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La structure de la matière.

A. LE MODÈLE QUANTIQUE DE L’ATOME.

1. Les ondes électromagnétiques.

1.1 Une onde, c’est quoi ?

Expériences.

- Si on soulève l’extrémité d’une corde, une bosse avance le long de ce milieu (voir
la figure a).
- Quand des gouttes tombent sur la surface d’un plan d’eau, des vagues circulaires
se déplacent à travers ce milieu (voir la figure b).

Figure a Figure b

Dans chaque situation décrite ci – dessus :


- Une perturbation s’est propagée de proche en proche.
- Quand un point oscille, il possède de l’énergie cinétique et / ou potentielle.
Donc, on peut affirmer que la perturbation a transporté de l’énergie.
- Par contre, la perturbation n’a pas transporté de la matière.

Une onde est une perturbation qui se propage de proche en proche. Elle transporte
de l’énergie mais pas de la matière.

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1.2 Une onde sinusoïdale, c’est quoi ?

Expérience.

Considérons une corde horizontale et tendue. Son extrémité S est attachée à un


vibreur oscillant verticalement, tandis que l’autre extrémité est fixée à un mur.

Les schémas insérés ci – après représentent la corde à différents instants t :

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On peut observer que :
- Le vibreur produit une onde qui se propage dans la corde.
- À un instant donné, le graphique de l’élongation y en fonction de la position sur
la corde x est une sinusoïde. Voici, par exemple, le graphique correspondant à
l’instant t = 3T/2 :

- Pour un point de la corde, le graphique de l’élongation y en fonction du temps t est


également une sinusoïde. En fait, chaque point décrit un mouvement harmonique
semblable à celui du vibreur, mais avec un retard qui grandit avec la distance par
rapport au vibreur. Voici, par exemple, le graphique correspondant au point P :

Quand une onde sinusoïdale se propage :


- À un instant donné, l’élongation est une fonction sinusoïdale de la position par
rapport à la source de l’onde.
- Pour un point du milieu de propagation, l’élongation est une fonction sinusoïdale
du temps. Chaque point décrit un mouvement harmonique semblable à celui de la
source, mais avec un retard d’autant plus grand que le point est loin de la source.

Le schéma suivant permet de comparer les mouvements des points de la corde et la


propagation de l’onde sinusoïdale :

La courbe n°1 représente la corde à un instant donné, tandis


que la courbe n°2 symbolise la corde à un instant ultérieur.
La flèche horizontale représente la propagation de l’onde, alors que les
flèches verticales symbolisent les mouvements des particules de la corde.

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1.3 La vitesse de propagation d’une onde.

La vitesse de propagation v d’une onde est la distance parcourue par l’onde


pendant une unité de temps.

Dans le SI, la vitesse de propagation s’exprime en mètres par seconde (m / s).

La valeur de la vitesse de propagation d’une onde varie en fonction de sa nature


et des caractéristiques du milieu où elle se déplace (composition, température,…).

1.4 La fréquence d’une onde.

La fréquence f d’une onde est le nombre d’oscillations complètes effectuées en


une seconde par un point du milieu de propagation.

Dans le SI, l’unité de fréquence est appelée hertz (Hz) en hommage à Heinrich
Hertz (physicien allemand, 1857 – 1894). Une fréquence d’1 Hz correspond à une
oscillation complète par seconde.

La valeur de cette grandeur est déterminée par la source de l’onde.

1.5 La longueur d’onde.

La longueur d’onde l [1] est la distance séparant deux maxima consécutifs de


l’élongation.

Dans le SI, la longueur d’onde s’exprime en mètres (m).

La valeur de la longueur d’onde est indiquée sur ce graphique de l’élongation y d’un


point en fonction de la position x par rapport à la source d’onde :

La vitesse de propagation, la période, la fréquence et la longueur d’onde sont liées


par la relation suivante :

v
l=
f

[1]
l est la lettre grecque minuscule lambda.
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1.6 La diffraction d’une onde par une fente.

Expériences.

Des ondes planes se propagent à la surface d’un plan d’eau. Observons leur
comportement lorsqu’elles traversent une fente.

­ ­
(a) (b)

On peut constater que :


- Les ondes contournent les bords de la fente.
- Quand la longueur d’onde est inférieure à la largeur de la fente, ce phénomène
est faible (voir la figure a). Par contre, lorsque la longueur d’onde est semblable
à la largeur de la fente, ce phénomène est important (voir la figure b).

Les ondes subissent une diffraction quand elles passent à travers une fente.

Au cours de ce phénomène, la direction de propagation est modifiée. Les ondes


diffractées se propagent derrière les bords de la fente.

Si la longueur d’onde est nettement inférieure à la largeur de la fente, la diffraction


est faible.
Par contre, si la longueur d’onde est semblable ou supérieure à la largeur de la fente,
la diffraction est importante.

1.7 Une onde électromagnétique, c’est quoi ?

En 1865, James Clerk Maxwell (physicien anglais, 1831 – 1879) a prédit l’existence
des ondes électromagnétiques. Cette prédiction a été vérifiée expérimentalement par
Heinrich Hertz, entre 1886 et 1888.

Une onde électromagnétique est composée d'un champ électrique E et d'un


champ magnétique B variant avec la même fréquence.
Ces deux champs sont perpendiculaires entre eux, et chacun est perpendiculaire
à la direction de propagation de l’onde.

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Les ondes électromagnétiques peuvent se propager dans les milieux matériels et le
vide.

La vitesse des ondes électromagnétiques dans le vide, notée c, vaut environ 3 ⋅ 10 8


m / s. À l’intérieur des milieux matériels, sa valeur est plus petite que dans le vide.

1.8 Le spectre des ondes électromagnétiques.

On maîtrise une gamme étendue et continue de fréquences / longueurs d’onde


électromagnétiques. L’ensemble de cette gamme est appelée spectre des ondes
électromagnétiques. Elle peut être divisée en sept régions caractérisées par des
propriétés, des modes de production et des applications spécifiques. Toutefois, les
limites entre les régions sont approximatives.

Région Fréquence Longueur Quelques applications


(en Hz) d’onde
dans le vide
(en m)
Ondes radio < 1 ⋅ 10 9 > 3 ⋅ 10 – 1 Radiodiffusion, télédiffusion,
radiotéléphonie, télécommunications
par satellite, radionavigation et radars.
Micro – ondes 1 ⋅ 10 9 3 ⋅ 10 – 1 Télédiffusion, GSM, téléphones sans fil,
à 3 ⋅ 10 11 à 10 – 3 réseaux informatiques sans fil (exemple :
les réseaux Wi – Fi), télécommunications
par satellite, positionnement par satellite
(exemple : le système GPS), radars,
radionavigation et fours à micro – ondes.
Rayonnement 3 ⋅ 10 11 10 – 3 Transport de la chaleur, vision nocturne
infrarouge (IR) à 3,85 ⋅ 10 14 à 7,8 ⋅ 10 – 7 et thermographie.
Lumière visible 3,85 ⋅ 10 14 7,8 ⋅ 10 – 7 Photosynthèse, vision et photographie.
à 7,7 ⋅ 10 14 à 3,9 ⋅ 10 – 7
Rayonnement 7,7 ⋅ 10 14 3,9 ⋅ 10 – 7 Fluorescence, bronzage et stérilisation.
ultraviolet (UV) à 3 ⋅ 10 16 à 10 – 8
Rayonnement X 3 ⋅ 10 16 10 – 8 Radiographie, tomodensitométrie
à 3 ⋅ 10 20 à 10 – 12 et cristallographie.
Rayonnement > 3 ⋅ 10 17 < 10 – 9 Scintigraphie, tomographie par émission
gamma (g) de positons, radiothérapie et stérilisation.

