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SolidariteFwontalye/SJM

Service Jésuite aux Migrants


Rue Jacques Hellénus, Cité Planteau, Ouanaminthe, Haïti

Groupe de Recherche et d’Appui au Développement Intégré


(GRADI)

DIAGNOSTIC AGRO ECOLOGIQUE DES COMMUNES


DE FERRIER, DE OUANAMINTHE ET DE CAPOTILLE

Avec collaboration des :

Mairies, CASEC, ASEC, OCB

Aout 2014
RESUMEE

Ce diagnostic agro-écologique est élaboré dans le cadre de l’exécution du projet


«Renforcement des capacités des autorités locales et les organisations communautaire de
base (OCB) sur la sécurité alimentaire adaptée au changement climatique dans la frontière
Nord haïtiano-dominicaine ». Suivant les objectifs poursuivis par ce projet, pour mieux orienter
les producteurs dans la préservation des écosystèmes il serait important d’implémenter les
techniques de production agro-écologique et de trouver de marchés potentiels pour écouler
ces denrées biologiques.

En effet, ce diagnostique permet, d’une part, d’évaluer le niveau du savoir faire technique des
agriculteurs dans des zones à haute potentialité d’agroforesterie et d’identifier le goulot
d’étranglement qui empêche l’intensification de cette pratique et d’autre part, d’identifier les
types de marché et d’évaluer leur capacité de commercialisation. En effet, cette étude a été
réalisée au niveau de la commune de Ferrier, de Ouanaminthe et de Capotille. Malgré les
efforts conjugués et les énergies dépensées par les institutions de l’Etat et les ONG, la pratique
des techniques d’agro-écologiques reste à l’état embryonnaire. Dans la frontière, les riziculteurs
haïtiens tendent vers les pratiques dominicaines qui nécessitent l’utilisation à outrances des
produits synthétiques comme les herbicides, les fongicides, les insecticides et les engrais de
toutes formules (12-12-20 ; 20-20-10 ; 15-15-15 ; Urée ; etc..). Dans les rizières aucune
disposition n’est prise pour préserver les écosystèmes édaphiques, aquatiques, aériens. Dans
les communes montagneuses comme Ouanaminthe et Capotille les agriculteurs sont motivés à
pratiquer les techniques d’agroforesteries, mais ils manquent un encadrement technique
adapté pour leur transférer le paquet technique.

De plus, les marchés de commercialisation restent encore dominés par les Madan Sara qui
n’acceptent pas une certaine catégorisation des denrées afin que les producteurs puissent en
tirer une marge de bénéfice beaucoup plus intéressant.

1
AVANT PROPOS
Ce travail est réalisé par un groupe de consultant recruté par GRADI (Groupe de Recherche et
d’Appui au Développement Intégré). Ce groupe de consultant est constitué d’Ingénieur-
Agronome, d’Agroéconomiste et de Technicien Agricole. Ce groupe a été coordonné par
Ingénieur-Agronome Myrva TOUSSAINT, la Coordinatrice du GRADI dans le cadre de ce travail.

Ce diagnostic n’aurait pas pu élaborer sans l’aide et la franche collaboration des membres de
certaines organisations communautaires de base telles : ODGS à Lamine, OFL à Bas-Maribaroux,
OPA à Courjol, KOMPS à Savane Long et TKK à Haut-Maribaroux qui méritent d’être
remerciées.

Les membres des CASEC, ASEC et les Mairies sont également remerciés pour
l’accompagnement accordé aux membres de l’équipe de terrain ;

Nos remerciements s’adresses au staff administratif du GRADI pour ses disponibilités et ses
conseils techniques combien nécessaires pour la rédaction du document ;

Un remerciement spécial pour l’infatigable Directeur Adjoint de la Solidarite Fwontalye du


Service Jésuite au Migrant (SJM/SFw) en la personne Michèl Edouard ALCIME pour son
assistance et sa franche collaboration ;

En effet, le GRADI tient à remercier toutes les personnes qui ont été participées de loin ou de
près pour la réalisation d’un tel travail combien important pour l’amélioration de la sécurité
alimentaire tout en minimisant les impacts du changement climatique dans la zone ;

2
LISTE DES ABREVIATIONS
AFL : Asosyasyon Fanm Latas

ASEC : Assemblée de la Section Communale

CASEC : Conseil Administratif de la Section Communale

CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire

COSOVI : ………..

