Livret de Carême

Le Sanctuaire
du

Paray-le-Monial

Hauutrs !
cœ
les

www.sacrecoeur-paray.org
 " Revenir à l’essentiel..."
Chers amis, mêmes : As-tu du cœur ?
Le temps du carême est un temps providentiel. Entre le froid Lorsque Jésus dévoile son Cœur à Paray-le-Monial à sainte Marguerite
de l’hiver et les premiers rayons du soleil de printemps, la Marie, c’est toute sa personne qu’Il révèle : ce qu’Il est au plus profond,
création revit, nos jardins non sans effort vont voir éclore sa nature véritable, son unité substantielle, et ce qui a fait toute
le fruit d’un travail caché. Le carême ajoute à ce renouveau sa vie sur terre, ses rencontres, ses sentiments, ses réflexions, ses
de la création l’appel à renouveler notre être. souffrances et sa joie, sa fatigue et son exaltation.
Quels vont être nos points d’attention ? Que voulons-nous planter, Notre cœur de même est non seulement le lieu inviolable et caché où Dieu
cultiver en nous-mêmes ? Que désirons-nous voir germer au demeure, mais aussi ce qui constitue l’intégralité de notre personne,
printemps ? Et si à travers des gestes extérieurs, nous visions dans ses dimensions corporelles, affectives, psychologiques et
finalement une cible intérieure ? spirituelles.
Le carême pour les chrétiens commence par un appel : Se recentrer sur le cœur, c’est revenir à l’essentiel.
« Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de L’enjeu du carême est de ressusciter avec le Christ. Le cœur apparaît
tendresse ». Il a pour point culminant la contemplation de Jésus comme la clé qui permet un bon fonctionnement de tout notre
crucifié dont le cœur est transpercé. être. Ressuscitons notre cœur dans toutes ses dimensions,
Faisons de ce carême une thérapie cardiaque. Nous pour passer d’un cœur de pierre à un cœur davantage semblable
pouvons avoir un souffle au cœur, un à celui de Jésus.
cœur brisé, un cœur atrophié… Revisitons tout au long de ces semaines notre cœur
Pendant ces 40 jours, dans toutes ses dimensions pour a v o i r
prenons soin de notre cœur. tous finalement un cœur 100 %
« Rodrigue, as-tu du cœur ? » « Divergent » (Véronica Roth) : à la
(Corneille, le Cid) demande fois fort et charitable, intelligent,
Don Diègue à son fils. juste et fraternel.
Voilà une question
que Dieu nous invite Père Benoit Guédas
aujourd’hui à nous poser à nous-
Recteur du Sanctuaire
du Sacré-Cœur

2 3
 « Revenez à moi VENDREDI DES CENDRES :
Le temps du carême nous conduit jusqu’à la contemplation du Cœur transpercé

de tout votre cœur » !

de Jésus sur la croix. Le modèle du cœur que Dieu nous propose n’est donc pas
celui d’un sportif de haut niveau, mais un cœur blessé. Sans les rechercher, les
blessures qui s’imposent à nous enrichissent notre cœur et tout notre être.
N’est-ce pas du Cœur ouvert de Jésus sur la croix que jaillit son amour infini
MERCREDI DES CENDRES :
pour chacun de nous ? Notre supplication est simple : « Ô Jésus, doux et humble
« Revenez à moi de tout votre cœur » ! « Là où est ton trésor, là aussi
de cœur, rends nos cœurs semblables au tien » !
sera ton cœur » (Mt 6, 21). Quel est le cœur de ma vie ? Qu’est-ce qu’il
y a de plus important pour moi ? Action : aujourd’hui, je peux rechercher un texte de la Bible,
Action concrète : parce que notre cœur profond et spirituel est aus- ou bien regarder cette vidéo : que je sois croyant ou non,
si un cœur charnel qui nécessite un entretien adéquat, comme qu’est-ce qui me touche dans cet épisode ? Qu’est ce qui
les chrétiens y sont appelés, je choisis de jeûner. Le jeûne m’attire dans le Cœur de Jésus ?
a des vertus diététiques et thérapeutiques reconnues. Une SAMEDI DES CENDRES :
diète de plusieurs jours, ou une monodiète d’une journée, Comment retrouver notre cœur au milieu de nos vies mouve-
permet de purifier, de détoxifier la peau et tous les organes, et de mentées ? Comment se mettre à l’écoute de notre cœur profond
régénérer l’organisme en profondeur. Au-delà des effets spiri- au milieu de nos activités ou de tant de distractions quotidiennes ?
tuels assurés, mon cœur de chair aussi sera renouvelé ! Le samedi, l’Eglise médite sur le recueillement et le silence de
JEUDI DES CENDRES : Marie, la mère de Jésus. « Elle gardait tous les évènements et toutes
Le jeudi soir avant d’entrer dans sa passion, un disciple pose sa tête les paroles dans son cœur. »
sur le Cœur de Jésus et écoute battre son Cœur. C’est près du Cœur de Action : aujourd’hui, jour de relecture de ma semaine, je m’ac-
Jésus, qu’il apprend à connaître son propre cœur. corde 5 minutes pour faire silence et reprendre ce que j’ai
Et si les personnes qui nous entourent nous étaient justement confiées noté sur mon carnet depuis le début de ce carême.
pour nous apprendre à aimer ?
Action :« Je vous enlèverai votre cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de
chair » (Ez 36,26) Je considère les personnes que je croise aujourd’hui : les-
quelles réjouissent mon cœur ? lesquelles touchent mon cœur ? lesquelles
changent mon cœur ?

