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Gérard Tremblin

Abderrazak Marouf

Petits cahiers
de biologie végétale appliquée

Les plantes
oléifères
La collection
Les petits cahiers de biologie végétale appliquée est une collection d’ouvrages largement
illustrés, destinés à un public s’intéressant aux plantes utilisées par l’homme. Ils se
présentent sous la forme de rubriques scientifiques, accessibles à un vaste public.
Une approche botanique et descriptive des espèces retenues y est tout d’abord pro-
posée. Sont précisés les exigences au niveau climatique et édaphique, l’écologie, les
facteurs environnementaux permettant la fructification et les conditions optimales de
la récolte de ces différentes plantes. Les éventuelles difficultés rencontrées lors de la
culture – apparition de maladies, présence de parasites ou de ravageurs – sont égale-
ment décrites. Enfin, les multiples utilisations alimentaires (valeurs nutritionnelles),
industrielles et médicinales sont présentées.

Le texte est adapté de l’ouvrage Abrégé de biologie végétale appliquée des mêmes auteurs,
EDP Sciences, ISBN : 978-2-7598-2533-2 (2021).

Agent éditorial : Anne Berthellemy


Direction artistique : Sophie Hosotte

Conception de la maquette : CB Defretin, Lisieux


Mise en pages : Ma petite FaB – Laurent Grolleau

L’iconographie a été réalisée à l’aide des ressources des auteurs, de banques d’images
libres de droits (Pixabay – Piqsels – PxHere) ainsi que de sites publiant sous licence
Creative Commons (en particulier, Wikimédia).

Imprimé en France

978-2-7598-2728-2 (papier) – 978-2-7598-2730-5 (ebook)

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés


pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3
de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à
l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part,
que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute
représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses
ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation
ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon
sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
© EDP Sciences, 2022
Sommaire
Introduction ................................................................ 5

1 • Les arbres et les plantes arbustives


L’amandier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
L’arganier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Le cocotier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Le noisetier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Le noyer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
L’olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Le palmier à huile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Le pistachier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Le ricin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

2 • Les plantes oléifères herbacées


L’arachide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Le carthame . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Le chanvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Le colza. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Le cotonnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Le lin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Le sésame. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Le soja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Le tournesol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Mots fléchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

3
Les auteurs
Gérad Tremblin est professeur émérite, Le Mans Université. Il poursuit ses activités dans
le cadre d’une équipe de recherche régionale BIOSSE (Biologie des organismes, stress,
santé, environnement) et travaille à la rédaction de nombreux ouvrages de biologie.
Abderrazak Marouf est professeur au Centre universitaire de Naâma (Algérie) et auteur
de plusieurs ouvrages de biologie appliquée, d’analyse instrumentale et de glossaires
trilingues.

Gérard Tremblin remercie son cousin Jean-Paul Leroux, jardinier émérite, qui a
gracieusement revu les paragraphes sur « les conseils du jardinier ».

Les auteurs tiennent à remercier EDPSciences ainsi qu’Anne Berthellemy, éditrice


indépendante, pour leur motivation et leur grande précision dans la conception et la
réalisation de l’ouvrage.

Dans la même collection

Les plantes légumières racines, G. Tremblin et A. Marouf, 2022.


ISBN : 978-2-7598-2734-3

Les plantes légumières feuilles et fruits, G. Tremblin et A. Marouf, 2022.


ISBN : 978-2-7598-2731-2
Introduction
Les huiles sont des corps gras en général visqueux, non miscibles à l’eau,
qui peuvent être d’origine animale, minérale, synthétique ou végétale.
C’est à ces dernières, les huiles végétales et à leur origine (les plantes qui
les produisent) que nous allons nous intéresser.
Une plante oléifère ou oléagineuse est une plante dont on extrait de l’huile
de ses fruits ou de ses graines. Ces huiles végétales peuvent être alimen-
taires ou transformées en margarine, en savon ou encore incorporées
dans les peintures et les vernis, dans les cosmétiques ou les parfums, etc.
La première utilisation du biodiésel remonte aux années 1920, son indus-
trie a été impulsée à la suite de la crise pétrolière de 1973. Aujourd’hui,
elle est assez largement développée dans plusieurs pays.
De nombreuses plantes sont susceptibles de produire de l’huile ; nous
n’avons retenu ici que celles qui occupent une place importante dans la
production mondiale. Certaines sont à double usage : huile et fibre comme
le cotonnier, le chanvre ou le lin, d’autres ne sont que des sources de
matières grasses comme le soja, le colza, le sésame, l’arganier ; d’autres
enfin font en même temps l’objet d’une consommation alimentaire directe
des fruits ou des graines par l’homme : l’olivier, le noyer, l’amandier, l’ara-
chide ou le tournesol.

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PARTIE 1

Arbres
et plantes
oléifères
arbustives
L’amandier
Prunus dulcis

L’amandier est un arbre de la famille des


Rosacées. Originaire des plateaux d’Asie
occidentale, cet arbre est cultivé depuis
plus de 5 000 ans en Iran. Il a été introduit
en Égypte par les Hébreux, puis en Europe
par les Grecs. Dans le Midi de la France, sa
culture ne s’est développée qu’au Moyen
Âge.

almond tree (anglais) – árbol de almendra


(espagnol)
L’amandier

Caractéristiques botaniques
L’amandier est un arbre à feuilles cadu-
ques dont l’écorce est lisse et les feuilles
oblongues, lancéolées et dentées. Les
fleurs sont roses ou blanches et for-
ment des inflorescences, elles appa-
raissent avant les feuilles. Le fruit est
une drupe ovoïde de couleur verte
recouvert d’un épiderme duveteux ; il
contient un noyau jaune crevassé qui
renferme une à deux amandes riches
en huile. On distingue la variété sativa qui
produit l’amande douce consommable et la
variété amara ou amande amère qui est toxique.

Mode de culture
Climat
Cultivé sur tout le pourtour méditerranéen, l’amandier est un arbre très
sensible au gel prolongé (surtout à la fin de l’hiver, moment de la floraison)
et qui a besoin de lumière. Aussi s’épanouit-il bien sous un climat de type
méditerranéen. Un temps frais et humide lors de la floraison gêne l’acti-
vité des insectes pollinisateurs et favorise le développement des maladies
cryptogamiques. Il apprécie une exposition ensoleillée,
résiste bien à la sécheresse mais a besoin de froid
en hiver pour fleurir au printemps et pour débour-
rer. En revanche, il craint les gelées printanières.
Sols
Cet arbre préfère les sols filtrants car ses racines
sont sensibles à l’asphyxie. Il pousse
très bien sur des sols pauvres et
caillouteux, secs et calcaires, ce
qui en fait un bon candidat pour la
valorisation des terres marginales
incultes dans le Sud. On le multiplie
par semis ou par greffage.

9
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Floraison, fructification et récolte


Il fleurit au printemps et donne ensuite ses fruits – less
amandes – que l’on peut récolter vertes à la main
ou plus tardivement, de façon mécanique lorsque
les fruits sont secs (donc à maturité). Pour ce faire,
on utilise des dispositifs qui secouent l’arbre et font
tomber les amandes dans une sorte de grand parasol ol
inversé. Elles sont ensuite dirigées vers une trémie, puis
une écaleuse sépare les fruits de leurs coques. Les amandes sont enfin
séchées et peuvent se conserver plusieurs mois à température ambiante.

Maladies, parasites et prédateurs


%L’amandier est attaqué par des ravageurs (comme la scolyte de l’aman-
dier, le faux tigre de l’amandier, les pucerons, etc.).
%Il est aussi victime de maladies cryptogamiques classiques des arbres
fruitiers comme la moniliose qui provoque un dessèchement des fleurs
et des rameaux, la cloque du pêcher qui attaque le feuillage et occasionne
la boursouflure du limbe, la rouille des arbres fruitiers à noyau, la verti-
cilliose qui flétrit les feuilles, les rameaux et parfois de l’arbre tout entier.

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’amandier se bouture facilement en plaçant le rameau dans le l’eau en
présence d’un agent d’enracinement comme les lentilles pendant une dou-
zaine d’heures. Les rameaux sont ensuite enroulés dans une serviette
maintenue humide ; pour cela, ils sont placés dans un sac en plastique en
attendant le développement des racines.
Le développement d’une apiculture dans le voisinage des plantations per-
met d’augmenter la production des arbres, de même que la pratique d’une
légère taille annuelle d’entretien.
Afin de renforcer la saveur des amandes, torréfiez-les au four, 10 minutes
à 110 °C et pour les monder facilement. Encore tièdes, placez-les dans
un torchon et frottez-les vivement, pour que la peau s’enlève ensuite
facilement.

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L’amandier
Environnement
L’amandier est un arbre abondamment cultivé dans le monde, dans les
régions où il ne gèle pas. Il est difficile de trouver des populations sau-
vages. Il serait a priori originaire du Caucase où il est encore présent à
l’état naturel dans un environnement favorable. Les espèces actuelle-
ment cultivées sont peu exigeantes hormis un besoin de soleil, d’air
sec dans une situation non gélive.
Abondamment cultivé en Californie (80 % de la
production mondiale), l’amandier qui a besoin
de beaucoup d’eau est responsable d’un véri-
table désastre écologique dans la mesure où
il nécessite de puiser l’eau dans des nappes
phréatiques de plus en plus profondes.

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


L’amande douce est riche en lipides, en protéines, en oligo-éléments
et en vitamines. Sa valeur calorique est de 2 620 kJ ou 634 kcal pour 100 g.
Elle est pauvre en sucres. Elle se consomme fraîche, séchée ou sous forme
de pâte d’amande ou encore dans des boissons (lait d’amande, sirop d’or-
geat). D’un point de vue nutritionnel, les amandes sont très caloriques mais
elles sont riches en sels minéraux : potassium (732 mg/100 g), phosphore
(520 mg/100 g), magnésium (296 mg/100 g), calcium (266 mg/100 g).
On en extrait aussi une huile de couleur claire, utilisée en cosmétologie
et en pharmacologie. Elle présente des propriétés anti-inflammatoires,
adoucissantes, émollientes, expectorantes, hydratantes et
tonifiantes. Elle assouplit la peau, calme les déman-
éman-
geaisons et les brûlures superficielles. On l’em-
em-
ploie pour traiter les peaux sèches et certainess
affections dermiques comme le psoriasis, ou
l’érythème fessier des nourrissons. Par ail-
leurs, l’huile d’amande douce est laxative.
L’amande amère quant à elle, renferme de
l’amygdaloside, particulièrement toxique, maisis
utilisée en médecine.

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L’arganier
Argania spinosa

L’arganier nommé « arbre de fer » de la


famille des Sapotacées, est un arbre relique
et endémique qui colonise le sud du Maroc
sur environ 800 000 hectares. C’est un arbre
épineux, rustique et résistant, source tra-
ditionnelle de bois, d’alimentation pour le
bétail et d’huile alimentaire.

argan tree (anglais) – argan (espagnol)


L’arganier

Caractéristiques botaniques
C’est un arbre dressé ou pleureur pouvant
atteindre 8 à 10 m de hauteur et vivre plus de deux
cents ans. Son port est assez étalé. Son tronc est
tortueux et ramifié et ses branches sont entrelacées
avec des rameaux épineux. L’écorce est grise et cre-
vassée. Les feuilles sont alternes, petites, lancéolées et
coriaces, généralement longues de 2 à 3 cm, de couleur vert sombre à la
face supérieure, plus claires en dessous ; elles sont recouvertes de cire.
Les feuilles d’arganier sont subpersistantes : l’arbre ne perd son feuillage
qu’en cas de forte sécheresse. Cet état peut durer quelques années, les
feuilles réapparaissant peu après le retour des pluies. La floraison a lieu
au printemps ou à l’automne, en fonction des conditions climatiques. Les
fleurs d’arganier sont de petites tailles et hermaphrodites. Leur corolle à
cinq pétales jaune-verdâtre est en forme de coupe. Le fruit de l’arganier
se nomme l’affiache, il a la grosseur d’une noix et c’est une fausse-drupe ;
il est jaune, parfois veiné de rouge, de forme variable, ovale, ronde ou en
fuseau. Il est formé d’un péricarpe charnu. La pulpe recouvre un noyau
très dur, appelé noix d’argan. La noix contient une à trois graines (les
amandons), albuminées et huileuses dont on extrait l’huile.

Mode de culture
Climat
Peu exigeant en eau, il ne craint pas la cha-
leur, ce qui explique sa présence dans les
régions arides, semi-arides et aux portes
du Sahara. Il résiste à la sécheresse en
pompant l’eau des nappes phréatiques. En
plantation, suivant le climat local (pluviomé-
trie entre 100 et 400 mm par an), le nombre
d’arbres à l’hectare varie de 50 à 250. Il se
multiplie par semis en plaçant dans le sol des
champignons symbiotiques (endo-mycorhizes
du genre Glomus) sans lesquels il est incapable
d’assimiler les éléments nutritifs.

13
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Sols
Son système racinaire très développé, associé à des mycorhizes, lui permet
de survivre dans des conditions de sécheresse chronique et sur des sols
pauvres, caillouteux, souvent incultivables.
Floraison, fructification et récolte
On observe deux floraisons, l’une précoce, réduite, qui apparaît sur les
rameaux âgés et lignifiés et l’autre, plus tardive, mais très abondante, sur
les rameaux de l’année. Le cycle floraison/fructification s’étale sur plu-
sieurs mois avec une grande variabilité suivant les arbres et les conditions
climatiques et géographiques. Les fruits sont sénescents, ils ne peuvent
être récoltés sur l’arbre et sont récupérés sous l’arbre, après leur chute.

Maladies, parasites et prédateurs


%Résistant aux maladies, le plus important de ses parasites est la mouche
du fruit Cevatitis capitata qui cause de sérieux dommages aux fruits. Tou-
tefois, cette espèce, très frugale, s’accommode des diverses maladies
et parasites sans qu’il en résulte de mortalité dans les peuplements.
%En revanche, l’arganier a du mal à lutter contre son principal prédateur :
l’homme, dont les chèvres et les chameaux broutent ses feuilles. Par
ailleurs, la déforestation en vue d’un usage purement énergétique et
calorifique lui est aussi fatale. L’arganier est donc une plante menacée
et protégée, classé par l’UNESCO en 1998 au « Patrimoine culturel
international de l’Humanité ».

14
L’arganier

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Ne pas confondre l’huile d’argan pour la cuisine qui a une couleur foncée
et une odeur caractéristique de noisette et d’amandes avec l’huile d’argan
cosmétique qui est jaune clair, sans odeur caractéristique.
En cuisine, l’huile d’argan est présente dans de nombreux plats, en parti-
culier dans une pâte à tartiner du Sud marocain – l’Amiou – qui remplace
avantageusement le Nutella®.

Environnement
Les arganeraies les plus proches se rencontrent
dans les vallées en ressaut du Haut Atlas avec une
sous-strate à dragonniers (Dracaena drago).
On distingue deux formations : l’arganeraie-
verger de type forêt trouée et l’arganeraie-forêt
de type forêt claire de montagne.
Cette espèce est fondamentale pour l’éco-
système car elle protège les sols de l’érosion
éolienne et évite ainsi la formation des dunes.
Elle colonise les zones semi-arides mais aussi
les zones tempérées comme la plaine de Sousse
et les milieux subhumides du Haut Atlas, sup-
portant une pluviométrie capricieuse d’une
année sur l’autre, passant de 0 à un maximum
de 200 mm d’eau par an.

15
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


En dehors de son bois très dur qui sert essentiellement à fabriquer du
charbon de bois, c’est principalement son huile qui est utilisée depuis des
siècles. D’un point de vue nutritionnel, comme toutes les huiles, elle est
très calorique – 3 650 kJ ou 899 kcal pour 100 g et est riche en vitamine E.
En gastronomie, l’huile d’argan rehausse le goût de nombreux plats.
En cosmétologie, elle permet de lutter contre le dessèchement et le
vieillissement physiologique de la peau (action antiride) en neutralisant
les radicaux libres en protégeant le tissu conjonctif. Elle agit également
comme agent adoucissant pour les cheveux.

16
L’arganier

Consommée au petit-déjeuner, elle agit comme


coupe-faim. Elle est également sensée réduire les
risques d’infarctus du myocarde et agir sur les
troubles cardiovasculaires. Elle est conseillée afin
de prévenir les risques d’athérosclérose. Sa teneur
en acide oléique la rend particulièrement intéres-
sante dans la régulation du cholestérol. Des études
récentes (Haimeur et al., 2013) montrent qu’une cuil-
lerée à soupe chaque jour (le matin) d’huile d’argan
alimentaire en remplacement du beurre pendant un
mois réduit considérablement le taux de cholestérol
sanguin chez des patients dyslipidémiques.
À savoir : le tourteau, après extraction de l’huile,
contient des saponines aux propriétés antalgiques
et anti-inflammatoires, mais non encore exploitées
à ce jour.

