézoélectriques entre elles de façon
à ce que seul le mode de compression soit privilégié ;
– des joints d'adhésifs (colle, résines) sont disposés entre ces divers éléments, et ont pour
effet d'apporter des comportements élastiques qui viennent modifier la capacité
motionnelle de l'ensemble. Leur influence est suffisamment significatives du
transducteur, pour que nous examinions rapidement leur rôle dans le circuit équivalent :

Supposons que le moteur est formé par l'empilement de 2n céramiques. En l'absence de joints
de colle, la capacité bloquée de cet empilement serait :

C 0 =2 n C

où C est la capacité bloquée de chaque céramique, supposée la même. La présence de joints


de colle de part et d'autre d'une céramique crée un montage série de capacités, de capacité
équivalente CT telle que :

1 1 2
= + (173)
CT C CG

où CG est la capacité d'un joint de colle. Les capacités individuelles sont :

S
C=εC
– pour chaque céramique : hC avec eC permittivité de la céramique, h C son
épaisseur, S la section des électrodes,

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S
– pour chaque joint de colle : C G =εG avec eG permittivité de la colle, hG son
hG
épaisseur, S la section des électrodes.

En admettant en pratique que C << CG, (173) devient alors :

( εC hG
C T ≈C 1−2 ε
G hC ) et C 0 =2 n C T (174)

Exemple numérique : eC = 1250 en valeur relative, h C = 5 mm ; eG = 5 en valeur relative, hG =


0,001 mm → CT = 0,9 C : la présence des joints de colle entraîne une perte de 10% sur la
capacité bloquée d'une céramique, et donc sur celle de l'ensemble du moteur. On a intérêt à
utiliser des joints de colle les plus minces possible, mais comme cela doit être compatible avec
des colles de très bonne tenue, cela implique des variétés de colle très spécifiques (araldites
spéciales type P762...).
Mécaniquement, la présence de joints de colle modifie la compliance mécanique de la
céramique seule :

hC
C mC =
YC S

où YC est le module d'Young de la céramique. La compliance de la colle vient s'ajouter à celle


de la céramique seule, puisque l'ensemble est monté en parallèle :

2 hG
C mG =
YGS

hC 2 hG
où YG est le module d'Young de la colle. Ainsi : C m =C mC + C mG = + , soit :
YC S YGS

Cm 2 hG Y C
=1+ (175)
C mG hC Y G

Pour obtenir une compliance la plus proche de celle de la céramique seule on a intérêt à
minimiser l'épaisseur du joint de colle. Exemple numérique : hC = 5 mm, hG = 0,008 mm, YC =
6.1010 N/m², YG = 4.109 N/m² → Cm/CmG = 1,05.

5. Sensibilités et directivité des capteurs et émetteurs piézoélectriques

5.1. Définitions des réponses à l'émission

Pour un transducteur fonctionnant en émission, on définit les différents niveaux relatifs :

– niveau d'émission S : niveau sonore mesuré sur l'axe d'émission acoustique du


transducteur, ramené à 1 mètre de distance ;
– réponse par volt, ou niveau d'émission ramené à 1 volt efficace d'excitation : Sv ;
– réponse par ampère, ou niveau d'émission ramené à 1 ampère efficace d'excitation : Si ;
– réponse par watt, ou niveau d'émission ramené à 1 watt d'excitation : Sw.

Ces niveaux, ainsi que leurs relations mutuelles, sont détaillées ci-après.

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Pour cela, on rappelle la définition de l'intensité sonore d'une onde acoustique à la distance r de
la source d'émission ; soit W(r) la puissance acoustique (en watt W) d'une onde sphérique à la
distance r (en mètres m) dans le milieu de propagation, la conservation de l'énergie entraîne
que cette puissance se retrouve à l'identique dans toute surface distante de r de la source sous
un même angle solide :

W =4 π r ² I (r )=constante

la constante peut être choisie pour une puissance de référence à r = 1 m de la source


acoustique, I1, ainsi (loi de la perte par divergence):

I1
I (r )= (176)

Cette relation (176) doit être cependant corrigée pour tenir compte de l'absorption par le milieu :

I1
I ( r )= exp(−α r ) (177)

L'impédance caractéristique ZC est l'impédance de rayonnement (152) par unité de surface


traversée par l'onde acoustique : ZC = ZR/S = (F/u°)/S = (PS/u°)/S = P/u°. Loin des sources, elle
est :

– pour une onde plane : Z C =ρ c donc P=ρ c u ° : la pression acoustique et la vitesse


de vibration sont en phase ; en effet :