4 5

1ERE SEMAINE :
NOTRE CŒUR DE CHAIR…
DIMANCHE
« C’est toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère ; je te rends grâce
pour tant de prodiges : merveille que je suis, merveille que tes œuvres. » Ps 138 (139), 13-14.
« C’est toi qui m’as formé
les reins, qui m’as tissé
au ventre de ma mère » !
Émerveillons-nous tout simplement de notre corps tel qu’il est et de
son incroyable complexité. Contemplons la créature étonnante que
nous sommes. Reprenons à notre compte l’éblouissement de Dieu, qui après
avoir créé l’homme et la femme, « vit que cela était très bon ». La foi chrétienne
affirme la beauté et la bonté du corps ! Elle n’en fait pas un tombeau duquel
nous serions libérés après la mort, mais un moyen concret d’entrer en rapport
avec les autres en même temps qu’un prodige à contempler, Temple de l’Esprit
Saint ! Par ce don précieux qu’est mon corps, je suis-au-monde, selon l’expres-
sion du philosophe Heidegger, en relation avec autrui.
Et au centre de ce corps, bat un organe unique : le cœur ! L’organe vital dont nous pou-
6 7
vons observer les premiers battements dès le 22ème jour de la vie embryonnaire.
Mais alors, ce cœur qui désigne tout d’abord le muscle cardiaque, recèle des tré-
sors insoupçonnés pour nous parler de toute notre personne ! Organe central,
essentiel, mais aussi organe caché, invisible, le cœur peut nous en dire long sur
nous-mêmes…
Action : comme Osée nous y invite ce dimanche, laissons-nous conduire au
désert (cherchons un lieu de recueillement, de silence : la campagne, un parc,
ma chambre…), pour nous laisser toucher au cœur ! Le défi pour cette semaine ?
Ressusciter notre cœur de chair !
LUNDI :
Aujourd’hui, état des lieux ! Sur une échelle de 1 à 10, quelle note je donnerais
à mon cœur de chair ? Ai-je besoin d’un
massage cardiaque ? Suis-je dans une forme olympique ? Mon rythme car-
diaque est-il rapide ou lent ? Régulier ou irrégulier ? Je prends conscience de ce
cœur qui bat en permanence et ne connaît pas de repos. S’il ne fonctionnait pas,
tout s’arrêterait en moi.
Action :« Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en
confiance » (Ps 15,9). En me remémorant les années passées, je rends grâce pour
ce bon, fidèle et persévérant serviteur !
MARDI :
Je prends une décision ! Sur le plan électrique, notre cœur a une autonomie
propre puisqu’il possède en son sein des cellules spéciales à l’origine des dé-
charges électriques, et d’autres capables de conduire ces impulsions à toutes les Action : aujourd’hui je fais une bonne action sans chercher à me mettre en
cellules myocardiques pour qu’elles se contractent. valeur. Je rends un service caché qui ne m’est pas demandé, à la maison ou au
Cette autonomie du cœur, nous rappelle que nous sommes des êtres singuliers, travail.
uniques, et que nous demeurons responsables de nous-mêmes et de nos choix. VENDREDI :
Action : aujourd’hui je laisse résonner Dans des cardiopathies surtout chroniques, sévères, le cœur privilégie l’irriga-
en mon cœur cette parole de Jésus : tion des organes nobles que sont le cerveau et le rein. Cela peut aller jusqu’au
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Lc sacrifice de lui-même. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour
18,35) Je mets en œuvre une décision ses amis » (Jean 15, 13) dit Jésus. Voilà les « sentiments profonds de notre cœur ».
que je repousse depuis longtemps. Me
Action : aujourd’hui, je regarde tous les domaines (travail, service, relations)
mettre au sport, marcher une demi-
dans lesquels je m’investis. Il nous arrive d’être fatigué pour de nobles causes.
heure au grand air, arrêter de manger
Elles sont un bien pour moi, pour mon entourage. Sans aller jusqu’à se tuer à
entre les repas, entreprendre de lire un
la tâche, je re-choisis de me fatiguer et de donner toute mon énergie pour des
livre, ou pourquoi pas d’en écrire un…
« Mon cœur exulte, mon services qui le méritent.
MERCREDI :
La position anatomique du cœur est
âme est en fête, ma chair SAMEDI :
elle-même repose en Notre cœur fonctionne sur 2 temps :
centrale dans l’organisme humain.
- la diastole qui correspond à un relâchement des cavités, elles se remplissent
Quand, debout, nous étendons nos confiance » de sang,
bras à l’horizontal, notre cœur se situe
au croisement de ces 2 axes. Sa mission
(Ps 15,9) - la systole, où les cellules myocardiques se contractent, il y a éjection du sang.
est de permettre à toutes les cellules En ce samedi, jour du sabbat chez les Juifs, jour du repos, pour me remettre à
du corps de bien recevoir le sang oxygéné l’ouvrage, comment est-ce que je reprends
distribution
ainsi que tous les aliments et les informations nécessaires. des forces ce week-end ? Vais-je re- dans l’organisme

Ce carême me reconnecte à mon propre cœur. Cela est bon pour mon corps en charger mes batteries ou me fati-
Sang arrivant
premier lieu, et aussi pour les différents corps dont je fais partie : le corps fami- guer davantage ? de la partie supérieure
du corps vers les poumons 5
lial, le corps professionnel, le corps ecclésial. Action : est-ce que je 1
sang arrivant
Action : aujourd’hui, je teste mes réflexes. Quand je marche aux côtés dors suffisamment ? Je des poumons
7
d’un de mes proches, est-ce que je marche devant lui ? A côté ou systé- me donne un moyen vers les poumons 6
5
matiquement derrière lui ? Est-ce que j’accepte de ralentir pour mar- concret et efficace pour 4
sang arrivant 2
cher au même rythme que l’autre ? Est-ce que j’accepte que quelqu’un récupérer. Nous vous des poumons
6
me précède parce que je suis fatigué ou parce qu’il est plus fort que moi ? proposons de vous cou- 8

J’accorde du temps aujourd’hui à une personne de mon entourage dont je veux cher ce soir, sans écran, à
prendre soin (faire un jeu avec les enfants, visiter un proche). une heure raisonnable. 3

JEUDI :
Mon cœur est un véritable chevalier servant. Il est complètement caché et sang arrivant
de la partie inférieure
pourtant toujours en service ! du corps 1
8 9

