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Novembre Décembre 2013

Premier magazine consacré aux éducateurs de football n°55

Bien communiquer
pour motiver
Enjeux,
problématiques
et solutions

ENTRETIEN
Sylvain Matrisciano
"Trop d'éducateurs cernent mal
les attentes de leurs joueurs"

ÉTRANGER PROGRAMME FOOT ANIMATION


(hors frais de port) : 45 €
Prix au numéro : 9 €

REPORTAGE AU 1 MOIS POUR AU SECOURS, JE NE


Abonnement

STANDARD DE LIÈGE AMÉLIORER LE JEU PARVIENS PAS À TENIR


6 numéros

SUR LES CÔTÉS MES JOUEURS !

www.vestiaires-magazine.com
∫ Sommaire ª

page 20 page 26 page 60

P6 ACTUALITE Les dernières infos du monde de l'éducateur. 37à 59 LE CAHIER PÉDAGOGIQUE


P12 EN DIRECT DE LA DTN Formation de cadre : bilan et perspectives P38 : ENTRAINEMENT (par Charles MONTESPAN)
Vous n'avez rien eu le temps de préparer ? Que faire ?
P14 CÔTÉ SCIENCE La représentation mentale au service du tireur de coup
franc ?
P40 : PREPARATION PHYSIQUE (par Laurent BOSQUET)
P16 DÉCRYPTAGE La taille "utile" des effectifs au haut niveau Coup de mou du mois de novembre : comment agir ?

P18 QUESTION DU MOIS Comment constituer ses groupes à


P42 : STRATÉGIE (par Jérémy DOS SANTOS)
l'entraînement ?
Corners et coups francs : les joueurs "à la ramasse"
P20 ENTRETIEN DU MOIS Sylvain Matrisciano
P44 : GARDIEN (par David MERLET)
P26 DOSSIER Mieux communiquer pour motiver Apprendre à son gardien à bien se placer sur CPA

P60 UNE SEMAINE AVEC... Le centre de formation de l'AJ Auxerre P48 : TABLEAU NOIR (par Didier OLLE-NICOLLE)
P68 PROGRAMME 1 mois pour optimiser le jeu sur les côtés Comment se préparer à affronter une équipe du haut de tableau ?

P74 FOOTBALL D'ANIMATION Au secours, je ne parviens pas à tenir mes P50 : TECHNIQUE (par François VILLEBRUN)
joueurs ! Le contrôle orienté
P78 ETRANGER Reportage à l'Académie Robert-Louis Dreyfus du Standard de
Liège P54 : MANAGEMENT (par Jean-Paul ANCIAN)
La gestion des remplaçants et remplacés
P82 EXPATRIÉ Guillaume Beuzelin, entraîneur à l'Edusport Académy (Ecosse)
P56 : SANTÉ (par Philippe KUENTZ)
P84 RÉCIT TACTIQUE Toulouse-Lyon (25/11/2012) avec Alain Casanova
Pourquoi applique-t-on du froid après une blessure musculaire ?
P86 COACH DE LÉGENDE Helenio Herrera, architecte du football moderne
P58 : JURIDIQUE
P90 NOS EXPERTS VOUS RÉPONDENT La "hotline" de VESTIAIRES ! 1000 emplois d'avenir pour structurer le foot amateur

page 68 page74 page 78

Directeur de la publication/ Rédacteur en chef : Maquette/infographie : Xavier Boglione N° Commission paritaire : 0211 T 89754
Vestiaires
Premier magazine consacré
Julien Gourbeyre
Responsable abonnements : Pascal Muller
Photo pages 20 à 24 : Simon Daval
Ont collaboré à ce numéro : N° ISSN : 2101-4566
aux éducateurs de football Chargé de développement : Vincent Gourbeyre Eric Hernandez, Alain Casanova, Jean-Marc
Mensuel édité par RC MEDIA, Kuentz, Alexandre Hidalgo, Laurent Coasse,
SARL au capital de 5000 euros Secrétariat : Claudia Gioscia Crédits photos : FOTOLIA pages 1, 4, 5, 10, 12, 22, 24,
Charles Montespan, Laurent Bosquet, Jérémy
SIRET : 507 848 257 RCS Lyon Comptabilité : Sylvie Pavie 25, 26, 27, 34, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 58,et 60.
Dos Santos, David Merlet, Didier Ollé-Nicolle,
17 rue Louis Pasteur - 38540 HEYRIEUX
TEL : 04 72 77 69 04 Community Manager : Valentin Deudon Jean-Paul Ancian, et Philippe Kuentz
Toute reproduction, représentation, traduction ou
Rédaction : Olivier Goutard, François Villebrun, Impression : Imprimerie Chirat adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en
Valentin Deudon, Julien Gourbeyre, 744 rue de Sainte -Colombe, soit le procédé, le support ou le média est strictement
Antoine Armand. 42540 Saint-Just-La-Pendue. interdite sans l’autorisation de RC MÉDIA.

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∫ Editorial ª

Julien Gourbeyre
Directeur de la rédaction

Comme un malentendu
'éducateur serait-il un égoïste qui l'importance de recueillir les attentes de ses

L s'ignore ? Pas tous, bien entendu.


Mais un certain nombre quand-
même... Ceux en tout cas qui semblent
joueurs et de les prendre en considération.
L'expert Patrick Chanceaulme,
(Dossier), nous éclaire sur la meilleure
lui,

oublier trop souvent que le propre du béné- manière d'y répondre, en utilisant une
vole, en milieu associatif, est de donner. Or, communication adaptée, génératrice de
ils sont nombreux les motivation. Pierre Sage, enfin
“techniciens”, quelle que soit (Football d'animation), nous
la catégorie, à venir en club A trop écouter ses conseille sur l'attitude à
aspirations
pour “prendre”. Du plaisir, bien adopter et la méthode à
personnelles, on en
sûr, et c'est normal, mais aussi employer dans un contexte
oublie celles des
de la reconnaissance, un statut, bien précis, celui de l'école de
licenciés.
de l'argent... Des moteurs foot, où règne souvent en
sources de malentendus par la maître ce décalage entre les
suite entre entraîneurs et entraînés. Car à motivations d'un groupe d'enfants venus
trop écouter ses aspirations personnelles, pour jouer et celles d'un éducateur qui n'as-
on en oublie celles des licenciés. C'est le pire qu'à gagner. Puisse ces quelques pages
sens de plusieurs de nos articles ce mois-ci. nous aider à faire fi de notre ego de côté de
Sylvain Matrisciano d'abord, (Entretien du façon à mettre nos compétences au service
mois) nous fait prendre conscience de du club et de ses licenciés. Et non l'inverse.■

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∫ Actualités ª

Une appli pour


l'entraînement
physique
M arles Sport Invest et Mac Lloyd ont lancé fin
septembre l'application FIT-TESTS. Un outil
permettant aux entraîneurs et préparateurs phy-
siques de mesurer la vitesse maximale de course,
les temps de passage sur différentes distances,
l'accélération maximale, la détente verticale, mais
aussi d'établir des profils de joueurs en terme de
"puissance force" ou "puissance vitesse".
Son coût : 359,99 euros. Renseignements :
www. fit-tests.com ■

Expérimentation : les effets de 6 matches


disputés tous les 3 jours !
n temps envisagé avec les jeunes de l'ESTAC, l'expéri-
U mentation menée par Laurent Bosquet et Georges
Cazorla dans le cadre des travaux de la Cellule de Recherche
de la FFF, sera réalisée finalement avec les U19 et la réserve
des Girondins de Bordeaux. L'objectif : enchaîner 6 matches
tous les 3 jours de façon à mesurer les effets - en plus de la
fatigue aigüe - de l'apparition éventuelle d'une fatigue chro-
nique. Pour s'adonner à cette expérimentation, les joueurs
s'affronteront le mercredi avant de jouer dans leur cham-
pionnat respectif le samedi. ■

A LIRE VESTIAIRES :
Christian Gourcuff, bientôt 1000
"Un autre regard sur le followers sur
football" Twitter !
S ous la plume de Loïc Bervas, "Un autre regard sur le football"
relate tous les éléments et épisodes ayant participé à
D epuis la rentrée,
VESTIAIRES est
très présent sur les
construire la philosophie de jeu, la conception de l'entraîne- réseaux sociaux,
ment et les convictions morales de l'actuel entraîneur du FC notamment via sa page
Lorient. Un ouvrage passionnant qui permet d'en découvrir un Facebook, mais aussi
peu plus sur cet entraîneur pas comme les autres, amoureux du sur son compte Twitter. Alors n'hésitez
beau jeu quand d'autres ne fonctionnent que sur un mode pas vous aussi à nous rejoindre et ainsi
binaire (victoire/défaite), obsédés qu'ils sont par les résultats découvrir chaque semaine des contenus,
aux détriments du spectacle et d'une certaine idée du sport. ■ exercices et infos inédites.■

6 Vestiaires
Marc IL A DIT
Wilmots "Le meilleur moyen d'aider
à la cote un partenaire…"
T out va très vite en football.
Successeur de Georges Leekens à la
tête des Diables Rouges en mai 2012, J ohan Cruijff, au cours d'une émis-
sion de télévision sur une chaîne
pour un intérim de deux rencontres ami- néerlandaise :"En football, un mot
cales, Marc Wilmots est toujours le sélec- peut avoir une signification très dif-
tionneur de la Belgique. Et peut-être férente. Aider le porteur, par exem-
pour longtemps. Car non content d'avoir ple. Dans la vie de tous les jours,
su redonner une âme et un jeu à cette aider quelqu'un, c'est se rapprocher
équipe, le technicien est parvenu à la de lui. Alors que sur un terrain de
qualifier pour la phase finale de la football, le meilleur moyen d'aider
Coupe du Monde 2014. Douze années un partenaire qui a le ballon, c'est
que cela n'était pas arrivée… ■ de s'en éloigner". ■

Les fils uniques auraient-ils


plus de chances de percer ?
n entend souvent les formateurs affirmer que le deuxième de la fratrie a plus de
O chances de réussir que l'aîné étant donné qu'il se trouve, dès son plus jeune âge,
entraîné dans le sillage de son grand frère qu'il cherche à suivre et imiter. D'où une habi-
leté motrice plus précoce. Seulement voilà, en 1992, les techniciens de l'Ajax Amsterdam
se sont rendu compte que 30% des joueurs du centre de formation étaient des fils uniques,
statut pourtant assez rare aux Pays-Bas ! Hasard ou facteur favorable ? "On peut penser
que l'enfant unique consacre plus de temps à son sport", avançait à l'époque Co Adriaanse, le
directeur du centre. Il serait intéressant aujourd'hui de réactualiser ces statistiques… ■

SUR LA TOILE Bientôt un espace


de récupération
experts-metiers-sports.com pour les Bleus
L ancé par la société Per f In
Sport, le site Internet "experts-
metiers-sports.com" aspire à deve- L e 12 novembre dernier a été
posé la première pierre de la
nir "le plus grand réseau franco- future zone de récupération des
phone des experts en métiers du joueurs de l'équipe de France, à
sport". Sa vocation est de mettre Clairefontaine. Cet espace de
en relation ces experts avec leurs 400 m2 comprendra une salle d'éti-
clients potentiels. Un portail vir- rements, un SPA, une salle de mas-
tuel permettant de trouver un pro- sages et un coin réservé à la muscu-
fessionnel rapidement (prépara- lation. Les travaux s'achèveront en
teur physique, coach mental, mai 2014 dans le cadre de la pré-
nutritionniste…) près de chez paration des Bleus à la Coupe du
vous, et dans votre budget. ■ Monde. ■

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Suite page suivante 
∫ Actualités ª
Réformes : A LIRE
et maintenant le Sur mon banc

A
foot à 11 ?
près l'entrée en vigueur,
1392 "F ootballeur du dimanche", Jean
Bréhon est maître de confé-
rence à l'Université d'Artois. Il est
cette saison, des
réformes du football d'ani-
mation, la Direction
C 'est le nombre
d'entraîneurs
ayant passé le DEF
aussi éducateur de football. Une
passion. C'est elle qui l'a amené à
écrire un livre, "Sur mon banc" (édi-
Technique Nationale entre la saison 2011- tions Les Lumières de Lille), où
avance actuellement sur un 2012 (692) et 2012- l'auteur parle du jeu, un peu, mais
autre dossier : le foot à 11 des jeunes. 2013 (700). Et 9418 aussi et surtout de "l'espoir, des
Certaines mesures visant notamment à fidéli- BE1 sur la même doutes, des joies, des déceptions
ser davantage les licenciés des catégories U15 période ! ■ et des crises qui animent la vie
à U19 sont à l'étude. Plaisir, progression et d'un club amateur". Un récit
offres de pratique s'inscrivent en fil rouge de riche en émotions et en vécu.
ce nouveau et non moins vaste chantier. ■ Original. ■

Espoirs : un questionnaire
individuel à la fin de
chaque séance
la fin de chaque séance d'entraînement de l'équipe de
À F r a n c e E s p o i r s d i r i g é e p a r Wi l l y S a g n o l e t S y l v a i n
Matrisciano, un questionnaire individuel est remis aux joueurs.
L'objectif : demander à ces derniers d'exprimer leur ressenti
(note sur 10) sur le contenu de la séance d'un point de vue
physique, tactique et mental. Un bon moyen d'inciter le joueur
à mener une réf lexion sur l'entraînement (donner du sens)
tout en permettant à l'encadrement de mieux cerner les indi-
vidus (leurs attentes) et d'ajuster les charges de travail. ■

À VOS CARNETS
Passe et frappe sous la dominante vitesse
D ifficile à l'entraînement de trouver des exercices de frappe et de
vitesse/vivacité qui sortent un peu de l'ordinaire. On n'échappe
rarement aux trois-quatre mêmes exercices de son répertoire…
Aussi, voici une situation permettant de travailler la frappe en mou-
vement, après un contrôle orienté, mais aussi la passe, le tout sous
une dominante vitesse et en compétition pour un aspect plus
ludique ! A (source de balle) passe à B qui effectue un contrôle
orienté et se décale de la cage afin d'effectuer une passe appuyée
(pour aller vite) en diagonale à D qui effectue un appel (vitesse) dans
la porte. D contrôle et frappe en 2 touches. Compétition entre les
bleus et les rouges. Le premier qui cadre a 1 point. Si but = 2 points.
Chaque joueur travaillera sur les 3 postes. Au bout de 10 minutes
(manche aller), on change le sens du circuit (B passe du droit).■

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D

8 Vestiaires
IL A DIT LE SAVIEZ-VOUS ?
uAprès Rennes en 2011 puis Sochaux en 2012,
"Pas d'âge pour entraîner" c'est Lyon qui, en 2013 (saison 2012-2013), a ter-
miné en tête du classement des meilleurs centres
ndré VILLAS-BOAS (entraî-
A neur de Tottenham) : "Peu
importe l'âge de l'entraîneur,
de formation établi par la DTN. L'OL devance
Sochaux, Montpellier, Auxerre et Monaco. Rennes
a rétrogradé de la 2e à la 6e place.
l'important est que le joueur ait
l'impression qu'il peut appren- uDébut novembre, pas moins de 27 acteurs du
dre quelque chose de son coach. football féminin allemand, anglais, suédois, néer-
Si celui-ci développe des idées landais, norvégien, danois et français se sont réu-
auxquelles les joueurs adhèrent nis au siège de la Fédération Française de Football
et, surtout, si ses idées réussis- afin d'échanger leurs expériences, dresser un état
sent, alors c'est facile. Tous les des lieux, et définir les enjeux de demain.
joueurs veulent apprendre, pro-
gresser. Si vous y parvenez, alors uDans le cadre de sa formation au DEPF, Vincent
vous gagnez leur respect". ■ Hognon (entraîneur adjoint à l'AS Nancy-
Lorraine) a passé une semaine à l'AS Roma.

uMarama Vahirua, l'ancien attaquant de Nantes,

Le PSG recrute Nice et Lorient notamment, a été nommé


Directeur Technique National de la Fédération

18 recruteurs !
Tahitienne de Football.

uL'ancien entraîneur emblématique du Bayern


lors que l'horizon s'est obscurci pour les Munich, Ottmar Hitzfeld, qui avait fait l'objet
A j e u n e s p e n s i o n n a i r e s d u Pa r i s S a i n t -
Germain, qui n'ont aujourd'hui en point de
d'un bel entretien dans VESTIAIRES, il y a trois
ans, mettra un terme à sa fonction de sélection-
mire qu'une constellation de stars achetées neur de la Suisse après le Mondial 2014.
à prix d'or, le club n'a pas pour autant tiré
un trait sur sa formation, bien au contraire uLe magazine Sport et Vie publie ce mois-ci un
! Après avoir mis en place de nouveaux par- large dossier sur la place de la préparation men-
tenariats avec des clubs franciliens, le PSG a tale dans le sport et notamment le football.
recruté cet été pas moins de 18 recruteurs
sur le territoire ! Leur mission : sillonner la uMarco Simone a remplacé Laurent Roussey à la
France à la recherche de LA perle rare. ■ tête de Lausanne Sports (D1 suisse). L'ancien coach
de Monaco est sur le point de passer ses premiers
diplômes d'entraîneur.

Pierre Mankowski tiendra une uUn module gardien de but et un module futsal

conférence à Montréal verront le jour d'ici un an dans la nouvelle archi-


tecture des diplômes mise en place par la Direction

U ne étude récente,
signée Alexandre
Hidalgo (préparateur phy-
Technique Nationale.

uLe nombre moyen de dribbles par match ne cesse


sique à Arles-Avignon), de diminuer dans les grandes compétitions inter-
tend à démontrer que l'en- nationales depuis 20 ans. Une tendance que l'on
traînement de type cross- retrouve dans les équipes de jeunes en formation,
fit (musculation dyna- où les "purs dribbleurs" se font de plus en plus
mique utilisant unique- rares…
ment le poids du corps)
donne de meilleurs gains uLe magazine VESTIAIRES publiera au cours du
à court terme en termes de premier trimestre 2014 un ouvrage référence sur
vitesse et de détente, qu'un travail de musculation traditionnelle en salle l'entraînement toutes catégories du gardien de
avec charges (plus coûteux qui plus est pour l'organisme). but.
Pour en savoir plus : alexandre-hidalgo@hotmail.com ■

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∫ Actualités ª

QUESTIONS A…

""Ce n'était qu'un match de foot, mais…"


Julien ROZEC. Malgré l'élimination (1-2), l'entraîneur de Quimper Kerfeunteun FC (DSR) se
souviendra longtemps de son 6e tour de Coupe de France disputé face à Auray dans le cadre de
l'opération "Match de rêve" organisée par la FFF (voir ci-contre).
Comment avez-vous vécu cette aven- psychologique, que technique ou tactique. On
ture sur le plan humain ? Elle a permis l'a vu sur le terrain. Les joueurs sont allés au
de créer des liens entre tous les joueurs et béné- bout d'eux-mêmes. C'est pour cette raison que
voles du club.Tout le monde s'est regroupé et je suis déçu pour eux. Les trois quarts ont fini
mobilisé autour de cet événement. Chacun a avec des crampes. Ils se sont dépassés, surpassés.
pu voir qu'on travaillait bien en senior où les Dommage que le résultat ne soit pas au bout…
jeunes ont leur place. Je suis convaincu que ce
match va nous faire franchir un cap, et pas seule- Et maintenant, comment allez-vous
ment d'un point de vue sportif. gérer la suite ? Il va falloir dans un premier
temps se relever d'une telle aventure, qui a
Comment avez-vous préparé votre généré beaucoup d'émotions. Et ça, ce n'est
semaine d'entraînement avant cette jamais facile. Les joueurs vont devoir digérer en
affiche ? Très franchement, à part un ou deux "Se relever d'une aventure qui a généré espérant que cela nous soit utile pour la suite et
détails, on n'a pas changé grand chose. Cela ne chez nous beaucoup d'émotions" notamment en championnat cette saison. Mais
servait à rien de tout chambouler. En dehors du la vie ne s'arrête pas. Encore une fois, cela n'était
prestige que confère une telle opération, ça reste un match de foot. Seul qu'un match de foot, un plaisir et un loisir avant tout. J'ai une équipe
l'environnement était différent. jeune et j'espère qu'ils vivront encore des matches comme ça. Et pour y
parvenir, il faudra aller encore plus loin dans la compétition la saison
Et au niveau du plan de jeu, y avait-il des particularités ? prochaine !
Vous savez, dans ces moments-là, on insiste davantage sur l'aspect humain, ■ Propos recueillis par Eric Hernandez

Les primes de présence à l'entraînement ?


POUR CONTRE
Dominique Dresco, titulaire Ali Helal, Conseiller Technique
du DEF et entraîneur à Mornant Départemental du district Flandre
(69) (59)
"J 'y suis favorable, mais seulement si cette prime
est liée à la prime de match, laquelle vise alors à
valoriser non seulement la performance, mais aussi la présence à l'en-
"L e fait de donner des primes de présence à l'en-
traînement me fait penser à cette ville qui, pour
inciter les enfants à lire, donne un euro à chaque garçon ou fille qui vient
traînement. Je m'explique : si la prime de match est de 60 euros en cas emprunter un livre à la bibliothèque ! En arriver, dans le foot ama-
de victoire, et qu'il y a deux séances hebdomadaires, le joueur qui en teur, à payer les joueurs pour les inciter à venir s’entraîner relève pour
rate une ne percevra par exemple que 40 euros (20 euros s'il rate les deux moi de la même incohérence. Alors certes, la mesure peut être parfois
et qu'il joue quand-même le match). Après, dans tous les cas, y compris jumelée avec les primes de matches, mais le joueur vénal, lui, inter-
si l'équipe perd le week-end, on peut toujours rembourser des frais prète cela comme une prime à l’entraînement. Et c’est précisément
de déplacement pour les joueurs qui viennent à l'entraînement, à cela qui est malsain : "Il faut me payer pour que je vienne m’entraî-
condition que le club en ait les moyens… Toujours est-il que le système ner afin d’améliorer mes performances et celles de l’équipe". Cela est
de prime mutualisée entre les entraînements et le match me semble être encore plus gênant si le club utilise les cotisations versées par les enfants
un système équitable et juste, qui permet à tout le monde de s'y retrou- de l’école de football pour payer ce type de joueur ! L’avenir du football
ver. Et d'assurer plus de présence à l'entraînement, ce qui est le but amateur serait préoccupant si des valeurs telle que l’éthique devenait
recherché". ■ à ce point désuète. ■

10 Vestiaires
Publireportage

C'était vraiment
un "Match de rêve" !
Réalisé dans les conditions du direct. Le FC Auray s'est imposé fin octobre face au club
hôte, le Quimper KFC, dans le cadre de la seconde édition de l'opération "Match de rêve"
organisée par la FFF et comptant pour le 6e tour de la Coupe de France. Retour sur une
manifestation ayant rencontré, cette année encore, un franc succès.

our la deuxième année consécutive, la Fédération une rencontre amateur en une affiche de phase finale de

P Française de Football a permis à un "petit" club Coupe de France ! L'occasion de valoriser l'esprit de la
amateur de vivre un véritable "match de rêve" grâce "Vieille Dame" en mettant en avant les "petits" clubs dès
à l'opération nationale qui porte le même nom. C'était le les tours régionaux.
26 octobre dernier pour le compte du 6e tour de la Coupe Après l'Etoile Sportive Labeuvrière en 2012, le Quimper KFC
de France. Devant près de 3000 spectateurs, les joueurs du fut l'heureux élu cette année grâce aux quelque 10 000
FC Auray se sont imposés 1-2 au Stade du suffrages récoltés sur la page Facebook-
Plus de 10 000 votes
Pavillon de Penvillers face au Quimper Coupe de France où les fans étaient
Kerfeuteun FC. Deux écuries engagées en
récoltés sur la page invités à voter pour leur club préféré.
Division Supérieur Elite (DSE) et qui ont Facebook-Coupe de L'écurie bretonne a devancé de plus de
vécu ce jour-là une affiche à nulle autre France 2000 voix le CS Sedan Ardennes,
pareil ! Et pour cause, la rencontre s'est déroulée dans des s'octroyant ainsi le droit, l'espace d'une journée, de jouer
conditions dignes de la finale de Coupe de France, avec son comme des pros ! Et même si la victoire ne fut pas au bout,
protocole habituel et de multiples animations (présence de nul doute que la petite ville du Finistère n'est pas prête
la coupe, habillage du stade aux couleurs de l'épreuve et d'oublier ce match de rêve…
de ses partenaires, kit supporters…) ! Le match, retransmis
en direct (fff.fr, francetvsport.fr) et commenté par Emmanuel
Petit, Claude Eymard et Steve Savidan, avec conférence de
presse de veille de match, interviews à la mi-temps et au
coup de sifflet final, a tenu une nouvelle fois toutes ses
promesses. Et permis aux 22 acteurs de vivre une journée
inoubliable.
Un événement rendu possible par l'opération "Match de
rêve" organisée par la FFF et qui vise donc à transformer
∫ en DIRECT DE LA DTN ª

Une équipe = un éducateur,


Premier bilan et perspective. La nouvelle architecture
des diplômes mise en place l'année dernière va incontestable-
ment dans le sens d'une augmentation de la compétence des
éducateurs, comme en atteste les premières statistiques recueil-
lies pour la saison 2012-2013. L'occasion de faire un point avec le
■ Par François BLAQUART
Directeur Technique National. DTN, François Blaquart, sur l'avancée d'un projet d'envergure qui
devrait atteindre sa vitesse de croisière à l'horizon 2014-2015
uPlus 125% de candidats plus, l'idée est d'organiser ces modules en tements. La nouvelle approche modifie
aux formations de base en 2012- club. Les dirigeants peuvent donc inciter complètement le climat d'apprentissage. Il
2013 plus facilement leurs éducateurs à venir y y a moins la pression de l'examen. La certi-
Les premiers chiffres recueillis sur la sai- assister. fication n'est que la conclusion de la for-
son 2012-2013 vont au-delà de ce qu'on mation, laquelle ne devient plus un mau-
avait imaginé (voir par ailleurs). L'objectif uOn vient autant pour être vais moment à passer. On vient plus pour
à moyen terme que nous nous étions fixé certifié que pour être formé être certifié, mais pour être formé.
était de 25 000 candidats. Or, nous l'avons Sur les diplômes, les pré requis sont effecti-
déjà atteint, plus vite que prévu, et alors vement plus précis aujourd'hui. L'idée est uSusciter des vocations
même que tout n'est pas encore acté. Il de dire aux candidats : "On est vigilant La plus grande proximité, la meilleure
manque par ailleurs le CFF4 et certains lorsque vous vous engagez en formation accessibilité et l'optimisation du climat
modules ne verront le jour que dans un ou quant à votre niveau de jeu ou d'expé- d'apprentissage en formation participent à
deux ans (U7, futsal, gardiens de but). Cette rience, par contre, on fera tout ensuite pour appâter en quelque sorte les candidats
première tendance montre que notre nou- vous amener au bout". C'est un vrai change- potentiels. C'est aussi une manière de les
velle approche de la formation plaît bien. ment ! Auparavant, les éducateurs ne prépa- intéresser, de les motiver. Comme je l'ai dit
Ces chiffres nous permettent aujourd'hui raient qu'une certification, ce qui dénatu- - et les chiffres nous le confirment déjà -
d'espérer aller vers l'objectif réel de cette rait complètement l'enseignement, avec certains vont suivre un module de forma-
réforme qui est de faire en sorte que chaque un impact non négligeable sur les compor- tion alors qu'ils n'auraient pas souhaité
équipe de football en France, quelle que
soit la catégorie, soit encadrée par
quelqu'un d'initié, c'est-à-dire un éduca- Nombre de candidats aux diplômes de base
teur ayant suivi un module de formation en 2011-2012 et 2012-2013
de 16 heures.
Initiateur 1 CFF1 TOTAL
uDes formations de proximité, 2011-2012 6290 99 6389
+ 109%
plus accessibles 2012-2013 699 12 644 13 343
Le succès de cette nouvelle approche de
la formation tient incontestablement dans Initiateur 2 CFF2 TOTAL
son caractère de proximité et d'accessibi- 2011-2012 2623 48 2671
lité. De ce point de vue-là, nous avons + 156%
2012-2013 272 6560 6832
répondu à une véritable attente. Cela per-
met aujourd'hui à des per sonnes qui Animateur Senior CFF3 TOTAL
n'avaient pas forcément la volonté, le cou-
rage ou la possibilité de s'investir sur un 2011-2012 2091 31 2122
+ 137%
Initiateur 1, par exemple, lequel leur parais- 2012-2013 239 4781 5020
sait trop contraignant en terme de temps et Précision : certaines ligues et districts (une minorité) ont mis en place le système de modules de
d'exigence, de venir passer un module de formation dès la saison 2011-2012, ce qui explique l'apparition sur ces tableaux de candidats
16 heures, sans examen, et en lien avec leur CFF1, 2 et 3 sur ladite saison. En revanche, certaines ligues et districts (là encore une minorité)
catégorie. On leur apporte ainsi de la com- n'ont pas mis en place ce système de formation modulaire avant janvier 2013, ce qui explique
pétence, c'est ce qui nous intéresse. En aussi la présence de candidats aux Initiateurs 1, 2 et Animateur Senior sur la saison 2012-2013.

12 Vestiaires
c'est pour demain !
passer un Initiateur dans le cadre de l'an- terme de listing de compétences, nous uUn projet ambitieux
cienne architecture des diplômes. C'est sommes sur des compétences basiques Cette réforme est ambitieuse, passion-
déjà une réussite. Et c'est aussi la possibilité d'un côté, et une expertise que l'on s'ap- nante, et relativement difficile à mettre en
de voir certains se prendre au jeu et vou- proprie de l'autre. place. On n'accouche pas comme ça d'un
loir aller encore plus loin ! Une manière en projet d'une telle envergure ! Aujourd'hui,
quelque sorte de susciter des vocations. les retours que l'on a nous montrent que
Le fait d'accéder au premier diplôme pro- uUne réforme en profondeur nous sommes plutôt dans la bonne direc-
fessionnel (BMF) par capitalisation d'unités La richesse de cette démarche a été de se tion. L'ensemble de nos cadres techniques
peut nous ramener des publics de trente- servir de la nouvelle architecture des affichent leur enthousiasme, alors que ce
naires ou quadragénaires confirmés qu'on diplômes pour revisiter la méthode d'en- n'était pas une évidence au départ… Il y
n'aurait pas eu si on leur avait imposé, traînement et d'accompagnement des avait naturellement quelques freins au
comme avant, six semaines de stage dans athlètes. Ce qui nous a conduit inévitable- changement. Toujours est-il que nous ne
l'année. ment à mener une vraie réflexion sur la considérons pas à ce jour ce projet comme
méthode d'enseignement et donc la for- définitivement abouti. Dans les mois et les
uFormer en tenant compte de ce mation des cadres. Cette méthode repose a n n é e s à v e n i r, i l y a u r a s a n s d o u t e
qu'est le joueur et de ce qu'il a sur quatre axes qui confèrent un sens com- quelques réglages à faire. D'ailleurs, pour
envie de faire plet de ce que l'on souhaite de notre foot- accompagner au mieux cette réforme,
Aujourd'hui, des accès aux différents ball dans les prochaines années : priorisa- nous avons mis en place une cellule de
diplômes sont facilités en fonction du tion par le jeu ; connaissance du joueur veille. Mais, comme pour les chiffres, les
"pedigree" du candidat. Par exemple, le bon avec prise en compte du contexte socié- p re m i e r s re t o u r s s o n t t r è s p o s i t i f s .
joueur de CFA et à fortiori le footballeur tal et de l'évolution des publics ; définition L'aboutissement du projet est donc sur la
professionnel va pouvoir entrer directe- d'une nouvelle approche méthodologique bonne voie, et l'objectif que chaque joueur
ment sur un BEF. Auparavant, nous étions pour la conceptualisation de l'entraîne- puisse être encadré par une personne ini-
plutôt sur une démarche unique. ment et les pédagogies utilisées ; et opti- tiée apparaît enfin à portée de main. De
Désormais, on offre à chacun des moyens misation des climats d'apprentissage, de toute façon, si demain nous souhaitons
de se former en tenant compte de ce qu'il progrès et de compétition. Aujourd'hui, l'imposer sur les feuilles de match, il faudra
est et ce qu'il a envie de faire. C'est un plus l'idée de cette réforme est admise par tous. parvenir impérativement à cet objectif de
indéniable. Imaginez qu'un bon joueur de Elle est d'ailleurs présente dans le projet : "une équipe = un éducateur". Le module
21 ans, par exemple, en panne de diplôme, fédéral. Mais elle ne sera efficace que si l'on au niveau local, la certification au niveau
va pouvoir passer en une année une for- va jusqu'au bout de la démarche. Et l'on régional, et les diplômes professionnels
mation professionnelle de niveau 4 voire de compte bien y parvenir ! au niveau national. ■
niveau 3 ! C'est une véritable opportunité.

uLa différence entre BMF


et BEF BEPF
Le BMF est un diplôme construit Certificats de spécialité :
BEFF
PROFESSIONNELLE

sur des modules très basiques. Il est Cadre Technique


DES
FORMATION

axé sur l'apprentissa ge d'une


Préparation Physique
méthode. Le BEF, lui, est d'un niveau
supérieur dans le sens où il vise à Gardien de But
rendre un éducateur complète- BEF
Futsal
ment autonome dans la conceptua-
lisation de l'entraînement et l'or- BMF
ganisation du club. Le détenteur du
BEF doit avoir une parfaite maîtrise Santé Sécurité - Arbitrage
de la pédagogie et de la méthodolo-
FORMATION DE

gie. Le BEF est à la fois l'entraîneur


PROXIMITÉ

Brevets fédéraux Projets "Club"


de niveau régional, national jeunes,
et aussi le directeur technique de
club amateur. Bref, si le BMF et le U9 U11 U13 U15 U19 SEN. Spécialités
BEF se ressemblent un peu en

www.vestiaires-magazine.com 13
∫ CÔTÉ SCIENCE ª

La représentation mentale
Concentration. Le taux
d’échec constaté dans la
réalisation du coup-franc direct
(et corner) chez les amateurs,
comme au haut niveau du
reste, nous questionne sur
l’optimisation des critères de
réalisation dans cet exercice.
Alors que le footballeur confond
souvent vitesse et précipitation,
arrêtons-nous sur le travail de
préparation mentale qui peut
être mis en place pour utiliser
au mieux les 20 secondes qui
précèdent la frappe.
e coup de pied arrêté, l’arme fatale du

L football moderne ! Au plus haut niveau,


on estime à près de 30% le taux de buts
inscrits sur CPA. En professionnel comme
On pense à cette façon si particulière de
frapper le ballon (sans mettre d’effet, pour
nantes.Tout se joue sur la capacité du joueur
à intégrer les informations utiles à son choix
en amateur, quand les organisations collec- que la balle flotte sur la fin de sa trajectoire), de frappe, sur son aptitude à visualiser la tra-
tives réduisent les espaces au sol, c’est bien à ce talent sans cesse optimisé par un tra- jectoire décidée,et sur sa facilité à faire appel
dans les airs et sur des phases arrêtées qu’il vail assidu à l’entraînement, et à cette à une référence positive précédemment réa-
faut aller chercher la différence. Logique confiance grandissante au fil du temps (44 lisée et mémorisée. Un travail où la prépara-
donc de vouloir améliorer son efficacité buts sur coup-franc avec l’OL de 2001 à tion, la concentration et le ressenti de l’indi-
dans un exercice de plus en plus décisif. 2009 !). Mais il est également intéressant vidu jouent donc un rôle majeur. Pour une
Intéressons-nous ici à la concentration et d’observer le rituel du Brésilien avant la efficacité optimisée.Alors pourquoi si peu
au travail de préparation mentale du tireur frappe. Ce dernier parvient à se mettre dans de footballeurs y ont recours ? Est-ce vrai-
de coup-franc direct. Lorsqu’on prononce le sa bulle, visage concentré et regards précis, ment utile ? Et comment le mettre en place ?
mot "coup-franc", on se souvient naturelle- à la façon d'un botteur au rugby. Ces 15 à 20 Des éléments de réponse avec nos experts.
ment de Juninho, référence en la matière. secondes qui précèdent le tir sont détermi- ■ Valentin Deudon

"Imaginer la réussite du geste et le mémoriser


Experte. Maître de conférences, alliant trant dessus, on va mettre en jeu au niveau du cerveau, au moins au départ,
les mêmes processus moteurs que lorsqu’on effectue réellement ce mouve-
l’enseignement et la recherche à l’UFR STAPS
ment. Donc le cerveau interprète de la même manière un mouvement, qu’il
de Caen, Corinne MOLINARO a mené des soit imaginé ou réel.
études dans différents sports, notamment le tir
au pistolet, le tir à l’arc, le volley-ball, le golf... Comment a-t-on découvert ce phénomène ? Des analogies ont été
Elle nous détaille les données scientifiques qui observées sur différentes mesures. Grâce à un outil proche du scanner, et à
l’aide de substances traçantes, on a pu se rendre compte que les régions du
expliquent l’efficacité du travail de
cerveau qui élaborent le programme moteur sont activées dans les deux cas. Cela
représentation et de préparation mentale pour les sportifs. a été confirmé ensuite grâce à des indicateurs périphériques comme la fré-
quence cardiaque, la fréquence respiratoire, l’irrigation sanguine cutanée et des
Que sait-on aujourd’hui sur les mécanismes de la concentra- données électrodermales.
tion au niveau du cerveau ? Nous disposons depuis une trentaine d’années
d’une information essentielle ! Lorsqu’on imagine un mouvement en se concen- Mais nos muscles sont-ils sollicités rien qu’en imaginant un

