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Optoéléctronique

Book · June 2001

CITATION READS

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1 author:

Zeno Toffano
CentraleSupelec - ParisSaclay Universtity
96 PUBLICATIONS 678 CITATIONS

SEE PROFILE

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Optoélectronique
composants photoniques et
fibres optiques

Zeno TOFFANO
AVANT PROPOS

Optoélectronique et Photonique désignent des domaines regroupant les


composants et les applications faisant appel aux plus récentes technologies dans le
domaine de l'optique, de l'électronique et des matériaux. La découverte du laser et de la
fibre optique ont été des étapes très importantes dans ce développement.
Le terme Photonique est plus générique et décrit tout composant ou équipement dans
lequel a lieu une production, un transport, une transformation ou une détection de
photons, toutes les applications laser en font partie. Le terme Optoélectronique est plus
particulièrement utilisé dans le domaine des télécommunications et dans les applications
grand public comme les lecteurs optiques. On rencontre aussi le terme Optronique.

La lumière peut être caractérisée à la fois comme une onde dans le spectre
électromagnétique ou une particule, le photon. L’avantage de l’optoélectronique par
rapport à d’autres technologies est obtenu grâce aux propriétés suivantes :
- Les courtes longueurs d'onde, qui correspondent à des très hautes fréquences et qui
s'étendent des rayons X mous jusqu'à l'infrarouge lointain, permettant la réalisation de
transmissions optiques de très grande capacité, la fabrication d’instruments de métrologie
et de capteurs.
- La nature quantique des photons qui leur permet de se regrouper sans limitation de
nombre, ce phénomène est à la base du rayonnement cohérent laser. À cause de cette
propriété les photons peuvent se propager et se croiser dans l'espace sans échanger
d'énergie, cette propriété permet aussi de stocker de l'information de très haute densité
sur une très petite surface.
- L’existence de supports d'information comme la fibre optique possédant des très faibles
pertes, permettant de véhiculer à la vitesse de la lumière une grande quantité
d'informations avec une bonne confidentialité.
- Les effets optiques dans des matériaux spécifiques permettant de réaliser des fonctions
comme le filtrage, la modulation, l’amplification et la conversion optique.

Dans un futur proche grâce au progrès de l'optique intégré et des nouveaux


composants semi-conducteurs des systèmes entièrement optiques verront le jour utilisant
pleinement le spectre lumineux, la rapidité et la cohérence des processus quantiques.
Certaines fonctions réalisées jusqu'à présent par des systèmes électroniques seront
remplacées par des systèmes optiques.
Dans le domaine de télécommunications l'optique prend un rôle de plus en plus important
grâce à la fibre optique et aux composants associés. La technologie optique WDM
Wavelength Division Multiplexing , multiplexage en longueur d'onde, permet de véhiculer
l’énorme flot d'informations nécessaire pour les communications modernes.
Dans le domaine grand-public on peut citer les lecteurs CD, les caméras CCD, les
imprimantes et les scanners. Dans le domaine industriel le laser est un instrument de plus
en plus utilisé par exemple pour la transformation des matériaux, la soudure, le marquage
et la découpe. Le laser est aussi très employé dans les équipements médicaux. Dans le
domaine militaire on peut citer les instruments de vision nocturne et le guidage laser.

Cet ouvrage est organisé comme suit :


Le chapitre I traite du caractère électromagnétique de la lumière. Les différentes
formes d’onde sont abordées, onde plane, sphérique et gaussienne ainsi que la
polarisation de la lumière. Les transformées de ces ondes sont décrites à travers les
phénomènes de diffraction et de transformée de Fourier spatiale optique. Les termes
d’énergie et de puissance associés à une onde sont aussi analysés. La réflexion et la
transmission de la lumière aux interfaces diélectriques sont traités du point de vue
électromagnétique ainsi que les phénomènes optiques non linéaires.
6 Avant propos

Au chapitre II les fonctions optiques de base sont analysées comme les


traitements par couches diélectriques permettant le filtrage optique et les réseaux de
Bragg qui ont une importance technologique croissante. On présente différentes
structures d’interféromètres à deux ondes et à ondes multiples et les propriétés de
résonateurs optiques, qui sont des éléments constitutifs des lasers. D’autres composants
comme les polariseurs, les modulateurs et les déflecteurs électro-optiques et acousto-
optiques sont aussi présentés.
Le chapitre III est consacré à la nature corpusculaire de la lumière à travers le
photon. La nature quantique et l’interférence de photons sont décrits en mettant l’accent
sur les développements récents d’intrication quantique. La statistique de photons à
l’équilibre thermique permet de calculer le rayonnement du corps noir. Les principales
définitions de photométrie sont discutées.
Les lasers sont étudiés au chapitre IV, un bref historique introduit les coefficients
d’Einstein et le phénomène d’émission stimulée. Le gain du laser est calculé à partir des
propriétés des substances actives et du pompage. Le laser en tant que source est
analysée pour différents types de fonctionnement continus ou pulsés. Les principales
catégories de lasers ainsi que les normes de sécurité associées sont décrites.
Le chapitre V est consacré aux sources à sémiconducteurs. Les diodes
électroluminescentes sont les composants les plus simples. Les diodes laser ou lasers à
semiconducteurs sont des composants clé dans les télécommunications optiques leurs
principales structures et propriétés sont présentées. La modélisation par les équations
d’évolution permet d’obtenir les comportements dynamiques des diodes laser.
Les détecteurs optiques à semiconducteurs sont décrits au chapitre VI , ces
composants sont utilisés dans les transmissions optiques, en détection infrarouge et dans
la capture d’images. Les composants comme les photoconducteurs et les photodiodes
PIN et à avalanche PDA sont étudiées. L’estimation des bruits de détection de ces
composants permet de déterminer le rapport signal à bruit essentiel pour quantifier les
performances des détecteurs.
Le chapitre VII traite de l’optique guidée. Les guides optiques rectangulaires sont
à la base de la technologie optique intégrée en très fort développement. Les principales
propriétés des fibres optiques sont abordées comme le caractère multimode et
monomode, la dispersion temporelle et les phénomènes non linéaires. Les problèmes de
raccordement entre fibres optiques sont décrits. Ce chapitre se termine par quelques
exemples de capteurs à fibres optiques.
Le chapitre VIII termine ce manuscrit en traitant des transmissions optiques. Le
bilan de liaison et les notions de taux d’erreurs pour une transmission numérique est
décrit sous un angle spécifique aux liaisons optiques. Les techniques de codage et le
multiplexage temporel et en longueur d’onde sont analysées. On présente les principaux
composants intervenant dans un réseau optique comme les amplificateurs optiques et les
composants passifs. Enfin quelques exemples de réalisation de réseaux optiques sont
décrites.

Je tiens à remercier Monsieur le Professeur François MESA directeur des études


de Supélec qui a toujours porté un vif intérêt à l’activité d’optoélectronique à Supélec.
Je remercie aussi Monsieur le Professeur Gérard ATTAL chef du service Radioélectricité
et Electronique de Supélec sur le campus de Gif-sur-Yvette, ainsi que toutes les
personnes du service. Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur le Professeur
Alain DESTREZ, ses conseils m’ont été très utiles. Alain DESTREZ et moi-même faisons
partie du LMOPS, Laboratoire Matériaux Optiques Photoniques et Systèmes, qui est
formé par des équipes de Supélec (Campus de Gif et de Metz) et de l’Université de Metz,
ce laboratoire est en association avec le CNRS (Unité FRE 2304).
TABLE DES MATIERES

Avant propos 5

Chapitre I - Optique ondulatoire électromagnétique 11


1 - Spectre électromagnétique 11
2 - Formes d'ondes optiques 13
3 - Transformées optiques 25
4 - Polarisation de la lumière 32
5 - Puissance et énergie électromagnétique 34
6 - Réflexion et réfraction 37
7 - Effets optiques non linéaires 42
- Exercices chapitre I 48

Chapitre II - Interférences et fonctions optiques 50


1 - Traitements par couches diélectriques 50
2 - Réseaux de Bragg 52
3 - Interféromètres et résonateurs optiques 58
4 - Fonctions de polarisation 72
5 - Dispositifs électro-optiques 77
- Exercices chapitre II 83

Chapitre III - Propriétés des photons 85


1 - Le photon 85
2 - Quantification des modes 94
3 - Statistique et rayonnement du corps noir 100
4 - Définitions de photométrie 106
- Exercices chapitre III 114

Chapitre IV - Les lasers 116


1 - Historique et introduction 116
2 - Émission spontanée, émission stimulée et absorption 119
3 - Oscillateurs laser et fonctionnement 135
4 - Catégories de lasers 149
- Exercices chapitre IV 154
9 Table des matières

Chapitre V - Emetteurs optiques a semiconducteurs 156


1 - Matériaux semiconducteurs pour émetteurs optiques 156
2 - Diodes électroluminescentes DEL 162
3 - Structures des diodes laser 166
4 - Caractéristiques statiques des diodes laser 176
5 - Modèles d’évolution pour diodes laser 178
6 - Comportements dynamiques des diodes laser 187
- Exercices chapitre V 201

Chapitre VI - Détecteurs optiques à semiconducteurs 203


1 - Absorption dans les semiconducteurs 203
2 - Détection infrarouge 206
3 - Photodiodes 210
4 - Bruits des photodiodes et électronique associée 218
5 - Matrices de détecteurs 225
- Exercices chapitre VI 228

Chapitre VII - Guides et fibres optiques 230


1 - Guides d'ondes optiques 230
2 - Fibres optiques : généralités 236
3 - Modes dans les fibres optiques 240
4 - Dispersion dans les fibres optiques 247
5 - Phénomènes non-linéaires dans les fibres optiques 258
6 - Connexions entre fibres optiques 261
7 - Capteurs à fibres optiques 266
- Exercices chapitre VII 268

Chapitre VIII - Transmissions optiques 270


1 - Principes des liaisons par fibre optique 271
2 - Multiplexage sur fibre optique 282
3 - Amplificateurs optiques 287
4 - Composants passifs pour réseaux optiques 295
5 - Réseaux optiques 303
- Exercices chapitre VIII 307

Annexe – Unités et constantes physiques 309


Bibliographie 311
Index 313
CHAPITRE I

OPTIQUE ONDULATOIRE ELECTROMAGNETIQUE

1 - SPECTRE ELECTROMAGNETIQUE
Ce chapitre traite de la nature ondulatoire électromagnétique de la lumière.
La couleur correspond à une longueur d'onde. Dans le domaine de l’optique la répartition
spatiale des ondes est aussi importante, les formes d’onde planes et sphériques sont des
modèles idéaux, alors que les formes paraboliques et gaussiennes se rapprochent plus
des sources réelles tels que les lasers. Les ondes optiques se transforment par
propagation ou par le passage à travers des ouvertures, le phénomène de diffraction en
est une illustration. La polarisation de la lumière qui correspond à la direction du champ
électrique de l'onde est une propriété essentielle et très utilisée dans les composants
optiques. L'énergie et la puissance optiques sont obtenues à partir des champs
électromagnétiques.
Le passage de la lumière à travers des matériaux diélectriques, comme le verre,
caractérisés par leur indice de réfraction induisent la réflexion et la transmission,
dépendant des caractéristiques spectrales et spatiales des ondes. Ces phénomènes sont
à la base de la propagation dans les fibres optiques.
spectre des ondes électromagnétiques optiques
La nature ondulatoire du rayonnement lumineux est d'origine électromagnétique et se
caractérise par la longueur d'onde λ située dans le spectre. Les ondes lumineuses sont
de même nature que les ondes radio.
La fréquence ν , en Hz, et la longueur d'onde λ , en mètres, sont liées dans le vide par
la relation ν = c/λ où c = 3.108 m.s−1 est la vitesse de la lumière dans le vide.
À titre indicatif : λ = 1 µm = 1000 nm correspond dans le vide à une fréquence de
ν = (3.108/10-6) = 3.1014 Hz. L'ordre de grandeur des fréquences indique le potentiel de
l'optique en ce qui concerne la quantité d'information pouvant être transportée si le
spectre entier pouvait être utilisé.

La partie du spectre électromagnétique couramment utilisé en optoélectronique comprend


l'ultraviolet, le visible, l'infrarouge proche, moyen et lointain. La partie visible s'étend sur
les longueurs d'onde de 400 nm à 750 nm . Toutes les applications liées à la prise de
vue, comme les caméras, les lampes…, utilisent cette partie du spectre. Les détecteurs
en Silicium sont ici largement utilisés.
L'imagerie ne se limite pas seulement au visible. Elle s'étend aussi au proche et au
moyen infrarouge pour les applications de vision nocturne et d'imagerie thermique.

On trouve aujourd'hui des sources optiques, les lasers, qui émettent une lumière presque
monochromatique. Les applications des lasers sont très nombreuses et chacune
nécessite une longueur d'onde précise, par exemple pour la médecine, en chirurgie,
ophtalmologie, dermatologie…, pour la fabrication dans la découpe, le marquage…, pour
l’instrumentation en télémétrie, dans l’analyse chimique, dans les radars optiques ou
lidars…, pour le grand public dans les lecteurs et enregistreurs CD et dans bien d'autres
applications. Dans le domaine des télécommunications par fibre optique, les applications
se situent autour des longueurs d'onde suivantes : 0,85 µm , 1,3 µm et 1,55 µm pour
les fibres en verre, silice SiO2, et autour de 0,58 µm et 0,66 µm pour les fibres en
plastique. Pour les transmissions optiques en espace libre dans les télécommande et les
liaisons infrarouges on travaille principalement autour de 850 nm .
12 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

basses fréquences hautes fréquences micro- ondes

dm
m

cm
λ(m)
109 m 108 m 100km 10km 1km 100m 10m 1m 1dm 1cm
0 10 100 1k 10k 100k 1M 10M 100M 1G 10G
f(Hz)
LW MW SW FM GSMDCS
radiodiffusion téléphonie
UHF VHF mobile
λ = c/f télédiffusion

c = 3.108 m.sec−1 satellites

micro- ondes optique cosmique

rayons γ
mm

rayons X
λ(m) infrarouge ultraviolet
1cm 1mm 100µm 10µm 1µm 1km 100nm 10nm 1nm 100pm10pm
f(Hz) 10G 100G 1T 10T 100T 1015 1016 1017 1018 1019 1020

1,6 1,5 1,4 1,3 1,2 1,1 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4
λ(µm)
lumière visible

fibres optiques silice fibre optique plastique

utilisation du spectre électromagnétique


Formes d’ondes optiques 13

2 - FORMES D'ONDES OPTIQUES

2.1 - Equations de propagation

Le comportement ondulatoire de la lumière est décrit par les équations de Maxwell ∗:

∇.E = 0 ∇.H = 0

∂D ∂B
∇ ∧H = ∇∧E = −
∂t ∂t

où E est le vecteur champ électrique et H est le vecteur champ magnétique. Ils


constituent les deux composantes du champ électromagnétique.
D le vecteur déplacement électrique et B est le vecteur induction magnétique.
Dans un milieu non chargé, qui est le cas des diélectriques, et le vide en fait partie :

D = ε.E et B = µ.H

ε et µ sont appelées respectivement la constante diélectrique et la perméabilité


magnétique. En utilisant ces équations on obtient :

∂2E ∂2H
∆E = µε et ∆H = µε
∂t2 ∂t2

ces équations constituent les équations de propagation pour les deux composantes du
champ électromagnétique E et H , appelées aussi équations de Helmoltz . Pour
chaque composante l'équation générale de propagation est donc de la forme :

1 ∂2f 1
∆f = v2 2 avec v2 =
∂t µε

où v a la dimension d'une vitesse, m.s−1, et constitue en fait la vitesse de la lumière dans


le milieu considéré.
1
Dans le vide la vitesse de la lumière est : c =
µ0ε0

c = 2,99792458.108 m.s-1 est la vitesse de la lumière dans le vide, ε0 = 8,854.10−12 F.m−1


est la permittivité, ou constante diélectrique, du vide et µ0 = 4π 10−7 N.A−1 est la
perméabilité du vide. c est une constante universelle qui ne dépend pas de la direction
de propagation ni du référentiel dans lequel on se place.
Dans un milieu diélectrique la vitesse de la lumière peut s'exprimer en fonction de celle du
vide c par :
c
v = n

n est appelé l'indice de réfraction du milieu, n = 1 dans le vide.

∗∇ est l'opérateur nabla qui opère comme une dérivation spatiale. ∆ est le laplacien qui opère
comme une dérivée seconde, la notation en gras signifie qu'il s'agit de vecteurs ou d'opérateurs
vectoriels.
14 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

c 1
n = v =
µrεr

avec µ = µ0µr et ε = ε0εr , où µr et εr sont les grandeurs relatives. En général dans les
applications en optoélectronique∗ on néglige les effets magnétiques donc µ ≈ µ0 .
On définit la susceptibilité au champ électrique χ, à l’aide du moment dipolaire par unité
de volume Π :
Π = ε0 χ E

En considérant la relation D = ε E la constante diélectrique du milieu s'exprime ne


fonction de la susceptibilité par :
ε = ε0 (1 + χ)

En utilisant la relation D = ε0 E + Π l'équation de propagation devient dans ce cas pour


un milieu homogène et isotrope :
1 ∂2E ∂2Π
∆E − c2 = µ0 2
∂t 2
∂t

milieux diélectriques isotropes et homogènes


Ici la constante diélectrique et l'indice de réfraction sont considérés comme des
constantes, en réalité il s'agit d'une approximation et elle n'est rigoureusement vraie que
dans le vide, néanmoins dans un grand nombre de cas pratiques elle est utilisée.
Dans ce qui suit, on exposera les différents types de milieux que l'on peut rencontrer.
milieux anisotropes
Dans un milieu diélectrique anisotrope en général les deux vecteurs champ électrique E
et polarisation Π ne sont pas parallèles ceci donne une relation matricielle :

Πi = ∑ε0 χij Ej
j

où {χij} est le tenseur des susceptibilités .

Une relation de même forme existe entre D et E .

Di = ∑εij Ej
j

où {εij} est le tenseur dielectrique .


Bien évidemment ceci entraîne aussi un tenseur des indices de réfraction. L'anisotropie
des indices dans certains types de cristaux dits milieux anisotropes donne lieu au
phénomène très important de biréfringence , on étudiera ce phénomène dans les milieux
uniaxes lors de l'étude des fonctions de polarisation au chapitre II.
milieux inhomogènes
Dans les milieux inhomogènes la susceptibilité électrique χ(r) ou la "constante"
diélectrique ε(r) dépendent de la position r dans le matériau. C'est le cas des milieux à
gradient d'indice de réfraction. La vitesse sera inhomogène v(r) = c/n(r) .


Sauf pour les effets magnéto-optiques comme l'effet Faraday.
Formes d’ondes optiques 15

milieux non-linéaires
Dans un milieu diélectrique non-linéaire :

Π = a1E + a2E2 + a3E3 + …

donc Π(E) est une fonction non linéaire du champ électrique E , ceci équivaut à dire que
le susceptibilité dépend du champ électrique. Le domaine de l'optique non linéaire utilise
largement les effets du deuxième ordre, termes a2 , et du troisième ordre, termes a3 , qui
sont à la base de nombreux effets et dispositifs, ils seront décrits à la fin de ce chapitre et
au chapitre II .

2.2 - Effets dispersifs

susceptibilité électrique
Tous les milieux matériels sont dispersifs, la relation entre Π et E est une relation "à
mémoire", il s’agit d’une relation de cause à effet, puisqu’il existe un retard entre la cause,
le champ électrique E , et l'effet, la polarisation Π , on exprime cette relation par le
produit de convolution :

+∞
Π(t) = ε0 ⌠
⌡χ(t − t') E(t') dt'
−∞

la réponse impulsionnelle correspondante du système devient alors ε0.χ(t) .


En prenant la transformée de Fourier de cette relation on obtient la relation pour une
fréquence donnée ν :

Π(ν) = ε0 χ(ν) E(ν)

On voit donc que pour un signal monochromatique, de fréquence fixe unique, on a une
relation de simple proportionnalité entre Π et E , on peut donc appliquer dans ce cas les
mêmes arguments que pour les milieux non dispersifs.
On associe à une susceptibilité réelle, la dispersion, une partie imaginaire la dissipation. Il
en résulte que la susceptibilité s'exprimera d'une façon générale par une partie réelle et
une partie imaginaire :
χ(ν) = χ'(ν) − χ"(ν)

relations de Kramers-Kronig
Les quantités réelles et imaginaires sont reliées entre elles. Une expression
mathématique peut être formulée dans des cas simples pour les milieux linéaires et
homogènes. Les parties réelles et imaginaires des susceptibilités sont reliées par les
relations de Kramers-Kronig∗ :

+∞ +∞
χ"(ν) χ'(ν')
VP ⌠ VP ⌠
1 1
χ'(ν) =  dν' et χ"(ν) =  dν
π ⌡ν' − ν π ⌡ ν' − ν
−∞ -∞


VP signifie valeur principale de l’intégrale.
16 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

Ces relations sont d'une portée assez générale, puisqu'elles s'appliquent à tout
phénomène résonnant, en électronique, en mécanique…. On peut se faire une idée de la
forme d'une courbe de dispersion en prenant la dérivée de la courbe d'absorption en
fonction de la fréquence χ"(ν). Les courbes d'absorption sont en fait des courbes de
résonance avec leur forme caractéristique en "cloche" centrées autour de la fréquence de
résonance ν0 .

absorption χ"(ν) dispersion χ'(ν)

ν0 ν0

relation entre absorption et dispersion

indice de réfraction et dispersion


L'indice de réfraction n est proportionnel à la racine carré de la constante diélectrique ε
et donc, à une constante près, à la dispersion χ’(ν) , n(ν) possède donc une variation en
fonction de ν similaire à celle de la dispersion. Dans un matériau diélectrique comme le
verre l’indice de réfraction qui dépend de la fréquence ou de la longueur d'onde n(λ)
possède plusieurs longueurs d'onde d'absorption.
Dans les zones de transparence loin de l'absorption on se trouve dans une zone de
dispersion normale avec un indice qui diminue avec la longueur d'onde. La dispersion
anormale correspond à un comportement inverse et se situe près des absorptions.

Dans le langage communément utilisé en optoélectronique on utilise le terme bleu pour


designer les courtes longueurs d'onde, ou fréquences élevées, et le terme rouge pour
les grandes longueurs d'onde, ou basses fréquences*. Pour une dispersion normale les
signaux dans le bleu sont plus lents que ceux dans le rouge. Ces notions sont
importantes par exemples dans l'étude des fibres optiques.

Les courbes de dispersion auront une allure typique montrée ci-après.

"bleu" "rouge"

dispersion
normale
λ1 λ2 λ3

courbe de dispersion n(λ)

*
On rencontre souvent ce jargon inspiré des ouvrages anglo-saxons avec les termes blue et red
utilisés comme adjectifs.
Formes d’ondes optiques 17

2.3 - Ondes optiques solutions de l'équation de propagation

solution propagative
La forme mathématique f(s,t) de la solution de l'équation de propagation est une fonction
de la coordonnée spatiale s et de la coordonnée temporelle t .
Si un point de l'onde se déplace de δs après un temps δt à la vitesse v alors :

δs
f(s + δs,t + δt) = f(s, t) avec v =
δt

La solution qui vérifie cette condition aura au temps t la forme suivante :

f(s,t) = f(vt − s)

et vérifie au temps t + δt :

f(s + δs, t + δt) = f[v(t + δt) − v(s + δs)] = f(vt − s)

pour des variations positives de t on remarque que les solutions de forme f(vt − s) se
propagent vers les s > 0 alors que celles de forme f(vt + s) se propageant vers les
s<0.

f(s, t)
v

f(s + δs, t + δt) δs

s
δt

t
propagation d’une onde

solution de propagation harmonique


Une solution harmonique est en fait une onde monochromatique , définie dans l'espace par
sa longueur d'onde λ et dans le temps par sa période T .
On associe les grandeurs conjuguées : vecteur d'onde k dirigé suivant la direction de
propagation avec son module k = 2πn/λ , et la pulsation ω = 2πν = 2π/T

L'onde peut s’exprimer alors sous la forme d'une fonction sinusoïdale :

f = f0.sin(ωt − kr + φ0)

La phase de l'onde φ est donnée par l’argument de cette fonction :

φ = ωt − k.r + φ0 = ωt − k.s + φ0

où s est la coordonnée curviligne parallèle au vecteur k en chaque point.


18 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

vitesse de phase
La vitesse de propagation d'une onde monochromatique coïncide avec sa vitesse de
phase qui est définie comme la vitesse d'un point de l'onde à phase constante :

∂s ω
vφ =   =
c
=
 ∂t φ k n

amplitude et polarisation
Les champs électromagnétiques E et H constituent l'amplitude de l'onde.
Dans le cas général on peut décomposer une onde monochromatique sur deux directions
orthogonales ex et ey :

f(r,t) = A(r).exp[j(ωt − k.r)] = fx(r,t).ex + fy(r,t).ey

On s'intéresse principalement à la direction du champ électrique E qui constitue la


polarisation de l'onde ou polarisation de la lumière.
L’étude de cette propriété est importante en optoélectronique. Le contrôle de la
polarisation et ses variations sont à la base de nombreuses applications comme on le
verra au chapitre II .

vitesse de groupe
Un rayonnement réel issu d’une source réelle sera en fait composé d'une distribution de
pulsations ωi , ou de fréquences νi et de vecteurs d'ondes ki . La distribution des
fréquences s'appelle le spectre .
La relation qui lie la distribution en ω à la distribution en k est appelé relation de
dispersion ω(k) , elle est très importante pour décrire l'interaction de la lumière avec les
milieux matériels, par exemple à travers la variation de l'indice de réfraction avec la
longueur d'onde n(λ) comme on l’a vu précédemment.
Dans le cas d'une distribution d'ondes on parle aussi de paquet d'ondes, la vitesse de
déplacement du paquet est appelée la vitesse de groupe et est définie par :

∂ω c
vg = = n
∂k g

où ng est l’indice de groupe la vitesse de groupe représente la vitesse de propagation


moyenne de l'énergie associée à l’onde. Cette vitesse est en général différente de la
vitesse de phase est vφ = ω/k = c/n .

ondes harmoniques planes


Il s'agit de la forme spatiale la plus simple. Dans ce cas le vecteur d'onde k possède une
direction fixe. Les surfaces à phase constante sont des plans appelés les plans d'onde
qui sont perpendiculaires à k et parallèles entre eux. La direction de propagation est
parallèle au vecteur k . Si l'on choisit l'axe Oz parallèle à k l'amplitude en notation
complexe de l'onde s'écrit sous la forme :

f(r,t) = f(z,t) = A.exp[j(kz − ωt)] avec k = |k|


Formes d’ondes optiques 19

L'équation de propagation devient alors pour une onde plane :

∂2f ∂2f ω2
2 − µ0ε = −k2f −(−ω2µ0ε).f = 0 et on vérifie bien k2 =
∂z ∂t2 v2

Les équations de Maxwell peuvent être simplifiées dans le cas des ondes planes :

E = E0.exp[j(kz − ωt)] et H = H0.exp[j(kz − ωt)]

k ∧ H0 = ε.ω.E0 et k ∧ E0 = − µ.ω.H0

Le vecteur d'onde k dirigé le long de l’axe de propagation est perpendiculaire à E et H


et le trièdre (E, H, k) est direct.

λ
y
x
E E
direction de
propagation
O k

H H

plans d'onde

On utilise souvent les ondes planes pour approcher localement des formes d'onde plus
complexes, comme on le verra plus loin dans l’approximation paraxiale. Il n'existe pas de
source naturelle d'ondes planes puisque la surface émissive devrait pour cela être infinie.
Pour obtenir une onde plane, on peut placer une source au foyer d'une lentille en
réalisant une focalisation à l’infini.
Une onde sphérique, convergente, peut être obtenue par un processus inverse.

ondes sphériques
Si on se place loin d’une source, on peut considérer celle-ci comme ponctuelle, la
symétrie de l'émission devient alors sphérique c’est par exemple le cas de l’émission
d’une étoile. En coordonnées sphériques l'équation d'ondes de l’amplitude Φ s'écrit :

1 ∂ ∂Φ 1 ∂2 1 ∂2Φ
∆Φ = r2 r2  = r 2 (rΦ) = v2 2
∂r  ∂r  ∂r ∂t

en multipliant par r on obtient :

∂2(rΦ) 1 ∂2(rΦ)
= v2
∂r2 ∂t2
20 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

ceci donne la solution pour une onde divergente du type rΦ = f(vt − r)


L'onde sphérique divergente peut s'écrire :

f(vt − r)
Φ = r
La solution harmonique est :
A
Φ(r,t) = r exp[j(ωt − kr)]

Les surfaces à phase constante kr = kr = cste sont alors des sphères.

k
S
onde sphérique dont l'amplitude
décroît en 1/r

approximation de Fresnel
Dans le cas d'une onde sphérique émise en r = 0 et observée en un point P (x, y, z)
près de l'axe Oz, mais loin de l'origine tel que :

(x2 + y2)1/2 << z

on peut effectuer une approximation par un développement limité au premier ordre du


rayon r :
x2 + y2
r = x2 + y2+ z2 ≈ z +
2z

Ce qui donne l'approximation de Fresnel ou onde parabolique :


2 2
Φ(x, y, z) ≈ z exp(−jkz) exp −jk 
A x + y 
  2z 

L'approximation de Fresnel est valable tant que le terme du développement limité d'ordre
supérieur, d’ordre 2, reste négligeable. La condition de Fresnel s'écrit en exprimant que le
déphasage associé au terme d’ordre 2 reste très inférieur à une demi-période :

(x2 + y2)2 (x2 + y2)2 λ


δφ2 = kz << π ou aussi z << 2
8 z4 8 z4

la relation précédente devient pour tous les points se trouvant à l'intérieur d'un disque de
rayon a = x2 + y2 et en tenant compte que k = 2π/λ :

NF.θ12 a2 a
a 4 << a14 = 4z3λ ou << 1 avec NF = et θ1 = z
4 λz
Formes d’ondes optiques 21

onde plane onde sphérique

P
r
θ1 1
O z

approximation et zones de Fresnel


3

où NF est appelé le nombre de Fresnel et θ1 est l'angle maximum délimitant la zone


de rayon a qui est appelée première zone de Fresnel . Tous les points se situant à
l'intérieur de cette zone sont en phase. A l'extérieur on passe à la deuxième zone de
Fresnel. On peut ainsi passer d'une zone à l'autre par un incrément de λ . Pour la zone
m on aura :

am4 = 8z3(λ/2 + mλ)

ondes paraxiales
Une onde est dite paraxiale si les normales aux fronts d'onde sont des rayons paraxiaux,
elle peut être obtenue en faisant le produit d'une onde plane exp(−jkz) par une
enveloppe complexe A(r) qui varie lentement avec la position, ceci donne :

f(r) = A(r).exp(−jkz)

Si l’on remplace f(r) dans l'équation de Helmoltz et si on fait approximation des lentes
variations:
∂A ∂2A
<< k.A et << k2.A
∂z ∂z2

on obtient l'équation pour l'enveloppe lentement variable :

∂A ∂2 ∂2
∆TA − j2k = 0 où ∆T = +
∂z ∂x2 ∂y2

cette équation est aussi appelée l'équation de Helmoltz paraxiale. L'onde de Fresnel est
une onde paraxiale ainsi que l'onde gaussienne.

faisceaux gaussiens
Pour rendre compte des sources réelles de taille finie les modèles de l'onde plane et de
l'onde sphérique ne conviennent pas. En effet la première nécessite une surface infinie et
la deuxième un point, ces deux modèles ne sont que des approximations. Les faisceaux
gaussiens décrivent d'une manière plus réaliste l'émission de sources telles les lasers

En cherchant une solution de l'équation de Helmoltz paraxiale de la forme décrite plus


haut, on peut considérer l’amplitude suivante :
22 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

 2 
A(x,y,z) = exp−j Π(z) +
k
2q(z) ρ  
f(x,y,z) = A(x,y,z).exp(−jkz) avec 
 

où ρ 2 = x2 + y2 est la coordonnée transverse par rapport à la direction de propagation.


En appliquant l'équation de propagation à cette expression on obtient pour un milieu
homogène les équations suivantes :

∂q ∂Π 1
= 1 et = −j
∂z ∂z q
avec les solutions :
Π(z) = −j ln 1 + q 
z
q(z) = z + q0 et
 0
et une amplitude :
 
A = exp  −j −j ln 1 + q + 2(q + z) ρ2 
z k
   0  0 

L'amplitude complexe du faisceau gaussien peut se réécrire sous sa forme standard :


2 2
w0  ρ   ρ 
f(x, y, z) = w(z) exp− 2  exp−jkz − jk 2R(z) + jξ(z)
 w (z)  

w02k 2πn
q0 = j 2 , ρ2 = x2 + y2 , k =
λ

1 +  
z
w(z) = w0 est la largeur du faisceau au point z
 0
z

2
 z0 
R(z) = z 1 +    est le rayon de courbure des fronts d'onde
 z 

ξ(z) = Arctgz 
z
est le déphasage de l'onde en fonction de z
 0

λz0
w0 = est la largeur minimale du faisceau, waist
π

w02k πw02n
z0 = −j q0 = = est la longueur confocale
2 λ

intensité et puissance du faisceau gaussien


La grandeur mesurable est l'intensité du faisceau qui est une puissance par unité de
surface exprimée en W.m−2 :

 w0 2 2ρ2
I(r) = I0 |f(r)|2 = I(ρ,z) = I0 w(z) exp − w2(z) 
   
Formes d’ondes optiques 23

fonction gaussienne de la variable ρ . L'intensité le long de l'axe Oz peut s'exprimer


par :
I0
I(0,z) = 2
1 + (z/z0)

en z = z0 elle a diminue de moitié.


La puissance P(z) a une distance z sera obtenue en intégrant l'intensité sur tout le plan
perpendiculaire à la direction de propagation :


1 2
P(z) = ⌠
⌡I(ρ ,z) 2πρ dρ = 2 I0 (πw0 )
0

La puissance est indépendante de z .


Le pourcentage de puissance "transportée" à l'intérieur d'un rayon ρ0 est :

ρ0

⌡I(ρ ,z) 2πρ dρ 2
0  2ρ0 
= 1 − exp− 2 
P  w (z) 

propriétés géométriques des faisceaux gaussiens


Le diamètre du faisceau en z = 0 vaut 2w0 et en z = z0 , 2√2w0 .

w0
Pour z >> z0 on fait l'approximation w(z) ≈ z z = θ0.z
0

où θ0 est l’angle qui représente la divergence du faisceau . qui peut aussi s'exprimer par
θ0 = λ/(πw0) ceci constitue une limite de diffraction par le waist w0 .
La profondeur de focalisation ou paramètre confocal, distance sur laquelle le faisceau
est considéré collimaté, correspond à la distance z0 de part et d'autre du centre du
faisceau z = 0 qui est :
2
2πw0
2z0 =
λ

R(z)
w0 θ0
z0 z

faisceau gaussien
24 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

La phase de l'onde gaussienne, ξ(z) , varie de −π/2 pour z = −∞ à +π/2 pour z = +∞ .


Le rayon de courbure R(z) est infini en z = 0 , comme pour une onde plane, et tend vers
z très loin de l'origine, comme pour une onde sphérique.

facteur M 2
Pour qualifier les faisceaux réels par rapport au cas idéal du mode fondamental gaussien
dénommé mode TEM00 on utilise le facteur M 2 . En utilisant une lentille de distance
focale f pour focaliser un faisceau parallèle de diamètre D0 on obtient un faisceau
proche d'un faisceau gaussien. Le diamètre du faisceau obtenu d0 est :

4λf
d0 = M 2 = M 2.d00
πD0

faisceau réel
faisceau parallèle incident
faisceau gaussien TEM00

d0
D0 lentille d00

distance focale f

faisceau issu d'une lentille comparé au faisceau gaussien

Pour une valeur M 2 = 2 le diamètre issu de la lentille aura un diamètre de faisceau


double par rapport au faisceau gaussien. L'intensité transportée, qui correspond à la
puissance par unité de surface, proportionnelle à l'inverse du carré du diamètre, sera
seulement un quart de celle transportée par un faisceau gaussien. Ces notions sont utiles
pour quantifier les faisceau puissants des lasers.

exemple: largeur de faisceau pour un laser He-Ne


Pour un laser He-Ne une largeur de faisceau 2w0 = 2 cm correspond a une profondeur
de focalisation de 2z0 ≈ 1 km , et une largeur de 20 µm correspond à une profondeur
de 1 mm .
Transformées optiques 25

3 - TRANSFORMEES OPTIQUES
L’onde électromagnétique subit des transformations lors de la propagation dans l’espace
ou lors de la rencontre d’obstacles. On va exprimer les fonctions de transfert entre
différents points de l’espace rendant compte de ces transformations.

3.1 - Transformée de l’espace libre


On considère la transformée dans le domaine spatial d’une onde se propageant suivant la
direction de propagation Oz dans un plan perpendiculaire xOy .
Les raisonnements et les calculs sont analogues à ceux des transformées temporelles
rencontrées dans le domaine du traitement des signaux.
L’approximation de Fresnel, vue plus haut, qui donne une onde parabolique est en fait
une approximation de la réponse impulsionnelle de l’espace libre :

x2 + y2
h(x, y) = h0 exp −jk 
A
avec h0 = z
  2z 

cette expression permet d’estimer la transformation d’une onde se propageant en espace


libre, Si on appelle f(x,y) la fonction initiale et g(x,y) la fonction résultante, celle-ci sera
le produit de convolution de la réponse impulsionnelle par la fonction initiale :

+∞
g(x, y) = ⌠ ⌠ f(x’, y’) h(x − x’,y − y’) dx’ dy’ =
⌡⌡
−∞

+∞  (x − x')2 + (y − y')2
h0 ⌠ f(x’, y’) exp −jk  dx’ dy’
⌡   2z 
−∞

principe de Huyghens- Fresnel


Ce principe énonce : " chaque front d'onde peut être considéré comme constitué par un
ensemble de sources ponctuelles. Le champ en un point P situé au delà du front d'onde
sera la somme de tous les champs résultants des sources ponctuelles situées sur le front
d'onde ".

Pour une onde plane arrivant au niveau d’une ouverture de surface S , d'après le
principe de Huyghens on peut exprimer le champ en un point r résultant de la
superposition des sources ponctuelles situées sur S .
On exprime l'onde sphérique résultante point r engendrée par la source ponctuelle :

e−j(ωt − kr)
fs(r) = C
r

Le champ total en r sera la somme, intégrale, de toutes les contributions des sources.

e−jkr e−jkr
F(r) = C ejωt ⌠ A(S') jωt
⌡ r dS' = C e ⌠ ⌠
⌡⌡ r
dS
S
26 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

k
S R(X, Y, Z)

O
ρ
r(x, y, z) z

diffraction d'une onde plane par une


ouverture de surface S

La distance est r = R − ρ , où R est la distance de l’origine et ρ la coordonnée dans le


plan S . Le module est r = [Z2 + (Y − y)2 + (X − x)2]1/2 .
Si on développe cette expression on retrouve sur l’approximation de Fresnel :

e−jkr (X − x) + (Y − y)   e−jk


2 z
 2
≈ exp −jk  
r   2z   z

Il faut ensuite intégrer sur la surface S de l’ouverture. Mathématiquement l’ouverture est


représenté par la fonction A(x,y) qui vaut 1 sur la surface et 0 ailleurs. Il s'agira donc
du produit de convolution de la réponse impulsionnelle, trouvée précedemment, de
l'espace libre par la fonction d'ouverture A(x,y) :

ej(ωt − kz) +∞ +∞  (X − x) + (Y − y)  dx d y = C ej(ωt − k A*h


2 2 z)
F(X,Y) = C A(x,y).exp−jk  
z ⌠⌠
⌡ ⌡   2z  z
−∞ −∞

3.2 Diffraction à l'infini ou de Fraunhofer


La diffraction de Fraunhofer s’obtient pour un point situé très loin de l'ouverture, dans les
autres cas où il faudra calculer l'intégrale précédemment on parle alors de diffraction de
Fresnel . On utilise les approximations suivantes en remplaçant r par R dans
l’amplitude et dans la phase :

r ≈ R 1 −
Yy + Xx
 R2 

X/R = α = cosθx et Y/R = β = cosθy sont les cosinus directeurs par rapport à l'origine.
Les composantes du vecteur d'onde s'expriment par kx = α.k et ky = β.k .
Le champ résultant s’écrit dans le cas de la diffraction de Fraunhofer :

e−j(ωt − kR) −jk[(Yy + Xx)/R]dxdy = Ce


−j(ωt − kR)
−jk(αy + βx) dxdy
F(P) = C ⌠⌠A(x,y) e ⌠⌠A(x,y) e
R ⌡⌡ R ⌡⌡
S S
Transformées optiques 27

transformée de Fourier optique


Pour la diffraction à l'infini l'intégrale précédente correspond à une transformée de
Fourier optique spatiale de la fonction d'ouverture A(S) .
Cette fonction peut être plus complexe avec une phase et une amplitude variable.
Le champ lointain , fonction des composantes du vecteur d'onde kx et ky , qui sont les
fréquences spatiales, s'exprime par la transformation de Fourier du champ proche A(x,y)
fonction des coordonnées x et y .

F(kx,ky) = ⌠⌠ A(x,y) exp[−j(kxx + kyy)] dx dy = TF [A(x,y)]


⌡⌡
S

les composantes (kx, ky) définissent le plan transformé et (x, y) le plan objet.

y
x kx
θy ky
θx R k

Kz
O
b
a
z

diffraction par une ouverture rectangulaire

diffraction par une fente


On considère une fente avec un coté, suivant la direction Ox , beaucoup plus grande que
l’autre a >> b si en plus a >> λ alors la dimension longitudinale x ne jouera aucun rôle
dans la diffraction puisque les valeurs kx ≠ 0 donnent une contribution nulle à l’intégrale.
Si l'on exprime l'amplitude en fonction de l'angle θ = π/2 − θy et θx = π/2 on obtient :

C sin(kb sinθ /2) C


Ff(θ) = r = r sinc(kb sinθ /2)
kb sinθ /2

En faisant l’approximation des petits angles sinθ ≈ θ et avec k = 2π/λ , alors :

C
Ff(θ) = r sinc(πθb/λ) l'intensité sera I = |F(θ)|2

On appelle limite de diffraction le cas où λ > b dans ce cas le phénomène de diffraction


est prépondérant et l'angle θ1 du premier zéro de diffraction est important. Si λ << b on
n'observe pas de phénomène de diffraction. Le premier zéro de diffraction correspondra à
une position lointaine sur un écran à la distance L projetée de la fente :

y1 = L.tgθ1 ≈ L.θ1 = L(λ/b)


28 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

1
b=λ b = 2λ b = 6λ

0,5

0
θ θ1 = b/λ θ
0 θ

intensité relative de diffraction, par des fentes de


différentes épaisseurs comparées à λ

La divergence du faisceau est liée directement aux dimensions de l'ouverture rayonnante.


La dimension de l'ouverture doit être comparée à la longueur d'onde λ de l'onde
incidente. Si la phase dans l'ouverture de diamètre D est constante, l'angle de
divergence est donné très sensiblement par θ = λ/D .

exemple: si λ = 1µm et D = 0,1mm alors θ = 10−2 rad. le pinceau aura doublé de


diamètre à une distance L telle que L = D/θ .

transformée d'une structure périodique


On calcule le champ résultant en un point issu du passage d'une onde plane par une
structure périodique, appelé réseau de dffraction, constituée de N fentes parallèles à la
direction Ox d'épaisseur b séparées par une distance d .
L’amplitude résultante des N fentes sera :

FN = C ⌠ exp(−jk.Ri ) dS
⌡ avec Ri = R − yi
toutes les fentes i

où R est la distance de point à l'origine de la structure et yi la cordonné au niveau de la


fente. L'intégration suivant la variable x ne donne pas de contribution à cause de la
géométrie en forme de fente. L'intégration s’effectue seulement suivant la variable y .

En tenant compte que k.Ri = k.R − k.yi.sinθ et en sommant sur toutes les fentes :

 
+b/2 (N-1)d+b/2
FN = C'  ⌠⌡ exp(−jk.y.sinθ) dy +...+ ⌠ ⌡ exp(−jk.y.sinθ) dy 
 -b/2 
 (N-1)d−b/2 

Si on effectue le changement de variable y → y − l.d dans les intégrales :


+b/2 N-1
FN = C' ⌠⌡ exp(−jk.y.sinθ) dy ∑ exp(jk.l.d.sinθ)
l=0
-b/2

Cette intégrale correspond à la diffraction d'une seule fente et la somme constitue une
série géométrique.
Transformées optiques 29

y
structure périodique à N fentes

Ri
P

R
d
θ
b
z

il en résulte :
1 − exp(jN.k.d.sinθ)
FN = sinc(k.b.sinθ/2)  
 1 − exp(jk.d.sinθ) 

l'intensité est :
2
sin(N.k.d.sinθ/2)
IN(θ) = |FN| = IN(0) sinc (k.b.sinθ/2) 
2 2

 sin(k.d.sinθ/2) 

Les maxima principaux sont obtenus pour :

k.d.sin(θ/2) = mπ ou 2d sinθm = mλ

m est un entier appelé ordre du réseau. Cette équation est l’équation du réseau ou
condition de Bragg qui est une condition d'interférence constructive, les angles θm
correspondent aux tâches de diffraction. Il existe ainsi des maxima secondaires et des
minima. On retrouvera ces effets lors de l'interférence en ondes multiples dans les
réseaux de Bragg, ou dans les résonateurs de Fabry-Pérot.
Le cas N = 2 représente la figure de diffraction des franges d'Young , et constitue une
interférence à deux ondes , qu’on discutera au chapitre II. Pour la discussion des franges
d’Young avec des photons considérés comme particules voir chapitre III.

λ/b λ/d
1
fentes N=2 réseau de N = 10
d'Young diffraction
0,5
b = 3λ d = 2b

0
θ θ

figures de diffraction des structures à N fentes d'épaisseur b et


séparées de d a pour un nombre croissant de fentes
30 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

3.3 - Filtrage spatial


Au paragraphe précèdent on a vu que la diffraction dans le cas d'une structure périodique
est le produit de la figure d'une fente, qui constitue le motif , par la fonction
d'interférence de tous les motifs entre eux.

Dans l’espace des vecteurs d'onde k , l’opération produit dans l'espace de Fourier,
correspond au produit de convolution dans l'espace direct des positions r . La diffraction
à l’infini effectue un produit de convolution de l'onde incidente par la fonction d'ouverture.
Plus généralement on effectue un filtrage spatial d'une image A(x,y) en plaçant dans le
plan transformé un filtre spatial H(kx,ky) qui peut être par exemple un motif à ouvertures
périodiques ou une lame déphasante ou tout type de lame de transfert, et après on
reconstitue l'image avec une deuxième lentille. L'opération effectuée s’exprime :
-1
TF prod TF
A(x,y) → F(kx,ky) → H(kx,ky).F(kx,ky) → B(x,y) = h(x,y)*A(x,y)

ondes planes plan image filtré


incidentes objet image de
diffraction

lentille de filtrage
transformation spatial

schéma d'une transformation de Fourier spatiale avec filtrage

Dans le plan transformé le point de fréquence spatiale nulle kx = ky = 0 correspond aux


motifs sans structure , bruit et continu, dans le plan image. Pour réaliser un filtrage passe-
haut on occulte les points correspondant aux basses valeurs de kx et ky . On peut aussi
effectuer des filtrages passe-bande et passe-bas. En occultant le centre on fera passer
les traits fins et les angles. Une bande horizontale, par exemple, réalisera un filtrage
passe bas pour les composantes kx, on supprimera donc tous les motifs réguliers suivant
l'axe Ox , comme montré sur la figure suivante.

Les opérations de masquage et de modification de phase peuvent aussi être réalisées en


calculant des transformées de Fourier à l'aide d'ordinateurs ceci est effectué par les
logiciels de traitement d'images.

La technique de transformation de Fourier spatiale est aussi utilisée en holographie.


Transformées optiques 31

image originale négatif


filtrage spatial
par masque*

image résultante
(positif)

filtres
(masques)
filtrage passe-bas

filtrage passe-haut

filtrage fréquences ky
avec passage continu

filtrage fréquences ky
sans continu

filtrage fréquences kx
avec passage continu


Le filtrage est effectué par rapport au négatif de l'image initiale, les zones éclairées sont celles
qui subissent le filtrage, les images résultantes sont obtenues à partir de leur négatif filtré.
32 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

4 - POLARISATION DE LA LUMIERE
Une propriété essentielle liée à la nature ondulatoire de la lumière est la polarisation qui
correspond à la direction du champ électrique E . Cette direction n'est en général pas
fixe.
Pour une onde monochromatique plane se propageant suivant Oz , on décompose E
selon deux axes fixes orthogonaux Ox et Oy .

E(z, t) = Ex(z,t) + Ey(z,t)

avec Ex(z,t) = ex E0x cos(ωt − kz) et Ey(z,t) = ey E0y cos(ωt − kz + δ)

où ex et ey sont les vecteurs unitaires suivant Ox et Oy, et δ est la différence de


phase entre les deux composantes. Suivant les valeurs prises par δ on obtient différents
états de polarisation. Les amplitudes E0x et E0y sont considérées ici réelles et positives.
Le cas où le vecteur E a une direction aléatoire dans le temps constitue le cas de la
lumière non polarisée appelé aussi lumière naturelle , les cas intermédiaires donnent
une lumière partiellement polarisée. Cette notion est à associer à la notion de cohérence.

4.1 - Polarisation rectiligne


Dans ce cas :

 δ = 0, ± 2p π donne E = (ex E0x + ey E0y) cos(ωt − kz)



δ = ± (2l + 1)π donne E = (ex E0x − ey E0y) cos(ωt − kz)

Le champ peut aussi être exprimé sous la forme :

θ = arctgE0y
E
E = E0 (ex cosθ + ey sinθ) cos(ωt − kz) avec et E0 = E0x2 + E0y2
 0x

où θ est l'angle avec l'axe Ox et E0 est le module du vecteur E .

4.2 - Polarisation elliptique

C'est le cas général obtenu pour un déphasage δ quelconque. Reprenant l'expression


de Ey et en la développant on obtient :

Ey
E0y = cos(ωt − kz) cosδ − sin(ωt − kz) sinδ

en utilisant :

Ex Ey Ex
E0x = cos(ωt − kz) E0y − E0x cosδ = −sin(ωt − kz) sinδ
et

en élevant au carré et en faisant la somme on obtient l'équation d’une ellipse pour les
champs Ex et Ey :
Polarisation de la lumière 33

 Ex 2 +  Ey 2 − 2  Ex   Ey  cosδ = sin2δ 2E0x E0y cosδ


et tg(2α) =
E0x E0y E0x E0y E0x2 − E0y2

où α est l'angle entre l’axe principal de l'ellipse et l'axe Ox .

Si le système de coordonnées de l'ellipse est aligné avec les axes Ox et Oy , ce qui


correspond à α = 0 ou δ = ±π/2 , on obtient une polarisation elliptique droite :
2 2
 Ex  +  Ey  = 1
E0x E0y

Le sens de rotation du champ électrique dans le plan de polarisation dépend du


déphasage δ entre les champs Ex et Ey .

0 < δ < π correspond à une polarisation gauche , avec le vecteur E tournant vers la
gauche pour l'onde se propageant vers soi, et π < δ < 2π correspond a une polarisation
droite.

Ey
E0y

E polarisation elliptique

α
E0x Ex

4.3 - Polarisation circulaire


Un cas particulier de la polarisation elliptique est la polarisation circulaire :

δ = (2p + 1) π/2 et E0y = E0x donne une polarisation circulaire.

déphasage entre x et y
Ey 2π 7π/4 3π/2 5π/4 π 3π/4 π/2 π/4 0

Ex

0 π/4 π/2 3π/4 π 5π/4 3π/2 7π/4 2π


déphasage entre y et x

évolution de l'état de polarisation en fonction du déphasage entre Ey et Ex


34 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

5 - PUISSANCE ET ENERGIE ELECTROMAGNETIQUE

5.1 - Equations de Maxwell et énergie


Les équations de Maxwell s’écrivent :

∂D ∂B
∇∧H = ∇∧E = − ∇. D = 0 ∇. B = 0
∂t ∂t

Le vecteur déplacement électrique est relié au vecteur polarisation électrique Π , qui est
le moment dipolaire par unité de volume, dans le milieu considéré par :

D = ε.E = ε0E + Π B = µ.H = µ0H

En effectuant le produit scalaire par E de la première équation et par H de la


deuxième:
ε0 ∂(E.E) ∂Π µ0 ∂(H.H)
∇∧H) = 2
E.(∇ +E ∇∧E) = − 2
H.(∇
∂t ∂t ∂t

En effectuant la différence des deux équations et en utilisant les propriétés des produits
mixtes on obtient :

∂ ε0 µ  ∂Π
∇(E∧H) =  (E.E) + 0 (H.H) + E
∂t  2 2  ∂t

L'intégrale sur le volume de cette équation donne pour le membre de gauche une
intégrale sur la surface :


⌡∇(E∧H) dv = − ⌠
⌡(E∧H) n ds
V S

⌠ ∂ ε0 µ Π


=   2 (E.E) + 20 (H.H) + E  dv
⌡ ∂t  ∂t
V

où le vecteur n est normal à la surface comprenant le volume V et donc le terme

⌠(E ∧ H) n ds
S = −⌡
S

représente la puissance totale entrant dans un volume délimité par la surface S et


correspond au flux du vecteur de Poynting :

S = (E ∧ H)

La somme du premier et du second membre correspond au taux de variation de l'énergie


électromagnétique du vide stockée dans le volume :
Puissance et énergie électromagnétique 35

⌠ε0 µ0 
Uvide =  (E.E) + (H.H) dv
⌡ 2 2 
V
où le terme sous l'intégrale est la densité totale d'énergie électromagnétique du vide u
en joule.m−3 , et correspond aussi à la pression de radiation prad , en Newton.m−2 ,
exercée sur la surface perpendiculaire à la direction de propagation:

ε0 µ0
u0 = prad = (E.E) + (H.H)
2 2

l'intensité lumineuse IE en W.m−2 , associée au champ électrique E d'une onde dans le


vide à partir de la densité d'énergie en multipliant par sa vitesse c :

ε0
I0E = c 2 (E.E)

Dans le cas d'un milieu homogène d'indice n, on pourra remplacer ε0 par ε = n2ε0 afin
d'obtenir les grandeurs correspondantes.
Le troisième terme est :
∂Π
E
∂t

est particulièrement important en optique, en effet il correspond à la puissance


électromagnétique dissipée sur les dipôles électriques représentes par Π dans un
milieu. Ce terme décrit en optique les interactions du champ électromagnétique avec les
milieux matériels et tous les phénomènes qui en découlent comme l'effet Laser, les effets
électro-optiques et l'optique non linéaire.

5.2 - Energie et puissance des champs harmoniques


On va déterminer les énergies et les puissances moyennes associées aux ondes
harmoniques localement planes qui varient au cours du temps:

E(t) = Re [E0.exp(jωt − kz)]

La densité d'énergie stockée sera donnée par la moyenne∗ de la densité d’énergie u :

ε0 µ0 ε0 µ0
<u> = 4 (E.E*) + 4 (H.H*) = 4 E02 + 4 H02

Pour une onde plane harmonique il existe une relation entre E0 et H0 :

ω2
k E0 = µ0 ω H0 et k H0 = ε0 ω E0 avec k2 = ω2 c2 =
ε0µ0

l'impédance du vide Z0 en ohms est :


Pour les grandeurs harmoniques la valeur moyenne est obtenue facilement à partir des
grandeurs complexes par <A B> = (A B*)/2 où * signifie complexe conjugué.
36 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

E0 µ0
Z0 = = = 120 π
H0 ε0

par conséquence la densité d’énergie :

ε0 µ0 ε0 µ0
<u0> = E02 + H02 = E02 = H02
4 4 2 2

L'intensité lumineuse dans le vide est :

ε0 µ0 1 Z0
I0 = c 2 E02 = c 2 H02 = c 2Z E02 = c 2 H02
0

Dans le cas simple d'un milieu homogène d'indice n , on pourra aisément remplacer ε0
par ε = n2.ε0 et c par v = c/n afin d'obtenir les grandeurs correspondantes.

ε
I = v 2 E02

dissipation
La puissance moyenne par unité de volume dissipée par le champ électromagnétique à
travers la polarisabilité du milieu est :
∂Π
<E >
∂t

Si l'on suppose les champs E(t) et Π(t) parallèles et alors :

E(t) = Re [E0 exp(jωt)] et Π (t) = Re [Π0 exp(jωt)]

Comme vu précédemment :

Π(ω) = ε0 χ(ω) E(ω)

La puissance moyenne dissipée par unité de volume peut donc s'exprimer par :

ω 2
<Re[E0 exp(jωt)] Re[jω Π0 exp(jωt)]> =
2 ε0 |E | Re(jχ)

En exprimant la susceptibilité par la partie réelle et imaginaire :

χ = χ' − χ"

donc :

<Puissance> ω ε0 χ" 2
= |E|
Volume 2

proportionnelle à la partie imaginaire de la susceptibilité électrique χ" qui en accord avec


ce qui a été décrit précédemment est relié aux phénomènes de dissipation d'énergie.
Réflexion et réfraction 37

6 - REFLEXION ET REFRACTION

Une onde électromagnétique qui traverse une interface délimitant deux milieux
diélectriques d'indices de réfraction ni et nt , se transforme en une onde réfléchie et une
onde transmise, ou réfractée. On va considérer le cas de l'onde plane monochromatique,
toute onde peut être décomposée en une somme d'ondes planes monochromatiques.
Le champ électrique de l'onde plane incidente ki est monochromatique ωi . Les
composantes incidente, transmise et réfléchies sont :

 Ei = E0i cos(ki r − ωit) : onde incidente avec ki = 2πni/λ


 Er = E0r cos(krr − ωrt) : onde réfléchie avec kr = 2πnr/λ
 E = E cos(k r − ω t) : onde transmise avec k = 2πn /λ
t 0t t t t t

6.1 - Conditions aux limites


Les conditions aux limites à l’interface imposent que les composantes de E , ou de H ,
tangentes à l'interface sont continues. Avec n vecteur unitaire normal à l'interface on
obtient :

 n ∧ Ei + n ∧ Er = n ∧ Et

 n ∧ Hi + n ∧ Hr = n ∧ Ht

ces relations sont vraies à tout instant et en tout point du plan d’interface, y = b , ce qui
impose entre autres l'égalité des phases :

(kir − ωit)y=b = (krr − ωrt)y=b = (ktr − ωtt)y=b

les fréquences de l'onde ne sont pas changées par le passage à l'interface donc
ωi = ωr = ωt .

6.2 - Lois de Descartes


La condition sur la phase de l'onde impose :

[(ki − kr)r]y=b = cste où r est un vecteur pointant à l'interface.

Cette équation est celle d'un plan qui peut aussi s'exprimer par : n ∧ (ki − kr) = 0 ou
ki sinθi = kr sinθr . Dans le même milieu les modules des vecteurs d'onde sont égaux,
puisque de même indice, ce qui conduit à :

sinθi = sinθr loi de la réflexion

De même on peut écrire pour l'onde incidente et transmise : [(ki − kt)r]y=b = cste ou
ki sinθi = kt sinθt . En tenant compte des modules des vecteurs d'onde on obtient :

ni sinθi = nt sinθr loi de la réfraction


38 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

6.3 - Coefficients de Fresnel


En ce qui concerne les directions des champs électriques par rapport à l'interface deux
cas sont à envisager, le cas général sera obtenu en décomposant le champ sur ces deux
directions :

kr Ei Er kr
Ei Er
θi θr Hr θi θr Hr
Hi Hi
ni ki ni ki
nt θt x nt x
Et θt Ht
Et
Ht
TE ou s kt TM ou p kt
n n

disposition des champs électriques et magnétiques à


l'interface pour les modes TE ou s et TM p

polarisation TE ou s
E est perpendiculaire au plan d'incidence, plan de la feuille sur la figure précédente. On
est en présence des modes transverse électriques TE ou polarisation s . Dans ce cas
les conditions aux limites imposent :

[(Ei − Er)cosθi] ni = [Et.cosθt] nt et Ei + Er = Et

Les amplitudes de réflexion et de transmission s’expriment dans ce cas :

ni.cosθi − nt.cosθt
rs =   =
Er
Ei s ni.cosθi + nt.cosθt

Et 2ni.cosθi
ts =  E  =
 i s ni .cos θi + nt.cosθt

polarisation TM ou p
E est parallèle au plan d'incidence on est en présence de modes transverses
magnétiques TM ou polarisation p , les conditions aux limites imposent :

(Ei − Er).cosθi = Et.cosθt et (Ei + Er).ni = Et.nt

ni.cosθt − nt.cosθi
rp =  E  =
Er
 i p nt.cosθi + ni.cosθt

2ni.cosθi
tp =  E  =
Et
 i p nt.cosθi + ni.cosθt
Réflexion et réfraction 39

réflexion interne réflexion externe


ni = 1.5 nt = 1 ni = 1 nt = 1.5
1 1
θc = 42°
0,5 0,5
rs rp
θB = 33° θB = 56°
0 0
rp rs
−0.5 −0.5

−1 −1
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
angle d’incidence θi
coefficient de réflexion et de transmission pour l'interface air-verre, angle
de Brewster θB et angle critique θc de réflexion interne

propriétés des coefficients de Fresnel


En incidence normale pour des angles θi = θt = 0 on obtient :

nt − ni
rp = − rs =
nt + ni

Dans le cas d'une interface air-verre avec des indices pour l'air ni = 1 et pour le verre
nt = 1,5 . On obtient en incidence normale |r| = 0,2 .

On appelle réflexion externe le cas où ni < nt et réflexion interne le cas où ni > nt .

réflexion externe
Ici le coefficient rs est toujours négatif, ce qui signifie que le champ réfléchi Ers est
toujours en opposition de phase avec le champ incident Eis.

Le coefficient rp pour les angles faibles est positif et s'annule à l'angle de Brewster θB,
avec tg2θB = (nt/ni)2 , et puis devient négatif. Dans ce cas on voit que pour l'angle θB
l'amplitude du champ réfléchi Erp s'annule, c'est à dire qu'il n'y a pas de réflexion. Ce
phénomène est utilisé pour polariser la lumière dans les lasers, une lame de verre orienté
avec cet angle est appelée fenêtre de Brewster .

réflexion interne
En dessous de l'angle critique θc , sinθc = (ni/nt) . rp subit un changement de signe à
l'angle de Brewster θB . Au delà de l'angle critique la réflexion est totale, dans ce cas
l'onde subit aussi un déphasage.
Le terme en cosθt qui apparaît dans les expressions des coefficients de réflexion en
amplitude s’exprime par :
40 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

A2 = cos2θt = 1 − (ni/nt)2.sin2θi

A = cosθt = 1 − (ni/nt)2.sin2θi pour θi < θc

A = −j (ni/nt)2.sin2θi − 1 pour θi > θc

Pour déterminer le déphasage pour θi > θc il suffit d'exprimer rp et rs à l'aide de


l'expression donnée plus haut et en exprimer la phase, on obtient :

φ(rp) = 2.arctg i
n .|A| 
φ(rs) = −2.arctg t
n .|A| 
nt.cosθi ni.cosθi

100
déphasage à θB θc
la réflexion
90
φp
0

réflexion interne
−90 ni = 1,49 et nt = 1 φs
θB = 33,8° θc = 42,2°
−100
0 30 60 90

angle d'incidence θi

variation de la phase pour la réflexion interne montrant l'angle


de Brewster θB et l'angle critique θc de la réflexion totale

6.4 - Facteurs de réflexion R et de transmission T en intensité

L'intensité* d'une onde électromagnétique est : I = (1/2) vε |E|2 , en W.m−2 , où v est la


vitesse de la lumière dans le milieu considéré et ε la constante diélectrique.
La puissance est obtenue en intégrant l’intensité lumineuse sur la surface projetée sur un
plan perpendiculaire à la direction de propagation ce qui multiple la surface réelle par
cosθ , où θ est l’angle entre la direction de propagation et la normale à la surface.

Les facteurs de réflexion R et de transmission T en intensité s'expriment alors :

*
à proprement parler en français il s'agit de l'éclairement, voir photométrie au chapitre III.
Réflexion et réfraction 41

puissance réfléchie Ir cosθr Ir Er2


R = = = = 2 = r2
puissance incidente Ii cosθi Ii Ei

puissance transmise It cosθt nt cosθt Et2 nt cosθt 2


T = = = 2 = t
puissance incidente Ii cosθi ni cosθi Ei ni cosθi

Ici on peut vérifier la conservation de l'énergie par la relation sur les facteurs de réflexion
en intensité R + T = 1 , ce qui n'est pas le cas pour les coefficients en amplitude
r2 + t2 ≠ 1.

en incidence normale pour θi = 0 on obtient :


2
ni − nt
= 
nt 4ni nt
Rp = Rs = r 2
 et Tp = Ts = t 2 =
 t + ni
n ni (nt + ni)2

θr = θi
θi réflechi
incident

θt
transmis

transmission et réflexion de l'intensité à travers une surface

réflexion interne réflexion externe


ni = 1.5 nt = 1 ni = 1 nt = 1.5
1 1
Tp
Ts Tp
0,75 0,75
Ts
0,5 0,5
Rs
0,25 0,25
Rs
Rp
Rp
0 0
0 20 40 0 20 40 60 80 90
θi θi

facteurs de réflexion et de transmission en intensité, pour l'interface air-verre


42 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

7 - EFFETS OPTIQUES NON LINEAIRES

L'optique non linéaire intervient dans deux grands domaines.

- Les effets qui font intervenir l'indice de réfraction et sa variation en fonction des champs
électriques, ce sont les effets électro-optiques, et en fonction des ondes acoustiques, ce
sont les effets acousto-optiques, qui ont des applications dans la modulation, la déflexion
de la lumière et sont à la base des capteurs utilisant le guidage optique et dans
nombreuses applications en optique intégrée.

- Les effets non linéaires sont aussi utilisés pour des conversions de fréquence en
utilisant des lasers afin d'obtenir des longueurs d'onde difficiles à obtenir par le pompage
optique, par exemple la lumière verte à λ ≈ 500nm, obtenue à partir de lumière infrarouge
λ = 1000nm, par doublement de fréquence, on peut aussi citer le mélange à trois et à
quatre ondes et les phénomènes de conjugaison de phase.

Ces phénomènes sont obtenus avec grâce à des matériaux spécifiques présentant des
propriétés non-linéaires.

7.1 - Susceptibilités diélectriques non-linéaires


Pour traiter ces phénomènes il faut faire appel à la théorie électromagnétique en utilisant
le tenseur diélectrique non linéaire. Pour décrire ces phénomènes on utilise la
susceptibilité diélectrique χ .
La densité de polarisation Π , dont l'unité est celle d'un moment dipolaire par unité de
volume A.s.m−2 , dans un diélectrique est liée au champ électrique par la susceptibilité :

Π = ε0χ E

Si l'on considère des champs en notation complexe, on a vu que la susceptibilité s'écrit


χ = χ' − jχ" , où la partie réelle χ' a un effet sur la dispersion , donc sur l'indice de
réfraction, et la partie imaginaire sur la dissipation. Les problèmes non-linéaires ne font
intervenir que les effets de la dispersion χ = χ' .
Les effets non linéaires correspondent à une susceptibilité dépendant du champ
électrique qui s'exprime par le développement limité suivant :

Π(E) = ε0χ(E,H) E = ε0χ1E + 2dE2 + 4χ(3)E3 +...

où d est le coefficient NL du second ordre et χ(3) le coefficient NL du troisième ordre .

L'indice de réfraction défini par n2 = (ε/ε0) . Les relations qui lient le déplacement
électrique D avec le champ électrique E et la densité de polarisation Π sont :

D = εE = (εL + εNL) E = ε0E + Π = ε0E + ε0χ(E,H)E = ε0(1 + χL)E + ε0χNLE

donc : εL = ε0(1 + χL) et εNL = ε0 χNL

Pour déterminer l'indice de réfraction il faut tenir compte des ordres de grandeur des
différents termes, les termes non linéaires sont toujours très inférieurs aux termes
linéaires de manière que χL >> χNL , et donc l’indice :
Effets optiques non-linéaires 43

ε χ
n = ε/ε0 ≈ εL/ε0 1 + NL  = n 1 + 2nNL2
 2 εL  

L'équation de propagation sur les parties réelles des champs, E = Re{E} et Π = Re{Π} ,
dans un milieu diélectrique contenant la polarisation s'écrit :

1 ∂2E ∂2Π 1 ∂2E ∂2ΠNL


∆E − 2 = − µ ou encore ∆E − 2 = − µ
c ∂t
2
∂t2 v ∂t
2
∂t2

le terme au second membre agit comme une source de rayonnement.

Les propriétés non linéaires peuvent être classées suivant les ordres des non-linéarités.

- Le coefficient d décrit la non linéarité du second ordre, ou Pockels qui est à l'origine
des phénomènes comme le doublement de fréquence ou la génération de second
harmonique , le mélange à trois ondes , la conversion de fréquence , l’amplification
paramétrique et l’oscillation paramétrique .

- Le coefficient χ(3) décrit les non linéarités du troisième ordre, ou de Kerr, et est
responsable des phénomènes de génération de troisième harmonique, d’auto modulation
de phase , de self-focalisation , de mélange à quatre ondes , d’amplification Raman et
d’amplification Brillouin et de conjugaison de phase .

7.2 - Non linéarités du second ordre

La densité de polarisation non linéaire est ΠNL = 2d.E2, où d est le coefficient non-
linéaire du second ordre.
redressement optique et génération du second harmonique
Un rayonnement monochromatique à la pulsation ω , est caractérisé par son champ
électrique E(t) = E(ω).exp(jωt) donnera naissance aux composantes de polarisations
électrique suivants :

ΠNL(0) = d.E(ω).E*(ω) composante continue

ΠNL(2ω) = d.E(ω).E(ω) second harmonique

ΠNL(0) est responsable du redressement, qui se traduit par l'apparition d'une tension
électrique induite continue. Il s’agit d’un effet très faible, typiquement une impulsion de
puissance crête de 106 W peut engendrer des tensions de l’ordre de 10−4 V .

L'amplitude du rayonnement du second harmonique ΠNL(2ω) est proportionnelle au carré


du champ électrique et donc l’intensité résultante I2 sera :

1
I2(2ω) = ω4d2 I2(ω) avec I = 2 vε |E|2

L'intensité de sortie à la fréquence double est proportionnelle au carré de l'intensité


incidente. Pour obtenir le maximum d'efficacité il faut fournir une puissance optique
suffisante et focaliser le faisceau sur une aire la plus petite possible. Ces effets sont
obtenus généralement avec des lasers en régime d'impulsion où les puissances crête les
44 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

plus élevées sont obtenues. Afin d’augmenter encore l'efficacité la longueur du matériau
doit être suffisante on peut aussi utiliser le guidage optique de façon à minimiser les effets
de la diffraction.

ω

347 nm (UV)
laser Ruby 694nm (rouge)
cristal NL
KDP

génération du second harmonique dans un cristal non-linéaire

action d’un champ électrique externe appliqué


L'application d'un champ électrique externe Eext continu qui se superpose au champ de
l’onde électromagnétique optique donnera naissance à une densité de polarisation à trois
composantes:

ΠNL(0) = d [2Eext2(0) + |E(ω)|2]

ΠNL(ω) = 4d.Eext(0).E(ω)

2ω.ΠNL(2ω) = d.E(ω).E(ω)

Si le champ optique est très inférieur au champ appliqué Eext2(0) >> |E(ω)|2 le terme du
second ordre ΠNL(2ω) peut être négligé, Il y a donc proportionnalité entre ΠNL(ω) et
E(ω) :
ΠNL(ω) = ε0 ∆χ E(ω)

L'augmentation de la susceptibilité est alors ∆χ = 2n.∆n = (4d/ε0).Eext(0) , où n2 = 1 + χ ,


est proportionnelle au champ appliqué. Le changement d'indice de réfraction
correspondant sera ∆n = [2d/(n.ε0)] Eext(0) qui constitue l'effet Pockels comme on le
verra au chapitre II .

mélange à trois ondes


Maintenant le rayonnement comprenant deux composantes harmoniques aux pulsations
ω1 et ω2 :

E(t) = E(ω1) exp(jω1t) + E(ω2) exp(jω2t)

La polarisation non linéaire, Re{ΠNL} = 2d.E2 , pourra contenir des composantes à 5


fréquences différentes :

ΠNL(0) = d [|E(ω1)|2 + |E(ω2)|2]


Effets optiques non-linéaires 45

ΠNL(2ω1) = d.E(ω1).E(ω1) ΠNL(2ω2) = d.E(ω2).E(ω2)

ΠNL(ω1 + ω2) = 2d.E(ω1).E(ω2) ΠNL(ω1 − ω2) = 2d.E(ω1).E*(ω2)

Ces composantes ne sont pas obligatoirement présentes en sortie du cristal en effet pour
avoir un effet significatif il faut respecter la condition de fréquence et la condition de
phase . La première n'est pas équivalente à la deuxième en effet même quand les ondes
voyagent dans la même direction, les vecteurs d’onde aux différentes fréquences peuvent
être différents à cause de l’indice de réfraction kI = (ωi/ni) où ni sont les indices de
réfraction, les conditions s’écrivent :

ω3 = ω1 + ω2 condition de fréquence

k3 = k1 + k2 condition de phase

En raisonnant sur les photons ces conditions représentent la conservation de l'énergie,


E = hω , et de l'impulsion, p = hk .

ω1 ω3 = ω1 + ω2
laser Nd:YAG
1,06 µm
ω2 960nm (IR)

cristal NL
laser CO2 prousite
10,6 µm

exemple de mélange à trois ondes

Afin de satisfaire les deux conditions il faut choisir les indices de réfraction en jouant par
exemple sur la polarisation des ondes ou en contrôlant la température.
En supposant que la condition de phase, k3 = k1 + k2 , est vérifiée uniquement pour la
composante à la fréquence ω3 = ω1 + ω2 et que les autres composantes ne sont pas
propagées alors la composante à ω3 interagira à son tour avec la composante incidente
ω1 engendrant une composante à ω2 = ω3 − ω1 qui vérifie aussi la même condition de
phase et il en va de même pour l'interaction de ω3 avec ω2 . Il est ainsi possible
d'amplifier certaines fréquences à l'aide d'autres, il s'agit de l'interaction paramétrique à
l'aide du mélange à trois ondes .

Différentes applications peuvent être mentionnées. Génération de ω3 = ω1 + ω2 qui


constitue une conversion à une fréquence supérieure, up-conversion , Conversion vers
une fréquence inférieure est obtenue par ω2 = ω3 − ω1 , down-conversion .
Les ondes 1, 2 et 3 interagissent par exemple, pour amplifier, l'onde 1, il y a donc
amplification paramétrique de l'onde à la fréquence ω1 considéré ici comme celle du
signal. En rajoutant une rétroaction optique suffisante on obtient une oscillation
paramétrique où la pompe est constituée par l'onde à la fréquence ω3 .
Le mélange à deux ondes est ici, en général, impossible sauf si ω2 = 2ω1 .
46 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

laser cristal non-linéaire


ω3
θ ω1, ω2 et ω3 ω1

milieu
amplificateur R(ω1) = 100 % R(ω1) = elevé
R(ω2) = 100 % R(ω2) = 100 %
R(ω3) = 0 R(ω3) = 0

oscillateur paramétrique à ω1 avec pompe à ω3

7.3 - Non linéarités du troisième ordre


Dans les matériaux centro-symmetriques le terme non linéaire du second ordre est nul, le
terme non linéaire dominant est donc celui de troisième ordre :

Re{ΠNL} = 4χ(3) (Re{E })3

Le milieu est dit de type Kerr et présente, comme nous le verrons plus loin au chapitre II,
l’effet électro-optique de Kerr .
génération du troisième harmonique
En considérant un rayonnement monochromatique incident E(t) = E(ω) exp(jωt) les
composants de la polarisation électrique deviennent :

ΠNL(ω) = 3χ(3).|E(ω)|2E(ω) et ΠNL(3ω) = χ(3).E3(ω)

ΠNL(ω) est l’amplitude de la composante à la même fréquence que l'onde incidente et


ΠNL(3ω) est la troisième harmonique qui en général a une amplitude beaucoup plus
faible.
mélange à quatre ondes
Le mélange à trois ondes est très difficile dans un milieu de type Kerr. Le mélange à
quatre ondes est possible et la polarisation électrique non linéaire s'écrira de façon
générale :

1 (3)
Re{ΠNL(t)} =
2
χ ∑ E(ωq)E(ωr)E(ωl) exp[j(ωq + ωr + ωl)t]
q,r,l = ±1,±2,±3

Différentes combinaisons sont possibles et comme précédemment les conditions de


fréquence et de phase doivent être respectées, par exemple pour la composante :

ΠNL(ω3 + ω4 − ω1) = 6χ(3) E(ω3)E(ω4)E*(ω1)

les conditions deviennent :

ω3 + ω4 = ω1 + ω2 et k3 + k4 = k1 + k2
Effets optiques non-linéaires 47

conjugaison optique de phase


En prenant les quatre fréquences égales entre elles ω1 = ω2 = ω3 = ω4 nous obtenons un
mélange à quatre ondes dégénéré , si en plus on suppose deux ondes planes qui
voyagent suivant des directions opposées :

E3(r) = A3 exp(−jk3r) et E4(r) = A3 exp(−jk4r) avec k4 = − k3

La densité de polarisation de l'onde 2 devient :

ΠNL2 = 6χ(3)A3.A4.E1*(r)

qui correspond à une amplitude complexe pour l'onde 2 :

E2(r) α A3.A4.E1*(r)

Puisque las amplitudes des deux ondes planes sont constantes nous obtenons une onde
2 qui est la conjuguée de l'onde 1 . L'effet d'un dispositif à conjugaison de phase est
assez spectaculaire en effet il agit comme un miroir à l’envers.
Pour une onde plane incidente E1(r) = A1exp(−jk1r) l'onde conjuguée sera
E2(r) = A1* exp(jk1r) et se propage dans la direction opposé de l'onde incidente comme si
on avait inversé la direction du temps (t → −t) . Pour une onde incidente sphérique
divergente l'onde conjuguée sera convergente se propageant en arrière vers la source.
La conjugaison de phase peut être utilisée dans des nombreuses applications par
exemple pour combattre les aberrations et les distorsions introduites par des lentilles et
des miroirs.

miroir à conjugaison optique de phase


conjugaison
de phase
onde plane 3 k onde plane 4 −k

onde conjuguée 2
miroir
ordinaire
onde signal 1
source

source
miroir à
conjugaison
de phase
48 Chap. I - Optique ondulatoire électromagnétique

EXERCICES CHAPITRE I

EXERCICE I-1 : Paramètres d’un faisceau gaussien émis par un laser He-Ne
Un laser à gaz He-Ne engendre un faisceau gaussien à la longueur d’onde λ = 633 nm
avec un diamètre à la source de 0,5 mm émettant une puissance de 10 mW .
1-1) Calculer le waist w0 , la divergence du faisceau θ et la profondeur de focalisation z0 .
1-2) Quel est le diamètre du faisceau à la distance Terre-Lune zTL = 3,5.108 m , quel est
le rayon de courbure à cette distance ?
1-3) Quelle est l’intensité optique, en W.cm−2 au centre du faisceau en z = 0 et à la
distance zTL ? Comparer à l’intensité d’une source isotrope de même puissance émettant
une onde sphérique à la même distance.

EXERCICE I-2 : Polarisation de la lumière


2-1) Décrire complètement l'état de polarisation des ondes suivantes :
a) E = i E0 cos(kz − ωt) − j E0 cos(kz − ωt)
b) E = i E0 sin2π(z /λ − νt) − j E0 sin2π(z /λ − νt)
c) E = i E0 sin(ωt − kz) + j E0 sin(ωt − kz − π/4)
d) E = i E0 cos(ωt − kz) + j E0 cos(ωt − kz + π/2)
2-2) Soit un rayonnement de lumière naturelle, non polarisée, d'intensité Ii , qui passe à
travers deux filtres polarisants rectilignes de même direction de polarisation. Chaque filtre
transmet 35% de la lumière naturelle. Quelle est l'intensité Is en sortie en fonction de
l’intensité incidente Ii ?

EXERCICE I-3 : Réseau de diffraction


3-1) De la lumière blanche arrive perpendiculairement sur un réseau de diffraction
présentant 1000 lignes par centimètre. Suivant quel angle émergera la lumière rouge à
λ0 = 650 nm, dans le spectre de diffraction du premier ordre m = 1 ?
3-2) Un rayonnement ayant une fréquence de 4,0.1014 Hz arrive sur un réseau de
diffraction formé de 10000 traits par centimètre. Quel est le spectre d'ordre le plus élevé
que l'on peut observer ? Expliquer.
3-3) Quel est le nombre de lignes que doit présenter un réseau de diffraction pour pouvoir
séparer deux raies du sodium , λ1 = 5895,9 Å , λ2 =5890,0 Å , au troisième ordre ?

EXERCICE I-4 : Interfaces diélectriques


On considère le passage de la lumière par une interface diélectrique d'indices ni et nt ,
Faire les applications numériques pour l'interface air-verre, indice du verre nverre ≈ 1,5.
4-1) Quel est le facteur de réflexion en incidence normale?
4-2) Dans quel cas existe-t-il une réflexion totale ? Dans ce cas que devient la phase de
l'onde réfléchie par rapport à l’onde incidente ?
4-3) Pour un certain angle d'incidence θB , l’angle de Brewster, la lumière transmise est
complètement polarisée. Décrire la nature de cette polarisation. Quelle équation simple
vérifie l'angle θB ?

EXERCICE I-5 : Oscillateur paramétrique avec KDP


5-1) Ecrire la condition d’accord de phase pour un oscillateur paramétrique en KDP qui
est constitué d’un cristal uniaxe avec des indices de réfraction différents, ne sur l’axe
extraordinaire, no sur les axes perpendiculaires, axes ordinaires, pour chaque fréquence
on a ne < no .
5-2) A quelle direction doit correspondre l’onde de pompe afin de pouvoir satisfaire la
condition de phase ?
Exercices chap I 49

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE I

Corrigé exercice I-1 1-1) Le waist correspond à la moitié du diamètre donc


w0 = 0,25 mm , la divergence du faisceau est θ0 = λ/(πw0) ≈ 4,83.10−3° , la profondeur de
focalisation est définie par z0 = (π.w02)/λ ≈ 30 m .
1-2) Le diamètre du faisceau dTL = 2.w(zTL) = 2.w0.[1 + (z/z0)2]1/2 ≈ 17 m, le rayon de
courbure est R(zTL) = zTL.[1 + (z0/zTL)2] ≈ zTL = 3,5.108 m .
1-3) L’intensité au centre du faisceau en z = 0 est I0 = P/(π.w02) = 51 mW.cm−2 et à zTL
elle est I(zTL) = I0.[1 + (z/z0)2] = 3,6 10−13 mW.cm−2 . L’intensité d’une source isotrope de
même puissance serait Iisotrope = I0/(4π.wTL2) = 6,5.10−22 mW.cm−2

Corrigé exercice I-2 2-1-a) polarisation rectiligne dans le II et IV quadrant. b) comme a).
c) polarisation elliptique gauche avec axes principaux faisant un angle par rapport à l'axe
Ox, α = 18° correspondant à tg(2 α) = √2/2, . d) polarisation circulaire droite.
2-2) 50% de l’intensité naturelle est perpendiculaire à l’axe de polarisation cette partie
n’est pas transmise, donc 70% de la lumière parallèle à l’axe de polarisation est
transmise par le filtre. En sortie des eux filtres on aura donc 70%.35% = 24,5% de la
lumière naturelle incidente Is = 24,5%.Ii .

Corrigé exercice I-3 3-1) L'intensité résultante en fonction de l'angle d'observation θ


sinNα
2

s'écrit : I(θ) = I0   avec α = (k.a/2) sinθ où a est l'espacement entre les traits, N
 α 
le nombre de traits et k = 2π/λ le vecteur d'onde. Les maxima principaux sont obtenus
pour α = m.π ou aussi a.sinθm = m.λ avec m entier ordre du réseau.
L'espacement est a = 1/(n°lignes par cm) = 10 −3 cm . La lumière rouge émerge à l'ordre
1 avec un angle θ1 = arcsin(λ/a) = 3,43°.
3-2) La longueur d'onde correspondante est 750 nm , l'ordre maximum sera obtenu pour
l'angle θ = 0 ce qui donne mMax ≤ a/λ =1,33 donc mMax = 1 premier ordre.
3-3) La différence en longueur d'onde est δλ = λ1 − λ2 = 5,9 Å. La séparation est définie
quand le pic d'une raie tombe sur le premier zéro de l'autre, il y aura séparation pour
N.δα = π ce qui s’écrit en différentiant 2π.(δλ/λ2).N.a.sinθ = π en remplaçant par
l'équation du réseau au troisième ordre, m = 3 , on obtient N = λ/(2.δλ.m) ≈ 100.
2
ni − nt
Corrigé exercice I-4 4-1) En incidence normale le facteur de réflexion est R = n + n 
 i t
pour l'interface air verre ni = nair = 1 et nt = nverre = 1,5 donne Rair-verre = 4% .
4-2) La réflexion totale s'obtient uniquement pour la réflexion interne, ni > nt l'angle
critique est obtenu pour θc = arcsin(nt/ni) pour l'interface air-verre θc air-verre = 42°.
4-3) L'angle de Brewster est obtenu quand rp = 0 correspondant à la polarisation TM.
rp = 0 correspond à ni cosθt = nt cosθi en combinant avec la loi de Descartes
ni sinθi = nt sinθt on obtient la relation (tgθiB)2 = (nt/ni)2 une autre propriété est
cosθiB = sinθtB pour l'interface air verre on obtient θiB air-verre = 56,31° .

Corrigé exercice I-5 5-1) La condition sur les fréquences s’écrit ω3 = ω2 + ω1 avec ω3
la pulsation de l’onde de pompe. La condition d’accord de phase est k3 = k1 + k2 ce qui
peut aussi s’écrire n3.ω3 = n2.ω2 + n1.ω1 la seule possibilité est que la pompe soit dirigée
suivant l’axe extraordinaire, par exemple pour ne3.ω3 = no2.ω2 + ne1.ω1 .
CHAPITRE II

INTERFERENCES ET FONCTIONS OPTIQUES

1 - TRAITEMENTS PAR COUCHES DIELECTRIQUES


On présente ici des dispositifs sous forme de couches diélectriques permettant d’obtenir
différentes fonctions optiques comme les traitements antireflet ou les filtres optiques.

1.1 - Traitement antireflet mono-couche


Le coefficient de réflexion d’une couche d'épaisseur d déposée sur un substrat est
fonction des indices des différentes parties, n0 indice de l'air, nc indice de la couche et
ns indice du substrat. On va considérer uniquement la cas de l'incidence normale
θ0 = θc = θs = 0 , ce qui donne après un peu de calculs le facteur de réflexion Rc :

[nc (n0 − ns) coskd]2 + [(n0ns − nc2) sinkd]2


Rc =
[nc (n0 + ns) coskd]2 + [(n0ns + nc2) sinkd]2

Un cas important et souvent utilisé en pratique est obtenu pour k.d = π/2 qui correspond
à une longueur optique dite quart d’onde nc.d = λ/4 dans ce cas on obtient :
2
n0ns − nc 
2
Rc =   qui s'annule pour : nc2 = n0.ns
n0ns + nc2

Pour obtenir un traitement antiréflet monocouche, à la longueur d'onde λ , il faut vérifier


la condition sur l'épaisseur et sur l'indice nc.d = λ/4 et nc2 = n0.ns la valeur de l'indice
doit être comprise entre n0 et ns. Ces traitements sont efficaces sur une plage de
longueur d'onde donnée ∆λ et ceci à cause de la condition sur l'épaisseur.

traitement monocouche pour l'interface air-verre en MgF2


Pour l’interface air-verre les indices sont n0 = 1 et nverre = ns = 1,5 , pour obtenir un
traitement antiréflet parfait, R = 0% , il faut disposer d'un matériau d'indice nc = 1,22 .
En pratique le matériau qui se rapproche le plus est MgF2 qui possède un indice
nc = 1,38 , il s'agit de l'indice le plus bas trouvé dans un matériau solide. Une couche
quart d'onde en MgF2 posé sur du verre permet de réduire le facteur de réflexion de 4%
à 1,23% en incidence normale. Ceci est utilisé dans les objectifs des caméras.

air/MgF2/verre air/Al2O3/verre
R(%)
10
2

5
1

0 0
350 550 750 λ(nm) 350 550 750 λ(nm)
facteurs de réflexion pour des traitements monocouche λ/4
Traitements par couches diélectriques 51

1.2 - Traitements multicouches


En utilisant des systèmes à multicouches diélectriques il est possible de réaliser des
filtres optiques en choisissant des combinaisons de matériaux appropriés. On rajoute une
couche supplémentaire. La première couche d'épaisseur L possède un indice nL et la
deuxième d'épaisseur H un indice nH . Le facteur de réflexion pour deux couches quart
d'onde de ce type s’exprime :
2 2
n0nH − nsnL 
2 2
RHL =   qui s'annule pour nH = ns
n0nH2 + nsnL2  nL  n0

Si on considère l'indice de l'air n0 = 1 il il faut que nH > nL afin de vérifier la relation


précédente. Une paire de couches H-L déposée sur du verre dindice ns = 1,5 , doit
vérifier nH/nL = 1,23 . Une combinaison de matériaux qui s’approchent de cette valeur
sont ZrO2 avec nH = 2 , et l'alumine Al2O3 , nL = 1,62 .
Pour un système à trois couches quart d'onde on obtient un facteur de réflexion nul pour :

n2.n4
= n0ns
n3

On peut réaliser des miroirs sélectifs en λ , des pouvoirs de réflexion très élevés peuvent
être obtenus avec des couches d’épaisseur optique λ/4 , nL.L = λ/4 et nH.H = λ/4 . Les
ondes réfléchies aux interfaces H-L , qui sont en réflexion interne, auront des signes
opposés à ceux des interfaces L-H , qui sont en réflexion externe, celles-ci seront
remises en phase avec les premières par la différence de marche de l'aller-retour dans
une couche. Pour un système à N couches le coefficient de réflexion sera donné par :
N−1
1 − pN
pN =  n 
nH nH
rN = 1+p avec
N  L ns

D’après cette formule on voit bien que le module tend vers 1 quand N augmente.
En répétant les paires de couches H-L on obtient des filtres plus efficaces avec une
réjection plus forte. Ce fonctionnement s'apparente au fonctionnement des structures par
interférence à ondes multiples comme les interféromètres de Fabry-Pérot.

