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Les fondements de la méthode structurale que nous allons appliquer dans notre cours, sont clairement
posés par Lévi-Strauss dans son ouvrage Anthropologie structurale, initialement publié en 1958.
Lévi-Strauss y précise, en réponse à ses détracteurs, qui « s’imaginent que la méthode structurale,
appliquée à l’ethnologie, a pour ambition d’atteindre une connaissance totale des sociétés, ce qui
serait absurde », qu’il souhaite « seulement extraire d’une richesse et d’une diversité empiriques qui
déborderont toujours nos efforts d’observations et de description, des constantes qui sont récurrentes
en d’autres lieux et en d’autres temps ».
De la sorte, en appliquant cette méthode à l’analyse de plusieurs sociétés, l’anthropologue français
précise que « l’objet de l’analyse structurale comparée n’est pas la langue française ou la langue
anglaise, mais un certain nombre de structures que le linguiste peut atteindre à partir de ces objets
empiriques, et qui sont, par exemple, la structure phonologique du français, ou sa structure
grammaticale, ou sa structure lexicale, ou même encore celle du discours, lequel n’est absolument pas
indéterminé.
Pour Lévi-Strauss, il s’agit « de savoir si les propriétés formelles offrent entre elles des homologies et
quelles homologies, des contradictions et quelles contradictions, ou des rapports dialectiques
exprimables sous forme de transformations ».
Poursuivant, et en soulignant que certaines limites de la méthode structurale peuvent apparaître dans
certains développements, Lévi-Strauss ajoute qu’il « n’affirme pas que de telles comparaisons seront
toujours fécondes, mais seulement qu’elles le seront parfois, et que ces rencontres auront une grande
importance pour comprendre la position de telle société par rapport à d’autres du même type, et
pour comprendre les lois qui régissent son évolution dans le temps ». Cette position d’une société, ou
d’une structure par rapport à une autre, est fondamentale dans la compréhension du structuralisme
tel que l’envisage Lévi-Strauss.
Méthodologie du cours appliquée à l’architecture
Notre cours a donc pour objectif d’explorer la position d’une architecture en rapport à une
autre, adoptant ainsi une position similaire à celle de Royston Landau. Ce dernier avait
compris l'importance de décrire la position d'une architecture par rapport à d’autres
architectures. Cette position, soutient-il, est toujours régulée ou délimitée par une
heuristique propre à cette architecture, et par la relation entre cette heuristique et celles
des autres architectures. A propos de l’heuristique architecturale, Landau avancera
quatre domaines caractérisant celle-ci en termes concrets : heuristiques formelles,
technologiques, éthiques et politiques. Landau précise que ces catégories ont peu de
sens in abstracto, et doivent toujours se référer à des architectures spécifiques.
Royston LANDAU, « Notes on the Concept of an Architectural Position », AA Files, n° 1,
hiver 1981 – 1982, p. 113
Méthodologie du cours
La pratique analytique résultant de « la comparaison des édifices » est ce que Julien Guadet
nomme « l’architecture comparée ».
Le cours de théorie de l’architecture pour Guadet doit s’affranchir « des formules chiffrées »
au profit de « principes conducteurs », qui excluent toutes « recettes » préconçues. Le cours
de théorie incarne un « cours d’architecture comparée ».
Jean-Nicolas-Louis DURAND, Précis des leçons données à l’Ecole polytechnique, Premier volume,
Paris, 1802, préface, p.1
Méthodologie du cours
Selon Durand, l’ambition n’est pas de rassembler dans un seul et même volume, tous les
édifices. Dans son Précis, Durand s’étend « à un nombre peu considérable d’éléments,
mais qui suffit pour la composition de tous les édifices ; à quelques combinaisons simples
et peu nombreuses, mais dont les résultats sont aussi riches et aussi variés que ceux de
la combinaison des éléments du langage ». Ainsi, pour apprendre l’architecture selon
Durand, il n’est point utile d’étudier toutes les sortes d’édifices, en supposant que cette
tâche soit possible, elle « serait non seulement très longue, mais encore très
imparfaite ». L’étude, la méthode préconisée par Durand encourt donc une incomplétude
fondamentale, puisqu’elle offre la possibilité d’être complétée. A ce propos, Legrand
nous rappelle que « les règles de chaque genre ne pourront naître que du résultat des
lumières de tous les siècles et de tous les peuples qui l’auront pratiqué ; elles ne seront
fondées que sur ces exemples authentiques, et non sur de vaines suppositions ; et si nous
devons enfin rester dans cette incertitude […], nous connaîtrons au moins tous les styles,
et notre adoption sera volontaire, comme notre exclusion sera bien motivée. Nous
saurons que l’Architecture eut différentes physionomies qu’elle peut reprendre encore ».
Méthodologie du cours
Jean-Nicolas-Louis Durand, Précis des leçons données à l’Ecole polytechnique, Second volume, 1825, deuxième partie,
planche 21
Méthodologie du cours
En tout état de cause, Durand a, de la sorte, rassemblé dans un seul volume ce qu’il
pense être « les seuls objets qui sont essentiels à connoître » . Afin d’ « offrir aux
artistes un tableau général et peu coûteux de l’architecture, un tableau qu’ils pourroient
parcourir en peu de tems, examiner sans peine, étudier avec fruit ; sur-tout, si, dit
Durand, je classois les édifices et les monumens par genres ; si je les rapprochois par
leur degré d’analogie »
Jean-Nicolas-Louis Durand, Précis des leçons d'architecture données à l'École polytechnique, 1813,
Premier volume, planche 21
Architecture comparée
Figure : Jean-Nicolas-Louis Durand, Précis des leçons données à l’Ecole polytechnique, Premier volume, 1802, deuxième partie, planche 20
Méthodologie du cours
Toujours dans le contexte français du XIXe siècle, cet axiome d’universalité sera questionné
par Julien Guadet, qui se veut moins déterministe dans son approche. Pour lui, il s’agit
de proposer un « cours d’architecture comparée », qui doit s’affranchir de toutes
« recettes » préconçues.
