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CHAPITRE

1
Item 8 – UE 1 – Éthique
médicale
Interruption volontaire de grossesse
I. Pour comprendre
II. Pour réfléchir
Diagnostic prénatal
I. Pour comprendre
II. Pour réfléchir
Interruption médicale de grossesse
I. Pour comprendre

Connaissances
II. Pour réfléchir
Diagnostic préimplantatoire
I. Pour comprendre
II. Pour réfléchir
Décisions difficiles aux limites de la viabilité
I. Pour comprendre
II. Pour réfléchir

Objectifs pédagogiques 3
Décrire les principes éthiques et l'argumentation d'une décision d'interruption volon-
taire de la grossesse (IVG) ou d'interruption médicale de grossesse (IMG).
Décrire les questions posées par le diagnostic prénatal et le diagnostic préimplanta-
toire (DPN/DPI).
Décrire les principes des décisions difficiles aux limites de la viabilité (LV) (dilemmes
éthiques et éléments de réflexion).

Interruption volontaire de grossesse

I. Pour comprendre
Chaque année en France, 14,9 interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour 1 000 femmes
âgées de 15 à 49 ans sont pratiquées, ce qui représentait 218 000 actes en 2016. Ce chiffre
est stable depuis 10 ans.
En France, l'IVG est encadrée par la loi et régie par l'article L. 2212 du Code de la santé
publique.

Gynécologie – Obstétrique
© 2018, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Connaissances Gynécologie

Conditions de l'IVG en France


• Toute femme enceinte qui ne veut pas poursuivre sa grossesse et qui satisfait aux conditions suivantes
peut réaliser une IVG :
– grossesse de moins de 12 semaines (soit 14 semaines d'aménorrhée – SA) ;
– pour une patiente mineure, être accompagnée d'une personne majeure de son choix, à défaut d'un
titulaire de l'autorité parentale (il n'est pas nécessaire d'avoir une autorisation parentale).
• L'entrave à l'IVG est un délit passible de poursuites.
• Pour les femmes étrangères, l'IVG n'est soumise à aucune condition de durée et de régularité du séjour
sur le territoire.
• Les frais de prise en charge (soins, surveillance, hospitalisation) sont intégralement pris en charge par
l'assurance maladie.
• En pratique, l'IVG peut être faite préférentiellement par voie médicamenteuse avant 7 SA, voire 9 SA
si elle est pratiquée dans un établissement de santé. Au-delà de cette date, l'IVG doit être pratiquée en
établissement de santé, par voie chirurgicale par un médecin, mais peut également être réalisée par voie
médicamenteuse (choix des patientes).

II. Pour réfléchir


• L'IVG a été autorisée en France à partir du 17 janvier 1975 lors de la promulgation de la loi
Veil. Cette loi, qui a connu de nombreuses évolutions depuis 1975, visait non seulement
à satisfaire les revendications de maîtrise de la fertilité, mais également à mettre fin aux
4 conséquences catastrophiques en termes de morbidité et mortalité maternelles des avorte-
ments pratiqués hors cadre légal et médical.
• Dans de nombreux pays où l'IVG n'est toujours pas autorisée ou est difficilement acces-
sible, les conséquences des avortements clandestins pèsent lourdement sur la santé des
femmes.
• L'IVG est un droit de la femme. Désormais, elle peut être réalisée à sa demande sans avoir
à invoquer, comme c'était le cas avant 2014, une situation de « détresse ». Cette notion de
« détresse » a été supprimée en 2014 au nom de l'égalité entre l'homme et la femme.
• Face à l'évolution de la démographie médicale dans certaines régions, la question de l'accès
à l'IVG est au centre des préoccupations de tous les acteurs de soin.
• En dépit de voix qui s'opposaient à cette mesure arguant qu'elle contribuait à banaliser cet
acte, le délai de réflexion obligatoire d'une semaine a été supprimé en 2016, raccourcissant
ainsi le circuit pour les femmes.
• Un délai de 48 heures est obligatoire après un entretien psychosocial (pour toutes les
mineures et pour toutes les majeures qui réalisent cet entretien).
• Les médecins et sages-femmes sont dans l'obligation d'informer, d'accompagner et
d'orienter les femmes demandeuses, sans aucune discrimination.
• Un médecin ou sage-femme peut refuser de pratiquer une IVG, mais il ou elle est obligé(e)
d'orienter une femme demandeuse d'une IVG vers un organisme ou un confrère ou une
consœur pratiquant l'IVG.
• Une entrave à l'IVG est passible de poursuites judiciaires. Le délit d'entrave concerne éga-
lement la désinformation sur l'IVG, notamment via internet ou des numéros verts.
• Afin de garantir une information objective sur l'IVG et faciliter l'orientation des femmes, un
site web a été créé par le gouvernement français : http://ivg.gouv.fr/.
Item 8 – UE 1 – Éthique médicale 1