FAES : Fonds d’Assistance Economique et Sociale

FAO : Organisation pour l’Alimentation et l’agriculture

FENU : Fonds d’Equipements des Nations Unies

GRADI : Groupe de Recherche et d’Appui au Développement Intégré

MARNDR : Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du


Développement Rural

MDE : Ministère de l’Environnement

OCB : Organisation Communautaire de Base

ODGS : Organisation de Développement de Grande savane

OPA : Organisation des Paysans d’Acul-des-Pins

PPC : Peste Porcine Classique

SAU : Surface Agricole Utile

SFw : Solidarite Fwontalye

SJM : Service Jésuite aux Migrants

TKK : Tèt Kole nan Koujòl

3
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Coordonnées géographique des communes..............................................................10

Tableau II : Types de sol dominant dans les 3 communes...........................................................11

Tableau II : Population des communes........................................................................................12

Tableau III : Zones d’agro-sylvo-pastorales..................................................................................15

Tableau IV : Culture et association de culture dominant de la zone............................................17

Tableau V : Calendrier Cultural des communes (Ferrier, Ouanaminthe et Capotille)..................20

Tableau VI : Variation des prix suivant la période........................................................................22

Tableau VII : Type de marchés identifiés dans la zone de l’étude................................................28

Tableau VIII : Marchés potentiels des quatre (4) cultures dominantes.......................................30

4
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS............................................................................................................................. 2

LISTE DES ABREVIATIONS...............................................................................................................3

LISTE DES TABLEAUX......................................................................................................................4

TABLE DES MATIERES.....................................................................................................................5

I.- INTRODUCTION......................................................................................................................... 8

1.1.- Mise en contexte............................................................................................................... 8

1.2.- Problématique................................................................................................................... 8

1.3.- Objectifs du travail.............................................................................................................9

1.3.1.-Objectif général........................................................................................................... 9

1.3.2.- Objectifs spécifiques...................................................................................................9

II.- METHODOLOGIE.....................................................................................................................10

2.1.- Matériels utilisés..............................................................................................................10

2.3.- Méthode de réalisation................................................................................................... 10

III.- PRESENTATION DE LA REGION...............................................................................................11

3.1. Aspect géographique........................................................................................................ 11

3.2.- Aspect climatologique..................................................................................................... 12

3.3.- Aspect démographique....................................................................................................13

3.4.- Aspect environnemental..................................................................................................14

IV.- PRESENTATION DES DIFFERNTS SECTEURS............................................................................18

4.1.- Secteur agricole............................................................................................................... 18

4.1.1.- SAU des exploitations agricoles répertoriées dans la zone.......................................20

4.1.2.- Calendrier saisonnier................................................................................................21

5
4.1.3- Itinéraires techniques................................................................................................22

4.1.4.- Outillage Agricole.....................................................................................................22

4.1.5.- Utilisation des produits agricoles..............................................................................22

4.1.6.- Commercialisation et prix des produits agricoles.....................................................23

4.1.7.- Transformation et conservation des produits...........................................................24

4.1.8.- Principaux contraintes et potentialités.....................................................................25

4.2.- L’élevage.......................................................................................................................... 25

4.2.1.- Situation sanitaire de l’élevage.................................................................................26

4.2.2.- Principaux contraintes et potentialités.....................................................................27

4.3.- Marchés de commercialisation des produits agricoles....................................................27

4.3.1 Différents marchés identifiés dans la zone d’étude....................................................28

4.3.2.- Réseaux de commercialisation des produits agro-écologiques................................30

4.3.3.- Points de vente des 4 cultures dominantes..............................................................31

V.- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS..................................................................................33

VI.- BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................................34

VII.- ANNEXE................................................................................................................................ 35

6
I.- INTRODUCTION

1.1.- Mise en contexte


Le diagnostic agro-écologique des communes de Ferrier, de Ouanaminthe et de Capotille est
élaboré dans le cadre de l’exécution du projet «Renforcement des capacités des autorités
locales et les organisations communautaire de base (OCB) sur la sécurité alimentaire adaptée
au changement climatique dans la frontière Nord haïtiano-dominicaine » dans le but
d’améliorer la situation de la sécurité alimentaire de ces communes vulnérables aux effets
néfastes du changement climatique. Il est élaboré par l’aide des CASEC, ASEC et les OCB
bénéficiaires directes du projet. Ces structures associatives ont été utilisées comme principales
guides et interlocuteurs lors des transects. Ce diagnostic découle de l’observation et des
entretiens réalisés avec les agriculteurs et commerçants des produits agricoles dans les
différents types de marchés. Il permet d’élaborer 4 plans de commercialisation et de
production de quatre (4) produits agro-écologiques et de faire une priorisation des zones a
haute potentiel d’agro foresterie de ces trois (3) communes.