2ÈME SEMAINE :
LE CŒUR SENTIMENT
Notre cœur est tissé d’émotions, de passions. Quand une situation nous blesse,
nous disons qu’elle nous « fend le cœur ». Si un ami intime se fait brusquement
lointain, alors nous en avons le « cœur brisé ». Ressentir une joie profonde
ou une exaltation passagère nous « gonfle le cœur ». Ou encore lorsque nous
sommes peinés, nous en avons « le cœur gros ».
Les sentiments, les émotions font de nous des êtres capables de compas-
« Et Dieu vit
que cela était bon »
sion, d’émerveillement, des êtres capables de ressentir et de vivre de l’amour.
Ils sont la marque de notre incarnation et sont voulus par le Créateur. Or, nous
pourrions être tentés de croire que nos sentiments sont la partie superficielle
de notre être. Car nos émotions se manifestent en effet bien en nous, mais par-
fois sans que nous y consentions avec une conscience claire. Tout en nous n’est
en effet pas simplement de l’ordre d’une volonté qui serait transparente à elle-
même.
« Et Dieu vit que cela était bon… »
Que nous ayons un « cœur vaillant », un « cœur d’artichaut », ou un « cœur en
carton » (Vianney, Merci pour ça), cette semaine, accueillons pleinement tout
10
ce que nous ressentons, sûrs que nos émotions ont toute leur place dans notre
vie et qu’ils constituent une part de notre identité. Soyons sûrs qu’elles sont
capables de réveiller en nous un cœur brûlant de charité.
LUNDI : S’ÉMERVEILLER
Quel prodige que notre cœur ! Éprouver une aversion pour quelque chose ou
une attirance pour quelqu’un, nous permet d’une part de nous orienter dans
l’existence, d’autre part de progresser dans le don de nous-mêmes.
Action : Jésus connaissant leurs pensées leur dit : « quelles pensées avez-vous dans
vos cœurs ? » Je note les trois émotions que je considère comme positives et qui
me caractérisent le plus (joie ? bienveillance ? douceur ? compassion ? …). Je
laisse jaillir ma gratitude pour cela !
MARDI : ACCUEILLIR
Nos émotions et nos pulsions sont moralement neutres. Par exemple, res-
sentir une pulsion sexuelle n’est ni bien ni mal, c’est une force vive. Comment
les accueillons-nous ?
Action 1 : « Notre cœur ne brûlait-il pas tandis qu’il nous parlait en chemin et
nous expliquait les Ecritures. » (Lc 24,32) Je prends conscience d’une situa-
tion difficile avec quelqu’un, qui s’est dénouée à partir du moment où j’ai
exprimé ce que je ressentais. (Attention ! Rendre grâce d’avoir cassé la figure
à votre voisin, n’est pas complètement ajusté ! Accepter et exprimer que nous
sommes en colère est différent de se mettre en colère de façon inappropriée)
11
Aujourd’hui, j’exprime par un message, un cadeau, quelques mots ou une vi-
site, mon amour renouvelé pour cette personne !
Action 2 : je note deux émotions que j’ai du mal
à assumer (timidité ? colère ? mélancolie ? émoti-
vité ? sensibilité ?). Je décide aujourd’hui de les ac-
cueillir comme faisant pleinement partie de moi.
MERCREDI : FAIRE FRUCTIFIER
« Pourquoi endurcissez-vous votre cœur comme
les Egyptiens et Pharaon ont endurci leur cœur ? »
(1S6,6) Aujourd’hui, je fais un pas pour unifier
mon être et faire fructifier mes émotions. Ai-je
à exprimer davantage ce que je ressens, ou au
contraire dois-je veiller à prendre le temps avant
de réagir ? Suis-je à fleur de peau ou impassible ?
Action : Dieu demande au prophète Jonas : « As-tu
raison de t’irriter à cause de ce ricin ? » (Jon 4, 9) Je "... me voici avec toi
fais mémoire d’une colère que j’ai eue. Je médite
prêt à te suivre »
sur les différentes possibilités de gestion de cette (1S 14,7)
colère : ai-je eu raison de me mettre en colère ?
Quelle aurait été l’attitude plus juste ? Comment
aurais-je pu procéder pour y arriver ?
1/ Je réagis tout de suite sans la contrôler.
2/ Je refoule ma colère, mais elle éclate dans une autre circonstance et sur
d’autres personnes.
3/ Je reconnais et accueille ma colère (conscience) et :
- Je l’accepte et je décide de me mettre en colère
car la situation semble grave ;
- Je la filtre et l’exprime d’une autre manière ;
- Je la diffère sans la refouler car ce n’est pas le bon moment.
Action : aujourd’hui, je suis attentif aux situations analogues dans lesquelles
je suis susceptible de manifester ces mêmes émotions. Je me prépare pour les
aborder avec justesse.
12
JEUDI : DÉPLOYER
Les émotions et les sentiments sont une richesse qui nécessite un discernement
pour les utiliser au service du vrai bien. Évaluons ! Je rencontre une personne
blessée sur le trottoir : quelle est mon émotion ? Indifférence ? Curiosité ? Sen-
timent de dégoût ? Peur ? Pitié ? Mon sentiment me dévoile qui je suis et du
même coup porte et dynamise ma décision d’agir.
Action : « Fais tout ce que tu as dans le cœur, n’écoute que ton sentiment, me voici
avec toi prêt à te suivre. » dit un serviteur à David (1S 14,7). Aujourd’hui, je vis ma
journée à l’écoute du bien que m’inspire mon propre cœur. Je veille à agir avec
bienveillance, à l’égard des autres et de moi-même.
VENDREDI : ASSUMER, LES ÉMOTIONS
AU SERVICE DE L'AMOUR
Un homme libre n’est pas un homme qui n’a pas d’émotion, mais un homme
qui y est profondément attentif pour dynamiser sa charité. Si je ressens une
grande joie, je peux discrètement la distiller aux autres. Mais la façon de le
faire aura son importance. Si je ne fais pas attention, je peux aussi les « écla-
bousser » de ma joie et les gêner, voire les blesser profondément.
Action : « Jésus voyant les foules, fut saisi aux entrailles pour elles. » (Mc 6, 34).
Dans quel texte de l’évangile l’émotion de Jésus me saisit ? (Je peux reprendre
par exemple Mc 6, 30- 44) Je contemple la délicatesse et la radicalité avec la-
quelle, motivé par cette émotion, Jésus a pu consoler les hommes.
SAMEDI : JOUR DE RELECTURE
C’est dans la sensibilité que se trouvent les blessures les plus profondes et les
plus anciennes. Pourtant, cette zone affective est faite pour participer au don
de nous-mêmes et à l’accueil de l’amour des autres.
Action : aujourd’hui, je prends un temps de silence pour réfléchir aux grands
événements de ma vie qui ont des répercussions sur ma façon d’être. Si cer-
tains sont douloureux, je me réjouis cependant de ce qu’ils o n t
participé à construire l’homme ou la femme que je suis
aujourd’hui, capable de compassion et de bienveillance.
13

3ÈME SEMAINE :
LE CŒUR INTELLIGENT
Les grandes découvertes techniques, médicales ou scientifiques permettent
de connaître peu à peu le monde matériel et physique, tel qu’il
est. Le génie de l’homme s’efforce,
à l’aide de sa raison, d’analyser le
fonctionnement des phénomènes
et des évènements. Et c’est une
bonne chose !
En cela, l’intelligence du cœur est capable d’atteindre « avec une authentique
certitude » et « en dépit de la part d’obscurité que laisse en elle le péché », la réalité
intelligible, c’est-à-dire le monde invisible, le sens caché des événements, les
mystères de la volonté divine dans notre propre existence. Cette semaine, sûrs
que Dieu choisit ce qu’il y a de fou aux yeux des hommes, partons à la recon-
quête de la sagesse du cœur, seule
telle que Jésus lui-même la voit et la
capable de nous ouvrir à notre vie
désire !
LUNDI : S’ÉMERVEILLER
Réjouissons-nous, car l’in- telligence du cœur nous
est en partie déjà donnée : c’est le « bon sens » !
Aujourd’hui, redécouvrons ce bon sens qui
nous fait connaître d’emblée une
multitude de vérités, et qui

« Donne-moi un cœur plein

de jugement [...] pour discerner
entre le bien et le mal »