14 Vestiaires
au service du tireur?
Un protocole d’entraînement
Ancien joueur professionnel, ex-recruteur au Stade Rennais et actuel entraîneur du FC Chartres en CFA2, Pascal GROSBOIS est
spécialisé dans le travail de préparation sur coup de pied arrêté. Il travaille actuellement avec deux joueurs de Ligue 1. "L’idée, c’est de
pouvoir aider le joueur à se construire une routine personnalisée durant les 20 secondes dont il dispose avant la frappe, en respectant une
chronologie".Voici donc un exemple de protocole d’entraînement qui donne une idée plus précise du travail à accomplir.
"Mais le temps passé, les axes de travail et certains détails dépendent beaucoup du joueur, de son ressenti", précise l'intéressé.
1/ LA PRISE D’INFORMATION basé sur le ressenti, les émotions. Il s’agit d’ancrer dans
Il s’agit dans un premier temps d’analyser les spécifi- son esprit une image de réussite, un geste moteur réussi
cités d’une situation donnée dans le but de prendre la en séance et mémorisé grâce à la visualisation. Pour
meilleure décision. "C’est un moment d’analyse de la être efficace, cette mémorisation doit s’accompagner
situation et de l’environnement. La position du ballon des sensations perçues à ce moment-là, un bruit, la cha-
par rapport au but, les conditions météo, la position leur, le vent… Après, je lui conseille d’associer cette
du mur, le placement du gardien et éventuellement référence positive à un mot clé qui fera office de déclen-
son côté faible… Ces informations vont permettre au cheur une fois en situation. En faisant appel à sa réfé-
tireur de choisir sa trajectoire et la surface de pied à rence, le tireur va se retrouver dans une zone de confort
utiliser. Il ne devra plus revenir sur son choix par la suite". qui va lui donner confiance et lui permettre de faire abstraction d’élé-
ments perturbants. C’est un gros travail en amont qui permet de ren-
2/ LA VISUALISATION dre le processus rapide et automatique".
Lorsque la décision est arrêtée, il est important de prendre quelques
secondes pour visualiser et imaginer la trajectoire décidée pour sa 4/ LA REALISATION MOTRICE
frappe. "Le joueur va se représenter dans son esprit la trajectoire du bal- C’est le moment de vérité, l’exécution de la frappe. "Juste avant la
lon jusqu’à ce qu’il rentre dans le but. Il va aussi se fixer un point de tra- frappe, il est important de focaliser son regard sur le ballon, plus pré-
jectoire intermédiaire qui va correspondre au franchissement du mur. cisément sur le point d’impact où l’on souhaite le frapper. Pour que tout
La précision avec laquelle il va visualiser les points de départ, inter- ce travail de préparation devienne naturel, on va entraîner le joueur à
médiaire et final permet au cerveau d’enregistrer les distances et de se fabriquer mentalement un clip personnel qui correspond aux 20
gagner en efficacité". secondes avant le tir. Ce clip va contenir le plus de détails possibles, va
reproduire des sensations précises. Une partie de l’entraînement va
3/ LE RELACHEMENT consister à ce que le joueur se passe mentalement ce clip de manière à
C’est un moment durant lequel le joueur va utiliser ses propres res- rendre le processus de plus en plus naturel. En général, en dix séances,
sorts pour s’installer dans une zone de confiance. "Le but est de donner le garçon aura déjà fait des progrès et deviendra autonome, il aura alors
des certitudes au joueur. Ca demande un travail préalable important, les outils pour répéter et progresser seul".

participe à sa réussite motrice"


mouvement de notre corps ? Oui, on parle d’activité subliminale. Grâce s’entraîner à la réalisation d’un geste sportif en associant la représentation men-
à un électromyogramme, qui permet d’enregistrer l’activité électrique des tale du geste à son exécution motrice. Imaginer la réussite du geste et le mémo-
muscles, on a décelé un signal très faible, à peine détectable, mais qui existe, au riser va participer à sa réussite motrice.
niveau des muscles mis en jeu. C’est une amorce, comme si le cerveau avait
programmé le mouvement à produire et qu’il commençait à commander nos Comment fonctionne ce processus ? Toutes les études ont prouvé
muscles, mais très faiblement. que c’est l’association de l’entrainement moteur et de la représentation men-
tale qui est le plus efficace. En quelque sorte, si on réussit un geste moteur
Le cerveau mémorise-t-il également de la même manière un parfait, on peut travailler à le mémoriser pour plus tard faire mentalement
mouvement, qu’il soit réel ou imagé ? Oui, car la représentation appel à ce souvenir, afin de réussir à nouveau le geste juste. Au niveau du cer-
mentale, c'est-à-dire la visualisation par la pensée d’une situation, fait appel veau, le système limbique construit une référence de la situation et y intègre les
entre autres au système limbique, qui est le siège de la mémoire et des émotions. aspects émotionnels. Il est donc très important d’ajouter à la représentation
mentale le maximum de détails et d’impressions qui font appel à nos sens et que
Ces informations ont eu des conséquences importantes sur l’on retrouve lorsque l’on est réellement en situation.
l’entraînement des sportifs… Effectivement, puisqu’on a pu dès lors

www.vestiaires-magazine.com 15
∫ DECRYPTAGE ª

La taille "utile" des effectifs


Etude. Alors que l’immense majorité des clubs européens de Jürgen Klopp
haut niveau table sur un groupe de 25 joueurs, une étude
commandée par la DTN questionne sur le nombre le plus
approprié, le profil et le statut des joueurs au sein de l’effectif.
Cette étude, que VESTIAIRES s'est procuré, ne manque pas de nous
donner une nouvelle lecture de ce qu'est ou doit être la taille
"utile" d'un effectif professionnel. Explications.
’excellence des résultats du Borussia Un état de fait qui ne laisse pas indifférent et

L Dortmund depuis quelques années inter-


roge sur le savoir-faire du club allemand.
Mais au-delà des considérations technico-tac-
remet au goût du jour une étude commandée
par la DTN, il y a deux ans. Ludovic Debru, res-
ponsable administratif de la FFF et rapporteur
tiques, un chiffre interpelle : 12. C'est quasi- de l’étude explique : "Initialement, l’étude
ment le nombre de joueurs que les Borussen visait à démontrer que la politique de for-
ont utilisé au cours de la saison 2010-2011, mation était toujours une alternative via-
année où ils furent champions de Bundesliga ! ble au football business". De fait, la commande
Quasiment, car entre le 12e et le 13e joueur a débouché sur d’autres constats concernant
utilisé, l'écart est de 12 titularisations (voir par la totalité des clubs professionnels des 5 grands objectifs… Pour certains clubs et sur cer-
ailleurs).Au cours des deux saisons suivantes championnats européens. taines saisons, la limite intervient au 12ème
(2011-2012 puis 2012-2013),les chiffres furent joueur (Dortmund, Ndlr). Pour d’autres, elle
quelque peu semblables. Avec toujours le >Une aberration économique apparait à partir du 21ème ! On peut dire
même succès au rendez-vous (champion en "D'abord, on constate des écarts très signifi- toutefois qu'en moyenne, la taille utile de
2012, 2e et finaliste de la C1 en 2013).Autant catifs entre les joueurs ayant participé à au l’effectif pro au niveau européen se situe aux
dire que les jaunes et noirs accumulent les moins 10 matchs et les autres (indicateur alentours de 16 joueurs". Quest-ce que
titres et les honneurs en utilisant un nombre modulé en fonction du nombre d’équipes cela’implique au juste ? Ludovic Debru pour-
très restreint de joueurs. Une stratégie qui dif- dans le championnat, ndlr). Cette cassure suit : "Sur un groupe de 25 joueurs, une pro-
fère de la grande majorité d’autres grandes s’apparente à ce que nous qualifions de taille portion importante débute très peu de ren-
écuries pour lesquelles la performance passe utile de l’effectif. Par utile, il faut compren- contres ou ne participe qu'à des bouts de
par le nombre voire l’empilement de joueurs. dre effectif utilisé pour tenir les principaux match. C’est une aberration économique. Il

Borussia Dortmund : une vie en dehors de l’équipe type ?


Comme signalé par ailleurs, le cas du Borussia Dortmund interpelle tout page de droite (en grisé) auxquels il faut ajouter Mario Götze, Lettner et
particulièrement. Saisons après saisons, le parti pris de Jürgen Klopp et de son Santana partis depuis sous d'autres cieux. Peut-on s’attendre à de grands
staff est de s’appuyer sur un nombre très restreint de joueurs pour disputer les changements pour cette saison ? Pas sûr… A ce jour, l’effectif du Borussia
grandes compétitions. Les autres membres de l’effectif devant se contenter de dénombre 28 joueurs (dont 8 formés au club). Après 9 journées (au
la Coupe d’Allemagne et autres accessits. Cette logique est illustrée par le 21/10/2003),14 joueurs s'étaient partagés l’immense majorité du temps de jeu.
décryptage de la saison 2010-2011. L’étude menée à ce sujet démontre
en effet que le club de la Ruhr a remporté le championnat en s’ap-
puyant essentiellement sur 12 joueurs (voir tableau ci-contre) ! Ou
plus précisément que 12 joueurs seulement ont été titularisés à au
moins 10 reprises en championnat (seulement 13 joueurs ont parti-
cipé à 10 matches ou plus). Record européen à battre !La saison 2011-
2012 a été sensiblement plus ouverte à l'effectif puisque 17 joueurs ont
disputé au moins 10 matches. Si les remplaçants ont pu s'exprimer
plus que la saison précédente, l'équipe type, elle, n'a que très peu évo-
lué dans la saison puisque 13 joueurs seulement ont été titulariés à
l'entame d'au moins 10 rencontres... Lors de la saison 2012-2013, le
Borussia ne termine "qu’à" la 2e place de sa compétition nationale… Une
fois encore, seuls 15 joueurs ont participé à l'équivalent temps de jeu
de10 rencontres de Bundesliga. A savoir les 12 joueurs mentionnés

16 Vestiaires
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professionnels
"La formation française à de belles heures à venir devant elle…"
Guy LACOMBE. Tour à tour, formateur et directeur de centre de formation (AS Cannes),
entraîneur des clubs français les plus renommés (PSG, Monaco, Rennes….) et néo membre de la
DTN, Guy Lacombe est le témoin privilégié d’une certaine évolution du football. Nous l’avons sollicité
afin qu’il nous fasse part de son éclairage sur l'étude dont il est question ici.
La taille utile de l’effectif ? "Attention à ne pas se tromper tut et de son histoire. Il me semble naturel qu’un club devant tenir des
sur les conclusions de l’étude. Même si tous les joueurs n'ont effective- objectifs élevés comme le PSG, par exemple, compte 23 internationaux
ment pas le même temps de jeu, il n’empêche que la décision se fait très sur un effectif de 25 joueurs … Un club nourrissant des ambitions plus
souvent avec ceux qui jouent moins mais qui, sur un match, une entrée modestes tablera peut-être sur 15 joueurs confirmés et veillera à intégrer
en jeu, permettent de l’emporter. Pour peu que vous remportiez le les éléments les plus prometteurs de son centre de formation. Les clubs
championnat ou que vous vous sauviez à un point près, vous réalisez disposant de faibles budgets ou en cours de reconstruction feront plus
alors l’intérêt de pouvoir tabler sur un effectif large…". souvent appel à des joueurs ayant quelque chose à prouver et aux jeunes
du centre. Ici, c’est souvent le contexte économique qui dicte les élé-
Quelle stratégie d’utilisation de l’effectif ? "Le para- ments avec lesquels les techniciens vont composer".
doxe est que, bien souvent, les meilleurs résultats sont le fruit d’ef-
fectifs restreints dégageant une équipe type… En France, où les joueurs L’évolution probable, les tendances à venir dans
sont plus individualistes, ce type de gestion semble moins naturel le football français ? Il me parait qu’à quelques rares excep-
qu’en Allemagne, par exemple, où la culture du collectif est plus pré- tions, les clubs vont devoir s’appuyer de plus en plus fréquemment sur
sente". les éléments issus de leurs centres de formation. Certains prétendent que
l’on s’achemine vers un football d’élite à deux, voire trois vitesses.
Quel effectif pour quel club ? "Le nombre et surtout le Personnellement, je me réjouis en pensant que la formation française à
profil des joueurs composant l’effectif est fonction du club, de son sta- de belles heures à venir devant elle…

nous parait qu’à partir du 17ème jusqu’au Match Bundesliga Mtch Bdlg 2013-2014 Nb Nb mn
Nom Poste
2012-2013 à la 9ème journée Titularisations jouées
25ème, soit la frange dite de complément, il
R.WEIDENFELLER Gardien 31 8 7 720
reste de la place pour les jeunes du centre…".
M.LANGERAK Gardien 3 1 1 90
O.KIRCH Def 4 1 0 45
>Pas de corrélation entre le N.SUBOTIC Def 25 8 8 693
nombre de joueurs utilisés et un M.HUMMELS Def 28 7 7 575
objectif de compétition. S.PAPASTHOPOULOS Def Werder Breme 5 3 341
Deuxième constat : "Il n’y a pas de corréla- L.PISCZEK Def 29 0 0 0
tion entre le nombre de joueurs utilisés et M.SCHMELZER Def 29 6 6 483
un objectif de compétition.L’utilisation d’un E.DURN Def Equipe réserve 5 3 283
groupe de joueurs n’est pas liée à la perfor- S.KEHL Mdt 21 2 1 95
mance. Les stratégies d’utilisation de l’effec- H.MKHITARYAN Mdt Shaktar Donetsk 6 6 477
M.DUCKSCH Mdt Equipe réserve 2 1 91
tif ne préfigurent en rien la réussite ou l’échec
J.BLAZCZYKOWSKI Mdt 27 7 4 340
de la saison". A cet égard, il est fort à parier K.GROSSKREUTZ Mdt 29 8 8 720
que la prochaine (probable ?) mise en place I. GUNDOGAN Mdt 28 1 1 56
du "fair-play financier" redistribuera les cartes S.BENDER Mdt 19 9 8 660
et que les clubs se pencheront avec une atten- M.REUS Mdt 32 9 8 648
tion plus soutenue encore sur l’optimisation J.HOFMANN Mdt 3 7 0 146
des ressources internes du club. Dont le capi- N.SAHIN Mdt 15 (arrivée cours de sais.) 9 8 763
tal Joueur. Si tel est le cas, les décideurs tech- R.LEWANDOWSKY Att 31 9 8 743
niques et institutionnels ne manqueront pas de J.SCHIEBER Att 22 0 0 0
P.E AUBAMEYANG Att St Etienne 9 7 639
se replonger sur les résultats d’une étude dont
on n’a, peut-être, pas fini d’entendre parler. ■ saison 2012-2013, joueurs (14) ayant disputé au moins 10 matchs de bundesliga (manque Mario Gotze)
■ Olivier Goutard ■ saison 2013-2014, joueurs (14) ayant disputé au moins 1/3 du temps de jeu total en Bdlg

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TION DU MOIS ª
∫ la QUES
n t co n sti tu er
Comme tr a în em ent ?
ro u pes à l'e n
ses g ation. Par niveau, par an
née d'âge, par no m br e… Q uel
t
pr emier critère doit
? VESTIAIRES pass
prendre en
e en revue les
En foot d 'a n im r ses groupes d'en traînem en
réflexion.
du ca teur au m oment de constitue vous pr opos ant quelques pistes de
compte l'é ut en ai re s le s
re nt s enjeux et problématiques, to à so n ou se s pa rt en
di ffé les" par crainte de le plus "faib
e ce s de r-
es éduc at eu rs le sa ve nt : pe rd re , ta nd is qu
pas à rece-

L avoir préparé sa sé
ne su ffi t pa s à so n
fo nc tio nn em en t !
ance
bo n
So us pr é-
ser des
nier s ne cherchent
vo ir le ba llo n, ca r
serait synonyme de
de la pa rt du ou
le pe rd re
re
de
proches
s pa rt e-
texte de propo do ué s… Bref,
s att ra ct ive s, réfléchies na ires les plus
sé an ce st ra -
en co ns tr ui te s, ils fo nt on na vi gu e ic i en tre fru
et bi , individua-
passer bien so
uvent le tion, dévalorisation
et pe ur de
co nt en u (le "q uo i")
av an t le lis m e, in hi bi tio n,
ce te m ps ,
"comment". Or, tous
les enca- m al fa ire . Pe nd an t
ogresse.
drants, quelle que so
it la caté- personne ne pr
ne touchent
go r i e , s e re t ro u ve
nt à un Surtout ceux qui
de cu ir et qui
moment donné deva
nt la pro- jamais la boule
ca rt se creuser
m a t i q u e s u i va nte : de vo ient ainsi l'é
bl é pareilles
qu el le m an iè re co
ns tit ue r avec les autres… En
qui doivent
m es gr ou pe s à l’e
nt ra în e- ci rc on sta nc es, il y a des signes
iffres av an - té , ba iss e de
m en t ? L'e nj eu es t
ré el , avec nt pr éc on isé, bien que les ch ale rte r l'é du ca te ur (ir rit ab ili
r la gestion de la séan
ce ve TR Li gu e du és en ce à l'e n-
un impact certain su s pa r Pa sc al La f le ur ie l (C m ot iv at io n, de pl ais ir, de pr
joueur. En foot à 11 , la cé rta nt s (v oi r pa r a aussi et surtout
et la progression du nt re ) so ie nt pl us im po tra în ement…). Mais il y
fférente car le sy stè m e Ce tatif m ain te na nt , en amont. Quid de
problématique est di ra s- ail le ur s). Sur le plan quali ne es t un e réflexion à mener séparer
co m pé tit io n py ramidal incite à un
on no te qu 'u n gr oupe trop hé té ro gè
l'a nn ée d'â ge , pa r exemple ? Doit-on
de ipe. non- an ce ou
em en t de jo ue urs par groupe/équ né ra le m en t so urce d'inégalités, de le s gr ou pe s dè s le dé bu t de la sé
se m bl
im at io n, qu e fa ire
? Il gé s ? Quel est
M ai s en fo ot d' an co op ér at io n, et de conf lits. un iq ue m en t sur certains atelier
ie r lie u de co ns id
ér er no m br e de
co nv ie nt en pr em le bo n ra pp or t éd uc at eu r/
tit at ifs et qu al ita tif
s.
hétérogène est tio ns qu e no us
de ux as pe ct s : qu an on sa it pe rt in em - Un groupe trop jo ue ur s ? Au ta nt de qu es
source d'inégalité lits
s, de nt s in te rv en an ts ,
S'a gi ss an t du pr em
ie r, so uv en t av on s po sé es à di ffé re e.
e tr op im po rt an t de
n, et de conf dagogique et pratiqu
m en t qu 'u n no m br at el ie r in du it un non-coopératio pour un éclairage pé
êm e
jo ue ur s su r un m s- ut se passer : le jeun
e
ns et donc de progre
beyre
n et Ju lie n Go ur
manque de répétit io
ur s en U7 -U 9 Ex emple de ce qui pe nn er le ba llo n ■ François Villebru
pour 8 joue s do
sion. Un éducateur ur "doué" ne veut pa
en U1 1- U1 3 es t le plus sou- joue
et un pour 12 Nord
TD Finistère
Olivier CADIC, C
e il e t g roupe é lite"
"Grou p e a c c u s n’ au ro nt pa s le mê
me
un mê me gr ou pe , to us les jo ue ur s, les éd uc a-
nt t, da ns en structuré
r do it bi en co mp re nd re qu ’à l’i ns ta le mo nd e so it bo n ! Pour des clubs bi ns un e log iqu e
"U n éd uc at eu rait que tout iquement da
de pe rfo rm an ce … même si on voud rts ég ale s, au qu el cas, on se place un ccu eil " av ec de s
niveau
pa rti r le no mb re de joueurs à pa ns tit ue r d’u n cô té des groupes "a ns
teurs peuvent se ré aussi co piratio
eur). Mais on peut i présentent des as
joueurs par éducat " pour des enfants qu parer les
du nombre (12-14 et , de l’autre, des gr ou pe s "é lit es
différences de ga ba rit s, sé
ni ve au x nc er ne les
joueurs de to us les fin, pour ce qu i co foot du futur du
un e en vie de jouer plus haut. En un e gr os siè re erreur ! Car dans le les
différentes et fférentes se ra it de mélanger tous
us le pr ét ex te ré current de tailles di po ur qu oi je pr éc onise au contraire ire fa ce à
joueurs so s ! C’est nt je vais fa
au ra to uj ou rs de s grands et des petit se r la qu es tio n en terme de "comme
gamin, il y po
différences… et se
faire accepter ces
joueurs pour leur év ite r le pr ob lèm e".
s de gr an de ta ille " plutôt que d’
des joueur

18 Vestiaires
Haut niveau. R
et ancien CTD esponsable coo
de Haute-Savoie rdination école de foot-préfo
(74), Jean-F rmation à l'O
groupe d'entraî rançois VULLIEZ apporte un é lympique Lyonnais,
nement en préfo cl
"S’entraîner rmation à l'OL. airage sur la notion de
contraintes a avec des joue
thlétiques, sp urs plus âgés
a impose des
E n p ré fo rm at
io n , q u e p ré
t ia le s e t temporelles
p o u r co n st it
u er le s gr o u p
co n is ez -v o u s supérieures"
m en t ? A l’ es d ’e n tr aî n e-
O L, on tr av ai lle N ’y a- t- il p as
groupe d’entraî su r un e ba se de u n ri sq u e d e
p ar le b as ? N n iv
on fa it de s in té
nement par an
née d’âge, mais on , ca r no us ne el le m en t
en se m bl e de s m
groupes. Par ex
gr at io ns ré gu
li èr es da ns le s jo ue ur s de tr ân et to ns p as
emple, 4-5 joue fé re nt e p ou r cr ch e d’ âge di f-
U 1 4 et q u el q ur s U13 vont en ée
u es U 1 4 b as cu b ie n p o u r p ro r de la co nc ur re nc e, m ai s
se m ai ne avec le le n t ch aq u e vo q u er u n st im
s U 15 . tionnel néce u li m o ti va -
ssaire à une
co ns ta nt e. C lo p r o gr e s s i o n
Q u el es t l’ o b is on ne r ri sq ue
je ct if d e ce tt e un e fr ac tu re ra it de cr ée r
C el a no us p er in té gr at io n ? da n s le gr ou p
m et d’ ab or d d’ ve r, su rp re n d e. Il fa ut in n o-
groupes d’entr éq re , p o u r q u e
aînement en te ui li br er le s co n st am m en
t st im u lé d an
le je u n e so it
m ai s au ss i et su rme d’ef fectifs, s
rt ou t de do nn er fa vo ra bl e. u n co n te x te
je un es jo ue ur s la
de p ou vo ir s’ ag p os si bi lit é à de s
p lu s âg és . A qu ué rr ir au co nt ac Comment s
al it t de
s’entraîner avec és te ch ni qu es et ta ct iq ue s éq jo ue ur s ch an ge n t d e ont choisis
les joueurs
des joueur s plus ui va le nt es , gr o u p e d ’e n tr qui
athlétiques, sp âgés impose de ti on qu i co nc er aî n em en t ? C
atiales et tempo s contraintes ne ’e st
so nt oblig és de relle le ur s. Il s so nt to to us le s jo ue ur s, p as se ul em un e ro ta -
s’ ad ap te r et de s supérieures. Les joueur s us m is su r un m
êm
en t le s m ei l-
si tu at io ns p lu tr ou ve r de s so de va lo ri sa ti on
s co m p lexe s. Il lu , de cl im at de co e p ie d d’ ég al it é en te rm e
capacités d’ap s’ ag it de m ob ili ti on s à de s d’ ap p re nt is sa nf ia nc e, de bi en
prentissage ch se r to ut es le s ge . Il fa ut êt re ve ill an ce et
l’a nn ée d’ âge su ez les joueur s qu ti fi er so n év ol at te nt if à ch aq
pé i évoluent dans ut io n sp or ti ve ue je un e et id en
le remettre dans ri eu re , pu is de le s fa ire re de ai t p as de dé cr
oc h age br ut al
et p er so nn el le
p ou r qu ’i l n’ y
-
une "zone de co sc en dre po ur
de stabiliser ce nfor t" qui va le p er te de co nf de ni ve au qu i
qu’ils ont appr ur permettre ia nc e, de m ot en ge nd re un e
p sy ch ol og iq ue is et regénérer ra p p or t à l’ év iv at io n et d’ ap
s. leur s capacité ol ut io n du gr p re nt is sa ge p
s en co m p te d es ou p e. ar
jo u eu rs en d if C ’e st p ou rq uo i la p ri se
m ot iv at io n… fi cu lt é (b le ss
) es t ég al em en és , b ai ss e d e
t im p or ta nt e.

L'avis de Pasc
al LAFLEURIEL
CTR de la Lig ,
ue du Centre
C O N S T IT U E R L
ES G R O U P E S PA R
:
N OM BR E : il n’ ex is te pa s de
considérer que pr éc on is at io n
le rapport d’un de la D TN im po
à 5 (U 9/U8), et ce, afin éd ucateur pour 15 sa nt un ta ux d’
un éducateur po de ga joueurs est un m en ca drem en t, m
ur 18 joueur s po rd er une certaine aximum pour to ai s on pe ut
ur les équipes év qualité de travai utes les équipes
oluant à 8 (U10 l. On peut monte qui jouent
TR AN CH E D' à U13). rà
AG E : le s co m
po nd en t, da ns pé tit ions ont été cons
la m tr uites par la fé
Pour autant, lors aj or it é de s ca s, à la co ns ti tu ti dération en tena
nt compte des ca
qu’un joueur es on de grou pe s tégories sur 2 an
groupe d’entraî t plus avancé que qu i pe rm et te nt s car elles corres
nement de la tr les autres, il ne fa d’ êt re ef fic ac e -
anche d’âge supé ut pas hésiter, da et de pa ss er no
rieure. ns le souci de sa s ap pr
N IV EA U : cons progression, à le en ti ss ages .
tituer des groupe passer dans le
en re va nche in s de niveau n’a pa
dispensa ble de s d’intérêt chez le
prentissage (ne réal s pl
pas figer les grou iser des groupes de niveau à la us petits (U6-U7). Pour les caté
évoluer le joue pes à l’année, ga condition impé gories U8 à U13
ur dans la catégo rder rative de toujou , il me semble
rie supérieure po du plaisir, de la confiance…) sa rs garder le bo
n climat d’ap-
ur certains appr ns tomber dans
entissages et de l’élitisme. L’idéa
le remettre dans l serait de faire
sa catégorie en
suite.

www.vestiaires-magazine.com 19
∫ l'ENTRETIEN ª

Sylvain MATRISCIANO

"Trop d'éducateurs cernent mal


les attentes de leurs joueurs"
Prise de conscience. Adjoint de Willy Sagnol en équipe de France Espoirs, Sylvain Matrisciano est
surtout reconnu dans le milieu pour son expertise dans le domaine mental et managérial. Un savoir qu'il a
développé en même temps que ses compétences de technicien depuis la fin de sa carrière sportive, il y a vingt
ans. Aujourd'hui entraîneur national à la DTN, celui qui fut cadre technique à la ligue de Franche-Comté nous
parle des enjeux et problématiques liés à la fonction d'éducateur de football. Un entretien "utile" visant à aider
les encadrants à ouvrir les yeux sur leur vocation véritable, et sur ce qu'ils doivent entreprendre,
personnellement, pour rendre leur mission plus efficace et agréable. Entretien.

VESTIAIRES : Qu'est-ce qui pousse une personne, contributions, et ainsi donner du sens à l'entraînement et à la mis-
d'après vous, à devenir éducateur ? Quel est son sion d'encadrement.
"moteur" la plupart du temps ?
Sylvain MATRISCIANO : Cette question, c'est avant tout aux L'éducateur ne peut pas être performant sur la durée
éducateurs de se la poser. Moi, je sais pourquoi j'ai accédé à cette s'il fait l'économie, dès le départ, d'un travail d'in-
fonction, pourquoi j'ai passé mes diplômes. J'ai eu très tôt cette trospection et de communication, c'est ça ?
S. M. : Exactement. Plus les éducateurs iront en amont sur leur raison
volonté de m'inscrire dans l'éducatif et dans la performance, de boni-
fier l'autre et de prendre des responsabilités. Je crois que chaque d'être, leur fonctionnement, la connaissance de soi et celle d'autrui,
éducateur, avant de se lancer, doit commencer par identifier ses moti-
plus ils seront efficaces et épanouis dans leur activité. C'est aussi un tra-
vations ainsi que le degré d'investissement vail de recherche. Savoir par exemple si l'on
qu'il est prêt à assurer. fonctionne sur un mode auditif, visuel, kines-
Le public n’est plus le même, la thésique, si l'on fait preuve d'une intelli-
Posons la question différem- société a changé. Entraîner gence plutôt inter ou intra personnelle. Sans
ment : pensez-vous que la plupart comme nous l'avons été serait entrer dans de grandes théories, il est facile
des éducateurs deviennent de se documenter sur le sujet. On peut aussi
éducateurs pour les "bonnes" une grave erreur pour les joueurs se faire filmer au bord du terrain pour voir
raisons ? et pour l’éducateur qui ne comment on se déplace, comment on
S. M. : Je pense que oui. Par contre, je suis trouverait par son compte et communique… Il peut y avoir de grosses
convaincu qu'un certain nombre d'entre surprises !
eux cernent mal leurs attentes, celles de l'ac- arrêterait rapidement.
tivité et des joueurs. Beaucoup gagneraient Mais dans les faits, très peu d'édu-
à se pencher davantage sur les souhaits personnels et mutuels. cateurs font ce travail de recherche et d'analyse ! Et il
en va de même concer nant l'identification des
C'est-à-dire ? attentes de leurs joueurs…
S. M. : Qu'est-ce que j'attends de l'activité en tant qu'éducateur ? S. M. : C'est une prise de conscience à avoir. Il y a un mode opératoire
Qu'est-ce que j'attends de mes joueurs ? Qu'est-ce qu'ils attendent de que tout le monde connaît, c'est l'entraînement. Mais il y en a d'autres
moi ? Qu'est-ce que je suis prêt à mettre en place pour répondre à comme l'entretien individuel ou la réunion collective. L'éducateur doit
leurs attentes ? Qu'est-ce que mes joueurs sont prêts à faire pour savoir profiter de certains moments avec ses joueurs, hors terrain, pour
satisfaire aux miennes ? Bref, clarifier les contraintes et les ressources travailler sur les attentes personnelles et mutuelles. Interroger ses
de façon à trouver une cohérence, un juste équilibre entre souhaits et troupes sur la représentation qu'ils ont de l'entraînement, de

20 Vestiaires
Suite page suivante 
"Plus qu'obtenir des
résultats, mesurer
des progrès est
le vrai match pour
l'éducateur."

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Suite page suivante 
∫ l'ENTRETIEN ª

l'effort, du jeu, de l'entraîneur, du dirigeant, du remplaçant… C'est ce séance par semaine ! Il a commencé à mettre en place des groupes de
que j'appelle la préparation mentale éthique, ou gainage mental. travail par VMA, etc… Les mecs ne touchaient jamais le ballon ! Je
L'idée est de se forger des valeurs communes pour recentrer les n'ai peut-être pas suffisamment insisté à l'époque sur le fait que la
enjeux et avancer tous dans le même sens. première des choses est de s'adapter à son public. Le maçon qui vient
à l'entraînement, il veut faire un foot. Courir, il peut y aller seul le
Le fait qu'un certain nombre d'éducateurs négligent dimanche matin avec un cardio…
cette phase consistant à cerner d'abord leurs attentes
ainsi que celles du groupe, pour adapter ensuite leur L'erreur de cet éducateur fut d'être centré unique-
approche pédagogique, méthodologique, et fixer des ment sur la performance, comme beaucoup…
objectifs, est-il de nature à expliquer ce décalage sou- S. M. : Ce qui engendre inévitablement de la frustration. Il convient
vent constaté entre l'entraîneur, qui veut gagner, et les alors de resituer ses priorités. Moi, éducateur U11, quel est mon objec-
joueurs, qui souhaitent d'abord se faire plaisir ? tif ? Etre champion de ma poule départementale ou champion de
S. M. : Le risque est là, en effet.Trop d'éducateurs cherchent à répon- l'éducatif ? Remporter le "derby" face au village voisin ou d'abord
dre à des attentes qui étaient peut-être les leurs, lorsqu'ils étaient faire en sorte que l'enfant sorte du terrain avec le sourire, la santé, et
joueurs, il y a dix, vingt ou trente ans, mais qui ne sont pas ou plus quelques règles de vie comme la politesse, la solidarité, le respect et
celles de leurs protégés aujourd'hui. Le public n’est plus le même, la le goût de l'effort ? Il ne faut pas se tromper.
société a changé. Et entraîner comme nous
l'avons été serait une grave erreur pour les Quels sont les signes, à l'entraîne-
joueurs et aussi pour l’éducateur qui ne trou-
verait pas son compte et arrêterait rapide-
"La première des choses est de ment ou en match, qui montrent
que l'éducateur fait fausse route ?
ment. Les joueurs attendent autre chose de s'adapter à son public" S. M. : On peut répondre en évoquant les
l'activité désormais. Et cette chose peut varier signes qui permettent d'avancer que l'édu-
énormément d'un public à l'autre, d'une cateur est dans le vrai : la présence des joueurs
équipe à l'autre, d'un club à l'autre… D'où la nécessité, pour le coach, aux séances, l’adhésion du groupe et des parents au projet, la ges-
de commencer par se poser les bonnes questions afin d'éviter de se tion des émotions lors des oppositions, la cohésion affective…
retrouver très rapidement hors sujet si je puis dire.
Tout ce que vous venez de dire est une manière de
Avec quelles conséquences ? tordre le cou à l'idée trop répandue selon laquelle
S. M. : Une incompréhension réciproque, source de tension, de l'indice de réussite et de compétence d'un éducateur
conflits et de démotivation, alors même que l'éducateur a le senti- n'est représenté que par les résultats de son équipe…
ment de "faire ce qu'il faut" ! S. M. : C'est juste. Ils sont nombreux à croire, parfois à raison malheu-
reusement, qu'ils seront jugés par les joueurs, les parents et les diri-
Sauf qu'il se trompe de public… geants, uniquement sur les résultats, et pas sur la qualité du jeu pro-
S. M. :Voilà. J'ai formé un garçon, il y a quelques années, qui a terminé duit, encore moins sur les valeurs transmises et le respect du projet
major de promotion au BE1 et qui est ensuite parti entraîner une club. En cas de défaite, le regard des autres, les remarques, la déception
équipe de 2e ou 3e division de district. Il a mis en place tout le contenu des joueurs sont vécus comme autant de coups de couteau à l'ego de
de la formation du Brevet d'Etat avec des joueurs qui faisaient une l'éducateur. Or, il y a des indicateurs visuels, comme des exercices et
situations référence à l'entraînement, qui permet-
tent d'abord de mesurer une progression. Le vrai
match pour l'éducateur, il est là !