17
Le cocotier
Cocos nucifera

Le cocotier est un palmier de la famille des


Arécacées, présent dans la zone intertro-
picale humide, surtout cultivé pour son
fruit : la noix de coco. Il fut domestiqué, il
y a plusieurs millénaires par les peuples
d’Asie puis d’Océanie. Sa culture pour pro-
duire du coprah s’est industrialisée à la fin du
XIXe siècle.

coconut tree (anglais) – cocotero (espagnol)


Le cocotier

Caractéristiques botaniques
Le stipe peut atteindre 25 à 30 m de haut. Il est
lisse, mais on y observe la trace de l’insertion des
feuilles qui sont tombées. Le système racinaire, très
développé, est composé de racines minces et longues
qui partent d’un bulbe radiculaire épais et forment un
chevelu très abondant. Ce bulbe a la forme d’un cône ren-
versé par rapport à la surface du sol. Les feuilles, une trentaine de palmes
vertes, sont émises en continu à partir d’un bourgeon terminal unique (le
cœur) et constituent un panache au sommet du stipe. Chaque palme mesure
4 à 7 m de long et porte environ 200 folioles disposées en spirale de part et
d’autre du rachis. Les inflorescences sont composées d’épillets portant des
fleurs femelles à leur base et des fleurs mâles à leur extrémité permettant
une auto-fécondation. Les fruits situés à l’aisselle de chaque
palme sont des grosses drupes ovoïdes, plus communé-
ment appelées « noix de coco ».

Mode de culture
Climat
Le cocotier demande une température moyenne
aussi constante que possible de 27 °C. Il pousse en zone
humide et extrêmement ensoleillée. Il lui faut au minimum
1 500 à 2 000 mm d’eau de pluie bien répartis sur l’année. Il est cultivé
pour ses fruits dans toute la zone intertropicale humide, en zone côtière
mais parfois jusqu’à 1 000 m d’altitude. La germination des noix de coco
est simple : pour cela, il suffit de poser la noix sur le sol ou mieux, de
l’enterrer à moitié après avoir entaillé la bourre.
Sols
Cette herbe géante apprécie les sols sableux, salés, bien drainés mais
quand même humides avec un pH proche de 7. En pots, on utilise un
mélange de sable et de terreaux (3/4 pour 1/4).
Floraison, fructification et récolte
Dans leur milieu naturel, sous climat tropical, ils fleurissent toute l’année
donnant de petites fleurs blanches. Ils donnent des fruits caractéristiques
après quelques années.

19
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Maladies, parasites et prédateurs


%Les insectes s’attaquent au bourgeon terminal, aux feuilles, au stipe, aux
racines, aux inflorescences ou aux fruits. C’est le cas des cochenilles qui
piquent les folioles pour sucer la sève. Les chenilles rongent les folioles et
les inflorescences ; les termites attaquent les noix en cours de germination.
%En Asie du Sud-Est, en Afrique et dans la zone des Caraïbes, les cham-
pignons parasites, comme le Phytophthora katsurae et le P. palmivora pro-
voquent la pourriture des noix immatures et du bourgeon terminal.
%Les rats et les crabes de cocotiers peuvent aussi occasionner beaucoup
de dégâts aux noix. Les chauves-souris percent les noix pour consommer
l’eau et l’albumen.
%Enfin, une maladie, le « jaunissement mortel », causée par des
phytoplasmes, provoque dans certaines régions des dégâts considérables.

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de coprah et l’huile de coco souvent confondues, sont en fait deux
huiles différentes. La première est extraite de la pulpe de coco séchée
par pression à chaud alors que la deuxième est préparée à froid à partir
de pulpe fraîche. Cette dernière conserve sa saveur alors que l’huile de
coprah est surtout utilisée en cosmétique, ayant perdu son odeur et sa
saveur. En agro-alimentaire, elle constitue la Végétaline, matière grasse
pour la cuisson. Composée essentiellement d’acides gras saturés, sa qua-
lité nutritionnelle n’est pas excellente ; en cuisine il vaut mieux lui préférer
l’huile de coco.

20
Le cocotier

Environnement
Le bord de mer en région tropicale est l’habitat naturel du
cocotier. L’hygrométrie élevée de ces sites couplée à un
apport d’embruns par le vent compense le plus souvent
le déficit en eau de pluie ; avec un ensoleillement impor-
tant et une température moyenne annuelle supérieure
à 20 °C, la production de noix de coco est favorisée.
Le cocotier est un arbre très plastique en ce qui
concerne les sols s’accommodant d’un pH compris
entre 4,5 et 8 avec une teneur en matières organiques
supérieure à 1 % et un apport de sodium suffisant.

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


La noix de coco fraîche contient un aliment très complet : un gel riche
en eau et en sucre appelé eau de coco pour seulement 19 kcal ou 80 kJ.
La noix de coco, lorsqu’elle est mûre, est une source de matières grasses
végétales.
Les feuilles servent à recouvrir les toits, à faire des palissades, à fabriquer
des objets utilitaires de vannerie : paniers, chapeaux, cloisons de maisons.
Le stipe est utilisé dans la construction des maisons : pilotis, poutres et
poutrelles, colonnes mais aussi dans la fabrication de clôtures, palissades,
meubles, cloisons, murs, toits ; en artisanat c’est un bois brun, dur et lourd,
au grain très fin et à la patine mouchetée très décorative.
La bourre de coco, partie fibreuse qui entoure la noix, est une
matière première traditionnelle et résistante, utilisée pour
la fabrication de cordages, filets, tissus grossiers, etc.
La coque scléreuse de la noix, très dure et très dense,
est à la base d’un artisanat important, tant décoratif
qu’utilitaire.
La pulpe séchée, riche en lipides – appelée coprah – dont
on extrait l’huile de coprah est, elle, utilisée dans la fabrica-
tion de margarine et de savon. Le coprah déshuilé ou tourteau
est réservé à l’alimentation du bétail.
Ces utilisations nombreuses le font qualifier d’arbre aux mille usages.

21
Le noisetier
Corylus avellana

Le noisetier ou coudrier, est un arbuste


forestier de la famille des Bétulacées, pré-
sent et abondant dans les régions tempé-
rées de l’hémisphère Nord, cultivé hors des
forêts pour son fruit sec, la noisette.

hazel tree (anglais) – avellano (espagnol)


Le noisetier

Caractéristiques botaniques
Le noisetier est un arbuste dit « multi-
gaule », c’est-à-dire composé de plusieurs troncs
fins dont la taille dépasse rarement 5 m de hau-
teur. On dit qu’il rejette de souche. Son écorce
est brun-jaune et se détache en fines lamelles. Ses
feuilles, alternes, sont bordées d’une double rangée
de dents grossières. Elles sont parfois découpées en
lobes. Elles sont de couleur vert sombre en dessus, et plus claire, légère-
ment duveteuses et à nervures saillantes en dessous. Les fleurs unisexuées
sont réunies en inflorescences ; d’un côté les fleurs mâles, jaunâtres, for-
ment des chatons cylindriques pendants à la base des rameaux de l’année
(chatons longs de 6 à 7 cm), de l’autre, les fleurs femelles, sont elles très
condensées, petites, situées directement sur les rameaux et portant deux
longs styles rouges. Le fruit (noisette) est un akène sphérique à péricarpe
ligneux, groupé par deux ou quatre et enchâssé dans un involucre foliacé.

Mode de culture
Il est abondamment cultivé en Europe par marcottage, greffage ou
bouturage des drageons. Les principaux pays producteurs sont la Turquie
mais aussi l’Italie dans la région d’Avellino, à l’origine du nom de son espèce.
Climat
C’est un arbre très rustique qui pousse en plaine, formant des haies jusqu’à
1 500 m d’altitude. Il apprécie une exposition ensoleillée mais à l’abri du
vent et il résiste à des températures très basses (-20 °C).
Sols
Il est facile à cultiver car peu exigeant quant à la nature
du sol. Toutefois, il redoute les sols trop lourds et trop
humides.
Floraison, fructification et récolte
Après plantation, il faut deux à trois ans pour qu’il fleu-
risse et donne des noisettes. La floraison se produit dès le
mois de janvier, avant que les feuilles n’apparaissent. Les fruits ne sont
mûrs qu’à la fin de l’été (voire au début de l’automne) et se récoltent très
facilement.

23
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Les noisettes se consomment lorsqu’elles sont
mûres, après en avoir brisé la coque. Celles à pel-
licule rouge sont employées en pâtisserie, celles
à graine blanche en confiserie. Les arbres sont
souvent plantés dans les truffières dans la mesure
où les racines du noisetier vivent en symbiose avec
des champignons comme la truffe.
Le goût et l’odeur de son huile sont très appré-
ciés par les consommateurs et lui confèrent une
réputation d’huile gastronomique.
Ses bienfaits sont nombreux. Elle possède en
particulier des vertus anti-anémique, vermifuge.
D’une composition extrêmement riche en matières grasses végétales,
l’huile de noisettes a dans ses composants un taux extrêmement élevé
d’oméga 3, précieux pour la prévention des maladies cardiovasculaires
et la réduction du mauvais cholestérol.
L’huile de noisettes s’utilise aussi en application cutanée lors de massages
du fait de son fort pouvoir pénétrant. Elle est nourrissante et relaxante
pouvant s’appliquer sur les peaux grasses ou sèches – voire sensibles –
sans laisser de sensation de gras.
Aussi, est-il astucieux d’associer une utilisation cutanée et utilisation
nutritionnelle. Toutefois, il faut la conserver au réfrigérateur et à l’abri
de la lumière car elle rancit facilement.

Environnement
Le noisetier est une plante pionnière lors des reboi-
sements car elle forme des taillis, des haies avec
d’autres espèces comme les sorbiers, les tilleuls,
des pommiers, des pruniers, etc. Le noisetier
constitue ainsi un biotope favorisant l’installation
des écureuils, des oiseaux comme les merles
et favorise l’apiculture en fleurissant préco-
cement. Plantés en bordure des champs, les
noisetiers jouent aussi le rôle de brise-vent.

24
Le noisetier

Maladies, parasites et prédateurs


%Le balanin de la noisette (Curculio nucum) est un insecte
qui perce les jeunes noisettes pour y déposer des
œufs. Les larves issues de ces œufs se nour-
rissent de l’amande puis perforent la coquille
(d’où le petit trou) pour en sortir.
%Plusieurs champignons parasites du noise-
tier comme Sphaceloma coryli, responsable de
l’anthracnose peuvent provoquer des nécroses
importantes sur les involucres et les fruits, ce qui
rend les noisettes impropres à la commercialisation.
%Des bactéries, comme Xanthomonas corylina, provoquent la nécrose bac-
térienne responsable de dégâts importants. De même, le dépérissement
bactérien du noisetier dû à Pseudomonas avellanae Janse et al., entraîne la
mort de l’arbre.

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Les noisettes se consomment fraîches, leur valeur calorique est de
628 kcal ou 2 625 kJ pour 100 g. Leurs bienfaits pour la santé sont nom-
breux : elles réduisent notamment le mauvais cholestérol et le diabète
de type2.
Comme ingrédient cosmétique, l’huile végétale de noisette bio est recon-
nue pour ses propriétés : non comédogène, elle équilibre la production
de sébum des peaux grasses. Ses usages médicinaux sont nombreux
puisqu’elle est riche en antioxydants. De plus, très pénétrante, elle assou-
plit la peau sans laisser de film gras et permet la bonne pénétration d’actifs
comme les huiles essentielles.
Enfin, ses branches flexibles sont traditionnellement utilisées par les
sourciers.

25
Le noyer
Juglans regia

Le noyer commun ou noyer de Perse est


un arbre originaire d’Asie. De la famille des
Juglandacées, il est cultivé pour son bois et
ses fruits – les noix – dont on tire une huile
alimentaire.

walnut (anglais) – nogal (espagnol)


Le noyer

Caractéristiques botaniques
Le noyer est un arbre à feuilles caduques, pou-
vant atteindre 20 m de haut. Ses feuilles sont
alternes et de grande taille (jusqu’à 50 cm),
composées de 7 à 13 folioles ovales. Son
tronc est rectiligne. Son écorce est d’abord
lisse, d’un gris argenté, puis quand l’arbre
vieillit, elle se fissure et des crevasses lon-
gitudinales apparaissent. C’est une espèce
monoïque, les fleurs apparaissent en avril, avant
les feuilles ; les fleurs mâles vert brunâtre sont
réunies en chatons pendants de quelques centimètres
sur les rameaux de l’année précédente. Elles portent 6 à 30 étamines
tandis que les fleurs femelles d’un jaune verdâtre sont groupées à l’extré-
mité des rameaux de l’année ayant l’aspect d’une petite outre surmontée
du pistil et pourvues d’un stigmate en deux parties. La fécondation est
anémophile. Les fruits sont mûrs à l’automne ; ce sont des drupes avec
un péricarpe charnu appelé brou, contenant une coquille (ou noyau) à
l’intérieur de laquelle se trouve une amande comestible : la noix formée
de deux cotylédons, appelés cerneaux. La production de noix commence
vers la quinzième année, et ce pendant plus de 200 ans. Toutefois, au bout
de 70 à 100 ans, elle se réduit fortement.
Le genre Juglans comprend
une vingtaine d’espèces ;
en Amérique du Nord, on
trouve deux espèces indi-
gènes : le noyer noir (Juglans
nigra) et le noyer cendré
(Juglans cinerea). Il existe
des hybrides, comme par
exemple Juglans x intermedia
qui est un hybride entre le
noyer commun, dont il a pris
la rusticité, et le noyer noir, qui lui
confère ses caractéristiques de crois sance
plus rapide.

27
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Mode de culture
Climat
Le noyer commun est une espèce assez rustique qui pousse mieux en
pleine lumière, souvent isolé du fait de ses propriétés allélopathiques :
les feuilles et les racines contiennent de la juglone, substance toxique qui
inhibe le développement des autres espèces. On peut multiplier le noyer
par semis mais pour conserver la qualité des variétés, il faut le greffer. Il
est très résistant au froid (jusqu’à -35 °C). À l’opposé, l’extrême chaleur
lui est nuisible. Il a besoin d’une température moyenne supérieure à 10 °C
pendant au moins 6 mois de l’année ; aussi, en altitude, ne parvient-il pas
à s’installer au-dessus de 800 m. En ce qui concerne ses besoins en eau,
la pluviométrie doit être d’au moins 700 mm/an bien répartie sur l’année
et particulièrement durant la période de grossissement de la noix et de
formation du cerneau (juin-aout). C’est aussi un arbre très sensible à
l’asphyxie racinaire.
Sols
Le noyer préfère les sols profonds et riches en matière organique, bien
drainés, supportant une large gamme de pH. Pour que les racines puissent
s’étendre, il lui faut une profondeur de 3 ou 4 mètres de terre.

28
Le noyer

Floraison, fructification et récolte


Les noyers produisent des fruits 8 à 10 ans après leur plan-
tation (parfois, plus précocement) mais c’est à partir de
30 ans qu’ils atteignent leur pic de production. Ils fleu-
rissent discrètement de la fin du printemps au début de
l’été et donnent des noix qui, à l’automne, tombent au
sol lorsque les bogues s’ouvrent. On les récolte facile-
ment pour les faire ensuite sécher et les conserver ainsi
tout l’hiver.

Maladies, parasites et prédateurs


%Le noyer commun est sensible à des maladies cryptogamiques comme
l’encre (Phytophtora cambivora, P. cinnamomi et P. cactorum.), et surtout le
pourridié (Armillaria mellea et Rosellinia necatrix), responsable de la dispa-
rition de plantations.
%La bactériose quant à elle (Xanthomonas campestris var. juglandis) provoque
la chute des fruits.
%En Europe, on rencontre de nombreux autres ravageurs des cultures
comme la teigne du noyer (Caloptilia roscipennella) responsable de l’en-
roulement des feuilles.

29
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Le noyer est un arbre de grande taille qui a
besoin de beaucoup d’espace et qui pro-
jette une ombre importante ; évitez de le
planter si votre jardin est petit.
Son huile de noix se prête surtout à une
consommation alimentaire mais elle
s’utilise aussi en cosmétique dans des
préparations de masques capillaires.

Environnement
Pour rappel, le noyer est un arbre sauvage qui pousse seul, loin des
autres, car il a besoin de beaucoup de lumière et il élimine les autres
espèces en libérant dans
le sol la juglone, qui
empêche la germination
des autres plantes. Il
est capable de se déve-
lopper dans des condi-
tions difficiles sur des
sols saturés en eau ou
en nitrates, pollués
par des métaux lourds
ou de s molé cule s
chimiques, plus ou
moins asphyxiques.
Toutefois, il pousse
préférentiellement
en plaine humide
et en général pas
au-dessus de 800 m
d’altitude.

30
Le noyer

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Le noyer est cultivé pour ses noix comestibles qui peuvent être
consommées fraîches ou comme fruits secs. En France, il y
a deux noix qui bénéficient d’une AOC : celles de
Grenoble dans l’Isère et celles du Périgord. Elles
renferment une huile particulièrement appréciée
en raison de la présence d’acides gras essentiels
poly-insaturés de types oméga 3 et oméga 6 ;
elle est très calorique 3 700 kJ ou 900 kcal pour
100 g, riche en acide linoléique et en vitamine E.
Le noyer fournit aussi un bois recherché en ébé- Cerneaux
nisterie. Ce bois dur, agréablement veiné et coloré
est très réputé pour l’ameublement et le placage. De ses racines appelées
« ronce de noyer », on confectionne un placage précieux.
Le brou de noix (c’est-à-dire la chair qui entoure le noyau) est utilisé en
décoction comme pigment pour la peinture à l’huile et comme teinture
en menuiserie.
Les feuilles du noyer commun font quant à elles l’objet d’usages médici-
naux depuis des millénaires. En France, elles sont toujours utilisées pour
traiter les affections du cuir chevelu, les pellicules, les coups de soleil et
autres brûlures superficielles, de même que diverses affections cutanées
bénignes.

