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COURS GENERAUX

« Moniteur sportif éducateur »

THEMATIQUE 2
Didactique et méthodologie

MODULE 2
Principes méthodologiques du
perfectionnement et de
l'entraînement sportif
Cours généraux de la formation « Moniteur Sportif Educateur »
Thématique 2 : Didactique et méthodologie

Module 2 : Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif

BENOIT Nicolas, Centre d’Aide à la Performance Sportive (CAPS), UCL


nicolas.benoit@uclouvain.be
CLOES Marc, Université de Liège, Département des Sciences de la Motricité,
marc.cloes@ulg.ac.be
FRANCAUX Marc, Centre d’Aide à la Performance Sportive (CAPS), UCL
marc.francaux@uclouvain.be
JIDOVTSEFF Boris, Université de Liège, Département des Sciences de la Motricité,
b.Jidovtseff@ulg.ac.be
THEUNISSEN Catherine, Université de Liège, Département des Sciences de la Motricité,
ctheunissen@ulg.ac.be
Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration Générale d’Aide à la Jeunesse, de la Santé et du Sport,
Direction Générale du Sport (Adeps), Service « Etudes et développements de projets ».
adeps.formationdecadres@cfwb.be

⇒ RESUME :
La majorité des facteurs déterminants de la performance sportive peuvent être développés et
perfectionnés ; ils peuvent aussi être « entraînés ». Ces facteurs ont été identifiés dans le module
CG2_Th3_Mod1_Définition des facteurs de la performance sportive.
Le sujet abordé dans ce module « Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement
sportif » vise à apporter aux « moniteurs sportifs » en général, et aux « moniteurs sportifs éducateurs » en
particulier, un guide d’actions qui leur permettra d’intervenir sur ces différents facteurs en respectant les
principes clés de planification et de programmation, tant pour le perfectionnement et la consolidation
des apprentissages que pour l'entraînement à proprement parler. Des conseils en matière de
planification des activités allant de la mise en place d’une séance à l’agencement de celle-ci sur une
période beaucoup plus longue sont présentés pour augmenter les chances d'encadrer efficacement un
individu ou un groupe de sportifs.
Ce module fait tout naturellement suite au module CG1_Th2_Mod2_Ma séance, mon intervention abordé
au niveau Moniteur Sportif Initiateur.
Au terme de cette unité de formation, le candidat « moniteur sportif éducateur » devrait donc être
capable de maîtriser des connaissances élémentaires pour que son intervention soit organisée et
planifiée de façon optimale en vue d’atteindre des objectifs fixés. Le candidat appréhendera des
principes et orientations méthodologiques de base de la planification et de la programmation.

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⇒ METHODOLOGIE :
- Exposé magistral
- Séance « questions-réponses »
⇒ SUPPORTS DE COURS :
- Syllabus
- Foire aux questions (FAQ)
- Présentation assistée par ordinateur (PAO)
⇒ MODALITES D’EVALUATION :
- Questionnaire à choix multiple (QCM)
⇒ CHARGE THEORIQUE DE TRAVAIL POUR LE CANDIDAT :
- En présentiel :
4 heures de cours magistral
30 minutes d’évaluation
- En non présentiel :
8 heures d’étude indépendante et personnelle en guise de préparation à l’évaluation

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Ce module de formation apportera des réponses aux questions suivantes (liste non exhaustive) :

Qu'attend-on d'un Moniteur Sportif Educateur (MSEd) ? (p 5)


Qui sont les athlètes, les sportifs à encadrer dans la fonction de MSEd ? (p 6)
Que doit-on comprendre par apprentissage moteur ? (p 7)
Que signifie le terme « entraînement » ? (p 7)
Doit-on opposer « apprentissage moteur » et entraînement sportif ? (p 9)
Qu’est-ce qu’une performance ? (p 12)
Quels sont les conséquences d’un stimulus sur l’organisme ? (p 14)
Quels sont les répercussions d’une séance d’entraînement sur l’organisme ? (p 16)
Comment choisir adéquatement les activités à proposer aux sportifs ? (p 17)
Comment définir les stades de développement technique des sportifs ? (p 18)
Comment envisager la technique sur le terrain en fonction du stade de développement des
sportifs ? (p 23)
Qu’est-ce que la planification ? (p 26)
Pourquoi est-il crucial pour un moniteur sportif de planifier ses séances ? (p 27)
Lors de la planification, pourquoi est-il important d’avoir une vision à long terme ? (p 28)
Quelles sont les échéances d’un plan d’entraînement ? (p 29)
Comment organiser une planification de l’entraînement ? (p 33)
Quels sont les grands principes à respecter dans la planification d’entraînements ? (p 33)
Qu’est-ce que le principe d’adaptabilité ? (p 34)
Qu’est-ce que le principe de (sur-) charge d’un entraînement ? Comment peut-on doser
correctement un entraînement ? (p 34)
Comment peut-on doser une séance, un entraînement ? (p 34)
Qu’est-ce que le principe de réversibilité ? (p 36)
Qu’est-ce que le principe de « supercompensation » ? (p 37)
Qu’est-ce que le principe de progressivité ? (p 38)
Qu’est-ce que le principe d’individualisation ? Pour quelle raison envisager
l’individualisation au cours d’une séance ? (p 39)
Comment organiser les bases d’un macrocycle et d’un mésocycle ? (p 40)
Comment planifier la forme sportive sur une saison ? (p 40)
Comment planifier la forme sportive sur une saison en sports collectifs ? (p 43)
Comment évaluer le versant qualitatif d’une séance ? (p 43)

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Comment évaluer la charge d’entraînement d’une manière simplifiée ? (p 44)
Comment évaluer l’intensité d’un microcycle ? (p 45)
Comment évaluer l’intensité d’un macrocycle ? (p 46)
Quels sont les objectifs de séance pour un moniteur sportif éducateur ? (p 48)
Quels sont les éléments à prendre en considération lors de la planification d’une séance ?
(p 50)
Dans quel ordre planifier les activités sélectionnées pour une séance ? (p 52)
Quel style d’enseignement adopter lors des séances ? (p 53)
Quelles méthodes de travail mettre en place avec les sportifs lors des séances ? (p 59)

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Qu'attend-on d'un Moniteur Sportif Educateur (MSEd) ?

Ce module vise à apporter aux « moniteurs sportifs » en général, et aux MS « Educateurs » en


particulier, un guide d’actions qui leur permettra d’intervenir sur le terrain en respectant des
principes importants pour la formation et l'entraînement des sportifs. Des conseils en matière
de planification des activités allant de la mise en place d’une séance à l’agencement de celle-ci
sur une période beaucoup plus longue ainsi que des orientations méthodologiques sont
présentés pour augmenter les chances d'encadrer efficacement un groupe, dans un but de
perfectionnement. En effet, s'engager dans la fonction de Moniteur Sportif Educateur (MSEd)
demande de dépasser le stade de l'initiation pour s'orienter vers un processus à plus long terme
de formation complète et de consolidation des apprentissages menant progressivement à
l’entraînement en vue de la performance sportive.

Pour le MSEd, la fonction de terrain dépasse le fait d'animer des activités d'initiation de la
discipline sportive considérée, comme tel était le cas dans la fonction du Moniteur Sportif
Initiateur (MSI). Dans le cadre de son intervention, le MSEd aura la charge de sportifs ayant
l’envie de s'investir davantage dans la discipline et souhaitant éventuellement prendre part à
des compétitions. Les groupes auxquels le MSEd sera confronté verront leur nombre d'heures
de pratique augmenter sur la semaine laissant davantage de temps pour la répétition et la
consolidation des acquis d'apprentissage. Ce temps de travail doit cependant être organisé et
planifié de la manière optimale de façon à atteindre les objectifs fixés par l’ensemble des
protagonistes (moniteurs sportifs, comité sportif, athlètes/joueurs, parents,…).

La fonction du MSEd s’arrête là où débute celle de l’optimalisation et de la systématisation du


Moniteur Sportif Entraîneur (MSEnt) qui recherche la performance de ses sportifs et l’atteinte
du plus haut niveau de compétition avec chacun d’eux. En pratique, cette frontière n’est
cependant pas si nette. Pour visualiser plus clairement la situation, nous pourrions nous référer
aux stades proposés par les canadiens (tableau 1 – ACE, 2011). Les deux premiers stades sont du
ressort du MSI. Le MSEd prend ensuite le relais avec des sportifs en stades 3 et 4 (voire du début
du stade 5), c’est-à-dire ceux qui apprennent à s’entraîner et ceux qui s’entraînent à s’entraîner.
Les stades 5 et 6 relevant du domaine du MSEnt.

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Tableau 1 : les 7 stades du DLTA canadien (http://canadiansportforlife.ca/fr)

Stades du DLTA Implication sportive et tranches d’âge


Enfants actifs
Stade 1
(0 à 6 ans)
S’amuser grâce au sport
Stade 2
(filles 6-8 ans ; garçons 6-9 ans)
Apprendre à s’entraîner
Stade 3
(filles 8-11 ans ; garçons 9-11 ans)
S’entraîner à s’entraîner
Stade 4
(filles 11-15 ans ; garçons 12-16 ans)
S’entraîner à la compétition
Stade 5
(filles 15-21 ans ; garçons 16-23 ans)
S’entraîner à gagner
Stade 6
(filles >18 ans ; garçons >19 ans)
Vie active
Stade 7
(participants de tout âge)

Qui sont les athlètes, les sportifs dans le cadre de la fonction de MSEd ?

Dans le cadre de sa fonction, le MSEd a en charge des sportifs souhaitant pratiquer de manière
plus intensive une discipline sportive et, pourquoi pas, s’essayer à une forme compétitive.
L’objectif n’est donc plus, pour le moniteur, d’animer des séances mais bien d’offrir aux sportifs
l’opportunité d’acquérir et de consolider les bases sportives liées à la performance pour
l’atteinte, éventuellement par la suite, de son plus haut niveau.

Exemples : Une équipe de minimes participants à des compétitions hebdomadaires de handball ; Un


groupe de six nageurs visant une première participation à des compétitions de niveau régional ; Une
équipe de jeunes joueurs de football aspirant, à long terme, à représenter les couleurs nationales ;

Avant d'aller plus loin, prenons le temps de définir les notions suivantes : "Apprentissage
moteur", "Entraînement sportif" et "Performance". Ces notions, mêmes si elles semblent liées,
présentent des significations et implications très différentes pour les sportifs et leurs moniteurs.

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Que doit-on comprendre par apprentissage moteur 1 ?

En croisant les différentes notions abordées dans d’autres modules traitant de l’apprentissage
moteur, il est à retenir que :

L’apprentissage est un processus interne qui amène des changements permanents du


comportement qui ne sont pas directement observables et qui se traduisent par des habiletés
motrices.

L’apprentissage est donc le résultat de la pratique et/ou de l’expérience du sujet.

Exemples :
- Coraline a réussi, lors de 2 tests proposés à deux semaines d’intervalle, 8x/10 la roue sur la
poutre. Ces résultats témoignent de sa maîtrise de l’habileté ;
- Au cours des semaines précédentes, Nicolas éprouvait des difficultés dans la réalisation du tir en
appui en handball. Au cours des trois dernières rencontres, il a marqué 4 buts/5 de cette
manière. Son moniteur peut donc considérer que cette habileté est désormais en bonne voie
d’acquisition ;
- Après une semaine de travail sur le thème du revers en tennis de table, Sacha a toujours
beaucoup de mal à ne pas commettre de fautes directes en match. Son moniteur a donc décidé
d’adapter et d’individualiser ses méthodes d’apprentissage de façon à aider Sacha dans
l’acquisition de cette habileté de base ; ...

Que signifie le terme « entraînement » ?

Dans le langage courant, la notion d’entraînement s’emploie dans les domaines les plus divers et
désigne le plus souvent un processus qui vise à atteindre un niveau plus ou moins élevé par
l’exercice physique. (Weineck, 1997).

L’entraînement sportif désigne généralement l’ensemble des méthodes, moyens et procédures


qui concurrent à l’acquisition et au développement des capacités sportives de performance.

1
Pour rappel, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et aussi CG2_Th3_Mod4_
«Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »

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De la littérature abondante sur le sujet, il est apparu opportun de retenir les définitions
suivantes :

- Selon Matveiev (in Goussard, J.P., 1999)2, « L'entraînement concerne tout ce qui comprend la
préparation physique, technico-tactique, intellectuelle et morale à l'aide d'exercices
physiques ». (p.2)

- Selon Andrivet (in Goussard, J.-P., 1999), « L'entraînement consiste en un ensemble de


procédés tendant à amener un être humain à un maximum de ses possibilités ».

