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PROTECTORAT FRANÇAIS
SUR
LE PORT DE SFAX
TUNIS
hlPRIlIlERI!<: GÉ:NÉRALE1 J. PICARD & C"", RUE AL-D.JAZIRA
La présente notice est extraite de l'ouvrage: "Les Travaux publics
HISTORIQUE
abritée par les îles Kerkennah et par de hauts fonds vaseux qui
ont pour effet de briser les mers les plus violentes.
sion du port de Sfax fut tenté au mois d'août 1893, les ressources
budgétaires du moment ne permettant pas de songer à l'exécution
directe des travaux par l'Etat.
Le programme adressé par l'Administration aux différentes
sociétés qui avaient paru aptes à mener à bien les travaux projetés
comprenait, outre la construction et l'exploitation du port, la cons
truction et l'exploitation d'une voie ferrée de 250 kilomètres de lon
gueur allant de Sfax aux gisements de phosphates de chaux de
Gafsa, l'exploitation de ces phosphates, enfin celle de l'alfa, grami
née qui pousse en abondance dans certaines régions traversées par
pleins avec leur outillage étaient à' établir, en sus des ouvrages
existants.
La Compagnie commença sans retard les études du nouveau
La Compagnie affecta
dragages aux
godets, Sfax, qui avait autrefois servi aux dragages des ports de Sfax et de Meh
dia, et une drague à cuiller à une seule chaîne système « Wild » sortie des ateliers
de Stothert et Pitt de Bath (Angleterre). La première avait une machine de 14
chevaux et pouvait draguer 25 mètres cubes à l'heure; la contenance des godets
était de 75 litres. La drague à cuiller pouvait extraire de 15 à 20 mètres cubes à
l'heure. C'était une grue ordinaire à vapeur installée sur un ponton et actionnant
un seau dragueur à fonctionnement automatique.
Dragages.
-
d'opérations et des fouilles du quai Est. Elle fut employée au grand chenal qu'elle
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Sfax en 188 1 .
et en
1890
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PORT DE SFAX
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tout les conduites de refoulement, fatiguaient beaucoup dès que la houle se faisait
un peu sentir; aussi la drague qui creusait le canal était souvent contrariée par
l'état de la mer, elle ne travaillait guère que trois cents heures par mois, bien que
tout fut installé pour une marche continue de jour et de nuit.
le couteau au fond. L'attaque de ces bancs durs ne pouvait pas se faire sur plus de
Quais.
-
Les murs de quai du port de Sfax ont été constitués par des blocs
artificiels en béton formé de deux volumes de pierres cassées à l'anneau de 0,06
pour un volume de mortier dosé à raison de 350 kilogrammes de chaux hydrau
lique du Teil par mètre cube de sable.
Le béton était pilonné par petites couches dans des caisses-moules en bois sans
fond. Dans l'axe vertical du moule était placé un bout de madrier pénétrant à sa
base dans une petite caisse parallélipipédique en bois. Ce madrier était retiré
après la prise et laissait un vide destiné à l'introduction de la louve en forme
de T employée levage des
au blocs. La caisse inférieure
ménageait l'espace néces
saire pour la louve et permettre à la petite branche horizontale
donner quartier à
du T de saisir le bloc par dessous. Le démoulage ne pouvait se faire qu'après un délai
de deux jours, et les blocs n'étaient employés qu'après trois à cinq mois de fabrica
tion. A Sousse, où la mer est très violente, l'expérience a montré qu'il n'était pas
prudent de descendre au-dessous de quatre mois pour le séchage des blocs, sauf
pendant les trois ou quatre mois de grosses chaleurs où l'on peut abaisser cette
durée à. trois mois et demi; il convient d'ailleurs d'ajouter que, comme à Sfax,
le sable y est calcaire, à grains fins, et, par suite, de qualité médiocre.
Les délais pourraient probablement être un peu réduits avec des matériaux
de très bonne qualité.
La proportion de pierres et mortier indiquée ci-dessus pour la confection du
béton est celle qui est le plus souvent employée en Tunisie. Des blocs ainsi établis
ques mois d'herbes assez touffues et que les coquillages, au contraire, y sont peu
nombreux.
