Université Loyola du Congo (ULC)
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Faculté de Philosophie St-Pierre Canisius
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Journal hilosophique
Éditorial
L’éLOGE DE LA RAISON AU CŒUR DES LUMIèRES
L a connaissance du monde qui est
à la portée de l’esprit humain ne
demeure de manière générale qu’une
représentation qui se construit à travers la
stimulation de nos surfaces sensorielles.
Cette affirmation qui constitue une
profession de foi de l’empirisme limite
le pouvoir de l’entendement à la seule
connaissance des phénomènes, le noumène,
la «chose en soi» lui étant totalement
inaccessible. Une telle impuissance de la
raison se déploie au profit de l’empirie qui
devient la source fiable de la connaissance.
Or, une telle conception prête le flanc à
un scepticisme du type humien qui ne
considère l’identité des objets physiques
que comme une fiction de l’imagination.
Ce qui n’a cessé d’alimenter la controverse
dans l’histoire de la philosophie avec une
ampleur particulière aux Temps Modernes
Landry KUMA-KUMA, S.J. entre les sceptiques, les empiristes et
Ancien de CANISIUS / ULC les rationalistes, qui vénèrent la raison
en affirmant le primat dans le processus
d’acquisition de la connaissance et en font
l’éloge.
En effet, le temps moderne est cette
période qui s’étend du XVème siècle
au IXX ème siècle. Il inclut aussi une
partie de la renaissance. La rationalisation
de la vie en général, et de la science en
particulier, est le trait le plus fondamental
de la modernité, ressortant clairement du
principe fondateur : « Sapere aude » (Ose
penser par toi-même).
Par ailleurs, grâce à la raison, les
philosophes des Lumières estiment
combattre l’obscurantisme. Il en est
quasiment de même à ces temps qui sont
les nôtres, caractérisés par le primat
de la rationalité. La raison devient le
maître-mot de notre société actuelle,
dite postmoderne qui s’oppose à la
société ancienne appelée traditionnelle.
N°122 - Novembre 2023
Cependant, l’un de revers de cette société
est la déculturation. Cette rationalisation
hyperbolique et excessive de nos sociétés
ont rencontré paradoxalement le chemin
de la dépravation et d’un relativisme
moral qui prend le vice pour une vertu, le
pathologique pour le logique.
Toutefois, il faut préciser que la rationalité
dans la perspective des modernes relève
du domaine de l’évidence. Ainsi, le but
de la philosophie moderne est de nous
affranchir des superstitions, de tout ce qui
n’est pas démontrable mathématiquement.
C’est ce que le premier auteur essaye
d’expliciter dans son article « L’impact
des idées humanistes sur la philosophie
des Lumières ». Pour notre auteur, «
L’humain devient par sa raison le centre
de l’univers et le fondement de toute
valeur. Cette grande foi en la raison
humaine au dix-huitième siècle se laisse
clairement transparaitre dans la devise des
philosophes des lumières : sapere aude
». Il nous suggère de nous servir de notre
entendement pour nous émanciper de
l’état de la minorité.
L’auteur du deuxième article aborde une
thématique importante dans les sociétés
démocratiques, il s’agit de la liberté
d’expression, qui est une voie pour les
autres types de liberté. A travers elle, l’on
peut débattre sur les questions qui fondent
notre société. Puisqu’il en est ainsi, notre
second auteur fustige le manque de liberté
d’expression en Afrique à travers son
article « Secourir la liberté d’expression
en Afrique »
Chers férus de la lecture, tout en remerciant
nos auteurs, nous espérons que ce numéro
nous sortira du labyrinthe de l’obscurité
intellectuelle et ouvrira nos yeux à la
lumière de la raison. Fructueux exercice
de la pensée !
Raoul NTIELE
L’IMPACT DES IDéES HUMANISTES SUR LA
L3 Philo / ULC PHILOSOPHIE DES LUMIèRES
D
u latin humanus : propre à l’homme,
cultivé, bienveillant, l’humanisme est
une doctrine qui fait de l’homme le
centre de l’univers et la source de toute valeur.
Ce courant qui a pris son essor à la Renaissance
se présente comme une réaction contre le
théocentrisme dont l’humanité a été victime
depuis le Moyen Âge suite aux enseignements
de la foi judéo-chrétienne.
Dans sa perspective philosophique, l’humanisme
se réfère à « toute pensée soulignant le rôle
central de l’homme dans la cosmologie (…),
et mettant en relief sa capacité d’émancipation
et d’autodétermination par un processus
d’éducation » (B. Michel (Dir), La Rousse.
Grand dictionnaire de la philosophie, p. 491.).
D’où l’insistance sur le recours à l’Antiquité
pour redécouvrir la richesse de la culture gréco-
latine et en soutirer les éléments nécessaires
pour la libération de l’homme de l’emprise de
la foi judéo-chrétienne. Les humanistes sont
rassurés que l’homme est par sa nature un être
moral et politique. De ce fait, il peut, grâce à
une bonne instruction, vaincre son animalité
(stade d’abandon aux pulsions irréfléchies) et
accéder aux valeurs supérieures, le moteur de
cet affranchissement étant sa raison.
