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Physique - Harmonisation

I. Introduction
Le terme "chaîne de conversion énergétique" renvoie à une multitude de systèmes
relevant de différents domaines scientifiques et techniques. Il existe essentiellement
trois modes de conversions, illustrés par la figure suivante (Fig. 1).

Fig. 1. Principales chaînes de conversion énergétique.


Une source d’énergie primaire est une forme d’énergie disponible dans la nature avant
toute transformation. Si elle n’est pas utilisable directement, elle doit être
transformée en une source d’énergie secondaire pour être utilisable et transportable
facilement. Dans l'industrie de l'énergie, on distingue la production d'énergie
primaire, de son stockage et son transport sous la forme de vecteurs d'énergie et de
la consommation d'énergie finale [1].
L’électricité étant le vecteur d’énergie permettant de répondre au mieux aux besoins
actuels en termes de réduction des rejets polluants, et de développement durable,
c’est donc les chaînes de conversion énergétique impliquant le vecteur "électricité" qui
feront l’objet de ce cours.

II. Chaînes de conversion énergétique électrique


Il existe essentiellement trois types de conversion d'énergie électrique (Fig. 2).

1
Fig. 2. Conversion de l’énergie électrique.
Ces trois types de conversion sont aujourd’hui bien maîtrisés. L’électricité que nous
consommons est produite dans des centrales électriques par la conversion d’une
énergie mécanique en énergie électrique.
A ces trois types de conversion il faudrait ajouter deux autres types de conversion
qui sont à la mode en ce moment compte tenu de leurs liens avec la recherche sur le
véhicule propre (véhicule électrique).

Fig. 3. Conversion "Energie électrique  Energie chimique"

III. Avantages de la conversion électromécanique


Les machines électriques ont de nombreux avantages sur les machines thermiques :
- moins polluants et moins bruyants,
- bon rendement,

2
- démarrent seul et facilement,
- fort couple moteur à basse vitesse (les moteurs thermiques présentent un couple
faible à vitesse réduite et nécessitent l'emploi d'un embrayage et d'un dispositif
mécanique à engrenage : la boîte de vitesse),
- possibilité d'inversion du sens de rotation sans intervention de dispositifs
mécaniques annexes (engrenages),

IV. Technologies des machines électriques


Il existe de nombreuses technologies de machines électriques :
- machine à courant continu,
- machine synchrone,
- machine asynchrone,
- machine à réluctance variable,
- ……

V. Matériaux constitutifs des machines électriques


Les machines électriques, selon leur principe de fonctionnement, sont essentiellement
constituées de deux ou trois matériaux (Bobines (cuivre), Fer (feuilleté ou massif),
Aimants permanents).
Tableau I
Matériaux utilisés
Type de machine Bobines
Fer Aimants
(cuivre)
Machine à Courant Continu
DC machine
x x x
Machine Synchrone
Synchronous machine x x x
(Brushless DC, Brushless AC)
Machine Asynchrone
Asynchronous machine x x
Induction machine
Machine à Réluctance Variable
Switched Reluctance machine
x x

VI. Circuits magnétiques – Notions de dimensionnement


Considérons un circuit magnétique (figure suivante) possédant une partie déplaçable.
La bobine est alimentée sous la tension (voltage) u et traversée par un courant
(current) i. Bobine : coil ou winding, entrefer : airgap.

