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LA PERIODISATION
TACTIQUE
Pour une approche
moderne de
l’entrainement
La périodisation tactique est une méthode de formation construite il y a plus de trente ans
par un professeur universitaire portugais. A travers ses diverses expériences, ce
professeur commence à remettre en question les méthodes d’entrainement déjà existante
dans les sports collectifs. Par facilité, la pensée scientifique classique fractionnait le jeu et
le rendait donc analytique, sorti de son contexte. Le professeur compris que le football et
le « jeu » qu’une équipe produit ne peut pas être traité de manière dissocié. Cette
dissociation dénature ce sport. Une rencontre de football est une sorte de multitude de
situations de jeu qui sont toutes unique, imprévisible et non linéaire.
Sa théorie a révolutionné les méthodologies en place dans les sports collectifs jusqu’aux
années 90. Elle met fin aux recettes dérivées du monde de l’athlétisme et à ses principes
de progression linéaire axée jusqu’alors sur la mécanisation et la répétition. D’autres
sports que le football se mettent à utiliser la périodisation tactique comme l’actuel
sélectionneur de l’équipe d’Angleterre de rugby Eddie Jones. Il est en train de
révolutionner l’approche de l’entrainement selon la méthode inspirée du football et
notamment mis au grand jour par José Mourinho… Et ce n’est sûrement qu’un début avant
que d’autres sports collectifs s’y mettent !
La périodisation tactique est apparue dans les années 90 au Portugal. Elle est
l’oeuvre de Victor Frade, un professeur d’université. Il a vécu une carrière atypique
puisqu’il a entrainé des sélections nationales de Volley avant de se consacrer au football à
Boavista dans les années 80. Par la suite, il deviendra directeur de la formation du
FC Porto.
Mais il n’est pas uniquement un entraineur ou un enseignant, il est beaucoup plus que
cela. C’est l’homme d’une méthode d’entrainement que André Villas Boas, Léonardo
Jardim et José Mourinho entre autres mettent en application au quotidien.
« Mes équipes utilisent une méthodologie qui rompt tous les concepts traditionnels de la
formation analytique.Nous avons formé un concept que nous appelons : l’interdépendance
de tous les facteurs ou nous travaillons tous en même temps, y compris la motivation. »
José MOURINHO
Avec la périodisation tactique, pas de footing dans les bois ou sur une piste d’athlétisme.
Tout cela est à proscrire. Et pour cause, chaque exercice se fait avec le ballon. Pour
quelles raisons ? « Un pianiste ne s’entraine pas en courant autour de son piano. Pour le
football, c’est pareil » répond Léonardo Jardim. Cette omniprésence du ballon est nouvelle
pour la France mais de plus en plus d’entraineurs s’y mettent.
La préparation pure et dure ? Ça existe encore, mais ce n’est pas l’avenir. Dans la
périodisation tactique, tout est décliné sous forme d’exercices, situations ou de jeux. Plus
La périodisation tactique est une sorte de mise en pratique des situations de match à
travers l’entrainement visant à améliorer les bonnes décisions et de comprendre le jeu. Ce
qui est important, c’est de créer des problèmes de jeu aux entrainements, créer des
situations pour accentuer certains mouvements en utilisant une variété de
contraintes qui placent les joueurs ou il le faut pour développer certains aspects du
modèle de jeu.
Chaque exercice proposé doit être utile à l’amélioration du travail en équipe. L’entraineur
va donc créer des certitudes chez les joueurs en leur permettant de penser de la même
façon.
A retenir
• La PT est apparue dans les années 90 par l’intermédiaire de Victor Frade, un
professeur d’université.
• La PT est un système d’entrainement complexe visant à développer le modèle
de jeu lors de chaque séance.
• Cette méthodologie de travail a été mis au grand jour dans l’Europe entière par
avec le FC Porto de Mourinho, vainqueur de la Champions League en 2004.