Ces dispositifs sont très utilisés pour réaliser les miroirs des cavités lasers.
Pour trouver la réponse spectrale d'un tel système on peut utiliser le formalisme de Bragg
comme on le verra au prochain paragraphe.

n0 Rmc
Rc paire de
couches nH
n0 nL
couche H-L
d'épaisseur d n
c
H
ns L
substrat
ns

traitement monocouche
traitement multicouche
52 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

2 - RESEAUX DE BRAGG
Plusieurs composants modernes utilisent les réseaux de Bragg, on peut citer les lasers à
semiconducteurs DFB , Distributed Feedback , et DBR , Distributed Bragg Reflector et
les fibres optiques avec réseau de Bragg photo-inscrit FBG , Fiber Bragg Grating .

La méthode de calcul de la fonction de transfert optique de ce genre de dispositif peut


s'appliquer aussi aux systèmes de couches H-L vus précédemment. Il s'agit de
considérer la propagation d'une onde électromagnétique optique à travers un milieu
constitué par une variation périodique de l'indice. La réflexion de Bragg se rencontre
aussi dans les réseaux de diffraction, un exemple de réseau de diffraction par
transmission a été illustré au chapitre I lors du calcul de la transformée d'une structure
périodique, dans ce cas on utilise principalement les propriétés de dispersion spatiale
donnant lieu à l'équation des réseaux k.d.sin(θ/2) = m.π ou 2d sinθ = m.λ , où d est le
pas du réseau, période spatiale, et m son ordre.

Les réseaux de Bragg traités ici correspondent à une incidence rasante le long du réseau
pour un angle θ = 90°. Dans le cas d'un réseau de pas Λ milieu d'indice moyen n
l'équation du réseau qui constitue la condition de Bragg est :

2.n.Λ = m.λB

λB est appelée longueur d’onde de Bragg .


x
B
A
Λ
n2

n1

z=0 L z=L z

principe d'un réseau de Bragg d'indice

2.1 - Equations des ondes couplées


La présence du réseau produira deux ondes d’amplitude A et B se propageant en sens
contraire le long du réseau. Le réseau provoque un couplage entre ces deux ondes.
On va écrire les équations régissant le comportement de l'onde électromagnétique dans
un milieu avec une perturbation périodique de l'indice. L'indice est pris sous la forme d’un
nombre complexe de façon à pouvoir tenir compte d’absorptions et de gains éventuels.
On considère deux ondes, propagative et contra-propagative, selon la direction Oz.

EΑ(x,y,z) = A(z).eA(x,y).exp[j(ωt − β z)] et EΒ(x,y,z) = B(z).eΒ(x,y). exp[j(ωt + β z)]

Le calcul peut se montrer à partir des équations de Maxwell en incluant le vecteur densité
de polarisation Π vu au chapitre I. L'équation de Maxwell dans un milieu diélectrique
isotrope et homogène s'écrit :

1 ∂2E ∂2Π
∆E − v2 2 = µ0 2
∂t ∂t
Réseaux de Bragg 53

Il s'agit de déterminer les amplitudes A(z) et B(z) en tenant compte des conditions aux
limites. La différence d'indice ∆n périodique en z , constitue une perturbation de densité
de polarisation Π = ε0.∆n2.E . Lors du couplage dans le réseau, une onde constitue une
perturbation par l’intermédiaire de la polarisabilité du milieu. Ceci permet d’écrire les
équations de propagation en tenant compte de la perturbation :

 ∆EA + kA2.EA = ∆n2.k02.EB pour l'onde propagative



 ∆EB + kB .EB = ∆n
2 2
.k02.EA pour l'onde contra-propagative

avec k02 = ε0µ0ω2 . Pour les champs E(x,y,z) les fonctions e(x,y) et exp[j(ωt − β z)] ne
sont pas affectées par la perturbation, et vérifient l'équation de propagation sans
perturbation. En considérant uniquement les variations en z , l'équation faisant intervenir
l’amplitude A(z) s'écrit :

∂2A ∂A ∂
2 eA exp[j(ωt − β z)] + 2 {e exp[j(ωt − β z)]} = ∆n2 k02 B eB exp[j(ωt + β z)]
∂z ∂z ∂z A

En utilisant l'approximation des lentes variations, les amplitudes A(z) et B(z) varient
lentement en fonction de z par rapport aux termes exponentiels du type ej(ωt − βz) qui
possèdent des variations comparables à la longueur d'onde optique λ . Autrement dit les
amplitudes peuvent être considérés presque constantes à l'échelle de la longueur
d'onde :
∂A ∂ ∂2A
{eA(x,y) exp[j(ωt − β z)]} >> e (x,y) exp[j(ωt − β z)]
∂z ∂z ∂z2 A

L'équation approchée∗ devient alors :

∂A
{−j2β eA exp[j(ωt − β z)]} = ∆n2 k02 B eB exp[j(ωt + β z)]
∂z

on multiplie par eA les deux membres et on fait l'intégrale sur x . Dans notre cas la
perturbation ∆n(x,z) varie seulement en fonction de la variable x et z donc on effectue
pas l'intégration sur la variable y . L'équation devient :

∂A  ω +∞
2

exp(−jβ z) = j 2 ⌠ ∆n2 |e|2dx  B exp(jβ z)
∂z  2c β ⌡ 
 −∞ 

+∞
où l'on a utilisé : ⌠ |e|2dx = 1 et eB = eA*

−∞

∆n(x,z) est une fonction périodique en z de période Λ , et peut donc être décomposée
en une série de Fourier :

∆n2(x,z) = ∆n2(x) ∑ ap exp[j(2pπ/Λ)z]
p = −∞

dans l'équation de l’amplitude A , le seul couplage efficace est celui qui couple en phase


Il s’agit de la méthode des perturbations où l'on ne considère que le termes du premier ordre.
54 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

les deux membres de l'équation, ce qui correspond à la condition :


βB = avec m entier positif
Λ

En résumé près de la longueur d'onde imposée par le réseau de Bragg, l'interaction


dominante est la réflexion d'une onde d'amplitude A(z) qui engendre une onde contra-
propagative B(z) . En définitive on peut réécrire les équations des ondes couplées :

dA dB ∗
= jκ B exp[j(2∆β z)] et dz = −jκ A exp[−j(2∆β z)]
dz
avec:
ω2 +∞ 2 mπ
κ = − 2 ⌠ ∆n (x)am |e|2dx et ∆β = β − = β − βB
2c β ⌡ Λ
−∞

κ est appelé le coefficient de couplage du réseau et ∆β la déviation ou detuning . Pour


une perturbation d'indice ∆n(z) harmonique, on peut exprimer le carré de l'indice afin de
calculer le coefficient de couplage :

[n0 + ∆n(z)]2 ≈ n02 + 2n0 ∆n sin(2πz/Λ)

En tenant compte du coefficient du développement en série de Fourier de la fonction


sinus, am=1 = (−j/π) , de la constante de propagation β ≅ ωn0/c = 2πn0/λ et de la
normalisation de l'intégrale, le module du coefficient de couplage devient :

ω2 2n0∆n 2∆n
|κ| = =
2cωn0 π λ

Les équations des ondes couplées peuvent s'appliquer à différentes situations. Ici on est
dans le cas du couplage contra-propagafatif ou par réflexion, dans le cas du couplage co-
propagatif ou par transmission il faudra changer le signe du second membre de la
deuxième équation, on verra ce cas dans les coupleurs à guides optiques au chapitre VII.
En multipliant les deux équations par la même amplitude du premier membre on peut
écrire la relation :
d
dz (|A(z)| − |B(z)| ) = 0
2 2

Cette relation correspond en fait à la conservation de la puissance électromagnétique


totale dans les deux modes de propagation.
En regroupant les deux équations couplées on obtient une équation fonction d'une seule
amplitude A ou B :
d2(A,B) d(A,B)
dz2 ± (−j2∆β) dz − |κ| (A,B) = 0
2

Les solutions de ces équations seront de la forme :

A = A1 exp(γA1 z) + A2 exp(γA2 z)

avec γA1,2 = j∆β ± Κ γB1,2 = −j∆ β ± Κ Κ = |κ|2 − ∆β2

Les coefficients des solutions sont obtenues en imposant les conditions aux limites. On
impose l'amplitude de l'onde incidente en z = 0 , A(0) = A0 . Si l'on considère un réseau
Réseaux de Bragg 55

de longueur L , une autre condition est obtenue par l’absence de réflexion en bout de
réseau ce qui donne B(L) = 0 . Les composantes en un point z du réseau sont :

−κ A0
B(z) = sh[Κ(z − L)].exp(−j∆β z)
−∆β.sh(ΚL) + jΚ.ch(ΚL)

A0
A(z) = {∆β.sh[Κ(z − L) + jΚ.ch[Κ(z − L)]}.exp(+j∆β z)
−∆β.sh(ΚL) + jΚ.ch(ΚL)

La dépendance en z est exponentielle à travers les fonctions hyperboliques sh et ch. Il


y aura propagation le long du réseau si le terme Κ est un nombre imaginaire sinon il y
aura atténuation∗ par modes évanescents.
Il n'y aura pas de propagation quand ∆β < |κ| cette condition définit une zone interdite
appelé aussi gap ou stop-band .
facteur de réflexion d'un réseau de Bragg
Une fonction importante des réseaux de Bragg, est celle de réflecteur on utilise le terme
de miroir de Bragg . Il s'agit d'un réflecteur sélectif en longueur d'onde, il réfléchit
uniquement sur un bande spectrale donnée.
Pour un réseau de longueur L et de pas Λ le coefficient de réflexion en entrée est
obtenu par le rapport des amplitudes A et B au point z = 0 .

B(z = 0) −κ sh(L |κ|2 − ∆β2)


r(λ) = A(z = 0) =
−∆β sh(L |κ|2 − ∆β2) + j |κ|2 − ∆β2 ch(L |κ|2 − ∆β2)

∆β = β − βB = 2πneff  − 
1 1 2∆n
avec et |κ| =
λ λB λ

Le facteur de réflexion en intensité est : R(λ) = |r(λ)|2

Si on se place à la longueur d'onde de Bragg λB , avec ∆β = 0 , le facteur de réflexion


s’exprime par :
R(λB) = |r(λB)|2 = |th(|κ|L)|2

Pour un réflecteur on souhaite un facteur de reflexion le plus proche possible de 100%


ce qui implique une forte valeur de |κ|L . La fonction tangente hyperbolique tend vers 1
de manière asymptotique, pour une valeur |κ|L = 3 on atteint déjà un facteur de réflexion
de 99% .

1
facteur de réflexion à la
RB longueur d'onde de
Bragg en fonction du
0,5 coefficient de couplage

0
0 1 2 3 4
κL


On ne considère pas les solutions exponentielles croissantes, qui n'ont pas de sens physique.
56 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

2.2 - Miroir à empilement de couches diélectriques


Les expressions trouvées précédemment peuvent s'appliquer au cas de miroirs
constitués de couches diélectriques de type H et L d'indices nH et nL et d'épaisseurs
optiques d = λB/4 .
Il faut calculer le coefficient κL avec une différence d'indices ∆n = nH − nL et un indice
effectif neff2 = nH2 + nL2 .

La longueur totale de l’empilement est :

L = N (λB/2neff)

où N est le nombre de motifs H-L ce qui donne :

2∆n 2∆n N λB N (nH − nL)


κL = L = ≈
λ λ 2neff nH2 + nL2

La bande passante du miroir correspond au stop-band défini plus haut ∆β = |κ| qui
constitue la bande passante de filtrage optique. La sélectivité du filtre augmente pour des
valeurs croissantes de κL , c'est à dire pour un grand nombre de couches N . On
remarque aussi les oscillations autour de la bande passante.

1
facteur de N = 20
reflexion R(λ)
N = 10

0,5

N=3

0
700 750 800 850 900 950 1000
longueur d’onde λ(nm)

facteur de réflexion d'un empilement de N paires de couches


H(GaAlAs)-L(AlAs) avec nH = 3,5 et nL = 3

2.3 - Composants utilisant les réseaux de Bragg inscrits

fibre optique à réseau de Bragg


La fibre optique avec réseau de Bragg photo-inscrit , FBG Fiber Bragg Grating est un
composant de plus en plus répandu que ça soit dans le domaine des télécommunications
Réseaux de Bragg 57

ou dans celui des capteurs. Le réseau de Bragg est réalisé par holographie en inscrivant
un motif d'interférence à deux ondes à l’aide d’un laser UV de type Excimère ou à Argon.

réflecteurs de Bragg dans les lasers à rétroaction distribuée DFB et DBR


Le réflecteur est inscrit dans une des couches du semiconducteur du laser. Dans les
lasers DFB , Distributed Feed-Back, il est situé au niveau de la couche active d'émission.
Dans les lasers DBR , Distributed Bragg Reflector, le réseau est à l'extérieur. L'émission
se fait par les facettes latérales

réflecteurs de Bragg dans les lasers à émission par la surface VCSEL


Ce type de miroir est utilisé dans les lasers à semi-conducteurs à émission par la surface
VCSEL Vertical Cavity Surface Emitting Lasers. Dans ce cas on voit qu'il faut au moins 10
empilements pour obtenir un facteur de réflexion proche de 1.
Ici les miroirs sont empilés de part et d'autre de la couche active d'émission. Ce sont des
miroirs à empilement de couches diélectriques de type H-L. L'émission se fait par le
surface. *

fibre optique de Bragg

réflecteurs
de Bragg
laser à semiconducteur DBR

laser à semiconducteur DFB

laser à semiconducteur VCSEL

*
Le fonctionnement des fibres de Bragg sera décrit au chapitre VII et celui des lasers DFB, DBR et
VCSEL au chapitre V sera décrit ultérieurement au chapitre V.
58 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

3 - INTERFEROMETRES ET RESONATEURS OPTIQUES

3.1 - Cohérence
La cohérence est une notion assez peu précise qui caractérise le rayonnement. Un laser
émet un rayonnement cohérent alors qu'une lampe à incandescence émet une lumière
incohérente. On peut distinguer différentes types de cohérence :

- la cohérence spatiale concernant l'étendue spatiale des ondes issues d'une même
source et leur corrélation dans des régions d'espace différentes. Cette quantité est à
associer à la divergence du faisceau dans les lasers.
- le degré de polarisation , le signal est cohérent au point de vue de la polarisation si la
direction de polarisation se maintient pendant le temps de cohérence tc .
- la cohérence temporelle , qui donne le caractère monochromatique de l'onde. La
lumière peut être représenté par des trains d'onde décorrélés en phase. La longueur
moyenne du train d'onde Lc est appelée la longueur de cohérence qui est liée au
temps de cohérence par tc = (Lc/c) où c est la vitesse de la lumière. Le temps de
cohérence est lié à la largeur spectrale ∆ν , les deux quantités sont conjugués par
l'opération de transformation de Fourier ∆ν α 1/tc .

λ = c.T Lc = c.tc

c.t

trains d'ondes décorrélés en phase avec une longueur de cohérence Lc

La cohérence du champ électrique de l’onde s’exprime à l’aide d’un terme de phase


aléatoire φ(t) :
E(t) = E0.exp[jω0t + jφ(t)]

La fonction d’autocorrélation C(τ) fonction du retard τ , où < > est la moyenne


statistique, est :

C(τ) = <E(t).E*(t – τ)> = |E0|2 <exp[jφ(t) − jφ(t − τ)]> exp(−jω0τ)

élargissement homogène
Dans le cas où la différence des fluctuations de phase instantanées φ est une variable
aléatoire gaussienne on peut écrire :

2<[jφ(t) − jφ(t − τ)]> = <[φ (t) − φ*(t − τ)]2> = Dφ |τ|

où Dφ est le coefficient de diffusion de phase, la fonction d'auto-corrélation devient :

Dφ |τ|  |τ|
CL(τ) = |E0|2 exp− 2 .exp(−jω0τ) = |E0| exp− tc  exp(−j2πν0τ)
2

où tc = Dφ/2 est le temps de cohérence de l'onde et la pulsation centrale ω0 = 2πν0 .


Interféromètres et résonateurs optiques 59

En prenant la transformée de Fourier de la fonction d’autocorrélation on obtient le


spectre. Il s’agit ici d'un élargissement homogène ce qui est le cas des bons lasers.

L(ν) = ⌠  |τ| 2/tc


⌡ exp(j2πv0τ) exp− tc  exp(−j2πvτ) dτ = (1/ tc)2 + 4π2(ν − v0)2

−∞

On obtient un spectre de type Lorentzien et la largeur spectrale définie à mi hauteur du


maximum, en anglais, FWHM Full-Width at Half-Maximum vaut ∆v1/2 = 1/πtc .

1 1

1/e 2tc
∆ν1/2 = 1/πtc
0 0,5

−1 0
0,1 0,5 1 0,9 1 1,1
temps τ (10 −12
sec) fréquence ν (10 Hz)
14

autocorrélation de l'onde à décroissance exponentielle et spectre Lorentzien

élargissement inhomogène
Dans ce cas on est en présence d’une fonction d'auto-corrélation gaussienne, de temps
de cohérence tc , défini à 1/e, en prenant sa transformée de Fourier on obtient :

1 τ2
∞ exp(j2πv0τ) exp− 2 exp(−j2πντ) dτ = exp(j2πv0τ) exp
(ν − v0)2
G(ν) =  −

2π ⌡−∞  tc   2σν2 

On obtient un spectre gaussien avec un écart type en fréquence σν2 = 1/(2π2tc2) et dont
la largeur spectrale à mi hauteur ∆v1/2 vaut :

2 Log2 0,53
∆v1/2 = 2 2Log2.σν = ≈ t
πtc c

1 1
∆ν1/2= 0,53/tc
2 tc
1/e

0 0,5

−1 0
0,1 0,5 1 0,9 1 1,1

temps τ (10−12 sec) fréquence ν (1014 Hz)

autocorrélation et spectre gaussienn


60 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

3.2 - Interférences à deux ondes

fonction d’interférence à deux ondes


Si l'on considère deux ondes de polarisation rectiligne émises par deux sources
cohérentes, les champs électriques respectifs peuvent s'exprimer par :

E1(r,t) = E01(r,t) cos(k1 r − ωt + ε1) et E2(r,t ) = E02(r,t) cos(k2 r - ωt + ε2)

L'intensité de l'onde est définie par I = εv <E2> , en W.m−2 , les moyennes sont :

1 +Τ
<E1(t +τ)E*2(t)> = limT→∞ 2T ⌠
⌡ E1(t +τ)E 2(t) dt
*
−T

où < > représente la moyenne temporelle, les intensités résultantes sont :

I = I1 + I2 + I12 avec I1 = εv <E12> , I2 = εv <E22> et I12 = 2εv <E1 E2>

εv εv εv
avec I1 = 2 E012 et I2 = 2 E022 et le terme d'interférence I12 = 2 E01 E02 cosδ

et la différence de phase δ = k1r − k2r − ε1 + ε2

- Dans le cas de la polarisation croisé pour E01 perpendiculaire à E02 il n'y a pas
d'interférences donc I12 = 0 .
- Si E01 est parallèle à E02 alors : I12 = (1/2) E01 E02 cosδ

- Si les amplitudes sont les mêmes E01 = E02 on aura I1 = I2 = I0 et l'intensité totale :

I = 2I0 (1 + cosδ) = 4I0 cos2(δ/2).

Les maximums d'interférence sont obtenus pour δ = 2πm


répartition spatiale de l'intensité.
L’intensité résultante en fonction de la distance d12 = |r1 – r2| entre les deux sources S1
et S2 s’exprime par :

I = 4I0 cos2[(k.d12)/2] et d12 = (2πm)/k les maximums d'interférence

P
r1
r2 hyperboloïdes de
révolution, lieu des
S1 S2 maxima d’interférence

m = +2
m = −1 m = +1
m=0
Interféromètres et résonateurs optiques 61

L’équation ci dessus définit des familles de surfaces qui constituent des hyperboloïdes
de révolution qui donnent la répartition des interférences. Les franges d'interférence sont
l'ensemble des maximums, les franges brillantes, et des minimums, les franges obscures.

3.3 - Interféromètres à deux ondes

fonction d’interférence et visibilité

1
intensité V=1
relative V = 0,5
V = 0,2

0,5

déphasage δ
0 360°
0° 720°

fonction d’interférence à deux ondes avec facteur de visibilité V

On définit le facteur de visibilité V ou contraste pour les interférences à deux ondes


comme le rapport :

Imax − Imin
I = 2I0 [1 + V.cos(δ)] avec V = I +I
max min

Le facteur de visibilité varie de 0 à 1 suivant le degré de cohérence des deux ondes


entre elles V = 1 correspond à la cohérence totale et V = 0 à une cohérence nulle.
structures d’interféromètres
- L'interféromètre de Michelson utilise la différence de marche entre deux bras qui
correspond à un retard :

|L2 − L1|
∆t = 2
c

Pour obtenir le phénomène d'interférence il faut que ce retard soit inférieur au temps de
cohérence ∆t < tc , ou de manière équivalente que la différence de marche soit
inférieure à la longueur de cohérence ∆L = 2 |L2 − L1| < c.tc = Lc .
Le déphasage correspondant est δ = (2π/λ) 2 |L2 − L1| . On peut mesurer la longueur de
cohérence ou le temps de cohérence à l’aide d’un interféromètre de Michelson.

L'interféromètre de Mach-Zehnder fonctionne sur le même principe que l'interféromètre


de Michelson en utilisant la différence de trajets, ici les rayons optiques parcourent des
chemins qui ne se recouvrent pas. Cette structure est très utilisés dans les modulateurs
d’intensité optique.
62 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

L1

L2

Michelson Mach-Zehnder

source laser

détecteur lame de
Ω dephsage

miroir lame semi-


transpartente

Sagnac faisceau optique

interféromètres à deux ondes

- L'interféromètre de Sagnac où les ondes optiques parcourent le même trajet mais en


sens opposé, il n'y a pas de différence de marche si le système est au repos, mais si on
place l'interféromètre dans un référentiel en mouvement, accéléré. Alors il apparaît un
déphasage entre les deux ondes, cet instrument est très sensible et est utilisé comme
gyroscope dans les avions, il peut être réalisé aussi à l’aide de fibres optiques.

3.4 - Interféromètre de Fabry-Pérot


L'interféromètre de Fabry-Pérot fait partie d'une famille de dispositifs appelés
résonateurs ou cavités résonantes , ils servent notamment comme cavités pour les
lasers. Le milieu amplificateur laser est placé à l'intérieur d'une cavité de Fabry-Pérot. Les
concepts exposés ici seront utiles pour l'étude ultérieure des lasers au chapitre V.
L'interféromètre de Fabry-Pérot plan est constitué par deux miroirs parallèles
partiellement réfléchissants, de facteur de réflexion R = |r|2 , séparés par un milieu
d'indice n et d'épaisseur d . Dans la plupart des cas quand le dispositif est utilisé
comme appareil de mesure le milieu est l'air ou le vide avec n ≈ 1 . Le rayonnement
incident possède en général un angle d'incidence φ0 . Dans la plupart des cas pratiques,
on se place en incidence normale avec φ0 = 0 .
Les ondes sont réfléchies à l'intérieur du résonateur Fabry-Pérot et une partie du
rayonnement sort du dispositif. L’intensité transmise sera la somme de toutes les ondes
émergentes après réflexion, pour cela il faut déterminer le champ électrique total des
ondes en amplitude et en phase. À chaque aller-retour l'onde subit un déphasage de δ
qui peut être calculé de deux manières différentes :

1) par la différence de marche δL , comme illustré sur la figure suivante :

d cos2φ d 2πn δL 4πn d


δL = AB + BC = + = 2d cosφ et δ = = cosφ
cosφ cosφ λ0 λ0
Interféromètres et résonateurs optiques 63

R1 épaisseur d R2
k facteurs de réflexion
R1 et R2
n

A différence de
B marche
C δL = AB + BC
n0
φ n0 indices de refraction
n0 (extérieur)
φ0 n (intérieur)

interféromètre de Fabry-Pérot

2) par le vecteur d'onde k , le déphasage d’une onde plane entre 0 et d est :

2πn d 4πn d
k.d = cosφ et δ = 2.k.d = cosφ
λ0 λ0

Si l’on considère deux miroirs de même facteur de réflexion R1 = R2 = R = |r|2 et R + T = 1


où T est le facteur de transmission, la somme des champs donne :

Etot = T.E0 + T.R.E0 exp(jδ) + T.R 2E0 exp(j2δ) + T R 3E0 exp(j3δ) +...


1
= T.E0 ∑Rp.exp(jpδ) = T.E0 1 − R.exp(jδ)
p=0

ce qui donne pour l'intensité totale appelée fonction d'Airy :

Itot Etot Etot* = T2 1


= =
I0  0  0
E E (1 − R) + 4R.sin (δ/2)
2 2
1 + [4R / (1 − R)2]sin2(δ/2)

Les modes de résonance sont définis par la condition d'interférence constructive de la


phase δ/2 = mπ ou aussi 2n.d.cosφ = m.λ0 , où m est un nombre entier, qui correspond
au nombre du mode. On retrouve ici la même forme que dans le cas du réseau en effet
on peut voir le phénomène comme une interférence entre ondes provenant d'une infinité
de miroirs espacés de d .

L'intervalle spectral libre est défini comme l'écart en fréquence entre deux modes
successifs et correspond à un écart ∆m = 1 . En tenant compte que la fréquence
ν = c/λ0 :
c ∆νISL λ2 λ2
∆νISL = ou ∆λISL = =
2n.d.cosφ c 2n.d.cosφ

La finesse F est définie à partir de la phase de la moitié de l'intensité maximale :


64 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

1 − R
δ1/2 = 2 arcsin
4R
sin2(δ1/2 /2) = 1 qui donne 
(1 − R)2 2 R 

en général δ1/2 est très petit pour un coefficient de réflexion élevé R ≈ 1 , dans ce cas la
finesse devient :
π π R
F = ≈
δ1/2 1−R

1
R=10% F=1
intensité
relative
R=55% F=5
0,5 m−1 m m+1
R=75% F=10

0
R=95% F=100
0° 360° 720°
déphasage δ

fonctions d’Airy d’un interféromètre de Fabry-Pérot

Dans le cas d’un résonateur où il existe une absorption des miroirs ou une perte d'énergie
à l'intérieur, par exemple due à la divergence des faisceaux ou à la cohérence partielle de
la lumière, on introduit le facteur d'atténuation A tel que T + R + A = 1

Lors d'un éclairement par une source étendue, on observe en sortie de Fabry-Pérot des
franges d'interférences circulaires. Ces franges correspondent à des déphasages
δ = (4πn d/λ) cosφ , l’angle de sortie est φs tel que n sinφ = n sinφs où φ est l’angle
interne. Les franges brillantes correspondent à un déphasage δ = 2mπ .

pouvoir de résolution d'un étalon de Fabry-Pérot


On considère le cas de deux raies d’émission, a et b , de même intensité correspondant
à deux longueurs d'onde différentes λa et λb .
La condition de résonance en incidence normale avec un indice n = 1 , impose
m.λ = 2d . Si on différentie cette condition, à d fixe, on obtient :

m.∆λ + λ.∆m = 0

Le critère choisi pour la séparation des deux raies est celui de la mi-hauteur, c'est à dire
que les raies seront considérées comme séparées si leur écartement donne une
intersection au delà de la mi-hauteur du pic, ceci correspond à un déphasage :

π
∆δ ≈ 2δ1/2 = 4.arcsin 2F ≈ F

 
Interféromètres et résonateurs optiques 65

∆m = 1 correspond à un déphasage de 2π , donc par proportionnalité :

2π ∆m = 1 1
= donc ∆m = F
∆δ ∆m

λ m
ce qui donne pour la résolution : rés = = = F.m
∆λmin ∆m

et la plus petite différence de fréquence résolue sera :

∆λmin c c c ∆νISL
∆νrés = c = = = =
λ 2
Rés.λ F.m.λ 2n.d.F F

ν0 − ∆νISL ν0 ν0 + ∆νISL
1
intensité ν0 − δνres/2 ν0 + δνres/2
relative

0,5

−360° −180° 0° 180° 360°


déphasage δ

pouvoir de résolution d’un interféromètre de Fabry-Pérot

3.5 - Résonateurs à miroirs non plans


L'interféromètre de Fabry-Pérot plan constitue la cavité résonnante la plus simple parce-
que constituée de miroirs plans, et donc d'ondes planes. L'inconvénient de ce type de
résonateur est qu'il est très sensible aux défauts de parallélisme entre miroirs. Des
résonateurs à miroirs sphériques, par exemple, offrent une plus grande stabilité puisqu'ils
permettent de confiner le rayonnement et sont donc beaucoup moins sensibles au
problèmes de désalignement.

matrice "ABCD"
Pour traiter correctement ce type de résonateurs on va utiliser un formalisme matriciel
représenté par la matrice des rayons optiques appelée communément matrice ABCD .
On caractérise le rayon incident par son ordonnée y par rapport à l'axe optique Oz et
par son angle θ avec celui-ci. Le rayon incident est donc représenté par le vecteur
(y,θ ) . En considérant un rayon incident (y1,θ1) et un rayon sortant (y2,θ2) on écrit :

y2 =  A B  y1
θ2  C D  θ1
66 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

Quelques exemples de matrices ABCD pour des éléments optiques simples dans
l'approximation paraxiale des petits angles sinθ ≈ θ sont illustrés ci-après.

θ1
matrice ABCD
y1 θ2
y2
entrée A B sortie
(y1,θ1) C D (y2,θ2) z

réfraction par une réfraction par une


propagation libre interface plane interface sphérique

R
n2 n1 n2
d n1

y2 = y1 + θ 1 d y2 = y1
n1 θ1 ≈ n2 θ2  1 0
θ2 = θ1  A B  =  (n2 − n1) n1 
C D − 
 n2R n2 
 A B = 1 d 1 0 
 A B  =  n1 
C D 0 1 C D 0  R rayon de courbure
 n2 

passage par une réflexion par un réflexion par un


lentille mince miroir plan miroir sphérique

θ2 θ1
f −R

y2 = y1
θ2 = θ1 − y1/f y2 = y1  1 0
θ2 = θ1 A B =  2 
C D  1
f distance focale R 
 A B = 1 0
 1 0 C D  0 1 R < 0 miroir concave
A B =  1  R > 0 miroir convexe
C D − 1
 f 
Interféromètres et résonateurs optiques 67

confinement de rayons
Dans l'approximation paraxiale on peut exprimer la fonction de transfert pour une cavité à
miroirs sphériques, de rayons de courbure R1 et R2 et de séparation d . On peut
ensuite faire une itération, comme dans le cas du Fabry-Pérot plan, pour obtenir la
fonction de transfert globale. Il faut déterminer la matrice totale pour un aller retour dans
la cavité :

 1 0  1 0
ym+1 =  A B  ym avec  A B =  2  1 d  2  1 d
θm+1  C D  θm  C D R 1 0 1 R 1 0 1
 1   2 

La solution de ce système est solution d'une équation aux différences de la forme:

A+D
ym+2 = 2b.ym+1 − F 2.ym avec b = 2 et F 2 = AD − BC = det

qui donne une solution :

ym = yMax sin(mφ + φ0) avec cosφ = b/F

On peut vérifier que la matrice ABCD est unitaire et possède donc un déterminant F = 1
et :
φ = arccos(b) et b = 2 (1 + d/R1).(1 + d/R2) − 1

La solution est harmonique borné, à condition que φ soit réel, ceci est obtenu si |b| ≤ 1 .
On définit alors le paramètre :

g = (1 + d/R)

La condition de stabilité s'écrit alors :

0 ≤ g1.g2 ≤ 1

Aux limites de cette condition le résonateur est dit conditionnellement stable, des défauts
d'alignement peuvent le rendre instable. En dehors le résonateur est instable.

Pour des résonateurs symétriques les miroirs sont identiques avec les mêmes rayons de
courbure R1 = R2 = R et donc g1 = g2 = g .

2d  d
R ≤ 0
ce qui donne la condition : 2 +
R 

ici on obtient la stabilité uniquement avec des miroirs concaves, R < 0 ou à la limite
plans, R → ∞ .

Les cas particuliers correspondent à la cavité Fabry-Pérot plane, à la cavité Fabry-Pérot


confocale, avec R = −d et à la cavité Fabry-Pérot concentrique avec R = −d/2 .

Il faut aussi s’assurer que l’autre condition sur la distance entre les miroirs d doit être
vérifiée en effet elle est borné par :

d ≤ 2 |R|
68 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

résonateur Fabry-Pérot confocal


Dans ce cas l'origine du rayon de courbure de chaque miroir concave est situé au niveau
de l'autre miroir avec R = −d , ce qui donne b = −1 et φ = π et la position du rayon est :

ym = yMax sin(mπ + φ0) = (−1)m y0

donc les rayons reviennent après deux aller-retour à leur position initiale, les rayons sont
confinés quelque soit leur position y et leur angle θ .
Le modèle des rayons utilisé à l’aide de la matrice ABCD ne renseigne pas sur la
distribution spatiale de l'intensité et sur les conditions de résonance.

faisceaux gaussiens dans un résonateur à miroirs sphériques


Le faisceau gaussien, que nous avons traité précédemment, est un mode compatible
avec un résonateur à miroirs sphériques. Si le rayon de courbure du faisceau gaussien
coïncide avec celui du miroir le faisceau réfléchi gardera la même forme au cours des
réflexions successives. Le faisceau pourra donc se maintenir d'une façon stable dans le
cavité.

On suppose que le centre du faisceau est situé en z = 0 et les miroirs en z1 > 0 et


z2 < 0 avec z2 = z1 + d . Les valeurs de z1 et z2 sont déterminés en imposant la
condition sur les rayons de courbure du faisceau gaussien :

R(z1) = R1 et R(z2) = − R2 avec R(z) = z + z02/z

ce qui donne :

−d (R2 + d) −d (R1 + d) (R2 + d) (R2 + R1 + d)


z1 = R + R + 2d z2 = z1 + d z02 = (R2 + R1 + 2d)2
2 1

La largeur du faisceau au niveau des miroirs est :

1+z 
z1,2
w1,2 = w0
 0

La condition z02 > 0 est équivalente à la condition de stabilité vue précédemment, une
valeur imaginaire de z0 signifie que le faisceau n'est pas confiné.

faisceaux gaussiens pour un résonateur symétrique


Dans ce cas R1 = R2 = |R| ce qui donne un faisceau symétrique dans le résonateur la
symétrie z2 = −z1 = d/2 , ce qui signifie que le centre du faisceau coïncide avec le centre
du résonateur.

d |R| λd |R|
z0 = 2 2 d −1 w02 = 2 d −1

λd/π
w 12 = w 22 =
d/|R| [2 − d/|R|]

la condition de confinement devient : 0 ≤ d/|R| ≤ 2


Interféromètres et résonateurs optiques 69

Le cas du résonateur plan R = ∞ donne des valeurs infinies pour w0 et w1 ce qui


correspond au cas de l'onde plane.
Le waist du faisceau w0 s'annule pour d = 2 |R| ce qui donne des valeurs infinies pour
w1 et w2 c’est le cas des ondes sphériques correspondant à la forme du résonateur.

Le minimum des largeurs w1 = w2 = λ d/π est obtenu pour d = |R| qui correspond à :

λ.d
z0 = d/2 w0 = et w1 = w2 = √2w0

Dans ce cas la profondeur de modulation est 2z0 = d correspond à la séparation entre


miroirs.

modes de résonance
La nature ondulatoire des faisceaux entraîne l'existence de modes discrets d'oscillation
du fait de l'interférence en ondes multiples, nous avons déjà traité le problème du Fabry-
Pérot plan précédemment, nous considérons maintenant le cas des faisceaux gaussiens :
La phase du faisceau gaussien est :

ρ2
φ(ρ,z) = kz + k 2R(z) − ξ(z) avec ξ(z) = Arctg(z/z0)

sur l'axe optique : φ(0,z) = k.z − ξ(z)

Quand le faisceau se propage du miroir 1 au miroir 2 le déphasage dévient :

∆φ12 = k (z2 − z1) − [ξ(z2) − ξ(z1)] = k.d − ∆ξ

La condition de résonance est obtenue en écrivant ∆φ12 = 2πm avec m entier, ce qui
donne les fréquences de résonance :
∆ξ
νq = m.νF + ν
π F

où νF est la fréquence de l'intervalle spectral libre νF = c/2d .

modes de Gauss-Hermite
Les modes de Gauss-Hermite sont solutions de l'équation de Helmoltz dans un
résonateur à miroirs sphériques. Ils ont la même forme des fronts d'onde que les
faisceaux gaussiens mais une distribution d'amplitude différente. On écrit :

w0 ρ2
Ul,q(x,y,z) = Al,q Gl[√2x/w(z)] Gq[√2y/w(z)] exp-jkz - jk + j(l + q + 1)ξ(z)
w(z)  2R(z) 

avec :
ρ2 = x2 + y2 et Gl(u) = Hl(u) exp(−u2/2)

où Hl(u) est un polynôme d'Hermite d'ordre l .


La distribution en intensité s'écrit :

Il,q(x,y,z) = |Al,q|2 [w0/w(z)]2 Gl2[√2x/w(z)] Gq2[√2y/w(z)]


70 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

La condition de résonance devient ici :

∆ξ
νm,l,q = m.νF + (l + q + 1) ν
π F

Les modes avec les mêmes nombres (l,q) ont des distributions en intensité identique, ce
sont les modes longitudinaux et axiaux. Les indices (l,q) indiquent la répartition spatiale
de l'intensité en fonction des coordonnées transverses x et y , ils correspondent aux
modes transverses.

intensité des modes dans une cavité à miroirs sphériques

1
Intensité
G0(u)
relative
G1(u)

0.5 G2(u)

0
−4 −2 0 2 4
coordonnée normalisée u

I00 I10 I20 I21

I22 I30 I31 I33

distribution en intensité de modes d'Hermite-Gauss (l,q)


dans un plan transverse
Interféromètres et résonateurs optiques 71

3.6 - Analyseurs de spectre optique


Différentes méthodes peuvent être utilisées pour l’analyse du spectre optique. Les
interféromètres à deux ondes fonctionnent comme des corrélateurs et donnent la fonction
d’autocorrélation en fonction du retard d’une onde par rapport à l’autre. Pour obtenir le
spectre il faut prendre la transformée de Fourier comme nous l’avons vu lors du
traitement de la cohérence. Les analyseurs de Fabry-Pérot donnent directement le
spectre optique.

alimentation à
cale dents de scie
piézo

interféromètre
de Fabry-Pérot
source laser détecteur
∆ν cavité FP
temps
signal
∆ν
1/2

oscilloscope

alimentation à
cale
dents de scie
piézo.
L

interféromètre
temps de Michelson

source laser
tc signal
visibilité
1/2
(L)

détecteur oscilloscope

interféromètre à auto-
dynage Mach-Zehnder
contrôle de
commande I
polarisation
coupleur
détecteur
L1
émetteur
lentille Isolateur

fibre optique
L2 >> L1

analyseur de spectre RF
72 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

4 - FONCTIONS DE POLARISATION

4.1 - Polariseurs
Les polariseurs sont des dispositifs de différente nature permettant de rendre un
rayonnement incident polarisé en sortie. Parmi les dispositifs on a les films polarisants
synthétiques Polaroids, les lames d'épaisseur, les fenêtres de Brewster et des dispositifs
utilisant des fibres optiques.
Dans le cas où l’on utilise un polariseur rectiligne pour mesurer un rayonnement incident
polarisé, obtenu par exemple à l'aide d'un premier polariseur rectiligne, on parle
d'analyseur. En sortie l'intensité résultante sera fonction de l'angle θ entre l'analyseur et
la polarisation incidente :

I(θ) = I0 cos2θ Loi de Malus

E0 E1 E2 E3

θa

θp

polariseur lame analyseur

analyse de l'état de polarisation par polariseur et analyseur

4.2 - Biréfringence
Dans les matériaux biréfringents, la lumière se propage avec une vitesse différente
suivant l'orientation du champ électrique E par rapport aux axes du dispositif, en général
il s'agit d'un cristal. Dans les cas des cristaux uniaxes , l'axe principal, appelé axe
ordinaire , est parallèle à la troisième composante et le tenseur diélectrique {εij} possède
uniquement des éléments diagonaux :

ε11 = ε22 ≠ ε33

ce qui permet de définir les indices principaux avec ne > no :

ε11 ε22 ε33


no2 = = et ne2 =
ε0 ε0 ε0

ces relations montrent que l'indice de réfraction global n change suivant la direction du
champ électrique et donc la vitesse de la lumière dans le dispositif v = c/n change
suivant la direction. L’axe ordinaire Or est l'axe de propagation rapide et l’axe
extraordinaire Ex est l'axe de propagation lent. Si l'axe de propagation Oz fait un angle θ
avec l'axe principal Or , l'indice de réfraction extraordinaire ne(θ) associé à la
composante du champ E , perpendiculaire à Oz , vérifie la relation :

1 cos2θ sin2θ
2 = +
ne(θ)
2
no ne2
Fonctions de polarisation 73

x Ex , ne(θ)
Or
ne ne(θ) no E
θ
k

O axe de propagation Oz

Ey , no

indices ordinaire no et extraordinaire ne

la composante sera choisie ici parallèle à Ox , nx = ne(θ) , l'autre composante, suivant


Oy , aura un indice associé ny = no Pour θ = 0 on aura nx = no et pour θ = 90 on aura
nx = ne L'équation précédente représente une ellipse et constitue une projection de
l'ellipsoïde des indices.

lames d'épaisseur
Des dispositifs appelés lames d'épaisseur réalisés avec des matériaux biréfringents
peuvent être utilisés pour changer l'état de polarisation. Si un rayonnement polarisé
rectiligne arrive à l’entrée d’une lame d'épaisseur e , en z = 0 , d'un matériau biréfringent,
les champs projetés sur les axes principaux à la sortie de la lame en z = e seront :

Ex(z = e) = E0x cos[ω(t − nee/c)] et Ey(z = e) = E0y cos[ω(t − noe/c)]

le déphasage entre les deux composantes à la sortie du dispositif est :

δ = (nex − noy)e (ω/c) = kLopt = (2π/λ)Lopt avec Lopt = (nex − noy)e

où Lopt est la longueur optique de la lame .


Pour une direction de polarisation rectiligne en entrée à 45° des axes principaux,
E0x = E0y(θ = 45°), on obtient une polarisation circulaire pour Lopt = λ/4 lame quart
d’onde et rectiligne pour Lopt = λ/2 lame demi onde .

O
entréé sortie

effets sur la
Oy polarisation des
E λ/4 λ/2 lames
quart d'onde λ/4
Ox et demi-onde λ/2

λ/4 λ/2
74 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

4.3 - Notation matricielle de la polarisation, matrices de Jones


Le champ électrique peut se décomposer sur deux composantes orthogonales. On peut
utiliser le formalisme matriciel pour effectuer les calculs lors du passage à travers
polariseurs et lames, on appelle cette procédure le calcul de Jones.
Pour un champ E d'amplitude E0 le vecteur de Jones J s'écrira :

J = J 
Jx
E = E0 J où
y

si ce champ est polarisé rectiligne et fait un angle θ avec l'axe Ox alors le vecteur:

Jx = cosθ
Jy  sinθ 

pour des champs polarisés rectilignes verticaux et horizontaux :

0 rectiligne verticale Oy 1 rectiligne horizontale Ox


1 0

Pour des polariseurs linéaires suivant Ox et Oy les matrices de Jones sont :

Px =  0 0  Py =  0 1 
10 00
et

Pour des polarisations circulaires on aura respectivement :

 1  circulaire gauche 1 circulaire droite


−j j

On voit que ces derniers états de polarisation peuvent être obtenus par combinaison
linéaire des polarisations rectilignes. Pour des lames avec les axes principaux dirigés
suivant Ox , axe ordinaire, et Oy , axe extraordinaire, en tenant compte que le
déphasage total est constitué par la somme des déphasages sur les deux composantes,
π pour la lame λ/2 et π/2 pour la lame λ/4 , les matrices pourront s'écrire :

e−jπ 0  e−jπ/2 0 
lame λ/2 Lλ/2 =  et lame λ/4 Lλ/4 = 
0 1 0 1

Pour une lame de déphasage quelconque :

δ = (nex − noy)e (ω /c) = kLopt = (2π/λ)Lopt

on obtient :
e−jδ 0 
Lδ = 
0 1

Pour une orientation quelconque par rapport aux axes d’un angle ψ il faut appliquer des
matrices de rotation :
cosψ sinψ 
R(ψ) = 
 −sinψ cosψ 
Fonctions de polarisation 75

Les matrices associées aux lames et les matrices de rotation sont des matrices unitaires.
Ainsi pour calculer l'état de polarisation en sortie d'un ensemble de dispositifs il suffit de
multiplier les matrices correspondantes entre elles. Par exemple pour calculer la
polarisation en sortie d'une lame λ/4 placé à 45° entre polariseurs croisés on écri ra :

Jxs = P R(−45°) L R(45°) P Jxe


λ/4
Jys y x
Jye

L'intensité relative est obtenue en prenant le module au carré : I = J.J* = Jx2 + Jy2

La fonction de transmission du dispositif Tpol sera alors donnée par :

Js Js* Jxs2 + Jys2


Tpol = = J 2+J 2
Je Je* xe ye

4.4 - Isolateurs optiques


Un isolateur optique est un dispositif non-réciproque, son effet n’est pas le même suivant
la direction d’incidence de la lumière. Il est constitué d’un matériau spécifique possédant
l’effet Faraday entre deux polariseurs linéaires.
Comme vu précédemment on peut décomposer un état de polarisation suivant deux états
polarisés rectilignes orthogonaux, suivant Ox et Oy . De manière équivalente on peut
décomposer ce même état de polarisation suivant deux états de polarisation circulaires
gauche et droite. Lors de l’application d’un champ magnétique, à cause de l’effet
Faraday, on obtient un indice différent ∆nF suivant que la polarisation est circulaire droite
ou gauche. Le déphasage correspondant circulaire pour une épaisseur du dispositif e
s’exprime en fonction de la différence dindice ∆nF :

ω ω
2δF(e) = c ∆nF e = c (ng − nd)e

Lors du passage à travers le dispositif, l’état de polarisation peut s’exprimer en utilisant la


notation matricielle∗ :
Jg(e) exp[jδF(e)]  Jg(0)
J (e) = 
0
 d  0 exp[−jδF(e)]  Jd(0)

En projetant sur les composantes Ox et Oy on obtient en utilisant les matrices de


transformation :
Jx Jg
avec TRectCirc = 
1 1
J  = TRectCirc J  −j j 
 y  d
qui donne :
Jx(e) exp[jδF(e)] −1  g
J (0)
J (e) = TRectCirc  T
0
δ  J (0) =
 g  0 exp[−j F(e)] RectCirc
 d 

cosδF(e) −sinδF(e)  Jg(0) Jg(0)


=    = R[− δF(e)]  
 sinδF(e) cosδF(e)  Jd(0) Jd(0)

∗ On attribue un déphasage de même module et de signe opposé aux deux composantes égal à la
moitié du déphasage global du dispositif, cette formulation est plus symétrique. On peut multiplier
une matrice unitaire par n'importe quel terme de phase sans changer l’état global.
76 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

Ceci montre que l’effet Faraday faite tourner la polarisation d’un angle −δF(e) . Si on
change le sens de propagation le déphasage devient δF(−e) = − δF(e) qui change le
signe de l’angle par rapport à la direction de propagation changée de sens. Pour un
observateur fixe ceci correspond au même angle de rotation.
Si l’on considère le système complet avec des polariseurs placés à 45° l’un par rapport à
l’autre on pourra permettre le passage de la lumière dans un sens et bloquer celle dans le
sens opposé, le polariseur bloquera la lumière.

polariseur polariseur
rectiligne 0° δF = 45° rectiligne à 45°
sens 0°
passant
YIG
z
90° 45°

sens
bloqué
champ magnétique B

isolateur de Faraday avec polariseurs rectilignes

Typiquement le matériau utilisés dans ces dispositifs est le Y3Fe5O12 YIG , Yttrium-Iron
Garnet . Ces dispositifs son largement utilisés en transmissions par fibre optique couplés
avec les sources optiques laser à semiconducteurs pour éviter la rétroaction optique,
causée par les réflexions, dues aux interfaces entre le laser et la fibre optique. Ce
phénomène est très gênant au niveau de la stabilité du laser. On les utilise aussi dans les
amplificateurs optiques.
On appelle isolation exprimée en dB le rapport entre la puissance incidente et la fraction
de puissance retrodiffusé :
Aisol = 10 log10P 
Pinc
 retro

Dans les isolateurs commerciaux on atteint typiquement des niveaux compris entre
40 dB et 70 dB .

Dans les isolateurs communément utilisés pour les fibres optiques on rencontre des
isolateurs basés sur un principe différent au lieu des polariseurs linéaires on utilise des
cristaux biréfringents qui permettent de dévier les faisceaux d'une manière différente
suivant le sens de propagation.
En général on cascade deux isolateurs, dual stage , afin d’atteindre des isolations de
l'ordre de 55 dB .
rotateur de
lame 1 Faraday lame 2
isolateur optique
utilisant deux lames
Ex biréfringentes et un
Ex
Or rotateur de Faraday

Or
Oz
Dispositifs électro-optiques 77

5 - DISPOSITIFS ELECTRO-OPTIQUES

5.1 - Effets électro-ptiques


Dans les matériaux électro-optiques l'indice de réfraction dépend du champ électrique E .
On appellera n l'indice linéaire et n(E) l'indice total :

χNL χ(3)
n(E) = n 1 + 2n2  = n + n E + 2 n E2 + ...
d
 

ε0 1
L'imperméabilité électrique est définie par : η = = n2
ε

et habituellement on exprime ses variations par :

χ(3) 2
δ(η) = (∂η/∂n) δn = − n3  E + ... = rPE + ξK E2
2 d
E+2
 ε0n ε0n 

rP est le coefficient Pockels et ξK le coefficient Kerr.

effet Pockels
Il s'agit de la variation linéaire de l'indice en fonction du champ électrique

1
n(E) = n − 2 rP.n3E

exemple : rP de l’ordre de 10−12 m.V−1 à 10−10 m.V−1 ce qui donne pour E = 106 V une
variation δn de 10−6 à 10−4 pour les matériaux KDP , KH2PO4 et LiNbO3 .

effet Kerr
Il s'agit de l'effet quadratique en fonction du champ électrique. Cet effet nécessite
l'application de champs élevés. L’indice correspondant s’ecrit :

1
n(E) = n − ξ n3E2
2 K

exemple : ξK de l’ordre de 10−18 m2V−2 à 10−14 m2V−2 pour les cristaux et de


−22 2 −2
10 m V à 10−19 m2V−2 pour les liquides, par exemple le Nitrobenzène . Cet effet
existe aussi dans les fibres optiques en silice comme on le verra au chapitre VII.

modulateurs de phase
Le déphasage introduit par des dispositifs possédant un indice non linéaire s'exprime par :

L
φ = n(E).k0L = 2π.n(E) où L est la longueur du dispositif.
λ0

Dans le cas de l'effet Pockels le changement de phase s'exprime par :


78 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

πrPn3E.L V
φ = φ0 − = φ0 − π
λ0 Vπ

où V est la tension appliquée exprimée par V = E.d , d est la distance sur laquelle
s'applique le champ électrique :

λ0 d
Vπ = est appelé la tension demi-onde.
L.rPn3

Les tensions V peuvent être appliquées transversalement ou le long de la direction de


propagation avec d = L.
exemple : Vπ de l’ordre de 1 kV pour un champ longitudinal et 100 V pour un champ
transversal.

Les tensions peuvent être modulées en fonction du temps, un facteur important est la
bande passante de modulation ou de commutation. Si l'on applique un champ sur un
élément de longueur L le temps de parcours de la lumière est Tparc = Ln/c , la bande
passante sera toujours inférieure ∆f < 1/Tparc , dans ce cas typiquement ∆fmax < 100MHz .
Une solution pour augmenter la bande passante consiste à appliquer le champ
transversalement dans la même direction que la direction de propagation sur un élément
type ligne de transmission de façon que le champ électrique appliqué Emod et la lumière
se propagent à la même vitesse dans ce cas on aura ∆fmax < GHz on parle alors d’un
modulateur à ondes progressives.
Les techniques de fabrication de l’optique intégrée permettent la réalisation de
modulateurs de très faibles dimensions. Les guides sont fabriquées sur un substrat de
matériau électro-optique, par exemple LiNbO3 , par diffusion d'un dopant afin
d'augmenter l'indice.
Le diamètre du guide d est très inférieur à la longueur où est appliqué le champ L de
façon à obtenir des valeurs de Vπ de l'ordre du Volt et des bandes passantes
∆f ≈ 100 GHz .

onde incidente
V(t)

modulateur
de phase onde modulée

onde incidente
V(t)

modulateur 0
d’intensité
onde modulée
structure Mach-
Zehnder
Dispositifs électro-optiques 79

modulateurs d'intensité électro-optiques


Des modulateurs d'intensité sont obtenus par le principe de la conversion de la phase en
intensité à l'aide de systèmes interférométriques à deux ondes. La structure la plus
utilisée est celle de l’interféromètre de Mach-Zehnder. L'intensité à la sortie d'un
interféromètre à deux ondes en fonction du dépahasage δ et de l’intensité incidente Ii
s'écrit :

1
Imod = I (1 + cosδ) = Ii cos2(δ/2)
2 i

Et le coefficient de transmission devient :

φ0 πV 
= cos2(δ/2) = cos2 −
Imod
T(V) = 
Ii  2 2Vπ

Pour obtenir une caractéristique linéaire on peut jouer sur φ0 ou V :


Autour de V ≈ Vπ et φ0 = 2pπ ou V ≈ 0 et φ0 = π/2 on obtient :

πV  π  πV 
T(V) = 2 1 + cos 
1 1 
 ≈ 2 1 + 2 1 − 2V 
  π
2V   π

Les modulateurs d’intensité peuvent être réalisés en optique intégré en utilisant des
coupleurs Y.
Des modulateurs d'intensité sont aussi obtenus en utilisant la biréfringence. En utilisant
deux polariseurs croisés à l'entrée et à la sortie du dispositif, placés à 45° des axes
principaux. La fraction de l'intensité transmise sera :

φ0 πV 
T(V) = sin2 2 −
 2Vπ

Le rapport TMax/Tmin est appelé taux d'extinction , on peut atteindre des rapports 1:1000 .

T(V)

100%
Vm sin2[(π/2) (V/Vπ)]

intensité transmise
50%

Vπ/2
0% Vπ
tension appliquée V

tension modulée Vm

fonction de transfert d’un modulateur d’intensité électro-optique


80 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

cellule
lumière y Pockels lumière modulée
incidente yp en amplitude
xp

KDP z
x
polariseur polariseur
∆V(t)

modulateur d'intensité électro-optique à l'aide d'une


cellule Pockels et de polariseurs croisés

déflecteurs électro-optiques, scanners


On peut effectuer une déflexion du faisceau en utilisant un cristal non linéaire en forme de
prisme d’angle au sommet α avec un indice de réfraction n qui varie avec la tension
appliqué. L'angle de déflexion θ sera donnée par la relation n sinα = sin(θ + α) , ce qui
pour des petites déflexions devient θ ≈ (n − 1) α . La déflexion ∆θ fonction de la tension
appliquée s’exprime par :

1 V
∆θ = α.∆n = − 2 α.rPn3 d

d
−V

α cristal non-linéaire
déflecteur en forme de
prisme

D θ

+V L

Un effet plus important est obtenu si on cascade plusieurs prismes.


La résolution d'un déflecteur est définie par la comparaison de la déflexion ∆θ à la
divergence angulaire due à la diffraction δθ ≈ λ/D , où D est la diamètre du faisceau. Le
nombre de points résolus devient :

∆θ α.rP.n3.V.d.D
Nres = =
δθ 2λ

Afin d'augmenter la résolution on peut jouer sur le diamètre du faisceau D qui peut
éclairer jusqu’à la totalité du prisme, ce qui donne α ≈ L/D et donc Nres = V/(2Vπ) .
Les déflecteurs sont très utilisés dans les imprimantes, les photocopieuses et les
scanners aussi ou dans les commutateurs optiques.
Dispositifs électro-optiques 81

5.2 - Effets acousto-optiques


Si l'indice de réfraction d'un cristal est modifié de façon périodique on obtient un effet
équivalent à la diffraction par un réseau. L'indice de réfraction peut être modulé par des
ondes acoustiques à l'intérieur d’un cristal, ces ondes acoustiques s’obtiennent par
l'application d'une tension sur un matériau piézo-électrique, par exemple du quartz, en
contact avec le cristal.
Une onde acoustique se caractérise par sa vitesse vs , sa fréquence f et sa longueur
d'onde Λ avec :
Λ = vs/f

Le déplacement de l’onde, à la position x et au temps t devient :

s(x,t) = S0 cos(Ωt − qx) avec Ω = 2πf et q = 2π/Λ

L'intensité acoustique, en W.m−2 , est définie par :

1
Is = 2 ρ vs3 S02

où ρ est la densité de masse du matériau. Le milieu, supposé transparent optiquement,


subit une variation d'indice de réfraction proportionnelle au déplacement s(x,t) .

1
∆n(x,t) = − 2 pen3s(x,t)

où pe est la constante photoélastique , le signe − signifie que l'indice de réfraction


diminue pour une dilatation , s > 0 . L'indice devient donc :

n(x,t) = n − ∆n0 cos(Ωt − qx)

1 1 pe2n6
∆n0 = 2 pen3S0 = 2 M.Is
avec M =
ρ.vs3

Une des caractéristiques d'un dispositif acousto-optique est la possibilité de déflexion du


faisceau. La variation de l'indice de réfraction crée à l'intérieur du matériau une onde de
densité de longueur d'onde Λ dans une direction transversale. Cette onde effectue une
diffraction de Bragg , avec la condition 2Λ.sinθ = m.λ0/n , avec un angle de déflexion de
2θ . La condition de Bragg peut aussi s'interpréter en faisant appel aux lois de
conservation pour les ondes diffractées :

ωB = ω + Ω et kB = k + q

avec q = 2k sinθB et la fréquence de l'onde acoustique Ω .


L'étendue angulaire du faisceau est donnée par la diffraction, si la largeur de l'élément
acousto-optique est L , l'angle du pic de diffraction vaut :

λ
∆θ ≈ 2L

Exemple : Verre flint ρ = 6,3.103 kg.m−3, vs = 3,1 km.s−1 , n = 1,92 , p = 0,25 ce qui
donne M = 1,67.10−14 m2.W −1 , l'onde acoustique a donc une intensité de 10 W.cm−2 ce
qui donne une amplitude pour les variations de l'indice ∆n0 = 3.10−5 .
82 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

modulateurs et déflecteurs acousto-optiques


L'intensité de l'onde diffractée est proportionnelle à l'intensité de l'onde acoustique dans le
matériau acousto-optique, cette intensité peut être modulée par l'application d'une tension
variable sur le cristal piézo-électrique. Du fait de la diffraction la modulation de l'intensité
de l’onde est associée à la modulation de la déflexion δθ .
Une onde lumineuse dont le faisceau possède une largeur D interagit avec l'onde
acoustique et sera modulée à son tour. L'angle de Bragg correspondant est :

f.λ f.λ
θ = Arcsin(λ/2Λ) = Arcsin2v  ≈ 2v
 s s

La bande passante de l'onde acoustique f0 ± ∆f correspondra à une étendue angulaire


du faisceau diffracté :
2∆f.λ ∆f.λ
∆θ ≈ 2v = v
s s

et la divergence angulaire correspondante δθ = λ/D , la limite de la bande passante de


modulation correspond à ∆θ ≤ δθ donc :

∆f ≈ vsδθ/λ = vs/D = ∆fMax

La période associé à ∆fMax , T = D/vs correspond en fait au temps de transit de l'onde


sonore à travers l'épaisseur du faisceau. Ce qui limite la bande passante de modulation
est le temps nécessaire que l'onde sonore met à traverser le faisceau avant que celui ait
changé à cause de la modulation.
Pour réaliser une déflexion il faut changer simultanément l'angle incident de l'onde
lumineuse et la fréquence de l'onde acoustique en utilisant une modulation de fréquence
associée à un système de modulateurs piézo-électriques qui changent l'orientation de
l'onde acoustique à l'intérieur du cristal. Une autre solution consiste à provoquer une onde
acoustique divergente à l'intérieur du cristal.
L'étendue de déflexion associée à une bande passante 2∆f est :

∆θ = ∆f.λ/vs .

La déflexion est inversement proportionnelle à la vitesse du son vs . Le nombre de taches


résolues par un tel système sera :

∆θ (λ/vs).∆f D.∆f
N = = = v = T.∆f
δθ (λ/D) s

onde
onde acoustique onde
incidente diffractées
δθ planes
δθ/2
θ
θ

déflecteur
acousto-optique

cale piézoélectrique
Exercices chap II 83

EXERCICES CHAPITRE II

EXERCICE II-1 : Cohérence et analyse spectrale


Un rayonnement homogène émis par un laser possède une longueur d'onde centrale
λ0 = 660 nm et une longueur de cohérence Lc = 1 m .
1-1) Déterminer le temps de cohérence associé tc et la largeur spectrale en fréquence
∆ν et en longueur d'onde ∆λ .
On veut analyser le spectre de ce rayonnement.
1-2) On utilise un interféromètre à deux ondes de Michelson. Quelle est la procédure
d'analyse et quelles sont les limites géométriques à respecter ?
1-3) On utilise un interféromètre de Fabry Pérot de longueur d = 10 cm et de facteur de
réflexion des miroirs R = 98 % . Quelles sont les conditions à respecter sur la longueur de
la cavité et sur les miroirs pour obtenir une mesure correcte ?

EXERCICE II-2 : Caractéristiques des interféromètres de Fabry-Pérot et Michelson


2-1) On considère un interféromètre de Fabry-Pérot ayant un coefficient de réflexion en
amplitude sur les deux miroirs r = 0,8944 , trouver la largeur à mi-hauteur en phase ∆δ ,
la finesse F et le facteur de visibilité V .
2-2) Considérons le motif des interférences d'un interféromètre de Michelson issus de
deux faisceaux d'égale intensité I0 . Calculer la largeur à mi-hauteur ∆δ . Quelle est la
séparation en phase δ entre deux maxima adjacents ? Quelle est alors la finesse
équivalente FMich ?
Cet interféromètre de Michelson est éclairé par une lumière monochromatique. Un des
miroirs est déplacé de ∆L = 0,066 mm . On voit défiler 92 paires de franges claires et
sombres lors du déplacement. Quelle est la longueur d'onde λ de la lumière incidente ?

EXERCICE II-3 : Résonateurs optiques à miroirs sphériques


3-1) Un résonateur est constitué de deux miroirs sphériques concaves de rayons de
courbure |R1| = 50 cm et |R2| = 100 cm . Quelle est la longueur maximale du résonateur
d pour laquelle les rayons restent encore confinés dans la cavité.
3-2) Le premier miroir est plan écrire la condition de confinement. Pour le faisceau
gaussien résultant déterminer le rayon de courbure du faisceau au centre du faisceau et
au niveau des deux miroirs, déterminer ensuite la profondeur de focalisation.
3-3) Un résonateur symétrique et confocal possède une longueur d = 30 cm , déterminer
l'espacement entre modes νF et la fréquence de déplacement (∆ξ/π).νF . Combien de
modes de résonance principaux sont compris dans la bande de fréquence
5.1014 ± 2.109 Hz ?

EXERCICE II-4 : Dispositifs de polarisation


4-1) Une source émet de la lumière non polarisée d’intensité I0 à l'entrée du polariseur
rectiligne n°1 . Supposons qu'on dispose entre les deux polariseurs croisés, n°1 et n°3 ,
d’un polariseur, n°2 , qui tourne à la vitesse ang ulaire ω . Donner l’expression de
l’intensité émergeant de cet ensemble, et montrer qu’elle est modulée.
4-2) A l'aide du formalisme des vecteurs de Jones exprimer l'état de polarisation en sortie
pour une transformation effectuée par des lames d’épaisseur e avec les paramètres
suivants : θ, angle de polarisation d'entrée, ψ angle de la lame par rapport à la
polarisation d’entrée et δ = (2π/λ).e déphasage de la lame.
Donner la méthode du calcul littéral qu’on pourra effectuer à l’aide de logiciels de calcul
formel.
84 Chap. II - Interférences et fonctions optiques

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE II

Corrigé exercice II-1 1-1) Le temps de cohérence est défini par tc = Lc/c ce qui donne
tc = 3,33.10−9 s. En général la largeur spectrale est inversement proportionnelle au temps
de cohérence. Pour un rayonnement homogène on a un spectre Lorentzien avec
∆ν = 1/(πtc) = 95.106 Hz pour la largeur en longueur d'onde λ = c/ν donne
−13
∆λ = (c.∆ν)/λ = 13,9.10 m .
2

1-2) Il faut faire varier la différence de marche ∆L entre les deux miroirs qui permet de
mesurer la visibilité qui par transformation de Fourier donne le spectre. La visibilité pour
un spectre Lorentzien sera exp(−∆L/Lc) pour une grandeur mesurable il faut que ∆L ≈ Lc.
1-3) Si on utilise un interféromètre de Fabry-Pérot on mesure directement le spectre
optique. Il faut respecter 1) La largeur spectrale ∆ν ne doit pas dépasser l'intervalle
spectral libre ∆νISL pour éviter les problèmes de repliement. 2) Elle doit être supérieure a
la résolution spectrale ∆νrés . Dans notre cas ∆νISL = c/(2d) = 1500.106 Hz >> ∆ν avec
une finesse F = π.√R/(1−R) = 155 donnant ∆νrés = ∆νISL/F = 9,6.106 Hz < ∆ν .

Corrigé exercice II-2 2-1) Le facteur de réflexion en intensité est R = |r|2 = 0,8 . La
largeur à mi-hauteur est ∆δ = 2δ1/2 = arcsin[(1−R)/(2√R)] = 0,14π = 26° à comparer avec
2π ce qui fait 7,2% . La finesse est F = 2π/∆δ = (7,2%)−1 = 14 . La visibilité est obtenue
par V = [(IMax − Imin)/(IMax + Imin)] . A partir de la fonction d’Airy IMax = 1 et Imin = (1 + CFP)−1
avec CFP = (4R)/[(1−R)2] = 80 , donc V = [CFP/(CFP + 2)] = 98% .
2-2) La fonction d’interférence est celle à deux ondes d’égale intensité
IMich = 2.I0.(1 + cosδ) = 4.I0.[sin(δ/2)]2 ce qui donne ∆δ = π la séparation en phase entre
deux maxima est 2π et la finesse équivalente est FMich = 2π/∆δ = 2 .
Le déphasage correspond au déplacement ∆L est δ = k.∆L = (2π/λ). ∆L , 100 paires de
franges correspondent à un déphasage δ = 92.2π , donc la longueur d’onde est obtenue
λ = ∆L/δ = 0,066 mm/100 = 660.10−9 m = 660 nm , rouge.

Corrigé exercice II-3 3-1) Les miroirs sont concaves, donc les rayons de courbure sont
négatifs. La condition de confinement stable devient 0 < (1 – (d/|R1|).(1 – (d/|R2|) < 1 ce
qui délimite deux zones de stabilité 0 < d < 50 cm et 100 < d < 150 cm. La longueur
maximale est dMax = 150 cm.
3-2) Un miroir plan correspond à un rayon de courbure infini. La condition de confinement
stable devient 0 < (1 – (d/|R2|) < 1 équivalente à d < |R2| . Le faisceau gaussien
correspondant aura son centre placé sur le miroir plan qui a une courbure infinie. Le rayon
de courbure du faisceau gaussien est R(z) = z.[1 + (z0/z)2] , si on se place au niveau du
miroir 2 pour z = d on aura R(z) = R2 .
La profondeur de focalisation est 2z0 = 2d.[1 – (d/|R2|)]1/2 qui par exemple pour
d = (3/4) . |R2| donne 2z0 = d .
3-3) L’espacement entre modes est l’intervalle spectral libre
νF = ∆νISL = c/(2d) = 5.10 Hz . Le centre du faisceau d’un résonateur confocal correspond
8

au centre du résonateur. La phase du faisceau est ξ(z) = arctg(z/z0) et la position des


miroirs est z1,2 = ±d/2 . Le déphasage devient ∆ξ = ξ(z2) − ξ(z1) . La fréquence de
déplacement νdep = (∆ξ / π).νF = 1,2.108 Hz . Le nombre de modes sera
NM = (4.109 Hz)/νF = 8 .

Corrigé exercice II-4 4-1) L’intensité en sortie du polariseur n°1 se ra I1 = I0/2 puisque
la lumière naturelle incidente possède toutes les polarisations. Le polariseur n°2 tourne à
la vitesse angulaire ω ce qui donne d’après la loi de Malus l’intensité en sortie
I2 = I1.[cos(ω.t)]2 . Le polariseur n°3 est croisé par rapport au n °1 donc I3 = I2. [sin(ω.t)]2.
Donc I3 = (I0/2).[cos(ω.t)]2.[sin(ω.t)]2 ce qui s’écrirt Is = I3 = (I0/16).[1 − cos(4.ω.t)]
intensité modulée à 4ω . 4-2) Il s’agit de l’opération unitaire:Js = R(−ψ) . Lδ . R(ψ) .
CHAPITRE III

PROPRIETES DES PHOTONS

1 - LE PHOTON

1.1 - Dualité onde-particule

A une onde électromagnétique caractérisée par sa longueur d'onde λ et par son vecteur
d'onde k on associe une particule le photon d'énergie hν = hc/λ , et de quantité de
mouvement p = hk , avec h = h/2π . Où h est la constante de Planck,
h = 6,626.10−34 J.s et c la vitesse de la lumière qui est aussi la vitesse du photon.
Une onde électromagnétique quelconque peut être décomposée en modes , où chaque
mode correspond à un photon d'énergie hν , de quantité de mouvement hk et de
direction de polarisation e* qui correspond à la direction du spin du photon S . Dans le
cas d’une décomposition sur une base d’ondes planes monochromatiques avec deux
états de polarisation orthogonales par onde plane on écrit le champ électrique :

E(r,t) = ∑Amexp(−jkmr).exp(j2πνmt)em
m

La somme précédente peut être discrète ou continue.


- Une somme discrète constitue une série de Fourier et correspond par exemple au
champ dans un résonateur ou cavité.
- Une somme continue correspond à la propagation en espace libre et constitue une
transformée de Fourier .

La décomposition en ondes planes et en états de polarisation correspond en mécanique


quantique à une décomposition sur différents états de photons. A l'aide du formalisme de
la mécanique quantique, il est possible d'effectuer une quantification du champ
électromagnétique et donc d'associer d'une façon rigoureuse l'onde électromagnétique
au photon.

position et quantité de mouvement d'un photon


Une onde parfaitement cohérente, ou monochromatique, possède une longueur de
cohérence infinie, c'est à dire que l'onde s'étend sur un espace infini, alors le photon est
complètement délocalisé suivant la direction de propagation Oz de l'onde. Sur un plan
transverse xOy la position dépend de la forme de l'onde. L'onde plane correspond à un
photon délocalisé aussi dans ce plan. Dans le cas d'une onde réelle comme le faisceau
gaussien la probabilité de trouver le photon, sera proportionnelle à l'intensité optique au
point r :

pr(r) ∝ I(r)

*
Ce vecteur peut représenter une polarisation autre que rectiligne par exemple elliptique ou
circulaire à ce moment il s'écrira sous forme complexe. Une polarisation circulaire droite s'écrit par
exemple (1/√2)(ex + jey).
86 Chap. III - Propriétés des Photons

La quantité conjuguée de la position est la quantité de mouvement p , pour un photon,


particule sans masse, elle est reliée au vecteur d'onde k par la relation de de Broglie :

p = hk module p = |p| = h/λ = hν/c

Les photons émis par un atome, à cause de la conservation de la quantité de


mouvement, subissent une impulsion de retour de grandeur hν/c . Cette nature
corpusculaire de la lumière peut être mise en évidence par la pression de radiation .

Dans le langage de la mécanique quantique on dit que la variable d'espace x et de


quantité de mouvement p ne commutent pas, ce qui signifie que ces deux variables ne
peuvent être connues simultanément avec précision, c’est une conséquence de la
relation d'incertitude d'Heisenberg qui dans ce cas s’ecrit :
h
∆x.∆p ≥ 2

Le cas de l'égalité ∆x.∆p = h/2 correspond à l'incertitude minimale qui est une propriété
de l'état cohérent de photons qu’on verra plus loin.
Si la quantité de mouvement p est parfaitement connue et donc le vecteur d'onde k
aussi, on est dans le cas de l'onde plane qui, d'après la relation d'incertitude, correspond
à un photon complètement délocalisé dans l'espace. Le cas opposé correspond à l’onde
sphérique, où la position est parfaitement connue au centre de l’onde, r = 0 , par contre
la direction de la quantité de mouvement est complètement indéterminée.
Dans le cas d’un faisceau gaussien, la localisation transverse du faisceau dans l'espace
entraîne une dispersion des directions de k et donc une divergence du faisceau.
La relation d'incertitude peut se réécrire en fonction de la composante du vecteur d'onde
kx = px/h et de la divergence θx , on a kx = k.sinθx ≈ kθx dans l'approximation de faible
divergence, et la module k = 2π/λ , ce qui conduit à :

1 1 λ
∆x.∆kx ≥ 2 et ∆θx.∆x ≥ 2k =

On retrouve ici les propriétés des transformées de Fourier spatiales rencontrées lors du
traitement de la diffraction au chapitre I . Le passage d'une onde plane par une ouverture
correspond à une localisation du photon dans l'espace, pour une fente de largeur ∆x ,
d'après la relation d'incertitude d’Heisenberg, on aura une divergence en champ lointain
∆θ ≈ λ/∆x , ce qui est le résultat de la diffraction.

∆x∆p ≥ h/2 photons localisés après


photons délocalisés passage dans l'ouverture

∆θ ∆p
p0

k0 ∆k

onde plane ∆x
∆x∆θ ≥ λ/4π onde divergente diffractée
par l'ouverture

photons d'une onde plane lors du passage par une ouverture


Le photon 87

polarisation des photons


L’état de polarisation d’un photon est lié à son spin S appelé aussi moment cinétique de
rotation intrinsèque. Un photon possède deux états des spin S = ±h . Si l’axe de rotation
est choisi suivant l’axe de propagation Oz , les deux états ±h correspondent
respectivement à une polarisation circulaire droite et à une polarisation circulaire gauche,
ces deux états sont les états propres de spin. Tout état de polarisation peut être
décomposé suivant deux polarisations rectilignes croisées. De même une polarisation
rectiligne n'est rien d’autre qu’une combinaison de deux polarisations circulaires
opposées.
En utilisant la notation de Dirac pour les fonctions d’onde on peut écrire l’état de spin où
|→> et |←> sont les états propres de spin pour S = ±h respectivement :

1 1
|S>RectV = (|S>CircD + (|S>CircG) = (|→> + |←>)
2 2
particule photon onde plane électromagnétique

spin S champ électrique (polarisation ) E


quantité de mouvement p = hk vecteur d'onde k
énergie hν fréquence ν
vitesse c longueur d’onde λ
polarisation circulaire droite

hν p k

S = hez z
|S>CircD = |→>

E(z,t) E(z+λ/4,t) E(z+λ/2,t) E(z+λ,t)

polarisation circulaire gauche

hν p k

S = −hez z
|S>CircG = |←>
λ = c/ν
polarisation rectiligne verticale

hν p k

S z
1
|S>RectV = (|→> + |←>)
2
88 Chap. III - Propriétés des Photons

1.2 - Photons dans les dispositifs optiques

fentes d’Young
Les propriétés quantiques ou la nature ondulatoire des particules sont souvent
représentées par l'exemple des fentes d'Young . Il s'agit d'une expérience d'interférence
entre particules, ici on considérera les photons.
On envoie des photons vers un système de deux fentes A et B . en sortie on place une
barrette de détecteurs permettant de compter les photons. Un histogramme de comptage
donne une distribution avec des maxima et minima, les franges d’interférence, analogue à
celle obtenue pour l’intensité lors du passage d'une onde par deux fentes. Par contre si
on répète l'expérience en occultant une des deux fentes on n’observe plus les franges
d’interférence.

probabilité
de
A détecteur détection
source du photon

photon à travers les fentes d’Young

Par un raisonnement probabiliste purement classique on ne peut pas expliquer


l'interférence puisque cela supposerait que la particule passe par les deux fentes au
même temps. Il faut adopter un point de vue quantique où le chemin de passage de la
particule par les fentes A et B est indéterminé jusqu'à l'arrivé sur le détecteur, c'est
cette indétermination qui est à la base de la figure d'interférence. En occultant une des
deux fentes on "sait" par quelle fente est passé le photon arrivant sur le détecteur et donc
l'interférence disparaît.

séparateur de faisceau
Un autre dispositif simple qui permet de mettre en évidence la nature quantique de la
lumière est une lame partiellement réfléchissante sans pertes ou séparateur de
faisceau par exemple un coupleur .
La probabilité de transmettre ou de réfléchir un photon est égale au facteur de
transmission T et de réflexion R , vérifiant R + T = 1 comme pour les probabilités.

On considère une lame semi-réfléchissante à deux couches d’indices n1 et n2 avec


n1 > n2 . La réflexion s’effectue à l’interface et l’intensité transmise est égale à l’intensité
réfléchie, donc R = T = ½ . On suppose que la polarisation est rectiligne TE , c’est à dire
perpendiculaire au plan d’incidence, afin que la direction de polarisation soit conservée
lors du passage dans le dispositif, l’angle d’incidence est de 45°.
Le photon 89

Deux cas de figure sont à considérer, cas descendant D et le cas montant M . Les
coefficients de réflexion en amplitude respectifs rD et rM ont des signes opposés*, rM est
négatif pour la réflexion externe TE , et rD est positif pour la réflexion interne TE . Leur
module vaut 1/√2 . Les coefficients de transmission tD et tM sont égaux et de même
module. On peut identifier ces coefficients aux amplitudes de probabilité de la fonction
d’onde du photon.
Après le passage d’un photon par la lame, la fonction d’onde du photon sera une
combinaison linéaire des états transmis et réfléchi, qui dans cette configuration sont les
états |D> et |M> , les amplitudes dépendent de l’état du photon incident |Φe> .
Sur la figure suivante on illustre les différents cas de figure.

réflexion interne rD = rn1→n2 > 0

|D> |M>

n1 1
|Φe> = |D> |Φs>D = (|M> + |D>)
n2 2

|D>
états d'entrée n1 > n2 états de sortie
|M>

n1 1
|Φe> = |M> |Φs>M = (|M> − |D>)
n2 2

|M> |D>
réflexion externe
réflexion externe rM = rn2→n1 < 0

photon traversant une lame semi-réfléchissante

principe de calcul quantique


Les états de sortie restent sous forme de combinaison tant que les photons ne sont pas
détectés. Si l'on place deux détecteurs en sortie, en haut et en bas, on obtiendra une
probabilité ½ de détection sur chacun d’eux.
On voit donc qu’une lame semi-réfléchissante permet de réaliser un état superposé
quantique. L’opération effectuée sur l'état du photon est une opération unitaire qui
maintient l'intensité totale inchangée.

A l’aide de ce composant on peut réaliser les opérations de base du calcul quantique, on


peut réaliser simultanément des opérations sur chacun des états en superposition. L'état
superposé en sortie de la lame, dans le langage des ordinateurs quantiques, est
dénommé qubit , par exemple l'état |M> correspond lau bit "0" et l'état |D> au bit "1" .
Si on considère une rangée de N lames on obtiendra un registre de N qubits . Ce
registre constitue en fait une superposition de 2N mots, ou bytes , possibles, les
opérations s’effectuant simultanément sur toutes 2N combinaisons . Le calculateur
quantique pourra traiter dans un vrai parallélisme tous les bytes simultanément.

*
qui correspondent aux signes des coefficients de réflexion interne et externe de Fresnel qu’on a
vu au chapitre I.
90 Chap. III - Propriétés des Photons

photon dans un interféromètre de Mach-Zehnder


On peut utiliser un dispositif comprenant deux lames semi-réflechissantes pour former un
interféromètre de Mach-Zehnder. La première lame sépare les photons sur deux voies. A
l’aide de deux miroirs ils sont dirigés vers une deuxième lame qui les combine. La
probabilité de détection d'un photon, est fonction de la différence de chemin optique entre
les deux voies. On retrouve la figure d’interférence à deux ondes de l'intensité optique.
Un raisonnement purement classique à l’aide de probabilités donne un résultat faux:
après la première lame la probabilité de trouver le photon sur l'une des deux voies est
½ , en combinant les deux voies avec la deuxième lame la probabilité de sortie est
identique quelque soit le chemin ½(½ + ½) = ½ .

miroir

photon entrant photon sortant


|D> |D> → |M>

lame 1 lame 2

photon entrant photon sortant


|M> |M> → |D>

miroir

photon traversant un interféromètre de Mach-Zehnder

En réalité la probabilité dépend de la différence de chemin optique. Pour des chemins


identiques, avec un photon incident |M> le photon de sortie sera toujours dans l'état
|D> , donc dans ce cas la probabilité sur la voie du haut est 1 et 0 sur l'autre. Pour un
photon incident |D> on aura la situation inverse c'est à dire que le photon de sortie sera
toujours dans l'état |M> .
Ce résultat se montre très simplement si l'on considère les transformations effectuées par
une lame. Pour une entrée |D> on aura :

1
|D> → lame1 → (|M> + |D>) →
2

1 1
(|M> + |D>) = |M>
1
→ lame2 →  (|M> − |D>) +
2 2 2 

En termes d'ondes on retrouve pour l'intensité le même résultat. Suivant le point


d'injection pour une différence de chemin nulle toute la puissance sur une des deux voies
de sortie seulement, puisque après recombinaison sur la deuxième lame seules les
interférences constructives subsistent. Physiquement ceci est une conséquence des
signes opposés des coefficients de réflexion suivant qu'on est en réflexion interne ou
externe. Ce comportement est assez général et on le retrouve dans les coupleurs.
Le photon 91

1.3 - Corrélation quantique entre photons

états intriqués de photons


On peut réaliser un état quantique à deux photons, où l'action sur l’un des photons aura
une conséquence sur l'autre.
Pour caractériser cet état, on effectue des mesures locales sur les deux photons. Si
chaque photon est combinaison de deux états équiprobables, et si on effectue un seul
type de mesure on aura comme résultat celui d'un tirage aléatoire avec une probabilité
½ . Cette information seule ne nous renseigne pas sur la corrélation entre photons,
puisque le résultat est le même que dans le cas de deux photons non corrélés. Pour
mettre en évidence la corrélation il faut comparer les mesures locales sur chaque photon.
Par exemple si l'on trouve que les mesures sur les deux photons sont toujours identiques
ou toujours opposées, on en conclue que les états sont corrélés. Le caractère aléatoire
persiste mais cette fois par rapport au couple de mesures identiques, |−,−> et |+,+> , ou
opposés, |−,+> et |+,−> .

photon 1 photon 2
Source atomique S = 0
−p p

circulaire D circulaire D

émission d'une paire de photons |+h,+h>


> polarisés circulaires dans l’état singulet

On peut préparer un état à deux photons de spin total S = 0 , appelé état singlet par
transition d'un niveau atomique de spin nul. A cause de la conservation du spin et de la
quantité de mouvement, les photons se propagent dans des directions opposées avec
des quantités de mouvement ±p , l'état de polarisation des deux photons est circulaire
droit et correspond à +h , compte tenu de leur direction de propagation opposée.
Dans une expérience on ne peut pas savoir si les 2 photons produits à partir de l'état
singulet sont de type |+,+> ou |−,−> , les deux états sont équiprobables. Si l'on mesure
par exemple pour le photon 1 une polarisation circulaire droite on est certain que celle du
photon 2 le sera aussi, puisque l'information sur le photon 1 suffit à spécifier l'état global.

Pour prouver la corrélation à distance entre photons on prépare un état en superposition


cohérente non séparable dit intriqué des deux photons, appelé en anglais entangled
state . Dans l’état singlet décrit précédemment chaque photon a un spin bien déterminé,
on considère le cas d’un état intriqué de deux photons émis dans un état singlet et
possédant une polarisation qui est une combinaison linéaire équiprobable des deux
polarisations circulaires droite et gauche. Une polarisation rectiligne sur chaque photon
permet d’obtenir un tel état, en effet une polarisation est une combinaison linéaire
équiprobable des deux états propres circulaire gauche et droite.

En effectuant des mesures sur un état intriqué on peut mettre en évidence les propriétés
uniques dues à la nature quantique comme la superposition d’états et la non localité. Si
on analyse ces propriétés par un raisonnement classique on aboutit à des paradoxes, qui
ont fait l’objet de nombreuses discussions.
- Le paradoxe du chat de Schrödinger où l'on aboutit à un état idéal où un chat est
vivant et mort au même temps tant que l’on ne l’a pas observé pour des objets
macroscopiques le phénomène de décohérence , qui est le résultat de l’interaction avec
92 Chap. III - Propriétés des Photons

le milieu extérieur et qui détruit l’état superposé. Dans le cas des photons, qui sont des
particules sans masse, les états superposés peuvent se maintenir à grande distance.
- Le paradoxe EPR , Einstein, Podolsky et Rosen qui illustre la non localité d’un état
quantique, par exemple quand on mesure certaines grandeurs aléatoires sur la particule
1 on peut prédire avec certitude la valeur d'autres grandeurs sur la particule 2.

expérience d'Orsay
Plusieurs expériences récentes ont confirmé la nature quantique des particules et donc la
corrélation à distance. Dans cette l'expérience effectuée à Orsay en 1982 par A. Aspect
et al. une source de Calcium-40 a été utilisée pour engendrer deux photons dans un état
intriqué singlet de polarisation horizontale, état |H> , et verticale, état |V> . L'état global
s'exprime par :

1 1
|Ψ>Asp = (|H>1|H>2 + |V>1|V>2) = (|H,H> + |V,V>)
2 2

Le protocole expérimental consistait à effectuer des mesures à l'aide de prismes


séparateurs de polarisation suivis de détecteurs. Les angles des analyseurs pouvaient
être changés , θ1 pour le photon 1 et θ2 pour le photon 2.
Au niveau de l'analyseur l'état de polarisation du photon peut se décomposer suivant les
axes parallèle, |A//> , et perpendiculaire, |A⊥> , il s'agit d'une transformation unitaire de
rotation de polarisation.

|A⊥> =  cosθ sinθ  |H>


 |A//>  −sinθ cosθ  |V>

cube séparateur cube séparateur


de polarisation θ1 photon 1 photon 2 de polarisation θ2
|A//(θ1)>
θ1 |V>1 |V>2 θ2
|H>2
|A//(θ2)>
|H>1
θ1+π/2 source Ca40 singlet θ2+π/2
|A⊥(θ1)> |A⊥(θ2)>

expérience d'Orsay sur la corrélation d’une paire de photons

En sortie des analyseurs les intensités I//(θ) et I⊥(θ) sont proportionnelles aux
probabilités de trouver le photon dans les états |A//> et |A⊥> . La fonction de corrélation
entre les mesures sur le photon 1 et sur le photon 2 est définie par :

<(I//1 − I⊥1) (I//2 − I⊥2)>


E(θ1,θ2) =
<(I//1 + I⊥1) (I//2 + I⊥2)>

Les mesures sont effectuées sur des angles différents θ1 , θ'1 pour le photon 1 et θ2 ,
θ'2 pour le photon 2 , on définit alors la fonction de Bell :
Le photon 93

B = E(θ1,θ2) + E(θ'1,θ2) − E(θ1, θ'2) + E(θ'1, θ'2)

Par un raisonnement purement classique avec des photons décorrélés la fonction de Bell
vérifie |Bc| ≤ 2 .
Les termes de contraste C en intensité sont bornés à 1, dans le cas de distributions
équiprobables on trouve:

<(I// − I⊥)>
C(θ) = avec C(θ) = cos2θ donc |C(θ)| ≤ 1
<(I// + I⊥)>

Du fait de la non-corrélation C(θ) dépend exclusivement du photon où est mesuré


l'intensité donc on peut écrire :

Ec(θ1,θ2) = C1(θ1).C2(θ2)

Si on exprime en rajoutant et enlevant le même terme à l'expression précédente :

Ec(θ1,θ2) − Ec(θ1, θ'2) = C1(θ1)C2(θ2)[1 ± C1(θ'1)C2(θ'2)] − C1(θ1)C2(θ'2)[1 ± C1(θ'1)C2(θ2)]

et donc compte tenu des bornes et des inégalités sur les valeurs absolues :

|Ec(θ1,θ2) − Ec(θ1, θ'2)| ≤ 2 ± [C1(θ'1)C2(θ'2) + C1(θ'1)C2(θ2)] = 2 ± [Ec(θ'1, θ'2) − Ec(θ'1, θ2)]

qui démontre l'inégalité de Bell dans le cas de l'interprétation classique, |Bc| ≤ 2 .

