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THEMATIQUE 2
Didactique et méthodologie
MODULE 2
Principes méthodologiques du
perfectionnement et de
l'entraînement sportif
Cours généraux de la formation « Moniteur Sportif Educateur »
Thématique 2 : Didactique et méthodologie
⇒ RESUME :
La majorité des facteurs déterminants de la performance sportive peuvent être développés et
perfectionnés ; ils peuvent aussi être « entraînés ». Ces facteurs ont été identifiés dans le module
CG2_Th3_Mod1_Définition des facteurs de la performance sportive.
Le sujet abordé dans ce module « Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement
sportif » vise à apporter aux « moniteurs sportifs » en général, et aux « moniteurs sportifs éducateurs » en
particulier, un guide d’actions qui leur permettra d’intervenir sur ces différents facteurs en respectant les
principes clés de planification et de programmation, tant pour le perfectionnement et la consolidation
des apprentissages que pour l'entraînement à proprement parler. Des conseils en matière de
planification des activités allant de la mise en place d’une séance à l’agencement de celle-ci sur une
période beaucoup plus longue sont présentés pour augmenter les chances d'encadrer efficacement un
individu ou un groupe de sportifs.
Ce module fait tout naturellement suite au module CG1_Th2_Mod2_Ma séance, mon intervention abordé
au niveau Moniteur Sportif Initiateur.
Au terme de cette unité de formation, le candidat « moniteur sportif éducateur » devrait donc être
capable de maîtriser des connaissances élémentaires pour que son intervention soit organisée et
planifiée de façon optimale en vue d’atteindre des objectifs fixés. Le candidat appréhendera des
principes et orientations méthodologiques de base de la planification et de la programmation.
Pour le MSEd, la fonction de terrain dépasse le fait d'animer des activités d'initiation de la
discipline sportive considérée, comme tel était le cas dans la fonction du Moniteur Sportif
Initiateur (MSI). Dans le cadre de son intervention, le MSEd aura la charge de sportifs ayant
l’envie de s'investir davantage dans la discipline et souhaitant éventuellement prendre part à
des compétitions. Les groupes auxquels le MSEd sera confronté verront leur nombre d'heures
de pratique augmenter sur la semaine laissant davantage de temps pour la répétition et la
consolidation des acquis d'apprentissage. Ce temps de travail doit cependant être organisé et
planifié de la manière optimale de façon à atteindre les objectifs fixés par l’ensemble des
protagonistes (moniteurs sportifs, comité sportif, athlètes/joueurs, parents,…).
Qui sont les athlètes, les sportifs dans le cadre de la fonction de MSEd ?
Dans le cadre de sa fonction, le MSEd a en charge des sportifs souhaitant pratiquer de manière
plus intensive une discipline sportive et, pourquoi pas, s’essayer à une forme compétitive.
L’objectif n’est donc plus, pour le moniteur, d’animer des séances mais bien d’offrir aux sportifs
l’opportunité d’acquérir et de consolider les bases sportives liées à la performance pour
l’atteinte, éventuellement par la suite, de son plus haut niveau.
Avant d'aller plus loin, prenons le temps de définir les notions suivantes : "Apprentissage
moteur", "Entraînement sportif" et "Performance". Ces notions, mêmes si elles semblent liées,
présentent des significations et implications très différentes pour les sportifs et leurs moniteurs.
En croisant les différentes notions abordées dans d’autres modules traitant de l’apprentissage
moteur, il est à retenir que :
Exemples :
- Coraline a réussi, lors de 2 tests proposés à deux semaines d’intervalle, 8x/10 la roue sur la
poutre. Ces résultats témoignent de sa maîtrise de l’habileté ;
- Au cours des semaines précédentes, Nicolas éprouvait des difficultés dans la réalisation du tir en
appui en handball. Au cours des trois dernières rencontres, il a marqué 4 buts/5 de cette
manière. Son moniteur peut donc considérer que cette habileté est désormais en bonne voie
d’acquisition ;
- Après une semaine de travail sur le thème du revers en tennis de table, Sacha a toujours
beaucoup de mal à ne pas commettre de fautes directes en match. Son moniteur a donc décidé
d’adapter et d’individualiser ses méthodes d’apprentissage de façon à aider Sacha dans
l’acquisition de cette habileté de base ; ...
Dans le langage courant, la notion d’entraînement s’emploie dans les domaines les plus divers et
désigne le plus souvent un processus qui vise à atteindre un niveau plus ou moins élevé par
l’exercice physique. (Weineck, 1997).
1
Pour rappel, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et aussi CG2_Th3_Mod4_
«Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
- Selon Matveiev (in Goussard, J.P., 1999)2, « L'entraînement concerne tout ce qui comprend la
préparation physique, technico-tactique, intellectuelle et morale à l'aide d'exercices
physiques ». (p.2)
- Selon Platonov, « L'entraînement sportif comprend l'ensemble des tâches qui assurent une
bonne santé, une éducation, un développement du physique harmonieux, une maîtrise
technique et tactique et un haut niveau de l'amélioration des qualités spécifiques. C'est le
reflet d'une adaptation biologique générale de l'organisme. On distinguera l'entraînement
générale qui améliore les possibilités fonctionnelles générales de l'entraînement spécifique
qui permet un perfectionnement dans un domaine spécifique. » (p.2)
- Selon Monneret (in Goussard, J.-P., 1999), « L'entraînement est l'ensemble méthodique
d'exercices généraux, spécifiques, collectifs ou individuels ainsi que de règles de vie
destinées à amener l'athlète à son rendement maximum pour la compétition dans une
discipline sportive. » (p.3)
- Selon Trilles (in Goussard, J.-P., 1999), « L'entraînement est un long processus dont le but est
le perfectionnement des paramètres utiles en référence à la pratique sportive considérée. »
(p.3)
A retenir :
2
http://www.qpratools.com/sport/staps_performance/PlanifEntraiPerf.pdf, page visitée le 10/07/2013
Certainement pas ! Comme souligné dans le tableau 2, ces notions sont étroitement liées.
Il faudra distinguer (voir les questions suivantes) des entraînements avec des objectifs
différents, comme par exemple de prévention 4, de récupération, de « réathlétisation », de
développement/de renforcement, de préparation générale, de préparation spécifique,
d’affûtage, …
En suivant la figure 1, il est clairement indiqué que pour qu’il y ait développement, renforcement,
optimalisation, … il faut que l’apprentissage soit avant tout acquis et consolidé.
