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INTRODUCTION

Samba Diallo est un petit


garçon de sept ans que ses
parents ont confié au vieux
Thierno pour suivre l’initiation
aux principes de l’Islam. Thierno
le traite avec la dernière rigueur,
n’hésitant même pas à
sanctionner les lapsus du petit
de manière atroce . En dépit de
ces horribles traitements, Samba
Diallo excellait par ses
potentialités. Dans le système,
les disciples devaient mendier
tous les jours leur pitance. En
tant que meneur d’un groupe de
cinq disciples, Samba Diallo
trouvait parfaitement les mots
qu’il fallait pour rendre généreux
même les plus avares et les plus
sordides. Il était doué
d’intelligence. Samba Diallo était
le cousin du chef des Diallobé.
La grande royale, sœur du chef,
sensible à l’intelligence du
petit, suggéra qu’il aille à l’école
occidentale. Après quelques
résistances de la part des
tenants de la tradition, Samba
Diallo fut envoyé à l’école des
blancs. Il y excella jusqu’au point
où il devra voyager pour faire
des études en philosophie à
l’extérieur du pays plus
précisément en France. Là-bas,
il sympathisa avec des blancs et
des noirs avec qui ils devisaient
sur l’Afrique et l’Europe, les
mœurs, les croyances et les
philosophies propres à chaque
pays.
A la fin de ses études, son père
lui envoya une lettre où il lui
conseillait de revenir au pays. De
retour au pays, le maître des
Diallobé était mort depuis deux
mois. Seul le fou vivait et
paradait. Il n’avait pas oublié le
passé et continuait d’appeler
Samba Diallo le maître des
Diallobé, titre qui lui aurait échu
s’il n’était pas allé à l’école des
blancs au détriment des
principes islamiques. A son
retour, il avait tout perdu
de cette révérence à Dieu, de
cette passion pour sa Parole…. Il
ne voulait même plus prier.
L’école des blancs l’avait
métamorphosé car il y avait
appris comment “ savoir vaincre
sans avoir raison” en
contrepartie de sa foie en Dieu.
Un jour étant en compagnie du
fou du l'heure de prière arriva et
le fou lui dit :<< prions oh prions.
Si nous ne prions pas l'heure de
prière passera >>. Insistant à
mainte et mainte reprise Samba
Diallo refusa et le fou le
poignarda .
I. LA MORT DE SAMBA
DIALLO : SUICIDE OU
SYMBOLE DE LA PERTE
IDENTITAIRE

1- Les pressions de la modernité

Samba Diallo, éduqué à la fois


dans la
tradition africaine et par des
enseignants français, se retrouve
déchiré entre deux mondes. Les
pressions de la modernité
occidentale peuvent être perçues
comme une force poussant à la
désintégration de son identité
traditionnelle.
Samba Diallo, a été confronté à
diverses pressions tout au long
de sa vie. Ces pressions reflètent
les tensions entre les traditions
africaines et l'influence de la
colonisation occidentale.

-Pressions de la Tradition : les


attentes de sa famille et de la
communauté reposent sur le
respect des coutumes et des
valeurs traditionnelles.

-La responsabilité de perpétuer


l'héritage familial et
culturel.Pressions de la
Modernité Occidentale :
l'éducation française qu'il reçoit
le confronte à des idées et des
valeurs contradictoires avec
sa culture d'origine.

-Les aspirations à l'assimilation


dans la société occidentale le
poussent à abandonner certains
aspects de sa tradition.

-Pressions Religieuses : la
tension entre l'islam, religion de
sa famille, et les influences
chrétiennes occidentales dans
son éducation

-Pressions Identitaires : la quête


de son identité personnelle face
aux conflits culturels et aux
influences diverses.

-Pressions Socio-économiques :
les défis liés à la position sociale,
aux opportunités et aux
inégalités entre les cultures
traditionnelles et occidentales.

L'ensemble de ces pressions


crée un
conflit interne complexe pour
Samba Diallo, illustrant les défis
universels liés à la recherche
d'équilibre entre les cultures en
mutation.

2. Les dilemmes intérieurs de


Samba Diallo

Les conflits intérieurs de Samba


Diallo, ses questionnements
existentiels et sa quête de sens,
suggèrent une dimension
suicidaire possible. La tension
entre ses aspirations
individuelles et les attentes
socioculturelles peuvent être
interprétée comme une lutte
interne intense.
Les dilemmes intérieurs de
Samba Diallo sont profondément
liés aux conflits culturels et aux
pressions auxquelles il est
confronté :

-Son Conflit Identitaire : Samba


Diallo est tiraillé entre son
identité traditionnelle
africaine, représentée par les
coutumes et les valeurs de sa
famille, et l'influence de
l'éducation occidentale qu'il
reçoit.

- son désir de Modernité : il


ressent le désir de s'assimiler à
la modernité occidentale pour
réussir dans un monde en
mutation, mais en même temps,
il est attaché à sa culture et à sa
tradition.

- sa quête de Sens et de
Spiritualité : Samba Diallo
cherche un sens profond à sa
vie, naviguant entre les
enseignements religieux de sa
famille et les idées plus
séculaires introduites par
l'éducation occidentale.

