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Évaluation de la résistance mécanique du béton de structures existantes:


revue des connaissances

Conference Paper · November 2011

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Ferdjani Aissam A. Brara


University of Blida 1 Independant
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Le 2ème Congrès International sur la Technologie et la Durabilité du Béton CITEDUB 2 les 27-29 Novembre 2011—ALGER, ALGERIE

EVALUATION DE LA RESISTANCE MECANIQUE DU BETON DE STRUCTURES


EXISTANTES : REVUE DES CONNAISSANCES
A. FERDJANI*, A. BRARA**
*Université Saad Dahlab de Blida, Blida, Algérie
**Centre National des Etudes et Recherches Intégrées au Bâtiment, CNERIB, Alger, Algérie
1. Résumé
Lors de la conception d’ouvrages en béton armé, l’ingénieur utilise dans ses équations de calcul la
contrainte caractéristique du béton qui reste l’une des caractéristiques principales du béton. Cette
résistance est définie au préalable en fonction de paramètres économiques ou technologiques liés au
projet et à son environnement. Au cours de la réalisation des ouvrages, des mesures sur des éprouvettes
normalisées de contrôle, coulées en même temps que la structure, sont effectuées pour vérifier si cette
valeur est bien atteinte. Malheureusement, ce contrôle normalisé et routinier peut donner parfois des
résultats non satisfaisants, remettant automatiquement en cause les calculs de l’ingénieur effectués
pendant la phase de conception.
Dans ce cas précis, ou bien en d’autres, liés à des aspects contractuels, il arrive que le béton durci
des structures soit soumis au contrôle. Ce contrôle à posteriori est effectué via des essais (semi)
destructifs (carottage) et/ou non destructifs (scléromètre, ultrason). L’essai d’écrasement des carottes,
ou leur extraction, introduit à son tour un ensemble de paramètres nouveaux qui interfèrent sur la valeur
de la contrainte caractéristique. Les paramètres les plus connus étant la forme (cube, cylindre) et les
dimensions (latérales et longitudinales, élancement) des corps d’épreuves, la dimension maximale des
agrégats, dont l’influence est désignée génériquement par ‘l’effet d’échelle’.
Depuis les années 40 du siècle dernier à nos jours, d’importants travaux de recherche théoriques et
expérimentaux ont été consacrés au problème de la caractérisation de la résistance à la compression
du béton en place.
Cet article présente une synthèse critique des connaissances récentes sur le sujet, dans laquelle les
résultats d’essais, l’interprétation et la modélisation de l’effet d’échelle sont rapportés et suivis de la
discussion de leur incidence dans le domaine de l’ingénierie.
Mots clés : béton, résistance, carottage, effet d’échelle, élancement, corrélation
2. Introduction
La résistance à la compression du béton est une caractéristique importante pour toute structure en
béton armé appelée à résister à des charges extérieures. Mieux encore, la résistance du béton est un bon
indicateur pour d’autres caractéristiques ayant une importance pratique. Concernant le contrôle de la
qualité du béton, des essais sur des éprouvettes normalisées sont effectués sur du béton prélevé pendant
la construction. Ces éprouvettes, qui donnent la résistance potentielle du béton, sont préparées et testées
conformément aux spécifications de la règlementation en vigueur. D’un autre côté, la détermination de
la résistance réelle du béton dans une structure n’est pas évidente parce qu’elle dépend du type de cure
subie et de la qualité de compactage du béton. Par conséquent, l’essai sur l’éprouvette normalisée
représente-t-il ou non la résistance du béton en place dans les structures ? Cette question est
fréquemment soulevée par les ingénieurs praticiens. La réponse à cette question devient encore plus
importante lorsque les résistances des éprouvettes normalisées sont trouvées plus faibles que la
résistance spécifiée dans les calculs.
Dans ce cas, ou bien la résistance du béton dans la structure est faible ou bien les éprouvettes ne sont
pas représentatives du béton de la structure. La solution du problème revient généralement à l’extraction
et à l’écrasement de carottes à partir de l’élément structural suspecté. De plus, il peut ne plus être possible
de trouver et écraser des éprouvettes standards ayant le même âge que la structure et il peut être
nécessaire de définir la résistance réelle d’une structure pour savoir la résistance et la durabilité de la
structure sont adéquates pour son utilisation future. Cela peut arriver également lorsqu’une structure
existante doit être modifiée ou redimensionnée, ou lorsqu’une structure a subi des dégradations suite à
un sinistre ou bien pour vérifier la qualité des réparations à apporter à une structure. Pour ces situations
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spéciales, l’essai de carottage reste le moyen le plus utilisé et le plus fiable pour connaître les propriétés
du béton des structures.