3
Pour rappel, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et aussi CG2_Th3_Mod4_
«Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
4
Voir CG2_Th4_Mod2_ « Prévention des blessures du geste sportif »
L’apprentissage non formel est un apprentissage intégré dans des activités planifiées qui ne
sont pas toujours explicitement désignées comme activités d’apprentissage (en termes
d’objectifs, de temps ou de ressources), mais comportent un important élément
d’apprentissage. L’apprentissage non formel est intentionnel de la part de l’apprenant.
L’apprentissage informel est un apprentissage découlant des activités de la vie quotidienne liées
au travail, à la famille ou aux loisirs. Il n’est ni organisé ni structuré (en termes d’objectifs, de
temps ou de ressources). L’apprentissage informel possède la plupart du temps un caractère
non intentionnel de la part de l’apprenant. Il relève de la pratique, des diverses expériences, de
multiples sollicitations dont un sportif est sujet.
APPRENDRE / LEARN
(découvrir, acquérir, fixer, consolider, maîtriser, perfectionner, adapter, diversifier, créer, …)
S’ENTRAINER / TRAIN
(reproduire, systématiser, développer, renforcer, optimaliser, …)
PERFORMER / PERFORM
(accomplir, réaliser à un moment donné)
Les composantes de la performance sportive ont été détaillées dans le module CG2_Th3_Mod1_
« Définition des facteurs de la performance sportive » :
5
Voir CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », plus particulièrement les Tableau 2 : Les
comportements moteurs fondamentaux (Paoletti, 1999) et Tableau 3 : Répertoire des fondements du mouvement et
des habiletés motrices (DLTA, 2005)
Selon Platonov : « La performance sportive exprime les possibilités maximales d'un individu dans
une discipline à un moment donné de son développement ».
Selon Trilles : « La performance est l'aboutissement, le point final (ou intermédiaire) d'une série
8
d'actions appelées préparation sportive . Elle constitue l'objectif d'un long processus
d'entraînement. La performance est à la fois multifactorielle et systématique (développement
harmonieux de tous les facteurs) : multifactorielle car elle dépend de l'optimisation au cours de
l'entraînement de chacun des paramètres qui concourent au résultat final ; systématique car les
différents facteurs, loin d'être isolés, sont unis par des interactions réciproques. Agir sur l'un n'est
pas sans conséquence pour les autres ».
6
Voir CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
7
Voir CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
8
Préparation sportive = apprentissage + entraînement
Au fur et à mesure que se développe la pratique, les performances deviennent moins variables
d’un essai à l’autre, d’un jour à l’autre, etc. Ces performances, plus élevées et plus stables
doivent être durables.
Exemples :
- La performance d’un athlète en saut en longueur lors d’un test organisé en club ;
- Le temps réalisé par un cavalier lors de sa première compétition saisonnière en saut
d’obstacles ; le nombre de points marqués par un volleyeur lors de la rencontre du week-end ;
- Le nombre de fois qu’un tireur à l’arc à atteint la cible à une distance déterminée lors d’un test
organisé par le moniteur ;
- …
9
Voir aussi CG2_Th2_Mod1_ « Introduction à l'évaluation des facteurs de performance »
10
Voir par ailleurs CG3_Th2_ « Planifier et évaluer des compétitions »
Trois mécanismes entrent en jeu dans l'adaptation de l'organisme face à un stimulus perçu
comme « stress » (une situation d’entraînement, dans le sens du renforcement/du
développement d’une qualité en est un exemple) : le syndrome général d’adaptation, les
adaptations aigües et les adaptations chroniques.
Le syndrome général d’adaptation est une réponse non spécifique à un stimulus. C'est à dire que
tout l'organisme s'adapte à la perturbation qui lui est apportée (adaptation physiologique :
hausse de la fréquence cardiaque, transpiration, …). Certaines adaptations sont plus spécifiques
que d'autres selon l'organe ou le système plus particulièrement impliqué dans le stimulus. A ce
sujet, nous pouvons distinguer les adaptations aigües, des adaptations chroniques.
Exemple : Lors d'une marche rapide, le travail mécanique va déclencher une cascade de réactions
internes (déplétion de substrats énergétiques, production de chaleur, altération du pH sanguin et
des pressions osmotiques, ...).
A l'aide des différents systèmes de l’organisme, le corps parvient à déclencher des mécanismes
qui vont palier aux effets potentiellement négatifs d'une augmentation du travail interne.
Exemple : La sudation est un de ces mécanismes qui permettra de maintenir relativement constante
la température de l'organisme dont une augmentation trop importante peut s'avérer fatale ...
Dans le cas des adaptations chroniques, la répétition des épisodes d'adaptations aigües permet
de provoquer le rehaussement fonctionnel des systèmes organiques en vue d'une meilleure
réponse face à un nouveau stimulus. C'est ici qu'intervient un principe important de
l’entraînement : le principe de « (sur-)charge ».
Pour qu'il y ait adaptation chronique, la charge doit dépasser un seuil d'adaptation 12. Dans le
cadre de l’adaptation physiologique, si ce seuil est atteint, la période de régénération
physiologique produira un rehaussement fonctionnel des capacités de l'organisme par une
réorganisation biologique : l'adaptation chronique.
13
Exemple : L’enchaînement d’entraînements de haute intensité et de périodes de récupérations
adaptées entraînera, entre autres d’un point de vue physiologiques, la modification de la
consommation d'oxygène à l'effort de même intensité.
11
L'homéostasie est un état d'équilibre dynamique ( ≠ état statique) dans lequel les conditions internes de
l'organisme varient, mais dans des limites relativement étroites. Si le système n'est pas perturber par un stimulus
perçu comme stress par l'organisme, le système reste dans des conditions similaires.
12
Voir aussi CG2_Th3_Mod2_ « La "machine humaine" à l'effort », mais aussi CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et
contenus en fonction de l’âge » et aussi CG2_Th 3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la
performance sportive » et encore CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
13
Induisant eux-mêmes des adaptations aigües. (Voir CG3)
Il en va de même pour des variations de sollicitations qui entraîneraient des adaptations neuro-
motrices.