clés
Points

• L'IVG est accessible à toute femme enceinte d'au plus 12 semaines de grossesse sur le territoire français,
notamment aux mineurs sans nécessairement d'accord parental.
• L'entrave à l'IVG est un délit passible de poursuites.

Notions indispensables PCZ


• Les médecins et sages-femmes sont dans l'obligation d'informer, d'accompagner et d'orienter les femmes
demandeuses, sans aucune discrimination.

Réflexe transversalité
• Item 36 – Prise en charge de l'interruption volontaire de grossesse

Connaissances
Diagnostic prénatal

I. Pour comprendre
5
En France, la pratique du diagnostic prénatal (DPN) est régie par l'article L. 2131 du Code de
la santé publique (encadré 1.1).
Il existe une confusion terminologique autour du DPN qui regroupe aussi bien des pratiques
de dépistage prénatal que des pratiques de diagnostic anténatal. Il est nécessaire, pour com-
prendre, de bien distinguer les actes de dépistage (échographies fœtales des 1er, 2e ou 3e tri-
mestres, dosages des marqueurs sériques de la trisomie 21 qui, en association avec l'âge
maternel et éventuellement la mesure de la clarté nucale, permettent le calcul d'un risque,

Encadré 1.1
Extraits de l'article L. 2131 du Code de la santé publique
I. Le diagnostic prénatal s'entend des pratiques En cas de risque avéré, la femme enceinte et, si elle
médicales, y compris l'échographie obstétricale et le souhaite, l'autre membre du couple sont pris en
fœtale, ayant pour but de détecter in utero chez charge par un médecin et, le cas échéant ou à sa
l'embryon ou le fœtus une affection d'une particu- demande, orientés vers un centre pluridisciplinaire
lière gravité. de diagnostic prénatal. Ils reçoivent, sauf opposition
II. Toute femme enceinte reçoit, lors d'une consul- de leur part, des informations sur les caractéristiques
tation médicale, une information loyale, claire et de l'affection suspectée, les moyens de la détecter
adaptée à sa situation sur la possibilité de recourir, et les possibilités de prévention, de soin ou de prise
à sa demande, à des examens de biologie médicale en charge adaptée du fœtus ou de l'enfant né. Une
et d'imagerie permettant d'évaluer le risque que liste des associations spécialisées et agréées dans
l'embryon ou le fœtus présente une affection sus- l'accompagnement des patients atteints de l'affec-
ceptible de modifier le déroulement ou le suivi de tion suspectée et de leur famille leur est proposée.
sa grossesse. IV. En cas de risque avéré, de nouveaux examens
III. Le prescripteur, médecin ou sage-femme, com- de biologie médicale et d'imagerie à visée diagnos-
munique les résultats de ces examens à la femme tique peuvent être proposés par un médecin, le cas
enceinte et lui donne toute l'information nécessaire échéant membre d'un centre pluridisciplinaire de
à leur compréhension. diagnostic prénatal, au cours d'une consultation
adaptée à l'affection recherchée.
Connaissances Gynécologie

analyse de l'ADN fœtal dans le sang maternel) des actes diagnostiques (échographie fœtale
de 2e intention, IRM fœtale, caryotype fœtal, etc.). Si les actes de dépistage sont accessibles
à l'ensemble de la population des femmes enceintes, les actes diagnostiques ne sont réservés
qu'aux femmes dont le fœtus présente des caractéristiques qui le placent dans un groupe à
risque. La réalisation d'examens à visée diagnostique en population générale peut non seule-
ment s'avérer inutile et coûteuse, mais ces examens sont aussi susceptibles d'avoir des consé-
quences potentiellement iatrogènes.