Le besoin de tester des carottes pour obtenir une estimation de la résistance d’un béton suspect existe
bien, et des recommandations pour le carottage ainsi que pour l’interprétation des résultats des essais
existent dans les normes et les standards de différents pays, notamment européen ou américain. Ces
documents concernent principalement les carottes de diamètre d minimal de 100 mm. Cependant, il est
souvent difficile d’extraire des carottes ayant ce diamètre remplissant la condition du rapport minimal
de cette dimension rapportée à la longueur l égal à l’unité (élancement l/d =1.0). Cela peut être dû ou
bien à l’épaisseur limitée de l’élément ou bien à la grande concentration locale d’armatures dans les
constructions en béton précontraint. Une autre contrainte, et pas des moindres, qui impose une réduction
de la taille des carottes est la densité des armatures présentes dans le béton de structures, surtout dans
les régions du nord de l’Algérie particulièrement sismiques. Le choix de carottes de plus petit diamètre
apporte des avantages intéressants : réduit les coûts des équipements (carotteuse, presse, espace de
stockage, etc..) et minimise les dégâts sur la structure. Pour cette raison, les diamètres des carottes se
trouvent limités à 100 mm, 75 mm ou même 50 mm. Des carottes de diamètres encore plus petits ont
été utilisées malgré le manque de fiabilité de leurs résultats d’écrasement. Il est important de noter,
cependant, que la réduction de la taille de l’éprouvette peut affecter la résistance mesurée. Dans le cas
du béton, qui est un matériau très hétérogène, la réduction de la taille de l’éprouvette peut changer
significativement ses propriétés. Ce phénomène est désigné par: ‘l’effet d’échelle’. La compréhension
et l’analyse de l’effet d’échelle prend une position importante dans le problème de la caractérisation de
la résistance mécanique du béton dans les structures existantes.
La notion d'effet d'échelle en mécanique caractérise la dépendance des performances des matériaux,
notamment au voisinage de la rupture, aux différentes dimensions entrant en jeu lors du passage d'une
échelle d'étude à une autre. Ce phénomène s’observe sous trois aspects différents : effet d’échelle de
volume, effet d’échelle de structure et effet d’échelle de taille.
L'effet d'échelle d'effet de volume est relatif aux essais sur éprouvettes de laboratoire de même forme
mais de volumes différents. Dans ce cas, on observe expérimentalement une diminution de la contrainte
moyenne de rupture avec l'augmentation du volume de l'éprouvette d'essai soumise à une sollicitation
homogène. L'effet d'échelle de volume est lié souvent à l'existence de défauts dans les matériaux.
L'effet d'échelle de structure est relatif aux essais sur des modèles de structure de volumes différents.
Les performances mécaniques des structures réelles ne sont pas forcément identiques à celles des
éprouvettes du laboratoire. La transition matériau/structure nécessite de prendre en compte les effets
d'échelle. En effet, on observe que la contrainte de rupture diminue lorsqu'on augmente la taille de la
structure. En particulier, ce phénomène a été mis en évidence à travers des essais de traction et de flexion
sur des poutres avec ou sans entailles de dimensions homothétiques.
Le problème d'effet d'échelle qui présente le plus grand intérêt en mécanique des solides est celui de
l'effet de la taille d'une structure sur sa résistance, notamment dans le cas des matériaux quasi-fragiles.
L’effet de taille caractérise la dépendance des performances mécaniques des matériaux de la taille de
leur microstructure.
Le phénomène de l’effet d’échelle est identifié depuis plus de 5 siècles et les spéculations à ce sujet
peuvent être remontées à l’époque de Leonardo da Vinci (1500), qui a observé que "parmi des cordes
d'épaisseur égale, la plus longue est la moins résistante ", et il a proposé alors que "une corde est plus
résistante… quand elle est plus courte". Cet illustre savant est contredit un siècle plus tard par Galilée
(1638), qui a discuté alors l'effet de la taille d'un animal sur la forme de ses os, en observant que la
grosseur des os est le point faible des géants. Depuis, les recherches, pour la compréhension de ce
phénomène, n’ont pas cessé jusqu'à nos jours et ont concerné d’autres matériaux hétérogènes,
notamment le béton, et ce juste après l’apparition des notions de contrôle réglementaire de sa qualité au
début des années 40. Beaucoup de chercheurs se sont penché sur le problème de l’évaluation de la
résistance du béton dans les structures. Ces recherches entreprises dans différents pays ont concerné
principalement les effets d’échelle des corps d’épreuve. L’engouement des chercheurs et le regain
d’intérêt pour ce sujet s’explique par les retombées significatives sur le domaine de l’ingénierie.