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Une lumière blanche est un assemblage d’ondes de fréquences / longueurs d’onde
différentes. Chacune des couleurs correspond à une plage de fréquences / longueurs
d’onde.
Voici les limites approximatives des plages de fréquences et de longueurs d’onde
(dans le vide) correspondant aux couleurs principales :

Couleur Fréquence Longueur d’onde


(en Hz) (en nm)
Rouge 3,84 ⋅ 10 14 à 4,82 ⋅ 10 14 780 – 622
Orange 4,82 ⋅ 10 14 à 5,03 ⋅ 10 14 622 – 597
Jaune 5,03 ⋅ 10 14 à 5,20 ⋅ 10 14 597 – 577
Vert 5,20 ⋅ 10 14 à 6,10 ⋅ 10 14 577 – 492
Bleu 6,10 ⋅ 10 14 à 6,59 ⋅ 10 14 492 – 455
Violet 6,59 ⋅ 10 14 à 7,69 ⋅ 10 14 455 – 390

2. Les photons.

2.1 Une présentation des photons.

Introduite en 1900 par Max Planck (physicien allemand, 1858 – 1947), l’hypothèse
du photon a été complétée en 1905 par Albert Einstein.

Un quantum (au pluriel : quanta) est une quantité discrète d’énergie.

Les ondes électromagnétiques sont constituées par des quanta appelés photons [2].

L’énergie E des photons d’une onde électromagnétique de fréquence f peut être


déterminée au moyen de la relation suivante :

E = hf

où h est la constante de Planck.

Lors de l’émission ou de l’absorption d’une onde électromagnétique, les photons sont


émis ou absorbés comme des entités indivisibles.
En conséquence, l’énergie émise ou absorbée par la matière est toujours égale à un
nombre entier de photons. C’est pourquoi on dit que cette énergie est quantifiée.

Dans le SI, h vaut 6,626 . 10 – 34 J ⋅ s.

[2]
En fait, le nom photon est apparu après 1905. Il a été introduit en 1926 par Gilbert Newton Lewis
(physicien et chimiste américain, 1875 – 1946).
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2.2 La dualité onde – particule pour les rayonnements électromagnétiques.

En 1905, Albert Einstein a introduit la notion de dualité onde – particule :

Pour rendre compte de tous les comportements d’un rayonnement électromagnétique,


on doit supposer qu’il est caractérisé par une dualité onde – particule :
- Il se propage comme s’il était constitué par des ondes électromagnétiques.
- Quand il est émis ou absorbé, il échange de l’énergie avec la matière comme s’il
était constitué par des photons.

La dualité onde – particule ne signifie pas que les rayonnements électromagnétiques


sont formés tantôt par des ondes, tantôt par des photons. De plus, elle ne signifie pas
que ces rayonnements sont constitués par des ondes et des photons.

Pour expliquer un phénomène, il faut considérer que les rayonnements sont formés
par des ondes ou des photons, mais pas les deux à la fois.

3. Les spectres d’émission des atomes.

En 1752, Thomas Melvill (physicien anglais, 1726 – 1753) a remarqué pour la


première fois l’existence d’une raie d’émission due au sodium Na.

Le spectre d’un rayonnement électromagnétique est une figure qui représente la


variation de l’intensité en fonction de la longueur d’onde ou de la fréquence.

Si un rayonnement contient toutes les longueurs d’onde d’un intervalle donné, on dit
qu’il présente un spectre continu.
Par contre, si un rayonnement contient seulement certaines longueurs d’onde, on dit
qu’il présente un spectre de raies.

Un spectre d’émission correspond aux rayonnements émis par une source.

Les gaz chauds et à basse pression émettent seulement certaines longueurs d’onde.
Par conséquent, ils produisent des spectres de raies [3].
Quand ils sont chauds, les solides (exemple : le filament d’une ampoule), les liquides
et les gaz à haute pression (exemple : le Soleil) émettent toutes les longueurs d’onde
comprises dans un large domaine. Donc, ils produisent des spectres continus.

[3]
Les spectres d’émission des gaz moléculaires comportent des séries de raies très rapprochées.
Si la résolution est faible, ces raies ne sont pas discernables. Donc, les spectres semblent comporter
des bandes continues. C’est pourquoi ils sont appelés spectres de bandes.
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L’émission de rayonnements se produit également dans des régions non visibles
de la gamme des ondes électromagnétiques : rayonnements ultraviolets dont les
longueurs d’onde sont inférieures à celles de la lumière visible (l < 390 nm), et
rayonnements infrarouges dont les longueurs d’onde sont supérieures à celles
de la lumière visible (l > 780 nm).

Chaque élément peut émettre un spectre de raies caractéristique. Les spectres de


raies sont utilisés pour identifier les éléments chimiques ou étudier la structure des
atomes.

Spectre d’émission de l’hydrogène H.


Les raies d’émission sont des lignes colorées qui apparaissent sur un fond noir. Le spectre d’émission
de l’hydrogène comprend plusieurs séries de raies. En particulier, le spectre visible est constitué par
4 raies de la série de Balmer. Les longueurs d’onde de ces raies sont 410,12 nm (violet), 434,01 nm
(bleu), 486,07 nm (vert) et 656,21 nm (rouge).

4. Le modèle atomique de Bohr.

4.1 Une présentation du modèle atomique de Bohr

En 1913, Niels Bohr (physicien danois, 1885 – 1962) a élaboré un nouveau modèle
de l’atome d’hydrogène. Son modèle permet d’expliquer l’apparition des raies du
spectre d’émission de cet atome.

Dans un atome d’hydrogène, l’électron se déplace uniquement sur certaines


orbites circulaires stables appelées états stationnaires.
Quand l’électron se trouve sur une de ces orbites, son énergie a une valeur
bien déterminée. Donc, l’énergie de l’électron est quantifiée car elle ne peut
pas prendre n’importe quelle valeur.

Les orbites possibles sont désignées par un nombre quantique principal n.


L’orbite la plus proche du noyau est caractérisée par n = 1. Elle correspond au
niveau d’énergie le plus faible.
Les orbites suivantes sont caractérisées par n = 2, 3,…. Elles correspondent à
des niveaux d’énergie de plus en plus élevés.