II. Pour réfléchir


• Les examens de dépistage ou de diagnostic prénatal d'affections graves (anatomiques et/
ou chromosomiques et/ou génétiques) chez le fœtus par des moyens biologiques, cytolo-
giques, sérologiques et d'imagerie, ainsi que le calcul de risque concernant le dépistage
anténatal des aneuploïdies ne sont pas une obligation pour les futurs parents.
• Les médecins ou sages-femmes qui assurent le suivi prénatal sont en revanche dans l'obli-
gation d'informer les patients de l'existence des différents examens prénatals et de les
prescrire aux futurs parents si ces derniers les souhaitent.
• Certains futurs parents choisissent de ne pas réaliser tout ou partie des examens de dépis-
tage/diagnostic prénatal. Ce choix doit être accepté par les soignants sans jugement, et
ceux-ci ne sauraient d'aucune manière les y contraindre.
• Lorsqu'il existe une suspicion ou diagnostic d'une affection grave chez un fœtus, les soi-
gnants sont dans l'obligation d'orienter et d'accompagner le couple, qu'ils formulent ou
non une demande d'interruption médicale de grossesse (IMG).
6 • Les limites des outils de dépistage utilisés en prénatal, et notamment le fait qu'un fœtus à
bas risque d'aneuploïdies n'est pas forcément indemne d'une anomalie chromosomique,
doivent être bien comprises des parents. De la même façon, une échographie anténatale
sans anomalie ne peut pas garantir qu'un fœtus est indemne d'anomalie anatomique,
génétique ou chromosomique.
• Lorsqu'une anomalie génétique, chromosomique ou infectieuse est suspectée, un prélève-
ment fœtal (amniocentèse ou biopsie du trophoblaste) est proposé aux futurs parents. Le
but est d'effectuer une analyse cytogénétique ou microbiologique sur le liquide amniotique
ou les tissus trophoblastiques prélevés. Ces gestes, lorsqu'ils sont pratiqués au 2e trimestre
de grossesse, sont associés à un risque de perte fœtale de 0,5 %. La décision de faire ou
ne pas faire ces examens amène ainsi à confronter deux risques de nature très différente.
Dans le cas de la trisomie 21 où le diagnostic anténatal est associé dans la très grande
majorité des cas à une IMG, cela revient à mettre en regard la perte d'un fœtus sans ano-
malies et la naissance vivante d'un fœtus porteur d'une anomalie grave.
• Concernant les aneuploïdies, il existe depuis quelques années un dépistage beaucoup plus
sensible et spécifique, le dépistage prénatal non invasif (DPNI). Il repose sur une analyse de
l'ADN fœtal circulant dans le sang maternel. Ce test non invasif peut, dans certains cas,
éviter une amniocentèse ou biopsie du trophoblaste chez les fœtus à risque d'aneuploïdie.
Le DPNI est actuellement non remboursé et son coût est supérieur à 300 €. Tant qu'un rem-
boursement n'est pas mis en place, ce test non invasif, dont l'intérêt a bien été démontré,
est susceptible de générer des inégalités sociales de santé.
• Outre le diagnostic, la pratique des examens de DPN permet également de préciser un pro-
nostic et d'organiser, le cas échéant, la prise en charge anté et postnatale la plus adaptée
pour l'enfant à naître.
• Si l'affection dépistée in utero est d'une particulière gravité et incurable au moment du
diagnostic et si les parents en font la demande, une IMG pourra être réalisée.
Item 8 – UE 1 – Éthique médicale 1

clés
Points

• L'information sur le dépistage prénatal est proposée de façon systématique aux femmes enceintes en
France.
• La participation aux différents examens n'est pas une obligation.
• Les outils de dépistage (échographies anténatales, dépistage pour les aneuploïdies) ne peuvent garantir
à 100 % la naissance d'un enfant indemne d'anomalies.
• Les examens diagnostiques ne doivent être réalisés que sur indication médicale.

