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HAX501X – Groupes et anneaux 1

CM2 08/09/2023

Clément Dupont
Rappel de l’épisode précédent

I Division euclidienne.
I Notion de congruence, notion d’inversibilité modulo un entier.
I Sous-groupes de Z, classification.

Théorème
Soit H un sous-groupe de Z. Il existe un unique n ∈ N tel que H = nZ.

Démonstration. Ingrédient : la division euclidienne. Revoyez ça !

I PGCD et PPCM : aZ + bZ = (a ∧ b)Z et aZ ∩ bZ = (a ∨ b)Z.


I Lemme de Gauss (et sa variante), lemme d’Euclide.
I Factorisation en produit de nombres premiers.

Théorème (Factorisation en produit de nombres premiers)


Tout entier n ∈ N∗ peut s’écrire comme un produit de nombres premiers,
de manière unique à l’ordre des facteurs près.

Démonstration. Ingrédient : le lemme d’Euclide. Revoyez ça !


Le théorème de Bézout

Théorème (Théorème de Bézout)


Soient a, b ∈ Z, et soit d ∈ N. On a équivalence entre les deux assertions
suivantes :
(i) d = a ∧ b ;
(ii) d|a, d|b, et il existe u, v ∈ Z tels que au + bv = d.

Théorème (Théorème de Bézout, cas particulier)


Soient a, b ∈ Z. Alors a et b sont premiers entre eux si et seulement s’il
existe u, v ∈ Z tels que au + bv = 1.

I On trouve une relation de Bézout par divisions euclidiennes successives.


C’est l’algorithme d’Euclide étendu.
Application à l’inversion modulo n

Proposition
Soit a ∈ Z. Alors a est inversible modulo n si et seulement si a ∧ n = 1.
Dans ce cas-là, si au + nv = 1 est une relation de Bézout pour a et n, on a
que u est un inverse de a modulo n.
Le théorème chinois des restes

Théorème (Théorème chinois des restes)


Soient m, n ∈ N tels que m ∧ n = 1. Soient a, b ∈ Z. Alors le système
(
x ≡ a (mod m)
x ≡ b (mod n)

a une solution x0 ∈ Z. De plus, l’ensemble des solutions est l’ensemble des


entiers congrus à x0 modulo mn.

Remarque
Si m et n ne sont pas premiers entre eux, il se peut que le système n’ait
même pas de solution. Par exemple, le système suivant n’a aucune solution
x∈Z: (
x ≡ 2 (mod 6)
x ≡ 1 (mod 4)
En effet, si x ≡ 2 (mod 6) alors x est pair... et si x ≡ 1 (mod 4) alors x est
impair !
Le petit théorème de Fermat

Théorème (Petit théorème de Fermat)


Soit p un nombre premier. Pour tout a ∈ Z on a :

ap ≡ a (mod p).

Théorème (Petit théorème de Fermat, variante)


Soit p un nombre premier. Pour tout a ∈ Z, si a n’est pas un multiple de p
alors :
ap−1 ≡ 1 (mod p).
Comment montre-t-on le petit théorème de Fermat ?

Proposition
Soit p un nombre premier. Pour tout k ∈ {1, . . . , p − 1}, p divise le
coefficient binomial kp .


I Implique (grâce à la formule du binôme de Newton) la congruence, pour


tous x, y ∈ Z :
(x + y)p ≡ xp + y p (mod p).
I Permet de montrer le petit théorème de Fermat par récurrence.
Exercices

I Les exercices du chapitre 1 du poly sont à préparer pour le premier TD


(semaine prochaine).
2 – Étude de Z/nZ
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Relation d’équivalence

I Une relation binaire sur un ensemble E est une partie R ⊂ E × E. On


utilise la notation x R y à la place de (x, y) ∈ R.

Définition
Soit E un ensemble. Une relation d’équivalence sur E est une relation
binaire ∼ sur E qui est réflexive, symétrique, et transitive, c’est-à-dire telles
que les propriétés suivantes sont vérifiées.
– Réflexivité : ∀x ∈ E , x ∼ x ;
– Symétrie : ∀x, y ∈ E , x ∼ y =⇒ y ∼ x ;
– Transitivité : ∀x, y, z ∈ E , (x ∼ y et y ∼ z) =⇒ x ∼ z.