Si l'on considère une interprétation basée sur la mécanique quantique on ne peut pas
considérer que les deux photons sont décorrélés et les moyennes doivent être effectuées
sur l'état global enchevêtré. Les intensités seront obtenues par la moyenne des
opérateurs nombre de photons. On peut montrer que la fonction de corrélation dans le
cas des moyennes quantiques est :

Eq(θ1,θ2) = cos[2(θ1 − θ2)]

Si on choisit une combinaison d'angles tels que :

1
Ψ = θ1 − θ2 = θ'1 − θ2 = θ'1 − θ'2 = 3 (θ1 − θ'2)

on donne :
Bq = 3cos(2Ψ) − cos(6Ψ)

Pour la combinaison Ψ = π/8 = 22,5° on trouve Bq = 2√2 qui est supérieur à 2, qui
prouve le caractère quantique et donc les corrélations à distance. Dans le cas classique
on aurait trouvé pour les mêmes angles |Bc| = |2cos(Ψ)| = 1,85 qui est inférieur à 2.

Les mesures de l’expérience d’Orsay ont montré par que la fonction de Bell est
supérieure à 2 , |Bexp| > 2 , pour certains angles ce qui tend à conforter l’interprétation
quantique.
Actuellement les propriétés quantiques des photons sont utilisés dans des nombreuses
applications, par exemple pour réaliser des systèmes de cryptographie quantique dans
les transmissions par fibre optique, ou bien la téléportation quantique .
94 Chap. III - Propriétés des Photons

2 - QUANTIFICATION DES MODES


Les notions d'énergie du photon, de longueur d'onde, de spectre et de cohérence
temporelle sont essentielles pour la compréhension des phénomènes intervenant dans
les systèmes photoniques. Pour traiter correctement les photons il faut utiliser les
propriétés quantiques des particules, la discipline qui traite de ces problèmes est
l'électrodynamique quantique.

2.1 - Décomposition du champ sur les modes propres


On considère une onde électromagnétique constituée par son champ électrique E(r,t) et
la champ magnétique H(r,t) dans une cavité sans charges, homogène et isotrope de
volume Vol , délimité par sa surface S de conductivité parfaite avec n vecteur unitaire
normal à la surface.
Les champs peuvent être développés sur une base d'ondes planes orthonormées d'indice
l, et de composantes réduites sans dimensions el et hl qui vérifient :

kl .el = ∇ ∧ hl et −kl hl = ∇ ∧ el
qui donne
∆el + ki2 el = 0 et ∆hl + kl2 hl = 0

Les conditions aux limites pour les champs imposent que la composante tangentielle de
E , qui est − n ∧ n ∧ E , et la composante normale de H , qui s'écrit aussi n.H , doivent
s'annuler à la surface.
Les conditions aux limites s’écrivent :

n ∧ el = 0 et n.hl = 0 sur la surface S

La condition de orthonormalisation des champs s'écrit :

⌡el em dv = δl,m
⌠ ⌡hl hm dv = δl,m

Vol Vol

δlm vaut 1 quand l = m et 0 autrement.


On peut décomposer les champs sur cette base en introduisant les variables pl(t) et
ωl ql(t) , où p représente la quantité de mouvement réduite et q la position réduite.

E(r,t) = −
∑ 1
p (t) el(r)
√ε l
H(r,t) = −
∑ 1
ω q (t) hl (r)
õ l l

2.2 - Quantification
En remplaçant les champs E et H dans les équations de Maxwell où apparaissent les
variations temporelles des champs, on trouve les relations sur les quantités p et q du
développement précèdent :

. .
p = q ω2.q = − p

ces relations conduisent aux équation :


Quantification des modes 95

.. kl
p + ω2 p = 0 avec pour le mode l ωl =
εµ

A l'intérieur de la cavité les champs électromagnétiques se comportent comme des


oscillateurs harmoniques indépendants, on peut caractériser le système par l'hamiltonien
Η dont la valeur moyenne sur les états constitue l'énergie du système.
Par analogie avec l'énergie électromagnétique définie précédemment, on peut écrire :

1
Η = 2 ⌠
⌡(µ.H + ε.E ) dv
2 2

Vol

où H et E représentent les opérateurs quantiques associées aux champs


électromagnétiques. En remplaçant par la décomposition sur pl et ql on trouve
l’hamiltonien des oscillateurs harmoniques :

Η = ∑ 12 (p l
2
+ ωl2 ql)

En écrivant les équations d'Hamilton , qui correspondent aux équations du mouvement,


on retrouve les résultats précédents :

. ∂Η . ∂Η
p = − = − ω2 q q = = p
∂q ∂p

opérateurs de création et d'annihilation de photons


La quantification du champ électromagnétique à l’aide des opérateurs p et q :

[pl , pm] = [ql , qm] = 0 et [ql , pm] = ih δl,m

On définit alors les opérateurs de création a+ et d'annihilation a :

1 1
a+ = [ω q(t) − ip(t)] a = [ω q(t) + ip(t)]
2hω 2hω

avec les règles de commutation :

[al , am] = [al+ , am+] = 0 et [al , am+] = δl,m

Les opérateurs p(t) et q(t) peuvent être exprimés en fonction des opérateurs de
création a+(t) et d'annihilation a(t) par :

hω + h +
p(t) = i 2 [a (t) − a(t)] q(t) = i

[a (t) + a(t)]

L'hamiltonien s'exprime alors:


Η = ∑hωl (al+al + 1/2)
l =1
96 Chap. III - Propriétés des Photons

Les opérateurs de création et d'annihilation vérifient les relations en fonction du nombre


de photons n :

a+|un> = n + 1 |un + 1> a |un> = n |un − 1> a+a |un> = n |un>

le nombre de photons, dans le mode l du résonateur est obtenu par la moyenne :

<Φ|al+.al|Φ> = <unl| al+.al |unl> = nl

Du point de vue de la mécanique quantique l'état du champ rayonnant peut être


caractérisé par une fonction d'onde |Φ> qui est le produit des fonctions propres |unl>
des fonctions d'onde individuelles des photons nl mode l .

∞ ∞
|Φ> = ∏|unl> avec <Φ|Η|Φ> = ∑hωl (nl + 1/2) = Etot
l=1 l =1

Etot est l'énergie totale associée au nombre de photons. Le terme 1/2 dans la parenthèse
correspond à l’énergie du vide et correspond aux fluctuations quand le nombre moyen
de photons est nul.

quantification d'une onde plane


L'onde plane est la forme d'onde électromagnétique la plus simple, toute forme d'onde
peut se décomposer sur une base d'ondes planes. Pour que l'approximation des ondes
planes soit valable dans une cavité résonnante il faut que les dimensions de la cavité
soient très grandes vis à vis de la longueur d'onde λ , c'est à dire que la géométrie de la
cavité n'influe pas sur les conditions aux limites des champs. Dans ce cas les modes
peuvent s'écrire :

hωl
El(r,t) = i.ex [a +(t) − al(t)] sin(kl.z)
(Vol.ε) l

hωl
Hl(r,t) = i.ey [al+(t) − al(t)] cos(kl.z)
(Vol.µ)

Le champ total est obtenu en sommant sur tous les vecteurs k caractéristiques des
différents modes de cavité :

E = ∑ − iek,m (hωk )/(2ε.Vol) [a+k,m(t) exp(-ik.r) − ak,m(t) exp(ik.r)]


k,m

H = ∑− i(k /k)∧ ek,m [(hωk)/(2µ.Vol ) [a+k,m(t) exp(-ik.r) − ak,m(t) exp(ik.r)]


k,m

qui peuvent aussi être obtenus à partir du potentiel vecteur exprimé par :

A = ∑ ek,m (hωk)/(2εVol ) [a+k,m(t) exp(−ik.r) + ak,m(t) exp(ik.r)]


k,m
Quantification des modes 97

2.3 - L'état cohérent de photons


La notion de cohérence de la lumière , vue au chapitre II, peut être directement associée
à la fonction d'onde associée aux photons. La fonction d'onde qui représente l'ensemble
de photons est constituée des différentes fonctions d'onde individuelles corrélées entre
elles.
Un état incohérent est celui où les photons sont considérés indépendants les uns des
autres. Un état cohérent par contre est celui où tous les photons sont décrits par une
seule fonction d'onde. On verra plusieurs exemples dans la suite, comme l'émission
stimulée , cohérente et l'émission spontanée incohérente, qui sont à la base du
fonctionnement des lasers.

description mathématique de l'état cohérent


En reprenant l'hamiltonien de l'oscillateur harmonique défini plus haut et en utilisant
l’expression de q comme opérateur de p :

∂ 1 1 ∂2
q ⇔ ih qui donne Η = 2 (p2 + ω2 q2) = 2 (p2 − ω2 h2 2)
∂p ∂p

L'équation de Schrödinger s'écrit sur la base des fonctions propres d'énergie En :

1 2 2 ∂2un 1 2
Η |n> = En |n> ou 2 ω h ∂p2 + [En − 2p ] un = 0

Les fonctions et énergies propres sont celles de l'oscillateur harmonique :

α
|n> = un (αp) = exp(α2p2/2) hn(αp)
2n n! √π

où α = (hω)−1/2 , En = hω (n + 1/2) et hn est un polynôme d'Hermite.

La solution la plus générale s’écrit comme une combinaison linéaire avec des coefficients
cn :

ψ(p,t) = ∑cn exp[−iω (n + 1/2)t] un(αp)
n=0

solution de l'équation de Schrödinger dépendante du temps.


∞ ∞
La fonction d'onde est orthonormée : ⌠ |ψ|2 dp = ∑ |cn|2 = 1

−∞ n=0

Pour obtenir le champ électrique à partir des grandeurs quantiques on effectue la


moyenne de l'opérateur correspondant sur cette fonction :

E(r)
<E(r,t)> = − <ψ(p,t)|p|ψ(p,t)>
√ε

e−Λ λn
Un choix de coefficients très important est : cn = n! exp(−inφ)

la probabilité de trouver les photons dans l'état |n> est donné par :
98 Chap. III - Propriétés des Photons

e−Λ Λn
prΛ(n) = |cn|2 =
n!

qui est une loi de probabilité de Poisson . Le nombre moyen de photons est :

<n> = Λ = n0 et donc l'énergie moyenne <En> = hω (n0 + 1/2)

On peut utiliser la représentation en opérateurs pour décrire les états. On applique les
opérateurs de création a+ et d'annihilation a sur les fonctions d'onde |n> des photons :

(a+)n|0> = √1√2...√n |n> = n! |n>

La fonction d'onde globale à t = 0 est :

ψ(0) = e −Λ/2
exp(Ωa ) |0> = e
+ −Λ/2
∑ (Ωa+)n
n! |0> =
n =0

= e−Λ/2 ∑ Λn/2 √n! exp(−inφ)


n!
|n> = ψc(0)
n =0

L'état |0> est l'état cohérent sans photons. Dans le vide on aura Λ = 0 .

Une propriété importante est l'action de l'opérateur a sur l'état global :

a |Λ> = a ψc(t) = Λ1/2 exp[−j(ωt + φ)] ψc(t)

Pour prouver la validité du traitement quantique nous allons retrouver les expressions des
champs électromagnétiques classiques. La composante du mode est :

2
EL(r) ⇔ ey Vol sin(kz)

2
L'opérateur champ électrique devient : Ey = − p sin(kz)
(Vol.ε)

et la champ classique est obtenu en prenant la valeur moyenne de l'opérateur sur l’état
cohérent :
2
<Ey> = − sin(kz) <ψc(p,t)|p|ψc(p,t)>
(Vol.ε)
avec :

<ψc(p,t)|p|ψc(p,t)> = <Λ|p|Λ> = j
2 <Λ|a − a|Λ> =
+

hω e−Λ Λn e−Λ Λm
∑ ∑ m! exp[j(n − m)φ].exp[jωt (n − m)].<n|a − a|m>
+
= j 2 n m n!

après un peu de calculs on trouve :


Quantification des modes 99

<Λ |p |Λ > = − hωΛ sin(ωt + φ )

ce qui conduit aux champs électriques et magnétiques classiques :

hωΛ hωΛ
Ecl = ey 4 sin(kz).sin(ωt + φ) et Hcl = − ex 4 cos(kz).cos(ωt + φ)
Vol ε Vol µ

principe d'incertitude sur les champs


On pet montrer, que les valeurs moyennes pour l'état cohérent sont :

hω h
σp2 = (∆p)2 = <p2> − <p>2 = 2 σq2 = (∆q)2 = <q2> − <q>2 =

h
ce qui donne les écarts quadratiques moyens : ∆p.∆q = 2

D'après le principe d'incertitude d'Heisenberg cette relation constitue l'incertitude la plus


petite qu'on puisse avoir, donc l'état cohérent est celui à incertitude minimale.
Les incertitudes correspondent à des fluctuations par rapport aux valeurs moyennes
classiques. On peut donc considérer ces incertitudes comme des sources de bruit .
L'incertitude associée au champ électrique est :

2 hω
∆E ≈ − ∆p =
Vol ε Vol ε

L'énergie associée à cette fluctuation de champ électrique est une énergie de bruit :

1 hω
∆e ≈ 2 ε (∆E)2 Vol = 2

qui constitue la limite quantique du bruit.

états comprimés de la lumière


On peut réaliser des états à incertitude minimale comme l'état cohérent, mais avec cette
fois-ci des incertitudes ∆q et ∆p différentes de celles de l'état cohérent. Il s'agit d'états
dits non classiques. On peut réaliser des états où l'on a par exemple ∆q > h/2ω et
∆p > hω/2 qui sont dits états comprimés , squeezed states , pour la variable p, ou aussi
comprimés en quadrature.
D'après les arguments précédents sur les fluctuation de l'énergie associée à celles de p
un tel état permet d'obtenir une source avec un niveau de bruit inférieure à la limite
quantique, ceci a un intérêt en télécommunications optiques.

On peut aussi obtenir des états comprimés sur d'autres grandeurs comme le nombre de
photons n , on parle alors de lumière sub-Poissonnienne avec ∆n2 < <n> , puisque
comme on le verra plus loin dans le cas de la loi de Poisson, donc de l'état cohérent, la
variance du nombre de photons, ∆n ,est égale à la valeur moyenne n0 = <n> . Dans un
état comprimé de ce type, le nombre de photons n est connu avec une très grande
précision.
100 Chap. III - Propriétés des Photons

3 - STATISTIQUE ET RAYONNEMENT DU CORPS NOIR

3.1 - Statistique du rayonnement


Tout photon obéit à une distribution de probabilité qui dépend de son énergie, de la
température T et des caractéristiques propres de la particule, spin, masse...
loi de Poisson de la lumière cohérente
Comme on l’a vu pour l'état cohérent le nombre de photons détectés à partir d’un
rayonnement cohérent de puissance constante, par exemple issu d’un très bon laser, suit,
avec une bonne approximation, une loi de probabilité de Poisson,. Cette loi est propre
aux événements arrivant à des instants aléatoires et en nombre aléatoire et est
caractérisé par une valeur moyenne constante <n> = n0 . La loi de probabilité pr(n) de
détecter n photons est pour cette distribution :

n0nexp(−n0)
pr(n) =
n!

la valeur moyenne n0 est définie par :


n0 = <n> = ∑n.pr(n)
n=0

La variance de cette distribution est :


var = σ2 = ∑(n − n0)2.pr(n)
n=0

où σ est l’écart quadratique moyen. Une propriété remarquable de cette distribution est
que sa variance σ2 est égale à sa valeur moyenne n0 :

σ2Poisson = <n>Poisson

Les fluctuations du nombre de photons provoquent du bruit en détection appelé bruit


quantique .

Une caractéristique en détection est le rapport signal à bruit (S/B) , dans le cas où l'on
est en présence du seul bruit quantique il s'exprime par :

<n>2 <n>2
(S/B) = = = <n> = n0
σn2 <n>

On parle aussi de bruit inévitable puisque d'après les relations précédentes il existe
toujours du bruit associé à l'émission de photons ce qui signifie que le signal utile, pour
une transmission optique, est toujours accompagné de bruit.

On discutera de ces conséquences au chapitre VI à propos du bruit dans les détecteurs.


Statistique et rayonnement du corps noir 101

distribution thermique de la lumière incohérente


La distribution statistique d’un ensemble de photons est caractérisée par l’énergie
moyenne de l’ensemble. La distribution de probabilité par unité d'énergie vérifie :



⌡ f(E,T)dE = 1
0

D'après les lois de la thermodynamique, tout ensemble à l'équilibre thermique obéit à la


loi de probabilité de Maxwell-Boltzmann .
L'énergie d'un ensemble de n photons d'énergie hν est :

En = (n + 1/2) hν

La probabilité pour un photon de se trouver dans l'état d'énergie En , qui correspond à la


probabilité d'avoir n photons d'énergie hν , sera d'après la distribution de Maxwell :

prMB(n) =  ∞exp(−E /k T) 
n B

 ∑ exp(−E /k T)
s = 0 
s B

où kB = 1,38.10−23 J.K−1 est la constante de Boltzmann . Cette distribution de probabilité


des photons s'appelle le distribution de Bose-Einstein, d'après cette loi les énergies les
plus élevées sont moins probables. L'énergie moyenne des photons d'énergie hν sera
alors donnée par :

∞ hν
 ∑n hν exp(−nhν/kBT)
n=0
 hν hν
<E> = ∑En p(n) = 2 +
n=0
 ∞
∑ exp(−shν/kBT)
= 2 + exp(hν/kBT) − 1

 s=0 
deux limites intéressantes sont à considérer:

la limite classique kBT >> hν qui donne <E> = kBT



la limite quantique kBT << hν qui donne <E> = 2

ce dernier résultat correspond à l'énergie fondamentale quantique du vide.


Le nombre moyen de photons à l’énergie hν l'équilibre thermique contribuant au
rayonnement n0T , sera obtenu en divisant l'énergie moyenne par l'énergie d'un photon
hν :

<E> 1 1
n0T = <n>T = = 2 +
hν exp(hν/kBT) − 1

et la distribution de probabilité du nombre de photons peut se réécrire :


n
1  n0 
prMB(n) =
n0 + 1 n0 + 1
102 Chap. III - Propriétés des Photons

3.2 - Distribution des modes électromagnétiques dans une cavité


On considère une cavité à l'équilibre thermique à la température T qui peut émettre ou
absorber un rayonnement. C’est ce que l’on appelle un corps noir.
Les photons dans une cavité sont distribués suivant des modes électromagnétiques , le
nombre de modes occupés est déterminé par la statistique des photons et donc par la
température T .
Un exemple de cavité, à une dimension, est le résonateur de Fabry-Pérot qu'on a traité
au chapitre II, ici on généralisera à 3 dimensions. Les modes de la cavité sont des ondes
stationnaires et peuvent s'exprimer par leur champ électrique E :

E = E0 [sin(kx.x) sin(ky.y) sin(kz.z)]

pour une cavité parallèlipipedique les conditions aux limites, E=0 sur les parois,
donnent les conditions de quantification :

kx.Lx = mπ ky.Ly = lπ kz.Lz = qπ


où :
k2 = kx2 + ky2 + kz2 avec k = 2π/λ = 2πν /c

Pour déterminer le nombre de photons correspondants il faut connaître la densité d'états


dans l'espace des fréquences qui correspond au nombre de modes par unité de
fréquence. On peut calculer cette densité à partir de celle dans l'espace des vecteurs
d'onde ρ(k) . Chaque état correspond à un triplet de modes (m,l,q) de l'onde
stationnaire. Une variation ∆n = 1 va correspondre au passage d'un mode au mode
suivant et s’exprime par :

∆kx Lx π
∆n = 1 = donc ∆kx = L
Lx x

La densité d'états devient :

1 LxLyLz Volume
ρ(k) = = =
∆kx ∆ky ∆kz π3 π3

Le nombre de modes contenus dans un élément de volume ∆3k est alors :

∆Nmodes = ρ(k).∆3k

Dans le cas d'une symétrie sphérique, et en considérant que les états k>0 ceci
devient :
1
∆Nmodes = 8 ρ(k) 4πk2∆k

en exprimant maintenant ce nombre en fonction de la fréquence ν par k = 2πnrν/c où


nr est l'indice de réfraction. Le nombre de photons dans un intervalle de fréquence ∆ν
sera alors :

4π Volume 4 nr3 πν2 2π∆ν 8π nr3 Vol 2


∆Nphotons(ν) = 2 = ν ∆ν
8 π
3
3
c c3

le facteur 2 devant cette expression provient du comptage de deux états de polarisation,


ou de spin, par mode, ce qui est équivalent à considérer les valeurs k et − k .
Statistique et rayonnement du corps noir 103

z kz
Ly
Lx
Lz k = 2π/λ

∆kz = π/Lz
λzp
λxn y ∆ky = π/Ly Ky
∆kx = π/Lx

x λym
Kx
espace réciproque
espace direct

distribution spatiale des modes disposition des modes dans


dans une cavité cubique l'espace réciproque

3.3 - Energie et puissance émise du corps noir


Les photons sont distribués selon la loi de Planck, donc la densité d'énergie, pour
l'intervalle de fréquence ∆ν , sera exprimée par :

∆N(ν) <E(ν)> 8πh nr3 ν3 ∆ν 1 1 


∆u(ν) = = +
Vol c3 2 exp(hν/kBT) − 1

le facteur 1/2 dans la parenthèse, énergie quantique du vide, ne contribue pas à


l'émission ou à l'absorption du rayonnement, on en tiendra pas compte dans la suite.
Le densité spectrale d'énergie, en J.s.m−3 , dans la cavité devient alors :

∂u(ν) 8πh nr3 ν3 1


ℜ(ν) = =
∂ν c3 exp(hν/kBT) − 1

La densité de puissance qui arrive sur la paroi de la cavité est la moitié de la puissance
totale qui est la somme de la puissance rayonnée et absorbée. La densité de puissance
qui traverse toute surface à l'intérieur de la cavité, de surface S , avec un angle
d'incidence θ est :

1 dΩ
d∆Pν = 2 c.S.cosθ.ℜ(ν)

la dépendance angulaire de la puissance en cosθ indique qu’il s'agit d'une source avec
un diagramme de rayonnement Lambertien .
En intégrant sur un tout l'espace, par rapport à l'élément d'angle solide dΩ = 2π sinθ dθ
on obtient le pouvoir émissif élémentaire .

S.c.ℜ(ν) π/2 S.c.ℜ(ν)


∆Pν =
4 ⌡ cosθ.sinθ.dθ =
2⌠
4
0
104 Chap. III - Propriétés des Photons

10−20
densité spectrale d'énergie J.s.m−3

T=77 K
10−30 T=300 K
T=1000 K
T=5800 K

1011 1013 1015

fréquence ν(Hz)

densité spectrale d'énergie d'un corps noir pour différentes températures

La puissance émise par unité de surface et de fréquence constitue la distribution du


corps noir . Elle est donnée par :

∆Pν ∆Σν 2πh.ν3


Gν = = = 2 en W.m−2.s
S∆ν ∆ν c [exp(hν/kBT) − 1]

en exprimant en fonction de la longueur d'onde λ on obtient l'éxitance, par unité de


longueur d'onde Mλ , qui constitue la loi de Planck .

∆Σλ 2πh.c2
Mλ = = 5
∆λ λ [exp(hc/λkBT) − 1]

La radiance totale est obtenue par intégration sur toutes les fréquences :

∞ ∞
2π5k 4

⌡ Gνdν = ⌠
M = ⌠ ⌡ Mλdν = σT σ = 15c2hB 3
4
avec
0 0

qui constitue la loi de Stefan-Boltzmann avec σ = 5,67.10−8 W.m−2K−4 .

hypothèses d'un corps noir parfait, cnp


L'émissivité 'un corps noir est égale à son pouvoir d'absorption à toutes les fréquences et
à tous les angles d'incidence. Le rayonnement est isotrope et est indépendant de la
position dans la cavité. La loi de radiation est valable pour toute région de température
fixe de forme arbitraire.

- Un cnp émet plus d'énergie que tout objet réel à la même température T .
- 2 cnp à la température T ont exactement la même distribution d'énergie rayonnée.
- La distribution de l'énergie rayonnée du cnp est continue.
Statistique et rayonnement du corps noir 105

- Le cnp absorbe tout le rayonnement de toute direction et pour toute longueur d'onde.
- Le diagramme de rayonnement d'un cnp est parfaitement Lambretien ceci donne une
brillance constante pour toutes les directions d'observation, voir photométrie.

maximum de la distribution du corps noir


Le spectre d'émissivité présente un maximum en fonction de la fréquence, ou de la
longueur d'onde, ce maximum se déplace en fonction de la température T. En dérivant
G(ν) par rapport à la fréquence ν on peut exprimer la fréquence de ce maximum νMax
en fonction de T, la dérivée s'annule pour :

exp(hν/kBT) (3 − hν/kBT ) = 3

ce qui donne avec une bonne approximation hνMax ≈ 2,85 kBT . Si la température
augmente la fréquence du maximum aussi, ceci est à mettre en relation avec la couleur
des corps incandescents, en augmentant T on passe du rouge au jaune.

1.1014
émissivité du corps noir T = 6000 K
(W m−2.m−1)

5.1013

T = 4000 K

0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
longueur d’onde λ (nm)

émissivité du corps noir pour deux températures

sources assimilables à des corps noir.


Le rayonnement du corps noir est incohérent. Les étoiles, comme par exemple le soleil,
peuvent être considérés comme des corps noirs, leur spectre permet de déterminer leur
température. Les étoiles blanches sont plus chaudes que les rouges en fin de vie.
Les lampes à filament comme le Tungstène à 2700 K peuvent aussi être assimilées à des
corps noirs mais d'émissivité plus faible, on parle alors plutôt de corps gris.

En général tout corps à l’équilibre thermique émet un rayonnement de type thermique


dont le spectre se rapproche de celui du corps noir. La longueur d'onde du maximum du
rayonnement d'un corps à la température ambiante T = 300 K se situe autour de
λ300K ≈ 17 µm , donc dans l'infrarouge moyen. Il existe plusieurs détecteurs optiques
sensibles à ces longueurs d'onde permettant de discerner des objets à différentes
températures, ces détecteurs sont à la base des systèmes de détection infrarouge et de
vision nocturne.
106 Chap. III - Propriétés des Photons

4 - DEFINITIONS DE PHOTOMETRIE

4.1 - Unités photométriques


La Photométrie décrit les différentes grandeurs relatives à l'énergie au rayonnement
optique. L'œil humain possède sa plus grande sensibilité en plein jour à une longueur
d'onde de 555 nm , vision photopique et la nuit à 510 nm , vision scotopique. A 555 nm
l'efficacité de l'œil est de 100% et une puissance de 1 watt correspond à 673 lumen .
énergie de radiation, quantité de lumière et exposition
Notée généralement Q elle représente la quantité d'énergie émise par radiation sous
forme continue ou par impulsions. L'unité S.I. est le joule , J . En termes d'ondes
électromagnétiques elle correspond à l'intégrale sur le volume de la densité d'énergie
électromagnétique. L'unité visuelle est le lumen-seconde , lm.s . La quantité de lumière
par exemple représente l'énergie reçue à travers une surface pendant un temps t .
L’exposition correspond à l’énergie reçue par unité de surface.

puissance optique ou flux énergétique


Notée généralement P il s'agit de l'énergie émise par une source par unité de temps :

dQ
P = dt

l'unité S.I. est le watt , W , l'unité visuelle est le lumen , lm .


En termes d'ondes électromagnétiques elle correspond au flux du vecteur de Poynting.
Pour exprimer la puissance on utilise souvent le dBw ou le avec :

P(dBw) = 10.log 1 W  P(dBm) = 10.log1 mW


P(W) P(W)
et
   

angle solide
Dans le cas des sources lumineuses il est intéressant de connaître la répartition angulaire
de l'émission appelé diagramme de rayonnement . Dans l'espace à trois dimensions on
définit l'angle solide d'un cône comme le rapport de la surface, intersection du cône avec
une sphère, sur le carré du rayon de la sphère. L'angle solide de tout l'espace vaut 4π .
En coordonnées sphériques on peut calculer l'angle solide en intégrant sur les angles θ
et φ . Par exemple l'angle solide d'un cône d'angle au sommet θc est :
+θC
1
Ωθc = R2 ⌠
⌡2πR sinθ.dθ = 2π(1 − cosθc) = 4π.sin (θc/2)
2 2

Pour des angles petits on fait l'approximation paraxiale donnant Ωθc ≈ πθc2 .
et on peut remplacer la surface de la calotte sphérique par la surface du disque
correspondant. Si l'on considère une surface vue de l'origine, pour calculer l'angle solide
sous-tendu par cette surface il faut projeter celle-ci sur une surface normale à l'axe du
cône. Pour un élément de cette surface :

dS.nc dS.cosφ
dΩ = R 2 =
R2
Définitions de photométrie 107

Oz
nc angle solide
φ
R dS

θ ∆Ω

intensité énergétique I dans une direction donnée, intensité lumineuse


Il s'agit de la puissance énergétique émise par une source ponctuelle dans une direction
donnée, à l'intérieur d'un élément d'angle solide contenant cette direction, divisée par
l'élément d'angle solide :

dP(Ω)
I(Ω0) =   l'unité S.I. est watt/stéradian, W.sr−1
 dΩ  Ω0

L'unité visuelle est le Candela , cd .


La répartition spatiale de l’intensité I(Ω) constitue le diagramme de rayonnement.
Pour une source donnée l'intensité I(Ω) est fonction de l'angle solide Ω . Si le
diagramme de rayonnement dépend uniquement de l'angle θ il possède une symétrie
de révolution autour d'un axe, la répartition angulaire de l'intensité sera alors I(Ω) = I(θ) .
Si l'intensité énergétique est la même dans toutes les directions alors I(θ) = cste , on dit
que la source est isotrope, c'est le cas d'une source ponctuelle. On verra plus loin
d'autres exemples de diagramme de rayonnement.

exitance énergétique
Notée généralement M elle représente la puissance de radiation émise par une source
par unité de surface d’émission Ss :

dP
M = dS l'unité S.I. est W.m−2
s

Son unité visuelle est le lm.m−2.


Cette grandeur est utilisée quand on ne peut pas considérer la source comme ponctuelle.
L'émission du corps noir, traitée plus haut, est généralement exprimée par cette quantité.

éclairement
L'éclairement est le quotient de la puissance énergétique reçue sur un point d'un
récepteur par l'aire Sr de l'élément de surface contenant le point considéré :

dP
E = dS l'unité S.I. est W.m−2
r
108 Chap. III - Propriétés des Photons

On peut obtenir cette quantité pour une source isotrope à partir de l'intensité énergétique
Is(Ωr) dans l'axe source-récepteur et de la distance source-récepteur rsr par :

Is(Ωr)
Er = rsr2

Français Français (visuel) Anglais Symb. S.I. visuel


Energie Quant. de lumière Energy Q Joule (J) lm-sec
Puissance ou Flux Flux lumineux Power P Watt (W) lumen (lm)
Intensité Intensité lumin. Pointance I W.sr−1 lm.sr−1
Exitance énérg. Émittance Exitance M W.m−2 lm.m−2
Eclairement Éclairement Intensity E W.m−2 lm.m−2
Exposition Exposition Fluence J.m−2 lm.s.m−2
Luminance Brillance Sterance L W.m−2.sr−1 lm.m−2.sr−1

luminance énergétique (radiance) ou brillance


La luminance est le rapport du flux, dans une direction donnée, en un point de la surface
d'une source ou d'un récepteur, se propageant dans des directions définies par un cône
élémentaire contenant la direction donnée, sur le produit de l'angle solide du cône et de
l'aire de la projection orthogonale de l'élément de surface sur un plan perpendiculaire à la
direction donnée :

∂2P
L = l'unité S.I. est le W.m−2.sr−1
cosθ ∂S ∂Ω

si l'on exprime la fraction de puissance arrivant sur un élément de surface dS' orienté
d'un angle θ' par rapport à la ligne directrice et située à la distance R de la source :

dS'cosθ' dScosθ
d2P = L.dΩ.dS.cosθ = L.d2G l'étendue géométrique d2G = R2

θ'
R dS'

surface
réceptrice
dS ∆Ω
surface θ
émettrice
étendue géometrique
Définitions de photométrie 109

4.2 - Calculs photométriques

source lambertienne
Une source lambertienne est une source non isotrope caractérisée par un diagramme de
rayonnement en cosθ . L'intensité est dans ce cas :

I = I0 cosθ I0 est l'intensité dans l'axe pour θ = 0

Une source parfaitement lambertienne est une source idéale de lumière diffuse. Puisque
la projection de la surface de réception Sr varie aussi en cosθ la luminance d'une
source lambertienne est constante dans toutes les directions. Un exemple de source
lambertienne est le corps noir vu précédemment ou une diode électroluminescente, DEL,
à émission par la surface.

diagramme de rayonnement 60° 45° 30°


1/2

15°

I(θ) = cosn(θ) n = 100


0 0°

n=4

n=1
−1/2
0 1/2 1

source directive
Pour une source plus directive en général on peut écrire :

I = I0 cosn(θ)

la directivité augmente avec n . Une source cohérente peut être modélisée par cette
forme d'intensité, cette expression mathématique permet des calculs simples de la
puissance par intégration sur les angles solides.

puissance reçue par un récepteur de diamètre d à la distance R et à un angle θ :


La puissance reçue Pr est calculée à partir du diagramme de rayonnement de l'intensité:
Ω2

⌡I(Ω) dΩ
Pr = ⌠
Ω1

Il s'agit de déterminer les angles solides sous-tendues par le récepteur.


110 Chap. III - Propriétés des Photons

Si l'on considère un diagramme de rayonnement de type I = I0 cosn(θ) il suffit de


connaître l’ouverture angulaire θr correspondant à la dimension du récepteur vu de
l’émetteur et la direction θ0 du récepteur par rapport à l'axe de la source.

Si la dimension d du récepteur est considérée petite devant la distance source-récepteur


R , alors R.θr ≈ d/R . On peut exprimer alors le flux reçu par le récepteur pour une petite
ouverture angulaire :

θ0− θr /2

⌡ I0 cos θ 2π sinθ dθ ≈ 2πI0 cos θ0 sinθ0 ∆θ



n n
Prec =
θ0+θr /2

R
récepteur S
configuration géometrique
θr θ0 d'un émetteur et d'un
récepteur
θe angle à mi-intensité
émetteur

configuration émetteur récepteur dans l'axe


L'angle sous-tendu par un récepteur de surface Sr dans l'axe d'ouverture peut s'écrire :

Sr/π
θr ≈ 2 R

La puissance reçue s'exprimera par :

θr/2
2πI0
⌡ I0 cos θ dΩ = n + 1 [1 − cos (θr/2)]
Pr = ⌠ n n+1

intensité I(θ)

distance R Arec
émetteur
récepteur

émetteur d'intensité I(θ) et récepteur de surface Arec à la distance R dans l'axe


Définitions de photométrie 111

Déterminons la valeur de Pr dans le cas R >> Sr ceci donne :

Sr I0
Prec =
R2

2πI0
La puissance totale émise correspond à θr = π Pe =
n+1

Les pertes de transmission sont indépendantes de l'intensité I0 , par rapport à la


puissance émise seront :
Pr Sr (n + 1)
L = =
Pe 2πR2

Dans le cas de la réception dans l'axe on a intérêt à augmenter la directivité de la source


ce qui revient à augmenter n . Un gain de 3 dB, qui correspond à une puissance
multipliée par 2 , est obtenu en multipliant le facteur de diréctivité n par 2.

puissance émise par une source diffuse


-2
Soit une surface Se émettant d'une façon diffuse avec une exitance M , en W.m . La
-2 -1
luminance énergétique, en W.m .sr , sera alors donnée par :

1
L = M cosγ
π

où γ correspond à l'angle que fait la normale à la surface d’émission avec la direction


vers le récepteur. On considère la puissance émise au niveau du récepteur par élément
de surface dSe pour l'élément d'angle solide dΩ . Ces deux quantités s’expriment :

1 2 1 2
dΩ = 2 Sr cosδ si Sr << R et dSe = R 2π sinδ dδ
R cosγ

surface émettrice γ dSe

S
R élement d’angle solide
dΩ
dΩ = (1/R2) AR cosδ
FOV: R
Field Of View FOV

Sr surface réceptrice

puissance reçue au niveau d'un récepteur de surface Sr émise


par une surface diffuse Se
112 Chap. III - Propriétés des Photons

La puissance devient alors : dPr = L.dSe.dΩ

En intégrant cette quantité sur l'angle qui correspond au champ de vision FOV , Field Of
View :, la puissance reçue est :

FOV
M 2
S ⌠sinδ.cosδ.dδ = M Sr sin (FOV)
π r ⌡
Pr =
0

ainsi la puissance reçue est indépendante de la position et de l'orientation du détecteur


par rapport à la surface Se si la surface couvre entièrement le FOV . Ceci est le cas
lorsque l'on considère le rayonnement provenant d'une surface réfléchissante, par
exemple un mur. Typiquement des valeurs de FOV de 30° sont obtenues par des
systèmes de lentilles au niveau d'une photodiode.

Si l'on tient compte des variations temporelles des signaux, il faut considérer les trajets
multiples de la puissance reçue à cause des délais subis par les différents rayons. En
exprimant le temps de retard τ en fonction du rayon R , de la vitesse de la lumière c et
de l'angle δ par rapport à la surface :

R R
τ = c = 0
c cosδ

Le retard minimum, τmin , et maximum , τMax sera :

R τ0
τ0 = τmin = c0 et τMax = cos(FOV)

La puissance reçue dans un intervalle de temps dτ sera alors :

1
dPr(τ) = 2M Sr τ0 dτ
τ3

exemple : émission du soleil


Le soleil peut être assimilé à un corps noir de la température T ≈ 5800 K .
Le maximum de la distribution 2,8 kBT est située à λmax ≈ 700 nm .
L'éxitance est :
M = σ T4 = 6,6 107 W.m−2

Cette quantité correspond au rapport de la puissance totale émise par le soleil divisée par
la surface du soleil M = P/Ss La luminance correspondante sera obtenue par le rapport
de la puissance totale sur la surface du disque solaire multipliée par l’angle solide de tout
l’espace L = P/[(Ss/4).4π] = M/π .

Le soleil sous tend un angle vu de la terre de θsol = 0,53°, ou 9,3 mrad , l'angle solide
correspondant est :

θs /2
∆Ω = ⌠ 2π sinθ dθ = 4π sin2(θs/4) ≈ πθs2 = 6,8.10−5 sr

0
Définitions de photométrie 113

L'éclairement devient alors :

Eterre = L.∆Ω = (∆Ω/π) σ.T4 ≈ 1400 W.m−2

La puissance totale émise par le soleil est obtenue en multipliant Eterre par la surface de
la sphère centrée sur le soleil dont le rayon est la distance soleil-terre Rs-t = 1,5.1011 m :

P = Eterre 4πRs-t2 = 4.1026 W

La puissance totale par surface rayonnante est :

P
M = = 6,6.107 W.m−2
Ss

La surface du soleil s’en déduit alors: Ss = 6,1.1018 m2

L'intensité dans la direction de la terre est donnée par :

Ps
I = = 3,2.1025 W.sr−1

La luminance ou brillance, devient alors :

P M
L = = = 2,1.107 W.m−2.sr−1
(Ss projetée) 4π π

La luminance peut aussi être obtenue directement et on retrouve le même résultat que
précédemment :

Eterre
L = = 2,1.107 W.m−2.sr−1
∆Ω

Rsoleil-terre = 1,5.108 km

Soleil 0,53°∆Ω émission du soleil au


niveau de la terre
Terre
114 Chap. III - Propriétés des Photons

EXERCICES CHAPITRE III

EXERCICE III-1 : Photons dans un faisceau gaussien


1-1) Si l’on considère un photon dans un faisceau gaussien de waist w0 quelle est la
probabilité que ce photon se à l’intérieur d’un cercle ayant comme rayon w0 ? Si l’on
considère n photons indépendants dans ce faisceau quel est le nombre moyen de
photons inclus dans le cercle de rayon w0 ?
1-2) Quelle est la probabilité que le vecteur quantité de mouvement du faisceau de waist
w0 se trouve à l’intérieur de l’angle de divergence du faisceau θ0 . Discuter par rapport
au principe d’incertitude d’Heisenberg.
1-3) Un faisceau gaussien cohérent est issu d’un laser à gaz He-Ne , à λ = 633 nm
avec une puissance de P0 = 2 nW . Quel est le nombre moyen de photons traversant un
disque de rayon w0 pendant τ = 10 ns ? Quel est l’écart quadratique moyen de ce
nombre de photons ∆n ? Quelle est la probabilité de ne pas détecter de photons à
l’intérieur du cercle ?

EXERCICE III-2 : Photons et modes d'oscillateur du champ électro-magnétique


Le champ électromagnétique d'une onde plane peut être représenté par un modèle
quantique comme un oscillateur harmonique. En considérant un seul mode
1
électromagnétique l'hamiltonien s'écrit Η = 2 (p2 + ω2q2) où p et q sont les opérateurs
réduits quantité de mouvement et position vérifiant les relations de commutation [q,p] = jh.
En introduisant les opérateurs de création a+ = (2hω)−1 (ω q − jp) et d'annihilation
a = (2hω)−1 (ω q + jp) .
2-1) Ecrire l’hamiltonien en fonction des opérateurs a et a+ .
2-2) Trouver la relation de commutation vérifiée par a et a+ ?
2-3) Que représente l’action de l’opérateur a a+ sur l’état |n> ?
2-4) L'opérateur de création a+ fait passer de l’état |n> à l’état |n + 1> et l'opérateur
d'annihilation a de |n> à |n − 1> . Montrer en se servant de l'hermiticité de a, des
relations de commutation et de l'énergie du mode électromagnétique En = h- ω (n + 1/2)
que a|n> = n |n − 1> et a+|n> = n + 1 |n + 1>

EXERCICE III-3 : Emission du Corps Noir


3-1) L’intensité, puissance par unité de surface, émise par un four est 22,8 W.cm-2 ,
quelle est la température interne du four ?
3-2) La densité spectrale de flux reçue par une surface plane pendant une journée
ensoleillée obéit à la loi de Planck et s'étend entre λmin = 300 nm et λMax = 1 µm . Quel
est le photon le plus énergétique que l'on peut rencontrer en eV et en Joule ?
3-3) La puissance solaire par unité de surface moyenne reçue au niveau de la surface
terrestre est constante et vaut 0,14 W.cm−2. Si on admet une longueur d'onde moyenne
de 700 nm . Quel est le nombre de photons par seconde reçu par une surface de 1 m2 ?

EXERCICE III-4 : Photométrie émission réception


On considère une diode électroluminescente, DEL, en AsGa émettant à λ0 = 900 nm.
1) La DEL possède un diagramme de rayonnement en intensité de la forme
I(θ) = I0 cosnθ où l'intensité dans l'axe, vaut I0 = 20 mW.Sr−1 . Exprimer la puissance
totale émise par la DEL PDEL , la calculer en mW et en dBm pour un facteur n = 6 .
2) On place un récepteur à la distance R de l'émetteur. Le récepteur est un disque de
rayon r = 5 mm . On se place dans la configuration où R >> r , exprimer l'angle solide
sous-tendu par le récepteur vu de la source. En déduire l'expression de la puissance Pr
arrivant sur la surface du récepteur, calculer cette valeur pour R = 5 m dans l’axe de
l’émetteur. Qu’elle est l’atténuation en dB de cette liaison dans l’axe ?
Exercices chap III 115

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE III

Corrigé exercice III-1


1-1) D’après le chapitre I l’intensité du faisceau gaussien est I(ρ) = I0exp[−(2ρ2)/w02] où
ρ = x2 + y2 est le rayon transverse et la puissance totale transportée est
2
P = (1/2)I0(πw0 ) . La probabilité sera proportionnelle à l’intégrale de l’intensité sur le
disque de rayon w0 ce qui donne
pr(ρ<w0) = 1 − exp[−(2w02)/w02] = 1 − exp(−2) = 86,5% . De même le nombre moyen de
photons sera 0,865.n .
1-2) La probabilité est la même que pour 1-1) puisque la quantité conjuguée de la position
ρ est la quantité de mouvement p et que l’angle vérifie la relation θ0 = λ/(πw0) pour les
faisceaux gaussiens. Le principe d’incertitude dans la direction transverse s’exprime par
∆ρ.∆pt ≥ h/2 si on utilise pt = hkt le vecteur d’onde kt = (2π/λ).sinθ ≈ (2πθ/λ) , donc la
relation devient ∆ρ.∆θ ≥ (λ/4π) qu’on peut comparer au produit θ0.w0 = (λ/π) qui vérifie
bien la condition de divergence du faisceau gaussien.
1-3) Le nombre moyen de photons est n0 = [(P0.λ)/(h.c)].τ.0,865 ≈ 6 . La variance pour
une loi de probabilité de Poisson est égale à sa valeur moyenne ∆n2 = n0 donc
∆n = √n0 ≈ 2 . La probabilité de ne pas détecter un photon est pr(n=0) = exp(−n0) = 0,003.

Corrigé exercice III-2


2-1) En utilisant p = (hω/2)1/2.(a+ − a) et q = (h/2ω)1/2.(a+ + a) on a Η = (1/2).(a+a + 1/2) .
2-2) La relation de commutation est [a.a+] = a.a+ − a+.a , d’après les relations
d’Heisenberg on sait que la relation de commutation entre la quantité de mouvement p
et la position q est [q,p] = jh et [q,q] = 0 et [p,p] = 0, donc
[a.a+] = (2hω)−1[(ωq – jp),(ωq + jp)] = (2h)−1 {(−j).[p,q] + j. [q,p]} = 1
2-3) D’après l’expression de l’énergie En et de l’hamiltonien on peut exprimer
a+a|n> = n|n> où n est le nombre de photons.
2-4) On pose a+|n> = A(n) |n + 1> et a|n> = B(n) |n − 1> alors a+a|n> = A(n−1).B(n)
|n> = n|n> de même d’après la relation de commutation a.a+ = 1 + a+a ce qui donne
a.a+|n> = B(n+1).A(n).|n> = (1 + n).|n> ce qui impose A(n−1) = B(n) = n .

Corrigé exercice III-3


3-1) D’après la loi de Stefan-Boltzmann M = σ.T4 avec
−8 −2 −4
σ = [(2π k )/(15c h )] = 5,66.10 W.m .K ce qui donne T = 1414 K .
5 4 2 3

3-2) Le photon le plus énergétique correspond la longueur d’onde la plus faible


λmin = 300 nm donc hν = (h.c)/λ = 6,63.10−19 joule = 4,13 eV .
3-3) L’intensité s’exprime I = hν.W où le nombre de photons par unité de seconde et de
surface W = 4,92.1021 s−1.m−2 .

Corrigé exercice III-4


4-1) La puissance totale est obtenue en intégrant sur tous les angles Petot = [(2πI0)/(n+1)]
ce qui donne Petot(n=6) = 18 mW et en dBm 10.log[Petot(mW)/1mW] = 12,5 dBm .
4-2) L’angle solide est obtenu en divisant la surface du récepteur par la distance
émetteur-récepteur ∆Ωrec ≈ (π.r2)/R2 = 3,14.10−6 sr .
La puissance reçue par le récepteur sera Prec(R,θ) = I(θ).∆Ωrec(R) = I0.cosnθ.(π.r2)/R2 ce
qui donne dans l’axe par rapport à la puissance émise Prec(R,0) = [∆Ωrec.(n+1).Petot]/(2π)
la puissance à R = 5.m sera Prec(5m,0) = 62.nW .
L’atténuation dans l’axe sera A = −10.log{[(n+1).r2]/(2.R2)} = 55 dB.
CHAPITRE IV

LES LASERS

1 - HISTORIQUE ET INTRODUCTION

1.1 - Historique du laser


En 1900, lors de l’exploitation des spectres d'émission des corps chauds Max Planck a
pu montrer que la fonction décrivant ce comportement était la fonction de distribution
d'énergie d'un corps noir appelée loi de Planck, décrite au chapitre III, en introduisant une
nouvelle constante universelle la constante de Planck h.

En 1905 Albert Einstein à partir des résultats sur l'effet photoélectrique montrait que la
lumière pouvait se décomposer en quanta d'énergie hν , les photons.

En 1917 dans un célèbre article le même Einstein montre que n photons de même
énergie peuvent s'assembler de manière à aboutir à une énergie globale n.hν et à
l'équilibre thermique, vérifient la statistique dite de Bose-Einstein, ceci a pour
conséquence qu'un système possédant 2 niveaux atomiques émet et absorbe de la
lumière selon des mécanismes précis que sont l'absorption , l'émission spontanée et
l'émission stimulée . Les deux premiers étant des phénomènes naturels, l'absorption se
rencontre dans tous les corps qui chauffent, l'émission spontanée correspond par
exemple à la fluorescence. L'émission stimulée par contre était un phénomène inconnu et
a été introduit théoriquement par Einstein de façon à respecter les lois de la
thermodynamique, cette émission est celle émise par un laser. Les coefficients reliant ces
trois phénomènes sont appelés les coefficients d'Einstein .

En 1933 Ladenburg et Koppermann mettent en évidence expérimentalement pour la


première fois le phénomène d'émission stimulée. Dans le cas de l'équilibre
thermodynamique les atomes obéissent à une distribution de Maxwell Boltzmann donc le
nombre d'atomes des niveaux hauts est toujours inférieur à celui du niveau bas et donc le
phénomène d'absorption domine toujours le phénomène d'émission stimulée, ces deux
phénomènes étant des phénomènes induits.

Entre les années 1920 et 1950 on n'avait pas encore saisi l'importance technologique de
l'émission stimulée, puisque les scientifiques considéraient uniquement des systèmes à
l'équilibre thermodynamique. Après 1945 par l'association des découvertes en physique
atomique et en électronique micro-ondes on prépare le terrain pour la découverte du
laser.

A partir de 1950 les expériences de Résonance Magnétique Nucléaire et de


spectroscopie micro-onde montrent la possibilité de créer une inversion de population
hors équilibre thermodynamique dénommé aussi température négative.

En 1957 Charles H. Townes trouve le moyen de réaliser une inversion de population dans
un gaz d'ammoniac NH3 placé dans une cavité permettant d'augmenter le couplage de
l'onde électromagnétique avec les molécules NH3 de manière à faire osciller le système à
Historique 117

une fréquence de 10 GHz , dans le domaine des micro-ondes, c'était le maser*. Les
applications ont été nombreuses, par exemple en spectroscopie, comme standard de
fréquence ou comme récepteur faible bruit.

En 1960 sur l'idée de Townes , mais dans le domaine optique pour des longueurs d'onde
beaucoup plus petites , Theodore H. Mamian utilise un résonateur de Fabry-Pérot pour
effectuer la sélection de modes et augmenter le couplage du rayonnement visible émis
par un cristal de Rubis, il s'agissait du premier laser qui fonctionna pour la première fois le
16 mai 1960. Le fonctionnement était impulsionnel et l'inversion était engendrée par une
lampe à xénon, l'impulsion était de plusieurs kW et le faisceau hautement directionnel.
Ensuite et assez vite d’autres lasers ont été développés, en décembre 1960 le premier
laser continu à gaz He-Ne et en 1961 le laser à Néodyme.

L’effet laser dans les matériaux à semiconducteurs a éte obtenu pour la première fois en
1962 par une structure de diode, dans un cristal refroidi à 77 K et en régime impulsionnel,
ce n’est qu’au milieu des années 1970 qu’on développera les lasers fonctionnant à
température ambiante et en continu en AlGaAs émettant dans le proche infrarouge, les
lasers à semiconducteurs seront abordés au chapitre V.

sources de lumière
Les lasers constituent à l'heure actuelle des sources très performantes en constante
amélioration depuis leur première réalisation en 1960.
Les lasers constituent les sources les plus performantes notamment en ce qui concerne
leur cohérence.

A l'opposé un exemple de source incohérente ou source blanche, avec un spectre très


large, est le corps noir, vue au chapitre III, dans la pratique on appelle sources
incohérentes toutes les sources de lumière à l'exception des lasers. La frontière entre
source cohérente et incohérente n'est pas très nette, en effet il n'existe pas de sources
totalement cohérentes ni de sources totalement incohérentes Parmi les sources
incohérentes, à part celles d'origine thermique on peut citer les lampes mettant en jeu des
transitions atomiques comme par exemple les lampes au Sodium ou au Mercure qui sont
assez pures d’un point de vue spectral, ces lampes peuvent servir comme pompe pour
les lasers de différente nature. On peut aussi citer comme source incohérente les diodes
électroluminescentes DEL.

Source ∆νc tc = 1/∆νc Lc=c τc

Rayonnement solaire filtré (0,4-0,8µm) 375 THz 2,67 fs 800 nm


Diode électro-luminescente (λ=1µm, ∆λ=50nm) 10 THz 67 fs 20 µm
Lampe au sodium (Na) à basse pression 500 GHz 2 ps 600 µm
Laser HeNe multimode (λ=633nm) 1,5 Hz 0,67 ns 20 cm
Laser HeNe monomode (λ=633nm) 1 kHz 1 µs 300 m

*
Acronyme anglais MASER: Microwave Amplification of Stimulated Emission of Radiation, pour le
LASER on remplace la première lettre par Lightwave.
118 Chap.IV - Les lasers

1.2 - Phénomènes à la base de l'effet laser


L'émission de lumière dans un laser est la conséquence des transitions entre niveaux
d'énergie dans le milieu considéré. La transition se fait entre deux niveaux d'énergie E1
et E2 avec E2 > E1 , l'énergie du photon crée est alors :

hν = E2 − E1

En général pour connaître si l'émission entre ces deux niveaux est possible il faut
connaître les populations respectives des niveaux 1 et 2, ceci est déterminé par la
statistique régissant les populations. Dans les gaz et les liquides il s’agira la statistique
de Boltzmann et dans le semi-conducteurs la statistique de Fermi-Dirac .

Pour la statistique de Boltzmann le rapport des populations est :

N2
= exp[−(E2 − E1)/kBT]
N1

à l'équilibre thermique on a toujours N2 < N1 puisque E2 > E1 et T > 0

Pour obtenir l'effet d'émission laser il faut créer une inversion de population de façon à
obtenir la condition N2 > N1 , on parle aussi dans ce cas de température négative,
puisque cette condition d’inversion correspond à un changement de signe dans
l’exponentielle donc à une température inversée de signe.

L'effet laser fait intervenir trois processus : l'émission spontanée, l'émission stimulée et
l'absorption. Ces processus font appel à la nature quantique du rayonnement et ont été
prévus par A. Einstein avant la réalisation du laser. Le rayonnement cohérent dans un
laser est à attribuer à ce phénomène d'émission stimulée.

A la base des phénomènes d'émission et d'absorption de la lumière est un processus


d'interaction d'origine quantique. La condition nécessaire est la possibilité d'effectuer une
transition entre deux niveaux atomiques afin de produire une absorption d'un photon
pour une transition vers un niveau d'énergie supérieure ou une émission d'un photon pour
une transition vers un niveau d'énergie inférieure.

Mais comme on le verra plus loin la difficulté consiste à réaliser l’inversion de population,
ceci s’obtient par les mécanismes de pompage à travers des états métastables .

On peut énumérer les conditions que doivent être réunies pour constituer un laser :

- présence d’états métastables


- mécanisme de pompage vers les états métastables
- inversion de population des atomes des états métastables
- émission stimulée
- rétroaction optique pour augmenter l’émission stimulée
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 119

2 - ÉMISSION SPONTANEE, EMISSION STIMULEE ET ABSORPTION

Les phénomènes cohérents d'interaction entre atomes et photons sont à la base des
processus d'émission et d’absorption. Ces processus sont de nature quantique. On
considérera dans la suite un système constitué de deux niveaux atomiques E2 et E1
avec des transitions qui s'effectuent entre ces deux niveaux.

2.1 - Interaction du rayonnement avec les atomes

perturbations dépendantes du temps


Dans le formalisme de la mécanique quantique on peut exprimer l’opérateur énergie,
l'hamiltonien, par :
Η = Η0 + Η '(t)

où Η0 est l’hamiltonien non perturbé qui décrit l'état d'équilibre et Η '(t) est la perturbation
d'une force extérieure dépendante du temps. A l'équilibre on peut écrire l’action de
l’opérateur Η0 sur les états propres |un> d’énergie propre En :

Η0 |un> = En |un>

et à tout temps ultérieur la fonction d'onde globale du système peut être exprimée par une
combinaison linéaire sur cette base propre :

|ψ> = Σ an(t) |un> exp(−jEnt/h)

les coefficients an(t) sont constants quand H '(t) = 0 .


L'équation de Schrödinger dépendante du temps s’écrit :

∂ j
|ψ> = − Η |ψ>
∂t h

cette équation déterminera l'évolution du système. En remplaçant |ψ> par son


expression donnée précédemment, on trouve la relation sur les coefficients, en multipliant
par la fonction d’onde complexe conjuguée <uk*| et en dérivant :

. j
ak = −
h ∑an Ηkn' exp(jωknt)
n
Ek − En
avec Ηkn' = <uk*|Η '|un> et ωkn =
h

Pour résoudre cette équation on utilise la méthode des perturbations en considérant les
coefficients an = an(0) + an(1) + an(2) +... comme une somme de coefficients à différents
ordres avec an(0) >> an(1) >> an(2)…
En identifiant uniquement les termes de même ordre, et en tenant compte que le terme
perturbateur Hkn' est du premier ordre, on obtient les équations :

. . j
ak(0) = 0 et ak (1) =
h
∑an(0) Ηkn' exp(jωknt)
n
120 Chap.IV - Les lasers

Les solutions à l'ordre zéro dépendent des conditions initiales, on peut choisir , am(0) = 1
et an(0) = 0 pour n ≠ m . Donc à t = 0 le système est dans l'état |um> , dans ce cas à
l'ordre 1 l'équation dévient :
. j
ak(1) = Ηkm' exp(jωkmt)
h

Le coefficient ak(t) donnera la probabilité de transition, |ak(t)|2 , vers l'état |uk> à t .

perturbation harmonique
Si l'énergie de perturbation est harmonique de pulsation ω , on peut écrire l’hamiltonien :

Η '(t) = Η 'exp(−jωt) + Η '*exp(jωt)

commençant à l'instant t = 0 , on a :

t
-j
(1)
⌠Ηkn'exp(jωknt') dt' =
h ⌡
a (t) =
0

1  exp[j(ωkm − ω)t] − 1 exp[j(ωkm + ω )t] − 1


Η ' ωkm − ω
+ Ηmk'*
ωkm + ω 
h  km 

Le terme prépondérant dans la parenthèse est le premier, quand ω est proche de la


pulsation de transition |ωkm| .

La probabilité de transition de l'état |m> vers l'état |k> devient alors :

4|Ηkm'|2 sin2[(ωkm − ω)t/2]


Wm→k = |ak(1)|2 =
h2 (ωkm − ω)2

Dans l'équation entre crochets le premier terme est prépondérant quand :

Ek > Em et Ek − Em ≈ hω absorption

et le deuxième terme est prépondérant quand

Em > Ek et Em − Ek ≈ hω émission

le photon intervenant dans cette transition possède une énergie hω .


Dans la plupart des cas l'état |k> fera partie d'un continuum d'états et pour obtenir Wm→k
il faut intégrer la probabilité obtenue sur tous les états du continuum. On peut alors définir
une densité d'états ρ(ωkm) telle que :

+∞
4 ⌠ sin2[(ωkm − ω)t/2]
Wm→k = 2 |Ηkm'|2 ρ(ωkm) dωkm
h ⌡ (ωkm − ω)2
−∞

1
Pour des temps longs t >> on obtient :
ωkm − ω
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 121

sin2[(ωkm − ω)t/2] πt
→ δ(ωkm − ω )
(ωkm − ω) 2
2
ce qui donne :

2π 1
2 |Ηkm'| ρ(ωkm = ω) = |Hkm'|2 g(ν)
2
Wm→k =
h h2

cette relation est appelée la règle d'or de Fermi , avec :


g(ν) = ρ(ω)/2π et ⌡g (νk ) dνk = 1.

−∞

La fonction g(ν) est nommé le profil de la raie , d'absorption ou d'émission suivant le cas
considéré.

2.2 – Susceptibilités de la transition laser


Les susceptibilités atomiques qui constituent les fonctions de réponse à l'application d'un
champ électrique permettent de décrire les propriétés du matériau considéré vis à vis du
rayonnement optique.

matrices densité
Si l'on définit la fonction d'onde du système par :

|ψ(r,t)> = ∑cn(t) |un(r)>


n

la valeur moyenne quantique de l'opérateur A , qui est une grandeur classique, s'écrit :

<A> = <ψ(r,t)|A|ψ(r,t)> = ∑ cm* cn Amn


m,n

on définit la matrice densité par :

ρmn = cm* cn

qui est une moyenne statistique sur les coefficients cn . Lorsque l'on ne connaît pas
exactement la fonction d'onde mais on en connaît la statistique on obtient :

<A> = ∑ (ρ A)mn = trace(ρA)


n

Les propriétés de ρ sont :

∂ρ j
ρmn = ρnm* trace(ρ ) = 1 = [ρ,H]
∂t h
122 Chap.IV - Les lasers

interaction dipolaire et équations d'évolution


On va considérer un système constitué par deux niveaux atomiques uniquement, |1> et
|2> , cette approximation est justifiée quand :

ω ≈ (E2 − E1)/h.

Par analogie avec le cas classique, l'interaction dipolaire sera représenté par l’opérateur :

Η '(t) = − µ E(t)

où µ est la composante du moment dipolaire le long du champ électrique E(t).


L'opérateur quantique d’interaction dipolaire Μ s'exprime par :

µ11 µ12 + µ 
Μ = 
 µ21 + µ µ22 

les éléments diagonaux sont nuls puisque l'on considère une perturbation :

−µE(t) 
Η'(t) = 
0
 −µE(t) 0 

l'hamiltonien global devient : Η = Η0 + Η '

L'hamiltonien non perturbé vérifie : H0 |ψn> = En |ψn>

Pour déterminer la susceptibilité il faut déterminer la valeur moyenne <Μ> qui est relié
au vecteur polarisation Π = N <Μ> .
En utilisant la matrice densité on obtient :

<Μ> = trace(ρΜ) = µ (ρ12 + ρ21)

Pour déterminer les éléments de la matrice densité on utilise l'équation de Schrödinger


dépendante du temps pour la matrice densité :

dρ12 j j
dt
= − [(Η 0 + Η '),ρ]21 = − {H21'(ρ11 − ρ22) + (E2 − E1) ρ21}
h h

où crochet représente un commutateur entre l’hamiltonien et la matrice densité.


en posant ω0 = (E2 − E1)/h et en substituant l'expression de H ' on peut écrire :

dρ12 jµ
dt = − j ω0 ρ21 + h E(t) (ρ11 − ρ22)
de même on trouve
d 2jµ
dt (ρ11 − ρ22) = h E(t) (ρ21 − ρ21*)

équations de Bloch
L'utilisation des matrices densité se justifie en fait par la constatation que les éléments
ρ21 doivent décroître pour tendre vers 0 lorsque les champs d'interaction dipolaire, sont
éteints. Physiquement on considère que les états deviennent progressivement
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 123

décorrélés entre eux à cause des collisions dans le milieu atomique. Les collisions
conservent l'énergie moyenne de la transition mais brouillent la phase. En introduisant un
facteur de bruit φn on peut alors écrire la fonction d'onde :

|ψ(r,t)> = |un(r)> exp{−j[(Ent/h) + φn]}

Les collisions de ce type peuvent être introduites d’une façon phénoménologique par une
constante de temps de relaxation T2 ce qui permet d’écrire l'équation d'interaction :

dρ12 jµ ρ21
dt = − j ω0 ρ21 + h E(t) (ρ11 − ρ22) + T2

Les termes ρ11 et ρ22 représentent les probabilités de trouver l'atome dans l'état |1> et
dans l'état |2> respectivement. La valeur moyenne de la densité de différence de
population entre les niveaux |1> et |2> devient alors :

∆N = N (ρ11 − ρ22)

où N est la densité d'atomes. Le retour à l'équilibre du système après avoir éteint le


champ se fera vers ∆N0 = N (ρ11 − ρ22)0 . ∆N relaxe vers l'état d'équilibre avec une
constante de temps appelée T1 , donc l'équation d'évolution du pour (ρ11 − ρ22) devient :

d 2jµ (ρ11 − ρ22) − (ρ11 − ρ22)0


dt (ρ11 − ρ22) = h E (t) (ρ21 − ρ21*) − T1

Pour une perturbation harmonique :

E0
E(t) = E0 cos ωt = 2 [exp(jωt ) + exp(−jωt )]

la solution du terme d'interaction quand le champ est éteint devient :

ρ21(t) = ρ21(0) exp[−jω0t − (t/T2)]

le temps de cohérence de l'onde optique associée sera donc tc = T2 .


En général 1/T2 << ω0 , on peut donc séparer les parties variant rapidement avec le
temps en exp(-jωt) de celles variant lentement, avec des constantes de temps T1 et
T2 , on utilisera la notation ρ21(t) = σ21(t) exp(−jωt) ce qui donne les équations suivantes :

dσ12 jµ σ21
dt = − j(ω − ω0) σ21 + h E(t) (ρ11 − ρ22) + T2

d jµ (ρ11 − ρ22) − (ρ11 − ρ22)0


dt ( ρ11 − ρ22) = E0 ( σ21 − σ21*) −
T1
h

Ces équations constituent les équations de Bloch .Ici on a négligé les termes aux
fréquences doubles 2ω dans la première équation et les termes oscillants dans la
deuxième.
La valeur moyenne de l'opérateur dipolaire peut s'exprimer par :

<Μ> = µ [σ12 exp(jωt) + σ21 exp(−jωt)] = 2µ {Reσ21(t) cosωt + Imσ21(t) sinωt ]


124 Chap.IV - Les lasers

En résolvant les équations de Bloch dans le cas stationnaire, en annulant les dérivées, on
exprime le vecteur polarisation électrique oscillant par :

Π = N <µ>

Les solutions sont pour la partie réelle et imaginaire :

Ω T2 (ρ11 − ρ22)0 (ω0 − ω) Ω T22 (ρ11 − ρ22)0


Im(σ21) = Re(σ 21) =
1 + (ω − ω0)2 T22 + 4Ω2 T2T1 1 + (ω − ω0)2 T22 + 4Ω2 T2T1

Et pour les populations :

1 + (ω − ω0)2 T22
(ρ11 − ρ22) = (ρ11 − ρ22)0
1 + (ω − ω0)2 T22 + 4Ω2 T2T1

µ E0
la fréquence de précession est définie par : Ω =
2h

µ2 ∆N0 T2 sinωt + (ω0 − ω)T2 cosωt


La polarisation devient alors : Π = E0
h 1 + (ω − ω0)2T22 + 4Ω2T2T1

1 + (ω − ω0)2T22
et la différence de population : ∆N = ∆N0
1 + (ω − ω0)2T22 + 4Ω2T2T1

absorption et dispersion
Comme on l'a vu lors du traitement des champs électromagnétiques au chapitre I on
définit les susceptibilités par :

Π(t) = Re(ε0χ E0 exp(jωt )) = E0 ε0(χ' cosωt + χ" sinωt )

où χ = χ' − jχ" avec l'absorption χ" et la dispersion χ' .

1,5
intensité
relative
1

0,5

0
Absorption fréquence normalisée
−0,5
Dispersion 2(ν − ν0)/∆ν

−1
−3 −2 −1 0 1 2 3

absorption et dispersion normalisées de forme Lorentzienne sans saturation


Emission spontanée, émission stimulée et absorption 125

D’après les équations de Bloch :

µ2 ∆N0 T2 1 + (ω − ω0)2 T22 µ2


χ"(ω) = = g (ν)
ε0h 1 + (ω − ω0)2 T22 + 4Ω2 T2T1 2ε0h

µ2 ∆N0 T2 (ω - ω0) T2 µ2 (ω − ω0) T2


χ'(ω) = = g (ν)
ε0h 1 + (ω − ω0)2 T2 + 4Ω2T2T1
2
2ε0h

On obtient donc une expression pour le profil de raie g(ν) :

2T2
g(ν) =
1 + 4π (ν − ν0)2 T22 + 4Ω2T2T1
2

dans le cas où l'on néglige le dernier terme du dénominateur, qui est le terme de
saturation 4Ω2T2T1 << 1 , la forme de raie est Lorentzienne avec une largeur de raie
∆ν = 1/πT2 et on vérifie dans ce cas :



⌡g(ν) dν = 1
−∞

2.3 - Traitement quantique des émissions spontanée, stimulée et de l’absorption


Contrairement à ce que l'on a fait lors de la détermination des susceptibilités l'opérateur
hamiltonien d'interaction sera traité d’une façon purement quantique ce qui implique aussi
la quantification du champ électrique E vue au chapitre III. L'hamiltonien s'écrit :

Η ' = − e E(r,t) r

où toutes les quantités sont des opérateurs , r est l'opérateur position.


En considérant le cas de l'onde plane on peut écrire :

Η' = j e [(hωk)/(2εVol )] [ak+.exp(−ik.r) − ak.exp(ik.r)] ek r

où ek est le vecteur unitaire de la polarisation de l'onde plane.


La probabilité de transition par unité de temps entre l'état initial et l'état final est donnée
par :

W = |Ηfi'|2 δ(Ei − Ef)
h

Les seuls éléments Ηfi' non nuls seront ceux pour lesquels les éléments de matrice entre
l’état initial |i > et l’état final <f l , <f l ak+ ek r |i > et <f l ak+ ek r |i > existent et sont non
nuls, ce qui compte tenu des propriétés des opérateurs de création a+ et d'annihilation a
donne des transitions entre des états |n> et |n + 1> et vice versa où n est le nombre
de photons.

Dans le cas de l'émission d'un photon dans un mode, ce qui correspond au passage de
l’état |n> à l'état |n + 1> et de l'état atomique |2> à l'état |1> on aura :

2πe2 hωk 2
W ém/mode = |<n +1| ak+ |n><1| ek r |2>| δ(E2 − E1 − hωk)
h 2εVol
126 Chap.IV - Les lasers

π e2ωk 2
= (n +1) |<1| ek r |2>| δ(E2 − E1 − hωk)
εVol

dans ce terme il faut distinguer deux parties :

π e2ωk 2
l'émission spontanée : Wsp/mode = |<1|ek r|2>| δ(E2 − E1 − hωk)
εVol

π e2ωk 2
l'émission stimulée : Wst/mode = n |<1|ek r|2>| δ(E2 − E1 − hωk)
εVol

avec Wém/mode = Wsp/mode + Wst/mode

Dans le cas de l'absorption d'un photon dans un mode qui correspond au passage de
l’état |n +1> à |n> et de l'état atomique |1> à l'état |2> on aura :

π e2ωk 2
Wabs/mode = n |<1|ek r|2>| δ(E2 − E1 − hωk) = Wst/mode
εVol

Cette dernière équation montre que le taux d'émission stimulée est égal au taux
d'absorption et que l'absorption est induite par un nombre de photons n ≠ 0 déjà
présents dans le mode.

Les relations précédentes sont valables pour un seul mode électromagnétique et elles ne
font pas apparaître formellement une différence entre les termes d'émission spontanée et
d'émission stimulée. Lorsque l'on considère l'ensemble des modes, l'émission spontanée,
comme elle ne fait intervenir qu'un seul photon par mode, est un phénomène incohérent
alors que l'émission stimulée et l'absorption sont des phénomènes cohérents, les
propriétés quantiques apparaissent dans ces derniers.

calcul du taux d'émission spontanée


Il faut sommer l'expression obtenue plus haut sur tous les modes électromagnétiques.
En considérant l'espace des vecteurs d'ondes k de densité d'états ρ(k) = [Vol /(8π3)] on
peut effectuer l'intégration :

πe ωk 2
Wsp = ⌠
 εVol |<1|ek r|2>| δ(E2 − E1 − hωk ) ρ(k)d k
2 3

en effectuant les changements de variable ωk = (c/nr)k , δ(ωi) = hδ(Ei) et


d3k = sinθ dθ dφ k2dk on obtient :

e2ω3nr3 2π π e2ω3nr3 12 1
⌠ |<1|ek r|2>| sinθ dθ dφ = πεc3 y2 = tsp
2
Wsp =
8π2εc3 ⌠⌡⌡
0 0

où y212 est l'élément de matrice |<1|ek r|2>|2 projeté sur la direction de polarisation
choisie suivant l’axe Oy, et tsp est le temps de vie d'émission spontanée .
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 127

calcul du taux d'émission stimulée et d'absorption


La transition entre les niveaux atomiques 1 et 2 se fait par l'interaction d'un champ
électrique monochromatique caractérisé par une seule fréquence ν et sous forme d’une
onde plane avec le milieu. On calcule dans ce cas les probabilités de transition pour
l'absorption et pour l'émission stimulée.
La transition du niveau 2 vers 1 est caractérisée par le profil de raie g(ν) . Les
probabilités de transition sont obtenues à partir des probabilités de transition par mode
Wém.spont/mode , ce qui donne :


Wst = ⌠
⌡Wé.stim/mode(ν') g(ν')dν'
−∞

πe2ν' πe2ν y212nref
= ⌠
 εVol |<1|e r |2>|2
n δ( ν − ν ') g(ν ') dν ' = g(ν)

k
εVol
−∞

En exprimant Wé.stim en fonction de l'intensité optique Iν par unité de fréquence qui


correspond à la puissance par unité de surface et par unité de fréquence en W.m−2.s on
obtient :
c.n.hν
Iν = n .Vol
r

où c/nr est la vitesse de la lumière dans le milieu d'indice de réfraction nr .


En exprimant en fonction du temps de vie de l'émission spontanée tsp et la longueur
d'onde λ = c/ν . On effectue le même traitement pour l'absorption, on obtient :

λ2 Iν
Wst = g(ν) et Wabs = Wé.stim
8πhν nr2 tspont

On retrouvera ces résultats par une approche différente au paragraphe suivant.

2.4 - Coefficients d'Einstein

relations générales entre les coefficients d'Einstein


L’émission et l’absorption atomiques s’effectuent en présence de rayonnement. Plus la
densité est importante et plus l'absorption et l'émission stimulée seront importants,
comme on l'a montré par le traitement quantique. On va trouver les coefficients
caractéristiques de la transition laser à partir d’un système à l’équilibre thermique, cet
argument est celui qui a été proposé par Einstein en 1917. Les coefficients d'Einstein
B12 , B21 et A représentent respectivement les relations entre les probabilités
d'absorption, d'émission stimulée, et d'émission spontanée. Ils seront obtenus, d'une
façon classique, à partir des équations des populations des deux niveaux d'énergie en
tenant compte de la statistique des photons qu'on a discuté au chapitre III.
La densité spectrale d'énergie ℜT(ν) , exprimée en J.sec.m−3 , dans une cavité à
l'équilibre thermique à une température T est pour une fréquence ν :

8πh.nr3.ν3 1
ℜT(ν) = c3 exp(hν/kBT) − 1
128 Chap.IV - Les lasers

L'absorption du rayonnement à la fréquence ν correspond au passage d'un photon du


niveau E1 vers le niveau E2 , elle est induite par la densité spectrale d'énergie ℜT(ν) et
est proportionnelle au nombre d'atomes par unité de volume N1 du niveau E1 .
On peut exprimer le nombre d'atomes ayant changé d'état, qui correspond aussi au
nombre de photons absorbés, pendant le temps dt par :

dnab = B12 N1 ℜT(ν) dt

où B12 est le coefficient d'Einstein pour l'absorption qu’on va déterminer.


L'émission spontanée est caractérisée par temps d’émission spontanée tsp d'un photon
sur le niveau supérieur E2 et qui est indépendante de la densité, il dépend uniquement
des propriétés du milieu considéré.
Le nombre d'atomes émis pendant le temps dt de cette manière sera proportionnel à la
densité atomique N2 :

dnsp = A N2 dt avec A = 1/tspont

A est le coefficient d'Einstein d'émission spontanée.


Si on égalise l'absorption et l'émission spontanée en régime permanent dnab = dnsp , on
trouve un rapport des populations d'atomes N1/N2 qui ne vérifie pas la statistique de
Boltzmann à l’équilibre thermique, ce qui ne peut pas être correct. Il apparaît donc la
nécessité d'introduire un nouveau terme d'émission qui correspond en fait l'émission
stimulée. En régime permanent on exprime alors le bilan entre absorption et émission
par :
dnst + dnsp = dnab

on obtient le terme d'émission stimulée :

dnst = −A.N2.dt + B12.N1.ℜT(ν).dt

On tient compte de la statistique de Boltzmann :

N2
N1 = exp[−(E2 − E1)/kBT] = exp(−hν/kBT)

Quand la densité moyenne d'énergie ℜT(ν) devient très grande, ce qui correspond à une
augmentation de la température T pour la statistique de Boltzmann, on néglige le terme
d'émission spontanée :

A.N2 << B12.N1.ℜT(ν) et N2 ≈ N1 donc dnst ≈ dnabs

On pose alors :
dnst = B21.N2.ℜT(ν).dt

ce qui donne le coefficient d'Einstein pour l'émission stimulée B21 :

B21 = B12

On détermine ensuite le coefficient d'émission spontanée A on peut écrire :

(N1 − N2)
B21.N2.ℜT(ν) = − A.N2 + B12.N1.ℜT(ν) donc A = B12 ℜT(ν)
N2
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 129

qui donne
c3.A
B21 = = B12
8πnr3.hν3

profil spectral du milieu laser


Pour exploiter les formules données ci-dessus on doit aussi tenir compte du milieu laser
qui est caractérisé par le profil de la raie d'absorption g(ν) .
La probabilité d'émission stimulée par mode, par unité de fréquence est donné par :

Wst/ν = B21.ℜT(ν).g(ν)

Pour obtenir la probabilité d'émission stimulée totale pre.stim on intègre sur toutes les
fréquences :

c3.A ⌠ℜT(ν') g(ν')
dν'
8πh.nr3 
prst =
⌡ ν' 3
0

A cause du caractère résonnant de la transition atomique, la fonction g(ν) varie


beaucoup plus rapidement autour de la fréquence d'émission ν que ℜ(ν) . Donc on peut
sortir de l'intégrale la fonction ℜ(ν')/ν'3 , on retrouve le résultat de la statistique de Planck
:

c3.A 1
prst = 3 3 ℜT(ν) =
8πh.nr .ν exp(hν/kBT) − 1

En exprimant par rapport à l’intensité Iν et au profil de raie g(ν) , on peut généraliser les
résultats précédents dans les cas où l’on n’est plus à l’équilibre thermique, ce qui est
effectivement le cas des lasers, on remplace les termes :

(c/nr).ℜ(ν) → Iν.g(ν)

qui est la puissance transportée par unité de surface et par unité de fréquence, exprimée
en W.m−2.s , on obtient donc en définitive le même résultat que par le traitement
quantique :
c2.A.Iν λ2.Iν
Wst/ν = g(ν ) = g(ν)
8πh.nr2.ν3 8π.nr2.hν.tsp

pompe
(éléctrique, optique...) énergie de transition laser hν12 = E2 − E1
E3 N2
E2
hν12 en phase (n + 1).hν12
(n) hν12
E1 N1
émission émission
E0 absorption spontanée stimulée

processus d'absorption, d'émission spontanée et d'émission stimulée


130 Chap.IV - Les lasers

2.5 - Gain du milieu amplificateur

La variation de densité d'énergie électromagnétique du système u(ν) , en J.m−3 , est :

du(ν) = hν (dnst + dnsp − dnabs) dt

= hν [B21 ℜ(ν) (N2 − N1) + A N2] dt

le terme en (N2 − N1) rend compte des phénomènes cohérents induits et le terme en
A.N2 de l'émission spontanée incohérente.
Si N2 > N1 on est en présence d'un milieu amplificateur. D'après les arguments donnés
précédemment, en présence de forte densité d'énergie u(ν) , l'émission spontanée est
négligeable devant l'émission stimulée, cette dernière du fait de sa nature incohérente
peut être considérée comme un terme de bruit superposé au signal cohérent.
La puissance cohérente par unité de volume devient en présence d'un rayonnement
monochromatique de fréquence ν :

du(ν)
p(ν) = dt = hν [Wst/ν (N2 − N1)] g(ν)

λ2.Iν
= (N2 − N1) g(ν)
8π.nr2tsp

Cette puissance se superpose à l'intensité de l'onde incidente Iν qui varie le long de la


direction de propagation, ici axe Oz , suivant l'équation :

dIν
dz = p(ν) = γ(ν).Iν(z)

où γ(ν) est appelé le coefficient de gain , son unité est l’inverse d'une longueur, cm−1 :

λ2
γ(ν) = ∆N g(ν)
8π.nr2.tsp

∆N = (N2 − N1) est la différence de population.


L'intensité varie donc d’une manière exponentielle le long du milieu amplificateur :

Iν(z) = Iν(0) exp[γ(ν)z]

pompe

dP/dz = γ(z) P

P P + dP
A
gain γ(z) t t
entrée sortie
0 L
dz

caractéristiques de l'amplification laser et analogie électrique


Emission spontanée, émission stimulée et absorption 131

spectre gain cas idéal


de gain
sortie
linéaire
phase

ν0 entrée
fréquence optique ν ν

spectre gain cas réel


de gain
sortie
saturation
phase

ν0 ν ν0 ν entrée

section efficace laser


Une définition souvent employée pour un milieu amplificateur laser est la section
efficace , qui a la dimension d'une surface. Le coefficient de gain γ peut s'exprimer par :

γ(ν) = ∆N.σ(ν) = σ21.N2 − σ12.N1

λ2
où la section efficace est définie par: σ(ν) = g(ν)
8π.nr2tsp

et ne dépend que des propriétés du milieu, ceci donne aussi une relation entre la
fréquence de transition et l'intensité :

W(ν).hν = σ(ν).Iν

saturation du gain
A forte intensité le gain d’un milieu laser sature, puisque l’inversion devient presque
complète, l'expression du gain saturé peut se mettre alors sous la forme :

λ2
g(ν)   = ∆N   σ(ν)
1 1
γ(ν) = ∆N0 2
8π.nr tsp 1 + (Iν/Iν )
sat 0
1 + (Iν/Iνsat)

c c
où l'on a identifié l'intensité en fonction de la densité d’énergie : Iν = n u = 2n ε0E02
r r

l'intensité de saturation Iνsat correspond à l'intensité pour laquelle le gain a diminué d'un
facteur 2 et été trouvé à partit des équations de Bloch :

4πnr2.hν 4πnr2.hν
Iν sat
= ≈
(T1/tsp).λ2.g(ν) λ2.g(ν)

en général on peut identifier le temps T1 à la durée de vie spontanée T1 ≈ tsp .


132 Chap.IV - Les lasers

exemple gain dans un laser à rubis


Il s’agit d’un cristal de Al2O3 avec 0,5 % de Cr2O3 correspondant à une concentration
de 2,4.1019 atomes de Chrome par cm3. Par un système de pompage optique on réalise
une différence de population ∆N = 5.1017 cm−3 . Les autres quantités sont le temps de vie
spontanée tsp = 3.10−3 sec , l'indice de réfraction nr = 1,77 et la largeur de la raie
d'absorption ∆ν = 1g(ν0)−1 = 2.1011 Hz
En appliquant les formules trouvées plus haut on trouve le coefficient de gain
γ(ν) ≈ 5.10−2 cm−1 et l'intensité de saturation Isat(ν0) ≈ 467 W.cm−2.

2.6 - Pompage optique


Le rôle du pompage est essentiel pour le fonctionnement des lasers, en effet il sert à
créer une inversion de population. En termes énergétiques la pompe amène l’énergie qui
est ensuite convertie en puissance lumineuse.
Suivant les types de laser la pompe se présente sous différentes formes : électrique,
haute tension ou courant d’injection; lumineuse par des lampes puissantes ou d’autres
lasers et chimique.
systèmes à 3 ou 4 niveaux
Pour obtenir un milieu amplificateur il faut satisfaire la condition d'inversion de population
N2 > N1 , ceci n'est possible qu'en effectuant une opération pompage. Il est impossible
d'inverser directement les niveaux d'énergie puisqu’il faudrait produire une température
négative. Il faut donc effectuer le pompage par l'intermédiaire d’autres niveaux atomiques
de façon à pouvoir amener les atomes du niveau E2 à la condition d'inversion de
population par rapport aux atomes du niveau E1 . Différents mécanismes existent et
dépendent du type de laser utilisé.

Dans un système à 4 niveaux on pompe vers un niveau E3 , situé au dessus de E2 à


partir d'un niveau E0 situé en dessous du niveau E1 . Le niveau E3 va se dépeupler de
manière non radiative rapidement vers le niveau E2. C’est entre les niveaux E2 et E1
que se fait l'effet laser. E1 ensuite se dépeuple d’une manière non radiative vers E0 .

