LES AIRES

PROTÉGÉES
R A F T
DU MAROC D
Pour l’aménagement
du territoire,
le développement rural
et la conservation
du patrimoine naturel national
 R A F T
D
1
Les aires protégées : concepts et
généralités

2 Les aires protégées au Maroc

3 Les grands défis : place des aires

protégées dans l’aménagement
du territoire, la conservation de la
biodiversité et le développement rural

a) Faible engagement : résultats mitigés

voir même très faibleStratégie
b) Vision stratégique non accomplie Lé-
gislatif
c) Des SIBE en instance : est-il déjà trop
tard ?
d) Des parcs nationaux en souffrance
e) Les autres catégories des aires proté-
gées : où on est ?

4 Perspective d’avenir

2
 R A F T
D
1
Les aires protégées
Concepts et
généralités
Le Maroc est l’un des pays avant-gardiste
en matière de législation et de création des
aires protégées, principalement les parcs
nationaux. En effet, la première loi relative
à la création des parcs nationaux date des
années 30 du siècle passé, précisément
le 21 septembre 1934. Le premier parc
national fût créé en 1942. Globalement,
ce n’est qu’à partir des années 60, qu’un
mouvement écologique international sur les
aires protégées a vu le jour, et le premier
congrès mondial sur les parcs a été tenu en
1962. A l’initiative de l’Union International
pour la Conservation de la Nature (UICN),
les États ont été sollicités à légiférer sur les
nouveaux concepts d’aires protégées en
particulier les parcs nationaux.
A cet effet, l’UICN, a défini une aire
protégée comme ‘’un espace géographique,
clairement défini, reconnu, consacré et
géré, par tout moyen efficace, juridique
ou autre, afin d’assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les
services écosystémiques et les valeurs
culturelles qui lui sont associés’’.
L’évolution de ces concepts a permis
de constater la naissance de différentes
perceptions nationales. A cet effet, l’UICN
a défini six catégories de ces espaces
naturels pour aider les gouvernements
à statuer sur les types d’aires protégées
à mettre en place. Cette initiative a été
encouragée mondialement par toutes les
conventions internationales ayant été
conclues ultérieurement, sur la biodiversité,
les écosystèmes naturels et les espèces en
voie de disparition.
En 2003, lors du 5ème Congrès Mondial sur
les parcs, la liste des Nations unies sur les
aires protégées comptait plus de 103.000
espaces naturels dont 3.881 de parcs
nationaux.
Depuis cette date, le nombre d’aires
protégées à travers le monde est passé à
plus de 200.000, soit une augmentation de
plus de 85%, couvrant ainsi une superficie
globale d’environ 13%, selon les résultats
du dernier Congrès mondial des parcs tenu
à Sidney (Australie) en 2014. Une avancée
spectaculaire par rapport au nombre
inscrit en 2003, ce qui montre bel et bien
la conscientisation des Etats en faveur des
espaces naturels protégés.
3
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2
Les aires
protégées au
Maroc
Le Maroc, avec sa législation avant-gardiste,
ses parcs nationaux créés depuis 1942,
et son adhésion aux grandes conventions
internationales, s’est doté d’une stratégie
nationale sur les aires protégées ayant été
adoptée en 1995. Son engagement politique
envers les causes de développement durable
s’est manifesté depuis sa haute participation
durant le 1er sommet de la Terre (Rio 1992) et
sa ratification des 3 conventions des nations
unies sur la Désertification, les changements
climatiques et la biodiversité.
La stratégie nationale sur les aires protégées
a classé le Maroc dans les premiers rangs en
la matière en Méditerranée. Une position
confortable ayant encouragé les grands bailleurs
de fonds et institutions internationales (GEF,
BIRD, UE, PNUD, GIZ, UICN, WWF, ...etc.),
d’interagir avec le Royaume pour la traduction
de cette stratégie sur le terrain au niveau
national.
La stratégie nationale sur les aires protégées, a
donné deux grands résultats en l’occurrence :
4
1- Identification d’un réseau national de 154
Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique
(SIBE) littoraux et continentaux subdivisés
en SIBE de priorités 1, 2 et 3, selon les
échéances d’intervention.
2- Elaboration des plans directeurs
de 6 parcs nationaux (Toubkal, Tazekka,
Talassemtane, Haut Atlas Oriental, Ifrane
et Dakhla) et l’adoption du plan directeur
du Parc National d’Al Hoceima ;
Le Maroc compte aujourd’hui 10 parcs
nationaux dont 4 ont été créés entre 1942
et 1994. Six parcs ont été créés entre 2004
et 2008. Les réserves naturelles (dites
réserves biologiques) créées officiellement
sont au nombre de 4, ayant servi pour
l’adhésion du Maroc à la convention de
Ramsar et l’inscription de ces sites à sa
liste internationale à savoir : Lac de Sidi
Boughaba, Merja Zerga, Lac d’Afenourir et
Lagune de Naila.
En termes de législation, le Maroc a mis
en place une nouvelle loi sur les aires
protégées en 2010 (loi 22-07) ayant permis
d’en définir clairement les catégories et
d’y intégrer de nouveaux instruments de
gouvernance et de gestion concertée avec
les parties prenantes
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3
Les grands défis
place des aires protégées dans
l’aménagement du territoire, la
conservation de la biodiversité et le
développement rural