31
L’olivier
Olea europaea

L’olivier est un arbre cultivé de la famille


des Oléacées, présent dans les régions
méditerranéennes. L’espèce d’origine sau-
vage est l’oléastre (Olea europaea subsp.
oleaster) et coexiste souvent avec l’espèce
cultivée. Le froid et la sécheresse limitent
son installation. Ainsi, disparaît-il en Libye
et en Égypte. En Europe, les montagnes
limitent son extension vers le nord (froid de
l’hiver). En Afrique du Nord, la sécheresse
limite son extension vers le sud.

olivo (espagnol) – olive tree (anglais)


L’olivier

Caractéristiques botaniques
Cet arbre à feuilles persistantes dures et
allongées de couleur gris-vert présente une
longévité importante. Malgré le feu ou le gel,
même lorsque son tronc est partiellement
détruit, l’olivier repousse indéfiniment. Il se
régénère par des rejets qui poussent à la base
de son tronc pour donner un nouvel arbre.
Les oliviers vivent ainsi plusieurs siècles. Les
fleurs de couleur crème se composent de quatre
sépales, quatre pétales, deux étamines et d’un
pistil. Elles sont disposées en grappes à la naissance
des feuilles et la nouaison, qui marque la formation de l’olive, débute en
juin. L’olive, est une drupe ovoïde et globuleuse. D’abord de couleur vert
tendre, elle grossit pour devenir violette, puis noire à maturité. Au nord
de la Loire, l’olivier est planté dans les jardins comme arbre d’ornement
mais il ne produira pas d’olives comestibles.
Il a longtemps été classé selon deux sous-espèces : Olea europaea var.
europaea, l’olivier commun ou domestique et Olea europaea var. sylvestris,
l’oléastre, ou olivier sauvage. On distingue désormais cinq autres sous-es-
pèces : Olea europaea subsp. cerasiformis, présente à Madère, cette sous-es-
pèce est tétraploïde ; Olea europaea subsp. cuspidata, présente en Afrique du
Sud et au sud de l’Égypte et du sud de l’Arabie jusqu’en Chine ; Olea europaea
subsp. guanchica, présente aux îles Canaries ; Olea europaea subsp. laperrinei,
endémique des massifs montagneux du Sahara : Hoggar (Algérie), Aïr
(Niger), et Jebel Marra (Soudan) ; Olea europaea subsp. maroccana présente
dans le Haut Atlas marocain ; cette dernière sous-espèce est hexaploïde.

33
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Mode de culture
Climat
L’olivier s’accommode bien d’étés longs, chauds et secs, d’une grande
insolation et d’hivers peu rigoureux (jusqu’à -12 °C, s’il s’agit d’un froid
sec et de courte durée). En revanche, il est sensible aux grands froids
humides ou verglaçants. En été, il doit recevoir au moins 200 mm d’eau.
Sols
L’olivier s’adapte à tous les types de sols, excepté aux sols humides. Néan-
moins, il a une préférence pour les sols caillouteux.
Floraison, fructification et récolte
On multiplie l’olivier par semis, méthode certes longue mais qui donne
un arbre sauvage très vigoureux, l’oléastre (Olea sylvestris) ; par bouturage
herbacé ou recépage, en utilisant des rejetons (bourgeons prélevés sur les
troncs), ou encore à partir des souches en utilisant les racines que l’on
arrache et que l’on replante pour donner ensuite de nouveaux rameaux.
L’olivier produit deux types de bourgeons : ceux qui donneront des
fleurs donc des fruits
et ceux qui donneront
des pousses. L’induc-
tion florale est pro-
voquée par les basses
températures de janvier
et de février, alors que le
bois de l’année n’apparaît
qu’en avril ; c’est pourquoi
seuls les rameaux de l’an-
née précédente donneront
des fruits. Pour gérer sa
récolte, l’oléiculteur pra-
tique annuellement une
taille de fructification en
éliminant les vieux rameaux
pour favoriser les rameaux fructifères. On récolte les olives à différents
stades de maturité, facilement à la main ou plus professionnellement en
secouant l’arbre en ayant placé au préalable des filets pour récupérer
facilement les fruits.

34
L’olivier

Maladies, parasites et prédateurs


Les maladies de l’olivier sont très nombreuses, nous n’en citerons
que quelques-unes.
%Le pourridié, maladie mor-
telle pour l’olivier, est dû à
un champignon, l’armillaire
couleur de miel, Armillaria
mellea dont le mycélium
s’installe entre l’écorce et le
bois, entraînant sa décom-
position. La verticilliose est
l’une des maladies les plus
graves de l’olivier. Elle est
causée par un champignon
du sol, Verticillium dahliae, qui
affecte d’abord les racines puis
le système vasculaire de l’arbre, et finit par causer des dommages dans
les parties aériennes. Le cycloconium ou « œil de paon » est causé par
un champignon, Cyclonium oleaginum, qui attaque les feuilles de l’arbre
ainsi que ses fruits. La fumagine ou « noir de l’olivier » est une mala-
die cryptogamique qui se traduit par la prolifération de champignons
microscopiques. Le feuillage de l’arbre se couvre d’une poussière noire
collante qui réduit les échanges gazeux de la photosynthèse mais les
tissus foliaires ne sont pas lésés.
%Le chancre de l’olivier est lui d’origine bactérienne.
Sa présence se traduit par des bourrelets sur le
bois qui a priori ne font pas souffrir l’arbre. Les
bactéries s’installent généralement à l’occasion de
plaies de l’écorce. À noter qu’une maladie, récem-
ment apparue en Italie du Sud due à une bactérie,
Xylella fastidiosa, détruit les plantations d’oliviers.
La mouche de l’olivier
%L’olivier est aussi attaqué par des parasites animaux,
surtout des insectes. La mouche de l’olivier (Dacus oleae) est un parasite
important de l’oliveraie. La cochenille noire (Saissetia oleae) est quant à
lui un insecte suceur de sève qui colonise les rameaux, la nervure des

35
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

feuilles et se gorge de sève au détriment de l’arbre. Le


neiroun (Phloeotribus scarabaeiodes) est un petit
coléoptère gris-noir xylophage. La teigne de
l’olivier (Prays oleae) est un petit papillon gris
taché de noir dont les petites chenilles, causent
des dégâts importants aux récoltes. La pyrale
de l’olivier (Palpita unionalis) est un petit papillon
blanchâtre ; il pond au printemps sur les feuilles
Cochenille noire
de l’arbre, les chenilles se nourrissent des jeunes pousses
et des olives en formation.

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Pour lutter biologiquement contre la mouche de l’olivier, l’idée est
de favoriser la présence des chauves-souris qui en sont de grandes
consommatrices.
En cuisine, on fabrique par exemple du beurre
d’olive en plaçant de l’huile d’olive dans un
bocal au congélateur.
Signalons enfin une arnaque courante aux
fausses olives noires qui sont en fait des
olives vertes teintées par du gluconate fer-
reux. Le subterfuge est facile à repérer : ces
olives ont la peau beaucoup trop lisse pour
être des olives noires !

Environnement
La présence de l’olivier est associée au climat méditerranéen. Notons qu’il
a été introduit avec succès au Japon, aux États-Unis (Californie, Texas), au
Mexique, en Australie et dans divers pays d’Amérique du Sud (Argentine).
Sa longévité est importante, souvent plus de 1 000 ans et certains arbres
remarquables dépassent même largement cette durée de vie.

36
L’olivier

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


En dehors de la production d’olives de table et d’huile alimentaire
(riche en acides gras, mono- et polyinsaturés, vitamines A et E), l’olive est
appréciée dans le monde entier pour ses qualités gustatives et diététiques.
Les olives noires (162 kcal pour 100 g) sont plus caloriques que les vertes
(145 kcal pour 100 g).
L’huile d’olive est très calorique : 3 588 kJ ou 857 kcal pour 100 g mais contient
80 % d’acides gras mono-insaturés qui réduisent le risque de maladies cardio-
vasculaires. Elle est par ailleurs, riche en vitamine E (25 mg pour 100 g). Elle
s’utilise également en cosmétologie et dans la fabrication de savons.
Les feuilles d’olivier en décoction contiennent un hétéroside (oleuropéine) qui
possède une propriété hypoglycémiante et un hypotenseur : l’acide glycolique.
Le bois de l’olivier dur et veiné est très recherché en ébénisterie. Les
noyaux ou grignons sont utilisés comme combustible.

37
Le palmier
à huile
Elaeis guineensis

Le palmier à huile appartient à la famille


des Arécacées (ex. Palmacées). D’origine
africaine, c’est une plante monocotylédone
avant tout cultivée pour ses fruits dont on
extrait des corps gras à usage alimentaire
et industriel. Il est cultivé dans toutes les
régions tropicales.

oil palm (anglais) – palma de aceite (espagnol)


Le palmier à huile

Caractéristiques botaniques
Le palmier à huile présente un système
racinaire fasciculé, caractéristique des mono-
cotylédones, assurant un ancrage au sol très
solide. Le tronc ou stipe est vertical, non
ramifié et peut atteindre 25 m de hauteur.
Au sommet, la couronne de feuilles pennées
de 5 à 7 m de long est implantée en spirale
autour du bourgeon végétatif qu’elle protège.
La feuille centrale, non épanouie est verticale et
est appelée la flèche. Le feuillage du palmier à huile
est persistant et il fleurit toute l’année en panicules.
À l’aisselle de chaque feuille se trouve une inflorescence en épis. Le palmier
est une plante monoïque à sexes séparés sur le même individu. L’inflores-
cence mâle est formée d’une centaine d’épis digités portant chacun un
millier de très petites fleurs à six étamines. L’inflorescence femelle, plus
massive, comprend un rachis portant une centaine d’épis de six à douze
petites fleurs situées à l’aisselle d’une bractée et constituées d’un ovaire
à trois stigmates. Le fruit est une drupe sessile, ovoïde, longue de 3 à
5 cm ; son épiderme est cutinisé, la pulpe orangée est très riche en huile
de palme. Au centre du fruit, on trouve la graine composée d’une coque
et d’une amande possédant un tégument très mince et un albumen riche
en huile (palmiste) avec un embryon linéaire.
On distingue deux espèces principales, économiquement intéressantes :
la plus répandue est E. guineensis, l’autre E. melanococca, originaire du nord
de l’Amérique du Sud est souvent hybridée avec la précédente pour créer
des variétés basées sur différents critères : variété nigrescens à fruit noir ;
variété virescens à fruit vert ; variété communis contenant des caroténoïdes ;
variété dura à coques de plus de 2 mm ; variété pisifera sans coque.

39
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Mode de culture
Climat
Le palmier à huile a besoin de soleil et d’eau. Sa croissance est continue,
il a besoin de conditions climatiques stables (au moins 2 000 heures d’en-
soleillement, 1 800 mm d’eau, une hygrométrie supérieure à 75 %, une
température moyenne annuelle de 26 °C) tout au long de l’année pour une
productivité maximale.
Sols
Le palmier à huile n’est pas exigeant au niveau des sols sur lesquels on
l’installe. Toutefois, il a besoin d’un sol profond et meuble, à condition que
ce dernier ne soit ni sableux ni argileux. Il s’accomode bien de sols chimi-
quement pauvres (comme c’est le cas pour les sols tropicaux). L’apport
d’engrais chimique permet d’éliminer d’éventuelles carences.
Floraison, fructification et récolte
La mise en culture se fait par semis en pépinière, suivie d’une plantation
à raison de 140 pieds à l’hectare. Des plantations industrielles de très
grande taille (2 500 à 10 000 ha) se sont développées après déforesta-
tion en Indonésie et en Malaisie mais aussi en Afrique intertropicale, de
la Guinée jusqu’au Zaïre. Les régimes de fruits charnus se récoltent à la
main à l’aide d’une faucille tous les 8 à 10 jours lorsqu’ils sont à maturité.

40
Le palmier à huile

Maladies, parasites et prédateurs


%Le palmier à huile est la proie de nombreux ravageurs. Ainsi, différentes
sortes de coléoptères le parasitent à différents niveaux : Oryctes monoceros
qui attaque la base des feuilles, Strategus aloeus qui affecte les racines, Rhyn-
chophorus ferrugineus qui atteint les bourgeons. Nous pouvons aussi citer
les lépidoptères : Parasa pallida dont la chenille dévore les feuilles, Tirathaba
mundella, ou pyrale dont les chenilles attaquent la feuille centrale ou flèche.
%Enfin des champignons : Fusarium oxysporum, agent de la fusariose vas-
culaire qui entraîne le dessèchement des feuilles, Ganoderma boninense,
qui entraîne la pourriture basale du stipe, Armillaria mellea, agent du
pourridié ; qui oblige à abattre les arbres contaminés.

41
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Ne pas confondre l’huile de palmiste extraite du noyau avec l’huile de
palme extraite de la pulpe du fruit. Cette dernière est une huile bon mar-
ché, solide à température ambiante, ce qui confère au Nutella® toute son
onctuosité !
On la rencontre également dans de nombreux produits du quotidien (80 %
dans l’alimentaire et 20 % dans la cosmétique).

Environnement
À l’avenir, il s’agirait d’organiser la production de l’huile de manière plus res-
ponsable en évitant notamment la déforestation. La culture intensive du pal-
mier à huile est en effet une catastrophe écologique. Son extension se fait
au détriment de la forêt tropicale et de sa biodiversité, tout d’abord en Asie
mais aussi en Amérique du Sud et désormais en Afrique. Malheureusement,
la situation risque bel et bien de se dégrader encore puisque la productivité
d’huile par unité de surface cultivée est très importante (dix fois plus que les
autres oléagineux) et la demande, en constante augmentation.

42
Le palmier à huile

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Le palmier à huile donne des fruits tout au long de l’année. Ils sont
récoltés deux fois par mois, fréquence qui fait de l’huile de palme l’huile
la plus consommée au monde. D’un point de vue nutritionnel, l’huile de
palme présente une valeur énergétique élevée 3 669 kJ ou 885 kcal pour
100 g et est riche en vitamines E et A.
Il est déconseillé d’en consommer trop fréquemment car elle contient
essentiellement des acides gras saturés favorisant le cholestérol.
Elle est essentiellement utilisée dans l’industrie agro-alimentaire et en
cosmétique et est souvent présente dans des produits de consomma-
tion courante : huile de table, de friture, graisses végétales du Nutella®,
margarine, sous-produits comme la savonnerie, l’étamage et certaines
applications pharmaceutiques.
À noter que la production d’un biocarburant à base d’ester d’huile de palme
est aussi envisagée.

43
Le pistachier
Pistacia vera

Le pistachier ou pistachier commun, est


un arbuste de la famille des Anacardiacées.
Originaire d’Asie centrale, il est cultivé pour
ses fruits comestibles, les pistaches.

pistachio tree (anglais) – pistachero (espagnol)


Le pistachier

Caractéristiques botaniques
C’est un arbuste dioïque, à feuillage caduc, de
3 à 8 m de hauteur. Ses feuilles de couleur vert
frais à long pétiole sont alternes, composées
de 3 à 5 folioles ovales aux nervures rami-
fiées et saillantes. Les fleurs mâles sont
assez discrètes, constituées de 5 sépales
réguliers et d’un ou deux rangs d’éta-
mines. Les fleurs femelles plus grandes
ressemblent à des chatons réunis en cyme
avec un ovaire supère formé de 5 carpelles
soudés avec des stigmates globuleux. Ses
fruits sont des drupes monospermes, ovoïdes, à
endocarpe (la coque) dur, qui se fendent naturellement
à maturité. Ils contiennent une graine comestible verte : la pistache.

Mode de culture
Climat
Présent sur tout le pourtour méditerranéen, le pistachier se multiplie
par bouturage ou par greffage, voire par semis. Toutefois, ce moyen de
multiplication reste aléatoire. Il préfère une exposition aérée et ensoleillée
car la fécondation est anémophile.
Sols
Il affectionne particulièrement les sols secs et supporte les températures
basses (jusqu’à -14 °C environ). Il craint les hivers rigoureux et les gelées
printanières.
Floraison, fructification et récolte
Pour obtenir une fructification, il convient de planter
des plants mâles à proximité de plants femelles. Les
pistaches se récoltent fin août, début septembre,
très facilement en plaçant une bâche sous les
arbres et en les secouant pour faire tomber les
fruits qui se détachent de la coque ou épicarpe.
La coquille interne protège les deux cotylédons
verts très savoureux.

45
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Maladies, parasites et prédateurs


%Le pistachier, résiste bien aux parasites et aux maladies. Cependant, il
peut être envahi par les araignées rouges et par la cochenille du pista-
chier (Ceroplaste rusci) dont l’attaque se traduit par un dépérissement
des rameaux.
%Une maladie cryptogamique, la rouille, est due à un champignon
(Pileolaria terebenthi) et entraîne la chute des feuilles qui se couvrent
de taches noirâtres (action des spores du champignon).

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de pistache est une production très rentable mais il faut tout de
même 2 à 3 kg de pistaches pour en extraire un litre.
En cuisine, elle est plus rarement employée car son goût fort et persistant
ne s’associe pas facilement. Dans une vinaigrette, mieux vaut la mélanger
avec du citron plutôt qu’avec du vinaigre. Considérée comme huile gastro-
nomique, elle est parmi les huiles les plus chères (plus de 100 € le litre).

Environnement
Ce grand arbuste pousse très bien au Moyen
Orient et dans le centre de l’Asie. Ne résistant
pas au froid, il prolifère sous climat méditerra-
néen dans le sud de la France et en Afrique du
Nord. Dans l’Antiquité, en Provence, il existait
à l’état sauvage. Notons qu’une tentative de
réintroduction est en cours.