1.2.- Problématique
Depuis plusieurs décennies (1986), le département du Nord-est d’Haïti fait face à de sérieux
problèmes conduisant à la dégradation accélérée de son environnement, de son espace rural et
de ses ressources naturelles. Les conditions économiques particulièrement précaires dans
lesquelles vivent les communautés, expliquent de prime abord cette dégradation accélérée du
département. La grande pauvreté de la population liée à la pression démographique et le
besoin de se loger forcent les ménages à sacrifier les ressources naturelles, à faire pression sur
le sol, en défrichant de plus en plus les espaces boisés. Les terres agricoles se trouvent donc de
plus en plus réduites et menacées.

Or dans le département l’industrie est quasiment négligeable près de 80% de la population


s’attachent à la terre. Cependant, dans ces dernières années, malgré les efforts de l’Etat et des
ONG, les terres sont plus fragiles et plus de 60% des terres sont placées dans les situations de
montagnes à pente forte (40 à 70%) et le régime de pluie souvent violente qui facilite l’érosion
et le glissement de terre. Ce qui contribue à une baisse de rendement à l’hectare des cultures.

7
En effet, les productions sont souvent en dessous de la moyenne et ne répondent pas aux
besoins des familles qui s’appauvrissent de plus en plus. Avec le réchauffement de la terre
(GLOBAL WARMING) produit par le changement climatique la situation devient de plus en plus
cruciale. Les agriculteurs ne savent comment ils doivent agir pour améliorer le niveau de
production des terres. Les saisons pluvieuses ont changé et parfois de grandes sécheresses ont
suivi d’inondation dans les zones de plaine et de tempêtes dans les zones montagneuses.

De cet état de fait, pour apporter une amélioration de cette situation dépravante à laquelle
vivent les communautés du département, Solidarite Fwontalye tient à promouvoir l’agro
foresterie dans des zones bien spécifiques et en mettant l’accent sur la commercialisation de
ces produits biologique.

1.3.- Objectifs du travail


Les objectifs du travail sont de deux (2) types :

 Objectif général ;
 Objectifs spécifiques ;

1.3.1.-Objectif général
 Promouvoir l’agriculture durable dans les communes frontalières du département ;

1.3.2.- Objectifs spécifiques


 Elaborer un diagnostic agro écologique de 3 communes frontalières ;
 Identifier 4 produits agro-écologiques à haut rendement économique dans les 3
communes ;
 Présenter les contraintes et les potentielles agro-écologiques de ces communes ;

8
II.- METHODOLOGIE

La réalisation du diagnostic exige un parquet stratégique et un ensemble de matériels


spécifiques.

2.1.- Matériels utilisés


Les matériels utilisés à la réalisation du diagnostic sont les suivants :
 Plumes, cahiers, pads, classeur plastic ;
 Ordinateur portatif, Caméra numérique, diapositifs ;
 Motocyclette ;

2.3.- Méthode de réalisation


Pour réaliser le diagnostic agro écologique des visites d’observation des entretiens ont été
réalisé sur les différentes habitations des sections communales. Pour mieux observer
techniquement les différents aspects agro-écologiques de la région, des transects transversales
sont réalisés au niveau de chaque commune. En effet, dans chaque commune deux (2)
transects ont été réalisés. Ces transects permettent de collecter les informations suivantes : la
topographie, géologie pédologie, végétation, utilisation du milieu, élevage. Des entretiens ont
été maintenus avec les Coordonnateurs des CASEC, des ASEC et certains agriculteurs retrouvés
sur les jardins. Ces entretiens permettent de collecter les informations sur : les modes de faire
valloire, les rotations et assolement des cultures, mode d’exploitation des ressources ligneuses
(forêts), l’environnement socio-économique et la famille agricole. De plus une recherche
bibliographique a été fait dans le but de trouver des corrélations entre les informations
collectées et celles déjà traitées dans les documents scientifiques et techniques.

9
Transects réalisés dans les communes de Capotille et de Ferrier

III.- PRESENTATION DE LA REGION

La région constituant la zone d’étude est composée de trois (3) communes : la commune de
Ouanaminthe, de Ferrier et de Capotille. La superficie totale de ces trois (3) communes
représente près de 50% de la superficie de la zone frontalière haïtiano-dominicaine de la région
du Nord. Cependant, chacune est caractérisée par ses aspects dermographiques, ses aspects et
ses caractéristiques physiques.