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Fig. 4. Électro-aimant.
La tension u aux bornes de la bobine est égale à la variation du flux magnétique Φ.

dΦ d ( Li )
u = Ri + = Ri + (1)
dt dt
L étant l’inductance de la bobine.
L’énergie électromagnétique Wem s’évalue en étudiant les échanges d’énergie à x
constant (position fixe), en négligeant les pertes Joule.

dΦ d ( Li ) 1
dWem  ( u - Ri) idt  i dt  i dt  id ( Li )  iLdi  Wem = Li 2 (2)
dt dt 2

La force s’évalue, par exemple, au cours d’un déplacement dx pendant un temps dt. La
variation de l’énergie totale Wt pendant le laps de temps dt est égale à :

dΦ d ( Li )
dWt = uidt = i dt = dt = id ( Li ) = i 2 dL + iLdi (3)
dt dt

Sachant que la variation de l’énergie électromagnétique pendant ce déplacement est


égale à :
1 2
dWem = Lidi + i dL (4)
2
il est possible de déduire la variation de l’énergie mécanique Wmec :
1 2
dWmec = dWt - dWem = i dL = Fdx (5)
2

1 2 dL 1 1 Be 2
La force est donc égale à : F = i = - μ 0He Ste = -
2
S (6)
2 dx 2 2 μ 0 te

Avec Be Induction dans l’entrefer (airgap flux density)


He Champ magnétique dans l’entrefer ( magnetic field)
Ste Section totale d’entrefer
μ0 Perméabilité du vide (=4π 10-7 H/m)

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On retrouve l’expression de la pression magnétique :

F 1 1 Be 2 1
P = = μ He =
2
= BeHe (7)
Ste 2 0 2 μ0 2

Dans une démarche de dimensionnement (design), ayant pour but d’améliorer les
performances du dispositif de la figure 1, nous allons étudier la possibilité
d’augmenter la force produite.

VI.1. Notions de dimensionnement :

Toute démarche de dimensionnement se base sur un cahier des charges


(specifications ou specification sheet). Le cahier des charges assigne des objectifs à
atteindre et décrit les contraintes auxquelles est sujet le système. Il s’agit en
général d’atteindre des performances optimales compte tenu de certaines limitations.

Exemple de limitations :
Contraintes de coût : enveloppe disponible pour la R&D et coût global du dispositif
final.
Contraintes mécaniques : espace disponible, vitesse de fonctionnement, vibrations et
bruit, … etc.
Contraintes thermiques : température de fonctionnement, augmentation maximale de
la température.
Les limitations auront des effets sur le dimensionnement d’un dispositif, ainsi que sur
les choix technologiques lors de la réalisation de ce dispositif (choix des matériaux
par exemple).

Remarque : La contrainte thermique se traduit généralement par une densité de


courant (current density) J limite. On tolère généralement un certain niveau de
pertes par volume. Prenons par exemple une bobine de résistance R, traversée par un
courant I, les pertes Joule sont données par :
PJ = RI 2
= ρVJ 2 (8)

Avec ρ Résistivité du matériau constituant la bobine (cuivre)


V Volume du cuivre de la bobine
L’expression du rapport pertes Joule sur volume est alors égal à :

PJ
= ρJ 2 (9)
V

Pour un matériau donné (avec une résistivité donnée), on voit que cette limitation se
traduit par une limitation sur la densité de courant.

5
VI.1.a. Augmentation de la force :

On peut voir qu’il est possible d’augmenter la force en accroissant la section totale
d’entrefer ou en augmentant l’induction dans l’entrefer (équation (6)).
A volume donné (section d’entrefer constante), l’augmentation de la force ne peut se
faire qu’en augmentant l’induction magnétique.
Considérons le cas d’un matériau magnétique linéaire (pas de saturation magnétique) :

B = μ0 μ r H , avec μ r = Cte (10)

μr étant la perméabilité relative du fer.


À partir de la forme intégrale des équations de Maxwell, il est possible de déterminer
l’expression de l’induction dans l’entrefer. En vertu du théorème d’Ampère :

Hf lf + He 2x = Ni (11)

Avec Hf Champ magnétique dans le fer


lf Parcours moyen du flux dans le fer
N Nombre de spires de la bobine (number of turns)
Ni Force magnétomotrice FMM (magnetomotive force MMF)

Par ailleurs, la loi de conservation de flux, en négligeant les fuites, permet d’écrire :

BeSe = BfSf (12)

Avec Bf Induction magnétique dans le fer


Sf Section du fer
Se Section d’entrefer (Ste/2)

μ0 Ni
Par (11) et (12), et en supposant Sf = Se, on obtient : Be = (13)
( Lf μ r + 2 x )

L’équation (13) permet de déterminer les paramètres dimensionnant, sur lesquels il est
possible d’agir afin d’augmenter l’induction et par suite la force.

