Vous êtes sur la page 1sur 18

]ETUDES D'ANTIQUITÉS AFRICAINES

LE LIMES DE TINGITANE
LA FRONTIGRE MGRIDIONALE

Par
Maurice EUZENNAT

ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE


15, quai Anatole France - 75700 PARIS
1989
FORTBRESSBS ET ~TAEEI~SENENTS
DU RHARB 55

qkmmp&on &rielle serait faussée par i'h&ihde ch ne ccmwmef:, P l'@que d les fwqilies ont 6th ]faite@, que
!&@spn6$ p;eu pds 1 s nn%rcfms 4 k p d w s ou lm &&am& & b& wnw.
. 8i l'on étend l h a l y s e 4 l'ensemble du sitea, on peut en r e m d e m c h r e de i'abeneé de &ramique 4 vernis
kx& & de v m s italiques46que l'ét9bliss~rnmt de Souk d &ha est m s C ~ ~ CpcM&kure F B 4 lknnimion de la
rn que wnf- la présmce de tessons gallo-romka" et Péchebnnement des monnaies, p d
bissions &s premim Antonins omupent une pWe pîrvil6giée. Un hietogramme ne peut avoir
@&'me d e u r trbs relative en raison des incertitudes de la forrilie st des inventaires ;mais en le compaaat 4 ceux
établis nagubre pour Volubilis, Banasa et ThmusidaM,on wnrstate que son profil gén&ralest plus
ci que des deux premiers. Le ralentissement && $changis ysapparalt m b e plne nettement encore
IIIc S., oe qui m'est pas sans surprendre dans cette période de relative tranquiuit-é &tde grande
la vie de i'établissemmt est tout à fait parallèle à celle de la forteresse, qui p a i t se ranimer
miif if eu dw HIIFS. Lorsque les o,en$reg romains du nord de la province commencent à souffrir & m e insécurité
#@bw49. Ilserait difficile d e souli&e~rplus clairement son véritable rôle. Ce n'était bien évidemment pas &ai
&bn centre de colonisation agricole, ni du grand marché que sera plus tard Souk el Arba. Cette vocation naturelle,

P d a situation au amtact de la plaine et des collines, entre les nnels et les tirs, les terres de culture @ lm terres
&vqpso, n'a manifestement pas compté dans l'Antiquité. Les ruines, camp et uim, sont celles d'une étape
btfèr-e et d b n e garnison chargéeCId'assurer, et de protéger lorsque c'était nécessaire, les relations entre le nord
de la province et les . '" 'u si i

11. FORTERESSES ET ÉTABLISSEMENTS DU RHARB

Peu de restes romains ont été trouvés aux environs de Souk el Arba malgré l'intérêt soutenu que le Contrôleur
Baritou porta à leur recherche durant les deux séjours qu'il fit dans ce postes2 (fig. 3). La préhistoire est
relativement mieux partagée, bien que les sites recensés soient plutôt moins nombreux que dans les autres régions
du Marocs3;mais à vrai dire les terres marécageuses entre l'oued Mdâ et le Sebou, qui sont encore aujourd'hui
périodiquement inondées en dépit des travaux de drainage qui les ont assainies 54, n'étaient guére plus accueillan-

" Ci-dessous p. 109-111, 114, 117, 118-121, 124.


