Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
27/09/2000 | MADAGASCAR | N°28/99-ADM
Texte (pseudonymisé)
Vu l'ordonnance n° 60.048 du 22 Juin 1960 fixant la procédure à suivre devant la Chambre Administrative de la Cour
Suprême
modifiée par l'ordonnance n° 62.073 du 29 Septembre 1962 ;
Vu les dispositions de l'article 02.02.04 du Code Général des Impôts annexé à la loi n° 00.005 du 22 Décembre 1977
portant Loi des Finances
pour 1978 ;
Vu la loi n° 61.013 du 19 Juillet 1961 portant création de la Cour Suprême modifiée par l'ordonnance n° 62.091 du 1er
Octobre 1962 et par la
loi n° 65.016 du 16 Décembre 1965 ;
Vu la requête présentée par la Société OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR poursuites et diligences du Sieur
RAVELOSON A.F Directeur Général de
ladite Société, faisant éléction de domicile en l'Etude de Maître RAHARINARIVONIRINA Maria Sylvie, Avocat à la Cour,
23, Avenue Ac,
Mahamasina-Sud, ANTANANARIVO, ladite requête enregistrée au Greffe de la Chambre Administrative de la Cour
Suprême le 05 Février 1999 sous le
n° 28/99-ADM et tendant à ce qu'il plaise à la Cour condamner l'Etat Malagasy à lui payer la somme de soixante-
quinze milliards de francs
malagasy (75.000.000.000 FMG) à titre de dommages-intérêts ;
....................
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Considérant que la Société OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR, O.C.M. sollicite la condamnation de l'Etat
Malagasy au paiement de la somme de 75
Milliards de FMG à titre de dommages-intérêts ;
Qu'au soutien de sa requête, la Société requérante fait valoir que le refus opposé à sa demande de remblayage lui
cause une préjudice grave en
raison de l'immobilisation du terrain d'une contenance de 41 ha 55 a 96 ca, de l'immobilisation des capacités de
travail, des occasions perdues
depuis plusieurs années et du manque à gagner ;
SUR LA COMPETENCE :
Considérant que dans son mémoire en défense, l'Etat Malagasy, soutient que le litige dont s'agit, fondé
principalement sur une atteinte à
l'exercice du droit de propriété, a trait à un droit fondamental relevant de la compétence exclusive des juridictions de
l'ordre judiciaire,
gardienne de la propriété privée ;
qu'en effet, il ne s'agit pas, dans le cas d'espèce, d'une expropriation pour cause d'utilité publique mais d'une simple
mesure d'interdiction
peuvent entraîner, certes, des conséquences sur le droit des propriétaires concernés ; que de ce qui précède, la Cour
de céans devrait se
déclarer incompétente pour statuer sur la présente affaire ;
Considérant cependant qu'il ne s'agit ni d'une emprise, ni d'une voie de fait ; qu'en effet, aucune prise de possession
ou dépossession par
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 1/6
26/04/2023 11:06 Madagascar, Cour suprême, Chambre administrative, 27 septembre 2000, 28/99-ADM
l'Administration, d'une propriété privée, ne saurait être relevée en l'espèce car la propriété dite « TANANA SOA
MANAMBINA », appartient La jurisprudence francophone des Cours suprêmes
toujours à la Société OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR, d'après le certificat d'immobilisation et de situation
juridique du 16 Septembre 1998
versé au dossier ; que d'autre part, la théorie de la voie de fait ou atteinte d'une particulière gravité à une propriété
privée ou à une
liberté fondammentale, qui suppose l'existence d'une activité administrative sur une telle propriété, ne saurait, encore
moins jouer ;
Qu'en tout état de cause, il s'agit de ce que la jurisprudence française, qualifie de situations de fait « illustrées par les
arrêts suivants :
-Conseil d'Etat : Arrêt du 06.12.85 : VELLAS $Commune de SOUBES ;
-Conseil d'Etat : Arrêt du 28.07.51 : BERANGER (CE, Lec Lebon, p.473) ;