Pourquoi parler du roman et du gothique ?
Habitats premiers :
- La grotte (masse architecturale par excellence)
- La cabane de Laugier
La masse architecturale
Les pyramides
Pyramide à degrés de Saqqarah (-2600 ACN)
La masse architecturale
Les Trulli
Italie du Sud, Alberobello (±1300 PCN)
La masse architecturale
Les pyramides
Masse construite à partir de blocs de pierre empilées les uns sur les autres
La masse architecturale
Construction en 3D
Eugène Viollet-le-Duc.
Ce qui permet le passage d’une masse à une ossature, c’est l’invention des arcs
doubleaux. Ensuite, l’arc brisé se substitue à l’arc en plein-cintre? Pour
Vuillet-le-Duc, « l’arc brisé, l’arc en tiers-point […[ est une véritbale
révolution dans l’histoire de l’art de bâtir », qui met l’accent sur le primat
de la charpente.
Dans l’édifice gothique, « le premier caractère distinctif (de l’architectreu
gorhique) consiste en ceci, que la construction étant réduite à ses éléments
nécessaires, tout ce qui est inutile à la stabilité de l’édifice n’est qu’un
remplissage pouvant être supprimé sans que la bâtisse en souffre
immédiatement ».
Eglise gothique
Figure : Auguste Choisy, Histoire de l’architecture, 1899, Tome 2, dessin d’une travée
Eglise gothique
Eglise gothique
Cathédrale Saint pierre de Beauvais 1225 (flèche à 48m, mais elle s’est
écroulée)
Eglise gothique
Cathédrale de Cologne1248-1880
Des systèmes d’architecture
Des systèmes d’architecture
Auguste Perret
Il ajoute qu’ « entre temps s’élève sur le sol en France le roman, puis l’ogival,
nervure et arc boutant, véritable charpente de pierre qui couvre l’Europe. Enfin
voici la charpente d’acier puis, née en France, la charpente en béton armée, prête
à couvrir le monde d’une authentique architecture ».
Auguste Perret, Contribution à une théorie de l’architecture, Paris, 1962, s.p.
Structure architectonique
Système de travées
Figure : Auguste Choisy, Histoire de l’architecture, 1899, Tome 2, dessin d’une travée
Structure architectonique
Système de travées
Figure : Auguste Choisy, Histoire de l’architecture, 1899, Tome 2, dessin d’une travée de la cathédrale de Beauvais
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle
Du temps des églises romanes, la stéréotomie imposait un système constructif dans lequel des éléments
massifs étaient empilés de manière à assurer une cohérence constructive à l’ensemble. Aucun élément ne
pouvait être retiré sans mettre en péril la stabilité d’ensemble, « sans briser la structure dimensionnelle »,
tout autant que structurelle. Avec le développement du gothique, la construction a été réduite « à ses
éléments nécessaires ». Ainsi, « tout ce qui est inutile à la stabilité de l’édifice n’est qu’un remplissage
pouvant être supprimé sans que la bâtisse en souffre immédiatement ». Au sein de ce système tectonique,
ou système constructif mettant en scène une ossature, un squelette structurel, la travée constitue « l’élément
indispensable, ce qu’on peut appeler l’élément typique » et, à l’époque des constructions gothiques, elle
« se compose de quatre supports, de six arcs saillants pour les relier à leur sommet, et de quatre massifs
pour recevoir la poussée de ces arcs ». Les techniques de construction tectoniques se sont perfectionnées
avec la révolution industrielle, pour aboutir à des ensembles de travées préfabriquées métalliques, qui ont
permis l’émergence d’une construction obtenue par l’addition de travées répétitives fabriquées en série.
Cette amélioration des techniques de construction a vu émerger des constructions métalliques au XIX e siècle,
qui grâce à leur technique d’assemblage, ont pu s’éloigner des « voûtes d’arêtes ». L’agrégation de travées
métalliques successives a rendu possible la construction de grandes halles, de gares ou de galeries
d’exposition, conçues à partir d’« un squelette de fer ». Ces constructions à ossature métallique ont recours
à ce qu’Anatole de Baudot appelait un « retour intégral à la construction », marquant la nécessaire
emphase de l’architectonique au détriment de l’architectural. Un exemple de ce type de réalisation trouve
une première concrétisation avec le Crystal Palace conçu par Joseph Paxton, pour l’exposition universelle de
1851. L’expressivité du bâtiment, ainsi que son plan basilical, ne sont pas sans rappeler les cathédrales
gothiques, mais révèle également la persistance d’un système formel tout en exploitant ses potentialités par
la préfabrication des entités structurelles et par leur mode d’assemblage.
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle
A l’inauguration, le Times du 2 mai 1851 écrit : « Au-dessus du visiteur s’élève un arc lumineux plus haut et
plus spacieux que les voûtes de nos plus nobles cathédrales. »
Cette utilisation des principes structurels issus du gothique et mis en lumière par VIOLLET-LE-DUC est
évidente.
La dimension du Crystal Palace n’est pas limitée, elle peut s’étendre au gré des besoins, tant son principe
constructif est disponible.
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle
Figure : Ferdinand Dutert, Galerie des machines (1889), Paris, vue en perspective des travées
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle
Figure : Ferdinand Dutert, Galerie des machines (1889), Paris, vue en perspective des travées
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle
Figure : Ferdinand Dutert, Galerie des machines (1889), Paris, vue en perspective des travées
Structure architectonique
Système de travées au temps de la révolution industrielle du XIX° siècle