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En route vers la PMA pour toutes

les femmes ?

On estime à environ 2 000 ou 3 000 le nombre de PMA réalisées, chaque


année, en dehors de nos frontières. LP/Jean-Baptiste Quentin

Pro et anti-PMA pour toutes s’écharpent depuis des


mois. Le Comité consultatif national d’éthique doit
rendre son avis ce mardi, ouvrant la voie à la
possible extension de ce droit. Périlleux.
Elle n’aura laissé que des miettes aux autres sujets. La superstar des débats, organisés
avant l’été lors des Etats généraux de la Bioéthique, c’est elle : la PMA pour toutes qui
ouvre les techniques de procréation médicalement assistée aux couples de femmes et
aux femmes seules. Le comité consultatif national d’éthique (CCNE) va-t-il se
prononcer en faveur de cette extension après avoir pris le pouls de la société pendant
quatre mois ?

Ce mardi matin, il présentera ses avis attendus sur 9 thématiques, dont celle-ci, après
cette vaste consultation citoyenne. Mais la recherche sur les embryons, le don
d’organes, l’intelligence artificielle ou même la fin de vie ont bel et bien été éclipsés
par les questions autour de la procréation. Et ce, malgré la mise en garde, lancée en
avril, par le Pr Jean-François Delfraissy, président du CCNE : « la mobilisation autour
des sujets sociétaux ne doit pas occulter les autres thématiques. » Raté.

Une nouvelle loi de bioéthique débattue en janvier


2019
Les recommandations de cet organisme sont censées aider le Parlement qui doit
débattre en janvier d’une nouvelle loi de bioéthique. Charge au législateur de suivre
ou non l’expertise du CCNE… qui avait déjà dit « oui » en juin 2017 sur ce point précis
de la PMA pour toutes. Il serait étonnant qu’il se dédise aujourd’hui. Il s’était alors
appuyé sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes qui accèdent déjà à la
parentalité par d’autres moyens.

Aujourd’hui, la PMA ne s’adresse qu’aux couples hétérosexuels dans des cas


d’infertilité ou de maladie grave susceptible d’être transmise à l’autre membre du
couple ou à l’enfant. Pour les femmes célibataires ou les couples de lesbiennes, mais
aussi pour les femmes hétéros qui ont dépassé la limite d’âge posée en France pour
accéder à une PMA, soit 43 ans, ou qui ont déjà tenté quatre fécondations in vitro,
sans succès, c’est direction l’étranger pour un désir d’enfant.

On estime à environ 2 000 ou 3 000 le nombre de PMA réalisées, chaque année, en


dehors de nos frontières (en grande majorité par les couples hétérosexuels d’ailleurs).
À ce jour, onze pays européens ont ouvert cet accès à toutes les femmes : les Pays-Bas,
la Finlande, le Luxembourg, le Danemark, la Suède, la Belgique, l’Espagne, la Croatie,
le Royaume-Uni, l’Irlande et le Portugal.

« A l’injustice en termes de droits s’ajoute une discrimination financière entre celles


qui ont ou non les moyens d’entreprendre cette démarche », s’insurge Aurore, 40 ans,
mère d’une enfant de 19 mois. Un bébé qu’elle a fait seule, dans une clinique en
Espagne, après son divorce. « La France doit prendre en compte cette évolution
sociétale qui se poursuivra avec ou sans elle. Ce n’est pas contre les hommes. Derrière
nos histoires, il y a souvent des parcours douloureux, des ruptures, pas de bon mec au
bon moment et cette satanée horloge biologique qui fait baisser nos chances d’être
mères. »

Les trois quarts des Français favorables


Ces derniers mois, les associations pro-PMA et les anti, sous la houlette de la Manif
pour Tous qui fustige « une PMA sans père », se sont mutuellement accusées d’avoir
confisqué le débat en investissant les débats en région et les contributions sur le site
Web du CCNE. Des pro et des anti qui se retrouveront, ce mardi soir, face à face au
pied du CCNE lors d’un rassemblement organisé quasi simultanément.

Récemment, le conseil national de l’Ordre des médecins a déclaré qu’il n’était pas
opposé à cette ouverture, contrairement aux évêques de France qui ont tous signé une
déclaration la dénonçant. Leurs arguments ? La nécessité d’une référence paternelle,
le dévoiement de la mission de la médecine et le risque d’un glissement vers la
gestation pour autrui (GPA).

Qu’en pensent les Français ? Le dernier sondage en date, réalisé par Ipsos en juin,
révèle que les trois quarts se montrent favorables à l’ouverture de la PMA à toutes les
femmes. Comme un certain candidat Macron qui en avait fait une promesse de
campagne.

PMA ? GPA ? QUELLES DIFFÉRENCES ?


« Non, le gouvernement ne proposera pas la GPA ». Maintes fois, Marlène Schiappa,
secrétaire d’Etat chargée de l’égalité Femmes Hommes, l’a rappelé. L’ouverture de la
PMA à toutes les femmes constitue l’élargissement d’un droit déjà existant (depuis
1982), tandis que la GPA nécessiterait la création d’un arsenal législatif indépendant.
Pourtant, les opposants continuent de dire que la PMA pour toutes amènerait à la
GPA.

Quelles sont les différences ? La procréation médicalement assistée (PMA), ou «


assistance médicale à la procréation » (AMP), regroupe l’ensemble des pratiques
d’aide à la procréation : fécondation in vitro, insémination artificielle, accueil
d’embryon.

La GPA, ou gestation pour autrui, est une méthode de procréation médicalement


assistée interdite en France. Concrètement, une mère dite « porteuse » va accueillir
un embryon issu d’une fécondation à laquelle elle a, ou pas, participé (si elle fournit
ou non un ovule) et mener la grossesse pour donner naissance à un enfant qui ne sera
pas le sien.

La GPA soulève de nombreuses questions d’ordre éthique, comme le risque de


marchandisation du corps humain ou la négation du lien qui s’établit entre la
gestatrice et l’enfant pendant la grossesse.

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