Ces paramètres sont :


Le courant i
L’entrefer x
La perméabilité relative du fer μr (choix du matériau)

Pour augmenter la force on peut augmenter le courant i (les autres paramètres étant
fixes). L’augmentation du courant sera cependant limitée par les contraintes
thermiques. Il existe donc un courant maximum admissible compte tenu des
contraintes thermiques.

6
Supposons que le courant imposé est maximal, il reste possible d’augmenter la force
en réduisant l’entrefer x.
Admettons que x = 0 mm. Le dernier paramètre sur lequel il est possible d’agir est la
perméabilité relative du fer μr. L’augmentation de la force passe par le choix d’un
matériau ayant une perméabilité relative élevée (le cas idéal serait d’avoir μr = +∞).

VI.1.b. Saturation magnétique :

Dans le paragraphe précédent, le matériau magnétique était supposé linéaire (pas de


saturation magnétique). Dans la réalité, tous les matériaux magnétiques possèdent une
caractéristique B-H non linéaire (BH curve) (Fig. 5).
Pour simplifier, on modélise souvent la courbe B(H) par des segments de droites. Un
premier segment de droite modélise la caractéristique à champ faible (H faible), et un
second segment modélise la caractéristique à champ fort (H élevé). L’intersection de
ces deux droites est appelé "coude de saturation".
À champ faible, la pente de la courbe B(H) (pente = μ0 μr) est relativement élevée. Dès
l’apparition du coude de saturation, on constate qu’une augmentation minime du niveau
d’induction magnétique correspond à une forte augmentation du champ magnétique.

Fig. 5. Courbe de première aimantation d’un matériau ferromagnétique.

Le champ magnétique est proportionnel au courant, une forte augmentation du champ


magnétique H correspondra à une forte augmentation du courant i. Donc, après le
coude de saturation, si l’on désire augmenter la force en augmentant l’induction, il
faudra augmenter le courant de manière importante tout en tenant compte des
contraintes thermiques.
Supposons, par exemple, que le dispositif étudié doit fournir une force constante. Le
dimensionnement optimal, du point de vue du coût de production, correspondra à une
convergence des contraintes au point de fonctionnement. Avec un dimensionnement

7
optimal, ce point de fonctionnement correspondra à un état magnétique du fer autour
du coude de saturation.

VI.1.b.1. Explication :

Prenons le cas d’un électroaimant pour lequel le point de fonctionnement sur la courbe
B(H) se trouve au delà du coude de saturation (Fig. 6). Ce point de fonctionnement
correspond au courant maximal (densité de courant maximale) satisfaisant la
contrainte thermique.

Fig. 6. Point de fonctionnement B(H) dans la zone fortement saturée (cas 1).
Il est clair, en observant la figure 3, que le niveau d’induction correspondant au
courant maximal, est très proche du niveau d’induction au coude de saturation ; il en
est de même concernant la force produite. Cela signifie qu’il serait plus intéressant,
de diminuer le courant i de manière à ce que le point de fonctionnement se place dans
la zone du coude de saturation.
Un courant plus faible implique une réduction de la consommation et un coût
d’exploitation plus faible également (Fig. 7, cas 2). Cette diminution du courant
permet d’avoir une certaine marge par rapport à la contrainte thermique.

(a) cas 2 et 4 (b) cas 3


Fig. 7. Point de fonctionnement B(H) dans la zone du coude de saturation.