3.1. Aspect géographique


Les trois (3) communes font partie de deux (2) arrondissement. La commune de Ferrier de
l’arrondissement de Fort-Liberté et les communes de Ouanaminthe de Capotille de
l’arrondissement de Ouanaminthe. Cette bloque communale est située dans le département du
nord-est. Elle est limitée à l’Est par la République Dominicaine, à l’Ouest par la commune de
Fort-Liberté, de Vallières et Mont Organisé, au nord par la commune de Fort-Liberté et au Sud
par la commune de Mont Organisé et la République Dominicaine. La bloque compte huit (8)
sections communales dont une section dans la commune de Ferrier, cinq (5) sections dans la
commune de Ouanaminthe et enfin deux (2) dans la commune de Capotille. Les coordonnées
géographiques sont présentées dans le tableau suivant.

Tableau I : Coordonnées géographique des communes

COMMUNE LONGITUDE LATITUDE ALTITUDE (mètre) SUPERFICIE

Ferrier 190,37’ Nord 710,47’ Ouest 8m 70 km2

Ouanaminthe 190,33’ Nord 710,44 Ouest 37 m 199,06 Km2

Capotille 190,27’ Nord 710,42 Ouest 112 m 68,69 km2

Source : données géo spatiales de Google ht

La commune de Ferrier présente une situation de plaine avec un relief moins accidenté son
altitude est de huit (8) mètre. La commune de Capotille est une zone montagneuse avec un

10
relief accidenté et Ouanaminthe à plus de 40% est une zone de plaine (La ville de Ouanaminthe
et la plaine de Haut Maribaroux) et à 60% une zone montagneuse avec un relief quasiment
uniforme.

Les types de sol dominant dans les communes sont l’argile, le limoneux sableux et le
fersialitique sur basalte, très profonde. Les types de sol que présente chaque commune sont
présentés dans le tableau II.

Tableau II : Types de sol dominant dans les 3 communes

Communes Types de sol dominant Relief dominant

Ferrier Argile très profonde Plaine uniforme

Ouanaminthe Argilo sableux Montagneux moins accidenté

Capotille Fasialitique sur basalte Montagneux accidenté

Source : Transect au niveau des sections communes

3.2.- Aspect climatologique


Le climat est caractérisé par le vent, la température et la pluviométrie. Ces données
météorologiques ne sont pas publiées annuellement dans le département du Nord-est. Suivant
la station météorologique du MDE à Ouanaminthe, le vent dominant dans la zone suit la
trajectoire du soleil c’est-à-dire de l’Est à l’Ouest et avec un Nordé au printemps.

La pluviométrie de la zone varie avec les saisons. Ainsi, les agriculteurs de la zone ont signalé
deux (2) grandes saisons pluvieuses : une première qui débute en janvier pour finir en mars et
une deuxième qui commence au cours du mois de mai pour terminer en octobre. Par compte la
pluviométrie annuelle mesurée depuis l’année 2000 est estimée à 1300mm. Cependant, tout a
changé durant ces trois (3) dernières années, dans la zone, avec le réchauffement de la planète
terre (GLOBAL WARMING) les mois pluvieux deviennent les mois les plus sec. Ainsi, durant
l’année 2013 une sécheresse débutait depuis le mois d’octobre pour finir à la fin du mois de
mars 2014.

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Suivant la station météorologique des Frères de l’Instruction Chrétienne à Ouanaminthe la
température moyenne inter annuelle de la zone vers les années 90 est de 26 oC. L’écart de
température entre le mois le plus chaud (juillet: 27,6 oC) et le mois le plus froid (janvier : 24 oC)
est de 3,6. Suite à l’effet du global warming1, de nos jours cette moyenne de température est
estimée à 4,70C2 et de plus le mois le chaud est le mois d’aout avec une température de 28,5 0C
et le mois le plus froid est le mois de février avec une température de 23,80C.

3.3.- Aspect démographique


Les espaces communaux sont occupés par un ensemble d’habitants qui effectue des activités
sociales et économiques rendant ainsi fonctionnel ces espaces géographiques. Cet ensemble
d’habitants forme la population. Ainsi, chaque commune est caractérisée par sa population. Le
tableau suivant présente la population et la densité Chaque commune.

Tableau II : Population des communes

Commune Population Densité population

Ferrier 13315 190,21

Ouanaminthe 96515 484,85

Capotille 17626 256,60

Source : Estimation 2009 IHSI

La commune de Ouanaminthe comprend beaucoup plus d’habitant au kilomètre carrée (densité


de population) soit 484,85 habitant. Ceci est expliqué par l’exode rural résultant de la misère
sévissant dans les zones avoisinantes et la création de la zone franche (COSOVI) entre Haïti et la
République Dominicaine. Ce qui donne la création de divers bidonville appelées cité (guétho)
dans les zones d’extension à ville de Ouanaminthe.