Exemple
Soit n ∈ N∗ . La relation ∼ sur l’ensemble E = Z définie par

a∼b ⇐⇒ a ≡ b (mod n)

est une relation d’équivalence.


Un exercice

Exercice 13
On définit une relation ∼ sur R2 par :

u ∼ ~v
~ ⇐⇒ ∃λ > 0 , ~
u = λ~v .

Montrer que c’est une relation d’équivalence.


1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Classes d’équivalence

Définition
La classe d’équivalence d’un élément x ∈ E est l’ensemble

x = {y ∈ E | y ∼ x}.

Exemple
Pour la relation de congruence modulo 7 on a

0 = {. . . , −7, 0, 7, 14, 21, 28, 35, . . .},

3 = {. . . , −4, 3, 10, 17, 24, 31, . . .},


On remarque que :
24 = 3.
Une proposition importante

Proposition
Pour x1 , x2 ∈ E on a :

x1 = x2 ⇐⇒ x1 ∼ x2 .

Définition
Soit C ⊂ E une classe d’équivalence. Un élément x ∈ C est appelé un
représentant de la classe d’équivalence C.

Exemple
Pour la relation de congruence modulo 7, 20 est un représentant de la
classe d’équivalence 34.
Partition en classes d’équivalences

Proposition
Les classes d’équivalence forment une partition de E, c’est-à-dire que tout
élément de E est dans une et une seule classe d’équivalence.

Exemple
Pour la relation de congruence modulo 2, la partition en classes
d’équivalence est :

Z = 0 t 1 = {entiers pairs} t {entiers impairs}.

Exercice 14
Dans le contexte de l’exercice précédent, quelle est la classe d’équivalence
de (1, 0) ? de (1, 2) ? de (0, 0) ? Décrire la partition de R2 en classes
d’équivalence.
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Quotient par une relation d’équivalence

Définition
L’ensemble des classes d’équivalence est appelé quotient de E par la
relation d’équivalence ∼ et noté E/ ∼.

I Un élément de l’ensemble quotient E/ ∼ est une classe d’équivalence x,


pour un x ∈ E.

I On a égalité x1 = x2 dans E/ ∼ si et seulement x1 ∼ x2 dans E.

Remarque
Le quotient est la manière mathématique d’identifier certains éléments de
E entre eux. En effet, on décrète que des éléments qui sont équivalents
(pour ∼) dans E sont maintenant égaux dans E/ ∼.
L’application de quotient

Définition
L’application
π : E −→ E/ ∼ , x 7→ x
est appelée application de quotient.

I Il est clair que π est surjective, par définition.


1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Définir une application sur un quotient

Définition
Soit une application
f : E −→ F.

I On dit que f passe au quotient par ∼ si f prend la même valeur sur


tous les éléments d’une même classe d’équivalence, c’est-à-dire si :

∀x, x0 ∈ E , x ∼ x0 =⇒ f (x) = f (x0 ).

I Si f passe au quotient par ∼ alors on peut définir l’application

g : E/ ∼ −→ F , x 7→ f (x)

qui à une classe d’équivalence associe la valeur prise par f sur


n’importe quel élément de cette classe d’équivalence.

I On dit que g est l’application induite par f sur le quotient E/ ∼.


Un exercice

Exercice 15
Les applications suivantes passent-elles au quotient par la relation de
congruence modulo 6 ?

f1 : Z −→ Z , n 7→ (−1)n ;

f2 : Z −→ Z , n 7→ n2 − 1 .
Version à plusieurs variables

Remarque
On considérera aussi des applications définies non pas sur E mais sur le
produit cartésien de E avec lui-même :

f : E × E −→ F.