- Selon Platonov, « L'entraînement sportif comprend l'ensemble des tâches qui assurent une
bonne santé, une éducation, un développement du physique harmonieux, une maîtrise
technique et tactique et un haut niveau de l'amélioration des qualités spécifiques. C'est le
reflet d'une adaptation biologique générale de l'organisme. On distinguera l'entraînement
générale qui améliore les possibilités fonctionnelles générales de l'entraînement spécifique
qui permet un perfectionnement dans un domaine spécifique. » (p.2)

- Selon Monneret (in Goussard, J.-P., 1999), « L'entraînement est l'ensemble méthodique
d'exercices généraux, spécifiques, collectifs ou individuels ainsi que de règles de vie
destinées à amener l'athlète à son rendement maximum pour la compétition dans une
discipline sportive. » (p.3)

- Selon Trilles (in Goussard, J.-P., 1999), « L'entraînement est un long processus dont le but est
le perfectionnement des paramètres utiles en référence à la pratique sportive considérée. »
(p.3)

A retenir :

L’entraînement constitue donc un ensemble de stimulations régulières dont le but est


d’engendrer une perturbation de l’état stable de l’organisme. La répétition régulière de ces
perturbations a pour but de rechercher une adaptation de l’organisme en réponse aux stimuli
imposés et d’amener un être humain à maintenir ou développer son potentiel (… ou, dans le
cadre des activités pour les seniors, d’éviter une dégradation trop rapide de leurs qualités).

2
http://www.qpratools.com/sport/staps_performance/PlanifEntraiPerf.pdf, page visitée le 10/07/2013

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L'entraînement met donc à profit une des facultés fondamentales du corps humain, à savoir, sa
capacité d'adaptation. Cette capacité est la loi la plus universelle et la plus fondamentale de la
vie.

Doit-on opposer « apprentissage moteur » et « entraînement sportif » 3 ?

Certainement pas ! Comme souligné dans le tableau 2, ces notions sont étroitement liées.

Tableau 2 : Comparaison "apprentissage moteur" et "entraînement sportif"

Apprentissage moteur Entraînement sportif

- Processus interne du sportif - Processus interne du sportif

- Méthodes, moyens, procédures - Méthodes, moyens, procédures

- Résultat de la pratique et/ou de - Stimulation régulières


l’expérience

- Changements permanents du - Perturbation de l’état stable

comportement moteur (non observables), - Adaptation de l’organisme


traduits par des habiletés motrices
(observables)

Il faudra distinguer (voir les questions suivantes) des entraînements avec des objectifs
différents, comme par exemple de prévention 4, de récupération, de « réathlétisation », de
développement/de renforcement, de préparation générale, de préparation spécifique,
d’affûtage, …

En suivant la figure 1, il est clairement indiqué que pour qu’il y ait développement, renforcement,
optimalisation, … il faut que l’apprentissage soit avant tout acquis et consolidé.

L’apprentissage peut être formel, non formel ou informel

3
Pour rappel, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et aussi CG2_Th3_Mod4_
«Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
4
Voir CG2_Th4_Mod2_ « Prévention des blessures du geste sportif »

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L’apprentissage formel est un apprentissage dispensé dans un contexte organisé et structuré
(par exemple dans une institution d’éducation ou de formation, ou sur le lieu de travail), et
explicitement désigné comme apprentissage (en termes d’objectifs, de temps ou de
ressources). L’apprentissage formel est intentionnel de la part de l’apprenant.

L’apprentissage non formel est un apprentissage intégré dans des activités planifiées qui ne
sont pas toujours explicitement désignées comme activités d’apprentissage (en termes
d’objectifs, de temps ou de ressources), mais comportent un important élément
d’apprentissage. L’apprentissage non formel est intentionnel de la part de l’apprenant.

L’apprentissage informel est un apprentissage découlant des activités de la vie quotidienne liées
au travail, à la famille ou aux loisirs. Il n’est ni organisé ni structuré (en termes d’objectifs, de
temps ou de ressources). L’apprentissage informel possède la plupart du temps un caractère
non intentionnel de la part de l’apprenant. Il relève de la pratique, des diverses expériences, de
multiples sollicitations dont un sportif est sujet.

APPRENDRE / LEARN
(découvrir, acquérir, fixer, consolider, maîtriser, perfectionner, adapter, diversifier, créer, …)

De manière formelle De manière non formelle De manière informelle

S’ENTRAINER / TRAIN
(reproduire, systématiser, développer, renforcer, optimaliser, …)

PERFORMER / PERFORM
(accomplir, réaliser à un moment donné)

Figure 1 : Liens entre apprentissage, entraînement et performance

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In fine, par l’apprentissage et l’entraînement, le moniteur et les sportifs vont tenter de minimiser
l’impact d’une perturbation (stimulus) sur l’organisme.

L'objectif de l’apprentissage et de l'entraînement est la performance sportive. Cette dernière


étant multifactorielle, c'est-à-dire déterminée par plusieurs éléments, il est donc logique de se
poser la question de « l’entraînabilité » / des possibilités d’ « apprentissage » des différents
déterminants de cette performance sportive.

Les composantes de la performance sportive ont été détaillées dans le module CG2_Th3_Mod1_
« Définition des facteurs de la performance sportive » :

- La dimension morphologique, déterminée partiellement par le patrimoine génétique de


l'individu, est sans doute la moins modifiable des composantes. Certains aspects
morphologiques peuvent cependant être influencés par l'entraînement (le
développement musculaire), et/ou par l'alimentation (le contenu en graisse corporelle).

- La dimension physiologique est également sous la dépendance du patrimoine génétique.


Néanmoins, de manière générale, elle est entraînable pour tous les athlètes. Il existe en
effet des bases communes à toutes les disciplines. Cependant, elle est également
entraînable de manière spécifique selon le type d'effort exigé par la discipline.

- Les techniques spécifiques, l'efficacité et l'économie du geste définissent la dimension


biomécanique de la performance sportive. Cette composante de la performance sportive
est entraînable mais repose cependant sur une certaine part (plus ou moins importante
selon la discipline) de la dimension psychomotrice de l'athlète : ses habiletés motrices
fondamentales 5 (courir, sauter, lancer, attraper, tirer, grimper, …). On parle, dans ce cas,
d'interaction entre les deux composantes. Le matériel utilisé par le sportif conditionne
également la dimension biomécanique. Il est évident que ce paramètre n’est pas
entraînable.

- La dimension psychomotrice comporte deux volets: les habiletés motrices et les


habiletés cognitives (anticiper une action, construire une action, ...). Les premières sont

5
Voir CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », plus particulièrement les Tableau 2 : Les
comportements moteurs fondamentaux (Paoletti, 1999) et Tableau 3 : Répertoire des fondements du mouvement et
des habiletés motrices (DLTA, 2005)

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en interaction avec les dimensions physiologique et biomécanique. De fait, sauter haut
demande une certaine force dans les membres inférieurs (entraînable), et une certaine
technique (entraînable aussi) dans l'exécution. Les secondes sont travaillées dans la
partie plus tactique, à partir de phases de jeu spécifiques, par exemple. Elles progressent
également avec l'expérience.

- Les dimensions émotionnelle et environnementale peuvent (doivent) être développées


et renforcées. Elles sont tout-à-fait entraînables à partir de certaines techniques 6

Les facteurs de la performance sportive sont donc presque tous « apprenables »,


« entraînables » ou « modifiables », à différents niveaux et selon différentes modalités. La
proportion de travail de l'une ou l'autre de ces composantes dans l'entraînement sportif
dépendra de l'évaluation préalable qui aura été faite de la discipline 7 et des caractéristiques /
besoins du sportif.

Qu’est-ce qu’une performance ? (ACE, 2007a)

De la littérature abondante sur le sujet, nous retiendrons les définitions suivantes :

Selon Platonov : « La performance sportive exprime les possibilités maximales d'un individu dans
une discipline à un moment donné de son développement ».

Selon Trilles : « La performance est l'aboutissement, le point final (ou intermédiaire) d'une série
8
d'actions appelées préparation sportive . Elle constitue l'objectif d'un long processus
d'entraînement. La performance est à la fois multifactorielle et systématique (développement
harmonieux de tous les facteurs) : multifactorielle car elle dépend de l'optimisation au cours de
l'entraînement de chacun des paramètres qui concourent au résultat final ; systématique car les
différents facteurs, loin d'être isolés, sont unis par des interactions réciproques. Agir sur l'un n'est
pas sans conséquence pour les autres ».

6
Voir CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »
7
Voir CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
8
Préparation sportive = apprentissage + entraînement

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La performance se mesure à un temps « t » bien précis. Elle est évaluée au travers d’un
comportement observable du sportif. Celui-ci doit être évalué objectivement au travers de tests 9
10
(ou de situations compétitives ) et remplir des critères d’évaluation bien précis. La
performance peut donc varier d’un moment à un autre et il est important de la vérifier
longitudinalement au travers de test de rétention. Selon le contexte de pratique, entraînement vs
compétition, la réalisation d’une performance peut donc également présenter un caractère
variable.

Notons enfin que la performance, consécutive à un apprentissage / un entraînement et/ou une


expérience, doit changer dans le temps en fonction de la pratique. Ce changement doit être
caractérisé par un progrès dans les performances.

Au fur et à mesure que se développe la pratique, les performances deviennent moins variables
d’un essai à l’autre, d’un jour à l’autre, etc. Ces performances, plus élevées et plus stables
doivent être durables.

Exemples :
- La performance d’un athlète en saut en longueur lors d’un test organisé en club ;
- Le temps réalisé par un cavalier lors de sa première compétition saisonnière en saut
d’obstacles ; le nombre de points marqués par un volleyeur lors de la rencontre du week-end ;
- Le nombre de fois qu’un tireur à l’arc à atteint la cible à une distance déterminée lors d’un test
organisé par le moniteur ;
- …

9
Voir aussi CG2_Th2_Mod1_ « Introduction à l'évaluation des facteurs de performance »
10
Voir par ailleurs CG3_Th2_ « Planifier et évaluer des compétitions »

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Tableau 3 : Liens entre apprentissage moteur, entraînement sportif et performance sportive

Apprentissage moteur Entraînement sportif Performance sportive

- Processus interne du - Processus interne du - Données


sportif sportif « instantanées » (à un
temps t)
- Méthodes, moyens, - Méthodes, moyens,
procédures (formelles procédures
ou non)
- Stimulation régulières
- Résultat de la pratique - Résultat final ou

et/ou de l’expérience intermédiaire de :

- Changements - Perturbation de l’état • qualités intrinsèques

permanents du stable • expériences


comportement moteur - Adaptation de • apprentissage
(non observables), l’organisme
• entraînement
traduits par des
habiletés motrices
(observables)

Quels sont les conséquences d’un stimulus sur l’organisme ?

Trois mécanismes entrent en jeu dans l'adaptation de l'organisme face à un stimulus perçu
comme « stress » (une situation d’entraînement, dans le sens du renforcement/du
développement d’une qualité en est un exemple) : le syndrome général d’adaptation, les
adaptations aigües et les adaptations chroniques.

Le syndrome général d’adaptation est une réponse non spécifique à un stimulus. C'est à dire que
tout l'organisme s'adapte à la perturbation qui lui est apportée (adaptation physiologique :
hausse de la fréquence cardiaque, transpiration, …). Certaines adaptations sont plus spécifiques
que d'autres selon l'organe ou le système plus particulièrement impliqué dans le stimulus. A ce
sujet, nous pouvons distinguer les adaptations aigües, des adaptations chroniques.

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Dans le premier cas (adaptation aigües), il s'agit des réactions physiologiques de l'organisme
pour maintenir le milieu interne du corps humain (homéostasie 11).

Exemple : Lors d'une marche rapide, le travail mécanique va déclencher une cascade de réactions
internes (déplétion de substrats énergétiques, production de chaleur, altération du pH sanguin et
des pressions osmotiques, ...).

A l'aide des différents systèmes de l’organisme, le corps parvient à déclencher des mécanismes
qui vont palier aux effets potentiellement négatifs d'une augmentation du travail interne.

Exemple : La sudation est un de ces mécanismes qui permettra de maintenir relativement constante
la température de l'organisme dont une augmentation trop importante peut s'avérer fatale ...

Dans le cas des adaptations chroniques, la répétition des épisodes d'adaptations aigües permet
de provoquer le rehaussement fonctionnel des systèmes organiques en vue d'une meilleure
réponse face à un nouveau stimulus. C'est ici qu'intervient un principe important de
l’entraînement : le principe de « (sur-)charge ».

