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POUR SERVIR A
L'HISTOIRE DE LA GUERRE MONDIALE
Souvenirs de Guerre
de
M. Erzberger
Ancien Ministre des Finances d'Allemagne
PAYOT, PARIS
SOUVENIRS DE GUERRE
DE
M. ERZBERGER
COLLECTION DE MÉMOIRES, ÉTUDES ET DOCUMENTS
TOUR SERVIR A
SOUVENIRS DE GUERRE
DE
M. ERZBERGER
ANCIEN MINISTRE DES FINANCES D’ALLEMAGNE
1921
Tous droits réservés.
Seule traduction française autorisée.
Tous droits réservés pour tous pays.
PRÉFACE
MAURICE MURET.
Correspondant de l'institut.
SOUVENIRS DE GUERRE
DE M. ERZBERGER
CHAPITRE PREMIER
AU VATICAN
CHEZ L’EMPEREUR
A CONSTANTINOPLE
7
CHAPITRE VI
LA QUESTION ARMÉNIENNE
< élever sa voix pour qu’on mît fin aux mesures appliquées
par le gouvernement turc aux Arméniens. Quels que soient
les faits à la charge des Arméniens, l’humanité, dont le gou
vernement turc ne peut se refuser à entendre la voix, exige
que le pauvre peuple arménien ne soit pas exterminé. »
Je proposai celles-ci :
1° Approcher directement des déporLés non par des
personnes privées, mais par une mission de l’Ordre des
Chevaliers de Malte, équipée en Allemagne et qui travail
lerait sans causer de frais. Cette mission distribuerait du
pain et des vivres qui seraient livrés par le gouvernement
allemand ou turc. 2° Rentrée graduelle des déportés.
Ils seraient autant que possible installés dans le voisi
nage des lignes de chemin de fer pour pouvoir être plus
facilement surveillés et aussi ravitaillés. On laisserait
de côté les territoires qui peuvent être considérés comme
LA QUESTION ARMÉNIENNE 105
LA BULGARIE
LA ROUMANIE
A VIENNE
LA QUESTION ROMAINE
LA FRANC-MAÇONNERIE
L’ALSACE-LORRAINE
LA POLOGNE
< Que la seule solution conforme aux intérêts des deux par
ties serait celle qui, par l’alliance avec les Puissances Cen
trales et une convention militaire, assurerait à l’Etat polonais
les avantages suivants : intégrité du territoire de la Pologne
du Congrès, fixation de frontières conformes aux nécessités
stratégiques du côté de l’Ukraine, compensations territoriales
dans les territoires polonais à l’est de la ligne Narew-Bobr-
Niemen, pour la perte des quatre cercles méridionaux du
gouvernement de Suwalki; enfin possibilités de développe
ment économique par conclusion d’un traité de commerce
garantissant l’accès à la mer (libre navigation sur la Vistule).
Le gouvernement polonais se permet d’exprimer la conviction
que l’Etat polonais, appuyé de cette façon parles Puissances Cen
trales et satisfait dans ses intérêts vitaux, constituerait la
212 SOUVENIRS DE GUERRE
meilleure protection contre l’Est et rendrait inutiles, au point
de vue politique et économique, les prétendus remaniements
de frontières. »
LA LITHUANIE
LA BELGIQUE
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Situation probable du tonnage mondial à la fin de Ì917.
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Pertes de la flotte mondiale par suite des accidents de mer, etc., de juillet 1914
à la finde1917. 3 ans et demi à 1 % par an sur 40.000 000 de tonnes. . . 1
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Pertes de la flotte de commerce ennemie et neutre par suite de torpillages,
jusqu ’à la fin d’avril 1917, d ’après des indications de l’Amirauté allemande
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N o ta . — Les chiffres dont la source n’est pas indiquée sont 'marqués * proviennent des Bulletins Statistiques Économique» du
9 février 1916, p. 75.
Les chiffres marqués 4- ont paru dans 17n et Vitviver du 7 mars 1917, p. 229.
Les chiffres marqués J sont des évaluations de notre part.
262 SOUVENIRS DE GUERRE
Excellence,
J’ai l’honneur de vous transmettre la copie d’un télégramme
qui a été remis par Son Excellence le ministre de S. M. le Roi
d’Angleterre auprès du Saint-Siège, à Son Eminence M. le
Cardinal secrétaire d’Etat Le gouvernement français s’associe
à l’exposé contenu dans cette dépêche.
