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Introduction
1
Résistivité de quelques matériaux géologiques
Graphite
Amas sulfurés
Cristallines Saines
Cristallines Altérées
Sel
Calcaire
Sable
Tills
Grès
Schistes
Argile
Eau
−2 0 2 4 6
10 10 10 10 10
Résistivité (Ω .m)
2
expliquer la relation en puissance par la dimension fractale 1 du réseau
poreux, mais M. Archie était bien loin de tout ça dans les années 1950 (et
de toutes façons, vous verrez tout ça en détail l’an prochain en Physique des
Roches). Cette Loi est une loi de puissance
ρ = ρf aφ−m
où ρ et ρf sont les résistivités de la roche et du fluide, a est le coefficient
de saturation, φ est la porosité et m est l’exposant, aussi connu sous le
nom de facteur de cimentation. Notez que cette relation n’est plus valable
si la roche contient de l’argile. En effet, la présence d’argile dans une roche
poreuse contribue largement à augmenter sa conductivité électrique, puisqu’il
contribue à accroı̂tre la concentration des ions dans la phase aqueuse.
La figure suivante montre l’influence de la porosité sur la résistivité, pour
une roche saturée en eau douce (ρf = 100 Ω.m), et pour différentes valeurs
de m. On remarque que plus m est élevé, moins la décroissance de ρ est
grande, i.e. moins la porosité joue un rôle important.
5
10
m = 1.5
m = 2.0
4
10
ρ (Ω.m)
3
10
2
10
0 10 20 30 40 50
Porosité (%)
3
priées pour l’investigation des zones poreuses (e.g. nappes phréatique, zones
de fractures, gouges de failles, zones de fusion partielle). Voici deux exemples
à des échelles très différentes:
(a) Le premier est une prospection EM à l’aplomb du Gazoduc Trans-
Européen (Fig. 1.3) qui passe juste au sud de Strasbourg (Geispolsheim).
Ici, on a utilisé un système à deux bobines émettrice et réceptrice à une
fréquence de 1075 Hz.
4
Chapitre 2
5
sont en minuscules, les champs en domaine de Fourier (fréquentiel) sont en
MAJUSCULES. On spécifiera lorsque la transformation de Fourier concerne
également les variables spatiales. Par défaut, les T.F. ne se font qu’en temps
vs fréquence.
Prenons la divergence de (2.2): on obtient
∂ d~
∇ · ∇ × ~h = ∇ · + ∇ · ~j (2.5)
∂t
Les champs et courants sont continus et dérivables en tous points car il n’y
a pas de singularité reliée à une source. On peut donc permuter l’ordre de
dérivation.
∂
∇ · ∇ × ~h = ∇ · d~ + ∇ · ~j (2.6)
∂t
Le terme de gauche est identiquement nul. Insérons (2.4) dans l’équation
ci-dessus:
∂ρ
− = ∇ · ~j (2.7)
∂t
Pour un milieu homogène peu conducteur, tels que par exemple les maté-
riaux géologiques, les charges libres ρl se dissipent très rapidement (i.e. rede-
viennent liées). Par exemple, pour un matériau de résistivité 10000 Ω.m,
cette dissipation dure moins d’une microseconde. Comme les fréquences
utilisées en EM sont la plupart du temps inférieures à 10 kHz, on peut sup-
poser que ∂ρl /∂t = 0. Il ne reste donc que
∇ · ~j = 0 (2.8)
Notez que ceci ne sera valable que pour un milieu homogène. Nous verrons
plus loin que des hétérogénéités provoquent des accumulations de charges
aux interfaces et que par conséquent ∂ρ/∂t 6= 0.
∗
Digression. Dans les cours de physique que vous avez suivis jusqu’à
maintenant, vos profs vous ont sans doute dit que ~b était le champ magnétique.
Ici, on vous dit que c’est ~h! On vous aurait menti?
Non, pas vraiment. Ca dépend de quoi on parle: si on traite de la quantité
physique fondamentale, alors ~h est le vrai champ magnétique. Là où le bât
blesse, c’est que tout fondamental qu’il soit, ~h n’est pas mesurable. Ce qui
est mesuré est ~b. Par exemple, si on place une bobine pour mesurer le champ
magnétique, ce qui est mesuré est la force électromotrice induite dans la
bobine, i.e. N πr2 ∂~b/∂t pour une bobine circulaire de rayon r constituée de
N tours.
6
Chapitre 3
Elles relient entre elles les champs, charges et courants introduits ci-dessus
et sont habituellement dépendantes de la fréquence
7
peu le traitement des équations de base sans avoir de conséquences drama-
tiques sur leur signification physique. Moyennant ces restrictions, les rela-
tions constitutives deviennent:
d~ = ² ∗ ~e (3.7)
~j = σ ∗ ~e (3.8)
~b = µ ∗ ~h (3.9)
Pour simplifier, on supposera ici que ², σ et µ sont indépendants de la
fréquence et donc
d~ = ²~e (3.10)
~j = σ~e (3.11)
~b = µ~h (3.12)
8
Chapitre 4
∂~b
∇ × ∇ × ~e + ∇ × =0 (4.1)
∂t
∂ d~
∇ × ∇ × ~h − ∇ × = ∇ × ~j (4.2)
∂t
et, faisant appel aux relations constitutives temporelles,
∂~h
∇ × ∇ × ~e + µ∇ × =0 (4.3)
∂t
∂~e
∇ × ∇ × ~h − ²∇ × = σ∇ × ~e (4.4)
∂t
Comme les fonctions vectorielles ~e et ~h et leurs dérivées premières et sec-
ondes sont continues dans tout le domaine, on peut interchanger l’ordre des
opérateurs de dérivation. Les équations deviennent alors
∂
∇ × ∇ × ~e + µ ∇ × ~h = 0 (4.5)
∂t
∂
∇ × ∇ × ~h − ² ∇ × ~e = σ∇ × ~e (4.6)
∂t
Substituant à ∇ × ~h et ∇ × ~e leurs équivalences obtenues des équations de
Maxwell,
∂ 2~e ∂~e
∇ × ∇ × ~e + µ² 2
+ µσ =0 (4.7)
∂t ∂t
∂ 2~h ∂~h
∇ × ∇ × ~h + µ² 2 + µσ =0 (4.8)
∂t ∂t
9
Rappel: ∇×∇×~a = ∇(∇·~a)−∆~a. On peut alors développer les relations
précédentes. Mais que valent ∇ · ~e et ∇ · ~h ?
