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La question trans est apparue subitement sur nos radars. On s’aperçoit à cette occasion que ni
l’Ecole de la Cause freudienne, ni l’Association Mondiale de Psychanalyse, ni le Champ freudien
au sens large, n’avaient sur le sujet organisé de discussions à la mesure du problème posé.
La dernière Journée de l’Institut de l’Enfant, en particulier sa séquence trans, et ma réaction
immédiate (et emportée) dans un mail personnel, témoignaient, sur le mode symptomatique, du
défaut d’élaboration d’aucun « Tu peux savoir ce qu’en pense le Champ freudien. » (je me
souviens à ce propos avoir donné jadis dans ma « Théorie de Turin » mon interprétation du «
Scilicet ce qu’en pense l’Ecole freudienne » formulé par Lacan).
Cependant, la récente diffusion par un « Observatoire » d’un texte présenté comme un « Appel »
montrait à l’évidence qu’à l’extérieur au Champ freudien, on était bien plus avancé que nous,
tant dans l’élaboration collective que dans la prise de décision politique. Ceci, indépendamment
du mérite des remarques et objections que plusieurs d’entre nous ont aussitô t élevées au sujet
du texte.
Après les multiples manifestations d’organisations et de personnalités trans suscitées par des
propos tenus lors de l’émission Quotidien du 10 mars dernier, dont celle de Preciado dans le
blog de Mediapart, la publication voici deux jours par Libération d’une vigoureuse tribune de psy
sur la question de l’auto-détermination des enfants se disant trans, laisse prévoir que le débat
entrera prochainement en phase de surchauffe médiatique.
Lacan Quotidien va rattraper dare-dare notre retard à l’allumage. Grâ ce à la remarquable
réactivité des membres de l’Ecole et de l’AMP, je mets avec la rédaction la dernière main à LQ
928, qui sera bien fourni, et tout entier consacré à « La Cause Trans. » Ce qui a été produit par
nous dans l’improvisation (mon entretien avec Eric Marty sur son livre si imprévu) et la plus
grande hâ te (les textes et messages reçus à la suite), une fois regroupé, ordonné et mis en
perspective, se révèle être d’emblée une approximation acceptable d’un « ce qu’en pense… »
digne de ce nom. Cela témoigne en faveur de notre formation, étayée sur l’enseignement de qui
vous savez. Evidemment, il y a encore du chemin à faire. Encore un mois, et nous aurons
beaucoup avancé.
Ne traînons pas. Je dis : « Plus jamais ça ! » Plus jamais le Champ freudien ne doit être pris sans
vert par l’émergence inopinée dans « le débat public » d’une question d’ordre clinique ayant des
incidences sociétales et médiatiques majeures.
Il y a quelque chose qui s’appelle l’actualité, qui se fait jour après jour, et dont déjà Hegel
signalait l’importance pour la pensée. Dans l’espace, le phénomène est désormais d’empan
mondial, et il se développe sans solution de continuité dans le temps. Les retombées de tout
événement sont immédiates sur ce que le premier Lacan désignait comme « le discours universel
», dans lequel il nous invitait en termes pressants à jouer, comme psychanalystes, le rô le auquel
nous appelle ce qu’il nommera plus tard « le discours de l’Analyste. ». Ce discours universel a de
nos jours une présence, une densité, une intensité, une insistance, une extension, inconnues du
temps de Lacan. Il convient de nous rompre décidemment à la discipline des temps nouveaux si
nous entendons rester fidèles à l’orientation donnée dès ses premiers écrits.
Je ne puis prévoir ce que le présent « instant-de-voir » générera comme découvertes et
inventions.
Je vois bien qu’il implique d’accélérer la mise en place de cette Lacan Web Télé, que prépare la
direction de l’ECF depuis quelques mois, et qui aura son répondant dans les autres Ecoles
réunies dans l’AMP.
J’aimerais aussi que l’ECF prenne en charge Le Nouvel  ne, dont la fabrication m’incombait jadis
seul, et le fasse reparaître, au moins une fois par an. LNA était conçu pour assurer notre
participation dans ledit débat public, par des parutions ponctuelles sur des sujets brû lants. La
crise trans est l’occasion ou jamais de le repenser et de le refaire vivre.
Mais tout de suite il faut étoffer Lacan Quotidien.
Il a d’abord besoin d’une couverture permanente de l’évolution et de l’actualité de la clinique
dans toute son étendue. Rappelez-vous que Lacan, en son temps, assignait à son Ecole, dès l’ «
Acte de fondation », la tâ che d’assurer « le commentaire continu du mouvement
psychanalytique. » Pauvre « mouvement psychanalytique » ! Nous nous sommes lassés de
chroniquer le déclin de l’IPA. Seulement, mouvement il y a, et comment ! A l’échelle de masse.
Dans la rue. Dans la société. Dans la « civilisation . »
{Suit une liste de dispositions à prendre immédiatement à la rédaction de Lacan Quotidien).
París, 2 de abril de 2021