8
Il serait également possible d’utiliser un matériau (fer), moins cher, avec une
perméabilité relative plus faible à faible champ (Fig. 7, cas 3, courbe 2), pour lequel le
point de fonctionnement se trouverait dans la zone du coude de saturation. Cette
deuxième possibilité ne permet pas de réduire le coût d’exploitation, puisque les
pertes Joule sont identiques au cas 1.
Une troisième possibilité serait de réduire le courant, pour que le point de
fonctionnement se cale sur la zone du coude de saturation, et de réduire en même
temps le volume de cuivre, de manière à avoir la même densité de courant qu’au cas 1,
et ainsi faire coïncider la contrainte thermique avec ce point de fonctionnement (dans
la zone du coude de saturation). Cela permet de réduire le coût de production tout en
respectant la limite thermique. Cependant la réduction du coût d’exploitation serait
moindre que dans le cas 2.

VII. Pertes dans les machines électriques


Une fraction de la puissance active que convertissent les machines électriques est
perdue sous forme calorifique (chaleur). Ces pertes (losses) peuvent être divisées en
deux groupes :
1) Pertes mécaniques (mechanical loss)
2) Pertes électromagnétiques (electromagnetic loss)

VII.1. Pertes mécaniques

Les pertes mécaniques sont essentiellement dues aux frottements : frottements des
parties mobiles avec l’air (pertes aérodynamiques ( aerodynamic loss ou windage loss)),
ou frottements des pièces mécaniques entre elles (pertes par frottement (friction
loss)).
Les pertes aérodynamiques ne sont significatives que pour des fonctionnements à
hautes vitesses.
Les pertes par frottement correspondent en général aux pertes dans les roulements
(bearings).

VII.2. Pertes électromagnétiques

Les pertes électromagnétiques peuvent être classées en deux catégories :


1) Pertes Joule ou pertes cuivre (Joule loss ou copper loss)
2) Pertes fer (iron loss ou core loss)

VII.2.a. Pertes cuivre

Les pertes cuivre correspondent aux pertes par effet Joule. Les pertes Joule, dans
une bobine de résistance R, s’expriment par :

9
PJ = RI 2
(14)

I étant la valeur du courant continu ou efficace dans la bobine.


En courant alternatif, lorsque la fréquence est assez élevée et que la section des
conducteurs est assez importante, la résistance de la bobine est plus élevée que la
résistance en courant continu Rcc.
L
Rcc = ρ (15)
S
Avec Rcc Résistance en courant continu
ρ Résistivité du matériau constituant la bobine
S Section d’un conducteur
L Longueur totale du fil conducteur

Cela est dû au fait que la distribution de la densité de courant n’est plus homogène en
courant alternatif (effet de peau ou effet pelliculaire (skin effect)).
Pour un conducteur de section circulaire, soumis seulement au champ magnétique créé
par le courant le traversant, la densité de courant est plus élevée vers l’extérieur
(périphérie) du conducteur. Cette distribution non homogène résulte de la circulation
de "courants de Foucault" induit par le champ magnétique créé par le courant
traversant le conducteur.
Il est à noter que la résistivité varie en fonction de la température.
Afin de réduire ces pertes (pertes Joule) il est plus intéressant d’utiliser des
matériaux à faible résistivité (le cuivre est le matériau le plus utilisé pour les
bobines).

VII.2.b. Pertes fer

Les pertes fer sont dues à la variation du flux dans les parties magnétiques. Elles
englobent deux types de pertes :

V.2.b.1. Pertes par hystérésis (hysteresis loss)

Les matériaux ferromagnétiques sont divisés en domaines magnétiques, appelés


domaines de Weiss, qui sont spontanément aimantés (Fig. 8.a). Si le matériau n’a pas
été soumis à un champ magnétique, les domaines de Weiss le constituant s’orienteront
de manière à minimiser l’énergie magnétique totale du matériau. Lorsqu’un champ
magnétique est appliqué pour la première fois, les domaines vont commencer à
s’orienter dans la direction de ce champ. Si le champ appliqué augmente, de plus en
plus de domaines vont s’orienter dans sa direction. Lorsque le champ magnétique est
assez élevé et que tous les domaines sont orientés dans le sens du champ, le matériau
magnétique est saturé. À partir de là, si le champ magnétique diminue, on constate que
l’induction, à même valeur de champ, est plus élevée que lors de la première application
du champ ; c’est le phénomène d’hystérésis (Fig. 8.b).

