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Amélie Neuve-Eglise
Dans les anciens écrits pahlavis, il est indiqué qu’il résiderait sur un arbre
guérisseur appelé "vispubish" ou "harvisp tokhmak" qui porterait les
graines de toutes les plantes existantes. En outre, l’Avesta nous apprend
que cet arbre est situé dans la mer de "varoukâshâ", également appelée
"farâkhkart". De nombreux récits mystiques chiites allèguent quant à eux
que son nid se trouverait au sommet de l’arbre Tûbâ - l’arbre de la
connaissance - situé au cœur de la montagne de Qâf se trouvant elle-
même au sommet du Malakût, monde imaginal et terre des événements
mystiques de l’âme.
Enfin, il est parfois dit que la secousse provoquée par son envol fait tomber
de l’arbre Tûbâ toutes les graines de toutes les plantes du monde. Ces
dernières prennent alors racine et se développent sur terre, fournissant aux
hommes des remèdes contre leurs maladies. Par conséquent, le Sîmorgh
est parfois considéré comme étant un symbole de la fertilité ou un
médiateur entre le ciel et la terre.
C’est cependant dans Le langage des oiseaux (Mantiq al-Tayr) de Farid al-
Din ’Attâr que le Sîmorgh fit son apparition la plus remarquée. Le titre de
l’ouvrage fait référence à un passage du Coran indiquant que le prophète
Salomon avait reçu le privilège de comprendre le langage des oiseaux,
c’est-à-dire celui de toute la création et de l’être profond de l’ensemble des
êtres vivants la composant : chacun devenait alors pour lui un livre ouvert
révélant le secret intime de son être, permettant ainsi de déchiffrer tous les
symboles et de percer les mystères de la création.
Le Phénix était déjà présent chez les Grecs ainsi qu’en ancienne Egypte où
il existait sous le nom de Bénou, oiseau mystérieux qui n’apparaissait que
tous les cinq siècles aux hommes à l’occasion de sa mort et de sa
résurrection à Héliopolis (ou "Cité du soleil"). Il symbolisait le soleil levant
et était étroitement associé avec le Dieu du soleil Râ.
Dans les représentations qui en ont été
faites en Europe durant le Moyen Age, il
prend la forme d’une sorte d’aigle au
plumage rouge, (d’où son nom venant de
"phénicée" qui, en grec, signifie
pourpre) [10]. Selon les sources de cette
époque, il vivrait jusqu’à 500 ou 1461 ans
pour ensuite préparer un bûcher au sein
duquel il s’immole pour renaître de ses
cendres trois jours après sous la forme
d’un jeune Phénix.
Influences contemporaines
Le Sîmorgh est quant à lui est présent dans La Tentation de Saint Antoine
de Flaubert (1877) et constitua l’objet de nombreux écrits de l’iranologue
Henry Corbin. On le retrouve également dans de multiples jeux vidéo et
mangas. Plus récemment, l’épopée de ’Attar a inspiré des ouvrages tels
que Le Sîmorgh de Christian Charrière ainsi que le dernier roman de
l’écrivain algérien Mohammed Dib.
Bibliographie
’Attar, Farid al-Din, Mantiq al-Tayr, Sherkate entesharâte elmi va
fargangi, 1994.
Bürgel, J.C., The feather of Simurgh, New-York, 1988.
Corbin, Henry, En islam iranien, Tome 1 et 2, Gallimard, 1991.
Corbin, Henry, Avicenne et le récit visionnaire, Verdier, 1999.
Sohrawardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, quinze traités et
récits mystiques traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par
Henry Corbin, Fayard, 1976.
Soltâni Gord-Farâmarzi, Ali, Simorgh dar qalamraw-i farhang-e Irân,
Téhéran, 1993.
Notes
[2] Selon d’autres versions, Zâl fut élevé dans le nid même du Sîmorgh dans les montagnes
de l’Alborz jusqu’à devenir un superbe adolescent dont la renommée fut rapidement
propagée par les caravanes du désert. La nouvelle parvient jusqu’aux oreilles de Sâm qui,
après avoir vu plusieurs songes, décide de partir à la quête du nid du Sîmorgh pour
retrouver son fils. Après s’être retrouvés, Sâm demande pardon à son fils et ils reviennent
ensemble chez eux. Dans d’autres versions, quelques jours après l’abandon de Zâl, sa mère
part à sa recherche pour découvrir avec surprise son enfant vivant. Après avoir découvert le
secret de sa survie, elle décide de l’arracher au désert et de le ramener avec elle.
[3] Cette Face divine se révélant à l’homme est en réalité un reflet de la Face éternelle de sa
propre âme, d’où l’idée d’un face-à-face éblouissant où se révèle une identité commune.