14
Stade autonome de l’apprentissage, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », p.10
Une des difficultés du moniteur est de choisir adéquatement les situations, les tâches à proposer
aux sportifs et ce, dans le but d’un développement optimal de chacun des participants. Comme
le montre la figure 3, le choix des activités à mettre en place dépend essentiellement de trois
facteurs :
1) la discipline sportive considérée 15,
Le choix des méthodes et l’organisation dans le temps en fonction de ces 3 facteurs définis
amènera le moniteur sportif à envisager, à élaborer, à concevoir une planification, une
programmation. (voir les questions ci-après)
15
Voir aussi CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
16
Pour rappel voir CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et plus particulièrement le
Tableau 5 : Synthèse des éléments à considérer dans l’apprentissage moteur en fonction de l’âge, et aussi
CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
Cette notion est fondamentale : c’est la raison pour laquelle elle est une nouvelle fois présentée et
reprécisée à ce niveau de formation !
17
Voir CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
Pour aider le moniteur dans sa tâche, soulignons que certains stades d’apprentissage sont
prévisibles et communs à la majorité des sportifs (tableau 5). Le temps et la quantité de pratique
pour passer d’une étape à l’autre varient en fonction des athlètes. Précisons également qu’avant
d’atteindre le stade de « perfectionnement » pour une habileté donnée, le travail s’échelonne
sur plusieurs mois voire plusieurs années.
Dans le cadre de la fonction du Moniteur Sportif Educateur, rappelons que l’objectif est
l’acquisition, la consolidation et le perfectionnement des gestes fondamentaux, dans des
situations variées et des conditions différentes de pratique. La première partie du tableau offre
des indications au moniteur, via des éléments clés à observer, dans le but de déterminer le stade
de développement des sportifs. La deuxième partie expose les besoins des sportifs au stade
correspondant. Au vu des populations dont il a la charge, le MSEd doit aussi tenter d’organiser la
pratique pour leur offrir un nombre de répétitions relativement élevé et diversifié.
Variation
Initiation Acquisition Consolidation Perfectionnement
créative
Selon Weineck (1997), lorsqu’un sportif s’engage dans un entraînement technique, le but n’est
autre que de se rapprocher de la représentation idéale de l’habileté. La première démarche
consiste donc à établir cette image la plus précise et la plus compréhensible possible, grâce à
des outils d’évaluation et d’analyse du mouvement par exemple.
Dans chacune des formations spécifiques, des informations seront communiquées au candidat
moniteur sportif éducateur sur l'image idéale des habiletés principales à acquérir ainsi que sur la
décomposition et les critères de réalisation de celles-ci.
Avant cela, d’une manière générale, le tableau 6 propose une vision précise des quatre phases
d’apprentissage du développement technique des sportifs que tout moniteur sportif devrait
toujours gardé à l’esprit.
3. Lorsque le staff et les sportifs envisagent une participation précoce à des compétitions
(exemple des sports à maturité précoce comme la gymnastique, le patinage,…),
l’apprentissage « grossier » de la technique doit être combinée à avec des éléments de
technique plus fins.
5. Pour assurer le maintien de la motivation des sportifs, le moniteur sportif tire avantage à
découper l’apprentissage technique en objectifs intermédiaires opérationnels plus ciblés
à atteindre.
Comment envisager l’entraînement technique avec des enfants et des adolescents ?18
En fonction de l’âge des sportifs dont il a la charge, le moniteur devrait adapter les
entraînements à composante « technique » (Weineck, 1997).
A l’âge préscolaire, le moniteur doit avant tout viser le développement global d’habiletés
motrices plutôt que de s’attaquer au développement de techniques particulières. Les enfants de
cette tranche d’âge vont se construire un répertoire moteur grâce à l’imitation et
l’expérimentation. La réflexion sur la pratique n’est que très peu prisée à ce stade.
Au 1er âge scolaire, le moniteur doit profiter des capacités d’apprentissage des sportifs afin
d’élargir leur répertoire moteur. Dans les disciplines à maturité précoce (telles que la
gymnastique, le patinage artistique, la natation…), les performances réalisées à cette âge
peuvent déjà se révéler déjà très impressionnantes. Dans les autres cas, l’entraînement doit être
adapté et orienté vers une forme de développement général de la technique.
18
Pour rappel, voir aussi CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge »
L’entraînement technique pendant la puberté est très souvent perturbée par la croissance
rapide des extrémités et du tronc. Le moniteur a donc tout intérêt à se concentrer davantage
sur la consolidation des éléments acquis. En effet, la programmation de nouvelles techniques
risque d’entraîner un découragement lié à un taux d’échec important.
Enfin, au cours de l’adolescence, des techniques plus complexes peuvent être acquises. A ce
stade, les sportifs ont normalement développé des qualités d’observation et de coordination
leur permettant d’aborder des notions d’un niveau de difficulté supérieur.
La performance, qu’elle soit réalisée par un sportif amateur débutant l'entraînement régulier ou
par un sportif professionnel, est intimement liée à une organisation de l'entraînement sur une
longue durée. Cette planification à longue échéance sera elle-même « découpée » /
« périodisée » à moyenne et à courte durée, avec des objectifs à moyen et court terme.
La planification des athlètes qui débutent l'entraînement régulier doit, dans un premier temps,
être centrée sur le développement des qualités sportives générales. Les qualités sportives
Exemples : Apprendre à un joueur à courir avant de courir ballon au pied au football ; apprendre à
un nageur à flotter avant de plonger ; apprendre à un athlète à courir avant de franchir des haies ;
…
Avant toute chose, comme il l’a déjà été mentionné, il importe donc pour le moniteur sportif
d’identifier les facteurs de la performance propres à la discipline et de définir les axes
d’entraînement prioritaires en fonction du contexte spécifique qu’il rencontre. La planification
permet ainsi aux acteurs d’avoir une vision des activités dans le temps et de les adapter en
fonction des paramètres rencontrés et mesurés au fur et à mesure.
Planifier consiste à programmer les séquences d’entraînement, sur une période déterminée, en
fonction des objectifs / des compétitions mais également en fonction de paramètres extérieurs
hautement individuels tels que l’état de fatigue des sportifs, une période plus intense au travail
ou à l’école, des problèmes familiaux, un problème médical, …qui constituent la réalité de
terrain.
Il est désormais bien établi que pour évoluer, les sportifs ont besoin d’accumuler des heures de
pratique, un certain volume d’entraînement (optimal et non maximal !)
Comme souligné précédemment, la performance quelle qu’elle soit (celle réalisée par le sportif
amateur débutant l'entraînement régulier ou celle du sportif professionnel), est intimement liée
à une organisation rationnelle de l'entraînement envisagée sur une longue durée.