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Le présent travail propose une revue des connaissances les plus récentes dans le domaine de
l’évaluation de la résistance mécanique du béton des structures existantes via des essais sur de corps
d’épreuves y extraits, l’interprétation des résultats et leur modélisation.
3. Effet d’échelle : revue des connaissances sur les expérimentations sur le béton et leurs résultats
Comme rapporté par Bartlett et MacGregor en 1994 dans la revue littéraire de leur travail de
recherche, [1], l’expérimentation sur des corps d’épreuves extraits de structures en béton a commencé
dès le début de la deuxième moitié du 20ième siècle, avec Tucker (1945). La majorité des travaux, cités
par [1], a concerné l’effet d’échelle de volume avec des carottes comme corps d’épreuves. Parmi ceux-
là, les travaux de Mather et Tynes (1961), Hansen et al. (1962), Newman et Lachance (1964), Bloem
(1965), Bolotin (1969), Lewis (1976), Meininger et al. (1977), Malhotra (1977), Wagner and Hall
(1977), Bungay (1979), Chung (1979), Ramirez et Barcena (1979), Meynink (1979), Munday et Dhir
(1984), Ottosen (1984), Larsen and Marx (1986), Madsen et al. (1986), Campbell et Tobin (1990) et
Lessard et Aitcin (1992). D’autres chercheurs ont étudié, outre l’effet de volume, l’évaluation de la
résistance du béton de structures existantes ; notamment Petterson (1964), Meynard et Davis (1974),
Murphy (1977), Malhotra et al. (1980), Yip et Tam (1988), McIntyre et Scanlon (1990), Mak et al.
(1990) et Haque et al. (1991), [1].
Des recherches intensives sur le sujet, dont la consistance et les résultats sont succinctement
récapitulés ci-après, ont été entreprises dans beaucoup de pays durant les deux dernières décennies.
Parmi ceux des années 90, il y a lieu d’évoquer, entre autres, les travaux de l’italien Indelicato de l’école
polytechnique de Torino, [2] et [3], des canadiens Bartlett et MacGregor de l’université de l’Alberta,
[1]. Durant les années 2000, sont à citer ceux des koréens du sud Yi, Yang and Choi, [4], des américains
Vandegrift et Schindler de l’université d’Auburn en Alabama, [5], des turcs Yazici et Sezer de
l’université Ege à Izmir, [6]), des espagnols del Viso, Carmona et Ruiz de l’université de Castilla la
Mancha [7]), et finalement des iraniens Nikbin, Eslami et Rezvani des universités de Rasht et de Babol,
[8].
Pour la consistance des recherches menées, Bartlett et MacGregor, [1], ont publié 1994 les résultats
d’une étude exhaustive concernant la caractérisation de la résistance du béton dans les structures à partir
de résultats d’écrasement de carottes. Ils ont posé le problème dans son aspect le plus large en essayant
de lier la résistance caractéristique du béton utilisée par l’ingénieur de conception au stade de calcul de
l’ouvrage à la résistance réelle du béton dans la structure. Ce travail est basé sur les résultats
d’écrasement de carottes de différentes dimensions et d’éprouvettes standards. Ces deux chercheurs ont
utilisé une méthode statistique de corrélation pondérée qui prend en charge un ensemble de paramètres
tels que la classe du béton, le rapport l/d, le diamètre et les conditions de cure des carottes. Ils ont
regroupé les résultats publiés et non publiés d’expériences réalisées entre 1988 et 1993 de recherches
effectuées à travers le Canada et les USA. Le programme expérimental entrepris par eux-mêmes a
consisté en l’écrasement de 3 756 carottes, extraites de 16 poutres de grandes dimensions et de 08
poteaux. L’ensemble des travaux réalisés a concerné 108 types de bétons de résistances caractéristiques
variant sur une large plage. Ces deux chercheurs ont fait varier l’élancement des corps d’épreuve de 1 à
2 et utilisé des conditions de cure différentes pour les différents éléments testés.