1
Réchauffement de la planète terre observé
par les Scientifiques qui produit le changement
climatique.

2
Station de météorologie du MDE à Dosmond.

12
 Mouvements migratoires

Généralement dans les zones rurales du département du Nord-est, à coté d’une faible
production agricole, l’inexistence de crédits ruraux, la migration accélérée provient de l’absence
de sources diversifiées d’emploi. En effet, les résultats des entretiens réalisés sur les différentes
exploitations agricoles avec les chefs de familles montrent que les habitants de ces trois
communes (Ferrier, Ouanaminthe et Capotille) s’émigrent surtout pour échapper à la faim qui
sévit dans les périodes de longue sècheresse. Ces masses d’émigrés involontaires se sont
transformés, à la République Dominicaine, en salariées agricoles, en dame ménagères pour les
plus chanceuses.

3.4.- Aspect environnemental


L’environnement est caractérisé par la végétation naturelle (forêt) qui est le résultat du
complexe des écosystèmes édaphiques, hydriques et du climat. En effet, la végétation
intercommunale est différente suivant que le climat est de type montagne humide ou
montagne sèche et plaine humide ou plaine chaise.

La commune de Ferrier est caractérisée par un climat de basse altitude et chaud comprend
deux (2) type de végétation. Une végétation xérophytique dans les zones à sol sec et très peu
profond composée de cactus, de Bayaronde et Cambron et une végétation diversifiée dans les
zones à sol humide et profond constitué de fruitier (manguier, avocatier, corossolier,
quenepier) et d’arbres forestiers (Bois d’Orme, Calebassiers, Saman, Olivier, Chêne).

La commune de Capotille a un climat de montagne sèche dont la végétation spontané est


surtout constituée des arbustes et des herbacée et de strates d’arbres fruitiers (Manguier,
Avocatier, Pamplemoussier, arbre à pain séminifère et pommier) et d’arbres forestiers
(Campêche, flamboyant, bois d’orme, Caïmitier…). Cependant, au niveau de la deuxième
section Lamine est surtout caractérisée par un climat de montagne humide et ce climat est
descellé dans les habitations situées en zone de piedmont. Cette section est caractérisée par
une végétation plus ou moins dense avec une canopée discontinue. Cette végétation est
constituée d’arbres forestiers et fruitiers mais les plus remarquables sont : le manguier,
l’avocatier, le pommier, le corossolier etc.

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La commune de Ouanaminthe est classée au même rang que les deux autres communes Ferrier
et Capotille une zone à climat de montagne sèche (Savane Long) une zone à climat de plaine
humide (Haut Maribaroux et le centre ville) et une zone à climat de montagne humide (Gens de
Nantes, Savane au lait et Acul-des-Pins). La végétation de ces trois (3) types de zones
déterminées, en fonction du climat, ne sont pas différentes des zones dans les communes
précitées. Cependant, le type de sol retrouvé à Capotille dans la zone à climat de montagne
sèche est différent du type de sol retrouvé à Savane Long. Le sol de Savane Long est de couleur
grise et sableux tandis que celui de Capotille est couleur rouge. A Acul-des-Pins, la canopée de
la végétation dense est continue dans la majeur partie des cas qui est différente de celle de
Lamine.

Végétation xérophytique dans la commune de Ferrier

Diapositif des deux (2) végétations à Ferrier

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La végétation xérophytique est située, sur ce diapositif, à gauche de la rivière Lamatrie et la
végétation diversifiée est à gauche de la rivière.

La zone sèche à gauche de la rivière et la zone humide de Ferrier à droite de

Zone sèche de la commune de Capotille (section welche)

 Zone d’agro-sylvo-pastorale

En fonction du type de climat et de la végétation, dans la zone d’étude (Ferrier, Capotille et


Ouanaminthe), comprend trois (3) zones d’agro-sylvo-pastorale. Ce tableau présente ces
différentes zones identifiées à travers les communes.

Tableau III : Zones d’agro-sylvo-pastorales

Communes Sections communales Habitation

Ferrier Bas-Maribaroux Mérande, Bedou, Lattasse, Ponigot

Acul des Pins Toute la section

Ouanaminthe
Savane au Lait Toute la section

Gens de Nantes Toute la section

Capotille Lamine Toute la section

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Dans ces sections les agropasteurs pratiquent les techniques sylvicoles en utilisant une partie
de leurs parcelles pour la plantation des arbres fruitiers et forestiers. Ce qui confère à ces
différentes habitations une végétation luxuriante et du même coup protéger et préserver les
différents écosystèmes de la zone.