Mesurer une progression avec des


enfants n'est pas toujours aisé…
S. M. : C'est pourquoi j'invite tous les éducateurs à
choisir des situations référence à l'entraînement.
C'est le meilleur moyen de mesurer concrètement
les progrès effectués et ainsi donner du sens à ce
que l'on fait d'un point de vue technique. Pouvoir
dire à un moment donné aux enfants : "Vous voyez,
on ne parvenait pas à réaliser correctement ce jeu
en début de saison. Maintenant, on réussit à faire
des séries de cinq, six passes. Bravo". Le progrès est
déjà une première victoire pour l'éducateur.
L’épanouissement individuel dans un collectif, une

22 Vestiaires
deuxième. Rendre le joueur intelligent en terme d’adaptation, mais enfants ont certes besoin d'un cadre de fonctionnement, mais l'édu-
aussi acteur et même auteur de ses performances en est une autre. cateur doit leur laisser un minimum de liberté à l'intérieur de ce
cadre.
On parle beaucoup à l'heure actuelle de la notion de
plaisir qu'il convient d'entretenir afin d'emporter Sur le plan disciplinaire ou sur le plan de l'évolu-
la pleine adhésion de ses joueurs. Mais se pose-t-on la tion dans le jeu ?
question de savoir si l'éducateur, lui, prend du plaisir S. M. : Les deux. En match, par exemple, il faut réhabiliter le statut de
dans des contextes pas toujours évidents à l'entraîne- l'erreur. Il faut l'accepter car elle est essentielle dans la construc-
ment ? tion de l'individu. Or, certains joueurs vivent très mal la compéti-
S. M. :A la DTN, on se dit que le plaisir de l'éducateur est véhiculé par tion, comme certains entraîneurs du reste, car ils sont convaincus
l'épanouissement qu'induit son sentiment de compétence. Plus il qu'ils seront jugés uniquement sur le résultat. Il faut dédramatiser tout
va être formé, bien formé, mieux il pourra accompagner les gamins. ça. Le match n'est qu'un mode opératoire du cycle d'entraînement.
Et s'il accompagne correctement les gamins, en maîtrisant tous les Un outil d’apprentissage et non une finalité. C'est un point de repère
outils, notamment pédagogiques, on estime alors que ce sera un vrai dans une situation réelle avec un petit peu plus d'émotionnel parce
plaisir pour lui d'être éducateur. Car il sera qu'on s'étalonne par rapport à des adver-
en mesure de mettre son empreinte. À l'in- "Le plaisir de l'éducateur est saires. C'est tout.
verse, celui qui passe la séance ou le match à véhiculé par l'épanouissement
hurler "sors, reviens, passe, déborde, Malheureusement, pour dédrama-
presse…", sans réel impact visible sur le qu'induit son sentiment de tiser la compétition, certains vont
groupe, aura l'impression de faire son bou- compétence." jusqu'à la dénaturer en prônant
lot, mais ce n'est pas ça. Et très vite, il va le par exemple la suppression des
ressentir au plus profond de lui. Ce qui ne manquera pas, là encore, de classements dans les tournois. Ne se trompent-ils
faire naître de la frustration. pas de cible ? Ne feraient-ils pas mieux d'aider les
éducateurs à voir la compétition d'un autre œil ?
D'une manière générale, que traduit l'intervention- S. M. : Je suis d'accord. Ce n'est qu'un problème de regard. Moi je suis
nisme d'un éducateur, que ce soit à l'entraînement ou en un compétiteur, j'ai été footballeur professionnel, j'adore gagner... La
match ? Juste de l'incompétence ? compétition n'est pas un problème en soi. D'où vient l'aspect ludique
S. M. : Non, pas forcément. Certains pensent que c'est ce qu'il faut d'un exercice ou d'une situation à l'entraînement ? Du comptage
faire. Ils sont persuadés que c'est ce que les enfants attendent pour des points entre les chasubles jaunes et les chasubles rouges… La
faire les efforts. Parfois, c'est aussi parce que l'éducateur a été compétition demeure une composante essentielle. En revanche,
construit comme ça, au contact d'un entraîneur qui était très dirigiste l'éducateur qui, dans l'activité, n'aime que la victoire, et non les
à l'époque. Une chose est sûre : celui qui réussit à se montrer ferme, moyens pour y parvenir, va au-delà de grandes désillusions. Il faut
tout en rendant les joueurs autonomes et responsables, a gagné. Les laisser la compétition aux jeunes et l’éducation à l’entraîneur.

www.vestiaires-magazine.com 23
∫ l'ENTRETIEN ª

Être sur les moyens et non pas uniquement sur les teur de football est avant tout une personne qui doit se
résultats réclame d'avoir un minimum de compé- poser des questions. "L'entraîneur est un chercheur",
tences induites par la formation. Or, dans les petits disait Frédéric Hantz dans nos colonnes.
clubs surtout, beaucoup de parents s'improvisent S. M. : Oui, et en ce qui concerne l'éducateur en amateur, les
"éducateurs" sans en avoir la fibre ni la volonté d'être questions sont spécifiques et multiples. Qu'est-ce que j'attends de
dans la réflexion. Ne devrait-on pas, par exemple, l'activité ? Qu'est-ce que je peux lui amener ? Quelle peut être ma
travailler davantage à utiliser les "seniors" du club, ce contribution réelle ? Qu'est-ce que je peux en retirer ? Des gratifica-
qui, en plus de capitaliser sur leur sensibilité foot- tions, un statut, un regard ? L'idée bien évidemment n'est pas de faire
ball, permettrait de renforcer à terme l'identité club, une psychanalyse de comptoir de nos éducateurs. Simplement de
ce qui fait de plus en plus défaut de nos jours ? savoir sur quelles valeurs et quelles motivations ils fonctionnent, et
S. M. : On peut aussi travailler à former les jusqu'où ils peuvent aller ? Plus leurs motiva-
parents qui le souhaitent, cela se fait déjà. Les"Certains joueurs vivent très mal tions seront profondes et bien ancrées, plus ils
parents, à partir du moment où ils font l'ef- auront envie de continuer dans cette voie,
fort de se poser un minimum de questions la compétition, comme certains d'apporter et de bonifier l'autre.
sur l'activité, et qu'ils ne suivent pas leur entraîneurs du reste, car ils sont
gamin dans toutes les catégories… je trouve convaincus qu'ils seront jugés Bonifier au sens large.
cela très bien. Maintenant, s'agissant des S. M. : Oui.Accompagner le joueur dans sa
seniors à utiliser comme éducateurs chez les uniquement sur le résultat. " construction sportive et éducative, l’intégrer,
petits, c'est une piste intéressante, en effet. le sécuriser, l’écouter et le reconnaître.
D'abord, un changement de statut (entraîneur-entraîné-entraîneur) Partager collectivement les valeurs qui lui sont chères (plaisir, res-
peut favoriser l’appropriation de principes de jeu. Ensuite, l’intérêt pect, engagement, tolérance …) sont autant de petits pas vers le plai-
pour l’identité club est indéniable. Ceci étant, une formation fédé- sir de la pratique. Le football doit être un outil éducatif ; l’éducateur, un
rale (module de 16h) reste incontournable pour les volontaires. Le der- maillon de cette chaîne éducative ; le joueur un acteur qui joue, qui
nier point qui me semble positif est la prise de confiance et d’affirma- s’amuse et s’épanouie ; les parents des accompagnateurs ; et le diri-
tion quand on s’occupe de plus jeunes. geant le metteur en scène, réalisateur de cette belle production.

En définitive, si l'on résume cet entretien, l'éduca- ■ Propos recueillis par Julien Gourbeyre

24 Vestiaires
∫ Dossier ª

■ Par Patrick CHANCEAULME


ancien footballeur professionnel,
expert en management du sport, et auteur
du livre "Les entraîneurs sont-ils entraînés ?"
(Collection New PEPS).

Bien communiquer
pour motiver ses troupes :
enjeux et solutions

Extrait de l'ouvrage "Les entraîneurs sont-ils entraînés ?".


VESTIAIRES a choisi ce mois-ci de publier un long extrait du livre de Patrick
Chanceaulme, qui connaît à l'heure actuelle un franc succès. Un ouvrage destiné
à tous les éducateurs et entraîneurs. Dans ses pages, l'auteur nous ouvre les yeux
sur le mode de communication bien souvent défaillant des techniciens, quel que
soit le diplôme ou le niveau de pratique, tout en nous apportant des clés
concrètes pour y remédier. Et en tirer profit ! Passionnant.

L’entraîneur sportif existe par les joueurs. S’il n’y a pas de • diriger la préparation psychologique au sens large (état d’es-
joueurs, il n’y a pas d’entraîneur, il n’y a pas même de club. prit - motivation - implication)
Voilà bien une évidence, mais si cela va sans dire, cela va mieux
en le disant… et en le rappelant régulièrement ! >Le motivé s’occupe, l’impliqué se préoccupe
Voici une autre évidence. Parmi les grandes missions d’un Le corps et l’esprit, c’est l’un ET l’autre qu’il convient de pré-
éducateur ou d’un entraîneur, il en est deux qui prédominent : parer concomitamment. Or, force est de constater que les
• diriger la préparation technique au sens large (technique - "préparateurs" sont généralement plus à l’aise avec l’un
tactique - physique) qu’avec l’autre... Pourquoi ? La raison principale est à cher-

26 Vestiaires
COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION

cher dans leur passé sportif. Leurs propres entraîneurs privi-


légiaient déjà la dimension technique à la dimension psycho-
logique ou mentale. Les entraîneurs ont donc une tendance
naturelle à reproduire les schémas qu’ils ont connus. Or, l’en-
traîneur de demain est un manager de l’humain, au moins
autant qu’un coach de terrain. Bref, les techniciens d’au-
jourd’hui sont déjà des entraîneurs du passé, des entraîneurs
dépassés, s’ils ne prennent pas en compte dans leur mission,
au quotidien, les variables affectives, cognitives et psycholo-
giques. C’est sur ce terrain-là que l’éducateur trouvera les clés
de la motivation et de l’implication de ses joueurs, deux
notions primordiales et distinctes : le motivé s’occupe, l’impli-
qué se préoccupe !

>Observer et écouter, c'est déjà communiquer !


Alors, de manière plus précise, quelle est la première condition
de la motivation et de l’implication ? C’est bel et bien l’atten-
tion et l’intérêt portés à chaque joueur, à ses attentes et à ses
besoins. Chaque joueur nourrit le groupe et chacun se nourrit
du groupe. Chacun a donc besoin de se sentir important, utile
et reconnu au sein du groupe. L’entraîneur se doit de veiller à
cela, c’est l’une de ses missions premières. Et puis, si la nature
lui a donné deux yeux et deux oreilles (et une seule bouche), Carlo Ancelotti
ce n’est pas pour rien ! "J’aime les joueurs, les écouter, leur parler,
La meilleure façon d’avoir un impact sur un individu reste
encore de s’intéresser à lui, aux idées qu’il véhicule, aux argu- parfois m’amuser avec eux ; j’ai besoin
ments qu’il avance, aux émotions qu’il ressent, aux postures d’entretenir une relation de qualité avec
qu’il adopte.
L’observation et l’écoute constituent les deux piliers fonda- chacun d’eux"
mentaux d’une relation respectueuse et fructueuse. Ces deux
comportements sont dénués de violence. Ils ne peuvent nuire
à autrui. Ils constituent le point de départ "obligé" de toute C’est faux. L’observation et l’écoute sont deux comporte-
coopération. ments fondamentaux qui nécessitent un sérieux apprentis-
Pourtant, lorsque ces deux notions sont évoquées avec des sage. Rien n’est plus difficile que d’être dans l’écoute et l’ob-
éducateurs ou des entraîneurs sportifs, leurs premières réac- servation du présent. Sauf que les entraîneurs, tellement obnu-
tions sont quasiment toujours les mêmes : "Oui, je sais, obser- bilés par les scores, ont désappris à écouter et à observer. Ils se
ver et écouter davantage… peut-être !" (ah bon, ce n’est privent d’un levier phénoménal pour booster un effectif sur la
même pas sûr !) ; "Mais je ne vais pas passer mon temps à ça !" durée.
(allons donc, mieux vaut se centrer sur son propre nombril !) ;
"Et puis en attendant on ne fait rien !" (tiens donc, ce serait ne >"Tu n'as pas été bon…"
rien faire que de s’intéresser aux autres !) ; "Et puis, et puis il Tout coach sportif doit faire l’effort de développer son acuité
n’y a rien de particulier à savoir pour visuelle et auditive. Cela va plus loin que de prendre le pouls de
simplement observer et écouter les l’équipe. Il doit s'exercer à relever des faits, des opinions et des
joueurs !" (faux !). sentiments exprimés, sans y mêler de jugement, d’interpré-
tation, de généralisation ou d’accusation, sans banaliser les
problèmes, sans ramener tout à lui…
"Tu n’as pas été bon...". Voilà le type de formule que l’on
Observez et écoutez vos joueurs, retrouve régulièrement dans la bouche de coachs sportifs.
Normal, notre système éducatif nous a habitué à juger. Dès
ils vous donneront tout… l’école, "c’est bien ou c’est mal", "tu auras un bon point ou
une punition".
même davantage ! "Tu n’as pas été bon"... Exprimé en l’état, il s’agit d’un juge-
ment de valeur qui ne s’appuie sur rien de précis à mettre en

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Suite page suivante 
∫ Dossier ª

>Les entraîneurs se croient trop souvent obligés


d’être agressifs verbalement pour que leurs joueurs
le soient sur le terrain.

Alors j’entends déjà certains avancer que "dans ces condi-


tions, on ne peut plus rien leur dire".
Eh bien si, l’on peut dire beaucoup de choses, de manière très
directe et très ferme s’il le faut, sur la base d’observations fac-
tuelles, sans blesser, sans agresser, sans humilier, sans accu-
ser, sans juger tout simplement. L’un des problèmes rencontrés
dans le sport, c’est que les entraîneurs se croient trop sou-
vent obligés d’être agressifs verbalement pour que leurs
joueurs le soient sur le terrain.

Ottmar Hitzfeld
"Mon expérience me permet aujourd’hui
d’observer les choses de manière objective, pour
mieux travailler et dépassionner les débats"
parallèle avec des objectifs clairs qui auraient été définis préa-
lablement par les deux parties. Ce jugement très violent génère
une perte de confiance et d’estime de soi. Il s’accompagne
de comportements défensifs ou de contre-attaque tout aussi "Tu es toujours en retard à l’entraînement !".Voilà une autre
violents. formule qui peut facilement sortir de la bouche d’un éduca-
teur. Elle va inévitablement faire de la casse. L’expression ne
Yann M’Vila (TéléFoot 22 avril 2012) repose pas sur une réelle observation. Dans ce cas précis, la
remarque n’est pas factuelle et relève d’une généralisation
"Lorsqu’un journaliste me dit que j’ai été abusive. Comme tous les adverbes de temps, "toujours" est
de trop. Il est facilement contestable par l’intéressé : "non
nul, je rigole. Lorsque c’est le coach qui me le c’est faux, avant-hier j’étais à l’heure". Et la partie de ping-
dit, ça me fait mal !" pong de s’enclencher : "si c’est vrai", "non c’est faux"…
L’indisposition du joueur est assurée. Cela peut sembler sans
conséquences majeures, mais cette "micro-rupture", ajoutée à
Les jugements de valeur démolissent même les plus costauds. des dizaines d’autres, va accentuer la distance entre l’entraî-
Notons que la comparaison est une forme de jugement. neur et l’entraîné, pour aboutir un jour à un clash sérieux que
Lorsque l’entraîneur dit : "Tu as été meilleur que lors du ni l’un ni l’autre ne sauront expliquer.
match précédent", le joueur n’entend et ne retient qu’une Aussi, une observation se doit d’être précise et factuelle : "Lors
chose : "Lors du match précédent, je n’ai pas été bon". Même de deux séances d’entraînement de la semaine dernière,
partant d’une bonne intention, le jugement de valeur ainsi mardi et jeudi après-midi, j’ai pu constater ton arrivée avec
exprimé fait à nouveau des dégâts conséquents. 10 minutes de retard". Les faits exprimés ne sont pas contes-
Il est prouvé scientifiquement que toute agression du cer- tables, ils ne sont donc pas contestés. Le joueur est réceptif.
veau limbique (siège des émotions) empêche l’accès au cer- L’entraîneur peut à présent demander que le retard ne se
veau cortical (siège de l’analyse et de la raison). Dès lors, la reproduise pas, ou bien d’être averti en cas d’empêchement.
relation est altérée entre l’émetteur et le récepteur, entre l’en- Il va obtenir l’adhésion du joueur, sans avoir recours à la
traîneur et le joueur. Jean Renoir, après avoir filmé une scène menace ou au système classique des amendes qui est surtout
qui ne lui convenait pas, disait à ses acteurs : "Vous avez été un pis-aller, la solution de facilité et l’arme du "faible".
merveilleux ! On va la refaire !". Et ça leur donnait envie de
faire plus et mieux.

28 Vestiaires
COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION

marque d’attention.

Cherchez la progession… 2/ Poser des questions ouvertes


Il s’agit de privilégier l’expression libre. Eviter de multiplier les
plus que la perfection ! questions fermées auxquelles l’interlocuteur ne peut répon-
Observez et faites valider les progrès dre que par oui ou non, par blanc ou noir. Bannir les questions
inductives, celles qui contiennent déjà la réponse, du style
"ne penses-tu pas que tu aurais pu t’aligner mieux en
défense ?". Préférer plutôt : "que penses-tu de ta manière de
Pour éviter les jugements, accusations et autres généralisa- t’aligner lors des phases défensives de hors-jeu ?". Cette
tions abusives, il est essentiel de fixer un cadre, un pacte de tra- deuxième formulation ouvre au dialogue. Elle permet l’ex-
vail, un contrat de progrès avec chaque joueur. Idéalement, ces pression du joueur. Il se sent reconnu. Il existe !
axes de travail doivent être validés par les deux parties (entraî-
neur et entraîné), après chaque compétition et pour la semaine 3/ Laisser répondre et ne pas couper
d’entraînement qui se présente. Les éléments concrets et pré- A ce sujet, certains coachs sportifs prétendent que bon nom-
cis qui ont été relevés (parfois filmés) lors du match précé- bre de joueurs s’expriment peu, voire pas du tout, lorsqu’on les
dent vont servir de base à la définition concertée d’un plan de questionne. Permettons-nous donc de les interroger eux-
progrès pour la semaine à venir. mêmes. "Les avez-vous habitués à recevoir des questions
La vision est partagée, les échanges deviennent constructifs, ouvertes et non inductives ? Leur avez-vous laissé le temps de
sur la base de points précis et pré-définis. Les progrès s’opè- répondre ? Si oui, les avez-vous écoutés jusqu’au bout, sans
rent. C’est la politique des petits pas (progrès), le capital les couper ?".
confiance augmente, le cercle vertueux se met en marche.
Avec les démarches centrées sur la recherche de perfection, les
risques sont accrus. D’une part, qui peut définir ce qu’est la per- Alex Ferguson
fection ? D’autre part, la barre étant toujours très haute, les "J’ai appris avec le temps qu’il fallait laisser les
échecs sont nombreux, le capital doute est activé, le cercle
vicieux se met en route. joueurs s’exprimer et les écouter. Eric Cantona
ne serait pas devenu le joueur qu’il a été si je
>L’ouverture au dialogue par l’écoute
L’observation a pour but de rapporter des faits observables par ne l’avais pas aidé à se construire et à
les deux parties. Cependant, il est possible qu’elle soit incom-
plète ou faussée par certains éléments. Il faut donc permettre s’exprimer librement"
au joueur de s’exprimer pour confronter les réalités. L’écoute,
au même titre que l’observation, ne s’improvise point !
4/ Reformuler sans altérer
La reformulation doit se faire sans distorsion quelconque de ce
qui a été exprimé. Le coach doit renvoyer une image, sans
ajouter ni retrancher quoi que ce soit aux faits, idées et senti-
ments exprimés. Il garde le fond, voire il le révèle ; il change uni-
quement la forme. La reformulation présente un double avan-
tage. Elle permet au coach de vérifier qu’il a bien compris ce
qui vient de lui être dit. Elle permet au joueur de se sentir
(enfin) écouté et compris. De là, il est en confiance et enclin à
parler davantage, à chercher lui-même des solutions ou à expri-
mer clairement et sereinement ce qu’il attend de son coach.
Prenons l’exemple d’un joueur qui dirait à son entraîneur :
Voici donc les règles d’une bonne écoute : "Avec toi, il n’y en a que pour le jeu offensif, les attaquants
par ci, les attaquants par là… !". La reformulation "clari-
1/ Poser des questions fiante" permet au coach de s’assurer, de manière synthétique,
Force est de constater que la part des questions posées dans les qu’il a bien compris : "Si je te comprends bien, je ne m’oc-
échanges que peut avoir un entraîneur avec ses joueurs, ou cupe que des attaquants". Il est une autre forme de reformu-
avec les membres de son staff, est infime. Or, le questionnement lation, dite "miroir" : "Tu aimerais donc que je m’occupe plus
est d’une puissance remarquable, c’est même la première de toi ?". Cette technique permet un autre angle d’écoute.

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∫ Dossier ª

deux axes :
l’axe horizontal : celui-ci porte sur l’action de répondre posi-
tivement ou de ne pas répondre à l’attente du(des) joueur(s).
l’axe vertical : celui-là relève du niveau de motivation (ou de
démotivation) obtenu,
du fait d’une réponse (ou non réponse) à l’attente en ques-
tion.
Concrètement, cela donne lieu à une classification des attentes
des joueurs en trois grandes familles :

Elle met à jour ce qui était en filigrane. Enfin, la reformulation


"empathique" cherche à révéler le sentiment du joueur, au-
delà des mots qu’il a prononcés : "Il me semble ressentir beau-
coup d’amertume dans tes propos !". Ce procédé favorise un
rapprochement et libère le joueur qui va pouvoir exprimer ce
qu’il a sur le cœur.

>Identifier et distinguer les attentes et les besoins


des joueurs
Les joueurs ont tous des sensibilités différentes, des vécus
différents, des ambitions différentes… et des attentes qui
peuvent différer, pour la bonne raison que, derrière ces
attentes, se cachent des besoins profonds qui sont différents.
L’attente revêt un caractère plus contextuel que le besoin
sous-jacent. L’attente est plus facilement exprimable, si tant est
que l’entraîneur soit sensible à ce qu’elle soit exprimée. En 1/ Les attentes implicites des joueurs
revanche, le besoin qui la porte n’est pas aussi facile à identifier. Il s’agit d’éléments que les joueurs considèrent comme un
dû.
• si l’entraîneur répond à ces attentes, il ne génère pas de
Un p’tit truc pour identifier un besoin sous-jacent : satisfaction particulière, puisque, pour les joueurs, c’est ’’la
moindre des choses’’.
Face à l’expression d’une demande ou d’une attente • si l’entraîneur n’y répond pas, il génère une grande démoti-
par un joueur, demandez systématiquement pourquoi. vation.

Dans 99% des cas, la réponse qui suit n’est autre que Il est clair sur le schéma ci-contre que ces attentes (cf courbe de
couleur rouge) méritent une réponse systématique, "obliga-
la formulation d’un besoin plus profond. toire", sans quoi la démotivation est grande.
Lorsque vous prenez l’avion, vous avez une attente implicite :
Pour motiver les joueurs sur la durée, il ne suffit pas de répéter qu’il arrive à bon port. Besoin de sécurité ! Il ne vous vient
"allez les gars". Il importe de comprendre leurs besoins et pas à l’esprit de le demander lorsque vous achetez votre billet.
d’y apporter des réponses adaptées.Tout entraîneur (ou staff) Eh bien, il en est de même des joueurs qui considèrent par
qui veut tirer le meilleur de son groupe doit avant toute chose exemple naturel et obligatoire, sans avoir à le demander, que
accepter les idées suivantes : l’entraîneur soit respectueux de leur personne. Qu’il ne les cri-
• les sportifs ont des attentes derrière lesquelles se cachent des tique pas, par exemple, sur la place publique. Cette règle est
besoins, conscients ou non, avouables ou pas, avoués ou pourtant bafouée régulièrement.
non. Nous sommes à la fin du mois d’août 2011. L’équipe de France
• la façon de répondre à ces attentes et ces besoins, ou de ne de football prépare son match de qualification pour l’Euro
pas y répondre sciemment et en connaissance de cause, en 2012 contre l’Albanie. Dans un entretien accordé à France-
expliquant pourquoi, va permettre de sceller une relation de Football, Samir Nasri glisse qu’il aurait préféré entendre en
confiance et un état d’esprit conquérant chez chaque joueur. tête à tête les critiques de Laurent Blanc, plutôt que par presse
La qualification des attentes s’obtient par le croisement de interposée. Le mal est fait, il laissera des traces. La prestation de

30 Vestiaires
COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION

Samir Nasri sera décevante contre l’Albanie.A qui croyez-vous • moins il répond à ce type d’attentes, plus il génère de la
qu’il en revienne la plus grande responsabilité ? Certains vont démotivation.
crier aux caprices de star, quand une analyse approfondie met
à l’index les manquements du sélectionneur. Même les joueurs Nous trouvons dans cette famille des attentes généralement
qui ne sont pas cités savent dorénavant que Laurent Blanc est liées à des notions de délai, de fréquence, d’intensité…
capable de leur réserver le même sort dans le futur. Pas loupé ! L’individualisation de la préparation fait partie de cette caté-
Quarante-huit heures avant le quart de finale du même Euro gorie. Pas seulement la préparation physique, laquelle serait
contre l’Espagne, notre ex-sélectionneur national récidive. même à classer, chez bon nombre de joueurs et du fait d’une
Il regrette sur RMC "de ne pas avoir de joueurs qui aient quasi généralisation de cette pratique, parmi les attentes impli-
l’intelligence du jeu". Même s’il ne cite personne cette fois-ci, cites, considérées comme un dû aujourd’hui par les sportifs.
chaque joueur entend dans sa chambre d’hôtel qu’il est un Non, il est ici davantage question de l’individualisation de
écervelé. Ce type de dérapage incontrôlé de communication séquences de travail technique. Kevin Gameiro me disait fin
interpelle au premier chef et relève quasiment de la faute pro- 2007, alors qu’il évoluait au RC Strasbourg : "J’aimerais travail-
fessionnelle. ler davantage à l’entraînement les décrochages avec le
défenseur carrément sur les talons". Derrière une telle
attente, il y a naturellement un besoin plus profond. Quel est-
Ottmar Hitzfeld il ? Pour le savoir, l’entraîneur se doit de le demander à l’inté-
"J’ai toujours protégé mes joueurs des médias et du ressé et de mettre ses antennes en éveil. Nous revenons à l’im-
portance du questionnement ouvert et à la notion d’écoute.
public. Je donne ma confiance à priori et j’attends en Avant même d’apporter la moindre réponse qui pourrait être
retour que le joueur me rende cette confiance. Si ce inadaptée, il importe de comprendre pourquoi.Après reformu-
lation du coach ("si je comprends bien, tu souhaites…"), à
n’est pas le cas, je peux être dur, mais seulement en la fois pour vérifier sa bonne compréhension et pour faire
montre d’écoute, une question s’impose : "Pourquoi ?". "Pour
interne, jamais en le critiquant dans la presse" quelle(s) raison(s) désires-tu répéter ce type de séquences ?".
Dès lors, les besoins profonds vont émerger. Le coach va clai-
rement identifier chez le joueur un besoin de se rassurer, après
Chez un sportif, l’attente implicite de ne pas être critiqué sur une période de blessure, voire un besoin de progresser, quoi de
la place publique par son entraîneur (ou son président) émane plus naturel ! Son rôle, en pareil cas, après avoir entendu l’at-
d’un besoin de respect de l’individu, le béaba de la communi- tente et compris le besoin, va consister en trois choses.
cation. Des attentes implicites, il y en a tant et plus. Certaines Premièrement, il va devoir vérifier et faire valider au joueur les
sont communes à tous les joueurs, quel que soit le club dans vrais besoins. Deuxièmement, il va devoir lui demander s’il y a
lequel ils évoluent. D’autres sont communes aux joueurs d’un d’autres initiatives ou exercices, en plus de la séquence deman-
même club, du fait d’un contexte spécifique. D’autres encore dée, qui peuvent satisfaire ces besoins (cf nouvelle phase d’in-
sont propres à certains joueurs, du fait de leur passé ou de vestigation et d’écoute). Troisièmement, il va devoir favori-
leur personnalité. Il apparaît primordial qu’un coach sportif ser la mise en œuvre d’une solution qui répond à ces besoins.
sache identifier clairement les besoins fondamentaux de ses
joueurs, pris individuellement et collectivement. C’est dans la
non réponse aux attentes implicites et à leurs besoins sous-
jacents qu’un entraîneur devra chercher en premier lieu les
causes de démotivation et d’ambiance dégradée. Il devra
immanquablement revenir aux fondamentaux, en pareil cas.

2/ Les attentes explicites des joueurs


Nous sommes là en présence d’éléments qui s’expriment
généralement de manière claire, dans un langage construit, ou
à l’inverse primitif ou imagé. Il s’agit d’attentes significatives,
mais à propos desquelles les joueurs peuvent comprendre
qu’il ne soit pas toujours possible de répondre (cf courbe de
couleur bleue ). Le coach a donc dans ce type de cas une marge
de manœuvre, sachant que :
• plus il répond souvent et fortement à ce type d’attentes,
plus il génère de la motivation ;

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∫ Dossier ª

Résultat : le joueur est motivé. Il était inquiet, il retrouve la répétition des gammes entre aussi dans cette famille. Plus le
sérénité et le plaisir de s’entraîner. joueur a la possibilité de répéter les gammes, plus ça le ras-
Dans ce cas précis, certains entraîneurs diront spontanément sure, plus il est satisfait, et inversement. En parallèle, l’un n’em-
que si cette pratique est adoptée pour Kewin Gameiro, elle doit pêchant pas l’autre, plus les entraînements sont variés, plus les
l’être pour les autres membres de l’équipe. Puis ils ajouteront joueurs prennent du plaisir. Selon la saison, la durée (courte)
qu’il n’est pas possible d’organiser pour tous des séquences et le rythme (soutenu) des entraînements impactent la satisfac-
individualisées de travail technique car "il faudrait trop d’en- tion des joueurs. Mieux vaut laisser les joueurs légèrement
traîneurs, c’est inenvisageable". sur leur faim, plutôt que les saturer. Susciter l’envie sans créer
A ceux-là, nous pouvons répondre sans ambages par une char- de manque, tout un art ! Plus les débriefings vidéo sont partici-
mante maxime empruntée à un futurologue : "Ceux qui pen- patifs et vivants, plus les joueurs sont prolixes et satisfaits, et
sent qu’on ne peut pas le faire doivent laisser la place à inversement. Plus les joueurs se sentent utiles et plus ils se
ceux qui le font déjà". sentent reconnus, plus ils sont motivés. Cela pose la question
de savoir combien de fois par semaine ou par mois l’entraî-
neur reconnaît ouvertement l’utilité de chaque joueur.
Ceux qui pensent qu’on ne peut pas le faire Combien de fois également il manifeste sa reconnaissance à ses
joueurs, de manière individuelle autant que collective.
doivent laisser la place à ceux qui le font déjà ! La liste est loin d’être exhaustive et il appartient au coach
d’identifier ces attentes dites "explicites", pour y répondre
de manière savamment dosée et appropriée.
A bien y réfléchir, tous les joueurs ne sont pas forcément en
même temps en demande de personnalisation et d’individua- 3/ Les attentes latentes des joueurs
lisation. De plus, si le nombre de préparateurs techniques Nous sommes dans ce cas de figure en présence d’attentes
n’est pas suffisant, l’entraîneur dispose de joueurs d’expé- non exprimées par les joueurs, mais néanmoins bien pré-
rience qui seront motivés et compétents pour faire travailler sentes en eux. Elles concernent des éléments relevant du
efficacement le(s) sportif(s) en demande de personnalisa- ’’plus’’ ou du "bonus" ( cf courbe de couleur verte ). Le coach
tion et d’individualisation. Cela porte un nom : déléguer. La peut chercher à y répondre, ou non :
délégation, s’inscrivant dans un cadre clair et précis, présente • s’il répond à ces attentes, il provoque une stimulation ponc-
un double avantage. Elle répond au besoin d’accompagner tuelle ;
notre sportif en demande. Elle permet dans le même temps de • s’il n’y répond pas, il ne génère pas d’insatisfaction parti-
reconnaître et de valoriser son tuteur et partenaire de club, via culière, puisqu’il s’agit pour les joueurs simplement de
l’attribution concertée d’une mission nouvelle. Certains entraî- "plus" auxquels ils n’ont généralement même pas pensé.
neurs penseront que l’idée est utopique, qu’ils n’ont pas vrai-
ment de joueurs suffisamment "intelligents" pour assumer Si le coach, par exemple, après une victoire obtenue avec
cette mission de tuteur, même ponctuellement. A ceux-là panache, offre une journée de repos supplémentaire, il répond
Coluche répondrait "qu’ils ne peuvent pas être intelligents si à une attente latente. Il génère une grande satisfaction ponc-
on ne cesse de les prendre des cons". tuelle. Cette forme de reconnaissance constitue un vrai
"boost", lorsqu’elle s’inscrit dans une logique d’ensemble qui
accorde de l’importance à la reconnaissance des joueurs. Si
Ils ne peuvent pas être intelligents l’entraîneur n’offre pas ce supplément d’âme et se contente de
féliciter ses joueurs, individuellement et collectivement, il
si on ne cesse de les prendre pour des cons ! ne génère pas d’insatisfaction particulière pour autant. En
effet, la journée de repos supplémentaire n’est pas un dû et les
joueurs ne la demandent pas de manière explicite.
Lorsque la coopération inter-postes ou intergénérationnelle Nous pourrions donc être tentés de penser que l’usage du
s’opère, la solidarité s’accroît rapidement. L’esprit d’équipe "bonus" doit être le plus fréquent possible. Il n’en est rien !
s’en trouve considérablement renforcé, bien plus qu’avec L’appel aux "petits plus" est à manier avec des pincettes, pour
tous les appels vibrants à faire corps. deux raisons majeures.
Il existe d'autres exemples d’attentes explicites à s’efforcer de La première, c’est qu’un usage trop fréquent de ce type de
satisfaire. Le respect par l’entraîneur des horaires annoncés surprises positives peut en banaliser le principe. Le fait de
(début et fin d’entraînement, début et fin de brief ou de répéter certains bonus contribue inévitablement à les ren-
débrief…). Plus les horaires sont respectés, plus la satisfac- dre moins attractifs, à la longue. En d’autres termes, cela revient
tion augmente, et inversement. La satisfaction des joueurs est à transformer des attentes latentes en attentes explicites,
également proportionnelle au nombre de feed-back personna- voire implicites. Si l’on reprend l’exemple précédent et si l’on
lisés (et bienveillants) qu’ils reçoivent de leur entraîneur. La commence à les y habituer, les joueurs voudront de plus en

32 Vestiaires
COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION

plus souvent bénéficier d’un jour de repos supplémentaire


après un match âprement disputé et gagné. Ils n’hésiteront
pas à le suggérer puis à le revendiquer. Or, là n’est pas l’ob-
Un cas d’école
jectif. Tout bonus doit rester exceptionnel pour conserver En 2008, Paul Le Guen entraîne le PSG. Les résultats ne sont
son caractère attractif. pas à la hauteur des espérances. Depuis plusieurs mois, les sup-
La deuxième raison, c’est que l’usage du bonus est condi- porters grondent, les dirigeants aussi. Au sein de l’équipe, le
tionné par le fait que l’entraîneur doit avoir déjà répondu aux moral est au plus bas et l’ambiance dégradée. On sent bien
attentes implicites et explicites de ses joueurs. Le climat doit que l’entraîneur cherche à casser cette spirale négative. Il
donc être au beau fixe et les résultats au rendez-vous. En effet, désire rompre avec la sinistrose qui s’est installée. Il veut trou-
vouloir surprendre positivement ses joueurs, même si cela ver de nouveaux ressorts. Il décide alors d’organiser une sortie
part d’une bonne intention, est complètement inutile si l’en- "karting". Les joueurs vont ainsi pouvoir s’oxygéner les neu-
traîneur a laissé filer en amont certains fondamentaux. rones, pense-t-il, et retrouver l’envie de plaisanter et de s’amu-
Dans cette famille des attentes latentes à satisfaire si les fonda- ser. C’est effectivement ce qui semble se produire. Le temps
mentaux sont assis, nous pouvons citer, en vrac : un stage de de cet épisode, les joueurs plaisantent, ils ont l’air de s’amuser.
rentrée avec les conjoints (pour une meilleure intégration Malheureusement, les résultats restent inchangés, le climat
des nouveaux), des séquences d’entraînement libres (à l’initia- interne aussi !
tive des joueurs), des échanges de groupe sur des thèmes Il n’y a en fait rien d’étonnant à cela. Bien entendu, les joueurs
parallèles (violence, racisme, argent dans le sport…) pour placés dans un contexte décalé se comportent différemment et
une ouverture, une oxygénation de l’esprit… Bien entendu, il cherchent à profiter de la séquence sympathique qui leur est
appartient au coach et à son staff de faire preuve de créati- proposée. Le seul problème, c’est que de retour dans leur envi-
vité en la matière. ronnement habituel, face à leurs casiers et leurs crampons, ils
vont reproduire leurs comportements habituels, tant que les
>Agir en priorité sur soi pour avoir un impact sur les maux qui rongent les esprits n’auront pas été traités.
autres. Il est illusoire de croire que la surprise ludique à l’initiative de
En conclusion, nous dirons qu’il appartient à tout éducateur ou Paul Le Guen a une chance d’avoir un quelconque effet positif
entraîneur qui se respecte d’être attentif à ses joueurs, d’écou- sur la motivation, tant que les attentes implicites n’ont pas
ter leurs attentes et leurs besoins.Avec de la volonté et à l’ap- été satisfaites. Le karting ne résout en rien les problèmes de
pui de quelques techniques simples évoquées dans ce dos- fond qui perdurent depuis des mois et qui ont mis le groupe
sier, il va pouvoir lever les freins, ce qui dérange, ce qui bloque ! dans un tel état de délabrement psychologique. Ce type de
C’est son métier. C’est même le cœur de son métier ! Alors séquence "détente" peut même être contreproductive. En
bien sûr ce n’est pas facile, d’autant qu’une bonne partie des effet, certains joueurs ne vont pas manquer de penser que l’en-
blocages vient généralement de l’entraîneur lui-même. D’où la traîneur ferait mieux de commencer par le commencement,
nécessité, pour tout coach qui souhaite franchir un cap et par traiter ce qui les mâche, plutôt que d’amuser la galerie
devenir incontournable, d’agir en priorité sur lui pour avoir un avec du karting…
impact sur les autres. ■

-même,
Il s’agit de changer soi
s personnes…
si l’on veut changer le
de
plutôt que de changer
personnes !

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www.vestiaires-magazine.com 33
LE CAHIER
Pages 37 à 59
PÉDAGOGIQUE LE CAHIER PÉDAGOGIQUE

P38 : ENTRAINEMENT
(par Charles MONTESPAN)
Vous n'avez rien eu le temps de
préparer ? Que faire ?
P40 : PREPARATION PHYSIQUE
(par Laurent BOSQUET)
Coup de mou du mois de
novembre : comment agir ?
Laurent BOSQUET,
Charles Doyen de la Faculté des P42 : STRATÉGIE
MONTESPAN, Sciences du Sport de
Conseiller Technique
l'Université de Poitiers, et
(par Jérémy DOS SANTOS)
Départemental de l’Aude
(11).
membre de la Cellule de Corners et coups francs : les
Recherche de la FFF.
joueurs "à la ramasse"
P44 : GARDIEN
(par David MERLET)
Apprendre à son gardien à bien
se placer sur CPA
P48 : TABLEAU NOIR
(par Didier OLLE-NICOLLE)
Comment se préparer à
affronter une équipe du haut de
Charles tableau ?
David MERLET,
MONTESPAN, Responsable des gardiens
Conseiller Technique
de buts au centre de P50 : TECHNIQUE
Départemental de l’Aude
(11).
formation du Mans FC.
Le contrôle orienté
P54 : MANAGEMENT
(par Jean-Paul ANCIAN)
La gestion des remplaçants et
remplacés
P56 : SANTÉ
(par Philippe KUENTZ)
Pourquoi applique-t-on du
froid après une blessure
Jean-Paul ANCIAN,
musculaire ?
Professeur EPS INSA de
Didier
OLLE-NICOLLE,
Lyon, titulaire du BE2. P58 : JURIDIQUE
Expert en préparation phy-
entraineur professionnel
sique et préparation men- 1000 emplois d'avenir pour
(DEPF).
tale. Adjoint en sélection
nationale de Côte d'Ivoire.
structurer le foot amateur

www.vestiaires-magazine.com 37
■ Par Charles MONTESPAN,
Conseiller Technique Départemental de
l’Aude (11).