Les blocs étaient levés par une grue de 20 tonnes, sortant des ateliers Merlot
à Paris,dont la volée avait une portée de 7 mètres. La grue circulait sur une voie
de 2m 30, elle était manœuvrée et déplacée à la main. Cette voie de 2m 30 était
placée en
prolongement, puis à l'emplacement d'une file de blocs. Au fur et à me
sure de avancement, la grue enlevait les blocs placés devant elle et ceux des
son
deux files de droite et des deux files de gauche; elle les déposait sur des trucs
remorqués par une locomotive qui circulait sur une voie d'un mètre, établie parallè
lement à la file extrême qui et amenait les blocs à quai. Les voies n'étaient donc
déplacées qu'après emploi complet de cinq files de blocs, soit à peu près 400 blocs.
Pendant l'exécution des travaux, il fut décidé le 17 mars 1896, qu'on fonderait
le quai Nord-Est, spécialement affecté à la Compagnie des phosphates de Gafsa,
à la cote (- 8m80), en prévision d'un approfondissement ultérieur du chenal et du
bassin pour l'accostage des bateaux de fort tonnage. On modifia alors le profil du
quai par l'addition à la base de gros blocs de 27 tonnes également en béton. Afin
de ne pas retarder les travaux, le ciment fut substitué à la chaux hydraulique,
ce qui permit l'emploi des blocs trois semaines après leur fabrication. Le ciment
employé était du Portland de la Société Lafarge du Teil. Le mortier était dosé
à raison de 450 kilogrammes de ciment par mètre cube de sable; les blocs furent
construits au bord même de l'ancien quai pour n'avoir pas besoin de recourir à
une grue de levage analogue à celle dont nous venons de parler, mais plus
puissante.
10-
-
Le quai Nord-Est est constitué par cinq assises de blocs reposant sur une fonda
tion en enrochements déposés au fond d'une fouille préparée à la
drague. Cette
fondation a
reçu 1 d'épaisseur pour
mètre le quai Nord-Est et lm 25 pour le
quai Ouest. Au-dessus des blocs, le mur est constitué par de la maçonnerie faite
sur place, il est terminé par un couronnement en pierre de taille de o'" 60 de lar
geur sur o� 40 d'épaisseur. (V. ci-après, p. 196 le profil type du quai N.-E.)
Une fois sur quai, les blocs étaient soulevés à l'aide de pontons-mâtures et dé
posés au nombre de trois à quatre sur un chaland qui les portait à l'emplacement
des nouveaux quais, où ils étaient repris et mis en place par les pontons-mâtures.
Ceux-ci étaient au nombre de deux, l'un en bois, l'autre en fer. Le premier
d'une force de 20 tonnes, a servi autrefois au port de Sousse; la coque, la bigue
avec ses contrefiches sont en bois, le treuil de levage est actionné par la vapeur;
-bigue est de 4 mètres. Le second, construit par les ateliers Villebrœch à Bruxelles, ,
une portée de 7 mètres et est haubannée par deux tirants articulés en fer, qui re
lient sa partie supérieure à l'arrière de la coque Les pieds sont arrondis et repo
..
sent dans des sabots en fonte de deuxième fusion; deux tendeurs de retenue
2m50 à la minute; la descente avait lieu à la vitesse de 3m50' Les treuils nécessaires
au déplacement étaient mus à la main. C'est cette mâture flottante dont on s'est
servi pour le levage des blocs de 27 tonnes en béton de ciment; il a suffi de ré
duire à 3m90 la portée de la bigue; de plus, on a adjoint aux tendeurs de retenue
deux fortes contrefiches en sapin fixées à la partie supérieure des bras de la bigue
et ayant leur point d'appui inférieur au milieu du pont.
qui avaient été déposés sur le pourtour (enrochements en moellons calcaires des
îles Kerkennah) ; la surface du matelas était réglée par un scaphandrier.
Les blocs étaient arrimés à l'aide des pontons-mâtures dont nous venons de
parler. De longues tringles, montées sur une équerre formant pied, étaient placées
aux angles diagonalement opposés des blocs à immerger.