Dans ce cas-là on dit que f passe au quotient si elle passe au quotient “en
chaque variable”, c’est-à-dire si le résultat de f (x1 , x2 ) ne dépend que des
classes d’équivalence x1 et x2 , ou plus formellement si

∀x1 , x2 , x01 , x02 ∈ E , (x1 ∼ x01 et x2 ∼ x02 ) =⇒ f (x1 , x2 ) = f (x01 , x02 ).

Dans ce cas-là on peut définir

g : (E/ ∼) × (E/ ∼) −→ F , (x1 , x2 ) 7→ f (x1 , x2 ).


1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Définition

On fixe dans cette partie un entier n ∈ N∗ . On a vu que la relation de


congruence modulo n,

a∼b ⇐⇒ a ≡ b (mod n) ,

est une relation d’équivalence sur l’ensemble Z.

Définition
On définit Z/nZ comme le quotient de l’ensemble Z par la relation de
congruence modulo n. Pour un entier k ∈ Z, on note donc k sa classe
d’équivalence dans Z/nZ.

I On a donc, pour a, b ∈ Z :

a = b dans Z/nZ ⇐⇒ a ≡ b (mod n).

I Notamment, pour a ∈ Z :

a = 0 dans Z/nZ ⇐⇒ n|a.


Description de Z/nZ

Proposition
L’ensemble Z/nZ a n éléments : 0, 1, . . . , n − 1.

Démonstration. Par division euclidienne, pour tout a ∈ Z/nZ, il existe un


unique r ∈ {0, . . . , n − 1} tel que a = r dans Z/nZ. C’est exactement ce que
dit la proposition.

I Dit autrement, la partition de Z en classes d’équivalence pour la relation


de congruence modulo n est :

Z = 0 t 1 t · · · t n − 1.

Exemple
Dans Z/7Z on a 3 = 10 = 73 = −4, qui est l’ensemble des entiers
a ≡ 3 (mod 7), c’est-à-dire l’ensemble des a ∈ Z dont le reste dans la
division euclidienne par 7 est 3, ou encore l’ensemble {7k + 3 , k ∈ Z}.
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Z/12Z est une horloge

0
11 1

10 2

9 3

8 4

7 5
6
1. Relations d’équivalence et quotient
1.1 Définitions
1.2 Classes d’équivalence
1.3 Quotient par une relation d’équivalence
1.4 Définir une application sur un quotient

2. Étude de Z/nZ
2.1 Définition
2.2 Z/12Z est une horloge
2.3 L’anneau Z/nZ
Les lois + et × dans Z/nZ

Proposition
L’addition dans Z passe au quotient et induit une loi + dans Z/nZ définie
par
a + b = a + b.
La multiplication dans Z passe au quotient et induit une loi × dans Z/nZ
définie par
a × b = a × b.

Démonstration. C’est une traduction du fait que la relation de congruence


modulo n est compatible à la somme et au produit.
I En effet, pour montrer que la somme + dans Z/nZ est bien définie, il faut
montrer que le résultat a + b ne dépend pas du choix des représentants a
et b.
I Dit autrement, on veut montrer que si a ≡ a0 (mod n) et b ≡ b0 (mod n)
alors a + b = a0 + b0 dans Z/nZ, c’est-à-dire que a + b ≡ a0 + b0 (mod n).
I C’est exactement la compatibilité de la relation de congruence avec la
somme.
I Il en va de même pour le produit.
Une remarque

Remarque
De manière plus formelle, on vient de “faire passer au quotient”
l’application
f : Z × Z −→ Z/nZ , (a, b) 7→ a + b
(et de même pour le produit).
Exemples (addition)

Exemple
Dans Z/2Z = {0, 1} on a

1 + 1 = 1 + 1 = 2 = 0.

L’égalité “1 + 1 = 0” veut dire : “la somme d’un nombre impair avec un


nombre impair est un nombre pair”.

Exemple
Dans Z/7Z on a 3 + 6 = 3 + 6 = 9 = 2.

Exercice 16
Écrire la table d’addition de Z/7Z.
Illustration
I Voici une illustration de l’addition dans Z/12Z, vu comme une horloge.
0
11 1

+5
10 2

9 3

8 4

7 5
6

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