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Schéma représentant des cinq premières orbites du modèle de Bohr de l’atome d’hydrogène H
(avec r 1 = 0,053 nm). Le noyau est symbolisé par le point situé au centre des orbites.

Quand un électron effectue une transition entre deux niveaux d’énergie, cela
correspond à un changement d’orbite.

Un électron peut passer d’un niveau d’énergie à un autre plus élevé en absorbant
un photon. Inversement, un électron peut passer d’un niveau d’énergie à un autre
plus bas en émettant un photon.
L’énergie du photon absorbé ou émis doit être égale à la différence DE entre les
deux niveaux d’énergie. En conséquence, la fréquence f du rayonnement absorbé
ou émis peut être déterminée grâce à une transformation de la formule permettant
de calculer l’énergie d’un photon :

DE
DE = hf Û f =
h
Par ailleurs, l’énergie d’un électron peut augmenter ou diminuer à la suite d’une
collision avec une autre particule.

La structure de la matière.
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Compléments.

a) L’expression « énergie d’un électron » est un abus de langage. En fait, il s’agit


de l’énergie potentielle liée à la position de l’électron dans le champ électrique
produit par le noyau de l’atome (voir le cours d’électricité). Donc, cette énergie
est emmagasinée dans un système constitué par deux corps qui interagissent :
l’électron et le noyau. Néanmoins, par facilité, nous continuerons à employer
l’expression « énergie d’un électron ».

b) Si un électron se trouve au niveau d’énergie le plus bas (n = 1), il est fortement


lié à l’atome.
Lorsque l’énergie de l’électron augmente (n > 1), la liaison est moins forte.
Quand l’énergie de l’électron atteint un certain seuil, il quitte l’atome. Ce processus
est appelé ionisation.

c) Si tous les électrons d’un atome ont un niveau d’énergie le plus bas possible,
on dit que l’atome est à l’état fondamental.
Aux températures ordinaires, presque tous les atomes se trouvent dans l’état
fondamental.

Si un(plusieurs) électron(s) atteint(gnent) un niveau d’énergie plus élevé, on dit


que l’atome est dans un état excité.
Un électron peut recevoir de l’énergie…
- lorsqu’il absorbe un photon,
- quand il est percuté par une particule rapide présente dans un milieu chaud
ou lors d’une décharge électrique.
Les atomes excités retournent spontanément et rapidement à l’état fondamental.
Durant ce retour, un électron peut perdre de l’énergie en émettant un(plusieurs)
photon(s).

4.2 L’explication du spectre d’émission de l’atome d’hydrogène.

Dans ce point, un électron lié fait partie d’un atome tandis qu’un électron libre n’est
pas lié à un atome.

Confrontons le modèle atomique de Bohr avec le spectre d’émission de l’hydrogène H


à basse pression :
- Au départ, presque tous les atomes sont à l’état fondamental.
- Pour obtenir le spectre d’émission d’un gaz à basse pression, on peut soumettre la
substance à une décharge électrique. En pratique, le gaz est placé à l’intérieur d’un
tube à décharge [4]. Ce dispositif est formé par une ampoule de verre contenant
deux électrodes appelées anode et cathode. Elles sont reliées respectivement aux
bornes positive et négative d'un générateur électrique à haute tension.

[4]
On place du dihydrogène H2 dans le tube. Toutefois, la décharge provoque une dissociation des
molécules en deux atomes d’hydrogène H.
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- Certains atomes du gaz s’ionisent lorsqu’ils sont soumis à la tension qui existe
entre les électrodes du tube à décharge. Ensuite, les ions positifs sont attirés
par la cathode tandis que les électrons libres se déplacent vers l’anode.
- Des électrons liés peuvent passer d’un niveau d’énergie à un autre plus élevé
quand ils entrent en collision avec un électron libre ou un ion positif.
- Après environ une nanoseconde, ces électrons liés passent d’un niveau d’énergie
à un autre plus bas en émettant un photon. Chaque atome excité retourne très
rapidement à l’état fondamental grâce à une(plusieurs) transition(s) de ce type.
- Les fréquences f des rayonnements émis sont telles que l’énergie hf d’un photon
est égale à la différence entre deux niveaux d’énergie. Par conséquent, chaque raie
du spectre d’émission correspond à une transition entre deux niveaux d’énergie.

Schéma représentant les trois premières orbites du modèle de Bohr d’un atome d’hydrogène H.
Les flèches symbolisent des mouvements de l’électron et du photon lors d’une émission de lumière.

La structure de la matière.
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Par exemple, quand un électron passe du
2ème état excité (n = 3) au 1er état excité
(n = 2), l’énergie du photon émis vaut :

DE = E 2 – E 1 = – 1,5 – (– 3,4) = 1,9 eV


= 3,044 ⋅ 10 – 19 J

Donc, la fréquence du rayonnement émis


est égale à :

f = DE / h = 3,044 ⋅ 10 – 19 / 6,626 ⋅ 10 – 34
= 4,594 ⋅ 10 14 Hz

Diagramme représentant les niveaux d’énergie de l’électron d’un atome d’hydrogène H.

Par convention, l’énergie d’un électron libre et sans énergie cinétique vaut 0. Or, pour arracher un
électron lié et le transformer en un électron libre, il faut augmenter son énergie. En conséquence,
l’énergie des électrons liés est inférieure à 0. Le niveau d’énergie le plus bas (n = 1) constitue l’état
fondamental de l’atome. Les niveaux d’énergie plus élevés (n > 1) constituent des états excités.

Les flèches symbolisent des transitions correspondant à différentes raies du spectre d’émission de
l’hydrogène. Les quatre premières raies de la série de Balmer forment la partie visible du spectre.
Les autres raies de la série de Balmer et celles de la série de Lyman se trouvent dans la région
ultraviolette de la gamme des ondes électromagnétiques (f et DE sont supérieures à celles des
rayonnements visibles), tandis que les raies de la série de Paschen se situent dans la région
infrarouge (f et DE sont inférieures à celles des rayonnements visibles).

Remarques.

Grâce au modèle de Bohr, on peut calculer les longueurs d’onde des raies du spectre
d’émission d’un atome. Pour les atomes contenant un seul électron (H, He+, Li2+,…),
les valeurs calculées correspondent aux données expérimentales. Par contre, pour les
atomes contenant plusieurs électrons, les valeurs calculées ne coïncident pas avec
les données expérimentales.

La structure de la matière.
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4.3 L’évolution des connaissances.

Après la publication de sa première version, le modèle de Bohr a été modifié et


complété plusieurs fois. Les objectifs des changements étaient d’expliquer certains
détails des spectres d’émission atomiques, et de décrire la structure électronique
des atomes contenant plusieurs électrons.
Parmi ces modifications et compléments, on trouve :
- Les électrons des atomes décrivent des trajectoires elliptiques.
- L’état d’un électron est déterminé par les valeurs de quatre nombres quantiques.