Or, « le cœur a ses raisons que la raison ignore » écrivait Pascal. C’est dire que la
vraie sagesse outrepasse l’intelligence technique ou rationnelle. Cette « intel-
ligence du cœur » que nous allons découvrir cette semaine est ce qui nous
permet de voir plus loin et plus profondément que ce que nous percevons à
première vue ! Pour atteindre la vraie sagesse, notre intelligence conceptuelle
doit alors se laisser habiter par ce à quoi elle tente d’échapper, c’est-à-dire par
l’intuition. Car l’intuition seule, en définitive, devine le sens de la vie.
14
nous fait discerner le bien et le mal. La formation que
nous avons reçue, les réflexions, le savoir-faire et toute
l’expérience que les anciens nous ont transmis enrichissent aussi
notre cœur et notre façon de voir le monde. Notre bon sens lui-même est ca-
pable de réveiller notre raison quand nous cherchons la vérité : quand nous
nous demandons concrètement : qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’un
15
homme ? Le bon sens lui-même nous instruit ! Je porte en moi des vérités
fondamentales qui sont indépendantes de tout ce que le monde ou les autres
veulent me faire croire.
Action : « J’ai agi avec un cœur pur et avec des mains innocentes » (Gn20, 5). Au-
jourd’hui je fais confiance à mon bon sens, en étant attentif à ce qui est, avant
de juger une situation ou de m’exprimer. Je peux réfléchir à la question de
l’avortement, et, au-delà de toutes les opinions contradictoires, me poser cette
question : qu’est-ce qu’un embryon dans le sein maternel ?
MARDI : ACCUEILLIR
Des évènements que nous ne comprenons pas
surviennent dans notre vie. Notre première réac-
tion peut être celle de la révolte ou de la décep-
tion. Nos raisonnements sont parfois incapables
d’expliquer ce qui arrive, mais l’intelligence de
notre cœur, elle, est capable de les accueillir ! Et
c’est seulement à partir de cette réconciliation
avec la chair de notre propre histoire, que nous
pouvons entrevoir un sens plus profond.
« Si nous accueillons le bonheur comme venant de
Dieu, comment ne pas accueillir de même le mal-
heur » (Jb 2, 10).
Action : aujourd’hui, comme Job qui est un
homme courageusement engagé, je décide d’ac-
cueillir ma vie telle qu’elle est, avec ses dimen-
sions contradictoires, inattendues voire déce-
vantes, et je décide de faire confiance : les plus
beaux fruits poussent au milieu des ronces !
MERCREDI : DISCERNER " Heureux
Même quand notre cœur nous accuse, Dieu est les pauvres de cœur,
« plus grand que notre cœur, et il connaît toutes
choses » (1 Jean 3, 20). Par-delà la conscience que
car le royaume des
j’ai du monde et de ma vie, la réalité, mystérieuse Cieux est à eux. "
et irréductible, est porteuse d’un sens caché
auquel seule l’intelligence du cœur peut nous
introduire.
16
L’intelligence du cœur est portée à voir les choses telles que Dieu les veut. Est-
ce que j’accepte d’élargir ma conscience pour percevoir ce que Dieu veut me
dire à travers les évènements ? Est-ce que je suis prêt à entrer dans les pensées
du cœur de Dieu à propos de ma propre vie et y consentir ?
Action : « Jusqu’à ce jour, le Seigneur ne vous a pas donné un cœur pour comprendre,
des yeux pour voir, des oreilles pour entendre » (Dt 29,4) « Le Seigneur a tiré l’homme
de la terre…Il leur forma une langue, des yeux, des oreilles, il leur donna un cœur pour
penser. Il les remplit de science et d’intelligence et leur fit connaître le bien et le mal »
(Siracide 17,1.6-7). Je teste mon degré de sagesse : est-ce que je vois dans la fra-
gilité, physique ou psychologique de mon enfant, plus qu’une lacune ?
JEUDI : CONSENTIR
« Donne-moi un cœur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner
entre le bien et le mal » (1R 3,9) demande Salomon à Dieu. La sagesse du cœur
que demande Salomon n'est pas un outil de management simpliste qui per-
mettrait de trouver des solutions rapides ou des raccourcis commodes à des
situations techniques ou humaines compliquées. Au contraire, l’intelligence
du cœur cherche à affronter, les yeux du cœur pleinement ouverts, ce qui nous
arrive et à prendre acte de ce qui est. Comme saint Joseph a pris Marie pour
épouse au-delà de tout raisonnement, avec un cœur ouvert à un sens qui le
dépasse, nous aussi aujourd’hui, osons croire que le moindre de nos gestes a
des effets et une résonance qui dépassent ce que l’on peut en percevoir ici-bas.
Action : aujourd’hui, j’entre dans cette intelligence de l’aumône à laquelle nous
invite spécialement l’Eglise pendant le carême, par un don à une œuvre. Don-
ner déploie les richesses de mon cœur, m’ouvre à l’existence de la Providence
et me fait voir plus grand et plus large que ce que ma conscience perçoit de
mon acte.
VENDREDI : DÉPLOYER
Aux antipodes de la raison objectivante, les béatitudes procla-
mées par Jésus renversent tout ce qu’il peut y avoir de sage
selon l’esprit du monde. Jésus Lui-même a vécu cha-
cune d’elles.
A son école, les “pauvres de cœur”, maté-
riellement ou spirituellement, se sont
exercés à ne compter que sur le
secours de Dieu : “Moi je
17
suis pauvre et misérable, mais le Seigneur pense à moi” (Ps 40, 18). Cela n’exprime
pas un optimisme béat, mais la véritable richesse.
L’intelligence du cœur comprend que chaque évènement nous rend toujours
un peu plus capable d’accueillir Celui de qui tout provient ; l’intelligence du
cœur perçoit également, au-delà du simple respect de la loi, toute la charité
et toute l’intention qui la motive. Les Béatitudes prescrivent une morale par
amour et non plus seulement une morale par devoir : le cœur de la loi est la loi
du cœur.
Action : Aujourd’hui, croyant ou non, je lis le texte des Béatitudes (Matthieu 5,
3-12 - à lire à la fin de cette page), et je demande à Dieu par une courte phrase
ou une plus longue prière, qu’il dilate mon cœur, qu’il me donne sa sagesse.
SAMEDI : RELECTURE
« Dans la paix, moi aussi je me couche et je dors car tu me donnes d’habiter Seigneur,
seul dans la confiance » (Ps 4).
Action : aujourd’hui, je me repose dans la sagesse que Dieu me donne. Je goûte
à quel point faire la volonté de Dieu et agir selon ma conscience m’apaise fon-
damentalement. Les yeux du cœur m’aident à sentir que je demeure, quoi qu’il
arrive, dans les mains du Père qui ne veut que mon bien véritable. Je goûte le
repos que cela me procure.

Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. « Dans la paix [...] je me
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés, car ils seront consolés. couche et je dors car tu me
Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
donnes d'habiter Seigneur,
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
seul dans la confiance » !
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute
et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse,
car votre récompense sera grande dans les cieux.
© Conception : Sanctuaire du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial. Photos : Bruce Dixo, Anna-Lisa Bellini, Sebastian Staines, Carlo
Matthieu 5, 3 - 12 Navarro, Thomas Vitalli, Caleb Fisher, Will Thruettner, Barron Morrisy, Simeon Jacobson, Agatha Depine, William Recino,Blaz
UoztHbe0Iic,AlexandraGorn,EuniceLituana,ConstantinosPanagopoulos,AshleyBatz,PhilHearing, PatrickBaum,BasGlaap,
Karen Zhao, Marcon Suares, Mitchell Luo, Davide Zawila, Kelvin Zitang. MET New-YorK. Rijkemuseum. Remerciements pour ce
livret : B. et G. Capou.

18 19

4ÈME SEMAINE :
LE CŒUR IDENTITÉ
DIMANCHE
Notre cœur, organe constitué de chair, mais aussi siège de nos sentiments et
à qui on attribue une intelligence qui lui est propre, est au centre de la vie de
notre corps. À son image, partons donc en
quête de l’unité de notre personne. Tentons cette semaine d’unifier toutes les
zones de notre être : affectivité, corporéité, raison, qui bien que s’interpénétrant
continuellement, demeurent en nous parfois comme morcelées.
« Pour vous, qui suis-je ? » nous interroge Jésus. Jésus ne doute pas de son iden-
tité ; Il n’a pas besoin de notre regard pour savoir qui Il est. Il ne nous invite
pas à lui coller une étiquette. Il nous propose de découvrir, par cette question,
l’identité de son cœur.
Et nous, ne sommes-nous pas victimes des étiquettes que nous collons à notre
propre identité, « j’ai tel caractère, je suis comme ça ». En figeant ainsi l’identité de
notre cœur, comment pourrions-nous envisager tout simplement de changer ?
De la même manière, prétendre connaître quelqu’un « par cœur », à la manière
20
dont nous ferions “le tour” d’une question, n’est-ce pas l’enfermer naïvement
dans ce que nous croyons savoir de lui ? Osons donc faire ce pas, celui de décou-
vrir notre identité, non pas dans des cases rassurantes et prédéfinies où nous
l’avons enfermée, mais dans tous ces lieux où elle veut se donner.
LUNDI : LE TEMPS
Tout au long de notre vie, nous changeons, de caractère, d’âge, d’envies,
d’idées, etc. et pourtant nous restons bien nous-mêmes. Or à certains mo-
ments, il peut nous arriver de ne plus très bien savoir « où nous en sommes »,
c’est-à-dire au fond de douter de « qui » nous sommes.
Or, ce n’est pas dans le brouillard que je dois enlever le pilote automatique. Nous
« Pour vous
qui suis-je ? »
pouvons nous appuyer sur l’acte de promettre. Le temps de la promesse est
le temps par lequel je demeure pour une part tel que je suis aujourd’hui au mo-
ment où je promets quelque chose. Le temps de la promesse est “le temps ferme
de l’initiative par lequel je tiens, je maintiens, je maintiendrai » ma parole, bien que
j'ai changé. (Paul Ricœur).
Action : Pour le peuple d’Israël, l’alliance au Sinaï est cet acte fondateur et son
engagement à suivre le commandement du Seigneur : « Écoute, Israël, tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». (Dt5) Je fais
mémoire d’un acte fondateur de ma vie, d’une promesse que j’ai faite librement
et qui reflète et contribue à maintenir mon identité profonde. Je renouvelle cette
promesse dans le secret de mon cœur, malgré les difficultés que je peux traverser.
21
 MARDI : L’APPARENCE
Nous sommes poussés à montrer différents « visages » en fonction des situa-
tions ou des personnes que nous rencontrons. Notre identité peut s’en trou-
ver morcelée, voire divisée. L’usage des réseaux sociaux peut creuser ce clivage
entre ce que nous sommes au plus profond, et ce
que nous laissons paraître. « Quand te verrais-je face
à face ? » chante le psalmiste. La véritable rencontre
avec Dieu est un face-à-face, alors que nous nous
attachons à soigner notre « profil ».
Action : je fais le bilan. En un mois, qu’est-ce que
j’ai montré de moi sur les réseaux sociaux ?
Est-ce que je montre mon côté le plus séduisant ?
MERCREDI :
« Dis-moi ce que tu mets, je te dirai qui tu es ! » Tour-
nons-nous vers notre armoire de vêtements… Quel
« Mon cœur
genre de tenue nous avons l’habitude de porter et ma chair
pour sortir ? Pour rester chez nous ? Pour aller au crient de joie… »
travail ? Est-ce que mon apparence varie de façon (Ps 84)
exagérée en fonction des lieux où je me rends ? Est-
ce que je soigne mon apparence uniquement pour
voir « du monde » ou aussi par amour pour mes proches et par respect de moi-
même ?
Action : « Mon cœur et ma chair crient de joie… » (Ps 84) Quand je rentre du tra-
vail, ou auprès de mes enfants, je soigne ma façon de m’habiller, parce que je
suis le même ailleurs et chez moi !
JEUDI :
Notre cœur peut avoir souffert profondément et en garder des blessures encore
très vives.
Les peines que nous continuons de ressentir finissent parfois par nous « coller
à la peau » au point que nous ne pouvons plus définir notre identité sans faire
référence à ces vécus tragiques. Nous enfermons notre identité dans cette bles-
sure qui peut nous empêcher de nous donner généreusement.
Action : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau »
(Ez 36,26). Aujourd’hui, je choisis sincèrement de ne plus me définir par cette
22
blessure. Je ne suis pas seulement un cœur blessé, et je demeure libre d’écrire
maintenant la suite de mon histoire. Comment est-ce que j’intègre cette bles-
sure ? Comment est-ce que je désire la faire fructifier ?
VENDREDI :
Jésus, en ses gestes, en ses intentions, en ses paroles, coïncide parfaitement
avec son cœur. Toute sa vie reflète son identité profonde, son unité intrin-
sèque. Son être et son paraître concorde parfaitement. Et tout culmine dans
le mystère de la croix.
« Voici l’homme » dit Pilate (Jn 19,5) et Jésus dira à Marguerite-Marie « Voici
ce cœur ». Ce mystère de la croix vient nous révéler non seulement l’identité
de Jésus mais aussi la nôtre, ce à quoi nous sommes appelés au plus profond
de notre cœur.
Pourquoi Jésus crucifie-t-il son humanité ? Pour nous dire que ce qui fait son
identité, c’est d’être absolument donné, livré. À sa suite, redécouvrons com-
bien « celui qui veut garder sa vie la perd ; celui qui donne sa vie la gagne ».
Osons croire, avec le Christ, que seul le don de nous-même peut nous rendre
à nous-même.
Action : Rien que pour aujourd’hui, je me donne avec amour, gratuitement, de
manière complète et désintéressée, dans mes tâches du jour.
SAMEDI : JOUR DE RELECTURE
« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? » (Psaume 115 [116],
12). Nous achevons aujourd’hui la première partie de ce temps si particulier du
carême. Où en est notre jardin hivernal d’il y a un mois ?
Action : c’est le moment de vérifier que tout est bien planté. Observons atten-
tivement : quelles sont les petites pousses qui ont jailli de la terre durant ce
temps de carême ? Qu’est-ce que j’ai découvert de mon propre cœur ? Soyons
dans la gratitude pour ces signes de vie et de renaissance qui habitent notre
vie. Quels aspects, quelles graines ai-je laissés sur la bordure et qui nécessitent
plus d’attention pour pousser ? Quels semis dois-je cultiver au chaud pour
m’assurer qu’ils puissent bien se développer pour la fin de ce
parcours ?
23

