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LL 2 : La Bruyère, Les Caractères ou les Mœurs de ce

siècle, « De la Cour », 1688


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L’on parle d’une région où les vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au
contraire durs, féroces, sans mœurs ni politesse : ils se trouvent affranchis de la passion des
femmes dans un âge où l’on commence ailleurs à la sentir ; ils leur préfèrent des repas, des
viandes et des amours ridicules : celui-là chez eux est sobre et modéré, qui ne s’enivre que
de vin ; l’usage trop fréquent qu’ils en ont fait, le leur a rendu insipide ; ils cherchent à
réveiller leur goût déjà éteint par des eaux-de-vie, et par toutes les liqueurs les plus violentes
; il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau-forte. Les femmes du pays précipitent
le déclin de leur beauté par des artifices qu’elles croient servir à les rendre belles : leur
coutume est de peindre leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules qu’elles
étalent avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles, comme si elles craignaient de cacher
l’endroit par où elles pourraient plaire, ou de ne pas se montrer assez. Ceux qui habitent
cette contrée ont une physionomie qui n’est pas nette, mais confuse, embarrassée dans une
épaisseur de cheveux étrangers qu’ils préfèrent aux naturels, et dont ils font un long tissu
pour couvrir leur tête ; il descend à la moitié du corps, change les traits, et empêche qu’on
ne connaisse les hommes à leur visage.

Ces peuples d’ailleurs ont leur Dieu et leur Roi : les Grands de la nation s’assemblent tous
les jours à une certaine heure dans un temple qu’ils nomment église ; il y a au fond de ce
temple un autel consacré à leur Dieu, où un prêtre célèbre des mystères qu’ils appellent
saints, sacrés et redoutables : les Grands forment un vaste cercle au pied de cet autel, et
paraissent debout, le dos tourné directement au prêtre et aux saints mystères, et les faces
élevées vers leur roi, que l’on voit à genoux sur une tribune, et à qui ils semblent avoir tout
l’esprit et tout le cœur appliqué. On ne laisse pas de voir dans cet usage une espèce de
subordination ; car ce peuple paraît adorer le Prince, et le Prince adorer Dieu.

� décortique les comportements à la cour

◆ les jeunes

◆ les femmes

◆ les hommes

◆ les grands

● ordre croissant par rapport au pouvoir

I. Critique des jeunes


1. opposition aux vieux
2. rapport aux femmes
3. alcoolisme (précocité + excès)

� galants, polis et civils : accumulation d’adjectifs mélioratifs

◆ qualificatifs qui devraient concerner les jeunes

◆ conception des vieillards: respect plus important pour les vieux que pour les
jeunes, stéréotypes des sociétés passés

antiquité romains et grecs considéraient que plus on vieillit plus on gagne en sagesse

� vieillard : renvoie au classicisme

◆ querelle entre les anciens et modernes

◆ La Bruyère était du côté des Anciens: l’époque classique rend hommage à


l’antiquité
◆ se sert des vieillards pour dévaloriser la jeunesse, logique par rapport à son
positionnement en tant qu’Ancien
◆ portrait du gentilhomme

� L’on parle d’une région

◆ indétermination avec pronom impersonnel “on” et article indéfini “une”

◆ regard éloigné (très en vogue au XVIIe siècle)

◆ manière efficace de critiquer

◆ préserve de la censure

● ex: Montesquieu “Lettre persanes”

� vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au contraire durs, féroces,
sans mœurs ni politesse
◆ parallélisme de construction
◆ 4 adjectifs pour les jeunes=/ 3 adjectifs pour les vieux

● insiste + sur les défauts des jeunes

● décalage

◆ adjectifs qualifiant les jeunes

● animalisation de la jeunesse

� sans mœurs ni politesse

◆ négation

◆ jeunesse privée d’éducation

◆ opposée au gentilhomme

� “:” présentatif

◆ va approfondir sur la dénonciation de la jeunesse

◆ sorte de prévention

� ils se trouvent affranchis de la passion des femmes

◆ à un âge où on s’intéresse au mariage (18 ans environ) , ces jeunes se


libèrent de ce désir
◆ “affranchis” le couple = se mettre des chaînes

� “ailleurs” : autre part, les jeunes sentent la passion des femmes

� des repas, des viandes et des amours ridicules

◆ amours ridicules à la fin = les maîtresses


adjectif postposé on insiste sur le ridicule , la futilité et la légèreté amours risibles

● tout ce qu’il y a dit d’avant est ridicule: les jeunes

� phrase longue souligne les nombreux défauts des jeunes

� “celui-là” démonstratif et indéfini

� “sobre et modéré” ; “s’enivre”

◆ opposition, impossible d’être sobre et vire

◆ ironie

� “trop” adverbe d’intensité

� ils cherchent à réveiller leur goût déjà éteint

◆ antithèse

◆ cherchent à réveiller quête de nouvelles sensations, rendre sa vie excitante


◆ déjà adverbe de précocité, montre qu’ils ont déjà tout essayé

� par toutes les liqueurs les plus violentes

◆ toutes pronom totalisant = excès

◆ plus superlatif = excès

◆ violentes adjectif hyperbolique = excès

� il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau-forte : sarcasme

◆ débauche : présentatif = excès

◆ eau forte: ironie ,vitriole acide qui brûle paroxysme

LES JEUNES SONT L'ANTI PORTRAIT DE L'HONNÊTE HOMME

II. Critique des femmes

� déclin

◆ chute de l’empire romain: exagération, dramatisation.