Indelicato a étudié l’effet d’échelle sur des carottes de petits diamètres pour des bétons ordinaires en
1993, [2], puis en 1997, [3]. Il a testé 1510 carottes de différents diamètres et 480 cubes de dimensions
standards.
Choi et al., [4], quant à eux, ont étudié en 2006 les effets d’échelle et de la direction du coulage sur
la résistance à la compression du béton. Ils ont utilisé du béton ordinaire ainsi de haute résistance. Ils
ont testé pas moins de 287 éprouvettes réparties entre cylindres, cubes et prismes de différentes
dimensions.
L’équipe de recherche Vandegrift et Schindler a travaillé en 2006 sur les effets d’échelle et de
surfaçage d’éprouvettes cylindriques, [5]. Ils se sont intéressés à la corrélation entre les résultats des
cylindres de diamètres différents. Ils ont écrasé un total de 720 éprouvettes confectionnées en bétons de
différentes résistances. Outre leurs propres travaux, le rapport de recherche comprend les résultats ainsi
qu’une analyse critique d’un ensemble d’expérimentations plus anciennes liées au même domaine.
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Les espagnols del Viso et al. ont utilisé en 2008 des éprouvettes cylindriques, des éprouvettes
cubiques et des poutres pour analyser les effets de volume et l’effet de structure sur la résistance du
béton à la compression pour un béton de haute résistance, [7]. Ils ont réalisé, en plus des essais de
compression axiale, des essais de traction (essai brésilien), pour la détermination du module d’élasticité
et l’énergie de rupture.
Les chercheurs turcs Yazici et Sezer ont quant à eux, étudié en 2007 l’effet d’échelle et l’effet du
surfaçage sur la résistance à la compression du béton, [6]. Ils ont utilisé des mélanges de bétons
ordinaires et procédé à 384 essais d’écrasement réalisés sur des éprouvettes cylindriques. Ils ont étudié
l’influence sur l’effet d’échelle du surfaçage avec de la pâte de ciment, du gypse, et des sulfures.
Les iraniens Nikbin et al., [9], ont réalisé en 2009 une étude comparative sur les résultats de travaux
expérimentaux sur l’effet d’échelle de volume. Ils ont testé un total de 300 des carottes de mélanges de
bétons ordinaires dont l’élancement l/d varie de 1 à 2.
Les résultats et conclusions de ces différentes recherches, égard au nombre important de paramètres
pris en compte, sont abondants. Néanmoins, les tendances générales dégagées par les investigations
entreprises par les différents chercheurs peuvent être synthétisées comme ci-après.
Pour Indélicato, [2], [3], qui a utilisé des agrégats de dimension 30 mm pour des carottes de diamètres
D=28, 50 et 75 mm l’effet de la taille (dimension maximale des agrégats Cg) sur la résistance du béton
n’est pas significatif. Ce chercheur n’a pas détecté d’effet de taille notable. Quant à l’ensemble des autres
chercheurs cités dans le présent travail et ayant respecté un rapport de D/Cg=2.5 à 3 fixe pour toutes les
éprouvettes testées, ils n’ont pas étudié l’effet de la taille.
L’effet de la direction de placement a été étudié par Choi et al., [4] et Bartlett et MacGregor, [1]. Ils
ont abouti à des résultats différents concernant ce paramètre. Choi et al. ont conclu que la direction de
coulage a un effet différent qui dépend de la classe du béton et de la forme de l’éprouvette. Quant aux
résultats et conclusions de Bartlett et McGregor, ils sont plus précis et montrent que les carottes extraites
perpendiculairement à la direction de placement sont plus résistants vers la base de l’élément de 25%
par rapport à son sommet. Les éprouvettes parallèles à la direction de coulage (dalle) donnent des
résultats plus faibles à cause de la mauvaise condition de cure vécue par l’élément de structure.
L’effet de la cure sur la résistance à la compression a été abordé seulement par Bartlett et MacGregor,
[1]. Cela peut être expliqué par le fait que ce paramètre reste difficile à contrôler pour le béton de
structures. Ces chercheurs ont étudié ce paramètre seulement entre la phase d’extraction de la carotte et
son écrasement. Ils ont confronté les éprouvettes étudiées à la norme américaine ASTM C42 (définissant
le prélèvement, la manutention et le stockage de carottes de béton durci de structures). Ils ont conclu
que la résistance de la carotte augmente si elle reste maintenue dans une atmosphère de laboratoire
pendant au moins 3 jours après son extraction. Il s’est révélé que son immersion dans un milieu saturé
pendant 3 jours réduit sa résistance.