a) Faible engagement : résultats En 2014, le Congrès mondial des parcs a

mitigés voir même très faible
Malgré qu’il soit considéré avant-gardiste
en matière des parcs nationaux et malgré sa
grande volonté politique pour la conservation
de la nature et le développement durable,
le Maroc a accusé un retard considérable
dans la mise en place des aires protégées.
En effet, les dix parcs nationaux existant
ont été créés sur une période de 76 ans
sur la base d’une législation vieille de 84
ans. Ce constat est malheureusement très
préoccupant, vu la vitesse de dégradation
des écosystèmes naturels par rapport
aux actions de conservation menées et à
l’engagement international pris par le Maroc
pour la mise en œuvre des différentes
conventions internationales. A titre de
rappel, le Maroc a adhéré à l’UICN depuis
1957, soit 9 ans après la création de cette
alliance mondiale pour la nature (créée en
1948).
enregistré plus de 6500 parcs nationaux
dans 195 pays, soit une moyenne de 33
parcs nationaux par pays, et 200.000 aires
protégées, soit une moyenne de 1025 aires
protégées par pays.
En comparant le Maroc avec les pays du
pourtour méditerranéen les plus proches, en
matière d’aires protégées, en l’occurrence la
Tunisie, l’Espagne et la France, le résultat
est très mitigé voir même très faible, malgré
qu’il occupe la 2ème position en terme de
biodiversité à l’échelle de la Méditerranée.
Le tableau ci-après donne une idée sur le
nombre des aires protégées dans ces pays.