Zone d’agro-sylvo-pastoral à savane Long

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IV.- PRESENTATION DES DIFFERENTS SECTEURS

Suivant les objectifs de ce diagnostic thématique les secteurs sont représentés par le secteur
agricole et le secteur de la commercialisation des produits agricole.

4.1.- Secteur agricole


L’économie de la zone repose sur les principaux axes de développement suivant : l’agriculture,
l’élevage, l’exploitation du bois, la vente des produits agricoles et le commerce clandestin entre
haïtiens et les dominicains. Par contre, l’agriculture de ces trois (3) communes est caractérisée
par les cultures suivantes : le riz, le maïs, le haricot, la banane, le manioc, l’igname, le pois
Congo, l’arachide, le noix d’acajou et la canne à sucre. Le tableau suivant présente les cultures
dominantes et les associations de culture par commune.

Tableau IV : Culture et association de culture dominant de la zone

Communes Cultures dominantes Associations de culture

Ferrier Riz Pois nègre – Maïs - Arachide

Maïs - Pois Congo - Patate

Ouanaminthe Arachide ; Pois Congo ; manioc Arachide - Pois Congo - Manioc

Maïs – Haricot

Maïs – Pois Congo - Manioc

Capotille Arachide ; manioc ; Pois Congo Arachide – Pois Congo – Manioc

Maïs – Pois nègre – Manioc

Igname – Manioc – Pois Congo

Les saisons pluvieuses qui déterminent les périodes de plantations. Dans certaines exploitations
les chefs d’exploitations pratiquent la culture pure. Dans la commune de Ferrier le riz est
surtout cultivé en culture pure sur de grandes exploitations tandis qu’à Ouanaminthe, et à
Capotille l’arachide est la culture qui occupe la plus grande partie de la SAU.

17
Les techniques d’exploitation des terres sont vraiment archaïques facilitant la dégradation de la
couche arable. Dans les zones de plaine comme Ferrier les agriculteurs utilisent des insecticides
et des herbicides même dans les parcelles non irriguées. Dans des parcelles irriguées les
riziculteurs utilisent les engrais synthétiques et les autres produits de luttes contre les ravageurs
sans tenir compte des doses d’application. En conséquence les terres deviennent de plus en
plus salines et des baisses de rendement considérables ont été enregistrées.

Les agriculteurs de la zone ne pratiquent pas l’assolement et une bonne rotation culturale qui
facilite la préservation de la fertilité des sols. Dans la plus part des sections communales les
terres sur des pentes à plus de 40 à 50% des pentes et sans aucune structure de protection de
sol.

Association de manioc-Pois Congo-Maïs à Gens de Nantes

18
Arachide en culture pure à Savane Longue

4.1.1.- SAU des exploitations agricoles répertoriées dans la zone


Le recensement agricole effectué par le MARNDR dans le département du Nord-est présente les
résultats sur le fonctionnement des exploitations agricoles dans le département.

Suivant la FAO une exploitation agricole est une unité économique de production agricole
soumise à une direction unique, comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre
utilisée entièrement ou en partie pour la production agricole, indépendamment du titre de
possession, du mode juridique ou de la taille. En considérant cette définition, la commune de
Ouanaminthe compte 8794 exploitations agricoles dont la superficie totale représente 21,1%
de la SAU du département, dans la commune de Ferrier la superficie totale des exploitations
représente 4,4% de la SAU totale et dans la commune de Capotille la SAU totale représente
5,5% de la SAU totale du département. La SAU moyenne d’une exploitation agricole au niveau
du département est de 0,9 carreaux1.

1
Résultat du Recensement Agricole
du Nord-est réalisé par le MARNDR

19
Une exploitation agricole à Savane Longue

4.1.2. - Calendrier saisonnier


Dans la zone le calendrier cultural n’est pas vraiment différent d’une zone à l’autre. Les
différents itinéraires techniques sont présentés dans le tableau suivant.