La performance est également dépendante des facteurs qui la définissent, dont l'étude
approfondie, propre à chaque discipline et à chaque athlète, permet d'aboutir à un plan
d'entraînement équilibré et spécifique aux besoins de cet(te) athlète.
Notons déjà que la forme optimale ne peut être maintenue pendant toute une saison. Les
sportifs vont rencontrer, quoi qu’il arrive, des périodes de forme optimale entrecoupées de
périodes plus difficiles où les performances n’atteignent plus les « records » obtenus
Le but d'un plan d'entraînement est donc de mettre en place une structure avec des éléments
qui sont ordonnés de manière à assurer le développement des individus. Les compétitions
restant, au niveau de compétences du moniteur sportif éducateur, un élément de motivation,
une « carotte » pour les sportifs, et certainement pas une fin en soi. La planification des sportifs
qui débutent l'entraînement régulier doit, dans un premier temps, être centrée sur le
développement complet / le perfectionnement des qualités sportives tant générales que
spécifiques.
Lors de la planification, pourquoi est-il important d’avoir une vision à long terme ?
Assurer le goût du sport à long terme devrait être l’objectif ultime de tout moniteur sportif. Ceci
implique de réfléchir à l’évolution des contenus des séances, des méthodes et des stratégies
utilisables depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte et, toujours en tenant compte des différentes
périodes de développement afin de ne pas brûler les étapes. En sports, fréquents sont les
exemples de jeunes talents prometteurs d’une carrière sportive de haut niveau qui ont
finalement dû se contenter de résultats moyens voire qui ont abandonné la discipline de
manière précoce.
Avant de répondre directement à cette question, envisageons ce qui avait déjà été énoncé au
niveau Moniteur Sportif Initiateur dans le module CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance / mon
intervention ».
Sur base de l’évaluation régulière des sportifs, il convient de déterminer si ces derniers
maîtrisent les bases de la discipline.
En effet, sans l’acquisition de savoir-faire fondamentaux, les éléments plus complexes ne
peuvent être développés (ex. : apprendre à courir avant de pratiquer le saut en longueur ;
apprendre à réaliser une roue au sol avant de travailler la rondade en gymnastique ; apprendre à
s'équilibrer dans un bateau avant de hisser la voile ;…). En premier lieu, l’initiateur sportif doit
porter son attention sur les objectifs prioritaires, sur ce qui est absolument nécessaire avant
d'aller plus loin.
En outre, il serait judicieux que les objectifs soient partagés par l’ensemble des acteurs (les
initiateurs sportifs, les sportifs et toute personne en lien direct avec la pratique). Il importe en
effet que chacun soit bien conscient de ce qui est recherché lors de la pratique.
Vérifier qu’un objectif est atteint permet de renforcer la motivation du sportif et de contrôler
l’efficacité du processus d’apprentissage. Des tests et des évaluations devraient être
programmés de manière régulière afin de vérifier le niveau d’atteinte des objectifs et,
éventuellement, d'ajuster les séances suivantes.
Par ailleurs, en fonction de la spécificité des pratiquants, certains objectifs peuvent être
identiques pour tout un groupe mais d’autres peuvent être individualisés (ex. : l’objectif pour
cette équipe de jeunes rugbymen est d’améliorer la relation passeur-réceptionneur mais, pour
Lucas, nous travaillerons plus particulièrement la prise de ballon en mouvement).
L'individualisation permet également d'augmenter la motivation des pratiquants et de marquer
l'intérêt de l'intervenant pour le développement de tout un chacun.
(1) À court terme. Il s’agit des objectifs à atteindre lors d’une activité donnée (ex. : l’objectif
des trois prochaines séances est de limiter le phénomène de grappe autour du ballon ;
l’objectif de la séance est de réaliser le revers en respectant la prise de raquette correcte).
(2) À moyen terme. Dans ce cas, les progrès doivent être constatés après une période de
trois à six mois (ex. : dans trois mois, les nageurs doivent être capables de réaliser 100m
sans s'arrêter ; dans 5 mois, l’objectif est de mettre en place le nouveau système de défense
en volley-ball).
(3) À long terme. Les objectifs sont fixés pour une durée d’un an ou d’une saison (ex. :
l’objectif pour cette équipe de hockey est de maintenir l’équipe soudée malgré la difficulté
liée à la montée dans la division supérieure ; Christelle doit décrocher sa ceinture jaune à la
fin de l'année ; Alexandre sera prêt à intégrer l'équipe seniors la saison prochaine ; …).
En fait, il faut comprendre que les objectifs s’emboîtent telles des poupées russes, en fonction
d’une finalité qui consiste généralement à amener chaque individu à exploiter et valoriser son
potentiel.
Il est évident que chaque activité qui s’inscrit dans la formation des sportifs devrait logiquement
s’appuyer sur celles qui ont déjà été expérimentées et s’envisager en fonction de celles qui
surviendront ultérieurement. Il faut se rendre compte que, pour atteindre certains objectifs, il
faudra avoir maîtrisé des prérequis.
En revanche, le moniteur peut donner à ses sportifs l'occasion d'essayer des tâches plus difficiles
que celles qu'ils réussissent sans problème et ce, dans le but d'inculquer le goût du défi, de
maintenir la motivation, ...
Un plan d’entraînement doit rester un élément modulable au cours des semaines en fonction de
l'état du sportif, de son évolution, de ses prestations à l'entraînement, des résultats obtenus lors
de tests, lors de compétitions, ...
Un plan d'entraînement doit être compréhensible (langage simple et claire) et épouser le profil
de l'athlète et de sa discipline.
Comme schématisé sur la figure 6, il existe plusieurs niveaux de planification allant d’une vision
macroscopique de la saison entière à une vision plus microscopique de chacune des séances
d’entraînement. Les étapes intermédiaires étant définies par différentes périodes délimitées en
fonction des objectifs poursuivis.
Ces notions seront approfondies et perfectionnées au niveau Moniteur Sportif Entraîneur. Dans
le cadre de ce module, seuls les éléments de base seront présentés de façon à introduire des
notions théoriques d’une part et d’établir les fondements des planifications qui seront
envisagées dans le cadre des formations spécifiques aux différentes disciplines sportives.