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a) domaines de Weiss b) cycle d’hystérésis
Fig. 8. Pertes par hystérésis.

Si le champ magnétique appliqué est alternatif, la variation sur une période permet de
décrire un cycle complet, représentant l’énergie perdue par hystérésis. Ces pertes
correspondent à un "frottement magnétique" des domaines de Weiss les uns contre
les autres qui tendent à suivre la direction du champ à chaque alternance.

VII.2.b.2. Pertes par courants de Foucault (eddy current loss)

Tout matériau conducteur massif soumis à un flux variable est le siège d’un
dégagement de chaleur dû aux pertes Joule, de courants dits de Foucault (eddy
currents). Les variations de flux engendrent des f.e.m. qui donnent naissance à des
courants se fermant dans la masse. Pour diminuer ces pertes on peut choisir d’utiliser
des matériaux à résistivité élevée ou bien feuilleter le matériau parallèlement au flux
(tôles) de manière à réduire les sections de passage des courants (Fig. 9). Les tôles
magnétiques sont généralement recouvertes d’un isolant si bien que les courants de
Foucault ne peuvent pas circuler d’une tôle à l’autre.

Fig. 9. Pertes par courants de Foucault.


Les courants de Foucault ont tendance à s’opposer au flux leur donnant naissance.
On trouve dans la littérature plusieurs expressions pour les pertes fer. Ces
expressions sont toujours fonction de paramètres empiriques.

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VIII. Champs tournants – Systèmes triphasés alternatifs
Pour créer un champ tournant à une vitesse donnée Ω, il suffit d’alimenter une bobine
en courant continu et de la faire tourner à la vitesse voulue (Fig. 10.a). Il est
également possible d’utiliser un aimant permanent et de le faire tourner à la vitesse
Ω (Fig. 10.b).
Considérons un point M dans l’entrefer (Fig. 10.b), et supposons que la répartition de
l’induction créée par l’aimant (ou la bobine (Fig. 10.a), à un instant t, est sinusoïdale (en
réalité la répartition spatiale de l’induction est périodique mais pas parfaitement
sinusoïdale (présence d’harmoniques)). On repère le point M par l’angle θ que fait l’axe
passant par ce point et le centre de la roue polaire et l’axe de référence lié au stator.
Le champ magnétique créé par la roue polaire au point M est donné par :

H ( θ ,t ) = HM cos( θ - Ωt ) (16)

HM est la valeur maximale du champ magnétique.


L’équation (14) représente l’expression d’un champ magnétique à répartition spatiale
sinusoïdale et tournant dans le sens direct (sens trigonométrique, ou sens anti-
horaire). Le sens horaire est dit sens inverse.
Une autre solution, pour créer un champ tournant, consiste à disposer trois bobines
décalées entre elles d’un angle de 2π/3 (système triphasé) et de les alimenter avec
des courants sinusoïdaux équilibrés, formant, par exemple, un système direct
(Fig. 11) :
iA  I M cos( Ωt )

iB  I M cos( Ωt - 2 π / 3 ) (17)

iC  I M cos( Ωt - 4 π / 3 )

a) bobine d’excitation b) excitation par aimant permanent


Fig. 10. Champ tournant circulaire.