46
Cidessous p. 114. Luquet fait état dans son rapport de fragments d'amphores de forme Dresse1 1 et 6. L'indication n'est pas
iÈivmisemblable, mais peu probable eu égard aux marques epertoriées qui se rattachent presque toutes à la forme Dresse1 20. La découverte
h n e monnaie de Carteia à l'emplacement du camp et d'une monnaie de Tib6re à ses abords, ci-dessous p. II 1 et p. 121, ainsi que la prbsence
h s le mtdaillier du mude de Rabat de deux monnaies maurétaniennes de provenance incertaine ne sauraient avoir une valeur dbterminante.
Cidessous no 3, p. 109 ;22, p. 117 ; 23-27, p. 118-119.
J. MARION,Notes sur les series monétaires de la Maurétanie tingitane. B.A.M.,t. 4, 1960, p. 449-457 et fig. 3, p. 451. Les fouilles faites
b Thamusida de 1959 s i 1962 ont accru d'environ 50 % le nombre des monnaies trouvees sur ce site. L'auteur n'a pu en tenir wmpte que
%p@eitelment en 1960, mais les nouvelles déwuvertes n'ont pas modifié d'une manière sensible le profil de l'histogramme correspondant, ID.,
&te s w la contribution de la numismatique la connaissance de la Maurétanie tingitane. Antiquités africaines, t. 1, 1967, p. 99-1 18, étude
fiamusida 3, p. 93-140 et p. 308.
EUZENNAT,Les troubles de Maurétanie, p. 385-386.
--- ---.. -.
mi tient compte pour l'essentiel des &ries inventoriées dans namusida 1, p. 72-77, 133, 202-218 et 266-272 et plus rkcemment dans
, -
" LE COZ, Le Rharb, t. 1, p. 352 et t. 2, p. 836-837.
" EUZENNAT, Les voies romaines du Maroc, p. 605-607.
i Iirri
&,--

'"idessus p. 35-37. ?uw'm-*-. .*


Atlas préhistorique 1, Ouezzane, p. 49-60 : une dizaine seulement pour la région consid6rte ici ; mais l'inventaire est certainement
ncomplet, si l'on en juge par les tumulus, ci-dessous n. 55
Cidessous p. 99.
LE LIMES DE TINGITANE

. tes dans l'Antiquité que la plaine centrale. Les nombreux tumulus qu'on trouve sur leur pourtourss et qui sont
d'époque historiques6ne témoignent pas nécessairement d'une ancienne vie sédentaire. Si celle-ci a existé,
elle n'a en tout cas pas laissé d'autres traces reconnues et l'examen des photographies aériennes comme les
contrôles qui ont pu être faits n'ont quasiment rien donnés7.
A moins d'un kilomètre au nord de Sidi Aïssa bel Hassène, quelques ruines naguère discemables près du
seyyid de Sidi Jilali el Khalifi sont trop proches pour qu'on les dissocie de l'établissement voisin. On peut aussi
supposer qu'il existait sur les buttes dominant celui-ci vers l'est et vers le nord des tours jouant le rôle de guette
ou d'avant-poste ; mais aucune n'a été repérée. Les rares indices qui ont été relevées paraissent jalonner deux
,J itinéraires conduisant l'un vers Banasa et le bas Sebou, l'autre vers Ksiri, Sidi Kacem et Volubilis. A la hauteur
de Karia el Habassi, 8 km au sud - sud-est de Sidi Aïssa, sur la crête qui domine le douar Oulad Mra, M. Baritou
"

a observé « quelques dômes de terre entourés d'un vallum circulaire comblé » qu'il tenait pour « des vestiges de
fortifications dominant la plaine du côté du Sebou 59 ».Il s'agit en réalité de tumulus déjà signalés par Tissot en
ais en 1938 « un colon racontait avoir trouvé, en labourant, une piBce de monnaie et des fondations
i enterrées6' » et l'on voyait encore à proximité, vingt ans plus tard, quelques pierres de taille ainsi que
dont certains pouvaient être romains 62.
Au-delà, la route de Volubilis entrait dans la zone inondable, OU le repérage des vestiges moins aisé6), pour
$3
est
. franchir le Sebou à Mechra bel Ksiri, son gué le plus importantM.Elle se tenait ensuite sur sa rive gauche, coupant
qt!wFy
-?w
w?' . '
-:.i4ps
Y . ---:<..;',,
r .
"
.P. *?-
i'

.- -$A* &Ji {$&$,


A11a.sprkhistorique 1, Ouezzane, no 4 (Si Mohammed el Mhid) p. 52-53 ; 6 (Lalla Rhano) p. 54-55 7 (Koudia Sb&)p. 55 ; 8 (Lalla
4