Dans un système à 3 niveaux le pompage vers le niveau E3 se fait à partir du niveau


fondamental E1 de la transition laser. Ce processus est en général moins efficace que le
précédent comme on le verra ci-après. Le premier laser réalisé, le laser à Rubis, est un
système à trois niveaux.

bande d'absorption E3

transition non
radaiative rapide t32 pompage optique et
transitions radiatives
et non radiatives pour
Transition laser 2 un système laser à 4
E21 = hν niveaux
pompage 1
optique transition non
radaiative rapide t10
0
Emission spontanée, émission stimulée et absorption 133

équations de continuité
Pour décrire l’évolution d’un système laser il faut tenir compte des temps de vie des
différents niveaux du système. Le temps de vie global du niveau 2 sera exprimé comme
la somme des temps de vie des différents processus radiatifs et non radiatifs issus de ce
niveau :
1/t2 = 1/t21 + ∑1/t2i avec 1/t21 = 1/tsp + 1/t21nr
i≠1,2

où t21 est le temps de vie vers le niveau E1 , les autres temps correspondent et aux
transitions vers des niveaux atomiques autres que E1 .
Les équations relatives à l'évolution des densités N2 et N1 sont appelés les équations
de continuité cette dénomination provient de la conservation du nombre d'atomes lors du
processus. En utilisant les probabilités de transition définies plus haut :

λ2.Iν
Wst/ν(2→1) = g(ν) = W(ν) et Wabs/ν(2→1) = W(ν)
8π nr2 hν tspont

on peut écrire en toute généralité :

dN2 N2 dN1 N1 N2
dt = R2 − t2 − (N2 − N1) W(ν) et dt = R1 − t1 + t21 + (N2 − N1) W(ν)

où R1 et R2 représentent les taux de pompage, densités atomiques par seconde, vers


les niveaux 1 et 2 respectivement. En général le signe de R2 est positif et celui de R1
est négatif. La solution stationnaire, qui correspond aux dérivées nulles, est :

R2t2 − [R1 + (t2/t21) R2] t1


∆N = N2 − N1 =
1 + [t2 + (t21 − t2)(t1/t21)] W(ν)

A l'équilibre, en absence de rayonnement induit, W(ν) = 0 et la différence de population


non saturée devient :
∆N0 = R2t2 − [R1 + (t2/t21) R2] t1

ce qui permet de réécrire la différence de population ∆N en fonction de la différence de


population non saturée ∆N0 du temps de saturation tsat :

∆N0
∆N = avec tsat = t2 + (t21 − t2)(t1/t21)
1 + tsat W(ν)

solutions pour un système à 4 niveaux


Pour un système à 4 niveaux le niveau fondamental est E0 , on est dans une
configuration où E1 − E0 >> kBT . Le pompage se fait vers le niveau 3 . La durée de vie de
la transition 3 → 2 , t32 , est très courte, cette transition est très rapide et donc R2 ≈ R ,
où R est le pompage vers le niveau 3 .
Il n’y a pas de pompage vers ou à partir du niveau 1, donc R1 = 0 . On peut écrire la
différence de population non saturée :
∆N0 = R.t2 [1 − (t1/t21)]

Dans la plupart des systèmes à 4 niveaux les processus radiatifs sont plus rapides que
les processus non radiatifs donc tsp << t21nr et donc t2 ≈ t21 ≈ tsp . La transition du niveau
1 vers le niveau 0 est aussi très rapide de façon que t1 << t2 , on a :
134 Chap.IV - Les lasers

R.tsp
∆N4niv ≈ donc ∆N0 4niv ≈ R.tsp et tsat4niv ≈ tsp
1 + tsp.W(ν)

Le taux de pompage R pourra s’exprimer en fonction de la probabilité des transitions de


pompe induites vers le niveau 3 , Wp. Si le pompage s’effectue entre le niveau 0 et 3
alors R = (N0 − N3).Wp En tenant compte des arguments précédents les temps de vie
des niveaux 1 et 3 sont très courts donc leurs populations N1 et N3 sont
négligeables. Si on considère la somme de toutes les densités alors
Ntot = N0 + N1 + N2 + N3 ≈ N0 + N2 et ∆N ≈ N2 , alors R = (Ntot − ∆N).Wp. , on voit que R
décroît avec la différence de population ∆N , en substituant R dans l’expression
précédente ∆N4niv on peut écrire :

tsp Ntot.Wp tsp Ntot.Wp tsp


∆N4niv = donc ∆N04niv = et tsat4niv =
1 + tsp Wp + tsp W(ν) 1 + tsp Wp 1 + tspWp

Pour un faible pompage Wp << 1/tsp on a ∆N04niv ≈ tsp.Ntot.Wp et tsat4niv ≈ tsp .

solutions pour un système à 3 niveaux


Pour un système à 3 niveaux le niveau 1 est le niveau fondamental, et le pompage se fait
vers le niveau 3. La transition 3 → 2 doit être rapide par contre la transition 3 → 1 doit
être lente, de façon que le pompage puisse remplir le niveau 2. Le temps de vie du
niveau 2 doit être relativement long afin de maintenir la population N2 . Ici on a
R2 = R = −R1. Le temps de vie du niveau 1est infini. On a t2 = t21 ≈ tsp si on néglige les
temps non radiatifs. La solution stationnaire de l’équation de continuité en tenant compte
des considérations précédentes.

0 = R − (N2/t21) − (N2 − N1) W(ν)

Si on considère la somme de toutes les densités Ntot = N1 + N2 + N3 ≈ N1 + N2 et en


tenant compte que ∆N = (N2 – N1) on obtient N2 = [(Ntot + ∆N)/2] alors on peut exprimer
la différence de population :

2t21R − Ntot
∆N3niv = donc ∆N03niv = 2R.tsp − Ntot et tsat3niv ≈ 2tsp
1 + 2tsp W(ν)

En exprimant ces quantités en fonction des probabilités de pompage Wp relié par la


relation R = (N1 − N3).Wp ≈ N1.Wp = [(Ntot − ∆N)/2] on obtient :

Ntot(tsp.Wp − 1) 2tsp
∆N03niv = et tsat3niv =
1 + tsp Wp 1 + tspWp

3 3
t32 t32
2 2
R
W(ν) t21 W(ν) t21
R 1 1
t2
t1
0

transitions 4 niveaux transitions 3 niveaux


Oscillateurs laser et fonctionnement 135

3 - OSCILLATEURS LASER ET FONCTIONNEMENT


Malgré le fait que dans le terme laser, lightwave amplification of stimulated emission of
radiation, apparaît le mot amplificateur les principales applications d'un laser sont sous
forme d'oscillateur ou générateur de lumière. Les avantages d’un laser se situent
principalement dans sa directivité, son caractère monochromatique, sa forte puissance et
la possibilité d'engendrer des impulsions très courtes.

Un laser est composé essentiellement de deux parties: un résonateur optique, appelé


aussi cavité, constitué de miroirs qui réfléchissent la lumière et d'un milieu actif laser
placé entre les deux miroirs qui génère et amplifie la lumière. Les atomes ou molécules
du milieu sont distribués sur différents états quantiques ou niveau d'énergie.
Les atomes actifs correspondent à deux états d'énergie. Une amplification de lumière est
possible seulement si le nombre d'atomes actifs dans l'état d'énergie la plus haute, l'état
excité, excède le nombre dans l'état d'énergie plus basse, ceci constitue l'inversion de
population . Le laser a besoin d'une source d'énergie, la pompe, par exemple une
décharge électrique, de manière à élever les atomes actifs du niveau bas au niveau
excité. Mais les atomes du niveau excité ne restent pas dans cet état indéfiniment, leur
tendance naturelle est de retomber sur le niveau bas, alors il y a émission de lumière
dans des directions aléatoires, ce phénomène est l’émission spontanée.

Une petite fraction de cette lumière se dirige vers l'un des miroirs et est réfléchie ensuite
vers le milieu laser. La lumière réfléchie induit les atomes excités à émettre des photons
supplémentaires avec la même longueur d'onde, la même direction de propagation et la
même phase. Cette production de lumière avec les mêmes caractéristiques que la
lumière originale, appelé émission stimulée, est responsable des effets remarquables de
la lumière laser. La lumière, en se réfléchissant entre les miroirs est amplifiée
continuellement par le milieu laser.
Une fraction de cette lumière est transmise par les miroirs qui ne sont pas complètement
réfléchissants, permettant ainsi au faisceau laser de sortir. Pour obtenir l'oscillation laser,
le gain du laser, qui correspond à l’augmentation de l'intensité lumineuse lors du passage
à travers le milieu, doit dépasser les pertes en intensité du faisceau causées par les
imperfections des miroirs et par d'autres facteurs. Cette condition est appelée le seuil
d’oscillation laser.

3.1 - Conditions d'oscillation laser


Comme dans le cas des oscillateurs électroniques pour obtenir l'oscillation on effectue
une injection de l'énergie, ceci est réalisé dans la cavité laser constituée de surfaces
partiellement réfléchissantes réalisant une contre-réaction optique, optical feedback .
L'oscillation est obtenue quand le gain équilibre les pertes dans la cavité, qui sont les
pertes par transmission, dues aux miroirs partiellement réfléchissants et les pertes par
absorption dans le milieu, dans le faisceau et sur les parois.

Les quantités utilisées sont le gain γ(λ) et les pertes α(λ) par unité de longueur dans la
cavité, exprimés en cm−1. Ces deux quantités dépendent de la longueur d'onde λ .

On considère habituellement la cavité constituée de deux miroirs semi-réflechissants


avec des coefficients de réflexion en amplitude r1 et r2 , le milieu actif pompé est placé
entre ces miroirs, on parle de cavité Fabry-Pérot comme on l'a vu au chapitre II.
On peut exprimer le champ électrique à l'intérieur de la cavité de longueur L et de
coefficients de réflexion r1 et r2 . Après un aller-retour dans la cavité, on peut exprimer le
champ électrique en fonction du champ incident :
136 Chap.IV - Les lasers

champ injecté E0 exp(jωt) après un aller-retour E0 r1r2 exp[j(ωt − κ.2L)]

La condition d'oscillation s'exprime par l'égalité des deux ondes :

E0 r1r2 exp[j(ωt − κ.2L)] = E0exp(jωt) ou r1r2 exp[j(−κ.2L)] = 1

La constante de propagation complexe s'exprime par :

χ'(ν) χ"(ν) α
κ = k 1 + 2n2  − jk 2n2 − j 2
 

avec k = 2π/λ = 2πnr/λ0 = nrk0 le vecteur d'onde où λ est la longueur d'onde dans la
cavité et λ0 celle dans le vide, nr est l'indice de réfraction du milieu. χ'(ν) et χ''(ν)
sont les parties réelles et imaginaires de la susceptibilité électrique α est le coefficient de
pertes. Si on sépare la partie réelle et imaginaire dans la condition d'oscillation on obtient
une condition sur l'amplitude et une condition sur la phase.

3.2 - Condition d'amplitude ou de gain

Le coefficient de gain γ s'exprime à partir de la partie imaginaire de la susceptibilité χ'' :

χ"(ν)
γ = − k n2
r

La condition d'amplitude correspond à la partie réelle de la condition sur les champs


électriques :
|r1r2| exp{[(γ − α)/2] 2L} ≥ 1

ce qui donne la condition de gain :

1 1
γ ≥ γs = αtot = α + αc = α − L Log|r1r2| = α − 2L Log(R1R2)

où γs est la gain au seuil , le coefficient αtot correspond aux pertes totales αc est la
perte par unité de longueur de la cavité. (αtotc/nr) représente la perte de photons par
seconde. La durée de vie des photons dans la cavité sera :

nr
τp =
αtot.c

Le gain du milieu amplificateur est lié à la différence de populations ∆N :

γ(ν) = ∆N σ(ν) avec ∆N = N2 − N1

où σ(ν) est la section efficace laser. L'oscillation laser démarre à partir du seuil du laser ,
la condition est donc ∆N > ∆Ns où ∆Ns est la différence de population au seuil :

αtot 8n2tsp ∆ν 
α − L Log|r1r2| =
1 nr
∆Ns = =
σ(ν) λ2   c.τpσ(ν)

En régime permanent la valeur de ∆N se verrouille à la valeur seuil, ∆Ns , c'est le


phénomène de clamping .
Oscillateurs laser et fonctionnement 137

profil de
gain γ(P) gain
point de
γf = α
fonctionnement γf = α pertes
pertes
bande
∆ν
0
Pf Psat puissance P ν0 ν

point de fonctionnement laser

différence de seuil
puissance
∆N population P

verrouillage Psat
seuil

∆Ns ∆N0 ∆Ns 2∆Ns

seuil laser

3.3 - Condition de phase


La condition de phase s'écrit :

χ'(ν) χ'(ν)
nrk0 1 + 2n 2  2L = 2mπ ou ν 1 + 2n 2  = νm
 r   r 

ce qui donne les fréquences des modes possibles d'oscillation dans la cavité. D'après la
discussion sur les susceptibilités à l'aide des relations de Kramers-Kronig au chapitre I,
on a :
2(ν − ν0)
χ'(ν) = χ"(ν)
∆ν

où ν0 est la fréquence du maximum de gain et ∆ν la largeur spectrale de la courbe de


gain, ce qui permet d’exprimer la condition de phase :

(ν − ν0)
ν 1 − γ (ν) = νm
 ∆ν k s 

la fréquence résultante d'oscillation ν est proche mais ne coïncide pas avec la fréquence
cavité νm ce qui donne :
c γ (ν )
ν ≈ νm − (ν − ν0) s m
2πnr∆ν

en exprimant le gain au seuil on obtient :


138 Chap.IV - Les lasers

∆νc
ν ≈ νm − (νm − ν0)  ≈ νm − (νm − ν0)  
1 
τ
 p 2π∆ν  ∆ν 

où ∆νc = αc(c/nr) est la bande passante de la cavité , dans la dernière approximation on


a négligé les pertes du milieu α << αc . Typiquement ∆νc << ∆ν le laser oscille près de la
fréquence cavité déplacé vers ν0 ce phénomène est appelé frequency pulling.

Cavité avec gain et dispersion


Cavité seule
fréquence
cavité phénomène du
déplacement de
νm0 = (mπc)/(2nrL) fréquence,
frequency pulling
νm

0 νm0 ν ν0 fréquence optique laser ν

La condition de phase si l'on ne tient pas compte du freuency pulling est : nrk02L = 2mπ
ou pour la fréquence ν = νm .
En exprimant k0 = 2π/λ0 la longueur d'onde est 1/λ0 = m/(2nrL) . L'espacement entre
deux modes adjacents correspond à k0i − k0j = π/(nrL) ce qui donne :

λ2 c
λ0i − λ0j = 2n0 L ou en unités de fréquence ν0i − ν0j = 2n L
r r

qui correspond à l'intervalle spectral libre.

profil de gain

γs = αtot pertes

bande d'oscillation

ν0 ν

modes d'oscillation laser δν


intermode δν = c/2nrL
−2 −1 0 1 2 ν

modes d'oscillation et gain dans une cavité laser


Oscillateurs laser et fonctionnement 139

D'après la condition de phase et de gain un laser peut osciller sur plusieurs modes,
puisque l'étendue spectrale de γ(λ) − αtot > 0 est en général nettement supérieure à
l'espacement entre modes d'oscillation.
exemple: conditions d'oscillation pour un Laser He-Ne
Un Laser à gaz He-Ne émet à λ = 632 nm , avec les paramètres suivants : indice n ≈ 1
largeur de la courbe de gain ∆ν ≈ g(ν0)−1 ≈ 2.109 Hz , absorption du milieu α ≈ 0 ,
coefficients de réflexion R1R2 = 98%, temps de vie spontanée tsp ≈ 10−7 sec , longueur
de la cavité L = 20 cm , différence entre fréquences cavité et gain (νm − ν0) ≈ 108 Hz . La
différence de population d'inversion au seuil est ∆N ≈ 2 108 cm−3 , la bande passante de
la cavité ∆νc = 106 Hz , le rapport (∆ν1/2/∆ν) ≈ 7 10−4 et le déplacement de la fréquence
d'oscillation (ν − νm) = 7.104 Hz .
oscillation monomode
Dans certaines applications on désire un seul mode d'oscillation dans la cavité on obtient
alors un laser monomode . Une sélection de mode peut être réalisée de différentes
manières : a) introduction dans la cavité d'un prisme ou d'un réseau de diffraction de
façon à privilégier le trajet optique pour la longueur d'onde choisie, b) sélectionner un seul
mode transverse en créant des obstacles dans la cavité, c) sélectionner la polarisation en
introduisant un polariseur dans la cavité qui peut être une fenêtre de Brewster , d)
sélectionner un mode longitudinal en augmentant les pertes de façon à satisfaire la
condition de gain pour ce seul mode ou bien en diminuant la longueur de la cavité L de
façon à augmenter l'espacement entre modes δν = c/2nL , ou encore en introduisant un
étalon de fréquence dans la cavité de type Fabry-Perot ou à miroirs multiples. e) La
technique de la cavité externe ou de rétroaction optique peut aussi être utilisée.
faisceau laser
sélection x,y
R1 = 100 % de modes R2
milieu amplificateur intensité
θ
z
w0
miroir sphérique L miroir sphérique
partiellement réflechissant

cavité laser

3.4 - Cavité multiple


Nombreuses applications utilisent des cavités externes au laser, par exemple pour
réaliser des sources accordables en longueur d'onde λ , ou bien pour modifier la largeur
spectrale ∆λ d’une source laser. L’effet d'une cavité externe peut aussi se manifester par
la présence de réflecteurs distants comme par exemple des interfaces optiques, des
lentilles, des filtres optiques, des fibres optiques…
Si l'on considère le cas d'une cavité externe d'indice next avec un miroir de coefficient de
réflexion r3 placée à une distance Lext du miroir de coefficient de réflexion r2 on peut
calculer le coefficient de réflexion effectif reff vu du miroir de coefficient de réflexion r2 .
Si on appelle E2i le champ incident au miroir 2 et E2r le champ réfléchi, on peut
exprimer l'un en fonction de l'autre en utilisant le temps de retard τ nécessaire à
parcourir la cavité externe :
140 Chap.IV - Les lasers

2nextLext
τ = c

E2r = E2i {r2 + t22exp(−jωτ).r3[1 − r2r3exp(−jωτ) + [−r2r3exp(−jωτ)]2 + [−r2r3exp(−jωτ)]3 +...}


= E2i r2 + t22 exp(−jωτ) r3 
1  = E  r2 + r3 exp(−jωτ) 
 1 + r2r3 exp(−jωτ) 2i
1 + r2r3 exp(−jωτ)

en utilisant r22 + t22 = 1, le coefficient de réflexion effectif devient :

r2 + r3 exp(−jωτ) 
reff =  
1 + r2r3 exp(−jωτ)

Plusieurs applications peuvent être envisagées: cavité externe, laser DBR à 3 sections,
on en trouvera des exemples au chapitre V .

r1 r2 reff r3
laser cavité externe
τext laser

L Lext

3.5 - Puissance émise par le laser


La puissance fournie nécessaire pour maintenir une population atomique N2 correspond
à celle qui sert à compenser les pertes dues aux transition du niveau 2 caractérisées par
le temps t2 , elle s’exprime par le produit du nombre de transition par seconde N2.Vol/t2
par l’énergie des photons de la transition hν , donc PN2 = N2.Vol.hν/t2 .
puissance nécessaire au seuil
Il est intéressant de comparer la puissance nécessaire pour atteindre le seuil d’oscillation
pour les systèmes à 3 ou 4 niveaux.
Pour un système à 4 niveaux on a vu que la population du niveau 2, N2 , était
prépondérante, la condition de seuil sur les populations devient alors ∆Ns4niv ≈ N2 . Pour
un système à 4 niveaux la puissance au seuil s'exprime par Ps4niv = (∆Ns4.Vol.hν)/t2 .

Pour un système à 3 niveaux la population N1 n'est pas négligeable, et donc la condition


de seuil s’écrit ∆Ns3niv = N2s − N1s . Quand le gain γ est nul, à la transparence, les
populations N2tr = N1tr = N0/2 , et du fait de la conservation du nombre d’atomes au seuil
on a N2s = N0/2 + ∆Ns3niv/2 ≈ N0/2 puisque l’excès de population au seuil est très faible
devant la valeur totale. La puissance au seuil pour un système à trois niveaux peut donc
s'exprimer par Ps3niv = [(N0.Vol.hν)/(2t2)] .

Puisque les niveaux de différence de population au seuil sont très inférieurs aux niveaux
moyens ∆Ns << N0 la puissance nécessaire pour atteindre le seuil d'un système à 4
niveaux est très inférieure à celle d’un système à 3 niveaux.
puissance émise dans la cavité au delà du seuil
Le coefficient de gain peut s'exprimer en tenant compte de la saturation par :
Oscillateurs laser et fonctionnement 141

γ0 λ2
γ(ν) = avec le gain non saturé γ0 = ∆N0 g(ν)
1 + t2 W(ν) 8πnr2tsp

Le gain du mode d'oscillation se verrouille à sa valeur du seuil γs , ce qui correspond à la


compensation γs = α − (1/L) Log(|r1r2|)
La puissance émise à l'intérieur de la cavité s'écrit alors :

Pi = ∆N hν Vol W(ν)

Au-dessus du seuil la différence de population ∆N est verrouillé à sa valeur seuil ∆Ns :

8πnr2tsp 8πnr3tsp
∆Ns = γ =
g(ν0)λ2 s g(ν0)λ2c.τp

où τp est la durée de vie des photons dans la cavité.


On va exprimer la puissance en fonction du taux de pompage par unité de volume R et
de la différence de population au seuil ∆Ns . La probabilité de transition s’exprime en
fonction de ces quantités par :

R 1
W(ν) ≈ − t
∆Ns sp

∆Ns
En exprimant la valeur au seuil du taux de pompage : Rs = t
sp

La puissance au-dessus du seuil peut donc s’exprimer aussi comme :

hν Vol ∆Ns  R
Pi = − 1
tsp Rs 

Qui est une fonction linéaire du taux de pompage R .


puissance maximale du laser
En exprimant les facteurs de réflexion R1 = |r1|2 et R2 = |r2|2 des deux miroirs.
Comme on l’a vu plus haut la probabilité de transition W(ν) s’exprime par :

γ0 γ0L
W(ν) = t  − 1
1
γs = αL − Log R1R2 = qui donne
1 + W(ν).tsp sp αL − Log R1R2 

La puissance s'exprime alors par :

8πn2hc(Vol/L) γ0L
Pi >seuil = ∆Nshν Vol.W(ν) = (αL − Log R1R2 − 1)  − 1
g(ν0)λ3 αL − Log R1R2 

En nommant les différents facteurs γ0L = G0 est le gain par passage dans la cavité,
αL = Ai pertes internes dans la cavité.
Si les coefficients de réflexion des deux miroirs semi-réflechissants vérifient :

R1 ≈ R2 ≈ Refl ≈ 1

avec le coefficient de transmission respectif T :


142 Chap.IV - Les lasers

T = 1 − Refl et donc Log R1R2 ≈ − [1 + (1 − T)] = T

La puissance de sortie du laser, par l'une ou l'autre face, sera :

8πn2hc(Vol/L)  G0
− 1 T
T
Po = Pi =
Ai + T g(ν0)λ3  Ai + T 

La puissance de sortie du laser présente un maximum en fonction du facteur de


transmission T . En dérivant Po par rapport à T , le maximum correspond à
Topt = − Ai + (G0Ai)1/2 qui donne :

8πn2hc.tsp.(Vm/L)
PoMax = (√G0 − √Ai)2
g(ν0).λ3t2

puissance de
sortie du laser G0 = 12% Ai = 0,01%
G0 = 12% Ai = 1%
unités G0 = 12% Ai = 3%
PMax
arbitraires G0 = 5% Ai = 1%
G0 = 5% Ai = 3%

0 Topt 5 10 15

coefficient de transmission T (%)

puissance de sortie d'un laser en fonction du facteur de transmission T

3.6 - Largeur spectrale de la raie laser

bande passante de la cavité


La cavité laser peut être assimilée à un filtre passe-bande de bande passante ∆νc et et
de coefficient de qualité Qc . Si l’on considère une cavité sans pertes internes ni gain,
appelé aussi cavité froide , le temps de vie d’un photon dans cette cavité τc s’exprime
par :
1 c c
= αc n = − 2n L Log(R1R2)
τc r r

Pour un rayonnement de pulsation ω = 2πν , le coefficient de qualité Qc est défini à


partir de l’équation de perte de puissance Pc par unité de temps :

dPc Pc Pc
dt = ω Qc = τc
Oscillateurs laser et fonctionnement 143

ω 1
La bande passante de la cavité froide devient : ∆ωc = =
Qc τc
bande passante avec amplification et pertes
D’après les conditions d’oscillation, dans un laser, il y a un équilibre, en s’approchant du
seuil, entre le gain γ , les pertes internes α et les pertes par la cavité αc . Dans le
régime d’amplification, avant le seuil d'oscillation, du fait de l'augmentation du gain, les
pertes globales diminuent, on peut donc définir un coefficient de qualité QL global et une
bande passante d’amplification correspondante ∆ωL :

ω
= ω −  =
1 1 1 1 c 1 c
∆ωL = + + [α − γ(∆N)] = − γ(∆N)
QL  Qc Qα QA τc nr τp nr

τp est le temps de vie d’un photon dans la cavité.


Cette largeur de bande est fonction de la différence de population ∆N et diminue lorsque
l’on se rapproche du seuil et tend vers une valeur très faible au-delà du seuil. Au delà du
seuil la largeur n’est pas nulle comme le prévoirait la formule précédente, ceci à cause
des fluctuations de la phase liées à l’émission spontanée qu'on verra plus loin.
largeur de raie de Schawlow-Townes
La largeur de raie s’exprime en fonction des paramètres de fonctionnement du laser
comme la puissance émise et les caractéristiques de la cavité. Les expressions obtenues
ci-dessous correspondent à des comportements asymptotiques en dessous et au-dessus
du seuil pour un mode laser soumis à un élargissement homogène donc de forme de raie
Lorentzienne comme on l'a vu lors du traitement de la cohérence au chapitre II .
L’équation de conservation des photons s’exprime en fonction de la densité de photons
S = n/Vol en faisant le bilan de l’émission spontanée, de l’émission stimulée, de
l’absorption et des pertes de la cavité.

dS S 1
= − + ∆N.W(ν) + t N2
dt τp sp

où ∆N = N2 − N1 est la différence de population. Le dernier terme correspond à


l’émission spontanée. La fréquence de transition W(ν) correspond au nombre de
photons n crées par seconde dans la transition laser caractérisé par le temps de vie
t2 ≈ tsp donc :
n S.Vol
W(ν) ≈ t = t
sp sp

En régime permanent dS/dt = 0 l’équation de conservation s’écrit : :

S S.Vol 1
− + ∆N t + t N2 = 0
τp sp sp

qui a comme solution la valeur permanente de la densité de photons S0 :

∆N.nsp N2 N2
S0 = où nsp = =
tsp/τp − ∆N.Vol N2 − N1 ∆N

nsp est le facteur d’émission spontanée , si l’inversion est totale nsp = 1 . Dans la zone
d'amplification ce facteur n’est pas constant et diminue quand N2 augmente.
144 Chap.IV - Les lasers

La puissance émise par le laser P0 et la puissance à l’intérieur P0int sera alors :

S0.Vol τc
P0 = hν et P0int = P0.
τc τp

En dessous du seuil d’oscillation, dans la zone d’amplification on peut exprimer la largeur


de bande d’amplification ∆ω en utilisant les constantes de temps de l’équation sur les
photons :
1 c 1 1
∆ωL = − γ(∆N) n ≈ − ∆N.Vol t
τp r τp sp

En exprimant ∆N en fonction de S0 , trouvé précédemment, on a :

1 1 S0.Vol 1 nsp
∆ω = − =
τp τp nsp + S0.Vol τp nsp + S0.Vol

Le nombre de photons n0 = S0.Vol est en général très supérieur à nsp qui est de l’ordre
de quelques unités, la puissance correspondante est P0int = [(hν.n0)/τp] donc :

 1  hν nsp
2
1 nsp nsp 1
∆ω ≈ = =
τp S0.Vol τp n0 τp P0int

En exprimant en fonction des unités de fréquence et de la bande passante de la cavité


∆νc et de la puissance émise à l’extérieur P0 on obtient :

hν N2 τp hν
∆ν< = 2π P (∆νc)2 ≈ 2π P (∆νc)2 en dessous du seuil
0 N2 − N1 τc 0

La dernière approximation est appelée la relation de Schawlow-Townes cette


approximation se justifie si l’inversion est totale nsp = [N2/(N2 − N1)] ≈ 1 et si les pertes
internes sont négligeables τp ≈ τc .
On remarque donc que pour une raie laser le comportement caractéristique varie comme
l'inverse de la puissance émise P0 .
largeur spectrale au dessus du seuil
Un comportement asymptotique de même type se retrouve au-dessus du seuil, mais la
variation se fait avec une pente divisée par un facteur 2 par rapport au cas précèdent,
ceci provient du fait qu'au-delà du seuil les fluctuations d’amplitude sont bloquées, à
cause du verrouillage du gain, il n y a plus que les fluctuations de phase. Au dessus du
seuil le facteur nsp devient constant puisque les populations atomiques N2 et N1 sont
verrouillées, donc on peut écrire :

hν τp hν
∆ν> = π P (∆νc)2 nsp ≈ π P (∆νc)2 au dessus du seuil
0 τc 0

On discutera de ce phénomène plus en détail lors du traitement des lasers à


semiconducteurs au chapitre V où nsp ≈ 2 .

On peut évaluer quelques largeurs de lasers typiques :


- Laser à gaz He-Ne, λ = 633 nm , longueur de cavité L = 120 cm , inversion totale
nsp = 1 , indice nr ≈ 1 , facteurs de réflexion R1= 99% et R2 = 100% . La largeur
Oscillateurs laser et fonctionnement 145

spectrale du résonateur vaut ∆νc = − [nr/(2cL)].Log(R1R2) = 2.105 Hz et la largeur de raie


de Schawlow-Townes pour une puissance de P0 = 10 mW vaut ∆ν = 4.10−6 Hz .

- Laser à semiconducteur monomode en InGaAsP à λ = 1310.nm , longueur de cavité


L = 0,35.mm , facteur d'inversion nsp ≈ 2 , indice nr ≈ 3,5 , facteur de réflexion des miroirs
R1= R2 = 30% . La largeur spectrale du résonateur vaut
∆νc = − [nr/(2cL)].Log(R1R2) = 5.10 Hz et la largeur de raie pour une puissance de
10

P0 = 10 mW vaut ∆ν = 2.105 Hz .

Ces deux exemples indiquent que pour les lasers dits classiques, tels les lasers à gaz,
qui possèdent des cavités importantes, la larguer de raie calculée est très faible. D'autres
facteurs d'élargissement de raie intervenir.
Pour les lasers à semiconducteurs, la valeur calculée reflète assez bien cette réalité.

3.7 - Comportement dynamique de l’oscillation laser

équations dynamiques
L’équation de la densité de photons S dans une cavité laser est :

dS S
dt = − τp + ∆N.W(ν)

ici on a négligé l’émission spontanée, τp est le temps de vie des photons dans la cavité,
∆N est la différence de population et W(ν) la fréquence de transition. Cette dernière
quantité peut s’exprimer par :

S
W(ν) ∆Ns =
τp

donc l’équation de continuité pour la densité de photons devient :

dS S ∆N 
−  −
∆Ns
= 1
dt τp 

On doit aussi tenir compte de la variation de la différence de population ∆N , on utilise les


équations des populations décrites plus haut lors de la description des mécanismes de
pompage.
Pour un système à 3 niveaux on effectuera la différence ∆N = N2 − N1 avec les taux de
pompage R2 = R et R1 = 0 , qui signifie qu’il n’y a pas de pompage dans le niveau 1. En
tenant compte des approximations suivantes t21 ≈ t2 ≈ tsp , N2 + N1 = Na = cste ,
N2 = (Na + ∆N)/2 et N1/t1 ≈ R , l’équation sur ∆N devient :

d∆N Na ∆N ∆N S
dt = 2R − tsp − tsp − 2 ∆Ns τp
3 niveaux

Pour un système à 4 niveaux puisque t1 << t2 on aura N1 << N2 donc ∆N ≈ N2 , il faut


donc uniquement considérer l’équation du pompage sur N2 :

d∆N ∆N ∆N S
dt = R − tsp − ∆Ns τp
4 niveaux
146 Chap.IV - Les lasers

solutions stationnaires
Elles sont obtenues pour d∆N/dt = 0 et dS/dt = 0 . En dessous du seuil la densité de
photons laser est négligeable, puisque l’on a uniquement de l’émission spontanée : S ≈ 0
et donc ∆N = R.tsp . La valeur du taux de pompage nécessaire pour dépasser le seuil
est : R > Rs = (∆Ns/tsp) .
Au delà du seuil le gain, donc la différence de population aussi, se verrouille à ∆N = ∆Ns
et la densité de photons devient S = [R − (∆Ns/tsp)] .

3.8 - Génération d'impulsions laser

commutation de gain, gain switching


On agit ici sur la pompe qui est par exemple constituée par une lampe émettant des flash
à des intervalles réguliers dans un laser à rubis. Le pompage R est enclenché à un
instant tI , en passant d’une valeur sous le seuil RI < Rs à une valeur au dessus du seuil
RII > Rs . La différence de population ∆N(t) commence à croître jusqu’à arriver à la
valeur seuil ∆Ns . La densité de photons S est nulle jusqu’à cette valeur, donc ∆N(t)
croît d’une manière exponentielle avec une constante de temps tsp .
On arrive au seuil à l’instant tII , ∆N(t) = ∆Ns , il y a oscillation et S(t) commence à
croître. Lorsque S(t) augmente, du fait de la saturation ∆N(t) décroît jusqu’à se
stabiliser à la valeur de verrouillage seuil ∆Ns , ceci force aussi S(t) à se stabiliser à
une valeur fixe SII à l’instant tIII . A l’instant tIV la pompe est de nouveau ramené à la
valeur RI , ce qui fait passer ∆N(t) à sa valeur initiale ∆NI et S(t) tend alors vers 0.

R(t) RII
pompe R(t)
laser t
cavité laser RI
d ∆N(t) tI tIV t
milieu laser ∆Ns

S(t) tII tIII


t
SII = (RII − Rs)τp
impulsions laser par
commutation de gain,
gain switching
t

commutation du facteur de qualité Q de la cavité, Q switching


On module pour cela un milieu absorbant dans la cavité ou bien on fait varier la le pouvoir
réflecteur d’un miroir. Ceci se traduit par une modulation du coefficient de perte α . Cette
technique crée des impulsions brèves de forte puissance.
A un instant t < tI la pompe est au niveau R . Le coefficient de perte est maintenu à une
valeur suffisante αI de façon que R < RsI , où RsI est la valeur seuil correspondante, et
donc le laser n'oscille pas, ∆N(t) se maintient alors à une valeur R.tsp .
A l’instant tI les pertes sont diminuées jusqu’à la valeur αII , la valeur de seuil RsII
diminue de manière à satisfaire R > RsII donc l’oscillation laser démarre et S(t)
augmente. Ceci a pour conséquence, du fait de la saturation, de faire diminuer la
différence de population ∆N(t) .
Oscillateurs laser et fonctionnement 147

A l’instant tII , quand cette différence de population descend en dessous du niveau de


seuil ∆NSII , ce qui correspond à αII , alors la densité de photons S(t) diminue et tend
vers 0 avec une constante de temps τp .
Ce phénomène produit des impulsions brèves de durée approximative τp . A l’instant tIII
on rétablit les pertes αI > αII . On recommence le cycle après un temps suffisant, de
l’ordre de tsp , de façon à permettre à la différence de population de retrouver la valeur
d’équilibre. La durée de l'impulsion générée ∆t est très inférieure au cas de la
commutation de gain. Le cycle de répétition de la commande de la cellule de perte ne
peut pas être inférieur à tsp de manière à permettre à la différence de population ∆N(t)
de croître à la valeur maximale permise par le taux de pompage R .

On peut comparer la puissance émise par un laser Qswitch avec un laser qui émet en
continu, continuous wave CW .. La densité de photons maximale atteinte SMax
correspond à la croissance de la différence de population pendant le temps tsp . La
densité de photons en continu sera SCW :

∆NsII
SMax ≈ R.tsp et SCW = R − t τp ≈ R.τp
 sp 

Où la dernière approximation se comprend puisque le niveau de seuil ∆NsII est en général


petit devant la densité de pompage.
Le rapport entre ces deux valeurs est tsp/τp >> 1 , ce qui indique que la puissance d’un
pic peut être très élevé. La puissance crête d’une impulsion en sortie du laser peut être
exprimée par PcrQ = (hν.SMax.Vol)/(2τp) où hν est la fréquence d’un photon, τp est la
durée de vie du photon dans la cavité τp ≈ τc = αc.(c/n) où αc sont les pertes de la
cavité, Vol est le volume de la cavité et d la longueur de la cavité.

pertes α(t)
α(t) αI
pompe R
laser t
cavité laser αII
d ∆N(t) tI tIII tI
R.tsp t
milieu laser ∆NsII
cellule de perte tII tsp
S(t)
SMax ≈ R.tsp t

impulsions laser par


commutation de perte,
Q switching ∆t ≈ τp t

verrouillage de mode, mode locking


Un laser oscille en général sur plusieurs modes, espacés de la fréquence δν = c/2nrd , où
d est la longueur de la cavité et nr l'indice de réfraction. Le champ électrique total peut
s’exprimer par la somme des amplitudes des modes qui ne sont pas corrélés en phase
entre eux ce qui se traduit par un terme de phase aléatoire φn .

E(t) = ∑En exp[2π(ν0 + n.δν) + φn]


n
148 Chap.IV - Les lasers

On peut synchroniser les modes par la technique du verrouillage de mode, qui revient à
fixer la valeur de la phase φn . On peut par exemple choisir φn = 0 pour tous les modes,
dans ce cas la somme se calcule aisément, la forme mathématique en fonction du temps
est analogue à celle de la figure de diffraction d'une structure périodique en fonction de la
variable angulaire. Pour un nombre de modes N on aura :

sin(2πN.δν.t/2) 2
E(t)ml = et la puissance P(t) ∝ E(t)ml
sin(2π.δν.t/2)

Il s’agit d’impulsions de période Tml et de largeur τml :

1 2n.d T 1 1
Tml = = avec une largeur d’impulsion τml = Nml = =
δν c N.δν ∆ν

Puisque les modes s'étendent approximativement sur la bande d’amplification laser ∆ν ,


leur nombre N est obtenu en divisant ∆ν par l’espacement entre modes δν .
La puissance d’un pic est N fois la puissance moyenne PcrmL = N.PmoymL puisque la
période est N fois la durée de l’impulsion.

On peut obtenir le verrouillage de modes de manière active en modulant les pertes, ou le


gain, à la fréquence δν . On peut utiliser pour cela un obturateur synchronisé à cette
fréquence, ou bien un modulateur électro-optqiue ou acousto-optique placé dans la
cavité. Cet obturateur devra être synchronisé avec l'arrivée de l'impulsion une fois par
période TmL , cette synchronisation entraîne le verrouillage.
Le verrouillage peut aussi être obtenu d'une manière passive en utilisant un absorbant
saturable qui est un dispositif non linéaire dont l'absorption diminue avec l'intensité.
L'impulsion de forte intensité en phase croît lors des passages successifs, ce qui entraîne
le transfert de l’énergie des composantes de phase aléatoire vers l'impulsion en phase.

Cette technique est très utilisée pour obtenir des impulsions très brèves dans les lasers.
On peut obtenir des impulsions de largeur τ ≈ 100.10−15 s = 100 fs .
D'après les formules écrites plus haut, un largeur avec une très forte bande
d'amplification ∆ν permet l'obtention d'impulsions très brèves puisque τml ≈ 1/∆ν .
Dans les lasers solides les largeurs de bande sont très grandes par exemple pour un
laser Nd3+:verre ∆ν ≈ 3 THz pouvant fournir une impulsion de 500 fs . Pour un laser
Ti3+:Al2O3 ∆ν ≈ 100.THz donne environs τ ≈ 50 fs . Pour un laser à gaz les bandes sont
plus petites, pour He-Ne , ∆ν ≈ 1,5.GHz donne τ ≈ 600 ps et pour CO2 , ∆ν ≈ 60 MHz
donne τ ≈ 20 ns . On peut aussi utiliser cette technique dans les lasers à
semiconducteurs qui, comme on le verra plus loin, possèdent une largeur de bande
d'oscillation très grande, on peut obtenir des largeurs de l'ordre de 10 fs .

obt(t)
t
cavité laser
d
t
milieu laser P(t)
τmL
obturateur

impulsions laser par verrouillage


de mode, mode locking TmL 2TmL 3TmL t
Catégories de lasers 149

4 - CATEGORIES DE LASERS
Milieu Laser Type Longueur Multimode Continu Rendem Puissance
d'onde λ Monomode Pulsé ent (%) ou Énergie
F2 excimère gaz 157 nm Multi Pulsé 0,3 100 mJ
ArF excimère gaz 193 nm Multi Pulsé 1 500 mJ
KrF excimère gaz 248 nm Multi Pulsé 1 500 mJ
XeCl excimère gaz 308 nm Multi Pulsé 1 500 mJ
He-Cd gaz 442 nm Mono/Multi Continu 0,1 10 mW
+
Ar gaz 515 nm Mono/Multi Continu 0,05 10 W
Rhodamine-6G liquide 560-640 nm Mono/Multi Continu 0,005 100 mW
He-Ne gaz 633 nm Mono/Multi Continu 0,05 1 mW
+
Kr gaz 647 nm Mono/Multi Continu 0,01 500 mW
Rubis solide 694 nm Multi Pulsé 0,1 5J
3+
Ti :Al2O3 solide 0,66-1,18 µm Mono/Multi Continu 0,01 10 W
3+
Nd :verre solide 1,06 µm Multi Pulsé 1 50 J
3+
Nd :YAG solide 1,064 µm Mono/Multi Continu 0,5 10 W
KF centr colorés solide 1,25-1,45 µm Mono/Multi Continu 0,005 500 mW
He-Ne gaz 3,39 µm Mono/Multi Continu 0,05 1 mW
Electron libre 9-40 µm Multi Pulsé 0,5 1 mJ
CO2 gaz 10,6 µm Mono/Multi Continu 10 100 W
H2O gaz 118,7 µm Mono/Multi Continu 0,001 10 µw
HCN gaz 336,8 µm Mono/Multi Continu 0,001 1 mW

4.1 - Classes de securité des laser


On groupe les lasers en quatre classes suivant les Limites d’Emission Accessible LEA.
- Classe 1. Lasers sans danger ne peuvent dépasser les LEA les plus strictes.
- Classe 2. Lasers de faible puissance émettant dans le visible. La puissance ou l’énergie
émise est limitée pour des durées d’exposition allant jusqu’à 0,25 s . Pour un laser en
continu la LEA est de 1 mW.
- Classe 3. Lasers de puissance moyenne pour lesquels le danger d’incendie et
l’exposition courte de la peau n’induit pas de dommages. Divisée en deux sous-classes.
- Classe 3A. La vision directe du faisceau est dangereuse au-delà de 0,25 s . LEA
de 5 mW en continu et cinq fois le LEA de la classe 2 pour les lasers impuslionnels
dans le visible. Pour les autres régions spectrales on ne doit pas dépasser cinq fois
le LEA de la classe 1.
- Classe 3B. La vision directe dans le faisceau est toujours dangereuse. La vision des
sources diffuses est sans risque pour des temps inférieurs à 10 s et une distance
supérieure à 13 cm . Les lasers continus ne peuvent pas dépasser 0,5 W .
L’exposition énergétique en impulsion doit être inférieure à 105 J.m−2 .
- Classe 4. Il s’agit de lasers de puissance pouvant créer des dommages cutanés et
oculaires en vision directe ou diffuse et qui peuvent constituer un risque d’incendie.
Cette classification va être modifiée avec les nouvelles classes 1M, 2M et 3R.
La nouvelle classe 1M correspond aux lasers qui sont sûrs si l'on n'utilise pas d'optique.
La nouvelle classe 2M pour les lasers émettant dans le visible qui sont sûrs si l'on
n'utilise pas d'optique. Ils correspondent aux lasers et DEL avec faisceaux divergents.
La nouvelle classe 3R correspond à des lasers dépassant le LEA pour 0,25 s pour le
visible et 1 s pour l'invisible. Leur LEA n'excède pas celui de la classe 1 pour le visible et
celui de la classe 2 pour l'invisible.
150 Chap.IV - Les lasers

Les lasers peuvent être opérés en fonctionnement continu, CW , on utilise alors en


général la puissance optique, en W , et la largeur de raie et/ou la longueur de cohérence.
En mode pulsé, la plupart des fois par Q-switch , on définit l’énergie, en J , la durée de
l’impulsion et la cadence.
La qualité du faisceau est habituellement définie pour une émission dans le mode
fondamental TE00 , par le facteur M 2 défini au chapitre I pour les faisceaux gaussiens.

4.2 - Lasers solides


Les lasers solides correspondent aux lasers où le milieu actif est un solide à la
température ambiante. Les lasers à semiconducteurs, qu’on verra au chapitre V, ne sont
pas classés dans cette catégorie.
laser à Rubis , (Cr3+:Al2O3)
Historiquement il s'agit du premier laser réalisé en 1961. Il s'agit d'un laser à trois niveaux,
la pompe est constituée par une lampe à flash au xénon, la lumière verte ou bleue de
cette pompe est absorbée. L'émission radiative correspond à une différence de niveaux
d’énergie de 1,77 eV correspondant à une longueur d'onde λRubis = 694,3 nm .
Pour créer l'inversion dans ce laser il faut fournir une énergie importante, ce qui rend
difficile un fonctionnement en continu. L'énergie stockée peut être élevée une fois
l'inversion atteinte. Par exemple un cristal sous forme de barreau de 1 cm2x10 cm dopé
avec 0,05 % en masse de chrome, Cr, peut stocker environ 20 Joules d'énergie si toute
la population de chrome est inversée. Une façon de faire fonctionner ce type de laser est
en impulsion par la technique du Q switch .
laser Nd:YAG , (Nd3+:Y3Al5O12)
Il s'agit d'un laser à 4 niveaux. Le milieu actif est constitué de Néodyme, Nd , qui est
inclus, environs 1%, dans YAG, Y3Al5O12 , sous forme de cristal. Le pompage se fait par
absorption des longueurs d'onde autour de 730 nm et 800 nm à l'aide de lampes au
Krypton ou à Argon, on peut aussi pomper à l'aide de diodes laser en AlGaAs permettant
la réalisation de lasers très compacts. Le rendement est beaucoup plus élevé que pour le
cas du laser à Rubis puisqu'il s'agit d'un laser à 4 niveaux. L'émission radiative principale
s’effectue pour une différence d'énergie de 1,17 eV, qui correspond à une longueur
d'onde de λNd:YAG = 1064 nm . Ces lasers sont utilisés aussi bien en mode CW, qu'en
mode Q-switch .

Une application importante des lasers Nd:YAG est la génération d'harmoniques obtenue
en plaçant un cristal non-linéaire qui permet de doubler la fréquence, on peut ainsi obtenir
le second harmonique dans le vert à 532 nm , le troisième harmonique dans le bleu à
355 nm et la quatrième harmonique dans le violet à 266 nm .
Comme pour tous les laser le problème du refroidissement est important, pour les
modèles à faible puissance, 10−100 mW , un refroidissement à air est suffisant, pour les
puissance plus élevées une refroidissement à eau est nécessaire.
Ils sont utilisés dans différents secteurs par exemple en micro-électronique à 532 nm
pour la fabrication de résistances de précision, en chirurgie en fonctionnement pulsé pour
le traitement de la cataracte.
Le développement de lasers compacts Nd:YAG pompés par diode laser ont conduit à
des nouvelles applications dans les domaines de l'enregistrement optique, de la
visualisation, de la reprographie, des communications et du traitement de l'information.
Une des raies à 1300 nm peut servir pour les transmissions sur fibres optiques. Des
lasers et des amplificateurs ont été spécialement conçus pour les transmissions à fibre
optique en Nd:YAG et en Nd:verre.
Le Néodyme peut être inclus dans d'autre cristaux comme le YLF , le GSGG , le YAlO3 ,
le YVO4 et le KGW .
Catégories de lasers 151

Lasers solides à base de terres rares Er, Tm, Ho


Les éléments à terre rare ayant des transitions radiatives dans l'infrarouge proche de
1.5 µm à 3 µm sont les éléments suivants : holmium , Ho67 , erbium , Er68 et thulium,
Th69 . Ces longueurs d'onde sont intéressantes car au delà de 2 µm le rayonnement
laser est moins dangereux pour l'œil et donc dans des nombreuses applications,
notamment médicales, on préfère ces lasers au laser Nd:YAG.
Ho et Tm , quand ils sont incorporés dans des cristaux YAG , émettent aux alentours de
2 µm, et Er:YAG émet autour de 3 µm .
L'élément de terre rare erbium lorsqu'il est incorporé dans du verre, SiO2 amorphe,
forme le laser Er:verre . Il possède une structure d'un système à trois niveaux, le gain du
milieu laser est provoqué par la transition entre les niveaux 4I13/2 → 4I15/2 de Er3+ avec
une largeur spectrale de 40 nm centré autour de λEr = 1540 nm . L'excitation par la
pompe se fait habituellement vers le niveau 4I11/2 avec un rayonnement de longueur
d'onde λp1 = 980 nm ou bien vers le niveau 4I13/2 avec un rayonnement à
λp2 = 1480 nm . Ce matériau est utilisé dans les amplificateurs et lasers à fibre optique
pompés par diodes laser, qu’on abordera au chapitre VIII.
lasers vibroniques
Il s’agit des lasers qui émettent sur une grande bande spectrale. Les niveaux
électroniques des atomes sont perturbés par des niveaux d'énergie vibratoire des atomes
voisins dans le cristal, ce qui élargit en forme de bandes les niveaux de transition.
Le laser à Alexandrite , Cr3+:BeAl2O4 , absorbe les longueurs d'onde dans le bleu et dans
le rouge et peut donc être pompé par des lampes au xénon ou par des diodes laser
émettant dans le rouge. Il peut fonctionner comme un laser à 3 niveaux, émettant à
680,4 nm ou comme un laser à 4 niveaux, émettant entre 700 nm et 830 nm . Il peut
fonctionner en continu ou en mode pulsé. Des cavités sélectives sont employées pour
privilégier certaines longueurs d'onde.

Le laser vibronique le plus commun est Ti:saphire , Ti3+:Al2O3 , qui peut émettre sur un
spectre très large, entre 670 nm et 1070 nm, possédant d'excellentes propriétés
mécaniques et thermiques. L'absorption se fait dans le visible, vert-bleu, autour de
490 nm , le pompage par lampes est peu efficace on lui préfère le pompage par d'autres
lasers. En continu on pompe par des lasers à gaz comme l’argon ou par vapeur de
métal. En mode pulsé on pompe par des lasers Nd:YAG ou Nd:YLF doublés dans le
vert. Ces lasers sont utilisés pour la production d’impulsions ultra-courtes, jusqu’à
quelques fs, 10−15 s , à cause de leur bande de fréquence très grande.

laser à Rubis laser Nd :YAG laser vibronique

400 nm

800 nm 1064 nm
550 nm
730 nm

694,3 nm

niveaux d’énergie des lasers solides


152 Chap.IV - Les lasers

lampes de pompe miroir


externe
faisceau
barreau laser
laser

schéme de principe d’un laser solide CW

source haute tension V


fenêtre de
faisceau Brewster
laser

tube scellé milieu laser à gaz


miroir
schéma principe d’un laser à gaz

4.3 - Lasers à gaz


Ici le milieu actif est un gaz, en majorité il s’agit de lasers pompés par des décharges
électriques, mais des excitations radio-fréquence par photons ou par faisceau d'électrons
sont aussi utilisées.
laser He-Ne
C’est le premier laser fonctionnant en continu, en 1962 . Le milieu actif est constitué d'un
mélange des gaz hélium et néon , 85% de He et 15% de Ne , placé dans un tube en
verre. Une anode et une cathode placés aux extrémités du tube fournissent la décharge
en continu le long du tube. Le pompage se fait par une décharge électrique, les électrons
et les ions sont accélérés dans le gaz et par collision induisent des états excités.
L'émission privilégiée se situe dans le rouge à 632,8 nm , dans l'infrarouge il existe
plusieurs autres transitions par exemple à 1152,3 nm et à 3391,2 nm .
Le tube contenant le gaz est placé entre deux miroirs formant une cavité Fabry-Pérot. Les
miroirs semi-réflechissants sont réalisés par des traitements multicouches diélectriques
avec typiquement R ≈ 99% . La sélection de mode se fait par des fenêtres de Brewster.
Ces lasers ont des gains et des rendements faibles, entre 0,01% et 0,1%, les lasers
He-Ne communs délivrent une puissance pouvant aller jusqu'à 100 mW en continu, ils
opèrent dans le mode TEM00 , et ont une longueur de cohérence typique lc ≈ 25cm et
une largeur de faisceau d'environ 1mm .
Les applications sont celles des basses puissances par exemple pour les lecteurs de
codes-barre, l'alignement, l'interférométrie et la métrologie. Dans ces applications ils sont
remplacés par des diodes laser dans le visible qui sont plus compactes.
Lasers ioniques à argon et à krypton
On peut atteindre des puissances en continu plus élevées en utilisant l'argon. Comme
dans le cas du laser He-Ne le pompage se fait par décharge électrique le long du tube
Catégories de lasers 153

contenant le gaz. La décharge ici ionise presque entièrement le gaz, d'où le nom donné à
ces lasers. Dans ces gaz, ionisés simplement ou doublement, il existe une grande
quantité de raies d'émission. Pour le laser à argon ionisé simplement Ar+ l'émission
principale se situe dans le bleu à 488 nm et dans le vert à 514,5 nm . Pour le laser à
krypton , Kr+ , les émissions les plus utiles sont dans le rouge à 647,1 nm , le jaune et le
violet.
laser à CO2
Il s’agit d’un laser moléculaire à gaz où les niveaux d’énergie sont ceux des vibrations
internes d’une molécule. Ils peuvent émettre des puissances très élevées dans
l'infrarouge entre 9 µm et 11 µm ,. le pic d’émission est situé dans l’infrarouge moyen à
10,6 µm . L’émission stimulée provient des transitions à basse énergie des états de
vibration et de rotation de la molécule CO2 . Le pompage se fait à l'aide de décharges
électriques ou par excitation RF. Le gaz CO2 en mélange avec de l’azote et de l’hélium
scellé dans un tube doit être continuellement renouvelé puisque les molécules ont
tendance à se dissocier. Des lasers CO2 , TEA Transversely Excited Atmospheric
pressure, avec des excitations transversales dans la cavité, peuvent atteindre des
puissances crête de l’ordre du MW , 106 W . Les optiques adaptés à l'infrarouge moyen
sont en matériau semi-conducteur transparents à ces longueurs d'onde et les miroirs sont
généralement en cuivre.
Les lasers CO2 sont très utilisés industriellement pour le traitement, la découpe et le
soudage de différents matériaux. et pour créer des plasmas. Ils sont aussi utilisés en
chirurgie pour couper et cautériser les tissus vivants.
lasers à excimères
Les lasers à excimères sont une famille de lasers à gaz émettant sous forme
d'impulsions un rayonnement dans l’UV. Les excimères les plus utilisés sont des gaz
contenant des halogènes: ArF à 193nm , KrF à 248nm , XeF à 308nm et XeCl à
350nm. Ces produits sont très corrosifs, la cavité doit donc être adaptée et constamment
refroidie. Le gaz, milieu actif, circule et est constamment renouvelé. Le pompage se fait à
l'aide d'électrodes. Les coefficients de réflexion des miroirs sont de l'ordre de 10% .
Les puissances moyennes fournies varient entre 1W et 100W . Il y a un optimum entre
l'énergie d'une impulsion et le taux de répétition.
Les applications tirent profit de la génération de rayonnements intenses dans l'UV : lidars
utilisés pour l'étude de l'atmosphère, découpe avec précision de différents types de
matériaux et utilisation dans le réalisation de maquettes prototype 3D très précises par
polymérisation UV.

4.4 - Lasers liquides à colorants


Il s’agit de lasers pompés de manière optique, le milieu actif est liquide à la température
ambiante. Les plus utilisés sont les lasers à colorants , ces lasers offrent l'avantage de
produire un rayonnement de longueur d'onde variable du proche UV au proche IR. Le
milieu actif est constitué de molécules fluorescentes. L’émission sur une très grande
gamme de longueurs d’onde a comme origine l’interaction entre les niveaux électroniques
et de vibration des molécules formant des bandes d’énergie très larges comme dans les
cas des lasers vibroniques. Ils ne sont pas très répandus du fait de leur structure
compliquée. Ils peuvent être utilisés en continu et sous forme d'impulsions. Le pompage
se fait généralement à l'aide d'un autre laser.
Leur grand rendement, leur accordabilité et leur grande cohérence les rendent idéals pour
les applications scientifiques et médicales Ils sont utilisés par exemple pour obtenir des
étalons en longueur d'onde très précis ou en physique nucléaire pour l'ionisation de
l'Uranium et aussi en médecine pour le traitement des calculs rénaux.
154 Chap.IV - Les lasers

EXERCICES CHAPITRE IV

EXERCICE IV-1 : laser solide Nd-YAG en régime continu et impulsionnel


On considère un laser solide Nd3+Verre émettant à λ0 = 1064 nm, l'indice de réfraction
est celui du verre nL = 1,5 . Le cristal de forme cylindrique possède une longueur
dcr = 4 cm et un diamètre φ = 0,2 cm . Le temps de vie d'émission spontanée est
tsp = 5.10−4 sec. C'est un laser à 4 niveaux. La largeur spectrale laser est ∆ν = 2.1011 Hz .
Le laser est placé dans une cavité de type Fabry-Perot formée par deux miroirs de facteur
de réflexion R1 = 98% et R2 = 100% la longueur de la cavité est d = 20 cm.
1-1) Quelle est la fréquence ν0 et la longueur d'onde dans le matériau solide ?
1-2) Déterminer l'intervalle spectral libre ∆νISL de cette cavité.
1-3) Ecrire la condition d'oscillation pour le gain en négligeant les pertes internes. En
déduire la durée de vie des photons dans la cavité τp . Calculer la valeur numérique du
gain au seuil dans le cristal γs . Quelle est la perte A en % dans la cavité ?
1-4) Le profil spectral à la fréquence ν0 étant approximativement g(ν0) = 1/∆ν ,
déterminer la différence de population atomique au seuil ∆Ns . Quelle est la population du
niveau haut N2s ? En déduire la puissance minimale par unité de volume au seuil.
Seulement 0,06% de la puissance de la lampe de pompe est convertie dans le cristal
quelle est la puissance de la lampe de pompe nécessaire pour atteindre l'oscillation ?
1-5) On utilise maintenant ce laser en mode impulsionnel par la technique du Q-switch .
Donner l'ordre de grandeur de la largeur d'impulsion τimp . Exprimer et calculer la
puissance crête Pc et l'énergie de l'impulsion Eimp si l'on considère que l'inversion au
démarrage de l'impulsion est 100 fois celle au seuil.

EXERCICE IV-2 : laser à gaz He-Ne dans une cavité sphérique confocale
La cavité d’un laser à gaz He-Ne est un résonateur de type Fabry-Perot confocal formé
par deux miroirs sphériques concaves de petite dimension et de facteur de réflexion
respectivement R1 = 98% et R2 = 100% à la longueur d'onde de travail. La longueur de
la cavité est d = 30 cm.
2-1) Cette cavité est-elle stable ? Calculer l'intervalle spectral libre ∆νISL de cette cavité.
Quelle est la finesse F de cette cavité ?
2-2) Le milieu laser est constitué par un gaz de He-Ne , d’indice de réfraction n ≈ 1 ,
placé dans un tube scellé en verre dont les faces ne réfléchissent pas une des deux
directions de polarisation. Comment peut-on réaliser simplement ces faces?
2-3) Le laser émet à la longueur d’onde λ0 = 632,8 nm , à quelle couleur correspond cette
longueur d'onde ? Quelle est l'énergie correspondante en eV ?
2-4) La transition laser est caractérisée par deux niveaux d'énergie, en tenant compte des
temps de vie du niveau supérieur t2 = 10−7 sec , et du niveau inférieur t1 = 10−8 sec
l'inversion laser est-elle possible ?
2-5) Par pompage on obtient à cette longueur d'onde un coefficient de gain γ = 10−3 cm-1 .
En considérant uniquement les pertes dues aux miroirs montrer que la condition
d'oscillation est vérifiée.
2-6) Le profil spectral d'émission est gaussien, de type élargissement Doppler ,
g(ν) = exp{−π.[(ν − ν0)/∆ν]2} , où la fréquence centrale ν0 correspond à λ0 et la largeur
spectrale à mi-hauteur est approximativement de 6 GHz . Combien de modes
longitudinaux sont susceptibles d'osciller ?
2-7) Que peut-on dire des modes transverses ?. On supposera que le faisceau issu du
laser dans la cavité est de type Gauss-Hermite.
2-8) En considérant la finesse élevée de la cavité quelle est approximativement la largeur
spectrale d'un mode d'oscillation pour une puissance émise P0 = 1 mW ? En déduire
alors l'ordre de grandeur de la longueur de cohérence du rayonnement laser.
Exercices chap IV 155

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE IV

Corrigé exercice IV-1 1-1) La fréquence est la même dans le vide que dans le
matériau ν0 = c/λ0 = 2,833 1014 Hz . La longueur d’onde dans le matériau est
λm = λ0/n = 706 nm .
1-2) L’intervalle spectral libre est ∆νISL = {c/[2(d − dcr) + 2n.dcr]} = 6,8 108 Hz.
1-3) Les pertes miroir sont αm = (−1/d).Log[(R1.R2)1/2] = 10−3 cm−1 . Le temps de vie dans
la cavité correspond à l’inverse du nombre de photons perdus dans la cavité par seconde
qui est le gain multiplié par la vitesse dans la cavité donc τp = n/(αm.c) = 4,9.10−8 s . Le
gain au seuil doit compenser les pertes donc γs = [n.(dcr/d)].αm = 3,4.10−3 cm−1 .La perte
de cavité est A = 1 – exp(−αm.2.d) = 1 – R2 = 4% .
1-4) Le gain s’exprime par γs = ∆Ns.{[λ02.g(ν0)]/(8π.n2.tsp)} donc ∆Ns = 1.1015 cm−3 . Pour
un système à quatre niveaux N2s ≈ ∆Ns = 1.1015 cm−3 . La puissance nécessaire par unité
de volume pour atteindre le seuil est ps = [(N2s.hν0)/tsp] = 0,64 W.cm−3 . La puissance
nécessaire à la lampe de pompe sera Pps = (ps.Vol)/η ≈ 130 W .
1-5) La largeur de l'impulsion correspond approximativement à deux fois le temps de vie
d'un photon dans la cavité τimp ≈ 2τp ≈ 65 ns .
La puissance crête est Pcr = (hν.SMax.Vol)/(2τp) ≈ (hν.∆NMax.Vol)/(2τp) . L'énergie de
l'impulsion sera déduite par Eimp ≈ Pcr.τimp .
Pour 100 fois l'inversion on a ∆NMax = 100. ∆Ns = 100.N2s = 1.1017 cm−3 donc
3 −3
Pcr = 37.10 W et Eimp = 2,42.10 J .

Corrigé exercice IV-2 2-1) Les miroirs d’une cavité confocale possèdent des
rayons de courbure égaux à la longueur de la cavité, ce qui signifie que le foyer d’un
miroir se trouve à l’emplacement du miroir opposé. Cette cavité est toujours stable.
L’intervalle spectral libre est ici ∆νISL = c/(2d) = 500 MHz . La finesse de la cavité est
F = {[π.(R1.R2)1/4]/[1 – (R1.R2)1/2]} = 311 .
2-2) Il faut orienter les faces suivant l'angle de Brewster qui pour le verre est de 56°.
2-3) La couleur est le rouge. L’énergie en électron-volt est EeV = (h.c/λ.e) = 2 eV, où
e = 1,602.10−19 coul est la charge de l’électron.
2-4) La différence de population est approximativement ∆N = N2 − N1 ≈ R.t2 [1 − (t1/t2)] ,
la condition pour une différence de population positive est t2 > t1 ce qui est bien le cas ici.
2-5) Les pertes dues aux miroirs sont αm = (−1/d).Log[(R1.R2)1/2] = 0,3.10−3 cm−1 donc la
condition pour que le gain dépasse les pertes, γ > αm , est vérifiée ici.
2-6) Les modes longitudinaux sont espacés de ∆νISL = 500 MHz trouvé précédemment
donc le nombre de modes est NMl ≈ ∆ν/ ∆νISL = 12.
2-7) Les fréquences des modes Gauss-Hermite sont νl,m,q = q.νF + (l + m + 1).(∆ξ/π).νF
les modes transverses s’expriment par les indices l et m , l’indice q correspond aux
modes longitudinaux. Dans la cavité l’espacement entre modes est l’intervalle spectral
libre νF = ∆νISL . Le déphasage ∆ξ = ξ(z2) − ξ(z1) est celui du faisceau gaussien sur les
miroirs en z1,2 = ±d/2 , la phase du faisceau est ξ(z) = arctg(z/z0) , z0 est la profondeur
de focalisation. Le rayon de courbure du faisceau gaussien est R(z) = z.[1 + (z0/z)2] sa
valeur pour la cavité confocale est d , donc on peut le calculer en d/2 ce qui donne
z0 = d/2 = 15 cm. Le terme ∆ξ = ξ(z2) − ξ(z1) = 2. ξ(z1) = π/4 . La fréquence de
déplacement est νdep = (∆ξ/π).νF = ∆νISL/4 = 125 MHz. Le nombre de modes transverses
est donc NMt ≈ 4.NMl = 48.
2-8) D'après la loi de Schawlow-Townes au dessus du seuil et en négligeant les effets
multimodes ∆νmode ≈ π.(hν/P0).(∆νc)2.nsp , P0 est la puissance de sortie du laser et
∆νc = (1/2π.τc) = αm.(c/n) = 10 MHz la largeur de la cavité froide. En considérant une
inversion totale nsp ≈ 1 et une puissance P0 = 1 mW on obtient ∆νmode(1mW) = 0,1 Hz ,
et une longueur de cohérence théorique Lc = c.tc = c/(π.∆νmode) = 950.000 km .
CHAPITRE V

EMETTEURS OPTIQUES A SEMICONDUCTEURS

Les sources optiques à semi-conducteurs sont très utilisées du fait de leur petite taille des
puces, de l'émission à des longueurs d'onde λ dans le visible et l'infrarouge, d'un bon
rendement, de la possibilité de moduler le courant, d'une faible consommation, d'une
facile intégration et d'un prix intéressant.
On développe des matériaux semi-conducteurs très spécifiques afin de réaliser ces
composants. Des alliages à 2, 3 ou 4 éléments s'avèrent nécessaires pour réaliser les
sources pouvant émettre aux différentes longueurs d'onde. A cause de la structure de
bande qui est une propriété interne des semiconducteurs, tous les matériaux semi-
conducteurs ne sont pas adaptés pour des émetteurs optiques, en général la structure de
bande doit être directe.
Les diodes électroluminescentes, DEL, constituent les composants les plus simples, tout
le spectre visible est couvert, elles peuvent être modulées par le courant jusqu'à des
fréquences de l'ordre de 100 MHz .

Les diodes laser ou lasers à semi-conducteur sont en constante amélioration, et


constituent des composants essentiels dans les transmissions par fibre optique ou les
lecteurs de disques optiques. Dans ces composants on associe à un rayonnement
cohérent une bande passante de modulation de plusieurs GHz et des puissances de
sortie pouvant atteindre quelques watts. Les structures récentes sont basées sur des
matériaux assemblés en puits quantiques présentant des rendements pouvant atteindre
50% et des spectres monomodes très étroits obtenus grâce à la contre-réaction
distribuée de Bragg.

1 - MATERIAUX SEMICONDUCTEURS POUR EMETTEURS OPTIQUES

1.1 - Electroluminescence
Dans les lasers dits classiques les transitions ont lieu entre niveaux d'énergie discrets,
comme on l'a vu au chapitre précèdent, ici les transitions ont lieu entre bandes d'énergie
séparé par une bande d'énergie interdite appelée aussi gap ..
Un photon peut être émis dans un semi-conducteur si un électron transite de la bande de
conduction à la bande de valence, il s'agit d'une recombinaison électron-trou . La
différence d'énergie entre les deux bandes est l'énergie de gap Eg . Ce phénomène est
appelé électroluminescence . Dans ce cas l'énergie du photon est donnée par :

hν ≈ Eg(eV) = 1,24/λ(µm)

Le rayonnement émis par le semi-conducteur autour de la longueur d'onde centrale


d’émission λ0 , présente une largeur spectrale ∆λ .
Le semi-conducteur doit vérifier une autre condition : il faut que la transition de la entre la
bande de conduction et la bande de valence soit directe, c’est à dire sans changement de
vecteur d’onde, ou impulsion, de l’électron. Ceci exclut un certain nombre de
semiconducteurs simples comme le Silicium, Si, ou le Germanium, Ge . Certains
matériaux à structure indirecte peuvent aussi être utilisés, par exemple GaP très
fortement dopé, mais en général ils possèdent des rendements beaucoup plus faibles.
Matériaux semiconducteurs pour émetteurs optiques 157

E BC e−
e− BC e− e−
e− Ec e−

hν = Eg
Eg Eg
Ev ∆k

+
+ + + BV BV + +
k k

transition directe transition indirecte

émission d'un photon par recombinaison électron-trou dans une transition


directe radiative (gauche) et transition non-radiative indirecte (droite)

rendement interne d’électroluminescence


Le rendement interne d’électroluminescence est défini par :

1/τr
ηi =
1/τr + 1/τnr

où τr est la durée de vie des porteurs, électrons et trous, avant recombinaison radiative,
l'inverse 1/τr correspond au taux de recombinaisons radiatives. τnr est le temps de vie
des porteurs avant recombinaison non radiative.
Par exemple pour Si τrSi = 10 ms et pour AsGa τrAsGa = 10 ns , pour Si et AsGa
τnr = 10 ns . Donc d'après l'expression du rendement un semiconducteur à bande
indirecte, ici Si , possède un rendement très inférieur, ηSi ≈ 0,005 % , par rapport à un
semiconducteur à bande directe, ici AsGa , et ηAsGa ≈ 50 % .
Pour avoir une émission significative, il faut créer une densité de porteurs en excès ∆N ,
obtenue par le courant d’injection I dans une diode, le taux de densité de porteurs R en
excès s'exprime alors par :

∆N I
R = = e vol avec I/τ = 1/τr + 1/τnr
τ

τ est le temps de recombinaison total et vol est le volume de la zone active. La


puissance Pint à l’intérieur du composant sera alors :

Pint = hν.R.vol.ηi

Si on considère pour AsGa ηi = 50 % , τ = 5 ns et ∆N = 1017 cm3 on trouve une densité


de puissance par unité de volume p = 230 kW.cm−3 .

1.2 - Jonctions semiconductrices pour émetteurs


Les diodes à semiconducteur sont constituées de jonctions entre des matériaux dopés N
et des matériaux dopés P. Elles peuvent être de type homojonction , mêmes éléments,
ou de type hétérojonction éléments différents. La zone d'émission, appelée zone active
est constituée par un matériau choisi en fonction de sa longueur d'onde d'émission λ0 .
158 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

Dans une hétérojonction la zone active, où il y'a émission de lumière, est entourée par
deux matériaux de type non radiatif de gap plus grand et en général aussi d'indice de
réfraction plus petit ce qui permet un double confinement, confinement électronique et
confinement optique . En effet les électrons sont piégés par les barrières de potentiel
dans la zone active et les photons ne peuvent pas traverser les jonctions par effet de
guidage à cause de la différence d'indice de réfraction.

confinement optique
confinement électrique
double hétérojonction

bande de valence
bande de conduction
λ = 1300 nm et 1550 nm
Ev Ec λ = 890 nm

Eg1 couche de confinement


n2 Ga1-xAlxAs (P) InP (P)
Eg2
n1 GaAs (P) couche activeGaxIn1-xAsyP1-y (P)

couche de confinement
n3 Ga1-xAlxAs (N) InP (N)
Eg3

énergie de gapindice de réfraction

n3 et n2 < n1 GaAs (N) substrat InP (N)


Eg3 et Eg2 > Eg1

1.3 - Gain et spectre d'électroluminescence du milieu semiconducteur


Pour obtenir une émission permanente de lumière il faut maintenir un gain positif dans le
milieu semiconducteur. Comme on l'a vu au chapitre précédent, il faut créer une
différence de population ∆N positive entre les niveaux d'énergie E2 et E1 situés dans
les bandes, les niveaux supérieurs dans la bande conduction et les niveaux inférieurs
dans la bande valence :

hν = E2 − E1

EFc bande de

e E2 conduction
transition radiative Ec
entre bande de Eg hν = E2 − E1
conduction et bande
de valence Ev
E1
+
EFv
bande de
valence
Matériaux semiconducteurs pour émetteurs optiques 159

f(E) kB T
distribution de probabilité
1
de Fermi-Dirac à une
température T
0
Eg E

Les électrons dans la bande de conduction et les trous dans la bande de valence
obéissent à la statistique de Fermi-Dirac dont les probabilités d’occupation fc(E) et fv(E)
en fonction des niveaux d’énergie E2 et E1 sont respectivement :

1 1
fc(E2) = et fv(E1) =
exp[(E2 − Efc)/kBT] + 1 exp[(E1 − Efv)/kBT] + 1

où Efc est le pseudo-niveau de Fermi de la bande de conduction et Efv est celui de la


bande de valence, T est la température. La probabilité de transition entre les deux
niveaux est proportionnelle au produit de la probabilité d’occupation d'un électron au
niveau haut par la probabilité de non-occupation au niveau bas c'est à dire la probabilité
d'avoir un trou :
pr2→1 = fc(E2) [1 − fv(E1)]

Comme on l'a vu au chapitre précèdent le gain laser s'exprime par :

λ2
γ(ν) = ∆N g(ν)
8π nr2 tsp

Le temps d’émission spontanée tsp correspond dans un semiconducteur au temps de vie


radiatif τr . g(ν) est le profil spectral et ∆N = N2 − N1 est la différence de population.
Pour un semiconducteur la population N2 est fonction de la densité électronique
d’énergie ρ(ν) et de la probabilité de transition Prob2→1 , de même pour N1 mais de
façon réciproque. Ce qui donne en multipliant par le profil spectral g(ν) :

g(ν).∆N = g(ν).(N2 − N1) = ρ(ν){fc(E2)[1 − fv(E1)] − fv(E1)[1 − fc(E2)]} = ρ(ν)[fc(E2) − fv(E1)]

où ρ(ν) est la densité électronique par unité d'énergie :


3/2

ρ(ν) = m +c mv  h2 hν − Eg
2m m 4π
 v c

où mc et mv sont les masses effectives de la bande de conduction et de valence.

Ce qui donne l'expression du gain dans un semiconducteur :


3/2
λ2  2mcmv  4π2
γsc(ν) = hν − Eg [fc(E2) − fv(E1)]
8π nr2 τr mv + mc h

d’après les distributions de probabilité de Fermi-Dirac le gain est positif pour :

γsc(ν) > 0 si fc(E2) > fv(E1) équivalent hν = E2 − E1 < EFc − EFv


160 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

En tenant compte du gap on obtient la formule de Bernard et Duraffourg :

Eg < hν < EFc − EFv

γsc(ν)
∆N
coefficient de
gain d’un milieu
gain
semiconducteur

hν − Eg
absorption

spectre d'émission de luminescence


Le spectre d'émission ∆λ dépend de la structure de bande et de la température T . On
peut évaluer la largeur du spectre en considérant la distribution de Fermi-Dirac des
électrons et des trous en bas de bande de conduction et en haut de bande de valence.
Cette distribution correspond approximativement à une étendue en énergie de kBT .
Donc les transitions correspondront au maximum à 2kBT , si l'on considère la largeur à
mi-hauteur on obtient une formule approchée :

kB T λ2kBT
∆ν ≈ 1,5 et ∆λ ≈ 1,5
h ch

jaune proche infrarouge


GaAs0,14P0,86
orange
GaAs 0,35P0,65
In0,83Ga0,17As0,34P0,66
violet vert
GaN GaP:N rouge GaAs In0,72Ga0,28As0,6P0,
GaAs0,6P0,4

0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1 1,2 1,3
longueur d’onde λ (µm)
spectres d’électroluminescence

alliages semiconducteurs pour émetteurs


Afin de réaliser les alliages susceptibles de donner des émetteurs il faut choisir les
éléments semi-conducteurs du tableau périodique présentant les valences adaptées pour
former des liaisons covalentes stables avec 8 électrons mis en jeu. Par exemple l'arsenic
Matériaux semiconducteurs pour émetteurs optiques 161

As, de la colonne V avec 5 électrons, et le gallium Ga, de la colonne III avec 3 électrons,
donne l'alliage III-V AsGa cet alliage émet à λ = 0,9 µm , dans le proche infrarouge, et
GaP, à λ = 0,6 µm orange-rouge, il s'agit d'alliages binaires. Dans le cas des alliages
ternaires on a GaAlAs, de λ = 0,75 µm à 0,85 µm , ou GaAsP et quaternaires
InGaAsP, λ = 1 µm à 1,7 µm .
Les paramètres de maille cristallographiques entre les différents éléments de l'alliage
doivent être voisins afin de ne pas provoquer des défauts cristallins pouvant conduire à
une baisse d'efficacité.

puits quantiques
Si la couche active devient très fine jusqu'à quelques couches atomiques on parle de
puits quantique . puisque peu d’électrons participent aux phénomènes de transition. Les
électrons qui se situent à l’intérieur du puits de potentiel vont maintenant avoir des
niveaux d’énergie discrets et non plus en bande d'énergie comme c'était le cas du
matériau massif. Les niveaux d’énergie Eq correspondants à un puits de potentiel
d’épaisseur dq et de masse effective m* , seront :

h2π2
Eq = l 2 8m*d 2 avec l entier
q

L’espacement entre niveaux d'énergie est inversement proportionnel au carrée de


l'épaisseur du puits dq . L’avantage de l’utilisation des puits quantiques se situe au niveau
d’un confinement plus élevé, ce qui apporte un meilleur rendement de conversion électro-
optique. En ce qui concerne l’émission laser les spectres d’émission seront plus étroits à
cause de la meilleure définition des niveaux d’énergie.

Les structures à puits quantiques permettent un désaccord de maille avec les couches de
confinement ceci donne des couches contraintes permettant l’obtention de longueurs
d’onde λ très précises.
On réalise des structures mono, Single Quantum Well SQW , et multi-puits quantiques,
Multiple Quantum Well MQW . La plupart des diodes laser performantes modernes
utilisent des puits quantiques.

énergie de bande énergie de bande

BC
BC puits quantiques
200 nm

massif
dq = 10 nm
puits quantiques

HH
LH
SCH - MQW BV
BV
épaisseur d vecteur d’onde k

énergie des puits quantiques dans la zone


bandes activeet transitions radiatives
d’énergie
162 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

2 - DIODES ELECTROLUMINESCENTES DEL

2.1 - DEL: généralités


Une diode électroluminescente, DEL , Light Emitting Diode LED, est formée par une
jonction P-N suffisamment dopée. Le rayonnement est émis au niveau de la jonction
lorsque la diode est polarisée en direct.
émission à la jonction

N P
+ e− jonction P-N polarisée en direct
+ e−

Id Vd
V>0

Le courant d'injection Id amène des électrons qui au niveau de la jonction peuvent


effectuer une recombinaison électron-trou donnant un photon, ce phénomène est
caractérisé par le rendement quantique interne ηi de la DEL défini précédemment et qui
peut aussi s'exprimer par :

nombre de photons crées à l'intérieur


ηi = nombre d'électrons injectés (courant) 10% < ηiDEL < 30%.

Avec une puissance interne émise au niveau de la jonction :

Id
Pint = ηi.hν e

rendement externe d’une DEL


La puissance émise par une DEL, PDEL, doit aussi tenir compte des pertes par réflexion à
l'intérieur du semiconducteur, et aussi des pertes par absorption du matériau. Le facteur
de réflexion en incidence normale correspond au facteur de réflexion de Fresnel RF ,
défini au chapitre I :

(nsc − nair)2
RF = (n + n )2
sc air

où nsc est l'indice de réfraction du semi-conducteur, typiquement nsc ≈ 3,5 et celui de


l'air nair ≈ 1 , ce qui donne un facteur RF ≈ 30% .
Les réflexions internes sont importantes surtout pour des angles d'incidence faibles. On
trouve en intégrant sur les angles une formule approchée du rendement externe ηext :

4n 1
ηext ≈ ηint (n +sc1)2 2n 2 ηext ≈ 1,3% ηint
sc sc
Diodes électroluminescentes 163

ce qui donne pour la puissance émise :

Id
PDEL = ηext Pint = ηext ηi.hν
e

En général on place un hémisphère en plastique au dessus de la DEL d'indice


intermédiaire nair < n1 < nsc afin de diminuer les réflexions. Par exemple n1 ≈ 2 pour
nsc≈ 3,5 dans AsGa . Le plastique joue le rôle d'un traitement antireflet, et il sert aussi de
lentille pour modifier le diagramme de rayonnement. Une expression approchée dans ce
cas donne pour le rendement externe :
2
n
ηext = ηint (n +1 1)2 ηext ≈ 20% ηint avec hémisphère en plastique
sc

air (n=1)
rayon transmis sortant
plastique n ≈ 2
rayons optiques traversant
les matériaux d'indice
différent dans une DEL
GaAs n ≈ 3,5
rayon réflechi
intérieur

Une DEL peut fonctionner en émission par la surface , surface emitting , c'est le cas le
plus fréquent dans les composants à bas coût de type homojonction, ou en émission par
la tranche , edge emitting, de type hétérojonction pour les applications les plus
performantes afin d'obtenir un meilleur rendement.

SC(N)

SC(P)

hétérojonction émission par la facette homojonction


émission par la surface

2.2 - Caractéristiques d'une DEL

paramètres électriques :
- Le courant d'injection Id exprimé usuellement en mA .
- La tension de diode Vd(V) , pratiquement égale à (EGAP/e) = 1,24/λ(µm) puisque les
matériaux sont fortement dopés.
164 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

paramètres optiques:
- La puissance optique P exprimée usuellement en mW , de l'ordre de quelques mW .

- L’intensité optique dans l'axe I0 en mW.Sr−1 et qui dépend de la forme du diagramme


de rayonnement de la DEL .

P(w)

fonctionnement linéaire
puissance de sortie en
fonction du courant
d'injection pour une DEL

0 I(A)

- L’ouverture angulaire à mi-intensité ∆θ pour le diagramme de rayonnement qui dépend


de la présence d'une lentille elle vaut typiquement 20°. Une DEL émettant par la surface
sans optique émet un diagramme de rayonnement lambertien.

DEL émettant par DEL munie d'une lentille


la surface sans hémisphérique
lentille

DEL munie d'une lentille


parabolique

applications des DEL


Les grands domaines d'application des DEL sont l'affichage et l'éclairage dans le visible
et la transmission d'information dans le visible et le proche infrarouge.

Dans le domaine de l'affichage on dispose de DEL émettant dans les principales couleurs
du spectre visible et notamment le rouge, le vert et le bleu utilisés dans les systèmes RVB
permettant de réaliser des grands écrans lumineux pouvant afficher des images
télévision.
Diodes électroluminescentes 165

Les DEL d'affichage sont aussi très utilisées dans les feux tricolores et aussi pour les feux
de signalisation pour les automobiles.

Les télécommandes en espace libre utilisent surtout des DEL émettant dans le proche
infrarouge autour de λ ≈ 900 nm en AsGa ou AlGaAs . Utilisées aussi pour réaliser
des liaisons entre périphériques informatiques par transmission infrarouge en espace
libre. Il s'agit de liaisons avec une portée de quelques mètres et en vue, par exemple à
l'intérieur d'une pièce.

Pour la transmission sur fibre optique en silice on utilise les DEL. Il existe une norme pour
ce type de transmission, la norme FDDI , Fiber Data Distributed Interface, sur des
courtes distances dans les réseaux locaux de type Ethernet jusqu'à 100 Mb.s−1 à une
longueur d'onde λ = 1300 nm .

Sur fibre optique polymère on utilise des DEL émettant dans le rouge à 630 nm et dans
le vert à 540 nm . Du fait de leur spectre large les DEL ne peuvent pas être utilisées dans
les transmissions par fibre optique sur une longue distance à cause du problème de la
dispersion de la fibre optique comme on le verra au chapitre VII.

8,5 tension - courant puissance - courant


100
Intensité
puce courant I optique
(mA) relative
50

5
0
1 2 3 0 20 40 60
boîtier T1-3/4(5mm) tension V (V) courant I (mA)
pour DEL

spectre optique diagramme de rayonnement

ambre orange rouge 100%

orange rouge
50%

550 600 650 700 -20 -10 0 10 20


longueur d'onde λ ouverture angulaire θ

caractéristiques typiques d’une DEL AlInGaP de visualisation


166 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

3 - STRUCTURES DES DIODES LASER

3.1 - Guidage par le gain et guidage par l'indice


Les mêmes matériaux et alliages utilisés pour les DEL sont aussi utilisés pour les diodes
laser appelés aussi lasers à semi-conducteurs .
Les premières diodes laser réalisées étaient des homojonctions sans confinement latéral,
utilisées en régime impulsionnel à cause du faible rendement provoquant un
échauffement important de la zone active.

Dans les diodes lasers actuelles à hétérojonctions l'émission se fait par les faces.
Le confinement est à la fois électronique et optique se fait dans la direction
perpendiculaire aux jonctions. Dans la direction parallèle aux jonctions le confinement par
guidage peut être de deux types :

- guidage par le gain : dans ce cas le courant électronique est confiné dans une région
définie par des zones environnantes passivées par bombardement protonique.

- guidage par l'indice : le courant électrique est confiné latéralement par des jonctions
bloquantes, le faisceau optique est confiné à cause de la différence d'indice de réfraction.
Actuellement on rencontre surtout des diodes laser de ce type. Dans la plupart des
composants la dimension de la zone active reflète la nécessité d'avoir une émission sur
un seul mode spatial ce qui implique des dimensions transverses très petites, ceci se
traduit par la condition de guidage monomode latéral de type TE sur l’épaisseur d :

λ0
d <
2 nact2 − nconf2

λ0 est la longueur d'onde et nact et nconf respectivement les indices de la zone active et
des zones de confinement.
Typiquement les dimensions sont les suivantes pour une structure à guidage par l'indice :
longueur L de 300 µm à 500 µm , largeur w de 5 µm à 10 µm et épaisseur d de
0,1 µm à 0,3 µm .

courant d’injection courant d’injection I


+I métal +
SiO2

zone active P
P N P N
N

N
n
métal

− −
guidage par le gain guidage par l'indice structure BH
Structures de diodes laser 167

structures à puits quantiques


Afin d'augmenter le rendement des lasers à semi-conducteurs, on réalise des structures à
puits quantiques, les électrons sont confinés dans des couches d'épaisseur très fine
dq ≈ 0,2 nm , situées dans la zone active du laser. Une seule couche, SQW , où plusieurs
couches peuvent être implantées, MQW . Les puits quantiques peuvent se présenter
sous forme de couches contraintes, Strained layers Str, et ceci afin d'obtenir une valeur
très précise et spécifiée de la longueur d'onde d'émission λ avec un gain élevé. Les
électrons dans ces couches très fines sont soumis à des effets essentiellement
quantiques ce qui induit des niveaux d'énergie discrets en faible nombre et donc une
quantité d'électrons plus petite pour réaliser l'inversion de population. Les structures à
base de puits quantiques permettent un meilleur confinement latéral, ceci permet
d’augmenter les performances au niveau du courant de seuil, du rendement, de la bande
passante et de la puissance. Pour ces lasers les courants de seuil Is sont faibles
typiquement de quelques mA, et les rendements élevés.

valeur typiques
d
dQ L = 500 µm
w = 10 µm
d = 0,2 µm
w
L dQ = 0,5 nm

zone active avec 3 puits quantiques

3.2 - Matériaux utilisés


- diodes laser grand-public pour l'enregistrement et pour la lecture optique, il s’agit de
lasers avec des longueurs d'onde dans la gamme 750 nm < λ < 900 nm , le matériau est
l'alliage Ga1−xAlxAs . L'énergie de gap en fonction de la proportion stochiométrique x
s'exprime par :

EgGaAlAs(eV) = 1,42 + 1,25.x + 0,27.x2

- diodes laser pour télécommunications pour émetteurs dans les liaisons à fibres
optiques, dans la première fenêtre à λI = 850 nm l'alliage Ga0,9Al0,1As , de moins en
moins utilisé, dans la deuxième fenêtre à λII = 1310 nm en In0,73Ga0,27As0,58P0,42 et dans
la troisième fenêtre à λIII = 1550 nm , en In0,58Ga0,42 As0,9P0,1 . L'énergie de gap de
l'alliage In1-xGaxAs1-yPy en fonction des proportions stochiométriques x et y s'exprime
par :

EgInGaAsP(eV) = 1,35 − 1,98.x + 1,48.x2 − 0,56.x3 et y ≈ 2,2.x

- diodes laser de pompe, Il s'agit de lasers pouvant émettre plusieurs watt. Ils sont
utilisées dans les amplificateurs à fibres optiques en erbium, EDFA, aux longueurs d’onde
900 nm et 1400.nm.. Ils sont aussi utilisées pour pomper des lasers solides à 890 nm .

- matrices de microlasers à émission par la surface de type VCSEL dans les systèmes
d'interconnexions optiques afin de relier des processeurs rapides entre eux à l’aide de
bus de fibres optiques ou en espace libre.
168 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

tableau zone active zones de substrat longueur applications


périodique confinement d'onde (nm)

III-V As Ga As Ga As Ga 904 télécom et pompe


Al Ga As Al Ga As As Ga 670 - 890 lasers CD
In Ga As P In Ga P As Ga 670 - 900 visualisation
In Ga As P In Ga P As Ga P 600 - 890 visualisation
In Ga As P Al Ga In P As Ga 670 - 890 visualisation
Al Ga In P Al Ga In P As Ga 560 - 660 visualisation
In Ga As P In P In P 900 - 1800 lasers FO et pompe
In As Sb Pb In As Sb Pb In As 1900 - 3700 IR moyen

IV - VI Pb Sn Se Te Pb Sn Se Te Pb Te 4000 - 10500 IR lointain

II - VI Zn S Se As Ga 400 - 520 bleu

matériaux pour diodes laser

3.3 - Cavités des diodes laser

conditions d'oscillation des cavités laser


La zone active de longueur L délimitée par les deux facettes de coefficient de réflexion
r1 et r2 constitue la cavité laser.
Le matériau semi-conducteur présente un coefficient d'absorption interne αi(λ) . L'effet
laser est obtenu par pompage en créant une inversion de population entre la bande de
conduction et la bande de valence. Le pompage se fait par le courant d'injection I qui
engendre un coefficient de gain γ(λ) dans la cavité. Pour que le laser oscille il faut que le
gain compense les pertes dans la cavité.
Le rayonnement dans la cavité peut être représenté par une onde électromagnétique de
longueur d'onde λ , exprimée en notation complexe par son amplitude et sa phase :

E(z,t) = exp[j(ωt − kz)] exp[(γ − αi) z/2]

avec le vecteur d'onde k = 2πn/λ et la pulsation ω = 2πc/λ .