Pour celle-ci, on sait que ∇ · ~b = 0, comme ~h = ~b/µ et que µ est scalaire
et égal à µ0 pour la plupart des roches, alors ∇ · ~h = 0. Ce n’est pas si simple
pour ∇ · ~e: on a montré dans la section 1 que ∇ · ~j = 0. Développons:
∇ · ~j = ∇ · σ~e = 0 (4.9)
= ∇σ · ~e + σ∇ · ~e = 0 (4.10)
Comme le milieu est homogène, ∇σ = 0 et donc ∇ · ~e = 0. Mais on doit
insister sur le fait que ceci n’est vrai que pour un milieu homogène. Dans la
plupart des situations, ∇ · ~e 6= 0. (En fait, les contrastes de σ jouent le rôle
de sources secondaires. Mais on reparlera de tout ca plus tard.)
∂ 2~e ∂~e
∆~e − µ² 2 − µσ =0 (4.11)
∂t ∂t
∂ 2~h ∂~h
∆~h − µ² 2 − µσ =0 (4.12)
∂t ∂t
Arrêtons-nous un moment aux dérivées temporelles: on voit qu’il y a un
terme en dérivée seconde et un en dérivée première. Quelle est la signification
physique de ces deux termes? Pour en savoir plus, passons un moment dans
le domaine de Fourier (rappel: ∂A ∂t
= iωA)
k 2 = ω 2 µ² − iωµσ (4.15)
k étant le nombre d’onde EM. Tout est là-dedans, donc apprenez cette re-
lation par coeur SVP. Regardons k 2 de plus près: on voit qu’il s’agit d’un
nombre complexe. On va donc s’intéresser à deux cas de figure.
1er cas. ω 2 µ² >> ωµσ ou ω² σ
>> 1. Dans ce cas, k 2 ≈ ω 2 µ² est
réel et donc k l’est aussi. Ici, les ondes EM sont sensibles à la permittivité
diélectrique ². Si l’on retourne dans le domaine temporel, on a
∂ 2~e
∆~e − µ² =0 (4.16)
∂t2
10
On reconnaı̂t ici l’équation d’onde utilisée en sismique. Elle décrit une onde
√
se propageant à la vitesse 1/ µ². Ce terme en dérivée seconde est donc un
terme de propagation. Il est relié au courant de déplacement.
La propagation se retrouve dans deux cas de figure: soit une conductivité
électrique σ très faible, soit une fréquence très élevée. C’est le cas pour le
géoradar aux fréquences supérieures à la dizaine de MHz.
2e cas. ωµσ >> ω 2 µ² ou ω² σ
<< 1. En Physique, on parle de l’approxi-
mation en régime quasi-stationnaire (ARQS, quasi-static approximation en
v.o.) ou approximation basse fréquence.
Dans ce cas, k 2 ≈ −iωµσ est un imaginaire pur et donc k est complexe. La
propriété physique prépondérante ici est la conductivité électrique σ. Dans
le domaine temporel, on a
∂~e
∆~e − µσ =0 (4.17)
∂t
On reconnaı̂t ici l’équation de diffusion (comparer sa forme avec celle de
l’équation de la chaleur). Il s’agit ici d’un champ diffusant, donc dont
√
l’amplitude diminue avec la distance caractéristique 1/ µσ. Ce terme est
donc un terme de diffusion. On remarque aussi que nous avons affaire à un
courant de conduction.
Pour avoir diffusion, il faut avoir soir de basses fréquences, soit une con-
ductivité élevée. C’est le cas pour l’immense majorité des méthodes EM.
Nous allons donc nous consacrer essentiellement à ce cas de figure.
Solution de l’équation de diffusion
Reprenons l’équation de diffusion, en se limitant au cas 1D dans la direc-
tion verticale
∂ 2~e ∂~e
2
− µσ =0 (4.18)
∂z ∂t
∂ 2~h ∂~h
− µσ =0 (4.19)
∂z 2 ∂t
dont les solutions sont classiquement connues
~e = ~e+
0e
−i(kz−ωt)
+ ~e−
0e
−i(−kz−ωt)
(4.20)
~h = ~h+ e−i(kz−ωt) + ~h− e−i(−kz−ωt) (4.21)
0 0
où ~e+ e−
0 et ~ 0 sont les champs électrique descendant et montant à la surface
respectivement.