[5] Dans ce récit, Sohrawardî décrit le Sîmorgh comme une créature qui "a son nid au
sommet de l’arbre Tûbâ. A l’aurore, il sort de son nid et déploie ses ailes sur la Terre. C’est
sous l’influence de ses ailes que les fruits apparaissent sur les arbres et que les plantes
germent de la Terre". In L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits du
persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
[6] "Safîr-e Sîmorgh", in L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits
du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
[7] Ibid. Dans son "Récit de l’archange empourpré", Sohrawardî évoque également qu’il n’y a
pas qu’un mais bien plusieurs Sîmorgh qui descendent continuellement sur terre, l’un
disparaissant pour laisser sa place à l’autre.
[8] Pour parvenir au but, les oiseaux doivent passer par sept vallées d’épreuves appelées
talab (quête, recherche), ’ishq (amour), ma’rifat (gnose, connaissance), istighna’
(indépendance), tawhid (unité divine), hayrat (stupeur), fuqur et fana’ (dénuement et
effacement, annihilation en Dieu). Ces sept cités représentent les sept étapes ou stations
que chaque pèlerin en quête de vérité devra franchir pour réaliser et atteindre sa vraie
Nature.
[10] La couleur de son plumage n’est d’ailleurs pas sans rappeler le motif de l’aile rouge
dans le "Récit de l’archange empourpré" de Sohrawardî.
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18 Messages
Sîmorgh
17 février 2010 12:35, par ousmina
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Sîmorgh : de l’oiseau légendaire du Shâhnâmeh au guide intérieur de la
mystique persane
29 juin 2010 01:04, par izabel
un grand merci pour nous avoir transmis cet enseignement sur ce fabuleux et
majestueux oiseau tant par la philosophie, le côté mystique, la mythologie et la sagesse
qu’il represente
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Bonjour, tout d’abord, merci infiniment pour ce remarquable exposé qui m’a plus
qu’éclairée d’autant que j’ai choisi pour pseudonyme, l’autre nom de Sîmorgh, Saêna,
sur MSN ; je ne connaissais pas l’orthographe exacte, j’ai cherché sur le net en tapant la
rubrique de Sîmorgh et suis tombée sur votre site en me laissant guider par l’intuition
quant aux autres proposés...LUMIERE ! Je suis moi aussi dans cette quête. J’ai trouvé là
dans cette exceptionnelle synthèse l’essentiel de ma recherche : bénédiction. Elle va
m’être précieuse.
Je vais noter soigneusement toute la bibliographie proposée et continuer dans mes
recherches qui durent maintenant depuis 15 années.
J’écris. Je médite les Saintes Ecritures. Je publie actuellement mon premier OPUS. Nom
d’auteur PLUME.
Je cherche à comprendre le sens de la vie des hommes, non résolu pour beaucoup selon
moi. Je travaille sur l’Amour (au sens de Celui de Dieu, l’Agapé, dont tout découle) et
aussi la souffrance, la mort.
Je pense être venue ici pour cela. Mais c’est une autre histoire.
Forte d’avoir lu ceci très attentivement, je crois que je viens de franchir un petit degré
de compréhension.
Je ne vous dirai jamais assez merci de vos très précieuses indications sur l’oiseau
fabuleux, ou oiseau-âme.
Salutations très respectueuses à tous les intervenants de tant de merveilles. Il y a
encore ici-bas des personnes inspirées, Dieu merci. Qu’elles soient bénies. 16 octobre ,
par Saêna et ou MARIE-DANIELLE
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Sîmorgh : de l’oiseau légendaire du Shâhnâmeh au guide intérieur de la
mystique persane
21 novembre 2010 12:39
Madame Foncel,
Bonjour,
Je vous remercie de votre message, et vous souhaite beaucoup de réussite pour la
suite de vos recherches.
Bien cordialement,
Amélie Neuve-Eglise
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cet article est magnifique, bien documenté et bien écrit. Un grand remerciement.
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Bonsoir,
Je vous remercie pour votre documentation qui m’a aider à mieux comprendre la
signification du Phoenix mais aussi de ce qu’il y a autour de cet oiseau mystique et si
mystérieux par la même occasion.
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La lecture de ces informations me laisse charmée (éblouie) tant les significations sont
porteuses d’élévation spirituelle.
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Sîmorgh : de l’oiseau légendaire du Shâhnâmeh au guide intérieur de la
mystique persane
15 novembre 2011 20:54
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Yvon Labbé
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Je suis passionné par tout ce qui concerne et entoure les religions révélées surtout de
l’Islam et vous remercie de m’avoir bien éclairé sur ce légendaire oiseau le Simorgh et si
je peux avoir plus d’informations ainsi que le Graal de la monade.merci
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en 2017 , avec des amis nous programmons une exposition intitulée " la route de la
soie". Je suis responsable d’un voyage initiatique au travers les pérégrinations qu’un
oiseau de légende entreprendrait , regardant le monde d’en haut avec une vision
impartiale et évoquant le monde " d’avant". C’est un oiseau voyageur qui nous mènera
du Nord de la France jusqu’en Mongolie .Votre texte m’intéresse par sa beauté et pour
les rêves qu’il me procure . Merci
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Dans un contexte judéo-chrétien il est possible d’y voir une analogie avec la colombe de
la Trinité
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