5
 T
Pays /Aire protégée Parcs nationaux Parcs Naturels
F
Tunisie 17
A
Espagne 15
R
France 10
D
Maroc 10
b) Vision stratégique non accomplie
Malheureusement, la traduction de cette
stratégie sur le terrain n’a pas été à la
hauteur des intentions affichées. Déjà, la
procédure de création des parcs nationaux
n’est intervenue qu’en octobre 2002 et
n’a concerné que les parcs nationaux d’Al
Hoceima, de Talassemtane, d’Ifrane et du
Haut Atlas Oriental et l’extension du Parc
national de Tazekka. Ces parcs nationaux ont
eu leurs décrets de création en octobre 2004.
Deux autres parcs nationaux ont été créés en
2006 et 2008, qui sont respectivement le
parc national de Khenifiss et le Parc national
de Khénifra.
La loi fixant les catégories et les nouveaux
modèles de management n’a été promulguée
qu’en 2010 sans toutefois disposer de
textes d’application à nos jours et par voie
de conséquence le réseau des SIBE n’a pas
été mis en œuvre.
6
Réserves
Total
naturelles
- 31 48
119 48 182
53 160 223
- 4 14
c) Des SIBE en instance : est-il
déjà trop tard ?
La stratégie nationale sur les aires
protégées du Maroc a identifié le réseau
des SIBE tout en recommandant leur
classement selon l’une des catégories
d’aires protégées reconnues à l’échelle
internationale. En effet, en se basant
sur l’état des écosystèmes naturels et
de la biodiversité qu’abritent ces SIBE,
la stratégie nationale les a subdivisés
en trois lots à savoir : SIBE de priorité
1 : dont l’aménagement, la gestion et le
classement doivent intervenir dans les
5 années qui suivent l’adoption de la
stratégie. Les SIBE de priorité 2 : sont
ceux qui doivent bénéficier d’un statut
de protection et d’intervention ainsi que
le classement dans une échéance de
8 ans et les SIBE de priorité 3 doivent
bénéficié d’une intervention de gestion
et de classement dans un délais qui ne
devrait pas dépasser les 15 ans.
Actuellement, la quasi-totalité des SIBE reste
toujours dans le stade ‘’stratégie’’. Une sorte
de stagnation de l’action sur le terrain qui ne
T
permet ni la conservation, ni la valorisation
F
de ces territoires. L’adoption de la loi 22-
07 sur les aires protégées en 2010, n’a
A
malheureusement pas permis d’entamer le
R
classement, l’aménagement et la gestion de
D
ces SIBE.
d) Des parcs nationaux en
souffrance
Mis à part les parcs nationaux de Souss
Massa et d’Ifrane, les visites des autres
parcs nationaux du Maroc montrent une
absence quasi-totale des services et des
programmes mettant en relief ces aires
protégées, notamment, les programmes de
conservation, d’écotourisme, d’éducation et
d’écodéveloppement.
Un autre constat préoccupant, vient amplifier
la faiblesse des aires protégées au niveau
national, à savoir l’absence de l’intégration
des parcs nationaux dans la planification
territoriale, voir même n’ont aucune priorité
dans les plans d’action des régions et des
collectivités territoriales. Ceci montre,
vraisemblablement, que les acteurs locaux et
régionaux ont une méconnaissance totale du
rôle des parcs et des aires protégées dans le
développement durable de leur territoire. Les
questions qui se posent, est-ce une absence
de communication et de sensibilisation ?, est-
ce une absence de concertation ? Est-ce un
conflit de compétence et d’attribution ?, dans
tous les cas, le résultat est le même : les parcs
nationaux ne jouent actuellement aucun
rôle dans la conciliation de la conservation,
le développement local et l’aménagement
du territoire. Les activités traditionnelles et
classiques d’exploitation et d’utilisation de
l’espace continuent à être exercées sans tenir
compte du concept ‘’parc national’ ni de ses
objectifs.
L’absence de structure de gestion appropriée
au niveau des parcs nationaux, à l’instar
des parcs des pays africains, européens et
américains, montre bel et bien que ces espaces
naturels ne peuvent répondre aux attentes
et aux objectifs qu’on leur a fixé, notamment
la conservation du patrimoine naturel, le
développement rural et l’aménagement
du territoire. Ce retard impose la nécessité
de revoir les aspects écologique des parcs
nationaux et d’en évaluer les objectifs
de création pour pouvoir réorienter leur
aménagement et gestion. Malheureusement
Certains parcs peuvent être déclassés et/ou
réviser leur limites, à cause de l’urbanisation.
e) Les autres catégories des aires
protégées : où on est ?
La loi 22-07 sur les aires protégées a défini
cinq catégories d’espaces naturels à protéger
à savoir : (1) parc national, (2) parc naturel, (3)
réserve biologique, (4) réserve naturelle et (5)
site naturel. En effet, même si cette loi s’est
inspirée des catégories de l’UICN, elle n’en a
retenu que deux seulement en l’occurrence
le ‘’Parc National’’ et la ‘’Réserve naturelle’’
les autres catégories sont inspirés plutôt des
7
 exemples de l’Europe de l’Ouest, surtout
T