Vous n'avez rien eu le temps


improvisation. Cet éducateur dont chacun s’accorde à reconnaître le sérieux et la
compétence, avait pourtant prévu de se pencher sur sa séance durant la journée. Et puis il y a eu
cet évènement parfaitement inattendu pour lequel notre technicien a dû consacrer tout son
ENTRAINEMENT

temps… Au final, le voilà devant les portes du stade sans idée précise sur ce qu’il entend
proposer à ses joueurs ! Que faire, que dire ou taire, comment ne pas céder à la panique ou
sombrer dans l’à peu-près ? VESTIAIRES souhaitait se pencher sur un cas de figure plus fréquent
qu'il n'y paraît...

n premier lieu, il convient je pense de est sensé être celui qui réunit les condi- sachant pas ce qu'il va faire ! Pour celui-ci,

E différencier l'éducateur faisant


preuve de laxisme de celui victime
d'un contretemps. Le premier, qui croit
tions de la progression individuelle et col-
lective. Ce qui est impossible sans une
approche pédagogique claire, cohérente,
mon premier conseil serait de re-propo-
ser la dernière séance. C'est à mon sens
la meilleure solution. Ou la moins mau-
pouvoir se présenter sur le terrain sans et un minimum d'implication. Ce cas de vaise. D’une part, cela ne manquera pas de
préparer ses séances, ne fera sans doute figure évacué, reste donc l’hypothèse de surprendre le groupe (ce qui est toujours
pas long feu… Il figure quelque part l’an- l'éducateur qui, pour une raison quel- positif) et, d’autre part, l'éducateur saura
tithèse de la fonction puisque l’entraîneur conque, arrive à l'entraînement en ne exactement où aller, tandis que les joueurs
ne manqueront pas d’enrichir ce qu’ils ont
vécu précédemment.
"Dur de prendre de la hauteur quand on est le nez dans le guidon…"

La principale difficulté de l’entraîneur qui "improvise" une séance ne tient pas, selon moi, Première solution : refaire la
dans le choix des jeux, situations ou exercices. Tout comme elle ne réside pas dans le séance précédente
choix du thème ou de la dominante de la séance. Un entraîneur quelque peu expéri-
menté contournera aisément ces difficultés. En revanche, quel que soit le niveau d’expé- Il va sans dire que la chose doit demeurer
rience, il ira vers l’inconnu en ce qui concerne le climat de la séance. Il est en effet bien dif- exceptionnelle, mais les techniciens qui
ficile de prétendre instaurer un climat de convivialité et de participation lorsqu’on est soi s’y essayeront ne manqueront pas d’être
même en train de réfléchir à l’organisation du prochain exercice ou lorsqu’on est en surpris par la richesse de la répétition
train de poser ses coupelles pour le jeu à venir… En un mot, il est quasi impossible de d’une séance à quelques jours d’inter-
prendre de la hauteur dans la relation pédagogique lorsqu’on a le nez dans le guidon ! valle. Pour ceux qui souhaiteraient tout

38 Vestiaires
ENTRAINEMENT

de préparer ? Que faire ?


de même proposer un contenu différent DANS L’URGENCE, QUEL THÈME CHOISIR ?
et qui ne disposent donc que de quelques
minutes pour décider du contenu de leur Nous avons évoqué avec Charles Montespan quelques thèmes de séance (terminolo-
séance, l’alternative la plus viable consiste gie DTN). Parmi ceux-ci, certains sont globalement plus faciles à traiter sans prépa-
en premier lieu à choisir un temps ou une ration particulière tandis que d’autres sont vraisemblablement plus compliqués à
phase de jeu. En d’autres termes, est-ce tenir dans l’urgence. Enumération très subjective, à adapter au cas par cas et en
que l’entraînement va être orienté plutôt fonction de l’expérience de chacun :
sur un angle offensif ou sur un versant
défensif ? Ce simple préambule permet Les plus "simples" :
de clarifier un certain nombre de points. Avoir des solutions de passes ; occuper l’espace en largeur et profondeur ; garder le
Ici, l’éducateur va d’abord prendre en temps d’avance pour finir l’action ; reformer le bloc équipe ; récupérer le ballon
compte sa programmation annuelle. Cette proche de son but ; prises de balles et enchainements ; les différentes passes ; les tirs ;
dernière l'amène tout naturellement à jeu de volée ; les dribbles et enchainements.
inscrire la séance dans une continuité en
rapport avec les entraînements précé- Les plus "compliqués" :
dents ou une problématique particulière Fixer dans une zone pour jouer dans une autre ; changer de rythmes de jeu ; coordon-
vécue lors du dernier match (en seniors). ner cadrage du porteur et couverture dans une ligne ; se replacer sur l’axe
ballon/but ; déclencher un pressing ; remises et déviations.
La séance va être orientée plutôt
sur un angle offensif ou défensif ?
Ce simple préambule permet de pices que d’autres à l’improvisation tandis conditionner la qualité de la séance
clarifier un certain nombre de que, selon moi, d’autres sont à éviter (voir "improvisée". Les entraîneurs experts
points… ci-contre). Cette manière de procéder parviendront plus facilement à centrer
basée sur les caractéristiques du jeu per- leur attention sur l’essentiel, à savoir le
Le raisonnement est donc de même nature met de dégager dans l’urgence une ligne rapport pédagogique avec les joueurs,
que pour une séance préparée, à cela près de conduite qui évitera à l’entraîneur de se tandis que les éducateurs moins expéri-
que le processus va s’établir en quelques perdre dans le déroulement de sa séance mentés auront tendance dans ce cas de
minutes ! Une fois que le choix de la phase en voulant tenir plusieurs objectifs simul- figure à se focaliser plutôt sur le
de jeu (offensif ou défensif) est effectué, tanément. Quant à la structuration de la déroulement et le contenu de la séance.
quelques principes vont se dégager. Par séance à proprement parler, je préconise Cependant, dans un cas comme dans l’au-
exemple si l’éducateur était dans un cycle de ne pas vouloir donner dans l’originalité tre, il est fondamental pour les joueurs de
défensif, les principes "opposition à la et de respecter ce qui est fait dans la plu- trouver un sens au travail qu’on leur
progression" ou "protéger son but" vont part des cas. A savoir : mise en train, jeu, demande d’effectuer. Aussi, préparer ses
s’imposer. Ne restera donc plus qu’à affi- situation, exercices (voir par ailleurs) et séances, les planifier au sein d’un ensem-
ner en choisissant un thème précis autour enfin retour au jeu. ble structurant demeure la voie incon-
duquel articuler la séance. Il est bien évi- Il va sans dire que l’expérience et l’exper- tournable pour répondre à cette exigence
dent que quelques thèmes sont plus pro- tise de l’entraîneur vont inéluctablement de base. ■

ATTENTION À L'IMAGE RENVOYÉE AUX JOUEURS


En plus des conseils prodigués par Charles Montespan, il en est de ses troupes, si tant est que cette situation se renouvelle.
un qui revient souvent dans VESTIAIRES au gré des différentes Pour les joueurs, ce manque d'investissement "récurrent" sera
rubriques : éviter de montrer sa "faiblesse" devant le groupe. considéré inconsciemment comme un manque de reconnais-
En d'autres termes, les jeunes et moins jeunes n'ont pas leur sance de la part du coach, entraînant à terme une perte d'impli-
pareil pour jauger la consistance de leur entraîneur à l'instant cation et de motivation. D'où la nécessité en pareille situa-
T. Ils sentent si une causerie, une tactique, une séance… a été tion, comme le suggère le CTD de l'Aude, de refaire la séance
préparée ou improvisée dans l'urgence. Or, un éducateur qui précédente qu'on maîtrise bien (en faisant croire que c'était
renvoie l'image d'un travail bâclé, survolé… va se voir confron- prévu), plutôt que d'improviser une séance bricolée en
ter inévitablement à un manque de considération de la part quelques minutes et qui pourra avoir un impact négatif.

www.vestiaires-magazine.com 39
■ Par Laurent BOSQUET,
Doyen de la Faculté des Sciences du Sport
de l'Université de Poitiers, et membre de
la Cellule de Recherche de la FFF.
PREPARATION PHYSIQUE

"Coup de mou" de fin


Appliquer le bon remède. Quatre mois déjà qu’éducateurs et joueurs foulent les
pelouses des stades de football. Les journées raccourcissent, les terrains s’alourdissent, la
température diminue, et bien souvent l’entrain du début tend à s’estomper. Avec tout ce
que cela comprend de fatigue, de risques de blessure et de baisses de régime. Questions : y
a-t-il des aspects liés à l’entraînement qui prédisposent à ces périodes de passage à vide ?
Quels sont les critères objectifs auxquels les éducateurs doivent être attentifs pour les
prévenir ? Comment doivent-ils réagir lorsque leur équipe est concernée ? Cet article fait le
point.
a forme sportive varie

L selon des cycles qu’il est


possible d’anticiper
(dans une certaine mesure)
grâce à la planification de la
charge d’entraînement. Il
peut toutefois arriver qu’elle
diminue de façon plus ou
moins importante à une
période où on ne l’attendait
pas. Le "coup de mou" des
mois de novembre/décembre
peut s’expliquer de multiples
façons, qui ont toutes comme
point commun un décalage
plus ou moins important
entre la somme totale de
stress et la capacité de récu-
pération. Alors que l’entraî-
nement constitue bien sou-
vent la principale source de
fatigue des sportifs au cours
de l’été, la vie professionnelle, familiale, (journées plus courtes et plus fraîches) et en partie par les stratégies mises en place
scolaire ou universitaire reprend ses droits de la pratique sportive. La capacité de récu- quotidiennement, telles qu’une hydrata-
à l’automne avec son lot de contraintes pération face à cette augmentation géné- tion adéquate, un sommeil de bonne qua-
qui s’ajoutent à celles de l’environnement rale des sources de fatigue est déterminée lité et/ou une alimentation adaptée.

Comment repérer les signes d’une phase de dépassement ?


Nous avons préalablement évoqué quelques outils pouvant être Le dépassement s’accompagne bien souvent de modifications psy-
utilisés par les éducateurs pour prévenir ces phases de fatigue pro- chocomportementales et cognitives que l’entraîneur est en mesure
n o n c é e , q u e l ’ o n a p p e l l e a u s s i p h a s e s d e " d é p a s s e m e n t " de détecter. Irritabilité, anxiété, manque de confiance, engage-
(VESTIAIRES n°52). Bien qu’ils soient pour la plu- ment physique moindre, baisse de motivation,
Irritabilité, anxiété,
part assez simples (fréquence cardiaque, question- mauvaises décisions tactiques ou temps de prise
naires…), il faut reconnaître qu’ils ne sont pas tou-
engagement physique de décision plus long qu’à l'accoutumé… sont
jours évidents à mettre en œuvre et nécessitent moindre… autant d’indicateurs de l’arrivée imminente d’une
parfois du matériel que les clubs amateurs ne possèdent pas. Il période de fatigue plus ou moins longue. Un œil averti et attentif
existe cependant un outil dont disposent bon nombre d’éduca- peut donc avantageusement remplacer certains outils qui peuvent
teurs : l’expérience et le sens aiguisé de l’observation. être assez coûteux pour un club.

40 Vestiaires
PRÉPARATION PHYSIQUE

d'année : comment réagir ?


est important de
mettre l’accent sur
Ne commettez pas l'erreur les moyens de récu-
d'interpréter cette phase de pération habituels :
méforme comme étant le reflet
un sommeil de bonne
d'un manque d'entraînement !
qualité, une hydrata-
tion suffisante pen-
Elle dépend aussi en grande partie de la dant la journée, mais
période de préparation physique estivale. aussi pendant et
Une période de préparation insuffisante et juste après l’entraî-
c’est tout l’édifice qui peut s’écrouler au nement avec des
milieu de l’automne à cause de qualités boissons glucidiques,
physiques insuffisamment développées une alimentation
pour garantir un engagement durable des adaptée avec une
joueurs. Cependant, quelle que soit l’at- proportion impor-
tention portée à la préparation estivale, tante de glucides afin que les muscles haute intensité tels que du 15/15), puis
l’entraîneur peut se retrouver face à un refassent le plein d’énergie. Ces deux consacrer une séance par semaine à ce
groupe usé sur les plans physiques, émo- approches combinées devraient permettre type de travail. Le volume de travail doit
tionnels et psychologiques. Comment réa- aux joueurs qui sont en état de dépasse- toujours demeurer raisonnable car la
gir dans cette situation autrement quali- ment de retrouver assez vite leur niveau contrainte physique des périodes de tra-
fiée de "phase de dépassement" ? L’erreur initial (voir même un niveau supérieur). vail technico-tactique, bien que difficile-
(pourtant très fréquente) à ne surtout pas ment quantifiable, n’en reste pas moins
commettre est d’interpréter cette phase importante. Sans compter que les joueurs
de méforme comme étant le reflet d’un Optimiser le processus de ont la plupart du temps des activités
manque d’entraînement. Augmenter la récupération connexes qui apportent également leur
charge de travail en ajoutant des lot de stress et de fatigue.
séquences de préparation physique, c’est Une seconde erreur à ne pas commettre En résumé, les périodes de fatigue que
s’assurer que la période de méforme sera est de reprendre sur un rythme effréné l’on peut observer à différents moments
encore plus longue ! dès que les joueurs retrouvent de bonnes de la saison reflètent le plus souvent un
sensations. La saison est encore longue, et décalage important entre les différentes
vouloir "rattraper le retard" augmente la sources de fatigue ou de stress et la capa-
Réduisez de moitié la séance tout probabilité de se retrouver dans la même cité de récupération. La meilleure straté-
en maintenant l'intensité, situation au milieu de l’hiver. Peut-être gie pour retrouver son niveau habituel est
pendant au moins 2 semaines vaut-il mieux reprendre progressivement donc de réduire au maximum (quand c’est
en intégrant petit à petit de courtes possible) ces sources de fatigue et d’opti-
La littérature scientifique montre très clai- séquences de préparation physique en fin miser les processus de récupération.
rement que la meilleure stratégie pour d’échauffement (agilité, force, vitesse) ou L’éducateur est bien entendu le chef d’or-
retrouver son niveau de performance en fin de séance (exercices intermittents à chestre de cette partition complexe. ■
habituel est au contraire de diminuer la
charge d’entraînement de façon suffisam-
ment importante pour effacer les
"No pain, no gain
stigmates de la fatigue sans pour autant (sans souffrance, pas de bénéfice) ?"
s’exposer au désentraînement. Contrairement à un adage largement répandu dans le milieu sportif qui veut qu’on ne pro-
Concrètement, vous devez maintenir l’in- gresse pas sans souffrance ("no pain no gain"), la performance optimale est un subtil
tensité de l’entraînement, mais réduire mélange entre les objectifs de l’équipe, les contraintes extra-sportives des joueurs, les
sa durée de moitié voire même des trois phases de travail intense, les phases d’allègement de la charge d’entraînement et l’opti-
quarts selon l’importance du niveau de misation des moyens de récupération. A ce titre, une séance légère n’occasionnant pas de
fatigue, et ceci pendant une période d’au fatigue supplémentaire fait partie intégrante du processus d’entraînement.
moins deux semaines. Parallèlement, il

www.vestiaires-magazine.com 41
■ Par Jérémy DOS SANTOS,
entraîneur de l'équipe réserve du Royal
Mouscron (D2 belge), titulaire du DEF.

Corners et coups francs : les


Défensivement et offensivement. Le sujet n’est pas de ceux auxquels on pense
spontanément pour améliorer le rendement de son équipe. Il ferait même figure de détail
diront certains. Et pourtant ! Une récente étude démontre qu’un nombre conséquent de
buts sont consécutifs à un ballon initialement repoussé par la défense, sur corner ou coup
franc, puis joué dans un deuxième temps.
u moment d’évoquer les coups de pied d'abord, l’objectif consiste à assurer un qua- demi-lune des 16 mètres 50 (voir schéma 1).

A arrêtés lors de la causerie d’avant match, drillage efficace de la surface de réparation et


S T R AT É G I E

les hommes désignés pour s’oc,cuper de de ses alentours. La répartition des joueurs
la "ramasse" doivent bien souvent se conten- dans des zones sensibles doit empêcher l'at- "Assurer un quadrillage efficace
ter d’un évasif "vous vous placez à la sortie taque adverse de bénéficier d'un avantage sur dans les zones sensibles"
des 16 mètres" . Pourtant, sur un corner défen- les deuxièmes ballons, voire d’annihiler une
sif, le deuxième temps peut s’avérer tout aussi combinaison offensive sur phase arrêtée. Mes Qu'il y ait un ou des adversaires présents dans
décisif que le premier. A quoi peut bien servir de préférences en ce qui concerne les joueurs char- cette zone conditionne le placement des joueurs
gagner le premier ballon si l’équipe encaisse gés du deuxième temps de jeu vont vers la mise "à la ramasse". Si le ballon est repoussé mais
un but dans les secondes qui suivent ? Ainsi, en place d'un "rideau flottant" constitué de demeure dans la zone de tir (voir schéma), les
le rôle des joueurs "à la ramasse" mérite sans deux à trois éléments, et positionné de façon deux joueurs "à la ramasse" vont presser en
doute d’être clarifié. Au niveau défensif légèrement désaxée de part et d'autre de la cherchant à excentrer les porteurs de balle, ou à

Notion de "Barrière" en protection du Principes d'organisation collective sur


secteur central dans le cas du mauvais corner défensif
renvoi défensif (vers la zone axiale) Objectif n°1 : Ne pas densifier démesurément la surface de répa-
Objectif : Contrôler la zone de tir (gestion du 2ème ballon dans ration pour défendre. Mise en place d'un marquage mixte avec 2
la zone axiale). Être à la retombée du ballon. Protéger l'axe du but joueurs en zone (1er poteau) et 5 joueurs au marquage indivi-
par un alignement défensif dynamique constitué de deux élé- duel.
ments (J1 et J2). Objectif n°2 : Préparer la contre-attaque avec 2 joueurs qui
Comportements attendus : Positionnement trois quarts ("un occupent une position dite "mixte" entre organisation défen-
œil sur le ballon et un œil sur son adversaire direct"). Anticiper sur sive et transition offensive. Un 3ème joueur est quant à lui en
les trajectoires. Toujours un joueur qui cadre (dissuader le tir) position haute pour retenir 1 à 2 adversaires.
et l'autre prêt à couvrir en cas d'élimination. Cette action de cou- NB : ce genre d'organisation peut être intéressant pour une
verture dans le duel axial permettra également d'empêcher toute équipe présumée inférieure à son adversaire sur phase arrêtée. Le
prise d'appui (passe entre 2 à un pivot) interdisant ainsi l'accès rapport numérique imposé peut potentiellement influencer le
immédiat au but. rapport de force ayant lieu dans la surface de réparation.
Schéma 1 Schéma 2

42 Vestiaires
STRATÉGIE

joueurs "à la ramasse"


sortir la balle de l'axe ballon-but. L'objectif partir en contre-attaque. Une notion d'explo- aux qualités de percussion et de vitesse d'en-
étant de dissuader la mise en situation de tir sion collective incisive, soudaine, qui ne doit gagement de chacun. Des données qui doi-
voire la réalisation de centres en deuxième pas laisser le temps à l'adversaire de récupérer vent être décisives au moment de choisir les
intention. Notez par ailleurs que les corners la situation. Un temps fort où il s'agira de pren- joueurs qui occuperont ces postes straté-
défensifs représentent autant de possibili- dre un avantage (en espace et en temps) par la giques !
tés… d’attaquer. En effet, une équipe orga- création de surnombre avant le replacement En définitive, nous évoquons donc une organi-
nisée pour jouer le corner offensif est souvent défensif adverse. sation défensive mixte (marquage individuel
vulnérable sur des situations de contres ronde- et zone) au service d'une structure mobile
ment menés. Dans ce cas de figure, le passage "La faible densité de joueurs adverses (joueurs chargés d'engager le contre) pour
de l’action défensive à l’action offensive au sur un espace jouable important doit planifier l'attaque rapide dans un temps de
cours de la phase de transition implique majo- nous inviter à revisiter le corner transition. La faible densité de joueurs
ritairement les joueurs "à la ramasse". défensif sous l’angle de l'enchaîne- adverses sur un espace jouable important doit
Comment ? En organisant collectivement le ment offensif qui va suivre" nous inviter à revisiter le corner défensif sous
jeu défensif sur corner et en permettant à cer- l’angle de l'enchaînement offensif qui va sui-
tains joueurs d'être déchargés de l'action Une intention de jeu qui induit un rythme de vre. Une fois le ballon repoussé ou récupéré,
défensive pour prendre à revers l'attaque réalisation élevée et qui va ainsi générer de l’objectif est donc de coordonner "libération
adverse. Ainsi, ces joueurs, au moment du tir, l'incertitude dans le camp d'en face. Il y a la d'espace et prise d'espace" dans le temps le
ne regardent pas le résultat de l'exécution du nécessité ici de synchroniser les déplacements plus court possible pour faire peser une
corner mais anticipent dès le départ du tir pour des joueurs engagés dans le contre, associés menace sur le dispositif défensif adverse. ■

Lancer le contre Organiser le mouvement "combiné"


1) Course anticipée de J1 situé côté tireur dès le départ du ballon. Les départs anticipés et différés loin de l'alignement défensif de
Pendant ce temps J2 se resitue légèrement vers l'axe en cas de la dernière ligne adverse peuvent nous offrir un avantage. J1 et
retombée du ballon dans cette zone (gestion du 2ème ballon). J2 auront pour objectif "d'exploser" dans la largeur pour "dés-
olidariser" les 2 joueurs mis en sécurité par l'équipe adverse.
2) Une fois le ballon capté ou récupéré, le départ anticipé de J1 Une action combinée qui permettra à J3 d'arriver lancé sur l'es-
sera bientôt rejoint par les départs différés de J2 et J3. pace du milieu complètement dégagé. J4 se déplacera à l'opposé
3) Côté timing : J3 déclenche son action de sprint vers le but du receveur potentiel à la fois pour ouvrir l'angle de passe, mais
adverse une fois que le ballon lui est passé par-dessus. J2 s'as- aussi pour faire "éclater" les 2 joueurs adverses restés en posi-
sure d'abord que le ballon est bien récupéré avant de partir en tion de défenseurs centraux.
contre.
NB : Le gardien (dans le cas du ballon capté !) sera considéré
comme élément déclencheur de l'action alors que J1 sera lui l'élé-
ment starter de la contre attaque.

Schéma 3 Schéma 4

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


www.vestiaires-magazine.com 43
■ Par David MERLET ,
Responsable des gardiens de but
du Mans FC.

Apprenez à votre gardien à bien se


Pratique. Pour l’éducateur novice dans l’entraînement du gardien de but, conseiller son
joueur sur le placement qu'il doit adopter sur coup de pied arrêté est loin d'être évident.
Alors, pour vous y aider, voici les principaux cas de figure de CPA avec, pour chacun d'eux,
le positionnement adéquat.

CAS DE FIGURE 1
COUP FRANC AXE PROCHE "DIRECT" (30M OU MOINS)
Placer le joueur de base du mur sur la ligne ballon-1er poteau avec un joueur à sa droite et à sa gauche, au cas où il y aurait deux tireurs, un
gaucher et un droitier. L’objectif du gardien dans cette situation est de placer son mur de façon à ce qu'il couvre un maximum l’angle fermé
(côté ballon). Le gardien peut alors se placer "côté ouvert". Le portier doit impérativement voir le ballon pour pouvoir juger rapidement
de sa trajectoire, mais ne pas anticiper trop tôt avant le départ du ballon…
GARDIEN

CAS DE FIGURE 2
COUP FRANC AXE LOINTAIN (30M OU PLUS)
Placer le joueur de base du mur sur la ligne ballon-1er poteau avec un joueur à sa droite et à sa gauche, au cas où il y aurait deux tireurs, un
gaucher et un droitier. L’objectif du gardien dans cette situation est de placer son mur de façon à ce qu'il couvre un maximum l’angle fermé
(côté ballon). Le gardien peut alors se placer "côté ouvert". Le portier doit impérativement voir le ballon pour pouvoir juger rapidement
de sa trajectoire, mais ne pas anticiper trop tôt avant le départ du ballon…

44 Vestiaires
GARDIEN

positionner sur coup de pied arrêté


CAS DE FIGURE 3
COUP FRANC AXE PROCHE "INDIRECT"
Placer le mur comme pour le coup franc proche direct. Ajouter un joueur supplémentaire que l’on nommera "voltigeur". Ce joueur sort du
mur pour aller rapidement vers le frappeur au moment où le ballon est joué. Le gardien se place "côté ouvert". Il se déplace légèrement en
fonction de la passe adverse mais il doit être stable sur ses appuis quand le tireur arme sa frappe. S’il continue de se déplacer à ce moment
là, il sera en retard pour son intervention…

CAS DE FIGURE 4
COUP FRANC "INDIRECT" DANS LA SURFACE DE RÉPARATION
Pas de solution miracle dans cette situation très particulière, mais l’idéal est que le gardien se place devant ses partenaires à distance régle-
mentaire du ballon. C’est au gardien de sortir vers le tireur au moment de la passe. Ses partenaires se situent sur la ligne de but.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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Suite page suivante 
CAS DE FIGURE 5
COUP FRANC EXCENTRÉ LOINTAIN (30M OU PLUS)
Le frappeur est gaucher et tire à gauche du gardien. À cette distance, un seul joueur suffit dans le mur. Le gardien doit le placer sur la tra-
jectoire du centre pour obliger le tireur à lever son ballon et donc moins appuyer sa frappe. Le gardien aura ainsi plus de temps pour
intervenir et pouvoir venir capter le ballon. Il doit se placer juste en dessous de la ligne des 5,50 m plein axe pour envisager toutes les tra-
jectoires possibles. Sur un coup franc de ce type, c’est à lui d’intervenir si possible sur le ballon et aux défenseurs de "s’occuper" des trajec-
toires de déplacements des adversaires.
GARDIEN

CAS DE FIGURE 6
COUP FRANC EXCENTRÉ PROCHE (MOINS DE 30 M)
Coup franc à droite du gardien. Le frappeur est droitier, la trajectoire du ballon est rentrante. Deux joueurs dans le mur. Ces derniers
sont placés sur la trajectoire du centre pour obliger le tireur à contourner le mur et donc éloigner le danger (ou à lever son ballon par-des-
sus le mur afin que le portier dispose de plus de temps pour son intervention). Le gardien, lui, est positionné quasiment sur sa ligne de but
et légèrement au premier poteau afin de protéger en priorité son but en cas de frappe directe.

46 Vestiaires
GARDIEN
CAS DE FIGURE 7
CORNER FRAPPÉ RENTRANT
Le gardien place un joueur au 1er poteau et un joueur dont la mission est de couper la trajectoire à hauteur du 1er poteau dans les 5m50.
Le gardien, lui, doit se situer au milieu de son but pour se permettre d’intervenir à la fois au 1er ou 2ème poteau. Il doit bien temporiser au
départ du ballon pour attaquer et "couper" la trajectoire du ballon. Un ballon frappé en force au 1er poteau doit être intercepté par le joueur
qu’il a placé dans ses 5m50. Tous les ballons frappés au milieu et au 2ème poteau dans les 5m50 sont pour le gardien en priorité. En dehors
des 5m50 m, tout dépend de la puissance de la frappe et des capacités du gardien à juger la trajectoire et à se déplacer rapidement.

CAS DE FIGURE 8
CORNER FRAPPÉ SORTANT
Toujours le même placement pour les partenaires, mais le gardien se place légèrement en retrait (2/3 deuxième poteau) et un peu plus écarté
de sa ligne de but. La trajectoire sortante reste plus difficile à négocier car le ballon est fuyant. Pour le gardien, l’objectif est d’avancer pour
couper cette trajectoire et avoir une meilleure prise de balle.

MUR : PLACER LES PLUS GRANDS AUX 2E ET 3E PLACES, À CÔTÉ DE L’HOMME DE BASE
Le premier paramètre important est de ne jamais dissocier le placement du gardien par rapport à son mur. Le gardien doit préciser le nombre
de joueurs qui vont constituer son mur avant le match : 1 ou 2 pour des coups francs lointains ou excentrés, 4 ou 5 sur des coups francs plus proches.
Ensuite, il doit les placer : l’homme de base (ou le 2ème joueur composant le mur en cas de droitier à gauche pour le gardien ou gaucher à droite)
doit se situer sur la ligne fictive ballon- premier poteau. Les autres sont serrés contre lui "côté ouvert". Dans tous les cas, le mur placé ne doit
pas sauter car le gardien se place en fonction de son mur et donc de l’angle de frappe qui est couvert par celui-ci. Enfin, il n’existe pas de règle
infaillible quant à la composition du mur, mais le plus efficace est de placer les plus grands joueurs aux 2ème et 3ème places, à côté de
l’homme de base. Car un coup franc tiré directement au but dans la lucarne "côté fermé" par-dessus le mur passe souvent au-dessus de ces 2
joueurs cités précédemment…

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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■ Par Didier OLLE-NICOLLE,
entraineur professionnel (DEPF).

Comment se préparer à affronter


Lorsqu'on lutte dans les bas fonds du classement ! David contre Goliath, le pot de terre
contre le pot de fer, l’ogre contre le petit poucet… Les métaphores ne manquent pas pour
évoquer ce qui relève à priori d'un combat déséquilibré. Pour autant, le petit est-il toujours
condamné face au plus gros ? Pas si sûr. La magie du football, quel que soit le niveau, réside dans
TA B L E A U N O I R

ces histoires ou le vainqueur final n’est pas celui que l’on annonçait au coup d'envoi. Plan de jeu,
préparation, grandes lignes directrices, VESTIAIRES a demandé à un spécialiste des coups
retentissants de se pencher sur la question.

orsqu'arrive le moment d'affronter l'un des ténors de la poule et que

L notre équipe luttera cette saison pour ne pas descendre, la première


des démarches, je pense, est de présenter la rencontre comme un
"match évènement". Par évènement, il faut comprendre opportunité
donnée à l’équipe de démontrer ce qu’elle vaut… Selon la formule, le
groupe n’a donc "rien à perdre mais bien tout à gagner". En ce sens, il peut
s’agir véritablement d’une chance accordée aux joueurs de sortir de leur
quotidien et d’accéder à un statut supérieur tant sur le plan individuel
que collectif. Selon moi, il convient donc de préparer ce match évène-
ment le plus tôt possible. Dire "on va leur rentrer dedans…" ne suffit
évidemment pas. Par ailleurs, il est difficile de prétendre améliorer subite-
ment les capacités techniques de ses joueurs sous prétexte que le match
à venir va exiger une plus grande maîtrise avec le ballon. Je préconise
donc plutôt de privilégier les aspects tactiques et psychologiques.

>Si le joueur est persuadé que tout peut arriver, s’il


est convaincu que le plan de jeu est le bon, une
partie du chemin est déjà réalisée ! intérêt à focaliser son discours sur les aspects collectifs et les consignes tac-
tiques individuelles, plutôt que de se disperser sur le résultat ou les inci-
Mentalement, d'abord, il faut que chaque joueur ait envie de se subli- dences au classement.
mer. En amont, lors de la préparation du match, puis sur le terrain. Dans ce Tactiquement, maintenant, le bon dosage se situe dans cette zone où l’on
domaine, la plus grande réussite de l’entraineur est de parvenir à créer une va s’appuyer sur nos savoir-faire tout en prenant en compte les spécifici-
"conviction du possible". Si le joueur est persuadé que tout peut arriver, tés de l’adversaire. Il ne s’agit pas de vouloir tout révolutionner tout
s’il est convaincu que le plan de jeu est le bon, une partie du chemin est déjà comme il serait incompréhensible de ne pas adapter le jeu de l’équipe
réalisée ! Ainsi, lors de la causerie d’avant match, l’entraineur a tout aux circonstances (voir ci contre plans de jeu spécifiques). Cependant,
dans l’immense majorité des cas, la problématique se résume en deux
"JOUER LES COUPS DE PIED ARRÊTÉS questions : "Comment bien récupérer le ballon pour sortir vite ? Comment
résister tout en portant le danger devant la cage adverse dès que possible ?
OFFENSIFS À FOND…"
Autre élément essentiel : les coups de pied arrêtés ! Voilà par >La problématique se résume souvent en 2 questions :
définition un compartiment du jeu où l’écart se réduit. Il peut "Comment bien récupérer le ballon pour sortir vite
même être assez fréquemment en faveur de l’équipe supposée la ? Comment résister tout en portant le danger devant
plus faible. Les équipes du haut de tableau affichent parfois un la cage adverse dès que possible ?
certain laxisme dans ce type de match réputé facile. A ce titre, tous
les coups de pied arrêtés à bonne distance doivent être joués Globalement, le plan de jeu se développe alors en deux temps princi-
avec un maximum de détermination et d’engagement. Même paux qui vont évoluer au fil du match :
s’il n’y a pas but à chaque fois, cela contribue à faire douter les - Premier temps : parasiter les certitudes de jeu de l’équipe adverse en
adversaires d’une part, et à renforcer la confiance de notre équipe présentant un bloc compact favorisant une récupération collective et
d’autre part. individuelle efficace.

48 Vestiaires
TABLEAU NOIR

un ténor du championnat ?
Quelques scénarios et pistes de réflexion
Didier Ollé-Nicolle a bien voulu se prêter au jeu des scénarios imaginaires. A Lire et adapter !
Quel plan de jeu face à… :
Une équipe forte dans la possession Une équipe forte sur les côtés
Dans l’absolu, je chercherais à créer du surnombre au milieu. On En conservant mon organisation de base, j’insisterais sur les notions
peut imaginer une animation mixant zone et individuelle sur un ou de couverture des latéraux entre eux, puis sur la couverture à l’in-
plusieurs joueurs ciblés. A la récupération, on doit avoir l’obsession térieur d’un ou plusieurs joueurs axiaux.
de se projeter vite vers l’avant.
Une équipe avec un avant-centre remiseur, au grand gabarit
Des attaquants très rapides Si l’équipe adverse trouve l’avant-centre sur du jeu long, on va
Je demanderais à l’équipe d’évoluer assez bas pour ne pas laisser essayer d’agir sur les "rampes de lancement". Si les adversaires
trop d’espaces dans le dos. Dans la semaine précédente je porterais cherchent le remiseur plutôt sur du jeu court, on va devoir anticiper
une attention particulière sur les coups de pied arrêtés défensifs et les remises et les déviations. A priori, je privilégierais plutôt un
offensifs. bloc médian.

- Deuxième temps : poser un problème défensif à l’adversaire en se proje-


tant vers l’avant afin d’équilibrer, voire d’inverser le rapport psycholo-
gique.
Bien-sûr, la chose est plus facile à dire qu’à faire. Ceci étant, n'oubliez
jamais que lorsque le plan de jeu mis en place se vérifie sur le terrain,
lorsque les convictions énoncées deviennent les réalités du jeu, alors les
joueurs finissent de se persuader que l’exploit est possible.
En conclusion, une fois que le travail tactique a été bien réalisé, et à partir
du moment où le plan de jeu a été dévoilé, le rôle de l’entraîneur lors de ce
type de match consiste essentiellement à faire passer une idée directrice :
le football est logique mais irrationnel. Autrement dit, le plus fort sur le
papier ne l’emporte pas toujours. Ensuite, la consistance des joueurs et les
certitudes collectives dictent la vérité du moment. ■

SES 3 COUPS D'ÉCLAT REVUS ET COMMENTÉS


Nice-Lyon (octobre 2009, Ligue 1) : L’OGCN est en difficulté au classement. Les Lyonnais, dominateurs, sont les grandissimes favoris.
"J’avais demandé au bloc d’évoluer très haut. Le plan de jeu prévoyait de couper les premières passes vers leurs milieux de terrain. Leurs
défenseurs ne devaient pas pouvoir trouver Toulalan et Makoun qui dominaient dans l’entrejeu. Ça a marché ce jour là…". Les Niçois l’em-
portent 4-1 en pressant constamment l’arrière garde lyonnaise.

Nice-PSG (mars 2010, Ligue 1) : Les Aiglons créent de nouveau la surprise face à une grosse équipe du PSG : "Avec le staff, nous
avions décidé de conserver notre organisation en zone mais de faire un marquage individuel sur le meneur de jeu parisien (Sessegnon,
Ndlr). C’était très inhabituel. Pour l’occasion, c’est un joueur évoluant arrière latéral habituellement qui s’est collé à la tâche. Ils ne sont
jamais vraiment parvenus à trouver la solution tactique et, au final, nous l’avons emporté 1-0".

