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Résurgence du projet et premiers travaux des assises du fort (1801-1809)

La face sud en partie et la tour de vigie.


Il faut ensuite attendre le tout début du XIXe siècle pour que la question redevienne d'actualité.
En 1801, profitant d'une courte trêve dans la guerre qui oppose la France au Royaume-Uni depuis
neuf ans déjà, Bonaparte, 1er consul, approuve un nouveau projet qui ambitionne l'édification d'un
fort de 80 mètres sur 40.
Ce fort s'appuie sur les principes de la « fortification perpendiculaire » théorisée par Montalembert,
dont il est un des rares représentants. À l'inverse de la fortification bastionnée, ce fort est en effet
conçu pour opposer frontalement à l'ennemi des canons puissants disposés en casemates pratiquées
dans l'épaisseur des murs percés de 74 embrasures16.
Les travaux commencent dès 1803, avec la construction d'un camp de base sur l'île d'Oléron,
ateliers, zones de stockage des matériaux, etc. : le futur village de Boyardville.
Quant aux travaux en mer à proprement parler, ils commencent en 1804 : le 11 mai, on pose un
premier bloc de rocher de 7 m3 surmonté d'une balise en fer et entouré de blocs rocheux pour
l'assise des fondations, prélevés à l'explosif sur l'île d'Aix, à la pointe de « Coudepont », côté
Nord/Est, et transportés sur le chantier par gabarres. Les travaux se poursuivent dans les mois qui
suivent, mais sont alors ralentis par la modestie des moyens mis en œuvre : les ouvriers et les
navires manquent et ils sont si lourdement chargés que l'un d'eux coule lors d'un transport, avec six
hommes à bord. Quant à la protection du chantier, elle n'est assurée que par un seul navire de
guerre, le brick « Polaski », ce qui impose de tout arrêter en septembre 1804, lorsqu'une escadre
anglaise pointe le nez dans le Pertuis d'Antioche. L'hiver venu, malgré cela, près de 11 000 m3 de
roches ont été déversées sur le site.

Les moyens vont être renforcés l'année suivante et à la fin de celle-ci, 26 000 m3 d'enrochements
seront déjà en place. On construit un premier mur de couronnement afin d'en tester la résistance aux
vagues ; mais le test se révèle négatif, les tempêtes de l'hiver 1805/1806 renversent ou déplacent les
blocs d'un poids insuffisant.

Encore 16 000 m3 de rochers en 1806, la plate-forme est désormais visible à marée basse et on
construit une première assise avec des blocs de 3 m3, emportés par les tempêtes de l'hiver
1806/1807.
La logistique est renforcée une nouvelle fois, en 1807 : on est alors à 27 navires (186 membres
d'équipage) et, au moins, 600 ouvriers. Pour l'assise dont la construction est une deuxième fois
recommencée, les blocs s'étant enfoncés dans le sable, on emploie cette fois des blocs de 10 m3, des
joints à la chaux et de « forts crampons de fer » sur le pourtour. Mais, la masse de rochers est alors
si lourde (60 000 m3) qu'elle s'enfonce de nouveau de plus d'un mètre sous son propre poids,
augmentant ainsi le volume total d'enrochement nécessaire. Et, de nouveau, les tempêtes de l'hiver
1807/1808 infligent de nouveaux dégâts à l'assise. En plus, les salaires des ouvriers n'arrivant plus
(les coûts estimés sont largement dépassés et les crédits suspendus), les ouvriers se mutinent.
Napoléon, sur place en août 1808, révise le projet à la baisse — le projet est réduit à une dimension
de 40 mètres par 20 — et les travaux reprennent en 1809. Le 1er avril, les marins d'une frégate
anglaise qui mitraille les ouvriers s'aperçoivent que le fort n'est pas défendu. S'ensuit alors la
désastreuse bataille des « brûlots », du 11 au 15, au Sud de l'île d'Aix et devant l'estuaire de La
Charente (fleuve), conduisant à la suspension des travaux sur la longe de Boyard6.

Premier projet

Photo satellite de la NASA centrée sur l'emplacement du fort +


Ile d'Aix en haut
Le fort est construit afin de protéger l'arsenal de Rochefort6, l'un des plus prestigieux du pays. La
raison exacte de la construction de ce fort, en sus des batteries de canons disponibles sur les côtes
des différentes îles, est que la portée des canons de l'époque (1 500 m environ) était trop faible au
regard des 5,3 km séparant Aix et Oléron, et qu'il restait donc une zone hors d'atteinte entre les deux
îles14.
Dès la fin de la construction de l'arsenal (1666), la nécessité d'une protection est évoquée : on
envisage la longe de Boyard comme base pour la construction, mais après les différents relevés,
Vauban présentant le projet dit à Louis XIV, en ironisant : « Sire, il serait plus facile de saisir la
Lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne15. »
Ce premier projet en restera donc là.

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