pour les cas du ‘’parc naturel’’ et du ‘’site
F
naturel’’.
A
D’autres concepts d’espaces naturels ont
R
renforcé les catégories d’aires protégées
au niveau national sans toutefois être
D
reconnues officiellement. Il s’agit de
‘’Sites Ramsar’’, qui ne sont en principe
que des zones humides désignés par
le gouvernement pour les inscrire sur la
liste internationale de la convention de
Ramsar. Les ‘’Réserves de Biosphère’’
sont également des territoires reconnus
par l’UNESCO en tant que patrimoine
mondial de l’humanité. Au Maroc les
sites Ramsar sont au nombre de 24 et les
réserves de biosphère sont au nombre de
4. Ce sont uniquement des déclarations
qui permettent d’inscrire l’engagement du
pays à l’échelle internationale. Malgré ces
déclarations, ces sites ne bénéficient pas
d’actions sur le terrain pour les mettre en
valeur et les intégrer dans le processus
de conservation / développement tels
que souhaité. Cette situation mettra, sans
aucun doute, l’image du Maroc en filigrane
pour un engagement non honoré.
Depuis 2010, date de promulgation de la
loi nouvelle loi sur les aires protégées, et
aussi date qui constitue l’échéance de la
stratégie nationale des aires protégées,
aucun SIBE n’a été classé sous l’une des
catégories d’aires protégées et par voie
de conséquence aucun aménagement, ni
gestion n’ont été mis en place.
8
La Loi 1-15-83, de 2015 relative aux
Régions a confié également aux conseils
régionaux d’aménager et de gérer les
parcs naturels (articles 80 et 82), mais
malheureusement aucune région n’a
procédé à l’aménagement et la gestion
d’un parc naturel sur son territoire.
Pourtant, les parcs naturels sont les
territoires qui peuvent apporter une
grande valeur ajoutée aux régions à travers
le développement de l’écotourisme, du
développement rural et de l’équilibre
écologique du territoire.
Généralement, cette stagnation de la
mise en œuvre de la stratégie est liée
à des prétextes d’absence ou de retard
dans la promulgation des lois et de leurs
textes d’application. Or, ceci ne peut, en
aucun cas, entraver l’aménagement et
la gestion des espaces naturels en tant
que catégories d’aires protégées tout en
les dotant des équipements, des moyens
humains et financiers nécessaires pour la
valorisation des potentialités naturelles
et culturelles qu’ils abritent. L’aspect
institutionnel et le classement officiel
des aires protégées peuvent être le
couronnement de la mise en œuvre de la
stratégie nationale et non l’inverse.
b) Vision stratégique non
accomplie
T
F
Malheureusement, la traduction de cette
A
stratégie sur le terrain n’a pas été à la
R
hauteur des intentions affichées. Déjà, la
procédure de création des parcs nationaux
D
n’est intervenue qu’en octobre 2002 et
n’a concerné que les parcs nationaux d’Al
Hoceima, de Talassemtane, d’Ifrane et du
Haut Atlas Oriental et l’extension du Parc
national de Tazekka. Ces parcs nationaux ont
eu leurs décrets de création en octobre 2004.
Deux autres parcs nationaux ont été créés en
2006 et 2008, qui sont respectivement le
parc national de Khenifiss et le Parc national
de Khénifra.
La loi fixant les catégories et les nouveaux
modèles de management n’a été promulguée
qu’en 2010 sans toutefois disposer de
textes d’application à nos jours et par voie
de conséquence le réseau des SIBE n’a pas
été mis en œuvre.
c) Des SIBE en instance : est-il
déjà trop tard ?
La stratégie nationale sur les aires protégées
du Maroc a identifié le réseau des SIBE tout
en recommandant leur classement selon l’une
des catégories d’aires protégées reconnues
à l’échelle internationale. En effet, en se
basant sur l’état des écosystèmes naturels
et de la biodiversité qu’abritent ces SIBE,
la stratégie nationale les a subdivisés en
trois lots à savoir : SIBE de priorité 1 : dont
l’aménagement, la gestion et le classement
doivent intervenir dans les 5 années qui
suivent l’adoption de la stratégie. Les SIBE de
priorité 2 : sont ceux qui doivent bénéficier
d’un statut de protection et d’intervention
ainsi que le classement dans une échéance
de 8 ans et les SIBE de priorité 3 doivent
bénéficié d’une intervention de gestion et
de classement dans un délais qui ne devrait
pas dépasser les 15 ans.
Actuellement, la quasi-totalité des SIBE
reste toujours dans le stade ‘’stratégie’’.
Une sorte de stagnation de l’action sur le
terrain qui ne permet ni la conservation, ni la
valorisation de ces territoires. L’adoption de
la loi 22-07 sur les aires protégées en 2010,
n’a malheureusement pas permis d’entamer
le classement, l’aménagement et la gestion
de ces SIBE.
d) Des parcs nationaux en
souffrance
Mis à part les parcs nationaux de Souss
Massa et d’Ifrane, les visites des autres
parcs nationaux du Maroc montrent une
absence quasi-totale des services et des
programmes mettant en relief ces aires
protégées, notamment, les programmes de