12
Fig. 11. Champ tournant circulaire créé par des courants triphasés.
Chaque bobine ou enroulement va créer un champ magnétique au point M. Comme
précédemment on suppose que l’induction (ou le champ) créée par chaque bobine est à
répartition spatiale sinusoïdale. Les expressions des champs magnétiques créés par
chaque bobine, au point M, sont donnés par :

H A = H M cos( Ωt ) cos θ
H B = H M cos( Ωt - 2π / 3) cos(θ - 2π / 3) (18)
HC = H M cos( Ωt - 4π / 3) cos(θ - 4π / 3)

Le champ total créé au point M est la somme (superposition) des champs créés
séparément par chacune des bobines :
3
HT = HA + HB + HC = H cos( θ - Ωt ) (19)
2 M

L’expression de ce champ est identique à celle de l’équation (14) à un facteur près.


(Dans ce qui a précédé nous n’avons considéré que le cas d’une paire de pôles. Dans le
cas de plusieurs paires de pôles, il faut multiplier la vitesse de rotation Ω et l’angle θ
par le nombre de paires de pôles p).

VIII.1. Théorème de Ferraris


Une armature multipolaire (p paires de pôles) polyphasée (q phases) d’espace et
parcourue par des courants sinusoïdaux polyphasés (q phase) équilibrés de pulsation ω
permet de créer un champ tournant à la vitesse ±ω/p (+ pour le sens direct et – pour
le sens inverse, avec ω = pΩ).

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VIII.2. Parenthèse (Pourquoi le triphasé alternatif)
VIII.2.a. Pourquoi le courant alternatif ?

Les premiers systèmes de production et de distribution de la puissance électrique


étaient basés sur le courant continu (DC current) (Thomas Alva Edison, fin du 19ème
siècle). Aujourd’hui la production et la distribution de la puissance électrique se fait
par des courants alternatifs. L’idée d’utiliser le courant alternatif (AC current) a été
suggérée par Nikola Tesla (fin du 19ème siècle).
Le transport de la puissance électrique sur de très longues distances nécessite
l’utilisation de tensions très élevées, qui permettent de réduire les pertes dans les
lignes de transport.
Prenons l’exemple d’une centrale générant de la puissance électrique monophasé Pg. En
admettant que la ligne de transport du courant puisse être assimilée à une résistance,
la puissance au niveau du récepteur Pc (consommateur) sera égale à :

Pc = Pg - Pl (20)
Pl étant la puissance dissipée par la ligne.
Si U est la tension de référence au niveau de l’utilisateur, on peut montrer que le
rapport entre la puissance dissipée dans la ligne de transport sur la puissance
consommée est égale à :
Pl ρJl
= (21)
Pc U

Avec L Longueur de la ligne


ρ Résistivité du matériau utilisé pour la ligne
J Densité de courant maximale admissible

L’on comprend bien qu’il est plus intéressant d’avoir une tension U très élevée. Les
pertes en ligne sont d’autant plus faibles que la tension est élevée. Il en est de même
pour le volume du matériau utilisé pour la ligne :
Pcl
V = (22)
UJ

Le transport du courant continu était trop onéreux compte tenu de la difficulté


d’obtenir des tensions continues élevées. L’obtention de tensions alternatives élevées
se fait très facilement en utilisant des transformateurs (power transformer).

VIII.2.b. Pourquoi le triphasé ?

Pourquoi pas le monophasé ?


Considérons un réseau triphasé alimentant un récepteur triphasé (trois récepteurs)
absorbant un courant i par phase (Fig. 12). On suppose que la densité de courant

14
correspondant au courant i est la densité maximale admissible J. Si il avait fallu
alimenter les récepteurs en monophasé, on aurait besoin de deux fois trois
conducteurs (aller et retour) passant chacun le courant i, ou de deux conducteurs
passant le courant 3i, et donc de section trois fois plus grande que les précédents.
L’économie sur le volume des conducteurs est évidente. La même démarche permet de
montrer que le réseau triphasé est plus économique que le réseau biphasé.

