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14 décembre 2023
COP28 : à Dubaï, un compromis inédit
Le Monde
... a tapé son marteau. Par ce geste, le président de la 28e Conférence des parties sur le 3
climat (COP28) a scellé un accord sur le Global Stocktake, le texte le plus important ...

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Nom de la source Jeudi 14 décembre 2023
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France
Page 8

Climat Récit

COP28 : à Dubaï, un compromis inédit


Les Etats participant à la conférence sur le climat ont approuvé une « transition hors des énergies fossiles »

Matthieu Goar

l’ONU s’était emparé d’un sujet tabou, Cette créativité lexicale et diplomatique

D
ubaï - envoyé spécial - Une les énergies fossiles. Le responsable permet de se passer du terme « phase
procédure express après des émirati n’a donc cessé de repousser la out », qui hérissait les pays du golfe,
jours d’hésitation et de ten- publication de la version définitive du tout en essayant de raccrocher les plus
sion. Quelques minutes à peine après le Global Stocktake. Puis, il a consulté ambitieux. L’objectif d’atteindre la neu-
début d’une réunion plénière plusieurs toute la nuit : les Etats-Unis, l’Union tralité carbone en 2050 est rappelé. Une
fois repoussée, Sultan Al-Jaber a tapé européenne (UE), des pays comme le façon aussi d’embarquer les pays en
son marteau. Par ce geste, le président Bangladeshet, surtout, le ministre de développement et émergents, puisque
de la 28e Conférence des parties sur le l’énergie de l’Arabie saoudite, le prince cette évolution doit se faire de manière
climat (COP28) a scellé un accord sur le Abdulaziz Ben Salman, arrivé après mi- « juste, ordonnée et équitable », c’est-à-
Global Stocktake, le texte le plus impor- nuit… un travail nocturne indispensable dire à un rythme différent suivant les
tant de cette conférence. Ce bilan de pour préparer le terrain de cette dernière économies.
l’accord de Paris de 2015, censé re- journée de réunions plénières.
hausser les ambitions des Etats, inscrit Au-delà de cette phrase cruciale, le texte
des mots forts contre les énergies fos- A la recherche d’un compromis épineux grave dans le marbre une des avancées
siles, responsables à 80 % du réchauffe- entre les parties les plus allantes pour importantes de cette COP : l’objectif de
ment climatique. Il s’agit d’une décision une sortie (phase out)des énergies fos- triplement de la production d’énergies
« historique pour accélérer l’action cli- siles à terme (l’UE, les représentants des renouvelables et de doublement de l’ef-
matique » , a déclaré Sultan Al-Jaber. petites îles, de nombreux pays ficacité énergétique en 2030. Comme
d’Amérique latine) et les pays produc- déjà prévu à Glasgow (Royaume-Uni),
Il aura fallu, avant ce moment impor- teurs accrochés à leur modèle lors de la COP26 en 2021, les Etats
tant, une nuit blanche pour chercher des économique, Sultan Al-Jaber a alors doivent réduire l’utilisation du charbon.
termes acceptables par les délégations tenté une nouvelle formule. Dans le « Et les investissements inutiles dans les
du monde entier. Mardi 12 décembre, paquet énergie » de la dernière version énergies fossiles doivent disparaître.
jour officiel de la fin de COP28, M. Al- du texte, il a inscrit « transitioning away
Jaber a d’abord perdu son pari de ter- from fossil fuels in energy systems », Histoire de ne pas effrayer des pays pro-
miner à l’heure. A Dubaï, personne n’y c’est-à-dire une « transition hors des én- ducteurs comme les Etats-Unis, il
croyait vraiment. Trop de pression, trop ergies fossiles dans les systèmes énergé- n’écarte pas les paris sur l’avenir en prô-
d’enjeux, trop de résistance planaient tiques » , sans précision de date. nant une « accélération des technologies
entre les pavillons nationaux…Car, pour à émissions nulles ou faibles, y compris,
la première fois de l’histoire de la diplo- « Une ambiance d’AG étudiante » entre autres, (…) le nucléaire, les tech-
matie climatique, une conférence de nologies de réduction et d’élimination