46
Le pistachier

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


La pistache peut se consommer crue ou grillée. La valeur calorique
de ce fruit sec qui accompagne souvent l’apéritif est de 604 kcal ou
2 510 kJ pour 100 g. En cuisine, on peut aussi incorporer les pistaches
aux sauces, aux farces, aux terrines, aux pâtés en croûte, à la crème
glacée et aux pâtisseries.
Son huile est principalement utilisée en cosmétologie pour nourrir et
hydrater la peau.
La consommation de pistaches pourrait prévenir les maladies cardio-
vasculaires et permettrait de réduire le taux de cholestérol sanguin.
En médecine indienne, le pistachier est d’ailleurs préconisé pour prévenir
les maladies coronariennes, le diabète et l’hypertension.
Par ailleurs, au XVIIIe siècle, le botaniste français Sébastien Vaillant, a utilisé
l’exemple du pistachier pour démontrer l’existence d’une sexualité dans
le monde végétal en montrant qu’il y avait des pistachiers mâles et des
pistachiers femelles et qu’il fallait les rapprocher si l’on voulait obtenir
des fruits.

47
Le ricin
Ricinus communis

Le ricin est cultivé pour ses graines dont


on extrait une huile. C’est un arbuste à
latex, monoïque, originaire d’Abyssinie, de
la famille des Euphorbiacées. La fructifica-
tion en épis rouges domine le feuillage et
en fait une plante ornementale.

castor (anglais) – ricino (espagnol)


Le ricin

Caractéristiques botaniques
C’est un arbuste sempervirent ; ses feuilles sont caractéristiques
avec un long pétiole cylindrique et un limbe palmatilobé de grande taille
(50 à 70 cm de diamètre). L’inflorescence est une panicule
dressée de 40 cm de long, composée de cymes. Les
fleurs sont unisexuées sans corolles. Les fleurs
mâles portent de nombreuses étamines et sont
placées à la base de l’inflorescence tandis que les
fleurs femelles à ovaire supère à trois loges se
situent en haut. Le fruit est une capsule globu-
leuse à trois lobes, qui s’ouvrent en libérant trois
graines ellipsoïdes de 10 à 15 mm de long dont
l’albumen est important et les cotylédons réduits à
deux fines lamelles, présentant un tégument dont l’or-
nementation est très variable.
Trois espèces principales sont répertoriées : R. communis avec deux varié-
tés : minor (graines marron clair) et major (graines grises piriformes) ;
R. persicus (graines marron, rouges et allongées) ; R. zanzibarebsis (graines
blanches, aplaties et larges).

Mode de culture
Climat
Le ricin est une plante de zone tropi-
cale ou méditerranéenne, sensible au
froid, supportant des températures
élevées.
Sols
Naturellement, il s’installe dans le Midi, sur les terrains en friche et sur
des pentes rocailleuses. Sa culture par semis est facile sur un sol riche,
bien drainé, frais, à pH neutre et bien exposé au soleil.
Floraison, fructification et récolte
Bien qu’espèce persistante en culture, le ricin est souvent traité comme
une plante annuelle avec un cycle d’environ 200 jours. Cependant, les
types pérennes peuvent produire des graines pendant plus de 10 ans !

49
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Maladies, parasites et prédateurs


%Le ricin est très résistant aux parasites qui sont
sans effets sur sa productivité. La maladie des
feuilles la plus répandue est la rouille due à Melamp-
sora ricini. Une maladie des capsules est due à Alter-
naria ricini.
%Des ravageurs animaux attaquent aussi le ricin
comme des punaises, des pyrales, des coche-
nilles et de nombreux vers.

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de ricin est très prisée en cosmétique car elle favorise la pousse
des cheveux, nourrit la chevelure et les ongles.
En revanche, la plante contient de la ricine, une substance très toxique.
Elle n’est plus commercialisée pour un usage alimentaire comme purgatif.
Au Brésil, l’huile de ricin est trans-
formée en biocarburant.

Environnement
Originaire d’Afrique tropicale, le
ricin est cultivé comme plante
ornementale dans le sud de la
France.
Au jardin, l’un de ses intérêts est
d’être une plante piège pour de
nombreux insectes du fait de sa
toxicité.
Si le tourteau de ricin per-
met d’éloigner les rongeurs, il est
très dangereux pour les chiens.

50
Le ricin

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


L’huile de ricin est utilisée dans la préparation de produits pharma-
ceutiques (laxatifs, par exemple), dans l’industrie textile (imperméabili-
sation, dégraissage, etc.), en savonnerie, dans l’industrie du cuir, dans la
fabrication des peintures et vernis.
Dans une approche thérapeutique, elle peut constituer les bases d’un
antidouleur, stimuler le système immunitaire, soulager les irritations de la
peau. Par ailleurs, c’est aussi un antibactérien, un antiviral et un fongicide.

51
PARTIE 2

Plantes
oléifères
herbacées
L’arachide
Arachis hyp ogea

De la famille des Fabacées, l’arachide est


originaire d’Amérique du Sud. Elle est
essentiellement cultivée pour ses gaines
que l’on consomme et dont on extrait une
huile utilisée à la fois en cuisine et dans la
fabrication des savons.

groundnut, peanut (anglais)


– cacahuete (espagnol)
L’arachide

Caractéristiques botaniques
C’est une légumineuse herbacée annuelle dont les feuilles compo-
sées, à deux paires de folioles, sont disposées en spirale sur la tige. L’in-
florescence est un épi à fleurs jaunes, aériennes, de type
papilionacé. Après la fécondation, l’ovaire se trouve
enfoui dans le sol par développement géotropique
d’un long pédoncule, le gynophore ainsi le fruit se
développe-t-il dans le sol, à faible profondeur. De
nombreuses variétés sont cultivées, regroupées
en deux grands types : « Virginia », à port ram-
pant et à cycle végétatif long (120 à 150 jours),
gousse à deux graines ne germant pas prématu-
rément ; « Spanish » et « Valencia », à port érigé et à
cycle végétatif court (90 à 100 jours) dont le rendement
est plus élevé, mais dont la germination rapide après maturité peut poser
des problèmes de récolte. Le type « Spanish » présente des gousses à deux
graines et le type « Valencia », des gousses à 3 ou 4 graines.

Mode de culture
Climat
L’arachide a de gros besoins thermiques : la germination est rapide entre
30 et 35 °C, ensuite la croissance est optimale entre 24 et 33 °C. Au-des-
sous de 10 °C, la croissance s’arrête et la plante ne survit pas au-dessous
de 0 °C. La demande en eau est plus variable, comprise entre 400 et
1200 mm/an mais est surtout importante au moment de la floraison. En
ce qui concerne la lumière, elle a souvent un effet négatif en retardant la
germination, le développement des racines et du gynophore. Les fruits
ne peuvent donc se développer qu’à l’obscurité.

55
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Sols
L’arachide apprécie les sols meubles, fertiles et légers, bien drainés et
présentant une certaine profondeur.
Floraison, fructification et récolte
Les fleurs flétrissent rapidement et le gynophore s’en-
fonce dans le sol où se forme le fruit, une gousse
indéhiscente contenant 3 ou 4 graines. La récolte
peut être manuelle lorsque les gousses sont
mûres. On les met alors à sécher afin de réduire
fortement leur teneur en eau avant de passer à
l’égoussage, cette dernière étape pouvant être
réalisée manuellement ou à l’aide d’une batteuse.

Maladies, parasites et prédateurs


%La cercosporiose (due à Cercospora
arachidicola) est une maladie cryp-
togamique qui touche les organes
aériens (tavelure des feuilles); de
même, la rouille (due à Puccinia
arachidis) qui se traduit par
la présence de spores sur la
face inférieure des feuilles
provo que le ur chu te,
entraînant une baisse des
rendements.
Après la récolte, l’altération des graines est due à deux champignons du
genre Aspergillus qui sécrètent des aflatoxines cancérigènes qui ne passent
pas dans l’huile mais restent dans le tourteau et constituent une cause de
mortalité chez les animaux d’élevage.
%Des maladies à virus comme la rosette ou le « clump » entraînent le
rabougrissement des pieds.
%Enfin, de nombreux insectes attaquent les différentes parties de la
plante et les vers blancs, les termites, les mille-pattes et les fourmis
sont d’importants ravageurs.
56
L’arachide

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’arachide fait partie des espèces végétales les plus
cultivées au monde. Elle est produite sur tous les
continents, mais c’est en Asie (Chine et Inde)
que se trouvent les premiers producteurs
au monde. L’Afrique n’arrive qu’en troisième
position. Si la production traditionnelle est
celle de graines – dont on tire de l’huile ou que
l’on consomme fraîches – la part de l’utilisation
du reste de la plante dans l’alimentation animale
prend de plus en plus d’importance.

Environnement
L’arachide, classée dans les légumineuses, fixe l’azote de l’air et enrichit
ainsi le sol en composés azotés. Les besoins en eau sont facilement maîtri-
sés et cette plante nécessite moins d’intrants que la plupart de beaucoup
d’autres cultures. Endémique d’Amérique du Sud, sa culture s’est depuis
longtemps répandue dans les régions tropicales, subtropicales voire tem-
pérées de la planète.

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


L’huile d’arachide (895 kcal ou 3 680 kJ pour 100 g) est extraite par
pression à chaud, mais une partie non négligeable de la production est
consommée sous forme d’arachide de bouche telle quelle ou grillée avec
un impact calorique moins élevé de 660 kcal ou 2 500 kJ pour 100 g. On
peut aussi consommer l’arachide sous forme de beurre. D’un point de vue
nutritionnel, l’arachide est riche en lipides (environ la moitié) mais aussi
en protéines (entre 20 et 25 %). C’est aussi un aliment très énergétique.
Les sous-produits issus de l’extraction de l’huile sont les tourteaux utilisés
dans l’alimentation du bétail, les coques qui servent de combustible, les
mucilages. En agriculture, l’arachide peut servir d’engrais vert car comme
les autres légumineuses, elle enrichit le sol en azote.
En recherche médicale, les agglutinines (lectines) tirées des graines d’ara-
chide sont utilisées en histochimie pour agglutiner les hématies et faciliter
ainsi leur observation.
57
Le carthame
Carthamus tinctorius

De la famille des Astéracées, le carthame


des teinturiers est très certainement origi-
naire du Moyen Orient. Il figure parmi les
nombreuses espèces du genre Carthamus
(quinze espèces). Il est cultivé depuis l’Anti-
quité pour son colorant orange provenant
de ses fleurs et aujourd’hui pour son huile.

VDIƃRZHU DQJODLV tF½UWDPR HVSDJQRO


Le carthame

Caractéristiques botaniques
C’est une plante herbacée dressée et très
ramifiée avec une racine pivotante qui s’enfonce
en profondeur. Les feuilles sont alternes, sessi-
les, disposées en spirale et épineuses. Les fleurs
tubulaires (fleurons) sont bisexuées et groupées
en capitules terminaux, jaunes ou rouge orangé.
La plante est en général autogame. Les graines
(akènes brillants pourvus d’aigrette) apparaissent
20 à 30 jours après la floraison.

Mode de culture
Climat
Cette plante subtropicale des régions semi-arides a vu son aire de répar-
tition s’étendre largement par sélection et amélioration génétique si bien
qu’elle est désormais cultivée même au Canada. Les conditions optimales
de température se situent entre 18 et 20 °C, mais pour la floraison, des
températures plus élevées sont favorables. Ses besoins en eau sont
moyens, de l’ordre de 600 mm par an mais variables suivant les régions ;
l’irrigation permet d’améliorer fortement le rendement des cultures.
Sols
Le carthame pousse sur tous types de sols grâce à sa racine pivotante qui
s’enfonce profondément jusqu’à plus de 3 m, expliquant ainsi sa capacité
de résistance à la sécheresse.
Floraison, fructification et récolte
Le carthame est une culture
de printemps dont le cycle
est court (110 à 150 jours).
C’est une plante très florifère
sur une période de plusieurs
mois ; elle fructifie en été et
ses graines sont mûres au bout
de 30 jours après la floraison.
Ce sont des akènes de couleur
blanche, très riches en huile.

59
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Maladies, parasites et prédateurs


%De nombreuses maladies cryptogamiques sont présentes chez le
carthame, mais la plus fréquente est la rouille dont l’agent Puccinia
carthami s’attaque aux jeunes plants ; une autre maladie, la flétris-
sure des feuilles est causée par Alternaria carthami ; les racines sont
attaquées par Fusarium oxysporum et différentes espèces du genre
Phytophtora.
%Parmi les insectes, la mouche du carthame
(Acanthiophilus helianthi) inhibe la croissance de la
plante.
%Quant aux lapins, ils sont friands des jeunes
pousses avant l’apparition des épines. La mouche du carthame

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Des souches de carthame très riches en acide oléique ont été développées
en Inde donnant par conséquent une huile de meilleure qualité dans ce pays
qui occupe la place de deuxième producteur mondial.
En revanche, cette huile alimentaire est déconseillée aux diabétiques,
aux femmes enceintes ainsi qu’aux personnes traitées par anticoagulants.

Environnement
Le carthame joue un rôle intéressant dans la rotation des cultures
en remplacement des céréales et permet d’éliminer des
maladies inféodées à la céréaliculture. Bien que
plante des régions chaudes, il est possible de laa
cultiver dans nos régions en intérieur (véranda,
serre) mais aussi en extérieur dans un empla-
cement de jardin ensoleillé et abrité du vent,
sur un sol limoneux et acide (elle déteste le
calcaire).

60
Le carthame

Graines
Tour teaux

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


De nos jours, le carthame est aussi cultivé pour ses graines dont
on tire de l’huile. Cette dernière est utilisée directement en cuisine mais
aussi pour fabriquer de la margarine. L’huile de carthame est extrêmement
calorique – 3 768 kJ ou 900 kcal pour 100 g, riche en vitamine E et en
acide linoléique.
Le tourteau est utilisé dans l’alimentation du bétail.
En médecine traditionnelle, l’huile de carthame, en application locale,
possèderait des vertus anti-inflammatoires.
En milieu industriel, l’huile très fluide rentre dans la composition des
peintures.
Elle est également très employée dans la composition de produits cos-
métiques (crèmes dermatologiques, shampooings, rouges à lèvres, etc.).

61
Le chanvre
Cannabis sativa

Originaire d’Asie centrale, dénommé aussi


chanvre indien ou marihuana, le chanvre
est de la famille des Cannabacées. Théori-
quement, il est l’unique espèce du genre qui
a donné naissance par sélection, à de nom-
breuses variétés selon les usages, les unes
plus riches en fibres, les autres présentant
une plus forte teneur en résine et donc, en
narcotique.

cannabis (anglais) - cannabis (espagnol)


Le chanvre

Caractéristiques botaniques
Le cannabis est une plante annuelle à tige
cannelée qui atteint plusieurs mètres de hauteur.
C’est à l’origine une plante dioïque (dont les fleurs
mâles et les fleurs femelles se trouvent sur des
pieds séparés), mais qui est devenue monoïque au
fur et à mesure des sélections lorsqu’elle est culti-
vée pour ses fibres. Les avantages de ces variétés
monoïques sont importants : production en tiges et en
graines accrue, maturité homogène de toutes les plantes. À
la partie inférieure, les feuilles stipulées sont opposées, palmatiséquées avec
cinq à sept folioles inégaux, allongés et dentés vers le sommet de la tige.
Les fleurs mâles sont groupées en panicules rameuses, les femelles sont
serrées en cymes compactes. Les fleurs mâles possèdent cinq étamines
pendantes à filets courts et anthères terminales. Les fleurs femelles pré-
sentent deux longs stigmates filiformes. Quant au fruit, c’est un akène
subglobuleux et lisse.

Mode de culture
Le chanvre est l’une des premières plantes domestiquées par
l’homme, très certainement en Asie.
Climat
Le chanvre ou cannabis est une plante annuelle que l’on peut cultiver
en extérieur comme en intérieur, à condition que les apports
en eau et en chaleur soient

63
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

suffisants. Extrêmement résistante, cette plante ne craint que l’excès


d’humidité.
Sols
Le cannabis aime les sols légers et friables, riches en nutriments et bien
drainés. Leur pH doit être compris entre 6 et 7. De ce point de vue, les
terreaux du commerce sont bien adaptés à sa culture.
Floraison, fructification et récolte
La plus grande partie du cannabis cultivé aujourd’hui dans les pays occi-
dentaux provient de croisements effectués à partir
de variétés fleurissant précocement. Les zones
de production massive ont souvent recours à la
culture en extérieur, que ce soit pour les fibres
ou pour la résine.
La culture du cannabis en intérieur est fré-
quente dans de nombreux pays occidentaux
(Hollande, Angleterre, France, États-Unis,
Europe centrale) et le plus souvent, pour d’évi-
Fleurs de chanvre dentes raisons pratiques, elle est réalisée sur sols
artificiels en hydroponie.

Maladies, parasites et prédateurs


%Le chanvre est réputé insensible à la plupart des maladies virales, bac-
tériennes et fongiques. La culture ne connaît donc pas de perte de ren-
dement due aux maladies et ne nécessite, dans la plupart des cas, aucun
traitement fongicide entre le semis et la récolte.
%Toutefois, des insectes comme l’araignée
rouge, les thrips, la mouche blanche, etc., et
des moisissures comme l’oïdium, le botrytis,
le mildiou, les pythiums, peuvent attaquer
les plants de chanvre, aussi bien en exté-
rieur qu’en intérieur. Grâce à son couvert
dense, il écarte ses concurrents et permet
de se passer d’herbicides.