Fig. 12. Réseau triphasé et monophasé.


Par ailleurs on peut montrer que le triphasé fait disparaître la puissance fluctuante
dans l’expression de la puissance instantanée.

Remarque : Quoique nous n’ayons parlé que du triphasé, tout ce qui vient d’être dit
s’applique aussi à un système à q phases (q > 3). Il n’est, par contre, pas nécessaire
d’aller au-delà du triphasé pour en trouver les avantages.

IX. Modélisation

La modélisation est une notion très importante pour tous les champs de l’ingénierie.
Sans explicitement le souligner, c’est une notion dont il a été fait usage dans les
sections précédentes.
Il existe essentiellement deux objectifs pour lesquels la modélisation est utilisée :
 l’analyse des systèmes et de leurs composants ;
 le dimensionnement des systèmes et de leurs composants.
Selon le niveau de précision désiré, et la durée de l’étude d’analyse ou de
dimensionnement souhaitée, trois approches de modélisation sont utilisées :
1. modélisation analytique ;
2. modélisation numérique ;
3. modélisation semi-numérique ou semi-analytique.
Il est souvent nécessaire d’effectuer une combinaison de ces trois approches. La
première approche (modélisation analytique) est souvent basée sur des hypothèses
simplificatrices permettant de trouver des relations analytiques formelles liant les
performances d’un système, ou d’un composant, avec ses caractéristiques physiques

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(dimensions géométriques, propriétés physiques). Cette approche est souvent rapide
et peu précise (Fig. 13) [2].
Les méthodes de modélisation numérique (essentiellement les différences finies et
les éléments finis) sont-elles souvent plus précises, car basées sur moins d’hypothèses
simplificatrices, mais plus couteuses en temps de calculs.
Enfin, les approches semi-numériques, ou semi-analytiques, (essentiellement les
modèles à constantes localisées) constituent un compromis entre les deux approches
précédentes. Les circuits électriques, et les circuits magnétiques, évoqués
précédemment, font partie de ces dernières approches. C’est de certaine dernière
approche dont il sera question dans la section suivante.

Fig. 13. Différentes approches de modélisation dans le plan (précision, rapidité) [2].

IX.1. Lois de Kirchhoff [3]

Les lois de Kirchhoff expriment la conservation de l'énergie et de la charge dans un


circuit électrique. Elles portent le nom du physicien allemand les ayant établies en
1845 : Gustav Kirchhoff.
Dans un circuit complexe, il est possible de calculer les potentiels aux nœuds, et
l'intensité du courant dans chaque branche d’un circuit, en appliquant les deux lois de
Kirchhoff : la loi des nœuds et la loi des mailles.

IX.1.a. Loi des nœuds

La somme des intensités des courants qui entrent par un nœud est égale à la somme
des intensités des courants qui sortent du même nœud.
Sur la figure suivante (Fig. 14) est représenté le sens des courants (choisi
arbitrairement) dans chaque fil connecté au nœud, entrant ou sortant du nœud.
Nous avons ainsi, en appliquant la loi des nœuds :
i1  i2  i3  i4 (23)

16
Fig. 14. Illustration de la loi des nœuds.

IX.1.b. Loi des mailles

Dans une maille quelconque d'un réseau, la somme algébrique des différences de
potentiel le long de la maille est constamment nulle.
La différence de potentiels entre les nœuds a et b (Fig. 15), aussi appelée tension, est
exprimée par l'équation suivante :
Uab Va Vb (24)

Va et Vb étant les potentiels respectifs aux nœuds a et b. En additionnant toutes ces


différences sur une maille fermée on obtient un résultat nul, comme illustré à la
figure suivante (Fig. 15).

Fig. 15. Illustration de la loi des mailles.