Pour qu'il y ait adaptation chronique, la charge doit dépasser un seuil d'adaptation 12. Dans le
cadre de l’adaptation physiologique, si ce seuil est atteint, la période de régénération
physiologique produira un rehaussement fonctionnel des capacités de l'organisme par une
réorganisation biologique : l'adaptation chronique.
13
Exemple : L’enchaînement d’entraînements de haute intensité et de périodes de récupérations
adaptées entraînera, entre autres d’un point de vue physiologiques, la modification de la
consommation d'oxygène à l'effort de même intensité.

11
L'homéostasie est un état d'équilibre dynamique ( ≠ état statique) dans lequel les conditions internes de
l'organisme varient, mais dans des limites relativement étroites. Si le système n'est pas perturber par un stimulus
perçu comme stress par l'organisme, le système reste dans des conditions similaires.
12
Voir aussi CG2_Th3_Mod2_ « La "machine humaine" à l'effort », mais aussi CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et
contenus en fonction de l’âge » et aussi CG2_Th 3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la
performance sportive » et encore CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
13
Induisant eux-mêmes des adaptations aigües. (Voir CG3)

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Ce même principe pourrait valoir dans les effets de sollicitations « neuro-motrices » (par
exemple, l’exécution de gestuelles techniques de plus en plus rapides, de plus en plus précises,
dans des conditions diversifiées et variables, …) 14

Quels sont les répercussions d’une séance d’entraînement sur l’organisme ?

Le but de l'entraînement est de perturber l’équilibre dynamique de l’organisme afin de


provoquer des adaptations à court, moyen ou long terme selon la séquence représentée à la
figure 2.

Figure 2 : Adaptations physiologiques fonctionnelles suite à l'entraînement

En fonction du niveau de perturbation proposé et du niveau d’exigence envisagé (stress), cette


séquence peut être plus ou moins modifiée. En effet, si la perturbation est continuellement la
même (ex. : on coure toujours 45’ à allure constante), le système va s’adapter dans un premier
temps, mais il va également s’habituer. Ainsi, lors des stimulations ultérieures à intensité
identique, l'homéostasie ne sera plus perturbée et il n’y aura plus d’adaptation. L'implication de
ce principe pour l'entraînement est assez logique, cela veut donc dire qu’il est important de
varier les stimuli (variations dans la durée et dans l'intensité).

Il en va de même pour des variations de sollicitations qui entraîneraient des adaptations neuro-
motrices.

14
Stade autonome de l’apprentissage, voir CG1_Th2_Mod2_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », p.10

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Comment choisir adéquatement les activités à proposer aux Sportifs ?

Une des difficultés du moniteur est de choisir adéquatement les situations, les tâches à proposer
aux sportifs et ce, dans le but d’un développement optimal de chacun des participants. Comme
le montre la figure 3, le choix des activités à mettre en place dépend essentiellement de trois
facteurs :
1) la discipline sportive considérée 15,

2) les sportifs dont le moniteur à la charge 16,

3) le but poursuivi, notamment en fonction de la planification des différents objectifs à


différents moments de la saison.

Le choix des méthodes et l’organisation dans le temps en fonction de ces 3 facteurs définis
amènera le moniteur sportif à envisager, à élaborer, à concevoir une planification, une
programmation. (voir les questions ci-après)

Figure 3 : Facteurs déterminants le choix des activités de séances (ACE, 2007a)

15
Voir aussi CG2_Th3_Mod1_ « Définition des facteurs de la performance sportive »
16
Pour rappel voir CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge », et plus particulièrement le
Tableau 5 : Synthèse des éléments à considérer dans l’apprentissage moteur en fonction de l’âge, et aussi
CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 17 sur 62


Comment définir les stades de développement technique des sportifs ?
Comme cela a déjà été abordé au niveau Moniteur Sportif Initiateur, avant de programmer une
séance et de choisir les contenus de séances à proposer, il est important pour le moniteur de
déterminer le stade de développement des sportifs.

Cette notion est fondamentale : c’est la raison pour laquelle elle est une nouvelle fois présentée et
reprécisée à ce niveau de formation !

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 18 sur 62


Tableau 3 : Lignes directrices pour les contenus d’entraînementl des qualités athlétiques en
fonction de l’âge des athlètes, ACE, 2007, (http://canadiansportforlife.ca/fr)

Un autre référencement présenté par un autre expert de renommée mondiale corrobore le


modèle canadien.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 19 sur 62


Tableau 4 : Périodes les plus favorables au développement des principales qualités au cours de
la croissance, Cazorla G (2012), « Quelle activité ? Pour quel public ? A quel âge ? Pourquoi et
comment ? », séminaire interne Adeps.

Notons toutefois que la dimension psycho-émotionnelle de l’apprentissage et de la performance,


bien que n’étant pas reprise dans les tableaux 2 et 3, doit être intégrée en permanence et occuper
une place non négligeable dans les contenus des séances à tous les stades de développement du
sportif 17.

Comme souligné dans le cadre du module CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en


fonction de l’âge », les apprentissages ne suivent pas une pente ascendante rectiligne. Ils
peuvent être très variables d’un sujet à un autre et, pour un même sujet, varier d’une période à

17
Voir CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 20 sur 62


l’autre et/ou d’une habileté à une autre. Il appartiendra aussi au moniteur sportif de se référer
prioritairement à l’âge biologique plutôt qu’à l’âge chronologique de ses sportifs !

Pour aider le moniteur dans sa tâche, soulignons que certains stades d’apprentissage sont
prévisibles et communs à la majorité des sportifs (tableau 5). Le temps et la quantité de pratique
pour passer d’une étape à l’autre varient en fonction des athlètes. Précisons également qu’avant
d’atteindre le stade de « perfectionnement » pour une habileté donnée, le travail s’échelonne
sur plusieurs mois voire plusieurs années.

Dans le cadre de la fonction du Moniteur Sportif Educateur, rappelons que l’objectif est
l’acquisition, la consolidation et le perfectionnement des gestes fondamentaux, dans des
situations variées et des conditions différentes de pratique. La première partie du tableau offre
des indications au moniteur, via des éléments clés à observer, dans le but de déterminer le stade
de développement des sportifs. La deuxième partie expose les besoins des sportifs au stade
correspondant. Au vu des populations dont il a la charge, le MSEd doit aussi tenter d’organiser la
pratique pour leur offrir un nombre de répétitions relativement élevé et diversifié.

Tableau 5 : Stades de développement des habiletés sportives (inspiré du ACE, 2007a)

Variation
Initiation Acquisition Consolidation Perfectionnement
créative

Description et éléments clés à observer

Découverte et - Reproduction - Forme correcte - Approche du - Meilleurs


1ers contacts des éléments - Constance et modèle idéal athlètes au
avec l’activité à clés du précision dans (forme – monde
réaliser mouvement des conditions vitesse) - Style personnel
- Exécution dans faciles et - Performance très efficace
le bon ordre stables stable - Réponses
- Manque de - Début de - Précision dans uniques à des
rythme, fluidité réussite mais des conditions situations de
et instabilité complexes et compétition
synchronisation quand pression, variées particulières
- Instabilité, variation des - Style personnel
réflexion conditions, - Autocorrection
- Difficulté sous augmentation
pression ou des exigences
quand vitesse - Développement
augmente d’un style
personnel

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 21 sur 62


Variation
Initiation Acquisition Consolidation Perfectionnement
créative
Besoins des sportifs à ce stade…

- Image modèle - Compréhension - Répétions dans - Habileté - Exécution


de la tâche à et des conditions exécutée à haut parfaite
réaliser représentation diverses niveau car - Solutions par
- Conditions de mentale - Objectifs clairs compétition eux-mêmes
sécurité - Nombreuses (forme et complexes et
- Familiarisation répétitions résultat) exigeantes
avec les - Conditions - Défis - Solutions par
nouvelles stables, faciles et - Conditions de eux-mêmes
sensations en sécurité fatigue,
- Pratique à compétition
gauche et à - Gestion de la
droite conséquence
- Solutions par des erreurs
essais-erreurs

Selon Weineck (1997), lorsqu’un sportif s’engage dans un entraînement technique, le but n’est
autre que de se rapprocher de la représentation idéale de l’habileté. La première démarche
consiste donc à établir cette image la plus précise et la plus compréhensible possible, grâce à
des outils d’évaluation et d’analyse du mouvement par exemple.

Dans chacune des formations spécifiques, des informations seront communiquées au candidat
moniteur sportif éducateur sur l'image idéale des habiletés principales à acquérir ainsi que sur la
décomposition et les critères de réalisation de celles-ci.

Avant cela, d’une manière générale, le tableau 6 propose une vision précise des quatre phases
d’apprentissage du développement technique des sportifs que tout moniteur sportif devrait
toujours gardé à l’esprit.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 22 sur 62


Tableau 6 : Facteurs de l’apprentissage technique
(inspiré de Martin, 1977 ; Hotz&Weineck, 1983 - cité par Weineck, 1997)

Phases d’apprentissage dans


le développement technique
Phase de prise de contact Cette phase porte aussi le nom de phase de communication et
de conception où le MSEd communique l’image la plus claire
possible du geste dans son ensemble.
Le sportif se familiarise avec la situation cible au travers des
situations d’aide proposées par son moniteur. Le sujet prend
connaissance du mouvement. Il s’appuie sur ses observations
et ses expériences motrices antérieures.
Phase de coordination Les sportifs exécutent leurs premières tentatives du
grossière mouvement avec une gestuelle globale et dans des conditions
particulières de travail. Le moniteur fournit un maximum de
feedbacks concernant les prestations.
Au cours de cette étape, l’investissement des sportifs est
généralement peu efficace (maladresse, force trop importante
engagée, erreurs de rythme, imprécisions,…).
Phase de coordination fine Le geste devient « conscient » s’approchant d’une cinématique
et d’une dynamique de plus en plus précise. Les conditions de
travail sont standardisées et les articulations du mouvement
sont décomposées une à une. Le souci du détail et la précision
du mouvement sont visées lors de cette étape.
Phase de consolidation, de Le mouvement est maîtrisé et fixé. Il s’adapte aux conditions
stabilisation et de de l’environnement et au contexte d’évolution (entraînement
perfectionnement vs compétition). L’attention du sportif peut se porter sur des
aspects plus critiques de la situation plutôt que sur le geste en
lui-même.

Comment envisager la technique sur le terrain en fonction du stade de développement des


sportifs ?

En fonction du stade de développement technique, il existe des recommandations dont le MSEd


devrait tenir compte. Le tableau 7 détaille, pour chacun d’eux, les conditions d’entraînement
recommandées.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 23 sur 62


Tableau 7 : Planification des activités aux différents stades de développement des habiletés
techniques (ACE, 2007)

Stades de développement des habiletés


Consolidation
Conditions
Acquisition Exécution correcte Perfectionnement
d’entraînement Initiation
Modélisation du dans des Améliorations
recommandées 1er contact
mouvement conditions mineures
variables
Environnement Stable, prévisible, Stable et De + en + variable Conditions de
immédiat sans distraction prévisible, sans et contenant des compétition
distraction facteurs de
distraction, mais
pas au point que le
patron
d’exécution des
mouvements se
détériore
Prise de décision Aucune prise de Prise de décision Prise de décision Décisions
décision, une seule simple (max.2 plus complexe (3 à complexes ;
réponse possible options) 4 options) et options et
augmentation de fréquence
la fréquence de semblables aux
prise de décisions conditions de
compétition
Vitesse et Lente et contrôlée Au rythme des Accrue, variable et Similaire à la vitesse
exécution du sportifs très près des de compétition
mouvement conditions de
compétition
Nombre de Autant que Elevé Elevé Autant que
répétitions nécessaire, possible
dépend du
développement
moteur du sportif
Facteurs de risque Conditions Conditions à faible Risques Risques semblables
sécurisées, erreurs risque semblables ou à ceux d’une
sans conséquence légèrement compétition de
inférieurs à ceux haut niveau
d’une compétition
régulière
Lors des séances Exécution des Exécution globale Le maintien de la Des situations qui
d’entraînement, positions et et forme générale forme et de la exigent l’exécution
l’accent doit être postures de base ; du mouvement précision des des éléments
mis sur… comprendre en mouvements dans techniques
quoi consiste le des conditions particuliers pour
mouvement et à d’exécution lesquels des
quoi il ressemble variables et sous le ajustements sont
stress requis

Lors du développement de la technique sur le terrain, certains grands principes


méthodologiques sont à prendre en considération (Weineck, 1997) :

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 24 sur 62


1. La technique représente une part plus importante de l’entraînement plus le groupe de
sportifs est débutant et les performances envisagées sont de niveau élevé.