Planifier une saison : c'est planifier les entraînements en fonction des objectifs majeurs
(apprentissages / développements attendus, compétitions les plus importantes), des objectifs
intermédiaires, des compétitions de préparation, qui sont tous préalablement définis entre le
moniteur sportif et son/ses sportif(s). Dans certains cas, d’autres personnes peuvent être
intégrées à ces décisions, citons à titre d’exemples : les parents, le kinésithérapeute, le
psychologue, …
Planifier les séances : c’est définir, en fonction de la période et de besoins spécifiques du sportif
par rapport à sa discipline, les adaptations souhaitées. En fonction de celles-ci, c’est orienter le
contenu de chaque séance vers un travail approprié. La fréquence des entraînements est
principalement fonction de l'expérience, des besoins / des attentes et des caractéristiques de
l'athlète.
1. Le cycle quadriennal olympique. Celui-ci est facultatif car absent dans certaines
disciplines, comme le football professionnel par exemple, et ne concerne que les athlètes
de très haut niveau. Cette étape de la planification ne concerne donc que les MSEnt. Les
MSEd doivent en connaître les tenants et aboutissements.
Pour davantage de précisions, nous reviendrons dans les questions suivantes sur le découpage de
la périodisation de planification
Une séance adaptée aux besoins des sportifs, réalisée correctement sur le terrain et traduisant
des objectifs clairs a de grande chance de mener à des résultats positifs. Pour se faire, sept
grands principes sont à respecter lors de la préparation :
- Le principe d’adaptabilité ;
- Le principe de (sur-)charge ;
- Le principe de réversibilité ;
- Le principe de progression ;
- Le principe d’individualisation.
Comme il l’a déjà été quelque peu mentionné précédemment, l'entraînement met à profit une
des facultés fondamentales du corps humain, à savoir, sa capacité d'adaptation. Cette capacité
est la loi la plus universelle et la plus fondamentale de la vie. Au fil du temps, les sportifs
s’adaptent aux conditions mises en place par le moniteur.
Pour qu'il y ait adaptation, la charge doit dépasser un seuil d'adaptation. C’est adaptation repose
sur un second principe clé de l’entraînement à savoir le principe de (sur-)charge.
Les activités seront définies en termes de nature / type, intensité, durée / temps d’activités et
fréquence. Elles doivent aussi présenter un niveau de difficulté adapté au niveau des sportifs.
Bien doser un entraînement correspond à appliquer une charge de travail adéquate à son
sportif.
Dans le cadre de l’entraînement, la notion de charge d’entraînement prend un sens très large.
En effet, la charge constitue le produit d’un certain volume de travail par une intensité, tout en
tenant compte de la récupération et de la fréquence à laquelle celle-ci est imposée à l’athlète.
b. L’intensité est une composante qualitative du travail fourni par l’athlète. Elle
dépend de l’influx bio-énergétique et/ou psychologique dépensé(s) par le sportif
au cours de son entraînement. Celui-ci peut-être d’ordre. Elle fait donc référence à
des indicateurs d’intensité (poids à déplacer, hauteur d’impulsions, …).
Les charges d’entraînement doivent se succéder régulièrement afin d’induire une amélioration
des paramètres de la performance, jusqu'à une limite déterminée par des facteurs génétiques
(= l’entraînabilité). Si les séances d’entraînement ne se succèdent pas régulièrement, les
« traces » laissées par les entraînements précédents disparaissent, sans permettre aux effets de
s’ajouter les uns aux autres. Si l’intervalle entre deux charges de travail est trop long,
l’organisme se désadapte, il y a désentraînement avec soit un retour au niveau de départ
(= stagnation), soit une régression par rapport à ce niveau (figure 7).
Ce principe est très important car si, pour une raison ou pour une autre, l’entraînement devait
être interrompu pendant une période trop longue, l’organisme se désadapte très rapidement,
beaucoup plus rapidement qu’il ne s’était adapté (comme l’attestent certaines blessures, deux
semaines d’inactivité peuvent annuler plusieurs semaines d’entraînements réguliers).
Nous venons de voir que pour maintenir la perturbation il était nécessaire de varier les stimuli
(charges) d’entraînement.
Le principe de la supercompensation est illustré à la figure 8. Par la fatigue qu’il induit (plus ou
moins importante selon la charge d’entraînement imposée), l'exercice provoque une diminution
de la performance (fitness) et, par conséquent, une baisse du niveau initial (phase 1). L'arrêt de
l'exercice permet à l'organisme de mettre en place des adaptations face au stimulus
d'entraînement et une récupération de l'athlète (phase 2). Ensuite, les adaptations chroniques
(somme des adaptations aigües et générales à l'entraînement) permettent un rehaussement du
niveau fonctionnel du système (phase 3). Cette troisième phase est appelée la surcompensation,
avec une augmentation du niveau initial de l'athlète. Si le système n'est plus perturbé, il revient
au niveau initial.
Phase 3
Phase 1
Phase 2
Afin de ne pas brûler les étapes de développement des sportifs, la notion de progressivité est
cruciale, c’est-à-dire programmer des situations les plus simples aux plus complexes, des tâches
décomposées à l’intégration dans un enchaînement,…
La progressivité est un principe à respecter à la fois dans la fréquence, la durée et l'intensité des
entraînements, ou autrement dit, dans la charge totale hebdomadaire. Pour rappel, les
recommandations minimales sont d’environ 2h30 de sport par semaine pour un objectif de
santé. Ces 2h30 peuvent, par exemple, être déclinées en 3 séances par semaine dans un premier
temps. Vu que l’objectif à atteindre est une hausse de performance, il va falloir augmenter la
charge d’entraînement pour encore perturber l’homéostasie. Petit à petit, on peut augmenter la
charge en jouant sur la durée, puis, sur l'intensité de ces 3 séances.
Chaque athlète a un vécu et un niveau de départ dont il faut tenir compte pour assurer une
progression optimale.
Les capacités acquises au cours des différentes étapes doivent pouvoir se maintenir pendant la
période de compétition qui ne devrait pas dépasser 4 à 6 semaines pour une durée de
développement des qualités physiologiques / entraînement de 12 à 16 semaines.
La période de préparation générale est une période de mise en forme générale, de travail
technique et d'évaluation des athlètes afin de programmer le travail à effectuer en cours saison.
La période d’affûtage est la période durant laquelle le sportif se repose afin de mettre à profit le
travail effectué durant les périodes de préparation générale et spécifique, tout en maintenant
l'intensité et en diminuant considérablement le volume.