L’influence de la classe du béton sur la résistance du béton a été analysée par Bartlett et MacGregorn,
[1], Choi et al., [4]) et del Viso et al., [7]. Il faut noter que les deux premières équipes de recherches ont
fait varier la résistance du béton de valeurs de 20 à 90 MPa, tandis que la 3 ème équipe n’a testé qu’un
seul béton de haute performance de 100 MPa. Pour Choi et al. ,[4], l’augmentation de la classe du béton
fait diminuer les effets d’échelle. En revanche, Bartlett et MacGregor ,[1], n’ont pas tiré de conclusion
particulière concernant cet effet malgré la base de données très large offerte par leur rapport de
recherche. Leurs essais ont néanmoins montré que les grandes éprouvettes résistent moins que les
éprouvettes plus petites et que l’effet d’échelle pour les cubes est plus marqué que pour les cylindres,
pour lesquels la résistance moyenne obtenue est presque constante à l’intérieur de l’intervalle des
dimensions projeté pour leur recherche. Le schéma de fissuration observé après l’essai est trouvé
sensible à la forme de l’éprouvette. Une surface principale inclinée de rupture est visible pour les
cylindres, pendant que pour les cubes, les faces latérales se décollent et qu’il y a occurrence d’une
fragmentation causée par l’éclatement du béton et, dans plusieurs cas, une fissuration dense en forme de
colonnes au cœur de l’éprouvette. Ils ont noté que le mode de rupture ne change pas avec la dimension
de l’éprouvette. L’effet d’échelle dans la résistance à la compression des cubes est décrit par un modèle
simple basé sur les concepts de la mécanique de la rupture.
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Concernant l’effet d’échelle de volume, phénomène étudié par l’ensemble des travaux récapitulés
dans cet article, parce qu’il est au centre du problème de la caractérisation de la résistance du béton, il
peut être affirmé que les conclusions, à quelques nuances près, convergent quant à son existence. Pour
Choi et al., [4], l’effet d’échelle basé sur la modification des dimensions de l’éprouvette existe. Cet effet
est plus marqué pour les cubes et les prismes que pour les cylindres. Del Viso et al., [7] ont conclu que
les résultats des essais montrent un effet d’échelle. Les grandes éprouvettes résistent moins en termes
de contraintes que les éprouvettes plus petites. L’effet d’échelle pour les cubes est plus net que pour les
cylindres, où la résistance moyenne obtenue est presque constante à l’intérieur de l’intervalle des
dimensions planifié. Dans le rapport de recherche publié par Bartlett et MacGregor, [1], il est conclu
que la résistance de la carotte décroit avec l’augmentation de son diamètre pour les bétons ordinaires
(<45 MPa), et que l’effet d’échelle est moins décelable pour les bétons de haute performance (>45 MPa).
Par contre et comme conclusions discordantes, Indelicato, [2], a trouvé que la résistance moyenne
du cube peut être estimée de manière équivalente, et presque dans tous les cas, sur des éprouvettes de
diamètres 70, 45 ou 28 mm, nonobstant néanmoins la prise en considération d’un élancement adéquat.
De même, Yazici et Sezer, [6], ont conclu que la résistance caractéristique des corps d’épreuve testés
reste constante et donc que l’effet d’échelle n’est pas détecté dans leurs essais.
4. Interprétation et Modélisation de l’effet d’échelle
4.1. Explication des mécanismes de l’effet d’échelle
Les chercheurs se sont intéressés, dès sa perception, au phénomène de l’effet d’échelle et ils ont
proposés différentes théories sur les mécanismes physiques qui en sont responsables. Un rapide
historique fait remonter les tentatives d’interprétations au 16 ième siècle, pour plus de détails et les
récences des anciens auteurs cités, voir l’excellent article revue (review article) de Bazant et Yavari paru
en 2005, [9].
Dès 1500, Leonardo da Vinci, affirme que l’effet d’échelle est dû à proportionnalité inverse entre la
taille et la résistance d’un échantillon de matériau. Basé sur des expériences approfondies, Mariotte a
proposé en 1686 le principe de « l’inégalité de la matière », i.e la résistance absolue est différente d’un
point à un autre dans la même matière. En d’autres termes, plus la structure est grande, plus la
probabilité, d’en rencontrer un élément de basse résistance, est grande. C'est l'idée fondamentale de la
théorie statistique de l’effet d’échelle.