2. Le temps consacré au développement de la technique devrait avoisiner les 60 à 70% du


temps d’entraînement dans une population débutante.

3. Lorsque le staff et les sportifs envisagent une participation précoce à des compétitions
(exemple des sports à maturité précoce comme la gymnastique, le patinage,…),
l’apprentissage « grossier » de la technique doit être combinée à avec des éléments de
technique plus fins.

4. Le développement de la technique ne peut être envisagé seul. D’autres facteurs


déterminants de la performance (force, vitesse, endurance, souplesse, …) trouvent
également une place prépondérante dans la programmation.

5. Pour assurer le maintien de la motivation des sportifs, le moniteur sportif tire avantage à
découper l’apprentissage technique en objectifs intermédiaires opérationnels plus ciblés
à atteindre.

Comment envisager l’entraînement technique avec des enfants et des adolescents ?18

En fonction de l’âge des sportifs dont il a la charge, le moniteur devrait adapter les
entraînements à composante « technique » (Weineck, 1997).

A l’âge préscolaire, le moniteur doit avant tout viser le développement global d’habiletés
motrices plutôt que de s’attaquer au développement de techniques particulières. Les enfants de
cette tranche d’âge vont se construire un répertoire moteur grâce à l’imitation et
l’expérimentation. La réflexion sur la pratique n’est que très peu prisée à ce stade.

Au 1er âge scolaire, le moniteur doit profiter des capacités d’apprentissage des sportifs afin
d’élargir leur répertoire moteur. Dans les disciplines à maturité précoce (telles que la
gymnastique, le patinage artistique, la natation…), les performances réalisées à cette âge
peuvent déjà se révéler déjà très impressionnantes. Dans les autres cas, l’entraînement doit être
adapté et orienté vers une forme de développement général de la technique.

18
Pour rappel, voir aussi CG1_Th2_Mod1_ « Apprentissage et contenus en fonction de l’âge »

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 25 sur 62


Le second âge scolaire représente l’âge le plus favorable à l’apprentissage moteur et la
« formation technique générale ». Les enfants ont d’ailleurs tendance à reproduire
spontanément les mouvements réalisés par des adultes ou des proches (imitation). Une bonne
image vaut parfois mieux qu’un long discours ! Un enregistrement vidéo passé à vitesse réelle ou
au ralenti peut aider ces enfants. Ils vont capter les éléments principaux de réalisation en
fonction de leurs capacités et de leurs connaissances pour effectuer ensuite des tentatives sur le
terrain et, il n’est pas rare de les voir réussir, tout ou en partie, l’habileté lors des premiers coups
d’essai. Attention cependant à ne pas surestimer cet « âge d’or » car certains schémas moteurs,
certains processus ne pourront véritablement être acquis qu’à un âge plus avancé.

L’entraînement technique pendant la puberté est très souvent perturbée par la croissance
rapide des extrémités et du tronc. Le moniteur a donc tout intérêt à se concentrer davantage
sur la consolidation des éléments acquis. En effet, la programmation de nouvelles techniques
risque d’entraîner un découragement lié à un taux d’échec important.

Enfin, au cours de l’adolescence, des techniques plus complexes peuvent être acquises. A ce
stade, les sportifs ont normalement développé des qualités d’observation et de coordination
leur permettant d’aborder des notions d’un niveau de difficulté supérieur.

Qu’est-ce que la planification ?

L’atteinte de performance nécessite différentes qualités qu'il est nécessaire de travailler en


synergie. L’organisation de ce « travail » dans le domaine sportif requiert une certaine
méthodologie de planification.

La performance, qu’elle soit réalisée par un sportif amateur débutant l'entraînement régulier ou
par un sportif professionnel, est intimement liée à une organisation de l'entraînement sur une
longue durée. Cette planification à longue échéance sera elle-même « découpée » /
« périodisée » à moyenne et à courte durée, avec des objectifs à moyen et court terme.

La planification des athlètes qui débutent l'entraînement régulier doit, dans un premier temps,
être centrée sur le développement des qualités sportives générales. Les qualités sportives

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 26 sur 62


spécifiques à la discipline envisagée (facteurs déterminants spécifiques) seront développées
dans une seconde étape.

Exemples : Apprendre à un joueur à courir avant de courir ballon au pied au football ; apprendre à
un nageur à flotter avant de plonger ; apprendre à un athlète à courir avant de franchir des haies ;

Avant toute chose, comme il l’a déjà été mentionné, il importe donc pour le moniteur sportif
d’identifier les facteurs de la performance propres à la discipline et de définir les axes
d’entraînement prioritaires en fonction du contexte spécifique qu’il rencontre. La planification
permet ainsi aux acteurs d’avoir une vision des activités dans le temps et de les adapter en
fonction des paramètres rencontrés et mesurés au fur et à mesure.

Planifier consiste à programmer les séquences d’entraînement, sur une période déterminée, en
fonction des objectifs / des compétitions mais également en fonction de paramètres extérieurs
hautement individuels tels que l’état de fatigue des sportifs, une période plus intense au travail
ou à l’école, des problèmes familiaux, un problème médical, …qui constituent la réalité de
terrain.

Pourquoi est-il crucial pour un moniteur sportif de planifier ses séances ?

Il est désormais bien établi que pour évoluer, les sportifs ont besoin d’accumuler des heures de
pratique, un certain volume d’entraînement (optimal et non maximal !)

Comme souligné précédemment, la performance quelle qu’elle soit (celle réalisée par le sportif
amateur débutant l'entraînement régulier ou celle du sportif professionnel), est intimement liée
à une organisation rationnelle de l'entraînement envisagée sur une longue durée.

La performance est également dépendante des facteurs qui la définissent, dont l'étude
approfondie, propre à chaque discipline et à chaque athlète, permet d'aboutir à un plan
d'entraînement équilibré et spécifique aux besoins de cet(te) athlète.

Notons déjà que la forme optimale ne peut être maintenue pendant toute une saison. Les
sportifs vont rencontrer, quoi qu’il arrive, des périodes de forme optimale entrecoupées de
périodes plus difficiles où les performances n’atteignent plus les « records » obtenus

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 27 sur 62


précédemment. Une erreur dans la planification peut avoir des conséquences dramatiques sur
les performances des sportifs qui pourraient voir leur niveau stagner/diminuer ou se retrouver
en situation de surentraînement à des moments clés de la saison. Il est dès lors très important
de réfléchir et de planifier au mieux les séances afin d’amener le(s) sujet(s) au sommet lors des
objectifs définis comme principaux par l’ensemble des protagonistes.

Le but d'un plan d'entraînement est donc de mettre en place une structure avec des éléments
qui sont ordonnés de manière à assurer le développement des individus. Les compétitions
restant, au niveau de compétences du moniteur sportif éducateur, un élément de motivation,
une « carotte » pour les sportifs, et certainement pas une fin en soi. La planification des sportifs
qui débutent l'entraînement régulier doit, dans un premier temps, être centrée sur le
développement complet / le perfectionnement des qualités sportives tant générales que
spécifiques.

L’intégration de l’ensemble des paramètres et les moyens nécessaires à l’optimalisation de


l’entraînement « très fréquent » (volume d’entraînement élevé à très élevé) seront abordés au
niveau Moniteur Sportif Entraîneur.

Lors de la planification, pourquoi est-il important d’avoir une vision à long terme ?

Assurer le goût du sport à long terme devrait être l’objectif ultime de tout moniteur sportif. Ceci
implique de réfléchir à l’évolution des contenus des séances, des méthodes et des stratégies
utilisables depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte et, toujours en tenant compte des différentes
périodes de développement afin de ne pas brûler les étapes. En sports, fréquents sont les
exemples de jeunes talents prometteurs d’une carrière sportive de haut niveau qui ont
finalement dû se contenter de résultats moyens voire qui ont abandonné la discipline de
manière précoce.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 28 sur 62


Quelles sont les échéances d’un plan d’entraînement ?

Avant de répondre directement à cette question, envisageons ce qui avait déjà été énoncé au
niveau Moniteur Sportif Initiateur dans le module CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance / mon
intervention ».

Rappel du niveau MSI - Comment planifier/programmer les séances dans le temps ?

Sur base de l’évaluation régulière des sportifs, il convient de déterminer si ces derniers
maîtrisent les bases de la discipline.
En effet, sans l’acquisition de savoir-faire fondamentaux, les éléments plus complexes ne
peuvent être développés (ex. : apprendre à courir avant de pratiquer le saut en longueur ;
apprendre à réaliser une roue au sol avant de travailler la rondade en gymnastique ; apprendre à
s'équilibrer dans un bateau avant de hisser la voile ;…). En premier lieu, l’initiateur sportif doit
porter son attention sur les objectifs prioritaires, sur ce qui est absolument nécessaire avant
d'aller plus loin.
En outre, il serait judicieux que les objectifs soient partagés par l’ensemble des acteurs (les
initiateurs sportifs, les sportifs et toute personne en lien direct avec la pratique). Il importe en
effet que chacun soit bien conscient de ce qui est recherché lors de la pratique.
Vérifier qu’un objectif est atteint permet de renforcer la motivation du sportif et de contrôler
l’efficacité du processus d’apprentissage. Des tests et des évaluations devraient être
programmés de manière régulière afin de vérifier le niveau d’atteinte des objectifs et,
éventuellement, d'ajuster les séances suivantes.
Par ailleurs, en fonction de la spécificité des pratiquants, certains objectifs peuvent être
identiques pour tout un groupe mais d’autres peuvent être individualisés (ex. : l’objectif pour
cette équipe de jeunes rugbymen est d’améliorer la relation passeur-réceptionneur mais, pour
Lucas, nous travaillerons plus particulièrement la prise de ballon en mouvement).
L'individualisation permet également d'augmenter la motivation des pratiquants et de marquer
l'intérêt de l'intervenant pour le développement de tout un chacun.

Les objectifs peuvent être fixés en fonction de quatre échéances :

(1) À court terme. Il s’agit des objectifs à atteindre lors d’une activité donnée (ex. : l’objectif
des trois prochaines séances est de limiter le phénomène de grappe autour du ballon ;
l’objectif de la séance est de réaliser le revers en respectant la prise de raquette correcte).

(2) À moyen terme. Dans ce cas, les progrès doivent être constatés après une période de
trois à six mois (ex. : dans trois mois, les nageurs doivent être capables de réaliser 100m
sans s'arrêter ; dans 5 mois, l’objectif est de mettre en place le nouveau système de défense
en volley-ball).

(3) À long terme. Les objectifs sont fixés pour une durée d’un an ou d’une saison (ex. :
l’objectif pour cette équipe de hockey est de maintenir l’équipe soudée malgré la difficulté
liée à la montée dans la division supérieure ; Christelle doit décrocher sa ceinture jaune à la
fin de l'année ; Alexandre sera prêt à intégrer l'équipe seniors la saison prochaine ; …).

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 29 sur 62


(4) À très long terme. L’idée consiste ici à envisager le développement du sportif sur
l’ensemble de sa carrière (ex. : l’objectif à terme, pour ce jeune joueur de football, est de
rejoindre l’équipe nationale belge ; l’objectif est d’apprendre aux rameurs à devenir
autonome sur l'eau ; lorsqu'ils auront terminés leurs études secondaires, ces juniors
continueront à pratiquer ; …).

En fait, il faut comprendre que les objectifs s’emboîtent telles des poupées russes, en fonction
d’une finalité qui consiste généralement à amener chaque individu à exploiter et valoriser son
potentiel.

Il est évident que chaque activité qui s’inscrit dans la formation des sportifs devrait logiquement
s’appuyer sur celles qui ont déjà été expérimentées et s’envisager en fonction de celles qui
surviendront ultérieurement. Il faut se rendre compte que, pour atteindre certains objectifs, il
faudra avoir maîtrisé des prérequis.
En revanche, le moniteur peut donner à ses sportifs l'occasion d'essayer des tâches plus difficiles
que celles qu'ils réussissent sans problème et ce, dans le but d'inculquer le goût du défi, de
maintenir la motivation, ...

Dans la perspective d'un accompagnement et d’un développement du sportif, le modèle


canadien – Long Term Athlete Development (DLTA) – représente un outil dont devraient
s'inspirer davantage d'initiateurs sportifs (http://www.canadiansportforlife.ca/ - figure 5).

Figure 5 : Modèle canadien du DLTA (DLTA3)

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 30 sur 62


En résumé …
L'initiateur se doit de veiller, dans un premier temps, au développement des objectifs prioritaires
et de contrôler régulièrement l'état d'avancement des participants au travers de tests et
d'évaluations.
Ces étapes indispensables lui permettront d'ajuster constamment les programmes établis. Les
objectifs sont fixés à court, moyen, long et très long terme dans le temps.
Certains objectifs peuvent être communs à l'ensemble du groupe tandis que d'autres
permettent d'individualiser les enseignements, les apprentissages.