5ÈME SEMAINE : LE CŒUR (SPIRITUEL),
LIEU DE LA RENCONTRE AVEC DIEU
DIMANCHE
Cette semaine, fixons notre regard sur Jésus dans sa passion. Car celui qui a
formé notre cœur est aussi celui qui y demeure. « Tard je t’ai aimé beauté inef-
fable, tard je t’ai aimée… je t’ai cherchée hors de moi alors que tu étais en moi » dit
saint Augustin. « L'aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette
vocation de l'homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à
l'homme de dialoguer avec Lui commence avec l'existence humaine. Car, si l'homme
« Voici que je me tiens
à la porte et je frappe... »
existe, c'est que Dieu l'a créé par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l'être ;
et l'homme ne vit pleinement selon la vérité que s'il reconnaît librement cet amour et
s'abandonne à son Créateur. Mais beaucoup de nos contemporains ne perçoivent pas
du tout ou même rejettent explicitement le rapport intime et vital qui unit l'homme à
Dieu. » (Gaudium et Spes 19)
Il n’est jamais trop tard pour découvrir dans notre cœur la présence du Créateur
et Sauveur : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma
voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec
moi. » (Ap 3,20)
24
LUNDI :
Le fait religieux est cantonné en France à la sphère privée. Pourtant de nom-
breuses figures de saints sont remarquables : sainte Mère Térésa est un modèle
de charité, saint François d’Assise touche les cœurs même ceux éloignés de
Dieu. Or ces saints, sans leur rencontre et leur relation particulière avec Jésus,
n'auraient rien pu faire. Eux-mêmes revendiquent toute la paternité de leur
sainteté à Jésus : « Vous seul aurez la gloire si je me fais saint, cela parait plus clair
que le jour » dit saint Claude.
Et moi, quelle expérience de Dieu ai-je pu faire dans ma vie ? Vers quelles ques-
tions métaphysiques me conduisent la science, la contemplation de mon propre
être, l’émerveillement devant la création, de l’infiniment grand ou de l’infini-
ment petit ?
Action : je fais mémoire des questions que j’évacue trop vite sur l’existence de
Dieu et je me permets raisonnablement de ne pas leur donner de réponse et de
laisser une place au mystère, et au possible.
MARDI :
L’obstacle à la foi pour une personne athée n’est pas seulement la question phi-
losophique de Dieu, il peut être aussi le témoignage des chrétiens eux-mêmes.
« Oh ! s’ils avaient toujours ce même cœur pour me craindre et pour observer tous mes
25
commandements, afin qu’ils fussent heureux à
jamais, eux et leurs enfants ! » dit Dieu (Dt 5,29)
« Les croyants peuvent avoir une part qui n'est pas
mince [dans l’athéisme], dans la mesure où, par
la négligence dans l'éducation de leur foi, par des
présentations trompeuses de la doctrine et aussi
par des défaillances de leur vie religieuse, morale et
sociale, on peut dire d'eux qu'ils voilent l'authen-
tique visage de Dieu et de la religion plus qu'ils ne
le révèlent. » (Gaudium et Spes 20)
Action : m’arrive-t-il d’être un obstacle à la
foi ? Plus généralement, qu’est-ce qui, dans la
religion, peut empêcher un non-croyant de
s’approcher de Dieu ?
MERCREDI :
Raymond Devos, dans un célèbre spectacle,
nous présente sa rencontre avec Dieu dans une
église : alors qu’il rentre dans l’église, il voit
Dieu en train de prier pour avoir un signe de
l’existence de l’homme ! Quelles que soient
nos idées reçues, si nous aussi nous disions à
Dieu : « oh Dieu si tu existes, un signe de toi ! » « Notre cœur
« Anne parlait dans son cœur, et ne faisait que re- aurait beau
muer les lèvres, mais on n’entendait pas sa voix. » nous condamner,
(1S 1,13)
Dieu est plus grand
Action : aujourd’hui, je prends le temps de
regarder ma journée en considérant que Dieu
que notre cœur,
est là avec moi dans ma maison, mon travail ? il connaît
Qu’est-ce que je lui dirai ? Qu’est-ce que je lui toute choses »
confierai ? Dans le secret de mon cœur, j’ose (1 Jn 3,20)
lui adresser quelques paroles.
JEUDI :
Le fruit de la rencontre avec Dieu transforme le
cœur des hommes. Dieu ne nous crée pas pour
que nous soyons des esclaves, mais pour que
26
nous soyons des hommes libres, jusqu’à la liberté de le choisir. Or pour ceux qui
l’ont choisi, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Le Christ apprend
à ceux qui le choisissent, à aimer comme il aime et à ne jamais se décourager
malgré leurs imperfections.
Action : aujourd’hui je rends grâce pour toutes les œuvres de charité qui ont
pu advenir parce que des hommes et des femmes se sont laissé toucher par le
Christ. Si je suis chrétien, je rends grâce pour tout ce que le Seigneur m’a don-
né de faire de beau et de bien. Quel est le saint de la charité qui me touche le
plus ? Vers quelles actions, vers quelles œuvres, Dieu qui parle à mon cœur me
conduit-il pour aimer en actes et en vérité ?
VENDREDI :
« Es-tu le messie qui doit venir ? » demandent les autorités juives à Jésus. Plu-
sieurs fois, reprenant le nom de Dieu révélé à Moïse, Jésus dit « Je suis » ! C’est la
cause première de sa mise à mort. Il se dit Dieu. Il appelle Dieu “Père” et nous
introduit dans la joie d’être fils de Dieu. Jésus est plus qu'un rabbi, un Gandhi,
ou un sage : il est vivant et ressuscité, il siège à la droite du Père. Est-ce que
j’accueille cette parole de Jésus : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du
monde » (Mt 28,28) ?
Action : Y-aurait-il une parole de Jésus avec laquelle je ne suis pas d’accord ?
Dois-je douter quand il me dit qu’il est Dieu ? Que me dit mon cœur ?
SAMEDI :
Le 7ème jour, Dieu se reposa de tout ce qu’il avait fait. Comment l’existence de
Dieu, sa connaissance peuvent-elles être pour moi source de « repos » ?
« Notre cœur aurait beau nous condamner, Dieu est plus grand que notre
cœur, il connaît toute choses » (1Jn 3,20) dit saint Jean.
Action : aujourd’hui, loin de vouloir me décharger de mes respon-
sabilités, je remets dans les mains de Dieu un sujet d’inquiétude.
Je pose un acte de foi, sûr qu’il a le désir autant et plus que moi
que ce projet aboutisse, se réalise.
27