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telles que le captage et le stockage [de ment. « Une ambiance d’AG étudiante entifiques soient cités à plusieurs repris-
carbone], et l’hydrogène bas carbone » et en même temps une grande gravité », es.
. Cela laisse la porte ouverte à une ex- décrit un responsable présent.
ploitation des énergies fossiles si elles Ce travail a permis de déminer un à un
sont adossées à des technologies de ré- Les ambitieux font bloc. Selon plusieurs les pièges multiples de cette COP, qui
duction des émissions. sources, M. Al-Jaber ne s’attendait pas à marque une avancée importante de la
cette réaction. Pendant toute la journée diplomatie climatique. C’est la première
Après des mois de pression des ONG de mardi, puis durant toute la nuit, il re- fois que toutes les énergies fossiles sont
très irritées par cette COP, organisée travaille sa copie. Les allers-retours sont citées dans un texte de COP. Un fait en-
chez le septième producteur de pétrole, permanents avec les délégations, notam- core inimaginable il y a quelques mois,
ce consensus s’est construit en un peu ment John Kerry, l’envoyé spécial surtout à l’approche d’une conférence
plus de trente-six heures. Lundi, vers américain, Teresa Ribera, la ministre de organisée au cœur du golfe. « Je pense
17 heures, la présidence de la COP pub- la transition écologique espagnole, dont que tout le monde sera content que, dans
lie un projet de Global Stocktake. Un le pays assure la présidence tournante un monde secoué par la guerre en
texte un peu fourre-tout avec des verbes du Conseil européen, mais aussi les voix Ukraine et au Moyen-Orient, et tous les
très faibles, dans lequel les Etats sont « des pays producteurs et des pays en autres défis d’une planète qui patauge,
invités »à faire des efforts. Un document développement. Les conférences de il y ait une raison d’être optimiste,
semblant répondre point par point aux presse sont repoussées, les groupes se d’avoir de la gratitude et de se féliciter
multiples coups de pression des pays ex- réunissent dans différents coins du tous ensemble ici » , a déclaré M. Kerry,
portateurs du golfe. Dans une lettre, Dubai Exhibition Centre. Un casse-tête lors de la réunion plénière. « L’accord
publiée vendredi 8 décembre, l’Organi- diplomatique. de la COP 28 qui vient d’être adopté est
sation des pays exportateurs de pétrole une victoire du multilatéralisme et de la
appelait ses membres à refuser tout ac- Pour rééquilibrer son texte, M. Al-Jaber diplomatie climatique », a estimé Agnès
cord. « On nous arrache le tapis sous et son équipe choisissent alors avec soin Pannier-Runacher, ministre de la transi-
les pieds » , dit alors un négociateur eu- le vocabulaire utilisé. Les termes, jugés tion énergétique française.
ropéen, alors que l’idée d’une « sortie » trop mous, disparaissent. En introduc-
à terme s’était imposée dans les débats tion du passage sur l’énergie, le texte Conséquence de la recherche d’un con-
de la COP. Global Stocktake définitif inscrit la « sensus, cet accord crée aussi des décep-
nécessité de réductions profondes, rapi- tions, car il est en deçà des attentes gran-
Ce moment a accéléré les choses. Dans des et durables des émissions de gaz à dissantes depuis plusieurs semaines.
la foulée, les Européens se coordonnent. effet de serre »et « appelle les parties à Selon les comptages réalisés au sein de
Ils conviennent de monter au créneau. y contribuer » . Ce dernier cite encore l’Union européenne, environ 130 des
Après avoir eu quelques difficultés à abondamment les préconisations scien- 195 parties étaient pour un langage plus
trouver une salle, la High Ambition tifiques du Groupe d’experts intergou- dur, c’est-à-dire une sortie des énergies
Coalition, qui avait réuni quatre-vingts vernemental sur l’évolution du climat fossiles à terme. Mais le tir de barrage
pays autour de la sortie des énergies fos- (GIEC), en particulier la plus urgente des pays pétroliers, l’attitude « con-
siles lors de la COP27, en Egypte, im- : la réduction de 43 % des émissions structive », mais aussi très réaliste des
provise une réunion où une quarantaine en 2030 par rapport au niveau de 2019, Etats-Unis et de la Chine ont obligé à
de pays se rendent. Une nouvelle forme un défi considérable, alors que le pic n’a trouver une voie de compromis. « Nous
de multilatéralisme climatique s’impro- toujours pas été atteint. avons fait un pas en avant par rapport
vise. Le Chili, le Royaume-Uni, la au statu quo, mais c’est d’un change-
Colombie, le Kenya, le Sénégal, le La tonalité est importante. Elle pèsera ment exponentiel que nous avions vrai-
Danemark… Les responsables arrivent sur les contributions déterminées au ment besoin » , a déclaré Anne Ras-
les uns après les autres, prennent la pa- niveau national, c’est-à-dire les nou- mussen, ministre des ressources na-
role, debout ou assis autour d’une table, veaux engagements des Etats présentés turelles et de l’environnement des
pour répéter leur volonté de rester rivés en 2025. L’Union européenne avait ex- Samoa, dont le pays préside l’Alliance
à l’objectif du + 1,5 oC de réchauffe- pressément réclamé que les travaux sci- des petits Etats insulaires, suscitant des

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applaudissements debout de représen- Un objectif qui paraît pour le moment


tants européens et d’autres nations, mer- inatteignable.p
credi matin.

« mentions très inquiétantes »

Car cette COP28 ne marque pas encore


la fin de l’ère des énergies fossiles. Le
texte ouvre ainsi la voie à une exploita-
tion prolongée du gaz, puisqu’il « re-
connaît que les carburants de transition
peuvent jouer un rôle en facilitant la
transition énergétique tout en assurant
la sécurité énergétique » . Une phrase
codée envoyée aux Russes, mais aussi
aux Américains qui produisent de plus
en plus de gaz par fracturation hy-
draulique. De leur côté, les Chinois
craignaient des termes plus durs sur le
charbon. « L’accord voté à la COP28
contient un signal politique vers la sor-
tie des énergies fossiles , affirme Gaïa
Febvre, du Réseau Action Climat. Le
compte n’y est pas, notamment car les
moyens financiers n’ont pas été mis sur
la place pour accompagner les pays qui
en ont le plus besoin. Mais aussi car
il y a de nombreuses mentions très in-
quiétantes : le gaz comme énergie de
transition, la capture et le stockage du
carbone ou encore le nucléaire. Cette
COP n’est pas à la hauteur des ambi-
tions promises. »

Les mois qui viennent diront à quel


point l’accord de Dubaï influencera la
politique des Etats. Alors que le pic de
production fossile n’est toujours pas at-
teint, impossible de savoir si elle sera un
turning point (tournant), selon l’expres-
sion largement utilisée par M. Al-Jaber.
Le virage espéré par les scientifiques et
les experts est serré : selon l’Agence in-
ternationale de l’énergie, la production
d’énergies fossiles doit baisser de 95 %
à l’horizon 2050 pour rester dans la tra-
jectoire d’un réchauffement de +1,5 oC.

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