Durant deux siècles et demi les recherches sur l’interprétation des effets d’échelles ont connu peu
de progrès, jusqu’au travail remarquable de Griffith datant de 1921, le fondateur de la mécanique de la
rupture. Selon cet auteur, les défauts ou les fissures au moment de la rupture sont encore seulement
microscopiques ; leur distribution aléatoire contrôle la résistance macroscopique du matériau. Ainsi,
Griffith venait d’assoir la base physique de l'approche statistique de Mariotte de 1686.
La théorie statistique de l’effet d'échelle a commencé à émerger avec Peirce (1926), qui a formulé
le modèle du maillon le plus faible pour une chaîne et a présenté les statistiques des valeurs extrêmes,
lancée par Tippett en 1925), Fischer et Tippett en 1928), et Fréchet en 1927, puis affiné par Von Mises
en 1936 et d'autres auteurs. La base de la théorie statistique a été étendue par Weibull en 1939. Sur une
base expérimentale, cet auteur a conclu que la distribution des valeurs basses de résistance avec une
probabilité extrêmement faible ne pouvait être, en juste proportion, représentée par aucune des lois de
distributions précédemment connues. Il a présenté alors ce qui est devenu la distribution de Weibull, qui
exprime la probabilité d'un petit élément matériel comme une loi de puissance de la différence de
résistance d'un seuil fini ou zéro. Plus tard, d'autres auteurs, ont offert une justification théorique au
moyen d'une distribution statistique des défauts ou des fissures microscopiques du matériau.
L’application de la théorie statistique de Weibull a été améliorée par des études sur les métaux
fragilisés par fatigue et sur les céramiques. Plus tard, cette théorie a été appliquée, par plusieurs
chercheurs, dans l’étude des effets d’échelle sur le béton.
Jusqu'à 1985, la plupart des mécaniciens n'avaient prêté presque aucune attention à la possibilité
d'un effet d’échelle déterministe. Chaque fois qu'un effet d’échelle était détecté dans les essais, il était
automatiquement supposé statistique, et son étude relevait du rôle des statisticiens plutôt que celui des
mécaniciens. La raison en était probablement qu'aucun effet d’échelle n'est considéré par la mécanique
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des milieux continus. D’ailleurs, l'effet d'échelle n'a pas été mentionné par Timoshenko en 1953 dans
son livre d’histoire sur la résistance des matériaux.
Durant les années 80 et en conséquence des recherches très poussées menées sur des structures en
béton pour les centrales nucléaires, des nouvelles théories ont émergées montrant d’autres effets
d'échelle, que celui statistique. Suite à des études réalisées par Bazant et ses collaborateurs en 1984,
1991, 1994 et 1997, [9], il est devenu clair que l’effet d’échelle sur la résistance nominale du béton, un
matériau se rompant après une propagation stable des fissures jusqu’à atteindre l’effort maximal, est dû
principalement à un relâchement d’énergie, et ne peut pas être expliqué par la théorie statistique de
Weibull, et que la description d’un tel effet d’échelle requiert une analyse de l’énergie de la rupture.
Au milieu des années 90, Carpentieri et d’autres auteurs, cités dans [9], ont travaillé sur les approches
fractales de l’effet d’échelle. Ces approches fractales reposent sur des caractérisations des fissures ; de
leurs caractères aléatoire, désordonné et rugueux. Le fait que la rugosité des surfaces des fissures, de
même que la distribution des microfissures sont des fractales physiques, i.e., peut être décrit, à l’intérieur
d’un certain intervalle limité, par des concepts de fractales, ne peut être mis en doute. A ce jour,
beaucoup d’essais ont été réalisés pour lier la dimension fractale (ou rugosité) d’une fissure aux
propriétés du matériau telle que la dureté, et quelques études expérimentales conduites dans le but de
trouver une universalité dans la dimension fractale.
4.2. Modélisation de la résistance du béton de structures existantes
Des théories interprétant les effets d’échelle ont découlé des modèles phénoménologiques ou semi-
phénoménologiques, reliant les résistances des corps d’épreuves tenant compte des dimensions et autres
paramètres. Nous rappellerons ci-après les principaux modèles et les théories les sous-tendant :
 Modèle statistique de Weibull
La théorie statistique classique de l’effet d’échelle s’applique aux structures qui se rompent dès
qu’une rupture microscopique apparait dans un petit élément de matériau de la structure. Cette théorie
est basée sur le modèle du maillon faible, dont la généralisation tridimensionnelle continue aboutit à une
probabilité de distribution de rupture. La loi de Weibull est une loi de puissance :
𝑛𝑑
𝜎𝑁 = 𝐷 𝑚 (1)
Où : N=le tenseur du domaine de contrainte juste avant la rupture, m=module de Weibull, nd=nombre
de dimensions dans lesquelles la structure est mesurée (nd=1,2,3) et D=diamètre de l’éprouvette.