◆ renvoie à la vieillesse

� précipiter

◆ vieillesse inévitable

� artifices

◆ éphémère

◆ superficiel

� croient
◆ deux points de vue

● homme: c’est pas beau

● femme: c’est beau

� peindre

◆ chosification du visage des femmes en tableau

� lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules

◆ accumulation

◆ manque d’authenticité

◆ pluriel

◆ épaules: concerne tout le corps

� qu’elles étalent avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles

◆ proposition subordonnée

� comme si

◆ comparaison hypothétique

� comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire

◆ l’être et le paraître

◆ la femme est l’accessoire de l’homme

◆ craignaient: manque de confiance

� chosification et réification de la femme

LA FEMME EST SUPERFICIELLE, DANS L’ILLUSION

déguisement theatrum mundi

III. critique des hommes

� Ceux qui habitent cette contrée


◆ regard éloigné

� physionomie

◆ associe le comportement des hommes à celui des femmes

� pas nette,confuse, embarrassée

◆ même sens, insistance

� embarrassée dans une épaisseur de cheveux

◆ ridicule de leur comportement

◆ se noient

� cheveux étrangers qu’ils préfèrent aux naturels

◆ préfèrent ce qu’il ne leur appartient pas

◆ paraître

◆ comédie sociale jouent un rôle

◆ theatrum mundi déguisement

� et dont ils font un long tissu

◆ proposition subordonnée relative

◆ tout ce qu’il y a à dire sur l’homme ne concerne que son apparence physique
(longueur de la phrase)
� couvrir leur tête

◆ déguisement (theatrum mundi)

� descend à la moitié du corps, change les traits, et empêche qu’on ne connaisse les
hommes à leur visage.
◆ rythme ternaire

◆ instistation sur le camouflage de la perruque

◆ les actions de l’homme se définissent à travers sa perruque / son pouvoir

◆ summum du ridicule

� qu’on ne connaisse les hommes à leur visage. (complément d’objet direct)

◆ paraître

◆ l’homme est définit par son apparence

� l’homme est emprisonné par le désir de paraître

◆ “Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la
destruction du désir.” - Manuel d'Epictète
● les hommes ne sont pas libres à cause de l’étiquette
� décrit la cour comme un mini théâtre

IV. Critique des croyants

� Ces peuples d’ailleurs

◆ regard éloigné

◆ sécurité

� leur Dieu et leur Roi

◆ “leur” déterminant possessif , sécurité ce n’est pas les nôtres

� :

◆ approfondir

� les grand de la nation

◆ les courtisans

� s’assemblent tous les jours à une certaine heure

◆ tous les jours: cc de temps

◆ mécanisation du culte/rituel

◆ effet lassant

◆ se réfère au culte catholique: 5 prières

� qu’ils
◆ regard éloigné

� certaine heure dans un temple qu’ils nomment église

◆ regard naïf

◆ mystification de l’église

◆ ex: Candide Voltaire


� saints, sacrés et redoutables
◆ accumulation

◆ “redoutable” dénonce menace de la religion (sanction divine, enfer, péché…)

� incohérence des Grands dans la pratique religieuse

� paraissent

◆ paraître : theatrum mundi

� dos tourné directement au prêtre et aux saints mystères, et les faces élevées

◆ parallélisme antithétique

◆ les courtisans ne sont pas tournés vers la religion mais vers le désir de plaire
au roi
� “debout”,”dos tourné”,”élevées” : mise en scène, on est davantage sur l’attitude que
sur les croyances.
◆ actions des croyants

� à qui ils semblent avoir tout l’esprit et tout le cœur appliqué

◆ proposition relative complète le roi

◆ ils ne sont pas tournés vers Dieu mais vers le désir de plaire

◆ “tout” , pronom totalisant” excès , toute l’attention et l’esprit pour le roi

� “élevées” “ à genou”

◆ actions lors de la prière

◆ incohérence la visée n’est pas bonne , c’est vers le roi au lieu de Dieu

� espèce de subordination

◆ “espèce” regard éloigné

◆ subordination = soumission au Prince , pas en accord avec les valeurs de la


religion (tout le monde devrait être égaux)
� car ce peuple paraît adorer le Prince, et le Prince adorer Dieu.

◆ chiasme

◆ A: adorer; B: le Prince
◆ particulier termes enfermés dans d’autres termes

◆ Prince au centre du chiasme mais peuple et Dieu exclus

◆ met en évidence la soumission du peuple à leur roi et que le culte n’est pas
pratiqué envers Dieu mais envers le Roi
◆ “paraît” dénonciation du paraître

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