Notions indispensables PCZ


• Les médecins ou sages-femmes qui assurent le suivi prénatal sont en revanche dans l'obligation d'informer
les patients de l'existence des différents examens prénatals et de les prescrire aux futurs parents si ces
derniers les souhaitent.

Connaissances
Interruption médicale de grossesse

I. Pour comprendre
La pratique de l'interruption médicale de grossesse en France est régie par l'article 2213 du
7
Code de la santé publique (encadré 1.2). Deux types de situation ouvrent la possibilité à l'IMG :
la pathologie maternelle et la pathologie fœtale.

Encadré 1.2
Extrait de l'article L. 2213-1 du Code de la santé publique : interruption
de grossesse pratiquée pour motif médical
L'interruption volontaire d'une grossesse peut, à naire chargée d'examiner la demande de la femme
toute époque, être pratiquée si deux médecins comprend au moins quatre personnes qui sont
membres d'une équipe pluridisciplinaire attestent, un médecin qualifié en gynécologie-obstétrique,
après que cette équipe a rendu son avis consultatif, membre d'un centre pluridisciplinaire de diagnos-
soit que la poursuite de la grossesse met en péril tic prénatal, un praticien spécialiste de l'affection
grave la santé de la femme, soit qu'il existe une dont la femme est atteinte, un médecin choisi par
forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint la femme et une personne qualifiée tenue au secret
d'une affection d'une particulière gravité reconnue professionnel qui peut être un assistant social ou un
comme incurable au moment du diagnostic. psychologue. Le médecin qualifié en gynécologie-
Lorsque l'interruption de grossesse est envisagée au obstétrique et le médecin qualifié dans le traitement
motif que la poursuite de la grossesse met en péril de l'affection dont la femme est atteinte doivent
grave la santé de la femme, l'équipe pluridiscipli- exercer leur activité dans un établissement de santé.

II. Pour réfléchir


• L'IMG peut être pratiquée quel que soit le terme de la grossesse si elle répond aux critères
définis par la loi. Cette absence d'âge gestationnel place la France dans une situation par-
ticulière par rapport à la plupart des pays où il existe une limite. Après la naissance, il n'est
plus question d'IMG.
Connaissances Gynécologie

• La formulation de la loi française laisse une place importante à la subjectivité des équipes
en charge de juger de la recevabilité d'une demande d'IMG. Les notions de « péril grave »,
de « forte probabilité » ou de « particulière gravité » sont autant de notions susceptibles
d'être interprétées différemment selon les équipes et peut générer des inégalités de prises
en charge entre les différents CPDPN (Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal).
Pourtant, l'alternative qui consisterait en une liste limitative des pathologies ouvrant droit à
l'IMG serait non seulement stigmatisante pour les personnes vivantes porteuses des mala-
dies concernées, mais réduirait la décision à la pathologie sans y intégrer le contexte, or ceci
permet une réelle analyse au cas par cas.
• En cas de pathologie grave, l'IMG ne saurait être imposée et l'alternative à l'IMG (variable
selon la pathologie et sa létalité) doit être proposée et, le cas échéant, organisée.

clés
Points

• L'interruption médicale de grossesse est accessible sans limite d'âge gestationnel.


• Elle peut être réalisée soit en cas de mise en péril de la santé maternelle, soit en cas d'affection grave et
incurable pour l'enfant à naître.

Notions indispensables PCZ


• L'IMG peut être pratiquée quel que soit le terme de la grossesse si elle répond aux critères définis par la loi.