Le nombre d’onde étant complexe, exprimons-le par k = α − iβ où α et β
sont bien sûr des nombres réels. Dans l’approximation quasi-stationnaire, α
11
q √
et β sont identiques et égaux à ωµσ/2, car k = −iωµσ. En nous limitant
aux solutions descendantes pour lesquelles on s’attend à ce que les champs
diminuent avec la profondeur (z croissant), on retrouve
~e = ~e+
0e
−iαz −βz iωt
e e (4.22)
~h = ~h+ e−iαz e−βz eiωt (4.23)
0
Champ diffusif
profondeur
s s
1 2 1
δ= = ≈ 503 m (4.24)
β ωµσ σf
On remarque que cette profondeur (appelée souvent profondeur de pénétration
ou profondeur de peau) sera d’autant plus faible que la conductivité ou la
fréquence sont élevées. Par exemple, chacun sait que les rayons ultraviolets
12
(haute fréquence) se contentent de dorer votre épiderme, alors que les rayons
infrarouges (basse fréqeunce) réchauffent tout votre être. En Physique, on
parle d’effet de peau (skin effect). Ceci est bien entendu un point fondamental
à retenir pour tout type d’exploration au moyen d’ondes électromagnétiques.
Cette formule pour la profondeur de peau est un peu la ”formule magique”
de l’explo EM. Tâchez de vous en souvenir!
Les équations de Maxwell nous indiquent également que ~e et ~h sont per-
pendiculaires car ~h est parallèle au rotationnel de ~e. Par exemple, pour le cas
d’une onde se propageant selon z, on aura ~ex et ~hy qui définiront une onde
plane.
Qu’en est-il de la phase? On peut définir un plan à phase constante:
~e = ~e+
0e
−i(αz−ωt) −βz
e = ~e+
0e
−ic −βz
e (4.25)
où c représente la phase qui détermine l’amplitude de l’onde en fonction de
z et t, c = αz − ωt. On peut obtenir la vitesse de phase Vph
dz ω
= = Vph (4.26)
dt α
qui sera positive si l’onde se propage vers le bas et négative si elle se propage
vers le haut.
On remarque que la vitesse de phase est fonction de la fréquence, ce qui
nous amène à conclure que les milieux géologiques sont dispersifs en mode
diffusif. Il est intéressant de constater que cette dispersion est présente même
si les propriétés physiques du milieu ne dépendent pas de la fréquence. En
d’autres mots, même pour un milieu isotrope, homogène, linéaire, etc. ce
phénomène de dispersion des ondes EM sera présent. En effet
s
ω ω 2ω
Vph = = q ωµσ = (4.27)
α µσ
2
~ = (σ + i²ω)E
∇×H ~ (4.28)
On constate que le courant de conduction est en phase avec le champ électrique
si σ est réel mais que le courant de déplacement est en quadrature avec celui-
ci pour ² réel. Mais que se passe-t-il si la conductivité et la permittivité sont
complexes?
13
Dispersion pour µ = µ et σ = 0.01 S/m
0
0
10
−1
10
−2
10
Vph/c
−3
10
−4
10
−5
10
−6
10 −3 −1 1 3 5
10 10 10 10 10
f (Hz)
σ 0 + ω²”
tan δ = (4.30)
ω²0 + σ”
Plus haut, on a parlé d’atténuation pour le terme en e−βz (avec les bémols
qui s’imposaient). Ici, il s’agit de l’atténuation au sens propre. En effet, le
facteur de qualité Q utilisé pour les ondes sismiques est obtenu via Q = 1/δ.
A très basses fréquences, tan δ = σ 0 /σ” et à très hautes fréquences,
tan δ = ²”/²0 . Aux fréquences d’intérêt en prospection EM, on peut con-
sidérer ² comme étant réel. Donc
σ0
tan δ = (4.31)
ω² + σ”
On peut démontrer que la solution de l’équation d’onde est la même que
précédemment avec
14
s
µ² q
α=ω 1 + tan2 δ + 1 (4.32)
2
s
µ² q
β=ω 1 + tan2 δ − 1 (4.33)
2
Une grande valeur de tan δ implique un grand β et donc une faible profondeur
de pénétration.
15
Chapitre 5
Lorsque nous désirons appliquer les équations de base de l’EM à des problèmes
d’exploration géophysique, il est essentiel, pour pouvoir résoudre les équations
différentielles, d’appliquer les conditions aux limites aux interfaces entre les
différents corps. Nous allons donc nous attarder ici sur ces conditions aux
limites.
16
Z Z
∇ · ~b dV = ~b · ~n dS = 0 (5.1)
V S
17
5.3 Densité de courant - j
Toujours avec ce cher cylindre. Si l’épaisseur du cylindre tend vers zéro, le
courant traversant l’interface est donné par
18
∂~b
∇ × ~e = − (5.11)
∂t
Intégrons le champ électrique autour du contour. Nous obtiendrons, via
le théorème de Stokes
Z Z
(∇ × ~e) · ~n dS = ~
~e · d` (5.12)
S C
Z
∂~b ~ − ~e2 · ∆`
~ + (contributions des bouts)
− · ~n dS = ~e1 · ∆` (5.13)
S ∂t
∂~b ~
− · ~n ∆`∆h = (~e1 − ~e2 ) · ∆` (5.14)
∂t
Comme nous nous intéressons à l’interface au sens strict, on peut prendre
∆h = 0 et donc annuler le terme du côté gauche. Il ne reste plus que
~ =0
(~e1 − ~e2 ) · ∆` (5.15)
∆` étant parallèle à l’interface, on en conclut que la composante tangen-
tielle du champ électrique est continue. Ceci peut aussi être exprimé sur la
forme
∂ d~ ~
∇ × ~h = +j (5.17)
∂t
Intégrons le champ magnétique autour du contour. Nous obtiendrons, via
le théorème de Stokes
Z Z
(∇ × ~h) · ~n dS = ~h · d`
~ (5.18)
S C
19
Z
∂ d~ ~
+ j · ~n dS = ~h1 · ∆`
~ − ~h2 · ∆`
~ + (contributions des bouts) (5.19)
S ∂t
∂ d~ ~
+ j · ~n ∆`∆h = (~h1 − ~h2 ) · ∆` (5.20)
∂t
Ce qui revient à dire
∂ d~ ~
~n × (~h1 − ~h2 ) = lim + j · ~n ∆h (5.21)
∆h→0 ∂t
On a donc deux termes à analyser. Il semble évident que la dérivée
temporelle du déplacement ne peut être infinie, car cela nécéssiterait une
~ La limite tendra bien vers 0 pour ce premier
variation instantanée de d.
