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Février 1941

4 – La bataille de l’Atlantique (et autres mers lointaines)


Alerte aux Ugly Sisters
1er février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Londres, Amirauté britannique – Les services de renseignements britanniques et la
Résistance norvégienne ont repéré les Scharnhorst et Gneisenau dans le fjord de Bergen.
Informée, l’Amirauté comprend évidemment de ce qui se trame. Elle mobilise le Hood, cinq
croiseurs et onze destroyers pour tendre un écran d’interception entre l’Islande et les îles
Féroé. Une seconde force est maintenue en alerte à Scapa Flow avec le King George V, trois
croiseurs, six destroyers et le groupe du Richelieu.

La croisière du Hipper
Atlantique Nord – Le croiseur lourd Admiral Hipper quitte Brest pour une nouvelle croisière
corsaire.

2 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Bergen, 10h00 – Un message de l’Amirauté berlinoise annule l’appareillage prévu le
lendemain. Lütjens est informé qu’il devra profiter de la confusion créée dans les états-majors
alliés par le déclenchement de l’opération Merkur, en Méditerranée, pour tenter le passage en
Atlantique.
Cela laisse au vice-amiral deux bonnes semaines pour parfaire ses préparatifs. Quelques
travaux sur les chaudières sont notamment bien utiles, car leur manque de fiabilité a une
nouvelle fois été remarqué lors du transit à partir de la Baltique. Ce matériel est le cauchemar
des mécaniciens : la pression de fonctionnement des surchauffeurs a été poussée à 50 Bars
pour obtenir de meilleures performances (sur les navires alliés équivalents, elle ne dépasse pas
35 Bars). Il en résulte des ruptures fréquentes des tubes des faisceaux de surchauffe et des
fuites aux brides des collecteurs d’alimentation des turbines. Le pire, pour le personnel de
quart dans les chaufferies, c’est d’imaginer la rupture d’un collecteur lors d’une avarie en
combat : le compartiment immédiatement noyé par de la vapeur à 500 degrés, aucune chance
de survie et une mort atroce.

3 février
La croisière de l’Admiral Scheer
Atlantique Sud – L’Admiral Scheer doit renoncer à passer dans l’Océan Indien, car
l’aventure semble trop risquée devant l’importance des moyens navals franco-britanniques
déployés. C’est le sens du message de l’état-major de la Kriegsmarine reçu par Kranke.
Ce message ajoute qu’une opération d’envergure « sur un autre théâtre d’opérations » devrait
distraire les Alliés et lui faciliter le retour en Mer Baltique. Déçu de ne pouvoir se diriger vers
les “rivages enchanteurs” des îles de l’Océan Indien, Kranke prononce pour son équipage une
allocution à base de nostalgie de la patrie pour leur annoncer leur retour au pays, où ils seront
bien sûr accueillis en héros. « Le Führer a besoin de nous dans les mers froides et je doute,
conclut-il, que nous puissions lui rendre service dans les Mers du Sud, ite missa est. »
4 février
Sur le “front” britannique
Manche – Depuis quelques jours, la RAF tente de reprendre une posture offensive sur le front
du Channel. De petits groupes de bombardiers bien escortés vont tâter les défenses
allemandes – les objectifs ne manquent pas. Il s’agit de harceler les Allemands, de ne pas les
laisser se concentrer sur la Méditerranée ou les actions nocturnes.
L’idée est si bonne qu’elle est vite éventée : la Luftwaffe refuse le plus souvent le combat, ou
réagit violemment – et alors, avec une efficacité redoutable contre les intrus qui remettent en
cause sa maîtrise du ciel.

5 février
Sous dix drapeaux
Atlantique Sud – Le corsaire allemand Thor ravitaille auprès du pétrolier Eurofeld.
………
Maug (nord des îles Mariannes, Pacifique) – Le corsaire Orion et son pétrolier, l’Ole-
Jacob, quittent le lagon. La remise en condition dont a bénéficié l’Orion doit lui permettre de
rester opérationnel pendant six mois. Pendant leur séjour, ils ont reçu la visite des autorités
japonaises et été ravitaillés par les cargos Regensburg et Münsterland qui, venant du Japon,
leur ont apporté eau, nourriture, cigarettes et même un hydravion Nakajima E8N1 acheté par
l’attaché naval de l’ambassade allemande.
L’Orion a reçu l’ordre de passer par la Mer de Corail pour aller écumer la partie orientale de
l’Océan Indien – l’ouest du Pacifique a trop attiré l’attention des Alliés.

7 février
La croisière de l’Admiral Scheer
Atlantique Sud, Point Andalusien, 15°S. 18°W. (au nord de l’île Tristan da Cunha) –
Dernier ravitaillement de l’Admiral Scheer et du Kormoran avec l’Eurofeld avant que le
“cuirassé de poche” ne remonte vers la Baltique.