P0
P=P 0 exp j ω t− ( ) r
c
, v=
ρc ( cr )
exp j ω t− (178)
ρc
ZC =
– pour une onde sphérique : 1 , où K =ω/c nombre d'onde, r distance à la
1− j
Kr
source : la pression acoustique et la vitesse de vibration ne sont pas en phase ; en effet :
soit P0 la pression à une distance r 0 de la source, alors à une distance r la pression
acoustique est :

r0
P (r )= P 0
r ( cr )
exp j ω t− (179)

et la vitesse se déduit par l'impédance caractéristique des ondes sphériques vue ci-
dessus :

v ( r )=
P (r )
Z C (r ) (
=P 0 r 0
1
+
1
j ω ρ r ² ρc r )
exp j ω t−
r
c( ) (180)

L'onde sphérique est assimilée à une onde plane si K r >> 1, soit r >> l (longueur
d'onde).

L'intensité sonore est le flux d'énergie par unité de temps à travers une surface unité ; on
montre que :

I =c E (181)

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où E est la densité d'énergie (en J/m3). Pour les ondes planes, on montre que :

P² Z ²v ² ρ²c ²v ² v²
E= = C = =ρ =ρ v ² eff (182)
2 ρc² 2ρ c ² 2ρ c ² 2

où veff = |v|/√2 est la valeur efficace de l'amplitude de la vitesse. D'où :

P² P²
I =Z C v² eff = = eff (183)
2ρ c ρc

Pour les ondes sphériques, l'application de (179) ou (180) montre que, au premier ordre,
l'intensité sonore décroît comme 1/r², ce qui justifie la loi de divergence sphérique (176).

Le niveau sonore à une distance r de la source, en présence d'atténuation, est défini par :

L(r )=10 log I ( r )=I 1−20 log r −α r (184)

Le niveau sonore de la source ramené à r = 1 m de distance, en l'absence d'atténuation, est :

S = L (1m) = I1

L et S sont exprimés en dB, mais ceci n'a de sens que si on les ramène à un niveau de
référence noté I0. On définit alors plutôt le niveau d'émission : niveau sonore mesuré sur l'axe
acoustique du transducteur ramené à r = 1 m de distance à la source :

I1
S (dB ref I 0 /1 m)=10 log (185)
I0
P² eff0
L'intensité de référence est prise égale à I 0=avec Peff0 = 1 Pa pour l'eau et 2.10 -5 Pa
ρc
pour l'air, soit : I0 = 6,5.10-7 W/m² pour l'eau, et I0 = 10-12 W/m² pour l'air (16). Avec ces
références, on a pour (185) respectivement :

−7
eau : S ( dB ref 6,5 .10 W /m² )=10 log I 1+ 62 (186)

−12
air : S ( dB ref 10 W /m² )=10 log I 1 + 120 (187)

La réponse par volt est le rapport de la tension d'excitation U à la pression acoustique


ramenée à r = 1m de la source, exprimée en dB référence 1 Pa/V :

P
S V =20 log (dB ref 1Pa/V ) (188)
U
Remarque : S V =S −20 log U

La réponse par ampère est le rapport du niveau sonore S à l'intensité du courant


d'alimentation (en ampère, A), exprimée en dB référence 1 Pa/A :

S i =S −20 log I (dB ref 1 Pa/ A) (189)

16 Pour l'air, la valeur de référence Peff0 = 2.10-5 Pa correspond au seuil d'audibilité de l'oreille humaine ;
la masse volumique et la célérité du son dans l'air sont respectivement 1,3 kg/m 3 et 330 m/s dans les
conditions standard.

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La réponse par watt est le rapport du niveau sonore S à la puissance d'émission P E (en watts,
W), exprimée en dB référence 1 Pa/W :

S W =S−10 log P E (dB ref 1 Pa/ W ) (190)

5.2. Réponse en réception

Lorsque le transducteur fonctionne en microphone (air) ou en hydrophone (eau), la réponse à la


réception est le rapport de la tension U mesurée aux bornes du transducteur en circuit ouvert à
la pression acoustique P d'une onde plane qui existerait en l'absence du transducteur et à son
emplacement. Elle est caractérisée par la sensibilité Sh :

U
S h =20 log (dB ref 1V/ Pa) (191)
P
La quantité :
20 log J =S h−S i (192)

est indépendante du transducteur, de la direction d'émission, mais dépend seulement de la


masse volumique r du milieu de propagation et de la fréquence f : J s'appelle facteur de
réciprocité. J vaut :
2r
J = 0 (193)
ρf

avec r0 = 1m. Pour l'eau r = 1000 kg/m3, et si Sh en V/Pa et Si en Pa/A, f en Hz, alors :