terme.
Qu’en est-il du courant de conduction? On peut imaginer la présence
d’une densité surfacique de courant telle que
20
σ σ σ
Figure 5.3: Problème du filon pour l’application des conditions aux limites.
d2 − d1 = ρs (5.25)
donc
ρs
e2 − e1 = (5.26)
²
on a aussi la continuité de la composante normale de j
j2 − j1 = σ2 e2 − σ1 e1 = 0 (5.27)
σ1 e1
e2 = (5.28)
σ2
Combinant ces deux premiers résultats, on obtient
σ1 e1 ρs
− e1 = (5.29)
σ2 ²
σ1 − σ2 ρs
e1 = (5.30)
σ2 ²
Deux cas sont possibles:
- σ1 < σ2 (interface I) : alors ρs < 0. Accumulation de charges négatives
21
- σ1 > σ2 (interface II) : alors ρs > 0. Accumulation de charges positives
La quantité de charges accumulées dépendra du contraste de conductivité
entre le filon et son encaissant.
Si l’on trace le champ électrique résultant, on remarque que les disconti-
nuités facilitent largement la mise en évidence du filon.
σ1 < σ2
- +
- +
- +
- +
σ1 σ2 σ1
Figure 5.4: Bas: accumulation de charges aux bords d’un filon conducteur.
Haut: champ électrique perpendiculaire au filon que l’on mesurerait en sur-
face. Notez comme les discontinutés permettent de bien locaiser le filon.
22
s’ajoute cependant au champ primaire à l’extérieur de la cible, ce qui a pour
effet de faciliter la découverte de celle-ci.
Le champ secondaire produit par ce courant secondaire est équivalent
à celui produit par un dipôle électrostatique orienté des charges négatives
vers les charges positives. Si l’on s’intéresse à la somme entre le champ
électrique primaire ep et le champ de dépolarisation es , on remarque qu’à
l’extérieur de la cible les lignes de champ convergent vers celle-ci, et qu’à
l’intérieur, l’opposition des champs provoque un resserrement des lignes de
champ vers le centre. Le champ électrique total semble donc canalisé par
le corps conducteur. Cet effet de canalisation du courant est connu sous le
nom d’effet galvanique. Ce champ total peut être assimilé à celui d’un dipôle
électrique ce qui permet de modéliser simplement ce phénomène.
23
Chapitre 6
Le Contact
Nous avons maintenant acquis les bases pour aborder des problèmes plus
élaborés. Un exercice classique, mais oh combien pédagogique!, est le pro-
blème d’une onde EM plane de pulsation ω incidente dans l’air sur un contact
vertical (en y = 0) entre deux milieux de conductivités électriques différentes.
En termes géologiques, un tel modèle pourrait être interprété comme une
faille normale ayant déplacé deux unités adjacentes de lithologies différentes.
Avant de se lancer à l’assaut du problème, posons l’hypothèse que le
champ magnétique incident est parallèle à l’axe des X. Ceci implique que le
champ électrique est dans le plan YZ, i.e. H ~ = (Hx , 0, 0) et E
~ = (0, Ey , Ez ).
On doit d’abord résoudre l’équation différentielle pour H, ~ c’est-à-dire
l’équation d’Helmholtz homogène
~ + k2H
∇2 H ~ =0 (6.1)
avec k 2 = −iωµσ. Comme H ~ n’est que selon X et que le modèle est infini
dans cette direction, les dérivées en X sont nulles, d’où
∂ 2 Hx ∂ 2 Hx
+ + k 2 Hx = 0 (6.2)
∂y 2 ∂z 2
Maintenant qu’on a posé l’équation différentielle, on doit s’intéresser aux
conditions- limites. On ne va considérer que celles pertinentes à Hx .
i. la composante normale de J~ est continue en z = 0
~ = J~ = σ E
∇×H ~ (6.3)
~ Ez , on a donc
pour la composante Z de E,
∂Hx
σEz = − =0 (6.4)
∂y
24
car en z = 0 le courant est nul: il n’y a pas de courant dans l’air (heureuse-
ment pour nous!). On en conclut donc par intégration que
Hx (z = 0) = Cte = H0 . (6.5)
Hx (y, z) → 0, z → ∞. (6.6)
~ est continue en y = 0
iii. la composante tangentielle de H
∂ 2 fj ∂ 2 fj
+ + k 2 fj = 0 (6.11)
∂y 2 ∂z 2
Les conditions aux limites de fj sont
en z = 0, fj = 0 car Hxj = H0 à la surface
quand z → ∞, fj → 0 car Hxj → 0
quand y → ±∞, fj → 0 car loin du contact on a la solution homogène
25
Prenons la transformée de Fourier sinus de fj selon Z, que nous notons
F̂j
2Z∞
F̂j = fj (y, z) sin αz dz (6.12)
π 0
alors
∂ 2 F̂j
− α2 F̂j + k 2 F̂j = 0 (6.13)
∂y 2
∂ 2 F̂j
2
= γ 2 F̂j (6.14)
∂y
où γ 2 = α2 − kj2 .
