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Perfectionner le galop

Perfectionner le galop est un travail de longue haleine qui demande du temps et de l’entraînement. Malgré
la complexité de l’allure, le cavalier doit apprendre à diriger et à maîtriser son équilibre et celui de sa
monture pour contrôler le galop. Tout un ensemble d’actions fines, en accord avec le mouvement du
cheval, pour amener ce dernier à se verticaliser. Voyons comment améliorer cette allure.

Par Nelly GENOUX - Nicolas SANSON - | 20.04.2019 |

Niveau de technicité :

Quelques rappels sur le galop

Le galop, une allure complexe


Le galop est une allure sautée, basculée et dissymétrique, à 3 temps, suivie d’un temps de projection. Tel
un « balancier », l’encolure effectue des mouvements importants aussi bien sur le plan vertical (haut/bas)
qu’horizontal (avant/arrière). Quand le cheval est en appui sur les antérieurs, l'encolure s’étend et
s’abaisse. Elle remonte et se raccourcit quand il est sur les postérieurs. Cette bascule mobilise fortement
le dos du cheval et entraîne facilement des déséquilibres chez le cavalier. L’équilibre est difficile à
maîtriser, la perte de calme plus fréquente et la fatigue se manifeste plus rapidement qu’aux autres
allures. Il s’agit certainement de l’allure la plus complexe et la plus difficile à améliorer.

Les 3 grandes phases de progression dans le travail au galop


Le perfectionnement du galop est un travail de longue haleine, très progressif, qui va demander du temps
et de l’entraînement aussi bien pour le cavalier que pour le cheval. La qualité du galop va ainsi évoluer
progressivement avec le niveau de technicité du cavalier et de dressage du cheval. L’échelle de
progression dans le travail au galop se décompose en 3 grandes étapes : 1) affermir, 2) redresser, 3)
rassembler. Voyons ce qui se cache derrière ces 3 termes et des exemples d’exercices pour améliorer le
galop.

Objectifs

Pour le cavalier
Pour perfectionner le galop de son cheval, le cavalier doit être capable d’effectuer des transitions inter- et
intra-allure(s) de qualité. Cela tout en dirigeant sa monture sur le plat et en maîtrisant son équilibre et
celui de son cheval. La mise en jeu simultanée de ces actions fines, en accord avec les mouvements du
cheval, va lui permettre de verticaliser sa monture et donc de contrôler l’allure de façon efficace et
économe.

Pour le cheval
Bien réalisé, l’exercice favorisera le développement des muscles abdominaux, de l’arrière-main et de la
ligne du dessus.

Affermir le galop
Première étape, l’affermissement du galop consiste à développer la locomotion du cheval dans cette
allure. Le but est d’arriver à ce que la qualité du galop (impulsion, force, rebond, équilibre, cadence) reste
la même à chaque foulée, quel que soit le tracé.
Exercice n°1 : faites galoper votre cheval à la longe
Bien réalisé, le travail à la longe est une aide précieuse, quel que soit l’âge du cheval. Faites-le galoper
dans le calme, sur de grands cercles. Sans le poids du cavalier, le travail sera plus simple et naturel pour le
cheval. Pour vous, c’est l’occasion d’observer votre monture. Vous pourrez plus facilement corriger les
problèmes d’équilibre (désuni ou à faux) ou d’impulsion (passage au trot) à l’aide de votre corps, de votre
voix et de la chambrière. À terme, votre cheval doit être capable de conserver un galop équilibré et
décontracté à chaque main.

Exercice n°2 : galopez en extérieur


En extérieur, le cheval n’aura pas de problème d’impulsion et restera au galop sans difficulté. Mettez-vous
en équilibre au-dessus de vos pieds, posez vos deux mains à mi-encolure et laissez-le galoper à vitesse
moyenne, sans avoir à le pousser, par petites périodes de 2-3 minutes maximum. Ce travail doit se faire
dans une attitude naturelle (angle tête-encolure ouvert, équilibre plutôt horizontal) pour permettre au
cheval de travailler sans contractions musculaires excessives. Si vous montez un cheval chaud ou si vous
n’avez pas la possibilité d’aller en extérieur, galopez dans cette attitude, à une vitesse moindre, dans le
manège ou la carrière.