2.10−3 2.10−15
J= (VA/ Pa² )= (VA/μ Pa²) (194)
f f

Soit Z l'impédance électrique du transducteur composite, on montre la relation de réciprocité :

S h =S V + 20 log J + 20 log∣Z∣ (195)

qui s'écrit encore, compte tenu de (193) et pour l'eau (r = 1000 kg/m3) :

S h =S V + 20 log∣Z∣−20 log f −294 (ref VA/Pa², f en Hz) (195bis)

Cette relation (195) permet de déduire S V à partir de la mesure de S h. Mais on peut le faire
aussi à partir de (192). En effet, un transducteur émet une onde acoustique vers une paroi dont
on connaît le coefficient de réflexion R ; la distance entre la face parlante et la paroi est r (figure
19). On tient compte aussi de l'atténuation par le milieu.

P
Paroi (coefficient Tension à l'émission : U
de réflexion R) Tension à la réception : U''

RP(2r)

Figure 19 – détermination expérimentale du Sh par le principe de réciprocité

La pression reçue sur l'hydrophone après réflexion sur la paroi est : R x P (2r) ;

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Niveau sonore émis : S = 20 log (P(1m)/1 mPa) (dB ref 1 mPa/1m) ;
Niveau sonore reçu après réflexion : S'' = 20 log (RP(2r)/1mPa) (dB ref 1 mPa) ;
or, en tenant compte de l'atténuation :

exp (−2 α r )
P (2 r )=P (1 m)
2r
d'où :
S ' ' =S −2 α r−20 log 2 r + 20 log R
d'autre part :
S ' ' =20 log U ' ' −S h
S h =S i + 20 log J ( J =2×1 m/ρ f , S i en dB ref μ Pa /1m/ A )
S=S V + 20 log U =S i + 20 log I
d'où :
S ' ' =20 log U ' ' −( S i+ 20 log J )=(S i+ 20 log I )−2 α r−20 log 2 r + 20 log R
d'où Si :
U ''
S i=α r+ 10 log(2 r )−10 log R−10 log J + 10 log (196)
I

(192) permet alors de déduire Sh.


NB : les grandeurs électriques et acoustiques sont en valeurs efficaces.

5.3. Effet de la directivité et du rendement sur la réponse en émission

La concentration de l'énergie acoustique dans un faisceau d'émission ou de réception affecte


les performances à l'émision ou bien à la réception d'un transducteur ; cette concentration dans
l'espace du milieu de propagation est liée à la notion de directivité d'une antenne.

5.3.1. Directivité à l'émission

L'intensité sonore en un point du milieu de propagation, de coordonnées M(r,j,q) résulte de la


somme des amplitudes et des phases de chacune des surfaces élémentaires constitutives de la
face parlante (figure 20).

figure 20 : lobe d'intensité acoustique dépointé en gisement et en site par rapport à l'axe acoustique de
l'émetteur

Soit I(r,j,q) l'intensité à une distance r de la source, et I a(r) l'intensité maximale à la même
distance r. Alors, pour r suffisamment grand devant les dimensions caractéristiques de la
source, de sorte que les rayons soient parallèles (champ lointain), on a :

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I ( r ,θ , φ )=I a (r) b(θ ,φ ) (197)

b(j,q) est la fonction de directivité.


Le facteur de directivité K est le rapport de l'intensité sonore sur l'axe à la moyenne des
intensités sonores, sur une sphère centrée sur la source et passant par un point distant de r à la
source :
I aMAX
K=
1 (198)

4 π r² S
I (θ , φ , r ) dS

soit :
π 2π
1 1
= ∫ ∫ b(θ ,φ )sin θ d θ d φ (199)
K 4 π θ=0 φ =0

qui ne dépend plus de r. L'index de directivité (ou gain d'antenne) est exprimé en dB :

D=10 log K (200)

il représente au gain en puissance dans la direction du faisceau par rapport à celle que
fournirait un transducteur omnidirectionnel de même puissance à l'émission. Plus D est grand
plus le faisceau est directif.
Pour un transducteur de surface d'émission S suffisamment grande devant la longueur d'onde
(en fait : S > (l/2)²), entourée d'un baffle rigide infini, on montre que :

4πS
D≈10 log (201)
λ²

Si le lobe du faisceau d'émission est de symétrie de révolution autour de l'axe, alors :