9 février
Transports en fuite
Ports atlantiques de l’Espagne – Les bateaux de commerce italiens bloqués dans les ports
espagnols de l’Atlantique ont été invités à tenter de gagner un port de France occupée, de
préférence La Rochelle, Bordeaux étant encore insuffisamment remis en état. Le pétrolier
Clizia (3 767 GRT, 11 n.), réfugié à Gijon, va réussir sa tentative.
Trois semaines plus tard, le 27 février, le cargo Capo Lena (4 508 GRT, 12,5 n.), partant de
Vigo, réussira lui aussi l’aventure.

10 février
Des Italiens en Atlantique
La Rochelle – Le Comandante Cappellini est le premier des sous-marins italiens passés en
Atlantique à repartir en mission.

12 février
La croisière du Hipper
Atlantique Nord – Le croiseur lourd Admiral Hipper intercepte un convoi lent sud-nord, le
SL.64S (19 cargos), allant de Sierra Leone vers la Grande-Bretagne. Mais après avoir
endommagé gravement le vapeur britannique Warlaby (4 876 t), qui devra être sabordé, le
Kapitan z.See Miesel croit, écœuré, revivre l’épisode du 25 décembre. Il voit en effet arriver
face à lui trois croiseurs ! Seul change le pavillon, car ce sont des navires français, le CA
Foch et les CL Georges Leygues et Montcalm. Après un duel prolongé à longue portée, le
Hipper réussit à décrocher, légèrement endommagé. Soucieux de ne pas laisser le convoi sans
protection, les Français renoncent à le poursuivre, d’autant que la nuit vient.
Le Hipper n’a pas eu de chance : dès le lendemain, conformément aux décisions prises le 8
février, les croiseurs français, qui étaient déployés en couverture dans la zone, vont retourner
vers l’Afrique du Nord, passant le relais à des navires britanniques rameutés en hâte. Mais les
navires alliés ne sont pas le seul souci de Miesel : la machinerie à haute pression de son
croiseur s’est révélée trop gourmande en carburant et il doit se résoudre à abréger sa mission.

15 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Bergen, 09h00 – Les M-Boots allemands ont commencé leur ballet de déminage pour
nettoyer le fjord de Bergen jusqu’à la mer. Les patrouilles de la Luftwaffe s’intensifient en
mer de Norvège.

16 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Bergen, 07h30 – La météo annonce une sévère dégradation du temps à partir de l’après-midi.
Vent de nord-ouest force 7, avec des grains et des averses de neige pouvant durer et se
renforcer le lendemain. La dépression concerne les zones entre Tamise et Trondheim.
09h00 – Lütjens convoque les commandants des Scharnhorst et Gneisenau pour décider d’un
appareillage dans la soirée. Les avions de reconnaissance seront cloués au sol pour les
prochaines trente-six heures, ce qui accroît les chances de forcer le passage vers l’Atlantique.
De plus, l’opération Merkur doit être lancée le 17, ce qui devrait détourner l’attention des
Alliés.
18h00 – Le Gneisenau, portant la marque du Flottenchef, appareille, suivi du Scharnhorst en
ligne de file. Les deux bâtiments descendent le fjord derrière un paravent de M-Boots.
L’opération Berlin est lancée.

Sous dix drapeaux


Atlantique Sud – Le Thor se ravitaille en munitions auprès du cargo Alsterufer ; il embarque
un millier d’obus de 150 mm et un lot de torpilles.
………
Sud des Iles Salomon (Pacifique sud-ouest) – L’Orion et l’Ole-Jacob pénètrent en Mer de
Corail, toujours à la recherche de cibles, mais en craignant d’être repérés par des patrouilles
aériennes venant de Rabaul et Port Moresby. De fait, un Sunderland les survole de près en fin
de journée et signale la présence de navires suspects. Le capitaine Weyher, sur l’Orion, décide
de quitter les parages immédiatement et met le cap à l’est. Les deux navires se séparent, en se
donnant rendez-vous quelques jours plus tard pour ravitailler afin de contourner la Nouvelle-
Zélande et l’Australie pour enfin rejoindre l’Océan Indien.
17 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Mer du Nord, 00h30 – Les deux croiseurs de bataille allemands font maintenant route au
nord-ouest, face à la houle qui s’est brutalement levée. Le vent a encore forci et certaines
vagues dépassent les dix mètres d’amplitude. La vitesse est réduite à 12 nœuds pour limiter
les effets de la tempête et ne pas subir de casse comme lors de la tentative de décembre 1940.
Mais les étraves des deux vaisseaux enfournent dans la houle et peinent à remonter vers la
surface. En effet, bien qu’ils aient tout deux subi une refonte de leur plage avant en 1939,
avec mise en place d’une nouvelle étrave type “Atlantic”, les coques sont toujours trop basses
sur l’eau et les vagues prises de l’avant déferlent largement jusqu’aux tourelles, risquant
d’endommager les sensibles matériels de tir. Les équipages ont pris l’habitude de laisser en
place les pare-souffle des canons pour éviter les entrées d’eau dans les tourelles.
La nuit est mauvaise pour les marins. Les amples mouvements de tangage alliés aux odeurs de
mazout et à la forte chaleur dégagée par les batteries de chauffage à vapeur ont tôt fait d’avoir
raison des plus jeunes embarqués, surtout habitués à naviguer en Baltique. Les plus anciens
assurent le quart à leur place en attendant qu’ils s’amarinent à l’Atlantique Nord.
………
Océan Arctique, au nord-est des îles Féroé, 10h16 –Le radar du Gneisenau détecte deux
navires, évidemment ennemis, à l’ouest de sa position. Lütjens décide alors de ne pas tenter le
diable et de faire route au nord. La force passera entre l’Islande et le Groënland, car il est clair
que les Anglais l’attendent entre les Féroé et l’Islande.
10h19 – Le radar du croiseur britannique Galatea détecte un écho furtif à l’est. Un corsaire
allemand ? Mais malgré une recherche approfondie, sous la maigre lumière de l’hiver polaire,
aucune confirmation ne peut être apportée. L’amiral Tovey, qui commande la force anglaise,
conclut à une illusion électronique et rentre à Scapa Flow. Là, l’inquiétude règne, car
l’Amirauté française envisage de rappeler le groupe du Richelieu en Méditerranée, en raison
de l’offensive déclenchée par les Allemands et les Italiens contre la Corse…