64
Le chanvre

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
La production d’huile n’est pas la principale utilisation de cette plante ;
toutefois l’huile de chanvre est employée aussi bien en cuisine qu’en cos-
métique. Si cette huile est un sous-produit de la plante industrielle cultivée
essentiellement pour ses fibres, elle est tout de même considérée comme
un « super aliment », du fait de ses nombreuses propriétés.
Il ne faut pas la confondre avec l’huile de cannabidiol provenant certes de la
même plante mais pas des mêmes parties de la plante. Si l’huile de chanvre
est extraite des graines par broyage, l’huile de cannabidiol est obtenue par
extraction, à partir des parties aériennes de la plante et principalement
des fleurs. Ses vertus sont nombreuses (anticonvulsive, antiémétique,
action sur la spasticité dans les pathologies de sclérose en plaques). Une
astuce consiste à mélanger les deux huiles afin de cumuler leurs bienfaits.

Environnement
Le chanvre est une plante d’avenir car elle respecte son environnement.
En effet, elle n’a besoin que de très peu d’eau pour se développer puisque
son système racinaire descend très profondément dans le sol. Elle pousse
rapidement en éliminant les mauvaises herbes : aussi se cultive-t-elle sans
herbicides ni produits phytosanitaires. De plus, elle régénère les sols
qu’elle occupe. Pour ces raisons, la culture de cette plante écologique, bien
adaptée au réchauffement climatique et propice à de multiples débouchés,
devrait se développer.

65
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Le chanvre textile est cultivé dans de nombreux pays où il a servi à
faire des cordes (surtout à l’époque de la marine à voile). De nos jours, on
utilise de la laine de chanvre pour l’isolation, les fibres pour produire du
tissu et fabriquer des vêtements. Les fibres constituant la partie périphé-
rique de la tige, qui représente 30 à 35 % du poids de la plante, permettent
de confectionner des pâtes pour des papiers spéciaux, extra-fins, opaques
et résistants (papier à cigarette, billets de banque). Elles servent aussi à
renforcer des plastiques (automobile, ameublement, électroménager, etc.)
et des matériaux de construction (laines d’isolation…).

66
Le chanvre

Du point de vue nutritionnel, les graines de chanvre ou chènevis sont


riches en huile (32 à 34 %) et en protéines (25 %), aussi
sont-elles très utilisées pour nourrir les oiseaux
en cage. On en extrait également une huile ali-
mentaire, riche en oméga 3 et 6, également
exploitée pour la formulation de produits
cosmétiques.
Au début du siècle dernier, les cultures de
chanvre ou « cannebières » étaient nom-
breuses en France. Le chanvre industriel
reste une plante très intéressante à cultiver
du fait de son cycle court, de ses multiples
utilisations et de sa résistance aux maladies.
Le chanvre textile est produit à partir de longues
fibres qui sont ensuite séparées par rouissage ; une fois cardée, la fibre
donne de la laine de chanvre utilisée pour confectionner des vêtements.
Enfin, les applications médicales du chanvre ou du cannabis sont nom-
breuses mais encore peu exploitées. Depuis 2014, le Sativex® est préco-
nisé pour soulager les malades atteints de sclérose en plaques. Jusqu’alors,
un seul dérivé cannabinoïde, le Marinol®, pouvait être prescrit pour des
douleurs chroniques dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisa-
tion (ATU), procédure spéciale réservée à des pathologies pour lesquelles
il n’existe pas de traitement approprié.

67
Le colza
Brassica napus

Le colza, est une plante à fleurs jaunes et


brillantes de la famille des Brassicacées qui
est abondamment cultivée pour extraire
l’huile de ses graines (la plus consommée
en Europe) mais aussi plus récemment, pour
être source de biodiésel. Sa culture autour
du bassin méditerranéen est très ancienne
(2 000 ans avant J.-C.).

canola, colza, rape (anglais) – colza, raps,


canola (espagnol)
Le colza

Caractéristiques botaniques
L’origine du colza demeure quelque peu mys-
térieuse ; il serait issu d’un croisement entre le
chou (Brassica oleraceae) et la navette (Brassica
campestris). C’est une plante oléagineuse annuelle
à racine pivotante, à tige rameuse et à feuilles
glabres. Les feuilles inférieures sont pétiolées
et découpées, les supérieures sont lancéolées et
entières. Les fleurs, de couleur jaune, sont disposées
en grappes terminales. Les fruits du colza (siliques) ren-
ferment de petites graines noires, exalbuminées, aux cotylédons riches
en huile (plus de 40 %). Il existe des variétés de printemps et des variétés
d’hiver.
De nombreuses variétés (une centaine environ) ou hybrides de colza ont
été créés pour répondre à différentes problématiques : celle de l’élimina-
tion de l’acide érucique (par exemple, var. Primor, Pronto pour les variétés
d’hiver, var. Furax Nova et Kentan nova pour celles de printemps), celle
de l’élimination des glucosinolates (par exemple, var. Darmor, R211), celle
de la qualité des huiles, celle de la résistance aux herbicides, ou encore
celle de l’amélioration du rendement, ou celle du nanisme (par exemple,
var. Lutin), etc.

Mode de culture
Climat
La culture du colza est large-
ment répandue dans le monde,
surtout dans les zones tem-
pérées (Union européenne,
Canada, États-Unis, Australie,
Chine et Inde). Les exigences
thermiques du colza corres-
pondent principalement aux
risques de gelées hivernales et printanières lors de la floraison, le colza
de printemps ne supportant pas les températures inférieures à 0 °C. En
revanche, le colza d’hiver peut supporter des températures de -12 °C sans

69
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

dégâts, dans la mesure toutefois où la chute de température n’est pas trop


brutale et permet son endurcissement. Les besoins en eau de la plante ne
posent de problème que dans les régions méridionales, particulièrement
pendant la période végétative. Toutefois, une trop grande pluviosité au
moment de la fécondation et de la maturité est défavorable, empêchant
la visite des fleurs par les insectes pollinisateurs et favorisant les ramifi-
cations, aux dépens de la floraison. Les besoins en azote sont importants,
de même qu’en phosphore (P2O5) et en soufre sous forme de sulfate (SO3),
au début de la montaison.
Sols
Le colza s’implante de préférence sur un sol bien drainé à texture inter-
médiaire. Il est conseillé de préparer le sol dès la récolte de la culture de
l’année précédente. Si le sol est argileux, il se cultive aussi bien sur les sols
argileux ou argile-calcaire que sur les sols limoneux sableux à condition de
jouer sur la date de semis qui doit être plus précoce dans le premier cas.
Floraison, fructification et récolte
Le colza d’hiver a besoin d’une période de froid (vernalisation) pour la
mise à fleur, le semis a lieu en août ou en septembre, la floraison en avril
et la récolte fin juin ou début juillet. Le colza de printemps ne nécessite
pas de période de vernalisation pour fleurir, le semis a lieu début avril et
la récolte fin août. Les gousses se récoltent en juillet alors que la plante
est complètement desséchée.

70
Le colza

Maladies, parasites et prédateurs


%Le colza est sensible à des maladies fongiques comme la pourri-
ture blanche due à Sclerotinia sclerotiorum, le mildiou dû à Peronospora
brassicae, l’oïdium dû à Erisiphe polygoni, la hernie due à Plasmodiophora
brassicae, etc.
%Autre danger : les parasites animaux comme les
charançons (Ceuthorhynchus napi et C. assimilis)
qui attaquent respectivement la tige et les
siliques du colza et dont les adultes appa-
raissent au printemps, lorsque la tempé-
rature maximale est supérieure à 15 °C.
À noter que les pucerons et les limaces
grises peuvent aussi causer des dégâts impor-
tants aux semences et aux plantules.
Charançon du colza
%Enfin, le colza d’hiver doit être impérativement débar-
rassé de la concurrence des adventices avant la reprise de la végétation,
ce qui implique l’utilisation de désherbants sélectifs.

71
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
La plus grande partie de l’huile de
colza commercialisée et raffinée pro-
vient de plantes OGM. Mieux vaut
privilégier l’huile non raffinée issue de
l’agriculture biologique qui conserve
ses principes actifs et son goût
caractéristique. Elle est en revanche
à conserver au réfrigérateur.

Environnement
D’un point de vue environnemental,
la culture du colza est considérée
comme bénéfique. En effet, semé pré-
cocement, le colza d’hiver protège les
sols de l’érosion durant la mauvaise
saison tandis qu’en été, économe
en eau, il n’a pas besoin d’irrigation.
Au niveau de la biodiversité, il constitue un refuge pour
de nombreux insectes, oiseaux et mammifères. Pour la fabrique de leur
miel, il est une ressource pour les abeilles dès le printemps. Afin de limiter
l’exposition de ces auxiliaires aux traitements phytosanitaires, il est donc
nécessaire de n’utiliser que des produits ne compromettant pas
la visite des insectes butineurs ou de les utiliser en
dehors de leur présence (en fin de journée
par exemple).

72
Le colza

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Au XVIe siècle, l’usage de cette huile était destiné aux lampes à huile et
à la fabrication de savons. Par la suite, elle a été utilisée comme lubrifiant
dans les moteurs à vapeur. Elle a été ensuite proposée comme huile alimen-
taire dans les années soixante pour être rapidement considérée comme
dangereuse pour la santé en contenant de l’acide érucique, suspecté d’être
à l’origine de maladies cardiovasculaires. De nouvelles variétés ont donc
été créées avec une teneur réduite en acide érucique (de l’ordre de 0 à
2 % des acides gras totaux).
De nos jours, le colza est cultivé pour l’alimentation humaine car son huile
est riche en oméga 3 avec un pouvoir calorique de 900 kcal ou 3 762 kJ
pour 100 g.
Son tourteau est utilisé dans l’alimentation animale pour sa teneur élevée
en protéines.
Il existe d’autres applications de l’huile de colza ; par exemple, elle peut
être la composante d’huiles anti-poussières (traitement des sols et des
parquets), de fluxants (ramollissants) pour le bitume, de biolubrifiants,
d’adjuvants pour les pesticides et les encres végétales et comme source
de biocarburant.

73
Le cotonnier
Gossypium hirsutum

Le cotonnier, de la famille des Malvacées,


est surtout cultivé pour ses graines qui
portent en surface des fibres blanches : les
soies ou coton. Ces fibres séminales servent
à la fabrication de fils très fins et de tissus.
On en tire aussi le coton hydrophile pour
un usage pharmaceutique et il entre aussi
dans la fabrication d’explosifs. Des graines,
on extrait une huile alimentaire après élimi-
nation du gossypol.

cotton plant (anglais) - algodón (espagnol)


Le cotonnier

Caractéristiques botaniques
Le cotonnier est une plante arbustive, plu-
riannuelle de 1 à 3 m de hauteur dont les feuilles
sont diversement lobées, suivant les espèces.
À la floraison, apparaissent de grandes fleurs
parfaites (portant les deux sexes) blanches,
jaunes voire même roses à cinq pétales et trois
bractées. Après autopollinisation, elles donnent des
capsules à trois ou cinq loges, aux parois épaisses et
rigides. À maturité, elles s’ouvrent et les graines appa-
raissent, ressemblant à des bourres de coton recouvertes d’une houppe de
fibres blanchâtres et soyeuses. Chaque fibre est constituée d’une seule cel-
lule, longue et étroite. Le cotonnier est presque exclusivement cultivé pour
ses graines oléagineuses et pour les fibres séminales qui les recouvrent.
Sur une cinquantaine de variétés, deux espèces tétraploïdes à fibres lon-
gues fournissent aujourd’hui l’essentiel de la production mondiale : G. hir-
sutum (85 à 90 %) originaire du Mexique et Gossypium barbadense L. (5 %)
d’origine péruvienne. Deux autres espèces diploïdes à fibres moyennes
voire courtes peuvent être aussi citées : Gossypium arboreum ou cotonnier
en arbre et Gossypium herbaceum qui sont cultivées en Asie et en Afrique.

Mode de culture
Le cotonnier pousse naturellement dans les régions tropicales et sub-
tropicales arides. Il est présent et cultivé sur les cinq continents, sur une
bande comprise entre la latitude de la mer d’Aral dans l’hémisphère nord et
celle des plaines d’Afrique du
Sud dans l’hémisphère sud.
Climat
Le cotonnier peut vivre une
dizaine d’années à l’état sau-
vage. Toutefois, lorsqu’il fait
l’objet d’une culture, il est sou-
vent exploité sous la forme de
plante annuelle pour limiter
les parasites. Son cycle est de

75
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

170 jours en conditions climatiques


favorables et de plus de 200 jours en
milieu moins propice. Ses exigences
thermiques optimales sont de 33 °C
en moyenne. Sa demande en eau
est de 600 à 800 mm/an avec un
maximum de besoins à la florai-
son. C’est une plante héliophile.
Le semis est réalisé afin que
la récolte ait lieu en saison
sèche.
Sols
Le contonnier pousse bien sur des sols sablo-limoneux ou sablo-sableux
bien drainés, mais en général infertiles avec un pH plutôt acide.
Floraison, fructification et récolte
Il fleurit en été et fructifie en donnant des petites graines couvertes de
fibres blanches abondamment utilisées dans l’industrie textile ou médicale.
La récolte se faisait autrefois à la main, elle est aujourd’hui mécanisée.

76
Le cotonnier

Maladies, parasites et prédateurs


%Les principales maladies du cotonnier sont des bactérioses comme la
pourriture des capsules du cotonnier dues à Xanthomonas malvacearum, se
traduisant par des taches sur les feuilles et des chancres sur les tiges,
les rameaux et les capsules.
%Des maladies cryptogamiques comme la fusariose due à Fusarium oxy-
sporum et Fusarium vasinfectum conduisent à la mort de la plante après
jaunissement des feuilles et noircissement des vaisseaux conducteurs
des sèves. Les plantules du cotonnier sont aussi sensibles à la fonte des
semis due à Rhizoctonia solani.
%Le cotonnier est aussi l’une des plantes cultivées les plus attaquées
par les insectes. Parmi les plus courantes et endogènes à la culture
du coton, on trouve : le ver rose du cotonnier (Pectinophora gossypiella)
qui se nourrit des graines de la plante ; le puceron du cotonnier (Aphis
gossypii) qui colonise les plants des jeunes cotonniers dont il suce la
sève ; la chenille épineuse du cotonnier (Earias insulana), qui se nourrit
des jeunes capsules.
%Par ailleurs, de nombreuses espèces de nématodes peuvent attaquer
le cotonnier même si seules quelques-unes posent de réels problèmes.

77
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de coton pourtant discrète sur le marché est l’une des huiles ali-
mentaires les plus utilisées au monde à part égale avec l’huile d’arachide
et devant l’huile d’olive. Son principal avantage est d’être dépourvue de
cholestérol. Elle est surtout présente dans les faux beurres et produits
équivalents.

Environnement
La culture du coton est l’activité agricole la plus consommatrice d’eau
douce et de pesticides. De plus, dans la mesure où c’est la fibre textile la
plus utilisée au monde, la demande est énorme et cette production inten-
sive occupe une grande partie des terres culti-
vables qui pourraient être dévolues à des
cultures plus alimentaires, l’huile tirée
du coton n’étant qu’un sous-produit de
cette culture. Il en résulte un véritable
désastre écologique et humain dont le
plus bel exemple est celui de l’assèche-
ment de la mer d’Aral.

78
Le cotonnier

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


La fonction principale du cotonnier demeure la production de fibres
de coton à usage textile (presque la moitié de la production mondiale) :
tissus, pansements, coton chirurgical, etc. Le duvet entourant les graines
(appelé linter) sert à la fabrication de feutres, de compresses de gaze, mais
aussi dans l’ameublement et l’automobile.
L’huile de coton est de couleur brun rouge ou brun foncé ; cette coloration
est due à un pigment toxique le gossypol qui sera éliminé lors du raffinage.
Elle devient alors jaune paille et perd son odeur et son goût désagréables.
Elle est à usage alimentaire (valeur calorique : 900 kcal ou 3 700 kJ pour
100 g) mais surtout sert à la production de margarine et de savons. En
cosmétologie, elle intervient dans la production de produits de beauté,
sous forme de lait ou de lotion, de crème et d’huile de massage, de soins
pour l’après-soleil et l’après-rasage.
Après extraction de l’huile, la pâte restante est transformée en tourteaux,
destinés à l’alimentation des ruminants, seuls capables de détoxifier le
gossypol au cours de leur digestion.
En médecine traditionnelle, la plante présente des propriétés thérapeu-
tiques. Elle permet de soulager les douleurs de la menstruation, soigne les
diarrhées, apaise les quintes de toux et les crises d’asthme et est efficace
contre les épisodes de coliques du
nourrisson. Par ailleurs, le gossypol
pourrait être exploité pour lutter O OH OH
contre certains cancers comme celui HO OH
de la prostate. OH
HO O

Structure chimique du gossypol

79
Le lin
Linum usitatissimum

Le lin de la famille des Linacées, est essen-


tiellement cultivé pour ses fibres mais aussi
pour ses graines dont on tire de l’huile. Ses
fibres constituent le plus vieux textile au
monde. Son origine remonterait à la période
néolithique.

ƃD[OLQHQ DQJODLV OLQR HVSDJQRO


Le lin

Caractéristiques botaniques
C’est une plante annuelle herbacée de 50 à 120 cm de
hauteur dont les tiges sont ramifiées dans leurs par-
ties supérieures. Les feuilles, simples, sont de cou-
leur bleue, blanche ou violette selon les variétés,
sessiles, lancéolées, généralement trinervées et
alternes ; les fleurs sont solitaires, de couleur
bleu pâle, composées de cinq pétales libres. Le
fruit est une capsule divisée en cinq loges dont
chacune est séparée par une fausse cloison et où se
forment deux graines par loge. La graine est luisante
et lisse, de couleur brune, de forme ovale, plutôt aplatie
et pointue à l’une de ses extrémités. Les caractères de la fleur sont utilisés
dans la distinction variétale.
L’existence de différences de caractères agronomiques et technologiques,
a permis d’orienter la sélection vers la production de variétés à fibres ou
lin textile et des variétés à graines ou lin oléagineux.