O (Sidi Bchir) ; 12 (douar Sidi Abdallah ben Abdallah) ; 13 (Ouled el Aïn) et 14 (Sidi Allal) p. 58.
p. 42 et 60 entre Karia el Habassi et Banasa, et M. PONSICH, Voies de transhumance et peuplement
76, qui signale p. 37, no 69 à 72 plusieurs tumulus à l'extrémité occidentale des collines de Lalla Zahra,
trouve un nombre beaucoup plus grand encore au nord, sur les premibres pentes prérifaines, ibid.,
p. 23 et p. 30-36.
Une tombe à caisson mise au jour dans le tumulus de Lalla Rhano, ci-dessus n. 55, no 6, a fourni un vase peint de tradition
ibéro-punique comparable à ceux qu'on fabriquait à Banasa ou dans la région de Tanger dès le Vc/IVe S. av. J.-C., cf A. Luqum, La céramique
préromaine de Banasa. B.A.M., t. 5, 1965, p. 117-122, à comparer avec M. PONSICH, Recherches archkologiquesà Tanger er dam sa rkgion. Paris,
1970, p. 130 et ID., Note préliminaire sur l'industrie de la céramique préromaine en Tingitane (Kouass, région d'Arcila). Karthago, t. 15,
1969-1970, p. 93-94. Également B.A.A., t. 6, 1975-1976, p. 24-26 et Territoires utiles du Maroc punique dans Phonizier im Wesren. Die Beitnfge
des Inrernationalen Symposium über «Die Phonizische Expansion im Wesrlichen Mitrelmee~raum in Koln vom 24 bis 27 April 1979, hg.
H.G. NIEMEYER. Mainz, 1982 (Madrider Beitrige Bd 8), p. 439. Des tombes du même type ont Cté trouvées à Si Mohammed el Mhid, cidessus
n. 55, na4, et à Lalla Fatima, na 8 ;cette dernière contenait les restes de deux défenses d'éléphants et A. JODIN,L'éIéphant dans le Maroc antique,
926Congrés des Soc. savantes. 1967 (1970), p. 56, la considérait comme « puni-maurétanienne ». Environ 1 km au sud-est de Si Mohammed
el Mhid, M. Baritou a vu « des traces de voie romaine au passage d'un oued près du douar El Kaabza » et des « débris de pierres de taille
romaines dans un cimetiére voisin », non retrouvés en 1961.
'' On ne disposait à l'époque, en dehors de clichés ponctuels, que de la couverture régulière I.G.N. à 1/30 000 ca, très insuffisante pour
de telles recherches. Les conclusions de M. POMICH,B.A.A., t. 6, 1975-1976, p. 20-21, restaient toutefois les mêmes quinze ans plus tard. après
une exploration apparemment poussée. En ce qui concerne l'époque romaine, il ne signale qu'un seul site nouveau, p. 37, no 72, au demeurant
modeste. Les ruines no 86 de la carte p. 32, sans notice ni réfbrence, correspondent aux R.R. portées sur la carte au 50000s. feuille
NI-29-XVIIIA, Lulla Mimouna, c.L. 464.8-43 1,2, près du seyyid de Sidi Mohamed el Haj. Ces deux points se trouyent sur les collines de Lalla
Zahra, cidessus, n. 55.
" Provient notamment de ce site un petit objet en terre cuite d'interprétation difficile, peut-être un poids, publié par G. SOUVILLE, Souk
el Arba : forme de potier. B.A.M., t. 2, 1957. p. 193-194. II porte une inscription gravée à la pointe que G. GARBINI,Storia e problemi
dell'epigmjia semitica. Napoli, 1979 (Annali dell'Istituto Orientale di Napoli, t. 39, suppl. n. 19), p. 98, considére comme de type néopunique
ou libyque, ce qui est loin d'être sar, cf THOUVENOT, Banasa, p. 56. On a également trouvé non loin de là « une pierre qui a dll servir de meule
et dont la circonférence a été gravée ». R. THOUVENOT, ibid., p. 4, n. 1, lisait avec difficulté IVCY- et pensait qu'il s'agissait d'une borne fonciére
.A > .--. ,,.,* 4,