Diagnostic préimplantatoire

I. Pour comprendre
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) a été permis techniquement par la réunion des savoirs
acquis dans le domaine de l'aide médicale à la procréation et du diagnostic prénatal. Sa pra-
tique est en France régie par l'article L. 2131 du Code de la santé publique (encadré 1.3). Un
couple ne peut avoir accès au DPI que si un CPDPN considère sa demande comme recevable.

II. Pour réfléchir


• Le nombre de centres habilités à pratiquer le DPI étant limité (4 en France en 2017), le
temps d'attente peut être long. Dans certaines situations, notamment lorsque l'âge de
la femme est avancé (> 38 ans lorsqu'on parle d'assistance médicale à la procréation), ce
temps long joue contre les chances de succès.
• La possibilité de diagnostiquer des maladies génétiques graves et incurables à un stade
très précoce de l'embryogenèse in vitro (blastocyste, 8 cellules), avant même le transfert
de l'embryon in utero, évite à certains couples le parcours allant du DPN à l'IMG. Une fois
implanté in utero, il n'est toutefois pas possible de garantir aux futurs parents que l'enfant
ne présentera pas une autre pathologie.
• Comme pour le DPN, la question du seuil d'acceptabilité des situations ouvrant droit au DPI
est une question difficile. Si les demandes concernant des pathologies comme l'hémophilie,
la drépanocytose, la mucoviscidose, la maladie de Huntington sont aujourd'hui acceptées,
qu'en est-il des pathologies graves dont l'anomalie génétique n'est pas systématiquement
Item 8 – UE 1 – Éthique médicale 1

Encadré 1.3
Extrait de l'article L. 2131-4 du Code de la santé publique
On entend par diagnostic préimplantatoire le dia- • il ne peut être réalisé, à certaines conditions, que
gnostic biologique réalisé à partir de cellules préle- dans un établissement spécifiquement autorisé à
vées sur l'embryon in vitro. cet effet par l'Agence de la biomédecine instituée
Le diagnostic préimplantatoire n'est autorisé qu'à à l'article L. 1418-1.
titre exceptionnel dans les conditions suivantes : (…) Le diagnostic préimplantatoire peut également
• un médecin exerçant son activité dans un centre être autorisé lorsque les conditions suivantes sont
pluridisciplinaire de diagnostic prénatal tel que défini réunies :
par l'article L. 2131-1 doit attester que le couple, du • le couple a donné naissance à un enfant atteint
fait de sa situation familiale, a une forte probabilité d'une maladie génétique entraînant la mort dès
de donner naissance à un enfant atteint d'une mala- les premières années de la vie et reconnue comme
die génétique d'une particulière gravité reconnue incurable au moment du diagnostic ;
comme incurable au moment du diagnostic ; • le pronostic vital de cet enfant peut être amélioré,
• le diagnostic ne peut être effectué que lorsqu'a de façon décisive, par l'application sur celui-ci
été préalablement et précisément identifiée, d'une thérapeutique ne portant pas atteinte à
chez l'un des parents ou l'un de ses ascendants l'intégrité du corps de l'enfant né du transfert de

Connaissances
immédiats dans le cas d'une maladie gravement l'embryon in utero, conformément à l'article 16-3
invalidante, à révélation tardive et mettant préma- du Code civil ;
turément en jeu le pronostic vital, l'anomalie ou • le diagnostic mentionné au premier alinéa a pour
les anomalies responsables d'une telle maladie ; seuls objets de rechercher la maladie génétique
• les deux membres du couple expriment par écrit ainsi que les moyens de la prévenir et de la trai-
leur consentement à la réalisation du diagnostic ; ter, d'une part, et de permettre l'application de
• le diagnostic ne peut avoir d'autre objet que de la thérapeutique mentionnée au troisième alinéa,
rechercher cette affection ainsi que les moyens de d'autre part.
la prévenir et de la traiter :
9

associée au développement de la pathologie mais est un facteur de susceptibilité qui en


augmente le risque et pour lesquelles il est possible de mettre en place d'autres stratégies
de prévention (p. ex. mutation du gène BRCA1) ?
• Autre situation ouvrant à un questionnement éthique, la possibilité depuis 2004 de sélection-
ner non seulement des embryons indemnes de l'anomalie génétique, mais également sur la
base de leur compatibilité HLA avec un frère ou une sœur atteint(e) en attente de greffe. Si
après la réalisation de la procédure de DPI, il existe des embryons sains mais non compatibles
HLA avec l'enfant atteint, la patiente est en droit de refuser le transfert. Cependant, la loi
française interdit dans ce cas la réalisation d'une nouvelle tentative de DPI.