La solution est de type e±γj y , mais comme F̂j = 0 quand y → ±∞, elle a
la forme
∂ 2 fj Z ∞
∗ = Pj (α) γj2 (α) e−sgn(y)γj (α)y sin αz dα (6.17)
∂y 2 0
∂ 2 fj Z ∞
∗ = Pj (α) (−α2 ) e−sgn(y)γj (α)y sin αz dα (6.18)
∂z 2 0
Z ∞
Pj (α) [γj (α)2 − α2 + kj2 ] e−sgn(y)γj (α)y sin αz dα = 0 (6.19)
0
Cette condition est satisfaite si le terme entre crochets est nul, i.e. si
γj (α)2 = α2 − kj2 , relation obtenue précédemment. Revenons maintenant à
nos conditions aux limites
Z ∞ Z ∞
H0 e−ik1 z + P1 (α) sin αz dα = H0 e−ik2 z + P2 (α) sin αz dα (6.20)
0 0
26
Z ∞
H0 (e−ik1 z − e−ik2 z ) = (P2 (α) − P1 (α)) sin αz dα (6.21)
0
En passant par les propriétés de la TF sinus, on retrouve
2Z∞
P2 (α) − P1 (α) = H0 (e−ik1 z − e−ik2 z ) sin αz dz (6.22)
π 0
mais Z ∞
α
e−ikz sin αz dz =
0 α2 − k2
donc
" #
2H0 α α
P2 (α) − P1 (α) = − (6.23)
π α2 − k1 α2 − k22
2
2H0 k2 − k2
P2 (α) − P1 (α) = α 1 2 22 (6.24)
π γ1 γ2
∂Hxj Z ∞
= Pj (α) (−sgn(y)) γj (α) e−sgn(y)γj (α)y sin αz dα (6.26)
∂y 0
1 Z∞ −1 Z ∞
P1 (α) γ1 (α) sin αz dα = P2 (α) γ2 (α) sin αz dα (6.27)
σ1 0 σ2 0
Z ∞à !
P1 (α) γ1 (α) P2 (α) γ2 (α)
+ sin αz dα = 0 (6.28)
0 σ1 σ2
P1 (α) γ1 (α) P2 (α) γ2 (α)
+ =0 (6.29)
σ1 σ2
On peut alors combiner les relations obtenunes pour P1 et P2 . Posons
27
γj2 = α2 − kj2 = α2 + iωµσj (6.31)
alors, par substitution
−βξ ξ
P1 (α) = P2 (α) = . (6.32)
1+β 1+β
Et le problème est résolu! On peut alors calculer Hx ,Ey et Ez partout.
- Hx :
Z ∞
Hxj = H0 e−ikj z + Pj (α) sin αz dα (6.33)
0
- Ey :
1 ∂Hx
Ey =
σ ∂z
· Z ∞ ¸
1
Eyj = −ikj H0 e−ikj z + αPj (α) e−sgn(y)γj (α)y cos αz dα (6.34)
σj 0
- Ez :
−1 ∂Hx
Ez =
σ ∂y
−1 Z ∞
Ezj = Pj (α) (−sgn(y)γj (α)) e−sgn(y)γj (α)y sin αz dα (6.35)
σj 0
28
Ey pour f = 10 Hz & 10/1000 Ω .m
0
Réel
Imag
−0.05
−0.1
Ey
−0.15
−0.2
−0.25
−5000 −4000 −3000 −2000 −1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
Distance (m)
Figure 6.1: Ey en surface pour un contact. Trait plein: partie réelle, pointillé:
partie imaginaire.
−3
x 10 Ez à z = 20 m pour f = 10 Hz & 10/1000 Ω .m
0.5
−0.5
−1
−1.5
Ez
−2
Réel
−2.5 Imag
−3
−3.5
−4
−1000 −800 −600 −400 −200 0 200 400 600 800 1000
Distance (m)
29
Chapitre 7
J
J
J
~kJJ n̂
J
J
^
σ1 , µ1 , ²1 JJ6
σ 2 , µ2 , ² 2 S
30
d’exprimer l’opérateur rotationnel en fonction du vecteur d’onde. Soit un
champ électrique exprimé par
à ! à ! à !
~ = x̂ ∂Ez − ∂Ey
∇×E + ŷ
∂Ex ∂Ez
− + ẑ
∂Ey ∂Ex
− (7.2)
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y
~ = −i~k × E
∇×E ~ (7.4)
Substituons dans l’équation de Maxwell, on obtient −i~k × E
~ = −iωµH,
~
soit
~ = 1 ~k × E
H ~ (7.5)
ωµ
~ = (σ + i²ω)E,
Utilisant la même approche pour ∇ × H ~ on obtient
~
~ = − ωµ k × H
E ~ = − ωµ n̂k × H (7.6)
k k k
où n̂k est un vecteur unitaire orienté selon ~k.