Un plan d’entraînement doit rester un élément modulable au cours des semaines en fonction de
l'état du sportif, de son évolution, de ses prestations à l'entraînement, des résultats obtenus lors
de tests, lors de compétitions, ...

Un plan d'entraînement doit être compréhensible (langage simple et claire) et épouser le profil
de l'athlète et de sa discipline.

Comme schématisé sur la figure 6, il existe plusieurs niveaux de planification allant d’une vision
macroscopique de la saison entière à une vision plus microscopique de chacune des séances
d’entraînement. Les étapes intermédiaires étant définies par différentes périodes délimitées en
fonction des objectifs poursuivis.

Ces notions seront approfondies et perfectionnées au niveau Moniteur Sportif Entraîneur. Dans
le cadre de ce module, seuls les éléments de base seront présentés de façon à introduire des
notions théoriques d’une part et d’établir les fondements des planifications qui seront
envisagées dans le cadre des formations spécifiques aux différentes disciplines sportives.

Planifier une saison : c'est planifier les entraînements en fonction des objectifs majeurs
(apprentissages / développements attendus, compétitions les plus importantes), des objectifs
intermédiaires, des compétitions de préparation, qui sont tous préalablement définis entre le
moniteur sportif et son/ses sportif(s). Dans certains cas, d’autres personnes peuvent être
intégrées à ces décisions, citons à titre d’exemples : les parents, le kinésithérapeute, le
psychologue, …

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 31 sur 62


Planifier les périodes : les périodes de préparation générale, spécifique, d'affûtage ainsi que les
périodes entre les compétitions (qui dépendent de la discipline mais aussi de l'enchaînement des
compétitions et de la durée de la période de compétitions) sont planifiées en fonction des
objectifs de saison et du type de périodisation utilisée par l'entraîneur.

Planifier les séances : c’est définir, en fonction de la période et de besoins spécifiques du sportif
par rapport à sa discipline, les adaptations souhaitées. En fonction de celles-ci, c’est orienter le
contenu de chaque séance vers un travail approprié. La fréquence des entraînements est
principalement fonction de l'expérience, des besoins / des attentes et des caractéristiques de
l'athlète.

Figure 6 : Trame de base dans la planification traditionnelle d’une saison sportive

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 32 sur 62


Comment organiser une planification de l’entraînement ?

Dans le modèle traditionnel de périodisation (d’autres modèles novateurs seront abordés au


niveau moniteur sportif entraîneur), le moniteur sportif va définir des unités d'entraînement qui
vont se répéter, de façon périodique, selon un système qui se décline souvent en 4 ou 5 niveaux.
Ces niveaux sont déclinés d’une vision macroscopique de la carrière du sportif vers une vision
plus ciblée de l’intervention :

1. Le cycle quadriennal olympique. Celui-ci est facultatif car absent dans certaines
disciplines, comme le football professionnel par exemple, et ne concerne que les athlètes
de très haut niveau. Cette étape de la planification ne concerne donc que les MSEnt. Les
MSEd doivent en connaître les tenants et aboutissements.

2. Le macrocycle représente plusieurs mois et comprend les périodes de préparation, de


compétitions et de transition.

3. Le mésocycle représente plusieurs semaines et regroupe plusieurs microcycles similaires


au sein d’un même macrocycle.

4. Le microcycle représente plusieurs jours et est composé d’une séquence structurée de


séances d’entraînements, souvent sur une base hebdomadaire.

5. La séance d’entraînement programmée en heures et en minutes détaille un contenu


spécifique aux adaptations souhaitées.

Pour davantage de précisions, nous reviendrons dans les questions suivantes sur le découpage de
la périodisation de planification

Quels sont les grands principes à respecter dans la planification d’entraînements ?

Une séance adaptée aux besoins des sportifs, réalisée correctement sur le terrain et traduisant
des objectifs clairs a de grande chance de mener à des résultats positifs. Pour se faire, sept
grands principes sont à respecter lors de la préparation :

- Le principe d’adaptabilité ;

- Le principe de (sur-)charge ;

- Le principe de réversibilité ;

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 33 sur 62


- Le principe de surcompensation ;

- Le principe de progression ;

- Le principe d’individualisation.

Qu’est-ce que le principe d’adaptabilité ?

Comme il l’a déjà été quelque peu mentionné précédemment, l'entraînement met à profit une
des facultés fondamentales du corps humain, à savoir, sa capacité d'adaptation. Cette capacité
est la loi la plus universelle et la plus fondamentale de la vie. Au fil du temps, les sportifs
s’adaptent aux conditions mises en place par le moniteur.

Pour qu'il y ait adaptation, la charge doit dépasser un seuil d'adaptation. C’est adaptation repose
sur un second principe clé de l’entraînement à savoir le principe de (sur-)charge.

Qu’est-ce que le principe de (sur-) charge ?

Les activités seront définies en termes de nature / type, intensité, durée / temps d’activités et
fréquence. Elles doivent aussi présenter un niveau de difficulté adapté au niveau des sportifs.

Comment peut-on doser correctement un entraînement ?

Bien doser un entraînement correspond à appliquer une charge de travail adéquate à son
sportif.

Déjà en 1975, Banister et Calvert étudiaient ce principe de calcul du dosage de la charge


d'entraînement (dit « training impulse » TRIMP). En effet, chaque entraînement doit être
construit à partir du niveau de développement de l’athlète, de son degré d’entraînabilité, de son
âge (biologique plutôt que chronologique !), de son niveau d’habilités, du niveau de sa
dimension bio-énergétique, de son expérience et des adaptations que l’on souhaite induire.

Dans le cadre de l’entraînement, la notion de charge d’entraînement prend un sens très large.

En effet, la charge constitue le produit d’un certain volume de travail par une intensité, tout en
tenant compte de la récupération et de la fréquence à laquelle celle-ci est imposée à l’athlète.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 34 sur 62


a. Le volume représente alors la quantité de travail qui est demandée à l’athlète. Le
volume peut se décliner sous différentes formes :

Volume = Quantité de travail fourni

– La distance parcourue durant l'exercice est une possibilité de calcul de


volume. La distance est utilisée surtout en natation ou en athlétisme sur piste
mais peu pratique dans le travail en sports collectifs, en sports de raquette.

– Le temps de travail est plus facilement exploitable dans les efforts


intermittents ou dans le travail d'intervalles en cyclisme ou en course à pieds.

– Le nombre de répétitions et de séries est typiquement un facteur de calcul de


volume en musculation.

b. L’intensité est une composante qualitative du travail fourni par l’athlète. Elle
dépend de l’influx bio-énergétique et/ou psychologique dépensé(s) par le sportif
au cours de son entraînement. Celui-ci peut-être d’ordre. Elle fait donc référence à
des indicateurs d’intensité (poids à déplacer, hauteur d’impulsions, …).

Intensité = Versant qualitatif du travail fourni

L’intensité peut également se décliner sous d’autres formes :

– La fréquence cardiaque de l'athlète, au repos avant l'exercice, moyenne


durant l'exercice, et maximale au cours de l'exercice peut servir au calcul de
charge.

– La vitesse peut également servir au calcul de charge, dans des conditions


standardisée. Ainsi, en course à pieds, outre la course sur piste ou sur circuit
mesuré dans des conditions standardisées, la vitesse dépend du dénivelé, du
vent, du sol,... et ne reflète donc pas correctement l'intensité d'exercice. A
vélo, la même réflexion peut être faite. Outre la course sur piste, aucune
conditions n'est vraiment contrôlée car elles sont sous la dépendance du vent,
du dénivelé, ... En natation (nage en bassin) par contre, la vitesse est
pratiquement le seul facteur d'intensité utilisé par les entraîneurs car les
conditions sont extrêmement stables.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 35 sur 62


– La puissance développée, exprimée en watts, et calculée à partir d'outils
spécifiques est de plus en plus utilisée par exemple chez les cyclistes comme
outils d'évaluation d'intensité d'effort.

– La lactatémie est un excellent reflet d'intensité d'exercice mais en pratique,


elle est relativement peu utilisable car sa mesure n’est pas directe.

– La charge exprimée en kilogrammes ou en pourcentage de répétition


maximale est utilisée comme facteur d'intensité pour les exercices de
musculation.

c. La fréquence correspond au nombre d’entraînements appliqués au sujet par unité


de temps.

d. La récupération consiste en une durée de repos, dans l’intervalle des exercices


mais aussi entre les séances et les cycles. Un manque de récupération / de repos
est une entrave la progression ;

Qu’est-ce que le principe de réversibilité ?

Les charges d’entraînement doivent se succéder régulièrement afin d’induire une amélioration
des paramètres de la performance, jusqu'à une limite déterminée par des facteurs génétiques
(= l’entraînabilité). Si les séances d’entraînement ne se succèdent pas régulièrement, les
« traces » laissées par les entraînements précédents disparaissent, sans permettre aux effets de
s’ajouter les uns aux autres. Si l’intervalle entre deux charges de travail est trop long,
l’organisme se désadapte, il y a désentraînement avec soit un retour au niveau de départ
(= stagnation), soit une régression par rapport à ce niveau (figure 7).

Ce principe est très important car si, pour une raison ou pour une autre, l’entraînement devait
être interrompu pendant une période trop longue, l’organisme se désadapte très rapidement,
beaucoup plus rapidement qu’il ne s’était adapté (comme l’attestent certaines blessures, deux
semaines d’inactivité peuvent annuler plusieurs semaines d’entraînements réguliers).

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 36 sur 62


Figure 7 : Illustration du principe de réversibilité (Leca, 2007)

Qu’est-ce que le principe de supercompensation ?

Nous venons de voir que pour maintenir la perturbation il était nécessaire de varier les stimuli
(charges) d’entraînement.

Le principe de la supercompensation est illustré à la figure 8. Par la fatigue qu’il induit (plus ou
moins importante selon la charge d’entraînement imposée), l'exercice provoque une diminution
de la performance (fitness) et, par conséquent, une baisse du niveau initial (phase 1). L'arrêt de
l'exercice permet à l'organisme de mettre en place des adaptations face au stimulus
d'entraînement et une récupération de l'athlète (phase 2). Ensuite, les adaptations chroniques
(somme des adaptations aigües et générales à l'entraînement) permettent un rehaussement du
niveau fonctionnel du système (phase 3). Cette troisième phase est appelée la surcompensation,
avec une augmentation du niveau initial de l'athlète. Si le système n'est plus perturbé, il revient
au niveau initial.

Figure 8 : Illustration du principe de surcompensation (Chevalier, 2003)

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Dans le cas d’une programmation adaptée, le sportif peut profiter de ce phénomène pour
augmenter son niveau initial (figure 9).

Phase 3

Phase 1

Phase 2

Figure 9 : Représentation de l'adaptation parfaite à l'entraînement avec surcompensation


maximale, reprise de l'effort au sommet de la période de surcompensation, stimulus et
récupération optimale (Herault, 2000)

Qu’est-ce que le principe de progressivité ?

Afin de ne pas brûler les étapes de développement des sportifs, la notion de progressivité est
cruciale, c’est-à-dire programmer des situations les plus simples aux plus complexes, des tâches
décomposées à l’intégration dans un enchaînement,…

La progressivité est un principe à respecter à la fois dans la fréquence, la durée et l'intensité des
entraînements, ou autrement dit, dans la charge totale hebdomadaire. Pour rappel, les
recommandations minimales sont d’environ 2h30 de sport par semaine pour un objectif de
santé. Ces 2h30 peuvent, par exemple, être déclinées en 3 séances par semaine dans un premier
temps. Vu que l’objectif à atteindre est une hausse de performance, il va falloir augmenter la
charge d’entraînement pour encore perturber l’homéostasie. Petit à petit, on peut augmenter la
charge en jouant sur la durée, puis, sur l'intensité de ces 3 séances.

Dans une perspective de développement progressif, et selon la capacité de récupération du


sportif, une séance supplémentaire peut être ajoutée. Dans ce cas-ci, le moniteur ajuste alors le
paramètre de fréquence des entraînements. Afin d'éviter une brusque augmentation de la
charge hebdomadaire, le contenu des 3 séances initiales sera revu à la baisse, avant

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 38 sur 62


d'augmenter progressivement la charge (= Intensité x Volume) de chaque séance. C'est ainsi
que la charge totale de travail de l'athlète va progressivement augmenter. A chaque
augmentation de fréquence, augmentation d'intensité et/ou augmentation de volume, il sera
judicieux de laisser une période d'adaptation au système. De la même manière, les séances
d'entraînement doivent progresser du simple au complexe, du facile au difficile et du connu à
l'inconnu.