clés
Points

• Le diagnostic préimplantatoire est accessible aux couples avec risque d'une maladie génétique transmis-
sible à l'enfant à naître.
• Sa réalisation nécessite l'accord préalable d'un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal.

Notions indispensables PCZ


• Un couple ne peut avoir accès au DPI que si un CPDPN considère sa demande comme recevable.
Connaissances Gynécologie

Décisions difficiles aux limites de la viabilité

I. Pour comprendre
Avec les progrès de la médecine périnatale, on parvient de mieux en mieux à réanimer des
enfants extrêmes prématurés. Faire vivre ces enfants les expose toutefois aux risques de handi-
cap à long terme, ce risque se réduisant à mesure que l'âge gestationnel avance.
Il n'existe pas de loi précisant les limites de la viabilité en France. Il existe en revanche une loi relative
aux droits des malades et à la fin de vie, la loi Leonetti (loi n° 2005-370 du 22 avril 2005) qui peut
être appliquée aux enfants nés à la limite de la viabilité. L'Organisation mondiale de la santé (OMS)
définit la limite de viabilité fœtale à partir de 22 SA et/ou un poids de naissance de 500 g ou plus.
À partir de la viabilité fœtale, un accouchement ne doit plus être considéré comme une fausse
couche tardive, le nouveau-né répond à la définition de la personne juridique titulaire de
droits. Cette définition donne également à la mère les droits associés à la maternité (congé de
maternité, prime de naissance, etc.).
Il existe une importante hétérogénéité d'appréciation des données sur la morbimortalité à
court, moyen et long terme des extrêmes prématurés qui conduit à une hétérogénéité de pra-
tiques réanimatoires entre les pays. Dans certains pays (Japon ou Allemagne), le consensus est
de réanimer les nouveau-nés extrêmes prématurés à partir de 22–23 SA. D'autres pays (Pays-
Bas ou Suisse) ne proposent pas de réanimation néonatale en cas de naissance avant 25 SA.
Le consensus en France est de réanimer de façon exceptionnelle à partir de 23 SA. Entre 23 et
26 SA, il existe une grande hétérogénéité entre les centres périnatals.

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II. Pour réfléchir


• Face aux facteurs pronostics multiples, l'âge gestationnel ne saurait être le seul facteur à
prendre en compte dans la décision (poids de naissance, corticothérapie anténatale, nais-
sance au sein d'une maternité de type III, fœtus de sexe féminin1, absence de chorioam-
niotite, etc.). Plutôt qu'une décision fondée sur l'âge gestationnel seul, les professionnels
français ont fait le choix d'une approche individualisée intégrant d'autres facteurs. Si cette
approche peut fragiliser l'égalité de prise en charge, elle permet une décision au plus
proche du risque médical et du choix des parents.
• L'attitude à avoir à la naissance doit, autant que possible, avoir fait l'objet d'une déci-
sion anténatale. Si l'anticipation permet d'assurer une certaine cohérence dans la prise
en charge obstétrico-pédiatrique, l'absence de décision et l'improvisation qui en découle
seront toujours préjudiciables.
• La décision aux limites de la viabilité fœtale doit nécessairement impliquer les parents. Cela
suppose qu'une information sur les enjeux complexes et difficiles de cette décision leur
soit proposée. Dans un souci de cohérence entre les périodes anté et postnatales, cette
information sera idéalement dispensée par un binôme obstétrico-pédiatrique.
• La décision doit autant que possible être collégiale. La rapidité d'évolution ou la réaction
urgente qu'appelle une situation font que cette collégialité n'est pas toujours possible.
• En cas de décision de non-réanimation néonatale d'un enfant extrême prématuré, l'ab-
sence de soins de réanimation ne doit pas être synonyme d'absence de soins et des soins
de confort, authentiques soins palliatifs, doivent être prodigués.