La loi des mailles stipule que :
Uab  Ubc  Ucd  Uda  Uba  Ucb  Udc  Uad  0 (25)

A noter que :
Uxy  Uyx (26)

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X. Un peu d’histoire (en Anglais)

Electricity has been a subject of scientific interest since at least the early 17 th
century. The first electrical engineer was probably William Gilbert who designed the
versorium: a device that detected the presence of statically charged objects. He was
also the first to draw a clear distinction between magnetism and static electricity
and is credited with establishing the term electricity. In 1775 Alessandro Volta's
scientific experimentations devised the electrophorus, a device that produced a
static electric charge, and by 1800 Volta developed the voltaic pile, a forerunner of
the electric battery.
However, it was not until the 19th century that research into the subject started to
intensify. Notable developments in this century include the work of Georg Ohm, who
in 1827 quantified the relationship between the electric current and potential
difference in a conductor, Michael Faraday, the discoverer of electromagnetic
induction in 1831, and James Clerk Maxwell, who in 1873 published a unified theory of
electricity and magnetism in his treatise Electricity and Magnetism.
Beginning in the 1830s, efforts were made to apply electricity to practical use in the
telegraph. By the end of the 19th century the world had been forever changed by the
rapid communication made possible by engineering development of land-lines,
submarine cables, and, from about 1890, wireless telegraphy. Practical applications
and advances in such fields created an increasing need for standardized units of
measure. They led to the international standardization of the units volt, ampere,
coulomb, ohm, farad, and henry. This was achieved at an international conference in
Chicago 1893. The publication of these standards formed the basis of future
advances in standardisation in various industries, and in many countries the
definitions were immediately recognised in relevant legislation.
During these years, the study of electricity was largely considered to be a subfield
of physics. It was not until about 1885 that universities and institutes of technology
such as Massachusetts Institute of Technology (MIT) and Cornell University started
to offer bachelor's degrees in electrical engineering. The Darmstadt University of
Technology founded the first department of electrical engineering in the world in
1882. In that same year, under Professor Charles Cross at MIT began offering the
first option of electrical engineering within its physics department. In 1883,
Darmstadt University of Technology and Cornell University introduced the world's
first bachelor's degree courses of study in electrical engineering, and in 1885 the
University College London founded the first chair of electrical engineering in Great
Britain. The University of Missouri established the first department of electrical
engineering in the United States in 1886. Several other schools soon followed suit,
including Cornell and the Georgia School of Technology in Atlanta, Georgia.
During these decades use of electrical engineering increased dramatically. In 1882,
Thomas Edison switched on the world's first large-scale electric power network that
provided 110 volts — direct current (DC) — to 59 customers on Manhattan Island in
New York City. In 1884, Sir Charles Parsons invented the steam turbine. Turbines

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now provide the mechanical power for about 80 percent of the electric power in the
world using a variety of heat sources.
In 1887, Nikola Tesla, formerly an employee of Edison, filed a number of patents
concerning a different form of electric power distribution — alternating current
(AC). For several years there a bitter rivalry between Edison and Tesla, called the
War of Currents, concerning which would be the accepted form of power distribution.
The method of AC won over DC for generation and power distribution because of its
superior technology, especially the use of transformers to increase and decrease
voltages (not possible with DC). The use of high-voltage AC vastly extended the range
of electric power distribution, and the use of transformers improved both the
efficiency and the safety of electric power distribution.
The work of Tesla and Edison did much to advance electrical engineering. Tesla's
inventions in polyphase systems, transformers, and induction motors are still
ubiquitous in electric power distribution. Edison's work in improving the telegraph,
the telephone, and the electric light bulb was lucrative for his company, which
became the General Electric Company. Edison did not "invent" any of these three
devices, but his improvements made them practical for widescale use, ease of
manufacture, and economical for the customers.

XI. Références

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_primaire
[2] Kay Hameyer & al., "The art of modelling Electrical Machines," ICS Newsletter,
International Compumag Society, vol, 19, no, 2, pages 3-19, ISSN 1026-0854,
2012.
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_de_Kirchhoff

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