Tableau V : Calendrier Cultural des communes (Ferrier, Ouanaminthe et Capotille)

Mois J F M A M J J A S O N D
Culture
Riz Pl1 Rec1 Pl2
Rec2

Banane Plantation pendant toute l’année et la durée culturale dure 6 mois


Canne à Plantation pendant toute l’année et la durée culturale dure 7 mois
sucre
Haricot Rec Pl
Maïs Pl1 Rec Pl2 Rec2
Manioc Plantation pendant toute l’année et la durée culturale dure 6 mois
Pois Congo Pl Rec
Maraîchères Pl Rec
Patate Pl Rec
Arachide Pl Rec
Vigna (pois Pl Rec
nègre)
Legendre du calendrier

20
Pl : Plantation Rec : Récolte
Pl1 : 1ère plantation Rec1 : 1ère Récolte
Pl2 : 2ème plantation Rec2 : 2ème Récolte

4.1.3- Itinéraires techniques


La succession des opérations culturales n’est pas aussi différente d’une commune à l’autre. Elle
comprend la préparation des sols, le semis, l’entretien des parcelles consiste à désherber, à
biner et dans le cas du riz à asperger. Les travaux de préparation de sols se font généralement à
environ un mois et demi précédant l’arrivée de la saison des pluies. Ils s’effectuent
normalement avant le semis/plantation. Les exploitants utilisent beaucoup d’engrais minéraux,
d’hormones synthétiques accélératrices de la croissance dans le cas du riz.

4.1.4.- Outillage Agricole


Dans le département du Nord-est les agriculteurs veulent passer des outils aratoires et
archaïque aux outils mécanisés et moderne. Dans les zones de plaines comme Ferrier et une
partie de Ouanaminthe les techniques de préparation de sol et les récoltes dans les rizières sont
complètement moderne. Les agriculteurs utilisent les motoculteurs pour la préparation de sol
et la moissonneuse batteuse pour récolter le riz. Cette modernisation est pratiquée à un rythme
accéléré dans les zones de plaine dans le département. Vu la faible superficie des parcelles
cette modernisation pourrait être décapitalisée les familles en diminuant considérablement le
rendement économique net.

A Capotille, comme dans la partie montagneuse de la zone la préparation de sol, surtout pour
les plantations d’arachides, est réalisée au moyen des attelages de bovins. Et la récolte par les
techniques traditionnelles.

4.1.5.- Utilisation des produits agricoles


Dans les trois (3) communes 75% de la récolte est commercialisée, moins de 20% pour
l’autoconsommation de la famille et 5% constituent les grains utilisés comme semence pour la
prochaine campagne. Le revenu monétaire dégagé est utilisé pour les soins de santé humaine,
l’achat de vêtements, l’augmentation du capital foncier de l’exploitation, l’augmentation du

21
cheptel de l’exploitation, l’écolage des enfants et d’autres services nécessaires au
fonctionnement des ménages.

4.1.6.- Commercialisation et prix des produits agricoles


Le principal marché utilisé pour écouler les denrées est surtout le marché de Ouanaminthe.
Toutefois, en période de grandes activités agricoles, certains agriculteurs préfèrent
commercialiser avec les Madan Sara1 qui achètent les produits même aux champs. Certains
agriculteurs vendent directement leurs denrées au marché d’où le rôle principal des femmes
dans l’agriculture. Sauf à Capotille, les femmes, chef de familles monoparentales, jouent le
fameux rôle en milieu rural, chefs des exploitations agricoles.

Les prix des produits agricoles varient suivant qu’on est en période de récolte ou en période de
soudure. Le tableau suivant présente les variations de prix des produits agricoles.

Tableau VI : Variation des prix suivant la période

Produits Unité Niveau des prix Prix en gourde Période


Pois Congo Marmite + élevé 125 Mai et novembre
+ bas 75 Janvier et juin
Patate Panier + élevé 175 Octobre et février
+ bas 100 Mai et juin
Haricot Marmite + élevé 125 Novembre et
Décembre
+ bas 50 Janvier et février
Maïs Marmite + élevé 60 Novembre et
Décembre
+ bas 20 Février et Mars
Lait Bouteille + élevé 11,25 Toute l’année
+ bas 10,60 Toute l’année
Riz Marmite + élevé 75 Janvier à mai
non + bas 50 Juin et août
décortiqué
Vigna (pois nègre) Marmite + élevé 65 Février et mars
+ bas 35 Mai et juin
Arachide Marmite + élevé 70 Janvier et février
+ bas 25 Juin, juillet et août
1
Des acheteurs grossistes qui achètent
Les denrées à l’état brut aux champs.

22
Manioc Panier + élevé 100 Novembre et
Décembre
+ bas 60 Mars et avril
Source : plan de développement des communes

4.1.7.- Transformation et conservation des produits


Mise à part la commune de Ferrier et la section communale de Haut-Maribaroux comprenant
des centres de traitement du riz avec des moulins moderne les autres sections de Ouanaminthe
et la commune de Capotille n’ont pas de structures à proprement parler de transformation et
de conservation des produits agricoles. Des ateliers de transformation d’arachide en mamba et
du manioc en cassave et les sous produits ont été identifiés.