1
La maturation biochimique du poumon est régulée par un contrôle endocrinien multifactoriel dans lequel les
androgènes jouent un rôle freinateur. On observe donc une maturation pulmonaire plus précoce chez les fœtus
de sexe féminin.
Item 8 – UE 1 – Éthique médicale 1

clés
Points

• L'âge gestationnel n'est pas le seul facteur pronostique à prendre en compte dans le choix d'entreprendre
ou non la réanimation d'un enfant né à la limite de la viabilité.
• Il nécessite une discussion collégiale entre l'équipe obstétricale et pédiatrique tout en impliquant les
parents dans la décision.
• L'absence de réanimation néonatale ne signifie pas absence de soins.

Pour en savoir plus


Azria E, Grangé G. Preimplantation diagnosis : ethical menstrual age, and definition of a gray zone. Arch
reflections. Gynecol Obstet Fertil. 2007 ; 35(6) : Pediatr. 2010 ; 17(5) : 518–26.
504–6. Moriette G, Rameix S, Azria E, Fournié A, Andrini P,
Moriette G, Rameix S, Azria E, Fournié A, Andrini P, Caeymaex L, et al. ; Groupe de réflexion sur les aspects
Caeymaex L, et al. ; Groupe de réflexion sur les éthiques de la périnatologie. Very premature births :
aspects éthiques de la périnatologie. Very prema- Dilemmas and management. Second part : Ethical
ture births : Dilemmas and management. Part 1. aspects and recommendations. Arch Pediatr. 2010 ;

Connaissances
Outcome of infants born before 28 weeks of post- 17(5) : 527–39.

Ancel PY, Goffinet F ; EPIPAGE-2 Writing Group, et al. Survival and morbidity of preterm children born
at 22 through 34 weeks' gestation in France in 2011 : results of the EPIPAGE-2 cohort study. JAMA
Pediatr. 2015 ; 169 (3) : 230-8.
https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2091623

EXPRESS Group, Fellman V, Hellström-Westas L, Norman M, Westgren M, Källén K, Lagercrantz H, e


al. One-year survival of extremely preterm infants after active perinatal care in Sweden. JAMA. 2009 ; 11
301 (21) : 2225-33.
https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/184015

Site public de la diffusion en droit.


https://www.legifrance.gouv.fr
Item 8 – UE 1 – Éthique médicale 1
Ancel PY, Goffinet F, EPIPAGE-2 Writing Group, et al. Moriette G, Rameix S, Azria E, Fournié A, Andrini P,
Survival and morbidity of preterm children born at Caeymaex L, et al. Groupe de réflexion sur les aspects
22 through 34 weeks' gestation in France in 2011 : éthiques de la périnatologie. Very premature births :
results of the EPIPAGE-2 cohort study. JAMA Pediatr. Dilemmas and management. Part 1. Outcome of
2015 ; 169(3) : 230–8. https://jamanetwork.com/ infants born before 28 weeks of postmenstrual age,
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Azria E, Grangé G. Preimplantation diagnosis : ethical 17(5) : 518–26.
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504–6. Caeymaex L, et al. Groupe de réflexion sur les aspects
EXPRESS Group V, Fellman, Hellström-Westas L, éthiques de la périnatologie. Very premature births :
Norman M, Westgren M, Källén K, Lagercrantz H, Dilemmas and management. Second part : Ethical
et al. One-year survival of extremely preterm infants aspects and recommendations. Arch Pediatr. 2010 ;
after active perinatal care in Sweden. JAMA 2009 ; 17(5) : 527–39.
301(21) : 2225–33. https://jamanetwork.com/ Site public de la diffusion en droit.
journals/jama/fullarticle/184015 https://www.legifrance.gouv.fr

Connaissances
11.e1

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