E ~ i0 e−i(~ki ·~r−ωt)
~i = E (7.7)
~ ~
~ i = ki × Ei
H (7.8)
ωµ1
où ~r ∈ S → n̂ · ~r = 0
de même pour les ondes réfléchie et transmise
E ~ r0 e−i(~kr ·~r−ωt) ; E
~r = E ~ t0 e−i(~kt ·~r−ωt)
~t = E (7.9)
31
~ ~ ~ ~
~ r = kr × Er ; H
H ~ t = kt × Et (7.10)
ωµ1 ωµ2
Nous avons vu (cf. Section 5.4) que la continuité des composantes tan-
~ s’exprime via
gentielles de E
~i + E
n̂ × (E ~ r ) = n̂E
~t (7.11)
~ i0 e−i(~ki ·~r) + E
E ~ r0 e−i(~kr ·~r) = E
~ t0 e−i(~kt ·~r (7.12)
cette dernière relation n’est satisfaite que si ~ki · ~r = ~kr · ~r = ~kt · ~r. Le but
du jeu est de trouver une relation entre les différents vecteurs d’onde.
Prenons n̂ × (n̂ × r̂) = (n̂ · r̂)n̂ − (n̂ · n̂)~r = −~r. On peut donc exprimer
les égalités ci-dessus en
32
Cette dernière relation est la loi de Snell 1 -Descartes que vous avez vue
auparavant en sismique et en optique (et dans ce cas, il s’agissait d’ondes
EM!). Nous sommes maintenant prêts à aborder les relations entre les am-
plitudes des ondes incidente, réfléchie et transmise.
~i + E
n̂ × (E ~ r ) = n̂ × E
~t (7.22)
n̂ × (H~i + H ~ r ) = n̂ × H
~t (7.23)
→ n̂ × (~ki × E ~ r ) 1 = n̂ × (~kt × E
~ i + ~kr × E ~ t) 1 (7.24)
µ1 µ2
Développons les triples produits vectoriels
~ i,r,t = k̂ir,t · E
n̂ · E ~ i,r,t = 0 (7.26)
Et les produits n̂ · ~k donnent
33
• Ei
Hi +́J Hr Á~
kr
JJ
~
^ ki n̂ Q k×
J
θr Er
J θi 6
σ1 , µ1 , ²1 JJ
σ 2 , µ2 , ² 2 B S
B
B
θtB Et
)•B
Ht ³ ~
BN kt
~ r ) 1 = kt cos θt E
~ i − kr cos θr E
(ki cos θi E ~t 1 (7.30)
µ1 µ2
mais kki k = kkr k = k1 et kt = k2 donc
cos θi E ~ r = µ1 k2 cos θt E
~ i − cos θr E ~t (7.31)
µ2 k1
voilà une première relation entre les trois champs. La seconde vient de
la première équation de Fresnel. Prenons le produit vectoriel de n̂ avec la
continuté de E tangentiel
~ i ) + n̂ × (n̂ × E
n̂ × (n̂ × E ~ r ) = n̂ × (n̂ × E
~ t) (7.32)
~ i + (n̂ · Êr n̂ − (n̂ · n̂)E
(n̂ · Êi )n̂ − (n̂ · n̂)E ~ r = (n̂ · Êt )n̂ − (n̂ · n̂)E
~t (7.33)
~i + E
→E ~r = E
~t (7.34)
~ i,r,t . En combinant les deux relations, on retrouve
car n̂ ⊥ E
~ r = µ2 k1 cos θi − µ1 k2 cos θt E
E ~i (7.35)
µ2 k1 cos θr + µ1 k2 cos θt
~t = µ2 k1 (cos θi + cos θi ) ~
E Ei (7.36)
µ2 k1 cos θr + µ1 k2 cos θt
r ³ ´2
mais cos θr = cos θi et cos θt = 1 − k1
k2
sin2 θi . Si nous définissons le
coefficient de réflexion R⊥ = Er /Ei
34
7.4 ~ i dans le plan d’incidence
TM : E
3́ Ei
Hi •J
Á~
~ kr
J^ ki n̂ Hr×
J
J Q
s
θr Er
J θi 6
σ1 , µ1 , ²1 JJ
σ 2 , µ2 , ² 2 B S
B
B
θtB³
•1 Et
Ht B ~kt
BN
~i + H
n̂ × (H ~ r ) = n̂ × H
~t
~i + H
→H ~r = H
~t (7.38)
de même pour le champ électrique tangentiel (cf. 5.4)
~i + E
n̂ × (E ~ r ) = n̂ × E
~t
ωµ ~ i ) + n̂ × ωµ (n̂r × H
~ r ) = n̂ × ωµ (n̂t × H
~ t)
n̂ × (n̂i × H (7.39)
k1 k1 k2
mais
~ i ) = (n̂ · H
n̂ × (n̂i × H ~ i )n̂i − (n̂ · n̂i )H
~ i = cos θi H
~i
~ r ) = (n̂ · H
n̂ × (n̂r × H ~ r )n̂r − (n̂ · n̂r )H ~r
~ r = − cos θr H
~ t ) = (n̂ · H
n̂ × (n̂t × H ~ t )n̂t − (n̂ · n̂t )H
~ t = cos θt H
~t
cos θi H ~ r = µ2 k1 cos θt H
~ i − cos θr H ~t (7.40)
µ1 k 2
35
en combinant avec (7.38), on trouve les expressions pour les champs
magnétiques réfléchi et transmis, soit
q
µ1 k22 cos θi − µ2 k1 k22 − (k1 sin θi )2
~r =
H q ~i
H (7.41)
µ1 k22 cos θi + µ2 k1 k22 − (k1 sin θi )2
q
µ2 k1 cos 0 − µ1 k22 − (k1 sin 0)2 µ2 k 1 − µ1 k 2
RT E = q = (7.44)
µ2 k1 cos 0 + µ1 k22 − (k1 sin 0)2 µ2 k 1 + µ1 k 2
q
µ2 k1 k22 − (k1 sin 0)2 − µ1 k22 cos 0 µ2 k1 − µ1 k2
RT M = q = (7.45)
µ1 k22 cos 0 + µ2 k1 k22 − (k1 sin 0)2 µ2 k1 + µ1 k2
36
RTE σ1 = .01, σ2 = .1 S/m RTM σ1 = .01, σ2 = .1 S/m
1 1
Re Re
0.8 Im 0.8 Im
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
RTM
RTE
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−1 −1
0 30 60 90 0 30 60 90
Angle d’incidence (deg) Angle d’incidence (deg)
37
RTE σ1 = .1, σ2 = .01 S/m RTM σ1 = .1, σ2 = .01 S/m
1 1
Re Re
0.8 Im 0.8 Im
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
RTM
RTE
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−1 −1
0 30 60 90 0 30 60 90
Angle d’incidence (deg) Angle d’incidence (deg)
38
Chapitre 8
Nous allons maintenant étendre les concepts vus dans le chapitre précédent
aux milieux tabulaires en suivant une démarche comparable à celle utilisée
pour certains problèmes de sismologie, à savoir celle du milieu effectif.