Qu’est-ce que le principe d’Individualisation ? Pour quelle raison envisager l’individualisation


au cours d’une séance ?

Chaque athlète a un vécu et un niveau de départ dont il faut tenir compte pour assurer une
progression optimale.

Chaque athlète possède ses propres caractéristiques d'adaptations au stimulus d'entraînement,


de récupération, ou plus généralement d'entraînabilité. Le meilleur entraînement des capacités
physiques de l'individu est l'entraînement individuel car il est difficile de trouver deux sujets
ayant au même moment, les mêmes performances, les mêmes possibilités, la même physiologie,
la même motivation et les mêmes buts (figure 10).

Figure 10 : Réactions de l’organisme d’athlètes de différents niveaux à une


charge de même intensité et de même volume (Chevalier, 2003)

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LE MACROCYCLE ET LE MÉSOCYCLE

Comment organiser les bases d’un macrocycle et d’un mésocycle ?

Revenons quelque peu sur le découpage de la périodisation.

Chaque macrocycle se divise en général en trois périodes (préparation – compétition –


transition), définies par les mésocycles dont le type définit les microcycles qui le composent. De
manière très générale, les grands principes qui définissent le contenu de chaque période (de
chaque mésocycle) est repris dans le tableau 8.

Tableau 8 : Définitions des mésocycles en fonction de la saison

Mésocycle Stade But Charge

Préparation Préparation générale Habiletés motrices Volume + / Intensité -

Préparation spécifique Habiletés techniques Volume ± / Intensité +

Compétition Préparation Habiletés motrices / Volume - / Intensité


compétitive technique / tactique exercices spécifiques

Juste avant Termine préparation Volume - / Intensité +


compétition spécifique

Transition Transitoire Récupération Récupération active

Comment planifier la forme sportive sur une saison ?

Dans le développement de la forme sportive, trois phases précèdent la période de compétition :

1. une phase de préparation générale,

2. une phase de préparation orientée,

3. une phase de préparation spécifique.

Pour la périodisation de chacune d'elles, l'utilisation de macrocycles de 3 à 4 microcycles est


nécessaire. Généralement, les macrocycles sont composés de 4 semaines (4 microcycles) dans
les étapes de reprise d'entraînement à dominante volume, et de macrocycles de 3 semaines

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 40 sur 62


dans les étapes qualitatives visant au développement des qualités physiques, techniques et
tactiques.

La structure et la dynamique de la charge de travail qui caractérisent la période de préparation


générale sont le plus souvent de nature progressive : 3 semaines (microcycles) de travail
progressif, suivies d'une semaine de récupération ou la quantité de travail sera de 50 à 60 % celle
de la semaine précédente. Cette semaine de récupération sert à mettre en place les mécanismes
de récupération et de surcompensation.

La structure générale des microcycles de 3 semaines est de nature dégressive. Toutefois, il ne


s'agit que d'une tendance car ce sont en fait 2 semaines de charges importantes qui précèdent
la semaine de récupération. Or, si l’on admet que la charge de travail de la première semaine
représente 100% des possibilités du moment en valeur absolue, il est difficile d'admettre que la
deuxième semaine atteindra elle aussi le même pourcentage ; elle représentera en réalité une
charge objectivement moindre, environ 90%, dont les effets seront maximaux en termes de
charge interne. Ces microcycles dégressifs de 3 semaines seront placés en périodes de
préparation orientée et spécifique.

Les capacités acquises au cours des différentes étapes doivent pouvoir se maintenir pendant la
période de compétition qui ne devrait pas dépasser 4 à 6 semaines pour une durée de
développement des qualités physiologiques / entraînement de 12 à 16 semaines.

Cette organisation de la préparation sportive permet d'atteindre au mieux la forme optimale


lors de la période de compétition. Nous voyons tout de suite que cette approche cadre bien avec
la majorité des sports individuels (par exemple, le tennis fait exception à cette règle) où les
grands rendez-vous sont fixés à longue échéance mais ne rentre pas (ou plus difficilement) dans
la conception d'un sport d'équipe ou les joueurs doivent prestés chaque week-end, voire plus
(cfr questions ci-après). Une autre exception peut être faite pour les équipes nationales où les
objectifs sont également de longue date et une préparation à long terme peut être envisagée.
Mais malheureusement, à ce jour, de nombreuses divergences existent entre les objectifs des
fédérations (prestation des équipes nationales à haut niveau lors des grandes compétitions) et
des clubs (prestation à la semaine voire maximum à la demi-saison).

La période de préparation générale est une période de mise en forme générale, de travail
technique et d'évaluation des athlètes afin de programmer le travail à effectuer en cours saison.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 41 sur 62


D'ordinaire, lors de cette période, l’accent est mis sur l'entraînement des qualités physiques et
techniques générales (force – vitesse – souplesse – endurance). C'est une période importante
car c'est sur le travail effectué durant la préparation générale que l'on s'appuie tout au long de
la saison. Le volume d'entraînement augmentera progressivement et l'intensité restera
relativement faible.

Durant la période de préparation spécifique, le moniteur sportif met l'accent sur le


développement des qualités spécifiques techniques et/ou physiques. L'intensité des
entraînements sera progressivement augmentée, tout en maintenant un certain volume de
travail.

La période d’affûtage est la période durant laquelle le sportif se repose afin de mettre à profit le
travail effectué durant les périodes de préparation générale et spécifique, tout en maintenant
l'intensité et en diminuant considérablement le volume.

En période de compétition, il faudra tenir compte de l'enchaînement des compétitions et de la


durée de cette période d'enchaînement. Dans le cas où la durée est courte, le travail entre les
compétitions sera semblable au travail de la période spécifique. Dans le cas où la durée est plus
importante, les entraînements « généraux » seront privilégiés durant la première partie et les
entraînements spécifiques dans la seconde partie. Une ou plusieurs séances axées sur la
technique est/sont à inclure dans le programme d'entraînements hebdomadaires.

Lors de la période d’inter-compétitions, plusieurs cas de figures sont à envisager en fonction


des disciplines et de la spécificité du planning de compétitions propre à chacune. Soit il n'y a pas
ou peu de temps entre les compétitions (une semaine, en sports collectifs par exemple), soit les
compétitions sont entre coupées de deux ou plusieurs semaines. Dans le premier cas, il faudra
veiller à maintenir un niveau de forme relativement stable (bien que de toute façon, celui-ci va
varier, c'est inévitable). La possibilité de recommencer une période de préparation générale
suivie d'une période de préparation spécifique n'étant pas possible, l'entraînement mixera dans
un premier temps le travail physique et technique spécifique et, dans un second temps, le travail

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physique technique spécifique ET générale. Dans le second cas, en fonction du temps dont on
dispose et des déficits de l'athlète, on repart sur une préparation générale suivie d'une
préparation spécifique, ou sur une préparation spécifique plus intensive et plus longue.

Comment planifier la forme sportive sur une saison en sports collectifs ?

Le plan d'entraînement (année – période – séance) doit tenir compte du collectif mais aussi de
l'individuel. L'étude des facteurs qui régissent la performance sportive est de ce fait, double. Un
travail spécifique, effectué de manière individuelle sur un joueur, va sans doute permettre
d'augmenter ses capacités. Mais au final, la performance en sports collectifs, c'est le résultat du
match, et donc le résultat du travail de l'ensemble des joueurs du groupe. Certes, un travail
individuel spécifique aux besoins de l'athlète est réalisé pour combler les déficits ou optimiser
les qualités, mais l'essentiel du travail se situe dans la préparation collective. Voila pourquoi, de
plus en plus, les entraîneurs de sports collectifs vont vers de la préparation intégrée. C'est-à-dire
une préparation incluse dans des phases spécifiques de jeu.

Remarque : Idéalement le travail spécifique individuel doit être réalisé par le joueur lui-même, en
dehors des séances collectives. Cependant, pour les équipes non professionnelles, ceci est et
restera une illusion en termes d'application.

Comment évaluerle versant qualitatif d’ une séance ?

L’évaluation qualitative d’une séance consiste à en évaluer sa charge 19.

Pour évaluer cette charge d’entraînement, Banister a proposé une formule simple destinée aux
athlètes d'endurance. Celle-ci tient compte de la durée de l'exercice (T), des fréquences
cardiaque moyenne à l'exercice (HRex), au repos avant exercice (HRrest) et maximale au cours de
l'exercice (HRmax).

19
Voir principes de l’entraînement

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Concrètement, une sortie en récupération, se situe entre 100 et 150 TRIMP chez un cycliste bien
entraîné . Un entraînement intensif d'un athlète d'endurance très entraîné peut se situer aux
alentours de 500 TRIMP!

Les entraînements, comme cela a été expliqué précédemment, doivent stimuler l'organisme de
façon optimale (pas trop, pas trop peu) en fonction des adaptations souhaitées. Un
entraînement trop facile ou trop difficile n'entraîne pas ou peu d'adaptations.

Figure 11 : Stimulation engendrée par un entraînement (Marc Chevalier, 2003)

De manière générale, le moniteur devra noter les charges de travail imposées, les sensations de
difficultés ressenties par l'athlète, analyser son état à l'entraînement qui suit et apprendre ainsi
le comportement physiologique de son athlète au cours des semaines. A partir de ces données,
le moniteur sportif peut réaliser son programme d'entraînement et éventuellement revoir sa
programmation à court ou à moyen terme. La programmation à long terme est rarement définie
avec des athlètes qui débutent l'entraînement car leurs réponses au stimulus d'entraînement va
grandement varier au cours de sa préparation.

Comment évaluer la charge d’entraînement d’une manière simplifiée ?

Pour simplifier la mesure, un exercice / une séance peut recevoir une « note » concernant son
intensité et peut être classé en fonction de la difficulté imposées. Une échelle de 1 à 5 permet

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 44 sur 62


d’estimer cette intensité (tableau 8). Une note de « 1 » correspond à un exercice léger tandis
qu’une note de « 5 » impose un engagement intense, digne d’un match ou d’une compétition. La
charge de travail estimée correspond au volume d’entraînement multiplié par l’intensité
imposée.

Charge de travail = Volume x Intensité

Tableau 9 : Evaluation de l’intensité d’une séance (UE signifie Unité d’entraînement)

Echelle Charge de Intensité de


d’intensité travail l’entraînement

5 UE Charge Entraînement
maximale très difficile,
match ou
compétition
4 UE Charge sub- Entraînement
maximale difficile

3 UE Charge élevée Entraînement


normal

2 UE Charge Entraînement
moyenne plutôt léger

1 UE Charge faible Entraînement


très léger
(récupération)

Comment évaluer l’intensité d’un microcycle ?

Le microcycle représente l’évolution des séances au cours de la semaine (figure 12). Pour
connaître la charge totale du microcycle, il suffit d’additionner la charge de travail associée à
chaque séance d’entraînement. Les unités d’entraînement doivent être organisées de façon à
provoquer une sommation positive. Le microcycle pour un sportif moyen atteint ±17 UE tandis
qu’elle atteint ±24 UE pour un sportif de haut niveau.

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Figure 12 : Répartition des séances sur une semaine (microcycle) avec leur intensité

Comme mentionné précédemment, le moniteur sportif se doit de répartir les séances sur le
microcycle en tenant compte des intensités et des charges de travail associées à chaque
entraînement. La figure 13 montre, à gauche, un exemple de microcycle où les séances à
intensité élevée s’enchaînent sur les trois premiers jours de la semaine, sans période de
récupération. A l’inverse, la partie droite de la figure de droite propose des séances à intensité
qui s’alterne au cours de la semaine permettant ainsi au sportif de bénéficier de période de
récupération.

Figure 13 : Exemples d’un microcycle déséquilibré et d’un microcycle bien programme

Comment évaluer l’intensité d’un macrocycle ?

De la même façon que pour le microcycle, la charge attribuable au macrocycle (3 à 6 semaines)


représente la somme des charges de travail calculée pour chaque microcycle. Les macrocycles
peuvent suivre une évolution progressive (figure 14) ou dégressive (figure 15). La somme
obtenue doit être optimale pour atteindre les objectifs fixés (figure 16).

