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Cours 2 : Les défis à relever

Quels défis la France doit-elle relever pour étoffer sa puissance maritime ?

I) S’affirmer face à la concurrence internationale

Etendre son plateau continental : le projet Extraplac1. La France cherche à étendre son domaine maritime. En
juin 2020, la Commission des limites du plateau continental (ONU) a donné son accord à l’extension du domaine
maritime français au large de la Réunion (58 121 km² supplémentaires) et au large des îles de Saint Paul et
Amsterdam (93 202 km²), soit un total de 151 323 km², l’équivalent des régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine
réunies. Le plateau continental de la France va donc être porté à 730 000 km²2 qui s’ajoutent aux 10,2 M de km² de
ZEE. Les finalités de cette extension sont (doc 5 p. 71) :

Défendre sa souveraineté territoriale : le cas de l’île Tromelin (diapo n°22). La propriété de terres ultramarine
suscite la convoitise ou l’hostilité de pays tiers. Un traité de gestion conjointe de l’île française de Tromelin 3, dans
l’océan Indien, signé avec l’Ile Maurice en juin 2010, puis ratifié en janvier 2017, a été annulé en 2018 suite à une
pétition menée par des députés français. Celle-ci dénonçait la perte de 280 000 km² et le risque d’ouvrir la porte aux
revendications d’autres pays sur d’autres îles françaises : territoire des Terres australes, île de la Passion au large du
Mexique.
Développer la compétitivité de ses ports (dossier p. 84).

II) Développer la « croissance bleue »

Promouvoir les énergies marines renouvelables (EMR). La France dispose d’un potentiel physique intéressant en
matière d’énergies marines renouvelables (diapo n°26) :

Cependant elle accuse un retard vertigineux sur ses voisins européens dans l’utilisation des EMR. En 2019, elle ne
dispose d’aucun parc éolien alors que le Royaume-Uni en détient 39 et l’Allemagne 25. Les raisons de cette lacune
tiennent aux techniques d’implantation complexes (forage, prise en compte de la houle, des marées, etc.), aux
financements de recherche polarisés en France par le pétrole et l’énergie nucléaire et, enfin, aux contestations que
suscitent ces infrastructures énergétiques (riverains, pêcheurs, associations écologistes, etc.). Plusieurs parcs éoliens
sont cependant en cours de développement : en septembre 2020, au port de la Turballe, a démarré la construction
de la future base de maintenance du parc éolien en mer de Saint-Nazaire (80 éoliennes à plus de 12 km des côtes)
qui devrait, à compter de 2022, fournir l’équivalent de 20 % de la consommation d’électricité de la Loire-Atlantique.

1
Pour élaborer les demandes d’extension du plateau continental, la France a mis en place en 2002 un programme national
dédié : EXTRAPLAC (EXTension RAisonnée du PLAteau Continental). Les dossiers de demande sont ensuite déposés auprès de la
Commission des Limites du Plateau Continental (CLPC), commission spécifique des Nations Unies.
2
En 2015, quatre décrets avaient déjà formalisé une première extension de 579.000 km 2 du plateau continental français au large
de la Martinique, des Antilles, de la Guyane, de la Nouvelle-Calédonie et des îles Kerguelen.
3
Banc de sable de 1,5 km de long sur 0,7 km de large qui accueille des missions scientifiques ou météorologiques.
Soutenir durablement l’économie maritime et littorale. Les pôles de compétitivité maritimes ont vocation à
mener des projets innovants et à accompagner le développement des entreprises. Labellisé pôle de compétitivité à
vocation mondiale en 2005, le Pôle Mer Méditerranée (diapo n°28) fédère et accompagne des startups, PME, grands
groupes, organisme de recherche et de formation en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Corse.
Créer des clusters maritimes. La France favorise la création de clusters maritimes qui fédèrent recherches
scientifiques, nouvelles technologies et industries. Au niveau national, le Cluster Maritime Français (CMF, 2006) est
une association regroupant entreprises et fédérations professionnelles du monde maritime en France chargées de
promouvoir le rayonnement de l’économie maritime et les initiatives innovantes à vocation maritime. A l’échelle
locale, les initiatives se développent : le cluster Surf Valley associe sur la côte Aquitaine, FTN spécialisées dans
l’équipement et le vêtement sportif (Quicksilver, Rip Curl), laboratoires et R&D, centres d’enseignement (école de
surf).

III) Promouvoir un soft power environnemental

Aménager et protéger ses littoraux. Les effets du changement climatique (montée du niveau de la mer), la forte
démographie de la frange littorale (10 % de la population) et son dynamisme économique nécessitent de repenser
l’organisation des zones côtières pour un aménagement durable des territoires littoraux. Parmi les mesures prises,
notons celle du Conservatoire du littoral (1975) qui acquiert en moyenne 3 000 ha par an pour restaurer et préserver
les sites naturels d’intérêts écologiques : depuis 2017, l’acquisition des marais du narbonnais consiste à lutter contre
la cabanisation et à œuvrer à la restauration paysagère (diapo n°30).
Renforcer le niveau de protection des Aires Marines Protégées (AMP). La France est un pays leader en termes
de protection des espaces maritimes : en 2019, le réseau des aires marines protégées (AMP) regroupe 546 sites en
métropole et outre-mer, pour une superficie de 2,4 M de km², soit 23,5 % de l’espace maritime français. Le parc
naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie, créé en 2014 couvre une superficie de 1,3 M de km², soit 53,4 %
de la superficie totale du réseau des AMP. Cependant, ces AMP ne bénéficient pas d’un niveau de protection élevé :
le parc néo-calédonien ne règlemente ni la pêche, ni l’extraction de minerai, ni les gros bâtiments de croisière.
L’objectif de la France est de classer en AMP 30 % de l’espace maritime dont 10 % en protection forte (Actes du
colloque national des aires marines protégées de Biarritz de 2019). Le classement des TAAF au patrimoine de
l’Unesco en 2019 (dossier p. 86-87) permettra de

S’affirmer en leader environnemental. Les enjeux environnementaux sont l’occasion pour la France d’affirmer
son influence mondiale sur la gestion durable et raisonnée des océans. Elle participe à des programmes scientifiques
qui étudient la préservation de la biodiversité marine. Le gouvernement français est associé à la fondation Tara
Océan (diapo n°32) qui mène depuis 2006 des expéditions scientifiques sur tou.te.s les mers et océans du globe : le
12 décembre 2020, la goélette Tara s’est élancée de Lorient pour entamer une expédition scientifique de deux ans
dans l’Atlantique Sud, le long des côtes sud-américaines et africaines, jusqu’en Antarctique.

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