- Arrêt du 26.02.07 : FONSEGRIVE (CE. Rec Labon, p. 256) ;
- Arrêt du 29/04/87 : PRESNET -DECOTTE
- Arrêt du 03.02.88 : MANTELIN ;
Que si dans l'affaire VELLAS $COMMUNE DE SOUBES, le Conseil d'Etat Français avait à connaître d'un litige relatif à
une interdiction de
procéder à des travaux de forage et de puits sur la propriété appartenant au requérant, l'affaire OMNIUM
COMMERCIAL DE MADAGASCAR $ETAT
MALAGASY, quant à elle, a trait à une interdiction de procéder à des travaux relatifs à la réalisation d'un projet
immobilier sur une propriété
appartenant à la Société requérante ; que dans ces conditions, puisque la solution à ces situations de fait a été
apportée selon les pratiques
jurisprudentielles, par les juridictions administratives et non les tribunaux judiciaires, il échet de retenir la compétence
de la Cour de
céans dans la présente affaire ;
AU FOND :
Considérant que le fond du présent cas consiste à établir l'existence ou non d'une responsabilité de l'Etat Malagasy,
peuvent donner lieu à
réparation des préjudices subis ;
SUR LA RESPONSABILITE DE L'ETAT MALAGASY :
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que la Société requérante a déposé une demande d'autorisation de
remblayer le 25 Avril 1991,
demande rejetée 4 ans après par le Ministère des Travaux Publics et de l'Aménagement du Territoire ;
DISCUSSION :
Que les motifs du refus de l'Administration opposé à la demande d'autorisation de remblayer, invoquée dans la lettre
du 19 Octobre 1995, ont
trait à la protection contre les crues dans le cadre du projet de développement de la plaine d'ANTANANARIVO, d'où la
prise des dispositions
réglementaires telles que l'arrêté interministériel n° 1024/95-MAT/SG/DUHL du 09 Mars 1995 ou le n° 6728/90 du 16
Novembre 1990, «interdisant
tous travaux de remblaiement à l'intérieur des périmètres fermés définis par les voiries et quartier ci-après...» (Article
premier de l'arrêté
interministériel n° 1024/95-MAT/SG/DUHL-3/95 du 9 Mars 1995)
Que cependant, les remarques suivantes méritent d'être relevées :
a)- l'article 6-c de l'arrêté interministériel n° 6728/90 du 16 Novembre 1990 stipule que « tous les travaux de
remblaiement, de construction,
de terrassement, d'établissement de décharges et généralement tous ouvrages pouvant entraîner une modification de
la configuration du sol dans
les zones d'enquête, sont soumis à autorisation préalable du Service Provincial de l'Equipement d'ANTANANARIVO» ;
que d'autre part, l'article
premier de l'arrêté interministériel n° 1024/95-MATM/SGDUHL.3/95 du 09 Mars 1995 dispose que «...tous les travaux
de remblaiement sont
interdits à l'intérieur des périmètres fermés définis par les voiries et quartiers ci-après»... ; que entre 1990 et 1995
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 2/6
26/04/2023 11:06 Madagascar, Cour suprême, Chambre administrative, 27 septembre 2000, 28/99-ADM
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 3/6
26/04/2023 11:06 Madagascar, Cour suprême, Chambre administrative, 27 septembre 2000, 28/99-ADM
pétitionnaires, l'Administration
n'a pas respecté le principe d'égalité La
dejurisprudence
traitement devant le service
francophone public
des Cours et a entre passé ses pouvoirs ; que de tels
suprêmes
agissements engagent
sa responsabilité ; que dès lors, la Société requérante est fondée à demander réparation ;
SUR LE PREJUDICE :
Considérant que l'OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR prétend avoir subi des préjudices du fait du traitement
inégalitaire dont il fut victime ;
qu'il résulte des pièces versées au dossier que ces préjudices portant essentiellement sur l'immobilisation du terrain et
l'impossibilité de
mise en valeur, sur l'immobilisation des capacités de travail et enfin sur le manque à gagner ; qu'il fait valoir qu'à