Le modèle de Bohr comporte deux aspects : les électrons circulent sur certaines
trajectoires stables et leur énergie est quantifiée.
Les trajectoires précises ont été abandonnées. Dans le modèle ondulatoire de
l’atome, elles ont été remplacées par des orbitales.
Par contre, la quantification de l’énergie et les nombres quantiques n’ont jamais été
remis en cause. Donc, on retrouve ces notions dans le modèle ondulatoire de l’atome
(voir le chapitre B.).

B. LE MODÈLE ONDULATOIRE DE L’ATOME.

1. Les idées de base du modèle ondulatoire.

1.1 La dualité onde – particule pour la matière.

En 1924, Louis de Broglie (physicien français, 1892 – 1987) a émis l’hypothèse


suivante :

Les corps matériels peuvent également avoir un comportement ondulatoire.

Considérons une particule de masse m se déplaçant avec une vitesse v. La longueur


d’onde l associée à cette particule est liée à sa quantité de mouvement p = mv par la
relation suivante :

h
l=
p

où h est la constante de Planck.

Cette formule est applicable aux photons.

La structure de la matière.
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Analysons deux situations particulières :
a) Dans un premier temps, considérons des balles tirées par une mitrailleuse.
Leur masse vaut 10 g et leur vitesse est égale à 400 m / s. En conséquence :
!34
h 6,626 ⋅ 10 !34
l= = = 1,66 ⋅ 10 m
mv 0,010 ⋅ 400

Ces balles ne peuvent pas être diffractées car leur longueur d’onde est trop
petite (voir la page 5).
b) Dans un deuxième temps, considérons des électrons accélérés par une différence
de potentiel de 100 V.
Leur masse vaut 9,1 ⋅ 10 – 31 kg, tandis que leur vitesse est égale à 5,9 ⋅ 10 6 m / s.
En conséquence :
!34
h 6,626 ⋅ 10 !10
l= = = 1,2 ⋅ 10 m
mv 9,1 ⋅ 10
!31
⋅ 5,9 ⋅ 10
6

Or, la distance entre les atomes d’un cristal est de l’ordre de 10 – 10 m. Donc, ces
électrons peuvent être diffractés par un cristal.

Figure de diffraction produite par un faisceau d’électrons


qui a traversé de l’oxyde de magnésium MgO.

Généralisons ces constatations :


- Il est impossible d’observer le comportement ondulatoire des objets courants.
Donc, on peut continuer à utiliser les lois de la mécanique classique pour décrire
leur comportement.
- Par contre, il est possible d’observer le comportement ondulatoire des particules
dont la taille est très faible : électrons, neutrons, protons, atomes,…

La structure de la matière.
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Les électrons peuvent avoir un comportement ondulatoire non négligeable. Cela ne
signifie pas que les électrons sont tantôt des ondes, tantôt des particules. De plus, cela
ne signifie pas que les électrons sont à la fois des ondes et des particules.

Pour expliquer un phénomène, il faut considérer que les électrons sont des ondes ou
des particules, mais pas les deux à la fois.

1.2 Le principe d’incertitude de Heisenberg.

Ce principe a été énoncé en 1927 par Werner Heisenberg (physicien allemand, 1901
– 1976).

Considérons une particule de masse m se déplaçant une vitesse v le long de l’axe des
x. Il est impossible de connaître simultanément les valeurs précises de la position x
et de la quantité de mouvement p = mv de cette particule. L’incertitude sur la position
Dx est liée à l’incertitude sur la quantité de mouvement Dp par la relation suivante :

h
Dx Dp ≥
2p

où h est la constante de Planck.

Analysons deux situations particulières :


a) Dans un premier temps, considérons à nouveau des balles de mitrailleuse dont
la masse vaut 10 g tandis que la vitesse est égale à 400 m / s.
Si v est connue avec une précision de 0,1 %, Dp vaut : 0,001 ⋅ mv = 0,001 ⋅
0,010 kg ⋅ 400 m / s = 0,004 kg ⋅ m / s. En conséquence, la valeur minimale
de Dx est :
!34
h 6,626 ⋅ 10 !32
Dx = = = 2,64 ⋅ 10 m
2p Dp 2p ⋅ 0,004

Cette imprécision sur la position est indécelable !


b) Dans un deuxième temps, considérons des électrons se déplaçant dans un atome.
Leur masse vaut 9,1 ⋅ 10 – 31 kg, tandis que leur vitesse est égale à 1,1 ⋅ 10 6 m / s.
Si v est connue avec une précision de 0,1 %, Dp vaut : 0,001 ⋅ mv = 0,001 ⋅ 9,1 ⋅
10 – 31 kg ⋅ 1,1 ⋅ 10 6 m / s = 1,0 ⋅ 10 – 27 kg ⋅ m / s. Donc, la valeur minimale de Dx
est :
!34
h 6,626 ⋅ 10 !7
Dx = = = 1,06 ⋅ 10 m
2p Dp !27
2p ⋅ 1 ⋅ 10

Cette imprécision sur la position vaut environ 1000 fois le diamètre d’un atome !

La structure de la matière.
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On peut généraliser ces constatations :
- Les effets du principe d’incertitude sont négligeables pour les objets courants.
- Par contre, les effets du principe d’incertitude sont significatifs pour le noyau
et les électrons qui constituent un atome.

À un instant donné, si on pouvait mesurer avec précision la position d’un électron


circulant autour du noyau d’un atome, l’incertitude sur sa quantité de mouvement
serait énorme. Par conséquent, on serait incapable de prévoir sa position à un instant
ultérieur. C’est pourquoi il faut adopter une conception probabiliste du mouvement
des électrons autour du noyau.

En fait, d’après principe d’incertitude d’Heisenberg, il n’est pas possible de distinguer


les différents électrons et de prévoir leurs trajectoires autour du noyau. Donc, il faut
se contenter de déterminer la probabilité de rencontrer un électron dans un endroit
déterminé.

1.3 L’équation de Schrödinger.

En 1925, Erwin Schrödinger (physicien autrichien, 1887 – 1961) a énoncé une nouvelle
équation décrivant l’état des électrons dans un atome. Cette équation est compatible
avec le comportement ondulatoire des électrons et le principe d’incertitude. De plus,
elle permet de décrire l’état des électrons à l’intérieur des atomes et des molécules
polyélectroniques.

D’après la dualité onde – particule et le principe d’incertitude, nous ne pouvons pas


considérer que les électrons se comportent comme des objets ponctuels se déplaçant
sur des trajectoires précises. La démarche de Schrödinger consiste à remplacer une
trajectoire précise d’un électron par une fonction mathématique dont la valeur varie
avec la position, mais qui est indépendante du temps. Cette fonction d’onde est telle
que la probabilité de présence d’un électron dans une région est proportionnelle au
carré de la valeur de la fonction dans la région considérée.