Nîmes-Saint-Etienne (janvier 2005, Coupe de France) : Pensionnaire de National, le Nîmes Olympique élimine cette saison-là
quatre formations de Ligue 1 en appliquant à chaque fois un nouveau plan de jeu ! Extrait choisi illustrant la dimension mentale lors de
la confrontation face à l'ASSE : "En 32ème, on joue Saint-Etienne et on est mené 2 à 0 sur deux coups de pied arrêtés. Mais ce qui se pas-
sait sur le terrain correspondait tellement à tout ce que nous avions préparé durant la semaine que les joueurs n’ont jamais douté. Plus
le match avançait et plus le rapport psychologique tournait en notre faveur alors que nous évoluions deux niveaux en dessous ! Au final,
nous l’avons emporté presque naturellement 3-2".

www.vestiaires-magazine.com 49
Le contrôle orienté
Maîtriser le ballon en mouvement. Le football moderne impose un jeu en mouvement.
Ainsi, au haut niveau, l’amorti se transforme de plus en plus en contrôle orienté. Ce geste
technique appelé aussi "prise de balle", permet d’accélérer le jeu, soit en gardant un temps
d’avance sur l’adversaire, soit en le déséquilibrant. Petit rappel théorique et pratique.
uand Fabregas tourne la tête frontement avec l’adversaire. Mais réus- les meilleures conditions. Et tout cela au

"Q avant le contrôle, il veut pou-


voir changer de projet de jeu
au dernier moment, en fonction de la
sir un contrôle orienté ne s’improvise pas.
Tout d’abord, il nécessite, on l'a dit, une
bonne perception du jeu (voir avant de
milieu de contraintes d'espaces et de
temps qui rendent la tâche encore plus
complexe ! Alors, comment la travailler
situation et donc, au choix, dribbler sur le recevoir) : anticipation de la passe du par- ? À l'instar de tous les fondamentaux, le
contrôle, jouer en remise, se retourner, tenaire ou de la perte de balle de l’adver- contrôle orienté se travaille dès les petites
TECHNIQUE

dévier…" (Erick Mombaerts). Pour peu saire, par exemple, pour enchaîner sur catégories. D'abord sous forme analy-
que le joueur perçoive le jeu avant de une action. tique le plus souvent, par le biais d'exer-
recevoir le ballon, le contrôle orienté offre cices simples, sans opposition, permet-
à son auteur de vastes possibilités dans tant à l'éducateur d’effectuer des correc-
l’orientation à donner à l'action. Alors Voir avant de recevoir tions sur la prise de balle, la position du
certes, et à la différence de la passe, de corps, etc… La mise en place d’opposi-
la frappe ou du jeu de tête, le contrôle Il réclame ensuite une véritable coordi- tion dans des situations globales permet-
orienté n’entre pas dans le champ des nation spécifique avec des enjeux tech- tra ensuite d’insister sur l’orientation que
statistiques entourant traditionnellement niques et moteurs variés, comme la maî- l’on veut donner à son contrôle orienté.
un match de football. Il n’en demeure pas trise de la réception du ballon sur le pre- Travailler ce geste technique dès le plus
moins un geste ô combien important dans mier contact, des prises d’appuis suffi- jeune âge apparaît donc on ne peut plus
la panoplie du footballeur ! Les bons tech- santes pour permettre un bon équilibre nécessaire. La fluidité dans le jeu en
niciens s’en délectent car le contrôle de tout le corps, sans oublier l’impérieuse dépend, et amène de la vitesse. Et la
orienté permet, en un contact, de se met- nécessité de toujours garder le ballon en vitesse de jeu, c’est le niveau…
tre dans le sens du jeu et/ou d’éviter l’af- mouvement pour pouvoir enchaîner dans ■ François Villebrun
̂ LE DEMI TOUR
CONTRO

LES POINTS DE CORRECTION À OBSERVER


- Prendre les informations : voir avant de recevoir pour orienter avec une intention ; détacher son regard du ballon.

- Apprécier la trajectoire du ballon : pour adapter la qualité de pied sur la première touche en fonction à la fois de la vitesse du bal-
lon et de l’orientation que l’on veut donner au jeu. Le regard doit être fixé sur le ballon.

- Avoir des appuis solides et un bon équilibre : le pied d’appui doit être porté au niveau où le ballon va entrer en contact avec le
sol. La position des bras en lien avec les appuis doit permettre un bon équilibre. Le regard se détache au moment du contrôle.

- Dominer le ballon sur le premier contact (extérieur ou intérieur du pied) : le ballon doit rester à portée, ni trop près, ni trop loin
afin d’en permettre une meilleure exploitation.

- Prendre de la vitesse : à l’image d’un sprinter dans les starting blocks, la poussée sur la jambe d’appui doit être forte de manière
à réaliser un "coup de rein" et faire la différence (changement de rythme).

50 Vestiaires
TECHNIQUE

POUR LE FOOT D'ANIMATION


EXERCICE 1 : CONTRÔLE ORIENTÉ ET ENCHAÎNEMENT
Les joueurs sont répartis en groupes de 3. Un
ballon par groupe. Distance entre joueurs : 10
mètres. A passe à B qui effectue un appel (il
va vers le ballon). B effectue un contrôle
orienté de l'extérieur du pied pour se retour-
ner (au moment de la prise de balle), et
enchaîne avec une passe à C. Après avoir
contrôlé le ballon, C redonne à B qui effectue
un nouveau contrôle orienté de l'extérieur
du pied, etc… Durée : 3 x 4 minutes (chaque
joueur passe au milieu à tour de rôle).

Variantes :
- Extérieur pied droit à l'aller, extérieur pied
gauche au retour.
- Idem, mais de l'intérieur du pied.

EXERCICE 2 : TRAVAIL DU CONTRÔLE ORIENTÉ EN PASSE ET VA + FINITION


Un groupe de 10 joueurs. 2 joueurs situés à chaque cône. Source de ballon à côté du joueur A. Le circuit est réalisé comme suit, en
passe et va : A passe à B qui fait un appel de balle (il va vers le ballon) puis effectue un contrôlé orienté, avant de conduire le ballon sur
quelques mètres et donne à C, etc… Quand A passe à B, il prend sa place, quand B passe à C, il prend sa place, etc… A la fin du circuit, E effec-
tue un contrôle orienté et enchaîne avec une frappe au but. Observations : les contrôles orientés doivent s’effectuer cheville "molle" et
les passes cheville "durcie". Les passes sont tendues au sol. Insister sur la coordination entre le passeur et le receveur.

Variantes :
- Faire l'exercice côté opposé pour varier les appuis sur le contrôle orienté.
- Avoir plusieurs solutions pour le dernier passeur (plusieurs tireurs possibles placés à des endroits différents).
- Contrôle intérieur
pied droit/passe
pied gauche pour B,
contrôle extérieur
pied droit/passe
pied gauche pour C,
contrôle pied
gauche/passe pied
droit pour D.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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Suite page suivante 
EXERCICE 3 : ZONE À ATTEINDRE
Jeu à 3 contre 2 (multiplier les ateliers suivant l'effectif).
Séquences de 1 minute. Terrain d'environ 20x15 mètres.
Interdiction d’arrêter le ballon pour aller marquer dans l’en-
but. Observation : être souple sur la règle (ne pas pénaliser
systématiquement si le ballon s’arrête). Amener le ballon sur le
premier contact. Le faible rapport numérique favorise la quan-
tité d’actions motrices.

̂ LE EXTÉ RIEUR
CONTRO
TECHNIQUE

POUR LE FOOT A 11
EXERCICE 1 : PASSES COURTES/LONGUES ET CONTRÔLE ORIENTÉ INTÉRIEUR/EXTÉRIEUR
Un groupe de 8 joueurs (ateliers à multiplier suivant l'effectif). 1 ballon pour 2 joueurs. Un carré de 30x30 mètres découpé en 9 zones de
10x10 mètres. Les joueurs s’échangent le ballon par 2 comme suit :
- 4 minutes (2x2') : A passe à B qui effectue un contrôle
orienté de l'intérieur du pied pour aller dans une autre
zone et donner le ballon à A, qui effectue un contrôle
de l'extérieur du pied pour aller dans une autre zone
et donner le ballon à B, etc… Puis on change les rôles.
Le joueur qui n'a pas le ballon doit effectuer un appel
de balle dans une autre zone avant de revenir dans la
zone initiale pour réceptionner la passe.

Observations : vigilance sur le premier contact, les


premiers appuis, le regard vers le porteur de balle (dis-
ponibilité).

EXERCICE 2 : STOP-BALLE
Jeu à 6 contre 6 sur un terrain de 40 x 30 mètres. Matérialiser un couloir de 5 mètres (zone de finition) avant la zone de stop-balle (SB).
Pour marquer un point, le joueur doit recevoir dans la zone de finition (ZF) et marquer sur 3 touches maximum. Jeu libre dans tout le reste
du terrain. Défenseurs :
interdit de se trouver
dans la zone de finition
tant que le ballon n’y
est pas. Observations :
demander beaucoup
de mouvement dans la
zone de finition et
valoriser les prises de
balle rapides.

52 Vestiaires
TECHNIQUE

EXERCICE 3 : ZONE À ATTEINDRE EN SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE


Jeu en supériorité numérique à 6 contre 4. Terrain 40 x 25 mètres. Séquences de jeu courtes (2 minutes). Interdiction d’arrêter le ballon
pour atteindre la zone d’en-but. Observations : le ballon doit toujours être en mouvement. Sans l’imposer, demander de la variété dans
les surfaces de contact (intérieur du pied, extérieur, semelle…).

̂ LE INTÉRIEUR
CONTRO

LES DIFFÉRENTS CONTRÔLES ORIENTÉS SUR BALLON AU SOL

Contrôle orienté de l'intérieur du pied : Contrôle le plus sûr car la surface utilisée est importante. Il surprend peu l’adversaire.

Contrôle orienté de l'extérieur du pied : Plus difficile sur le premier contact. Suivi d’une forte accélération, il peut déséquilibrer
un adversaire.

Contrôle "Cruijff" : Vulgarisé par l'ancien triple Ballon d'Or, ce contrôle orienté permet de passer le ballon derrière la jambe d’ap-
pui. Il donne la possibilité de s’orienter et de surprendre l’adversaire en se retournant.

Contrôle enroulé : Sert aussi pour se retourner. Effectué avec l’intérieur du pied, il permet de se mettre dans le sens du jeu tout en
protégeant le ballon avec son corps.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


www.vestiaires-magazine.com 53
■ Par Jean-Paul ANCIAN,
Professeur EPS INSA de Lyon, titulaire
du BE2. Expert en préparation physique
et préparation mentale. Adjoint en sélec-
tion nationale de Côte d'Ivoire.

Remplaçants et remplacés :
Doigté. La gestion des remplaçants et remplacés dans le football amateur est rendue difficile
par les différents paramètres qu'il convient de prendre en considération. Entre recherche de la
performance, plaisir de jouer (et donc d'avoir du temps de jeu) et convivialité dans le rapport
entraîneur/entraîné, on touche ici à une problématique managériale bien plus complexe qu'il
MANAGEMENT

n'y paraît. Essayons d'y voir un peu plus clair à partir de cas concrets.
l s'agit d'une problématique très intéres-

I sante mais d'une grande complexité dès


lors qu'on veut l’aborder d’une manière à la
fois globale et concrète. Avant d'aller plus
loin, rappelons que la réglementation est dif-
férente selon le niveau de pratique. Ainsi,
dans les championnats nationaux, tout rem-
placement est définitif. Rien à voir avec les
épreuves départementales et régionales où
le changement de joueur répond à une autre
logique (rotation). D’autre part, la probléma-
tique du remplacement n'est pas la même
selon la catégorie. En école de foot, par exem-
ple, d'autres considérations que sportives
doivent être prises en compte tels que l'as-
pect éducatif, la méthode pédagogique, la
notion d'équité, de collectif, ou encore le plai-
sir de jouer. Ici, plus que la volonté de faire
un résultat, c'est l'indispensable cohérence
éthique et pédagogique qui prévaut. Ce
préambule effectué - dans lequel on aurait
pu ajouter l'évolution des mentalités et son
impact sur la relation entraîneur/entraîné -
arrêtons-nous sur les principales interroga-
tions que l'entraîneur amateur peut se poser, débutera obligatoirement la rencontre sui- - Dans les petites catégories, rendre obliga-
et la meilleure façon, à priori, d'y répondre. vante. La motivation fixée à court terme pour toire la participation de tous les joueurs à au
le joueur remplaçant du jour est préservée. moins une mi-temps me semble être un impé-
uDoit-on veiller en amateur à ratif (plaisir de jouer pour tous).
faire "tourner" les remplaçants - Annoncer que le temps de jeu sera réparti
d’un week-end end à l’autre ? équitablement à chaque match durant uQuel temps de jeu minimum
Plusieurs solutions peuvent être envisagées toute (ou une partie ?) de la saison, quel que assurer au joueur qui vient au
en fonction de la catégorie, du niveau de pra- soit le statut de départ du joueur (rempla- match le dimanche ?
tique, du profil des joueurs et de ses motiva- çant, remplacé). Cela va induire différents J’aurai tendance ici à tourner le problème
tions : choix tactiques (souplesse dans le coaching) autrement. A partir de quel temps de jeu le
et réclamer de situer les objectifs sportifs et joueur amateur peut-il se sentir concerné ?
- Changer sciemment les remplaçants de collectifs d’un match à partir d’un groupe de Comment peut-il y trouver son compte ?
départ chaque week-end. On maintient de la 14 joueurs, tous et automatiquement concer- Difficile d'y répondre car l'on sait que les
sorte une certaine motivation pour le rem- nés. attentes et motivations de chacun peuvent
plaçant du jour. être très diverses et variées (retrouver les
- Prévenir que le résultat sera prioritaire sur les copains quel que soit le temps de jeu, perfor-
- Faire savoir au groupe qu'un joueur qui temps de jeu et les remplacements. Dans ce mer et jouer le plus possible...). Jouer un mini-
débute sur le banc deux matches de suite, cas les remplaçants savent à quoi s’en tenir. mum apparaît indispensable, bien sûr. Mais

54 Vestiaires
MANAGEMENT

apprenez à les gérer


où situer le "minimum" ? C'est à l'entraîneur choix par rapport à leur rôle vis à vis "du pro- sentiment d'injustice voire d'humiliation chez
de le déterminer et de s'adapter en fonction du jet de vie et de fonctionnement de l'équipe" le joueur concerné est à proscrire. Préférez
profil du ou des joueurs concernés. Toujours choisi et exposé par l’entraîneur en début de toujours une franche explication, claire et sin-
est-il que l’état d’esprit du club, la convivialité saison. Ce projet devra d'ailleurs être modulé cère, après coup, qui permet d’avancer et de
et les relations sociales dans le groupe, la avec les joueurs durant la saison si néces- passer au futur plutôt que de risquer de couper
manière d’entraîner et de coacher peuvent saire. Avec obligation ensuite de s’y tenir car définitivement la relation. En revanche, la
constituer des "éléments tampons" permet- la cohérence et l’équité sont des valeurs indis- rentrée d’un joueur pour les 5 dernières
tant de repousser les limites de patience et pensables pour légitimer et crédibiliser les minutes ne rentre pas pour moi dans le même
d’impatience de certains joueurs, mais pas à projets, l’entraîneur, et gagner le respect. La cas de figure. Attention, car à partir du même
l’infini... transparence, la clarté et la sincérité me sem- cas, des interprétations différentes sont pos-
blent les données essentielles de ces moments sibles en fonction des joueurs. Peut-être que
uA quel moment doit-on là. chez certains joueurs, rentrer même 5 minutes
annoncer à un joueur qu’il sera peut les rassurer sur leur réelle appartenance
remplaçant ? uResponsabiliser les rempla- à l'équipe.
Il existe différents cas de figures, mais un indi- çants pendant le match (mission
cateur essentiel : tenir compte du contexte d’observation, par exemple) ? uComment réagir "à chaud"
(victoire, défaite, découragement, euphorie) Pourquoi pas, mais uniquement sur la base face au joueur mécontent de
pour faire varier les timings et les effets d’an- du volontariat. Ne rien imposer dans ce sortir ?
nonce en fonction du profil mental des joueurs domaine. Pour autant, sensibiliser les joueurs Rappelons d'abord qu'il y a peu de joueurs
et de l’équipe. Parfois, la notion de confiance sur les missions d’observation de certains contents de sortir ! Maintenant, il y a ceux
est à renforcer. A d'autres moments, c'est la indicateurs du jeu me semble être d’une effectivement qui contrôlent leurs émotions
notion de doute provoqué par l’annonce tar- grande richesse pour les faire progresser et sous l'emprise de la déception voire de la
dive de la composition d’équipe qui semble les amener à une vision stratégique différente colère, et ceux pour qui c’est plus difficile...
nécessaire. L’important devient alors de sur- du football et du jeu. Méfions-nous tout de C'est d'autant plus dur qu'on réclame géné-
prendre pour éveiller, stimuler l’écoute, l’at- même du joueur remplaçant qui doit observer ralement de venir serrer la main de l'entraî-
tention et la motivation, et chercher ainsi à certains indicateurs chez le joueur qui le rem- neur qui, pour le joueur, est précisément la
optimiser le rendement de l’équipe. Il y a aussi place... cause du mécontentement. Dans ce type de
la fameuse opposition systématique du mardi situation, j'aurai tendance à laisser libre le
ou du mercredi avec l’équipe type. Un choix uQuel message principal trans- joueur qui sort à partir du moment où il ne
stratégique et managérial insensé ! On mettre au joueur sur le point de me manque pas de respect. La meilleure
annonce qui sera remplaçant dès le début de rentrer ? chose d'après moi est donc de ne pas relever,
la semaine... C'est le "joueur quille" ! Au moment de son entrée sur le terrain, on de ne pas intervenir, de ne pas prêter atten-
Mentalement, il n'y a pas pire, surtout chez doit lui situer le système de jeu joué, lui faire tion au joueur mécontent. D'abord le lais-
les jeunes (U15-U17). Le fait de préserver la part de notre attente sur le poste qu'il va occu- ser se calmer...
motivation de ses troupes durant la semaine per, et souligner son rôle de "bonus" vis-à-
et en vue de l'échéance du week-end doit être vis de l’équipe. On doit aussi l'encourager à uEt à froid ?
une priorité chez le technicien. Entraîner tous prendre et à donner du plaisir à l’équipe. Dans Là, c’est différent. Le recul émotionnel per-
les joueurs avec la même considération et la tous les cas, son entrée en jeu ne doit pas être met de mieux gérer la situation et de retrou-
même attention du lundi au vendredi doit être vécue par lui comme un choix par défaut, par ver de la lucidité et de la raison. Rien ne
le leitmotiv de l'entraîneur moderne qui s’oc- compensation, mais comme une volonté véri- remplace la discussion et le dialogue trans-
cupe du «fonctionnement global du joueur» table et concrète de la part de l'entraîneur, parent clair et sincère en tenant compte du
(tête, cœur, corps). d'apporter un plus à l'équipe. profil de l’interlocuteur joueur, en pesant
les mots et leur portée et en argumentant à
uComment impliquer les rem- uExiste-t-il des remplacements partir du «projet de vie et de fonctionne-
plaçants lors de la causerie ? vexatoires à éviter (joueur qui ment de l’équipe» et du «projet de jeu de
En n'oubliant pas déjà de les nommer… rentre et qui ressort, joueur qui l’équipe» choisi et énoncé en début de sai-
Ensuite, en leur témoignant de la considéra- va rentrer à 5 minutes de la son N’importe quel joueur doit toujours pou-
tion (discussion normale avec eux comme fin...) ? voir se situer dans ces deux projets, quitte a
avec les autres). En leur expliquant aussi les Tout remplacement à même de provoquer un être recadré par moment dans la saison . ■

www.vestiaires-magazine.com 55
Pourquoi applique-t-on du froid
Vous êtes-vous déjà posé la question ? L’application de froid juste après
une blessure ayant provoqué le saignement (interne) d’un muscle (type
déchirure) est indispensable pour stopper l’hémorragie, traiter l’hématome
et ainsi entamer au mieux sa guérison. Explications avec le Docteur Philippe
KUENTZ, médecin de l’équipe professionnelle de l’AS Monaco FC depuis près
de dix saisons.
Pour quels types de blessure est-il
nécessaire de mettre de la glace ?
Lorsqu’il y a saignement, c'est-à-dire que la
zone est enflammée ou gonflée, qu’un
hématome se forme. Pour une entorse de
cheville par exemple, on voit rapidement
qu’elle gonfle. Pour une lésion d’un mus-
SANTÉ

cle, c’est moins visible mais on sent en géné-


ral une pointe qui empêche de continuer
l’effort. Ce sont des signaux et il faut vite
mettre du froid pour gérer l’hémorragie.

Quels sont précisément les effets


du froid sur le muscle ? Le froid a
d’abord un effet anesthésique. Après un
choc, il va diminuer la douleur en endor-
mant la zone concernée. C’est pourquoi on
voit parfois des soigneurs appliquer de la
bombe réfrigérante. L’effet est instantané et
le joueur pourra reprendre le jeu avec une
douleur réduite. Mais le froid a aussi et sur-
tout un effet mécanique sur les tissus mus-
culaires.
nique direct du froid, que l’on appelle aussi tion aura le même effet que le froid : en
Expliquez-nous. Par principe, le froid vasoconstriction. Plus vite on stoppe le sai- appliquant une pression sur le vaisseau qui
rétracte les tissus musculaires alors que le gnement, moins on sera embêté avec l’hé- saigne, en l’écrasant, on va participer à arrê-
chaud les dilate. Appliquer de la glace va matome pour la suite du traitement. On ter le saignement.
être utile pour refermer les vaisseaux qui gagne ainsi du temps sur la guérison. Et
saignent. On va donc stopper ou en tout pour être vraiment efficace, la contention et Donc compression avec un ban-
cas réduire l’hémorragie. C’est l’effet méca- le froid doivent être associés. La conten- dage et glace juste après la bles-

LE FROID POUR UNE RÉCUPÉRATION GLOBALE


Outre son application locale pour la gestion des lésions On dispose aussi de chambres de froid où la température est
musculaires, des entorses ou des hématomes en surface, le de -120°C. Les joueurs y restent 3-4 minutes, en prenant
froid est aussi utilisé de manière globale avec un objectif de soin de protéger les extrémités du corps. On provoque ainsi
récupération. Il n’est en effet pas rare de voir les joueurs de le phénomène de vasoconstriction sur tous les membres.
haut niveau plonger dans un bain d’eau glacée dès la fin Ce mode de récupération est utilisé après un match ou
d’un match. C’est ce que préconise le Docteur Kuentz à une opposition intense, c'est-à-dire après des séquences
Monaco : "On est ici sur un effet global. Les joueurs plon- qui ont occasionné des coups et donc le saignement de
gent les jambes pendant cinq minutes dans un bain à 10°C. certaines fibres".

56 Vestiaires
SANTÉ

après une blessure musculaire ?


Dans quels cas la chaleur sera en
QUELLE SOURCE DE FROID DANS VOTRE PHARMACIE ? revanche bénéfique pour un mus-
cle ? En avant-match, pour échauffer un
Pas toujours évident de disposer d’une source de glace, à l’entraînement ou en muscle sain. Le masser, le chauffer avec une
match. Pourtant il est essentiel de pouvoir appliquer rapidement du froid en crème stimulante aura pour effet d’aug-
cas de pépin. "L’idéal pour agir en profondeur, c’est la poche remplie de gla- menter sa viscosité et sa souplesse, donc
çons, ou même de glace pilée qui s’adaptera mieux aux formes de la jambe",
son rendement. L’échauffement à base de
indique Philippe Kuentz. "Il y a néanmoins d’autres possibilités, comme la
bombe qui projette un gaz réfrigérant, les packs de gel à garder au congélateur, contractés-relâchés et les étirements actifs
ou les poches de froid instantané à usage unique". Cette dernière alterna- ont cet effet.
tive peut s’avérer être un bon compromis. Vendu entre 1,50 et 2 euros l’unité,
ce sachet libère en le frappant une source de froid d’origine chimique. Il n’est Si on prend l’exemple d’un foot-
pas nécessaire de le conserver au frais, le sachet peut être rangé directement balleur qui ressent une légère dou-
dans votre pharmacie. "Mais à défaut d’autre chose, on peut tout simplement utiliser le robinet d’eau leur sur un muscle avant un match,
froide et laisser couler de l’eau sur la zone touchée", précise encore le médecin de l’AS Monaco FC.
c’est le chaud ou le froid qui va le
mieux préparer son muscle ? Soit
sure ? Exactement, il est important de pou- quant du froid. Sur une lésion fraîche, il sera c’est une lésion et il y a risque de claquage
voir comprimer la zone, puis une fois un forcément bénéfique. Très exceptionnelle- et de saignement, dans ce cas il ne doit pas
bandage mis en place sur la peau, y appli- ment, une personne peut faire une allergie jouer. Soit c’est une douleur résiduelle, une
quer de la glace. au froid ou un syndrome de Raynaud. Le courbature, une contracture, il n’y a alors
phénomène de vasoconstriction est alors pas de saignement et chauffer le muscle
pathologique et exagéré, mais c’est raris- sera bénéfique. Mais dans cette situation,
"Indispensable de toujours sime. on ne peut pas faire l’économie d’un diag-
interposer un support entre la peau nostic, il est même indispensable !
et la glace"
"Pas de chaleur (crème, massage, Certains médicaments sont-ils à
Quelle est la fréquence d’applica- sauna…) juste après une blessure éviter en cas de lésion musculaire ?
tion conseillée pour la glace ? Au musculaire !" Si on veut réduire un hématome, on va
minimum 15 minutes. Le froid agit par contre-indiquer les médicaments qui vont
convexion pour traverser les tissus. Comme Certaines choses sont-elles à pros- avoir pour effet de fluidifier le sang, de favo-
dans le même temps, le réchauffement par crire absolument en cas de bles- riser son écoulement, donc de faciliter le
la circulation sanguine se poursuit, il faut sure avec saignement ? Le chaud, qui saignement. Il s’agit de l’aspirine et des anti-
laisser agir et pénétrer au moins un quart aura l’effet inverse ! Il va ouvrir les vais- inflammatoires. Nous les évitons pendant
d’heure. Ensuite, l'idéal est de répéter 15 seaux et favoriser le saignement, c’est ce les premières 24 heures après le choc.■
minutes de glace toutes les heures. qu’on appelle la vasodilatation.
L’ h é m a t o m e l e p l u s
Le danger de brûlure existe-t-il si impressionnant que j’ai vu
on applique de la glace trop long- durant ma carrière, c’était
temps ? Pas forcément si on l’applique sur un footballeur qui avait
trop longtemps, mais surtout si on l’ap- senti une douleur muscu-
plique à même la peau ! Il faut être très vigi- l a i r e e t q u i a va i t a l o r s
lant sur ce point ! Il est indispensable de décidé d’aller se relaxer au
toujours interposer un support entre la peau sauna... Son claquage a
et la glace. Dans le cas contraire, on risque continué de saigner abon-
une gelure, c'est-à-dire une brûlure par le damment, ce qui a consi-
froid, qui peut devenir plus problématique dérablement retardé la
que la blessure elle-même ! guérison. Dans ce genre de
cas, il faut donc éviter
La glace peut-elle être contre-indi- toute chaleur supplémen-
quée dans certains cas précis ? On ne taire.
fait généralement pas d’erreur en appli-
Vasoconstriction Vasodilatation

www.vestiaires-magazine.com 57
1000 emplois d’avenir pour
Etes-vous concerné ? La Fédération Française de Football participe au
financement de 1000 emplois d’avenir dans le cadre d’un partenariat avec
l’Etat. Les clubs amateurs en sont les bénéficiaires. A quelles conditions ?
Pour quels objectifs ? Guide pratique.
’emploi d’avenir", c’est le disposi-

"L tif mis en place par l’Etat français


depuis le 1er novembre 2012. Il a
pour but de faciliter l’insertion profession-
LES ÉTAPES CLÉS ET
LES INTERLOCUTEURS PRIVILÉGIÉS
nelle des jeunes citoyens éloignés de l’em-
ploi. Accessible sous conditions, le procédé
JURIDIQUE

permet à des employeurs de bénéficier pen-


dant trois ans d’une prise en charge du
salaire. Bonne nouvelle, les clubs amateurs
de football font partie des structures dont le
salaire d’un embauché "éligible" est pris
en charge à 75%. Depuis le 1er septembre
dernier, la Fédération Française de Football
a décidé d’apporter également un coup de
pouce avec l’opération "1000 emplois
d’avenir pour le football". Suite à une
convention cosignée en mars dernier avec le
Ministère des Sports, de la Jeunesse, de
l’Education populaire et de la Vie
Associative, le comité exécutif de la FFF a
débloqué une enveloppe de 3,6 millions
d’euros, qui correspond à une aide de 100
euros par mois pour un emploi d’avenir créé
par un club, sur une période de 3 ans et dans
la limite de 1000 emplois à répartir sur le
territoire. Une aide qui s’ajoute donc aux
75% pris en charge par l’Etat et aux éven- 1. CONTRAT D’AVENIR
La première étape consiste à signer un contrat d’avenir. Pour cela, les missions locales et le Pôle Emploi
tuelles subventions locales. seront vos interlocuteurs et vous accompagneront afin de valider les conditions d’éligibilité, de définir
la fiche du poste et d’élaborer le projet de formation qui accompagnera l’employé tout au long de son
contrat.
Employés, les conditions pour être
éligible 2. FINANCEMENT FFF
Une fois le contrat d’avenir validé, vous devez contacter la ligue régionale de football dont vous dépen-
dez, qui vous fournira le document de demande d’aide FFF. Les 1000 aides de 100 euros par mois ayant été
- Etre sans emploi.
réparties par ligue (au prorata du nombre de clubs d’au moins 250 licenciés), chacune d’entre elles a fixé
- Avoir entre 16 et 25 ans (les travailleurs ses conditions d’attribution.
handicapés sont éligibles jusqu’à 30 ans).
- Etre sans diplôme ou avec un diplôme infé- 3. FORMATION
rieur au niveau Bac (soit un diplôme de Point majeur du dispositif : le choix du plan de formation et sa prise en charge financière. Outre les
niveau V ou VI). Précisions et exceptions : les conseils régionaux, les principaux financements sont apportés par les Organismes Paritaires Collecteurs
titulaires d’un BEP ou CAP doivent totaliser Agréés (OPCA) et proviennent des cotisations obligatoires qui leur sont versées par les employeurs. En
tant qu’employeur, un club doit s’inscrire pour la somme de 35 euros à son OPCA (AGEFOS PME ou
une durée de 6 mois minimum de recherche OPCALIA), qui sera son interlocuteur et facilitera l’accès aux aides.
d’emploi au cours des 12 derniers mois. Les
personnes domiciliés en Zone Urbaine 4. SUIVI
Sensible (ZUS), en Zone de Revitalisation La mission locale et la ligue régionale dont vous dépendez assureront un suivi afin de vérifier notamment
Rurale (ZRR) ou en Outre-Mer, et qui le respect des engagements en matière de formation.

58 Vestiaires
JURIDIQUE

structurer le foot amateur


totalisent une durée de 12 mois minimum FORMATION SPORTIVE,
de recherche d’emploi au cours des 18 der-
niers mois, peuvent accéder au contrat
L’EXEMPLE DE LA LIGUE DU NORD PAS-DE-CALAIS
d’avenir jusqu’au niveau Bac+3. Pour les emplois d’avenir avec missions à caractère sportif, les trois années que dure le
contrat peuvent permettre au salarié d’utiliser les obligations de formation pour acquérir des
diplômes d’éducateur. Parmi les différents dispositifs mis en place par les ligues régionales,
Clubs employeurs, les conditions à il est intéressant de s’arrêter sur l’initiative de la Ligue du Nord Pas-de-Calais. Celle-ci propose
réunir
aux contrats d’avenir des clubs de la région de s’inscrire à un programme spécifique décliné
sur trois ans :
- Le contrat d’avenir doit être signé sous
forme de CDI ou de CDD d’au moins 12 mois - 1ère année : formation au Brevet de Moniteur de Football, qui permettra d’acquérir des com-
et d’au plus 36 mois (temps plein). pétences d’éducateur généraliste dans le football des jeunes.
- La fiche poste peut contenir des missions
sportives mais aussi dans l’accueil, la comp- - 2ème et 3ème années (si pré requis) : formation au BEF, qui permettra d’acquérir des com-
tabilité, la sécurité, la maintenance, l’en- pétences d’encadrement d’équipes de niveau régional (seniors et national jeunes).
tretien des espaces verts, la médiation…
- La rémunération ne peut pas être infé- Renseignez-vous auprès de votre district ou de votre ligue !
rieure au SMIC horaire.
- Pour accompagner la professionnalisa-
tion de l’employé, il est nécessaire d’éla- EXEMPLE DE SIMULATION FINANCIERE DU DISPOSITIF
borer un plan de formation et de lui dési-
gner un tuteur au sein du club (autre Pour un salaire à temps plein basé sur le SMIC :
e m p l o y é , b é n é v o l e, é d u c a t e u r, d i r i -
geant…). soit 1430,22 euros brut pour le salarié, soit 1616,15 euros pour l’entreprise (avec charges).
- Pour bénéficier ensuite de l’aide FFF, il faut - 75% du SMIC brut pris en charge par l’état : soit 1072,67 euros/mois
être éligible au cahier des charges établi - Aide éventuelle du Conseil Général : soit 150 euros/mois
par la ligue régionale dont vous dépendez.
- Aide spéciale FFF : soit 100 euros/mois
Chaque ligue centralise les demandes et
décide de l’attribution de son quota d’aides Aide cumulée : 1072,67 + 150 + 100 = 1322, 67 euros
accordé par la FFF. Reste à prendre en charge par le club : 1616,15 - 1322,67 = 293,48 euros
■ Valentin Deudon

"Le but est de professionnaliser les clubs à moindre coût"


Patrick Wincke, conseiller technique chargé des actions sociales à la Ligue de Football Amateur,
est en charge du suivi des emplois d’avenir à la FFF.
Quels sont les objectifs de l’opération "1000 plan de formation doit être discuté et décidé en amont entre les diffé-
emplois d’avenir dans le football" ? Nous avons rentes entités au moment de la signature du contrat d’avenir.Ces formations
dans un premier temps à respecter l’engagement chiffré, sont financées par les conseils régionaux et les organes collecteurs,avec un
qui est de créer ces 1000 emplois d’avenir.C’est aussi un projet qui s’inscrit dispositif de prise en charge renforcé et adapté pour les emplois d’avenir.
en cohérence avec la nouvelle politique d’aide à la structuration des clubs
amateurs. Le but est de "professionnaliser" les clubs, mais cela entraîne L’opération a été lancée officiellement le 1er septembre.
pour eux des coûts importants.Ce dispositif va donc permettre aux clubs Quel est le bilan chiffré après deux mois ? Début novembre,
de recruter à moindre coût et de former le salarié durant ses trois années de soit deux mois après le lancement, nous comptabilisons 472 aides distri-
contrat, pour lui permettre d’acquérir des qualifications qui aideront le buées et 203 en cours de finalisation.Six ligues ont par ailleurs déjà atteint
club à se structurer. leur quota.On ne s'attendait pas forcément à une telle dynamique,sachant
que l'objectif initial est d'atteindre les 1000 pour décembre 2014.Mais on
L’objectif de formation est un volet important du dispositif… a vu une forte mobilisation des ligues,des districts, des conseils régionaux
Oui, les formations sont obligatoires durant toute la durée du contrat. Un et des missions locales dans leur mission d'information.

www.vestiaires-magazine.com 59
∫ UNE SEMAINE AVEC...