Le plan d'entraînement (année – période – séance) doit tenir compte du collectif mais aussi de
l'individuel. L'étude des facteurs qui régissent la performance sportive est de ce fait, double. Un
travail spécifique, effectué de manière individuelle sur un joueur, va sans doute permettre
d'augmenter ses capacités. Mais au final, la performance en sports collectifs, c'est le résultat du
match, et donc le résultat du travail de l'ensemble des joueurs du groupe. Certes, un travail
individuel spécifique aux besoins de l'athlète est réalisé pour combler les déficits ou optimiser
les qualités, mais l'essentiel du travail se situe dans la préparation collective. Voila pourquoi, de
plus en plus, les entraîneurs de sports collectifs vont vers de la préparation intégrée. C'est-à-dire
une préparation incluse dans des phases spécifiques de jeu.
Remarque : Idéalement le travail spécifique individuel doit être réalisé par le joueur lui-même, en
dehors des séances collectives. Cependant, pour les équipes non professionnelles, ceci est et
restera une illusion en termes d'application.
Pour évaluer cette charge d’entraînement, Banister a proposé une formule simple destinée aux
athlètes d'endurance. Celle-ci tient compte de la durée de l'exercice (T), des fréquences
cardiaque moyenne à l'exercice (HRex), au repos avant exercice (HRrest) et maximale au cours de
l'exercice (HRmax).
19
Voir principes de l’entraînement
Les entraînements, comme cela a été expliqué précédemment, doivent stimuler l'organisme de
façon optimale (pas trop, pas trop peu) en fonction des adaptations souhaitées. Un
entraînement trop facile ou trop difficile n'entraîne pas ou peu d'adaptations.
De manière générale, le moniteur devra noter les charges de travail imposées, les sensations de
difficultés ressenties par l'athlète, analyser son état à l'entraînement qui suit et apprendre ainsi
le comportement physiologique de son athlète au cours des semaines. A partir de ces données,
le moniteur sportif peut réaliser son programme d'entraînement et éventuellement revoir sa
programmation à court ou à moyen terme. La programmation à long terme est rarement définie
avec des athlètes qui débutent l'entraînement car leurs réponses au stimulus d'entraînement va
grandement varier au cours de sa préparation.
Pour simplifier la mesure, un exercice / une séance peut recevoir une « note » concernant son
intensité et peut être classé en fonction de la difficulté imposées. Une échelle de 1 à 5 permet
5 UE Charge Entraînement
maximale très difficile,
match ou
compétition
4 UE Charge sub- Entraînement
maximale difficile
2 UE Charge Entraînement
moyenne plutôt léger
Le microcycle représente l’évolution des séances au cours de la semaine (figure 12). Pour
connaître la charge totale du microcycle, il suffit d’additionner la charge de travail associée à
chaque séance d’entraînement. Les unités d’entraînement doivent être organisées de façon à
provoquer une sommation positive. Le microcycle pour un sportif moyen atteint ±17 UE tandis
qu’elle atteint ±24 UE pour un sportif de haut niveau.
Comme mentionné précédemment, le moniteur sportif se doit de répartir les séances sur le
microcycle en tenant compte des intensités et des charges de travail associées à chaque
entraînement. La figure 13 montre, à gauche, un exemple de microcycle où les séances à
intensité élevée s’enchaînent sur les trois premiers jours de la semaine, sans période de
récupération. A l’inverse, la partie droite de la figure de droite propose des séances à intensité
qui s’alterne au cours de la semaine permettant ainsi au sportif de bénéficier de période de
récupération.
Rappel du niveau MSI - Quels sont les objectifs de séance pour un initiateur sportif ?
En résumé …
Avant la prise en charge d'un groupe, l'initiateur doit connaitre précisément les objectifs de son
intervention auxquels adhère l'ensemble des personnes concernées de près ou de loin par le
projet.
Les objectifs généraux représentent les objectifs au sens large du terme. Ceux-ci sont découpés
en objectifs mesurables et plus ciblés appelés objectifs opérationnels.
Les objectifs généraux d'un initiateur consistent à animer, initier et fidéliser à la pratique
sportive.
Comme mentionné aux travers des questions précédentes, les objectifs généraux poursuivis par
les MSEd sont :
6. …
Tout comme le fait ( … ou devrait le faire … !) tout cadre sportif à vocation pédagogique, le
Moniteur Sportif Educateur va découper ses objectifs généraux en objectifs plus petits et
mesurables dans le temps appelés objectifs opérationnels. En fonction de ceux-ci et en accord
avec les différents protagonistes, le MSEd va proposer un calendrier des activités, entrecoupées
de périodes de tests (ou de compétitions) afin de vérifier la bonne évolution des sportifs sur le
terrain. Les résultats obtenus vont lui permettre de maintenir son planning ou de l’adapter en
fonction des difficultés ou, au contraire, des facilités observées chez les participants.
Rappel du niveau MSI - En fonction de quoi un initiateur va-t-il définir les objectifs de sa séance?
En résumé …
Pour fixer les objectifs de séance, il est conseillé à l'initiateur de procéder en 4 étapes :
1) Identifier les prérequis indispensables à la réalisation d'habiletés spécifiques de la discipline,
2) Analyser les caractéristiques des participants,
3) Analyser le contexte de pratique et
4) Etablir des priorités (objectifs principaux vs objectifs facultatifs). Il respecte ainsi le triangle
pédagogique dominant toute intervention sportive.
Rappel du niveau MSI - Quels éléments dois-je prendre en compte pour préparer ma séance ?
En résumé …
Afin de préparer sa séance, l'initiateur doit pouvoir trouver réponse aux questions suivantes :
1) Qui ? Quelles sont les caractéristiques des sujets concernés en termes de niveau, de sociabilité, de
style d'apprentissage, … ?,
2) Quoi ? Quelles sont les habiletés à développer et les critères d'exécution ?
3) Comment ? Quelles sont les conditions de pratique ? Quel est le matériel et le facteur humain à
disposition ?
L'intervenant doit également maîtriser les aspects théoriques lui permettant de décrire et de
corriger les prestations des sportifs.
20
Voir aussi CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance, mon intervention »
Lors de la planification de chaque séance, le moniteur sportif sera amené à se poser différentes
questions (figure 17). Le module CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance / mon intervention » a apporté
une première ébauche de réponses a été apportées pour quelques-unes d’entre-elles.
Avant de programmer ses activités, le moniteur sportif doit rassembler toute une série
d’informations indispensables :
a) Qui sont les athlètes ? Quelles sont les caractéristiques de la population (âge, sexe,
milieu socio-économique,...) ?