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Figure 14 : Exemple d’un macrocycle progressif

Figure 15 : Exemple d’un macrocycle dégressif

Figure 16 : Exemple de mésocycle comprenant 4 macrocycles

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 47 sur 62


LA SÉANCE

Au sujet de la planification, de l’organisation et de l’évaluation de la / des séance(s), il est utile et


nécessaire de revoir et de se référer aussi aux questions déjà abordées au niveau Moniteur
Sportif Initiateur :

Rappel du niveau MSI - Quels sont les objectifs de séance pour un initiateur sportif ?
En résumé …
Avant la prise en charge d'un groupe, l'initiateur doit connaitre précisément les objectifs de son
intervention auxquels adhère l'ensemble des personnes concernées de près ou de loin par le
projet.
Les objectifs généraux représentent les objectifs au sens large du terme. Ceux-ci sont découpés
en objectifs mesurables et plus ciblés appelés objectifs opérationnels.
Les objectifs généraux d'un initiateur consistent à animer, initier et fidéliser à la pratique
sportive.

Quels sont les objectifs de séance pour un MSEd ?

Comme mentionné aux travers des questions précédentes, les objectifs généraux poursuivis par
les MSEd sont :

1. Le développement harmonieux et complet des sportifs ;

2. Le développement et la consolidation des déterminants de la performance ;

3. La consolidation des fondamentaux d’une discipline sportive spécifique ;

4. L’éducation des sportifs à l’entraînement de performance ;

5. L’amélioration des performances sportives.

6. …

Tout comme le fait ( … ou devrait le faire … !) tout cadre sportif à vocation pédagogique, le
Moniteur Sportif Educateur va découper ses objectifs généraux en objectifs plus petits et
mesurables dans le temps appelés objectifs opérationnels. En fonction de ceux-ci et en accord
avec les différents protagonistes, le MSEd va proposer un calendrier des activités, entrecoupées
de périodes de tests (ou de compétitions) afin de vérifier la bonne évolution des sportifs sur le
terrain. Les résultats obtenus vont lui permettre de maintenir son planning ou de l’adapter en
fonction des difficultés ou, au contraire, des facilités observées chez les participants.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 48 sur 62


Une fois de plus, la grande variabilité individuelle de progression / de développement va obliger
le moniteur à trouver des subterfuges pour toucher un maximum les caractéristiques
personnelles de chacun des sportifs dont il a la charge.

Le choix des méthodes et des stratégies d’enseignement / d’entraînement représente donc un


élément important. 20

Rappel du niveau MSI - En fonction de quoi un initiateur va-t-il définir les objectifs de sa séance?

En résumé …
Pour fixer les objectifs de séance, il est conseillé à l'initiateur de procéder en 4 étapes :
1) Identifier les prérequis indispensables à la réalisation d'habiletés spécifiques de la discipline,
2) Analyser les caractéristiques des participants,
3) Analyser le contexte de pratique et
4) Etablir des priorités (objectifs principaux vs objectifs facultatifs). Il respecte ainsi le triangle
pédagogique dominant toute intervention sportive.

Rappel du niveau MSI - Quels éléments dois-je prendre en compte pour préparer ma séance ?

En résumé …
Afin de préparer sa séance, l'initiateur doit pouvoir trouver réponse aux questions suivantes :
1) Qui ? Quelles sont les caractéristiques des sujets concernés en termes de niveau, de sociabilité, de
style d'apprentissage, … ?,
2) Quoi ? Quelles sont les habiletés à développer et les critères d'exécution ?
3) Comment ? Quelles sont les conditions de pratique ? Quel est le matériel et le facteur humain à
disposition ?
L'intervenant doit également maîtriser les aspects théoriques lui permettant de décrire et de
corriger les prestations des sportifs.

20
Voir aussi CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance, mon intervention »

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 49 sur 62


Quels sont les éléments à prendre en considération lors de la planification d’une séance ?

Lors de la planification de chaque séance, le moniteur sportif sera amené à se poser différentes
questions (figure 17). Le module CG1_Th2_Mod2_ « Ma séance / mon intervention » a apporté
une première ébauche de réponses a été apportées pour quelques-unes d’entre-elles.

Avant de programmer ses activités, le moniteur sportif doit rassembler toute une série
d’informations indispensables :

a) Qui sont les athlètes ? Quelles sont les caractéristiques de la population (âge, sexe,
milieu socio-économique,...) ?

Exemples : Un groupe de 10 enfants de 12 ans ; une équipe de filles de 14 ans ; une population de
jeunes vivant dans un quartier défavorisé ; …

b) Comment assurer la sécurité ?

Les réponses à cette question sont abordées dans les modules CG1_Th4_Mod1_ « Une pratique
en toute sécurité : la prévention » et CG2_Th4_Mod2_ « Prévention des blessures du geste
sportif ».

c) Quels sont les objectifs et les composantes prioritaires de la séance ?

Le moniteur choisit de se centrer sur les habiletés technico-tactiques (… en référence aux


qualités psychomotrices et qualités cognitives …), sur les qualités psycho-émotionnelles, sur les
facteurs force, vitesse / vélocité, endurance, souplesse, … (voir les facteurs déterminants de la
discipline envisagée)

Exemples : Apprentissage des règles du jeu ; Développement des habiletés fondamentales ;


Préparation à une participation aux premières compétitions ; …

Exemples : Développer la capacité aérobie ; Améliorer la souplesse ; Développer la puissance des


jambes ; …

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 50 sur 62


d) Comment organiser la séance ?

Le moniteur réfléchit à l'organisation la plus efficace sur le terrain (en ateliers, en circuit, en
autonomie,…).

e) Comment aborder la séance sur le terrain ?

Dans le niveau MSI, nous avons abordé la manière de communiquer efficacement avec un
groupe de sportifs ainsi que la manière de présenter rapidement un jeu ou une tâche. Une des
questions suivantes sera consacrée aux styles d'enseignement et complètera les notions
abordées au niveau MSI.

f) Quels sont les caractéristiques de la discipline et les déterminants de la performance ?

En fonction des spécificités de la discipline concernée (sports collectifs, individuels, milieu


ouvert, fermé, maturité précoce ou tardive,...), les déterminants de la performance vont guider
le moniteur dans la préparation de ses séances.

Exemples : Gymnastique aux agrès, sport à maturité précoce, milieu fermé ; Handball, sport
d’interpénétration à maturation tardive, actions des joueurs dépendantes de celles de l’équipe
adverse ; …

g) Quelles sont les limites logistiques ? Quel est le contexte de travail ? (salle, extérieur,
conditions météo, matériel à disposition,…)

Avant d'entreprendre toute préparation de séance, le moniteur doit analyser le contexte de


travail (salle, extérieur, conditions météo, matériel à disposition,…). Celui-ci guidera
inévitablement son choix des tâches.

Exemples : Une séance en grand groupe en salle ; des entraînements programmés à l’extérieur
obligeant une adaptation permanente en fonction de la météo ; une salle à partager avec un groupe
pratiquant une autre discipline sportive ; …

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 51 sur 62


a. Qui sont mes
athlètes ?
Quelles sont
leurs
caractéristiques
g. Quels sont les b. Comment
limites assurer la
logistiques ? sécurité ?

MON PLAN DE
f. Quelles sont SÉANCE
les déterminants c. Quels sont les
de la objectifs de la
performance séance ?
sportive ?

e. Comment d. Comment
aborder ma organiser ma
séance sur le séance ?
terrain ?

Figure 17 : Eléments à prendre en considération lors de la planification d’une séance (ACE, 2007)

Dans quel ordre planifier les activités sélectionnées pour une séance ?

La plupart des séances planifiées par les moniteurs rassemblent plusieurs activités visant à
développer une ou plusieurs habileté(s), des qualités bio-énergétiques ou encore un aspect
plutôt d’ordre technico-tactique. Pour espérer atteindre les objectifs fixés, des
recommandations générales peuvent être formulées et ce, en fonction de la partie
d’entraînement dans laquelle se trouve les sportifs.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 52 sur 62


En début de corps de séance, les sportifs sont logiquement « frais » et disponibles pour
apprendre de nouveaux mouvements, de nouvelles techniques ou encore corriger des habiletés
très peu maîtrisées. C’est également le moment propice pour envisager le développement des
qualités telles que la coordination, l’équilibre et la vitesse qui demandent un engagement
physique et mental important.

Dans une seconde étape, le moniteur choisira plutôt de programmer des activités visant le
développement de la force, l’endurance-vitesse ou la force-endurance.

Enfin, lorsque les sportifs seront fatigués, en fin de séance, le moniteur va plutôt tenter de
consolider des habiletés déjà acquises, des tâches d’aérobie ou des activités d’amélioration de la
flexibilité.

Quel style d'enseignement adopter lors des séances ?21

Lors des cours généraux du niveau MSI, la notion de « styles d'enseignement » a déjà abordée.
Ceux-ci sont classés en fonction du degré de partage des responsabilités entre le moniteur et les
sportifs.

Dans la littérature proposée par Mosston et Ashworth (2006), nous avions retenu trois styles
principaux :

1. Le style directif, « le dictateur » où le sportif est cloisonné dans un rôle


d'exécutant.

2. Le style « laisser-faire », « le baby-sitter » où le moniteur sportif prend le moins de


décisions possibles. Il se contente de gérer au minimum l'activité.

3. Le style coopératif, « l’enseignant » où moniteur et sportif(s) partagent les


décisions.

La seconde approche, plus permissive, ne correspond pas à celle de l’entraînement. C’est juste
du gardiennage, de l’animation qui ne nécessite pas de formation particulière et n’apporte pas
grand-chose aux sportifs. On le retrouve parfois chez certains moniteurs démotivés. Le style
directif a par contre dominé dans le passé et continue encore à être beaucoup utilisé par
imitation (les moniteurs débutants ont en effet tendance à reproduire les stratégies

21
Voir aussi CG2_Th3_Mod4_ « Aspects psycho-émotionnels et environnementaux de la performance sportive »,
notamment les théories de l’apprentissage

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 53 sur 62


d’enseignement que leurs propres moniteurs ont utilisées). Rassurant par le fait que le moniteur
a l’impression de contrôler ce qui se passe et évite de devoir donner des réponses aux questions
des apprenants, ce style se retrouve aussi fréquemment chez les moniteurs débutants. En
surface, le style directif semble efficace. En effet, il est basé sur une organisation irréprochable
et n’autorise aucune activité qui pourrait être perçue comme une perte de temps. Il sera très
efficace lorsque la philosophie de l’intervenant porte essentiellement sur la victoire et si la
motivation des participants et leur développement personnel ne représentent pas des priorités.
Ne participant à aucune décision, les athlètes vont progressivement s’entraîner parce qu’ils
recherchent le soutien de l’éducateur sportif ou pour éviter ses reproches.

La prise de conscience de ces inconvénients explique certainement pourquoi le style coopératif


tend à gagner ses galons à tous les niveaux de pratique. Il faut comprendre que ce style ne
signifie pas que l’on abandonne l’ordre et la discipline. Le moniteur sportif dirige les sportifs
lorsque c’est nécessaire mais leur offre des opportunités de prendre des décisions et d’assumer
leurs responsabilités. Il permet tout particulièrement d’amener les apprenants à gérer la
pression, de mettre les problèmes en perspective, de s’adapter à des problèmes en développant
leurs propres solutions et en devenant autonomes. En revanche, ce style nécessite davantage
d’individualisation et de sacrifier le succès immédiat en acceptant qu’il puisse arriver plus
tardivement.

Les caractéristiques des deux principales approches de l’entraînement sont mises en parallèles
au tableau 10.

CG 2_Th2 _Module3 _ Principes méthodologiques du perfectionnement et de l'entraînement sportif Page 54 sur 62


Tableau 10 : Comparaison des approches traditionnelles et moderne (Martens, 2004)

Approche traditionnelle Approche moderne

Utilise majoritairement des drills pour Utilise des drills étroitement alignés sur les
travailler les habiletés techniques habiletés techniques et tactiques
nécessaires dans le sport à apprendre

Enseigne les éléments spécifiques du sport et Enseigne la globalité du sport avant


les combine ensuite pour une prestation d’affiner les différentes parties
globale

Centrée sur le moniteur sportif. Ce dernier Centrée sur l’apprenant. Le moniteur


utilise des méthodes d’instruction directes qui sportif crée un environnement
peuvent – ou non – tenir compte des besoins d’apprentissage qui se centre sur les
des sportifs besoins des sportifs, en utilisant une
grande variété de méthodes
d’enseignement

Les séances sont souvent ennuyeuses et, dès Les séances sont amusantes, pertinentes et
lors, peu motivantes pour les sportifs porteuses de défis, augmentant ainsi la
motivation intrinsèque 22

Les sportifs deviennent hautement Les sportifs développent une plus grande
dépendants du moniteur indépendance par rapport au moniteur en
étant impliqué activement dans le
processus d’apprentissage

Par une utilisation intensive de drills, les Les entraînements visent à développer les
moniteurs tentent de développer des habiletés de réflexion, de compréhension
réponses automatiques qui amènent un et de prise de décision qui sont requises
manque de prise de conscience en pour réaliser des performances
compétition

Les sportifs accordent peu ou pas d’intérêt au Les sportifs prêtent une attention
moniteur qui prend (pratiquement) toutes les importante au moniteur et aident celui-ci à
décisions prendre les décisions

Les sportifs ne sont pas encouragés à s’aider Les sportifs sont encouragés à aider les
mutuellement pour maîtriser les habiletés autres à maîtriser les habiletés sportives
sportives

Cette approche est la préférée des moniteurs Cette approche est la préférée des
qui appliquent un style d’entraînement directif moniteurs qui appliquent un style
d’enseignement coopératif

22
La motivation intrinsèque est directement liée à l’activité (plaisir, compétence, progrès, découverte) tandis que la
motivation extrinsèque dépend de l’environnement extérieur (récompense, menaces, attente de bénéfices,
sentiment de culpabilité).