18 février
Sous dix drapeaux
Atlantique Sud, Point Andalusien, 15°S. 18°W. (au nord de l’île Tristan da Cunha) – Le
corsaire Pinguin a rendez-vous avec le pétrolier Eurofeld, qui doit lui transférer des équipages
de prise formés avec des marins de l’Admiral Scheer et du Kormoran pour armer la flottille de
pêche (trois navires-usines et onze baleiniers) capturée en janvier près de l’Antarctique. Le
capitaine Krüder, du Pinguin, estime en effet que les baleiniers peuvent faire d’excellents
chasseurs de sous-marins et veut les expédier en Allemagne. Le corsaire conserve l’un d’eux
comme navire auxiliaire.
En fin de journée, le cargo Alstertor arrive à son tour. Krüder lui ordonne de conduire la
flottille de pêche dans l’archipel du Prince-Édouard pour effectuer le transfert des équipages.
Les bateaux de pêche mettront ensuite le cap sur les ports de France occupée. La plupart y
parviendront, deux baleiniers seulement seront coulés par la Royal Navy avant d’arriver à
destination.

21 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Océan Arctique, au nord-est de l’Islande, 08h15 – Les Scharnhorst et Gneisenau ont
rendez-vous avec le pétrolier Adria pour faire le plein. Compte tenu de la météo, le
ravitaillement en flèche est délicat (toujours à cause de la plage avant trop basse sur l’eau) et
les deux jumeaux ne peuvent embarquer qu’environ 3 000 tonnes de mazout.

25 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Océan Arctique, 19h54 – Le matrose Liske, qui regagnait son poste de quart au local barre à
bord du Gneisenau, tombe à l’eau. Malgré les recherches lancées aussitôt, il ne sera jamais
retrouvé. Superstitieux, les marins ne tardent pas à y voir un mauvais présage pour la
mission… voire pour le navire lui-même.

La croisière des Amiraux


Détroit du Danemark – Alors que les Scharnhorst et Gneisenau viennent de passer le détroit
d’est en ouest, l’Admiral Scheer et l’Admiral Hipper, qui se sont rejoints en chemin et
naviguent de conserve, profitent du même mauvais temps pour passer sans encombre d’ouest
en est.

Sous dix drapeaux


Atlantique Sud – Rendez-vous entre les corsaires Kormoran et Pinguin au sud de l’île de
Sainte-Hélène. À bord du premier, Detmers attend avec impatience un chargement d’alliage
spécial dont sa machinerie délicate a le plus grand besoin. En effet, son navire, de conception
nouvelle, a été converti en corsaire avant même d’avoir effectué son voyage inaugural.
Avant de se séparer, les deux capitaines conviennent d’une prochaine rencontre le 1er juin
dans l’Océan Indien.

27 février
Le voyage des Vilaines Sœurs
Atlantique Nord, à 200 nautiques de la pointe sud du Groënland, 18h00 – Les
Scharnhorst et Gneisenau naviguent depuis la veille dans les eaux de l’Atlantique. Ils ont
maintenant rendez-vous avec le pétrolier Schlettstadt. La météo s’est améliorée et le
ravitaillement complet sera terminé le lendemain matin. Les opérations contre les convois
vont pouvoir commencer.
L’amiral Lütjens a le choix entre deux terrains de jeu, l’un au nord entre Terre-Neuve et
l’Irlande, sur la route des convois venant du Canada, l’autre plus au sud entre Gibraltar et
Freetown, sur la route des convois venant d’Afrique du Sud et d’AOF. Pour commencer et
puisqu’il est sur place, il décide de se concentrer sur les convois venant du Canada.

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