AJA : une formation à l'unisson


Virage. Nouvelles installations, nouveau directeur de centre, nouvelles méthodes
d'entraînement, nouveaux outils d'évaluation et de suivi, nouvelle approche pédagogique,
nouvelles ambitions... VESTIAIRES a passé quelques jours sur les bords de l'Yonne afin de
suivre les U17 du club, mais aussi et surtout de vous rendre compte des nouvelles
orientations prises par l'AJA en matière de formation. Une nouvelle ère, assurément.
1h23, gare d'Auxerre Saint-Gervais.A peine sortis du quai, rer retrouver la Ligue 1. L'optimisation des infrastructures, donc,

2 nous nous engoufrons dans la voiture de Vincent Cabin, le


responsable de la cellule recrutement jeunes, direction les
bâtiments flambant neufs du nouveau centre de formation de
mais pas seulement. L'arrivée cet été d'un nouveau patron en la
personne de Jean-Marc Nobilo, un temps pressenti à la DTN
pour un poste d'entraîneur national, a conféré une nouvelle
l'AJA, situé à un jet de pierre de l'Abbé-Deschamps. Sur place, orientation à l'action de formation.Avec un leitmotiv : "instaurer
notre hôte ne résiste pas à la tentation d'une visite guidée, même un tronc commun de pensées et d'actions où chacun partage
nocturne. "Ce que je vais vous montrer, vous ne l'avez jamais les mêmes objectifs, options et principes de jeu, des U14 à la
vu ailleurs en France...". Et il a raison. L'outil dont s'est doté le CFA2". Evolution plus que révolution. "Auxerre n'est pas un
club bourguignon pour couver la production de ses jeunes club en reconstruction", martèle Jean-Marc Nobilo, l'ancien for-
talents ferait pâlir d'envie plus d'une écurie de l'élite ! mateur et entraîneur du Havre notamment (1996-1999 puis
Impressionnant (voir par ailleurs). Pas moins de 11 ME auront été 2005-2010). "Il entre simplement dans la mise en place d'un
nécessaire pour bâtir ce qui symbolise aujourd'hui le renou- nouveau cycle sportif de performance". Pas de révolution, soit !
veau de l'AJA en matière de formation, passage obligé pour espé- Mais une mutation en profondeur, à travers trois axes que l'on
pourrait résumer ainsi : unité du staff, développement indivi-
LA FORMATION AUXERROISE EN CHIFFRES duel du joueur, et évaluation/suivi personnalisé via l'utilisation
du "scanner de performance individuelle", outil mis en place
4e centre de formation en 2013 (classement DTN). par Jean-Marc Nobilo depuis une quinzaine d'années (voir par ail-
leurs).
8 fois classé premier centre de formation français (classement
DTN). >Jean-Marc Nobilo, le nouveau patron du centre,
appose (déjà) son empreinte
120 joueurs pros formés depuis la création du centre, en 1982, Au sein de l'organigramme - duquel ont disparu Raphaël
soit 4 par an. Guerreiro, Christian Henna et Pascal Vahirua - quatre responsa-
bles (post formation, formation, préformation et cellule recrute-
7 fois élu meilleur club de jeunes. ment jeunes) sont réunis désormais dans ce que le technicien
appelle la "commission de réflexion formation" ou "cellule de
6 fois vainqueur de la Coupe Gambardella (record en France). prise de décision technique". La collégialité et la volonté de voir
émerger une équipe pédagogique à l'unisson et force de pro-
33 joueurs internationaux issus du centre depuis 1981. position, s'érige en principe fondateur du projet. Et ce n'est pas
tout :"A partir du deuxième semestre, un éducateur/formateur
2 champions d'Europe 1984 (Jean-Marc Ferreri et Joël Bats) sera invité chaque semaine à s'exprimer pendant 20-30
minutes devant ses collègues afin de partager un domaine
3 champions du monde 98 (Diomède, Guivarc'h, Charbonnier). dans lequel il se sent performant. C'est le partage de connais-
sances". Et la valorisation de compétences. Entre objectif tech-
82% de réussite au Baccalauréat en 2013. nique et action managériale, Jean-Marc Nobilo manœuvre

60 Vestiaires
LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª
intelligemment. Il appose (déjà) son empreinte. En force, un atelier endurance-puissance...). C'est
début de saison, trois livrets pédagogiques (préfor- dans le cadre de cette 5e semaine que VESTIAIRES
mation, formation et principes de jeu off/def) ainsi a réalisé son reportage à l'AJA, dont nous vous
qu'un document baptisé "tronc commun de pen- avons rapporté d'ailleurs quelques exercices (voir
sée et d'actions" ont été remis au staff. De même pages suivantes). La 6e semaine, elle, est consa-
qu'une programmation de l'entraînement "à l'in- crée aux "points forts physiques" et "points fai-
térieur de laquelle les coaches sont libres d'y bles techniques".
adapter le contenu.Charge à moi ensuite de leur
faire un retour". Car Jean-Marc Nobilo est pré- >"Le match ne représente que 1/7e de la
sent,très présent.A chaque séance,il est au bord du semaine de travail. Le plan de formation,
terrain, observe, analyse, n'hésitant pas à interve- lui, c'est 6/7e…"
nir (parfois durement) auprès d'un joueur, questionnant l'éduca- Par ailleurs et indépendamment de ces 5e et 6e semaines, un
teur, lorsqu'il n'anime pas lui-même un atelier. Bref, loin de jouer principe d'ascenseur a été mis en place : "en fonction des perfor-
aux donneurs d'ordres, il met les mains dans le moteur ! Et veille mances et de la progression de chacun, les joueurs peuvent
à ce que sa nouvelle organisation mise en place fonctionne. monter ou redescendre d'une catégorie toutes les 3 semaines,
pour plus de progression, de remise en cause et de concur-
>Une programmation de l'entraînement plus rence". Avec un principe immuable en match : "le joueur qui
individualisée redescend dans sa catégorie est titulaire". Le match justement...
Car là aussi, il y a du changement. Premièrement, exit l'entraî- Il nous vient en tête cette anecdote racontée durant notre séjour
nement du mercredi ! Sauf séance de rattrapage (retour de bles- par Jeremy Spender, entraîneur des U17 nationaux et respon-
sure), punitive (sanction) ou "à la carte" (sur demande du joueur sable du groupe formation : "deux jours avant un match de
ou besoins). Un principe inspiré de l'Ajax Amsterdam où le tech- championnat, j'étais sur le point de faire un jeu à l'entraîne-
nicien a effectué un stage au début des années 90, dans le cadre ment avec une des deux équipes qui évoluerait selon l'organi-
du Certificat de Formateur. "Le directeur du centre, Co sation de jeu de mon adversaire du week-end, soit en 3-5-2.J'en
Adriaanse, m'avait expliqué à l'époque que le joueur, qui vit discute avant la séance avec Jean-Marc, qui me rétorque :
constamment sous pression de la compétition, de ses entraî- pourquoi travailler en fonction du match ? Celui-ci ne repré-
neurs, de ses professeurs, de ses parents, avait besoin qu'on lui sente que 1/7e de ta semaine de travail.Ton plan de formation,
accorde une plage de décompression au milieu de la semaine lui, c'est 6/7e ! Ne t'éloigne pas de ton objectif initial qui est une
pour limiter l'usure psychologique et maintenir un certain mission de formation. Ce qui ne nous a pas empêchés de rem-
équilibre. De plus, cette coupure permettait aux éducateurs porter le match 2-0…". Une anecdote qui en dit long sur la phi-
d'établir un bilan du travail sur les deux premiers jours de la losophie mise en place.Et Jean-Marc Nobilo d'énoncer clairement
semaine, et ainsi de se projeter plus efficacement sur les deux cependant des objectifs en terme de résultat : "en championnat,
derniers. J'ai trouvé cette initiative pleine de bon sens et je finir dans les 5 premiers cette saison en CFA2 et sur le podium
l'ai donc adopté.Avec succès si j'en juge par les résultats obte- en U19 et U17.On se laisse 3 ans pour gagner un titre national
nus avec les équipes de jeunes du Havre... ". Autre évolution en jeune ou une Gambardella, remonter en CFA et, espérons-
pour ce qui concerne l'entraînement, une plus grande indivi- le, voir les pros accéder à la Ligue 1". Des objectifs tout à fait attei-
dualisation du travail avec principe de "décloisonnement" sur gnables à en juger par la qualité des jeunes pousses ajaistes, qui
une partie de la programmation. En effet, sur un cycle de travail tend aussi à prouver l'efficacité de la cellule de recrutement
de 7 semaines, les 5e et 6e répondent à une logique différente (voir par ailleurs).Notez que l'an dernier,pas moins de 18 joueurs
avec, le mardi et le jeudi, 2 séances qui se présentent comme ont été sélectionnés en équipe de France (4 U20 dont 2 cham-
suit : 45 minutes de séance "traditionnelle", par groupe, suivies de pions du monde, 6 U19 dont 2 finalistes en championnat
45 minutes de travail physique "points faibles" (le matin) et tra- d'Europe et 8 U17). Et ce n'est pas fini. Selon les dires de Jean-
vail technique "points forts" (l'après-midi) avec mélange des Marc Nobilo, l'AJ Auxerre peut d'ores et déjà s'appuyer à l'avenir
U17, U19 et CFA2 par mini-groupe en fonction des carences sur "une promotion U15-U16-U17 extraordinaire...".
individuelles de chacun (exemple pour le travail
physique "points faibles": un atelier coordination, un atelier ■ Julien Gourbeyre

SEMAINE TYPE EN FORMATION


LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI SAMEDI
repos (ou séance de
1 séance 2 séances 2 séances 1 séance match
rattrapage/à la carte)

EMPLOI DU TEMPS (MARDI ET JEUDI)


7h 7h30 8h 10h 12h 13h30 16h 18h 19h 20h 22h
Petit Etude
Lever Cours Entraînement Déjeuner Cours Entraînement Dîner Temps libre Coucher
déjeuner surveillée

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Suite page suivante 
∫ UNE SEMAINE AVEC...

Factuel. Chaque joueur fait l'objet d'un suivi personnalisé via des critères objectifs recueillis à travers le
"scanner de performance individuelle", outil de suivi et d'évaluation mis en place par Jean-Marc Nobilo depuis
une quinzaine d'années et sans cesse amélioré par ses collaborateurs Michael Bunel et Sébastien Chinelli.

Evaluation et suivi du joueur au "scanner


de performance individuelle"
ès son arrivée, Jean-
D Marc Nobilo a sou-
haité munir son staff d'un
seul et même outil d'éva-
luation et de suivi de
l'équipe et du joueur, qu'il
nomme le "scanner collec-
tif et individuel" (...)
"Lorsque j'étais joueur en
D3, j'ai été marqué par le
fait de ne pas connaître
réellement les attentes du
coach. Or, il n'y a pas pire
que de ne pas savoir ce
que pense de vous votre
hiérarchie. C'est valable
en sport comme en entreprise". Fruit de son expérience, le "scanner" physique-mental), un certain nombre de critères a été listé (exem-
est représenté simplement, sous la forme d'un tableur Excel. A ple pour "technique" : prise de balle/enchaînement, remise/passe
chaque début de semaine, les joueurs voient afficher sur les murs du courte/déviation/dernière passe, volée/demie volée, qualité de
vestiaire une fiche d'analyse collective du match passé (avec obser- centre, dribbles/feintes, jeu de tête, jeu de corps). Chacun des cri-
vations sur les plans physique, technique, tactique et mental/état tères fait l'objet d'une note sur 5, représentée sur le tableau par
d'esprit), ainsi qu'une fiche d'analyse individuelle. Là, pour chaque une couleur : 1 = rouge (mauvais), 2 = orange (insuffisant), 3 = vert
poste, quatre critères apparaissent (qui peuvent évoluer en fonction (moyen), 4 = bleu ciel (bien), 5 = bleu foncé (point for t).
du système de jeu utilisé). Exemple pour le poste de défenseur Traditionnellement, dans chaque club où il passe, Jean-Marc Nobilo
central : communication/placement, duels/cadrage impact, relance prend la couleur locale comme "point fort" (à Rennes, par exemple,
courte/longue et participation offensive. En face du critère, une il aurait choisi le rouge à la place du bleu foncé...).Ainsi, en un coup
évaluation à 5 "étages" : ++ (très bien), + (bien), +- (moyen), -- (mau- d'oeil, le joueur (et les parents si besoin) voit de suite la ou les cou-
vais) et -- -- (très mauvais). Enfin, une note finale est attribuée au leurs qui dominent ! "La réunion de septembre a pour objectif
joueur, ainsi qu'un commentaire. "La note est de poser les bases, elle est une première photo-
sur 10, mais en réalité on note sur 7", explique En un coup d'oeil, le joueur voit graphie du joueur", explique Jeremy Spender,
la couleur dominante de son
Jeremy Spender, entraîneur des U17. "Comme le responsable du groupe formation et entraî-
évaluation et peut ainsi se faire
le dit Jean-Marc Nobilo, on n'est pas à l'école neur des U17 nationaux. "Voilà ce qu'on pense
une idée précise et objective des
des fans ! Il ne s'agit pas de surévaluer les de toi après deux mois d'entraînement et de
attentes de son coach
joueurs, ni de les sous-évaluer du reste, mais compétition, et voilà quelles sont nos attentes.
de leur faire prendre conscience du chemin à parcourir. Et puis le Cette première réunion entretien un côté affectif, le joueur est
fait de savoir clairement ce qu'on attend d'eux les aide à mieux s'au- assis à côté de nous (comme sur la photo, Ndlr). A la fin de l'entre-
toévaluer". Et pourquoi afficher ces notes et observations aux yeux tien, on l'invite à s'exprimer, à nous dire s'il se reconnaît ou pas
de tous ? "Cela doit permettre au joueur de s'étalonner et de com- dans les notes attribuées. La deuxième réunion, celle de décembre,
prendre pourquoi lui, le latéral gauche, a eu 5, alors que le laté- est plus carrée si je puis dire. Le joueur est assis cette fois-ci en face
ral droit a obtenu 6 par exemple". de nous, le tableau étant projeté face à lui.A la fin, on lui dit : si la
Mais l'outil d'évaluation ne se cantonne pas au seul match du week- saison s'arrêtait maintenant, voilà la décision qui serait prise en
end. Les joueurs font l'objet d'une réunion individuelle appellée ce qui te concerne. D'où l'objectif à trois qui en découle : mainte-
"entretien performance" trois fois par an (septembre, décembre nir ses efforts ou se ressaisir. Enfin, la troisième et dernière réu-
et avril). Les éducateurs-formateurs sont alors amenés à commen- nion, en avril, a pour objectif d'orienter le joueur vers l'après. On
ter des données factuelles projetées sur un écran. Explication : voit ensemble ce qu'il y a de meilleur pour lui pour la saison
pour chacun des facteurs de la performance (technique-tactique- suivante". ■

62 Vestiaires
LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª

BADGE ÉLECTRONIQUE ET SYSTÈME DE BROUILLAGE DE PORTABLES…


Livrés en avril dernier pour 11ME, les nou- manière fonctionnelle. D'où notre volonté
veaux bâtiments du centre de formation de placer, par exemple, les vestiaires des
de l'AJ Auxerre confèrent au club bourgui- joueurs à côté de la salle de soins, ou encore
gnon une nouvelle dimension. Et une plus de permettre aux éducateurs-formateurs
grande attractivité auprès des joueurs et de bénéficier d'un vrai vestiaire et de
de leurs parents. Car, à l'intérieur, l'équi- bureaux communs". A l'intérieur des bâti-
pement est digne d'une grande écurie euro- ments, tout fonctionne avec un badge per-
péenne. Dans le bâtiment principal de 4000 sonnel en forme de bracelet. Chaque pen-
m2 où logent les joueurs en post formation sionnaire en est équipé. Un ordinateur est
(29 lits), on retrouve les salles de cours, capable de restituer les portes qui ont été
toutes munies d'un rétroprojecteur, les ouvertes, par qui, et à quelle heure… Une
bureaux des entraîneurs en vaste open-space, une salle vidéo, un manière sans doute de contrôler les joueurs après l'extinction des
amphithéâtre de 72 places, plusieurs salles de réunion entière- feux à 22h30 (dès 22h, un système de brouillage empêche qui-
ment équipées, mais aussi une balnéothérapie haut de gamme. conque d'utiliser son téléphone portable et coupe la connexion
"Nous en avions assez de voir nos joueurs partir à l'extérieur pour Internet). A noter qu'un autre bâtiment adjacent de 2000 m2 abrite
leur rééducation", explique Bernard Turpin, coordonateur tech- les joueurs en préformation (16 lits). Quant à la formation, les
nique/administratif, et l'un des maîtres d'oeuvre du projet, qui joueurs sont logés dans l'ancien bâtiment de 1600 m2 (la "pyra-
vit sa 38e saison à l'AJA ! "Nous voulions tout avoir sur place, de mide"), lequel a été entièrement rénové (27 lits).

RECRUTEMENT : 90% DES JOUEURS ISSUS DE LA RÉGION PARISIENNE 2013-2014 : 2e club


français derrière Lyon
Il est devenu un personnage incontournable à l'AJ Auxerre, par son vécu et la fonction qu'il occupe. en nombre de joueurs
Vincent Cabin vit sa onzième saison sur les bords de l'Yonne. Recruté par Guy Roux au début des
en équipe 1ère issus
années 2000 alors qu'il est entraîneur de l'équipe réserve de l'AS Saint-Priest (69), cet ancien éduca-
teur précoce à l'ASPTT de Lyon a passé plusieurs échelons avant d'être promu responsable de la cel-
du centre
lule recrutement des jeunes, à l'AJA. Langil, Sanogo, Ntep, Monconduit, entre autres… c'est lui !
2013-2014 (L2) 11
Considéré à ce jour comme l'un des meilleurs "chasseurs de talents" de l'Hexagone, au carnet soit 42% avec une moyenne
d'adresses bien rempli, Vincent Cabin compte six recruteurs sous sa responsabilité (ils étaient 17 d'âge de 23 ans.
en Ligue 1). "Nous travaillons essentiellement en région parisienne d'où proviennent environ 90%
de nos joueurs, mais également en Bourgogne, bien-sûr, et dans les ligues limitrophes". L'AJ Auxerre 2012-2013 (L2) 19
a renoué par ailleurs avec le système des clubs partenaires, au nombre de 12 (9 à en Ile-de-France, 1 2011-2012 (L1) 14
en Bourgogne, 1 en Alsace, et 1 en Rhône-Alpes). En ce qui concerne maintenant les critères de
recrutement, on notera que Vincent Cabin - qui affirme avoir beaucoup appris de ses mentors que sont 2010-2011 (L1) 10
José Broissart (ancien formateur à Lyon), Daniel Rolland, Francis De Taddeo et Bernard David -
2009-2010 (L1) 6
accorde une grande importance aux qualités athlétiques, quand d'autres ne jurent que par la tech-
nique ou l'intelligence de jeu. "Pour qu'il m'intéresse, un joueur doit avoir au moins deux points forts 2008-2009 (L1) 6
parmi les qualités de vitesse, de détente verticale (force, Ndlr) et d'endurance. C'est ce que je
regarde en premier. La technique, elle, peut se développer plus tard…". 2007-2008 (L1) 8

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∫ UNE SEMAINE AVEC...

8 exercices vus pendant notre séjour

Semaine particulière. On l'a déjà expliqué par ailleurs, VESTIAIRES est arrivé à Auxerre dans la 5e semaine
d'un cycle de travail qui en compte 7. Cette cinquième semaine, comme la sixième du reste, est consacré au
travail des points faibles et points forts des joueurs U17 à CFA2, lesquels sont mélangés pour l'occasion.

TRAVAIL PHYSIQUE (PMA) SOUS FORME JOUEE EN 4 CONTRE 2 (10 MINUTES)


Sur un espace de 15 x 30m avec une zone centrale de 4 mètres. On joue à 4 contre 2 sur un côté. Ici, les bleus sont en conservation et doivent
trouver leurs partenaires rouges côté opposé. Jeu au sol uniquement. Les 2 "chasseurs" jaunes tentent de récupérer le ballon (ou de le faire
sortir des limites du terrain) tandis que les 2 autres jaunes, positionnés en zone centrale, ont pour objectif de fermer les intervalles.
Lorsque le ballon passe côté opposé, les 2 joueurs situés dans la zone centrale "basculent" et deviennent "chasseurs". Les 2 joueurs qui étaient
"chasseurs" passent en zone centrale. Chaque ballon récupéré ou sorti par un "chasseur" donne 1 point à son équipe (= pousser les "chas-
seurs" à faire les efforts, bien que les correctifs de l'éducateur se baseront davantage sur les joueurs en conservation). Chaque ballon qui
passe côté opposé enlève 1 point à l'équipe qui chasse. À la fin, c'est l'équipe de "chasseurs" qui a obtenu le plus de points qui l'emporte.
3 séquences de 2 minutes (chaque équipe passe "chasseurs" à tour de rôle) entrecoupées d'une minute de récupération.

Variante :
- Une équipe joue libre (les bleus par exemple), l'autre en 2 touches (les rouges) = obliger les "chasseurs" à défendre différemment de chaque
côté (un joueur à qui il ne reste qu'une touche ne sera pas "attaqué" de la même manière que s'il est "libre").

64 Vestiaires
LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª

JEU À 6 CONTRE 4 AVEC APPUIS


Sur un espace de 15 x 30m : 4 contre 4 + 2 jokers + 2 appuis profonds. 5 portes disposées de façon aléatoire. Les jokers jouent avec l'équipe
qui attaque (soit à 6 contre 4). But du jeu : passer d'un appui à l'autre en passant par au moins une porte (en conduite). Les joueurs qui défen-
dent n'ont pas le droit de stationner devant une porte. 3 séquences de 2 minutes (chaque équipe passe défenseurs à tour de rôle) entrecou-
pées d'une minute de récupération. Ce jeu incite les défenseurs à aller de suite cadrer le porteur.
Variantes :
- Traverser les portes uniquement par une passe.
- Supprimer les appuis (on joue à 8 contre 4).

TRAVAIL TECHNIQUE "ENCHAINEMENT CONTROLE PASSE" SOUS FORME ANALYTIQUE


Un atelier = 4 joueurs. Faire x ateliers. On joue avec 2 ballons simulta-
nément. Passes au sol uniquement. A passe à B dans la porte. B effectue un
contrôle orienté et donne à C dans la porte en 2 touches. C effectue un
contrôle orienté et donne à D dans la porte en 2 touches, etc...
Variantes :
- Contrôle pied gauche/passe pied gauche.
- Contrôle pied gauche/passe pied droit.
- On change de sens.

TRAVAIL TECHNIQUE "ENCHAINEMENT CONTROLE PASSE" SOUS FORME EVOLUTIVE


Sur un espace de jeu qui s'étend des 16m50 (+ 4 mètres de chaque côté) à la ligne médiane, 6 joueurs de part et d'autre d'une rangée de man-
nequins : 2 bleus, 2 rouges et 2 jaunes. Les joueurs s'échangent le ballon, par couleur, en veillant à ne pas heurter les mannequins. Interdit
de donner deux fois de suite dans le même intervalle (tous les joueurs doivent être en mouvement et se montrer dans les intervalles). Veiller
à ce que les joueurs ne se positionnent pas trop près des portes (préférer une passe longue au sol, appuyée).
Contraintes techniques : le joueur qui réceptionne le ballon doit impérativement trouver son partenaire en 1 touche.
Variantes :
- 2 touches maximum pour le 2e joueur, celui qui reçoit le ballon de son partenaire (1 touche) dans son propre camp (voir avant et orienter
sa première touche).
- Tous les joueurs en 1 touche.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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∫ UNE SEMAINE AVEC...

TRAVAIL DU BLOC DEFENSIF SUR LA LARGEUR A 6 CONTRE 4


Sur un espace de jeu de 20x30 mètres, 4 contre 4 + 2 jokers qui jouent avec l'équipe qui a le ballon et qui ont 2 touches de balle. L'équipe en
possession doit marquer dans une des 3 portes face à elle (1 devant et 2 sur les côtés) en conduite de balle (= 2 points). Elle peut aussi marquer
dans une des 4 mini-portes bleues par une passe (= 1 point). Pour l'équipe qui défend :
- Sortir (défendre en avançant) pour aller cadrer le porteur et se déplacer sur la largeur pour défendre les portes excentrées.
- Être rapide sur la transition def/off de façon à profiter de la "désorganisation" momentanée adverse.).

TRAVAIL DU BLOC DÉFENSIF SUR LA LARGEUR À 6 CONTRE 4 AVEC MULTIBUTS


Sur toute la largeur du terrain, de la surface de réparation à la ligne médiane. Une ligne de 4 défenseurs avec 5 petits buts à défendre face à
6 "attaquants". Le jeu est libre. À la récupération du ballon (transition défensive/offensive), les défenseurs marquent dans un des trois buts,
obligeant ainsi les "attaquants" à défendre de suite à la perte. Remarque : pour éviter une certaine monotonie dans le jeu (les 6 "attaquants"
font tourner par manque de solution), les obliger à marquer en un temps donné (= prise de risque donc plus de jeu dans la continuité).

JEU DE CONSERVATION A 8 CONTRE 8 PAR COULEUR


Sur un espace de jeu qui s'étend des 16m50 (+ 4 mètres de chaque côté) à la ligne médiane, 4 groupes de 4 joueurs (bleus, jaunes, rouges, verts).
Jeu de conservation. Les bleus jouent avec les verts, les jaunes avec les rouges. 2 touches de balle maxi, 1 touche lorsqu'on joue avec un joueur
de sa couleur.
Variante :
- Tout en 1 touche.

66 Vestiaires
LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª

APPUI ET COORDINATION
Travail sous forme intermittente 5/25, soit 5 secondes d'effort "à fond" suivies de 25 secondes de récupération. À la fin de chaque effort,
les joueurs changent d'atelier. 3 blocs de 7 minutes entrecoupés de 3'30" de récupération. Les joueurs effectuent 7 ateliers, soit 2 tours des
ateliers par bloc.

Atelier 1 : appuis rapides dans l'échelle


2 appuis à l'intérieur, 1 à l'extérieur, et on avance…).

Atelier 2 : pas chassés entre cerceaux


Le joueur se met de côté. Au coup de sifflet, il part en pas chassés en passant entre les cerceaux (course arrondie) et fait de même au
retour.

Atelier 3 : sauts dans cerceaux


Bleu pieds joints, rouge pied gauche, vert pied droit.

Atelier 4 : course rapide avant/arrière


À chaque latte posée au sol, le joueur doit effectuer 2 pas devant et 2 pas derrière.

Atelier 5 : course avec pas de côté


Durant sa course, le joueur doit mettre un pied à l'extérieur de chaque latte posée au sol.

Atelier 6 : slalom en pas chassés


Les joueurs effectuent un slalom entre des lattes posées au sol en pas chassés avant puis arrière sur le retour.

Atelier 7 : course en sablier


Les joueurs doivent toucher le plot de la main en respectant une course en "sablier" ou "huit".

Atelier 8 : pas chassés sur obstacle


Les joueurs effectuent une course en "essuie-glace" en pas chassés en passant par-dessus les plots posés au sol.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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∫ PROGRAMME ª

Un mois pour améliorer les


Agrandir l’espace de jeu, étirer les défenses, contourner
l’adversaire… La multiplication des images faisant référence au jeu
sur les côtés prouvent que l’utilisation de toute la largeur du terrain
demeure un des principes de jeu fondamentaux des phases offensives.
■ Par Olivier GOUTARD
Mais au-delà du discours d’intention, comment amener ses joueurs à
titulaire du DEF. animer efficacement les couloirs, et surtout, comment déséquilibrer
l’adversaire ? VESTIAIRES s’est penché sur la question…

e constat est récurent : 30 à 35 % des succès national et européen sur la pos-

L buts sont consécutifs à un centre


dans le jeu. La statistique augmente
encore lorsque l’on tient compte des
session de balle et les animations offen-
sives des doublettes Abala/Riber y à
g a u ch e , L a h m / M u l l e r o u R o bb e n à
coups de pied arrêtés. La donnée n’est droite. Pour ce qui est du champion de
pas nouvelle et fait partie intégrante du France, la mainmise de Zlatan
code ADN du football. Hier comme I b ra h i m ov i c s u r l e cl a s s e m e n t d e s
aujourd’hui, le football est donc ce sport buteurs la saison écoulée doit beaucoup
qui se joue à 11 contre 11 et dont les aux dédoublements des joueurs de côté
actions les plus prolifiques s’initient et du PSG. Cependant, en dépit de cette
se développent sur les côtés pour mieux évidence largement répandue, bon
terminer dans l’axe… Rien de bien nouveau en somme. Si ce nombre d’équipes s’enferrent encore dans l’entonnoir. Est-
n’est que la généralisation des défenses de zone visant à densi- ce que le simple discours de l’entraîneur demandant à ses
fier l’axe a redonné une vigueur nouvelle aux adeptes des ani- joueurs de passer par les ailes est en soi suffisant ? Sans doute
mations offensives sur les côtés.A titre d’exemple, tous clubs de que non. L’entraînement demeure alors sans conteste ce
Ligue 1 confondus, les dernières statistiques pour la saison en moyen privilégié d’amener son équipe vers plus de fluidité,
cours font état d’une moyenne de 43 centres par match ! En ce d’automatismes et d’efficacité. VESTIAIRES vous convie
sens, le football emprunte à l’art de la guerre : ce qu’on ne peut donc à un mois de programmation visant à améliorer les ani-
renverser de front, on peut toujours le contourner… mations offensives dans les couloirs. Quatre semaines à raison
de deux entraînements hebdomadaires pour parvenir à désta-
>"Ce qu’on ne peut renverser de front, on peut biliser plus facilement l’adversaire par les ailes... Un pro-
toujours le contourner !" gramme qui n’assurera pas à votre formation de jouer comme
le Bayern Munich ou le Barça, mais qui contribuera peut-
Le Bayern Munich version 2012-2013 n’a cessé de le démontrer. être à aider quelques éducateurs dans la mise en place de
Le champion de Bundesliga (voir VESTIAIRES n°51) a bâti son leur projet de jeu. ■

S'opposer à la progression adverse - Protéger notre but


Semaine 1 Semaine 2 Semaine 3 Semaine 4
Objectifs Thèmes

Séance 1 :
Séance 1 :
Fixer dans une zone pour jouer Séance 1 : Séance 1 :
technico-
tactiques

Occuper l'espace dans la


dans une autre Changer le rythme de jeu Dribbles et enchainements
largeur
Séance 2 : Séance 2 : Séance 2 :
Séance 2 :
Créer la supériorité numérique Jeu combiné sur les côtés Centres et reprises
Jeu sur les côtés
Garder le temps d'avance
Elargir l'espace de jeu Déviations et remises Techniques de dribbles (gestuel du
principes d'action

Fixer l'adversaire + chgt de jeu


"Manger les lignes" Déséquilibre ind. et/ou dribble et feintes..)
Notions clés,
modalités et

(identification des starters)


Dédoubler le porteur collectif Appuis-soutiens- Chgt de rythme, 1x1, 1x2, 2x2 etc…
Appels dans les espaces libres
Appels croisés d'une zone à appels (combinaisons) Psycho : prise d'initatives
Fixer - donner
l'autre Qualités des courses, Appels devant la cage et centres
Recherche du déséquilibre 2x1 ;
Libérer le couloir pour le pertinence des appels, appropriés
3x2 ; 4x3 off
partenaire justesse des passes Efficacité (bien jouer, c'est marquer !)

68 Vestiaires
animations offensives de côté
Méthodologie et logique de programmation
L’amélioration des animations offensives sur les côtés recouvre en fait les côtés", viennent spontanément à l’esprit. Il ne s’agit plus ici d’occu-
bon nombre de thèmes d’entraînement. Il est bien sûr impossible de dis- per un espace mais bien de parvenir dans cet espace en mouvement face
socier les aspects techniques et tactiques. Cependant, les séances peu- à des adversaires à l’arrêt, en sous nombre ou en crise de temps. A ce titre,
vent être orientées sous un angle plutôt qu’un autre. L’entraîneur veillera "supériorité numérique et temps d’avance" ainsi que "chan-
à proposer des situations et des jeux structurés en fonction du système de ger le rythme du jeu" complèteront bien logiquement le programme.
jeu qu’il entend faire pratiquer à son équipe. La mise en place de lignes de Il sera ici très largement question d’espace à créer et à prendre, de joueurs
3, de 4, facilitera d’autant les relations entre les partenaires géographique- lancés, de recherche du surnombre, d’appels croisés, de dédoublements,
ment proches sur le terrain (exemple : la relation entre l’arrière latéral et de libérations de couloirs, etc..
le milieu de terrain excentré dans un 4-4-2 ou l’arrière latéral avec l’ailier
dans un 4-4-3, etc…). Sur un plan tactique, La recherche du déséqui- Quel type de centre pour quelle situation de jeu ?
libre adverse tient lieu de fil directeur. Déséquilibre individuel ou collec-
tif, l’objectif demeure d’amener les adversaires à défendre en courant Sur un angle plus technique maintenant, "les dribbles et enchai-
vers leurs propres buts. A ce titre, les joueurs doivent conserver à l’esprit nements" sont bien sûr incontournables. L’exemple donné par Ribéry
que si le jeu exige bien souvent une préparation sur les côtés, la finalité et Robben au très haut niveau illustre la nécessité d’alterner jeu en com-
reste tout de même de finir par un but dans l’axe. binaisons collectives et prise du 1 contre 1 offensif. Les ailes demeurant en
effet le royaume de prédilection des adeptes du crochet court, du double
Utiliser la largeur ne vaut que si l’équipe parvient à contact et autres passements de jambe… Comme il se doit, on fera une
terme à exploiter la profondeur large place au thème "centres et reprises". Centres aériens ou au sol,
sur le partenaire ou dans une zone, premier ou deuxième poteau, en
Etirer la défense adverse pour créer les conditions de la progression puis retrait ou fort devant la cage… La difficulté réside dans le fait d'identifier
de la finition devant le but implique donc que l’équipe joue sur toute la lar- quel centre est le plus susceptible de finir en but dans une situation de jeu
geur avec des joueurs flirtant avec les lignes de touche. Toutefois, utili- donnée. Encore faut-il que l’entraîneur ait mûri au préalable sa réflexion
ser la largeur ne vaut que si l’équipe est en capacité à un moment sur le sujet…
donné d’exploiter la profondeur. Sous peine de voir sa formation Vous retrouverez donc tous ces thèmes dans la planification ci-contre.
multiplier des passes latérales mais stériles. A ce titre, il sera donc question Elle ne prétend pas donner aux lecteurs toutes les clés des animations
de "recherche du joueur lancé", de passes qui traversent les lignes sur les côtés. Dans le domaine, l’expérience, la curiosité et la réflexion
ou de ballons donnés dans le dos de la défense, d’appels dans la profon- personnelle sont des atouts autrement plus convaincants qu’un simple
deur, etc… Les thèmes "fixer dans une zone pour jouer dans tableau ! Toutefois, elle pourra sans doute aider quelques éducateurs et
une autre", ou bien encore "jeu combiné à deux, à trois sur entraîneurs à structurer leur approche sur le sujet.

SEMAINE 1 – SÉANCE 1
EXERCICE 1 : OCCUPER L’ESPACE DANS LA LARGEUR ET LA PROFONDEUR (SITUATION)
Sur un terrain d’environ 40x30m (adapter en fonction du nombre de joueurs) + 2 couloirs latéraux, une zone de soutien et une zone d’ap-
pui. Les bleus attaquent, les rouges défendent (7 contre 5). Jeu libre.

L’objectif pour les bleus est d’amener le ballon en zone d’appui en utilisant la zone de soutien et les couloirs inattaquables. Une fois arri-
vés en zone d'appui, les bleus doivent retrouver un joueur à l’intérieur du jeu pour marquer le point.

Interdiction de demeurer plus de 5 secondes dans les zones


délimitées (demander en mouvement). A la récupération,
les rouges cherchent à stopper le ballon en zone de sou-
tien.

Variantes :
- Changer le rapport de force (exemple : 7 contre 6)
- Autoriser un défenseur rouge à défendre dans la zone de
soutien et les couloirs.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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∫ PROGRAMME ª

SEMAINE 1 – SÉANCE 1
EXERCICE 2 : OCCUPER L’ESPACE DANS LA LARGEUR ET LA PROFONDEUR (JEU)
6 contre 6 + 2 gardiens sur un terrain d’environ 40x30 mètres avec trois portes à chaque extrémité. L’objectif est de parvenir à trouver son
gardien de but derrière une des 3 portes (= 1 point).

Variantes :
- Le point n’est valable que si la passe au gardien est effectuée
en une seule touche de balle.
- Les deux gardiens sont neutres. Point pour l’équipe qui par-
vient à trouver les deux gardiens dans le cours de la même
action.

SEMAINE 1 – SÉANCE 2 JEU COMBINÉ SUR LES CÔTÉS


L’objectif des exercices suivants est de trouver les cheminements de passes les plus susceptibles de déséquilibrer l’adversaire sur les côtés. La
logique est toujours la même : d’abord une évolution à vide favorisant la répétition, puis à un rythme plus élevé, puis avec adversaire(s).
L’éducateur proposera donc quelques circuits préférentiels et laissera les joueurs choisir parmi les combinaisons (ou en improviser d’autres)
lorsque les défenseurs seront en place. Insister alors sur la coordination entre passeurs et receveurs et sur la pertinence des choix de passes
et de déplacements.

Combinaison 1 : A (l’arrière latéral) transmet à B (milieu excentré) qui remet en une touche de balle à C (milieu axial), lequel trouve l’atta-
quant D qui a décroché et qui transmet à A qui a poursuivi sa course. Finir l’action devant le but avec les attaquants D et D' puis enchainer de
l’autre côté.

Combinaison 2 : C donne à A qui transmet à B, lequel effectue un contrôle orienté et conduit vers l’intérieur du jeu avant de donner dans le
bon tempo et dans la course à C qui l'a dédoublé. Finir l’action avec les 2 attaquants D et D' puis enchainer de l’autre côté.

Combinaison 3 : A passe à B, lequel conduit vers l’intérieur. Dans le temps de conduite de B, C propose une course croisée (libération de
l’espace et prise d’un autre). B lui donne le ballon. B transmet à A qui a poursuivi sa course, ou centre pour les attaquants D et D'.

Combinaison 4 : A transmet à C, lequel remet en une touche de balle à B qui a fait un appel vers l’intérieur. A dédouble B. B lui transmet (dosage
de la passe, trouver le bon moment pour déclencher la passe). A trouve alors C qui va servir B qui a proposé un nouvel appel dédoublé.
B centre. Finir l’action avec D et D'.

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SEMAINE 2 – SÉANCE 1
FIXER DANS UNE ZONE POUR JOUER DANS UNE AUTRE (SITUATION)
6 attaquants (en fonction du système de jeu de l’équipe) contre 4 défenseurs + 2 jokers servant de soutien aux attaquants (1 ou 2
touches de balle maxi) et d'appuis pour les défenseurs.

Les défenseurs ont obligation de se retrouver toujours à 2 minimum dans la zone où se situe le ballon. Les arrières latéraux doivent res-
serrer l’axe lorsque le ballon est "côté opposé".
Les attaquants doivent marquer dans une des trois
cages. Veiller aux rotations des joueurs sur les
postes offensifs et défensifs. Changer les jokers.

Variantes :
- Le but n’est valable qu’en 1 touche de balle.
- Le point est accordé lorsque l’attaquant passe
balle au pied dans une des portes (bien insister sur
la fixation de la défense pour se donner le temps
nécessaire au franchissement de la porte en
conduite suite à un changement de jeu).