Exercice n°3 : multipliez les départs sur le même pied


Nous avons souvent tendance à éterniser le travail au galop pour chercher à l’améliorer. Or au galop, le
cheval se fatigue vite et les longs temps de travail ont plutôt tendance à détériorer cette allure qu’à
l’améliorer. Les départs au galop permettent l’amélioration de la foulée. Ils replacent le cheval dans de
bonnes conditions et l’éduquent à s’équilibrer. Multipliez les départs au galop à partir du trot (trot-galop-
trot-galop…) puis à partir du pas (pas-galop-pas-galop…). Vous perfectionnerez ainsi l’impulsion dans les
transitions montantes et l’équilibre dans les transitions descendantes. Demandez ces départs d’abord sur
un cercle, puis en ligne droite.

Redresser le galop
Redresser le galop, c’est remettre les épaules dans l’axe des hanches pour corriger la tendance naturelle
du cheval à se traverser à cette allure. Si vous regardez votre cheval galoper en liberté, vous vous
apercevrez qu’il se déplace généralement avec la tête orientée vers l’extérieur et les hanches à l’intérieur.
Le but est d’atteindre une certaine rectitude, les traces des postérieurs suivant celles des antérieurs. Le
cheval est alors droit dans sa ligne du dessus, ce qui lui apporte davantage de tonicité et une poussée
égale des deux postérieurs.

Exercice n°4 : multipliez les départs en changeant de pied


Comme pour l’exercice n°3, multipliez les départs en demandant à chaque fois le nouveau départ sur le
pied opposé. Si votre cheval a tendance à se traverser, cet exercice vous aidera à contrôler les hanches.

Exercice n°5 : galopez en épaule en avant


L’épaule en avant est une prémisse d’épaule en dedans qui consiste à déplacer légèrement l’épaule
interne en piste intérieure, avec un cheval incurvé dans le sens inverse du déplacement. Cela a pour effet
de ramener les épaules devant les hanches pour galoper droit. Si le cheval est trop plié à l’intérieur, vous
pouvez le redresser sans pli ou avec un très léger pli contraire. Vous pouvez vous aider d’une ligne de
barres au sol (au galop à droite, les barres doivent être sur votre droite) : galopez en plaçant l’antérieur
interne de votre cheval le plus près possible des barres.

Vous pouvez aussi pratiquer l’épaule en avant au contre galop sur les longueurs, en amenant les épaules
vers le pare-botte (comme si vous vouliez le sauter).

Exercice n°6 : galopez en cession à la jambe


L’exercice de cession à la jambe va lui aussi contribuer à redresser le galop et à améliorer le rebond.
Doublez au galop sur la longueur et rejoignez la piste en maintenant le cheval parallèle à celle-ci. Deux
options s’offrent alors à vous. Si vous êtes au galop à gauche par exemple, vous pouvez :

Partir en cession à la jambe gauche, vers la droite, et rester au galop à gauche.


Ou partir en cession à la jambe droite, vers la gauche. Vous vous retrouvez alors au
contre galop à main droite. Maintenez le contre galop jusqu’au grand côté suivant puis
effectuez une transition au trot ou un changement de pied sur la ligne droite.

Exercice n°7 : galopez au contre galop


Osez ralentir pour donner la priorité à l’équilibre. Le travail au contre galop est un excellent
assouplissement et éduque le cheval à rentrer dans ses courbes en équilibre. C’est un bon moyen pour
redresser un cheval traversé. Le pare-botte/la lice empêchent les hanches de déraper à l’extérieur.
L’exercice est réussi lorsque vous développerez la même aisance qu’au galop à juste. Commencez par
conserver un pli du côté du pied sur lequel vous galopez. Si vous tournez à gauche par exemple, galopez
sur le pied droit, bout du nez à droite. Quand vous serez plus aguerri, vous galoperez au contre galop avec
un cheval droit.

Exercice n°8 : galopez au contre galop avec un pli contraire


Lorsque votre cheval se déplacera naturellement au contre galop, vous pourrez lui demander un pli
contraire au pied sur lequel vous galopez. Autrement dit, sur un tournant à gauche, vous galoperez sur le
pied droit en plaçant le bout du nez à gauche, à l’intérieur. Sans effet de force, vous lèverez et écarterez
votre main gauche en pensant dans un premier temps à réellement céder avec votre rêne droite.

L’exercice du pli contraire au contre galop est bien réalisé lorsque le cheval place son encolure comme s’il
galopait incurvé et sur le pied du côté où il tourne.