Pour que le laser oscille il faut qu'après un aller-retour dans la cavité l'onde possède la
même amplitude et phase, donc :

E(0,t) = r1.r2.E(2L,t) ou r1r2 exp[(γ − αi)L] exp[−j(k 2L)] = 1

qui constitue la condition d'oscillation pour que le gain compense les pertes par
absorption internes, αi , et les pertes par transmission des miroirs r1 et r2 .

En prenant le module de cette équation on obtient la condition de gain :


Structures de diodes laser 169

γs(λ) = α(λ) + L Log r r  = α(λ) + αm


1 1
 1 2

qui est le gain au seuil γs .


La condition de phase correspond à l'interférence constructive des ondes dans la cavité,
et s'écrit :

Arg(r1r2) + k 2L = 2pπ avec p entier

3.4 - Cavité de Fabry-Pérot, FP


Il s'agit de la cavité la plus simple. Elle est formée par le matériau semi-conducteur clivé,
c'est à dire coupé selon une direction cristallographique. Les surfaces clivées constituent
des miroirs semi-réfléchissants, le coefficient de réflexion r est celui de Fresnel de
l'interface entre le matériau et l'air. Le facteur de réflexion correspondant en intensité est :
2
nsc − nair
R = |r 2| = n + n 
 sc air

dans le cas de GaAs nsc ≈ 3,6 et nair ≈ 1 ce qui donne R = 30% pour chaque face.
Dans certaines applications on traite les facettes afin de modifier R , par exemple pour
réaliser des lasers accordables on utilise des traitements antireflet par des couches
diélectriques avec des facteurs de réflexion presque nuls.

Les structures des ces lasers sont essentiellement de type, Buried Heterostructure BH ,
ou Buried Ridge Structure BRS , à guidage par l'indice. Ils représentent les lasers
multimodes utilisés dans les lecteurs optiques ou dans les transmissions optiques pour
les besoins à débit moyen et à courte distance.
Les pertes dues aux coefficients de réflexion des miroirs sont exprimées par le coefficient
de perte miroir αm :

1
αm = 2L Log(R1R2)

où L représente le longueur de la cavité, R1 et R2 sont les facteurs de réflexion des


facettes. Ces lasers se caractérisent par un spectre multimode longitudinal.

diode laser Fabry-Pérot

faces clivées spectre multimode


R1 = R2 = 30%
λi
λi+1

zone active
L
longueur d’onde λ
170 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

La condition de phase impose les modes d'oscillation :

2πn
2kL = 2mπ avec m entier et k =
λ

l'espacement entre modes ou intermode est :

π −δλp λ2
δk = km − km−1 = L = 2πnr 2 ou aussi |δλp| = λp−1 − λp = 2n L
λ r

exemple : laser Fabry-Pérot en InGaAsP


Longueur d'onde λ = 1310 nm , facteurs de réflexion r12 = r22 = R = 30% , longueur de la
cavité L = 300 µm , pertes du matériau αi = 10 cm−1 . On obtient pour les pertes miroir
αm = 40 cm-1 donc le gain au seuil est : γs = αm + αi = 50 cm-1 .

pour λ = 1310 .nm , L = 300 µm et nsc = 3,5 donne un intermode δλ = 0.8 nm ou en


unité de fréquence δν = c.(δλ/λ2) = 100 GHz .

3.5 - Cavités avec réseau de Bragg DFB et DBR

réflectivité des cavités DFB et DBR


Ici on utilise un autre cavité résonnante modifiée, à l'aide d'un réseau gravé interne de
façon à réaliser une sélection de modes qui est beaucoup plus efficace que pour le
résonateur Fabry-Perot.
Le pas du réseau gravé Λ vérifie la condition de Bragg :

2nscΛ = m.λB

Pour λB = 1550 nm à l'ordre m = 1 , Λ = 230 nm et à l'ordre m = 2 , Λ = 460 nm .

Les deux ondes se propageant dans les deux sens de propagation +Oz , propagatif EA ,
et −Oz , contra-propagatif EB sont couplées dans la cavité. Comme on l’a vu au chapitre
II, lors du traitement des réseaux de Bragg, les équations des ondes couplées sont :

dEA dEB
dz = κ EB exp{−j2[∆β(λ) + jγ(λ)]z} et dz = κ* EA exp{+j2[∆β(λ) + jγ(λ)]z}

où κ est le coefficient de couplage qui est en général un nombre complexe κ = κn + jκγ ,


et γ est le coefficient de gain du milieu laser. La variation de la constante de propagation
∆β est :
∆β = k − kB = 2πnsc.(1/λ − 1/λB)

où λB est la longueur d'onde de Bragg.


Le coefficient de réflexion en fonction de la longueur d'onde est obtenu en résolvant
l'équation précédente, par la même méthode du chapitre II, en incluant cette fois-ci le gain
γ du milieu laser, on obtient :

EA κ sh(ΚL)
rB(λ) = E = avec Κ 2 = κ 2 − (∆β)2
B ( γ − j∆β ) sh(ΚL) − S ch(ΚL)
Structures de diodes laser 171

Le terme de phase associée à rB(λ) peut se mettre sous la forme :

th(κL)
exp(−2j∆β Leff ) avec Leff =

donnant une longueur optique équivalente totale :

λ B2
Ltot = L + Leff pour δλB =
2nscLtot

Deux catégories de laser sont à considérer :


- Laser DFB , Distributed FeedBack* , le réseau de Bragg se trouve au niveau de la zone
active. Si le réseau est directement dans la zone active, on est dans le cas du couplage
par le gain, alors le coefficient de couplage est un nombre imaginaire κ = jκγ . Il est réel,
κ = κn , si le réseau est au dessus ou en dessous de la zone active, il s'agit alors d'un
couplage par l'indice, qui est le cas le plus fréquent.
- Laser DBR, Distributed Bragg Reflector* , le réseau de Bragg se trouve dans le
prolongement de la zone active, fonctionnant comme un réflecteur externe. Ici le gain ne
joue pas de rôle au niveau de réseau de Bragg donc on prendra γ = 0 et κ = κn dans la
formule de la reflectivité.

Pour les lasers à cavité de Bragg, dans la condition d'oscillation laser, il faut remplacer,
les coefficients de réflexion des facettes clivées r1 et r2 de la cavité FP par ceux
obtenus à partir de l’expression précédente rB(λ) où on inclut le gain γ ainsi que la
propagation le long de la cavité.

cavité DBR
Pour un laser DBR le réseau est gravé dans une zone passive en dehors la zone active.
Le coefficient de réflexion présente un maximum, rB(λ) = 1 à la longueur d’onde de Bragg,
λ = λB , et deux minima, situés à ±δλB , la largeur de cette bande 2δλB est le stop band .
Sur la figure suivante on représente le facteur de réflexion en intensité vu de la zone
active en dehors de la zone de Bragg.

100% 2π
facteur de réflxion R
phase 2φ(λ)

50% π
∆λStopBand

λB 0

1549 1550 1551


longueur d’onde λ (nm)
facteur de réflexion effectif et phase pour un laser
DBR avec traitements antireflet et κL = 2

*
traduction : distributed feedback rétroaction distribuée, distributed bragg reflector réflecteur de
Bragg distribué.
172 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

diode laser DBR


traitement antiréflet
zone active zone de Bragg

Le miroir de Bragg, est caractérisé par un coefficient de réflexion vu de la cavité rDBR(λ) .


La condition d’oscillation globale, si l’on considère l’autre facette traitée antireflet,
devient :
rDBR(λ) = 1

Le coefficient étant complexe cette condition contient la condition d'amplitude et de


phase. Les lasers DBR sont moins utilisés actuellement que les lasers DFB, mais
semblent très prometteurs comme source accordable en longueur d'onde λ en faisant
varier les caractéristiques de réflexion de la zone de Bragg à l’aide d’électrodes placés
sur les différentes zones.
cavité DFB
Dans un laser DFB le réseau est gravé au niveau de la zone active. Le spectre est
monomode et caractérisé par le taux de suppression de mode, Side Mode Suppression
Ratio on a en général SMSR > 30 dB , avec une largeur spectrale de quelque MHz
bien adaptée aux transmissions sur fibre optique longue distance.

diode laser DFB spectre monomode

SMSR (dB)

L λB longueur d’onde λ
La condition d’oscillation pour un laser DFB traité antireflet, s'écrit : rDFB1(λ).rDFB2(λ) = 1
où les deux coefficients de réflexion correspondent aux côté gauche et droit.
Par analogie avec le cas du laser FP on peut estimer le coefficient de gain en remplaçant
le coefficient de perte miroir αm par un coefficient effectif αDFB donnant
γsDFB = αi + αDFB .

100% facteur de réflexion


DFB effectif pour un laser
facteur de réflxion R
DFB avec faces clivées
et couplage par le gain
50% |κ|L = 1 comparaison
avec la cas FP
30% FP

λB
1549 1550 1551 longueur d’onde λ (nm)
Structures de diodes laser 173

Dans les cavités DFB on obtient en général deux maximums du coefficient de réflexion
d’égale amplitude si l’on considère un couplage par l’indice avec un coefficient κ = κn
réel, ceci a comme conséquence de faire osciller le laser sur deux modes.
Afin d’obtenir des lasers oscillant sur un seul mode, on peut utiliser différentes méthodes :
- réalisation d'un couplage complexe ou imaginaire, couplage par le gain, de façon à
rendre dissymétriques les deux pics.
- réalisation d'un décrochement dans le pas du réseau d'environ λB/4 correspond à un
demi pas de réseau Λ/2 .

réseau à couplage par l’indice κn


stop band
réseau ∆β < |κ|
zone active
λ
facteur de
réseau à couplage par le gain κγ réflexion

réseau avec déphasage Λ/2

Λ/2

λB
différentes configurations de réseau de Bragg pour les lasers DFB

3.6 - Microcavités lasers à semiconducteur à émission par la surface


Des lasers de dimensions beaucoup plus petites que ceux basés sur les cavités Fabry-
Pérot utilisent l’émission par la surface. Le caractère monomode est obtenu grâce à deux
réflecteurs de Bragg situés de part et d’autre de la zone active. Ces réflecteurs sont
réalisés par des empilements de couches diélectriques H-L λ/4, voir chapitre II .
La zone active contient des puits quantiques, et les miroirs diélectriques sont constitués
aussi par des alliages semiconducteurs.

Du fait de la structure verticale de ces lasers, la fabrication de ces composants est rendue
possible à l'aide de techniques de fabrication microélectronique, par épitaxie des
différentes couches, ce qui n'est pas le cas pour les lasers à émission par la tranche dont
les faces doivent être clivées. Les dimensions de ces cavités sont aussi nettement
réduites, typiquement l'empilement est constitué de 10 à 20 couches diélectriques ce qui
donne une dimension verticale et en épaisseur de quelques microns.

Du fait de la très faible épaisseur LQ , de l'ordre de 10 nm , des NQ puits quantiques de


la zone active de largeur L , le gain par passage est très faible. Les facteurs de réflexion
des couches diélectriques sont proches de 100% près de la longueur d'onde de Bragg.
La condition d'oscillation pour cette cavité est :

r1(λ).r2(λ).exp[2NQ.γ(λ).LQ − j2ω. nr.L/c] = 1


174 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

où r1 et r2 sont les coefficients de réflexion des deux miroirs de Bragg, γ le coefficient


de gain dans le puits quantique et nr est l'indice de réfraction. En considérant deux
miroirs de même caractéristiques de coefficient r(λ) la condition d'amplitude s'écrit :

|r(λ)|2 = exp[−2N.γ(λ).LQ]

Pour une zone active avec NQ = 5 puits quantiques de largeur LQ = 10 nm et avec un


coefficient da gain γ = 104 cm−1 , on doit assurer une facteur de réflexion R = |r|2 = 95%.
Pour la condition de phase il faut prendre en compte la phase des miroirs de Bragg :

r(ν) = |r(ν)|.exp[φB(ν)]

en tenant compte de la condition sur le stop-band ∆β < |κ| du réseau de Bragg, , où κ


est le coefficient de couplage, on obtient une condition sur la largeur de bande en
fréquence :
∆νSB = |κ|.c/πnr

et en sachant que le stop band correspond à un déphasage de −π , on peut écrire :

(ν − ν0) nr
φB(ν) = − π = (ν − ν0)
∆νSB κc

et la condition de phase :
nL
φB(νm) − νm cr = mπ
qui donne un intermode :
c
δν = νm+1 − νm =
2nr(L + π/2κ)

exemple : pour un laser VCSEL avec une longueur de la zone active L ≈ 1 µm et


κL ≈ 1 , un indice de réfraction nr ≈ 1 . On obtient à λ = 900 nm pour l’intermode
δν ≈ 17 THz ou δλ ≈ 45 nm .. On peut le comparer au stop-band ∆νSB ≈ 27 THz ou
∆λSB ≈ 73 nm , donc l’intermode et le stop band sont du même ordre de grandeur ce qui
est souhaitable pour un fonctionnement monomode.

cavité laser à faisceau de


émission par la sortie
surface VCSEL

r1(λ) P
miroirs
diélectriques
L
de Bragg
zone active puits
quantiques r2(λ) N
Structures de diodes laser 175

émission latérale émission par la surface

homojonction
cavité plane
simple hétérojonction cavité verticale
double hétérojonction
miroirs à 45°
couplée à un réseau
surface d'émission large émission latérale
structure en ruban

guidage par le gain


guidage par l'indice

hétérostructure enterré canal enterré planaire croissant enterré


Buried Heterostructure BH Channeled Substrate Planar CSP Buried Crescent BC

guide en crête hétérostructure enterré à double canal planaire


Ridge Waveguide RW Dual-Channel Planar Buried Heterostructure DCP-BH

cavité résonante

cavité Fabry-Pérot type zone active

cavité mono-fréquence
semiconducteur massif
rétroaction distribuée Bulk
Distributed FeedBack DFB

rétroaction à réflecteur de Bragg puits quantiques


Quantum Wells
Distributed Bragg Reflector DBR
1 Puits quantique
cavité externe à réflecteur
Mirror External Cavity Single Quantum Well SQW
Puits quantiques multiples
Multiple Quantum Well MQW
cavité clivée couplée
cavités à λ acordables
Cleaved Coupled Cavity C3
couches contraintes
DFB à 2 ou 3 sections Strained Layers Str
DBR à 2 ou 3 sections

différentes structures et classifications des diodes laser


176 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

4 - CARACTERISTIQUES STATIQUES DES DIODES LASER

4.1 - Caractéristiques électriques et optiques


Dans une diode laser la caractéristique puissance optique en fonction du courant P(I)
présente une forme caractéristique, il y émission de puissance au delà du courant de
seuil Is ensuite la puissance varie d’une façon linéaire.
Le courant de seuil varie avec la température selon une loi d'activation :

Is = Is0 exp(T/T0)

- Le paramètre Is0 est appelé le courant de seuil caractéristique et T0 la température


caractéristique. Par exemple pour AlGaAs, T0 prend des valeurs de 120 K à 230 K et
pour InGaAsP de 60 K à 80K .
- La pente de la caractéristique P(I) est notée ηLI Light-Intensity,. et varie typiquement
de 0,1 mW.mA−1 à 0,2 mW.mA−1 .
- La tension de la diode Vd correspond à la tension aux bornes de la jonction émettrice et
dépend de la longueur d'onde d'émission λ0 et donc du matériau choisi. Pour InGaAsP
elle varie typiquement de 1 V au seuil à 1,5 V . La pente de la courbe Vd(I) donne la
résistance dynamique du laser typiquement Rd ≈ 3 Ω .
- Le rendement différentiel ηd est défini par le rapport de la puissance optique émise et
de la puissance électrique absorbée :

P
ηd =
Vd(I − Is)

- La polarisation du rayonnement en sortie est le plus souvent rectiligne parallèle aux


plans des jonctions.
puissance optique P(mW)

caractéristique puissance
T1 T2 courant pour les
pente du laser températures T1 < T2
dP
ηLI = dI

Is(T1) Is(T2) courant d’injection I(mA)

∆θ⊥
w

diagramme de
rayonnement ∆θ//
astigmatique d’une
diode laser d
Caractéristiques statiques des diodes laser 177

La divergence du faisceau est très supérieurs à celle d'un laser conventionnel. Le champ
proche est très petit de la dimension de la section de la zone active.
- L'ouverture angulaire à mi intensité du diagramme de rayonnement ∆θ est définie
suivant deux directions : ∆θ// de l’ordre de 10°, dans un plan parallèle aux jon ctions et
∆θ⊥, de l’ordre de 20°, dans le plan perpendiculaire. Typiquement ∆θ// < ∆θ ⊥ à cause de
la diffraction par la section rectangulaire de la zone active, ∆θ// ≈ λ/w et ∆θ⊥ ≈ λ/d , avec
une hauteur d ≈ 0,5 µm et une largeur w ≈ 5 µm .
- Les faisceaux sont de type faisceau gaussien-elliptique .

4.2 - Caractéristiques spectrales


Pour un laser multimode , de type Fabry-Perot, la répartition des modes varie avec le
courant de polarisation et on observe un décalage vers les longueurs d'onde plus élevées
quand le courant augmente. L'espacement entre modes, l'intermode , est fonction de la
longueur de la cavité L et de l'indice du matériau nsc .

λ02
δλ = 2n L
sc

exemple : pour GaAs: λ0 ≈ 0,85 µm , L = 200 µm et nsc = 3,6 entraîne δλ ≈ 0,5 nm .


Pour InGaAsP λ0 ≈ 1,3 µm , L = 300 µm et nsc = 3,6 entraîne δλ ≈ 0,8 nm .

Les lasers DFB et DBR ont des spectres monomodes, la qualité monomode est définie
par le taux de suppression de mode latéral SMSR .
dérive de la longueur d'onde
Pour les lasers multimodes, de type FP , il existe une dérive du spectre avec la
température δλ/δT . Pour une structure FP à guidage par l’indice, en AlGaAs ou en
InGaAsP , δλ/δT est de l’ordre de 0,1 nm.K−1 . Pour les lasers monomodes de type
DFB , δλ/δT varie de 0,02 nm.K−1 à 0,1 nm.K−1 .

La dérive de la longueur d'onde avec le courant est aussi appelé chirp statique λ(I,t) .
Cet effet est aussi important sous modulation. On discutera du chirp un peu plus loin.

diode laser à guidage par le


diode
gainlaser FP guidage
diode laser
par l’indice
DFB guidage par l’indice

puissance optique P
intermode largeur spectralelargeur spectrale
δλ ≈ 0,2.nm ∆λ ≈ 0,01.nm ∆λ ≈ 0,0001.nm
mi-hauteur
3.dB SMSR

822 824 826 828 829 830 829 830


longueur d’onde λ nm
178 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

5 - MODELES D’EVOLUTION POUR DIODES LASER

5.1 - Equations d'évolution

forme générale des équations et paramètres


Les équations d'évolution permettent de modéliser les comportements des diodes laser et
des DEL. Ces comportements comprennent le régime statique, la réponse harmonique, la
réponse indicielle et les bruits.
Les paramètres intervenant dans ces équations sont: le courant d'injection I , la
concentration des porteurs N , électrons et trous, et la densité de photons dans la cavité
S . Ces équations d'évolution font un bilan de la concentration des porteurs N et de la
densité de photons dans la cavité S .
Dans le cas général des lasers multimodes il faut considérer tous les modes m qui sont
susceptibles d'osciller ce qui donne :

M
dN I(t)
dt = e − r(N) − vg ∑ γmSm pour les porteurs
m=1
dSm Sm
= Γ vg γ m S m − + β m Dm R(N) pour le mode m du laser
dt τp

ces équations sont difficiles à résoudre du fait de l'intéraction entre modes.


équation pour une émission monomode
Les diodes lasers modernes performantes sont surtout monomodes, de type DFB, DBR
ou VCSEL . L’équation pour l’oscillation monomode s’écrit :

dN I
dt = vol e − vg γ S − ρ
pour les porteurs
dS S
= v g Γγ S − + βsp ρr pour les photons
dt τp

On va examiner tous les termes intervenant dans ces équations.


Le gain du milieu amplificateur dans la zone active est γ , exprimé en cm−1 . Le nombre
de photons np crées par unité de longueur, est proportionnel au nombre de porteurs en
excès, surtout des électrons, dans la bande de conduction. On utilise une approximation
linéaire pour le gain :
γ(λ) = a(λ)(N − N0)

où N0 est la densité de porteurs de transparence, son ordre de grandeur est 1018 cm −3.
Cette densité correspond au changement de fonctionnement du matériau semi-
conducteur d'absorbant à transparent. a est le coefficient de gain différentiel son ordre
de grandeur est 5.10−16 cm2 . Le gain dépend du profil spectral d'émission spontanée et
dépend donc de la longueur d'onde λ . Le mode avec le plus fort gain a le plus de
chances d'osciller.
vg = c/ng est la vitesse de groupe des photons où ng est l'indice de groupe son ordre
de grandeur dans les semi-conducteurs III-V est ng ≈ nsc = 3,5 .
Γ est le facteur de confinement optique dans la cavité indiquant que le volume occupé
par le photons volopt n'est pas le même que celui de la zone active vol , dont l'ordre de
grandeur est 10−10 cm3, ce qui donne la relation : vol = Γ volopt . Γ varie de 0,2 pour les
structures normales à 0,01 pour les structures à puits quantiques.
Modèles d’évolution pour diodes laser 179

Le gain présente des nonlinéarités , responsables de nombreux phénomènes dans le


comportement des lasers à semiconducteurs. Les nonlinéarités sont prises en compte
dans l’expression du gain par un terme de compression de gain :

γ = a.(N − N0) (1 − ε S)

où ε est le coefficient de compression de gain , son ordre de grandeur est 10−17 cm3 .
τp est le temps de vie des photons dans la cavité et correspond aux pertes de la cavité.
L’inverse de τp correspond au nombre de photons perdus dans la cavité par seconde :

1
= vg (αi + αm)
τp

αi est le coefficient des pertes internes du matériau son ordre de grandeur est 10 cm−1
et αm est le coefficient des pertes miroir dû aux réflecteurs, comme on l’a vu
précédemment, son ordre de grandeur est typiquement 30 cm−1 .
ρ est le taux de recombinaison des porteurs, il se compose de deux parties une partie
radiative et une partie non radiative :

ρ = ρr + ρnr avec ρr = B.N2 + C.N3 et ρnr = A.N

A est le coefficient non radiatif son ordre de grandeur est 108 s−1 , B est le coefficient
bimoléculaire d'émission spontanée , son ordre de grandeur 10−10 cm3.s−1 , et C est le
coefficient de recombinaison Auger , son ordre de grandeur est 10−29 cm6.s−1 .
βsp est la fraction d’émission spontanée se trouvant effectivement dans le mode laser qui
oscille et vaut typiquement entre 10−5 et 10−6 , on peut définir le taux d e densité
d’émission spontanée :
ρsp = βsp.ρr

équation pour la phase du champ laser


La phase instantanée ψ du champ électrique E(t) dans la cavité laser joue un rôle
important dans les caractéristiques d'un laser à semiconducteurs puisque toutes les
propriétés spectrales en découlent, largeur de mode, chirp...

E(t) ∝ S exp[jψ(t)]

La phase n'est pas pris en compte dans la densité de photons S , puisqu'elle est
proportionnelle à la puissance optique P donc au module du carré du champ électrique
dans la cavité. La variation de la phase instantanée ψ s’exprime par une équation de
continuité :

dψ αH  1
dt = − 2π(ν0 − ν) + 2 Γa (N − N0)S − τp

ν0 est la fréquence de résonance de la cavité et ν la fréquence du mode laser.


αH est le facteur d'élargissement de mode , appelé aussi facteur de Henry , qui
correspond à la variation de l’indice ∆n par rapport à la variation du gain ∆γ indique
qu'a une variation de gain correspond une variation de fréquence :

4π ∆nsc(N,S)
αH =
λ0 ∆γ(N,S)
180 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

5.2 - Régime stationnaire


Le régime stationnaire est obtenu en annulant toutes les dérivées par rapport au temps.
Le régime stationnaire correspond au régime établi avec un courant d’injection constant
I = I0 .
solution stationnaire au dessus du seuil
Dans un premier temps on va négliger le terme d'émission spontanée β ρr devant
l'émission stimulée dans l'équation des photons.
En régime stationnaire on a :
dN dS
= 0 et dt = 0
dt

Au seuil S = 0 . On peut exprimer le courant de seuil Is à partir de l'équation des


porteurs :

Is
e vol = ρ(Ns) = A.Ns + B.Ns + C.Ns
2 3

où Ns est la densité de porteurs au seuil.


L'équation des photons donne la relation de gain au seuil d'oscillation :
1
vg Γa (N − N0) − = 0
τp

Cette relation indique que le gain compense exactement les pertes de la cavité
représentées par τp . Le gain est verrouillé, il s’agit du phénomène de clamping, et la
densité de porteurs est constante N = Ns .
La densité de porteurs au seuil est obtenue par la relation faisant intervenir le gain.
Pour une valeur de courant d'injection supérieure au seuil I > Is la densité de photons
croît. On peut donc exprimer la caractéristique statique du laser :

I S
vol e − Γτp − ρ(Ns) = 0
ce qui donne
S I − Is
= vol e
τp opt

où le volume du mode optique est volopt = vol.Γ −1 .


La caractéristique S(I) est linéaire pour I > Is .
La caractéristique puissance optique émise par une face de la diode laser P en fonction
du courant d'injection pour I > Is , est obtenue en utilisant la relation liant la puissance
optique au nombre de photons np dans la cavité np = S.volopt :

1 αm np 1
P = 2 hν = 2 hν vg αm np
αi + αm τp

cette relation donne le taux de photons quittant une facette du laser, d’où le facteur 1/2.
En utilisant la caractéristique entre S(I) on obtient finalement :

hν αmvg I − Is
e = ηLI (I − Is)
P =
2
Modèles d’évolution pour diodes laser 181

où ηLI est le rendement de la pente du laser en mW.mA−1 . Le rendement différentiel,


qui est une quantité sans dimensions est obtenue par la relation :

2e
ηd = η
hν LI

Le rendement total en puissance est donné par :


ηtot = e V ηd ≈ ηd
d

en effet la tension aux bornes de la diode est à peu près à la tension de gap.
régime stationnaire en dessous et au seuil
En utilisant l’approximation linéaire du gain la condition d’oscillation s’exprime par :

1
γ = Γ a (N − N0) =
τp

Pour N < N0 le semiconducteur est absorbant, le composant peut être utilisé dans ce
régime comme un détecteur.
Pour N0 ≤ N ≤ Ns on est en régime de superluminescence , amplification, sans
oscillation laser, le fonctionnement est celui d'une DEL superluminescente ou d'un
amplificateur optique à semi-conducteur . Au-delà du seuil le gain se verrouille et il y a
oscillation laser.

γ(N)
superluminescence
émission laser
γs = γ(Ns)

γ(N0) = 0
Is I(A)

absorption

évolution du gain en fonction du courant d'injection I montrant les


zones d'absorption, de super-luminescence et d'émission laser

amplification optique en dessous du seuil pour un laser à semiconducteurs


Dans l'équation stationnaire de la densité de photons on prend en compte maintenant le
terme d'émission spontanée ρsp = β ρr .

S
vg Γγ(N)S − + ρsp(N) = 0
τp

ce qui donne la densité de photons en dessous du seuil :


182 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

ρsp(N)
S =
1/τp − vg Γ γ(N)

Le nombre de photons augmente quand on se rapproche du seuil, ce qui tend à annuler


le dénominateur. La densité de porteurs en dessous du seuil peut s'exprimer en fonction
du nombre de photons :
1 ρsp(N)
N = Ns − S
Γ vg a

La relation entre la densité de photons et le courant d'injection en dessous du seuil


s’obtient d’après les arguments précédents par :

I ρsp(N)
= ρ(N) + v g γ(N) S = r(N) + vg γ(N)
vol e 1/τp − vg Γγ(N)

connaissant une expression de S(N) et l’expression de I(N) en dessous du seuil on


peut en déduire une relation entre la densité de photons S et le courant d'injection I .
On peut alors obtenir une expression approchée du nombre de photons np en fonction
du courant d'injection :
I np
e = ρ(N)vol + τp

ce qui donne approximativement autour du seuil :

I − Is 1 nsp np ρ(Ns)vol
e = − np τn τp GN + τp où nsp =
τp

nsp est le facteur d'émission spontanée, l'ordre de grandeur pour une diode laser est 2.
τn est le temps de vie des porteurs :
N vol
τn = s
ρ(Ns)

son ordre de grandeur est 10−9 s . GN = Γ vga.vol−1 est appelé le taux de gain différentiel.
Comme vu précédemment la puissance optique P est proportionnelle à np .

puissance optique autour du corant de seuil Is

puissance optique 0,4


P (mW)

0,3

0,2

0,1 seui Is ≈ 25 mA

0
22 23 24 25 26 27 28

courant d'injection I (mA)


Modèles d’évolution pour diodes laser 183

5.3 - Equations en régime d’électroluminescence DEL


Dans ce cas il n'y a pas de mécanisme de rétroaction optique et donc il n’y a pas
d'émission stimulée, le terme de gain γ n'existe pas et l'équation des photons ne fait
intervenir que l'émission spontanée. βDEL est la fraction de photons intervenant dans
l’émission :
dS
dt = βDEL ρr

L'équation des porteurs devient :

dN I
= − ρDEL
dt vol e

Ici le mécanisme essentiel se trouve dans les processus de recombinaison


ρDEL = ρnr + ρr , le rendement interne correspond à :

ρr 1/τr
ηiDEL = = et le rendement externe ηextDEL = f(nsc) βDELηiDEL
ρr + ρnr 1/τr + 1/τnr

La puissance optique s’exprime simplement par :

I
P = hν. ηextDEL e

réponse harmonique du premier ordre de la puissance optique d'une DEL


L'équation des porteurs pour les petites variations s’écrit :

dN I N
= −
dt e τDEL

si l'on applique une modulation du courant I = I0 + Im exp(jωmt) , en résolvant l'équation


précédente, on trouve la fonction de réponse pour les porteurs Nm(ω) :

Im
Nm(ω) =
e (1 + jω τDEL)

qui est une fonction du premier ordre avec une pulsation de coupure ωc = 1/τDEL .
En régime de modulation l’amplitude de la puissance optique est donnée par :

1
Pm = hν ηextDEL Im
e (1 + jω τDEL)

La puissance optique totale sera :

P = P0 + |Pm| cos(ωmt + θmp)

Où θmp est le déphasage par rapport au courant de modulation.


Pour une DEL utilisée en télécommunications par fibre optique on a typiquement
τDEL = 10−9 sec et la fréquence de coupure correspondante fcDEL = 1/(2π.τDEL) ≈ 20 MHz .
184 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

5.4 - Equations d’évolution pour un laser monomode en régime de variations


Les équations d'évolution en fonction de la densité de porteurs N et de la densité de
photons S en régime de variations s’expriment par :

dS S
= Γ vg a (N − N0) (1 − ε S) S − + ρsp + FS(t) pour les photons
dt τp

dN I N
= − − vg a (N − N0) (1 − ε S) S + FN(t) pour les porteurs
dt vol e τn

dψ αH 
Γ v a (N - N0) (1 − ε S) −  + Fψ(t)
1
= pour la phase
dt 2  g τp

où les termes FS(t) , FN(t) et Fψ(t) sont les forces de Langevin utilisées pour la
modélisation des termes de bruit.
La modulation du courant d'injection s'exprime par :

I(t) = I0 + Im f(t)

où f(t) est la fonction de modulation. Deux cas sont à envisager: les signaux analogiques
et les signaux numériques. Pour les premiers on peut toujours les décomposer en
signaux harmoniques. Les seconds seront modélisés par des réponses indicielles.
Les équations sont non linéaires du fait de la forme du gain et sont donc difficiles à
résoudre exactement. En régime de variations, on utilise le plus souvent la méthode des
perturbations pour obtenir des solutions analytiques, les résultats à l’ordre précèdent sont
utilisés pour la résolution à l'ordre successif, dans la suite on donnera certaines solutions
analytiques. On peut aussi résoudre les équations numériquement à l’aide de logiciels
mathématiques.

réponses harmoniques
On applique une modulation directe sinusoïdale du courant d'injection à la pulsation
ωm :
I(t) = I0 + Im cos(ωmt)

et on cherche les fonctions de réponse de la puissance optique P(ωm) et de la déviation


de fréquence optique ou chirp δν(ωm) à différents ordres.
Les équations sont décrites en fonction des variations de la densité de photons S et de
la concentration des porteurs N , donc il s'agira de trouver les réponses de type :

S(t) = S0 + |Sm| cos(ωmt + θmS) et N(t) = N0 + |Nm| cos(ωmt + θmN)

En résolvant pour ces deux quantités nous pouvons exprimer les réponses analytiques du
premier ordre :

réponses harmoniques du premier ordre S1 et N1


En utilisant les notations complexes, en remplaçant cos(ωmt) par exp(jωmt) , et les
valeurs stationnaires trouvées précédemment, dénotées par un indice 0, on peut exprimer
Modèles d’évolution pour diodes laser 185

les fonctions de réponse qui sont des fonctions du deuxième ordre avec un dénominateur
caractéristique de la forme :

Den(ωm) = (ω02 − ω2) + j2ϖ.ωm

où ω0 est la pulsation de résonance et ϖ le taux d’amortissement.


A partir des paramètres des équations d’évolution on obtient les expressions suivantes et
leurs approximations dans le cas des faibles nonlinéarités εS0 << 1 .

La pulsation de résonance ω0 devient :

εS0 + vga.τn S0(1 − εS0)2 vga.S0


ω02 = ≈
τpτn(1 − εS0) τp

Le taux d’amortissement ϖ :

1 εS0 + vga.τp S0(1 − εS0)2 1


2ϖ = + ≈ + vga.S0
τn τp(1 − εS0) τn

La réponse du premier ordre de la densité de photons S1 sera :

I1 Γ.vga(1 − εS0)S0
S1(ωm) = e.vol
Den(ωm)

La réponse du premier ordre de la concentration de porteurs N1 sera :

I1 1  ε.S0 + jωm
Den(ωm) τp(1 − εS0)
N1(ωm) = e.vol

Toutes ces expressions sont fonction de la pulsation de modulation ωm et aussi de la


valeur stationnaire de la densité de photons S0 , cette dernière comme on l’a vu
précédemment dépend du point de polarisation du courant d’injection I0 , au dessus du
seuil cette relation s’écrit :

S0 I0 − Is
= (vol ) e
τp opt

Tous les autres paramètres, dépendent du laser à semiconducteur lui même.


A partir des expressions des réponses de S et de N on peut en déduire les réponses
de la puissance P et du chirp δν , comme on le verra après.
La puissance à la sortie d’une des facettes du laser sera :

1 vol
P = 2 hν αmvg np avec np = S.volopt = S
Γ

où np est le nombre de photons dans la cavité, αm le coefficient de pertes miroir


équivalent de la facette, τp le temps de vie des photons, vg la vitesse de groupe, Γ le
facteur de confinement et vol le volume de la cavité.

Le tableau suivant présente tous les paramètres nécessaires à la résolution des


équations d'évolution, notamment lors d'une simulation numérique par ordinateur.
186 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

symbole dénomination valeurs relations


typiques
P puissance optique 20 mW P = [(hν.αm.vg/(2.τp)].np
I courant d’injection 100 mA
Is courant de seuil 10 mA Is = e.(N − N0)/τn
ηLI pente du laser 0,2 W A−1 P = ηLI.(I − Is)
λ longueur d’onde 1550 nm
ν fréquence optique 2.1014 Hz ν = c/λ
np nombre de photons dans la cavité 106
S densité de photons dans la cavité 1017 cm−3 S = np/volopt
N nombre de porteurs 2.1018 cm−3 [nsp/(nsp − 1)].N0
N0 nombre de porteurs à la transperence 1018 cm −3
ng indice de réfraction de groupe 3,5
vg vitesse de groupe 0,85.108 m.s−1 vg = c/ng
L longueur de la cavité 400 µm
d épaisseur de la zone active 0,05 µm
w largeur de la zone active 5 µm
−10
vol volume de la cavité 10 cm−3 vol = L.d.w
volopt volume du mode optique 10−9 cm−3 volopt = vol.Γ−1
Γ facteur de confinement du mode 0,1 à 0,01
αm coefficient de pertes miroir 30 cm−1 αm = (1/2L).Log(R1R2)
Ri Facteur de réflexion d'une facette 30% Ri = (ng − 1)/(ng + 1)
αi coefficient de pertes internes 10 cm−1
γ coefficient de gain 40 cm−1 γ = αm + αi = 1/τp vg
a gain différentiel 5.104 cm2 γ ≈ a(N − N0)
τp temps de vie des photons 2.10−12 s
τn temps de vie des porteurs 10−9 s τn−1 = A + B.N + C.N2
A coefficient de recomb. non radiatif 108 s−1
B coefficient de recomb. bimoléculaire 10−10 cm3.s-1
C coefficient de recomb. Auger 10−29 cm6.s-1
ρsp taux de densité d’ém. spontanée 1022 cm−3.s−1 ρsp = Rsp/vol
Rsp taux d’émission spontanée 1012 s−1 Rsp = nsp/τp
nsp facteur d’émission spontanée 2 nsp = N/(N − N0)
βsp fraction d’ém. spont. dans le mode 5.10−6 βsp = ρsp/(B.N2)
ε coefficient de compression de gain 10−17 cm3 γ = a(N − N0)(1 − ε.S)
αH facteur d’élargissement de raie 2 à 5

paramètres et coefficients nécessaires pour la modélisation des diodes laser


monofréquence à l’aide des équations d’évolution
Comportements dynamiques des diodes laser 187

6 - COMPORTEMENTS DYNAMIQUES DES DIODES LASER


Les transmissions sur fibre optique utilisent des signaux de type numérique ou
analogique.
Les transmissions numériques optiques sont très rapides avec des débits, nombre de bits
par seconde, pouvant dépasser 10 Gbit.s−1 . Les applications se situent dans les
transmissions de données, téléphone, Internet… Sur des longues distances, par exemple
dans les câbles sous-marins, elles nécessitent des lasers très rapides pouvant émettre
une puissance suffisante. Le code de modulation numérique souvent utilisé est NRZ ,
NonReturn to Zero, où un 1 correspond à un niveau haut et un zéro à un niveau bas. On
utilise aussi le code biphase Manchester , voir chapitre VIII .
Les transmissions analogiques optiques sont utilisées le plus souvent pour transmettre
des canaux de télévision dans les systèmes CATV, ou pour déporter des signaux micro-
ondes en téléphonie mobile par exemple. Elles nécessitent des lasers très linéaires avec
des faibles distorsions pouvant être modulés jusqu’à quelques GHz.

numérique analogique
P(mW) P(mW)

ηLI ηLI

Modulation
Modulation numérque de la puissance optique analogique de la puissance optique
I(mA) I(mA)

modulation numérique du courant modulation analogique du courant

On doit aussi caractériser la réponse de la longueur d’onde, ou de la fréquence optique,


aux modulations, ce qui correspond au chirp ou réponse FM .

6.1 - Modulation par des signaux carrés d’une diode laser


Si à un laser initialement prépolarisé par un courant I0 en dessous du seuil Ib , on
applique un échelon de courant qui polarise le laser au dessus du seuil à un niveau, Ion la
puissance optique résultante Pon mettra un temps ton pour s'établir. Une expression
approchée pour ton fonction des courants de prépolarisation I0 , du courant on Ion et du
courant de seuil Is est :
Ion − I0
ton ≈ τn.Log 
Ion − Is

qui est légèrement inférieur au temps de vie des porteurs τn , de l’ordre de 10−9 s , ce
retard a comme origine le temps nécessaire aux porteurs pour atteindre l’inversion de
population. Si le laser est polarisé légèrement au-dessus du seuil, par un courant de
188 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

prépolarisation , ce qui est le cas en pratique alors le temps, ton est de l’ordre de
100 ps .
La variation de la puissance optique P(t) présente des oscillations transitoires avec une
période caractéristique Tosc inversement proportionnelle à la pulsation de relaxation ωR
du laser qu’on exprimera plus loin. Pour un échelon de courant d'injection :

I = I0 + Iech Y(t)

où I0 est le courant de prépolarisation, I0 est en général proche du courant de seuil Is ,


Iech est l’amplitude et Y(t) la fonction échelon, on peut obtenir les variations
correspondantes de la densité de photons S(t) et de la densité des porteurs N(t) à
l’aide de la transformation de Laplace. La puissance optique correspondante sera
caractérisée par des oscillations de relaxation, dont la puissance s’exprime par :

PMAX = ηLI Iech {1 + exp[−π(ϖ/ωR)]} et Pon = ηLI Iech

où PMax est l'amplitude du pic de dépassement maximum et Pon l'amplitude établie.

40

PMAX
30 Tosc = 2π/ωR
puissance
optique π/ϖ Pon= 20.mW
P (mW) 20

Pon= 10.mW
10

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4
temps (ns)

réponse indicielle de la puissance optique d’une diode


laser pour deux niveaux de puissance optique

6.2 - Réponse AM du premier ordre de la puissance optique d’une diode laser


On considère une diode laser polarisée à une valeur de courant statique I0 , supérieur au
courant de seuil Is . Il s’ensuit une puissance optique statique P0 d’après la
caractéristique P(I) .
L'amplitude du courant modulant est I1 qui doit vérifier I1 < I0 − Is .
L'indice de modulation en courant mI et en puissance optique mAM sont définis par :

I1 P1
mI = et mAM = P
I0 − Is 0

D’après le modèle des équations d’évolution, décrit précédemment la fonction de réponse


en puissance du premier ordre du laser s’exprime par :
Comportements dynamiques des diodes laser 189

1 vol
P1(ωm) = hν αmvg S1(ωm)
2 Γ

fonction des paramètres accessibles comme la pente du laser ηLI et l’amplitude de


modulation du courant I1 , et en tenant compte des approximations sur la pulsation de
résonance ω0 :

ω02 ω02
P1(ωm) ≈ ηLI I1 = ηLI I1
Den(ωm) (ω02 − ωm2)2 + 4ϖ2ωm2

vg.a.S0 vga
avec la pulsation de résonance ω0 : ω02 ≈ = (I − I )
τp volopt.e 0 s

1 ε
et le taux d’amortissement ϖ : 2ϖ ≈ + (τp + τx)ω02 où τx ≈ v a
τn g

A partir de ω0 et ϖ on peut en déduire la pulsation de relaxation du système ωR et la


bande passante intrinsèque du système ω−3dB à −3 dB optiques.

ωR = ω02 − ϖ2 et ω−3dB = ωR2 + ωR4 + ω02.ϖ2

lorsque l'amortissement est faible la pulsation de relaxation ωR se confond avec la


pulsation de résonance ω0 et ω−3dB ≈ √2.ω0 . Il est à remarquer que l'amortissement ϖ
dépend d'une façon importante du coefficient de compression de gain ε . Les fréquences
seront obtenues à partir des pulsations par f = ω/2π .
Le fonction de transfert est alors définie par :

|P1(fm)|
|H1(fm)| =
ηLII1

habituellement exprimée en décibels dB .

9
fonction de transfert |H1(fm)| (dB)
6 I = 50 mA
I = 100 mA
3

0
-3.dB
-3

-6

-9

108 109 1010 1011


fréquence de modulation fm (Hz)

fonction de réponse AM du premier ordre de la puissance optique


pour deux niveaux de courant d’injection
190 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

Cette courbe présente un pic de résonance à la fréquence fR ≈ f0 d'autant plus marqué


que l'amortissement ϖ est plus faible.
D’après les expressions précédentes la bande passante f−3dB varie en fonction du
courant de polarisation comme la racine carré de I0 – Is , où Is est le courant de seuil .
Pour deux courants de polarisation I0a et I0b on obtient le rapport :

f−3dBa I0a − Is
=
f−3dBb I0b − Is

Quand on peut négliger le taux de recombinaison des porteurs, τn−1 , dans les
expressions précédentes, Il existe une relation presque linéaire entre ϖ et ω02 , et on
peut définir une constante de temps τK qui constitue une limite pour une diode laser.
Dans ce cas la bande passante maximale ne dépend que de la durée de vie des photons
dans la cavité τp et des nonlinéarités caractérisées par ε .

√2 ϖ ε
f−3dBMax ≈ avec τK = ≈ τp + τx = τp + v a
2πτK ω02 g

6.3 - Réponse harmoniques d’ordre supérieur de la puissance optique


La détermination des distorsions est importante dans les applications où l’on utilise une
modulation analogique ce qui est le cas des transmissions de télévision par câble de type
CATV. On utilise des diodes laser monomodes de type DFB régulées en température et
avec une caractéristique très linéaire. Plusieurs sources de nonlinéarité peuvent
provoquer des distorsions :

- dans le cas d'un grand nombre de porteuses, même si le laser est polarisé bien au
dessus du seuil, il existe une probabilité qu'à certains instants la somme des amplitudes
instantanées des courants de modulation soit en-dessous le courant de seuil, il s’agit du
phénomène de clipping . L'indice de modulation mI de chaque porteuse ne doit pas
dépasser une valeur limite qui est fonction du nombre de porteuses.
- des légères compressions du gain sont à l'origine des distorsions harmoniques
provoquées par une caractéristique P(I) non parfaitement linéaire ceci se traduit par le
coefficient phénoménologique de compression de gain ε utilisé plus haut.

Pour la puissance optique on exprime la distorsion harmonique d'ordre k , HDk , par le


rapport :
Pk
HDk =
P1

où P1 et Pk sont les réponses d'ordre 1 et k respectivement.


Pour la distorsion d'ordre 2 on trouve une expression approchée :

ωm2.ω02
|HD2(ωm)| ≈ mI
Den(ωm).Den(2ωm)

mI est l'indice de modulation du courant. Cette réponse présente deux pics de résonance
proches à f0 = ω0/2π et à la moitié f 0/2 .
Dans le cas d'une seule porteuse de modulation à la fréquence fm la distorsion d'ordre 2
à la fréquence 2fm |2HD| se situe typiquement à moins de 40 dB en dessous de la
réponse fondamentale, et la distorsion d'ordre 3 , |3HD| , à moins de 80 dB .
Comportements dynamiques des diodes laser 191

0
f0/2 f0
fonction de transfert |H2(fm)| (dB)
-10

-20

-30

-40

-50
108 109 1010 1011
fréquence de modulation fm (Hz)

distorsion harmonique d'ordre deux d’une diode laser

Les distorsions même si très faibles jouent un rôle important dans le cas d'un grand
nombre de porteuses, où les produits d'intermodulation se mélangent avec les porteuses.
Dans les systèmes multi-porteuses, UHF-VHF dans la gamme 100-900.MHz, pour la
télévision par câble à fibre optique, CATV , les non-linéarités induisent des termes
d’intermodulation . Les quantités CSO , Composite Second Order , et CTB , Composite
Triple Beat , sont utilisées pour caractériser une transmission à plusieurs porteuses fi .

Le CSO correspond aux produits d'intermodulation d'ordre 2 : ±fi ± fj

Le CTB aux produits d'intermodulation d'ordre 3 : ±fi ± fj ± fk

Un plan de fréquences spécifique, multiplex, est nécessaire de manière à minimiser les


effets du CTB . une valeur CTB < 70 dB est acceptable. Bien que les distorsions d'ordre
3 sont plus faibles que celles d'ordre 2 le CTB est plus gênant que le CSO puisque
les produits d'intermodulation d'ordre deux tombent en dehors du multiplex de fréquences
alors que certains produits d'ordre trois tombent dans le multiplex.

La rétroaction optique, le clipping et le chirp dégradent aussi le CSO et le CTB .

Des spécifications typiques sont CSO < – 65 dBc et CTB < – 70 dBc .

niveau optique
dB porteuse spectre du multiplex
−65.dBc
−70.dBc

Composite Second Order Composite


CSO intermodulation
Triple Beatd'ordre
CTB intermodulation
2 d’ordre 3
f1 + f2 f1 + f2 − f3
f1 − f2 2f1 - f2

fmod
CSO et CTB dans un miltiplex de fréquence d'une diode laser mlodulée
192 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

6.4 - Bruits dans les diodes laser

modélisation des bruits


Afin de modéliser les bruits dans les diodes laser dans chacune des équations d’évolution
portant sur les variables internes du laser N , S et ψ on peut introduire des sources de
bruit blanc appelées forces de Langevin FS(t) , FN(t) et Fψ(t).
On peut alors exprimer les moyennes temporelles des fluctuations de S , de N et de ψ :

<FS(t').FS(t)> = DS δ(t' − t) = ρsp.S0.δ(t' − t)

<Fψ(t').Fψ(t)> = Dψψ.δ(t' − t) = (ρsp/S0) δ(t' − t)

<FN(t').FN(t)> = DN δ(t' − t)

Les facteurs D sont appelés les coefficients de diffusion et correspondent à une la


densité spectrale du bruit associée à chaque variable.

Dans le cas général où le bruit du aux porteurs est très inférieur à celui de l’émission
spontanée on peut effectuer l’approximation :

DN << ρsp.S0

bruit d'intensité optique RIN


Le bruit d'intensité optique ou RIN , Relative Intensity Noise exprimé en dB.Hz−1 est
défini par :
<PBν2>
RIN = <P>2

Où le terme PBν correspond aux fluctuations de la densité spectrale de puissance


optique. Le spectre du bruit RIN d’une diode laser n'est pas blanc, il possède un
maximum en fonction de la fréquence près de la fréquence de résonance f0 . Son niveau
augmente pour un courant d'injection voisin du courant de seuil Is .
Typiquement l'ordre de grandeur est RIN ≈ −150 dB.Hz−1 . Pour les applications CATV on
souhaite des lasers avec des bruits inférieurs à cette valeur.

En résolvant les équations d’évolution pour les fluctuations δP(t) en tenant compte des
forces de Langevin, la fonction d'autocorrélation C(τ) du bruit d'intensité optique est
donnée par :

<δP(t) δP(t + τ)>


CPP(τ) =
P02

en prenant la transformée de Fourier on obtient le RIN qu'on exprime en dB.Hz−1 .

<δP(ω)2> 2ρsp ω2 + (τxω02)2


RIN(ω) = =
P02 S0 (ω02 − ω2)2 + 4ϖ2ω2

qui présente aussi un maximum à la pulsation de résonance ω0 .


Comportements dynamiques des diodes laser 193

bruit de fréquence
L’expression du bruit de fréquence est obtenue par la résolution des équations pour les
fluctuations de fréquence δν(t) . En prenant la transformée de Fourier on obtient la
densité spectrale de bruit de fréquence :

ρsp
DSBν(ω) = 2S [1 + α2 f(ω,S0)]
0

où f(ω,S0) est une fonction qui tend vers 1 pour les fréquences ω tendant vers zéro et
est résonnante à la pulsation ω0 .

6.5 - Largeur spectrale de mode d’une diode laser


La largeur spectrale d’un mode dans une diode laser au dessus du seuil est avec une
bonne approximations de forme Lorentzienne et présente une variation inversement
proportionnelle à la puissance optique émise P et donc aussi du courant d'injection I :
∆P
∆ν = P + ∆ν0

cette relation constitue une loi de type Schawlow-Townes , comme on l’a vu au chapitre
IV, mais modifiée. ∆P est la pente exprimée en MHz.mW et ∆ν0 est la limite aux fortes
puissances de la largeur de raie.
Pour un laser monomode de type DFB cette largeur se situe autour de 1 MHz , alors que
pour un laser multimode de type Fabry-Pérot cette largeur se situe autour de 100 MHz .

20
1
1 mW
largeur spectrale ∆ν(MHz)
15

∆P = 20 MHz.mW
20.MHz 10
1/2
P = 1 mW 4.MHz

5
P = 5 mW 5 mW

−40 −20 0 20 40 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1


fréquence optique centré ν (MHz)inverse de la puissance optique P−1 (mW−1)

spectre du mode laser pour deux variation


niveaux dedepuissance
Schawlow-Townes
de sortie de la largeur spectrale

expression de la larguer de raie de Schawlow-Townes en dessous et au dessus du seuil


En reprenant les discussions effectuées au chapitre IV sur la largeur spectrale des lasers
en dessous du seuil où le fonctionnement est de type amplificateur sélectif, la largeur
spectrale peut s'exprimer par :
194 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

ρsp(N)
∆ν< =
2πS

où ρsp(N) est le taux de densité d’émission spontanée et S la densité de photons. On


retrouve la variation avec l'inverse de la puissance optique P puisque S est
proportionnelle à P .
L'expression ∆ν< correspond à la loi de Schawlow-Townes dite normale valable pour
les amplificateurs laser résonnants en dessous du seuil

Du fait du facteur d'élargissement de mode αH propre aux diodes lasers, au dessus du


seuil il existe un facteur supplémentaire. En dehors du seuil on utilise la forme
asymptotique pour la largeur de mode :

ρsp
∆ν> = (1 + αH2)
4πS

qui constitue la loi de Schawlow-Townes modifiée au dessus du seuil faisant intervenir le


facteur αH .
Il est à remarquer un fait important, l'évolution la largeur de raie au seuil est continue, ce
qui signifie que la cohérence varie d'une façon continue au seuil comme le fait la
puissance optique. Donc on ne peut pas assimiler le comportement en dessous du seuil
d’une diode laser avec celle d'une diode électroluminescente DEL, et au-dessus avec
celui d'un laser parfaitement cohérent, à cause du phénomène d'amplification de
l'émission spontanée. La transition au seuil de la largeur de raie a une forme
caractéristique qui dépend du facteur α , pour α > 3 on observe un minimum et puis à
un maximum au voisinage du seuil.

3000 seuil 0,06


largeur de mode puissance optique
(MHz) (mW)
∆ν<
2000 αH = 5 0,04

1000 αH = 3 0,02
∆ν>
αH = 0
9,8 9,9 10 10,1 10,2 10,3
Is courant de polarisation I (mA)

évolution continue de la largeur spectrale et de la puissance au voisinage du


courant de seuil Is = 10 mA

La largeur spectrale effective sous modulation ∆ν(ωm) augmente du fait du chirp et ce


phénomène est prépondérant par rapport à la largeur naturelle, dans ce cas la forme de
raie n'est plus Lorentzienne mais dépend de la forme du signal modulant et sa largeur est
approximativement ∆ν(ωm)chirp ≈ ηFM(ωm).∆I et présente aussi un maximum à ω0 .
Comportements dynamiques des diodes laser 195

6.6 - Réponse FM ou chirp d’une diode laser

phénomène de chirp
Les fluctuations de la longueur d'onde, ou de la fréquence optique, ont des origines
variées. Le terme chirp est utilisé d'une façon générale pour définir ce phénomène.
En régime statique et à très basse fréquence les déviations en longueur d'onde peuvent
affecter directement la précision de la longueur d'onde porteuse par exemple dans les
systèmes multiplexés en longueur d’onde, DWDM. Plusieurs causes peuvent provoquer
ces comportements, parmi ceux-ci on peut citer la modulation, les effets thermiques
externes et interne et la rétroaction optique.

Pour des fréquences plus élevées le chirp est principalement induit par la modulation
utilisée pour le codage des informations. Ceci représente une limitation dans les
transmissions optiques rapides, en effet un signal avec un spectre optique élargi subit
une déformation temporelle lors du passage dans une fibre optique à cause du
phénomène de dispersion chromatique comme on le verra au chapitre VII.
Dans les diodes lasers une variation de courant δI s'accompagne par une déviation δν
de la fréquence optique. Aux fréquences de modulation faibles, pour fm < 10 MHz , cette
variation est due aux effets thermiques et aux nonlinéarités du gain. Aux fréquences plus
élevées la variation des porteurs est à l'origine de cette déviation avec des phénomènes
de résonance. Le chirp sera donc composée de deux parties: le chirp adiabatique
correspondant aux lentes variations donc à basse et moyenne fréquence et le chirp
transitoire correspondant aux fréquences plus élevées. Le chirp en fonction de la
puissance optique :
–αH dP/dt
δν = + ϑ.P
4π  P 

le premier terme correspond au chirp dynamique ou transitoire et le deuxième au chirp


adiabatique, où αH est le facteur d'élargissement de raie, dit de Henry, et ϑ un
paramètre caractérisant les nonlinéarités du gain et les effets thermiques.
Pour des basses fréquences de modulation l’excursion en fréquence optique δν du laser
peut être estimée en mesurant la largeur totale du spectre.

courant
d’injection I
pas de modulation
I0

ν0

signal carré
δν
δI

temps t fréquence ν

forme du spectre optique modifié par le chirp adiabatique


d'une diode laser sous modulation basse fréquence
196 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

Pour caractériser le chirp on utilise habituellement le rapport de la déviation de fréquence


sur l'amplitude de courant de modulation appelée aussi efficacité FM .

δν
ηFM =
δI

Dans le cas d'une modulation harmonique du courant d’amplitude δI = m.(I0 – Is) où m


est l'indice de modulation d'amplitude en courant. Dans la bande passante l’amplitude de
la puissance sera δP ≈ m.P0 , donc on peut écrire :

dP
dt = j2πfm.m.P

en posant β = δν/fm qui est l'indice modulation de fréquence nous obtenons une
expression permettant de déterminer le facteur αH à partir du chirp dynamique :


αH = m

A plus haute fréquence la forme du spectre dépend de la fréquence de modulation, il est


constitué de plusieurs raies dont les amplitudes sont celles des fonctions de Bessel,
typiques des spectres FM. Il peut apparaître une dissymétrie dans le spectre, ceci à
cause du mélange du spectre FM avec le spectre AM.

densité spectrale
de puissance

fréquence ν

ν 0 − fm ν0 ν 0 + fm
750.MHz
spectre optique d'une diode laser DFB en régime de
modulation sinusoïdale directe à fm = 100 MHz

chirp adiabatique et effets thermiques


Le chirp engendré par les effets thermiques δνT présente à basse et moyenne frëquence
des pôles et des zéros dues aux pulsations de coupure thermique ωT qui sont
directement proportionnelles à la diffusivité thermique et inversement proportionnelles au
carré des dimensions des jonctions dans la diode laser.

1 dL 1 dn
δνT ≈ KR KQ (αL + αnr) avec αL = L dT et αnr = n dTr
r
Comportements dynamiques des diodes laser 197

KR représente la résistance thermique telle que T(t) = KR Q(t) liant la variation de la


température T(t) à la quantité de chaleur Q(t) dans la puce, et qui est lié au courant
d’injection à travers l’effet Joule. αL est le coefficient de dilatation thermique linéaire et
αN est le coefficient thermique de l'indice de réfraction :
fonction de réponse du chirp dynamique
Le chirp électronique, est du aux variations du coefficient gain δγ à travers αH :

−αH
δν = Γ δγ(S,N)

Les variations du gain en fonction de la densité de photons S peuvent être négligées


devant celles de la concentration porteurs N caractérisée par le coefficient de gain
différentiel a , donc le chirp devient :

−αH −αH jωm + τx ω02


module 2 
I1
δν(ωm) = Γ.vg.a |N1(ωm)| = Γ.vg.a e.vol 
4π 4π (ω0 − ωm2) + j2ϖ.ωm

L'efficacité FM, ηFMc , devient :

δν(ωm) Γ.vg.a ωm2 + τx2ω04


ηFMc(ωm) = = αH
I1 4πe.vol (ω02 − ωm2)2 + 4ϖ2ωm2

Le chirp dynamique présente un pic autour de la fréquence de résonance f0 . On peut


distinguer trois zones dans la courbe de chirp électronique, la zone constante dans la
bande passante due uniquement aux non linéarités du gain où :

α Γ.ε
ηFMcBP ≈ −
4π e.vol

une zone aux fréquences intermédiaire où le chirp croît d’une façon linéaire avec la
fréquence de modulation ωm et une zone caractérisée par le pic de résonance.

400
efficacité FM chirp
I0 = 50 mA
ηFMc = δν/δI (MHz.mA−1) I0 = 100 mA
300
ηFMTh

200

ηFMcBP
100

0 fT
106 107 108 109 1010 1011
fréquence de modulation fm (Hz)

chirp adiabatique aux fréquences basses ηFMTh et chirp dynamique aux


fréquences supérieures ηFMc en fonction de la fréquence de modulation
198 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

6.7 - Réalisations pratiques de diodes laser

tête optique avec diode laser


Les diodes laser utilisées dans des transmissions à fibres optiques sont associées à
d'autres composants dans des boîtiers électroniques. En général ces boîtiers
comprennent :

- un support métallique relié au substrat de la puce laser.


- une régulation de température , qui est un dispositif thermoélectrique à effet Pelletier.,
placé en contact avec le support de la diode laser.
- une sonde de température constituée par une thermistance , typiquement 10 kΩ à
20°C , placée au niveau du support de la puce laser .
- une photodiode de contrôle de la puissance émise par le laser située vis-à-vis de la face
arrière du laser.
- une fibre optique amorce , pigtail, couplée de façon optimale, avec une micro lentille, au
laser munie d'un connecteur à l'autre bout.
- un système empêchant les réflexions arrière vers le laser qui peut être constitué de
façon varié: liquide adaptateur d'indice, fibre clivée en biais, isolateur optique.

isolateur optique
puce laser lentille
photodiode de contrôle
fibre optique

thermistance

dispositif thermoélectrique à effet Pelytier


Peltier schéma d'un boîtier
comprenant une
diode laser et les
fonctions associés

isolateur optique
fibre optique

boîtier CX
boîtier laser butterfly
14 broches
Comportements dynamiques des diodes laser 199

influence du montage de la puce sur la réponse en fréquence


Pour les applications haute fréquence, la puce laser est connectée à une ligne adaptée
d'impédance Rs . Le fil de connexion possède une inductance parasite L .
Pour un fil d’une longueur de 1.mm typiquement L ≈ 1 nH . La pastille de connexion
possède une capacité parasite C : pour une puce de dimensions 500x250 µm2 avec
une couche d'oxyde en SiO2 la capacité vaut typiquement C ≈ 20 pF . La résistance de
contact ohmique est de l’ordre de quelques Ω . La résistance totale sera composée de
cette résistance et de la résistance de diode Rd ce qui donne approximativement une
valeur de R = 5 Ω . Si l'on considère l'impédance série du générateur qui est typiquement
de Rg = 50.Ω nous pouvons à partir du schéma équivalent, qui est aussi une fonction du
deuxième ordre, en déduire la fréquence de coupure induite par les éléments parasites :

Rg + R
ωl2 ≈ L Rc
avec 2πfl = ωl

R L Id
schéma
équivalent de la
puce contenant diode laser
la diode laser et Vg
les éléments C
parasites R

Dans le cas typique cité plus haut on obtient une coupure, fl ≈ 5 GHz , qui pour des
lasers performants est en dessous de la fréquence de coupure propre du laser.
L’amortissement est aussi plus important à cause de la contribution des éléments
parasites.
Pour obtenir des bandes passantes très élevées, au delà de 10 GHz , il faut utiliser des
capacités plus faibles , C < 2 pF , en limitant la surface de connexion et en utilisant un
oxyde avec une faible constante diélectrique, et des inducatnces parasites réduites
typiquement L < 0,2 nH .

caractéristiques fournies pour une diode laser de télécommunications


Dans les fiches constructeur on dispose en général de quelques caractéristiques comme :
- la relation puissance-courant P(I) , la puissance est en général celle couplée dans la
fibre amorce du boîtier laser.
- la caractéristique tension en fonction du courant V(I)
- la forme du spectre optique en tenant compte aussi du chirp.
- la réponse AM de la puissance optique en modulation jusqu'à des fréquences de
l'ordre de 10 GHz .
- le bruit RIN .
- la variation avec la température du courant de seuil Is
- la variation avec la température de la longueur d’onde λ
200 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

diode laser pour transmission numérique haut débit


Il s’agit de diodes lasers utilisés typiquement dans les réseaux SDH à 2,48 Gb.s−1 ,
STM-16, dans la troisième fenêtre de transmission à 1550 nm .
λ = 1550 nm , Is < 8 mA , ηLI > 0,2 W.A−1 , Psortie > 6 mW , SMSR > 35 dB , sensibilité
face arrière de −30 dBm à −35 dBm , pénalité de dispersion < 1 dB .

diode laser pour transmission analogique CATV


Ce sont des lasers utilisés dans la seconde fenêtre à 1310 nm à cause du minimum de
dispersion chromatique, ils doivent posséder une très bonne linéarité, un faible bruit, un
faible chirp, une bonne isolation aux réflexions et une bande passante plate jusqu’à 2
GHz.
λ = 1310 nm , efficacité de pente ηLI > 0,2 W.A−1 , fréquence de coupure fc = 2 GHz ,
RIN(45-900MHz) = −150 dB.Hz−1 , rapport porteuse à bruit CNR > 50 dBc ,
CSO < −65 dBc , CTB < −70 dBc , isolation à la réflexion > 35 dB .

puissance - courant
réponse AM en fréquence
puissance 4
optique
Intensité 12
mW 3
relative dB
6
2
0
-6
1
-12
0 0 2 4 6 8 10
0 30 60 90
fréquence de modulation GHz
courant mA

bruit d'intensité RIN spectre optique

niveau -110 Intensité 0


de bruit relative
dB/Hz -20
-130 dB
-40
-150
-60

-170 -80
0 1 2 3 4
1540 1550 1560
fréquence GHz longueur d'onde λ

caractéristiques d’une diode laser InGaAsP de télécommunications


Exercices chap V 201

EXERCICES CHAPITRE V

EXERCICE V-1 : propriétés d’un laser à semi-conducteurs en Al Ga As Fabry-Pérot


1-1) La zone active de la diode laser est caractérisée par les paramètres suivants :
longueur de la cavité L = 300 µm , largeur w = 7 µm , épaisseur d = 0,25 µm et indice
de réfraction nact = 3,5 . Le laser émet autour de la longueur d'onde λ ≈ 850 nm . Ecrire
la condition sur l’épaisseur d pour laquelle le guide est monomode transverse. Quelle
doit être l’indice nconf des couches de confinement afin de respecter cette condition ?
1-2) L’énergie de gap est Eg = 1,43 eV . Par injection d’un courant on obtient une
différence des niveaux de Fermi EFc − EFv = 1,45 eV , déterminer le nombre maximum de
modes qui peuvent osciller dans ce laser. Quelle est la longueur d'onde précise du pic
d'émission λ0 ?
1-3) Le coefficient d'absorption interne est αi = 10 cm−1 . Donner la valeur du coefficient
de gain au seuil γs . En déduire le temps de vie des photons dans la cavité τp .
1-4) La puissance optique de sortie du laser est une fonction linéaire du courant
d’injection I à partir du courant de seuil Is . Exprimer la puissance en sortie d’une facette
en déduire le rendement de pente du laser ηLI en W/A .

EXERCICE V-2 : laser à semiconducteurs monomode pour fibre optique à 1550 nm


Considérons un laser à semiconducteur monomode en InGaAsP à λ = 1550 nm.
2-1) Déterminer l'énergie de la bande interdite, le gap, en electron-volts, eV . Quelle sera
la tension mesurée aux bornes de la diode laser ?
2-2) Pour obtenir un fonctionnement monomode on utilise une structure DFB avec un
réseau de Bragg inscrit. Compte tenu de l'indice moyen n = 3,5 , quel doit être le pas du
réseau Λ au deuxième ordre, m = 2 , pour obtenir un fonctionnement monomode dans la
troisième fenêtre de la fibre optique en silice à λ = 1550 nm ?
2-3) Calculer le gain γ , en considérant les deux faces traitées antireflet et une perte
équivalente αDFB = 23 cm−1. Quelle est la durée de vie des photons dans la cavité τp ?
2-4) Ecrire les équations d'évolution pour le fonctionnement monomode en fonction de la
densité de photons S dans la cavité , de la densité de porteurs N et de la phase ψ en
négligeant les termes de bruit et les effets de gain non-linéaire.
2-5) Exprimer la puissance de sortie P fonction de la densité de photons S .
2-6) On utilise les données suivantes : temps de vie des porteurs τn = 10-9 s , volume de
la zone active vol = 10−10 cm3 , facteur de confinement Γ = 0,1 , facteur d'émission
spontanée nsp = 2 . En sachant que le courant de seuil est Is = 16 mA , calculer la
densité de porteurs au seuil Ns et à la transparence N0 .
2-7) Exprimer à nouveau la condition d'oscillation, en déduire le gain différentiel a .
Exprimer la relation entre la puissance optique P et le courant électrique I , calculer le
rendement de pente ηLI du laser.
2-8) On module le laser en direct par le courant I(t) = I0 + i(t) où i(t) est un courant à
valeur moyenne nulle. Jusqu'à quelle fréquence peut-on moduler par le courant ce laser
pour un niveau de courant I0 = 50 mA et I0 = 100 mA ?
2-9) L'amplitude crête du signal modulant est im . Quelle condition doit vérifier ce courant
pour un fonctionnement linéaire ? Exprimer l'amplitude de la puissance modulée dans la
bande passante, quel est l'indice de modulation m correspondant ?
2-10) Lors de la modulation du courant il apparaît une modulation de la fréquence, le
chirp, du à la variation de l'indice caractérisée par le facteur α = 2 . Exprimer la déviation
de fréquence sur la déviation de courant, efficacité FM , ηFM = (δν/δI) dans la bande
passante en négligeant le coefficient de compression de gain ε , donnez sa valeur aux
fréquences de modulation 1 Ghz et 10 GHz pour I0 = 100 mA . Exprimez maintenant
ηFM en tenant compte de ε = 2.10−15 cm−3 , calculer cette contribution et discuter.
202 Chap. V - Emetteurs optiques a semiconducteurs

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE V

Corrigé exercice V-1 1-1) La condition s’écrit d < {λ0/[2(nact2 − nconf2)1/2]} ce qui,
tenant compte des valeurs numériques, impose la condition nconf2 > nact2 – [λ0/(2d)]2 ce
qui impose la condition sur l'indice des couches de confinement nconf > 3 .
1-2) La bande d’oscillation est donnée par la condition de Bernard et Duraffourg donnant
un gain positif pour Eg < hν < EFc − EFv ce qui donne une bande en fréquence
∆νosc ≈ 5.1012 Hz . L’écartement entre deux modes est donné par l’intervalle spectral libre
de la cavité ∆νISL = c/(2nact.L) = 8,5.1010 Hz . Le nombre de modes maximum sera alors
MMax ≈ ∆νosc/∆νISL ≈ 60 . La longueur d'onde moyenne d'émission est déterminée à partir
des énergies λ0 = {[(h.c)/(EFc − EFv)] + (h.c)/Eg]}/2 = 860 nm .
1-3) Au seuil le gain doit compenser les pertes γs = αi + αm où αm = (−1/2L).Log(RF)
sont les pertes miroirs avec RF = [(nact − 1)/(nact + 1)]2 = 30% qui est le facteur de
reflexion de Fresnel des deux facettes, ce qui donne αm = 23,5 cm−1 et γs = 33,5 cm−1 .
L’inverse du temps de vie τp correspond au nombre de photons perdus par la cavité par
seconde qui est relié au nombre de photons perdus par centimètre αi + αm = γs ,
τp−1 = vg.γs où vg = c/nact est la vitesse de groupe donc τp = 3,5.10−12 s .
1-4) Si l’on considère le transfert parfait d’un électron vers un photon la puissance de
sortie d’une des deux facettes sera P = (1/2).(hν/e).[αm/(αm + αi)].(I – Is) le rendement de
pente est ηLI = ∆P/∆I = (1/2).(hν/e).[αm/(αm + αi)] = 0,5 W/A . e est la charge de l'électron.

Corrigé exercice V-2 2-1) L'énergie de gap est Eg = (h.c)/λ = 0,8 eV la tension
correspondante sera evidemment Vd = 8 V . 2-2) La longueur d'onde de Bragg λB est
donnée par la condition m.λB = 2.n.Λ ce qui donne un pas de réseau Λ = 443 nm .
2-3) Le gain doit compenser les pertes donc le gain se verrouille à γ = αDFB = 23 cm−1 . Le
temps de vie est τp = (γ.vg)−1 = 5.10−12 s où vg = c/n = 0,85.108 m/s .
2-4) dS/dt = Γ.vg.a.(N - N0).S − S/τp , dN/dt = I/(vol.e) − vg.a.(N - N0).S − N/τn et
dψ/dt = (α/2).[ Γ.vg.a.(N - N0).S − S/τp] .
2-5) Il faut exprimer la puissance qui sort d'une facette, si l'on considère qu'il n y a pas de
pertes internes la puissance en sortie d'une facette sera égale au produit du nombre de
photons quittant la cavité par seconde par leur énergie P = (1/2).(h.c/λ).[(S.volopt)/τp)] .
2-6) Au seuil la puissance optique est presque nulle donc S ≈ 0 dans les équations. En
régime permanent les dérivées dans les équations sont nulles, donc Is/(vol.e) = Ns/τn ce
qui donne Ns = 1018 cm3 verrouillé au dessus du seuil. Le facteur d'émission spontanée
est défini comme nsp = Ns/(Ns − N0) ce qui donne à la transparence N0 = 5.1017 cm−3 .
2-7) D'après les équations d'évolution Γ.vg.a.(Ns − N0) = 1/τp , donc le gain différentiel est
a = 4,6.1016 cm2 . Pour obtenir la puissance il faut calculer la densité de photons S au
delà du seuil dans l'équation des porteurs (S.volopt)/τp = (I − Is)/e , où volopt = vol/Γ . La
puissance en sortie d'une face P = (1/2).(h.c/λ.e).(I − Is) = ηLI.(I − Is) avec ηLI = 0,4 W/A .
2-8) La fréquence de modulation ne peut dépasser la fréquence de résonance du laser
2πf0 ≈ [(vg.a.S0)/τp]1/2 = {[(vg.a)/(volopte)].(I0 − Is)]}1/2 ce qui donne une fréquence maximale
théorique fMax(50 mA) = 11,5 GHz et fMax(100 mA) = 18 GHz .
2-9) Il faut que la valeur minimale du courant dépasse les seuil donc I0 − i0 > Is . Dans la
bande passante la puissance est proportionnelle à la variation de courant et
indépendante de le fréquence donc p(t) = ηLI.i(t) et aussi pm = ηLI.im l'indice de
modulation est alors m = p0/P0 = im/(I0 − Is) .
2-10) L'efficacité FM s'écrit, en négligeant τx , ηFM = α.[(Γ.vg.a)/(4π.e.vol)].(fm/f02) aussi
ηFM1 = α.{1/[2.(I0 − Is)]}.fm pour I0 = 100 mA ηFM1(1 GHz) = 10 MHz/mA et
ηFM1(10 GHz) = 100 MHz/mA. En incluant ε on a ηFM2 = [(α.ε)/(4π.volopt.e)] =
100 MHz/mA qui dépasse les valeurs précédentes, il ne peut être négligé.
CHAPITRE VI

DETECTEURS OPTIQUES A SEMICONDUCTEURS

Les détecteurs optoélectroniques couvrent aujourd'hui un grand domaine d'applications,


comme les transmissions par fibre optique, les systèmes de prise de vue, la détection
infrarouge ou les panneaux solaires.
Plusieurs matériaux spécifiques, ont été développés pour leur réalisation.

Les performances des détecteurs à semi-conducteurs sont grandes, en effet ils peuvent
détecter jusqu’à quelques photons seulement avec des rendements proches de 100 % .
Ceci a permis le développement des transmissions optiques à très longue distance.
Les caméras à base de matrices CCD permettent des prises de vue dans des conditions
d'éclairement très faibles.
En astronomie des détecteurs refroidis sont capables de détecter des rayonnements en
provenance de sources très lointaines contenant très peu de photons.

Une autre propriété intéressante se situe au niveau de l'étendue spectrale du


rayonnement optique détectée. On trouve actuellement des détecteurs à semi-
conducteurs travaillant de l'ultraviolet proche autour de λ ≈ 100 nm , jusqu'à à l'infrarouge
lointain autour de λ ≈ 100 µm , couvrant donc trois ordres de grandeur en longueur
d'onde.

1 - ABSORPTION DANS LES SEMICONDUCTEURS

1.1 - Matériaux semiconducteurs pour détecteurs


Les matériaux utilisés sont nombreux. Le Silicium , Si , est utilisé dans le domaine
visible, 450 nm < λ < 750 nm , et le proche infrarouge jusqu'à 1 µm . Le Germanium ,
Ge , est utilisé dans le proche infrarouge, 900 nm < λ < 1700 nm .

Les transmission par fibre optique, dans l’infrarouge proche, utilisent trois fenêtres de
transmission, dans la première fenêtre à λI = 850 nm on dispose de photodiodes en Si ,
et dans la deuxième, à λII = 1300 nm , et la troisième, à λII = 1550 nm , en InGaAs et
en Ge . On utilise surtout InGaAs qui présente moins de bruit que Ge .
Dans les applications infrarouge pour l'imagerie infrarouge ou la détection thermique, on
dispose de photonconducteurs ou de photodiodes constitués de matériaux spécifiques.
L’alliage HgCdTe est très utilisée dans l'infrarouge moyen et lointain

Une structure de composant simple est le photoconducteur qui fonctionne sur le principe
d'un changement de conductivité dans le matériau semi-conducteur, en fonction du
rayonnement incident. Ce composant est largement utilisé en détection thermique
infrarouge.

Les photodiodes sont les éléments les plus sensibles et les plus rapides, elles peuvent
être utilisées en mode photoconducteur, par une jonction polarisée en inverse, par
exemple dans les transmissions ou en mode photovoltaïque, à l’aide d’une jonction non
polarisée, par exemple dans les cellules solaires.
204 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

1.2 - Coefficient d’absorption et sensibilité des détecteurs


Le phénomène important qui détermine le rendement d'une photodiode est l’absorption
du matériau semiconducteur, caractérisée par le coefficient d'absorption α , qui est défini
par unité de longueur habituellement en cm−1. La puissance absorbée dans le matériau
sur une tranche comprise entre z et z + dz en fonction de la profondeur z sera
fonction de ce coefficient :

dPabs(z) = Pinc {exp[−α(λ).z]} dz

où Pinc est la puissance incidente arrivant sur la surface du détecteur. La puissance


totale absorbée sera l’intégrale de toutes ces puissances.
Afin d’obtenir une détection efficace il faut une épaisseur d’absorption z = W suffisante
au moins supérieure à la longueur d'absorption La = α−1 .
Le coefficient d’absorption dépend de la longueur d’onde λ et donc aussi de l'énergie de
gap Eg dans le semiconducteur. Si l’énergie du photon hν est supérieure à Eg il y a
absorption. Pour un détection il faut donc que la longueur d’onde soit inférieure à la
longueur d’onde de coupure λc . Si l'on exprime les énergies en électron-volt eV , avec
1eV = 1,602.10−19 J , une relation utile pour la longueur d’onde de coupure est :

1,24
λc(µm) = E (eV)
g

coefficient d'absorption dans


coefficient différents semiconducteurs
d’absorption
α(λ) 106
(cm−1)
5
10 InGaAs
10
4 GaP
Ge
3
10 AsGa Si
2
10
1 λcGaAp λcAsGa λcSi λcGe λcInGaAs
10
0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9
longueur d’onde λ (µm)

On peut distinguer plusieurs zones dans la variation de l’absorption en fonction de la


longueur d’onde.
- Une zone d’absorption pour λ < λc où l’on peut considérer en première approximation
α constant.
- Une zone de transparence pour λ > λc .
- Une zone où α devient très grand pour des longueurs d’onde petites et où
pratiquement toute l’absorption se fait à la surface avec un temps de recombinaison est
très court.
rendement et sensibilité
Le rendement quantique ηQ est donné par le rapport du nombre d'électrons photocrées
par rapport aux photons incidents, ce qui peut aussi s’exprimer par :
Absorption dans les semiconducteurs 205

Ip/e
ηQ =
P(λ)/hν

où Ip est le courant photodétecté, e la charge de l'électron, P la puissance optique et


hν l'énergie de photon. Dans la fenêtre de détection on a vu qu’on peut considérer le
coefficient d'absorption α constant donc le rendement ηQ l’est aussi.
On définit la sensibilité de la photodiode en A.W −1 par :

I ηQ e λ(µm)
S(λ) = = ≈ ηQ
Popt(λ) hν 1,24

1
sensibilité 90.%
S(λ) 0,8
InGaAs
80.%
(A.W−1)
Si 50.%
0,6 Ge

0,4 30.%

0,2
10.%
λcSi λcGe λcInGaAs
0
0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7

longueur d’onde λ (µm)

sensibilités pour les trois semi-conducteurs utilisés comme détecteurs dans


les transmissions par fibre optique en fonction de la longueur d'onde λ

Caractéristiques Fonctionnement et unités


Matériau Formule chimique
Type SC intrinsèque ou extrinsèque
Détecteur Photoconducteur ou Photodiode
Fonctionnement Photovoltaïque ou Photoconducteur
Etendue spectrale ∆λ (nm) ou (µm )
Sensibilité S (V/W) ou (A/W)
Puissance Equivalente de Bruit PEB ( W.Hz−1/2)
Détectivité réduite D* ( cm.Hz1/2.W−1)
Seuil de détérioration W.cm−2
Température de fonctionnement ( °C ) ou ( °K )
Capacité Cd (pF)
Résistance Rd (Ω )
Dimensions typiques (mm2)

principales caractéristiques des détecteurs quantiques


206 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

2 - DETECTION INFRAROUGE
Les détecteurs fonctionnant dans l’infrarouge sont principalement employés dans les trois
fenêtres de transmission de l’atmosphère : fenêtre NIR Near InfraRed de 0,8 µm à
3 µm , fenêtre MIR Mid InfraRed de 3 µm à 20 µm , et la fenêtre FIR Far InfraRed de
20 µm à 100 µm . Ces détecteurs sont utilisés dans les caméras infrarouges pour la
vision nocturne, dans la détection de cibles chaudes, dans le contrôle non destructif, dans
la métrologie et en astronomie.
Ici on ne considérera que les détecteurs de type quantique, photoconducteurs et
photodiodes, et on ne traitera pas les détecteurs thermiques comme les bolomètres.

2.1 - Photoconducteurs
Les photoconducteurs sont utilisés principalement en détection infrarouge.
Dans le visible, dans la fenêtre autour 0,5 µm on peut utiliser le composé CdS . Dans le
proche infrarouge le composé InSb offre une sensibilité élevée et dans la région de 3-
15 µm l’alliage HgCdTe est très utilisé.

Un photoconducteur est constitué par un film de matériau semi-conducteur possédant


aux deux extrémités des contacts ohmiques. Quand le rayonnement incident arrive sur la
surface du photoconducteur, les porteurs sont crées par :
- des transitions de la bande de valence à la bande de conduction, cas intrinsèque
- des transitions de ou vers des niveaux situés dans la bande interdite cas extrinsèque


e− eélectrons e− EC
absorption de
hν photons dans un

e− semiconducteur
Eg

intrinsèque extrinsèque intrinsèque hν > Eg

extrinsèque hν < Eg
h+ trous h+ h+ EV

Dans le cas d’un photoconducteur intrinsèque la fréquence ν du rayonnement incident


doit vérifier la condition d’absorption à travers le gap :

hν ≈ Eg

La conductivité d’un semi-conducteur intrinsèque est fonction des concentrations des


porteurs, électrons Ne et trous Nh :

σ = e (µe.Ne + µh.Nh)

ηe et ηh sont les mobilités des électrons et des trous respectivement. L'augmentation de


la conductivité σ est due à l'augmentation de la concentration des porteurs engendrée
par l’absorption des photons incidents.
Si l'épaisseur du dispositif est très supérieure à la longueur d'absorption définie par
La = 1/α , le taux de génération de porteurs par unité de volume est :
Détection infrarouge 207

Ne Nh (P/hν)
= = ηQ
τe τh W.Sd

où τ est la durée de vie des porteurs, ηQ le rendement quantique, (P/hν) le nombre de


photons arrivant à la surface du photoconducteur, W la longueur du dispositif et Sd sa
section. Le courant engendré dans le dispositif sera :

I = e.(Neve + Nhvh)Sd avec lest vitesse s ve = µeE et vh = µhE

où E est le champ électrique est la vitesse de déplacement des porteurs. Le courant


engendré sera :
ηQP (µ.eτe + µ.hτh)
I = e E
hν W

On définit le courant primaire de photoconduction par I0 = (ηQe.P)/hν . Le gain en


photocourant est :

I (µ.eτe + µ.hτh) (µ.eτe + µ.hτh)


GIph = I = W E = W2 V
0

Cette expression est valable pour les semiconducteurs intrinsèques, en général une des
mobilités domine l’autre de manière que l’on peut négliger un des termes dans la
parenthèse GIph ≈ ([µ.τ.E)/W] = (ttr/τ) où trt = (W/vd) est le temps de transit le long du
photoconducteur. Cette dernière expression est aussi valable pour les semiconducteurs
extrinsèques.

Le bruit dans le photoconducteur est de type grenaille, qui est proportionnel à la bande
passante électrique ∆f et au courant total I .

<iB2>gr = 4.e.GIph.I. ∆f

Le phénomène de génération-recombinaison des porteurs à l’origine de ce bruit, possède


deux contributions équivalentes, celle due à la détection de photons et celle due à
l’agitation thermique. Pour un gain unitaire, GIph = 1 , on obtient une contribution double
par rapport au cas de la photodiode, où l’on ne considère que la contribution des photons.

hν V hν

Ip
A
e−
+
h configuration et structure
W d'un photoconducteur

2.2 - Détectivité dans un environnement bruité


Pour une détection infrarouge en espace libre on doit pouvoir distinguer la signal utile Put
du rayonnement environnant Penv , qui peut être par exemple représenté le rayonnement
du corps noir d'origine thermique.
La puissance totale arrivant au niveau d'un détecteur sera donc composé de deux
parties :
208 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

Ptot = Put + Penv

Le courant signal Isig et le bruit quantique s’écrit pour un détecteur :*

ηQe.Put 2ηQe2(Put + Penv).∆feff


Iut = <iB2> = 2e.Itot. ∆feff =
hν hν

Le rapport signal à bruit limité par l'environnement sera donc :

S = ηQPut2
Benv 2hν.∆feff (Put + Penv)

Dans le cas où les signaux à détecter sont faibles dans un environnement très bruité on a
Put << Penv , la puissance équivalente de bruit PEB , NEP Noise Equivalent Power ,
obtenue pour (S/B) = 1 et par unité de fréquence en bande passante, exprimée en
W.Hz−1/2 :
(PEB)env = 2hν.Penv/η

La détectivité D , exprimée en W −1 , et la détéctivité réduite D* , exprimée en


cm.Hz1/2.W −1 , sont définies par :

1 Sd
D = et D* = (PEB)
(PEB)env ∆feff env

où Sd est la surface du détecteur. Le détectivité réduite D*(λ,fmod) dépendra en général


de la longueur d'onde du rayonnement λ et de la fréquence de modulation du signal
fmod, mais pas de la bande passante du système de détection, ici considérée 1Hz, ni de la
surface Sd .
Si le signal à détecter correspond à un objet situé dans un environnement à la
température T en tenant compte du rayonnement du corps noir, la détectivité peut être
exprimée en fonction de la température : D*(T,fmod) . Donc pour D* il faut d'abord
déterminer si le rayonnement provient d'une source monochromatique à λ spécifiée ou
d'un corps noir à température T constante.