Exemples : Un groupe de 10 enfants de 12 ans ; une équipe de filles de 14 ans ; une population de
jeunes vivant dans un quartier défavorisé ; …
Les réponses à cette question sont abordées dans les modules CG1_Th4_Mod1_ « Une pratique
en toute sécurité : la prévention » et CG2_Th4_Mod2_ « Prévention des blessures du geste
sportif ».
Le moniteur réfléchit à l'organisation la plus efficace sur le terrain (en ateliers, en circuit, en
autonomie,…).
Dans le niveau MSI, nous avons abordé la manière de communiquer efficacement avec un
groupe de sportifs ainsi que la manière de présenter rapidement un jeu ou une tâche. Une des
questions suivantes sera consacrée aux styles d'enseignement et complètera les notions
abordées au niveau MSI.
Exemples : Gymnastique aux agrès, sport à maturité précoce, milieu fermé ; Handball, sport
d’interpénétration à maturation tardive, actions des joueurs dépendantes de celles de l’équipe
adverse ; …
g) Quelles sont les limites logistiques ? Quel est le contexte de travail ? (salle, extérieur,
conditions météo, matériel à disposition,…)
Exemples : Une séance en grand groupe en salle ; des entraînements programmés à l’extérieur
obligeant une adaptation permanente en fonction de la météo ; une salle à partager avec un groupe
pratiquant une autre discipline sportive ; …
MON PLAN DE
f. Quelles sont SÉANCE
les déterminants c. Quels sont les
de la objectifs de la
performance séance ?
sportive ?
e. Comment d. Comment
aborder ma organiser ma
séance sur le séance ?
terrain ?
Figure 17 : Eléments à prendre en considération lors de la planification d’une séance (ACE, 2007)
Dans quel ordre planifier les activités sélectionnées pour une séance ?
La plupart des séances planifiées par les moniteurs rassemblent plusieurs activités visant à
développer une ou plusieurs habileté(s), des qualités bio-énergétiques ou encore un aspect
plutôt d’ordre technico-tactique. Pour espérer atteindre les objectifs fixés, des
recommandations générales peuvent être formulées et ce, en fonction de la partie
d’entraînement dans laquelle se trouve les sportifs.
Dans une seconde étape, le moniteur choisira plutôt de programmer des activités visant le
développement de la force, l’endurance-vitesse ou la force-endurance.
Enfin, lorsque les sportifs seront fatigués, en fin de séance, le moniteur va plutôt tenter de
consolider des habiletés déjà acquises, des tâches d’aérobie ou des activités d’amélioration de la
flexibilité.
Lors des cours généraux du niveau MSI, la notion de « styles d'enseignement » a déjà abordée.
Ceux-ci sont classés en fonction du degré de partage des responsabilités entre le moniteur et les
sportifs.
Dans la littérature proposée par Mosston et Ashworth (2006), nous avions retenu trois styles
principaux :
La seconde approche, plus permissive, ne correspond pas à celle de l’entraînement. C’est juste
du gardiennage, de l’animation qui ne nécessite pas de formation particulière et n’apporte pas
grand-chose aux sportifs. On le retrouve parfois chez certains moniteurs démotivés. Le style
directif a par contre dominé dans le passé et continue encore à être beaucoup utilisé par
imitation (les moniteurs débutants ont en effet tendance à reproduire les stratégies
21
Voir aussi CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »,
notamment les théories de l’apprentissage
Les caractéristiques des deux principales approches de l’entraînement sont mises en parallèles
au tableau 10.
Utilise majoritairement des drills pour Utilise des drills étroitement alignés sur les
travailler les habiletés techniques habiletés techniques et tactiques
nécessaires dans le sport à apprendre
Les séances sont souvent ennuyeuses et, dès Les séances sont amusantes, pertinentes et
lors, peu motivantes pour les sportifs porteuses de défis, augmentant ainsi la
motivation intrinsèque 22
Les sportifs deviennent hautement Les sportifs développent une plus grande
dépendants du moniteur indépendance par rapport au moniteur en
étant impliqué activement dans le
processus d’apprentissage
Par une utilisation intensive de drills, les Les entraînements visent à développer les
moniteurs tentent de développer des habiletés de réflexion, de compréhension
réponses automatiques qui amènent un et de prise de décision qui sont requises
manque de prise de conscience en pour réaliser des performances
compétition
Les sportifs accordent peu ou pas d’intérêt au Les sportifs prêtent une attention
moniteur qui prend (pratiquement) toutes les importante au moniteur et aident celui-ci à
décisions prendre les décisions
Les sportifs ne sont pas encouragés à s’aider Les sportifs sont encouragés à aider les
mutuellement pour maîtriser les habiletés autres à maîtriser les habiletés sportives
sportives
Cette approche est la préférée des moniteurs Cette approche est la préférée des
qui appliquent un style d’entraînement directif moniteurs qui appliquent un style
d’enseignement coopératif
22
La motivation intrinsèque est directement liée à l’activité (plaisir, compétence, progrès, découverte) tandis que la
motivation extrinsèque dépend de l’environnement extérieur (récompense, menaces, attente de bénéfices,
sentiment de culpabilité).
a) Par commandement
b) Par tâches
c) Réciproque
d) En sous-groupes
e) Par inclusion
Passons à présent en revue ces différentes formes d’enseignement et illustrons ces propos au
travers de quelques exemples concrets dans différentes disciplines sportives. Soulignons que
l’éducateur sportif peut bien entendu combiner plusieurs types d’enseignement sur un cycle de
façon à varier le travail proposé et maintenir ainsi la motivation des sportifs dont il a la charge.
Le choix des styles d’enseignement dépend des objectifs fixés, du temps dont dispose
l’éducateur, du niveau des apprenants, …mais également de la personnalité du moniteur !
Chaque style peut se révéler efficace en fonction du contexte. Il n’y a pas qu’une seule manière
d’entraîner. La difficulté est dès lors d’utiliser à bon escient les styles d’enseignement à
disposition.
Exemples : L’éducateur sportif organise 5 ateliers autour du thème du salto avant en gymnastique,
les filles réalisent librement le travail demandé à chaque atelier ; Thomas et Julien reçoivent la liste
des tâches à réaliser dans la 1/2 heure qui suit sur le thème de l’élan en saut en hauteur ; …
Exemple : Lors du stage organisé lors des vacances d’été, le moniteur de natation a réalisé 10 fiches
de situations visant à insister sur des points techniques précis du crawl ventral. Pendant que
Stéphane réalise sa longueur, François vérifie que les critères proposés sur la fiche sont bien
réalisés. Il guide alors Stéphane dans sa progression.