On imprimait au ponton les déplacements nécessaires pour amener très approxi
-mativement ces tringles dans l'alignement des balises fixes qui indiquaient les
plans de parement des différentes assises des murs de quai. On descendait ensuite
le bloc, qui n'était définitivement mis en place que sur les indications d'un sca
phandrier ; celui-ci dégageait ensuite la louve ayant servi au soulèvement du
bloc. En raison de la difficulté de donner une inclinaison régulière à la fondation,
le fruit des murs de quai fixé à 1/20e a été obtenu par retraites successives des
diverses assises. Le remplissage entre les blocs de la dernière assise, le remblai
en pierraille, l'exécution de la maçonnerie au-dessus des blocs, le couronnement, la
Hanga1·S. -
été construits sur le terre-plein Nord-Ouest. Chaque bâtiment comporte dix fer
mes espacées de 5m 20 d'axe en axe; ils sont entièrement clôturés avec une mu
vices de l'exploitation.
Les magasins furent rapidement édifiés; les fermes étaient montées sur place
à terre, puis levées d'une seule pièce à l'aide de deux chèvres ordinaires de char
pentier et réunies ensuite les unes aux autres au moyen de pannes et sablières;
quinze jours ont suffi à la construction de l'ossature métallique de chaque bâtiment.
Les poteaux verticaux n'ont pas été scellés de suite sur les blocs en béton de
ciment leur servant de base d'appui, en prévision des tassements qui pouvaient
se produire avec des fondations faites sur des remblais récemment exécutés. Ces
Lesbriques factices Ch ciment employées pour les murs et cloisons ont été fa
briquées sur place; elles sont de deux sortes: celles employées pour la murette
et pour les murs des bureaux ont comme dimensions 0,06/�, II/O,28. Le mortier,
dosé à 400 kilogrammes de ciment par mètre cube de sable, était gâché presque
sec. Le moule était rempli sur Om07 environ de hauteur; on comprimait à 2 kilo
Les brique de deuxième sorte mesurent o'" 1 1/0m 25/om 40; elles ont été employées,
posées de champ, pour les murs de la partie occupée par les marchandises.
Comme conséquence des réserves formulées dans l'approbation du projet d'en
semble du port, la Compagnie a construit une nouvelle douane près du nouveau
bassin. Ce bâtiment de 200 mètres carrés de superficie couverte a été terminé en 1898.
PORT DE SFAX
TABLEAU
DÉPENSES FAITES
-
- -
OUVRAGES sur
sur sur
le
capital
le capital les comptes TOTALES
forfaitaire
complémen-
taire d'exploitation
Canalisation d'assainissement ..
8.500 » »
8.500
(1) L'autre moitié de la dépense d'acquisition de ce matériel étant imputée sur le port de Sousse.'
-14-
DESCRIPTION DU PORT
Nord.
Enfin deux bouées lumineuses, l'une à feu rouge, l'autre à feu
blanc placées à 140 mètres l'une de l'autre, jalonnent l'entrée du
chenal d'accès.
obligatoire.
Ouvrages. -
Le zéro
auquel sont rapportées les cotes de profon
deur que nous donnons ci-après est le niveau des basses mers
ordinaires; il est situé à 3m 60 au-dessous d'un repère qui avait été
tracé par le Service hydrographique sur la maçonnerie de l'ancienne
qui a été réalisé pour les autres ports, le zéro des ouvrages n'est
pas le niveau des plus basses mers possibles.
de tirant d'eau;
Deux bouées lumineuses à l'origine du chenal; deux feux de
port feu de direction, à son extrémité, dans le bassin;
et un 12
Outillage. -
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Port de Sfax -
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18-
(1) Une convention et un accord en date du 2 février 1900 intervenus 'entre la Compagnie du
Chemin de fer de Gafsa et la Compagnie des Ports règlent les conditions de la transmission des
marchandises et de la circulation du matériel roulant sur les voies du port.