2.3 - Calcul de la détectivité infrarouge dans un environnement thermique, BLIP


Dans le cas d'un environnement thermique on utilise souvent la quantité dénommée
BLIP abréviation en anglais de Background LImited Peformance.

détecteur T
Td << T système de détection
infrarouge thermique
muni d’un système
optique de focalisation
θ

*
Ici on considère l’expression générale pour une photodiode qu'on traitera plus loin dans ce
chapitre. Pour un photoconducteur il faudra multiplier par 2.
Détection infrarouge 209

On considère un système optique composé d'un détecteur de surface Sd placé au foyer


d'une lentille possédant une ouverture θ . Le rayonnement environnant est du au
rayonnement thermique. Le flux énergétique reçu dans un angle solide dΩ à la surface
du détecteur pour une angle d’incidence φ peut s’exprimer par la formule du
rayonnement d'un corps noir :

2hν3 ∆ν
d2P(ν,Ω) = S cosφ.dΩ
c2[exp(−hν/kBT) − 1] d

en intégrant sur les angles :

θ/2
2hν3∆ν 2hν3∆ν
dP(ν) = Sd ⌠ cos φ.2πsin φ dφ = Asin2
( θ /2)
c2[exp(−hν/kBT) − 1] ⌡ c2[exp(−hν/kBT) − 1]
0

La puissance totale d’environnement Penv est obtenue en intégrant sur toutes les
fréquences détectées par le récepteur, correspondantes à la condition de coupure
ν > νc . Si on exprime la détectivité réduite D* = (A/2hνPenv)1/2 en intégrant sur les
fréquences :

2h2 ν4 dν
hν Penv = Sdsin2(θ/2) ⌡
⌠ c2 [exp(−hν/kBT) − 1]
νc

en faisant le changement de variable xc = (hνc/kBT) = (hc/λckBT) on obtient :

2π.(kBT)5 exp(xc/2)
D*T =
c2.h3 sin(θ/2) xc (xc2 + 2xc + 2)1/2

D*T dépend de la température T , de l'angle d'ouverture θ et de la longueur d'onde de


coupure λc du détecteur. Des valeurs typiques de D* pour des photoconducteurs sont
reportées sur la figure suivante et comparés au cas d'un corps noir parfait D*T, calculé
plus haut. On remarque que le refroidissement du composant augmente la valeur de D* .

15
10
CdS
détectivité réduite (300 K) détecteur idéal
D*(cm.Hz1/2.W−1) 14 (300 K)
10

Si détecteur idéal
13 (300 K) (77 K)
10

12 AsGa PbTe
10 (77 K)
détectivité réduite (300 K)
pour différents
photoconducteurs 11 PbS
10 (77 K) InSb
comparée au cas (1,5 K)
du détecteur InSb
thermique idéal 10 (77 K) HgCdTe
10 (77 K)

longueur d’onde λ (mm)


9
10
0,1 1 10 100 1000
210 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

3 - PHOTODIODES
Une photodiode est constituée par une jonction P-N . Entre les zones P et N apparaît
sous l'application d'un champ électrique une zone de transition, appelée aussi zone de
charge d'espace, qui permet la création et la séparation des paires électron-trou. Pour
augmenter le rendement quantique ηQ la zone de transition doit posséder une épaisseur
W suffisante, mais dans les photodiodes rapides la zone de transition ne doit pas être
trop grande afin de diminuer le temps de transit tr des porteurs, il existe donc un
compromis entre rendement et vitesse.

Les photodiodes se présentent sous forme de structures PN , PIN , métal semi-


conducteur et à hétérojonctions. Les photodiodes à avalanche, PDA, utilisent en plus la
multiplication des porteurs par effet d'avalanche afin de créer un gain.

3.1 - Mode photovoltaïque ou photoconducteur

caractéristque courant-tension d’une photodiode

mode photovoltaïque
I
+

0
Vi
P=0 V
V1 V2
P1

P2

mode photoconducteur
I

−Vp +
0 I Vp
P=0 V
I1 R
P1
I2
P2
−Vp/R
Photodiodes 211

Une photodiode peut être utilisée suivant deux modes :

- mode photovoltaïque qui correspond à une diode non polarisée en circuit ouvert. La
lumière crée des paires électron-trou dans la zone de charge d'espace, il se crée alors
une différence de potentiel à travers la jonction. C'est le cas des cellules solaires, dans
ces composants de grande taille la structure est modifiée par rapport aux photodiodes
classiques afin de permettre des rendements élevés sur une grande gamme de longueurs
d'onde.

- mode photoconducteur ici on applique une tension inverse, c'est le mode le plus utilisé
pour les longueurs d'onde dans le visible et dans le proche infrarouge. Les photodiodes
sont polarisées en inverse avec des tensions de l'ordre de 5 V et inférieures à la tension
d'avalanche, afin de réduire le temps de transit ttr et la capacité de jonction Cj . Ces
composants possèdent des petites surfaces afin de diminuer les capacités de jonction.

Des photodiodes rapides et de grande sensibilité sont nécessaires pour les transmissions
par fibre optique. Les structures des photodiodes les plus utilisées sont les photodiodes
PIN et les photodiodes à avalanche PDA .
Les PDA ont un gain interne et représentent donc les récepteurs les plus sensibles.
Pour les applications à très fort débit, supérieur à 10 Gb.s−1 , la meilleure sensibilité est
obtenue pour les récepteurs qui associent une photodiode PIN et un transistor à effet de
champ il s’agit des structures PIN-FET. Les PIN possèdent en général une bande
passante supérieure et des courants de fuite plus faibles que les PDA.

3.2 - Photodiode PIN

structure des photodiodes PIN


Les photodiodes PIN sont constituées par trois zones : une zone dopée P suivie d'une
zone intrinsèque I et d'une zone N d'où le nom du composant. Le composant est fabriqué
sur un substrat, par exemple pour un composant en InGaAs on aura une zone P en
InGaAs, une zone N- intrinsèque InGaAs et une zone N en InP qui constitue le substrat.

La largeur de la zone intrinsèque est optimisée afin de maximiser le rendement ηQ et


aussi la réponse en fréquence à travers la bande passante ∆f . Le rayonnement est
presque entièrement absorbé dans la zone intrinsèque I .

rendement d'une photodiode PIN


On peut exprimer le photocourant I engendré dans la photodiode par :

e
I = [1 − exp(−αW)] (1 − RF) P

Le terme multiplicatif devant la puissance optique P représente en fait la sensibilité de la


photodiode S . W est la largeur de la zone d'absorption, α le coefficient d'absorption. RF
est le facteur de réflexion Fresnel du à l'interface air semi-conducteur donné par :

nsc − 1 2
RF = n + 1
 sc 

de l’ordre de 30.% dans les semiconducteurs compte tenu des indices nsc ≈ 3 .
212 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

Pour augmenter encore la sensibilité on peut placer sur la fenêtre du détecteur une
couche diélectrique antireflet comme on l’a vu au chapitre II.

Le rendement total et son approximation pour un composant rapide où αW << 1 est


donné par :

ηtot = [1 − exp(−αW)] (1 − R) ≈ α W.(1 − R)

W
Vp < 0
Popt Iph
AR P I N
R.Popt Rc
création de paires électron--trou

e
e−
diffusion des électrons
eVp
hν e− dérive
e−
hν énergie des électrons
h+
h+
h+
Popt.(1 − R) exp(−αW) h+ diffusion des trous
puissance absorbée

photodiode PIN avec les différentes zones de fonctionnement, zone


antireflet AR, zone dopée P, zone intrinsèque I et zone dopée N, les
niveaux d'énergie correspondants et le profil d'absorption

On utilise deux configurations de photodiodes PIN rapides en InGaAs :

a) PIN éclairée par l'avant , front illuminated , qui correspond à la configuration habituelle.
Ici la lumière entre par la zone P . Cette configuration nécessite de placer le contact,
bonding , en dehors de la zone active. Les pastilles de contact ont un diamètre typique
entre 20 µm et 30 µm , du même ordre de grandeur que la zone active, ce qui
augmente la capacité de contact.

b) PIN éclairée par l'arrière , back-illuminated . Ici la lumière entre par la zone N , ceci
permet de placer le contact dans la zone P entièrement en dessous de la jonction de
façon à rendre la surface effective de la jonction constante, ceci facilite la fabrication et
améliore les performances.
Photodiodes 213

éclairement face avant


AuZn

isolant Si3N4
p n InP p n
n InGaAs n
n InP n
p+ substrat InP p+
AuSn

éclairement face arrière

structure d'une photodiode PIN en Si éclairée face avant et face arrière


montrant les contacts ohmiques et les dimensions des zones P, I et N

Pour un fonctionnement à haute fréquence la zone intrinsèque doit être complètement


dépeuplée et le champ électrique doit atteindre, pour InGaAs, environ des valeurs de
l'ordre de 50 kV.cm−1 , de façon à atteindre la vitesse de saturation des porteurs.

temps de réponse d'une photodiode PIN


Les contributions au temps de réponse sont de différente nature :

- temps de transit ttr à travers la zone intrinsèque 10 ps < ttr < 100 ps

W
ttr = v
d

où W est la largeur da la zone de transition et vd la vitesse de dérive des électrons. Un


bon compromis entre rapidité et rendement impose de choisir une largeur 1/α < W < 2/α
où α est le coefficient d'absorption du matériau.

- temps de diffusion tdiff à travers la zone intrinsèque, surtout quand W est grand alors
tdiff ≈ 10 ns .

Pour des temps de réponse très courts des largeurs de zone intrinsèque très fines sont
nécessaires, mais ceci va au détriment du rendement. En principe on peut atteindre des
bandes passantes supérieures à 200 GHz avec un rendement de l’ordre ηQ ≈ 10% .

capacités d'une photodiode PIN


La capacité de la jonction dans la photodiode Cj dépend des caractéristiques
diélectriques et géométriques et de la tension inverse appliquée Vp :

εs.Sd 1
Cj = cette capacité varie comme
W Vp
214 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

où εs est la constante diélectrique du semiconducteur détecteur, Sd sa surface, W la


largeur de la zone intrinsèque et Vp la tension inverse de polarisation.
Cj est en général de l’ordre de quelques pF .

Le schéma équivalent électrique d'une photodiode en mode photoconducteur, si l'on ne


tient pas compte des sources de bruit, est pratiquement constitué par une capacité en
parallèle avec une source de courant.

On doit aussi dans la capacité totale inclure les capacités de contact, Cc , et de boîtier,
Cb , ce qui donne la capacité totale de la photodiode :

Cd = Cj + Cc + Cb

La fonction de réponse d'une photodiode sera caractérisée par sa constante de temps


τd :
τd = Req.Cd + ttr = Req(Cd + Ctr)

où Ctr est la capacité équivalente de transit et Req est la résistance de détection


équivalente au niveau du préamplificateur.

La capacité d'une photodiode rapide PIN en InGaAs, diminue si le diamètre de la surface


de réception diminue. Mais quand cette surface diminue trop le couplage avec une fibre
optique est rendu plus difficile. Les diamètres typiques pour des applications à haute
vitesse se situent entre 25 µm et 75 µm . La diminution du dopage de la zone
intrinsèque diminue aussi la capacité.

- Une photodiode en InGaAs, de diamètre 75 µm , éclairée par l'avant a une capacité


typique de 0,4 pF pour une tension de polarisation de 5 V .
- Une photodiode en InGaAs, de diamètre 25 µm , éclairée par l'arrière a une capacité
inférieure à 0,1 pF à 5 V .

Dans un récepteur rapide le câblage et le boîtier, le packaging , influence fortement les


performances, Il faut minimiser la capacité induite par le montage du composant.
Dans un boîtier de type TO on a une capacité supplémentaire de l'ordre de 0,2 pF . Ces
boîtiers sont utilisés pour les grandes séries avec des bandes passantes limitées à
∆f < 400 MHz .

En montant le détecteur sur des supports en céramique la capacité peut être maintenue
en dessous de 0,05 pF , avec une résistance série typique de 20 Ω et une photodiode
chargée par 50 Ω .

Dans les deux exemples d’éclairement face avant et face arrière cités précédemment, on
trouve respectivement une bande passante pour l'éclairement par l'avant ∆fav = 3,8 GHz
et pour l'éclairement par l'arrière ∆farr = 15 GHz .

Les inductances parasites dues aux connexions doivent aussi être prises en compte, les
boîtiers en céramique sont plus performants pour les applications à haute fréquence. Il
faut veiller à maintenir l'inductance série en dessous de 1 nH , afin d'augmenter la bande
passante et aplanir la courbe de réponse.
Photodiodes 215

3.3 - Photodiode à avalanche, PDA

structure et principe d'une photodiode PDA


Dans une photodiode à avalanche PDA , les électrons crées dans la zone intrinsèque I
sont multipliés par effet d'avalanche. On caractérise cet effet par un gain d'avalanche
appelé aussi facteur de multiplication M ou gain d’avalanche. Le courant engendré
s’écrit :

IPDA = M.S(λ).Popt

alors que pour une photodiode PIN on a :


IPIN = S(λ).Popt

Pour obtenir l'effet d'avalanche il faut appliquer sur la PDA une tension inverse élevée.
Le facteur de multiplication M(V) dépend de cette tension inverse. L’effet d’avalanche est
déclenché pour une tension inverse supérieure à la tension d’avalanche VA .

On peut déterminer la valeur de M(V) en déterminant d’abord le courant I0 pour des


tensions en dessous de la tension d'avalanche V < VA où la PDA se comporte comme
une PIN avec M = 1 , et ensuite faire le rapport du courant en zone d'avalanche IM pour
une tension V > VA et du courant I0 :

IM
M = I
0

Les tensions d'avalanche VA varient typiquement de 10 V à 100 V , et les facteurs de


multiplication M de 1 à 100 .

facteur de
10
3 multiplication
M
+25°
−20° +75°
2
10

10

VA

0 50 100
tension appliquée VR (V)

gain d'une PDA en InGaAs en fonction de la tension appliquée VR


216 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

V + Ip

hν e−− e−−
h+ e− e− e−
e e
p+ i(π) p n+
E
multiplication
EA

structure d'une photodiode à avalanche SAM-APD avec le profil du champ


électrique, l'effet de multiplication est obtenu au delà du champ critique EA

Le gain dans une PDA dépend du taux d'ionisation kion qui est relié aux coefficients
d'ionisation des électrons αe et des trous αh , dans le semiconducteur. L'inverse de ces
grandeurs constitue le libre parcours moyen d’ionisation. Ces coefficients augmentent
avec le champ électrique E et diminuent avec la température T :

αh
kion =
αe

Les meilleures performances sont obtenues pour des matériaux ayant un seul type de
porteur ionisé, électron ou trou, qui correspond au cas kion → 0 pour les électrons ou
kion → ∞ pour les trous. Dans ce cas on obtient une plus grande rapidité, le bruit est
minimisé et le phénomène d'avalanche devient plus stable.
Cette situation est obtenue en séparant la zone d'absorption qui est la zone intrinsèque I
de la zone d'avalanche, qui est la jonction P-N+. On obtient donc des composants à base
de jonctions P+-I-P-N+ que l'on appelle SAM-APD Separate Absorption Multiplication
Avalanche Photo Diode .

Pour que cette structure de photodiode fonctionne convenablement il faut satisfaire les
conditions suivantes :
- Le champ électrique dans la zone de multiplication doit être suffisamment élevé afin de
produire un gain suffisant.
- Le champ électrique dans la zone d'absorption doit être suffisamment faible afin d'éviter
les transitions par effet tunnel.
- La zone intrinsèque doit être suffisamment étendue dans la zone d'absorption de façon à
éliminer les effets de diffusion.

expression du gain d'une photodiode PDA


Si l'on exprime le courant des électrons et des trous on obtient l'équation d’évolution :

dIe(x)
dx = αe Ie(x) + αh Ih(x)
avec Ie(x) + Ih(x) = Ie(WM)
Photodiodes 217

Dans le cas d'une ionisation des électrons uniquement, alors αh = 0 , le photocourant


augmente d’une façon exponentielle et le gain s'exprime alors par :

M = exp(αe.WM)

où WM est la longueur sur laquelle a lieu le phénomène d'avalanche et qui augmente


avec la tension V appliquée. On obtient pour le facteur d’avalanche :

1 − kion
M =
exp[−(1 − kion)αeWM] − kion

Des nouvelles structures permettent d'augmenter les taux d'ionisation des électrons et
des trous, les super-réseaux qui possèdent une structure à jonctions multiples peuvent
provoquer cet effet de même que les structures à puits quantiques.

temps de réponse des photodiodes PDA


Les photodiodes à avalanche possèdent des temps de réponse plus longs par rapport aux
photodiodes PIN. Un délai supplémentaire est dû au phénomène d'ionisation. Pour une
ionisation due principalement aux électrons, 0 < kion < 1 , on obtient pour M élevé :

M.kion.WM
tM ≈
ve

La bande passante des PDA-SAM est limitée à ∆f < 500 MHz , à cause de l'effet de
piégeage des porteurs à l'hétéro-interface. Le temps de réponse tM augmente donc avec
la tension d'alimentation V est fonction du facteur d'avalanche M .

Pour réduire l'effet de piégeage des porteurs, qui limite la bande passante, on introduit
des interfaces graduelles, par exemple en InGaAsP , entre la zone d’absorption en
InGaAs et la zone de multiplication InP , on crée ainsi une structure SAGM Separate-
Absorption Graded-Multiplication . Des produits gain bande de quelques dizaines de GHz
sont obtenus avec ces structures.

facteur de bruit d'une PDA


Les photodiodes PDA présentent des caractéristiques en bruit spécifiques au
phénomène d'avalanche, le bruit est supérieur au cas d'une photodiode PIN , pour cela
on introduit un facteur de bruit qui dépend du facteur de multiplication M :

<δM 2>
F(M) = kion M + (1 − kion)2 − M
1
F(M) = avec
M2  

En général on peut donner une expression approchée du facteur de bruit par :

F(M) ≈ M x avec 0,3 < x < 2

où x est appelé facteur en excès de bruit d’avalanche .


218 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

4 - BRUITS DES PHOTODIODES ET ELECTRONIQUE ASSOCIEE

4.1 - Processus statistiques de la détection


A cause de la nature corpusculaire du rayonnement électromagnétique le processus
d’absorption de photons est discret, et les événements de création de porteurs sont
distribués aléatoirement dans le temps.
La probabilité de détection de nd photons dans un intervalle de temps ∆t , pr(nd,∆t) , suit
avec une bonne approximation une loi de Poisson, comme c’est le cas de la lumière
cohérente de l'émission laser vu au chapitre III .
La probabilité de détecter nd photons pendant ∆t :

exp(-<nd>.∆t)
pr(nd,∆t) = (<nd>.∆t)nd
nd!

Une des propriétés de cette distribution est que les fluctuations du nombre au carré, ce
qui correspond à la valeur quadratique moyenne, sont égales à leur valeur moyenne :

<(δnd)2> = <(nd − <nd>)2> = <nd>

Le taux de photons détectés pendant le temps caractéristique d’intégration ∆t est obtenu


à partir de la relation entre le courant engendré Ip et la puissance incidente P :

nd I ηQ.P
= e =
∆t hν

Pour le calcul du rapport signal sur bruit (S/B) on doit distinguer les courants
correspondants au signal et ceux correspondant au bruit. Si toute la puissance optique est
utile le courant signal Isig correspond à la valeur moyenne des photons détectés :

<nd>.e
Isig = <I> =
∆t

Le courant de fluctuation correspond au bruit, le courant de bruit s’exprime alors par :

e2 <(nd − <nd>)2> <nd>e2 Isig∆t.e2 Isige


<iB2> = <(I − <I>2> = = = =
∆t2 ∆t2 e.∆t2 ∆t

La durée de chaque événement, assimilable à une impulsion, est en général très


inférieure au temps d'intégration du dispositif ∆t qui est inversement proportionnel à la
bande passante électrique du dispositif ∆f . En général on considère ∆f ≈ 1/2∆t ce qui
donne :
<iB2> = 2e.Isig.∆f

qui constitue le bruit quantique ou bruit de grenaille et qui est fonction de la puissance
optique arrivant sur le détecteur.
En considérant cette seule source de bruit on obtient un détecteur idéal , le rapport signal
à bruit devient alors :

S = Isig2 = Isig = ηQPsig = <n >


2

Bid <iB > 2e.∆f 2hν.∆f d


Bruits des photodiodes et électronique associée 219

4.2 - Sources de bruit des photodiodes


Les sources de bruits dans les détecteurs se manifestent sous forme de courants, on
s'intéressera à leur valeur quadratique moyenne. Pour évaluer les performances de la
photodiode on détermine la rapport signal sur bruit (S/B) défini par :

S photocourant engendré par la puissance du signal optique


B = courant de bruit du photodétecteur + courant de bruit de l'amplificateur

En général comme on l’a vu précédemment lors de la détection infrarouge la puissance


est constituée d’un signal utile Psig et d’une partie due à l’environnement Penv , dans la
suite on ne considérera que les applications sans rayonnement d’environnement, c’est à
dire P = Psig , c’est le cas par exemple des transmissions par fibre optique.
Le courant correspond à la grandeur détectée, de type analogique ou numérique.

iPIN(t) = S(λ).P(t) iPDA(t) = S(λ).M.P(t)

Différents termes de bruit doivent être considérés :

bruit quantique ou photonique


<iQ2> = 2e.I.∆f

où I est l'amplitude du courant et ∆f la bande passante du système de détection


composée de la photodiode et du circuit. Les expressions pour une photodiode PIN et
une photodiode PDA sont :

<iQ2>PIN = 2e.S(λ).P.∆f et <iQ2>PDA = 2e.S(λ).P.M 2F(M).∆f

F(M) est le facteur de bruit d'avalanche avec F(M) ≈ M x avec 0,3 < x < 2

bruit d'obscurité
Ce bruit est associé au courant inverse dans une diode présent en absence d'éclairement
extérieur, le courant d'obscurité Iobs .

<iobs2>PIN = 2e.Iobs∆f <iov2>PDA = 2e.Iobs.M 2.F(M).∆f

Le courant d'obscurité dépend fortement du semi-conducteur choisi, de sa température et


de la tension inverse appliquée.

bruit thermique
Cette source de bruit est associée à la résistance équivalente Req à l'entrée du
préamplificateur :
4kBT
<iT2>PIN = <iT2>PDA = R ∆f
eq

bruit de grenaille des composants électroniques associés


Cette source de bruit supplémentaire correspond aux facteurs de bruit des transistors
associés aux étages de préamplification, il s'agit de bruit de type grenaille donc
proportionnel aux courants traversant les composants.
220 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

4.3 - Schéma équivalent et rapport (S/B)

Itot
I <iQ2> <iobs2> <iT2>
Cd
Réq

circuit équivalent électrique incluant le signal détecté et les sources de


bruit pour une photodiode chargée par une résistance Rc

On considère que la puissance optique arrivant sur la photodiode est uniquement


constituée par le signal P = Psig , donc on ne considère pas de rayonnement du à
l'environnement de type corps noir ou autre. Le rapport (S/B) s'écrit dans le cas général,
pour une photodiode PDA , pour une photodiode PIN on prendra M = F(M) = 1 :

S <isig>2.M 2
=
B 2e.(Isig + Iobs).M 2.F(M).∆f + (4kT/Req).∆f

avec isig(t) = I.f(t) où I = S(λ).P est l'amplitude du signal.

quantités réduites sans dimension


Le nombre moyen de photons détecté, nd , dans l'intervalle de temps de mesure, qui
dans le cas des transmission numériques correspond à la durée d’un bit Tb ≈ 1/(2.∆f) ,
est :
<p(t)> <i(t)>
nd = ηQ =
2∆f.hν 2e.∆f

Pour le bruit d'obscurité Iobs le nombre de photons équivalents sera :

Iobs
nobs =
2e.∆f

On peut définir une quantité sans dimension représentant le bruit thermique associé au
circuit, ncircT , qui peut représenter aussi le bruit équivalent pour un amplificateur :

kB T
nT =
e2Req.∆f

exemple : résistance Req = 50 Ω et bande passante ∆f = 100 MHz

<iT2> = 0,18 µA et nTReq ≈ 3.108


Bruits des photodiodes et électronique associée 221

Dans le cas où l'on utilise comme préamplificateur un transistor à effet de champ, FET, ou
bipolaire les expressions de nT doivent être modifiées.
exemple : transistor à effet de champ: FET
∆f
Pour des composants typiques nTFET ≈
100

pour ∆f = 100 MHz nTFET ≈ 106

exemple : transistor bipolaire


Dans ce cas nT est indépendant de ∆f

pour 100 MHz < ∆f < 2 GHz nTbip ≈ 25.104

Le rapport (S/B) peut s'exprimer en fonction de ces quantités :


2 2
S M nd
= M 2F(M)(n + n ) + n pour une photodiode PDA
BPDA d obs T

2
S = nd
pour une photodiode PIN
BPIN nd + nobs + nT

Dans la suite on ne tiendra pas compte du bruit d’obscurité nobs .


2
pour les signaux faibles nd << nT et S ≈ nd
BPIN nT

Détection limitée par le signal nd >> nT et S ≈ n


BPIN d

choix entre photodiode PIN ou PDA


On considère deux récepteurs optiques avec photodiode de type PIN et de type PDA. Si
l'on compare les deux rapports (S/B) on obtient :

(S/B)PDA M 2 (nd + nT)


=
(S/B)PIN M 2 F(M).nd + nT

le choix de la photodiode PDA est intéressant quand ce rapport est supérieur à 1, ce qui
s'obtient pour :
(S/B)PDA
(S/B)PIN > 1

qui est équivalent à :


1 − M−2
nd < nT2
F(M) − 1

nT
et pour M >> 1 nd <
F(M) − 1

Pour un niveau de bruit thermique très faible, nT << nd on obtient :


222 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

S =
nd
<  
S
= nd
BPDA F(M) BPIN

dans ce cas il est plus intéressant de choisir une photodiode PIN .

rapport signal à bruit (S/B)


(dB) (S/B)
PDA > (S/B)PIN (S/B)PDA < (S/B)PIN
50

40

30

20
PDA
10 PIN

0
2 3 4 5 6 7
10 10 10 10 10 10 10
nombre moyen de photons détectés nd

rapport signal à bruit en fonction du nombre moyen d'électrons détectés


pour des photodiodes PIN et PDA avec nT = 104

1) optimisation du facteur de multiplication M d’une PDA afin de maximiser (S/B)


Dans le cas d'une photodiode PDA pour un niveau de puissance optique entrante donnée
Pr on peut chercher le maximum du rapport signal sur bruit (S/B) en faisant varier M .
On cherche donc à annuler la dérivée [∂(S/B)/∂M] = 0 . En considérant les quantités
réduites et F(M) = M x , le rapport signal à bruit s'exprime :
2 2 2 2
S =
M nd
=
M nd
BPDA 2
M F(M)nd + nT 2+x
M nd + nT

en dérivant et en annulant la dérivée on trouve après conversion :

2nT
Mopt2+x = x.n
d

2) optimisation du facteur M de façon à minimiser Pr


Dans la cas d'une PDA si l'on se fixe un (S/B) on peut minimiser la puissance reçue Pr
en faisant varier M on considère F(M) = M x . On cherche donc (∂Pr/∂M) = 0 .
En termes des quantités réduites on obtient d’après l’expression du rapport (S/B) :

M 2nd2 − (S/B)M 2+xnd − (S/B).nT = 0 qui donne nd ≈ (S/B)Mx [1 + M−2(1+x)nT.(S/B)]

on cherche (∂nd/∂M) = 0 , le résultat est :

(2+x)
Mopt2x+2 ≈ x nT (S/B)
Bruits des photodiodes et électronique associée 223

4.4 montages électroniques préamplificateurs pour photodiodes

Le courant délivré par une photodiode est généralement faible, de l'ordre de quelques µA
il faut donc l'amplifier fortement pour obtenir un signal électrique exploitable. Comme pour
tous les amplificateurs un compromis entre le gain et la bande passante est nécessaire.

Les amplificateurs utilisés peuvent être de différents types :


- pour les basses et moyennes fréquences, f < 1 MHz , des montages à amplificateurs
opérationnels sont adaptés.
- au delà, pour 1 MHz < f < 100 MHz , des montages à éléments discrets sont
nécessaires, transistors bipolaires ou à effet de champ.
- pour les fréquences plus élevés, 100 MHz < f < 10 GHz, il faut réaliser des circuits avec
des éléments adaptés en impédance en technologie hybride ou en micro-électronique
intégré où l'élément amplificateur le plus utilisée est le transistor JFET monté en trans-
impédance.

La partie la plus critique d'un amplificateur de réception est l'étage d'entrée, qui constitue
le préamplificateur, en effet c'est à ce niveau qu'on peut minimiser le bruit et permettre un
bande passante suffisante. L'élément détecteur est toujours un élément résistif qui opère
une conversion courant-tension.
Deux structures de montages préamplificateurs sont couramment utilisés: haute
impédance, HZ, et trans-impédance, TZ.

montage haute impédance (HZ)


Ce montage permet de réaliser un gain élevé et un niveau de bruit faible au détriment de
la bande passante. Le courant est détecté dans la résistance de charge Rc placée à
l'entrée de l'amplificateur, Cd est la capacité équivalente de la photodiode et A le gain
de l’amplificateur .

La tension en sortie de l'amplificateur s'écrit : v = Rc.is.A

Le gain en courant, impédance de transfert Z21 , est : Z21HZ = Rc.A

La bande passante correspondante : ∆fHZ = (2πRcCd)−1

Le produit gain-bande est alors Z21HZ.∆fHZ = A.(2π.Cd)−1

Le rapport (S/B) peut alors être exprimé en considérant les deux limites : bruit thermique
prépondérant noté par l'indice T ou bruit quantique prépondérant noté par l'indice Q :

S =
<is>22πRc2Cd S = <is>πRcCd
BTHZ 4kT BQHZ e

Donc pour obtenir un gain élevé et un bruit faible il faut choisir une valeur de Rc élevée et
ceci bien évidemment au détriment de la bande passante ∆fHZ .

montage trans-impédance (TZ)


224 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

Ce montage permet d'obtenir une grande bande passante mais avec un niveau de bruit
plus fort du fait de la résistance d'entrée équivalente plus faible. La résistance de
détection RF est placée en contre-réaction sur l'amplificateur, la capacité équivalente en
entrée est ici (Cd/A) .

La tension en sortie de l'amplificateur s'écrit : v = − RF.is

Le gain en courant (impédance de transfert) est : Z21TZ = − RF

1 A
La bande passante ∆fTZ = =
2π(RF/A)Cd 2πRFCd

A
Le produit gain-bande est alors Z21TZ.∆fTZ =
2π.Cd

Le rapport (S/B) peut être exprimé en considérant les deux limites comme
précédemment :

S <is>2.2π.RF2.Cd S <is>.π.RF.Cd


= =
BTTZ 4kT.A BQTZ e.A

VR
P

gain
HZ
Is A
A
Rc
haute Impédance TZ
Vp 1
HZ fréquence f
Vp

fcHZ = fcTZ =
1/2πRcCd A/2πRcCd
VR
P

Rf
fonctions de transfert pour les
Is montages haute-impédance (HZ) et
A trans-impédance (TZ) montrant les
fréquences de coupure et le produit
trans-Impédance gain bande constant
TZ
Matrices de détecteurs 225

5 – MATRICES DE DETECTEURS

5.1 - Dispositifs à transfert de charge, CCD


Les dispositifs de prise de vue modernes tels les caméras et les appareils photo
numériques utilisent comme capteur des matrices de détecteurs appelés communément
matrices CCD Charge Coupled Device ou dispositifs à transfert de charge . Cette
technologie, introduite au début des années 1970, a supplanté presque entièrement les
systèmes anciens basés sur les tubes à vide, Vidicon et autres.

Les matrices CCD offrent une solution avantageuse pour l’enregistrement d’une image
sur un réseau de détecteurs. Elles présentent une très grande sensibilité comparable aux
émulsions photographiques et peuvent être adaptées à différentes fenêtres spectrales,
des rayons X à l'infrarouge. On les trouve sous différentes formes, barrettes, matrices….
Du fait de la technologie de fabrication utilisée qui est la même que celle des
semiconducteurs, les CCD sont des composants simples, résistants et peu chers.

L’élément de base d’une matrice CCD est la jonction MOS, métal-oxyde-semiconducteur,


qui fonctionne sur le principe d’une capacité permettant le stockage de charges. Cette
jonction est constituée, dans le cas de la détection de lumière visible, d’un substrat en
Silicium extrinsèque, de type P par exemple, sur lequel on fait croître une couche de
diélectrique SiO2 , ensuite une fine couche métallique, appelée la grille, est déposée sur le
diélectrique. Les contacts d’accès électrique sont effectués sur la grille et sur le substrat.
Quand on applique une tension positive entre la grille et le substrat il se crée sous l’oxyde
un puits de potentiel pour les charges minoritaires négatives, les électrons. Quand la
lumière éclaire le dispositif les électrons crées par l’absorption de photons dans le Silicium
sont collectés dans le puits de potentiel de la jonction sous tension. Plus d’éclairement est
fort et plus de charges seront collectées, jusqu’à atteindre la saturation.

L'éclairement peut se faire côté grille, dans ce cas les grilles doivent être constituées de
matériaux transparents comme par exemple du Silicium très fortement dopé, le degré de
transparence diminue dans le violet et l'ultraviolet pour des longueurs d'onde
λ < 400 nm . Un éclairement côté substrat élimine ces problèmes, mais toujours pour les
courtes longueurs d'onde du fait de la très courte longueur d'absorption il faut rendre le
substrat très fin de façon à permettre aux électrons de migrer vers la grille.

lumière incidente
grille électrode

oxyde SiO2

VG zone de charge

d’espace
+
substrat en
Si type P
charge
stockée

principe d'un détecteur à jonction MIS


226 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

L'information utile est constituée par la charge collectée sous la grille. Différentes
techniques sont utilisées pour de transférer la charge d'une façon séquentielle. Une
solution consiste à modifier d'une façon synchrone la tension de grille des différentes
jonctions de façon à transférer les charges d'un puits de potentiel au suivant.

Dans une réseau linéaire de CCD on peut utiliser un système à trois phases utilisant des
séquences à trois temps. Le dispositif est constitué de trois lignes de tension L1 , L2 et
L3 reliées à un groupe de trois grilles de MOS G1 , G2 et G3 permettant de les contrôler
séparément. Une tension V1 est appliquée sur L1 pendant une durée appelée la période
d'intégration, pendant cette période les charges dues à l'éclairement s'accumulent sous
toutes les grilles de type G1 . Après intégration les charges accumulées sont transférées
en appliquant d'abord la même tension sur V2 et ensuite en ramenant vers zéro V1 ,
quand V1 devient inférieure à V2 , les charges sous G1 sont transférées vers le puits
sous G2 . En répétant la même séquence pour L2 et L3 on déplace les charges dans le
puits sous G3 . En répétant l'opération on transfère les charges à la sortie du réseau
linéaire vers un registre MOS de lecture.

V3 L3
V2 L2
V1 L1
G1 G2 G3 G1 G2 G3 G1
tensions de
commande
V1 V2 V3
paquets de charges sous la grille
+ - -

+ + -

- + -

- + +

séquences de transfert de charge d’un registre CCD

Toutes les grilles du CCD sont connectées en série, cette méthode est appelée transfert
en ligne. Dans cette technique si la lumière continue à éclairer le dispositif pendant que
des charges sont transférées, des nouvelles charges s'accumulent sous les grilles, ceci
cause le phénomène de smearing qui rend les images floues. Cet effet constitue un
problème dans les grandes matrices. Une solution consiste à transférer les charges très
rapidement. Une autre solution est d'occulter les éléments pendant le transfert.

Une autre technique très répandue dans les matrices CCD est le transfert interligne et le
transfert de trame . Pour la première, une ligne de transfert est entrelacée avec un ligne
de lecture, chaque capacité transfère sa charge vers la colonne adjacente qui elle n'est
pas sensible à la lumière. Le transfert de toute la matrice se fait ensuite vers le registre de
Matrices de détecteurs 227

lecture pendant l’exposition. Pour le transfert interligne on perd la moitié de la place


d’exposition disponible.

Pour le transfert de trame on transfère rapidement toute une trame vers une matrice de
lecture et ensuite on transfère plus lentement vers le registre de transfert.

colonnes de colonnes de matrice de


lecture transfert transfert

amplificateur
registre de de sortie
transfert
transfert transfert transfert
en ligne interligne de trame

La popularité des matrices CCD est due surtout à leur grande sensibilité, on peut
atteindre 100% d'efficacité de conversion. La seule source de bruit est la génération
thermique d'électrons qui limite le rapport signal à bruit. A température ambiante, dans
des conditions normales d'éclairement, les niveaux de bruit sont négligeables.
A des très faibles éclairements, afin de diminuer le bruit on peut refroidir le CCD, cette
technique est utilisée en astronomie avec des refroidissements à l'azote liquide , 77 K , ou
à l'hélium liquide, 4 K .

Le nombre d'éléments des matrices CCD, les pixels, atteint communément le million
d'éléments dans les appareils photo numériques, les matrices les plus larges atteignent
25 millions d'éléments.

Pour les applications en infrarouge, de 1,5 µm à 30 µm , on réalise des matrices


hybrides avec la partie sensitive constituée d'une matrice de matériau de type HgCdTe
par exemple, sensible dans l'infrarouge couplée à des transistors MOSFET en Si pour
la lecture. On peut aussi utiliser des matrices monolithiques avec des diodes Schottky.
Dans ce cas les matrices sont refroidies. Une application est l'observation des
rayonnements infrarouges émis par la terre par exemple avec les satellites SPOT .
228 Chap. VI - Détecteurs optiques a semiconducteurs

EXERCICES CHAPITRE VI

EXERCICE VI-1 : Détectivité d’un détecteur photoconducteur thermique infrarouge


Soit un détecteur fonctionnant dans l’infrarouge constitué d’un photoconducteur en
HgCdTe , permettant de détecter des signaux optiques infrarouges jusqu'à une longueur
d’onde λc = 10 µm . Le photoconducteur possède plusieurs sources de bruit et se trouve
dans une environnement à la température T .
1-1) Ecrire le courant généré par un signal optique incident de puissance Ps à λc .
1-2) Ecrire l’expression du bruit de grenaille total en tenant compte des contributions du
signal, du rayonnement environnant et du bruit d’obscurité Iobs = V/Robs où Robs est la
résistance équivalente d’obscurité indépendante des dimensions et fonction de la
température. Ecrire l’expression du bruit d’amplificateur de résistance équivalente RA .
1-3) Ecrire les puissances équivalentes de bruit, PEB, pour les différentes contributions.
1-4) En utilisant la notion de détectivité réduite D* , écrire la détectivité réduite pour une
détection jusqu’à la longueur d’onde λc limitée par l’environnement pour un détecteur à
la température T avec un angle d’ouverture θ . Calculer cette quantité pour θ = 180° et
θ = 60° à T = 300 K et à λc = 10 µm , on considérera un rendement de détecteur η = 1 .
1-5) Le photoconducteur possède les propriétés suivantes, longueur W = 0,1 mm ,
surface W 2 , temps de vie des porteurs τ = 10−6 s , mobilité µ = 104 cm2.V−1.s−1 et
rendement η = 1 . Calculer D*obs pour une détection limitée par le bruit d’obscurité du
détecteur avec Robs = 100 Ω à T = 300 K et à λc = 10 µm .
1-6) Quelle est ici la limitation principale, celle due à l’environnement ou celle due au
détecteur ? Discuter le rôle de la température, quelles seraient les performances si le
détecteur était placé à la température de l'azote liquide à T = 77 K ?

EXERCICE VI-2 : Photodiode PIN et PDA pour transmission sur fibre optique
On compare deux structures de photodiodes en InGaAs , une photodiode PIN et une
photodiode à avalanche PDA de gain M et de facteur de bruit F(M) = M1/2 . Un signal
optique arrive sur la photodiode en sortie d’une fibre optique. Sa puissance optique
moyenne est Ps et sa fréquence maximale 1 GHz .
2-1) Pour un rendement quantique du détecteur de η = 80% , exprimer la sensibilité et la
calculer dans la troisième fenêtre spectrale d’une fibre optique en silice à λIII = 1550 nm .
2-2) Exprimer le courant moyen du au signal optique P pour les deux photodiodes.
2-3) Le circuit permettant de détecter le courant est de type préamplificateur trans-
impédance de gain A = 100, et de résistance de réaction RF = 100 kΩ, la capacité de la
photodiode sous tension est Cd = 1 pF , la température est T = 300 K . Quelle sera la
tension aux bornes du circuit et sa bande passante ?
2-4) On négligera le bruit d’obscurité, donner l’expression des termes de bruit quantique
et thermique pour les deux types de photodiodes.
On va choisir le meilleur détecteur, en se basant sur le rapport signal à bruit (S/B) en
fonction de la puissance optique moyenne reçue P pour 100 nW < P < 10 µW .
On fera toujours les calculs pour 3 valeurs de puissance optique correspondant aux
décades de puissance.
2-5) Calculer le courant signal Is dans tous les cas.
2-6) Calculer la contribution du bruit thermique <iT2> .
2-7) Donner l'expression du gain d'avalanche Mopt qui rend maximal le rapport signal à
bruit. Calculer Mopt et le bruit quantique associé pour les 3 valeurs de la puissance.
2-8) Calculer le bruit quantique dans tous les cas.
2-9) Calculer les rapports (S/B) pour la photodiode PIN et PDA pour les 3 valeurs.
2-10) Choisir le meilleur détecteur pour chaque valeur de puissance en sachant que pour
une bonne transmission on exige (S/B) > 22 dB .
Exercices chap VI 229

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE VI

Corrigé exercice VI-1 1-1) Le courant signal est Is = (η.GIph.e.Ps)/hν avec ν = c/λ .
1-2) Le bruit de grenaille s’écrira pour un photoconducteur <igr2> = 4.e.GIph.Itot.∆f , où ∆f
est la bande passante, avec Itot = η.(e/hν).(Ps + Penv) + Iobs. Le bruit thermique
2
d’amplificateur s'écrit <iT >A = [(4.kBT)/R].∆f .
1-3) La puissance optique équivalente de bruit correspond à la limite où le signal
compense le bruit donc quand le rapport signal à bruit (S/B) = Is2/<iB2> = 1 . a) limitation
du au signal (PEB)s = [(4.hν. ∆f1/2)/(GIph.η)] , b) limitation due à l’environnement, ici on fait
l’approximation usuelle Penv >> Ps ce qui entraîne (PEB)env = 2.[(hν.Penv)/η]1/2 , c)
limitation due au bruit d’obscurité (PEB)obs = 2.(hν/η).[Iobs/(Giph.e)]1/2 , d) limitation due au
bruit thermique de l’amplificateur (PEB)TA = 2.[hν/(Giph.η.e)].(kBT/R)1/2 .
1-4) D*env(T,θ,λc) = (η/2)1/2.[(c2.h3)/2π.(kBT)5]1/2.{exp(xc/2)/[sin(θ/2).xc.(xc2 + 2xc + 2)1/2]}
avec xc = [(hc)/(λckBT)] , le terme (η/2)1/2 en facteur devant provient du fait qu’il s’agit d’un
photoconducteur avec un rendement η .
.D*env(T = 300 K,θ = 180°, λc = 10 µm) = 5.1010 cm.Hz1/2.W −1 et
−1
D*env(T = 300 K,θ = 60°, λc = 10 µm) = 10 cm.Hz .W
11 1/2

1-5) Pour un signal limité par le bruit d’obscurité on a D*obs = (A.∆feff)1/2/(PEB)O en


remplaçant GIph = µ.τ.V/W 2 et Iobs = V/RO ce qui donne
−1
D*obs = [(η.λ)/(2.h.c)].(RO.µ.τ.e) . D*obs(T = 300 K, RO = 100 Ω) = 10 cm.Hz .W .
1/2 10 1/2

1-6) On voit que dans le cas du bruit d’obscurité la détectivité est du même ordre de
grandeur mais moins élevé, ce bruit constitue donc la première cause de limitation.
Une diminution de la température entraîne moins de rayonnement de fond et permet donc
d'augmenter la détectivité limitée par l'environnement D*env , on obtient à la température
de l'azote liquide D*env(T = 77 K, θ = 180°, λc = 10 µm) = 1,2.1014 cm.Hz1/2.W−1 .
Le bruit d'obscurité varie aussi avec la température, la résistance d'obscurité Robs suit
une loi similaire à celle du rayonnement thermique en fonction de la température, qu’on
peut considérer avec une satisfaisante approximation proportionnelle à exp(xc) avec
xc = (hc)/(λckBT) . Pour la détectivité le comportement sera en racine carré de cette
résistance donc en exp(xc/2) .
A T = 77 K on estime D*obs(T = 77 K, RO = 100 Ω) = 1013 cm.Hz1/2.W −1 qui reste inférieur
à celle limitée par l'environnement.

Corrigé exercice VI-2 2-1) La sensibilité est S(λ) = η.[(e.λ)/(h.c)] ,


S(1550 nm) = 1 A/W .
2-2) Le courant moyen est IsPIN = S.Ps pour la photodiode PIN et IsPDA = S.P.M pour la
PDA. 2-3) La tension pour un circuit trans-impédance est Vs = RF.Is . La bande passante
est ∆f = A/(2π.RF.Cd) = 1,6 GHz qui est bien adapté au signal considéré à 1 GHz.
2-4) Le bruit quantique sera <iQ2>PIN = 2.e.S.P.∆f et <iQ2>PDA = 2.e.S.M2.F(M).P.∆f le
bruit thermique sera <iT2>PIN = <iT2>PDA = [(4.kBT)/(RF)].∆f .
2-7) F(M) = M1/2 donc x = 1/2 et Mopt = [(4.kBT)/(e.S.P.RF)]2/5 . { 2-5) , 2-6) , 2-8) , , 2-
9) } →
P <iT2> IsPIN <iQ2>PIN (S/B)PIN Mopt IsPDA <iQ2>PDA (S/B)PDA
100 nW 2600 nA2 0,1 µA 50 nA2 5,7 dB 6,4 0,85 µA 1250 nA2 22,5 dB
1 µW 2600 nA2 1 µA 500 nA2 25 dB 2,5 3,4 µA 3140 nA2 33 dB
10 µW 2600 nA2 10 µA 5000 nA2 41 dB 1 13 µA 7890 nA2 42 dB
2-10) Le rapport (S/B) est nettement supérieur pour la photodiode PDA à bas niveau à
P = 100 nW . Photodiode PIN et PDA sont équivalentes au niveau le plus élevé ,
P = 10 µW . Le bruit d’obscurité est prépondérant à bas niveau pour la PIN. Seul le cas
P = 100 nW avec photodiode PIN ne satisfait pas le critère (S/B) > 22 dB .
CHAPITRE VII

GUIDES ET FIBRES OPTIQUES

1 - GUIDES D'ONDES OPTIQUES

Pour transmettre l'information émise par les sources optiques il faut disposer de milieux
matériels ayant des faibles pertes et pouvant guider la lumière. Le matériau privilégié est
le verre de grande pureté, qui est la silice SiO2 .
La transmission par guidage du faisceau optique dans un guide diélectrique évite la
divergence des faisceaux qui est un inconvénient dans la transmission en espace libre.
La fibre optique, ou guide d'onde circulaire, est le plus répandu et est utilisé largement en
télécommunications. Le guide d'onde rectangulaire est de plus en plus répandu dans les
applications d'optique intégrée.
À la base de tous ces dispositifs se trouve le phénomène de confinement optique obtenu
en utilisant un milieu d'indice de réfraction n1 , appelé le cœur , où le rayonnement est
piégé, entouré d'un milieu d'indice n2 plus petit appelé la gaine .

Un guide optique plan est constitué par deux couches d'indice n2 , formant la gaine,
entourant un barreau d'indice n1 , formant le cœur, d'épaisseur d .
La direction de propagation le long du guide est prise suivant l'axe Oz . Les rayons
optiques réfléchis à l’interface diélectrique dans le guide font un angle θ avec cet axe.
Pour obtenir le phénomène de guidage les angles doivent vérifier la condition de réflexion
interne totale d'une interface diélectrique, qu’on a abordé au chapitre I :

θ < π/2 − θc θc = arcsin(n2/n1) est l'angle critique

Les rayons, dont les directions de propagation coïncident avec la direction du vecteur
d’onde k des ondes électromagnétiques, se propagent par réflexions successives sur les
interfaces. Les rayons faisant des angles supérieurs θ > π/2 − θc sont réfractes et sortent
du guide perdant leur énergie, en se propageant.

x
y

n2

d/2 n1
0
θg n2 z
−d/2 θng rayons guidés
rayons non gudés

guide diélectrique plan


Guides d'ondes optiques 231

1.1 - Guide diélectrique plan

modes du guide d’onde diélectrique


A cause de la géométrie rectangulaire du guide d’onde diélectrique, les seuls modes
électromagnétiques pouvant se propager dans ce guide sont de type TE , transverse
électrique, ou TM , transverse magnétique. On retrouve les mêmes modes que dans les
guides d'ondes métalliques, la différence est qu'ici les matériaux sont diélectriques et non
métalliques, ceci implique qu'une partie de l'énergie peut se propager dans la gaine, en
dehors du guide, sous forme d'ondes évanescentes.
Si l'on considère une onde TE ou TM monochromatique de longueur d'onde dans le
diélectrique λ = λ0/n1 , la vitesse de phase de l'onde s’écrit :

vφ = c1 = c0/n1

Le vecteur d'onde k est caractérisé par son module k = n1k0 = n12π/λ0 et par sa
direction à travers ses composantes. En tenant compte que la direction de propagation
fait un angle θ < π/2 − θc avec l'axe Oz :

kx = 0 ky = n1k0 sinθ kz = n1k0 cosθ

Les modes qui se propagent dans le guide doivent être en phase après deux réflexions
successives pour obtenir des interférences constructives. L'onde deux fois réfléchie
possède une différence de phase due à la différence de chemin optique qui s’exprime
par :
2πn
2ky.d = 2d.sinθ
λ

A chaque réflexion l'onde acquiert un déphasage supplémentaire φr . Dans le cas du


guide métallique φr vaut π.
Pour une onde TE le champ électrique est perpendiculaire au plan contenant les rayons
incidents et réfléchis, d'après les coefficients de Fresnel le déphasage à la réflexion
φr = φs est :

−nt.|A| 
tg(φs/2) =   avec A = j (ni/nt)2 sin2θi − 1
 i.cosθi
n

où θi est l’angle d’incidence et ni l’indice de réfraction du milieu d’incidence. Les


relations avec les paramètres du guide sont :

θ = π/2 − θi ni = n1 nt = n2 et sinθc = (n2/n1)

La condition de phase s'écrit pour un mode TE d’après les arguments précédents :

2πn1 cos2θc
2d.sinθ + 2φr = 2πm avec tg(φr/2) = −1
λ0 sin2θ

en exprimant ces deux conditions on obtient l'équation caractéristique des modes :

cos2θc
tg(πn1dsinθ/λ0 − mπ/2) = −1
sin2θ
232 Chap. VII - Guides et fibres optiques

qui est une équation transcendante fonction de sinθ . Les points d'intersection des deux
courbes correspondent aux angles des différents modes θm .
Les angles θ se situent entre 0 et π/2 − θc , les composantes du vecteur d'onde k sont
dans ce cas (kx,ky,kz) = (0 , n1k0sinθm , n1k0cosθm) . La composante de k suivant Oz
correspond à la constante de propagation du mode β m , dont les limites sont donnés par
n1k0 et n1k0 cos(π/2 − θc) = n1k0(n2/n1) = n2k0 :

βm = n1k0 cosθm avec n2k0 < β m < n1k0

Cette condition constitue la condition de guidage .


Le nombre de modes pouvant se propager correspond au nombre d'intersections des
fonctions de l'équation caractéristique et est donné par :

2d.sin(π/2 − θc) 2d
M = = ON avec l’ouverture numérique ON = n12 − n22
λ λ0

10
intensité
relative

m=0
m=1
m=2
m=3 m=4
0
0 1 2 3 4 5
coupure
numéro du mode m (2d sinθ)/λ (2d.cosθc)/λ

méthode graphique de détermination des modes à partir des


conditions de phase pour un guide optique

vitesse de propagation
La vitesse de groupe est définie par vg = (dω/dβ). Pour chacun des modes guidés m on
peut exprimer la relation de dispersion liant la pulsation ω à la constante de propagation
β en utilisant la relation de phase du guide donnée plus haut et en utilisant les identités :

ω 2 β.c1
k y2 =  c  − β 2 et cosθ = β/k0n1 =
 1 ω

on peut exprimer la relation:

d  ω 2 − β2 − mπ = β − (ω /c2 )
2 2 2
tg2 
2 c1 2  (ω /c1 ) − β2
2 2

La vitesse de groupe des modes se situe entre c1 = c/n1 , vitesse de phase dans le cœur,
et c2 = c/n2 , vitesse de phase dans la gaine.
Guides d'ondes optiques 233

Pour une pulsation donnée ω , le mode d'ordre le plus bas, m = 0 , est celui qui possède
la vitesse de groupe plus proche de c1 , donc qui est le plus lent, tandis que celui d'ordre
le plus élevé se rapproche de c2 , et est le plus rapide.

distribution des champs


Les modes TE dans le guide sont constitués par la superposition de deux ondes planes
se propageant avec des angles θm et −θm par rapport à Oz avec les vecteurs d'onde :

(0 , ±|ky| , kz) = (0 , ±n1k0sinθm , n1k0cosθm)

Dans le cœur l'équation d'onde s’écrit :


(∆ + n12k02).Ex(y,z) = 0

Le champ électrique sera de la forme :


Ex(y,z) = Am.um(y).exp(−jβ mz)

dans le cœur d’indice n1 pour −d/2 ≤ y ≤ d/2 on aura des solutions harmoniques paires
et impaires d’amplitude :

um(y) = cos(kyy) pour m = 0,2,4… solution paire

um(y) = sin(kyy) pour m = 1,3,5… solution impaire

le champ ne s'annule pas à l'interface y = ±d/2 . Les modes d’ordre supérieur présentent
plus d'oscillations. Dans la gaine l'équation de propagation est :

d2um
(∆ + n22k02).Ex(y,z) = 0 dy2 − γm .um = 0 avec γm = β m − n2 .k0
2 2 2 2 2
qui donne

γm2 est positif puisque βm > n2k0 , donc les solutions sont des fonctions exponentielles :

um(y) = exp(−γm.y) pour y > d/2 et um(y) = exp(+γm.y) pour y < −d/2

Quand m augmente θm et donc β m = n1.k0.cosθm et γm diminuent, ce qui montre que


les modes d'ordre plus élevé pénètrent plus loin dans la gaine.

y
y
d
m=0 m=1 m=2 m=3
d/2
z
E modes TE
0 y
z d
−d/2
z
H modes TM

distribution des modes du guide plan directions des champs pour les
modes TE et TM d'un guide plan
234 Chap. VII - Guides et fibres optiques

guide diélectrique rectangulaire


Ici le confinement se fait dans les deux directions perpendiculaires à la direction de
propagation Oz . En généralisant les résultats du guide plan les composantes du vecteur
d'onde doivent maintenant vérifier :

kx2 + ky2 ≤ n12k02 sin2(π/2 − θc)

ce qui correspond a une surface dans l'espace des k pour les modes. Le nombre de
modes peut donc être évalué en comptant les surfaces élémentaires (π/d)2 à l'intérieur
de la surface définie par l'inégalité précédente, ceci donne le nombre de modes TE ou
TM :
[n1k0.sin(π/2 − θc)]2
M ≈ (2/4)π = (π/2).(2d/λ0)2.ON 2
(π/d)2

1.2 - Couplage entre guides optiques


Si deux guides sont suffisamment proches pour que les champs se superposent il est
possible de coupler le rayonnement de l'un à l'autre. Ce phénomène est très utilisé pour
réaliser des coupleurs ou des interrupteurs optiques.

y x

nr
nA z
d nr
2a nB
d
nr
couplage entre deux
z1 z2 z3 guides diélectriques
L0

Pour l'analyse du phénomène on considère deux guides d'onde plans d'épaisseur d ,


d'indices de cœur nA et nB et séparés par la distance 2a , entourés par un milieu
d'indice nr . On fera l'approximation de guidage faible : on suppose que les structures
des champs à l'intérieur de chaque guide sont inchangés par la présence de l'autre guide,
le couplage modifie uniquement les amplitudes relatives des deux champs a(z) selon la
direction de propagation. Les champs s'expriment alors :

EA(y,z) = aA(z).u1(y).exp[−j(βAz − ωt)] dans le guide A

EB(y,z) = aB(z).u2(y).exp[−j(βBz − ωt)] dans le guide B

Il s'agit de déterminer les amplitudes aA(z) et aB(z) .


La présence du guide B peut être considérée comme une perturbation pour le guide A
et vice-versa. La différence d'indice nB − nr combinée avec le champ EB constitue un
excès de densité de polarisation P = ε0(nB2 − nr2)EB qui crée un rayonnement dans le
guide A . Les équations de Maxwell en présence de la perturbation, avec k02 = ε0µ0ω2 ,
sont :
Guides d'ondes optiques 235

∆EA + kA2EA = (nB2 − n2)k02EB = (kB2 − k2)EB pour le guide A

∆EB + kB2EB = (nA2 − n2)k02EA = (kA2 − k2)EA pour le guide B

Il faut résoudre ces équations, valables dans l'approximation de guidage faible. On obtient
des équations d'ondes couplées sur les amplitudes aA et aB , ces équations ont la
même forme que celles utilisées pour les réflecteurs de Bragg* qu'on a décrites au
chapitre II.

daA daB
exp(−jβAz) = −jCBA.aB(z).exp(−jβBz) exp(−jβBz) = −jCAB aA(z) exp(−jβAz))
dz dz

CBA = [k02/(2βA)].(nB2 − n2) ⌠



a+d
uA(y)uB(y) dy CAB = [k02/(2βB)].(nA2 − n2) ⌠

-a-d
uA(y)uB(y)dy
a -a

où CAB et CBA sont les coefficients de couplage. D'après ces équations on voit que les
variations de l'amplitude dans un guide sont fonction de l'amplitude dans l'autre.
En posant ∆β = βA − βB et avec les conditions aux limites aA(0) = 1 et aB(0) = 0 , pas de
rayonnement dans le guide 2 pour z = 0, on obtient les solutions périodiques :

aA(z) = aA(0).exp[j(∆β−z/2)].[cosγz − j(∆β/2γ).sinγz]

aB(z) = aA(0).[CAB/(jγ)].exp[−j(∆β−z/2)].sinγz

où γ2 = (∆β/2)2 + C2 et C2 = CABCBA

Les puissances sont échangées périodiquement avec une période spatiale de 2π/γ . Un
cas important est celui où les deux guides sont identiques nA = nB ou ∆β = 0 , on obtient
alors pour les puissances :

PA(z) = PA(0).cos2γz PB(z) = PB(0).sin2γz

dans ce cas l'échange peut être total aux distances z = L0 = π/2C , appelée distance de
transfert. A la distance z = L0/2 la moitié de la puissance est transférée, on a ainsi un
coupleur directionnel 3dB.

Ce dispositif est souvent utilisé dans les guides où la différence d'indice ∆n = nB − nA , ou


∆β , change en fonction de certaines commandes ce qui peut être le cas des matériaux
biréfringents en optique non linéaire, comme on l’a vu au chapitre II.
Le taux de couplage dans le guide 2 est fonction de ∆β à la distance L0 :

P2(L0)
T12 = 2 2
[ 1 + (∆β L0/π)2)]
P1(0) = (π/2) sinc (π/2

qui vaut 1 quand ∆β = 0 et s'annule pour ∆β L0 = √3π .


On voit que le taux de couplage peut être modulée en fonction de ∆β cette application
est très utilisée dans les capteurs.

*
ici le signe du second membre est le même dans les deux équations cela signifie qu’on a une
interaction avec des champs se propageant dans le même sens, co-propagatif, alors que dans le
miroir de Bragg on était dans le cas contra-propagatif.
236 Chap. VII - Guides et fibres optiques

2 - FIBRES OPTIQUES : GENERALITES


Une fibre optique est un guide d'onde diélectrique de géométrie cylindrique. La lumière,
est confiné à l'intérieur du guide et se propage le long de l'axe de la fibre optique. La
propagation se fait sous forme de modes, seulement un nombre fini de modes se propage
le long de la fibre.
Les principales qualités des fibres optiques sont : une faible absorption, une faible
dispersion, l’insensibilité aux parasites électromagnétiques, pas de rayonnement propre
vers l'extérieur, une taille réduite, un poids faible, l’isolation électrique totale et pas de
déflagration en cas de rupture
manteau de protéction
cœur gaine

structure d’une fibre optique touret de fibre optique

La partie centrale d’une fibre optique est le cœur d'indice n1 , elle est entourée par la
gaine constituée du même matériau mais d'indice légèrement inférieur n2 . La condition
de guidage impose n2 < n1 . La gaine est en général entouré d'un matériau appelé le
manteau protégeant la fibre des polluants externes.
On définit la différence d'indice relative ∆ par :

n12 − n22 n1 − n2
∆ = 2n12 ≈ n1

∆ varie typiquement de 0,1% à quelques %.


Le rayon de cœur est noté a et le rayon de gaine b . Par exemple une fibre optique
dénommée 50/125 possède un diamètre de cœur 2a = 50 µm et un diamètre de gaine
2b = 125 µm .
On distingue entre une fibre monomode et une fibre multimode , dans la première un
seul mode peut se propager il s’agit de la fibre la plus performante pour les
télécommunications.

2.1 - Historique des fibres optiques


1954 - Deux articles dans “Nature” ouvrent la voie à la fibre optique.
1966 - C.K. Kao de STL en Angleterre montre que l'affaiblissement d’une fibre optique
peut descendre à 20 dB/km .
1970 - R. Maurer, D. Keck et P. Schultz de Corning Glass réalisent des fibres optiques
monomodes avec une atténuation de 20 dB.km−1 à λ = 633 nm .
1973 - Apparition des premiers lasers à semiconducteur en GaAlAs dans la I fenêtre de
la fibre optique en silice à λI = 850 nm , durée de vie supérieure à 1000 heures.
1975 - Premières liaisons optiques.
1982 - Affaiblissement de 0,27 dB.km−1 , dans la II fenêtre à λII = 1300 nm et
0,16 dB/km , dans la III fenêtre à λIII = 1550 nm .
1989 - Amplificateurs à fibres optiques dopées EDFA à λ = 1550 nm .
1994 - Fibres optiques à réseau de Bragg inscrit.
1997 - Premières liaisons DWDM , multiplexage en longueur d ’onde dense.
Fibres optiques : généralités 237

types de fibre optique


On rencontre principalement deux structures de fibre optique suivant le type de profil
d’indice . La fibre optique à saut d'indice , SI , où l’indice est constant dans le cœur et la
fibre optique à gradient d'indice , GI , où le cœur possède un indice dépendant de la
position, que l’on trouve dans les fibres optiques multimodes. D'autres profils existent,
surtout dans les fibres monomodes, par exemple les structures avec des profils en V ou
en W qui correspondent à des utilisations particulières.

profil type de fibre optique


d'indice n2 n1
fibre monomode
gaine
saut d'indice coeur coeur
gaine
structure W

fibre multimode

saut d'indice

gradient d'indice

2.2 - Fabrication des fibres optiques en silice


Une fibre optique est réalisée en plusieurs étapes. La plupart des fibres sont en verre très
pur, la silice SiO2, obtenue à partir de l’hydrolyse de SiCl4 par une flamme d’oxygène et
d’hydrogène. Pour réaliser les profils d’indice on dope la fibre avec des éléments comme
le Ge suivant les réactions :

SiCl4 + H2 + O2 → SiO2 + 4.HCl et GeCl4 + H2 + O2 → GeO2 + 4.HCl


préforme
La première étape consiste dans la réalisation de la préforme qui contient toutes les
caractéristiques de la future fibre optique, notamment le profil d’indice. Différentes
méthodes existent pour réaliser la préforme :
- Méthode OVD , Output Vapor Deposition : La préforme est réalisée par réaction
d’hydrolyse par flamme avec une déposition en phase vapeur sur un barreau tournant qui
sera ensuite enlevé.
- Méthode MCVD , Modified Chemical Vapor Deposition : on utilise un tube en verre à
l'intérieur duquel sont déposés les éléments de la préforme et qui réagissent par une
flamme qui se déplace le long du tube
Méthode PCVD , Plasma Chemical Vapor Deposition : la préforme est formé dans un
four qui constitue une cavité micro-onde plasma, c’est la technologie la plus récente.
fibrage
La préforme est ensuite tirée dans des tours de fibrage, où la préforme est chauffée et
ensuite la fibre est contrôlée. Lors du tirage le diamètre de la fibre optique est protégée
par le manteau de protection en plastique et ensuite elle est enroulée sur un touret.
238 Chap. VII - Guides et fibres optiques

2.3 - Atténuation d'une fibre optique


Si l'on injecte une puissance P(0) dans une fibre optique la puissance P(z) après une
distance z sera :

P(z) = exp(−αz).P(0) où α est le coefficient d'absorption

En exprimant la distance L en kilomètres et l'atténuation A en dB.km−1 , on obtient en


transformant l'expression précédente :

−1
A(dB.km−1) = L 10.log10P(0) = 10.log10[exp(α)] = 4,34.α
P(L)
 
fibre optique en silice
Les principales causes d'affaiblissement dans une fibre optique sont :
- L'absorption dans le matériau. Pour la silice, il y a deux bandes d'absorption, dans
l'infrarouge moyen à cause des vibrations moléculaires, et dans l'ultraviolet à cause des
transitions électroniques et moléculaires.
- La diffusion Raylegh , causée par la nature désordonnée des molécules dans le verre
qui est un matériau amorphe. L'intensité est proportionnelle à l'inverse de la puissance
quatrième de la fréquence ν4 , ou 1/λ4 , ce phénomène provoque une augmentation de
l'atténuation aux basses longueurs d'onde.

- L'absorption intrinsèque sous forme de pics, principalement due aux ions OH cette
absorption est difficile à éliminer, il faut éviter le contact de la fibre avec l'eau.

Pour une fibre en silice SiO2 :à λI = 850 nm , A ≈ 1 dB.km−1 , à λII = 1300 nm ,


A ≈ 0,6 dB.km−1 et à λIII = 1550 nm , A ≈ 0,2 dB.km−1 .

atténuation
pics d’absorption OH−
(dB.km−1)
10
absorption
I
infra-rouge
II
1
III

0,1 diffusion
absorption Raylegh
ultra-violet
λI λII λIII
0,01
0,8 1,0 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 longueur d'onde λ(µm)

atténuation d'une fibre optique en silice en fonction de la longueur d'onde


avec les trois fenêtres de transmission λI , λII et λIII

fibre optique en plastique


Dans les fibres optiques en plastique on a une atténuation beaucoup plus grande. Pour
λ = 570 nm A ≈ 80 dB.km−1 et à λ = 650 nm A ≈ 150 dB.km−1 . Leur cœur est en
polymethyl methacrylate, PMMA , avec des rayons typiques allant de 100 µm à 3 mm .
Ces fibres optiques sont faciles à manipuler et travaillent dans le visible.
Fibres optiques : généralités 239

2.4 - Principe simplifié d’une fibre optique, ouverture numérique


Dans une fibre optique à saut d'indice, l'indice du cœur est typiquement n1 = 1,48 et la
gaine possède un indice légèrement inférieur n2 ≈ n1 (1 − ∆) .
Si l'on considère un rayon incident sur le cœur de la fibre avec un angle d'injection θ0 , il
existe un angle d'injection maximal θ0max , au delà duquel les rayons ne sont plus guidés
dans la fibre. On passe de la réflexion totale à la réfraction. La condition d'injection est
θ0 < θ0max . En tenant compte des lois de Descartes cet angle est :

n0.sinθ0max = n1.sinθc = n1.cosφmin = n1 1 − (n2/n1)2

Une caractéristique très importante des fibres optiques est l'ouverture numérique ON
définie par :

ON = sinθ0max = n12 − n22 = n1 2∆

L'ouverture numérique définit pour une fibre optique l'angle maximum d'injection. Par
symétrie elle représente aussi l'angle du diagramme de rayonnement de sortie. En
pratique l’ouverture numérique correspond à l'angle donnant 5% de la puissance émise
par rapport à celle émise dans l'axe de la fibre optique. Cette grandeur indique la
puissance qui peut être couplée dans une fibre optique par une source, pour obtenir un
couplage optimal il faut que la source possède un diagramme de rayonnement avec un
angle compris à l'intérieur de l'ouverture numérique de la fibre.

n0 n2

θ φ n1
n2
θ0

rayons dans une fibre optique rayon réfléchi θ0 < θ0max , rayon réfracté θ0 > θ0max

Dans les fibres à gradient d’indice, l’indice du cœur n1 est variable, dans ce cas on peut
aussi définir une ouverture numérique.

limite du modèle des rayons


Le modèle des rayons décrit plus haut est approximatif et ne rend pas compte d’un certain
nombre de phénomènes :

- Il ne montre pas l'existence des modes de propagation en nombre fini.


- Il n'indique pas l'existence de la propagation dans la gaine.
- Il ne donne pas d'indications sur la polarisation de la lumière dans la fibre.
- Il ne convient pas à la description de la fibre monomode.
- Il ne permet pas de calculer la dispersion d'une fibre optique monomode, donc de
connaître sa bande passante.
- Il ne donne pas d'indications relatives au comportement en fonction de la longueur
d'onde λ du rayonnement lumineux et notamment la longueur d'onde de coupure de la
fibre λc .
240 Chap. VII - Guides et fibres optiques

3 - MODES DANS LES FIBRES OPTIQUES


La fibre optique est un guide d'onde diélectrique, et la propagation du rayonnement
lumineux se fait suivant des modes de propagation .
Pour déterminer la structure des champs électromagnétiques à l'intérieur d'une fibre
optique on utilise les équations de Maxwell, en tenant compte de la structure de la fibre
optique : profil d'indice, rayon de cœur a , diamètre de gaine, longueur d'onde de travail
λ et ouverture numérique ON . Les équations ne peuvent pas être résolues exactement,
mais des approximations décrivent assez bien le comportement.

Différents types de modes existent : les modes guidés dans le cœur, un continuum de
modes radiatifs non guidés et les modes évanescents se propageant en dehors du
cœur.
Pour un mode guidée il y a une relation reliant la constante de propagation β aux
indices de réfraction du cœur n1 et de la gaine n2 et à la longueur d'onde λ .


n2k0 < β < n1k0 avec k0 =
λ0

cette condition de guidage est équivalente à celle sur l'ouverture numérique. La condition
de coupure des modes :


βc = n2k0 = n2 les modes sont confinés si λ < λc
λc

3.1 - Equations de propagation des modes dans une fibre optique


Dans une fibre optique les modes électromagnétiques se propagent dans une structure
cylindrique, les coordonnées naturelles sont les coordonnées cylindriques (r,φ,z) .
La solution recherchée sera harmonique et le sens de propagation l'axe Oz :

E = E0(r,φ).expj(ωt − β z) et H = H0(r,φ).expj(ωt − β z)

Les équations de propagation dans le milieu matériel diélectrique s'écrivent :

∂2E ∂2H
∆E = εµ0 et ∆H = εµ0
∂t2 ∂t2

En exprimant ces équations on obtient l’équation de propagation pour la composante du


champ électrique Ez en utilisant l'opérateur Laplacien en coordonnées cylindriques.:

∂2Ez 1 ∂Ez 1 ∂2Ez 2


+ +
∂r2 r ∂r r2 ∂φ2 + q .Ez = 0

avec q2 = ω2µ0ε − β2

La forme de l’équation est la même aussi pour Hz


Les autres composantes du champ électromagnétique Er , Eφ , Hr et Hφ sont obtenues
ensuite, ce qui donne :
Modes dans les fibres optiques 241

−j  ∂Ez 1 ∂Hz −j  ∂Hz 1 ∂Ez


Er = β
q2  ∂r
+ µ0ω
r ∂φ 
et Hr = β
q2  ∂r
− εω
r ∂φ 

−j ∂Hz 1 ∂Hz  −j ∂Hz 1 ∂Ez


Eφ = 2 −µ0ε +β r  et Hφ = q2ωε −β r 
q  ∂r ∂φ   ∂r ∂φ 

En imposant les conditions aux limites on obtient les modes de propagation dans la fibre
optique qui sont :

- modes transverses électriques, TE , pour Ez = 0


- modes transverses magnétiques, TM , pour Hz = 0
- modes hybrides, HE, pour Ez ≈ 0 et Hz ≈ 0

Les modes HE sont spécifiques aux fibres optiques alors qu'ils n'existent pas dans les
guide d'ondes métalliques.

modes dans une fibre à saut d'indice


On considère une fibre optique à saut d'indice possédant un cœur de rayon a homogène
d'indice n1 et une gaine d'indice n2 .

Par séparation de variables la composante Ez s’exprime par sous la forme :

Ez = A.F1(r).F2(φ).F3(z).F4(t) avec F3(z).F4(t) = expj(ωt − β z)

Les solutions seront obtenues en cherchant les conditions aux limites sur φ et sur r . On
cherche une solution pouvant se propager le long de la fibre optique.
On écrit les condition aux limites sur l'angle azimutal φ . A cause de la géométrie
cylindrique pour φ variant de 0 à 2π , il faut retomber sur la même valeur, donc :

F2(φ ) = ejlφ avec l entier

L'équation radiale devient :

∂2F1 1 ∂F1 1 l2
2 + (q − 2) F1 = 0
2
2 + +
∂r r ∂r r r

Les solutions de cette équation sont des Fonctions de Bessel . Deux types de solutions
doivent être envisagés :

dans le cœur r < a il y a propagation si q2 = n12.k02 − β2 = kT2 > 0, la solution est :

F1(r) = Jl(kT.r) fonction de Bessel de première espèce et d'ordre l

dans la gaine r > a l'onde est évanescente si q2 = n22.k02 − β2 = − γ2 < 0 la solution est :

F1(r) = Kl(γ.r) fonction de Bessel de seconde espèce et d'ordre l

Les fonctions de Bessel ne possède pas une forme analytique et sont définies par des
approximations suivant la valeur de l’argument.
Les solutions dans la gaine , pour r > a , sont des fonctions évanescentes et peuvent être
approchées par des fonctions exponentielles décroissantes :
242 Chap. VII - Guides et fibres optiques

quand r → ∞ Kl(γ.r) → exp(−γ.r)

Pour chaque valeur de nombre azimutal l , on obtient m modes de propagation βlm .


Pour chaque couple (l,m) , l indique la distribution azimutale et m la distribution
méridionale. Pour chaque mode il existe deux états de polarisation.
On introduit la fréquence normalisée V pour caractériser la propagation :

2πa 2πa
V = n12 − n22 = ON
λ λ

U2 + W2 = V2 avec U 2 = kT2a2 et W 2 = γ2a2

équation caractéristique pour des fibres à faible guidage

modes LPlm

30 U.J1(U)
J0(U)
LP01
LP02
20
LP0m

10
W.K1(W)
K0(W) U2 + W2 = V2

0
V
2,405 5 10 15 20
fréquence normalisée U
monomode multimode

résolution graphique de l'équation caractéristique pour une fibre optique à saut


d'indice avec a = 25 µm , n1 = 1,48 , ∆ = 1% , λ = 1,55 µm donnant V = 21

La plupart des fibres monomodes sont à guidage faible, avec n1 ≈ n2 et ∆ << 1 . Ce qui
permet en imposant la continuité de champs et de leur dérivée à l'interface cœur-gaine ,
en r = a , d’obtenir l'équation caractéristique :

u.Jl'(U) W.Kl'(W)
=
Jl(U) Kl(W)

en tenant compte des relations entre fonctions de Bessel :

Jl(U) Kl(W)
Jl'(U) = ± Jl±1(U) ± l U et Kl'(W) = ±K l±1(W) ± l W
Modes dans les fibres optiques 243

donne une autre forme de l'équation caractéristique :

U J l±1(U) W K l±1(W)
Jl(U) = ± K (W)
l

Comme dans le cas du guide d'onde diélectrique rectangulaire, vu précédemment, les


équations caractéristiques donnent lieu à une résolution numérique ou graphique. Pour
chaque nombre l on obtient m solutions. On a des solutions quand la condition U ≤ V
est vérifiée. Les modes sont nommés LPlm , Linearly Polarised . Par exemple :

- LP01 est le mode fondamental de type HE11 c'est celui de la fibre monomode
- LP1m sont les modes TE0m , TM0m et HE2m
- LPlm pour l ≤ 2 , ce sont les modes HEl±1,m

LP01 LP11 LP21 LP02 LP12

distribution en intensité des premiers modes LP dans un plan


perpendiculaire à l’axe d’une fibre optique à saut d'indice

nombre de modes se propageant dans une fibre optique à saut d’indice


Dans une fibre optique un rayon incident peut se propager si l'angle incident est compris
dans un cône défini par l'ouverture numérique ON = sinθ0max = (n12 − n22)1/2 .
L'angle solide délimité par le cône d'ouverture numérique ON est :

∆Ω = 2π.sinθ.∆θ ≈ π.∆θ 2 ≈ π.ON 2

Dans la pratique pour des petits angles on peut effectuer l’approximation sinθ ≈θ .

Le nombre de modes par unité d'angle solide pour un rayonnement dg longueur d'onde λ
se propageant à travers une section de surface S est 2S/λ2 . Le paramètre utilisé pour
caractériser les modes est la fréquence normalisée V : On peut alors compter le nombre
de modes M dans une fibre multimode :

2S 2π2a2 V2
M ≈ ∆Ω = ON 2 = 2
λ 2
λ 2

4 2 V2
Une autre expression utilisée est : M = 2 V ≈ 2
π
244 Chap. VII - Guides et fibres optiques

puissance se propageant le long de la fibre optique


Lors de la propagation le long d’une fibre optique une partie de l’énergie se propage dans
la gaine. Pour calculer la puissance transportée il faut intégrer le flux du vecteur de
Poynting transporté par les modes électromagnétiques et en déduire la fraction de
puissance transportée dans la gaine. Pour une fibre optique multimode cette puissance
peut être estimée en fonction du nombre de modes M :

Pgaine 4 1
%Pgaine = ≈
Ptot 3 M

En connaissant les paramètres caractéristiques de la fibre optique , le rayon de cœur a ,


les indices du cœur et de la gaine n1 et n2 ou le paramètre ∆ et la longueur d’onde λ ,
on peut calculer V et donc le nombre de modes M qui donne la fraction de puissance
dans la gaine. Par exemple :

a = 25 µm , n1 = 1,48 , ∆ = 1% , λ = 840 nm , donne : V = 39 , M = 762 et %Pgaine = 4,8


pour ∆ = 0,3 % on obtient un guidage plus faible : V = 21 , M = 229 et %Pgaine = 8,8%

Les modes non guidées dans le cœur, pour λ > λc , longueur d’onde de coupure ,
peuvent transporter beaucoup d'énergie sur des courtes longueurs de fibre optique. Ces
modes se propageant dans la gaine disparaissent après quelques centimètres, quelques
modes peuvent persister sur des longueurs de quelques kilomètres. Lorsque ces modes
de gaine disparaissent, on est à l'équilibre modal . Dans les fibres multimodes, pour
effectuer des mesures précises des caractéristiques, on doit être à l'équilibre modal
obtenu en général pour une longueur de fibre L > Léq ≈ 1 Km ,. Pour des longueurs plus
courtes on peut utiliser des mélangeurs de modes en appliquant des courbures à la fibre
optique afin d’obtenir l‘équilibre.

3.2 - Fibre monomode à saut d’indice

gaine profil
d’indice
coeur n2
9 µm
50 µm n1
n2

mode optique

structure d'une fibre optique monomode à saut d'indice

Une fibre optique est en fonctionnement monomode pour V < Vc1 = 2,405 avec un seul
mode LP01 ou HE11 . Le faisceau issu du mode LP01 peut être considéré gaussien de
waist w0 . Le champ électromagnétique du mode s’ exprimé par :

E(r) = E0 exp(−r2/w02)

où w0 est la largeur du mode , une expression en fonction de la fréquence normalisée


V est :
w0 = a.(0,65 + 1,619.V−3/2 + 2,879.V−6)
Modes dans les fibres optiques 245

cette expression est précise à plus de 1% pour 1,2 < V <4

w0 1 λ
une autre formule plus simple peut être utilisée : ≈ ≈ 1,1
a logV λc

Le rayon de mode w0 pour une même fibre optique monomode augmente avec la
longueur d’onde. Pour une longueur d’onde de coupure λc = 1250 nm et un diamètre
2a = 8 µm on obtient 2w0 = 9 µm à λ = 1310 nm et 2w0 = 11 µm à λ = 1550 nm .

La faisceau divergent possède un demi-angle θG, à 1/e2 , est relié à l’ouverture


numérique ON de la fibre monomode, définie ici à 10% du maximum :

θG ≈ 0,75.ON

ON = 0,12 , qui est une valeur pour une fibre optique monomode standard, correspond à
θG = 5°. D’après les propriétés des faisceaux gaussie ns pour coupler un faisceau issu
d'une diode laser dans une fibre optique monomode on peut utiliser une lentille
convergente avec une distance focale f telle que :

f.θG = w0

Voici quelques valeurs typiques pour une fibre optique monomode :


- pour a = 4 µm, ∆ = 0.5% ou ON = 0,12 on obtient V = 2.405 et la condition sur la
longueur d'onde esr λ > λc = 1,2 µm.
pour λ = 1.3 µm , ∆ = 0.5% on obtient V = 2.405 et la condition sur le rayon de cœur
a < alim = 4 µm .

La proportion de la puissance propagée dans la gaine Pgaine dépend du facteur V : pour


V = 1 , %Pgaine = 70 % et pour Vc1 = 2,405 , %Pgaine = 16 % , donc près de la fréquence
de coupure on obtient le meilleur confinement, ceci explique pourquoi en pratique on
réalise des fibres monomodes avec une fréquence proche de Vc1 .
Les dimensions typiques sont pour le diamètre de coeur 2a = 9 µm et pour la gaine
dgaine = 50 µm .
Ce sont les fibres optiques monomodes qui présentent les plus grandes performances :
une atténuation de 0,15 dB/km à λIII = 1,55 µm , et aussi une dispersion plus faible.

3.3 - Fibre multimode à gradient d'indice

gaine profil
d’indice
coeur
n2 α=2
125 µm
α=1
r
50 µm n10

n2 α=∞

structure d'une fibre optique à gradient d'indice avec différents profils


en fonction du paramètre de profil d’indice α
246 Chap. VII - Guides et fibres optiques

L'indice du cœur d'une fibre optique à gradient d'indice est variable à l'intérieur du cœur,
cette caractéristique, appelée profil d'indice n(r) peut s’exprimer par :

n(r) = n10 1 − 2(r/a)α∆ pour r ≤ a et n(r) = n2 pour r > a

où r est la position par rapport à l’axe de la fibre optique, n10 est l’indice au centre du
cœur et α est appelé le paramètre de profil d’indice .

-α=2 correspond à un profil parabolique qui est le cas le plus fréquent.


-α=1 correspond au profil triangulaire.
-α→∞ correspond au profil saut d’indice.

L'équation de propagation obtenue précédemment pour une fibre à saut d’indice peut être
utilisée à condition de remplacer l'indice constant dans le cœur par l'indice variable n(r) .
On obtient donc pour la partie radiale l’équation :

∂2F1 1 ∂F1 1 l2
+ + + (k 2 2
n (r) − β 2
− r2) F1 = 0
∂r2 r ∂r 2
r

a a
l2
r2
r2
k2n2(r) − β2 r2
propagation
l=7
l=7 propagation
l=3
l=3 r1 r1

zones de propagation dans la cœur d'une fibre optique à gradient d'indice


les modes se propagent uniquement entre deux rayons r1 et r2

La condition de coupure indiquent la possibilité de propagation dans le cœur, s’écrit pour


une fibre optique à gradient d'indice :

l2
k2n2(r) − β 2 − r2 ≥ 0

Le nombre de modes dans une fibre optique à gradient d'indice caractérisée par un
paramètre de profil d'indice α est obtenu par la formule approchée suivante :

α V2
M =
α+2 2

Pour une même fréquence V le nombre de modes est plus faible dans une fibre à
gradient d’indice que dans une fibre à saut d’indice.
Dispersion dans les fibres optiques 247

4 - DISPERSION DANS LES FIBRES OPTIQUES


Tout signal injecté dans une fibre optique de longueur L subit une déformation, c’est le
phénomène de dispersion . En pratique la dispersion se traduit par un étalement
temporel caractérisé par un temps de montée τ , qui sera d’autant plus important que la
longueur est grande. La dispersion constitue la principale limitation, avant l’atténuation,
dans les systèmes de télécommunications sur fibre optique à haut débit. Le temps de
montée causé par la dispersion doit rester inférieur à la période Tb des signaux imposée
par le débit de transmission R = 1/Tb .
Les fibres décrites précédemment présentent des comportements dispersifs très
différents.
Une fibre optique multimode possède une dispersion intermodale , qui a comme origine
les différentes vitesses de propagation des modes. Celle-ci est nettement plus faible dans
une fibre optique à gradient d’indice que dans une fibre optique à saut d’indice
pratiquement abandonnée en télécommunications.
Pour les liaisons à moyenne et longue distance, on utilise presque exclusivement le fibre
monomde qui ne présente pas de dispersion intermodale. Pour ces fibres optiques
subsiste néanmoins une dispersion intramodale, chromatique ou de guide, qui est
beaucoup plus faible que la dispersion intermodale.

effet de l’atténuation

t t t

fibre optique atténuatrice


impulsion
d’entrée effet de la dispersion impulsion
de sortie

t t t

fibre optique dispersive

comparaison de l'effet de l'atténuation et de la dispersion lors de la


propagation d'une impulsion dans une fibre optique

4.1 - Dispersion intermodale

dispersion intermodale pour une fibre à saut d'indice SI


Dans une fibre optique SI de longueur L on peut calculer la différence de temps de
parcours entre un signal se propageant avec une trajectoire longue caractérisée par
l’angle θ0max , correspondant à l’ouverture numérique de la fibre optique, et un signal qui
se propageant le long de l'axe pour θ = 0 . Pour une distance L de fibre on obtient :

n1 n1
δt = tmax − tmin avec tmax = L et tmin = L c
c.cos(θmax)

où θmax = π/2 − φc avec φc l'angle critique à l'interface cœur-gaine sin(φc) = n2/n1


248 Chap. VII - Guides et fibres optiques

n2 L
n0 cosθ
θ φ
θ0 n1
L
n2

chemin des rayons le plus rapide et le plus lent indiquant l’effet de la dispersion

La dispersion intermodale dSI est obtenue en divisant δt par la longueur de la fibre


optique L :

1 n12 ∆
dSI = c − n1 ≈ n1
 n2  c

calcul de la dispersion par la constante de propagation βlm


La constante de propagation d’un mode (l,m) s’exprime par :

(l + 2m )2  (l + 2m )2 
βlm ≈ n1k0 1−2 ∆ ≈ n1k0 1 − ∆
M  M 

le maximum du terme (l + 2m)2 est égal au nombre de modes M , donc la condition de


guidage s'exprime par :

n1k0(1 – ∆) ≈ n2k0 < β < n1k0

la vitesse de propagation correspondant à βlm est :

(l + 2m )2 
vlm ≈ n 1 −
c

1  M 

La dispersion peut être obtenue à partir de la vitesse de groupe des modes :

1 1
dSI = v − v
gmin gmax

avec (l + 2m)min = 2 et (l + 2m)max = M ceci donne pour M >> 1 la condition sur la


vitesse de groupe :
c c
n1 (1 − ∆ ) < vg < n1

qui est équivalent au résultat trouvé précédemment.


Les modes d'ordre le plus faible sont ceux qui voyagent le plus vite le long de l'axe de la
fibre avec vgroupe ≈ vphase . Les modes d'ordre le plus élevé correspondent à des angles θ
plus importants et ont une vitesse de groupe plus faible.
Par exemple pour ∆ = 1% , n1 = 1,46 la dispersion est dSI = 24 ns.km−1 nettement
inadaptée pour les applications modernes.
Dispersion dans les fibres optiques 249

dispersion intermodale pour une fibre à gradient d'indice GI


Les fibres GI ont été réalisées afin de diminuer la dispersion intermodale. La constante
de propagation pour cette fibre optique s’écrit :

q α/α+2 α − 2 q α/α+2 
βq ≈ n1k0 1 - 2  ∆ ≈ n1k0 1 − ∆
M  α + 2M 

q correspond au nombre de modes pour β > βq .

Une approximation pour la vitesse de groupe d'un mode q dans une fibre GI est :

c  α − 2 q α/α+2 
vgq ≈ 1− ∆
n1  α + 2M 

Le paramètre de profil d'indice α doit être ajusté afin de minimiser la dispersion, ce qui
correspond à une vitesse de groupe qui ne varie pas en changeant de mode, ceci est
obtenu pour α = 2 qui correspond donc au profil parabolique. L'expression de la vitesse
de groupe donnée précédemment est une approximation par un développement au
premier ordre, et aboutit pour un profil parabolique à une dispersion nulle, ce qui ne
correspond pas à la réalité. En développant au deuxième ordre on trouve pour α = 2 :

q ∆2 ∆2
vgq ≈ n 1 − M 2 
c c  c
et donc 1 − < v g <
1   n1  2 n1

et la dispersion théorique :

n1 ∆2
dGI = c 8

Pour ∆ = 1,5% et n1 = 1,48 la dispersion théorique est dGI = 0,14 ns.Km−1 , mais en
pratique à cause de l'imperfection des interfaces on a plutôt dGI = 0,6 ns.Km−1 , ce qui
correspond à une formule plus réaliste dGI ≈ [n1/(2.c)].∆2 .
Il est à noter que cette valeur est deux ordres de grandeur inférieure au cas de la fibre
optique à saut d'indice dGI ≈ dSI/200 .