Les solutions de l’équation de Schrödinger sont appelées fonctions d’onde ou


orbitales, et elles sont symbolisées par y [5].
Le carré d’une fonction d’onde y 2 correspond à une densité de probabilité de
présence. En un point précis, y 2 ⋅ dV correspond à la probabilité de présence
d’un électron dans un petit volume dV qui entoure ce point.

Voici l’expression de l’équation de Schrödinger pour un électron circulant autour du


noyau d’un atome :

∂2 Y ∂2 Y ∂2 Y 8p2 m
+ + + ⋅ (E − V ) ⋅ Y = 0
∂x 2 ∂y 2 ∂z 2 h
2

[5]
y est la lettre grecque minuscule psi.
La structure de la matière.
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Dans cette équation :
- On trouve l’énergie totale de l’électron E, son énergie potentielle V, sa masse m
et la constante de Planck h.
- x, y et z sont les coordonnées dans un système de référence formé par les axes
Ox, Oy et Oz orthogonaux deux à deux. L’origine O du référentiel correspond au
centre du noyau.
- ¶ 2y / ¶x 2, ¶ 2y / ¶y 2 et ¶ 2y / ¶z 2 sont les dérivées secondes partielles de la fonction
d’onde par rapport aux coordonnées x, y et z [6].

Les fonctions d’onde doivent toujours vérifier les conditions suivantes :


- Elles ne deviennent nulles qu’à une distance infinie du noyau. Dès lors, il y a
une probabilité non nulle de rencontrer un électron à n’importe quelle distance
du noyau. Donc, les atomes n’ont pas de limites précises.
- Si le volume dans lequel on cherche un électron est l’espace entier, on est certain
de le rencontrer dans ce volume. En d’autre termes, l’intégrale de y 2 sur l’espace
entier est toujours égale à 1.

2. Les nombres quantiques.

2.1 Introduction.

L’état d’un électron contenu dans un atome est défini par les valeurs de quatre
nombres quantiques.

La résolution de l’équation de Schrödinger montre que chaque orbitale est caractérisée


par trois nombres quantiques :
- le nombre quantique principal n,
- le nombre quantique secondaire (ou azimutal) ℓ,
- le nombre quantique magnétique m.

De plus, un quatrième nombre quantique est nécessaire pour caractériser l’état de


spin des électrons : le nombre quantique de spin s.

Les trois premiers nombres correspondent à des niveaux d’organisation du nuage


électronique des atomes : les couches, les sous – couches et les orbitales.

Les nombres n, ℓ et m prennent toujours des valeurs entières. Les nombres n et s sont
des variables indépendantes. Par contre, les nombres ℓ et m ne peuvent prendre que
certaines valeurs qui dépendent de celle du nombre n.

[6]
C’est – à – dire les dérivées secondes de cette fonction par rapport à une des variables, tandis que
les autres sont gardées constantes.
La structure de la matière.
- 18 -
2.2 Le nombre quantique principal.

Le nombre quantique principal peut prendre les valeurs entières n = 1, 2, 3,…

Les électrons qui possèdent le même nombre quantique principal n constituent une
couche électronique.

On désigne les couches électroniques avec une lettre majuscule.

Valeur de n Désignation de la couche [7]


n=1 K
n=2 L
n=3 M
n=4 N
n=5 O
n=6 P
n=7 Q

L’étendue d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique principal :


plus la valeur de n augmente, plus la taille de l’orbitale est élevée.

2.3 Le nombre quantique secondaire (ou azimutal).

Le nombre quantique secondaire (ou azimutal) peut prendre les valeurs entières
ℓ = 0, 1, 2, …, (n – 1).

Parmi les électrons d’une couche, ceux qui possèdent le même nombre quantique
secondaire ℓ constituent une sous – couche.

Comme 0 ≤ ℓ ≤ (n – 1), une couche caractérisée par n = x ne peut comporter que


x sous – couches.

On désigne les sous – couches avec des lettres minuscules.

Valeur de ℓ Désignation de la sous – couche [8]


ℓ=0 s
ℓ=1 p
ℓ=2 d
ℓ=3 f

[7]
La lettre K provient du mot kernel, qui signifie noyau en anglais.
[8]
Les lettres s, p, d et f proviennent respectivement de sharp, principal, diffuse et fundamental.
Ces mots anglais correspondent aux désignations des séries de raies qui apparaissent dans les
spectres d’émission des métaux alcalins.
La structure de la matière.
- 19 -
Généralement, on symbolise une sous – couche particulière en indiquant la valeur de n
devant la lettre correspondant à cette sous – couche. Par exemple, la sous – couche
p de la couche M est symbolisée par 3p.

La forme d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique secondaire :


chaque valeur de ℓ correspond à une forme différente.

2.4 Le nombre quantique magnétique.

Le nombre quantique magnétique peut prendre les valeurs entières m = ℓ,


ℓ – 1, ℓ – 2,…, – ℓ.

Parmi les électrons d’une sous – couche, ceux qui possèdent le même nombre
quantique magnétique m constituent une orbitale.

Comme – ℓ ≤ m ≤ ℓ, une sous – couche caractérisée par ℓ = x ne peut comporter


que (2 ⋅ x + 1) orbitales.

L’orientation d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique magnétique :


chaque valeur de m correspond à une orientation différente.

2.5 Le nombre quantique de spin.

Le spin est une propriété des particules, au même titre que la masse ou la charge
électrique.

En fonction de son spin, un électron peut prendre deux états différents. Ces derniers
correspondent aux deux valeurs possibles du nombre quantique de spin : s = –
1/2 ou + 1/2.

2.6 Tableaux récapitulatifs.

Le tableau suivant contient les dénominations et les valeurs possibles pour les quatre
nombres quantiques :

Dénominations Valeurs possibles pour


des nombres quantiques les nombres quantiques
Nombre quantique principal n n≥1
Nombre quantique secondaire ℓ 0 ≤ ℓ ≤ (n – 1)
Nombre quantique magnétique m –ℓ≤m≤ℓ
Nombre quantique de spin s – 1/2 ou + 1/2

La structure de la matière.
- 20 -
Le tableau inséré ci – dessous contient une description de l’organisation des quatre
premières couches d’un atome :

n ℓ m s Nombre
(couche) (sous – (orbitale) (spin des maximal
couche) électrons) d’électrons
1 (K) 0 (1s) 0 – 1 / 2, + 1 / 2 2 2
2 (L) 0 (2s) 0 – 1 / 2, + 1 / 2 2 8
1 (2p) –1 – 1 / 2, + 1 / 2 6
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
3 (M) 0 (3s) 0 – 1 / 2, + 1 / 2 2 18
1 (3p) –1 – 1 / 2, + 1 / 2 6
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
2 (3d) –2 – 1 / 2, + 1 / 2 10
–1 – 1 / 2, + 1 / 2
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
+2 – 1 / 2, + 1 / 2
4 (N) 0 (4s) 0 – 1 / 2, + 1 / 2 2 32
1 (4p) –1 – 1 / 2, + 1 / 2 6
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
2 (4d) –2 – 1 / 2, + 1 / 2 10
–1 – 1 / 2, + 1 / 2
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
+2 – 1 / 2, + 1 / 2
3 (4f) –3 – 1 / 2, + 1 / 2 14
–2 – 1 / 2, + 1 / 2
–1 – 1 / 2, + 1 / 2
0 – 1 / 2, + 1 / 2
+1 – 1 / 2, + 1 / 2
+2 – 1 / 2, + 1 / 2
+3 – 1 / 2, + 1 / 2

La structure de la matière.
- 21 -
3. Les orbitales atomiques.