Exemple : Six joueurs de rugby doivent réaliser entre eux une batterie de tests physiques bien
définis, l’éducateur prendra soin de leur fournir un feedback à la fin de la séance.
Exemple : Des joueurs de basket s’entraînent au jump shoot. Les 6 étapes proposées sur la fiche
de travail de l’éducateur diffèrent par la distance à l’anneau. Fanny, qui vient de rejoindre
l’équipe, décide de commencer au niveau 2 tandis que sa partenaire Emilie, ayant 1 année
d’expérience supplémentaire, opte pour la distance du niveau 4.
6) La découverte guidée place les sportifs dans un processus de résolution de problèmes. Ils
sont obligés de réussir une étape avant de passer à la suivante. Cette méthode demande
une implication importante de l’éducateur dans la préparation mais offre l’avantage de
stimuler la réflexion des participants dans leur apprentissage.
7) La mise en place d’un enseignement par résolution de problèmes permet aux sportifs de
découvrir différentes solutions de réponse à un problème posé. Basée sur un
apprentissage coopératif ou chaque réponse a de la valeur, cette méthode sera proposée
par des éducateurs ayant une certaine expertise dans ce domaine. Son rôle consistera
principalement à encourager les sportifs sans apporter de jugements aux
comportements observés. Cette méthode offre également l’avantage de développer la
créativité ainsi que la coopération entre les sportifs.
Exemple : Des joueurs de volley-ball doivent, dans une première étape, réussir 10 services par-
dessus le filet. Dans une seconde étape, ces mêmes joueurs doivent réaliser 10 services
accompagnés d’une réception, … Ainsi de suite jusqu’à l’atteinte du palier 10 qui consiste en une
construction complète entre 2 équipes « partenaires ».
8) Le programme individuel est mis en place avec des groupes ayant une expérience
antérieure conséquente puisque ce sont les sportifs eux-mêmes qui développent leur
propre programme en fonction de leurs capacités physiques et cognitives. IIs seront
Quelles méthodes de travail mettre en place avec les sportifs lors des séances ? (ACE, 2007b)
Lors d’une séance d’entraînement, il est possible de demander aux sportifs de réaliser des
tâches sous différentes variantes. Le MSEd choisira donc celle qui convient le mieux à son/ses
sportif(s), en fonction du contexte et des objectifs fixés.
Une habileté peut parfois être réalisée en « bloc » ou, au contraire, être découpée en différentes
parties à réaliser isolément.
Un mouvement peut être exécuté plusieurs fois consécutivement sans pause ou avec de très
courtes pauses. A l’inverse, certaines tâches demandent un temps de récupération plus long
entre deux essais. La durée des pauses, courte ou longue, est bien entendu dépendante de la
durée totale de la tâche à réaliser.
Exemples 1 : En ski de fond, réaliser un passage du poids du corps le plus longtemps possible d’une
jambe sur l’autre pendant une période de 2’ sans utiliser les bâtons ; En boxe, frapper sur un sac
pendant 3’ ; …
Exemples 2 : En athlétisme, réaliser 5x des sorties en starting-blocks suivie d’une distance de 10m
(avec récupération entre les répétitions ) ; …
La pratique groupée est indiquée lorsque la plage horaire prévue pour l’entraînement est courte,
lorsque les tâches programmées sont assez brèves, lorsque la dépense énergétique liée à la
pratique n’est pas trop exigeante et lorsque la pratique de l’activité ne présente que peu de
risque pour les sportifs.
A l’inverse, il est conseillé d’opter pour une pratique distribuée lorsque la vitesse et la
coordination représente des facteurs importants du mouvement ou lorsque la fatigue peut
s’accumuler au fil des répétitions, ce qui risque d’entraver fortement la qualité de réalisation.
En optant pour la pratique constante, le MSEd propose des répétitions de tâches dans des
conditions identiques. Au stade d’initiation ou d’acquisition, cette pratique utilisant le « drill »
offre des résultats positifs.
La pratique variable consiste à modifier un aspect de l’habileté à chaque passage. Cette méthode
à prouver son efficacité au stade de consolidation.
La pratique aléatoire consiste à demander au sportif d’effectuer une série d’habiletés dans un
ordre différent à chaque passage. De cette façon, il ne réalise pas deux fois la même situation.
Exemples 3 : Au tennis, reculer pour réaliser un revers, enchaîner ensuite avec un service puis
avancer pour retourner une volée ; En basket-ball, effectuer différents types de tirs à l’arrêt et en
mouvement ; En danse, tenter d’enchaîner des figures de rock dans un ordre aléatoire ; …
Egalement préférée lors du stade de consolidation, les sportifs doivent déjà maîtriser des
habiletés en série.
Selon l’association canadienne des entraîneurs (2007), plusieurs études scientifiques ont
démontré l’efficacité sur le long terme de la pratique aléatoire. En effet, si la pratique constante
offre des avantages à court terme, les sportifs ont tendance, dans ce cas, à proposer des
réponses de manière « automatique ». Par contre, grâce à la méthode aléatoire, le sportif est
soumis à un phénomène d’oubli qui l’oblige à se plonger plus activement dans son processus
d’apprentissage. Précision que ces constatations sont valables pour les habiletés discrètes
(début et fin faciles à déterminer), ouvertes (environnement non prévisible) ou en série
(enchaînement d’actions discrètes).
Association canadienne des entraîneurs (2011). Les stades de DLTA. Consulté le 17 juillet 2013 à
l’adresse suivante : http://canadiansportforlife.ca/fr/learn-about-canadian-sport-life/ltad-stages
Astrand P.O. et al. (1973). Manuel de physiologie de l’exercice musculaire, Paris, Masson & Cie,
p.258.
Duchateau J. & Klass M. Adaptations neuromusculaires chez l'enfant. Dans "Physiologie du Sport:
Enfant et adolescent" (Van Praagh E. éd.), De Boeck Université, 73-95, 2007.
Grappe F., Cyclisme et optimalisation de la performance, 1ère édition, De Boeck Université, 2005.
Poortmans J et Boisseau N., Biochimie des activités physiques, 2ème édition, De Boeck Université,
2003.
Willmore J.H. & Costill D.L. Physiologie du sport et de l’exercice physique. Traduction A. et P.