Dans les fibres multimodes on utilise souvent la notion de bande passante de la fibre
optique ∆f . Cette bande passante dépend de la dispersion mais aussi de la longueur de
la fibre L qui peut être comparée à la longueur d'équilibre modal Léq. On définit :
∆f0
∆f(L) =

où γ est un coefficient dépendant de longueur L exprimée en Km, les valeurs


correspondantes sont : γ ≈ 0,5 à l'équilibre modal L >> Léq et γ ≈ 1 si l'équilibre modal
n’est pas atteint L < Léq .
Le terme ∆f0 qui ne dépend pas de la longueur L et est relié à la dispersion, pour des
élargissements gaussiens, à − 3 dB électriques, est :

1
∆f0 ≈ en MHz.km−1
2π.dmod
250 Chap. VII - Guides et fibres optiques

4.2 - Dispersion intramodale chromatique


A cause de la dispersion chromatique la vitesse de groupe vg à l'intérieur d'un mode de
propagation varie en fonction de la longueur d’onde λ . Le retard de groupe du signal
après une longueur L sera alors :

L dβ
tg(λ) = = L
vg(λ) dω

où β est la constante de propagation du mode.


Pour un signal optique possédant un spectre de largeur ∆λ la dispersion du temps de
retard de groupe τg sera :
dtg
τg = ∆λ

La dispersion intramodale, ou chromatique, Dλ est alors définie par :

1 dtg
τg = Dλ.L.∆λ avec Dλ = L en ps.km−1.nm−1

la dispersion D dépend du matériau utilisé, dispersion du matériau, et du mode guidé,


dispersion de guidage.

dispersion du matériau
La dépendance avec la longueur d'onde λ de l'indice de réfraction du matériau est
appelée la dispersion du matériau . D'une façon plus générale on peut définir un indice
de réfraction incluant aussi les effets de propagation et de guidage du mode
électromagnétique, il s'agit alors de l'indice de groupe qui est associé à la dispersion
intramodale .
Les matériaux diélectriques dont est constituée la fibre optique, par exemple la silice
SiO2 , sont dispersifs, donc l'indice de réfraction n(λ) varie avec la longueur d'onde λ .
Le spectre fini d’un signal optique induit, du fait de la dépendance de l'indice avec λ , une
dispersion des temps de propagation. La constante de propagation s’exprime par :

2πn(λ) 2π
β ≈ k = = n(λ).k0 k0 =
λ λ

Le temps de groupe tg sera obtenu à partir de la constante de propagation β :

tg 1 ng dβ 1 dβ
= = = =
L vg c dω c dk0

la pulsation est ω = ck et ng est l'indice de groupe, donc :

λ2 dβ
tg = c  −  = c n − λ  = c ng
L L dn L
 2π dλ  dλ

La dispersion de matériau Dmat est alors définie par :

1 dtg 1 d2n
Dmat = L = −cλ 2
dλ dλ
Dispersion dans les fibres optiques 251

indice du matériau
n
n(λ)
1,48

indice de groupe dn
ng(λ) ng = n − λ

1,45

dispersion du 1 dng
Dmat = − c
matériau DM(λ) dλ
0
λ d2n
=−
c dλ2

1100 1300 1500 longueur d’onde λ (nm)

indice de réfraction du matériau n , indice de groupe ng et dispersion du


matériau DM et leurs relations dans un fibre optique en silice

dispersion de mode du guide


La variation de la constante de propagation en fonction de la longueur d'onde λ , d'un
mode de propagation peut être exprimée à partir la constante de propagation normalisée
b définie par :

w2 (β/k0)2 − n22 (β/k0) − n2


b = V2 = ≈ avec β = n2k0 (1 + b.∆)
n12 − n22 n1 - n2

L dβ
tg = c dk = c n2 + n2∆ dk 
L d(k0b)
le temps de groupe devient alors :
0  0 

En utilisant la fréquence normalisée : V = k0.a n12 − n22 ≈ k0a.n2 2∆

tg = c n2 + n2∆ dV 
d(k0b) d(V.b) L d(V.b)
donc : dk0 = et
dV  
dV 1
en utilisant = − V on écrit dispersion de guide Dguide
dλ λ

1 dtg n2 d2(V.b)
Dguide = L = − V dV2 ∆
dλ c.λ

La dispersion totale Dλ sera la somme des deux contributions du matériau et du guide :

Dλ = Dmat + Dguide

Dans la silice dans la région du proche infrarouge pour les longueurs d’onde croissantes
la dispersion est d'abord négative, c'est la dispersion normale , passe par un zéro à
λ ≈1310 nm , appelé zéro de dispersion , et puis devient positive, qui correspond à la
dispersion anormale .
252 Chap. VII - Guides et fibres optiques

+50

dispersion Dmat
D(ps.km−1.nm−1) Dstandard
Ddécalée
0

Dguide
−50

1100 1200 1300 1400 1500 1600


longueur d’onde λ(nm)

dispersion chromatique totale Dtot comprenant la


dispersion de matériau Dmat et la dispersion du guide Dguide

Le zéro de dispersion est important puisque pour cette longueur d'onde les signaux ne
subiront en théorie pas de distorsion, et correspond, en jouant sur Dguide , aussi à un
minimum d'absorption de la fibre optique dans la II fenêtre à λII = 1310 nm .

Pour une fibre monomode standard dans les trois fenêtres d'utilisation nous avons : à
λI = 870 nm D = − 80 ps.km−1.nm−1 , à λII = 1310 nm D ≈ ± 4 ps.km−1.nm−1 et à
λIII = 1550 nm D = + 17 ps.km−1.nm−1 .

Avec un profil d’indice en triangle ou en W on peut jouer sur la dispersion de guidage


Dguide de façon à obtenir des fibres optiques à dispersion décalée où le zéro de
dispersion est décalé à λIII = 1550 nm qui correspond à la fenêtre de plus faible
atténuation, AIII = 0,2 dB.km−1 . On peut aussi obtenir des fibres optiques à dispersion
plate avec une faible dispersion aux deux longueurs d'onde λII = 1310 nm et
λIII = 1550 nm .

4.3 - Dispersion de polarisation


Un autre phénomène qui affecte la dispersion est le changement d'état de polarisation du
mode électromagnétique lors de la propagation c'est la dispersion de polarisation PMD,
Polarisation Mode Dispersion . Cet effet a été mis en évidence sur les liaisons très longue
distance.
L’état de polarisation de la lumière injectée par un laser dans une fibre optique
monomode est modifié par la biréfringence induite. D'après les discussions du chapitre II
la biréfringence de la fibre s'exprime par :


∆β = βx − βy = |∆n| avec |∆n| = |(nx − ny)|
λ

Les axes Ox et Oy sont les axes lent et rapide dans la fibre optique qui lèvent la
dégénérescence du mode HE11 en deux modes HEx11 et HEy11 .
Les effets des contraintes externes qui dépendent fortement de la courbure de la fibre et
sont amplifiés pour une fibre enroulée induisent de la biréfringence et peuvent changer
l'état de polarisation.
Dispersion dans les fibres optiques 253

HEy11 entrée Oy
polarisation axe
rectiligne rapide sortie
polarisation
elliptique
état de
polarisation Ox
HEx11 rapide axe lent L(km)
état de
polarisation
lent

dispersion des modes de polarisation effet d'une fibre optique


le long d’une fibre optique monomode sur la polarisation

Dans les liaisons longue distance la biréfringence a comme effet d’induire une dispersion
de mode de polarisation, PMD Polarisation Mode Dispersion , entre les composantes
principales de polarisation. Cet effet se traduit par un élargissement τpol qui varie comme
la racine de la longueur de fibre. La dispersion de polarisation dpol sera exprimée dans
l’unité ps.km−1/2 , par :
τpol(L) = |tgx(L) − tgy(L)| = dpol. L

l’ordre de grandeur de dpol est typiquement 0,2 ps.km−1/2 , son effet est plus faible que
celui de la dispersion chromatique.

4.4 - Recommandations pour fibres optiques monomodes G.652, G.653 et G.655


Les recommandations de l'UIT , Union Internationale des Télécommunications ou ITU ,
G.652, pour la fibre optique monomode standard, G.653 , pour la fibre optique
monomode à dispersion décalée et G655 pour la fibre optique monomode à pente de
dispersion réduite, sont des normes internationales pour les fibres monomodes : les
spécifications communes à G652 et G653 donnent un diamètre extérieur de 125 µm
et une dispersion D < 3,5 ps.nm−1.km−1 dans l'intervalle |λ − λ0disp| < 25 nm . La fibre
optique G655 est destinée aux systèmes multipléxées en longueur d’onde DWDM avec
des modulations très rapides pouvant atteindre 40 Gb.s−1, le zéro de dispersion est en
dehors de la bande DWDM au delà de 1600 nm afin de minimiser les effets non-linéaires,
et la pente, β 3, de la courbe de dispersion est réduite afin d’uniformiser les conditions de
dispersion pour tous les canaux.

Type de fibre optique monomode G652 G653 G655


Année de service 1983 1985 1994
Longueur d’onde (nm) 1310 1550 1550
Affaiblissement 1285 – 1330 nm (dB/km) < 0,4 < 0,5 < 0,5
Affaiblissement 1550 nm (dB/km) < 0,25 < 0,25 < 0,25
−1 −1
Dispersion chromatique 1285–1330 nm (ps.km .nm ) < 3,5 < 23 < 23
−1 −1
Dispersion chromatique 1550 nm (ps.km .nm ) < 19 < 3,5 < 3,5
−1/2
Dispersion du mode de polarisation (ps.km ) < 0,5 < 0,5 < 0,5
Diamètre de cœur φ (µm) 9 < φ < 10 7 < φ < 8,3
Longueur d’onde de coupure (nm) 1150/1280 1050/1350 1450
254 Chap. VII - Guides et fibres optiques

4.5 - Fonction de transfert et bande passante d’une fibre optique

fonction de transfert avec atténuation et dispersion


On considère une impulsion ou paquet d’ondes, se propageant le long d'une fibre optique
possédant un coefficient d'atténuation α(ω) , un indice de réfraction n(ω) et une
constante de propagation β(ω) = (n.ω)/c . L’impulsion sera exprimée sous la forme :

E(z,t) = a(z,t).exp[j(ω0t − β0z)]

Où a(z,t) est l’enveloppe de l’impulsion, ω0 est la pulsation centrale et β0 = β(ω0) la


constante de propagation. Pour la composante de Fourier de l’impulsion à la pulsation Ω ,
on écrit en z = 0 :

E(0,t) = A(0,Ω).exp(jωt).exp(−jβ0z)

Ce qui correspond à une onde monochromatique de pulsation ω = ω0 + Ω . En tenant


compte de l'atténuation au point z le champ sera :

E(z,t) = E(0,t).exp{−[(α(ω0 + Ω).z]/2 − jβ(ω0 + Ω).z}

La transformée de Fourier de l'enveloppe au point z sera alors :

A(z,Ω) = A(0,Ω).H(z, Ω) avec H(z, Ω) = exp{−[(α(ω0 + Ω).z]/2 − j[β(ω0 + Ω) − β(ω0)]z}

où H(z,Ω) est la fonction de transfert de l’amplitude.

Si a(z,t) est une fonction lentement variable par rapport à la porteuse de pulsation ω0, ce
qui est équivalent à dire que A(z,Ω) possède un spectre étroit, ∆ω << ω0 , alors on peut
supposer que l'atténuation α(ω) reste constante, α(ω) = α , dans la bande ∆ω centrée
autour de ω0 .

La constante de propagation varie peu avec la pulsation ω , on peut faire un


développement en série :

1 1 dβ d2β d3β
β(ω0 + Ω) = β(ω0) + Ω.β1 + 2 Ω 2β2 + 6 Ω 3β3 +… où β1 = , β2 = 2 et β 3 =
dω dω dω3

si on se limite au deuxième ordre la fonction de transfert peut s'exprimer par :

H(z, Ω) ≈ H0(z).exp(−jΩ.tg).exp(−jβ2zΩ2/2) avec H0(z) = exp(−αz/2) et tg(z) = z/vg

Où vg est la vitesse de groupe et β 2 le coefficient de dispersion relié à la dispersion


chromatique Dλ . En tenant compte que ω = 2πc/λ les coefficients sont :

−λ2
β1 = vg−1 et β2 = D
2πc λ

Le coefficient β3 est la pente de la dispersion .

La fonction de transfert H(f,z) est responsable de l’élargissement de l’impulsion.


Dispersion dans les fibres optiques 255

aucune dispersion dispersion


dispersion normale anormale
Dλ = 0 , β2 = 0 Dλ < 0 , β2 > 0 Dλ > 0 , β2 < 0

ω petit ω grand ω grand ω petit


avant arrière

t→ t→ t→

déformation d’une impulsion par la dispersion dans une fibre optique

La dispersion Dλ peut être négative, dispersion normale ou positive, dispersion


anormale. Pour une dispersion normale les longueurs d’onde plus grandes sont plus
rapides et arrivent donc en premier, elles se situent à l’avant de l’impulsion, qui
correspond aux temps faibles. Pour la dispersion anormale on aura l'inverse. Si on utilise
des tronçons de fibres avec des dispersions de signes opposés on peut annuler l’effet
global de la dispersion cette technique est appelée compensation de la dispersion . Si
l'on considère deux fibres de longueur La et Lb de coefficients de dispersion de signe
opposé β2a et β2b respectivement alors si la condition suivante est vérifiée :

β2a.La = β2b.Lb

en effet la fonction de transfert H(La + Lb,Ω) ne présentera plus de dispersion, puisque


les arguments correspondants dans les fonctions de transfert s'annulent.
Cette technique est utilisée dans les liaisons optiques à λIII = 1550 nm , où la dispersion
de la fibre optique standard est positive Dλ ≈ +17 ps.km−1.nm−1 qui est une dispersion
anormale. Pour compenser un tronçon de fibre optique de longueur importante, par
exemple sur 100 km on utilisera une fibre spécialement réalisée à dispersion modifiée de
quelques km de longueur seulement et de dispersion très forte et négative.

réponse d’une fibre optique à une impulsion gaussienne


La réponse impulsionelle qui est la transformée de Fourier de la fonction de transfert sera
aussi de forme gaussienne avec :

(t − tg)2
expj
1
h(z,t) ≈ H0(z) 
j|2πβ 2|z  2β2z 

L'amplitude de l’impulsion qui se propage le long d’une fibre optique est modifiée et
s’exprime par le produit de convolution :

a(z,t) = a(z,0)*h(z,t)

L’impulsion se propageant le long de la fibre optique est supposée de forme gaussienne,


cette hypothèse est assez réaliste aussi bien pour une fibre optique monomode que pour
une fibre optique multimode.
Une impulsion en z = 0 d’enveloppe gaussienne proportionnelle au module carré du
champ :
256 Chap. VII - Guides et fibres optiques

−t2 
P(0,t) = Pc0 exp  ∝ |a(0,t)|2
2σt02

où Pc0 est la puissance crête de l’impulsion et σt0 est la largeur, ou écart-type, de


l’impulsion gaussienne d’entrée, correspondant à une chute de exp(−1/2) par rapport au
maximum au centre. Après une longueur z de fibre optique l’impulsion restera
gaussienne, puisque l’amplitude de l’onde, proportionnelle à la racine carré de la
puissance, est convoluée par la fonction de transfert h(z,t) qui est aussi gaussienne*,
donc en z on aura :
σt0 (t − tg)2
P(z,t) = Pc0 .exp− .exp(−α.z)
σt(z)  2σt(z)2 

si le phénomène d’élargissement est du à la dispersion chromatique à travers le


coefficient β2 on a :

2σt02
σt(z)2 = σt02.[1 + (z/zD)2] et zD =
|β2|

où zD est la longueur de dispersion , cette longueur correspond à une largeur qui


augmente d’un facteur √2 par rapport à σt0 , et donne un ordre de grandeur de la
distance maximale de transmission limitée par la dispersion. On considère plutôt la
largeur à mi-hauteur de l’impulsion en puissance :

τ1/2 = 2 2Log2 σt = 2,355.σt

La longueur de dispersion sera fonction de largeur à mi-hauteur de l’impulsion initiale τ0 :

πc τ02
zD = 2Log2 2
λ |Dλ|

Pour un débit R d'impulsions transmises, la largeur de l'impulsion sera au maximum la


moitié de la largeur de la période bit Tb = 1/R donc τ0 ≈ 1/2R .
Pour une transmission à λIII = 1550 nm sur une fibre optique standard de dispersion
Dλ = +17 ps.km−1.nm−1 avec un débit R = 10 Gb.s−1 avec des impulsions de largeur
τ0 ≈ 50 ps on trouve zD ≈ 42 km , par contre pour un débit de R = 2,5 Gb.s−1 la distance
sera beaucoup plus grande zD ≈ 665 km .

De même que l’impulsion est élargie dans le temps elle le sera aussi en fréquence
puisque la phase instantanée de l’impulsion est une fonction quadratique du temps. La
fréquence, qui est la dérivée de la phase est alors une fonction linéaire du temps. Il s’agit
ici aussi d’un phénomène de chirp qui viendra s'ajouter à celui de la source laser. Ce
phénomène est visible sur les figures précédentes. L’élargissement en fréquence est
aussi fonction de la longueur z et de la largeur de l’impulsion initiale.
Si d’autres causes provoquent un élargissement et si l’on considère toutes les
contributions de type gaussien, l’élargissement total sera obtenu en faisant la somme des
carrés des élargissements individuels τi2 . Par exemple on pourra faire la somme des
différentes contributions à la dispersion intermodale, intramodale, et de polarisation :

τtot2 = τinter2 + τintra2 + τpol2

*
Les fonctions gaussiennes ont les propriétés suivantes : élevées à n’importe quelle puissance
elles restent gaussiennes, le produit entre gaussiennes reste gaussien de même pour le produit de
convolution.
Dispersion dans les fibres optiques 257

bande passante associée à une fibre optique


La densité spectrale de puissance DSP , ou spectre, en unités W.s , ramenée en bande
de base, correspond à la transformée de Fourier de l’impulsion de puissance optique
p(z,t) :
−Ω2σt2
DSP(Ω) = Pc0σt0 2π exp
 2 

La bande passante optique à −3dB, correspond à la fréquence unilatérale où l’amplitude


du spectre de puissance diminue de moitié par rapport à sa valeur maximale, en termes
de fréquence ∆fopt ceci correspond à :

2Log2 4Log2
2π∆fopt = Ω1/2 = = Ω1/2.σt = 1,17 et ∆fopt. τ1/2 = 0,441
σt τ1/2

Un détecteur optoélectronique convertira le signal en courant électrique proportionnel à la


puissance optique et le ramènera en bande de base. La puissance électrique sera
proportionnelle au carré de ce courant. La bande passante électrique, ∆fel , correspond
donc à une diminution de √2 par rapport à la valeur maximale de la DSP optique, donc
∆fel = (∆fopt/√2) . Une autre quantité utilisée est le temps de montée tm de l’impulsion,
défini entre 10% et 90% de l’amplitude maximale de l’impulsion, relié à la largeur à mi
hauteur et à la bande passante de l’impulsion par :

tm = 1,687.σt = 0,716. τ1/2 et tm.∆fopt = 0,316

1 1
0,9
impulsion spectre
p(t) DSP(Ω)
σt Ω1/2el
1/√2
0,61
−3 dB
τ1/2
0,5 Ω1/2opt 1/2

tm t − tg
0,1 σt Ω.σt
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5

impulsion gaussienne d’écart type σt et de largeur à mi-hauteur τ1/2 et son


spectre optique correspondant de bande passante Ω1/2opt

Dans les fibres optiques monomodes la bande passante est due à la dispersion
intramodale.

Dans le fibres optiques multimodes elle est due à la dispersion intermodale, dmod, avec
une influence de la longueur de la fibre L :

∆f0 2 Ln(2) 1
∆finter(L) = et ∆f0 = = 0,187. d
Lγ 2πdmod mod

où ∆f0 est définie pour L = 1 Km et γ est le paramètre de l’équilibre modal, γ ≈ 0,5 à


l'équilibre modal et γ ≈ 1 hors d’équilibre modal.
258 Chap. VII - Guides et fibres optiques

5 - PHENOMENES NON-LINEAIRES DANS LES FIBRES OPTIQUES

5.1 - Non-linéarité de Kerr et équation de Schrödinger non-linéaire


Dans les fibres optiques apparaissent des effets non-linéaires à cause de l’augmentation
des puissances injectées par les diodes laser puissantes et les amplificateurs optiques.

Du fait du caractère amorphe, non-cristallin, des matériaux constitutifs des fibres optiques,
comme le verre, la non-linéairité principale est l’effet non linéaire du troisième ordre ou de
type Kerr vu au chapitre I et II. La non-linéarité de type Kerr se traduit par une variation
de l’indice de refraction nr avec l’intensité optique I :

3.χ(3)
nr = n0 + n2I avec n2 =
ε02n02c

où n0 est l’indice linéaire, χ(3) la susceptibilité non-linéaire du troisième ordre, ε0 la


constante diélectrique du vide et c la vitesse de la lumière.
Dans le verre n2 ≈ 3,2.10−20 m2W −1.

On peut rajouter un terme non linéaire, quadratique, dans l’équation de propagation d’une
impulsion a(z,t) . Pour une fibre optique monomode on obtient ainsi une équation qui est
appelée communément l’équation de Schrödinger non-linéaire :

∂a 1 ∂a α β2 ∂2a ω0n2n0ε0
+ v + 2 a − j 2 2 + γNL.|a|2a = 0 avec γNL =
∂z g ∂t ∂t 2

cette équation regroupe les termes responsables des différents phénomènes dans la fibre
optique, propagation, atténuation, dispersion et non-linéarités.

5.2 - Phénomènes non linéaires dans les fibres optiques

phénomènes de type Kerr


Ils se manifestent pour une puissance injectée élevée. L’effet Kerr est à l’origine du terme
quadratique dans l’équation de propagation et se manifeste par des effets déjà vus au
chapitre I et II. Ces effets apparaissent en présence d’amplificateurs optiques et dans les
systèmes multipléxés en longueur d’onde DWDM. Les principaux effets sont :

- pour une impulsion centré sur une fréquence ν0 l’automodulation de phase, SPM Self
Phase Modulation , provoque une augmentation de la fréquence sur la fin de cette
impulsion.

- la modulation de phase croisée, XPM Cross Phase Modulation , ici la variation de


puissance d’un signal fait varier l’indice dans la fibre optique ce qui induit des
changements des conditions de propagation pour un autre signal de longueur d’onde
différente.

- Le mélange à quatre ondes, FWM Four Wave Mixing pose des problèmes dans les
systèmes multipléxées en longueur d’onde
Phénomènes non-linéaires dans les fibres optiques 259

effets Raman et Brillouin stimulés


Ces effets sont dus à l’interaction entre les modes de vibrations du verre, les phonons, et
les photons de l’onde propagée. Le signal utile, appelé ici pompe, transfère son énergie à
un autre signal à partir d’un certain seuil. L’influence de la pompe croît avec la longueur
de la fibre par un gain caractéristique par unité de longueur et de puissance.

Pour l’effet Brillouin le seuil est de quelques mW, et provoque une onde se propageant en
sens inverse, onde de Stokes, avec une fréquence inférieure d’environ 10 GHz de celle
du signal. L’efficacité de cet effet diminue si le signal est modulé et disparaît pratiquement
pour une bande supérieure à 100 MHz .

Pour l’effet Raman, le seuil est de l’ordre de 1 W , l’onde engendrée se propage dans le
même sens et elle possède un décalage en fréquence beaucoup plus grand, de l’ordre de
10 THz . Cet effet devient important dès que la largeur spectrale de l’ensemble des
signaux transmis est supérieure à quelques nm , ce qui est le cas de l’ensemble des
canaux DWDM. Le gain Raman dans une fibre optique en silice à λ = 1550 nm est de
l’ordre de 5.10−15 cm−1W−1.

5.3 - Propagation en mode soliton

forme du soliton
La dispersion chromatique et l’automodulation de phase peuvent se compenser pour
engendrer un signal qui se propage sans déformation, c’est le soliton .
Si l’on considère une impulsion d’entrée de forme gaussienne avec une intensité égale à
I = I0exp(−t2/2σt2) , la phase et la fréquence pour une interaction d’automodulation de
phase non-linéaire de type Kerr sur une longueur L s’exprimeront par :

ω0L 2ω0σtLn2I0
φ(L,t) = ω0t − c [n0 + n2I0exp(−t /2σt )]
2 2
et ω(L,t) = ω0 + c t.exp[(-t2/2σt2)]

L’automodulation de phase provoque une modulation de la fréquence avec une fréquence


plus élevée sur l’arrière de l’impulsion, pour les t croissants, de sens opposé à celle due
à la dispersion anormale à λ = 1550 nm β2 < 0 , ou Dλ < 0 , comme on l’a vu
précédemment, donc ces deux effets se compensent.
La forme mathématique de l’amplitude du soliton est obtenue en résolvant l’équation de
propagation, sans atténuation mais incluant les effets non-linéaires. La solution
fondamentale, pour le champ électrique, du mode soliton s’écrit :

t − tg τSol2 |β2|


a(z,t)sol = a0 sech  exp−j 2z 
z
avec zsol = et a02 =
 τSol  Sol 2|β2| γNL.τsol2

où sech = 1/ch est la fonction sécante hyperbolique. Il existe d’autres solutions, les
solitons d’ordre supérieur. La constante de temps τsol , qui est la largeur intrinsèque de
l’impulsion sera fonction des caractéristiques de la fibre optique comme le rayon du mode
w , le paramètre de dispersion β 2 , le paramètre non-linéaire γNL et la puissance de
l’impulsion, proportionnelle au carré de l’amplitude du champ électrique a02 . La largeur à
mi-hauteur τ1/2 de l’impulsion de puissance est proportionnelle au module au carré
|a(z,t)sol|2 et s’écrit :

τ1/2 = 2x0,88.τsol
260 Chap. VII - Guides et fibres optiques

soliton
gaussienne τ1/2
1/2

t − tg
0,88 τSol

−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4

impulsion de puissance soliton de largeur τSol comparée à une


impulsion gaussienne de même largeur à mi-hauteur τ1/2

puissance associée au soliton


La puissance crête d'une impulsion soliton Pcsol est donnée par :

c ε |β2|
Pcsol = πw2.n 2 a02 = πw2cε0n0
0 2γNL.τSol2

Si l’on considère des paramètres typiques pour une fibre optique standard à
λ = 1550 nm : section du mode π.w2 = 50 µm2 , indice n0 = 1,46 , coefficient de
dispersion |β 2| = 22 ps2.km−1 , paramètre non-linéaire défini plus haut
−16 −1 −1
γNL = 2,34.10 m.W .Ω , ε0 constante diélectrique du vide et c la vitesse de la lumière,
on peut calculer la puissance crête nécessaire à maintenir le soliton pour une largeur τsol .
Pour une transmission avec un débit R = 10 Gbit/s on pourra choisir une largeur à mi-
hauteur τ1/2 = 1/2R = 50 ps ce qui correspond à τSol = τ1/2/1,76 = 28 ps , la puissance
nécessaire sera alors Pc(14 ps) = 11 mW .
Ces puissances peuvent être atteintes dans une fibre optique en utilisant des
amplificateurs optiques à fibre dopée erbium EDFA , qu’on verra au chapitre VIII. Les
amplificateurs sont distribués le long d’une liaison et le soliton étant un mode stable aura
tendance à maintenir sa forme de base.
limitations à la propagation soliton
Plusieurs causes peuvent affecter la propagation d'un soliton :
- l’atténuation de la fibre optique est compensée par les amplificateurs optiques espacés
régulièrement le long de la liaison, cette configuration crée une distribution de puissance
non uniforme et le soliton aura besoin d’une certaine distance pour atteindre sa forme
d’équilibre, il faut donc respecter un certain espacement entre amplificateurs.
- la gigue de Gordon-Haus , il s'agit du bruit d’émission spontanée amplifiée des
amplificateurs à fibre optique qui s'ajoute au soliton. Elle provoque un glissement aléatoire
de la fréquence centrale du soliton et , comme celle-ci est reliée à la vitesse de
propagation, ce bruit peut provoquer un changement de position temporelle dans le train
d’impulsions. Pour des débits élevés les solitons auront donc tendance à se chevaucher.
- l’interaction entre solitons : des solitons voisins de même phase ont tendance à s’attirer
et deux solitons isolés oscilleront autour de leur position moyenne. Pour un train avec des
impulsion espacés régulièrement ces effets s’équilibrent et s’annulent, alors que pour des
trains comprenant des solitons correspondant tous au même symbole binaire et
positionnés de façon non-périodique, ces interactions s’intensifient. La seule solution
consiste à séparer les solitons entre eux de plusieurs largeurs d’impulsion, ceci en
pratique nécessite des largeurs d’impulsion plus courtes donc des puissance plus élevés.
- les solitons sur différents canaux en longueur d’onde DWDM peuvent aussi interagir.
Connexions entre fibres optiques 261

6 - CONNEXIONS ENTRE FIBRES OPTIQUES


On peut connecter les fibres entre elles par différents moyens d'une façon permanente ou
temporaire. A chaque passage par un élément de connexion il existera une perte qu’on
appelle perte par insertion exprimée en dB.

6.1 - Défauts de connexion dans les fibres optiques

connexions entre fibres optiques différentes


Lors du passage d'une fibre optique de diamètre de cœur φ1 à une fibre optique de
diamètre de cœur φ2 avec φ1 > φ2 la perte d’insertion sera :

φ2
2

Aφ = −10.log 
φ1

Par exemple lors du passage d’une fibre multimode, avec φ1 = 50 µm , vers une fibre
monomode, avec φ2 = 9 µm , on obtient une perte de 15 dB . Pour le passage d’une fibre
optique multimode de cœur φ1 = 62,5 µm, standard américain, à une fibre optique de
diamètre φ2 = 50 µm on obtient une perte de 1,9 dB . Lors du passage entre deux fibres
avec des ouvertures numériques différentes avec ON1 > ON2 la perte d’insertion sera :
2

AON = −10.logON 
ON2
 1
défauts d’alignement
Une autre cause de pertes est provoquée par défaut d’alignement des fibres optiques,
dans les épissures ce défaut peut être décomposé en trois défauts : l’espacement entre
fibres l , l'excentrement entre fibres d et le désalignement angulaire d'angle θ .

excentrement
espacement

d
l

désalignement fibres différentes


angulaire
θ
φ1 φ2

différentes causes de perte par connexion entre fibres optiques


262 Chap. VII - Guides et fibres optiques

pertes de connexion entre fibres optiques multimodes


On peut évaluer les pertes pour ce genre de défaut de connexion à l’aide de quelques
formules approchées, valables pour les fibres optiques multimodes. Pour l’espacement l
la perte peut s’exprimer par :

(φ/2)
2

Aesp(l) ≈ − 10.log 
 avec sin(θMax) = ON
(φ/2) + l.tg(θMax)

Aexc(d) ≈ − 10.log1 −
16.d
Pour l’excentrement d :
 3πφ 

Pour le désalignement angulaire le calcul des pertes Aang(θ) est complexe .

espacement execntrement désalignement angulaire


15 24 12
Aesp(l) 21 Aexc(d) Aang(θ)
12 (dB) (dB) (dB)
18 9
9 15
12 6
6 9
6 3
3
3
0 0 0
0 2 4 6 8 10 0 0,5 1 0 0,4 0,8 1 1,2
l/φ d/φ θ/θMax
différentes pertes par connexion pour une fibre optique multimode

pertes de connexion entre fibres optiques monomodes


Dans le cas des fibres monomodes le mode fondamental LP01 peut être considéré
comme un faisceau gaussien de rayon w0 et de divergence θG , dans ce cas, pour
l’excentrement d et le désalignement angulaire θ le formules font intervenir des
fonctions gaussiennes. En tenant compte que 10.log(e) = 4,34 on obtient :

θ
2 2

Aexcmono(d) = −10.log{exp[(d/w)2]} = −4,34. w Aangmono(θ) = −4,34. 


d
et 
  θG

Pour le passage d’un signal optique entre deux fibres monomodes ayant des rayons de
mode différents w01 et w02 la perte sera :

Awmono = −10.logw 2 + w 2
2.w01w02
 01 02 

pertes de Fresnel
Les connexions entre fibres optiques présentent des pertes aussi dues au passage de la
lumière du verre à l'air et vice versa à cause de la différence d'indices à l'interface. Il
apparaîtra une réflexion dont le coefficient est donné par la formule de Fresnel, vue au
chapitre II. Une connexion est constituée par deux interfaces, verre-air, qui donnent un
Connexions entre fibres optiques 263

coefficient de perte par transmission AF correspondant au facteur de réflexion avec n1


indice du cœur de la fibre, et 1 l’indice de l’air :
2
n1 − 1
AF = − 2.10.log(RF) avec RF =  
n1 + 1

Par exemple pour un indice du cœur de la fibre n1 = 1.49 la perte d’une connexion sera
AF = 0,34 dB .
Afin de diminuer les pertes de Fresnel, les fibres doivent être maintenues en contact ou
bien il faut interposer entre les fibres optiques un produit adaptateur d’indice, souvent à
base de silicone, sous forme de gel ou de film de façon à faire varier l’indice d’une façon
continue au contact. Cette opération est appelé isolation . On peut aussi utiliser un
composant discret l’isolateur optique , qu'on a décrit au chapitre II.
Les réflexions, même si faibles, sont gênantes dans les transmissions par fibres optiques
avec des diodes laser, puisque ces derniers sont fortement perturbés par les réflexions.

6.2 - Épissures des fibres optiques


L'épissure est la mise en contact définitive, non démontable, de deux fibres clivées et
alignées. Elle peut être par fusion ou mécanique. Lors de la fabrication de la fibre optique
on réalise des tourets de quelques km de longueur typiquement. Pour réaliser des
tronçons plus longs il faut épissurer les tourets de fibres optiques entre elles.
clivage des fibres optiques
Pour une réaliser des épissures par soudure il faut des surfaces planes propres et
perpendiculaires à l'axe de la fibre. La différence d'angle doit être inférieure à 1° afin
d'obtenir des pertes inférieures à 0,2 dB. Ces surfaces sont obtenues à l'aide d'un outil
spécialisé, le cliveur , qui provoque une amorce de rupture dans le verre.
Pour réduire la puissance réfléchie le clivage peut s’effectuer suivant des faces obliques,
avec un angle α de l’ordre de 10° de façon à dévier le rayon ré fléchi en dehors du cœur
de la fibre optique.

: n1 = 1.48 α

fibre optique clivée perpendiculaire fibre optique clivée en biais

alignement des fibres optiques


Le vé est le dispositif le plus courant pour aligner les fibres optiques, il est gravé dans la
masse, une pression sur les fibres les maintient au fond du vé. Les vés sont couplés à
des mécanismes d'alignement de translation et de rotation. Afin de vérifier le bon
alignement des fibres optiques, on réalise une injection et une détection de puissance
optique en soumettant la fibre à une courbure telle que les modes soient rayonnants. Un
second procédé utilisé dans les soudeuses automatiques est basé sur l'analyse de l’état
de surface de la fibre optique par éclairement radial.
épissure par fusion
L'épissure par fusion est réalisée à l'aide d'un arc électrique. La procédure comprend: la
préparation des fibres, l'alignement, la fusion, l'estimation de la qualité et la protection de
l'épissure.
264 Chap. VII - Guides et fibres optiques

électrode fibre
clivée

fibre fibre
clivée clivée
vé (translation) vé

électrode

épissure par fusion fibre dans un guide en vé

6.3 - Connecteurs pour fibres optiques


Les connecteurs sont des éléments placés en bout d’un câble optique, permettant de
relier une fibre optique à une autre fibre optique ou à un autre composant optique. Il existe
une grande variété de connecteurs en constante évolution pour un grand nombre
d’applications y compris militaires et sous-marines. Pour l’instant il n y a pas encore de
standard mondial, comme on le trouve dans le domaine de l’électronique haute
fréquence. Les nouvelles générations de connecteurs sont compacts avec des sections
rectangulaires.
corps du
connecteur ferrule raccord
fibre câble optique
optique

schéma de principe d’un connecteur pour fibre optique

La plupart des connecteurs comprennent une seule fibre mais il existe des connecteurs
duplex et même des connecteurs pour les fibres optiques en nappe.
Le guide fin cylindrique où vient se placer la fibre optique à l'intérieur du connecteur est
nommé la ferrule , elle peut être en métal, céramique ou plastique, le trou central est
adapté à la gaine de la fibre utilisée, par exemple monomode ou multimode.
Les pertes d'insertion d’un connecteur sont en moyenne inférieures à 0,5 dB .
Le prix d’un connecteur, pour fibre optique en silice, reste élevé par rapport au prix de la
fibre optique, les connecteurs monomodes sont plus chers que les connecteurs
multimodes.
Le montage des connecteurs est fait d’une façon définitive par des techniques
spécialisées sauf pour les fibres optiques en plastique où le montage est plus simple.

différents types de connecteurs


- PC, Physical Contact, ce connecteur est basé sur un polissage convexe de l'extrémité
des embouts qui a pour but d'assurer le contact entre deux fibres optiques. Les isolations
sont de 30 dB pour PC de 40 dB pour SPC , Super PC, et de plus de 50 dB pour
APC, Angled PC. Différents types de connecteurs utilisent ce principe FC , SC...
- PF, Protuberant Fiber, cette configuration permet d'assurer que le contact se fait sur la
fibre et la pression maintient les cœurs en contact. Les performances sont identiques aux
connecteurs PC.
Connexions entre fibres optiques 265

- Connecteur européen EC : une pellicule de silicone d'indice 1,415 est fixé dans le
raccord avec un angle d'inclinaison de 12°, les fe rrules métalliques avec des extrémités
polies à 12° assurent un bon contact avec le film , la distance de 18 µm à 23 µm
permet une compression du film de 30% . La connexion possède une isolation de 50 à
60 dB.
- Une des premières normes de transmission sur fibre optique le FDDI, Fiber Data
Distributed Interface, a préconisé un connecteur duplex à deux fibres optiques appelé
RSD, Retractable Shroud Duplex.
- Les nouveaux connecteurs de section carré permettent l’assemblage de plusieurs
connecteurs entre eux. Les connecteurs MT peuvent rassembler jusqu’à une douzaine
de fibres multimodes en nappe de 125 µm de diamètre de gaine espacés de 250 µm .
- Pour les fibres en plastique des diamètre de l’ordre du mm, les connecteurs peuvent être
montés par des personnes non-spécialistes et sont peu coûteux.

6.4 - Coupleurs pour fibres optiques


Les coupleurs permettent aux signaux optiques de se repartir sur différentes fibres
optiques suivant un rapport fixé. Dans un coupleur la puissance est répartie sur les
différentes voies. Pour deux voies de sortie équilibrées la puissance aura diminué dans le
meilleur des cas de 3 dB , ceci limite dans la pratique la distribution sur un grand nombre
de voies. On distingue la structure en arbre 1 → N , le cas 1 → 2 est appelé structure
en Y ou en T , et la structure en étoile N → M .
P2

P1

P3

coupleur en Y (1→2) coupleur arbre (1→N) coupleur en étoile (M→N)

Les coupleurs Y sont des composants à trois ports, leur transmission est le plus souvent
directive empêchant les transferts entre voies 2 et 3. Une technique peu coûteuse pour
réaliser ces coupleurs consiste à prendre une paire de fibres associées très près du cœur
et d’en couper une des deux en sortie. Pour un coupleur Y on définit :

Ains(dB) = 10.log
P2 + P3
pertes par insertion :
 P1 
le coupleur présente des pertes intrinsèques dues aux connexions internes
Adir (dB) = 10 logP 
P3
La directivité, on injecte en P2 et on regarde l'effet sur P3 :
 2
ce facteur doit être très faible dans un coupleur directionnel

A1→2 = 10.logP + P  A1→3 = 10.logP + P 


P2 P3
Le couplage : et
 2 3  2 3

qui est de 3 dB pour P2 = P3 , on s’affranchit des pertes d’insertion.


Les coupleurs 1→N sont en général directionnels. Les coupleurs en étoile consistent en
une partie centrale de mélange des différentes voies. Ils peuvent être directionnels
M → N ou bien parfaitement symétriques en prélevant les entrées pour chaque fibre
optique et en les distribuant.
266 Chap. VII - Guides et fibres optiques

7 – CAPTEURS A FIBRES OPTIQUES


Bien que l’application la plus importante des fibres optiques soit la transmission de
l’information elles sont aussi largement utilisées dans des systèmes optoélectroniques
comme les capteurs. L’avantage de la fibre optique utilisée comme capteur se situe dans
une bonne sensibilité, l’absence d'interférence électromagnétique, la grande dynamique,
la possibilité de réaliser des capteurs ponctuels ou distribués, le multiplexage, le faible
encombrement, l’intégration et le coût.
La plupart des capteurs à fibres optiques utilisent les facteurs extérieurs qui peuvent
moduler la lumière par exemple en modifiant son intensité, son état de polarisation ou sa
phase.
Les capteurs optiques guidés peuvent être classés en deux grandes catégories les
capteurs intrinsèques et les capteurs extrinsèques . pouvant mesurer différentes
grandeurs comme la température , la pression , la force , le niveau dans des liquides, la
position, les composants chimiques, la radioactivité, le champ électrique, le champ
magnétique…

7.1 - Capteurs intrinsèques


Ici la variation d’un paramètre externe se traduit directement par la changement d’une
propriété de la fibre optique. Un exemple simple d’un capteur intrinsèque est celui qui
capte une distorsion par la courbure de la fibre ce qui induit des pertes de guidage et
donc une diminution d’intensité. On utilise souvent les conditions de réflexion interne par
le changement d’indice de la gaine, par exemple pour mesurer le niveau d’un liquide.
On utilise aussi le phénomène d’évanescence qui couple la lumière d’une fibre à une
autre comme on l’a vu dans le cas du coupleur directionnel. Ici la longueur optique de
couplage nr.L est l’élément critique et peut varier en fonction des conditions externes,
par exemple une contrainte ou la température peut faire varier la longueur L et un effet
non-linéaire peut faire varier l’indice nr .
Une propriété très utilisée est la variation de l'état de polarisation dans la fibre optique, qui
apparaît par la variation de la biréfringence intrinsèque en fonction des conditions
externes. La biréfringence de la fibre s'exprime par la différence de la constante de
propagation :

∆β = βx − βy = |∆n| avec |∆n| = |(nx − ny)|
λ

où βx et βy correspondent aux axes lent et rapide dans la fibre optique.


Les effets des contraintes externes dépendent fortement de la courbure de la fibre et sont
amplifiés pour une fibre enroulée avec un rayon de courbure ρ . La biréfringence prend la
forme ∆β = a.ρ + b.ρ2 où a(T,P) et b(T,P) sont des coefficients qui dépendent de la
température T et de la pression P . Comme on l'a vu au chapitre II, à cause de la
biréfringence, l'état de polarisation changera en fonction des paramètres externes comme
la température ou la pression.
Les champs magnétiques peuvent aussi être mesurés à travers l’effet Faraday.

7.2 - Capteurs extrinsèques


Il s’agit de capteurs basés sur la variation de phase détectée par des structures
interférometriques comme celles de Michelson, Sagnac, Mach-Zehnder et Fabry-Pérot
vues au chapitre II. Ces capteurs peuvent mesurer les mêmes paramètres que les
capteurs intrinsèques mais ont une plus grande sensibilité. Par exemple, pour la détection
des positions la résolution est ici de l'ordre de la longueur d'onde λ . Ils permettent aussi
de mesurer des champs électriques et magnétiques grâce aux effets électro-optiques et
Capteurs à fibres optiques 267

aussi grâce aux effets acousto-optiques, les effets relativistes peuvent aussi être mis à
profit dans les gyroscopes à fibres optiques. On utilise aussi de plus en plus les fibres
optiques à réseau de Bragg qui constituent des éléments très sensibles.

gyroscope à fibre optique


La structure interférometrique de Sagnac est employée dans le gyroscope à fibre optique
des systèmes de navigation inertiels dans les avions, les missiles, les satellites et aussi
les voitures. L’effet à la base du fonctionnement d’un gyroscope optique est que lorsqu’il
est soumis à une rotation la lumière mettra un temps légèrement plus long à parcourir la
boucle dans le sens de rotation que dans le sens opposé. En effet d’après la théorie de la
relativité la vitesse de la lumière à l'intérieur d'une fibre optique v = c/nr ne dépend que
de l'indice de la fibre et non de l'orientation de la fibre ni de son accélération.

Cette propriété peut être utilisée pour déterminer la vitesse angulaire Ω d'un dispositif
contenant des boucles de fibre optique soumises à différentes accélérations. Un faisceau
cohérent est injecté par les deux bouts d'une fibre optique enroulée sur N boucles de
rayon R à l'aide d'une lame séparatrice. Le faisceau est ensuite détecté en sortie. Le
déphasage ∆φ entre les deux bras de l'interféromètre donnera des franges
d'interférence. Le temps de parcours dans une spire de fibre optique est :

2πR
tp = v

Si le dispositif est soumis à une vitesse angulaire Ω le déplacement correspondant


pendant le temps de parcours tp sera ∆L = Ω.R.tp .
Le retard ∆t entre les deux faisceaux, parcourant les N boucles en sens contraire, et le
déphasage correspondant ∆φ entre les deux bras s’expriment :

N.∆L 2N.S.Ω 2πn.∆L.N 4πN.S.Ω


∆t = = et ∆φ = =
v v2 λ λ.c

où S = 2π.R2 est la surface d’une boucle. Le déphasage entre les deux bras permet en
déterminant le déphasage d'obtenir la vitesse angulaire Ω .

détecteur de niveau fibre sous contrainte gyroscope

fibre optique enroulment de la N boucles de


fibre optique fibre optique


R
ngaine
courbure
émetteur
niveau
nair liquide
pression polarisation
nliq
Iopt Ey
détecteur
Ex
268 Chap. VII - Guides et fibres optiques

EXERCICES CHAPITRE VII

EXERCICE VII-1 : Fibre Optique à saut d'indice


Multimode . Une fibre optique à saut d'indice possède un indice de cœur n1 = 1,48 , un
indice de gaine n2 = 1,46 et un rayon de cœur a = 25µm .
1-1) Calculer l'ouverture numérique ON . Quel est l'angle maximum θ0max du cône
d'entrée pour un faisceau injecté dans la fibre optique ?
1-2) Calculer pour cette fibre optique la fréquence normalisée V pour un rayonnement à
λI = 850 nm et à λII = 1300 nm .
1-3) Combien de modes se propagent à λI = 850 nm et à λII = 1300 nm ? Quel
pourcentage de puissance se propage dans la gaine pour chacun de ces cas.
1-4) Calculer la dispersion intermodale pour cette fibre. Quel est l'étalement d'une
impulsion sur une longueur de 10 km ? Quelle est la bande passante correspondante si
l'on considère l'équilibre modal atteint ?
Monomode . Soit une fibre optique monomode à saut d’indice de diamètre de cœur
φ = 8,5 µm avec un indice de cœur n1 = 1,48 et un indice de gaine n2 = 1,475 .
1-5) Calculer l’ouverture numérique ON et en déduire l’angle de divergence θG du
faisceau gaussien de sortie de la fibre optique.
1-6) Quel doit être le diamètre de cœur maximum pour cette fibre optique soit en
fonctionnement monomode à partir de λ = 1200 nm ?
1-7) Pour λII = 1300 nm et λIII = 1550 nm calculer la fréquence normalisée V .
1-8) Donner une expression approché du rayon du mode optique w0 et le calculer.
1-9) Donner la proportion de puissance qui se propage dans la gaine.
La dispersion chromatique dans les deux fenêtres de transmission de la fibre optique, λII
et λIII , est D1300nm = 3 ps.km−1.nm−1 et D1500nm = 18 ps.km−1.nm−1 .
1-10) Si l'on considère une DEL émettant à λII = 1300 nm et ayant une largeur spectrale
∆λ = 50 nm , déterminer l'étalement d'une impulsion sur une longueur de 10 km. Si l'on
considère une diode laser émettant à λIII = 1550 nm et ayant un spectre sous modulation
de largeur ∆ν = 10 GHz , quel est l'étalement sur une longueur L = 100 km ?

EXERCICE VII-2 : Fibre optique à gradient d'indice et connexions


Une fibre optique à gradient d'indice possède un diamètre de cœur φ = 62,5 µm , un
indice de réfraction maximal n1 = 1,48 et une différence d'indice ∆ = 1,5% .
2-1) Décrire les profils d'indice pour des paramètres de profil α = 1, 2 et ∞ .
2-2) Dans le cas du profil parabolique, α = 2 quelle est l'ouverture numérique et l'angle
d'acceptance maximum θMax de la fibre optique ? Calculer le nombre de modes se
propageant dans la fibre optique pour λ = 1300 nm .
2-3) Pour une longueur L = 1 km quel est l'étalement d'une impulsion δt se propageant
le long de la fibre optique due à la dispersion intermodale et à la dispersion chromatique
pour une source DEL de spectre ∆λ = 50 nm . Quel est l'étalement total δttot ?
2-5) On fait une épissure entre cette fibre optique et une fibre optique à gradient d’indice,
de même diamètre mais avec une différence d'indice ∆b = 10% . Calculer la perte
d'insertion de l'épissure, en négligeant les pertes de soudure.
2-6) Même question pour une fibre monomode c de diamètre φc = 9,5 µm.
2-7) L' affaiblissement est de 0,5 dB/km à λ = 1300nm . Une source injecte une
puissance optique de puissance Ps = −10 dBm à une extrémité. Un récepteur de
sensibilité Pr = − 35 dBm est connecté à l'autre extrémité. En négligeant toutes les autre
causes d'affaiblissement autre que celles de la fibre donner la portée de la liaison LMax .
2-8) Si l'on suppose que cette liaison est composée de tronçons épissurés de longueurs
égales Ltr = 2 km , donner la nouvelle portée sachant qu'une épissure présente un
affaiblissement moyen Cep = 0,15 dB et en supposant que l'émetteur et le récepteur sont
épissurés à la liaison. Déterminer le nombre de tronçons Ntr ?
Exercices chap. VII 269

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE VII

Corrigé exercice VII-1 1-1) L’ouverture numérique est ON = (n12 − n22)1/2 = 0,242 .
L’angle maximum est θ0Max = arcsin(ON) = 14° . 1-2) La fréquence normalisée est
V = [(2π.a)/λ].ON donc V850 = 44,8 et V1300 = 29,3 . 1-3) Le nombre de modes pour une
fibre optique à saut d’indice est M = V2/2 donc M850 ≈ 1000 et M1300 ≈ 429 . Le
pourcentage de puissance est donné par %Pgaine = (Pgaine/Ptot) ≈ (4/3).M−1/2 qui donne
%Pg850 = 4,2% et %Pg1300 = 6,4% .
1-4) La dispersion intermodale pour une fibre optique à saut d’indice est dSI = (n1/c).∆
avec ∆ = (n1 − n2)/n1 la différence d’indice relative ce qui donne dSI = 66 ns/km . Pour
une longueur L = 10 km l’étalement d’une impulsion est δt = dSI.L = 660 ns . La bande
passante est à l’équilibre modal ∆f = ∆f0.L−1/2 avec ∆f0 = 1/(2π.dSI) = 2,4 MHz.km qui
donne pour L = 10 km ∆f10km = 760 kHz .
1-5) L’ouverture numérique est ON = (n12 − n22)1/2 = 0,11 . L’angle de divergence du
faisceau est θG ≈ 0,75.ON = 4,6° .
1-6) Pour une fibre monomode la fréquence de coupure λc = 1200 nm correspond à une
condition V < Vc = 2,403 ce qui impose a < aMax = [(λ.Vc)/(2π.ON)] = 4,25 µm , ceci est
bien le cas ici puisque a = φ/2 = 4µm . 1-7) V1300 = 2,22 V1550 = 1,86 .
1-8) Le rayon du mode optique est approximativement w0 = a.(LogV)−1/2 qui donne
w0 1300 = 4,73 µm et w0 1550 = 5,4 µm plus grand que le rayon de cœur a = 4 µm .
1-9) La proportion de puissance dans la gaine est d'environs 20%. L'étalement est lié à la
dispersion δtλ = Dλ.∆λ.L .
1-10) Pour une DEL à λII = 1300 nm pour une longueur de 10 km on a δt = 1,5 ns . 1-11)
Pour une diode laser à λIII = 1550 nm pour une longueur de 100 km on a δt = 0,14 ns .

Corrigé exercice VII-2 2-1) L'indice de réfraction dans le cœur d'un fibre optique à
gradient d'indice est n(r) = n1.[1 − 2(r/a)α∆]1/2 . Suivant les valeurs du paramètre α on a ,
α = 1 : profil rectangulaire, α = 2 : profil parabolique et α = ∞ : profil saut d'indice.
2-2) L'ouverture numérique est ici ON = n1.(2.∆)1/2 = 0,256 et θMax = 14° . Le nombre de
modes est Mα = [α/(α + 2)].MSI avec MSI = {[(2π.a.ON)/λ]2/2} donc Mα=2(1300) = 374 .
2-3) L'étalement de l'impulsion est δt = dGI.L où la dispersion intermodale est
dGI ≈ (n1/c).(∆2/8) = 0,138 ns.km−1 qui donne δtGI = 0,138 ns . On va considérer une
dispersion chromatique D1300 ≈ 3,5 ps.nm−1.km−1 l'étalement correspondant est
δtc = D1300.∆λ.L . Pour L = 1 km , δtc = 0,175 ns , qui est du même ordre de grandeur que
δtGI . L'étalement total sera donné par la moyenne quadratique
δttot = (δtGI2+ δtc2)1/2 = 0,223 ns .
2-5) Les pertes seront dues à la différence d'ouverture numérique entre les deux fibres
optiques, avec ON > ONb , exprimées par la formule A→b = 10.log(ON/ONb) . L'ouverture
numérique de la deuxième fibre est ONb = n1.(2.∆b)1/2 = 0,21 donc la perte d'insertion
vers la fibre b sera A→b = 0,88 dB .
2-6) Pour le passage d'une fibre multimode vers une fibre monomode on peut considérer
la perte Aa→c = 10.log(φa/φc) = 10.log(62,5/9,5) = 8 dB .
2-7) Le budget de liaison donne la marge en puissance disponible dans la fibre optique
Mdisp = Ps − Pr = 25 dB . La portée maximale en négligeant les épissures est donnée par
LMax = Mdisp/A1300 = 50 km .
2-8) Chaque épissure contribue aux pertes totales donc à la marge disponible, on peut
aussi inclure les pertes due aux épissures dans l'atténuation
Aeq = A1300 + Cep/Ltr = 0,625 dB/km donc la longueur maximale sera maintenant
LMax = [(Ps − Pr − Cep)/Aeq] = 40 km .
Le nombre de tronçons nécessaires sera obtenu par Ntr = LMax/Ltr = 20 .
CHAPITRE VIII

TRANSMISSIONS OPTIQUES

La fin du XXème siècle et le début du XXI a vu s’opérer une très fort développement dans
le domaine des communications. Depuis les premiers essais de télégraphie sur fil de
cuivre aux environs de 1850 ce domaine n’a cessé de progresser. Les capacités de
transmissions sont passées de quelques symboles par seconde avec l’alphabet Morse à
quelques Térabit, 1012 bits, par seconde, avec les nouvelles technologies optiques de
multiplexage en longueur d’onde. Il a fallu d’abord, après la deuxième guerre mondiale,
inventer et maîtriser le domaine de l’électronique avec des composants tels les
transistors. La vitesse de fonctionnement et la miniaturisation des composants
électroniques n’a cessé d’augmenter, selon une règle d’évolution, appelé loi de Moore,
selon laquelle la vitesse des composants double tous les 18 mois. Actuellement les
circuits électroniques permettent de traiter des signaux de plusieurs dizaines de GHz .

Les télécommunications ont profité largement de cette évolution, le domaine de la


téléphonie a été un des moteurs du développement de ces technologies, on peut citer la
téléphonie mobile fonctionnant avec des porteuses allant jusqu’à quelque GHz, les relais
par satellite autour de 10 GHz et enfin bien sûr les liaisons par fibre optique.
Le domaine de la diffusion radio et télévision a aussi été très, pour lesquelles on est
passé des grandes ondes, autour de 100 kHz , aux ondes FM, autour de 100 MHz pour
la radio, de l’UHF-VHF, 100 MHz-1 GHz , aux gammes satellites autour de 10 GHz pour
la télévision. Les fibres optiques sont aussi largement utilisées dans la distribution de la
télévision par câble à l’aide de la technologie CATV .

La technologie des transmission optiques est plus récente, elle est née principalement de
la découverte de la fibre optique et du laser à semiconducteur, au début des années 70.
La découverte de l’amplificateur à fibre optique dans les années 90, à aussi été très
important notamment pour réaliser des liaisons transparentes sur plusieurs milliers de
kilomètres, en évitant d’effectuer une régénération électrique environs tous les 100 km de
fibre.

La technologie optique voit son réel développement aujourd’hui. Avec la dérégulation du


marché des télécommunications et l’explosion des réseaux de données informatiques
comme Internet, est en train de s’opérer une deuxième révolution. Les techniques de
transmission IP, SDH, ATM…, génèrent une très forte demande en capacité
d’information. Une très forte croissance est prévue dans les dix ans à venir. La fibre
optique actuelle a une capacité potentielle d’environ 100 Tb.s−1 qui est quatre ordres de
grandeur plus élevée que pour les systèmes électroniques les plus rapides. Ces bandes
passantes peuvent être atteintes avec le développement de la technologie du
multiplexage sur plusieurs canaux en longueur d’onde, DWDM Dense Wavelength
Division Multiplexing, qui nécessite le développement de toute une nouvelle technologie
de composants où les fonctions de commutation et de routage sont entièrement optiques
et nécessite aussi d’adapter la topologie des réseaux de transmission.
La fibre optique est aussi en train de se répandre très largement dans les réseaux locaux
et dans la boucle locale on parle de la fibre optique jusqu’à l’abonné le FTTH Fiber To
The Home. Ceci nécessite un développement de composants optiques plus simples et
meilleur marché pour des réseaux passifs, PON Passive Optical Networks, la technologie
des fibres optiques en plastique pourrait se développer dans ce contexte.
Principe des liaisons par fibre optique 271

1 - PRINCIPES DES LIAISONS PAR FIBRE OPTIQUE


Une liaison optique consiste en un émetteur optique modulé en direct ou en externe, par
le signal à transmettre qui est connecté à une fibre optique qui peut être constitué de
plusieurs tronçons connectés ensemble avec éventuellement des répéteurs
optoélectroniques ou à base d’amplificateurs optiques. Suivant le type de réseau il peut y
avoir des coupleurs ou des multiplexeurs ou d’autres fonctions optiques. En bout de
liaison se trouve le récepteur. Les signaux peuvent être de type analogique ou numérique.

analogique

émetteur récepteur

temps fibre optique temps

numérique
101 0011 émetteur récepteur 101 0011
NRZ NRZ
temps fibre optique temps

1.1 - Modulation des signaux sur fibre optique


Suivant le type de transmission on utilisera différents formats de modulation, il faut
distinguer entre les modulations analogiques et les modulations numériques.
modulations analogiques
Une modulation analogique consiste à transmettre sans déformation un signal de forme
souvent complexe. Les modulations analogiques peuvent être d’amplitude AM , de
fréquence FM ou des phase ΦM . La plus utilisée en optique est la modulation
d’amplitude où l’on module directement l’intensité optique par le courant laser ou en
externe à l’aide de modulateurs électro-optiques.
Par exemple pour la distribution des canaux de télévision CATV sur fibre optique on utilise
un multiplex de canaux modulés en amplitude. Une autre application est le déport par
fibre optique de signaux haute fréquence, en provenance d’antennes pour être traités plus
loin par des systèmes électroniques. Comme on l’a vu au chapitre V les sources lasers à
semiconducteur utilisées pour la modulation en amplitude analogique doivent être très
linéaires sans distorsions avec une bande passante plate. La transmission analogique
nécessite donc des composants de très haute qualité.
modulations et codes numériques
Ici les informations sont de nature discrète, les bits. On peut utiliser des modulations
d’amplitude, de fréquence, ou de phase ou des combinaisons de ces modulations. Les
modulations les plus utilisées sur fibre optique sont aussi en amplitude, on les denote
ASK Amplitude Shift Keying , le format le plus simple est NRZ , NonReturn to Zero , qui
correspond à deux niveaux d’intensité optique haut et bas respectivement pour le bit "1"
et "0" . Le niveau bas peut correspondre à une intensité nulle.
272 Chap. VIII - Transmissions optiques

Un autre format est RZ , Return to Zero , où le le bit "1" correspond à un signal qui est
au niveau haut sur une demi période T/2 et au niveau bas sur l’autre, le bit "0"
correspond au niveau bas sur une période T .
On utilise aussi le code Manchester ou bi-phase-L , le bit "1" correspond au même
codage que pour RZ et le bit "0" est inversé.
Le code NRZ est le plus simple mais pour des longues séquences de bits identiques on
risque de perdre la séquence permettant de récupérer la cadence d’horloge. Les codes
RZ et Manchester permettent toujours de récupérer l’horloge mais occupent une bande
passante double par rapport à NRZ puisque le motif possède une durée T/2 . On peut
aussi utiliser des codes en blocs mBnB qui convertissent m bits NRZ en n bits de
façon à éviter les séquences de bits identiques.

1 0 1 1 0 0 1 1 1 0 1 0 1
NRZ t
T

RZ t
T/2

bi-φ-L t

codages numériques pour la modulation d'amplitude

1.2 - Bilans de liaison


Lors de la conception de liaisons optiques, la détermination du bilan de liaison permet de
dimensionner les différents éléments de celle-ci. Il s’agit d’analyser l’évolution de la
puissance optique qui transite tout au long de la chaîne de transmission. Dans le cas de
liaisons multiplexées en longueur d’onde, il faut un bilan de liaison par canal, et donc un
bilan pour chaque longueur d’onde.
gain et pertes
Le gain de liaison G , exprimé en dB, est défini comme la différence entre la puissance
émise Pe , en dBm, et la puissance requise Pr qui correspond à la puissance minimale
nécessaire pour assurer une liaison avec une qualité donnée, on l’appelle aussi
puissance seuil du détecteur .
G = Pe − Pr

Dans le cas des transmissions numériques la qualité s’exprime par le taux d’erreur
maximum par bit d’information, TEB , en anglais BER Bit Error Rate , qui est associée au
rapport sur signal à bruit (S/B) comme on le verra plus loin.

L'affaiblissement effectif de la liaison Aeff(dB) est défini par :

Aeff = Pertes + Pénalités + Marges

Où les différents termes sont :


- Pertes : il s’agit de l’ensemble des pertes le long de la liaison comprenant les pertes en
ligne ou atténuation, les pertes des connecteurs, des coupleurs, des isolateurs,...
Principe des liaisons par fibre optique 273

- Pénalité : il s’agit de toutes les pénalités apportées par le support de transmission, la


source optique, le type de modulation, la bande passante...
- Marge : une marge doit toujours être positive. La marge d'une liaison devra être d'autant
plus grande que les éléments qui la constituent sont mal connus elle inclut les
dégradations et les provisions. Les dégradations dues à l'environnement du système
sont provoquées par la température, les variations des tensions d'alimentation, les
perturbations électromagnétiques, elles peuvent venir modifier les valeurs nominales. Les
provisions de vieillissement, correspondent au nombre de coupures à prévoir pendant la
durée vie du système, à la perte à rajouter après réparation et aussi la dégradation des
pertes de la fibre optique, pour les équipements il s’agit des dérives temporelles des
caractéristiques des composants électroniques et optoélectroniques conduisant à des
dégradations des performances.

Dans le cas d’amplification optique en ligne on introduira un terme positif supplémentaire,


le gain de l’amplificateur GA qu’on ajoutera au gain global de liaison.

1.3 - Détection des signaux optiques binaires


Du fait de la grande bande passante de la fibre optique les formats de modulation
numériques sont simples, on utilise souvent le code NRZ , qui consiste à maintenir un
niveau de puissance pour le bit "1" et l’enlever pour le bit "0" à la cadence du débit
numérique spécifié R0 .
Dans le cas des transmissions numériques, afin de spécifier la qualité de la liaison on
utilise le taux d'erreurs par bit TEB et le nombre de photons par bit . Le TEB
habituellement accepté pour une transmission de bonne qualité est inférieur à 10−9 voir
inférieur à 10−12 , cette valeur impose la valeur du rapport signal à bruit requis (S/B) au
niveau du récepteur. Cette quantité peut aussi être convertie en nombre de photons
pendant la durée d'un bit. Plus ce nombre est faible et plus le détecteur sera sensible.
taux d'erreurs binaire TEB
On définit le taux d'erreurs binaire TEB dans une transmission numérique par la
probabilité de détecter un "1" quand un "0" est transmis, pr(1/0) , plus la probabilité de
l’événement contraire, pr(0/1) , donc :

1
prerr = 2 [pr(1/0) + pr(0/1)]

La notion de TEB est directement liée à la notion de bruit. Si l'on considère un bruit blanc
associé à la transmission, qui constitue le cas le plus simple auquel on se limite dans la
plupart des cas, alors la densité de probabilité ρpr d'un niveau de signal est gaussienne :


(s − µi)2
exp −
1
ρpr(s) = ⌡ ρpr(s)ds = 1

2σi2 
avec
2πσ 
−∞

où σi et µi sont respectivement l'écart type et la valeur moyenne associés à la


puissance du signal s . L'indice "i" signifie soit "0" soit "1" . On définit le facteur Q de
la liaison très utilisé en communication optiques :

µ1 − µ0
Q =
σ1 + σ0
274 Chap. VIII - Transmissions optiques

Dans la pratique on choisira, un seuil de discrimination µT , afin de distinguer le "1" du


"0" . Si le seuil est choisi au point moyen, et correspond à celui qui donne le TEB
minimal avec des "0" et "1" équiprobables, donc σ0 = σ1 = σ , on aura :

µ1 + µ0 µ1 − µ0 µT − µ0
µT = et Q = =
2 2σ σ

Dans le cas où le bit "0" correspond à une puissance nulle, µ0 = 0 , ce qui est souvent
le cas dans une transmission optique, on a µT = µ1/2 .
Le rapport signal à bruit global en puissance électrique détectée est le carré de celui en
puissance optique donc :
S = (µ1 −2µ0) = 4Q2
2

Bel σ

On calcule maintenant la probabilité d’erreur pr(1/0) correspondant au bruit d’une


distribution du bit "0" de valeur moyenne µ0 , dépassant le seuil de discrimination µT ,
ceci s’écrit :


− (s − µ0)  ds = 1 erfc(µT − µ0) = 1 erfc Q 
2
1
⌠  2σ     2
pr(1/0) = exp
2πσ⌡   2σ 
2
2 2  
µT

où l’on a utilisé la fonction erreur complémentaire erfc .


Par symétrie, pour des distributions équiprobables, on a : pr(1/0) = pr(0/1)
On peut donc exprimer le taux d’erreur binaire global, on en donnera aussi une
expression approchée pour Q > 2 et Q > 4 :

−Q2
1 − Q2  exp 2  ≈(Q>4) exp(0,57.Q2)
1 
TEB = 2 erfc  ≈(Q>2)
1 Q 0,7
 2 Q 2π    

1
distribution de probabilité TEB
-1 2
gaussienne des bits "0" et "1" 10 exp(0,57.Q )

-3
10
1 Q
2 erfc 2
"0" "1" -5
10

P(0|1) P(1|0)
-7
10

µ0 µT µ1 niveau µ
-9
seuil 10

-11
10
taux d’erreurs binaire TEB en
fonction du facteur Q pour des
-13
bits "0" et "1" avec une 10 facteur Q
distribution gaussienne
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Principe des liaisons par fibre optique 275

Cette formule peut être utilisée d'une manière générale, TEB = 10−9 correspond à Q ≈ 6
ce qui donne pour le rapport signal à bruit (S/B) = 144 ou 22dB .

Dans une transmission optique le signal détecté correspond à un courant électrique iph
dans le détecteur. Le rapport (S/B) s'écrira :

<is>2
=  2 
S
B <iB >

L'évaluation du courant signal <is> est faite en tenant compte du codage, le courant de
bruit <iB2> est la somme quadratique des différentes courants de bruit, au niveau du
détecteur, comme on l’a vu au chapitre VI.

A partir du facteur Q on peut déterminer la puissance seuil du détecteur Pr . qui est la


puissance minimale qu’il faut fournir au détecteur pour obtenir le TEB spécifié. Elle
s’exprime en dBm et se situe typiquement entre −30 dBm et −50 dBm .

nombre de photons par bit


On se place d’abord dans le cas d’un détecteur idéal, ici la seule source de bruit est le
bruit quantique. Pour une transmission numérique on reçoit deux messages "0" et "1" .
On considère que le niveau "0" correspond à un courant nul sur le détecteur et ceci
aussi bien pour le signal que pour le bruit puisque le bruit quantique est proportionnel à la
puissance.
La puissance moyenne reçue au niveau du détecteur pendant la période d’un bit T pour
un "1" transmis est P1 et nulle pour un "0" . On va exprimer la probabilité de ne pas
détecter un photon quand un "1" a été transmis pendant un temps T . Si au moins un
photon est détecté on décide qu'il s'agit de "1" sinon ça sera un "0" .
Dans le cas d’une détection de photons, la statistique associée est avec une bonne
approximation la statistique de Poisson, dont les propriétés ont été décrites au chapitre III.

n1n
pr(n) = exp(−n1) n!

où n est le nombre de photons détectés et <n> = n1 leur valeur moyenne correspondant


à la puissance P1 :
P1
n1 = ηQ T

où ηQ est le rendement quantique, E1 = P1.T est l'énergie moyenne par bit.


La probabilité de ne pas détecter un photon correspond à n = 0 :

pr(1/0) = pr(n=0) = exp(−n1) = exp−ηQ T


P1
 hν 

et constitue donc la probabilité d'erreur dans le cas de la statistique de Poisson.


Pour satisfaire pr ≤ 10−9 on doit fournir une énergie E1 ≈ 21 (hν/ηQ) .
Dans la cas du détecteur idéal, ηQ = 1 , cette énergie correspond à 21.hν donc à
n1 = 21 photons. La puissance détectée minimale est obtenue en divisant l'énergie par bit
E1 par la durée d'un bit T , ou en la multipliant par le débit R0 = 1/T :

21hν
P1min = = 21hν.R0
T
276 Chap. VIII - Transmissions optiques

on parle donc de la limite de détection en nombre moyen de photons par bit, puisque
pour "0" n0 = 0 et pour "1" n1 ≈ 21 ce qui nous donne [(n0 + n1)/2] ≈ 10 photons.
A la longueur d’onde λIII = 1550 nm et pour un débit numérique R0 = 2,5 Gb/s on trouve
pour la limite quantique une puissance par bit P1min ≈ 7 nW , ou −52 dBm , qui est très
faible. Cette limite est la limite ultime en détection directe. On remarque qu’on retrouve ici
le résultat du chapitre VI du détecteur idéal avec uniquement du bruit quantique.

Dans la réalité en considérant les différentes sources de bruit, notamment le bruit


thermique, et le rendement quantique ηQ < 1 , on arrive dans les meilleurs des cas à un
ordre de grandeur supérieur au cas idéal et le nombre n dépendra du type de détection
utilisée. Pour une détection quadratique directe on aura typiquement comme limite,
n ≈ 300 photons par bit à λI = 870 nm , n ≈ 1000 photons par bit à λII = 1300 nm ou
λIII = 1550 nm .

On peut atteindre des performances supérieures en utilisant une détection cohérente qui
permet de s’affranchir des sources de bruit internes du détecteur. Pour cela il faut utiliser
des techniques hétérodynes, avec décalage de fréquence, ou homodynes, sans
décalage, par le mélange du signal avec un signal d’un laser local de puissance
suffisante. On peut arriver à détecter des signaux avec une bonne qualité de quelques
photons par bit. Par exemple avec une modulation numérique de phase PSK on arrive à
une limite de 9 photons par bit en homodyne et 18 photons en hétérodyne pour un
TEB de 10−9 .

1.4 - Bilan de temps de montée


De manière générale, les codages utilisés dans les transmissions optiques sont
composés de formants de type porte idéalement caractérisés par des temps de montée
nuls. Dans la réalité, ceci n’est pas réalisable et dès l’émission les impulsions passent du
niveau haut au niveau bas, respectivement du niveau bas au niveau haut, en un temps de
montée tm donné.
Au niveau de l’émission des impulsions optiques par les sources, ce temps de montée
doit être faible par rapport à la durée d’un bit et pourra souvent être considéré
négligeable.

impulsion idéale à impulsion déformée à


l’émission la réception
liaison
H optique
H

L L
t tm t

déformation des impulsions engendrée par les différentes polarisation

La dispersion chromatique et la dispersion de polarisation dans la fibre optique auront


toutes deux tendances à augmenter les temps de montée des impulsions. Ceci se
traduira, comme on le verra par la suite, par une dégradation du rapport signal à bruit.
Le signal rencontrera aussi d’autres composants optiques susceptibles de générer des
retards supplémentaires qu’ils aient comme origine la dispersion chromatique ou bien la
dispersion des modes de polarisation cette dernière jouant un rôle prépondérant dans les
Principe des liaisons par fibre optique 277

composants passifs discrets tels les filtres et les multiplexeurs. En théorie, il faudrait
disposer des fonctions de transfert pour les différents éléments de la liaison et déterminer
l’effet de la dispersion de polarisation sur la forme de l’impulsion, en pratique on utilisera
l’approximation gaussienne. Pour une impulsion de forme gaussienne en entrée, on a
montré au chapitre VII que les temps de montée le long des fibres optiques s’additionnent
de façon quadratique, à cause de la convolution de l’impulsion d’entrée gaussienne par la
fonction de transfert de la fibre. Le temps de montée s’exprime alors :

1 1 N 2 M 2
2∑ i ∑ j 
tm2 ≈
2
τ 2
disp = τ + τ
i j

où τdisp est le temps total de dispersion. τi représente la dispersion engendrée par le


tronçon de fibre optique numéro i et τj caractérise la contribution en termes de
dispersion de polarisation du j-ème élément de la liaison, N est le nombre total de
tronçons de fibre et M le nombre total d’éléments.
Ce temps de montée global a comme effet d’augmenter le TEB ou de faire diminuer le
rapport signal sur bruit. Si le temps de montée augmente trop par rapport à la durée d’un
bit, il est clair que le taux de bonnes détections aura tendance à diminuer. On cherche
donc à relier l’effet de ce temps de montée au rapport signal sur bruit (S/B) .
Une relation liant la dispersion chromatique, exprimée sous la forme d’un retard, à une
pénalité en dB δdisp peut être exprimée. Cette pénalité vient alors se retrancher au
rapport signal à bruit (S/B) . Cette pénalité est définie par la formule empirique suivante :

δdisp = −5.log[1 – (4.R0.τdisp)2] avec R0 débit, R0 = Tb−1 .

1.5 - Méthodes de mesure de liaisons optiques

réflectomètre
Le réflectomètre , en anglais OTDR Optical Time-Domain Reflectometer , est un appareil
utilisé très largement pour mesurer les caractéristiques des liaisons optiques. Il fonctionne
sur le principe du radar dans le domaine optique, en envoyant des impulsions brèves de
lumière le long de la fibre et en détectant la fraction rétrodiffusée en fonction du temps. Le
phénomène e réflexion et de diffusion le long des fibres optiques est mis à profit pour
obtenir une image de la liaison. La courbe de rétrodiffusion est une image spatiale de la
liaison. La conversion espace temps en tenant compte est effectuée en tenant compte de
la vitesse de la lumière dans la fibre optique c/nr et du parcours alle-retour 2L :

L = (t.c/2nr)

où c est la vitesse de la lumière et nr l'indice de réfraction de la fibre optique.

La résolution spatiale du réflectomètre dépend de la largeur de l'impulsion laser δt , par


exemple pour δt = 10 ns la résolution sera δL = (δt/2).c/n ≈ 1 m . Le signal reçu par les
premiers mètres de la liaison est inexploitable on l’appelle zone morte.

Cet appareil permet de mesurer différents paramètres : l’atténuation de la fibre optique qui
correspond aux pentes, en dB , de la courbe de rétroiffusion A = [(P1 − P2)/(L1 − L2)] en
dB.km−1 , les longueurs des tronçons de fibre ∆L = [(∆t/2) (c/n)] , les pertes par connexion
et par réflexion: qui sont les pertes localisées.
278 Chap. VIII - Transmissions optiques

épissure connexion
diode laser impulsions coupleur Y
Cep Cconn coupure
3 1
fibre A1 fibre A2
2
photodiode à
avalanche L1 L2
oscilloscope
pic de réflexion
2.A1L1
2Cep
2Cconn
signal 2.A2L2
synchronisation

réflectomètre courbe de retroiffusion L

structure d’un réflectomètre avec courbe de rétrodiffusion montrant les pics de


réflexion et les pertes de liaison des fibres optiques et des connexions

mesure du taux d’erreurs et diagramme de l’œil


La qualité des transmission numériques est évaluée en mesurant le taux d’erreurs par bit
le TEB . Des appareils spécialisés engendrent des séquences aléatoires et comparent le
signal en sortie de la liaison optique avec le signal d’entrée. Le TEB est obtenu en
divisant le nombre d’erreurs par le nombre total de bits. Compte tenu de la haute qualité
des transmissions optiques, on spécifie des TEB jusqu'à 10−12 ce qui correspond à un
bit erroné pour mille milliards de bits transmis, il faut donc effectuer les mesures pendant
un intervalle de temps suffisamment long afin d'obtenir une mesure fiable. Par exemple on
emploie presque deux minutes pour des mesures à un débit de 10 Gb.s−1.

On utilise souvent en télécommunications la méthode dite du diagramme de l’œil pour


décrire la dégradation par le bruit et la dispersion d’un signal numérique. Une séquence
aléatoire de bits est visualisée sur un oscilloscope en mode d’accumulation en fonction du
temps, la somme de tous ces signaux aboutissent à une forme de signal appelé l’œil .
Sans bruit les traces se superposent exactement, quand le bruit augmente les signaux
varient et la trace s’épaissit, les transitions dans le temps deviennent aussi moins définies
à cause de la gigue qui augmente, on dit que "l’œil se ferme".
période bit Tb Tb

bruit

marge de
"oeil" "oeil" bruit

période d’échantillonnage gigue

diagramme de l’œil d’une transmission numérique par fibre optique


Principe des liaisons par fibre optique 279

1.6 - Exemples de limitations de liaisons à fibre optique


Pour les calculs du bilan de liaison on considère une puissance seuil du récepteur Pr
correspondant à un taux d'erreurs TEB inférieur à 10-9 pour un débit fixé R0 . On peut
aussi utiliser le nombre de photons détectés par bit ndr requis pour le TEB spécifié vu
plus haut.

Pr = ηQ hν ndr R0 et en dBm PrdBm = 10.log(PrmW)

par exemple si le nombre de photons requis est ndr ≈ 1000 photons pour un TEB < 10−9
à 1550 nm , on obtient à 2,5 Gb.s−1 une puissance seuil de −35 dBm . Dans ce qui suit
les puissances seront exprimées en dBm, les pertes, les gains et les marges en dB et les
longueurs en km. La puissance de la source est Pe et l'ensemble des pertes localisées
dues aux épissures, connecteurs, coupleurs est Pc ,..., ainsi que d'une marge de
fonctionnement M . L'atténuation de la fibre optique est notée A en dB.km−1 et sa
longueur L . Le bilan de liaison s'écrit donc :

Pe − Pc − M − A.L = Pr

On va considérer les deux principaux cas de limitation de la portée d'une liaison, par
l'atténuation et par la dispersion.

limitation due à l'atténuation


Si on considère comme source de limitation uniquement l’atténuation, et en considérant la
relation précédente, en supposant une bande passante suffisante pour le débit R0 la
longueur maximale ou portée, Lmax qui s'exprime par :

10.logR0 Ps − Pc − M − 10.log(ηQ.hν.ndr)
Lmax = L0 − A avec L0 = A

ceci constitue donc la relation entre la longueur maximale et le débit. Une quantité
souvent utilisé est la capacité de la fibre optique définie par C = Lmax.R0 , en km.bit.s−1 .

limitation due à la dispersion


Il est évident que pour les grandes distances et les forts débits il faut aussi considérer la
dispersion.
Si le retard τ du à la dispersion dépasse la période d'un bit Tb la dégradation du signal
due à l’interférence inter-symbôle, ne permet pas une transmission correcte. Un critère
satisfaisant est de prendre un retard maximum tel que τmax = Tb/4 = 1/(4R0) . Le produit
Lmax.R0 sera alors constant puisque le retard du à la dispersion est une fonction linéaire
de la distance L* . La relation entre portée et débit devient :

logLmax = logC − logR0

Dans le cas d’une fibre optique multimode à gradient d’indice GI la limitation de


dispersion intermodale pour le retard maximal global s'écrit :

n ∆2
τGI ≈ L c1 8

on ne considère pas ici le retard du à la dispersion de polarisation qui varie en √L


*
280 Chap. VIII - Transmissions optiques

où n1 est l'indice du cœur et ∆ ≈ (n1 − n2)/n1 la différence d'indice relative de la fibre.


La capacité maximale devient alors :

2c
CGI =
n1∆2

Par exemple pour n1 = 1,48 et ∆ = 1% on obtient une capacité de CGI = 4 km.Gb.s−1 .

Dans le cas d’une fibre multimode à saut d'indice SI le retard maximal global s'écrit :

n
τSI ≈ L c1 ∆

La capacité maximale devient alors :

c
CSI = Lmax D =
4n1∆

Par exemple pour n1 = 1,48 et ∆ = 1% on obtient une capacité CSI = 5 km.Mb.s−1 .

Pour une fibre optique monomode il faut considérer la dispersion intramodale Dλ . Le


retard maximum sera :

1
τ = L.∆λ.Dλ et la capacité Cchrom =
4.∆λ.Dλ

où ∆λ est la largeur spectrale de la source.

Par exemple avec une fibre standard G652 on obtient les chiffres suivants.
Dans la troisième fenêtre autour de λIII = 1550 nm avec une dispersion
−1 −1
D1550 ≈ 17 ps.nm .Km pour un laser DFB monomode avec une largeur spectrale
typique sous modulation de ∆λDFB = 0,05 nm on obtient une capacité de
−1
C1550 = 200 km.Gb.s .
Dans la deuxième fenêtre autour de λII = 1310 nm avec D1310 ≈ 3 ps.nm−1.Km−1 on va
considérer le cas d’un laser multimode FP avec une largeur spectrale multimode de
∆λ ≈ 10 nm qui donne la capacité C1310FP = 8 km.Gb.s−1 . Pour un laser DFB monomode
avec une largeur spectrale typique sous modulation de ∆λDFB = 0,05 nm on obtient
C1310 = 1500 km.Gb.s−1 .
limitation du au spectre de Fourier
Cette limitation obtenue est pour des débits très élevées et correspond à la limite de
Fourier due au fait que les impulsions possèdent une largeur spectrale ∆f qui augmente
inversement proportionnellement à la largeur de l’impulsion τ , suivant la relation
∆f.τ ≈ 1/2. Ceci est observé dans les solitons, qu'on a vu au chapitre VII.
Pour une impulsion qui fait la moitié de la période bit on a ∆fTF ≈ 1/2Tb = R0/2 . Ce spectre
peut devenir important, avec l’augmentation du débit, par rapport au spectre intrinsèque
∆λ du laser monomode. La largeur spectrale en terme de longueur d’onde sera donc :

λ2 λ2
∆λFT ≈
c ∆fTF = 2cR0
Principe des liaisons par fibre optique 281

pour un débit R0 = 10 Gb.s−1 on obtient ∆λFT ≈ 0,03 nm à 1300 nm de l’ordre de


grandeur de ∆λDFB . La relation reliant le portée au débit est maintenant donnée par :

c
LmaxTF R02 = exprimée en km.Gb2.s−2
Dλλ2

est typiquement à 1310 nm de 50.000 km.Gb2.s−2 et à 1550 nm de 7000 km.Gb2.s−2 .


exemples de limitations
Sur les courbes suivantes on considère quatre cas de figure :
- liaison sur fibre plastique, PMMA, multimode à saut d’indice SI avec DEL à 650 nm.
- liaison sur fibre silice, multimode GI avec DEL ou laser FP à 1310 nm.
- liaison sur fibre silice monomode standard, G652, avec laser DFB à 1310 nm.
- liaison sur fibre silice monomode standard, G652, avec laser DFB et amplificateur
optique à 1550 nm.

Les courbes présentent la portée, Lmax , en fonction du débit numérique, R0 . La limite de


fonctionnement se trouve en dessous de la portion de courbe avec la portée la plus
basse. Les calculs sont effectués pour l’atténuation, la dispersion et la limite de Fourier,
cette dernière est calculée uniquement pour la fibre monomode. On a utilisé les formules
données précédemment avec des valeurs typiques.

fibre multimode SI plastique fibre multimode GI à λII = 1310nm


portée portée
Lmax Lmax

1km atténuation 100km

100m 10km
dispersion
A=150dB/km A=0,5dB/km
10m Pe=10µW 1km Pe=100µW
ON=0,3 ON=0,25
1m 100m
0,01 0,1 1 10 100 1000 0,01 0,1 1 10 100 1000
débit Mb/s débit Mb/s

fibre monomode standard G652 fibre monomode standard G652 avec laser
avec laser DFB à λII = 1310 nm DFB à λIII = 1550 nm et amplificateur optique
portée portée
Lmax Lmax

1000km 1000km
ampli
+60dB
100km 100km
A=0,25dB/km
Pe=10mW dispersion
D=3ps/nm.km A=0,15dB/km
10km 10km
limite de Pe=10mW
Fourier D=17ps/nm.km
1km 1km
0.1 1 10 100 débit Gb/s 0.1 1 10 100 débit Gb/s
282 Chap. VIII - Transmissions optiques

2 - MULTIPLEXAGE SUR FIBRE OPTIQUE


Différentes techniques pour la transmission de l’information sur fibre optique on utilise. On
s’intéressera ici à la couche physique de la transmission.

On utilise la technique du multiplexage pour transmettre simultanément plusieurs signaux


sur le même support de transmission, ici la fibre optique. Deux grandes sortes de
multiplexage sont utilisés pour la transmission sur fibre optique, le multiplexage temporel,
plus ancien, et le multiplexage en longueur d'onde qui correspond aux systèmes récents
pouvant exploiter la très grande bande passante de la fibre optique.

2.1 - Multiplexage temporel


Il existe plusieurs standards de multiplexage temporel ou TDM , Time Division
Multiplexing . Les systèmes actuels de télécommunications ont leur origine dans le
système téléphonique qui a comme unité de base un signal appelé circuit téléphonique ,
en anglais voice circuit , qui transporte la voix sur une ligne téléphonique jusqu’à l’abonné
sous forme analogique, ce signal est ensuite numérisé au niveau des centraux
téléphoniques à un débit de 64 kbit.s−1 . Le système combine ensuite plusieurs circuits
pour en produire un de plus forte capacité, c’est cette opération qu’on appelle
multiplexage.

systèmes plésiochrones, PDH


Le système le plus ancien en Europe qui est encore en utilisation en Europe est le
système Plésiochrone , en anglais PDH Plesiochronous Digital Hierarchy , dont l’unité de
base possède un débit de 2,048 Mb.s−1 pouvant supporter jusqu’à 30 circuits
téléphoniques. Les équipement du réseau fonctionnent à la même fréquence mais ne
sont pas synchrones. Les dispositifs de multiplexage rajoutent d’autres informations
permettant de synchroniser les unités. Par des multiplexages successifs on peut arriver à
des signaux de 139,164 Mb.s−1 ≈ 140 Mb.s−1 pouvant supporter 1920 circuits
téléphoniques. Aux Etats Unis il existe une autre norme, la North American digital
hierarchy , avec une unité de base de 1,544 Mb.s−1 .
Ces techniques sont apparues dans les années 70 avec la numérisation des systèmes
téléphoniques, maintenant avec l’augmentation constante des débits, la gestion des
systèmes PDH de débits supérieurs s’avère complexe puisque l’on ne peut traiter
uniquement des signaux de 140 Mb.s−1 .
systèmes synchrones, SDH et SONET
L’augmentation des débits de transmission et l’avènement de la fibre optique a amené à
des standards pour transmission plus rapides. En Europe on utilise le SDH ,
Synchronous Digital Hierarchy . Les unités du SDH s’appellent des modules STM ,
Synchronous Transport Module , le module de base est STM-1 avec une capacité de
155,52 Mb.s−1 correspondant à 2016 circuits téléphoniques. Chaque module est
composé de deux éléments, le SOH , Section Overhead , qui constitue l’en tête avec les
informations de routage et le VC , Virtual Container , où est placé l’information à
transmettre. Plusieurs modules peuvent être assemblés pour constituer un module d’ordre
supérieur. Par exemple STM-16 avec un débit à 2488,32 Mb.s−1 ≈ 2,5 Gb.s−1
correspond à 32.256 circuits, et STM-64 à ≈ 10 Gb.s−1 , comprend à 129.024 circuits,
sont les plus utilisés sur fibre optique monomode dans les liaisons modernes. Les nœuds
du réseau sont constitués de multiplexeurs à insertion/extraction MIE , en anglais ADM
Add Drop Multiplexers , et de répartiteurs/brasseurs .
Multiplexage sur fibre optique 283

Les signaux à haut débit qui transitent sur une fibre optique, par exemple à 2,5 Gb.s−1
STM-16 du SDH, sont convertis en signaux électriques pour ensuite être démultiplexés
dans le domaine temporel dans le domaine électrique sous la forme de signaux à plus
faible débit par exemple dans le module STM-1 à 155 Mb.s−1 .
Aux Etats Unis le système SONET, Synchronous Optical NETwork , est très similaire à
SDH , STM-16 correspond à OC-48 et STM-64 à OC-192 .
Dans les systèmes PDH et SDH les unités de base correspondent à des circuits
téléphoniques avec des capacités fixes, on doit donc réserver une capacité de
transmission fixe sur chaque circuit entre deux nœuds même s’il n'y a pas de trafic,
comme pour une liaison physique entre deux points. Les circuits sont commutés par le
multiplexage.