conservation, d’écotourisme, d’éducation et
d’écodéveloppement.
Un autre constat préoccupant, vient amplifier
la faiblesse des aires protégées au niveau
national, à savoir l’absence de l’intégration
des parcs nationaux dans la planification
territoriale, voir même n’ont aucune priorité
dans les plans d’action des régions et des
collectivités territoriales. Ceci montre,
vraisemblablement, que les acteurs locaux et
régionaux ont une méconnaissance totale du
rôle des parcs et des aires protégées dans le
développement durable de leur territoire. Les
questions qui se posent, est-ce une absence
de communication et de sensibilisation ?,
est-ce une absence de concertation ? Est-ce
un conflit de compétence et d’attribution ?,
dans tous les cas, le résultat est le même : les
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parcs nationaux ne jouent actuellement aucun
F
rôle dans la conciliation de la conservation,
le développement local et l’aménagement
A
du territoire. Les activités traditionnelles et
R
classiques d’exploitation et d’utilisation de
D
l’espace continuent à être exercées sans tenir
compte du concept ‘’parc national’ ni de ses
objectifs.
L’absence de structure de gestion appropriée
au niveau des parcs nationaux, à l’instar
des parcs des pays africains, européens et
américains, montre bel et bien que ces espaces
naturels ne peuvent répondre aux attentes
et aux objectifs qu’on leur a fixé, notamment
la conservation du patrimoine naturel, le
développement rural et l’aménagement du
territoire. Ce retard impose la nécessité
de revoir les aspects écologique des parcs
nationaux et d’en évaluer les objectifs
de création pour pouvoir réorienter leur
aménagement et gestion. Malheureusement
Certains parcs peuvent être déclassés et/ou
réviser leur limites, à cause de l’urbanisation.
e) Les autres catégories des aires
protégées : où on est ?
La loi 22-07 sur les aires protégées a défini
cinq catégories d’espaces naturels à protéger
à savoir : (1) parc national, (2) parc naturel,
(3) réserve biologique, (4) réserve naturelle
et (5) site naturel. En effet, même si cette
loi s’est inspirée des catégories de l’UICN,
elle n’en a retenu que deux seulement en
l’occurrence le ‘’Parc National’’ et la ‘’Réserve
naturelle’’ les autres catégories sont inspirés
plutôt des exemples de l’Europe de l’Ouest,
surtout pour les cas du ‘’parc naturel’’ et du
‘’site naturel’’.
D’autres concepts d’espaces naturels ont
renforcé les catégories d’aires protégées au
niveau national sans toutefois être reconnues
officiellement. Il s’agit de ‘’Sites Ramsar’’,
qui ne sont en principe que des zones
humides désignés par le gouvernement pour
les inscrire sur la liste internationale de la
convention de Ramsar. Les ‘’Réserves de
Biosphère’’ sont également des territoires
reconnus par l’UNESCO en tant que
patrimoine mondial de l’humanité. Au Maroc
10
les sites Ramsar sont au nombre de 24 et
les réserves de biosphère sont au nombre
de 4. Ce sont uniquement des déclarations
qui permettent d’inscrire l’engagement du
pays à l’échelle internationale. Malgré ces
déclarations, ces sites ne bénéficient pas
d’actions sur le terrain pour les mettre en
valeur et les intégrer dans le processus de
conservation / développement tels que
souhaité. Cette situation mettra, sans aucun
doute, l’image du Maroc en filigrane pour
un engagement non honoré.
Depuis 2010, date de promulgation de la
loi nouvelle loi sur les aires protégées, et
aussi date qui constitue l’échéance de la
stratégie nationale des aires protégées,
aucun SIBE n’a été classé sous l’une des
catégories d’aires protégées et par voie
de conséquence aucun aménagement, ni
gestion n’ont été mis en place.
La Loi 1-15-83, de 2015 relative aux Régions
a confié également aux conseils régionaux
d’aménager et de gérer les parcs naturels
(articles 80 et 82), mais malheureusement
aucune région n’a procédé à l’aménagement
et la gestion d’un parc naturel sur son
territoire. Pourtant, les parcs naturels
sont les territoires qui peuvent apporter
une grande valeur ajoutée aux régions à
travers le développement de l’écotourisme,
du développement rural et de l’équilibre
écologique du territoire.
Généralement, cette stagnation de la mise
en œuvre de la stratégie est liée à des
prétextes d’absence ou de retard dans la
promulgation des lois et de leurs textes
d’application. Or, ceci ne peut, en aucun
cas, entraver l’aménagement et la gestion
des espaces naturels en tant que catégories
d’aires protégées tout en les dotant des
équipements, des moyens humains et
financiers nécessaires pour la valorisation
des potentialités naturelles et culturelles
qu’ils abritent. L’aspect institutionnel et
le classement officiel des aires protégées
peuvent être le couronnement de la mise
en œuvre de la stratégie nationale et non
l’inverse.
 R A F T
D
4 Perspective
d’avenir