3.1 L’orbitale 1s de l’atome d’hydrogène.

Pour les orbitales s, la valeur de y ne dépend que de la distance r par rapport au


noyau. Autrement dit, à une certaine distance r du noyau, la densité de probabilité
de présence y 2 est la même dans toutes les directions. Donc, on peut affirmer que
les orbitales s présentent une symétrie sphérique.

La densité de probabilité de présence y 2 d’un électron de l’orbitale 1s est maximale


au niveau du noyau, et elle décroit de manière continue pour devenir nulle à l’infini.

Orbitale 1s d’un atome d’hydrogène H.


Graphique de la densité de probabilité de présence y ²
en fonction de la distance r par rapport au noyau.

Poursuivons en étudiant la probabilité de trouver l’électron dans la coquille sphérique


comprise entre la sphère de rayon r et celle de rayon r + dr.

La structure de la matière.
- 22 -
Si l’épaisseur de la coquille sphérique est nettement inférieure à r, son volume peut
être évalué avec la formule dV = 4pr 2 dr. Donc, la probabilité de trouver l’électron à
l’intérieur de cette coquille sphérique vaut y 2dV = y 2 4pr 2 dr.
De plus, la quantité y 2 4pr 2 est la densité radiale de probabilité de présence
P. En conséquence, P ⋅ dr correspond à la probabilité de trouver l’électron dans la
coquille sphérique comprise entre la sphère de rayon r et celle de rayon r + dr.

Or, pour l’orbitale 1s :


- y 2 est maximale au niveau du noyau et diminue quand r grandit.
- Inversement, 4pr 2 est nulle au niveau du noyau et augmente avec r.
- Par conséquent, la densité radiale P = y 2 4pr 2 est nulle au niveau du noyau et à
l’infini, tandis qu’elle atteint un maximum lorsque r = r 0 = 0,053 nm. Cette valeur
correspond au rayon de la première orbite du modèle atomique de Bohr [9].

Orbitale 1s d’un atome d’hydrogène H.


À gauche : Graphique de la densité radiale de probabilité de présence P en fonction de la distance r
par rapport au noyau. r 0 correspond au rayon de la première orbite du modèle de Bohr (0,053 nm).
À droite : Représentation symbolique de la densité radiale de probabilité de présence P, sur une coupe
du nuage électronique passant par le noyau. Les petits points représentent les positions dans lesquelles
on trouverait un électron de l’orbitale 1s si on pouvait le localiser un grand nombre de fois. Plus la
densité de points est grande dans une région de l’atome, plus la probabilité de trouver l’électron dans
cette région est importante. Le noyau est représenté par un point de plus grand diamètre situé au
centre de la figure.

La probabilité de trouver un électron de l’orbitale 1s vaut 99 % à l’intérieur d’une


sphère centrée sur le noyau et dont le rayon vaut environ 0,2 nm.

[9]
Il faut bien comprendre la différence fondamentale entre les approches du modèle atomique de
Bohr et du modèle ondulatoire de l’atome.
Quand l’électron d’un atome d’hydrogène est au niveau d’énergie le plus bas possible (c’est – à – dire
lorsque l’atome est à l’état fondamental) :
- Dans le modèle atomique de Bohr, l’électron circule sur une orbite circulaire stable de rayon 0,053
nm. Par conséquent, il est toujours à cette distance du noyau.
- D’après le modèle ondulatoire de l’atome, l’électron peut se trouver n’importe où, mais il se trouve
le plus souvent à environ 0,053 nm du noyau.
La structure de la matière.
- 23 -
3.2 L’orbitale 2s de l’atome d’hydrogène.

La densité de probabilité de présence y 2 d’un électron de l’orbitale 2s est maximale


au niveau du noyau. Elle est nulle à l’infini et pour r = 2 ⋅ r 0 = 0,106 nm.
Hormis l’orbitale 1s, toutes les orbitales comportent une(plusieurs) surface(s)
nodale(s) au niveau de laquelle(desquelles) la densité de probabilité de présence
est nulle. En particulier, l’orbitale 2s comporte une sphère nodale de rayon 2 ⋅ r 0.

Orbitale 2s d’un atome d’hydrogène H.


Graphique de la densité de probabilité de présence y ²
en fonction de la distance r par rapport au noyau.

Pour l’orbitale 2s, la densité radiale de probabilité de présence P est nulle au niveau
du noyau, sur la surface nodale et à l’infini. D’autre part, elle est maximale pour r ≈
5 ⋅ r 0 = 0,265 nm.

Orbitale 2s d’un atome d’hydrogène H.


À gauche : Graphique de la densité radiale de probabilité de présence P en fonction de la distance r
par rapport au noyau. r 0 correspond au rayon de la première orbite du modèle de Bohr (0,053 nm).
À droite : Représentation symbolique de la densité radiale de probabilité de présence P. Les tirets
correspondent à la sphère nodale.

La structure de la matière.
- 24 -
La probabilité de trouver un électron de l’orbitale 2s vaut 99 % à l’intérieur d’une
sphère centrée sur le noyau et dont le rayon vaut environ 0,5 nm [10].

Orbitales 1s (à gauche) et 2s (à droite) d’un atome d’hydrogène H.


Comparaison des volumes dans lesquels la probabilité de trouver un électron
de ces orbitales vaut 99 %. Le noyau se trouve à l’intersection des trois axes.

3.3 Les orbitales 2p de l’atome d’hydrogène.

Les orbitales p ne possèdent pas une symétrie sphérique. Donc, à une certaine
distance r du noyau, la densité de probabilité de présence y 2 n’est pas la même
dans toutes les directions.

La sous – couche 2p comporte trois orbitales, car m peut prendre les valeurs – 1,
0 et 1 lorsque ℓ est égal à 1. Ces orbitales sont désignées 2px, 2py et 2pz car elles
présentent une symétrie de révolution autour des axes Ox, Oy et Oz.
Chaque orbitale comporte deux lobes situés de part et d’autre du noyau. De plus,
elle présente un plan nodal perpendiculaire à son axe de symétrie [11].

Orbitales 2px (à gauche), 2py (au centre) et 2pz (à droite) d’un atome d’hydrogène H.
Comparaison des volumes dans lesquels la probabilité de trouver un électron de ces
orbitales vaut 99 %. Le noyau se trouve à l’origine des trois axes.