~ • -E
H ~
AIR ?~k
σ1 , h1
σ2 , h2
···
σN +1
39
~ et H
A l’intérieur de chaque couche, on peut décomposer les champs E ~
en ondes montante et descendante. Dans la couche j, on a alors
−k h + −ikj (z−zj ) i
Hxj = Ej e − Ej− eikj (z−zj ) (8.3)
ωµ0
En z = zj , soit au bas de la couche j
Ey(j−1) = Ej+ e−ikj (zj−1 −zj ) + Ej− eikj (zj−1 −zj ) (8.8)
−1 h + −ikj (zj−1 −zj ) i
Hx(j−1) = Ej e − Ej− eikj (zj−1 −zj ) (8.9)
Zj
mais zj − zj−1 = hj , donc
1 1
Ey(j−1) = (Eyj − Zj Hxj )eikj hj + (Eyj + Zj Hxj )e−ikj hj (8.10)
2 2
eikj hj + e−ikj hj eikj hj − e−ikj hj
Ey(j−1) = Eyj − Zj Hxj (8.11)
2 2
40
· ¸
−1 1 1
Hx(j−1) = (Eyj − Zj Hxj )eikj hj − (Eyj + Zj Hxj )e−ikj hj (8.13)
Zj 2 2
41
Notons que la dépendance en k implique une dépendance en fréquence et que
donc le milieu équivalent varie selon celle-ci.
Pour des raisons de simplicité, on définira M̃
" #
α11 α12
M̃ = (8.21)
α21 α22
Bon, tout ça c’est bien gentil: si on connaı̂t les champs dans le demi-
espace, on peut résoudre complètement le problème. Or, on ne connaı̂t jamais
ces champs. Comment s’en sortir?
Rappelons que l’impédance Z est le rapport entre les composantes orthog-
~ et H.
onales de E ~ Donc même si on ne connaı̂t pas celles-ci, leur rapport est
toujours connu. En effet, on a vu auparavant que
ωµ Ex Ey
Z= = =−
k Hy Hx
42
Avec Zi = ωµ/ki , impédance intrinsèque de la couche i.
Commnent généraliser cette approche pour un modèle à N couches?
i. On commence par calculer l’impédance effective au toit de la première
couche au-dessus du demi-espace (i.e. la couche N ), via
ZN +1 + ZN tanh ikN hN
ẐN = ZN (8.27)
ZN + ZN +1 tanh ikN hN
ii. On utilise ensuite la même relation pour les couches N − 1, N − 2, etc.
en substituant à chaque fois l’impédance effective du milieu sous la couche
concernée. On remonte ainsi jusqu’à la surface.
Cette formule de récurrence est très facile à programmer. Nous le ferons
en T.D.
La figure 8.2 montre un exemple de modélisation 1D pour un milieu à
3 couches de 1000, 100 et 10 Ω.m. On présente les résultats en termes de
résistivité apparente (i.e. effective, dénotée ρa ) en fonction de la fréquence.
Remarquez qu’aux hautes fréquences ρa = 1000 Ω.m et aux plus basses
féquences, ρa → 10 Ω.m. Ca vous surprend?
200
400
Résistivité apparente (Ω .m)
600 3
10
Profondeur (m)
800
1000
1200
2
10
1400
1600
1800
1
2000 1 2 3
10 0 2 4
10 10 10 10 10 10
Résistivité vraie (Ω .m) Fréquence (Hz)
43
8.2 Incidence oblique
Nous avons résolu le problème d’une onde plane incidente normalement sur
un milieu tabulaire. Que se passe-t-il si l’onde a une incidence oblique? C’est
sûrement le cas pour les manipes VLF pour lesquelles on ne contrôle rien, a
fortiori l’angle d’incidence des ondes émises par une station à des centaines
de km de notre site de mesure. Mais est-ce que ça vaut la peine de s’y
intéresser?