SEMAINE 2 – SÉANCE 2 SEMAINE 2 – SÉANCE 2


EXERCICE 1 : CRÉER LA SUPÉRIORITÉ EXERCICE 2 : GARDER LE TEMPS D'AVANCE
NUMÉRIQUE SUR LES CÔTÉS (JEU) (SITUATION)
8 contre 8 + 1 joker qui joue avec l'équipe qui a le ballon (2 contre Dans la situation de jeu décrite par le schéma, les bleus atta-
2 au départ dans les couloirs, et 3 contre 3 + joker offensif dans quent le grand but, les rouges défendent. On joue à 5 contre 4. Si
l’axe). Les joueurs dans les couloirs ne peuvent pas rentrer dans le les défenseurs récupèrent le ballon, ils doivent parvenir à effec-
jeu. L’objectif est de combiner afin de créer une supériorité numé- tuer une passe au travers d’une des trois portes dans un laps de
rique en 3 contre 2 sur les côtés avant de trouver un partenaire temps imparti (exemple : 5 secondes).
dans l’axe. Le surnombre peut être apporté, soit par le joker soit L’action s’engage dès la première passe (avec 2 défenseurs de
par un partenaire. Les couloirs matérialisés en biseaux permettent part et d'autre de l'attaquant à la source du ballon). Attention au
de varier les possibilités de centre (aériens, au sol, en retrait…). hors-jeu. Les défenseurs rouges (en crise de temps) reviennent
Insister sur les combinaisons, les appels dans le tempo, les dédou- pour défendre. Les attaquants doivent conserver le temps
blements, les courses en oblique, etc… d’avance en trouvant les solutions les plus efficaces (donc les
plus rapides pour empêcher le retour des défenseurs) pour mar-
Variante : quer le but.
- Lorsque le surnombre a été créé d’un côté, un partenaire de
l’autre couloir peut entrer en jeu pour réceptionner le centre Variantes :
(surnombre côté puis surnombre axe). - Jouer sur le positionnement de départ des défenseurs (+ ou –
proches de leur cage) sur la position de départ du ballon, sur le
nombre de défenseurs en zone de déséquilibre (ex 2x1, 2x2 etc..).
- Donner un temps maximum pour terminer l’action…

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∫ PROGRAMME ª

SEMAINE 3 – SÉANCE 1
CHANGER LE RYTHME DE JEU (SITUATION)
Matérialiser 3 zones dans les couloirs : 1 zone de préparation (ZA), 1 zone inattaquable de décrochage (ZB) et 1 zone de changement de
rythme (ZC). Zone de finition dans l’axe avec 1 attaquant et 1 défenseur. L’objectif pour les attaquants (rouges) est de marquer en
profitant d’un changement de rythme. Si les défenseurs (bleus) récupèrent, ils marquent un point en trouvant un des deux joueurs cible
(jokers).

- 1er temps : les attaquants conservent le ballon à 4 contre 2 (possibilité de se servir du joker en soutien. Le joker a 2 touches de balle).

- 2ème temps : lorsque la situation s’y prête, l’attaquant situé au départ en Zone C décroche en Zone B pour solliciter une passe. Il peut
alors soit remiser (appui-soutien-appel), soit dévier directement pour un partenaire s’engageant en Zone C.

- 3ème temps : l’action continue dans un laps de temps imparti en 3 contre 2. Attaquants : le joueur s’étant projeté en Zone C + le
joueur ayant décroché + l’attaquant axial. Défenseurs : le défenseur axial + le défenseur latéral.

Finir l’action puis alterner avec la même situation de l'autre côté.

Variante :
Jouer sur un retour d’un
défenseur (exemple : un
des deux défenseurs ini-
tialement en Zone A) ou
sur la participation des
joueurs "côté opposé"
pour faire évoluer le
rapport de force.

SEMAINE 3 – SÉANCE 2
JEU COMBINÉ SUR LES CÔTÉS-UTILISATION DE LA LARGEUR
Evolution "à vide" à X joueurs positionnés en fonction du système de jeu de l’équipe (4-3-3 sur l’exemple). L’objectif est de marquer des
buts après avoir combiné sur les côtés. Répéter les actions, veiller à la coordination appels-passes ; appuis-soutiens-appels, finir les actions
puis recommencer en veillant au rythme.

Variantes :
- Imposer des lignes directrices (exemple : le
ballon doit être passé par les 3 zones).
- 3 touches de balles maximum et jeu en 1
touche obligatoire pour les joueurs sollici-
tant le ballon en appui.
- Obligation de retrouver un dédoublement
dans le cours de l’action, idem pour une
course croisée, une permutation….
- Jeu en 1 touche de balle dans les derniers
20 mètres.

72 Vestiaires
SEMAINE 4 – SÉANCE 1
DRIBBLES ET ENCHAINEMENTS (JEU)
Match à 8 contre 8 sur une moitié de terrain. Deux couloirs aménagés en 3 contre 2 offensif avec joker + 2 zones de finition en 2 contre
1 offensif. Les buts ne sont valables que sur centres.

Les attaquants doivent donc combiner entre eux ou éliminer individuellement leurs adversaires pour trouver les meilleures conditions
de centres. Encourager la prise d’initiative, les dribbles, les 1 contre 1 lorsque la situation s’y prête.

Variantes :
- Rester en 2 contre 2 sur les côtés (gestion de l’aspect athlétique).
- Possibilité d’aménager les zones latérales en biseaux.
- Déterminer une hauteur à partir de laquelle le joueur ayant remporté son 1 contre 1 offensif peut rentrer en zone axiale pour poursui-
vre l’action. Auquel cas, le défenseur latéral côté opposé rentre également pour jouer un 3 contre 2.

SEMAINE 4 – SÉANCE 2
CENTRES ET REPRISES
Circuit(s) de passes finissant devant la cage après un centre. Les ballons sont joués alternativement par les rouges, puis les bleus.
Comptabiliser les buts (concours entre les deux équipes). Privilégier les circuits courts et les conditions favorisant la répétition des
centres. Veiller à ce que le centre soit délivré en fonction des appels des attaquants ou en fonction de la lecture de la situation.

Variantes :
- Le circuit peut être libre ou imposé (le tout étant que l’on retrouve un centre).
- Possibilité de placer un défenseur (par exemple contre 2 attaquants).

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∫ FOOT ANIMATION ª

Au secours, je ne parviens
Ils n'en font qu'à leur tête. La difficulté de certains éducateurs à garder la maîtrise de leur séance, à
"tenir" les joueurs, est une réalité du football d'en bas. Reste à déterminer l'origine de cette indiscipline
chronique. Une démarche qui incite d'abord à sa propre remise en cause. Explications.
'est une vérité qui ne naturellement, il existe une

C c e s s e d e n o u s fa i r e
écho depuis la base. Les
éducateurs qui officient en
quatrième solution permet-
tant de conserver l'aspect
ludique et récréatif de la
école de foot n'ont jamais séance tout en préservant la
éprouvé autant de difficultés à notion de progression… et la
donner du sens à leur mission motivation de l'éducateur. "On
d'encadrement. En cause, t o u c h e i c i à l a n o u ve l l e
l'évolution des mentalités approche de la DTN sur ce
chez des jeunes enfants pour que doit être le football des
qui le football est devenu un jeunes en terme de contenu",
loisir consommable parmi explique Michel Drouilhat,
(tant) d'autres. Moins de pas- C o n s e i l l e r Te c h n i q u e
sion, d'investissement, d'ap- Départemental du district de
plication, de discipline… Les Seine et Marne Nord (77).
joueur s n'acceptent plus "Pendant longtemps, en for-
aujourd'hui qu'un minimum mation de cadres, on a insisté
de contraintes. On ne va plus au foot pour s'entraîner, mais pour jouer, sur des exercices un peu rébarbatifs et des canevas de séance bien
s'amuser, se défouler ! Dans ce contexte, les "coaches" peinent à s'y ficelés. L'idée aujourd'hui, c'est de recentrer l'activité sur le jeu,
retrouver. Car leurs attentes diffèrent de celles de leurs protégés. tout en instaurant des règles d'action permettant d'induire la
"Être éducateur, c'est bien travailler pour faire progresser", entend- réflexion et la progression du joueur". Mais qu'entend-on par "jeu" au
on le plus souvent.Travail et progrès : deux termes déjà rabâchés aux juste ? "Des situations jouées, en opposition, quel que soit le rap-
écoliers à longueur de journée ! "Non, le foot, c'est la récré" semblent port numérique, et dont l'aménagement et l'approche pédagogique
exprimer tous ces jeunes U9, U11, U13 qui, par cette attitude, encouragent le joueur à s'intéresser au contenu, à se l'approprier,
compliquent la tâche de l'éducateur. Cet éducateur qui, une heure et pour en devenir acteur. Le jeu ne doit plus arriver seulement comme
demie durant, essaye tant bien que mal de faire respecter l'ordre néces- la récompense de fin de séance. Il doit être un fil conducteur".
saire à un contenu maîtrisé. En hurlant le plus souvent… Cet éducateur
qui a peut-être échafaudé sa meilleure séance et qui se voit confronté, >"Celui qui s'évertue à vouloir faire taire des enfants
au bout de dix minutes, à la sempiternelle question : "c'est quand pendant sa séance est dans l'erreur" (Jacques
qu'on fait un match ?". Une question qui a le don d'agacer car elle Bouvret, CTD)
signifie ni plus ni moins que ce qui est proposé n'est pas intéressant.
Frustrant, dévalorisant, décourageant… Est-ce à dire qu'il ne faut proposer que du jeu ? Jacques Bouvret, CTD de
l'Eure (27) nuance : "on peut très bien alterner entre jeu et exercice
>"C'est quand qu'on fait un match ?" technique, par exemple, mais toujours garder à l'esprit que l'ob-
jectif est de proposer l'activité qui correspond le mieux au public
À la longue, trois cas de figure se détachent. Un : l'éducateur jette concerné. Or, l'enfant, le jeune, veut jouer. Après, c'est à l'éducateur
l'éponge. "Ils ne veulent pas s'entraîner, ils ne sont pas sérieux, ils ne de lui faire comprendre que dans un 5 contre 5, par exemple, il
sont pas gérables… J'arrête". Deux : l'éducateur s'entête à imposer le touchera plus souvent le ballon que sur un 8 contre 8 sur un demi-
contenu de sa séance. "Ce n'est pas à eux de me dicter ce que je dois terrain. Et toucher plus de ballons, cela veut dire dribbler plus
faire, il faut que je me fasse respecter". Malheureusment on entre- souvent, frapper davantage au but… C'est un message à faire passer
tient ici la frustration et l'écart entre les attentes de l'entraîneur et pour obtenir l'adhésion". Obtenir l'adhésion, voilà la clé. Pour dix
celles de l'entraîné se creuse. C'est pire.Trois : l'éducateur dit amen en éducateurs qui "serrent la vis" dans le but de mater les récalcitrants,
quelque sorte à la volonté de ses joueurs en improvisant un match à combien pensent d'abord à optimiser le contenu de leur entraîne-
chaque séance ou presque. "Jouez !" . Ce faisant, il occulte toute notion ment pour focaliser davantage l'attention des joueurs vers le jeu et
de progression. Sans compter que l'idée d'un éducateur voué à n'être éviter ainsi qu'ils ne se dispersent ? Plus facile à dire qu'à faire me
qu'un distributeur de chasubles ne réjouira pas le lecteur... Alors, direz-vous. Soit ! Jacques Bouvret : "de toute façon, à cet âge, l'atten-

74 Vestiaires
pas à tenir mes joueurs !
tion, la concentration font défaut, et c'est normal. C'est d'ailleurs chose qui compte est de les placer dans un contexte favorable à leur
pour cette raison qu'on préconise des séances intéressantes et épanouissement et curiosité". L'indiscipline ne serait-elle pas en défi-
variées, avec des ateliers qui ne dépassent pas 10 à 12 minutes.Au- nitive, pour une part en tout cas, que l'expression du désintérêt du
delà, le joueur décroche et n'écoute plus. Une chose est sûre : celui qui joueur vis-à-vis de ce qu'on lui propose ? Se poser la question, c'est
s'évertue à vouloir faire taire des enfants pendant la séance est un peu y répondre.
dans l'erreur ! Chercher à les transformer est peine perdue. La seule ■ Julien Gourbeyre.

Pierre SAGE. Titulaire du DEF, Pierre Sage est par ailleurs président de AltisGroup, société de conseil,
formation et accompagnement de clubs de football.

"Assouvir le plaisir de l'enfant sans occulter les


objectifs pédagogiques"
Etes-vous d'accord pour dire que les jeunes lonner aux autres dans le temps, et donc de continuer
licenciés en école de foot souhaitent de plus à jouer. Une chose est sûre, l'éducateur a ici un grand
en plus pratiquer, à l'entraînement, un jeu rôle à jouer. C'est lui qui doit favoriser la progression du
sans contrainte ? Oui, ce qu'ils veulent, c'est jouer, joueur. Et pour ce faire, il doit stimuler, être un activa-
s'amuser, point. Cela amène forcément l'éducateur à teur, mettre de la compétition dans les jeux, avoir une
se questionner sur la méthode à employer. attitude questionnante… Après, pour savoir si on a
réussi ou échoué, j'ai coutume de dire que le meilleur
Justement, laquelle est-elle selon vous ? Sans indicateur,c'est le renouvellement des licences la saison
dire de créer un leurre, je crois que l'éducateur à tout suivante.
intérêt à proposer des jeux axés sur le plaisir, l'aspect
ludique, mais dans lesquels il placera quelques règles visant à mainte- N'y a-t-il pas un fossé tout de même entre les contenus de
nir la notion de progression. En d'autres termes, mettre en place des formation de cadre, où l'on vous enseigne à structurer
séances à base de jeu de façon à assouvir le plaisir de l'enfant, tout une séance de manière cohérente, et la réalité du ter-
en n'occultant pas les objectifs pédagogiques. rain qui vous pousse avant toute chose à vous adapter ?
Je ne crois pas. La base de l'apprentissage, c'est d'être capable de le
Des objectifs vers lesquels on peut tendre au choix à déplacer, de le transposer. En formation, on configure des problèmes
travers l'utilisation des variables pédagogiques ? et on vous enseigne une méthode.Mais c'est à l'éducateur ensuite,dans
Exactement. L'espace de jeu, le rapport numérique, la cible, etc… son club, d'élaborer le contenu de sa séance ! A lui d'adapter ses conte-
nus au public qu'il a en face de lui. À un moment donné, il faut savoir
Mais beaucoup d'enfants, en U11 et U13 surtout, deman- dépasser le cadre de l'organisation et de l'animation d'une séance
dent à leur coach de "faire un match", sous- "Les joueurs doivent pour aller vers la conception et l'enseignement.
entendu "comme le week-end", sur le demi- intégrer le fait que l'en-
terrain et avec les vraies cages. Pour cer- Pour finir, on ne peut nier le fait qu'indé-
traînement renferme
tains, le jeu c'est cela, et rien d'autre… D'abord, pendamment de ce qu'il propose à l'entraî-
aussi une part de frustra-
on peut tout à fait proposer une opposition dans les nement, l'éducateur peut aussi se voir
tion. C'est la conjugaison
conditions du match du week-end, tout en imposant confronté à un problème de discipline.
une ou deux règles permettant de maintenir son objec-
avant la dictée…" Quels conseils lui apporteriez-vous ? De poser
tif de séance. Ceci étant, je dirais que les joueurs doivent intégrer le fait un cadre de fonctionnement, fixer les règles de groupe, situer les
que l'entraînement renferme aussi une part de frustration. C'est à limites. Cela peut paraître banal, mais l'expérience montre que peu
l'éducateur de leur inculquer ce message. Par moment, la séance est au d'éducateurs le font "vraiment". C'est-à-dire accepter de perdre peut-
match ce que la conjugaison est à la dictée. être une à deux séances avec ça, mais gagner ensuite en efficacité. On
peut même aller plus loin en posant ce cadre avec les joueurs. Ils sou-
Mais s'est-on déjà posé la question de savoir si les enfants mettent, vous validez. Enfin, j'ajouterais que la discipline fait partie du
qui veulent simplement jouer ont "aussi" envie de pro- projet club. Si les enfants n'ont pas été habitués à un cadre de fonction-
gresser ? Même si cette volonté n'est pas consciente au départ, nement en U7 et U9, il y a fort à parier que l'éducateur U11 aura du mal
c'est bien la progression qui va permettre à l'enfant de pouvoir s'éta- à faire évoluer de mauvaises habitudes… ■

www.vestiaires-magazine.com 75
Suite page suivante 
∫ FOOT ANIMATION ª

La méthode Coerver conserve ses (nombreux) adeptes


1 ballon pour 1 joueur. Décriée par un certain nombre de techniciens français, pour lesquels
l'entraînement ne doit plus se concevoir qu'à travers la globalité du jeu, la méthode Coerver continue
pourtant d'alimenter les séances de nombreux grands clubs européens, tels l'Ajax Amsterdam ou le Standard
de Liège. Deux écuries visitées récemment par VESTIAIRES et dans lesquelles nous avons été effectivement
surpris par l'habileté technique et motrice des enfants en école de foot. Explications.

u cours de notre dernier reportage au sein de l'Académie


A Robert-Louis Dreyfus du Standard de Liège, nous avons pu
assister à un plateau U7, U9 et U11 regroupant une dizaine de
petits clubs amateurs du coin.Très vite, nous avons été bluffé par
l'habileté technique et motrice de ces footballeurs en culotte
courte ! Conduite de balle maîtrisée, contrôle orienté, redouble-
ment de passes… Rien de comparable avec ce que l'on voit en
France, hormis peut-être dans quelques écoles de foot de clubs
professionnels. Et encore… Alors pourquoi (et comment) une
telle différence ? Un premier élément de réponse nous a été vitesse, recevoir et passer, se déplacer, finir...). Il suffit de voir sur
donné par l'échauffement des joueurs avant le coup d'envoi. la toile quelques vidéos d'entraînement pour se rendre compte
Alors qu'en France, l'éducateur sort généralement de son sac 2 de tous les bienfaits de cette méthode sur l'habileté technique
ou 3 ballons à s'échanger librement ou de façon et motrice des joueurs, et de l'importance, pour
dirigée, là, chaque enfant a sa boule de cuir. S'en Développement de la l'éducateur, de démontrer... Nous en avons d'ail-
suit une répétition de gammes techniques étonne- technique individuelle, de leurs publié une, extraite d'une séance U9 à l'Ajax
ment bien exécutées. Le "mystère" est résolu. la vitesse d'exécution, et Amsterdam, sur notre site Internet (www.ves-
Depuis toujours influencés par le voisin néerlan- de la créativité tiaires-magazine.com). Reste que la méthode
dais en matière de football, les clubs belges utili- Coerver – à ne pas confondre avec la méthode
sent eux aussi la méthode Coerver, du nom de l'ancien techni- purement analytique et limitante - a aussi ses détracteurs.
cien hollandais,Wiel Coerver, vainqueur de la Coupe UEFA en Français et Espagnols, par exemple, lui préfèrent une approche
1974 avec Feyenoord. Une approche de l'entraînement basée de l'entraînement, en école de foot, basée essentiellement sur
sur la technique individuelle, la vitesse d'exécution, la créativité, le jeu. Cette dernière a elle aussi fait ses preuves. Il n'y a donc pas
et qui a fini par s'exporter aux quatre coins du monde. Cette phi- de bonne ou de mauvaise recette. Comme toujours, la vérité
losophie qui repose sur la recherche constante de développe- se situe très certainement dans un savant mélange des deux
ment technique du joueur, et sur un jeu en mouvement basé approches, permettant ainsi une plus grande variété et richesse
sur l'offensive, à la fois attractif, créatif voire instinctif, s'organise des contenus d'entraînement. N'est-ce pas là finalement le
à l'entraînement autour de la "pyramide de développement" meilleur moyen de fidéliser et de faire progresser ?
du joueur, constituée de plusieurs axes (maîtrise du ballon, ■ JG

EXEMPLE PRATIQUE

Voici un exemple d'exercice en rapport avec l'axe de développement "se


déplacer". Cet axe de travail vise à se déplacer, donc, et à créer des espaces
face à des défenses regroupées. Des exercices de 1 contre 1 ou 2 contre 2 qui
prônent également le dribble, le mouvement, l'initiative, le choix, et qui
vont nécessiter des changements de rythme, de direction, des feintes, afin
de prendre le dessus sur son adversaire. Ici, au signal de l'éducateur (visuel
ou auditif), un joueur de chaque équipe court le plus rapidement possi-
ble, passe dans la porte, et joue un ballon adressé par l'éducateur. Le but :
faire tomber un des deux ballons posés sur les quilles. Les joueurs devront
donc insister sur les feintes et changements de direction pour se donner
l'espace et donc le temps nécessaire à l'ajustement de leur frappe.

76 Vestiaires
EN
qui représentait les Bleus dans cette compé- jeu ! Pendant que les joueurs défendent ou
tition internationale réservée aux U13. Les attaquent, leurs éducateurs se déplacent
Sangs et Or ont dominé les jeunes Brésiliens donc à leur côté (sans courir) pour les conseil-

BREF…
du Sport Clube Andrelandia après avoir éli- ler, les encourager, les rassurer, et arbitrer.
miné l'Argentine, le Mexique et le Japon aux Etonnant.
tours précédents. La finale s'est disputée à
We m b l e y s o u s l e s y e u x d u p a r r a i n d e Exercice ludique U7-U9 : Chameau –
Plus 110% de CFF1 (ex-Initiateur 1 en l'épreuve, Zinédine Zidane. A noter enfin Chamois
2012-2013) ! que les Lensois comptaient dans leurs rangs Voici un exercice ludique permettant de déve-
La nouvelle architecture des diplômes mise un certain Jonathan Varane, petit frère du lopper l'attention, la concentration, la vitesse
en place par la Direction Technique Nationale défenseur du Real Madrid et de l'équipe de de réaction et la vitesse-vivacité d'un jeune
va incontestablement dans le sens d'une aug- France. public U7-U9.
mentation de la compétence des éducateurs
à la base. Jugez plutôt : outre les 294 modules Pas d'étirements avant les U11 Séquence 1 (6 minutes) : une colonne
U9 et 220 modules U11 enregistrés sur la sai- A chaque match ou entraînement, on voit de joueurs (2 équipes) avec, de part et d'au-
son 2012-2013 (8853 participants au total), encore des éducateurs faire pratiquer des éti- tre, une ligne de plots rouges ("chameau")
la DTN a enregistré pas moins de 13 343 certi- rements à leurs joueurs en école de foot. Cette et une ligne de plots jaunes ("chamois").
fications (CFF1) contre 6389 en 2011-2012 ! pratique - si elle peut présenter un intérêt L'éducateur raconte une histoire.
éducatif - ne remplit en revanche aucun objec- Lorsqu'apparaît le mot chameau ou chamois,
Des canons à ballons aux stages Passion tif de prévention des blessures ou de sou- les joueurs doivent réagir le plus vite possible
Foot ! plesse. En effet, jusqu'en U11 les enfants ne en sprintant vers la ligne correspondant. Le
Une nouveauté en 2014 pour les pension- sont pas concernés par les lésions musculaires dernier arrivé donne un point à l'équipe
naires des stages Passion Foot : Bruno Mignot, de type élongation ou claquage. Et pour ce adverse. L'équipe qui cumule le plus de points
président de l'association, a breveté des qui concerne la souplesse, Charles Thiebauld remporte le jeu.
"canons à ballons" destinés au football d'ani- et Pierre Sprumont, auteurs de l'ouvrage
mation, et permettant aux jeunes pratiquants "L'enfant et le sport", confirment qu'un Séquence 2 (6 minutes) : les joueurs sont
de travailler l'amorti pied/poitrine ou encore "entraînement de souplesse n'est pas néces- maintenant regroupés dans un carré de 20x20
le jeu de volée. saire avant 9-10 ans, Excepté pour certains mètres (à adapter selon le nombre de
Renseignements : www.passionfoot.org sports comme la gymnastique ou la danse". joueurs). Les bleus sont les "chameaux", les
blancs les "chamois". Ils sont positionnés en
U13 : les bleus champions du monde ! En Espagne, les éducateurs coachent file indienne (l'une à côté de l'autre).
L'information est "presque" passée inaper- sur le terrain ! L'éducateur raconte une histoire.
çue, et pourtant ! Quinze ans après les Bleus Voilà qui ferait bondir plus d'un Conseiller Lorsqu'apparaît le mot chameau, les blancs
d'Aimé Jacquet, la France est montée sur le Technique Départemental français. Dans la (chamois) doivent attraper les bleus (cha-
toit du monde, le 6 septembre dernier, en plupart des clubs amateurs espagnols, il est meaux) et inversement. L'équipe qui a réussi
battant le Brésil en finale de la Danone admis que les éducateurs en foot réduit coa- a attraper les joueurs adverses en un mini-
Nations Cup, aux tirs au but. C'est le RC Lens chent leurs joueurs à l'intérieur de l'espace de mum de temps remporte le jeu.

Exercice ludique U7-U9 :


Chameau – Chamois

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


www.vestiaires-magazine.com 77
∫ Etranger ª

STANDARD DE LIEGE
Valeurs, progrès et innovation
Laboratoire. Sortie de terre il y a six ans, l'Académie Robert-Louis Dreyfus a doté le Standard de Liège
d'un outil haut de gamme lui permettant de mener une politique de formation citée en référence aujourd'hui
dans tout le pays. Plus qu'une politique, une "philosophie" basée en priorité sur le bien-être et
l'épanouissement personnels des jeunes. D'où ce travail de recherche de tout ce qui peut améliorer le
quotidien et la progression des footballeurs en herbe. Un travail de réflexion, de création, d'innovation, réalisé
dans le sillage du Directeur de la structure, l'ancien formateur nancéen Christophe Dessy. VESTIAIRES a passé
deux jours au sein de ce véritable laboratoire duquel on n'a peut-être pas fini d'entendre parler…
la question : "Quel est le pre-

À mier critère pour entraî-


ner en formation au
Standard de Liège ?", le directeur
de l'Académie, Christophe Dessy -
passé par l'AS Nancy-Lor raine
(1999-2004) - nous répond : "Etre
sportif. Plusieurs fois par mois,
nous faisons une sortie, que ce soit
en VTT ou en course à pied. Je ne
veux pas d'éducateur qui se laisse
aller. C'est un état d'esprit". État
d'esprit. Le mot est lâché. Il ne nous
quittera plus pendant tout notre
séjour en Wallonie. Rarement un
centre de formation nous aura
donné l'impression d'un lien aussi
étroit et inaliénable entre valeurs
humaines et performance sportive.
Et ce à tous les étages. Du suivi scolaire (32 heures de cours par
semaine… avec heures de soutien le mercredi après-midi et présence >École de foot : Subbuteo, jeu de cartes et volley-ball !
à l'Académie de plusieurs joueurs universitaires) au code vestimentaire
(chaussures de football noires obligatoires pour éviter les vols et ne pas L'état d'esprit, on l'a dit, des valeurs - "la popularité de Marseille et la
créer de disparité) en passant par le recrutement des jeunes ("on ne dis- combativité des gens du Nord" dit-on ici - mais aussi un véritable
cute pas avec les agents. De toute façon, nous ne mettrons jamais savoir-faire. Chez les petits
d'argent sur un jeune") ou encore la relation avec les parents (étroite, d'abord, où la méthode Coerver
riche et constructive), tout semble mis en œuvre pour tendre vers (voir page 74) est préconisée
l'épanouissement et la réussite "globale" du joueur, avant d'envisager pour développer les habiletés
plus spécifiquement sa réussite "sportive". Une politique qui a déjà techniques. Bluffant. L'influence
porté ses fruits si l'on en juge par le nombre de professionnels sortis de néerlandaise, toute proche, ne
l'Académie Robert-Louis Dreyfus en moins de six années d'existence se dément pas. Mais le plus éton-
(voir par ailleurs). En un temps record, le Standard de Liège a donc su nant demeure sans doute le tra-
se doter du meilleur outil de formation et du plus bel espace de jeu (17 vail de recherche et de réflexion
hectares) dédiés aux jeunes du Royaume. Des installations et un maté- visant à optimiser l'entraîne-
riel de pointe qui font des "Rouches" une référence en matière de for- ment et l'approche pédago- Sur les ateliers de psychomotricité,
les jeunes en école de foot alternent
mation en dépit d'un budget (36 ME) deux fois inférieur à celui du gique avec la présence notam- entre exercice de coordination et
grand rival,Anderlecht. Mais le Standard, qui renferme également la ment d'un psychomotricien réflexion personnelle à base de
meilleure section féminine du pays, a d'autres atouts. détaché de l'université de Liège. cartes à jouer.

78 Vestiaires
HISTOIRE DE VOITURE ET D'AVION
EN ÉCOLE DE FOOT…
En foot réduit à 5, le Standard fait travailler les joueurs sur deux
organisations de jeu : en carré (2 défenseurs, 2 attaquants) pour
travailler la zone, et en losange (1 défenseur, 2 milieux excentrés,
1 attaquant) pour favoriser les circuits de passes à 2, à 3. Selon
que l'on attaque ou que l'on défend, le carré est matérialisé
dans l'esprit des enfants par la "petite ou grosse voiture" tandis
que le système en losange évoque un "petit ou gros avion".

respectant une planification annuelle qui, elle seule, leur est impo-
sée. "Cela ne m'empêche pas de contrôler les contenus", explique
Tableau noir ludique avec un match à l'aide d'un terrain de Subbuteo. Christophe Dessy. "Chaque jour, je participe à une séance, mais les
Les joueurs doivent placer un bonhomme en fonction d'une situation éducateurs ne savent pas laquelle…".
de jeu imaginée par l'éducateur.

Parmi les actions mises en place par ce dernier, on notera par exemple >Un 4-4-2 immuable, "véritable
les mini séances de "tableaux noirs" réalisées à l'aide d'un terrain institution"
Subbuteo, pendant lesquelles les joueurs sont invités à venir placer tel Un management participatif dont l'unique
ou tel bonhomme en fonction d'une situation de jeu ! Il y a aussi les cir- objectif est de sor tir de futur s pros
cuits de coordination avec, parmi les ateliers, un exercice de réflexion "conformes" aux attentes et à la philoso-
personnelle à base de cartes à jouer ?! "Nous veillons à travailler à la phie du Standard. Mais aussi à son style de
fois sur le corps et l'esprit", souligne Christophe Dessy. "L'enfant doit jeu. À ce sujet, notons que la catégorie U19
L'éducateur des U14,
toujours être actif et en éveil".Autre spécificité, la mise en place d'un est la première à basculer du 4-3-3 au 4-4-2, Fabian Nicolai, a découpé
jeu de volley-ball avec une grosse balle, très légère, qui reste plus long- "le système de jeu historique et immuable un jeu de chasubles de
temps en l'air, permettant ainsi aux enfants de travailler leur psychomo- du Standard. Une institution ici", rap- façon à ce que les joueurs
tricité. Génial. "En école de foot, nous allons nous diriger de plus en pelle Christophe Dessy. "On veut des les portent comme une
plus vers ces jeux ludiques qui aident les enfants à développer leur joueurs rapides et portés vers l'offensive, écharpe. L'objectif : opti-
miser la prise d'informa-
motricité par le biais de différentes activités. Nous avons d'ailleurs que ce soit devant ou sur les côtés. Nos tion en obligeant le joueur
instauré une journée par mois 100% ludique, des U8 aux U14". deux attaquants actuels en équipe profes- à lever la tête.
sionnelle ont 19 ans ! Un bon moyen de
>Une machine à rebond montrer à tous nos jeunes qu'on leur fait confiance". D'ailleurs, à
inédite pour les gardiens chaque match disputé à Sclessin, le Directeur de l'Académie souligne
de but ! en fluo sur la feuille de match les titulaires passés par le centre de for-
mation, avant de l'afficher dans les vestiaires de l'Académie. "Ainsi,
En préformation, l'approche est enfants et parents peuvent constater que nous ne mentons pas
la même. Technique, jeux et lorsque nous avançons que le club fait confiance à ses jeunes". Et ce
coordination sont omnipré- n'est sans doute pas près de se terminer.
Jorge Veloso, l'entraîneur des gar- sents.Toute programmation tac- ■ Julien Gourbeyre
diens U11-U14, a élaboré lui-même
une "machine à rebond" dont il s'ap- tique est exclue ! La volonté d'in-
prête à déposer le brevet. venter de nouveaux procédés SEULEMENT 2 SÉANCES COLLECTIVES
per mettant d'optimiser les HEBDOMADAIRES À PARTIR DES U15
contenus d'entraînement est bien présente, elle.Ainsi, depuis cette sai-
son, c'est Fabian Nicolai, l'éducateur U14, qui à innové avec le port Au Standard de Liège, la catégorie U15 marque un tournant
de chasubles autour du cou "afin d'inciter le joueur à davantage décisif dans le cursus de formation du joueur. D'abord, c'est là
lever la tête pour prendre l'information, plus difficile à capter". De que démarre véritablement le développement athlétique avec
vieilles chasubles découpées en bande pour l'occasion. Et les gar- le passage de différents tests physiques (VMA, vitesse, Cybex…).
diens ne sont pas en reste. Jorge Veloso, l'entraîneur spécifique U11-U14 La musculation, elle, ne démarre qu'en U19. La catégorie U15
a imaginé et mis au point lui-même une machine à rebond à 5 faces per- marque par ailleurs le début de l'individualisation de l'entraîne-
mettant une multitude d'exercices à plusieurs gardiens (voir vidéo ment. "Dans la semaine, les joueurs n'ont que deux séances col-
sur www.vestiaires-magazine.com). Le technicien s'apprête à breve- lectives. Tout l'entraînement est individualisé par mini-groupe
ter son invention ! On voit bien ici toute la marge de manœuvre dont le reste du temps. On cherche le progrès avant d'obtenir des
bénéficient les éducateurs du Standard, encouragés à faire preuve de résultats. Le classement des équipes de jeunes est chez nous
créativité dans leurs séances, qu'ils conçoivent eux-mêmes tout en secondaire".

www.vestiaires-magazine.com 79
Suite page suivante 
∫ Etranger ª

Joueurs passés pro ces 6 dernières années


Une grande famille. Voici les principaux joueurs sortis de l'Académie Robert-Louis Dreyfus depuis sa création, il y a 6 ans.
Nombre de ces joueurs, originaires de la région de Liège, ont passé plus d'une décennie au club, depuis les équipes de jeunes.
Christian Benteke (Aston Villa, Ang) Fesquet Penga Ilenga (RFC Liège, Bel) Mehdi Carcela (Standard Liège)
Grégory Servais (RFC Huy, Bel) Kadir Bekmezci (Sivasspor, Tur) Michy Batshuayi (Standard Liège)
Ritchie Kitoko (Udinese, Ita) Marouane Fellaini (Manchester United, Imoh Ezekiel (Standard Liège)
Samuel Piette (Real Union club, Esp) Ang) Anthony Moris (Standard Liège)
Réginal Goreux (Samara, Rus) Jérôme Nollevaux (FC Brussels, Bel))
Nacer Chadli (Tottenham, Ang) Valentin Goffin (CS Visé, Bel) Paul-José M'Poku (Standard Liège)
Thomas Meunier (FC Bruges, Bel) Miguel Dachelet (Heist, Bel) Julien De Sart (Standard Liège)
Luis Cavanda (Lazio Rome, Ita) Axel Witsel (Zénith, Rus) François Marquet (Standard Liège)
David Rico Garcia (La Calamine, Bel) Sébastien Pocognoli (Hanovre, All).

Fellaini, l'ambassadeur
Il est à ce jour le plus beau joyau façonné par le
Standard de Liège. Arrivé en bord de Meuse à 16
ans, l'actuel milieu de terrain de Manchester United
demandes émanant d'Angleterre de personnes dési-
reuses de comprendre notre philosophie de forma-
tion (…)". Le Red Devil est devenu un ambassadeur de
a disputé 84 matches avec les "Rouches" (2006-2008) choix pour les formateurs du Standard. Non seule-
avant de rejoindre Everton puis MU l'été dernier. ment sur le plan sportif, mais aussi d'un point de vue
Une formidable vitrine pour l'Académie Robert-Louis éducatif. Car le joueur a laissé l'image d'un garçon
Dreyfus, comme l'expliquait récemment Christophe très poli, discipliné et équilibré. À tel point que le 11
Dessy dans le magazine officiel du club : "(…) août dernier, lors d'une rencontre entre le staff et
Marouane Fellaini a attiré les projecteurs sur notre les familles des jeunes de l'Académie, le directeur
centre de formation. Depuis un peu plus d'un an, il y du centre a diffusé un documentaire de 28 minutes
a une prise de conscience de l'opinion publique que sur le Diable Rouge. Un film qui montre que l'ascen-
quelque chose de bien se passe au Standard. Parce sion de ce géant d'1m94 tient aussi et surtout à "sa
que Nacer Chadli (Tottenham, Ndlr), Christian mentalité de gagneur et le rôle essentiel joué par sa
Benteke (Aston Villa, Ndlr) et Kevin Mirallas (Everton, famille qui lui a inculqué des valeurs qui dépassent
Ndlr) sont passés par ici, on reçoit beaucoup de très clairement les limites d'un terrain de football".