2π π π
1 1
=
K 4π 0
∫ d φ ∫ b(θ , φ ) sin θ d θ= 24 ππ ∫ b(θ) sin θ d θ soit :
0 0

π
D=3 dB−10 log ∫ b( θ)sin θ d θ (202)
0

La largeur du lobe à -3dB correspond à l'angle d'ouverture du faisceau où la puissance émise


est diminuée de moitié ; cet angle en azimut ou en site, noté q3, est tel que :

D(θ 3 )=10 log K −3 dB (203)

Quelques exemples de directivité :

– piston rectangulaire de hauteur a et de largeur b :

b(θ)=
sin ²( πλa sin θ) D≈10 log
4πab 2 θ 3=50 ° λ (204)
2 λ² a
( πλa sin θ)
– piston circulaire de rayon R :

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b(θ)=4
( π2 R
J 21
λ
sin θ)
D=20 log
π2 R λ
(si p2R >> l), 2 θ 3≈58° 2 R (205)
2 λ
( π 2λ R sin θ)
où J1 fonction de Bessel d'ordre 1 (s'annule pour 3,83 ; 7,01 ; 10,17 ; 13,37...).

– dipôle (paire de transducteurs identiques distants de L :

pour r >> L : b(θ)=cos ² π L sin θ


λ ( ) D=3 dB−10 log 1+
[ sin ( 2 πλ L )
( 2 πλ L ) ] sin θ3 = λ (206)
4L

– réseau linéaire (n transducteurs identiques distants de L :

b(θ)=
nπ L
1 sin ² λ sin θ( ) , si L/l >> 1 D≈10 log n ,
√ 2 sin ( n πλ L sin θ )=1 3
(207)
n² n
πL
sin ² λ sin θ( ) ( πλL sin θ ) 3

– source linéaire (transducteur cylindrique de longueur L et de rayon a << L) :

b(θ)=
( πλL sin θ)
sin ²
, si L > 2l : D=10 log
2L 2 θ 3=50 ° λ (208)
2 λ L
( πλL sin θ)
La figure 21 montre deux exemples de directivité en site pour le piston rectangulaire.

1 1
b b

0,5 0,5

0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90

site (°) site (°)

f = 1500 Hz, D = 8 dB, 2q3 = 50° f = 3000 Hz, D = 14 dB, 2q3 = 25°

Figure 21 : directivités en site d'un piston rectangulaire

La réponse par watt d'un transducteur s'exprime à partir de l'index de directivité et du


rendement électroacoustique par :

S W =170,8 dB+ 10 log ηea + D (209)

il s'ensuit que, puisque S =S W + 10 log P E , PE étant la puissance électrique totale fournie au


transducteur :

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S =170,8+ 10 log P E + 10 log ηea + D (210)

un niveau sonore en émission grand nécessite donc une puissance électrique élevée, un bon
rendement, un transducteur directif.

5.3.2. Directivité à la réception

Une onde sonore incidente suivant l'axe de l'hydrophone engendre aux bornes de l'hydrophone
une puissance électrique PE'. Si la source n'est plus sur l'axe mais aux positions angulaires q, j,
mais à la même distance, la puissance électrique P E'' engendrée aux bornes de l'hydrophone
est modifiée par un coefficient b' appelé fonction de directivité à la réception :

P E ' ' =P E ' b ' (θ , φ ) (211)

Mais d'après le principe de réciprocité, les deux fonctions de directivité en réception et en


émission sont égales :

b ' (θ , φ)=b(θ , φ ) (212)

autrement dit le transducteur émet et reçoit le maximum d'intensité sonore dans la même
direction.

L'index de directivité en réception est défini comme suit. Il s'agit de comparer la tension
électrique produite aux bornes du transducteur par une onde acoustique émise par une source
placée sur l'axe mais à grande distance, avec celle produite par des sources uniformément
réparties dans toutes les directions, de telle sorte que les deux systèmes de sources produisent
à l'emplacement du transducteur la même pression.
Soit U' la tension électrique produite par la source unique, et U'' celle produite par les sources
multiples. Elles diffèrent par l'index de directivité en réception :

U'
D ' =20 log (213)
U''

Mais, toujours en vertu du principe de réciprocité, l'index en réception est égale à l'index en
émission pour un même transducteur :

D '=D (214)

Lorsque la directivité est grande, le rapport signal/bruit est amélioré : le transducteur effectue
une meilleure discrimination d'une source acoustique donnée au milieu d'un bruit de fond
omnidirectionnel.

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