- Son amour et sa
responsabilités familiales : son
amour pour la jeune française
Jacqueline représente un
dilemme, car cela va à l'encontre
des attentes culturelles de son
entourage. Il
doit choisir entre son amour
personnel et ses responsabilités
familiales et sociales.

- son conflit Religieux : Il est


confronté à la question de sa foi
religieuse, oscillant entre l'islam
de sa famille et les influences
chrétiennes occidentales.
Ces dilemmes intérieurs
créent une tension
psychologique profonde chez
Samba Diallo, illustrant les défis
complexes de la navigation entre
différentes cultures et croyances.

II. LA MORT DE SAMBA DIALLO


: MEURTRE SIMBOLIQUE
1. La perte de l'identité
traditionnelle
Certains critiques considèrent la
mort de Samba Diallo comme un
"meurtre symbolique". Sa
disparition physique représente
la fin de l'identité traditionnelle
africaine, sacrifiée au nom de la
modernisation imposée par la
colonisation.
En choisissant de faire des
études de philosophie à Paris,
Samba Diallo a conscience de
s’être engagé dans “l’itinéraire le
plus susceptible de [le] perdre”.
Les Diallobé plaçaient tous leurs
espoirs en lui, cet enfant en qui
vibrait l’essence de la foi
musulmane, ce jeune adolescent
façonné par la culture peuhle
traditionnelle en qui résonnait
l’identité de son peuple, cet être
enraciné dans le pays des
Diallobé qui était véritablement
de la trempe de ses pères. Or,
durant son aventure parisienne,
alors qu’il ne peut plus revenir en
arrière, qu’il se sent de plus en
plus coupé des racines de sa foi,
qu’il ne retrouve plus le “chemin
de [ce] monde”, Samba Diallo
résume ainsi son expérience
particulière de l’Autre : “Il arrive
que nous soyons capturés au
bout de notre itinéraire, vaincus
par notre aventure même. Il nous
apparaît soudain que, tout au
long de notre cheminement nous
n’avons pas cessé de nous
métamorphoser, et que nous
voilà devenus autres. Quelques
fois, la métamorphose ne
s’achève pas, elle nous installe
dans l’hybride et nous y laisse.
Alors nous nous cachons,
remplis de honte.” Samba Diallo
représente un double échec :
celui de la colonisation qui ne
parvient pas à reconfigurer
complètement l’être en fonction
de ses intérêts et celui de la
culture traditionnelle, qui n’offre
pas toujours un pôle de
résistance efficace.
De ce fait sa mort relève d'un
meurtre, une mort symbolique
car il sera enfin libéré de ses
chaînes
2. La confrontation culturelles

Samba Diallo, cet personnage de


foi et de raison, durant toutes les
étapes de son cheminement, ne
cessera de vivre, de façon
dramatique, voire tragique, ce
conflit entre le cœur et la raison,
conscient qu’il est de la
nécessité de préserver coûte que
coûte sa foi en Dieu, son intimité
avec l’Etre. Or, le rationalisme
cartésien s’est immiscé en lui,
créant dans son cœur une fêlure,
augmentant chaque jour la
distance qui le sépare du foyer
ardent du maître des Diallobé.
C’est ainsi qu’un soir, lorsque
dans une vision hallucinée lui
parut le visage du Maître des
Diallobé, il lui adresse cette
imploration pathétique afin de
sauver son âme de l’égarement
et de l’éloignement de Dieu : «
Maître appela-t-il en pensée, que
me reste-t-il ? Les ténèbres me
gagnent. Je ne brûle plus au
cœur des
êtres et des choses (…)
J’implore en grâce ta clameur
dans l’ombre, l’éclat de ta voix,
afin de me ressusciter à la
tendresse secrète… ». Il
apparaît, de la sorte, que tout le
cheminement de Samba Diallo
n’est de bout en bout, qu’une
illustration de L’Aventure
ambiguë d’un être écartelé entre
deux cultures de prime abord
antagonistes : d’un côté, celle de
la foi, de la mort et de la
résurrection, de l’autre, celle de
la raison, de la vie et du salut ici
bas.
Et pourtant malgré les
oppositions apparemment
irréductibles entre les deux
ordres, leur réconciliation se
manifeste dans la fin de
L’Aventure ambiguë.
L'assassinat de Samba Diallo est
une échappée à la tentation de la
culture matérialiste et un
triomphe de l’ordre de la foi qui
affirme ainsi sa primauté.
CONCLUSION

Pour conclure, l'interprétation de


la mort de Samba Diallo dans
"L'Aventure ambiguë" comme un
meurtre ou un suicide reste
ouverte à diverses
interprétations, et cela dépend
souvent de la perspective du
lecteur. Certains considèrent que
la mort de Samba Diallo est plus
symbolique, représentant la fin
de son identité traditionnelle
africaine face à la pression de la
modernité occidentale, ce qui
serait plus proche d'un "meurtre
symbolique". D'autres lecteurs
peuvent voir la dimension des
conflits intérieurs de Samba
Diallo et de ses questionnements
existentiels comme des éléments
suggérant un possible suicide.
L'auteur, Cheikh Hamidou Kane,
a délibérément laissé cette fin
ambiguë pour permettre
différentes interprétations.

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