Mode de culture
Le lin est une plante originaire d’Eurasie, cultivée dans de nombreux
pays comme la Chine, la Russie, la Pologne, l’Ukraine mais aussi en Europe
de l’Ouest.

81
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Climat
Il existe deux types de lin, aux exigences écologiques différentes : le
type «hiver» ou lin oléagineux et le type «printemps» ou lin-fibre. La
culture du lin-fibre n’a pas d’exigences particulières au niveau agro-
nomique, mais elle réussit mieux sous un climat doux et humide.
Le lin oléagineux est très sensible, au cours de sa floraison, au stress
hydrique et aux fortes températures, mais par son cycle et sa floraison
plus précoce le lin d’hiver évite les risques de défi-
cit hydrique et de fortes températures de l’été.
Probablement issue du bassin méditerranéen,
cette plante est aujourd’hui cultivée un peu
partout, aussi bien sous les climats tempérés
que tropicaux.
Sols
Le lin a besoin d’un sol propre débarrassé de
toutes les mauvaises herbes.
Floraison, fructification et récolte
Semé au printemps, la croissance du lin oléagineux est
rapide (maturité en 100 jours) et sa tige peut atteindre 1 m de hauteur.
En juin, sa floraison (généralement bleue) dure une quinzaine de jours.
Après quelques semaines, le lin est arraché afin de préserver ses fibres
puis laissé sur le sol pour être retourné de temps en temps jusqu’à la fin
de l’été. On parle de période de rouissage. Le lin sera ensuite transporté
dans un atelier où il subira divers traitements avant d’être filé.

82
Le lin

Maladies, parasites et prédateurs


Les maladies du lin les plus fréquentes sont les suivantes :
%la fusariose au stade jeune, c’est Fusarium qui provoque la fonte des semis
et la mort des plantules ; plus tardivement, une autre maladie est causée
par Fusarium oxysporum f. sp. lini ; dans ce cas, les feuilles se dessèchent
et tombent prématurément; la brûlure, cette maladie est causée par un
ensemble de champignons du sol ou par un seul d’entre eux (ex. Chalara
elegans, Pythium et Asterocystis radicis) ; l’oïdium, comme chez d’autres
végétaux, cette maladie est facile à repérer par le feutrage blanchâtre et
poudreux dû au mycélium du champignon présent sur tous les organes ;
la verticilliose, causée par un autre champignon, le Verticillium. Celui-ci,
présent dans le sol, pénètre dans les racines et remonte dans les tissus
vasculaires de la plante, les obstruant et provoquant son dessèchement ;
%les principaux insectes affectant le lin sont les altises (Aphtona euphorbiæ
et Longitarsus parvulus), appelées puces de terre, qui peuvent réduire le
peuplement et compromettre ainsi le rendement et la qualité de la récolte ;
les thrips (Thrips angusticeps et Thrips lini), petits insectes qui piquent l’ex-
trémité des tiges, provoquant des décolorations et déformations.

83
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
Même si la principale utilisation du lin est la fabrication de tissus, l’huile
de lin sert à traiter et protéger le bois. Pour qu’elle pénètre au
mieux les pores du bois et qu’elle le
rende hydrofuge, il est possible de
l’additionner à de l’essence de téré-
benthine.
En cuisine, elle a très longtemps été
déconseillée car elle a tendance à
s’oxyder rapidement aussi doit-on
la conserver au frigo dans une bou-
teille obscure. Elle peut être utilisée
à condition de ne pas la faire chauf-
fer, pour assaisonner par exemple
une salade.
En cosmétologie, elle intervient dans
la composition de soins capillaires et
de produits de beauté visant à lutter
contre le dessèchement de la peau.

Environnement
L’huile de lin est écologique car le lin pousse naturellement, sans besoins
d’intrants (pas besoin de pesticides) et est peu exigeant en eau. Il a besoin
d’un climat tempéré et humide. Aussi, au nord, les zones littorales de la
France, de la Belgique et de la Hollande sont-elles idéales pour sa culture.
La France est ainsi le premier producteur de lin au monde. Si l’huile est
produite sur place, le tissu est lui souvent trans-
formé dans d’autres pays dans lesquels il va
permettre la confection de vêtements qui
vont ensuite être réimportés en Europe.
Un tel circuit altère malheureusement le
caractère de fibre naturelle écologique
en augmentant fortement son impact
environnemental.

84
Le lin

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Les caractéristiques parti-
culières des fibres du lin en font
une matière destinée aux emplois
pour lesquels on recherche une
bonne résistance dynamomé-
trique : draps de lit, linge de
table, bâches, stores, etc. Le
lin est utilisé dans l’habillement
pour environ 70 %, le textile de
maison pour 15 %, l’ameuble-
ment pour 10 % et différents
usages techniques pour 5 %.
Les débouchés pour l’huile de lin sont essentiellement industriels : lino-
léum, peintures, savons, détergents, lubrifiants spéciaux, entretien du
bois, revêtements de sol, encre, etc. Après extraction de l’huile, les tour-
teaux sont utilisés en alimentation animale.
En raison de son profil lipidique, le lin est reconnu pour ses effets béné-
fiques pour la santé. Il contient des acides gras poly-insaturés dont l’acide
alpha-linolénique (oméga 3). Différentes formes de produits issus de la
graine et riches en huile (tourteaux gras, graines entières transformées)
sont donc dévolues à l’alimentation animale.
En phytothérapie, les graines de lin sont utilisées pour réduire le taux de
cholestérol et les symptômes de la pré-ménopause et de la ménopause.

85
Le sésame
Sesamum indicum

Le sésame est une plante annuelle, de la


famille des Pédialacées. Elle est cultivée en
Afrique (Soudan, Ouganda) et en Asie (Chine,
Inde) pour ses graines, qui sont consommées
directement en cuisine ou à partir desquelles
on fait de l’huile.

sesame, semsem, gingelly (anglais)


– sesamo, ajonjolí (espagnol)
Le sésame

Caractéristiques botaniques
La plante peut atteindre 60 cm à 2 m de hau-
teur. Les feuilles, alternes présentent des formes
variables : les inférieures sont longues et larges
et les supérieures sont lancéolées. C’est une
espèce autogame ; les fleurs hermaphrodites
sont dotées d’une corolle tubulaire de couleur
jaune. Le fruit est une capsule déhiscente oblongue
contenant plus de 200 petites graines, en général de
couleur brune ou blanc crème.

Mode de culture
Climat
Il tolère bien la sécheresse et se répand en Afrique de l’Ouest dans les
zones sèches du Sahel.
Sols
Le sésame se développe bien autour de l’équateur, sur des sols limoneux
acides voire, neutres. En revanche, il n’aime pas les sols sableux alcalins.
Floraison, fructification et récolte
Il a tout de même besoin d’humidité lors de sa germination et dans les pre-
miers jours de développement des plantules. Ensuite, il résiste parfaitement à
la fois au manque ou à l’excès d’eau. On le récolte après au minimum 90 jours
de culture, lorsque les capsules les plus anciennes commencent à s’ouvrir ;
le rendement varie en fonction des apports d’eau mais reste souvent faible.
Après une période de séchage, les tiges sont secouées vigoureusement
au-dessus d’une bâche afin de récupérer les graines qui sont ensuite triées
électroniquement pour ne conserver que les plus blanches.

87
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Maladies, parasites et prédateurs


%Les maladies du sésame sont surtout d’origines fongiques ou bacté-
riennes. La brûlure bactérienne due à Xanthomonas sesami et la tache
bactérienne due à Pseudomonas sesami affectent les feuilles et les fleurs,
entraînant leur chute. Le champignon Macrophomina phaseolina fait quant
à lui pourrir les racines et détruit la plante.
%Une maladie virale, la phyllodie, déforme les feuilles et les fleurs des
plantes ainsi que les capsules, ratatinant complètement les graines.

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de sésame non grillé s’utilise en salade ou en cuisson ; l’huile de
sésame grillé au goût plus marqué aromatise les plats et est à doser avec
parcimonie.
La poudre de sésame est aussi un complément alimentaire apte à faire
baisser le taux de cholestérol. Dans les champs, elle est aussi ajoutée au
sol pour augmenter son pouvoir de rétention de l’eau et améliorer ainsi
le rendement des cultures.

Environnement
Bien que cultivée depuis près de 5 000 ans, le sésame reste une plante
peu modifiée par l’homme. C’est pourquoi l’espèce présente une grande
variabilité génétique. D’une région à l’autre, les plantes varient par leur
taille, par leur résistance aux maladies et à la sécheresse, par la durée
de leur cycle de végétation ainsi que par la couleur
de leurs graines. Des tentatives sont en cours
pour essayer de protéger l’extrême biodi-
versité de cette espèce mais parallèlement,
des programmes de sélections sont entre-
pris pour créer des cultivars adaptés aux
conditions climatiques locales et aux exi-
gences alimentaires des populations avec
le risque de perdre la diversité des variétés
traditionnelles.

88
Le sésame

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


La graine de sésame est riche en antioxydants – comme la vitamine E,
les tocophérols, le sésamol et le sésaminol – en acides gras polyinsaturés,
en sels minéraux et en vitamines du groupe B.
Après torréfaction, l’huile – valeur calorique 899 kcal ou 3 700 kJ pour
100 g – est extraite par pression de la graine de sésame. Cette dernière a
une saveur de noisette et est très présente dans la gastronomie asiatique
et orientale. En cuisine, les utilisations sont multiples et se font sous bien
des formes : graines natures ou torréfiées, germées, purée, huile, etc.
Le tahini ou purée de sésame permet de préparer de nombreuses sauces
pour différents plats comme le chou-fleur ou les betteraves sauce tahani.
De la graine de sésame, on produit également une farine utilisée en nutri-
tion animale ainsi que de la pâte de sésame (en Chine notamment).
En médecine, la graine de sésame a tendance à lutter contre la constipa-
tion, mais est aussi efficace pour traiter certains problèmes dermatolo-
giques et articulaires.

89
Le soja
Glycine max

Le soja est une légumineuse de la famille


des Fabacées, cultivée principalement pour
son huile et originaire de l’Asie du Sud-Est.
C’est une excellente source de protéines
végétales et ses graines sont riches en
huile alimentaire. Les États-Unis en sont
le premier producteur mondial.

soy (anglais) – soya (espagnol)


Le soja

Caractéristiques botaniques
Le soja est une plante annuelle aux très nombreuses variétés se dif-
férenciant notamment par le port. Les formes grimpantes ou rampantes
et les formes naines restent toutefois les plus couram-
ment cultivées. La plante est couverte de fins poils
gris ou bruns. Les tiges sont dressées et ont une
longueur de 30 à 130 cm suivant les variétés. Les
feuilles sont trifoliolées comme celles du haricot.
Les fleurs, blanches ou pourpres, de petite taille,
passent presque inaperçues ; elles apparaissent à
l’aisselle des feuilles, disposées en grappe de 3 à
5 fleurs. Elles sont hermaphrodites et autogames,
mais la pollinisation croisée est possible (ne dépassant
pas 1 %). Les fruits sont des gousses bosselées et velues,
longues de 3 à 8 cm, de forme droite ou arquée, contenant en général deux
à trois graines de forme sphérique ou elliptique et de couleur variable.

Mode de culture
Climat
Selon les 5 000 variétés existantes, les exigences écologiques du soja
(durée du jour, température, pluviométrie, etc.) sont très variables. Mais,
en général, la température minimale pour faire pousser le soja est de 10 °C
et la température optimale de 22 °C, avec un maximum d’environ 40 °C.
Sols
Les sols qui lui sont les plus favorables sont ceux dont la texture n’est pas
trop légère (sols très sablonneux) ni trop lourde (sols argileux), bien drai-
nés, riches en matières organiques,
légèrement acide (pH 6 à 6,5). Le
soja supporte beaucoup moins bien
les sols calcaires qui peuvent induire
des chloroses ferriques si le taux de
calcaire actif est trop élevé (ce qui
nuit au fonctionnement des nodo-
sité). Les sols salins quant à eux sont
à proscrire.

91
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Floraison, fructification et récolte


Le soja demande une photopériode courte puisqu’il fleurit au moment
où les jours durent moins de 10 heures. Aussi bien chez les variétés très
précoces que chez les variétés plus tardives, la floraison est déclenchée
30 à 35 jours après les semis mais les premières s’épanouissent en 75
à 105 jours alors que les secondes mûrissent en 110 à 140 jours. Les
variétés tardives produisent beaucoup de feuillage, ce dernier pouvant
être valorisé en alimentation animale grâce à sa richesse en protéines. Il
doit être récolté lorsque les graines sont libres dans leur gousse.

Maladies, parasites et prédateurs


Le soja est sensible à plusieurs maladies et est victime de nombreux
ravageurs. Certaines maladies du soja sont véhiculées par les graines elles-
mêmes.
%Les maladies les plus répandues sont le « bacterial blight » (Pseudomonas
syringae), la rouille (Phakopsosa pachyrhizi), les cercosporioses (Cercospora,
Alternaria), les pourritures des plantules et du collet (Macrophomina, Rhi-
zoctonia, Phytophtora, etc.) et le mildiou. Ce dernier, fréquent mais sans
incidence notable sur le rendement, se manifeste par de petites taches

92
Le soja

jaune clair sur le feuillage. Le diaporthe (Diaporthe phaseolorum var. sojae),


ascomycète, responsable du chancre de la tige, s’attaque le plus souvent
aux plants de soja après la floraison en provoquant la fonte des semis et
le flétrissement des plantules.
%Les insectes nuisibles au
soja sont nombreux et
causent eux des dégâts
importants aux récoltes. La
punaise verte (Nezara viridula),
la pyrale des haricots (Etiella zin-
ckenella). Les attaques de larves
de vanesse (Vanessa cardui) sont le
plus souvent sans incidence mais
lorsqu’elles pullulent, on assiste à
une dégradation poussée du feuil-
lage. Les attaques de mouches sont Chenille phytophage
plus fréquentes et potentiellement plus graves que celles occasionnées
par les limaces. Les larves de mouches s’attaquent principalement aux
graines dans le sol. Les pucerons sont des vecteurs de maladies virales
(mosaïque, nanisme). Les acariens ne deviennent préjudiciables que si la
température est élevée et l’humidité réduite. Les chenilles phytophages,
en particulier l’héliothis (Helicoverpa armigera), s’attaquent aux feuilles
mais aussi aux gousses en formation, ce qui peut nuire fortement au
rendement des parcelles.

93
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’origine de l’huile de soja pose problème. En effet, pour augmenter sa
durée de vie, elle est hydrogénée par l’ajout d’acides gras trans et s’enrichit
ainsi en cholestérol, néfaste à la santé. De même, si elle a été produite
à partir de soja OGM cultivé aux États-Unis ou en Amérique du Sud en
présence de pesticides, mieux vaut l’éviter. En revanche, si elle provient
d’exploitations durables, pressée à froid et non hydrogénée, elle présente
un profil nutritionnel satisfaisant.

Environnement
Sa culture en expansion a un impact très négatif sur l’environnement.
Son mode intensif est responsable de la déforestation amazonienne,
entre autres tandis que les nombreux pesticides utilisés polluent fleuves
et rivières. Produit localement, le soja français se veut plus vertueux, sa
culture n’occasionnant pas de déforestation et respectant les rotations
et la biodiversité.
Cette légumineuse tout comme ses semblables présente la capacité de
fixer l’azote de l’air et d’enrichir ainsi les sols en réduisant les intrants
pour les cultures à venir.

94
Le soja

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Le soja est une plante cultivée surtout pour ses graines très riches
en huile (20 à 23 % de la matière sèche). Son co-produit principal, le
tourteau, est obtenu après trituration et sert en général à l’alimentation
du bétail.
La plante entière, exploitée soit en fauche, soit par pâturage, peut aussi
donner un fourrage vert de haute qualité. Mélangé au maïs, le soja donne
une ration bien équilibrée. C’est également une plante améliorante (engrais
vert) dont la valeur fertilisante est élevée (140 kg/ha d’azote fournis au
sol par enfouissement du soja en vert). Comme les autres légumineuses,
ses graines sont riches en protéines digestibles (38 à 45 % de la matière
sèche des graines deshuilées), ce qui en fait, pour l’homme comme pour
les animaux, un excellent complément des régimes à base de céréales ou
de tubercules pauvres en protéines comme le manioc.
L’usage du soja en alimentation animale (volailles et jeunes animaux) se fait
essentiellement sous forme de tourteaux déshuilés ou de graines entières
traitées thermiquement (toastage, extrusion) afin d’éliminer les facteurs
antitrypsiques (FAT) présents dans les graines crues. Il faut savoir en effet
que les FAT diminuent notablement la digestibilité des protéines chez les
animaux monogastriques et limitent leur incorporation dans les rations.
L’utilisation du soja en alimentation humaine s’est accrue depuis les années
2000, notamment sous forme de boissons au soja (ou lait de
soja) mais aussi d’une huile de table très
calorique de 3700 kJ ou 899 kcal pour
100 g. D’autres utilisations en agro-ali-
mentaire se développent comme l’uti-
lisation de la lécithine de soja dans la
fabrication du chocolat et de la mar-
garine, la fabrication de lait de tofu
(à partir de lait de soja gélifié à l’aide
d’alginate) ou de substituts de viande
(à partir des protéines du soja).
Enfin, l’huile est utilisée en savonnerie
et dans la fabrication de peintures, de
certaines matières plastiques et de
colles.