,.
.,,
.
.-,<, V I -

I
1 .;
Lettre à R. Thouvenot du 12 mai 1938.
TISSOT,Sur les monuments mégalithiques et les populations blondes du Maroc. Revue d'Anthropologie, t. 5, 1876, p. 388. Cf Atlas
prkhistorique 1, Oueuane, no 9 (Souk el Arba), p. 57. < v.. p . y
Correspondance citée ci-dessus n. 59. , ..
A. LUQUET,B.A.M., t. 6, 1966, p. 370, no 18 : « près du Douar Oulad Mra, vestiges de murs de 60 cm de longueur (sic) ;lien (sic) de
sable et de chaux, tessons de poterie romaine. Pierre de grand appareil ».L'incohérence de la description suscite naturellement quelque réserve.
THOWENOT,Banasa, p. 3. EUZENNAT, Le limes du Sebou. B.C.T.H. n.s., t. 17 B, 1981, p. 371-380 et cidessous p. 99 S. ++t-a7,

Les voies romaines du Maroc, p. 606. LE COZ, Le Rharb, t. 1, p. 355.


EUZENNAT,

-- a m - -
. a- .. , -
.
FORTERESSES ET ~TABLISSEMENTS
DU RHARB

droit de méandre à méandre, comme plus tard le Trik Sultan, route traditionnelle de Tanger à Fès qui avait dû
adopter son ancien tracé'js. A 5 km, près du seyyid de Sidi Larbi Boujema (fig. 3), plusieurs pierres de grand
appareil sont restées longtemps sur l'étroite plage, au pied de la berge, parmi des moellons, des fragments de tuiles
et de briques indiscutablement romains. Deux étaient des claveaux d'arc, dont une clé décorée d'une oenochoé
pssiérement sculptée en fort relief (fig. 25). A l'entour la céramique abonde, sigillée gallo-romaine ou

Fig. 25. - Sidi Larbi Boujema. Pierres de taille en bordure de l'oued Sebou, hiver 1951.

hispanique, claire A, tessons d'amphores ou de poteries communes, et I'on a recueilli à proximité, en 1951 ou 1952,
une monnaie de Claude et une autre de Nerva66.Dans le talus, environ 3 m au-dessous du sol actuel, un niveau
archéologique dense et étendu qui n'est pas sans évoquer celui qui existe à Thamusida en bordure du fleuve,
indique l'emplacement d'un établissement romain relativement important 67. Des observations analogues ont été

61
Ci-dessus p. 35, n. 1.
" Catalogue des monnaies du M u t e des Antiquités de Rabat, fasc. Localités diverses, sous la rubrique « trouvé 21 Sidi el Boujema (région
de Mechra bel Ksiri, mai 1952) : Nerva 1 M.B. COHEN108 B. La monnaie de Claude a disparu.
'' EUZENNAT, Les voies romaines du Maroc, p. 606-607 ;ID., B.A.M.,t. 2,1957, p. 216 et B.C.T.H., 1957, p. 58 ;ID., art. Sidi Larbi Boujema.
Encyclopedia of ClassicalSiies, p. 836. A. LUQUET,B.A.M., t. 6, 1966, p. 370, no 19. ïkamusida 1, p. 49, n. 3 et p. 186-187. L'identification de
cer ruines avec la statio Vopisciana de 1'11. ont., 23,5, que j'ai proposée naguére, est lite 2I celle de Tremuli, cidessus p. 35, n. 5. Sur la rive
droite du Sebou, 1,8 km 2I l'est de Sidi Larbi, soit 2,7 km en amont si I'on suit le mkandre, on distingue sur photographie aérienne des traces
ruiniformes sur une superficie d'environ 7 ha (280 x 250 rn ca)en partie occupée en 1962 par un douar, cf clichés I.G.N.Maroc 1962 024-100,
no 3416-3417, dépouillement J. Soyer 1974. Faute d'avoir pu effectuer un contrôle au sol, l'interprktation de ces traces est difficile.

Vous aimerez peut-être aussi