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Pour compléter les informations générales précédentes, Moston (1986) propose un spectre des
styles d’enseignement :

a) Par commandement

b) Par tâches

c) Réciproque

d) En sous-groupes

e) Par inclusion

f) Par découverte guidée

g) Par résolution de problème

h) Par programme individuel

Passons à présent en revue ces différentes formes d’enseignement et illustrons ces propos au
travers de quelques exemples concrets dans différentes disciplines sportives. Soulignons que
l’éducateur sportif peut bien entendu combiner plusieurs types d’enseignement sur un cycle de
façon à varier le travail proposé et maintenir ainsi la motivation des sportifs dont il a la charge.
Le choix des styles d’enseignement dépend des objectifs fixés, du temps dont dispose
l’éducateur, du niveau des apprenants, …mais également de la personnalité du moniteur !

Chaque style peut se révéler efficace en fonction du contexte. Il n’y a pas qu’une seule manière
d’entraîner. La difficulté est dès lors d’utiliser à bon escient les styles d’enseignement à
disposition.

1) L’enseignement « par commandement » rejoint le style directif de Mosston et Ashworth


(2006).

Exemples : L’équipe de volley-ball courent autour du terrain et réaliser les situations


d’échauffement indiquée par le moniteur ; L’éducateur dirige les tâches à réaliser par les nageurs ;

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2) L’enseignement « par tâches » consiste à proposer différentes activités aux sportifs. Ces
derniers ont l’opportunité de gérer leur travail comme bon leur semble (rythme, départ,
arrêt, …). Les sportifs bénéficient donc au travers de cette organisation d’un certain
niveau d’autonomie.

Exemples : L’éducateur sportif organise 5 ateliers autour du thème du salto avant en gymnastique,
les filles réalisent librement le travail demandé à chaque atelier ; Thomas et Julien reçoivent la liste
des tâches à réaliser dans la 1/2 heure qui suit sur le thème de l’élan en saut en hauteur ; …

3) L’enseignement « réciproque » consiste à placer les sportifs dans une situation de


collaboration, par groupes de 2 ou 3 sujets. A tour de rôle, l’un réalise la situation
demandée pendant que l’autre est présent à titre d’observateur. Cette méthode permet
de développer la socialisation entre les sportifs. Le moniteur communique ainsi avec les
observateurs pour les guider dans leurs interventions. Les sportifs assurent au travers
cette organisation, un rôle beaucoup plus actif dans leur apprentissage.

Exemple : Lors du stage organisé lors des vacances d’été, le moniteur de natation a réalisé 10 fiches
de situations visant à insister sur des points techniques précis du crawl ventral. Pendant que
Stéphane réalise sa longueur, François vérifie que les critères proposés sur la fiche sont bien
réalisés. Il guide alors Stéphane dans sa progression.

4) L’enseignement en « sous-groupes » se base sur les mêmes principes que l’enseignement


réciproque avec des groupes plus importants. Les sportifs sont invités à réaliser les
tâches mentionnées sur la fiche de travail et vérifier l’atteinte des résultats entre eux. De
cette façon, les sportifs vont apprendre à découvrir leurs propres limites.

Exemple : Six joueurs de rugby doivent réaliser entre eux une batterie de tests physiques bien
définis, l’éducateur prendra soin de leur fournir un feedback à la fin de la séance.

5) L’enseignement « par inclusion » est très intéressant lorsque l’éducateur a affaire à un


groupe hétérogène de sportifs ou bien souhaite individualiser au mieux les situations en
fonction du degré de développement de chacun. Les fiches mises à disposition des
sportifs reprennent les étapes de réalisation d’une habileté, d’une tâche. C’est ainsi qu’un

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sportif, via une auto-évaluation pourra démarrer, par exemple, à la tâche de niveau 3 (sur
une échelle déterminée de 1 à 6). S’il s’avère qu’il est trop souvent en échec, il aura la
possibilité de renouer avec la réussite et ainsi augmenter sa confiance en représentant
l’étape 2. Dès qu’il le sentira ou dès qu'il dépassera la zone de délicieuse incertitude (70-
80% de réussite), il tentera à nouveau l’étape 3.

Exemple : Des joueurs de basket s’entraînent au jump shoot. Les 6 étapes proposées sur la fiche
de travail de l’éducateur diffèrent par la distance à l’anneau. Fanny, qui vient de rejoindre
l’équipe, décide de commencer au niveau 2 tandis que sa partenaire Emilie, ayant 1 année
d’expérience supplémentaire, opte pour la distance du niveau 4.

6) La découverte guidée place les sportifs dans un processus de résolution de problèmes. Ils
sont obligés de réussir une étape avant de passer à la suivante. Cette méthode demande
une implication importante de l’éducateur dans la préparation mais offre l’avantage de
stimuler la réflexion des participants dans leur apprentissage.

7) La mise en place d’un enseignement par résolution de problèmes permet aux sportifs de
découvrir différentes solutions de réponse à un problème posé. Basée sur un
apprentissage coopératif ou chaque réponse a de la valeur, cette méthode sera proposée
par des éducateurs ayant une certaine expertise dans ce domaine. Son rôle consistera
principalement à encourager les sportifs sans apporter de jugements aux
comportements observés. Cette méthode offre également l’avantage de développer la
créativité ainsi que la coopération entre les sportifs.

Exemple : Des joueurs de volley-ball doivent, dans une première étape, réussir 10 services par-
dessus le filet. Dans une seconde étape, ces mêmes joueurs doivent réaliser 10 services
accompagnés d’une réception, … Ainsi de suite jusqu’à l’atteinte du palier 10 qui consiste en une
construction complète entre 2 équipes « partenaires ».

8) Le programme individuel est mis en place avec des groupes ayant une expérience
antérieure conséquente puisque ce sont les sportifs eux-mêmes qui développent leur
propre programme en fonction de leurs capacités physiques et cognitives. IIs seront

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amenés à développer les problèmes ainsi que les solutions pour y répondre. Il est dès lors
aisé de comprendre que cette méthode n’est pas applicable avec n’importe quel groupe
de sportifs. Au cours de ces séquences, l’éducateur sera chargé d’observer, de guider et
de fournir des conseils individualisés. Cette méthode sera beaucoup plus appropriée dans
une fonction de MSEnt avec des sportifs de haut niveau.

Quelles méthodes de travail mettre en place avec les sportifs lors des séances ? (ACE, 2007b)

Lors d’une séance d’entraînement, il est possible de demander aux sportifs de réaliser des
tâches sous différentes variantes. Le MSEd choisira donc celle qui convient le mieux à son/ses
sportif(s), en fonction du contexte et des objectifs fixés.

1) Les pratiques en blocs, en blocs progressifs ou globales :

Une habileté peut parfois être réalisée en « bloc » ou, au contraire, être découpée en différentes
parties à réaliser isolément.

Exemples 1 : En golf, réalisation complet de l’élan ; En rugby, réalisation du botter de ballon ; En


base-ball, effectuer un lancer de balle ; …

Exemples 2 : En gymnastique, réaliser la rondade au complet ou, au contraire, décomposer le


mouvement en dissociant la courbette finale ; En volley-ball, réaliser le smash dans son intégralité
ou réaliser, dans un premier temps, uniquement les pas et le rythme d’élan ; En patinage artistique,
le MSEd décompose une routine de son sportif en plusieurs parties de façon à corriger des
enchaînements plus courts ; …

Cette méthode de décomposition est généralement appliquée lorsque l’habileté présente un


« risque d’échec trop élevé » pour le sportif, surtout lors des premiers stades de développement.
Elle peut également être efficace lorsque les différentes parties peuvent être exécutées de
manière indépendante ou encore lorsque l’activité est assez longue. Progressivement, et si les
aspects « sécuritaires » ne sont pas remis en cause, ces différentes parties vont être intégrées
les unes aux autres. C’est ce que l’on appelle la pratique en « blocs progressifs ».

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Par contre, l’application de cette méthode est à éviter lorsque les liens entre chaque partie sont
trop élevés, lorsqu’une erreur dans une partie engendre des modifications sur les parties
suivantes et/ou lorsque la tâche est brève où impliquant des trajectoires d’objets. Enfin, si la
coordination entre les différentes parties s’avère cruciale, il est vivement conseillé de penser
également à une autre méthode.

2) Les pratiques groupées (cumulées) ou distribuées ;

Un mouvement peut être exécuté plusieurs fois consécutivement sans pause ou avec de très
courtes pauses. A l’inverse, certaines tâches demandent un temps de récupération plus long
entre deux essais. La durée des pauses, courte ou longue, est bien entendu dépendante de la
durée totale de la tâche à réaliser.

Exemples 1 : En ski de fond, réaliser un passage du poids du corps le plus longtemps possible d’une
jambe sur l’autre pendant une période de 2’ sans utiliser les bâtons ; En boxe, frapper sur un sac
pendant 3’ ; …

Exemples 2 : En athlétisme, réaliser 5x des sorties en starting-blocks suivie d’une distance de 10m
(avec récupération entre les répétitions ) ; …

La pratique groupée est indiquée lorsque la plage horaire prévue pour l’entraînement est courte,
lorsque les tâches programmées sont assez brèves, lorsque la dépense énergétique liée à la
pratique n’est pas trop exigeante et lorsque la pratique de l’activité ne présente que peu de
risque pour les sportifs.

A l’inverse, il est conseillé d’opter pour une pratique distribuée lorsque la vitesse et la
coordination représente des facteurs importants du mouvement ou lorsque la fatigue peut
s’accumuler au fil des répétitions, ce qui risque d’entraver fortement la qualité de réalisation.

3) La pratique constante, variable et aléatoire ;

En optant pour la pratique constante, le MSEd propose des répétitions de tâches dans des
conditions identiques. Au stade d’initiation ou d’acquisition, cette pratique utilisant le « drill »
offre des résultats positifs.

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Exemples 1 : En tir au pistolet, exécuter 10 tirs à la même distance sur une même cible ; En plongeon,
réaliser 5x le même saut à partir d’une hauteur identique ; …

La pratique variable consiste à modifier un aspect de l’habileté à chaque passage. Cette méthode
à prouver son efficacité au stade de consolidation.

Exemples 2 : En athlétisme, lancer 10x le javelot en modifiant la vitesse, la forme, la distance, le


poids,… ;

La pratique aléatoire consiste à demander au sportif d’effectuer une série d’habiletés dans un
ordre différent à chaque passage. De cette façon, il ne réalise pas deux fois la même situation.

Exemples 3 : Au tennis, reculer pour réaliser un revers, enchaîner ensuite avec un service puis
avancer pour retourner une volée ; En basket-ball, effectuer différents types de tirs à l’arrêt et en
mouvement ; En danse, tenter d’enchaîner des figures de rock dans un ordre aléatoire ; …

Egalement préférée lors du stade de consolidation, les sportifs doivent déjà maîtriser des
habiletés en série.

Selon l’association canadienne des entraîneurs (2007), plusieurs études scientifiques ont
démontré l’efficacité sur le long terme de la pratique aléatoire. En effet, si la pratique constante
offre des avantages à court terme, les sportifs ont tendance, dans ce cas, à proposer des
réponses de manière « automatique ». Par contre, grâce à la méthode aléatoire, le sportif est
soumis à un phénomène d’oubli qui l’oblige à se plonger plus activement dans son processus
d’apprentissage. Précision que ces constatations sont valables pour les habiletés discrètes
(début et fin faciles à déterminer), ouvertes (environnement non prévisible) ou en série
(enchaînement d’actions discrètes).

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Références bibliographiques

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élaboration d’activité pour les séances d’entraînement. Document de référence. Version 1.2.
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référence. Version 1.2. Programme national de certification des entraîneurs.

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