 Modèle énergétique
Dans les matériaux quasi-fragiles, la rupture est caractérisée par une énergie critique par unité de
surface et par une contrainte critique. Un matériau ayant de telles propriétés doit avoir une longueur
caractéristique l égale approximativement à la longueur de la FPZ (Fracture Process Zone). La
mécanique de rupture linéaire élastique s’applique de manière asymptotique lorsque l0/D tend vers 0, et
dans ce cas limite f’t devient négligeable.
𝜎𝑁 = B f’t (1 + D/D0)1/2 (2)
Où B est un paramètre sans dimension fonction de la géométrie de la structure et aussi de la fissure ; D0
= paramètre dépendant de la géométrie et appelé dimension de transition.
Le modèle énergétique-statistique de Bazant est basé sur des éprouvettes prismatiques de différentes
dimensions avec entailles soumises à la traction et à la flexion.

 Modèles linéaires issus des régressions des résultats d’essais


Des nombreux modèles linéaires issus des régressions des résultats d’essais (curve fitting) ont été
développés par quasiment l’ensemble des chercheurs durant les dernières années. Ces modèles
phénoménologiques ont généralement la forme :
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fci = A fcj + B (3)


Où : fci = résistance à la compression de l’éprouvette ou de la carotte de diamètre i, fcj = résistance à la
compression de l’éprouvette ou de la carotte de diamètre j, A et B : constantes issues de la régression.
Ces corrélations linéaires sont parfois établies entre des cubes et des carottes de différents diamètres.
Pour Indelicato, [2], [3], par exemple, la loi de corrélation entre la résistance moyenne du cube et la
résistance moyenne des micro-carottes est linéaire. Cette corrélation simple rend possible l’estimation
de la résistance du cube, à un niveau de confiance prédéterminé, sur la base de la résistance moyenne de
micro-carottes. Il y a de solides corrélations linéaires entre les valeurs moyennes des résistances des
cubes et les valeurs des résistances moyennes des carottes des trois diamètres étudiés. Les lois de
corrélation sont très rapprochées. Il devrait être noté, toutefois, qu’avec des diamètres croissants, les
résistances moyennes des cubes et des carottes se rapprochent. La résistance moyenne du cube peut être
estimée, presque dans tous les cas, sur des éprouvettes de diamètres 70, 45 ou 28 mm, avec prise en
considération du besoin d’augmenter la taille de l’échantillon lorsque le diamètre de l’éprouvette
diminue.
Vandegrift et Schindler, [5], ont compilés les résultats de régressions linéaires effectués par un grand
nombre de chercheurs, selon la relation (3). Les études rapportées ont concerné des corrélations entre
résistances de corps d’épreuves cylindriques. Le coefficient A est trouvé dans la majorité des cas proche
de 1. Des valeurs de A légèrement supérieures à 1 (de 1.01 à 1.15) pour des bétons de résistances
caractéristiques supérieures à 50 MPa sont relevées.
L’induction à partir de ces modèles d’applications pratiques dans le domaine de l’ingénierie a
consisté essentiellement en l’établissement de loi corrélation linéaires entre les résultats d’écrasement
de carottes de différentes dimensions avec celles d’éprouvettes normalisées. Ces relations basées sur des
corollaires de la distribution Gaussienne des résultats, permettent à l’ingénieur de contrôle de remonter
à des résistances nominales de béton, selon un certain intervalle de confiance, partant d’essais
d’écrasement d’un nombre déterminé de carottes de diamètres donnés, par exemple la relativement
récente norme NA17004 2007, [10], équivalente de la norme européenne EN NF 13791 : 2007
5. Discussion et Conclusion
Des travaux cités dans la présente publication concernant le problème de caractérisation de la
résistance du béton dans les structures, il ressort que malgré le nombre important et la qualité des
chercheurs qui se sont penchés sur le sujet, le phénomène de l’effet d’échelle reste toujours un problème
ouvert. La multitude des paramètres qui influencent la résistance du béton, couplée au caractère aléatoire
de cette résistance à la compression pour le cas particulier du béton, rendent ce problème complexe.