ATM et IP
D’autres protocoles allouent plus efficacement la capacité d’information.
Le protocole ATM , Asynchronous Transfer Mode , permet de caser des paquets de
longueur fixe, et attribue différentes priorités à différents types de données.
Internet a amené un autre mode de transmission par paquets qui transitent
indépendamment à travers le réseau et sont ensuite rassemblés à la réception, ce
processus est appelé routage et se distingue de la commutation des circuits. Le protocole
IP , Internet Protocol , permet ce type de transmission.

2.2 - Multiplexage en longueur d’onde

M
U
L Les quatre canaux
T sont transmis
λ1 simultanément sur le
I
P même support mais
L à des longueurs
λ2 d’ondes différentes
E
X λ1 λ2 λ3 λ4 (λi i = 1..4)
λ3 E
U
R
λ4

principe du multiplexage en longueur d’onde avec 4 canaux

Le multiplexage en longueur d'onde ou WDM , Wavelength Division Multiplexing , permet


de transmettre simultanément sur la même fibre optique des signaux de deux ou plus
longueurs d'onde. On peut faire l’analogie avec les techniques de radiodiffusion, par
exemple en téléphonie mobile, on multiplexe des fréquences différentes, par FDM ,
Frequency Division Multiplexing . Le grand intérêt du WDM est de multiplier la capacité
de transmission d'une seule fibre optique utilisée en TDM par le nombre N de canaux en
longueur d'onde. Cette technologie évite aussi d'installer des nouvelles fibres dans les
systèmes existants. On utilise le terme DWDM , Dense Wavelength Division Multiplexing
pour les systèmes multipléxées en longueur d’onde qui se situent dans la troisième
fenêtre autour de λIII = 1550 nm avec un espacement dense entre canaux de 25 GHz ,
50 GHz ou 100 GHz.
284 Chap. VIII - Transmissions optiques

caractéristiques générales d'un réseau DWDM


Dans une liaison par fibre optique point à point, les émetteurs optiques, dénommées Tx ,
engendrent des signaux aux différentes longueurs d'onde. En général il s'agit de lasers à
semiconducteur modulés indépendamment en direct ou en externe. Les signaux optiques
correspondant aux différents canaux en longueurs d'onde sont combinés dans un
dispositif appelé multiplexeur en longueur d'onde connecté à la fibre optique. Les
différents canaux se propagent simultanément le long de la fibre et peuvent passer dans
un amplificateur optique dans une liaison dite transparente. En bout de liaison les canaux
sont séparés afin d’être traitées, c'est le rôle du démultiplexeur en longueur d'onde , qui
les dirige vers un récepteur, dénommé Rx .

Pour les liaisons longue distance, en général dépassant 100 km , on utilise des
amplificateurs à fibre optique. C'est là aussi un avantage de la technologie DWDM qui
est compatible avec les fenêtres des amplificateurs à fibre dopée Erbium EDFA dans la
bande C, comme Center , entre 1525 nm et 1570 nm ou pour les nouveaux
amplificateurs dans la bande L , comme Long , entre 1570 nm et 1605 nm . Tous les
canaux sont amplifiés simultanément dans l’amplificateur optique.

On développe des composants spécifiques pour le DWDM. Les modules d'insertion-


extraction OADM, Optical Add Drop Module, permettent d'extraire une ou plusieurs
longueurs d'onde de la liaison et en rajouter et/ou en remplacer d'autres. Les
interrupteurs, switches, et les commutateurs ou brasseurs optiques OXC, Optical Cross-
Connects, séparent et réorientent les longueurs d'onde vers différentes voies. Des routers
en longueur d'onde effectuent des fonctions similaires.
La technologie évolue rapidement, les fonctions de commutation et de routage sont
importantes pour la constitution d'un réseau tout-optique . Il s’agit en effet de disposer de
moyens optiques permettant d’assurer le routage du réseau sans avoir besoin de faire
appel aux couches électroniques inférieures. Certaines opérations qui sont effectuées
actuellement de manière électronique seront dans le futur effectuées de manière optique.
L'entité du système sera le canal optique avec une longueur d'onde spécifiée, avec son
propre service. Chaque canal pourra contenir des signaux TDM de différents formats,
SDH , ATM , IP… et ces signaux pourront être transférées d'une longueur d'onde à une
autre si la gestion du réseau le demande.

multiplexeur demultiplexeur
λ DeMux vers d'autres
brasseur réseaux λi
TDM λ 1 optique
Mux
λ Mux λj
λ N WDM OXC WDM λ conv
Mux λ 1…λN
DeMux
… conversion
compensation en longueur
de dispersion λM d’onde
OADM A comp OADM
…λK… …λL…
anneau à
fibre optique amplificateur module
optique d’insertion/extraction

exemple de fonctions DWDM dans un réseau à fibre optique


Multiplexage sur fibre optique 285

fréquences des canaux utilisées pour le DWDM


Le nombre de canaux pouvant être transmis dépendra de plusieurs facteurs : la
séparation entre canaux, la bande passante optique totale du système et la bande
passante de modulation de chaque canal.

Les systèmes les plus anciens utilisent des grands espacements entre canaux dans des
fenêtres de transmission différentes par exemple autour de λI = 850 nm , λII = 1300 nm
et λIII = 1550 nm . Dans les applications plus récentes on utilise le multiplexage en
longueur d’onde dense, DWDM , avec des canaux possédant un espacement de l’ordre
ou plus petit que le nm, situés dans la III fenêtre de transmission autour de λIII = 1550 nm
compatible avec les amplificateurs à fibre optique dopés Erbium, EDFA.
Le terme WWDM, Wide Wavelength Division Multiplexing, est réservé désormais aux
systèmes avec des canaux espacés de plusieurs nm incluant aussi les canaux dans des
fenêtres de transmission différentes.

D’après la recommandation G.692 de l’Union Internationale des Télécommuncations ,


UIT ou ITU , International Telecommunication Union ,. la valeur de 193,1 THz a été
prise comme fréquence de référence car elle est proche de plusieurs raies de transition
laser correspondant à des références de fréquences absolues et correspond à une
longueur d’onde de 1552,52 nm . Cette recommandation a été établie sur la base de
l'expérience acquise avec des amplificateurs à fibre de silice dopée à l'erbium EDFA ,
fonctionnant au voisinage de 1550 nm .
L'espacement entre les canaux doit être un multiple de 25 GHz en unités de fréquence
ce qui correspond à environs 0,2 nm en unités de longueur d’onde. On utilise des
canaux espacés de 200 GHz , 100 GHz et 50 GHz ce qui correspond à 1,6 nm ,
0,8 nm , 0,4 nm . Typiquement la bande optique C s’étend de 190,0 THz à 198,0 THz
et permet théoriquement la transmission de 80 canaux espacés de 100 GHz . Les
canaux sont numérotés suivant leur fréquence croissante.

L’évolution des systèmes de transmission optiques va du simple TDM au WDM en


multipliant la capacité du canal TDM par N pour un système DWDM à N canaux en
longueur d’onde.

capacité totale WDM+TDM N.10 Gb.s−1


par fibre optique WDM
40.10 Gb.s−
1
N.2,5 Gb.s−1
200 Gb.s−1
128.2,5 Gb.s−
1
16.10 Gb.s−
1
−1
100 Gb.s 64.2,5 Gb.s−
1
8.10 Gb.s−
1
−1
32.2,5 Gb.s
16.2,5 Gb.s−
1
TDM
8.2,5 Gb.s −1 mono canal
40 Gb.s−
1
−1
4.2,5 Gb.s−
1
10 Gb.s
2.2,5 Gb.s−
1

10 Gb.s−
1
−1
2.5 Gb.s
565 Mb.s−
1

140 Mb.s−
1

1986 1992 1998 2002 années

croissance de la capacité par fibre optique pour les deux schémas de


multiplexage aujourd’hui employés TDM et WDM
286 Chap. VIII - Transmissions optiques

Le marché du DWDM ne cesse d'augmenter. Dans un premier temps, de 1996 à 1998,


la technologie DWDM a été utilisé pour des applications longue distance point à point
dans le but de disposer du plus grand nombre de canaux possibles et de la plus grande
longueur de transmission possible. A présent les applications du DWDM touchent aussi
les réseaux métropolitains MAN Metropolitan Area Networks .
On utilise un canal spécial le canal de surveillance optique qui permet de gérer non
seulement l’information transitant sur le réseau, mais aussi les équipements qui
composent le réseau. L’ITU a défini des processus de supervision, ce canal est appelé
OSC Optical Supervisory Channel .

limitations des transmissions DWDM


L'interférence entre canaux est une des limitations importantes des systèmes DWDM. La
mauvaise séparation entre canaux après multiplexage ou les interactions non-linéares
dans les fibres optiques provoquent la superposition de canaux, et ceci d'autant plus que
la séparation entre canaux est faible et le débit élevé.
Des multiplexeurs idéaux séparent les canaux en une série de bandes de fréquence
optique sans superposition, dans la réalité le filtrage est non idéal et les flancs de bande
possèdent une pente finie. Les sources laser émettent sur une largeur spectrale optique
finie, dans la pratique le systèmes DWDM fonctionnent si les longueurs d'onde sont
stables, ceci nécessite un contrôle des conditions d'opération de la source telle que la
température et la puissance.

Les amplificateurs optiques sont aussi source de limitation. Le bruit d'émission spontanée
des amplificateurs à fibre optique fixe une limite. Le bruit augmente comme le signal
quand l'amplification augmente, ceci affecte le taux d'erreurs du système. Une autre
source de limitation est le gain non-uniforme de l’amplificateur pour les différents canaux
en longueur d’onde. Plus il y a d'amplificateurs et plus la différence de gain augmente.
Pour une chaîne de 20 amplificateurs une différence de 1 dB par amplificateur résulte en
une différence globale de 20 dB produisant des niveaux de puissance trop différents
entre canaux. Pour remédier à cet effet on peut utiliser des techniques d'égalisation de
gain qui consistent à utiliser des amplificateurs à faible gain ou à introduire des filtres.

Sur des longues distances les effets non-linéaires de la fibre optique provoquent aussi de
l'interférence. Le mélange à quatre ondes , en anglais FWM Four Wave Mixing , se
manifeste quand trois canaux ν1 , ν2 , ν3 se mélangent pour produire une harmonique
ν4 = ν1 + ν2 − ν3 . Avec des canaux régulièrement espacés sur une grille de référence
cette harmonique peut tomber au niveau d’un autre canal optique engendrant du bruit.
Si le signaux subissent une faible dispersion de la fibre optique ils restent en phase ce
qui provoque une forte interaction FWM . Ceci est la raison pour laquelle le DWDM ne
doit pas être utilisé au zéro de dispersion de la fibre optique comme c'est le cas pour les
fibres optiques à dispersion décalée de type G.653 à λIII = 1550 nm . Un faible niveau
de dispersion diminue le FWM comme dans les fibres optiques de type G.655 ,
développées pour le DWDM et mentionnées au chapitre VII.

D'autres effets non-linéaires peuvent devenir pénalisants à forte puissance à cause du


grand nombre de canaux.
La diffusion Raman stimulée , en anglais SRS Stimulated Raman Scattering , peut
amplifier, atténuer ou provoquer de l'interférence à très haut débit. A cause de la variation
de la dispersion de la fibre optique en fonction de la longueur d’onde, certains canaux
seront affectés par le transfert de puissance des longueurs d’onde plus basses vers les
longueurs d’onde plus élevées. La diffusion Brillouin stimulée, Stimulated Brillouin
Scattering SBS, peut provoquer des changements de longueur d’onde.
Amplificateurs optiques 287

3 - AMPLIFICATEURS OPTIQUES
La distance de propagation d’un signal sur une fibre optique est limitée par l'atténuation et
la dispersion. On utilise les amplificateurs optiques dans les liaisons à longue distance, ils
remplacent les plus anciens régénérateurs optoélectroniques afin de créer des liaisons
transparentes permettant notamment le multiplexage en longueur d’onde. Ils peuvent
aussi être utilisés comme booster en amont, servant à augmenter la puissance de
l’émetteur afin de pouvoir distribuer sur un plus grand nombre de fibres optiques.

3.1 - Caractéristiques des amplificateurs optiques


Les principales caractéristiques des amplificateurs optiques sont le gain, la bande
passante optique associée, la puissance de saturation du gain et le bruit associé à
l’amplification.
Le gain mesure le rapport entre la puissance de sortie Ps et la puissance d’entrée Pe
injectée dans l'amplificateur. La puissance optique augmente dans un amplificateur
optique augmente suivant la direction de propagation Oz et correspond à l'augmentation
de la puissance dans les milieu amplificateurs laser comme on l’a vu au chapitre IV :

dP γ0(ω).P
dz = 1 + P/Psat

où γ0(ω) est le coefficient de gain non saturée fonction de la pulsation optique ω . Le


coefficient de gain, qui est celui d’un laser, peut être exprimée par :

γ(0)
γ(ω) =
1 + (ω − ω0)2T2

il s'agit d'un gain à spectre Lorentzien de largeur spectrale à mi-hauteur, ∆ω = 2/T2 qui
dans le domaine des fréquences correspond à ∆νγ = ∆ω/2π = 1/πT2 et dans le domaine
des longueurs d'onde , à ∆λγ = ∆νγ λ2/c .
Psat est la puissance de saturation pour laquelle la puissance de sortie augmente deux
fois moins vite que dans le cas non saturée.
Le gain de l'amplificateur , exprimée généralement en dB, est défini comme :

GdB = 10.logP 
Ps Ps
G = P
e  e

Dans le cas où l'on néglige la saturation, P << Psat , la puissance devient


P(z) = Pe exp(γ.z) donc pour un amplificateur de longueur L on peut écrire:

G0(ω) = exp[γ0(ω).L]

On utilise aussi la notion d’efficacité de gain exprimé en dB.mW −1 pour caractériser le


rapport entre le gain et la puissance incidente.
La bande passante d'amplification du spectre du gain devient :

∆ωA = ∆ωγ 
Log2 
γ
 0 − Log2
.L

En présence de saturation on peut donner une formulation explicite du gain G :


288 Chap. VIII - Transmissions optiques

G0
G =
1 + (P/Psat)

La puissance de saturation de sortie Psat correspond à une réduction de moitié du gain,


par rapport à sa valeur maximale.
La source de bruit principale d’un amplificateur optique est celle correspondant à
l’émission spontanée amplifiée ESA , ou en anglais ASE Amplified Spontaneous
Emission , ce bruit a comme origine l’émission spontanée dans la zone d’amplification, et
peut être compris comme le démarrage de l’effet laser en absence d’oscillation. L’ASE
dépendra du spectre du gain, de la bande passante énergétique de bruit et du facteur
d’émission spontanée nsp qui indique le degré d’inversion laser dans le milieu
amplificateur. Ce bruit est gênant surtout lors de la mise en cascade de plusieurs
amplificateurs.
Une autre caractéristique importante est la dépendance de l’état la polarisation, en effet le
gain peut dépendre de l’état de polarisation, TE ou TM , de la lumière incidente.

3.2 - Configuration des amplificateurs optiques


La principale utilisation des amplificateurs est en ligne mais ils peuvent aussi être utilisés
en amont au niveau de l’émetteur optique, comme amplificateur de puissance ou
booster , ou bien en aval a niveau du récepteur optique comme préamplificateur.

amplificateur optique de puissance, booster


amplificateur fibre optqiue
émetteur optique Tx
optique
laser isolateur

modulateur

amplificateur optique en ligne


filtre
optique
AFe ACe ACs AFs

∆νopt

pré-amplificateur optique
filtre récepteur Rx
optique
discriminateur
photodiode

∆νopt préamp. elec.


Amplificateurs optiques 289

- L’amplification en ligne permet une amplification régulière le long de la liaison. Il faut


alors déployer les amplificateurs le long de la liaison, ceci augmente considérablement le
coût de celle-ci. Ce type de configuration est la plus répandue, les amplificateurs optiques
à fibre optique dopée Erbium, EDFA Erbium Doped Fiber Amplifier, sont en train de
remplacer les répéteurs opto-électroniques de type 3R , Regeneration Reshaping
Reclocking , qui effectuent une conversion optique-électrique, une remise en forme, une
synchronisation du signal et enfin une conversion électrique-optique. Les répéteurs sont
installés typiquement dans les liaisons de plus de 100 km. Grâce à l’amplification optique
en ligne, la liaison est dite transparente, ce qui permet de véhiculer plusieurs canaux de
longueurs d’onde simultanément dans les liaisons DWDM. Un autre avantage de
l'amplificateur optique en ligne par rapport au régénérateur 3R est qu'il est insensible au
format de modulation électrique du signal.

- L’amplification comme booster, nécessite des fortes puissances en sortie ce qui diminue
le rendement de l’amplificateur du fait de la saturation. Des fortes puissances injectées
dans une fibre optique font apparaître les effets non linéaires gênants de celle-ci.

- L’amplification optique en tant que préamplificateur de réception permet d’amplifier des


signaux d’entrée très faibles et donc posséder des gains élevés, mais le bruit est aussi
amplifiée, une solution consiste à filtrer le signal optique avant d’atteindre le détecteur.

3.3 - Performances d’un amplificateur optique dans une liaison par fibre optique

bruit d’émission spontanée


L'amplificateur optique peut être considérée comme une source de bruit blanc additif en
entrée de densité spectrale de puissance optique par mode :

G−1
DSPmode = nsp
G hν

où nsp est le facteur d’émission spontanée caractéristique des amplificateurs lasers, qui a
été traité au chapitre IV .
termes contribuant au bruit
On détermine le rapport signal à bruit (S/B) au niveau du détecteur. À l'entrée du
détecteur le champ électrique s’exprime par :

Ed(t) = Esig(t) + Esp(t)

où Esig(t) est le champ du au signal et Esp(t) le champ du à l'émission spontanée


amplifiée. En détection directe une photodiode effectue une détection quadratique, le
courant engendrée ip , s'exprimera alors par :

e.ηQ σA.ε.vg 2 2
id =
hν 2 <[Esig(t) + 2Esig(t).Esp(t) + Esp(t) ]> = isig + isig-sp + isp-sp

ηQ est le rendement quantique du détecteur, σA la section efficace d’amplification, ε la


constante diélectrique et vg la vitesse de groupe. isig est le courant signal , isig-sp est le
courant de bruit de battement signal émission spontanée et isp-sp est le courant de bruit
de battement émission spontanée émission spontanée.
290 Chap. VIII - Transmissions optiques

rapport signal à bruit (S/B) d’un amplificateur optique en détection directe


On exprime le rapport (S/B) en termes des quantités réduites correspondant au nombre
de photons équivalents détectés, comme on l’a vu au chapitre VI dans le cas des
détecteurs. Cette formulation permet de s'affranchir du débit binaire Db = 1/Tb et donc
aussi de la bande passante électrique ∆fel ≈ 1/(2Tb) . Le nombre de photons signal nd
détectés par symbole, le bit, s’exprime en fonction de la puissance optique signal ou du
courant :
Psig id
nd = ηQ .T = T
hν b e b

Le bruit thermique dans le détecteur et dans l’électronique associée est exprimée par
nombre équivalent nT , comme on l’a vu au chapitre VI.
Il faut aussi considérer le gain de l'amplificateur G et l'atténuation du câble optique en
sortie d’amplificateur AFs et de la largeur de bande réduite du filtre optique δf ≈ ∆νopt.Tb
où ∆νopt est la bande passante de filtrage optique. Le nombre de photons signal à
l’entrée de l’amplificateur est notée ne . Le nombre de photons détectés nd devient
alors :
nd = ne (ηQ.AFs.G)

Le nombre de photons de bruit d’émission spontanée nspd arrivant sur le détecteur avant
le filtre optique est fonction aussi fonction du gain G et de l'atténuation de la fibre Afs :

G−1
G (ηQ.AFs.G)
nspd = nsp

Les termes d’émission spontanée sont filtrés avant le détecteur par le filtre optique
caractérisé par δf . En général la bande passante du filtre optique ∆νopt est très grande
vis à vis de la bande passante électrique ∆fel du détecteur, donc δf >> 1 .
On obtient le rapport signal sur bruit global en effectuant au dénominateur la somme du
bruit thermique, du bruit quantique ou de grenaille, du bruit de battement signal émission
spontanée et du bruit de battement émission spontanée émission spontanée. Le rapport
signal sur bruit en fonction des quantités réduites s'exprime alors par :

nd2
(S/B)d =
nT + nd + nspd.δf + 2nd.nspd + 2nspd2.δf

ne2
=
[nT/(ηQAFsG) ] + {ne+δf.nsp[(G−1)/G]}/(ηQAFsG) + 2nensp[(G−1)/G] + 2δf[(G−1)/G]2nsp2
2

facteur de bruit de l’amplificateur optique


Le facteur de bruit global en présence d'un amplificateur optique est défini par le rapport :

(S/B)e
F =
(S/B)s

où (S/B)e est le rapport signal sur bruit en absence d'amplificateur avec un détecteur
idéal , ηQ = 1 et sans bruit thermique du à l'électronique, nT = 0 . obtenu en posant G = 1
, Afs = 1 et nsp = 0 . (S/B)s est le rapport signal sur bruit exprimé plus haut.
Si on néglige en sortie la contribution due au bruit thermique, ce qui est justifie dans la
plupart des cas puisque les signaux sont forts, et si on néglige aussi le bruit de battement
spontané-spontané et en absence de filtre optique on obtient :
Amplificateurs optiques 291

(S/B)e = nd = ne
et
ne2 ne
(S/B)s = =
[ne/(ηQAFsG)] + 2nensp [(G − 1)/G] [1/(ηQAFsG)] + 2nsp [(G − 1)/G]

Le facteur de bruit amplification en détection directe devient alors :

1 G−1
FAdet = + 2nsp
ηQAFsG G

Le facteur de bruit FA propre à l'amplificateur sans pertes de câble, AFs = 1, pour un


détecteur idéal est alors :
1 G−1
FA = G + 2nsp G

Pour des gains forts , G >> 1 et donc FA ≈ 2nsp Pour l'inversion totale nsp = 1 et FA = 2 .
Si l'on tient compte des pertes de connexion en entrée ACe et en sortie ACs , il faut
modifier la forme du (S/B) . Le signal d’entrée sera multiplié par le gain et par les pertes
de connexion (ACe.G.ACs).ne . La perte en entrée ACe n'affecte pas l'émission spontanée
donc :
(ACe.G.ACs)2ne2
(S/B) =
(ACe.G.ACs)ne + 2(ACe.G.ACs)nensp.G.ACs [(G − 1)/G]

1 2nsp G − 1
FAdet = A .G.A + A . G
Ce Cs Ce

facteur de bruit pour des amplificateurs cascadés


On peut retrouver le résultat précèdent en appliquant la méthode des amplificateurs
cascadés. Si l'on considère N amplificateurs optiques en cascade avec des gains et
facteurs de bruit respectifs : G1 , G2 ,..., GN et F1 , F2 ,..., FN le facteur de bruit
équivalent s'exprime par :

F2 − 1 FN − 1
Feq = F1 +
G1 + ... + G1G2...GN-1

cette formule montre l'effet de masquage du premier amplificateur puisque si le gain G1


est suffisamment élevé sa figure de bruit domine les autres.
En utilisant la formulation précédente, la perte en entrée ACe peut être considérée
comme ayant un facteur de bruit équivalent F1 = 1/ ACe , donc :

1 FA − 1 1/ACs − 1 1 2nsp G − 1
Feq = A + A + G.A = A .G.A + A G
Ce Ce Ce Ce Cs Ce

Pour un amplificateur de gain Gi suivi d'un atténuateur de facteur de transmission AAtt le


facteur de bruit devient :
1 − AAtt.Gi
Feq = Fi +
AAtt

Le détecteur peut aussi être traité de la même façon :

1/η − 1 1
FAdet = FA + = + nsp
G ηQG
292 Chap. VIII - Transmissions optiques

3.4 - Amplificateurs à fibre optique dopée


Les amplificateurs à fibres optique sont constitués par des tronçons de fibre, d’environs
dix mètres, dopées avec un composé pouvant amplifier la lumière. Il y a différents
mécanismes d’amplification : Raman , Brillouin , FWM Four-Wave Mixing . Il existe
plusieurs amplificateurs à fibre dopée, le noyau de la fibre est dopé par des Terres Rares,
Lanthanides et Actinides, par exemple Erbium à 1550 nm , Neodyme à 1330 nm , et
Praseodimium à 1320 nm . La plupart des études et des applications ont été centres en
l’utilisation des ions d’erbium Er3+ dû à ses bonnes caractéristiques à λIII = 1550 nm .

pompage Er3+:silice G(dB) spectre de gain


4
I11/2 optique 60
transition
amplification
980 nm 30
4
I13/2

1520 -1560 nm 0
4
I15/2 1480 nm

1530 1540 1550 1560 1570 λ (nm)

niveaux d’énergie de l’erbium et spectre de gain d’un amplificateur EDFA

amplificateur à fibre dopée Erbium EDFA


L’élément dopant le plus utilisé est l’Erbium, EDFA Erbium Doped Fiber Amplifier , qui
permet d’amplifier dans la III fenêtre de la fibre optique en silice à λIII = 1550 nm .
Les amplificateurs EDFA sont les amplificateurs optiques les plus utilisés, ils équipent
les liaisons sous-marines. On utilise ces amplificateurs à cause de leur nombreux
avantages : un niveau de bruit faible, de très faibles pertes de raccordement aux fibres
optiques, une faible sensibilité à la polarisation de la lumière et une puissance de
saturation peu importante.

Pour obtenir l'amplification, il faut pomper le milieu actif. Deux longueurs d’onde 980 nm
et 1480 nm sont utilisées. Le pompage est réalisé par des diodes lasers de pompe
spécialement conçues à cet effet.
- Les lasers de pompe à 980 nm sont en AlGaAs,: avec une bande de pompe de l’ordre
de 10 nm , une puissance couplée supérieure à 150 mW, un facteur de bruit nsp = 1 une
efficacité de gain supérieure à 11 dB.mW −1 .
- Les lasers de pompe à 1480 nm sont en InGaAsP, avec une bande de pompe 1460-
1490 nm , une puissance couplée supérieure à 150 mW , un facteur de bruit nsp = 1,6 ,
2 dB, une efficacité de gain supérieure à 6 dB.mW−1 .
Le pompage peut se faire dans le sens propagatif ou/et dans le sens contra-propagatif.
Le couplage du signal et de la pompe se fait à l'aide de coupleurs dichroiques, assurant le
couplage et le filtrage optique, ne mélangeant pas les deux longueurs d'onde signal, λs, et
de pompe, λp .

Le gain net typique de sortie se situe entre 30 dB et 60 dB. La puissance de saturation


Psat se situe autour de 10 mW . La largeur spectrale de l'amplificateur ∆λA est de l’ordre
de 35 nm . Les pertes de couplage en entrée sont de l'ordre de 3 dB . Ces amplificateurs
ne sont pas sensibles à la polarisation. Le temps de saturation caractéristique est de
1 ms . Chaque module amplificateur contient typiquement une longueur de fibre de 10 m
Amplificateurs optiques 293

à 20 m . A l’entrée et à la sortie on utilise des isolateurs optiques afin de prévenir le


retour de la lumière dans l'amplificateur puisque les réflexions augmentent le bruit dans le
système. Un multiplexeur, coupleur dichroique, combine la pompe et le signal.

La fenêtre spectrale des amplificateurs EDFA est utilisé pour le DWDM et se situe dans
la bande C entre 1530 nm et 1565 nm , là où le gain est maximum avec une possibilité
d'extension à la bande L entre 1570 nm et 1610 nm avec un gain plus faible.

Une des limitations de ces amplificateurs est le bruit d’émission spontanée amplifiée ASE
qui s'accumule en cascadant les amplificateurs.
Un autre problème est la non-uniformité du gain dans le bande d’amplification, notamment
à cause d’un pic situé à 1530 nm , ceci est critique pour les systèmes utilisant le
multiplexage en longueur d’onde DWDM où les puissances par canal en sortie
d’amplificateur peuvent varier fortement. Plusieurs solutions sont utilisés pour aplatir le
gain d’un amplificateur EDFA : des filtres optiques avec un gabarit inverse à celui de
l’amplificateur, par exemple avec des fibres de Bragg, ou des filtres acousto-optiques.
Si on cascade les amplificateurs il apparaîtra un autre pic à 1560 nm , Une solution alors
consiste à dmultiplexer les canaux et à atténuer chaque canal indépendamment de
manière à obtenir une puissance uniforme.
amplificateur à fibre fluorée dopée Praseodinium PDFFA
Les amplificateurs à fibre optique fluorée dopée au Praseodynium sont à l’étude. Leur
intérêt se situe dans une bande d’amplification de l’ordre de 50 nm , dans la gamme
1280-1330 nm , compatible avec la II fenêtre de la fibre optique en silice λII = 1300 nm .

fibre optique dopée à l’erbium EDFA


coupleur
isolateur
Pe dichroique Ps = G.Pe

λs λs λs λs

λP λP
lasers à
semiconducteur de
pompe

structure d’un amplificateur à fibre dopée erbium EDFA

3.5 - Amplificateurs optiques à semi-conducteurs


Un amplificateur optique à semiconducteurs, en anglais SOA Semiconductor Optical
Amplifier, possède pratiquement la même structure qu’un laser à semiconducteur, le
composant est utilisé dans le mode amplificateur et non oscillateur. Deux structures
d'amplificateurs à semiconducteurs sont utilisées.
amplificateur à semiconducteurs résonnant
Il s'agit en fait d'un laser de type Fabry-Perot utilisé dans le mode amplificateur en
dessous du seuil d'oscillation avec une bande passante d’amplification réduite de l’ordre
de 5 GHz .
294 Chap. VIII - Transmissions optiques

Actuellement, cette structure est utilisée dans des applications nécessitant une
amplification sélective sur une faible bande de fréquence.
amplificateur à semiconducteurs à ondes progressives TWA
Dans un amplificateur à semiconducteurs à ondes progressives, TWA Travelling wave
amplifier, l'effet de la rétroaction dans la cavité est annulée par les traitements anti-réflet
des faces. Le gain du milieu amplificateur est proportionnel à la densité de porteurs N et
donc au courant d'injection I ; le coefficient de gain γ s’écrit :

γ0 I.τ
γ = 1 + P/P avec γ0 = Γ.a  e n − N0
sat  

où Γ est le facteur de confinement optique, a le coefficient de gain différentiel, τn le


temps de vie des porteurs et N0 la densité de porteurs à la transparence, comme on l’a
vu au chapitre V. La puissance de saturation s’exprima par :

hν.σm
Psat =
a.τn

où σm est la section efficace du mode de propagation. Le facteur de bruit est :

γ
FSOA = 2nsp
γ − αint

Où αint est le coefficient de pertes internes, par absorption des porteurs ou par diffusion.
Pour un SOA-TWA les principales caractéristiques sont : le facteur d'émission spontanée
nsp ≈ 3-6 dB donnant FSOA ≈ 5-7 dB , le gain net G ≈ 10-25 dB . La puissance de sortie
de saturation Psat ≈ 5-10 mW . Les longueurs d’onde λII = 1310 nm et λIII = 1550 nm
sont compatibles avec ce type d'amplificateur. La largeur spectrale de cet amplificateur
est typiquement ∆νA ≈ 50 nm . La sensibilité à la polarisation, qui est la différence
d'amplification entre le mode TE et le mode TM, est comprise entre 0,5 dB et 5 dB . Les
pertes de couplage par facette sont de l'ordre de 2-7 dB .
Le fonctionnent dans toutes les fenêtres de transmission des fibres optiques et la
possibilité d’intégrer les SOA est avec d’autres composants à semiconducteur est un
avantage par rapport aux EDFA.
Les SOA sont utilisés pour générer des impulsions courtes à cause du faible temps de
commutation, typiquement tm ≅ τn ≈ 1 ns . Ils sont aussi utilisés dans les convertsseurs et
routeurs en longueur d’onde DWDM utilisant les effets non linéaires de type FWM .

traitements courant d’injection I


anti-reflet
fibre
lentillée Ps = G.Pe
Pe
p
p
n
TM TM
L
zone active
TE TE

schéma d'un amplificateur à semiconducteurs à ondes progressives


Composants passifs pour réseaux optiques 295

4 - COMPOSANTS PASSIFS POUR RESEAUX OPTIQUES

4.1 - Composants passifs optiques simples


On dénomme généralement par le terme composant passif tout composant assurant une
fonction dans une liaison en sont exclus les sources, les détecteurs et les amplificateurs.
Un réseau optique passif , PON Passive Optic Network , est un réseau ne nécessitant
pas de répéteurs.

Parmi les composants passifs simples on peut citer :


- Les connecteurs et les coupleurs pour fibres optiques déjà abordés au chapitre VII.
- Nombreux modules intervenant dans les réseaux optiques ont besoin d’un contrôle de la
puissance en entrée, les atténuateurs servant à réduire le niveau optique. On peut
utiliser des atténuateurs de puissance optique avec une atténuation fixe ou variable, ils
sont en général constitués de lames opaques adaptées.
- Les isolateurs optiques sont utilisés pour empêcher la réflexion vers la source, ils ont
été traités au chapitre II. Les isolateurs peuvent aussi utilisés dans les amplificateurs
optiques afin de réaliser une isolation entre les canaux de pompage laser et le canal
correspondant au signal utile.
- Les interrupteurs optiques servent à la commutation entre fibres otiques ou entre
canaux.
- Les circulateurs optiques permettent de créer des branchements directionnels. Ils sont
constitués de composants non réciproques, comme des rotateurs de Frarday et des
polariseurs.

A(dB)

e s e s

atténuateur optique isolateur optique

0
1

1 2 1
3 0

circulateur optique interrupteur optique


296 Chap. VIII - Transmissions optiques

filtrage optique
Les filtres optiques peuvent être utilisés dans les amplificateurs optiques afin de
diminuer le bruit. Ils sont aussi utilisés dans les multiplexeurs/demultiplexeurs DWDM
qu’on verra plus loin, dans cette technologie la fonction de filtrage est primordiale puisque
l’on doit pouvoir séparer les canaux en longueur d’onde.
Les filtres optiques peuvent être à fenêtre fixe ou accordable.

Différentes technologies sont utilisées dans les fonctions de filtrage :


- Les filtres interférentiels , appelés TTF Thin-Film Filters , sont réalisés par déposition
de couches diélectriques d’indice différents sur un substrat, voir chapitre II . Ils permettent
de séparer ou combiner différentes longueurs d’onde spécifiques.
- Les réseaux à guides d’onde optiques intégrés AWG .
- Les fibres optiques à réseau de Bragg.

Les filtres accordables sont en général constitués de systèmes interférometriques de type


Fabry-Pérot ou Mach-Zehnder associés à des fonctions non linéaires, ces dispositifs ont
été décrits au chapitre II.

4.2 - Composants optiques passifs spécifiques pour DWDM


Avec l’avènement de la technologie du multiplexage en longueur d’onde des nouvelles
fonctionnalités sont introduites, comme on l'a décrit précédemment. Notamment les
multplexeurs et demultiplexeurs en longueur d’onde , les modules d’insertion/extraction
OADM les brasseurs optiques OXC et les commutateurs en longueur d’onde .

multiplexeur/demultiplexeur en longueur d’onde

Le multiplexeur en longueur d’onde est un dispositif de dérivation constitué de deux, ou


plus, ports d’entrée et un port de sortie. Le signal optique sur chaque port d’entrée
correspond en général à une gamme de longueurs d’onde prédéfinie. La sortie est la
combinaison des signaux provenant des ports d’entrée.

Le démultiplexeur en longueur d’onde est un dispositif qui effectue l’opération inverse :


l’entrée est un signal optique comprenant deux, ou plus, longueurs d’onde et la sortie
deux, ou plus, ports correspondant à des longueurs d’onde différentes présélectionnées.

Les multiplexeurs et le démultiplexeurs incorporent des éléments optiques permettant de


focaliser les rayons divergents émis par la fibre optique et ensuite de les diriger vers les
éléments séparateurs ou concentrateurs.

multiplexeur en longueur d'onde démultiplexeur en longueur d'onde

λ1 λ1

λ2 λ2
λ1 λ2 λ3 λ4 λ1 λ2 λ3 λ4
λ3 λ3

λ4 λ4
Composants passifs pour réseaux optiques 297

Pour le multiplexage en longueur d’onde large WWDM , de quelque nm ou plus on peut


utiliser la dispersion angulaire à l’aide de prismes ou de réseaux de diffraction.

prisme réseau de diffraction

Pour les systèmes DWDM avec des canaux en longueur d’onde plus serrées.

Les technologies de multiplexage les plus utilisées sont basées sur :


- Filtres interférentiels , TTF Thin-Film Filters , permettant de séparer ou combiner des
longueurs d’onde spécifique. L’entrée du multiplexeur est équipée d’un filtre sélectif sur
une longueur d’onde. Les sorties sont couplées à une fibre optique monomode.
- Réseaux à guides optiques , AWG Arrayed Waveguides .
- Fibres optiques à réseau de Bragg , FBG Fiber Bragg Gratings .

multiplexeurs à insertion extraction MIE, OADM


Un type particulier de multiplexeur est le multiplexeur à insertion-extraction MIE , plus
généralement dénomme OADM Optical Add-Dropp Multiplexer , où des canaux peuvent
être ajoutés et d’autres peuvent être supprimés de la chaîne de transmission. Face à
l’évolution de la technologie DWDM dans les télécommunications optiques, le
développement des OADM est en perpétuelle évolution.
Les modules OADM peuvent être réalisés à l’aide de multiplexeur-démultiplexeur et
d’interrupteurs optiques, les switches. On doit démultiplexer le canal afin de pouvoir
accéder à chacune des longueurs d’onde, une fois le démultiplexage effectué, on peut
choisir librement le nombre de canaux d’insertion/extraction, en ajoutant simplement des
interrupteurs optiques sur ces canaux.

Add λ5

entrée sortie
OADM
( λ1 λ2 λ3 λ4 _ ) ( λ1 λ2 _ λ4 λ5 )

Drop λ3
principe de fonctionnement
d’un multiplexeur optique à
insertion extraction OADM
298 Chap. VIII - Transmissions optiques

Par exemple la structure pour un OADM avec 4 canaux fixés est la suivante :
pour prélever les longueurs d’onde, on introduit un interrupteur pour chacun des canaux
et on complète le système avec un interrupteur, servant de chemin d’accès pour les
sources et les interrupteurs situés sur chaque canal.

multiplexeur demultiplexeur
1
2
interrupteur

16
drop add

module OADM utilisant la technologie des interrupteurs optiques pour


l'insertion et l’extraction de 4 longueurs d'onde

De manière générale un OADM présente des pertes d’insertion. Des multiples effets sont
à l’origine de ces pertes : la réflexion à l’entrée du composant, la diffusion à l’intérieur du
composant…
Pour un OADM , il existe trois voies différentes pour le signal incident pour lesquelles on
peut définir une perte d’insertion, la voie transmise, la voie drop, la voie add. Pour un
OADM donné, les canaux du multiplex subiront donc une atténuation différente en
fonction de la voie par laquelle ils passeront.

La fonction principale d’un OADM est de pouvoir extraire et insérer des canaux du
multiplex. Pour ce faire, le multiplex passe dans un dispositif de filtrage qui est centré sur
la longueur d’onde à extraire. En pratique, ces dispositifs de filtrage, appelés filtres de
réjection, sont imparfaits et ne permettent pas d’isoler parfaitement chaque canal.

filtre accordé sur λi


gabarit

λ λ
λi λi

λ
λi

illustration de l’effet du filtrage imparfait lors de l’extraction d’un canal λi


Composants passifs pour réseaux optiques 299

Le filtrage permet de transmettre la puissance du canal choisi mais aussi une partie de la
puissance des autres canaux. Dans le filtrage tous les canaux ne subissent pas la même
perte et on distinguera les canaux adjacents au canal extrait du reste du multiplex.
Idéalement le canal extrait ne subit aucune perte. Une partie de la puissance des canaux
adjacents, avec un niveau Aca , ainsi que de tous les autres, avec un niveau Aac , vient se
superposer à la puissance du canal, cette puissance supplémentaire peut être considérée
comme du bruit supplémentaire.

0
gain Aca
Aac
(dB)

λ
λi
gabarit idéal d’un filtre optique avec réjections des canaux

brasseurs optiques OXC


Pour réaliser un brasseur optique , OXC Optical Cross-Connects , dans un réseau
DWDM , on utilise, après avoir démultiplexé les différents canaux, des matrices de
commutations, réalisées à l’aide d’interrupteurs optiques.
Le brasseur optique permet d'aiguiller N canaux et d'en insérer/extraire M avec en
général M plus petit que N .
Les pertes d’insertion sont de même nature que celles d’un OADM . Cependant, puisque
ce composant ne présente qu’une voie transmise pour l’ensemble des canaux, il n’y a
qu’un seul facteur de perte d’insertion correspondant à la voie transmise.

On définit en plus pour cet élément, la notion de interférence entre canaux, le crosstalk ,
il s'agit de la mesure de la puissance en sortie du composant sur une voie i lorsque l’on
alimente une entrée j , avec i ≠ j .

N N
D
λN E M Nλ
M U
U X
...

...

M
...

principe d'un brasseur optique OXC


300 Chap. VIII - Transmissions optiques

4.3 - Réseaux à guides optiques AWG


Un réseau à guides optiques, AWG Arrayed WaveGuide , est un composant réalisé sur
un substrat de silice sur lequel on grave un réseau de guides optiques. Il peut être utilisé
pour le multiplexage, le démultiplexage et le routage. Les longueurs d'onde sont fixées
par la géométrie du dispositif. Le principe physique est basé sur l'interférence entre les
différents guides. La longueur de chaque guide diffère d'un nombre entier de longueurs
d'onde afin de réaliser une interférence constructive. Chaque longueur d'onde sort du
guide avec un angle différent. La différence de phase introduite par la différence de
longueur est β.∆L avec une constante de propagation dans le guide β = 2π.neff/λ .

demultiplexeur en λ AWG routeur en λ AWG

L + N.∆L

L coupleur
d’entrée a
λ1, λ2, coupleur
λ3, λ4 de sortie θs
λ4 λα θe λd
λ3 λβ λc
λ λγ λ
λ1 2 λa b

Deux signaux de même longueur d'onde sur deux bras différents ne se mélangent pas
puisqu'il existe une différence de phase supplémentaire due aux coupleur d’entrée et de
sortie. En tenant compte que les ports des coupleurs d’accès forment des angles
spécifiques en entrée, θe , et en sortie, θs , Il faut aussi tenir compte de la séparation a
entre guides au niveau des coupleurs. La phase totale s'exprime alors par :

2π.neff.∆L 2π.nc.a
+ (θe + θs) = 2m.π
λ λ

où nc est l’indice dans le coupleur. La puissance transmise sera maximale lorsque le


déphasage vaut un multiple de 2π . La fonction de transfert de ce composant est
équivalente à celle d’un résonateur à ondes multiples, l’intervalle spectral libre, si on fait
abstraction des angles, sera sensiblement ∆νISL = (c/neff).∆L . L’espacement entre canaux
sera obtenu en différentiant le déphasage par rapport à l’angle de sortie θ0 :

dν θ0.ν2.nc.a
δν = ∆θ0 =
dθ0 m.c

Lors de la conception d’un AWG l’intervalle spectral libre est déterminé à partir de
l’espacement entre canaux et du nombre de canaux, ensuite ∆L est déterminé à partir de
l’intervalle spectral libre ∆νISL .

Pour la réalisation d'un routeur entre le port d’entrée p et le port de sortie q la fonction
de transfert sera une somme de termes :
Composants passifs pour réseaux optiques 301

Tpq = ∑|Apql|.exp{l.(2π/λ).[neff.∆L + nc.a.(p.∆θe + q.∆θs)]}


l

qui constitue une transformée de Fourier de l’amplitude de couplage |Apq| , un


changement entre les ports p et q déplace les fenêtres spectrales.

4.4 - Modules basés sur la technologie des fibres de Bragg


On s’intéresse ici à l’utilisation de fibres à réseau de Bragg, FBG Fiber Bragg Grating ,
les réseaux de Bragg ont été traités au chapitre II.
Un fibre optique à réseau de Bragg est composée d’un tronçon de fibre optique à
l’intérieur de laquelle se trouve une modulation longitudinale de l’indice de réfraction, qui
constitue le réseau de Bragg. Pratiquement ceci est réalisé en illuminant la fibre optique
par un rayonnement ultraviolet, la figure d’interférence obtenue grâce à deux lasers
permet de graver le réseau de Bragg à l’intérieur de la fibre optique.

spectre incident radiation UV incidente

α spectre transmis

λ
spectre réfléchi
modulation de l’indice n
λB λ

λB
Λ
λ

utilisation d’une fibre optique à réseau de Bragg en tant que filtre coupe-bande

Le FBG peut être utilisée comme un filtre coupe-bande en longeur d’onde.


Si on injecte un faisceau multicolore en entrée de la FBG , une partie du faisceau sera
transmis normalement alors que la partie du spectre centré autour de la longeur d’onde
de Bragg λB sera réfléchie par le réseau. Aujourd’hui, grâce à la maîtrise des techniques
employées, il est possible d’ajuster la longueur d’onde réfléchie λB à une fraction
d’Angström, 10−10 m près.

La longueur d’onde de Bragg est donnée par :

0,996
λB = 2neff.Λ où neff = n2 + b.(n1 − n2) avec b ≈ 1,1428 −
V2

Dans cette formule, Λ est le pas du réseau de Bragg , neff est l’indice effectif du mode
fondamental qui se propage pour la longueur d’onde de Bragg λB , n1 est l’indice du
cœur, n2 est l’indice de gaine et V est la fréquence normalisée de la fibre optique
monomode.
On considère généralement trois structures de modulation de l’indice de réfraction. La
modulation dite uniforme , la modulation gaussiene et la modulation gaussiene
apodisée . L’effet de ces différentes structures est de modifier la courbe du coefficient de
réflexion du filtre.
302 Chap. VIII - Transmissions optiques

1
0,8 uniforme
facteur de réflexion d’une fibre optique
0,6
à réseau de Bragg pour les trois formes
de modulation de l'indice 0,4
0,2
λ(nm)
1549 1550 1551 1552

1 1
0,8 gaussienne 0,8 gaussienne
apodisée
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
λ(nm) λ(nm)
1549 1550 1551 1552 1549 1550 1551 1552

La forme du facteur de réflexion du filtre est fonction de la longueur L du réseau, de la


profondeur de modulation et de l’indice ∆n . La longueur d’onde de Bragg λB est fixée
par la longueur d’onde que l’on désire filtrer.

Il est intéressant de pouvoir disposer de filtres de longueur d’onde centrale variable, une
méthode possible pour faire varier le pic de réflexion est de jouer sur le pas du réseau Λ
par compression et traction de la fibre optique ou en changeant la température T .

réalisation d’un module OADM élémentaire à l’aide d’une fibre optique à réseau de Bragg
En associant deux circulateurs et une fibre optique à réseau de Bragg, il est possible
d’obtenir un module permettant d’insérer et d’extraire un canal particulier en longueur
d’onde. Ce canal correspond à la longueur d’onde rejetée par le réseau de Bragg.

Par la mise en cascade de plusieurs modules individuels, on arrivera à la construction


d’un module OADM avec N canaux add/drop.

circulateur optique filtre optique avec réseau de Bragg

Drop Add

réalisation d’un OADM à l’aide d’une fibre optique à réseau de Bragg


et de deux circulateurs optiques
Réseaux optiques 303

5 - RESEAUX OPTIQUES
Le besoins actuels en capacité d’informations sont très grands en effet on transmet de
plus en plus de données, par exemple par Internet, d'images et de sons. La croissance du
trafic est très importante.
Les fenêtres de transmission de la fibre optique autour de λII = 1300 nm et λIII = 1550 nm
possèdent des bandes passantes potentielles de plusieurs THz, 1012 Hz .
Si la fibre optique n’est pas très coûteuse ce n’est pas le cas des composants actifs
émetteurs, amplificateurs optiques, récepteurs et composants passifs, mais leur coût
unitaire est en diminution.

5.1 historique des liaisons à fibres optiques

- 1982 Premiers équipements pour liaisons à moyenne distance sur fibre optique
multimode en France: 34 Mb.s−1 à 850 nm .
- 1988 Première liaison transatlantique par fibre optique TAT-8 à 280 Mb.s−1 à
1300 nm , avec une distance de régénération de 40 km .
- 1989 Norme FDDI , Fiber Data Distributed Interface, pour réseau local.
- 1990 Utilisation des fibres optiques dans les réseaux câblés pour distribution télévision
CATV , plan câble.
- 1991 Généralisation de l’utilisation des fibres monomodes dans les réseaux terrestres.
- 1994 Liaisons SDH , STM1 et STM4 , à fibres optiques en France.
- 1996 Anneau transatlantique TAT-12/13 , avec un débit global de 5 Gb.s−1 à
λIII = 1550 nm sur fibre optique monomode avec amplificateurs optiques.
- 1998 Liaison SEA-ME-WE-3 , SouthEast Asia - Middle east - Western Europe, premier
réseau sous-marin à mettre en œuvre le routage en λ DWDM .
- 2000 Généralisation des liaisons DWDM à plus de 40 canaux à 10 Gb.s−1 , pour les
applications à longue distance sous-marines et terrestres.
- 2002 Réseaux métropolitains par fibre optique utilisant le DWDM et les PONs.

5.2 - Réseaux longue distance à fibre optiques


On utilise le terme backbone pour designer ce type de liaison, qui comprend des
systèmes terrestres ou sous-marins destinés à véhiculer des signaux à haute vitesse sur
des longues distances de plus de 100 km. Il s’agit de liaisons pouvant utiliser des
répéteurs pouvant régénérer le signal optique, constitués par des régénérateurs
optoélectroniques 3R et par des amplificateurs optiques.
Les répéteurs 3R , Retiming, Reshaping, Regenerating, réalisent une amplification
optoélectronique du signal, avec une double conversion : un dispositif converti le signal
optique en un signal électrique, amplifie le signal électrique et le reconvertit en signal
optique. Dans un système WDM, chaque canal requiert un répéteur 3R. En plus chaque
répéteur est dépendant de la capacité du canal, donc il ne peut travailler que pour un
canal donné, un protocole donné et a une rapidité de transmission fixée.
Par contre, l’utilisation d’amplificateurs optiques élimine cette double conversion et permet
que la ligne de transmission soit indépendante de la rapidité de transmission, du protocole
des données et du canal en longueur d’onde. L’amplificateur optique est dit transparent, Il
fonctionne sans convertir le signal dans le domaine électrique. Ces propriétés sont très
intéressantes puisque les augmentations de capacité des systèmes se traduiront
seulement par un changement des terminaux émetteur - récepteur.
304 Chap. VIII - Transmissions optiques

émetteur répéteur 3R récepteur


optoélectronique optoélectronique

Tx Rx Gel Tx Rx

émetteur récepteur
amplificateur optique optoélectronique
optoélectronique
Tx Gopt Tx

chaîne de transmission optique avec répéteurs 3R ou avec amplificateur optique

réseaux terrestres longue distance


Il s'agit de réseaux de quelque centaines de km reliant des grands centres urbains reliés
par des multiplexeurs d’insertion extraction MIE , ADM Add Drop Multiplexers qui
permettent d’extraire des canaux et aussi d’en rajouter sur la liaison. La technologie
DWDM s’adapte bien à ces systèmes, en effet on peut attribuer des canaux
indépendants en longueur d’onde aux différents nœuds optiques du réseau.
La topologie de ces réseaux est celle propre au SDH avec des boucles en double anneau
permettant en cas de panne d’un anneau de diriger les signaux sur l’autre. Pour les
systèmes SDH à fibre optique, les débits sont typiquement 4x155 Mb.s−1 (STM-4) et
16x Mb.s−1 (STM-16) avec des répéteurs distants de plus de 80 km . Ces réseaux sont
flexibles vis-à-vis de la demande: actuellement à 2,48 Gb.s−1 (STM-16) ils pourront être
augmentés, à l’aide du DWDM sur N canaux, à Nx2,48 Gb.s−1 ou Nx10 Gb.s−1 .

anneau SDH pour réseau OADM


terrestre longue distance

drop add
réseaux sous-marins
Les câbles sous-marins peuvent atteindre plusieurs milliers de km et sont utilisés pour
différents services de télécommunications. Dans des pays possédant des grandes
longueurs de côtes il est moins coûteux de poser des câbles sous-marins que des câbles
enterrés. Les câbles sous-marins peuvent aussi relier des îles ou des pays d’un même
continent.
Les liaisons à plus forte capacité sont celles traversant les océans. Il s’agit de liaisons à
très fort investissement formant les autoroutes du réseau de télécommunication global. Il
existe plusieurs liaisons de ce type dans l’océan atlantique et dans l'océan pacifique avec
une capacité en constante croissance notamment grâce à la technologie DWDM.
Réseaux optiques 305

On utilise la troisième fenêtre de la fibre optique à λIII = 1550 nm où l’atténuation est la


plus faible. L’espacement des répéteurs est approximativement 50 km . La dispersion
doit être faible afin de permettre les débits élevés, 2,5 Gb.s−1 ou 10 Gb.s−1 voir
supérieurs par exemple en utilisant la technologie des solitons. Il s’agit de liaisons de
grande fiabilité avec des durée de vie supérieures à 20 ans.
Les liaisons transocéaniques plus anciennes sont de type point-à-point , dans les
systèmes plus modernes on adopte la structure en anneau de façon à pouvoir réorienter
les signaux en cas de défaillance d’une voie.

Par exemple les systèmes transatlantiques TAT12 et TAT13 qui relient les Etats Unis à
l’Europe, on été mis en service en 1995 et 1996. Ils comportent deux paires de fibres, une
pour un service de haute priorité, et la seconde pour les autres accès. Dans le cas d’un
défaut d’un des câbles, tous les accès sont transférés sur l’autre câble. Leurs longueurs
respectives sont 4160 km et 2173 km . Le débit est de 2,48 Gb.s−1 pour chacune des
fibres. Pour TAT12 il y a 92 amplificateurs optiques en ligne, répéteurs, le long de la
chaîne, pour TAT13 il y en a 48. On utilise des fibres à dispersion décalée de type G653.

TAT

SEA-ME-WE

liaisons optiques sous-marines transcontinentales

5.3 - Réseaux métropolitains


Typiquement il s'agit de liaisons de 1 à 100 km mais la limite n'est pas stricte. Par
exemple on peut considérer un réseau métropolitain comme un réseau qui dessert une
grande ville et ses environs. Il s'agit de réseaux récents en constante évolution et
croissance. Un réseau métropolitain doit être flexible et doit pouvoir fournir une forte
capacité à tout client qui en fait le demande. Par exemple une Université pourra louer des
canaux optiques de forte capacité dans n'importe quel format pour relier les différents
bâtiments d'un campus. Les câbles comportent en général un grand nombre de fibres
pouvant pallier cette demande en capacité. Le DWDM est utilisé offrant les mêmes
avantages que pour les systèmes à longue distance. Par contre les distances étant plus
faibles on aura besoin de moins d'amplificateurs optiques ce qui permet d'étendre la
bande spectrale au delà des fenêtres des amplificateurs EDFA et réduit les problèmes de
dispersion.
306 Chap. VIII - Transmissions optiques

Un système métropolitain DWDM typique dans utilisera la bande C avec des espacement
entre canaux de 100 GHz comprenant une trentaine de canaux à 2,48 Gb.s−1 . Les
nœuds seront constitués de OADM et de OXC . Beaucoup de composants optiques
sont en train d'être adaptés aux réseaux métropolitains. Par exemple les fibres optiques
avec des pentes de dispersion plus faibles, inférieures à 0,05 ps.nm−2.km−1 , permettent
de limiter les variations de dispersion sur toute la bande spectrale. Des lasers
accordables sont aussi intéressants pour ces applications.

réseaux optiques longue distance 10 Gb/s 40 Gb/s

SDH
SDH
32 λ, 64 λ

réseaux optiques métrpolitains


2,5 Gb/s 10 Gb/s IP/ATM/SDH nœuds
16 λ, 128 λ optiques

réseaux optiques d'accès


réseau
d'affaires
155 Mb/s 2,5 Gb/s
FTTC
LAN boucle CATV
locale

principe d'architecture des réseaux optiques

5.4 - Réseau d’accès optique

FTTX
L’évolution du réseau d’accès vers l’optique est moins évidente. L’infrastructure en cuivre
existante a représenté un investissement considérable. Les performances obtenues avec
le Digital Subscriber Line DSL , sont satisfaisantes à l’heure actuelle.
La diversification des services offerts aux abonnés et l’augmentation de l’intéractivité font
que la demande au niveau des terminaux domestiques est en forte augmentation pouvant
nécessiter l’emploi de fibre optiques.
- Systèmes FTTB Fiber To The Building, la fibre optique arrive au pied d’un immeuble
d’affaires, ils existent surtout dans les zones urbaines, ils s’intégreront dans les MAN.
- Systèmes FTTC, Fiber To The Curb. Chaque nœud local possède un ADM qui prélève
le signal optique sur une boucle utilisé aussi pour d'autres services. Une fibre optique part
du nœud local pour desservir un groupe d'utilisateurs.
- Systèmes FTTH, Fiber To The Home, devraient fournir une capacité beaucoup plus
forte que les systèmes DSL. Le problème est le coût des systèmes optiques une solution
consiste en l’implantation de réseaux optiques passifs peu coûteux, PON Passive Optical
Network. Les progrès faits par les fibres optiques plastiques, en atténuation et en
dispersion, devraient aussi aider au développement des réseaux optiques d’accès.
réseaux câblés CATV
Il s'agit de distribuer de la télévision par le câble, avec plusieurs canaux analogiques dans
la gamme UHF-VHF ou numériques sur fibre optique. Systèmes sur fibre optique
monomode CATV, Community-Access Television.
Exercices chap. VIII 307

EXERCICES CHAPITRE VIII

EXERCICE VIII-1 : Liaison sur fibre optique polymère à deux longueurs d'onde
On considère une liaison sur fibre optique plastique à saut d'indice avec deux fenêtres
possibles de transmission aux longueurs d'onde λa = 640 nm , rouge, et λb = 550 nm ,
vert. La fibre optique présente deux affaiblissements dans le rouge et dans le vert
Aa = 300 dB/Km et Ab = 100 dB/Km . L'indice de coeur est n1 = 1,49 et l'indice de gaine
n2 = 1,4 , le diamètre de coeur est 2a = 1 mm . Une DEL, pour le rouge, injecte une
puissance dans la fibre Pea = −20 dBm et une autre pour le vert Peb = −30 dBm .
1-1) En bout de fibre on place un récepteur. Le cahier des charges impose une puissance
seuil du récepteur de Pr = − 40 dBm . Exprimer et calculer les distances maximales de
fibre La et Lb pour les deux fenêtres de transmission dans ces conditions de détection.
1-2) Exprimer et calculer la dispersion intermodale dim dans ce type de fibre.
1-3) Calculer les retards δta et δtb correspondant aux longueurs La et Lb .
1-4) Le cahier des charges de transmission impose une bande passante minimale
Bmin = 7 MHz , on utilisera B(MHz) = 350/δt(ns) . Les longueurs trouvées satisfont-elles le
cahier des charges ? Dans le cas contraire trouver la nouvelle longueur.

EXERCICE VIII-2 : Liaison sur fibre optique monomode.


Soit une liaison sur fibre optique monomode . Une diode laser monomode émet une
puissance dans la fibre Pe = 1 mW à λ = 1550 nm avec une largeur spectrale
∆ν = 2,48 GHz . La fibre optique présente un affaiblissement global A = 0,2 dB.Km−1 et
une dispersion D = 18 psec.nm−1.Km−1 à cette longueur d'onde.
2-1) On souhaite transmettre sur une distance de L0 = 100 Km. Calcule la puissance, en
watt et en dBm, en bout de fibre.
2-2) On place en bout de fibre un récepteur photodiode. On exige une puissance
minimale sur la photodiode de Prmin = − 30 dBm. Quelle est la longueur maximale de la
liaison permise sous ces conditions ?
2-3) La transmission doit pouvoir fonctionner avec un débit R0 = 10 Gb.s−1 . La dispersion
de la fibre optique constitue une autre limitation pour la longueur maximale de la liaison.
Comparer la limitation due à la dispersion avec celle due à l'atténuation, discuter.

EXERCICE VIII-3 : Liaison avec amplificateur à fibre optique


On considère une liaison à fibre optique à λ = 1550 nm à un débit de 10 Gb.s−1 pouvant
utiliser des amplificateurs à fibre optiques placés entre des tronçons de fibre.
1-1) Exprimer (S/B) au niveau du récepteur en fonction de la puissance injecté en tête
de la liaison P0 dans le cas d’un amplificateur à fibre optique placé entre deux tronçons
de fibre optique de longueur L et d’atténuation linéique Aλ . Les grandeurs de
l’amplificateur utilisées sont le gain net tenant compte des pertes de connexion G et le
facteur d’émission spontanée nsp . Le récepteur est caractérisé par le rendement ηQ , la
résistance équivalente Req à la température T, la bande passante électronique est ∆ffel
et la bande passante du filtre optique ∆fopt . On négligera la saturation du gain de
l’amplificateur, le gain est élevé et le bruit de battement spontané-spontané.
1-2) Calculer le rapport (S/B) pour les données suivantes P0 = 0,2 mW , G = 25 dB ,
nsp = 1 , A1550 = 0,2 dB.km−1 , Req = 2 kΩ , ∆fel = 10 GHz et ∆λopt = 0,8 nm deux tronçons
L = 100 km. En déduire le facteur Q .
1-3) En utilisant le facteur Q quel est le taux d’erreur binaire TEB en bout de liaison,
quelle est la marge disponible par rapport au cas limite TEB = 10−9 .
1-4) Quelle est la portée maximale de la liaison avec amplificateur ? Comparer avec la
portée maximale sans amplificateur .
1-5) Sur quels paramètres doit-on jouer pour améliorer la qualité de la liaison avec un
amplificateur à fibre optique ?
308 Chap. VIII - Transmissions optiques

CORRIGES EXERCICES CHAPITRE VIII

Corrigé exercice VIII-1 1-1) En exprimant les grandeurs en dB , la portée due à


l'atténuation s'exprime par LMax = [(Pe − Pr)/A] , ce qui donne La = 150 m et Lb = 200 m .
1-2) La dispersion intermodale pour une fibre multimode à saut d'indice est dSI = [(nc/c).∆]
où ∆ ≈ [(nc − ng)/nc] = 0,06 est la différence d'indice relative donc dSI = 290 ns.km−1 .
1-3) L'étalement d'une impulsion sera δt = dSI.L donc δta = 44 ns et δta = 58 ns .
1-4) Pour les deux longueurs on aura Ba = 8 MHz et Bb = 6 MHz . On voit que La
respecte la condition Ba > Bmin ce qui n'est pas le cas pour Lb la limitation sera due à la
dispersion et la nouvelle longueur sera Lb disp = 350.(Bmin.dSI)−1 = 172 m .

Corrigé exercice VIII-2 2-1) La puissance injecté s'écrit aussi PedBm = 0 dBm. La
puissance reçue après 100 km sera PrdBm = PedBm − A.L0 = −20 dBm ou Pr = 0,01 mW .
2-2) La longueur maximale permise sera LMax = [(PedBm − Prmin)/A] = 150 km .
2-3) L'étalement d'une impulsion sera fonction de la dispersion de la fibre optique, de la
largeur spectrale de la source ∆λ = (λ2/c).∆ν = 0,024 nm et de la longueur de la fibre L0 .
δtD = D.∆λ.L0 = 1,6.10−10 s . Le cahier des charges impose un débit R0 = 2,48 Gb.s−1 ce
qui impose un étalement maximal δtR = (4.R0)−1 = 10−10 s . Donc la condition δtD < δtR
n'est pas verifiée. La longueur maximale sera plus petite et sera limitée par la dispersion
de la fibre optique LMaxD = [δtR/(D.∆λ)] = 62,5 km .

Corrigé exercice VIII-3 3-1) Le rapport (S/B) sera exprimé à l’aide des quantités
réduites caractérisées par le nombre équivalents de photons par bit de durée Tb . Le
nombre de photons signal à l’entrée de l’amplificateur est
ne = ηQ.(Pe/hν).Tb = ηQ.[(Ae.P0.λ)/hc]Tb où AFe est la perte de la fibre sur la longueur L .
Le nombre de photons équivalent bruit thermique est nT = [(4.kBT.∆fel)/Req]1/2.(Tb/e) avec
∆fel ≈ 1/(2Tb) . La bande passante optique réduite est δf = ∆νopt/∆fel où la bande passante
optique du filtre est ∆νopt = c.(∆λopt/λ2) . En considérant G >> 1 on peut écrire
(S/B) = [ne2.(ηQAFsG)2].[nT2 + (ne + nsp.δf).(ηQAFsG) + 2.ne.nsp. (ηQAFsG)2]−1 .
1-2) On peut évaluer le nombre de photons par bit: ne = 780 et nT = 113 . La bande
passante optique réduite sera δf = ∆νopt/∆fel = 10 avec ∆νopt = (∆λopt/λ2).c = 100 GHz et
∆fel ≈ (1/Tb) = 10 GHz . L’atténuation due aux tronçons de fibre optique est
AFsdB = A1500.L = 10 dB . Ce qui conduit au rapport signal sur bruit (S/B) = 200 , ou en dB
(S/B)dB = 23 dB . Le facteur Q = {[(S/B)]1/2/2} = 7 .
1-3) Le taux d’erreur binaire est donné, pou les paramètre donnés plus haut, par
TEB = (1/2).erfc[Q/(√2)] ≈ 1,3.10−12 . Le cas limite TEBlim = 10−9 correspond à
(S/B) = 21,5 dB ceci donne une marge M = 1,5 dB , qui assez est faible.
1-4) La portée maximale correspond à TEBlim = 10−9 et correspond à deux tronçons de
LMax = 107 km ce qui donne une portée de 214 km avec les paramètres précédents.
Sans amplificateur optique le rapport signal sur bruit s’écrit
(S/B)sans = [ne2.(ηQAF)2].(nT2 + ne.ηQAF)−1 pour 21,5 dB ceci donne une portée de 37 km .
1-5) L’augmentation de la puissance optique d’entrée, représenté par le terme ne ,
augmente le rapport (S/B) puisque le numérateur varie en ne2 alors que le dénominateur
en ne . Une trop forte augmentation de la puissance d’entrée entraîne néanmoins la
saturation de gain par G = G0.[1 + (P/Ps)]−1 .
Les deux plus importantes contributions au bruit sont le bruit thermique représenté au
dénominateur du rapport (S/B) par nT2 ≈ 13000 et le bruit de battement signal émission
spontanée 2.ne.nsp. (ηQAFsG)2 ≈ 16130 alors que le terme de bruit de grenaille
(ne + nsp.δf).(ηQAFsG) ≈ 2540 est un ordre de grandeur inférieur. Pour augmenter (S/B)
on peut diminuer le bruit thermique nT par exemple en augmentant Req . On peut aussi
diminuer la bande du filtre optique ce qui réduit δf .
ANNEXE

UNITES ET CONSTANTES PHYSIQUES

Unités m kg s A

Symbôle Dérivé de Dénomination Unité


s seconde temps
m mètre longueur
kg kilogramme masse
N m.kg.s−2 newton force
J m2.kg.s−2 = N.m joule énergie
eV 1,602.1019 J électron-volt énergie
W m2.kg.s−3 = J.s−1 watt puissance
K kelvin température
°C K − 273 degré Celsius
C A.s coulomb charge
A ampère courant électrique
V m2.kg.s−3.A−1 volt tension électrique
Ω m2.kg.s−3.A−2 = V.A−1 ohm résistance électrique
F m−2.kg.s4.A2 = C.V−1 farad capacité électrique
H m2.kg.s−2.A−2 = V.A−1.s henry inductance
sr stéradian angle solide
° degré angle
dB AdB = log10(A) décibel ou dB gain ou pertes
dBm PdBm = log10(PmW/1mW) dBm puissance

On utilise les unités précédentes avec des lettres devant le symbole indiquant la
puissance de 10 par laquelle il faut multiplier l’unité :
Par exemple pour un symbole qui serait noté x on écrit :

femto- fx = 10−15.x pico- px = 10−12.x nano- nx = 10−9.x


micro- µx = 10−6.x milli- mx = 10−3.x
kilo- kx = 103.x méga- Mx = 106.x giga- Gx = 109.x
téra- Tx = 1012.x péta- Px = 1015.x

Constantes physiques utilisées

c = 2,99792458.108 m.s−1 ≈ 3.108 m.s−1 vitesse de la lumière dans le vide


e = 1,60217733.10−19 J charge élémentaire
ε0 = 8,854187817….10−12 F.m−1 permittivité du vide
µ0 = 4π.10−7 H.m−1 perméabilité du vide
me = 9,10938188.10−31 kg masse de l’électron
h = 6,62606876.10-34 J.s h = h/2π constante de Planck
Z0 = 376,730313461 Ω impédance du vide
kB = 1,3806503.10−23 J.K−1 constante de Boltzmann
σ = 5,670400.10-8 W.m−2.K−4 constante de Stefan-Boltzmann
310
BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

- G. Grynberg, A. Aspect, C. Fabre, Introduction aux lasers et à l'optique quantique,


Ellipses 1997
- E. Rosencher & B. Vinter, Optoélectronique, Masson1998.
- Germain Chartier , Manuel d'optique, Hermes 1997
- I et M. Joindot et al., Les télécommunications par fibres optiques, Dunod, 1996
- A. Orszag, Les lasers, Masson 1968
- P. Lecoy, Télécoms sur fibres optiques, Hermes 1997.
- Siegman , Lasers, Univ. Science Books
- A. Yariv, Optical Electronics in Modern Communications, Oxford University
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- B.E.A. Saleh & M.C. Teich, Fundamentals of Photonics, Wiley interscience, 1991.
- E. Hecht, Optics II Edition, Addison Wesley Publishing Company, 1987
- Govind P. Agrawal, Fiber-optic communication systems, Wiley, 1992.
- Gerd Keiser, Optical Fiber Communications, Mac Graw Hill, 1989.
- G.P. Agrawal & N.K. Dutta, Long-Wavelength Semiconductor Lasers, Van Nostrand
Reinhold, 1986.
- R.H. Kingston, Detection of Optical and Infrared Radiation, Springer 1978.
- I.P. Kaminov & T.L. Koch, Optical Fiber Telecommunications, Academic Press 1997.

Revues scientifiques

Applied Optics, OSA (USA)


Optics Letters, OSA (USA)
Annales des Télécommunications, (France)
Electronics Letters, IEE (UK)
Optoelectronics, IEE Proceedings J (UK)
Photonics Technology Letters, IEEE (USA)
Journal of Lightwave Technology, OSA - IEEE (USA)
Journal of Quantum Electronics, IEEE (USA)
Journal of Selected Topics in Quantum Electronics, IEEE (USA)
Applied Physics Letters, (USA)
Optical and Quantum Electronics, (UK)

Revues générales

Optique et Photonique, Le journal de la SFO, (F)


Laser Focus World , Pennwell Publication, (USA)
Opto & Laser Europe , Institute of Physics, (UK)
Photonics Spectra , Laurin Publication, (USA)
Lightwave , Pennwell Publication, (USA)
Laser and Optronics , The global applications magazine, (USA)
Fibre Systems, Institute of Physics, (UK)
312
clivage (faces laser), 169, (fibre optique)
263
INDEX CO2 (laser), 153
codage, 271
absorption (laser), 119, 128 coefficient d’absorption, 204
absorption du matériau, 204 coefficient de couplage de Bragg, 54,
accordable (laser) 140, 175, (filtre) (laser DFB DBR) 170
acousto-optique, 81 coefficient de gain laser, 130, 159
AM Amplitude Modulation (modulation coefficients d’Einstein, 127
d’amplitude), 187, 271 coefficients de Fresnel, 38
amplificateur optique, 130 cœur d’une fibre optique, 236
amplification paramétrique, 45 cohérence, 58
analogique (laser pour modulation) 187, cohérent (état), 97
191, 200 commutation de gain laser, 146
analyseur de polarisation, 72 condition d’oscillation laser, 135, (diode
analyseur de spectre optique, 71 laser) 168
angle critique, 39 condition de Bragg, 29, (diode laser),
angle solide, 106 170, (FBG), 301
anti-réflet (traitement), 50, 172, 212 condition de guidage, 232, 240
APD (Avalanche PhotoDiode), 215 conjugaison optique de phase, 47
approximation de Fresnel, 20 connecteur optique, 264, 272
ASE Amplified Spontaneous Emission corps noir, 103
(émision spontanée amplifiée) 288 couche active, 158
ASK Amplitude shift Keying, 271 coupleur optique, 234, 265, 295
atténuateur optique, 295 courant de seuil d’une diode laser 176,
atténuation (fibre optique), 238, 272 182
automodulation de phase, 43, 258 courant d'obscurité (Dark Current) 219
AWG (Arrayed WaveGuide) (réseau à CSO (Composite Second Order) 191
guides) CTB (Composite Triple Beat) 191
bande passante (diode laser) 190, CW (continuous wave), 150
(détecteur) 214, 217, (fibre), 247, 276 DBR (Distributed Bragg Reflector)
BER (Bit Error Ratio) (TEB), 273 (laser), 57, 172
bilan de liaison, 272 débit (bit rate), 273
biréfringence, 72, 252, 266 déflecteur, (acousto-optique) 82,
Bloch (équations), 123 (électro-optqiue) 80
blue shift (décalage vers le bleu), 16 DEL (Diode ElectroLuminescente), 162
Bragg (réseau), 52, 172, 301 démultiplexeur optique, 296
Brewster (angle), 39, (fenêtre) 139, 152 Descartes (loi de), 37
brillance, 108 détecteur optique, 203
Brillouin (effet), 259, 286 détection infrarouge, 206
bruit d'intensité optique (RIN Relative détectivité, 208
Intensity Noise) 192 detuning, 138
bruit du détecteur (quantique), 218, (de DFB (Distributed FeedBack) (laser), 57,
grenaille), 207, 218, (d’obscurité), 172
219, (theérmique), 219 diagramme de l'oeil (eye diagram), 278
capacité d’une photodiode, 213 diagramme de rayonnement, 107, 109
capteur à fibre optique, 266 (diode laser) 177
cavité externe, 140, 172 diffraction de Fraunhofer, 26
cavité Fabry-Pérot (plane), 62 , diffusion Raylegh,
(sphérique) 65, (diode laser) 169 diode électroluminescente (DEL) 162
CCD (Charge Coupled Device), 225 diode laser 175
chirp (diode laser), 177, 195, dispersion 276, (intermodale), 247,
circulateur optique, 295, 302 (intramodale, chromatique, de guide),
classes de sécurité laser, 149 250 ,(de polarisation), 252
314 Index

distorsion harmonique (diode laser) 190 FDDI (Fiber Distributed Data Interface)
double hétérojonction, 158 165, 303
DWDM Wavelength Division Multiplexing feedback (rétroaction optique), 76, 135
(multiplexage en longueur d’onde (diode laser) 172, (fibre optique) 263
dense), 253, 283, 296 fentes d’Young, 29, 88
éclairement, 107 fibre optique (multimode), 245,
effet Faraday, 75, 295 (monomode), 244, 253
effet Kerr, 46, fibre optique amorce (pigtail) 198
effet Pockels, 44 fibre optique dopée (à l'erbium), 292
effet Raman, 259, 286 filtrage spatial optique, 30
effets optiques non-linéaires, 42, 258, filtre optique, 56, 290, 297
286 FM (Frequency Modulation) (modulation
élargissement homogène, 59 de fréquence), 271
élargissement inhomogène, 59 fonction d’Airy, 63
électroluminescence 156 fonction d’autocorrélation optique, 58
émetteur optique (DEL) 165, (diode Fourier (limitation de), 280
laser) 200, 271 Fourier (transformée de), 25
émission spntanée amplifiée, 288 FOV (Field Of View), 112
émission spontanée, 119, 128 Fraunhofer (diffraction de), 26
émission stimulée, 119, 128 fréquence (pulsation) de résonance
entanglement (intrication), 91 d’une diode laser 185, 189
épissure, 263, 272 fréquence normalisée V, 242
équation de propagation, 13, (guide frequency pulling, 138
optique), 233 , (fibre optique), 240 Fresnel (approximation de), 20
équation de Schrödinger non linéaire ,(coefficients de) 38, (pertes de) 263
(solitons), 258 Fresnel (zones de), 21
équation de Scrödinger, 97 FTTB (Fiber To The Building) FTTC
équations d’évolution d’une diode laser (Fiber To The Curb) FTTH (Fiber To
178 The Home), 306
équations de Bloch, 123 FWHM (Full Width at Half Maximum)
équations de continuité, 133, (diode (largeur spectrale à mi-hauteur), 59
laser) 178 gain optique (laser) , 130, (amplificateur)
équations de Maxwell, 13 287
équations de Maxwell, 13 Gauss-Hermite (modes de), 69
erbium, 151, 292 gaussien (faisceau), 21, (laser) 139 ,
état cohérent de photons, 97 (diode laser) 177
état comprimé de la lumière, 99 gradient d'indice GI (fibre à), 245, 281
exitance, 107 grenaille (bruit de), 207, 218
extraordinaire (axe, indice), 72 guidage (par le gain) 166 , (par l'indice)
Fabry-Pérot, 62, 169 166
facteur de bruit d'un amplificateur guide d’onde optique, 230
optique, 290 gyroscope optique, 267
facteur de confinement optique (diode Hamiltonien (opérateur), 95, 119
laser) 178 Heisenberg (relations de), 86, 99
facteur de réflexion et de transmission, He-Ne (laser), 152
40 Henry (facteur de), 179, 194
facteur de réjection du mode latéral héterojonction, 158
(SMSR) 177 Hiérarchie Numérique Synchrone
facteur d'excès de bruit d’une PDA, 217 Huyghens (principe de), 25
facteur Q, 274 iInsertion-extraction, 282, 297
faisceau gaussien, 21 indice AM (diode laser), 188
Faraday (effet), 75, 295 indice de réfraction de groupe, 18, 250
FBG (Fiber Bragg Grating) (fibre optique indice de réfraction, 16
à réseau de Bragg), 57, 301 indice FM (diode laser), 196
Index 315

infrarouge IR, 11, (détection) 208 mélange à quatre ondes (FWM Four
intensité dans une direction, 107 Wave Mixing), 46, 258, 286
intensité optique, 35 mélange à trois ondes, 45
interférence inter-symbôles, 276 Michelson (interféromètre de), 61
interférences à deux ondes, 62 miroir de Bragg, 55, 301
interféromètre, (Fabry-Pérot) 62, (Mach- mode locking, 147
Zehnder, Michelson, Sagnac) 61, 90 mode photoconducteur, photovoltaïque,
intermodale (dispersion), 247, 279 210
intermodulation (produits d’) d’une diode modes de cavité, 64, 102
laser, 191 modes de Gauss-Hermite, 69
intramodale (dispersion), 250, 279 modes longitudinaux, 63, 70
intrication quantique (entanglement), 91 modes LP, 243
inversion de population, 132 modes TE TM, 38, 233
isolateur optique, 75, 198, 295 modes transverses, 70
jonction PIN, 211 modulateur acousto-optique, 82
jonction PN, 157 modulateur électro-optique, 78
Jones (matrices de polarisation de), 74 modulation d'intensité optique, 78
Kerr (effet), 46, 77, 258 modulation directe d’une diode laser, 184
Kramers-Kronig (relations de), 15 modulation externe optique, 78
Lambertien (diagramme de monomode (émission), 139, 170, 177
rayonnement), 103, 109, (DEL) 164 monomode (fibre optique), 244, 253
lame (demi onde, quart d’onde), 73 MQW (Multiple Quantum Well)
lame séparatrice, 62, 88 (multipuits quantiques) 161
largeur spectrale, 59, (diode laser) 177, multimode (diode laser), 169, 177
193, (dispersion) 250, 279 multimode (fibre optique), 245
laser à émission par la surface (SEL multiplex de fréquences (CATV), 191,
Surface Emitting Laser), 173 multiplex de longueurs d’onde, 285
laser à gaz, 152 multiplexeur en longueur d’onde, 283,
laser à impulsion, 146 296
laser à semi-conducteurs, 166 NA Numerical Aperture (ouverture
laser de pompe, 150 numérique ON), 232, 239
laser monomode, 139, (diode laser DFB Nd:YAG (laser), 150
DBR), 170, (modèle) 184 NEP (Noise Equivalent Power) (PEB
laser solide, 150 puissance équivalente de bruit) 208
laser, 116 nœuds optiques du réseau, 304
LED (Light Emittin Diode) (DEL diode non-linéaire (effet), 42, 77
électroluminescente) 162 non-linéarités de l'indice de réfraction de
liaison optique, 271 la fibre optique, 258
loi de Planck, 104 numérique (transmission) 271, (diode
loi de probabilité de Maxwell, 101 laser) 187
loi de probabilité de Poisson, 100, 218 obscurité (courant, bruit), 219
loi de Stefan-Boltzmann, 104 onde gaussienne, 21, 69, 244
longueur de cohérence, 58 onde plane, 18
longueur d'onde de coupure (détecteur) onde sphérique, 19
204, (guide) 244 opérateur (annihilation, création) 95
Lorentzien (spectre), 59, 143, 193 ordinaire (axe, indice), 72, 266
luminance, 108 oscillateur laser, 135
M2 (facteur), 24, 150 oscillateur parametrique, 45
Mach-Zehnder (interféromètre), 61, 90 OTDR Optical Time Domain
matrice à transfert de charge (CCD), 225 Reflectometer (réflectomètre), 277
matrice ABCD, 65 ouverture angulaire (diode laser) 177
matrice densité, 121 ouverture numérique ON (NA Numerical
Maxwell (équations de), 13, (loi de Aperture), 232, 239
probabilité de), 101 PDA (photodiode à avalanche), 215
316 Index

PDH Plesiochronous Digital Hierarchy, Rubis (laser à), 150


(systèmes plésiochrones), 282 saturation du gain, 125, 131, 287
PEB puissance équivalente de bruit saut d'indice (fibre), 241, 281
(NEP) , 208 scanner (déflecteur), (électro-optique),
Peltier (module à effet), 198 80, (acousto-optique) 82
pertes d’insertion, 261 Schawlow-Townes (largeur de raie), 143,
photoconducteur, 206, (mode) 210 (diode laser) 193
photodiode à avalanche PDA (APD SDH Synchronous Digital Hierarchy, 282
avalanche photodiode), 215 section efficace laser, 131
photodiode PIN, 211 semiconducteurs (émetteurs optiques),
photon, 85, 220, 290 156, 168, (détecteurs) 204
photovoltaïque (mode), 210 sensibilité d’un détecteur, 204
PIN (photodiode), 211 seuil d’oscillation laser, 136, 176, 182
Pockels (effet), 43, 77 seuil d’un récepteur (puissance), 275
Poisson (loi de), 100, 218 soliton, 259, 280, 305
polarisation de la lumière, 32, 72, 87, SONET (Synchronous Optical NETwork),
(fibre optique) 253, 266 283
polariseurs, 72, 92, 266 soudure par fusion de de fibres, 263
pompe, 132, (laser de), 150, 292 source optique, 117
PON Passive Optical Network (réseau sousmarin (réseau optique), 304
optique passif), 295, 306 spectre électromagnétique, 11
préamplificateur (d’un détecteur optique), spectre, (Gaussien, Lorentzien) 59
223 spin (du photon), 87
préforme, 237 squeezing, 99
pression de radiation, 35 SQW (Single Quantum Well), 167
principe de Huyghens, 25 stop-band, 55, (diode laser) 170
profil d'indice d’une fibre optique, 237 susceptibilité électrique, 15
puissance équivalente de bruit PEB, 208 système à quatre niveaux, 133
puits quantiques, 161 système à trois niveaux, 134
Q (facteur), 274 taux d'erreur binaire TEB (BER), 274
Q-switch, 146 temps de cohérence, 58
quantification du champ temps de montée (diode laser), 187,
électromagnétique, 94 (liaison optique), 276
rapport signal à bruit (photons) 100, temps de réponse d’une photodiode,
(détecteurs), 207, 218, (liaisons) 274, 213, 217
290 temps de vie des photons, 136, 145, 178
Rayleigh (diffusion), 238 temps de vie des porteurs, 147
red shift (décalage vers le rouge) 16 thermique (bruit), 219
réflectomètre optique (OTDR), 277 traitements diélectriques, 50
réflexion, 37, transformée de Fourier optique, 25
réfraction, 37 transimpédance (préamplificateur), 223
relation de dispersion, 18 VCSEL (Vertical cavity Surface Emission
relations d’Heisenberg, 86, 99 Laser), 57, 174
relations de Kramers-Kronig, 15 vecteur de Poynting, 34
rendement différentiel (diode laser), 176 verrouillage de mode (mode locking),
rendement quantique de détection, 205 147
réponse harmonique (diode laser), 188 vitesse de groupe, 18
réponse indicielle d’une diode laser, 187 vitesse de phase, 18
réseau de Bragg, 52, 170 waist d’un faisceau gaussien, 22
réseau de diffraction, 29 WDM Wavelength Division Multiplexing
résonateur, (plan) 62, (sphérique) 65 (multiplexage en longueur d’onde),
rétroaction optique, 76, 135, 191 253, 283
RIN (Relative Intensity Noise) (bruit Young (fentes, franges), 29, 88
d’intensité laser) 192 zones de Fresnel, 21
« Quatrième de couverture »

L’ouvrage :

Cet ouvrage couvre des cours à Supélec, en formation initiale et continue, dont peuvent
également tirer profit les étudiants, les ingénieurs et les chercheurs intéressés ou
concernés par le développement de l’optoélectronique, il traite en particulier des sujets :
- Traitement électromagnétique des différentes formes d’onde lumineuses et ses
manifestations à travers les phénomènes d’interférence et de diffraction et leur passage à
travers des milieux diélectriques et non linéaires.
- Fonctions optiques de base intervenant dans les composants optoélectroniques, comme
les filtrage interférentiel, les réseaux de Bragg, les interférences à deux ondes, les cavités
optiques, la polarisation et les effets électro-optiques et acousto-optiques.
- Nature corpusculaire de la lumière, par la description des propriétés quantiques du
photon et par leur statistique à l’origine du rayonnement thérmique.
- Principes de fonctionnement des lasers et leur applications.
- Sources optiques à semiconducteurs, DEL et diodes laser, avec leur utilisation dans les
télécommunications.
- Détecteurs optiques, photoconducteurs et photodiodes et leur performances.
- Guides et fibres optiques avec les récents développements en transmission optique.
- Différents types de réseaux optiques incluant les amplificateurs à fibre optiques et les
composants passifs utilisant le multiplexage temporel et en longueur d’onde WDM.

L’auteur

Zeno TOFFANO, docteur en physique et titulaire d’un diplôme de spécialisation de


Supélec, est Professeur à l’Ecole Supérieure d’Electricité (Supélec)
Spécialiste de l’optoélectronique, ses recherches portent sur la modélisation et
caractérisation des composants pour transmissions optiques. il assure à Supélec les
cours de Photonique et d’Optoélectronique. Il intervient également dans de nombreuses
sessions de formation continue pour ingénieurs et chercheurs, sur les applications des
sources et détecteurs à semiconducteurs pour télécommunications optiques.

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