[10]
Pour rappel, l’étendue d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique principal : plus
la valeur de n augmente, plus la taille de l’orbitale est élevée (voir la page 19). En particulier, l’orbitale
2s (n = 2) est plus étendue que l’orbitale 1s (n = 1).
[11]
Pour rappel, la forme d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique secondaire :
chaque valeur de ℓ correspond à une forme différente (voir les pages 19 et 20). En particulier, les
orbitales 2p (ℓ = 1) n’ont pas la même forme que les orbitales 1s et 2s (ℓ = 0).
D’autre part, l’orientation d’une orbitale dépend de la valeur de son nombre quantique magnétique :
chaque valeur de m correspond à une orientation différente (voir la page 20). En particulier, les orbitales
2px, 2py et 2pz sont caractérisées par des valeurs différentes de m (– 1, 0 et 1).
La structure de la matière.
- 25 -
3.4 Les orbitales des autres atomes.

Quand on recherche les solutions de l’équation de Schrödinger pour un atome


d’hydrogène H, les raisonnements sont « relativement simples » car on prend
en compte uniquement les interactions entre le noyau et le seul électron.
Par contre, lorsqu’on recherche les solutions de l’équation de Schrödinger pour
un atome contenant plusieurs électrons, les raisonnements sont nettement plus
complexes car il faut prendre en compte les interactions entre les électrons.

En conséquence, il est impossible de déterminer exactement les fonctions d’onde des


atomes polyélectroniques. Toutefois, on peut employer des méthodes d’approximation
pour obtenir des solutions approchées de l’équation de Schrödinger.

Les résultats quantitatifs sont différents de ceux trouvés pour l’atome d’hydrogène.
Néanmoins, les conclusions qualitatives restent valables. En particulier, les formes
des orbitales d’un atome polyélectronique sont semblables à celles des orbitales
d’un atome d’hydrogène H.

4. Les niveaux d’énergie des électrons.

Pour rappel :

L’énergie des électrons d’un atome est quantifiée, donc elle ne peut prendre que
certaines valeurs bien précises.

4.1 Dans les atomes contenant un seul électron.

Dans un atome monoélectronique, le niveau d’énergie de l’électron dépend seulement


du nombre quantique n.

Chacune des couches correspond à un des niveaux d’énergie possibles.


La couche K correspond au niveau d’énergie le moins élevé. Les couches L, M, N,…
correspondent à des niveaux d’énergie de plus en plus élevés.
Dans une couche donnée, toutes les sous – couches correspondent au même niveau
d’énergie.

La structure de la matière.
- 26 -
4.2 Dans les atomes contenant plusieurs électrons.

Dans un atome polyélectronique, le niveau d’énergie des électrons dépend des


nombres quantiques n, ℓ et m.

En l’absence d’un champ magnétique, chaque sous – couche correspond à un des


niveaux d’énergie possibles.
Dans une sous – couche donnée, toutes les orbitales correspondent au même niveau
d’énergie.
À l’intérieur d’une couche donnée, la sous – couche s correspond au niveau d’énergie
le moins élevé. Les sous – couches p, d, f,… correspondent à des niveaux d’énergie
de plus en plus élevés.

En présence d’un champ magnétique, les orbitales d’une sous – couche correspondent
à des niveaux d’énergie différents.

Quand la valeur de n augmente, les niveaux d’énergie sont de plus en plus proches.
De plus, à l’intérieur des atomes contenant plusieurs électrons, les sous – couches
des différentes couches sont mélangées.

Comparaison entre les niveaux d’énergie


dans un atome monoélectronique (a)
et dans un atome polyélectronique
en l’absence d’un champ magnétique (b).
Il s’agit de schémas qualitatifs.

La structure de la matière.
- 27 -
Compléments.

a) Pour rappel, l’expression « niveau d’énergie d’un électron » est un abus de langage.
En fait, il s’agit de l’énergie potentielle liée à la position de l’électron dans le champ
électrique produit par le noyau de l’atome. Donc, cette énergie est emmagasinée
dans un système formé par deux corps qui interagissent : l’électron et le noyau.

b) Les valeurs réelles des niveaux d’énergie varient d’un élément à l’autre. En effet,
elles diminuent progressivement lorsque le nombre atomique Z augmente. Cela
s’explique par le fait que la charge du noyau augmente avec Z (pour rappel, ce
dernier est égal au nombre de protons contenus dans le noyau). Donc, l’attraction
exercée par le noyau sur un électron d’un niveau d’énergie donné grandit aussi.
En conséquence, il faudrait fournir plus d’énergie pour éloigner cet électron du
noyau. Ce qui veut dire que l’électron a un niveau d’énergie initial plus faible.

5. La configuration électronique des atomes.

La configuration électronique d’un atome est la façon avec laquelle ses électrons
sont distribués entre les couches, les sous – couches et les orbitales.

5.1 Le principe d’exclusion de Pauli.

Ce principe a été énoncé en 1925 par Wolfgang Pauli (physicien autrichien, 1900 –
1958).

Dans un atome, il ne peut y avoir plus d’un électron décrit par un même ensemble de
valeurs données aux quatre nombres quantiques.

Autrement dit, les électrons d’un atome diffèrent les uns des autres par la valeur d’au
moins un des nombres quantiques.

5.2 La capacité d’accueil des niveaux d’énergie.

Les électrons contenus dans une orbitale sont caractérisés par les mêmes valeurs des
nombres quantiques n, ℓ et m. En conséquence, les états de ces électrons diffèrent
uniquement par la valeur du nombre quantique s.

Or, le nombre quantique s ne peut prendre que deux valeurs : + 1/2 ou – 1/2. Donc,
pour respecter le principe d’exclusion de Pauli, une orbitale ne peut pas être occupée
par plus de deux électrons. S’il y avait un troisième, ses nombres quantiques seraient
identiques à ceux d’un des deux autres.

Quand deux électrons occupent la même orbitale, on dit qu’ils sont appariés.

La structure de la matière.
- 28 -
Puisqu’une orbitale ne peut comporter plus de 2 électrons, le nombre total d’électrons
contenus dans une couche ou une sous – couche est également limité. En particulier,
le nombre maximal d’électrons dans une couche vaut 2 ⋅ n ².

5.3 Le principe d’Aufbau.

Le mot allemand aufbau signifie construction. Ce mot est utilisé pour désigner le
principe permettant de « construire » la configuration électronique d’un atome.

Dans un atome à l’état fondamental, l’énergie totale des électrons doit être minimale.
En conséquence, pour trouver la configuration électronique d’un atome,
- Il faut placer les électrons dans les sous – couches en respectant l’ordre croissant
des niveaux d’énergie de ces sous – couches.
- Il faut remplir complètement une sous – couche avant de commencer à placer des
électrons dans la sous – couche suivante.

5.4 La règle de Klechkowski.

Pour déterminer l’ordre dans lequel il faut remplir les sous – couches, on peut utiliser
la règle de Madelung ou de Klechkowski. Erwin Madelung (physicien allemand,
1881 – 1972) a établi cette loi de manière empirique en 1936. Vsevolod Kletchkovski
(chimiste russe, 1900 – 1972) a proposé une justification théorique de la loi en 1962.