défaut de remblaiement,
le terrain, marécageux, deviendrait inutilisable et irrécupérable car il ne servirait à rien, sans aucune possibilité de mise
en valeur à
envisager ; que c'est ainsi qu'il a fait appel aux services de la Société d'Etudes, de Conseils d'expertise, S.E.C.E aux fins
de procéder à une
évaluation de la valeur vénale dudit terrain, tel qu'il est précisé par le rapport d'expertise du 21 Décembre 1998, versé
au dossier :
Superficie : 41ha 55a 96ca ;
Surface remblayée : 6225 m2
Surface restante : 40937 m2
Evaluation de l'ensemble du terrain : 55.395.980.000 FMG
(coeficient conjonctuel ) x 1,2
Valeur vénale totale : 66.476.376.000 FMG
Que par ailleurs, la Société requérante affirme que par le biais de l'entreprise Groupement Immobilier de Madagascar,
G.I.M., elle a projeté
d'implanter sur la propriété «TANANA SOA MANAMBINA», des travaux de construction et de production immobilière
(zones d'habitation sociale et
résidentielles et commerciales) ;
qu'à cet effet, elle a déjà investi dans l'achat des matériels, engins, véhicules en tous genres en vue de l'exécution
desdits travaux ; qu'un
procès-verbal d'huissier en date du 21 Juillet 1992 ainsi que des dossiers relatifs à leurs importations ont été jointes à
la présente requête
; que ces matériels et engins de travaux publics sont pour la plupart très sophistiqués et très coûteux et ne peuvent
servir à d'autres fins ;
que l'immobilisation de ces capacités de travail lui cause un préjudice considérable ; qu'enfin, la Société requérante
soutient que
l'immobilisation du terrain et l'immobilisation des capacités de travail engendre un manque à gagner conséquent ;
SUR LE QUANTUM :
Considérant que l'OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR sollicite le paiement de la somme de 75 Milliards de
FMG à titre de dommages-intérêts,
comprenant entre autres le montant de la valeur venale totale du terrain, soit 66.476.376.000 FMG ;
Que cependant, de telles prétentions s'avèrent exagérées et excessivement élevées ; qu'en effet, bien que marécageux
et nécessitant un
remblayage pour être opérationnel, le terrain dans sa totalité, reste toujours la propriété de la Société et non, vendu ;
que d'autre part, une
partie de la surface totale, soit 6225 m2 étant déjà remblayés, la demande de dédommagement ne saurait donc
concerner que la partie restante,
soit 409.000 m2, basée essentiellement sur l'immobilisation du terrain vendu inutilisable, sur l'immobilisation des
capacités de travail, sur
le manque à gagner résultant de la non réalisation du projet immobilier ; qu'en aucune manière donc, la société
requérante n'est à demander le
montant de la valeur vénale totale du terrain ;
1)- Sur l'immobilisation du terrain et des capacités de travail :
Considérant que le dédommagement a été calculé en raison de 150.000 FMG le m2 ; que même si cette valeur a été
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 4/6
26/04/2023 11:06 Madagascar, Cour suprême, Chambre administrative, 27 septembre 2000, 28/99-ADM
Parties
Demandeurs : OMNIUM COMMERCIAL DE MADAGASCAR
Défendeurs : ETAT MALAGASY
Références :
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 5/6
26/04/2023 11:06 Madagascar, Cour suprême, Chambre administrative, 27 septembre 2000, 28/99-ADM
Pays : Madagascar
Juridiction : Cour suprême
Formation : Chambre administrative
Date de la décision : 27/09/2000
Date de l'import : 22/11/2019
Numérotation
Numéro d'arrêt : 28/99-ADM
Numéro NOR : 176806
Identifiant URN:LEX : urn:lex;mg;cour.supreme;arret;2000-09-27;28.99.adm
Juricaf est un projet de l'AHJUCAF, l'association des Cours suprêmes judiciaires francophones. Il est soutenu par l'Organisation
Internationale de la Francophonie.
https://juricaf.org/arret/MADAGASCAR-COURSUPREME-20000927-2899ADM 6/6