Dans une mesure VLF, l’onde EM est incidente dans l’air (milieu 1) vers
le sol (milieu 2). Rappelons la loi de Snell-Descartes
k1 sin θ1 = k2 sin θ2
q q
ω 2 µ1 ²1 − iωµ1 σ1 sin θ1 =
ω 2 µ2 ²2 − iωµ2 σ2 sin θ2 (8.28)
√ 2
Dans l’air, σ = 0 et donc il reste k1 = ω µ1 ²1 . Le sol a une√conductivité
non nulle et dans le cas du VLF, l’ARQS s’applique, i.e. k2 ≈ −iωµ2 σ2 .
s
ωµ1 ²1
sin θ2 = ≈0 (8.29)
−iµ2 σ2
et donc θ2 ≈ 0. Cela revient à dire que peu importe l’angle d’incidence
dans l’air, l’onde EM plane se propage verticalement dans le sous-sol. On
peut donc utiliser l’impédance effective calculée pour un milieu tabulaire
pour toutes les méthodes basées sur des ondes planes incidentes dans l’air
(e.g. MT, AMT, VLF).
44
Chapitre 9
Imagerie MT
U (z − u)
p(u) = (9.3)
z
où U est la fonction de Heaviside et z est la profondeur effective de
pénétration des champs pour une période T donnée. (9.3) satisfait forcément
(9.2) et a pour effet d’atténuer les effets des couches trop profondes pour être
atteintes par les champs de période T . Mettons (9.3) dans (9.1)
45
Z ∞
1 U (z − u)
= σ(u)du (9.4)
ρa 0 z
Z ∞
z
= U (z − u)σ(u)du (9.5)
ρa 0
à ! Z ∞ Z ∞
∂ z ∂
= U (z − u)σ(u)du = δ(z − u)σ(u)du = σ(z) (9.6)
∂z ρa 0 ∂z 0
46
Les données MT sont la plupart du temps présentées sur un graphe log ρa
- log f . Nous allons utiliser ceci pour obtenir une relation entre ρa et T = 1/f .
La pente s(T ) du graphe log-log est donnée par
d log ρa T dρa
s(T ) = = (9.14)
d log T ρa dT
dρa ρa s(T )
= (9.15)
dT T
donc
à ! à !
∂z z 1 1 ρa s(T ) z 1 + s(T )
= + = (9.16)
∂T 2 T ρa T 2 T
d’où
∂T 2T
= (9.17)
∂z z(1 + s(T ))
Collons (9.11) et (9.12) dans (9.7)
" #
1 z ρa s(T ) 1 + s(T ) 1 + s(T ) − 2s(T ) 1 1 − s(T )
σ(z) = − 2 = =
ρa ρa T T ρa (1 + s(T )) ρa 1 + s(T )
(9.18)
Et donc " #
1 + s(T )
ρ(z) = ρa (T ) (9.19)
1 − s(T )
s
ρa T
z= (9.20)
2πµ
Voilà notre problème résolu! Nous avons maintenant des relations per-
mettant de recouvrer ρ(z) à partir de données d’un sondage ρa (T ). C’est ce
qu’on appelle un problème inverse.
L’équation (9.19) nous permet également de comprendre un peu mieux
la physique du problème. Quelles sont les valeurs limites de s(T ) sachant
qu’on ne peut avoir de terme entre crochets négatif ou nul, car ρa est obli-
gatoirement positif? On remarque que la pente doit être telle que ksk ≤ 1.
Qu’est ce ça veut dire? Cela signifie que ρa ne peut varier brusquement en
fonction de la fréquence. Est-ce surprenant? Non, car comme en augmentant
la période on ne fait qu’augmenter z et donc dans les faits on ajoute un petit
bout de ρ(z) à l’intégrale (9.1). Cette intégrale, comme on s’y attend, va
lisser la fonction ρ(z).
On peut donc utiliser cette propriété pour contrôler la qualité d’un sondage
MT. Si ρa varie brusquement avec la fréquence, ça va pas. Vous avez sans
47
doute enregistré du bruit... Vous pouvez également utiliser les fonctions
(9.19) et (9.20), faciles à programmer, pour contrôler la qualité et avoir une
permière idée de la résistivité en profondeur.
Les figures ci-dessous montrent deux exemples d’inversion de données
synthétiques : l’un pour lequel ρ diminue avec la profondeur (9.1) et l’autre
pour lequel ρ augmente (9.2). La courbe en pointillé sur les graphes de
droite représente le modèle ayant servi à calculer le synthétique. Pourquoi
l’inversion est-elle moins bonne pour ce dernier cas?
200
400
Résistivité apparente (Ω .m)
3 600
10
Profondeur (m)
800
1000
1200
2
10
1400
1600
1800
1
10 −5 0 5
2000 1 2 3
10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz) Résistivité (Ω .m)
Figure 9.1: Cas pour lequel ρ diminue avec la profondeur. Gauche: données
syhtnétiques. Droite: modèle (trait pointillé) et profil de résistivité (trait
plein) obtenu en appliquant les équations 9.19 et 9.20. L’accord entre les
deux courbes est plutôt satisfaisant.
48
Réponse du modèle Modèle (− −) et image
3
10 0
200
400
Résistivité apparente (Ω .m)
2 600
10
Profondeur (m)
800
1000
1200
1
10
1400
1600
1800
0
10 −5 0 5
2000 1 2 3
10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz) Résistivité (Ω .m)
Figure 9.2: Même que ci-dessus mais pour ρ augmentant avec la profondeur.
Ici, l’inversion est bien moins bonne que dans le cas précédent. Pourquoi?
type d’étude, on privilégiera les méthodes plus légères basées sur une source
proche. C’est ce que nous allons aborder dans les chapitres suivants.
49