6ÈME SEMAINE :
LE CŒUR TRANSPERCÉ
« Tu me fends le cœur » dit César (Marius, Pagnol).
Cette semaine nous entrons dans la semaine sainte où Jésus vit sa passion. De-
mandons, nous aussi, à Jésus : « Fends-moi le cœur ! » Fends mon cœur de pierre
lorsque je suis insensible devant ta passion, lorsque je m’habitue. Fends-moi
le cœur devant tous ces petits qui sont les tiens aujourd’hui et qui portent leur
croix. Fends mon cœur et libère-le de mon indifférence.
C’est la grâce de la résurrection de nous donner un cœur semblable à celui de
Jésus : un cœur transpercé. Les foules qui écoutèrent le discours de Pierre sur la
mort et la résurrection de Jésus en eurent le cœur transpercé…
« Jésus ayant aimé les siens,
les aima jusqu'au bout »
Voilà le chemin pour nous : de la contemplation du cœur de Jésus dans sa pas-
sion, laisser la lumière jaillir de nos ténèbres. Que de l’intérieur de notre cœur,
une vraie conversion s’opère et qu’elle rejaillisse vers notre corps, nos senti-
ments, notre intelligence. Qu’elle irrigue notre personne toute entière, et notre
relation à Dieu. Que nous puissions être des hommes et des femmes debout
dignes de leur Père du Ciel et construisant sur terre le monde à venir.
28
LUNDI :
La véritable conversion n’est pas dans la sécurité du sportif qui maîtrise toutes
les données pour ne pas risquer de se blesser. Ni la vérité ni le vrai bonheur
ne se trouvent dans l’opacité de notre cœur, dans la maîtrise froide et rigide
de nos sentiments, ou dans l’assurance de la réussite. Se convertir et décider
d’aimer, c’est fondamentalement prendre le risque de la blessure, de l’épreuve.
C’est assumer ma vulnérabilité intrinsèque et volontairement me mettre à nu…
pour me laisser soigner, aimer, pour me déposséder de moi-même, et sentir les
richesses du cœur de l’autre ou découvrir, in fine, dans ma faiblesse, des tré-
sors insoupçonnés de compassion… Marie-Madeleine, en se mettant à genoux
devant Jésus et devant tous ceux qui l’entourent pour manifester son amour
prend le risque d’être mo-
quée, jugée.
« Jésus ayant aimé
les siens, les aima
jusqu’au bout »
(Jn13,1)
Action : aujourd’hui je présente à Dieu ma vulnérabilité et je contemple Jésus
flagellé et couronné d’épines.
29
 MARDI :
À quelques heures de la passion, aucun disciple ne trouve de l’assurance en
lui-même. Tous savent qu’ils peuvent le trahir. Pierre et Judas deviennent les
images de deux destinées opposées. Tous deux pécheurs, l’un va pourtant ver-
ser les larmes de son repentir et croiser le regard de Jésus. Et si notre véritable
conversion était dans la mise en lumière de
nos ténèbres pour laisser Jésus nous relever ?
« Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de
vous. Nettoyez vos mains, pécheurs, purifiez vos
cœurs, hommes irrésolus » (Jc 4,8)
Et si nous osions comme Pierre remettre notre
péché, nos fautes à la miséricorde de Dieu
pour puiser dans notre cœur transpercé, la
grâce de demander pardon nous aussi à nos
frères et de leur pardonner leur propre fai-
blesse ?
Action : je fixe un rendez-vous pour aller me
confesser et je m’y prépare en méditant sur
mon péché et en le regrettant.
MERCREDI :
« Le châtiment qui nous assure la paix repose sur
lui et dans ses blessures, nous trouvons la guéri-
son » annonçait le prophète Isaïe (Is 53,4-5).
Du cœur transpercé de Jésus sur la croix,
« Le châtiment
jaillissent des fleuves d’eaux vives : l’eau de la paix repose
et le sang qui nous purifient de tout péché sur lui et dans
sont répandus. « Les hommes vêtus de blanc
viennent de la grande épreuve. Ils ont lavé leurs
ses blessures,
nous trouvons la
robes dans le sang de l’Agneau » dit saint Jean
dans le Livre de l’Apocalypse (chap. 7). guérison »
Et si de nos blessures, ceux qui nous en- Is 53 , 4 - 5
tourent trouvaient la guérison ? Dans nos
erreurs, nous pouvons trouver l’humilité, par
notre vulnérabilité, nous devenons accessibles.
Action : aujourd’hui je décide de laisser transparaître une blessure ou une fai-
30
blesse que je porte, comme Jésus le fera pour Thomas au soir de Pâques, sûr que
ma vulnérabilité me rendra davantage simple et accessible aux autres.
JEUDI :
“Rodrigue as-tu du cœur ? ” Nous nous sommes interrogés au début du carême.
Aujourd’hui, nous nous rappelons que le Christ livre son corps entre nos mains.
Quelles sont les personnes qui attendent que je me livre à elles ?
Action : ce soir, nous entrons dans la passion de Jésus. Je relis un récit de la pas-
sion de Jésus, en contemplant heure après heure ce que Jésus a vécu du dernier
repas (21h) à sa mort sur la Croix (vendredi 15h)
19h : dernier repas (Jn 13)
20h : discours après la cène (Jn 14-17)
21h : agonie (Lc 22,39-45)
Minuit : arrestation et procès chez Caïphe (Jn 18, 1-27)
VENDREDI :
« Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37)
En ce vendredi saint, nous vous proposons de contempler Jésus, dans le secret
de votre cœur qui, pour nous, est allé librement à la passion.
6h : procès devant Pilate - visite chez Hérode (Jn 18,28 et Lc 23, 1-12)
7h : Flagellation et couronnement d’épines (Jn 19, 1-3)
8h : condamnation à mort et chemin de croix. (Jn 19, 4-16 et Lc 23, 13-24)
9h : Jésus est crucifié (Jn 19-17 et Lc 23, 33-43)
12h : les ténèbres couvrent la terre (Jn 19, 23-27 et Lc 23,44)
15h : mort de Jésus (Jn 19, 28-30 et Lc 23, 45-49)
16h : le côté transpercé (Jn 19, 31-37)
17h : la mise au tombeau (Jn 19, 38-42)
SAMEDI :
Le disciple que Jésus aimait qui reposa sur le Cœur de Jésus et se tint
présent au pied de la Croix prit Marie chez lui à partir de ce jour- l à .
Saint Ignace nous invite à dialoguer avec Marie avant qu’elle
nous conduise à Jésus. Aujourd’hui, nous vous laissons
vous entretenir avec elle, lui dévoilant simplement ce qui
habite votre cœur.
31