2 – Le principe de propension
Il s’agit de répéter des situations du modèle de jeu afin que les joueurs les
reproduisent inconsciemment. Mais pour arriver à cela il faut qu’ils apprennent et
comprennent. Il faudra donc « répéter, répéter, répéter » les principes ou les sous-
principes afin d’ancrer les comportements et qu’ils deviennent des réflexes.
A retenir
• La PT est basée sur trois principes méthodologiques : principe de progression
complexe, de propension, d’alternance horizontale.
• Il y a un principe des principes appelé « supraprincipe » qui est présent dans
chacun des trois autres principes. Le fondateur de la méthode le définit comme
« un impératif catégorique ». C’est le principe de spécificité.
Pour rendre opérationnel son modèle de jeu, l’entraineur doit avoir en tête des idées
claires et précises sur les principes de jeu qu’il souhaite utiliser. Mais le projet de jeu
ne dépend pas uniquement des idées du coach. L’entraineur doit tenir compte des
capacités des joueurs, de l’histoire du club, de la culture du pays et des objectifs du club
lors de la création de son modèle de jeu.
Ce sont des comportements plus généraux que l’entraineur veut que son équipe
effectue dans les différents moments de jeu. Les grands principes sont constitués par
un ensemble de sous-principes et de sous-sous principes. Par exemple, nous pouvons
citer : la construction du jeu ou le replacement défensif.
B - Les sous-principes ( SP )
Pour comprendre comment un modèle de jeu est assemblé, vous devez savoir que pour
faciliter l’analyse du jeu de football, certains philosophes de ce sport ont eu une bonne
idée en divisant le jeu en PHASES ou plutôt MOMENTS .
A retenir
• Le modèle de jeu peut être définit comme une combinaison de principes qui
apporte de l’organisation dans le jeu.
• Pour construire son modèle de jeu, il faut prendre en compte différents
paramètres comme : la culture du pays, l’histoire du club, les objectifs du club,
les capacités des joueurs, ses idées de jeu.
• L’entraineur doit aussi définir des principes, sous-principes et sous-sous-
principes dans les 4 moments de jeu.
L’entraineur doit donc faire exercer à son groupe certaines situations dans le but de
prendre l’avantage sur son adversaire. Les actions arrêtées à travailler avec son groupe
sont :
- les types de coups francs défensifs et offensifs : Ils peuvent être direct ou indirect
- la rentrée de touche défensive et offensive
- le coup de pied de coin ou « corner » offensif et défensif
- le pénalty
- le coup de pied de but
- le coup d’envoi
Toutes les actions arrêtées pouvant permettre à une équipe de prendre l’avantage
peuvent être travaillées de deux façons différentes :
- simple : le passeur ou le tireur cherche directement une solution.
- combiné : le passeur ou le tireur effectue une combinaison avec ses partenaires
pour prendre un temps d’avance ou l’avantage.
La complexité de la dynamique : Elle est liée aux règles et aux objectifs de l’exercice.
Plus le nombre de règles est élevé, plus la concentration est demandée et plus complexe
sera le jeu ( ou la situation ).
Le nombre de joueurs : Il est directement lié aux variables de la prise de décision. Plus le
nombre de joueurs est important, plus l’exercice sera complexe.
L’espace de jeu : On travaille les principes dans des grands espaces et les sous-
principes dans des plus petits espaces. De même, lorsque le niveau d’organisation est
sectoriel, intersectoriel ou individuel, on utilise des petits espaces. Plus l’espace est petit,
plus le joueur participe à l’objectif de l’exercice. S’il y a une égalité ou une légère
supériorité numérique dans les petits espaces, l’indice de déplacement augmentera, par
conséquence, le nombre de contractions excentriques aussi.
Par conséquent, l’entrainement est le principal moyen de créer le jeu que l’entraineur
souhaite. José Mourinho parle de la même chose, il dit : « l’entrainement doit toujours
avoir une relation intime avec ce que nous voulons dans le jeu. C’est pourquoi, lors de la
planification de la semaine de travail, je la fais à l’avance et d’une manière globale en
tenant compte de mes principes fondamentaux de jeu, des feedbacks sur le match
précédent et des principes qui semblent nécessaire pour le match.»