Son Eminence est animée du grand désir de continuer effi
cacement ses efforts pour une paix juste et durable que le
gouvernement impérial a montré tant d’empressement à
accueillir. C’est pourquoi Son Eminence m’a chargé d’attirer
tout spécialement l’attention de Votre Excellence sur le point
qui se rapporte à la Belgique. Il s’agirait d’obtenir : 1° une
déclaration précise touchant les intentions du gouvernement
impérial au sujet de l’indépendance de la Belgique et de l’in
demnité pour les dommages causés à la Belgique par la
guèrre; 2e une indication également précise des garanties que
l’Allemagne exige pour l’indépendance politique, économique
et militaire. Si cette déclaration était satisfaisante, Son Emi
nence estime qu’un grand pas serait fait dans la voie des négo
ciations. Le ministre de Grande-Bretagne a déjà informé son
gouvernement royal que le Saint-Siège répondra aux infor
mations contenues dans le télégramme aussitôt que, de son
côté, il aura reçu, par son intermédiaire, la réponse du gou-
verment impérial.
Qu ii me soit permis d’exprimer la conviction que Votre
Excellence, dont l’avènement aux plus haute fonctions de son
pays a coïncidé avec la proposition pontificale et qui a montré
des dispositions si favorables à l’œuvre de paix s’acquerra
des mérites éternels dont sa patrie et l’humanité lui seront
reconnaissantes si, par une réponse conciliante, il favorise la
marche des négociations de paix. C’est dans cet espoir qu’il
m’est agréable d’exprimer les sentiments de haute estime avec
lesquels j’ai l’honneur d’être de Votre Excellence lelout dévoué.
Sig. Eugène Pacelli,
Archevêque de Sarde, Nonce apostolique.
L’ENTREMISE PONTIFICALE EN FAVEUR DE LA PAIX 321
Pour des raisons que je n’ai pas réussi à comprendre,
on ne s’occupa point de cette lettre si importante, mais on
rédigea une réponse à la note publiée par le Saint-Siège.
Le 6 septembre, j’eus un entretien avec le comte Czer
nin qui séjournait à Berlin. Il se demandait avec défiance
si l’Allemagne ferait la déclaration relative à la Belgique
qu’exigeait l’Angleterre. Mais la réponse allemande à la
manifestation pontificale lui plaisait beaucoup. Celle-ci
était déjà assez avancée pour que, le 10 septembre, pûtavoir
lieu la séance finale du Conseil des Sept. Le secrétaire
d’Etat von Kühlmann y déclara que la démarche du Vati
can n’avait pas eu lieu contre la volonté de l’Angleterre.
Le texte de la réponse allemande était — disait-il — un
compromis. Elle ne s’occupait pas de la Belgique, comme
la commission l’avait souhaité tout d’abord. La Belgique
était très importante pour nous comme gage ; mais elle
perdrait sa valeur si l’on abattait ses cartes. Le Cardinal
secrétaire d’Etat avait — ajoutait M. de Kühlmann —
adressé une question très confidentielle au gouvernement
allemand au sujet de sa position à l’égard de la Belgique.
Cette question avait été suggérée par une Puissance enne
mie qui voulait connaître nos buts de guerre, et particu
lièrement celui-là. M. de Kühlmann déclarait pouvoir dire
seulement, d’accord avec tous les organes du gouverne
ment allemand, que « la résolution du. Reichstag du 19
juillet devait servir de base en ce qui concernait la ques
tion belge ». Le social-démocrate Scheidemann estimait
absolument nécessaire que la réponse allemande contînt
une déclaration sur la Belgique, autrement —disait-il —
la paix était impossible, et les pangermanistes considére
raient ce silence comme un triomphe de leur politique.