95
Le tournesol
Helianthus annuus

Le tournesol est une plante de la famille


des Astéracées. Elle est cultivée pour ses
graines qui contiennent une grande quan-
tité d’huile ainsi que pour son tourteau. Son
huile, d’excellente qualité, est consommée
comme huile de table et est considérée
comme un produit diététique grâce à sa
propriété anticholestérolique.

VXQƃRZHU DQJODLV JLUDVRO HVSDJQRO


Le tournesol

Caractéristiques botaniques
Le tournesol est une plante annuelle. Le genre Helianthus comporte
une soixantaine d’espèces, dont beaucoup sont sauvages. Quatre seule-
ment sont cultivées : H. annuus (tournesol), H. tuberosus
(topinambour) et deux espèces décoratives, H. cucu-
merorus et H. aigophyllius. L’espèce H. annuus compte
de nombreuses variétés que l’on peut classer en
deux catégories : les variétés pauvres en huile
mais riches en amidon et dont les graines sont
consommées après torréfaction et les variétés
riches en huile, à usage industriel. La plante pré-
sente une tige cylindrique d’une hauteur de 1 à
3 mètres avec de grandes feuilles (de 10 à 30 cm
de long et 5 à 20 cm de large), alternes, cordiformes,
entières ou denticulées, couvertes de poils durs. L’inflorescence, appe-
lée capitule, peut mesurer de 10 à 40 cm de diamètre et est constituée
d’un réceptacle charnu comportant des fleurs de deux types : ligulées
ou tubulées.
Les fruits sont des akènes dormant à maturité, de 7,5 à 17 mm de lon-
gueur, de 3,5 à 9 mm de large et de 2,5 à 5 mm d’épaisseur, de couleur
blanchâtre à noirâtre, souvent striés. Le péricarpe membraneux (coque),
non soudé à la graine, entoure une amande contenant de 55 à 70 % d’huile.
Sa racine pivotante peut descendre jusqu’à une profondeur de 3 m en
développant également un faisceau de racines superficielles.

97
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Mode de culture
Le tournesol aurait été domestiqué par les Amérindiens dans le
centre-est des États-Unis.
Climat
Le bon développement du tournesol exige un fort ensoleillement, une
température moyenne annuelle variant de 6 à 28 °C et des précipitations
annuelles comprises entre 200 et 4 000 mm.
Sols
Les conditions pédologiques où pousse le tournesol sont très variées :
calcaire, latérite, salinité, sable, etc. Le tournesol ne tolère cependant pas
les sols acides et les sols engorgés d’eau. Le pH du sol doit être compris
entre 4,5 et 8,7, avec un optimum entre 6 et 7,2.
Floraison, fructification et récolte
Résistant mieux au froid que le maïs, le tourne-
sol peut donc être semé quelques semaines
plus tôt que ce dernier. La germination des
graines est optimale pour une température du
sol comprise entre 8 et 10 °C. Si ses besoins
en eau restent peu élevés (500 mm par an), il a
toutefois besoin de beaucoup de lumière.
Pour une utilisation comme fourrage, la récolte
doit être réalisée au moment de l’épanouisse-
ment des boutons floraux, soit deux mois et
demi environ après le semis.

Maladies, parasites et prédateurs


Ce sont surtout des maladies cryptogamiques qui peuvent sévère-
ment compromettre les rendements de tournesol.
%La sclerotinia, maladie provoquée par Sclerotinia sclerotiorum, se mani-
feste par une pourriture blanche sur les boutons floraux ou le capitule
épanoui mais peut aussi apparaître sur n’importe quelle autre partie
de la plante.
%Le botrytis, dû à Botrytis cinerea, peut affecter la plupart des organes
aériens du tournesol : tige, feuilles, bourgeons et capitule.

98
Le tournesol

Capitule atteint de
sclérotinia
Alternaria

%Le mildiou, dû à Plasmopara helianthi, se caractérise par un nanisme des


plantes (20 à 40 cm seulement en fin de végétation).
%L’alternaria, due à Alternaria helianthi, provoque des taches noires rondes
sur les feuilles et sur le dos des capitules.
%Le Verticillium est un champignon (Verticillium dahliae) présent dans le sol
et son mycélium progresse dans les tissus de la tige via la circulation de
la sève et contamine ainsi peu à peu les niveaux supérieurs de la plante.
%Les principaux ravageurs sont les limaces qui s’attaquent aussi bien aux
graines en cours de germination dans le sol qu’aux différentes parties de
la plantule. Mais de nombreux autres nuisibles agressent le tournesol :
les larves de la mouche du tournesol (Plasmopara helianthi) qui se déve-
loppent dans la tige en consomment les tissus ; les pucerons, repérés
par une crispation des feuilles ; les taupins et les thrips qui, au stade
larvaire, s’attaquent aux graines de tournesol en cours de germination.

99
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Écologie et conseils aux producteurs


ou consommateurs
L’huile de tournesol résiste bien à la tempéra-
éra-
ture, aussi peut-on l’utiliser en friture. Danss
une vinaigrette, elle vient également assai-
sonner les salades.
Elle présente toutefois un défaut : son
déséquilibre par l’absence d’oméga 3. Il
est donc conseillé de ne pas en abuser et
de compléter son utilisation par d’autres
huiles, plus riche en omega 3. C’est une
huile de massage dite sèche puisqu’elle ne
graisse pas.
Ses nombreux bienfaits sur la santé sont prouvés car riche en oméga 6,
elle prévient le cholestérol et renforce le système immunitaire.
Enfin, en bricolage, c’est une huile dégrippante, évitant le grincement
des portes. Elle permet également de faire briller et d’entretenir le bois
et le cuir.

Environnement
La légende selon laquelle les fleurs de tournesol suivent la course du
soleil au cours de la journée est malheureusement fausse.
Seules les feuilles sont douées d’un phototro-
pisme discret. Mais la fleur de tourne-
sol reste bien une fleur
solaire et lorsqu’elle
apparaît elle est natu-
rellement orientée au
Sud et ne bouge plus.
Sa culture est consi-
dérée comme écolo-
gique puisque néces-
sitant peu d’engrais.

100
Le tournesol

Tourteau
Graines

Utilisations, atouts et valeurs nutritionnelles


Le tournesol est principalement cultivé pour ses graines et repré-
sente la deuxième source mondiale d’huile comestible.
Son huile neutre a des usages variés en alimentation (pour la cuisine et
la fabrication de margarine) et en lipochimie (détergents, savon, bio-
lubrifiants, peintures et plastiques biodégradables). D’un point de vue
nutritionnel, cette huile est riche en vitamine E mais reste très pauvre en
oméga 3 ; elle est aussi, comme les autres huiles, très calorique : 900 kcal
ou 3 700 kJ pour 100 g.
Le tourteau, coproduit d’huilerie, riche en protéines et en cellulose, est
utilisé pour l’alimentation du bétail (porcs, volaille, bovins). Sa digestibilité
est également élevée.
Le tournesol est un fourrage annuel intéressant car il pousse rapidement.
Son rendement élevé et son excellente valeur nutritive due à sa richesse
en matières azotées, en sont ses autres atouts.
Enfin, le tournesol peut être aussi un engrais vert et une plante
ornementale.

101
Conclusion
Plus d’une centaine de plantes peuvent être qualifiées d’oléagineuses ; nous
en avons présenté ici qu’une vingtaine, ne retenant que les plus exploitées,
et sachant que seulement neuf d’entre elles assurent la presque totalité de
la production de corps gras et d’huile à usage alimentaire ou industriel. Ces
oléagineux sont d’abord destinés à l’alimentation humaine mais aussi à la
fabrication de savon et, depuis quelques dizaines d’années, au nourrissage
du bétail.
En assurant plus de 50 % de la production mondiale, le soja est l’oléagineux le
plus cultivé au monde. Abondamment utilisé dans l’élevage industriel comme
d’autres oléo-protéagineux, il est également la base de diverses autres pro-
ductions industrielles comme les peintures, les cosmétiques ou les vernis.
Mais cette prédominance pose deux problèmes majeurs : d’une part l’extrême
dépendance de l’Europe vis-à-vis des pays producteurs de soja (sous forme
de graines ou de tourteaux) ; d’autre part, l’origine même de ce soja, presque
exclusivement issu de cultures OGM (en Amérique aussi bien du Nord que
du Sud). Si la culture des OGM est interdite dans plusieurs pays européens,
l’importation de soja OGM sous forme de tourteaux est, elle, autorisée.
En ce qui concerne les huiles, l’huile de palme est la plus produite au monde
devant celles de soja, de colza et de tournesol ; l’huile d’olive pourtant très
prisée dans le sud de l’Europe et en Afrique du Nord, n’arrive qu’en der-
nière position. Pour les graines, c’est encore le soja qui occupe la première
place devant le colza, le coton et l’arachide. Pour les tourteaux, le soja est à
nouveau loin devant avec plus de 170 millions de tonnes, suivi par le colza,
le coton et le tournesol.
Enfin, les principaux pays producteurs de graines oléagineuses, sont les
États-Unis devant le Brésil, la Chine et l’Argentine. En France, la production
oscille entre 6 et 7 millions de tonnes pour trois graines oléagineuses : celles
de colza, de tournesol et de soja avec une nette domination pour le colza
dont la production est 4 à 5 fois supérieure au tournesol suivant les années
avec une surface en constante augmentation.

103
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

La consommation d’oléagineux sous différentes formes (huiles, graines ou


fruits secs) est bénéfique pour la santé à condition de les consommer à
bon escient et avec modération. Ils apportent à l’organisme des minéraux
(magnésium, calcium, potassium, fer) et beaucoup d’oligo-éléments, des
vitamines liposolubles (A, B, E), des acides gras bien sûr et des phytos-
térols, des protéines, des glucides et des fibres. En dehors des huiles, on
peut aussi les consommer en purée (amandes, sésames) sous forme broyée
(tapenade d’olives, beurre d’arachides) voire de boissons (lait d’amandes, lait
de coco). Enfin, les huiles végétales dont la valeur calorique est très proche
de 900 kcal ou 3 700 kJ quelles que soient leurs origines, sont souvent
riches en acides gras polyinsaturés qui participent à la régulation du bilan
lipidique, à condition de ne pas en abuser.

104
Glossaire
(Les termes en italiques et suivis d’un astérisque sont définis à leurs places
respectives).
Acides gras essentiels : acides gras polyinsaturés*, dits « essentiels » car ils sont
indispensables à notre organisme qui ne sait pas les fabriquer. Ils doivent
donc être apportés dans notre alimentation.
Acides gras polyinsaturés : constituants des lipides, ce sont des acides gras qui
possèdent plus d’une double liaison dans leur chaîne. Les principales sources
alimentaires d’acides gras insaturés sont les huiles végétales, la viande, les
poissons gras.
Adventice : qui se trouve à un endroit sans avoir été semé intentionnellement.
Agriculture biologique : ensemble des pratiques agricoles respectueuses des
équilibres écologiques et qui n’utilisent pas de produits industriels de syn-
thèse (fertilisants, produits phytosanitaires). Elle fait essentiellement appel
à la matière organique pour l’entretien des sols.
Akène : fruit sec indéhiscent* à une seule graine, se rencontre en particulier
chez les Astéracées (ex-Composées).
Allélopathie : interaction chimique à distance exercée entre plantes d’espèces
différentes par l’intermédiaire de substances, généralement toxiques (anti-
biotiques, toxines, inhibiteurs de germination ou de croissance) excrétées
par leurs racines ou par leurs feuilles dans le milieu environnant (air, eau, sol).
Alterne : se dit d’organes homologues (feuilles, bractées, rameaux) attachés
un à un, de part et d’autre de la tige ou d’une ramification sans être en face
les unes des autres.
Anémophile : se dit d’une plante chez laquelle le transport du pollen se fait
par le vent.
Autogame : se dit d’une plante qui s’autoféconde par union d’un gamète
femelle et d’un gamète mâle d’une fleur hermaphrodite* ou par fécondation
entre deux fleurs de sexe opposé mais portées par le même individu.

105
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Biocarburant : carburant issu de la biomasse, c’est-à-dire obtenu à partir d’une


matière première végétale, animale ou de déchets organiques.

Biodiesel : biocarburant* pour moteur diesel produit à partir d’huiles végé-


tales ou de graisses animales mais aussi à partir de déchets d’huiles ou de
graisses animales.

Biodiversité : variété de la vie, ou diversité biologique, sous toutes ses formes


et à tous les niveaux d’organisation, dans un milieu donné la variété des
écosystèmes terrestres ou marins (diversité des écosystèmes), variété des
espèces vivantes (diversité des espèces) dans une station donnée et variété
entre les individus d’une même espèce (diversité intraspécifique ou géné-
tique). La biodiversité reflète l’état de santé des écosystèmes. L’agriculture
biologique* respecte la biodiversité.

Biotope : milieu de vie défini d’une communauté donnée (biocénose), carac-


térisé par un ensemble de facteurs du milieu ambiant (géographiques, phy-
siques, chimiques). On emploie souvent le terme habitat pour les végétaux.

Bourre : c’est la coque de la noix de coco dont on récupère les fibres, dont
on se sert comme combustible ou que l’on utilise comme fertilisant en la
laissant sur place.

Bouturage : technique de multiplication consistant à enterrer partiellement


un organe isolé d’une plante, jeune rameau, morceau de racine ou feuille, dans
un substrat humide jusqu’à l’apparition de racines adventives et régénération
d’une nouvelle plante, identique à la plante dont elle provient.

Bractée : petit organe foliacé ou membraneux à l’aisselle duquel naissent les


fleurs et qui peut apparaître comme un pétale.

Caduc : (caduque) qualifie un organe (feuille, sépale* ou pétale) qui meurt et


se détache de l’organisme auquel il appartient après avoir rempli sa fonction
lors de chaque cycle de vie annuel. Ex. feuilles du châtaignier, sépales du
coquelicot.

Capitule : inflorescence* formée de fleurs sans pédoncule, groupées sur un


réceptacle commun élargi en plateau et entourées de bractées*. C’est l’in-
florescence typique des Astéracées.

Carpelle : organe d’origine foliaire, différencié, formant à sa base une cavité


close appelée ovaire, contenant un ou plusieurs ovules, une partie médiane
appelée pistil et terminé par le stigmate* qui reçoit les grains de pollen.

106
Glossaire

Chaton : épi* allongé de petites fleurs serrées, le plus souvent sessiles*, mâles
ou femelles ou chez lequel l’un des sexes domine, possédant des enveloppes
florales réduites, écailleuses, voire absentes. Il rappelle plus ou moins la queue
d’un chat. Les inflorescences* des saules, des peupliers, du noisetier en sont
des exemples.
Chlorose : trouble physiologique qui se traduit par une perte de la chloro-
phylle par la plante résultant le plus souvent d’une carence minérale (fer,
magnésium, etc.), d’un excès de calcaire actif dans le sol, de la stagnation
d’eau dans le sol ou d’une infection par un pathogène.
Compléments alimentaires : sources concentrées de nutriments, (vitamines*,
sels minéraux, substances à but nutritionnel ou physiologique, ou de plantes
et de préparations de plantes) qui ont pour but de pallier les carences du
régime alimentaire.
Coprah : albumen séché de la noix de coco.
Corolle : ensemble des pétales d’une fleur. Généralement colorée, la corolle a
pour fonction d’attirer les insectes pollinisateurs. Elle peut être persistante
ou caduque*.
Cultivar (CV, abréviation française de cultivated variety) : désigne toute variété*
végétale agricole, médicinale, sylvicole ou horticole, maintenue en culture
et par la culture, quelle qu’en soit sa nature génétique (clone, hybride de
première génération, population, etc.) et qui se distingue par tout caractère
stable et identifiable à l’intérieur d’une espèce végétale donnée quand elle
est reproduite.
Cyme : type d’inflorescence* formée d’un axe principal terminé par une fleur
qui fleurit toujours la première et par des axes secondaires de part et d’autre
eux aussi terminés par une fleur.
Déhiscent : se dit d’un organe (fruit, anthère, sporange) qui s’ouvre de lui-
même à maturité pour libérer son contenu (graines, pollens, spores).
Dioïque : se dit d’une plante dont les pieds mâles et femelles sont séparés.
C’est le cas des palmiers dattiers, des saules, de l’ortie.
Drageon : organe aérien se formant, à partir d’un bourgeon adventif, sur
les racines ou les parties souterraines de certaines plantes vivaces, dites
drageonnantes, pour former un individu qui est alors un clone du parent.
Drupe : fruit charnu indéhiscent* à noyau. L’amande, la cerise, l’abricot, la
prune sont des drupes.

107
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Dyslipidémique : terme médical désignant une modification du taux normal


des lipides sanguins.

Endémique : qualifie un organisme présent uniquement dans une région géo-


graphique particulière, en général de faible étendue, en raison de certains
facteurs, comme par exemple l’isolement ou l’adaptation aux conditions des
sols ou du climat.

Engrais : produit chimique (engrais artificiels) ou organique (ex. composts)


apporté au sol pour en augmenter la fertilité.

Engrais verts : ce sont des plantes, souvent des légumineuses (comme la


luzerne, le trèfle ou la vesce) ou des plantes fourragères qui vont se déve-
lopper entre deux cultures, souvent semées, choisies pour leur croissance
rapide et leur large couverture au sol, afin de protéger et d’améliorer le sol en
l’enrichissant en azote. Elles ne seront pas récoltées mais fauchées, broyées
et laissées sur place et parfois incorporées dans la première couche de sol
ou utilisées comme paillis.

Entre-nœud : espace compris entre deux nœuds successifs sur une tige. À
cet endroit, aucun bourgeon, ni fleur, ni feuille ne se développe.

Épi : inflorescence* dont l’axe principal, ou rachis*, est allongé et les fleurs
sont sessiles*.