La place du Maroc au niveau méditerranéen en termes de biodiversité, la cadence

de dégradation des espaces naturels, les exigences socioéconomiques pour le
développement rural ainsi que les défis liés aux effets des changements climatiques
imposent un plan d’urgence pour rattraper le temps perdu et conserver ce qui reste
du patrimoine naturel du Maroc. Pour ceci, il est impératif de se dissocier de la gestion
classique et d’oser une nouvelle gouvernance capable de faire des aires protégées un
levier de développement durable.

11
 A F T
L’expérience des associations marocaines,

R
durant ces deux dernières décennies, en
7- Renforcer et encourager la recherche
scientifique, le renforcement des capacités

D
matière de promotion des aires protégées des gestionnaires et le développement des
permet d’émettre les recommandations partenariats nationaux et internationaux
suivantes : tout en impliquant les universités nationales
1- Définir un nouveau mode institutionnel et les instituts de recherches scientifiques
‘’révolutionnaire’’ pour la création, et techniques;
l’aménagement et la gestion des aires 8- Former et recruter les ingénieurs et
protégées au Maroc, tout en actualisant le les hauts cadres techniques spécialisés
réseau des SIBE ; moyennant des conventions avec les grandes
2- Entamer la création des différentes institutions internationales spécialisées.
catégories d’aires protégées pour couvrir 9- Faire des populations riveraines les
l’ensemble des écosystèmes représentatifs acteurs potentiels de promotion des
de la biodiversité nationale et honorer les produits et des labels écologiques des aires
engagements internationales en termes de protégées.
conservation et valorisation de la nature. 10- Créer un fonds spécifiques aux aires
3- Mettre en garde les Conseils Régionaux protégées
pour la création et l’investissement dans
l’aménagement et la gestion des parcs
naturels conformément à leur attributions
législatives et éviter toute convoitise
guettant les sites fragiles ;
4- Créer une structure institutionnelle
autonome, de type ‘’ Agence/Office
National des Aires Protégées et de
l’Ecotourisme ’’, dont la mission principale
est de faire des parcs nationaux et les
aires protégées du Maroc les meilleures
destinations africaines de l’écotourisme ;
5- Inciter le gouvernement à impliquer les
ONG à gérer les aires protégées à vocation
éducative et pédagogique dans le cadre de
la ‘’gestion déléguée’’ et en y mettant les
budgets nécessaires au fonctionnement
des structures d’accueil, des centres
d’information et des écomusées.
6- Faire des aires protégées une priorité
régionale pour l’aménagement du territoire
et le développement local.

12
 R A F T
D

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