L’effet produit à l’étranger et en Allemagne même serait
défavorable. Le Chancelier répliqua qu’un accord absolu
régnait entre le gouvernement et lamajoritédu Reichstag
au sujet de la Belgique ; mais qu’il fallait laisser au gou
vernement le soin de choisir les meilleurs procédés à
employer. Avec le député Stresemann, je déclarai que le
désaccord n’existait plus que sur les moyens formels de
traiter la question belge. Après la nouvelle question posée
21
322 SOUVENIRS DE GUERRE
confidentiellement par la Curie, on devait laisser au gou
vernement les mains libres. Seulement, la réponse devait
contenir une adhésion à la résolution du Reichstag. Le
comte Westarp était d’avis que la note pontificale n’était
pas conforme aux intérêts allemands. Il critiqua le désar
mement et se refusa à ce qu’on transmît quoi que ce soit
confidentiellement à la Curie au sujet de la Belgique. Pour
réaliser l’accord, le secrétaire d’Etat von Kühlmann se
déclara prêt à suivre la voie suivante : l’Allemagne ne
dirait pas seulement en termes généraux au Vatican que la
résolution du Reichstag contenait absolument la règle qui
permettait de résoudre la question belge, mais on donne
rait au Vatican tous les éclaircissements désirables sur
les points importants de ce problème. Le Chancelier
admettait que la réponse du gouvernement contînt une
approbation de la résolution de paix. Mais il ne voulait
pas qu’il y fût question de la Belgique. Cette déclaration
était contredite par ce que le comte Czernin me fit dire,
le 11 septembre, par un intermédiaire : Le Chancelier
voulait exiger, dans la note confidentielle à expédier à
Rome, le démantèlement des forteresses belges et la mise
sous le contrôle allemand des chemins de fer belges. Je fis
dire au comte Czernin que je maintenais mon point de vue
et que, si Berlin jouait un doublejeu.il aboutirait promp
tement à un échec. Le 11 septembre, la note de réponse
approuvée par le Conseil des Sept eut l’adhésion de l’Em-
pereur. Ce jour-là, le secrétaire d’Etat von Kühlmann put,
malgré l’opposition des militaires et des marins, faire
triompher son point de vue dans la question belge. Le 13
septembre, la réponse allemande à la note du Pape fut
envoyée au Nonce de Munich. Elle ne devait être publiée
que le 22 septembre. Entre temps, j’appris que si l’Alle
magne, soit dans la réponse à la note pontificale, soit dans
une note séparée, ne faisait pas la déclaration exigée par
le Saint-Siège au sujet de la Belgique, c’était un coup
irréparable porté aux négociations de paix. Cependant, le
gouvernement allemand — m’affirmait-on — voulait dans
sa note répondre à la question confidentielle du Cardinal
secrétaire d’Etat au sujet de la Belgique. On supposait
L’ENTREMISE PONTIFICALE EN FAVEUR DE LA PAIX 323
LA DÉBÂCLE MILITAIRE
A COMPÏÈGNE
mande, les routes étaient barrées par des arbres qu’on avait
jetés au travers d’elles. La route était loin d’être sûre.
J’insistai pour continuer mon voyage, et j’y parvins après
une conversation téléphonique avec l’Etat-Major allemand
le plus proche, qui était à Trelon. J’y arrivai vers sept
heures et demie. Le général qui commandait cet état-
major m’informa que tous les préparatifs avaient eu lieu
pour le passage du front. Un détachement de pionniers
avait débarrassé le chemin de toutes les mines. Le Géné
ral loua vivement la valeur de ses troupes; depuis six
semaines, ses gens se battaient sans répit. Une division
ne comptait plus que 349 hommes, une autre 439. L’atti
tude de cette troupe réduite était, me disait-il, admirable.
Ofliciers et hommes montraient un courage surhumain.
Le général ignorait presque tout des événements de Ber
lin et de Kiel. Il me pria de ne point en parler à ses ofli
ciers. Après un court arrêt, nous continuâmes, beaucoup
plus vile parce que les routes n’étaient plus si encom
brées. A neuf heures vingt, nous passâmes le front alle
mand. J’avais emmené avec moi un trompette. Un homme
de chez moi, un Souabe, me donna le dernier adieu. H me
demanda, étonné : « Où allez-vous ? » Je répondis : « Nous
allons conclure l’armistice ». Ce bon Souabe me répondit:
« Ah ! vous allez faire cela à vous deux » ! A partir des
lignes allemandes, les autos avancèrent très lentement.
Le feu avait cessé des deux côtés depuis quelques heures.
Un grand drapeau blanc fut hissé sur la première auto.
Le trompette faisait entendre constamment de brefs appels.
A environ ISO mètres du front allemand apparurent les
premiers soldats français. Deux officiers nous condui
sirent fort poliment dans la localité voisine, La Capelle.
Quand j’arrivai, la première question des nombreux sol
dats qui m’entourèrent fut : « Finie la guerre? » Notre
auto fut accueillie avec des applaudissements, signe de la
joie que causait la fin de la guerre. On entendit plusieurs
cris de : Vive la France ! Soldats et civils se montrèrent
d’ailleurs calmes et réservés. Plusieurs d’entre eux s’ap
prochèrent de mon auto. L’un me demanda : « Quelle
nation? » les autres me demandèrent des cigarettes.
378 SOUVENIRS DE GUERRE
L’ARMISTICE
PRÉFACE DE L’AUTEUR............................................................................... ™
PRÉFACE DE M. MAURICE MURET...................................................... IX