-
19-
TABLEAU
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DÉSIGNATION DES OUVRAGES :.: LONGUEUR LARGEUR PROFONDEUR SURFACES OBS···
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Bassins
Quais
Terre-pleins
Zone publique des terre-
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pleins N.-E. et N.-O .. »
669'" 75"' »
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Terre-plein Sud ........ 1 268'" 50m »
I)·400m2
Canons .................
7 » » » ))
Bollards ............... 12 » » » »
Organeaux ............. II » )) » »
Remorq
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Renseignements généraux
PORT DE SFAX
ENTRÉES SORTIES
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à l'importation,
Les céréales de toute nature, dont la valeur annuelle est éminem
-ment puisque, nulle en 1895, elle a atteint 1.360.000 francs
variable
en 1897 ; elle est généralement supérieure à 100.000 francs;
125.000 francs;
La houille, dont la valeur, faible naguère, paraît vouloir rester
à l'exportation,
Le blé et l'orge, qui sont sujets à des variations extrêmes; les
quantités exportées, nulles en 1897 se sont élevées à 3.400.000
francs en 1898 pour retomber à 42.000 francs en 1899;
Les huiles d'olive grignons, dont la production est également
et de
barques de pêche.
Un service de remorquage vient d'être installé par l'Etat en
22-
-
remorquage le temps que lui laissent libre ses autres services, soit
à peine 15 jours par mois. Les résultats de cet essai permettront,
il faut l'espérer, d'organiser un service complet de remorquage, en
Port derefuge. -
Pm't de Pêche. -
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neaux., 300 bateaux siciliens d'environ 2.000 tonneaux de jauge et
Travaux en COUTS ou
projetés.
-
calant 8 mètres.
25
-
Taxes obligatoires
T AXE N° 1.
-
TAXE N° 2.
-
par année; .
TAXE N° 4. -
barres ou profilés, non coupés, rails non coupés, tôles laminées de fer ou
d'acier, planes; quadrillées, striées, ondulées ou plissées, non découpées,
ni trouées, ni percées, ni étamées (les tôles galvanisées lorsque leur épais
seur excède de 1 rn/m, sont assimilées aux tôles ordinaires) vieille ferraille
de rebut) ;
Matériaux de construction de (pierres naturelles de cons toutes sortes
27-
au débarquement:
1° pour toute marchandise en provenance de la côte tunisienne;
2° pour toute marchandise de provenance étrangère destinée à être
à!l'embarquement :
pour toute marchandise à destination de la côte tunisienne.
de la deuxième catégorie:
Une tête de boeuf, cheval, mulet, chameau;
Deux têtes de veau, âne; porc;
Six têtes de mouton, chèvre, chevreau.
TAXE N° S'. -
En 2e classe , . : . . . . . . . 2»
En 3e et 4e classes.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
TAXE N° 6. -
)) 20
Taxes (acu/ttatives
TAXE N° 7. -
Tan! du pilotage:
Pour pilotage d'un navire en dehors des eaux du port, quel que soit
le tonnage:
Le jour , 10 »
l.a nuit... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1:; ))
28-
Pour .tout navire mis en quarantaine, ayant pris le pilote à bord, par
journée FR. 10 »
TAXE N° 10.
-
TAXE N° 12.
-
Tanfdu bâchage:
Pour bâchage sur les terre-pleins, gardiennage compris:
Par tonne et par jour . » 10
TAXE N° 13. -
Le jour �:
.
4 50
La nuit .
5 5°
Pour une grue de 3.000 kilos de puissance:
Par heure de travail effectif. . 6 »
sionnaire) . 1 50
Par heure de travait'effectif (les hommes fournis par les intéressés). »
90
Pour tous ces tarifs, le minimum de perception est de quatre heures
pour les engins à vapeur et de une heure pour les engins à main.
Il existe en outre une taxe pour magasinage, une taxe de pesage, un tarif de
remorquage (décret du 3 décembre 1899) et une taxe pour l'usage des voies ferrées
(décret du 25 mars
1900).
-29-
CHARGES
EXERCICES RECETTES EXCÉDENTS
ANNUELLES(1)
1895 ..........................
12·595 51 33.761 3° 21.165 79
1896 ..........................
47.929 29 30.447 78 9.481 51
1899(2) ........................
156.000 » 260.000 » 104.000 »