Après compilation de l’ensemble des travaux passé en revue, quelques tendances fortes peuvent être
mises en exergue notamment :
1. L’effet d’échelle est moins prononcé pour un béton de haute résistance que pour un béton ordinaire.
Ceci est attribué à la grande cohésion du matériau durci dans le cas des bétons de haute performance
qui minimise l’effet du carottage sur la périphérie de l’éprouvette.
2. L’effet d’échelle existe pour les bétons ordinaires (fc < 50 MPa). Néanmoins, une plus grande
dispersion des résultats est observée pour les carottes de petits diamètres. D’où la recommandation
d’augmenter de la taille de l’échantillon pour les petits diamètres.
3. L’effet du carottage sur la périphérie de l’éprouvette existe. Il est plus prononcé pour les bétons
ordinaires, pour les bétons d’âge jeune et est fortement lié au rapport du plus gros agrégat sur le
diamètre de l’éprouvette (Cg/d).
Les interprétations données à ce phénomène sont basées sur des théories de la mécanique linéaire
de la rupture combinée à des concepts statistiques. Elles ne parviennent néanmoins pas à expliquer toutes
les observations liées à l’effet d’échelle.
Concernant, la modélisation de l’effet d’échelle, elle est essentiellement phénoménologique, ou à la
limite semi-phénoménologique.
Plus de travaux de recherche doivent être entrepris afin de permettre à l’effet d’échelle d’être mieux
exploité dans le domaine règlementaire (norme algérienne NA 17004 [10]. Les résultats suggèrent que
Le 2ème Congrès International sur la Technologie et la Durabilité du Béton CITEDUB 2 les 27-29 Novembre 2011—ALGER, ALGERIE

la pratique de calcul actuelle basée sur le critère de résistance devrait être révisée pour ajouter les
paramètres : classe du béton, dimension, forme, âge et direction de coulage.
Eu égard à l’intérêt du sujet, un projet de recherche rentrant dans le cadre d’un Programme National
de Recherche et intitulé « Evaluation in situ de la résistance mécanique des bétons de structures » est en
cours depuis Juin 2011 au niveau du Centre National d’Etudes et de Recherches Intégrées au Bâtiment
(CNERIB).
Références
[1]. Indelicato,F. ‘A statistical method for the assessment of concrete strength through microcores’, Materials
and Structures, 1993, 26, 261-267
[2]. Indelicato, F.’Estimate of concrete cube strength by means of different diameter cores : A statistical
approach’, Materials and Structures, Vol. 30, April 1997, pp 131-138
[3]. Bartlett, F.M. and MacGregor, J.G.: 1994, ‘Assessment of concrete strength in existing structures’,
Structural Engineering Report n°198, Department of Civil Engineering, University of Alberta, Canada
[4]. Seong-Tae Yia, Eun-Ik Yangb, Joog-Cheol Choic,’Effect of specimen sizes, specimen shapes, and
placement directions on compressive strength of concrete’, Nuclear Engineering and Design, 236 (2006)
115-127
[5]. Vandergrift Jr., D. And Schindler, A.K.’ The Effect of Test Cylinder Size on the Compressive Strength of
Sulfur Capped Concrete Specimens’, IR-06-01, Highway Research Center and Department of Civil
Engineering at Auburn University of Alabama, U.S.A., 2006
[6]. Semsi Yazici and Gozde Inan Sezer, ‘The effect of cylindrical specimen size on the compressive strength
of concrete’, Buiding and Environment 42 (2007) 2417-2420
[7]. del Viso, J.R. Carmona, J.R. and Ruiz, G.,’Shape and size effects on the compressive strength of high
strength concrete’, Cement and Concrete Research, 38 (2008), 386-395
[8]. Nikbin, I.M., Eslami, M. and Rezvani, S.M., ‘An Experimental Comparative Survey on the Interpretation
of Concrete Core Strength Results’, European Journal of Scientific Research, Vol.N°3 (2009), pp 445-456
[9]. Bazant, Z.P., et Yavari, A. (2005) : ‘Is the cause of size effect on structural strength fractal or energetic-
statistical?’, Engineering Fracture Mecanics, Vol. 72, pp.1-31.
NA 17004 : 2008, ‘Evaluation de la résistance à la compression sur site des structures et des éléments
préfabriqués en béton’, IANOR, Alger, Algérie

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