C’est le jour de repos pour l’équipe. Cela se produit le lendemain du match. Nous
parlons de récupération passive. En plus de récupérer physiquement, les joueurs
doivent récupérer psychologiquement.
A - LA TACTIQUE
Ce jour-là, la récupération est toujours présente mais cette fois-ci elle est active.
On réalise des jeux et exercices où les sous-principes sont travaillés en régime de
récupération sous différents niveaux d’organisation : individuel, groupal, sectoriel,
intersectoriel.
Selon l’analyse de l’entraineur sur le match précédent, il va cibler des sous-
principes à renforcer.
B – LE PHYSIQUE
C – LA PSYCHOLOGIE
Les jeux ou exercices sont très simples pour que le joueur n’ait pas besoin de trop
réfléchir ou de s’user beaucoup psychologiquement.
D – EXEMPLE D’EXERCICES
Ce sont des exercices de faible durée et intensité (faible complexité, basse tension
et basse vitesse). Comme exemple, une conservation avec une supériorité
numérique importante ( 8 contre 3, 10 contre 2,… ) un jeu de conservation sans
postes, un rondo, un tennis-ballon, un jeu de possession dans un petit espace.
Niveau Groupal –
d’organisation Sectoriel -
Intersectoriel –
Individuel
Espace de jeu Petit
Nombre de Petit
joueurs
Niveau de Faible
complexité
Durée de Courte
l’exercice
Durée de la 45 à 60 minutes
séance
§ Objectif
Jouer dans les diagonales ( SP )
§ But(s)
Pour les bleus : Réussir 10 passes à la suite.
Pour les blancs : Récupérer le ballon et faire un stop-balle à l’extérieur de l’espace de
jeu.
§ Règles et consignes
Ballon au sol.
2 touches de balle maximum pour l’équipe en bleu.
Dès la perte du ballon, les bleus rentrent dans l’espace de jeu pour empêcher les
blancs de faire un stop-balle.
Si le ballon sort de l’espace, le nombre de passe débute.
Remarque
Les joueurs qui n’ont pas joué doivent avoir un travail beaucoup plus exigeant. Par
exemple, sur la situation en 8 contre 3 ci-dessus, les 3 défenseurs doivent être les
joueurs qui n’ont pas ou peu joué le match précédent.
A – LA TACTIQUE
B – LE PHYSIQUE
C – LA PSYCHOLOGIE
Les joueurs n’ont pas encore totalement récupéré. Il y a tout de même une exigence
mais pas maximale.
D – EXEMPLE D’EXERCICES
On peut effectuer des jeux de position avec un effectif réduit dans un petit espace
( 4 contre 4 + 3, 3 contre 3 + 3,…). Où bien, des exercices de possession ou l’on
stimule les aspects du modèle de jeu choisi.
Niveau Individuel –
d’organisation Sectoriel –
Intersectoriel
Espace de jeu Petit
Nombre de Petit
joueurs
Niveau de Moyen
complexité
Durée de Courte
l’exercice
Durée de la 90 minutes
séance
§ Objectif(s)
Utiliser le 3ème homme ( SP )
Jouer dans les diagonales ( SP )
Passer d’un statut d’attaquant à celui de défenseur ( SP )
§ But(s)
Pour les bleus : marquer
Pour les blancs : marquer dans un des 3 portes
§ Règles
Les bleus s’organisent en 1 – 2 – 3 tandis que les blancs s’organisent en 4 – 2.
Les blancs peuvent marquer dans les 2 sens d’une porte.
Dès que le ballon sort de l’espace de jeu ou après un but, les bleus recommencent la
situation en partant du centre du terrain.
Les hors-jeux ( H-J ) sont comptés.
Remarque
L’entraineur doit cerner des situations où l’on va retrouver : des accélérations, des
décélérations, des changements de direction, des sauts…Tout ce qui va présenter une
forte charge excentrique.