Pensez à changer de main afin de vous retrouver régulièrement au galop à juste pour décontracter votre
cheval.

Rassembler le galop

La 3ème et dernière étape consiste à amener le cheval à s’équilibrer en abaissant ses hanches. Il est alors
en mesure de faire varier la cadence du galop (développer l’allure ou se rassembler) dans une liberté de
mouvement totale et dans la légèreté. Cette ultime étape marque le passage d’une énergie plutôt
horizontale à une énergie verticale.

Exercice n°9 : exécutez des transitions à l’intérieur de l’allure


Commencez sur un tracé très précis comme un grand cercle de minimum 20 mètres de diamètre. Placez
au moins deux points de repère (plots, barres au sol) sur ce cercle, l’un en face de l’autre. Lorsque vous
avez obtenu un galop régulier (cadencé) sur le cercle, comptez le nombre de foulées effectuées au galop
de référence sur une moitié de cercle puis faites varier l’amplitude des foulées d’une moitié de cercle à
l’autre (cadence normale puis une foulée en moins, cadence normale puis une foulée en plus…). Observez
une simplicité maximum dans l’emploi des aides, tout en conservant le contact avec votre cheval (mains
et jambes). Ralentissez votre cheval en grandissant votre haut du corps et accélérez en poussant avec
votre assiette. Osez répéter l’exercice suffisamment pour atteindre un vrai degré de compréhension de
votre cheval.

Une fois l’exercice bien assimilé, vous pouvez l’exécuter n’importe où sur un plus petit nombre de foulées :
5 foulées en avançant, 5 foulées en freinant, comme une sorte de danse avec votre cheval.

Exercice n°10 : exécutez des cercles de plus en plus petits


Installez votre cheval dans un galop régulier, sur un grand cercle, en recherchant l’incurvation. N’hésitez
pas à rallonger votre rêne extérieure pour permettre à votre cheval d’étirer son côté extérieur. Quand
vous sentez votre cheval léger et disponible, rétrécissez progressivement la taille du cercle (en escargot
par exemple) puis évasez à nouveau les cercles et ainsi de suite.

Comme cet exercice prend sur l’impulsion, fractionnez-le au maximum. Tourner sur de petits cercles
pendant longtemps serait néfaste pour votre monture. Entrecoupez les séquences de pauses (ligne droite
ou grand tour de manège/carrière au galop moyen, retour au trot ou au pas…). Tournez en agissant avec
vos deux mains en parallèle, soutenues par l’action de vos jambes. Pensez à regarder à l’extérieur pour
éviter les fautes de corps.

Critères de réussite et observables de l’enseignant


Equilibre et engagement du postérieur
Rectitude du galop
Qualité de la locomotion : galop souple, tonique, délié et cadencé, force, rebond
Qualité du contact : bouche décontractée, contact franc et affermi mais moelleux,
cheval « sur la main »
Attitude juste : nuque le point le plus haut avec chanfrein légèrement en avant de la
verticale ou à la verticale
Problèmes rencontrés et solutions

Perte d’équilibre et/ou d’impulsion


Dès que l’équilibre se dégrade, il faut revenir à un travail de transitions pour remettre le cheval « devant la
jambe » et disponible, et le verticaliser. Comme elles fatiguent le cheval, les longues séquences de galop
sont souvent propices à la perte d’équilibre et détériorent la qualité de locomotion du cheval. Privilégiez
des exercices courts et intenses et fractionnez vos demandes.

Détérioration de la qualité du contact, cheval qui « chauffe »


Dès que l’attitude du cheval se dégrade (cheval plaqué, encapuchonné, contre la main et dos creusé…) ou
que celui-ci perd son calme, repassez aux allures inférieures pour le relâcher et le rendre à nouveau
disponible.

Travaillez sur un tracé simple, dans le mouvement en avant, sans chercher à le placer, quitte à le laisser
se déplacer dans une allure plus horizontale. L’exercice n’est possible et bénéfique qu’avec un cheval
calme, décontracté, disponible et léger.

En savoir plus sur nos auteurs

Nelly GENOUX Ingénieure agronome - ingénieure de développement IFCE


Nicolas SANSON Formateur et entraîneur indépendant - ancien écuyer du Cadre noir de
Saumur et directeur adjoint du Pôle de la Formation Professionnelle et Sportive (PFPS) de
l'IFCE

Pour retrouver ce document:


www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 09 03 2024

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