Épillet : élément caractéristique de l’inflorescence* (épis) de la famille des Poa-


cées, composée d’un petit groupe de fleurons*.

Étamine : organe mâle de la fleur, composé d’une partie allongée, le filet,


supportant une partie renflée, l’anthère où est produit le pollen.

Exalbuminée : se dit des graines ou des embryons dépourvus d’albumen, les


réserves étant contenues dans les cotylédons*.

Extrusion : procédé qui consiste à soumettre une matière première ou un


mélange hydraté à l’action conjuguée ou non de la pression et de la tempé-
rature pendant une courte période de temps afin de les mettre en forme par
passage forcé à travers une grille comportant des orifices de faible diamètre.

Fausse drupe : drupe* contenant un faux noyau.

108
Glossaire

Flétrissement : fanaison prématurée des tiges ou des feuilles due à une


perte de turgescence cellulaire qui survient chez les végétaux lorsque l’éva-
potranspiration n’est plus compensée par une absorption suffisante d’eau par
les racines. Il est réversible mais devient permanent au-delà d’une certaine
durée. Il peut aussi être causé par une maladie (flétrissement bactérien).
Fleuron : chacune des fleurs composant une inflorescence* telle qu’un capitule*
d’Astéracées (ex-Composées). Des fleurons tubulés occupent le centre et
des fleurons ligulés à la périphérie.
Fongique : qui concerne les champignons.
Fonte des semis : maladie cryptogamique attaquant les jeunes plantules qui
pourrissent et meurent.
Fusariose : maladie due à certains champignons. La plupart des champignons
qui causent les fusarioses du genre Fusarium appartiennent à l’espèce Fusarium
oxysporum dont il existe différentes formes plus ou moins spécifiques. La
maladie apparaît en tant que fanage plus ou moins rapide, brunissement, et
mort des feuilles et des pousses succulentes des plantes suivies de la mort
de la plante entière. Elle se propage par les vaisseaux conducteurs de sève*.
Germination : phénomène se caractérisant pour une graine ou une spore
(fongique ou algale) par le passage de la vie ralentie à la vie active. Se dit
aussi de la croissance des grains de pollen.
Gousse : fruit sec déhiscent* s’ouvrant par deux valves à maturité pour libérer
ses graines. C’est le fruit typique de la famille des Fabacées (fève, haricot,
robinier, etc.).
Grappe : inflorescence* dans laquelle les fleurs sont fixées les unes au-dessus
des autres par un pédoncule à un axe principal.
Greffage : technique de multiplication utilisée surtout pour les arbres frui-
tiers. Elle consiste en la ligature d’une branche ou d’un bourgeon (greffon)
d’une variété sélectionnée sur une souche ou un tronc d’une autre variété
ou espèce (porte-greffe). Avec le temps, les deux parties fusionnent en une
plante associant les qualités intéressantes du greffon (qualité des fruits,
rendement*, précocité, etc.) et la rusticité du porte-greffe (résistance aux
maladies, par exemple).
Grignon : résidus solides résultant de l’extraction de l’huile d’olive.
Hermaphrodite : plante portant des fleurs avec les organes des deux sexes.

109
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Hexaploïde : qui contient un nombre de chromosomes multiple de six.


Indéhiscent : se dit d’un fruit qui ne s’ouvre pas naturellement à maturité
pour libérer ses graines. Celles-ci ne sont libérées que par désintégration
de la paroi.
Induction florale : acquisition, sous l’action de facteurs du milieu (photopé-
riode, thermopériode, etc.) ou de facteurs intrinsèques (contrôle génétique,
phytohormone, etc.) de l’aptitude à fleurir au niveau d’un bourgeon végétatif
qui se transforme alors en bouton floral.
Inflorescence : regroupement de fleurs d’une plante en un ensemble morpho-
logiquement bien individualisé.
Intrant : dans le domaine agricole, ce terme englobe tous les produits
(engrais*, pesticides*, etc.) qui sont apportés au sol pour optimiser le ren-
dement* d’une culture.
Juglone : substance herbicide allélopathique sécrétée par le noyer.
Latex : liquide visqueux, laiteux et blanchâtre, produit par certains végétaux
circulant au niveau de cellules spécialisées, les laticifères et qui s’écoule lors
d’incisions.
Ligule : foliaire chez les Poacées, petite pièce membraneuse située à la jonc-
tion de la gaine et du limbe des feuilles dont la forme est le plus souvent carac-
téristique de l’espèce ; florale c’est alors un élément de la corolle* constitué
par 5 pétales soudés en forme de languette colorée.
Marcottage : méthode de multiplication végétative d’un végétal qui consiste
à mettre en contact la branche d’un végétal avec un substrat humide afin de
favoriser le développement de racines adventives. On peut ensuite séparer
le rameau de sa plante mère et obtenir une nouvelle plante autonome.
Mildiou : maladie cryptogamique favorisée par un temps chaud et humide,
qui provoque une pourriture et l’apparition de taches noires sur les feuilles.
Monocotylédones : végétaux angiospermes dont la graine renferme un
embryon à un seul cotylédon*. Ils possèdent la particularité d’avoir des
feuilles aux nervures parallèles. En font partie les céréales (maïs, blé, riz,
etc.) et les palmiers.
Monoïque : se dit d’une plante dont les fleurs mâles et les fleurs femelles se
trouvent sur un même individu.

110
Glossaire

Mycélium : ensemble des filaments, ou hyphes, formant la partie végétative


du thalle des champignons et qui, à maturité, produit les spores.
Mycorhize : symbiose trophique associant les radicelles d’une plante vivace
au mycélium* de certains champignons du sol. On en distingue deux types
les ectomycorhizes formant un manchon externe autour des racines, et les
endomycorhizes qui y pénètrent. Les premiers sont souvent associés aux
ligneux forestiers, les seconds à la majorité des plantes cultivées.
Nécrose : mort d’un tissu caractérisé par une décoloration, une déshydrata-
tion et une perte d’organisation.
Nodosité : excroissance globulaire formée sur les racines ou les tiges des
légumineuses lorsqu’elles sont infectées par des bactéries fixatrices d’azote
comme les Rhizobium.
Oblongue : qualifie un organe (feuille, en particulier) nettement plus long
que large (deux à quatre fois), à bords parallèles sur une grande partie de la
longueur et arrondi aux deux extrémités.
OGM : « Organisme Génétiquement Modifié ». Qualifie tout organisme vivant
(animal, végétal, bactérie) qui a été transformé par l’insertion d’un ou de
plusieurs transgènes dans son génome par une technique de génie génétique
pour lui conférer une caractéristique nouvelle.
Oïdium : maladie fréquente du blé et de l’orge, provoquée par des cham-
pignons Ascomycètes qui produisent un duvet blanc sur le feuillage. Cette
maladie sévit souvent suite à de fortes pluies printanières ou estivales.
Oléagineux : qualifie une plante contenant une proportion importante d’huile
ou dont la culture est destinée à la production d’huile.
Panicule : inflorescence* de certaines graminées qui se présente sous la forme
d’une grappe* composée de grappes dont les axes secondaires, plus ou moins
ramifiés, décroissent de la base au sommet de l’axe central de sorte que l’en-
semble prend une forme pyramidale ou conique. Les fleurs s’épanouissent en
partant de l’axe. Ex. riz, inflorescence mâle du maïs, de l’avoine.
Parasite : organisme (animal, végétal, mycète) se procurant ses nutriments à
partir d’un autre organisme vivant, sans toujours le tuer. Cette dépendance
peut être permanente (parasite obligatoire) ou non (parasite facultatif).
Pérenne : se dit d’une plante capable d’effectuer plusieurs cycles vitaux, donc
de longévité supérieure aux espèces bisannuelles.

111
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Péricarpe : paroi du fruit mûr (issu de la paroi de l’ovaire) divisée générale-


ment en trois couches l’épicarpe (externe), le mésocarpe (intermédiaire) et
l’endocarpe (intérieur).

Pesticide : terme générique désignant les substances chimiques, minérales


ou organiques de synthèse, utilisées en agriculture pour lutter contre des
organismes nuisibles des cultures. Il recouvre les insecticides (contre les
insectes), les fongicides (contre les champignons), les herbicides (contre les
mauvaises herbes), les nématicides (contre les nématodes), les rodenticides
(contre les rongeurs), etc.

pH : ou potentiel hydrogène, c’est un indice permettant de mesurer l’activité


de l’ion hydrogène dans une solution. Ce nombre est un indicateur de l’acidité
(pH inférieur à 7) ou de l’alcalinité (pH supérieur à 7) d’une solution, 7 étant
la valeur neutre.

Photosynthèse : voie métabolique par laquelle les plantes vertes (chlorophyl-


liennes), les algues, les Cyanobactéries, convertissent le dioxyde de carbone
(de l’air ou dissous dans l’eau) et l’eau en présence de lumière, en composés
organiques (sous forme de glucides essentiellement).

Phytostérols : stérols naturellement présents dans les plantes ayant pour


propriétés de réduire le cholestérol sanguin.

Pollinisation : transport naturel ou artificiel du pollen (gamétophyte mâle)


des étamines* jusqu’aux stigmates* (élément récepteur femelle), permettant
ainsi la fécondation de la fleur receveuse chez les angiospermes ; transfert
du pollen du cône mâle au cône femelle pendant le processus de fécondation
chez les gymnospermes.

Rachis : axe central des fleurs en épis* ou prolongement du pétiole dans une
feuille composée pennée.

Rendement : dans le cas des cultures, production (en masse, volume, nombre)
rapportée à l’unité de surface (en hectare ou en are). Le rendement est sou-
vent la traduction de la résultante des interactions entre les caractères
propres de la plante considérée et les facteurs et les conditions de l’envi-
ronnement.

Rouille : terme générique utilisé pour décrire plusieurs maladies cryptoga-


miques provoquant l’apparition sur les feuilles et les tiges des plantes culti-
vées de taches allant du jaune au brun rougeâtre.

112
Glossaire

Rustique : qualifie une plante capable de vivre dans des conditions difficiles,
par exemple, aux basses températures.
Sempervirent : se dit d’un arbre ou arbuste dont les feuilles vertes persistent
plus d’une saison de végétation ; la défoliation est étalée dans le temps aussi
le feuillage est dit persistant, les feuilles qui tombent sont remplacées en
permanence par de nouvelles. Ex. buis, cyprès, olivier, pistachier lentisque,
pin d’Alep.
Sépale : partie stérile d’une fleur à l’aspect foliacé formant l’enveloppe exté-
rieure ou calice.
Sessile : se dit d’une feuille ou d’une fleur sans pétiole ou pédoncule.
Sève : liquide chargé de substances nutritives circulant dans les tissus conduc-
teurs des plantes. La sève brute circule dans les vaisseaux du bois, des racines
vers tous les organes de la plante. Elle se compose d’eau et de sels minéraux.
La sève élaborée circule dans le liber à partir des feuilles vers tous les organes
aériens et radicaux, transportant des sucres et d’autres produits élaborés.
Silique : fruit sec déhiscent*à deux carpelles s’ouvrant à maturité en deux par
une fausse-cloison. C’est le fruit typique des Brassicacées (ex-Crucifères).
Stigmate : dans la fleur, extrémité glutineuse du style ou partie apicale du
pistil adaptée à la réception des grains de pollen qui s’y collent.
Stipe : tige ligneuse cylindrique épaisse présente chez certaines espèces de
monocotylédones*arborescentes (ex. palmiers) sans ramification au niveau
inférieur hormis la trace des cicatrices correspondant aux feuilles disparues
au cours de son développement.
Stress : ensemble des perturbations physiologiques, métaboliques ou patho-
logiques provoquées dans un organisme par des agents biotiques (parasite,
pathogène) ou abiotiques (salinité, sécheresse, température, pollution, etc.).
Supère : se dit d’un ovaire qui est situé au-dessus du point d’insertion des
pièces florales.
Symbiose : association étroite et durable de deux organismes d’espèces dif-
férentes, hétérospécifiques, chacun tirant un bénéfice de cette association,
mais pouvant se développer séparément. Un exemple bien connu est la colo-
nisation des racines des plantes légumineuses par une souche de Rhizobium.
Cette association symbiotique profite à la fois à la plante hôte et au symbiote
la première apporte de l’énergie à travers les assimilats, le second fournit
des éléments nutritifs azotés à la plante hôte.

113
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Tétraploïde : organisme qui possède dans ses cellules 4n chromosomes.


Texture : correspond pour un sol à sa composition granulométrique (répar-
tition en pourcentage des argiles, limons et sables).
Toastage : traitement qui consiste en un chauffage direct de la graine afin
d’éliminer les facteurs antinutritionnels comme les inhibiteurs des protéases,
les lectines, l’uréase chez le soja.
Tourteau : résidu solide obtenu après extraction de l’huile des graines ou des
fruits de plantes oléagineuses* et utilisé dans l’alimentation animale.
Variété : terme utilisé pour désigner l’ensemble des individus à l’intérieur
d’une même espèce se distinguant de tout autre ensemble de végétaux de
la même espèce par l’expression de différences héréditaires minimes (taille,
couleur, goût ou composition chimique, etc.) déterminées par un génotype
donné.
Vernalisation : traitement par le froid permettant d’induire la levée de dor-
mance chez les semences en les enfouissant dans du sable à basse tem-
pérature et à taux d’humidité contrôlé afin d’éliminer les substances qui
entravent la germination*. S’applique aussi aux plantes juvéniles mises à basse
température pour une petite période afin d’induire la floraison. Certaines
plantes exigent la vernalisation pour fleurir, mais d’autres ne présentent
pas une telle exigence.
Verse : accident de végétation affectant les Poacées dont le chaume se courbe
vers le sol, pouvant avoir plusieurs origines vent violent ou pluie brutale,
attaque de parasites* ou origine physiologique comme une fumure en excès
ou mal équilibrée engendrant une croissance excessive des tiges.
Vitamine : substance organique sans valeur énergétique propre, présente
en quantité infinitésimale dans les aliments et requise par l’organisme à très
petite dose pour le maintien de ses fonctions métaboliques vitales (crois-
sance, contrôle des activités enzymatiques, équilibre de l’organisme, etc.).
Xylophage : régime alimentaire de certaines espèces animales qui mangent les
parties ligneuses (ou bois) des plantes (ex. herbivores, termites, insectes, etc.).

114
QCM
pour tester vos connaissances

Arbres à feuilles caduques Développement


qui perdent leurs feuilles en hiver géotropique
qui conservent leurs feuilles toute à la surface du sol
l’année en profondeur dans le sol
qui ont des feuilles différentes latéralement
qui n’ont pas de feuilles vers le soleil

Autogamie Drupe
fécondation automatique graine
fécondation in vitro fruit
reproduction asexuée olive
auto fécondation rejet

Biotope Engrais vert


science produit chimique
habitat fumier
baie plante fixant de l’azote
fruit mauvaise herbe

Bouturer Fleuron
utiliser une semence petite fleur
repiquer une plante ligule
utiliser un rameau opercule
planter un arbrisseau pédoncule

Cannebière Grignon
boisson fleur
canisse noyau
culture de chanvre fruit
four baie

115
PETITS CAHIERS DE BIOLOGIE APPLIQUÉE

Juglone Plante endémique


toxine étrangère
fleur sauvage
fruit présente seulement dans
lait une région
rare
Margarine
faux beurre Ricine
huile nectar
lait végétal toxine
babeurre huile
maladie du ricin
Mycélium
mousse Tahini
filament de champignon shampoing
fleur purée de sésame
fougère huile
latex
Nodosité
nœud Tourteau
pétiole poudre d’arachide
nodule sur racines aliment pour animaux
chancre bois de noyer
fruit de l’arganier
Panicule
inflorescence Vernalisation
fleur traitement par le froid
ensemble des feuilles terminales hibernation
tige feuillée saison
floraison

116
Grille de mots fléchés
sur les plantes oléifères

Horizontal Vertical
2. Son tourteau est indispensable à 1. Ouvre-toi !
l’élevage 4. Arbre à chèvre
3. Sans pitié on lui mange le cœur 5. Cacahouète
8. Ancien colorant orange 6. Textile qui peut partir en fumée
9. Célèbre chez tintin 7. Donne des graines vertes pour l’apéritif
11. On en tire du brou 10. Très présent dans le Sud
12. Le plus beau du quartier 14. Huile laxative
13. Arbuste multi-gaule des haies 16. Le plus vieux textile au monde
5. Huile riche en oméga 3
1

3 4

7 8

9 10 11

12

13 14

15 16

117
Solutions du
QCM

Arbres à feuilles caduques Juglone


qui perdent leurs feuilles en hiver Toxine

Autogamie Margarine
Auto-fécondation Faux beurre

Biotope Mycélium
Habitat Filament de champignon

Bouturer Nodosité
Utiliser un rameau Nodule sur racines

Cannebière Panicule
Culture de chanvre Inflorescence

Développement géotropique Plante endémique


En profondeur dans le sol Présente seulement dans une région

Drupe Ricine
Fruit Toxine

Engrais vert Tahini


Plante fixant de l’azote Purée de sésame

Fleuron Tourteau
Petite fleur Aliment pour animaux

Grignon Vernalisation
Noyau Traitement par le froid

118
Résultats
mots fléchés

1
S
É
2
S O J A
A
M
3 4
P A L M I E R
5
A R
6
R G C
7 8
P A C A R T H A M E
I C N A
9 10 11
T O U R N E S O L H I N O Y E R
L T I E V
12
I A M A N D I E R R
V C E E
I H
13 14
E N O I S E T I E R
R E I
15 16
R C O L Z A
I I
N N

119

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