A – LA TACTIQUE
B – LE PHYSIQUE
C – LA PSYCHOLOGIE
D – EXEMPLE D’EXERCICES
11 contre 11 avec 4 buts, 10 contre 10 avec pour objectif de répéter les principes ou
sous-principes souhaités.
Niveau Collectif
d’organisation
Nombre de Grand
joueurs
Niveau de Elevé
complexité
Durée de Longue
l’exercice
Durée de la 90 minutes
séance
§ Objectif(s)
Jouer entre les lignes adverses ( GP )
Serrer à la perte du ballon ( GP )
§ But(s)
Pour les bleus : marquer dans un des 3 mini-buts.
Pour les blancs : marquer en moins de 8 secondes dans le grand but.
§ Règles
Les bleus s’organisent en 4-3-3 et les blancs en 3-5-2.
Les blancs défendent sur un bloc bas.
Les bleus doivent se situer en zone offensive pour tirer dans un des 3 mini-buts.
Les hors-jeux ( H-J ) sont comptés.
Remarque
L’entraineur veille à l’articulation des secteurs de jeu qui ont déjà été travaillés en début
de semaine sous différents niveaux d’organisation : individuel, sectoriel et intersectoriel.
A – LA TACTIQUE
B – LE PHYSIQUE
C – LA PSYCHOLOGIE
Le niveau de concentration est plus bas que la veille. On recherche des exercices
simples pour réduire le niveau de complexité.
D – EXEMPLE D’EXERCICES
Niveau Individuel –
d’organisation Sectoriel –
Intersectoriel
Espace de jeu Moyen
Nombre de Petit
joueurs
Niveau de Faible
complexité D C B
Durée de Courte A
l’exercice
Durée de la 90 minutes
séance
§ Objectif
Centres et reprises ( SP )
§ But
Marquer
§ Règles
Le joueur A effectue une passe dans la course du joueur B ( passe de déséquilibre ).
Sur le temps de passe, les joueurs C et D vont se déplacer dans la surface pour
réceptionner le centre de B.
Toujours sur le temps de passe, les trois défenseurs effectuent une course en
poursuite pour empêcher le centre ou pour protéger le but.
Remarque
Il est possible de proposer des situations sans opposition mais il faut obtenir une
vitesse d’exécution élevée. Ce jour-là, on recherche la vitesse de perception, de
décision, d’exécution et de déplacement. Vous devez toutes les sollicités !
A – LA TACTIQUE
B – LE PHYSIQUE
Rappel de ce qui a été travaillé pendant toute la semaine mais sans opposition et
avec une intensité faible.
C – LA PSYCHOLOGIE
Il faut une forte concentration mais avec des volumes très faibles.
D – EXEMPLE D’EXERCICES
Coups de pieds arrêtés ( CPA ), exercices devant le but, exercice à vide, jeu
récréatif.
Niveau Individuel –
d’organisation Sectoriel –
Intersectoriel
Espace de jeu Moyen
Nombre de Petit
joueurs
Niveau de Faible
complexité
Durée de Courte
l’exercice
Durée de la 90 minutes
séance
§ Objectif(s)
Jouer entre les lignes ( GP )
Utiliser le 3ème homme ( SP )
§ But
Marquer
§ Règles
11 contre 0.
Le ballon circule entre les défenseurs, ensuite un des défenseurs touche un appui
éloigné de la seconde ligne.
Ensuite, un joueur de la ligne du milieu effectue une passe sur l’attaquant ( appui
éloigné ).
L’attaquant remet le ballon sur un partenaire qui effectue une passe de déséquilibre
pour finir.
Ballon au sol.
Remarque
Lorsqu’il était à Chelsea, José Mourinho avait l’habitude de faire un jeu plutôt récréatif.
Les anglais contre les étrangers s’affrontaient dans une rencontre à 11 contre 11 sur un
espace très réduit ( 40 m x 40 m ). Les joueurs n’avaient pas de postes.
Le jeu récréatif doit être utilisé plus généralement après une semaine intensive.
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