Ces idées humanistes seront reprises et
approfondies par les philosophes du siècle des
Lumières (dix-huitième siècle). Il faut préciser
que les Lumières renvoient à l’ensemble des
réflexions philosophiques européennes du dix-
huitième siècle qui se sont proposées « d’éclairer
les hommes, de révéler la raison à elle-même
» (N. BARAQUIN, et al., Dictionnaire de
philosophie, op. cit., p. 208.).
Sophia / n°122-Novembre
Les philosophes de l’Aufklärung (lumières
en allemand) croient en la toute-puissance
d’une raison bien instruite d’atteindre la vérité
par elle-même. Ils ont aussi la même vision
anthropocentrique de l’univers à l’instar des
humanistes. Raison pour laquelle ils évacuent
Dieu de leurs préoccupations et le substituent
par l’homme. L’humain devient par sa raison
le centre de l’univers et le fondement de toute
valeur. Cette grande foi en la raison humaine
au dix-huitième siècle se laisse clairement
transparaitre dans la devise des Lumières :
sapere aude, c’est-à-dire aie le courage de te
servir de ton propre entendement. Tout cela
dans le but d’éclairer l’homme, le libérer de
l’obscurantisme. De cet éclaircissement jaillira
la vertu et son véritable bonheur.
C’est dans un tel univers contaminé d’une
confiance indéfectible en la raison humaine
qu’émergera la morale kantienne destinée aux
seuls êtres raisonnables en vertu de leur capacité
de se laisser guider uniquement par la raison dans
l’accomplissement de leur devoir. La conception
anthropocentrique de l’univers mise en place
par les partisans de l’humanisme et leur grande
confiance à la raison humaine bien instruite de
générer les valeurs, pensées reprises par ailleurs
par les philosophes du siècle des Lumières,
voilà ce qui nous permet de contextualiser la
naissance de la morale kantienne que je réserve
pour mon prochain article à la Sophia et le
primat qu’elle accorde à la raison comme unique
commandant de la volonté humaine en matière
de moralité. Mon article suivant s’appliquera
à nous éclairer sur le mode opératoire de cette
morale kantienne.
2
 SECOURIR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EN
AFRIQUE
Grâce MBOKUBA
L2 / ÉCONOMIE / UCC
L
a liberté d’expression comme droit de
donner opinion face à une situation par
laquelle on est concerné, exige le respect
et la tolérance face aux avis des autres, chacun
devant comprendre que tout comme les angles
de vue diffèrent en fonction de la perception
de chacun, de la même manière les options
diffèrent. Par conséquent, toute opinion mérite
d’être entendue, qu’elle paraisse correcte ou
non, car personne ne dévient le monopole de
la vérité. De surcroît, la liberté d’expression
permet à une population de faire entendre sa
voix lorsque ses droits sont violés et qu’elle est
victime d’un mauvais traitement.
Par ailleurs, l’Afrique récemment sortie de
la colonisation a encore visiblement une
marche à faire dans le respect de la liberté
d’expression. Cette marche s’écorche par les
pesanteurs de certaines pratiques culturelles
en déphasage avec les conceptions modernes
de droit de l’homme. Aussi est-il triste de
constater que la liberté d’expression peine à
trouver sa place dans les sociétés d’Afrique.
Sous divers angles l’atteinte à la liberté
d’expression s’accompagne de multiples
formes de discriminations et la dictature de la
majorité sur les minorités.
À voir toutes les différentes victimes de la
liberté d’expression, les populations ont fini
par acquérir la peur de lever la voix contre de
mauvais traitements, ce qui ne favorise pas du
tout le progrès et l’amélioration des sociétés.
En effet, la peur constitue une barrière à la
revendication des droits, ce qui transforme la
vie sociale en une prison mentale. Prisonniers
de notre mental depuis bien longtemps, nous
avons plus que besoin de retrouver notre
3 Sophia / n°122-Novembre
liberté, cette liberté qui nous laisse franchir
les barrières de l’injustice, de l’inégalité, de la
maltraitance.
Afin d’arriver à pallier à ce problème, une
question s’avère importante : Quelle démarche
entreprendre pour sauver l’authenticité de la
liberté d’expression en Afrique ?
La liberté d’expression est un droit qui revient
à tout être humain. Celui-ci doit donc en
jouir comme il se doit. Cela demande que les
citoyens soient éduqués au bon usage de leur
liberté pour qu’elle ne soit pas une entrave à
l’ordre public. Aussi, dès le bas âge, les enfants
doivent se sentir libres de s’exprimer tout en
faisant preuve des valeurs humaines apprises
en famille. Tout comme les droits sont prônés
au niveau scolaire, la liberté d’expression
doit aussi avoir sa place où les enseignants se
chargeront de cadrer son usage. Une fois en
société, ces enfants feront bon usage de ce droit
pour le bien de tous. La discipline à l’école ne
doit pas virer au traumatisme pour les enfants,
étouffant leur capacité d’affirmation de soi.
Mais il n’y a pas que des enfants à prendre en
charge, il faut aussi concevoir des mécanismes
de rééducation des adultes, notamment par des
campagnes de sensibilisation et des formations.
Les organisations des sociétés civiles et
mouvements citoyens, sans oublier les ONG,
devront aider quant à ce. Ainsi donc, le peuple
se sentira libre et rassuré afin de proposer en
cas de besoin des pistes de solutions grâce à
leurs analyses objectives pratiques des faits et
de leurs conséquences pour la bonne marche
de la société.
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