Le remplissage des sous – couches d’un atome à l’état fondamental obéit à la règle
suivante :
- On remplit les sous – couches en suivant l’ordre croissant de la valeur de (n + ℓ ).
- Quand deux sous – couches ont la même valeur de (n + ℓ ), on remplit en premier
la sous – couche ayant la plus faible valeur de n.

Voici un schéma permettent de visualiser l’ordre de remplissage des sous – couches :

La structure de la matière.
- 29 -
Par exemple :
- On assigne des électrons à la sous – couche 2s (n + ℓ = 2 + 0 = 2) avant de
remplir la sous – couche 2p (n + ℓ = 2 + 1 = 3).
- On assigne des électrons à la sous – couche 3p (n + ℓ = 3 + 1 = 4) avant de
remplir la sous – couche 3d (n + ℓ = 3 + 2 = 5).
- On assigne des électrons à la sous – couche 4p (n + ℓ = 4 + 1 = 5 et n = 4)
avant de remplir la sous – couche 5s (n + ℓ = 5 + 0 = 5 et n = 5).

5.5 La représentation de la configuration électronique des atomes.

Généralement, on représente la configuration électronique d’un atome plaçant les


symboles des sous – couches occupées les uns à la suite des autres. Il faut d’abord
respecter l’ordre croissant de la valeur de n. Ensuite, parmi les subdivisions d’une
couche, on doit respecter l’ordre croissant de la valeur de ℓ.
Le nombre d’électrons contenus à l’intérieur d’une sous – couche est indiqué au moyen
d’un exposant.

Par exemple,
- Un atome de souffre S contient 16 électrons. La couche K accueille 2 électrons
sur la sous – couche 1s. La couche L reçoit 8 électrons, 2 sur la sous – couche 2s
et 6 sur la sous – couche 2p. Les 6 électrons restants se trouvent dans la couche
M, 2 sur la sous – couche 3s et 4 sur la sous – couche 3p. Donc, la configuration
électronique du souffre à l’état fondamental est : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p4. Cette
notation se lit « un s deux, deux s deux, deux p six, trois s deux, trois p quatre ».
- Un atome de cobalt Co contient 27 électrons. À l’état fondamental, la configuration
électronique de cet atome s’écrit 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d7 4s2.

5.6 Les exceptions à la règle de Klechkowski.

Certains éléments ont des configurations électroniques qui ne respectent pas la


règle de Klechkowski. Parmi ces éléments, on trouve des métaux de transition,
des lanthanides et des actinides. L’origine des exceptions est un gain de stabilité
chez les atomes concernés.

Par exemple, pour le cuivre Cu à l’état fondamental :


- D’après la règle de Klechkowski, la configuration électronique est 1s2 2s2 2p6 3s2
3p6 3d9 4s2.
- Toutefois, la configuration réelle est 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d10 4s1.

5.7 Rappels sur les états excités et les transitions.

Les états excités.

Quand un atome est dans un état excité, les électrons sont répartis entre les sous –
couches d’une manière telle que l’énergie totale des électrons n’est pas minimale.

La structure de la matière.
- 30 -
Par exemple, pour le magnésium Mg :
- La configuration 1s2 2s2 2p6 3s2 correspond à l’état fondamental.
- D’autre part, la configuration 1s2 2s2 2p6 3s1 3p1 correspond à un état excité.
En effet, à cause de l’électron se trouvant dans la sous – couche 3p, l’énergie
totale des électrons est supérieure à celle de l’état fondamental.

Les transitions.

Si un atome passe de l’état fondamental à un état excité, un(des) électron(s)


quitte(nt) un niveau d’énergie pour atteindre un autre plus élevé.
Les électrons peuvent recevoir de l’énergie…
- lorsqu’ils absorbent un photon,
- quand ils sont percutés par une particule rapide présente dans un milieu chaud
ou lors d’une décharge électrique.

Un atome excité retourne spontanément et rapidement à l’état fondamental. Lors


de ce retour, un(des) électron(s) quitte(nt) un niveau d’énergie pour atteindre un
autre moins élevé.
Les électrons peuvent perdre de l’énergie en émettant un photon. Ce phénomène
est à l’origine des spectres d’émission des atomes (voir les pages 8 à 13).

5.8 Les électrons de valence et les électrons internes.

Parmi les électrons d’un atome, ceux qui se trouvent dans la couche électronique
externe sont appelés électrons de valence tandis que les autres sont nommés
électrons internes.

En principe, seuls les électrons de valence participent aux réactions chimiques et


sont impliqués dans la formation des liaisons entre les atomes.

Par exemple, la configuration électronique du chlore Cl à l’état fondamental est 1s2


2s2 2p6 3s2 3p5. Les électrons internes se trouvent dans les sous – couches 1s, 2s
et 2p, tandis que les électrons de valence occupent les sous – couches 3s et 3p.

Compléments.

a) La plupart des métaux de transition ont une sous – couche d incomplète qui
n’appartient pas à la couche externe. Les électrons de cette sous – couche
peuvent aussi participer à des réactions chimiques. En conséquence, on peut
également les considérer comme des électrons de valence.

La structure de la matière.
- 31 -
b) Pour simplifier l’écriture de la configuration électronique d’un atome, on représente
souvent une partie/la totalité des électrons internes avec le symbole du gaz noble
qui a une configuration électronique identique à celle de ces électrons. Ce symbole
doit être placé entre des crochets.

Voici, par exemple, une écriture simplifiée de la configuration électronique du


chlore Cl à l’état fondamental : [Ne] 3s2 3p5.

6. Les liens entre la configuration électronique des atomes


et le tableau périodique.

6.1 La configuration électronique et la position des éléments dans le tableau


périodique.

La classification périodique des éléments a été élaborée de manière empirique


en 1869. D’autre part, la configuration électronique des atomes est déterminée
au moyen d’un modèle théorique élaboré à partir de 1913.

Néanmoins, il y a une correspondance entre la position des éléments dans le tableau


périodique et l’ordre de remplissage des niveaux d’énergie : généralement, la position
d’un élément est liée à la dernière sous – couche partiellement ou totalement remplie
à l’intérieur des atomes de cet élément. Toutefois, il y a quelques exceptions dans les
lanthanides et les actinides.

En fonction de la nature du niveau en cours de remplissage, on définit des blocs s, p,


d et f dans le tableau périodique.

bloc s bloc p
1 18
1 1s 2 13 14 15 16 17 1s
2 2s bloc d 2p
3 3s 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 3p
4 4s 3d 4p
5 5s 4d 5p
6 6s 5d 5d 6p
7 7s 6d 6d 7p

bloc f
4f
5f

Schéma du tableau périodique indiquant la dernière couche partiellement ou totalement remplie


dans chaque élément. Les numéros des périodes et des groupes sont indiqués en italique.

La structure de la matière.
- 32 -

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