SEMAINE
DE PÂQUES
« Christ
est ressuscité !»
« Christ est ressuscité ! » annonce Marie-Madeleine au matin de
Pâques. Il faudra huit jours pour que l’apôtre Thomas, qui n’était
pas avec les disciples le même jour, puisse trouver dans la contemplation de
la blessure du côté de Jésus, la foi non seulement en Jésus comme maître, mais
comme son Seigneur et son Dieu. Tout au long de la semaine de Pâques, les
évangiles nous montrent Jésus allant à la rencontre de chacun pour le faire
ressusciter avec lui et entrer dans ce regard nouveau sur le monde et sur les
événements : un regard du cœur où la foi agit, comprend, aime, met en mou-
32
vement ses disciples ; un regard qui intègre
l’invisible dans le visible. « Ô Cœur, sans in-
telligence, lent à croire ce que vous ont annoncé
les prophètes… » (Lc 24,25) « La foi est une ferme assu-
rance des choses qu'on espère, une démonstration de
c e l l e s qu'on ne voit pas. » (Heb 11,1)
Cette semaine nous vous proposons une série de paroles de la Bible à
méditer (une par jour) jusqu’à l’Ascension pour nourrir votre élan
du cœur vers Dieu, votre méditation, votre contemplation, votre amour
pour Dieu et pour les hommes pendant ce temps pascal. … Nous vous invi-
tons à ouvrir votre Bible pour poursuivre la recherche de ces textes qui
nourriront votre cœur.
1. « C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. » (Mt 12,34)
2. « Recevez mes instructions car je suis doux et humble de cœur et
vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11,29)
3. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)
4. « Avez-vous le cœur endurci ? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas ?
Ayant des oreilles, n’entendez-vous pas ? Et n’avez-vous point de
mémoire ? » (Mc 8,18)
5. « Il a déployé la force de son bras, il a dispersé ceux qui avaient dans
33
le cœur des pensées orgueilleuses » (Lc 1,51)
6. « L’Esprit du Seigneur… m’a envoyé pour guérir
ceux qui ont le cœur brisé » (Lc 4,18)
7. « Ayant entendu la parole avec un cœur honnête et
bon, ils la retiennent et portent du fruit avec persévé-
rance » (Lc 8,15)
8. « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous
tandis qu’il nous parlait en chemin et nous expliquait
les Ecritures ? » (Lc24,32)
9. « Que votre cœur ne se trouble pas, croyez en Dieu et
croyez-en moi » (Jn 14,1)
10. « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira et nul ne
vous ravira votre joie » (Jn16,22)
11. « Seigneur, toi qui connais le cœur de tous, désigne
lequel tu as choisi » (Ac 1,24)
12. « Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur
transpercé et dirent à Pierre et aux autres apôtres : que
devons-nous faire ? (Ac2,37)
13. « Ils étaient chaque jour assidus au temple, ils rom-
paient le pain dans les maisons et prenaient leur nour-
riture avec joie et simplicité de cœur » (Ac2,46)
14. « La multitude de ceux qui avaient cru n’était
qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32)
15. « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point
que tu mentes au Saint Esprit ? Comment as-tu pu
mettre en ton cœur un pareil dessein ? » (Ac 5,3-4)
16. « Repens toi donc de ta méchanceté et prie le Sei-
gneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardon-
née » (Ac 8,22)
17. « - Si tu crois dans ton cœur, cela est possible - Je
crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu » (Ac 8,37)
18. « Il les exhorta tous à rester d’un cœur ferme atta-
chés au Seigneur » (Ac 11,23)
19. « Dieu qui connait les cœurs leur a rendu témoignage en leur donnant le Saint Esprit
comme à nous » (Ac 15,8)
20. « Il n’a fait aucune différence entre nous et eux ayant purifié leurs cœurs par la foi » (Ac 15,9)
34
21. « Le Seigneur ouvrit le cœur de Lydie pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul » (Ac
16,14)
22. « Le cœur de ce peuple est devenu insensible… qu’ils ne comprennent de leur cœur, qu’ils
ne se convertissent et que je ne les guérisse » (Ac 28,27)
23. « Dieu les a livrés selon les convoitises de leur cœur ; en sorte qu’ils déshonorent eux-
mêmes leurs propres corps » (Rm 1, 24)
24. « L’espérance ne déçoit point car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le
Saint Esprit qui nous a été donné » (Rm5,5)
25. « Grâces soient rendus à Dieu de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi
de cœur à la règle de doctrine dans laquelle vous avez été instruits » (Rm 8,27)
26. « J’éprouve une grande tristesse et j’ai dans le cœur un chagrin continuel pour mes frères »(Rm9,2)
27. « Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés » (Rm 10,1)
28. « La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. C’est la parole de foi que nous
prêchons » (Rm 10,8)
29. « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a res-
suscité des morts, tu seras sauvé. C’est en croyant dans son cœur qu’on parvient à la justice et
c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut » (Rm 10,9-10)
30. « Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est
proche ! » (Jc 5,8)
31. « Jésus connaissant leurs pensées dit : « pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans
vos cœurs ? » (Mt 9,4)
32. « Aimer Dieu de tout son cœur… et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que
tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Mc12,53)
« Tu aimeras le 33. « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est éloigné de moi. » (Mt 15,8)
Seigneur ton Dieu, 34. « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes,
de tout ton cœur, au commencement, il n’en était pas ainsi. » (Mt 19,8)
35. « Si je le fais de bon cœur, j’en ai la récompense ; mais si je le fais malgré moi c’est une
de toute ton âme et charge qui m’est confiée. » (1Co 9,17)
de toute ta pensée » 36. « Jusqu’à ce jour quand on lit Moïse, un voile est jeté sur leurs cœurs ; mais lorsque les
(Mt22,37) cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté ! » (2Co 3,15-16)
Pour aller plus loin sur le sujet du cœur :
https://www.sacrecoeur-paray.org/playlist/fetes-sacre-coeur-2020/
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