80 Vestiaires
Programme pédagogique
hebdomadaire des U17
JOURS MATIN APRES-MIDI

Techniques statiques Techniques défensives


LUNDI
ou dynamiques (jeux) et offensives

Techniques spécifiques
Développement VMA /
MARDI + jeux à thèmes +
Vitesse
Phases arrêtés

Développement tac-
MERCREDI Ecole tique (exercices +
situations)
Christophe Dessy
Toutes formes de jeux
JEUDI Ecole à thèmes + phases
arrêtées Un recrutement très local
Vitesse + développe-
VENDREDI ment tactique Ecole P as moins de 30 recruteurs officient pour le Standard de Liège
(dont 11 pour l'école de foot, dans un rayon de 40 km, et 19 sur
l'ensemble du territoire). Plusieurs clubs partenaires, régio-
(mise en situation)
naux, nationaux voire internationaux sont rattachés au club.
Lorsqu'un joueur extérieur est repéré en formation, il passe
SAMEDI Repos Match de championnat d'abord plusieurs mois en immersion au sein du club. "Par expé-
rience, il faut faire attention aux joueurs qui donnent tout et se
montrent sous leur meilleur jour pendant un essai, avant de
DIMANCHE Repos Repose
vous décevoir par la suite… Sur la durée, en revanche, on ne
peut pas tricher", explique le Directeur de l'Académie. Notons
qu'une majorité de joueurs sont issus de la région de Liège.

www.vestiaires-magazine.com 81
∫ EXPATRIÉ ª

Guillaume Beuzelin ouvre l’Ecosse


aux jeunes français
Passerelle. L’ancien attaquant du HAC notamment entraîne depuis un an
les joueurs de l’Edusport Academy au cœur de l’Ecosse, près de Glasgow.
Récit d’un passionné qui affiche ses ambitions.

provenance de centres de formation", explique

"L
e football écossais, c’est d’abord un état d’esprit, une
ambiance… Ca m’a plu". Ce n’est donc pas seulement l’ancien attaquant. "Mon rôle est d’accueillir les
pour les beaux yeux de Madame, Ecossaise, que Guillaume joueurs sur un programme de 9 mois durant lesquels je les entraîne
Beuzelin, dit "Boozy", a choisi d’entraîner au Royaume-Uni.Après une chaque matin. L’après-midi, ils suivent des cours d’anglais. Et le
car r ière de joueur qui l’aura mené du Havre aux Hiber nian week-end, ils affrontent des équipes semi-pro et professionnelles lors
d’Edimbourg en passant par l’Angleterre (Coventry) ou encore de matches amicaux avec l’ambition de se montrer et de décro-
Chypre (Nicosie), le natif de Haute-Normandie, usé par des blessures cher un contrat".
à répétition, raccroche les crampons en 2012, à 33 ans. C’est là que
Christopher Ewing, directeur de l’Edusport Academy, le sollicite pour >"Une différence de tempo et d'intensité souvent
lui proposer un projet. Guillaume Beuzelin raconte : "L’idée de Chris surprenante pour les jeunes joueurs, lorsqu'ils
m’a séduit tout de suite : il voulait créer un lien, une passerelle arrivent"
entre la France et l’Ecosse pour attirer des joueurs français dans
cette structure afin de leur donner l’opportunité d’intégrer un Et ça marche ! Pour preuve, l’année dernière, Nicolas Carrou, gar-
club professionnel écossais. Ayant joué dans les deux pays, je dien de but passé par le centre de formation de Lens, a signé un contrat
connaissais beaucoup de monde…".Ainsi, Ewing trouve en "Boozy" pro à Morton (D2 écossaise). Cette année, il a été titulaire et élu très
la personne idoine, capable par son passé de joueur de faciliter ce récemment "homme du match" au terme d’une victoire prestigieuse
lien entre les deux pays. "L’académie, pour sa troisième année au Celtic Park de Glasgow ! "Nous avons également un ancien pen-
d’existence, accueille actuellement 35 joueurs français, âgés de sionnaire du centre de formation de l’OM, qui effectue actuelle-
17 à 22 ans, généralement recrutés au niveau DH-CFA2, parfois en ment un essai au Glasgow Rangers. Un joueur dans lequel nous met-
tons beaucoup d’espoir". Mais tous ne réussiront pas, naturel-
lement. Si rien ne se profile à l’horizon au terme des 9 mois, le
joueur retourne en France avec, dans ses bagages tout de même,
une expérience culturellement et sportivement riche, dans un
contexte très différent de ce que l’on connait en France. Un
football dont le fameux "kick and rush" a laissé place à une
toute autre approche, comme nous l'explique Guillaume
Beuzelin. "Ayant pratiqué le football dans les deux pays, j’ai
constaté une différence de tempo souvent surprenante pour
les jeunes joueurs français, lors des premiers matches.
Pourtant, après une période d’un ou deux mois, ils s’adaptent
et souvent s’y plaisent. D'ailleurs, pour les préparer au mieux,
nous invitons des joueurs écossais de bon niveau à venir
s’entraîner avec nous". Les entraînements sont donc basés sur
l'intensité. Quant à Guillaume Beuzelin, s'il se dit heureux de son
sort, il garde néanmoins dans un coin de sa tête le projet d’entraî-
ner un jour une équipe professionnelle. Il s’en donne les moyens
en finissant de passer tous les diplômes nécessaires. Et peut-
être alors, utilisera-t-il une nouvelle fois la passerelle. Mais dans
l’autre sens.
■ François Villebrun

www.edusportacademy.com

82 Vestiaires
Publireportage

Ambassadeur. Kipsta s'est associé à Mickaël Landreau par le biais d'un partenariat inédit basé sur une
démarche de co-conception. L'idée : combiner le savoir-faire des Chefs de Produit de la marque des sports
collectifs du réseau Oxylane, avec l'expérience de sportif de haut niveau de l'actuel portier bastiais, dans le
but de faire naître des produits innovants et durables. Explications avec le principal intéressé.

Mickaël LANDREAU : "Pourquoi


j'ai choisi de
m'investir aux côtés de la marque Kipsta"
Pourquoi avoir accepté de vous contact par téléphone ou lors de
investir dans ce partenariat d'un mes visites au siège de la
genre nouveau avec la marque marque. Les échanges étaient à
Kipsta ? C'est la première fois chaque fois très constructifs.
effectivement qu'une marque me Chacun était à l’écoute de mes
proposait une telle collaboration observations et en même temps
visant à m'impliquer de manière force de proposition pour me
concrète dans la conception de soumettre les meilleurs compo-
produits pour gardiens de but. sants avec un rapport
Une approche très différente de qualité/prix intéressant. C’est
celles que j'ai pu connaître par le aussi en cela que cette collabo-
passé avec d'autres équipemen- ration m’a plu : le fait de tendre
tiers. C'est ce qui m'a séduit. vers l’excellence, mais au meil-
leur tarif. Le travail que j’ai pu
Comment s'est traduite cette implication ? Dès le premier jour faire sur les gants et les chaussures a permis en effet de ser-
de ma collaboration avec Kipsta, j’ai été immergé au sein de vir de base pour concevoir d’autres niveaux de gamme afin
l’équipe de conception football constituée des Ingénieurs que chacun puisse s’équiper avec les mêmes produits que
Produit, Chefs de Produit, designers et modélistes. Tous ceux des pros.
pratiquent le football et savent de quoi ils
parlent. Sur le gant par exemple, j’ai "Les gants commercialisés De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui,
travaillé avec une personne qui a lui-même aujourd'hui en magasin sont via ce partenariat avec Kipsta ? D'avoir
été gardien de but. Il comprenait donc exactement les mêmes que réussi à développer une gamme complète
parfaitement les retours que je pouvais lui ceux que je porte" de gants répondant à 100% des besoins
faire suite aux tests des gants. des gardiens de but de haut niveau (voir
par ailleurs). D'autant que ceux qui sont aujourd’hui commer-
Vous vous êtes senti impliqué à 100% dans la création et la cialisés en magasin sont exactement les mêmes que ceux que
fabrication de ces nouveaux produits ? Complètement. Pour je porte, ce qui permet à tous de pouvoir s’équiper avec un
arriver à un produit optimal, nous avons souvent été en produit haut-de-gamme et à un prix raisonnable.

3 modèles distincts
De la collaboration entre Kipsta et Mickaël Landreau est née une gamme complète de gants de gardien de but, la gamme F700,
constituée de trois modèles :
Le F700 Coutures Plates Le F700 Rollfinger Le F700 Finger Protect
∫ RÉCIT TACTIQUE ª

" Nous avons fait le match que


Toulouse/Lyon (3-0) - 25 novembre 2012 (14e journée de L1).
Une fois n’est pas coutume, VESTIAIRES s’est plongé dans une
rencontre de championnat de notre élite professionnelle.
■ Par Alain CASANOVA Approche tactique, principes de jeu, mise en œuvre…,
Entraîneur du Toulouse
Football Club (Ligue 1).
Alain Casanova, le coach toulousain, nous fait le récit tactique
du match TFC-OL, datant d'il y a un an.

eplaçons dans un premier temps ce match dans le contexte du staff lyonnais était de bloquer la première relance d'Etienne

R du championnat de France de Ligue 1 en novembre de l’an-


née dernière. Nous devions rencontrer une équipe de Lyon
qui nous était supérieure sur le papier. À ce stade de la compétition
Capoue, à l’intérieur du jeu, dans la remontée du ballon. Quant à
nous, l'équipe était organisée en 4-1-4-1 avec Capoue devant nos
quatre défenseurs, le duo Didot-Sissoko en milieux relayeurs,
(14e journée, Ndlr) et malgré notre bon début de saison, nous deux joueurs de couloir (Tabanou et Regattin), et un attaquant
nous étions un peu essoufflés (9e au classement, Ndlr) et restions axial en la personne de Ben Yedder. Le rapport de force pouvait
sur quatre défaites consécutives dont une en Coupe de la Ligue. sembler déséquilibré, mais nous demeurions convaincus que l'OL
Notre situation était plutôt précaire... Pour Lyon, en revanche, ce restait vulnérable en défense, notamment à cause d'une charnière
match au Stadium pouvait permettre de conforter leur place de lea- centrale Umtiti-Bisevac qui manquait de coordination et d’automa-
der (après 7 victoires, 4 nuls et 1 défaite, Ndlr). Pour des raisons dif- tismes.
férentes, cette affiche revêtait donc un certain enjeu des deux
côtés. Précisons que l'OL nous réussissait plutôt bien jusqu’à >Pratiquer un jeu direct en réduisant volontairement
maintenant, surtout à domicile. Tactiquement, j’étais persuadé la préparation de notre jeu offensif, contrairement à
que si nous restions bien en place, organisés avec des principes de ce que nous avions l’habitude de faire…
jeu simples, nous allions être capable de leur poser des pro- Tactiquement, l’idée de base était de mettre beaucoup d'inten-
blèmes… sité, de rythme et d'engagement physique dès l’entame du match.
Pour ce faire, j’ai demandé à mes joueurs de pratiquer un jeu direct
>Je pense que l'idée du staff lyonnais était de bloquer en réduisant volontairement la préparation de notre jeu offensif,
la première relance d'Etienne Capoue, à l’intérieur contrairement à ce qu’on avait l’habitude de faire, et de jouer à fond
du jeu, dans la remontée du ballon. tous les deuxièmes ballons ! En proposant peu d’échanges et en
Rémi Garde alignait une équipe classique selon un schéma en 4-2- mettant rapidement le ballon dans le dos de leur défense, on pou-
3-1, avec une surprise tout de même : Steed Malbranque se retrou- vait les presser très vite, ce qui ne manquerait pas de leur causer
vait à gauche de la ligne de 3 alors que lors des matchs précé- quelques difficultés… Il fallait contraindre cette défense lyon-
dents, il jouait devant la défense ou en relayeur. Par ailleurs, avec naise à jouer face à son but pour que les joueurs n’aient pas le
Yoann Gourcuff dans l’axe, derrière l'attaquant, je pense que l'idée temps de préparer leurs premières relances. J’espérais les ren-

84 Vestiaires
nous avions prévu de faire"
dre un peu fébrile et obtenir quelques coups de pied
arrêtés intéressants pour emballer le match. Sur le
plan défensif, mes joueurs devaient imposer un bloc
médian haut. À chaque récupération de balle sur leur
jeu long, c'est-à-dire tous les deuxièmes ballons que
l’on pouvait récupérer, il fallait jouer rapidement dans
leur dos sans prise d'information préalable. Et ça a
marché !

>Insister sur Lacazette et Malbranque, qui


ne sont pas des spécialistes de ces postes
de milieu excentré…
L’entame du match s’est déroulée comme prévu,
même si cela ne s’est pas matérialisé par l’ouverture du
score, et bien que Ben Yedder se soit vu injustement
refuser un but (8ème, Ndlr). Mais ce n'était que partie
remise. Nous avons réussi à débloquer les compteurs peu après la nos latéraux dans les couloirs pour centrer.
pause (50e, Ndlr). Au départ de l'action, il y a une prise de vitesse
de Tabanou qui déborde dans le couloir gauche et centre au >Créer une supériorité à l’intérieur du jeu pour
deuxième poteau où Monzon, le latéral lyonnais, ne ferme pas permettre des décalages dans les couloirs
bien. Ben Yedder, de la tête, marque dans un trou de souris entre le La densité imposée au milieu de terrain nous a permis de provo-
portier rhodanien et son montant. Le deuxième but interviendra quer des 3 contre 2 dans la remontée du ballon avec les 2 défen-
à quelques minutes seulement du coup de sifflet final, après une seurs centraux, plus Capoue, face à Gomis et Gourcuff afin de
relance décisive d’Aurier, notre latéral droit, sur un ballon mis créer rapidement un décalage pour avoir un temps d’avance. Si
rapidement dans leur dos... Le troisième (91e, Ndlr) fait suite à Capoue était bloqué et que notre défenseur central n’arrivait pas
une récupération de Braaten suivi d’un échange à l’intérieur, puis à créer la supériorité numérique, un des deux milieux relayeurs
un départ de Ben Yedder dans le dos de leur défense centrale. (Didot ou Sissoko) devait descendre au niveau de Capoue pour être
Décidemment, nous avions vu juste ! Avec du recul aujourd'hui, je libre sur un échange oblique avec le central (voir schéma, Ndlr).
me dis que la mise en place d'un gros défi physique d’entrée de jeu, Cette supériorité à l’intérieur du jeu a créé des décalages dans
avec beaucoup d’intensité défensive et offensive, les a déstabilisés, les couloirs avec l’apport du latéral, mais aussi dans l’axe en provo-
nous permettant par la suite de développer également notre jeu quant des ruptures d’alignement qui ont permis à un milieu excen-
court combiné dans les couloirs. J’avais d'ailleurs demandé d’insis- tré ou à un milieu relayeur de s’engouffrer dans le dos de leurs
ter sur Lacazette et Malbranque qui ne sont pas des spécialistes de deux défenseurs centraux.
ces postes. Il s’agissait d’apporter des supériorités numériques par
>Les Lyonnais s’ouvraient assez rapidement lorsqu’ils
3 AXES DE TRAVAIL DANS LA SEMAINE avaient le ballon et engageaient du monde vers
l’avant…
Dans ma méthodologie hebdomadaire, je fonctionne selon trois Enfin, on l'a vu, j’ai beaucoup insisté sur la transition défensive-
axes de travail. Le premier est fonction de mon projet de jeu. Sans offensive. Et pour cause, les Lyonnais s’ouvraient assez rapide-
entrer dans le détail, mon équipe doit suivre des principes de jeu en ment lorsqu’ils avaient le ballon et engageaient du monde vers
fonction de ce que je veux mettre en place. Le deuxième axe de l’avant avec des latéraux qui évoluaient très haut et des centraux
travail tient compte du match que l’on vient de faire. J’essaie d’amé- qui géraient moyennement la profondeur. Il fallait donc, dès notre
liorer les choses qui n’ont pas bien marché. Enfin, le troisième point récupération, jouer rapidement devant pour les contrer. Un joueur
concerne le match à venir. Je regarde systématiquement 3/4 matchs comme Ben Yedder, capable par sa technique de jouer en appui et
de l’adversaire que nous allons rencontrer pour visualiser les pro- de provoquer des ruptures d’alignements ou encore Sissoko ou
blèmes qu’il peut me poser et ceux que je peux lui poser. Je pro- Tabanou, joueurs puissants et forts dans la profondeur, ont ainsi été
pose ensuite à mes joueurs de visionner dès le début de la semaine, les fers de lance de cette transition. Notre plan de jeu a donc bien
un montage vidéo de l’adversaire avec ses principales caractéris- fonctionné. Ce qui n’est pas toujours le cas… Pour autant, cette
tiques. J’en profite pour présenter le travail que l’on va effectuer. Le fois-ci, nous sommes parvenus à faire le match qu’on avait prévu de
jour du match, je fais un plan de jeu dans lequel je reprends tout ce faire. Les joueurs ont respecté à la lettre les principes de jeu. Et Lyon
que l’on a pu travailler lors des jours précédents. est tombé au Stadium. Comme souvent ces dernières années. ■

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


www.vestiaires-magazine.com 85
∫ COACH DE LÉGENDE ª

Helenio Herrera, architecte


La France, son berceau. Il y a tout juste 16 ans (9 novembre 1997) s'éteignait Hélénio Herrera, à 87 ans.
Seize ans, comme le nombre d'années que l'ancien stratège de l'Inter Milan a passé en France. Lui, l'un des plus
grands entraîneurs de football de tous les temps ! Retour sur un destin hors norme.
'ai longtemps cherché un autre Herrera,

"J avant de le retrouver à travers la personna-


lité de Mourinho". Cette confidence de
Massimo Moratti, président de l'Inter, sur la chaîne
italienne "7 Gold", en dit long sur l'héritage laissé
par le virtuose du catenaccio, et sur sa personna-
lité… Près d'un demi-siècle avant le débarquement
en Lombardie du "spécial one", "il mago" (le magi-
cien) avait déjà laissé une trace indélébile chez les
Nerazzurri, et marqué de son empreinte le football
mondial. Pour beaucoup, Helenio Herrera apparaît
non seulement comme le premier "animal média-
tique" dans l'histoire des entraîneurs de haut niveau,
mais aussi comme un technicien dont les méthodes
avant-gardistes ont permis au Barça, d'abord, de
stopper l'hégémonie du grand Real, et à l'Inter
ensuite de régner sur l'Europe au milieu des années
60. Ce que l'on oublie souvent, en revanche, c'est
que l'homme a fait ses armes… en France, où il fut
joueur puis entraîneur.
Né à Buenos Aires d'une famille espagnole partie
s'installer au Maroc pendant le Protectorat français,
Herrera obtient la double nationalité franco-argen-
tine à 4 ans. Défenseur rugueux aux "Roches noires" de Casablanca, puis au plus tard, à 35 ans, il raccroche les crampons alors qu'il est entraîneur-
Racing AC, il est voué à une modeste carrière tandis que son père l'en- joueur à Puteaux. Rien ne permet à ce moment-là de croire au fabuleux des-
courage à devenir charpentier. Mais à 22 ans, sa vie bascule. Une première tin qui l'attend. Et pourtant ! Sa vie bascule une deuxième fois lorsqu'il
fois. Retenu en sélection nord-africaine pour affronter les bleus, il est retourne au Stade Français où il est nommé à la tête d'une équipe de
repéré par le CASG Paris où il jouera pendant un an (1932-1933) avant vedettes emmenée par Larbi Ben Barek. La suite ? Trois saisons décevantes,
de rejoindre le Stade Français puis le FCO Charleville (D2). certes, mais qui débouchent sur l'opportunité d'un départ au Real
Valladolid, tout juste promu en Liga. Chez les Pucelanos, une finale de
>Le premier "animal médiatique" dans l'histoire des Coupe du Roi dès la première saison lui ouvre les portes de l'Atlético
entraîneurs de haut niveau. Madrid ! Il y remporte 2 titres de champion (50 et 51). La légende est en
marche. Et après des passages mitigés à Malaga, La Corogne ou le FC Séville
Là, aux côtés de son ami Julien Darui, il s'incline en finale de la Coupe de (52-58), la consécration arrive enfin. C'est le FC Barcelone. En deux ans avec
France 1936 au terme d'une incroyable épopée. La tactique défensive les Blaugrana, Herrera est sacré 2 fois (59 et 60) mettant un terme à la
mais non moins efficace du coach ardennais de l'époque, l'Autrichien domination du Real de Di Stefano, Puskas et Gento ! Outre un doublé
Erich Bieber, inspirera beaucoup notre futur technicien… La Coupe, coupe championnat pour sa première saison en Catalogne (59), il décroche
celui-ci finit par la soulever en 1942 sous les couleurs du Red Star.Trois ans une Coupe des Villes de Foires (ancêtre de la Ligue Europa) en 1960.

86 Vestiaires
du football moderne
>La consécration avec Barcelone, l'éternité avec
l'Inter Milan !
Seules ombres au tableau : une élimination en demi-finale de la C1
par… les Merengues et, surtout, sa mésentente avec la star hongroise
Laszlo Kubala (3e meilleur buteur de l'histoire du Barça), qui précipite
sa sortie. Pour mieux rebondir. Car "HH" comme on l'appelle, fait
partie désormais du gotha européen. C'est ce qui explique que le
père de Massimo Moratti,Angelo, lui aussi président de l'Inter, accède
aux prétentions financières démesurées d'un entraîneur qui lui pro-
met cependant monts et merveilles.Promesse tenue.Pendant huit ans,
le Franco-Argentin va faire des Nerazzurri l'une des toutes meilleures
équipes au monde. Avec à la clé 3 scudetti (63, 65, 66), 2 Coupes
Intercontinentales (64 et 65) et 2 coupes d'Europe des Clubs
Champions (64 et 65). Sa science tactique, ses méthodes innovants,
sa fine psychologie et son côté "bête de scène" lui confèrent une cote de
popularité sans précédent. En Italie, Helenio Herrera devient une icône.Au A VOIR
point de faire partie parallèlement du staff de la Squadra Azzurra à partir L'interview de Helenio Herrera par Robert Chapatte dans l'émission "Les
de 1966. Une première dans le pays pour un entraîneur étranger. En 1968, coulisses de l'exploit", le 21 novembre 1962, sur le site Internet www.ina.fr
évoquant la fin d'un cycle à l'Inter, HH rejoint l'AS Rome où il remporte
une coupe nationale, avant d'assister sur le banc à la défaite de l'Italie en
finale de la Coupe du Monde 70 contre le Brésil de Pelé (4-1). C'est le
moment d'arrêter. Helenio Herrera ne reviendra à Milan qu'en 1973 pour
une saison anecdotique, puis effectuera également un retour à Barcelone
en 1979 où il succède, ironie du sort, à Kubala... La Coupe du Roi 1981 sera
son dernier trophée.Helenio Herrera a 71 ans.Il tire sa révérence.Rideau sur
une carrière phénoménale. Et inespérée. Lui, l'enfant de Casablanca, qui
croyait avoir déjà réalisé son rêve en signant une modeste carrière de foot-
balleur professionnel en France, pouvait-il imaginer qu'il serait toujours
considéré, 80 ans plus tard, comme l'un des plus grands entraîneurs de
tous les temps ?
■ Julien Gourbeyre

LE SAVIEZ-VOUS ?
• Pour une raison que l'on ignore, HH a toujours • Déjà soupçonné au Stade Français (45-48) de dis- En cause, une défaite à Mantoue (1-0) dont le
menti sur son âge, se rajeunissant de 6 ans. tribuer de l'amphétamine à ses troupes (!), HH jeune gardien a tout arrêté ! Un certain Dino
fut pointé du doigt lorsque 3 de ses joueurs à Zoff…
• Enfant, à Casablanca, Helenio Herrera fut à deux l'Inter furent contrôlés positifs, en 1962.
doigts de succomber à une diphtérie. Cet épi- • HH avait pour habitude de toujours pénétrer sur
sode le marquera à vie. • Helenio Herrera a affronté une seule fois un club le terrain en premier afin d'essuyer en premier les
français en coupe d'Europe : l'AS Monaco de sifflets du public et ainsi préserver un peu ses
• Alors coach du Stade Français, HH a fait partie Biancheri et Hidalgo (2e tour de la C1) en 1963 joueurs.
du "comité de sélection" des bleus (46-48). (victoire de l'Inter 1-0 puis 3-1).
• Helenio Herrera fut le premier à parler de "dou-
• À Milan, HH s'amusait à annoncer le résultat de • Le 27 mai 1964, HH remporte sa première C1 en zième homme" et à haranguer les supporters.
son équipe, d'où son surnom de "il mago" (le battant le Real 3-1. La "der" de Di Stefano chez Un an après son départ de l'Inter, le premier mou-
magicien). les Merengues… vement Ultra était né : la "Curva Nord".

• Sa saison à Malaga (52-53) est la seule de sa car- • En 1967, Herrera laisse échapper son 4e titre de • Désireux de revenir en France dans les années
rière entachée d'une relégation. champion avec l'Inter lors de l'ultime journée. 70, Herrera a été approché par le PSG, en vain.

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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∫ COACH DE LÉGENDE ª

Grand artisan du Catenaccio, mais pas que…


Rigueur tactique. Helenio Herrera véhicule à tort l'image d'un entraîneur aux principes de jeu très défensifs.Après avoir
été à la tête d'un atlético tout feu tout flamme, il dirigea le Barça le plus offensif de l'histoire (3,03 buts par match en championnat
sur 2 ans) ! Et fit surtout du Catenaccio, à Milan, une redoutable machine à contrer…
ans l'imaginaire des gens, Herrera va passes, des espaces laissés libres dans leur
D d e p a i r e a ve c l e C a t e n a c c i o , q u i
consiste à évoluer à 5 derrière, selon des
dos.

principes ultra-défensifs. Pourtant, le natif >Pionnier de la verticalité du jeu


de Buenos Aires n'en est pas le précurseur.
A l'origine de ce système, on trouve d'abord Plus que le Catenaccio, HH a donc inventé la
le Français Robert Accard (Stade Français) "verticalité".Il ne supportait pas qu'on ralen-
dans les années 30 et son fameux "béton", un tisse une action en dribblant.Vitesse de jeu
WM avec apparition d'un libéro. Une organi- et engagement physique étaient ses deux prin-
sation adaptée par l'entraîneur autrichien cipes fondamentaux. Son héritage est donc
du Servette de Genève, Karl Rappan, qui bien plus vaste qu'il n'y paraît… Et touche
ajoute un 4e défenseur devant le libéro. aussi aux méthodes d'entraînement.En effet,
C'est le "verrou suisse". Le "cadenas" (catenaccio) de l'autre côté des Herrera exigeait de ses troupes un niveau de préparation très élevé et une
Alpes. Les Italiens Rocco (US Triestina) et Foni (Inter Milan) s'en inspirent hygiène de vie irréprochable (il a inventé la mise au vert).L'ancien joueur de
en effet largement jusqu'à ce que le système soit popularisé (et aménagé) l'Atlético Madrid,AlfonsoAparicio dira de lui :"c'était un phénomène.Il nous
par Herrera. À tel point que ce dernier en réclamera dans un premier imposait des séances quotidiennes de 3 heures, mais le week-end, on
temps la paternité, avant de tenter de s'en détacher le restant de sa vie ! dévorait tout le monde".Aucun avant lui n'a accordé autant d'importance
Et pour cause, il est bien trop réducteur et dévalorisant de considérer le à la préparation physique, à l'observation des adversaires, et à la dimen-
Catenaccio comme un système fermé et ultra-défensif. Car contrairement sion mentale dans la recherche de la performance.Passé maître dans l'art de
à ses prédécesseurs, HH en a fait paradoxalement une arme offensive la causerie,il affichait régulièrement des messages sur le mur,comme celui-
redoutable ! D'abord, il est le premier à avoir muter ses latéraux en vrais ci resté célèbre :"celui qui joue pour lui-même joue pour l'adversaire.Celui
joueurs de couloir, magnifiquement représentés par Giacinto Facchetti qui joue pour les autres joue pour lui-même". Charismatique et doté
et le Brésilien Jaïr. Ensuite, il a fait de la contre-attaque sa vraie marque de d'une haute estime de lui, Helenio Herrera n'a pas seulement inventé la
fabrique : les 2 milieux axiaux jouaient très bas de façon à aspirer les rigueur tactique.Il a métamorphosé à jamais l'image et le rôle de l'entraîneur.
défenseurs adverses et profiter, à la récupération et en un minimum de ■ J.G.

QUELQUES CITATIONS RESTÉES CULTES


• "On gagnera avant même d'être descendu du bus". • "L'an passé, nous étions partis très fort. Cette saison, nous avons décidé
de partir plus tranquillement et de mettre tous nos efforts sur les
• "Enfant, j'ai compris très tôt que lorsque j'avais un objectif, la misère, la matches retour…".
guerre, la peur n'existait pas pour moi".
• "Intelligence et plaisir du travail : voilà le secret du succès".
• "Celui qui ne donne pas tout ne donne rien".
• "La clé, c'est d'éviter la monotonie : dans les discours, dans les entraîne-
• "En football, c'est la surprise, la vitesse et les variations inattendues qui ments, dans l'alimentation…".
ouvrent les chemins du but".
• "Le problème, c'est qu'à 10, nous jouons mieux qu'à 11".
• "Il faut peu de passes et un jeu rapide pour arriver au but le plus vite pos-
sible. Le dribble est quasiment proscrit. C'est une ressource et non un sys- • "Moi, je n'ai de problèmes avec personne, y compris Kubala (attaquant
tème. Le ballon se déplace toujours plus vite s'il n'y a pas de joueur de Barcelone, Ndlr)… À condition qu'il fasse ce que je lui demande".
derrière lui".
• "Tout système de jeu est une stupidité si on l'applique rigoureusement.
• "Il n'y a pas de magie dans le football : tout est affaire de passion et de Le style de jeu, c'est à l'entraîneur de le définir en fonction des caracté-
combat". ristiques et de la personnalité de ses joueurs".

88 Vestiaires
La méthode par l'exemple
Inter-Liverpool, le 12 mai 1965 (Demi-finale retour de la C1). L'un des plus beaux exploits
d'Herrera en Italie reste sans nul doute la demi-finale de C1 remportée contre le grand Liverpool de Bill Shankly, le 12 mai 1965.
Après une défaite chez le champion anglais en titre 3-1 et alors que la règle du but à l'extérieur n'existait pas, l'Inter parvient à
s'imposer au retour par 3 buts d'écart (3-0). Le deuxième but des interistes illustre parfaitement le jeu préconisé à l'époque par
l'entraîneur nerazzuro.A noter qu'en finale, l'Inter viendra à bout du Benfica d'Eusebio…

n but qui illustre parfaitement la verticalité Aristide Guarneri (stoppeur) : arrivé à Luis Suarez Miramontes (milieu-atta-
U du jeu de l'Inter (jouer vite vers l'avant à la
récupération du ballon, en un minimum de
l'Inter en 1958, il n'en part qu'en 1967, raflant
tous les titres au passage. International à 21
quant) : la vedette de l'équipe. Ballon d'or
1960 à Barcelone sous la houlette de… Helenio
passes) et l'apport offensif du symbole de la reprises. Herrera, l'international espagnol (32 sélec-
philosophie d'Helenio Herrera, Giacinto tions) suit son mentor à Milan (où il fut acheté
Facchetti. Jaïr da Costa (latéral-milieu droit) : victo- à prix d'or), qu'il quittera en 1970, après avoir
rieux de la Coupe du Monde 1962 avant de inscrit 183 buts en 318 matches.
rejoindre Milan dans la foulée où il fut une pièce
Le 11 de l'Inter face aux Reds maîtresse du dispositif de HH jusqu'en 1967. Mario Corso (milieu-attaquant) : malgré
Un petit gabarit insaisissable dans son couloir ! ses quelques 502 matches disputés sous le
Giuliano Sarti (gardien) : Pilier de la maillot de l'Inter, cet ancien international (23
Fiorentina, il arrive à Milan en 1963, et connaî- Giacinto Facchetti (latéral sélections) était surtout connu dans toute
tra 8 sélections en équipe nationale. gauche/droit) : s'il fallait n'en retenir qu'un, l'Europe pour ses fameux coups-francs en
ce serait lui. 18 saisons à l'Inter (634 matches, un "feuille morte". Le premier spécialiste du genre.
Armando Picchi (libéro) : sans doute le record), 94 sélections en équipe nationale dont
premier grand libéro de l'histoire. Il participe à il était le capitaine, Facchetti est surtout le Alessandro Mazzola (attaquant) : une
toute l'épopée, de 1960 à 1967 et porte le bras- joueur qui a révolutionné le poste d'arrière laté- icône qui a effectué toute sa carrière à l'Inter
sard de capitaine (12 sélections chez les A). ral. Le premier à "prendre" autant son couloir. Milan (565 matches). Il portait le numéro 10.
Une pièce maîtresse d'Helenio Herrera. Mazzola était un milieu offensif redoutable qui
Tarcisio Burgnich (stoppeur) : formé à a disputé 3 coupes du monde (70 sélections).
l'Udinese, il arrive à l'Inter en 1962 où il dis- Carlo Tagnin (milieu) : seulement trois sai-
putera 467 matches jusqu'en 1974. Surnommé sons à l'Inter (62-65). Le 27 mai 1964, en finale Joaquin Peiro (milieu-attaquant) : inter-
"la roccia" (la roche), il était un défenseur de la C1, il a pour objectif de neutraliser Di national espagnol (12 sélections) formé à
rugueux. Un des pilliers de l'Inter et de la Stefano, qui dispute son dernier match avec le l'Atlético Madrid. Souvent dans l'ombre de
"Nazionale" (66 sélections). Real. L'Inter l'emporte 3-1. Suarez et Mazzola.■

Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D


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Nos experts vous répondent
Michel T. (47) : "Je suis en conflit avec souffler en cette fin d'année. Aussi, préserver le résultat... Mais je com-
l'entraîneur de l'équipe 2 qui je compte leur imposer une vraie mence un peu à culpabiliser vis-à-
rechigne à me donner des joueurs coupure de 3 semaines au moment vis des joueurs et des parents. Que
lorsque j'en ai besoin pour l'équipe des fêtes de fin d'année. À la reprise, me conseillez-vous de faire ?" Jean-
fanion du club. Cette situation crée dois-je réaliser un programme de Marc KUENTZ : "Lorsqu’on est entraîneur
des tensions qui nuisent à nos objec- préparation physique sur le même d'une équipe à 11, on est aussi un com-
tifs et nous décrédibilisent auprès modèle que la préparation estivale, pétiteur, et je peux comprendre votre
des joueurs. Que me conseillez-vous ou le fait de reprendre "normale- tentation de toujours aligner les meil-
pour régler ce problème ?". ment" va-t-il au bout de quelques leurs pour obtenir un résultat. Ceci étant,
Laurent COASSE : "Ce genre de conflit séances les remettre à niveau ?". en jeunes, on est avant tout un "éduca-
qui éclate entre deux éducateurs d’une Alexandre HIDALGO : "Il est vrai qu’au teur-formateur" avec l'objectif de faire
même catégorie va tôt ou tard aller à l’en- moment des fêtes de fin d’année, une progresser tous nos joueurs, ce qui passe
contre de la performance du groupe. En coupure s’impose. Celle-ci a deux inté- inévitablement par le fait de leur donner
tant qu'entraîneur de l’équipe 1, lorsque rêts majeurs : récupérer physiquement, du temps de jeu. Par ailleurs, laisser tou-
vous avez clairement identifié un besoin mais (et surtout) se régénérer psychologi- jours les mêmes de côté peut avoir plu-
de joueurs, vous devez être en mesure de quement. Cependant, au plus la durée de sieurs conséquences : maintenir voire
fournir des explications objectives auprès votre coupure sera longue, au plus la creuser l’écart entre les meilleurs et les
du coach de la réserve, sans quoi ce der- durée de votre phase de reprise athlé- moins bons, décourager petit à petit ces
nier pourra développer un sentiment tique sera progressive et lente. Je vous joueurs qui vont perdre confiance en eux
d’injustice jamais très productif... Pour conseille donc une coupure de 10 jours, et pour certains peut-être arrêter le foot,
une collaboration la plus étroite et effi- suivi de 10 jours d’entraînements sous les rendre non compétitifs et donc encore
cace possible, je vous conseille dans un forme ludique (touché de rugby, hand- moins "utiles" lorsque vous aurez besoin
premier temps de ne pas tendre vers une ball, randonnée collective, "run and d’eux ! D’autres part, je pense qu’il est
communication trop autoritaire qui va bike"…). Vos joueurs seront ainsi dans important que les bons joueurs acceptent
renfermer votre collègue dans une atti- un cycle de récupération psychologique, de se retrouver de temps en temps rem-
tude défensive, et donc de refus de colla- tout en combinant une reprise d’activité plaçants pour ne plus imiter certaines
boration. Si cela ne suffit pas, n'hésitez physique. Vous pourrez ensuite repren- attitudes chez les adultes qui acceptent
pas à définir voire redéfinir avec votre dre normalement vos séances technico- mal ce statut. Être sur le banc n’est pas
président ou responsable technique le tactiques". une punition. Et celui qui rentre en jeu
projet du "groupe senior" dans le cadre peut vous faire gagner le match. Enfin, à
d'une réunion apaisée mais qui doit se Thibault C. (03) : "Entraîneur U15 d'un partir du constat de niveau que vous
vouloir constructive. Cela permettra de petit club rural, j'ai une équipe de faites, essayez de cibler les points sur les-
clarifier les objectifs à atteindre et, par 14 joueurs très hétérogènes. Deux quels ces joueurs plus faibles doivent pro-
conséquent, les priorités pour chacune trois bons (voire très bons) élé- gresser (technique, physique, mental,
des équipes". ments, et trois quatre autres très tactique). L’idéal serait de pouvoir leur
très faibles... En championnat, je proposer un travail individuel supplé-
Christophe P. (52) : "Je ressens le suis contraint de mettre toujours les mentaire avant ou après la séance pour
besoin de la part de mes joueurs de mêmes sur le banc pour obtenir ou les faire progresser… et les valoriser".

Laurent COASSE Jean-Marc KUENTZ Alexandre HIDALGO


Ancien entraîneur de l'AS Chavanay (Honneur Régional). Ancien directeur de la formation au RC Strasbourg. Préparateur physique à l'AC Arles-Avignon.
Titulaire du Brevet d'Etat. Actuel entraîneur adjoint de la sélection de Côte d'Ivoire.

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