Comme moyens de conservation post-récolte des produits, les exploitants utilisent des
procédés traditionnels (sacs, paniers, des drums, au sol, etc.) dans le cas des grains (haricot,
arachide, maïs, Pois Congo). Le maïs en épis se conserve généralement sur des arbres ceinturés
à l’aide de tôle afin de limiter l’accès aux rongeurs, mais toutefois attaqué par des oiseaux
sauvages. Le procédé utilisé comme technique la conservation des grains est le séchage solaire.
L’exploitant qui dispose de grands moyens économiques, réserve un espace dans sa maison
spécialement destiné au stockage des denrées de l’exploitation. Quant aux fruits, les pertes
post-récoltes sont parfois exagérées car les exploitants n’ont pratiquement pas de
connaissances dans le domaine.

Moulin de maïs et de riz à Gens de Nantes

23
4.1.8.- Principaux contraintes et potentialités
Les principales contraintes relevées sont au niveau du système agricole:

 Absence d’encadrement technique ;

 Synchronisation de la modernisation de l’outillage et la superficie des exploitations ;

 Indisponibilité des produits phytosanitaires ;

 Gaspillage de certains produits agricoles ;

 Inexistence de crédit agricole

 Faiblesse des structures de transformation des produits.

Toutefois la zone contient des potentialités qui peuvent être utilisées comme atout pour
redresser la situation sociale et économique des gens.

 Disponibilité de la force de travail ;

 Centre de fabrication de compost/engrais organiques

 Disponibilité des terres ;

 Possibilités de transformation des fruits ;

 Disponibilité d’eau et présence de surfaces irriguées

4.2.- L’élevage
A coté de la production végétale, l’élevage des gros et petits bétail représente une part
importante dans l’agriculture paysanne pratiquée dans ces trois communes. Il est une source
de revenue assez importante et est complémentaire à la production végétale au niveau de
l’exploitation agricole.

Les principales espèces qui forment le cheptel des agriculteurs sont les suivantes: les bovins, les
caprins, les équins, les porcins et les volailles (poule, dinde et pintade). Les animaux de
compagnie (chien et chat) sont rarement rencontrés. Les bovins, en plus de la production de
viande et de lait, ils sont utilisés dans l’attelage pour actionner les charrues lors de la
préparation de sol.

24
Le type d’élevage dominant dans la zone d’étude est traditionnel où deux (2) modes d’élevage
sont pratiqués : L’élevage à la corde et l’élevage libre. Le mode d’élevage à la corde est pratiqué
pour toutes les espèces d’animaux même pour les volailles en période de semis et floraison de
certaines cultures comme le haricot (Phrasaelus Spp), le pois nègre (Vigna Inguiculata), le pois
congo (Cajanus Cajan).

En saison de grandes activités agricoles, les agriculteurs sont se transformés en agro-pasteurs.


Les animaux sont la corde et ils font avec eux le tour de la parcelle et parfois s’est déplacé de
longue distance pour trouver assez de fourrage pouvant alimenter le cheptel. A Ferrier les
bovins les caprins et les équins sont élevés en liberté dans de grand pâturages sans le contrôle
de l’éleveur. Seule en période de grande sécheresse ils sont à la corde afin qu’ils soient
alimentés sur les jachères de riz à Bas-Maribaroux.

4.2.1.- Situation sanitaire de l’élevage


La situation sanitaire est, par ailleurs, préoccupante pour les éleveurs. Selon des informations
recueillies auprès des éleveurs, le taux d’incidence de certaines maladies est beaucoup plus
élevé à l’intérieur d’une espèce qu’entre espèces différentes. Les maladies rencontrées sont
surtout la Peste Porcine Classique (PPC) chez le porc, le New Castle, le Gumboro et des cas de
grippe aviaire chez les oiseaux de basse cours (poule), la diarrhée et le Charbon chez les petits
et gros ruminants (caprins, ovins et bovin). Certains animaux vecteurs et/ou réservoirs de
certaines maladies, ont été identifiés: la mangouste et la chauve-souris pour le virus de la rage,
la ‘‘lucilie bouchère’’ ou mouche à verres dite encore mouche vorace pour la myiase. Ces
vecteurs occasionnent la maladie sinon affaiblissent le Système Immunitaire de l’animal, ce qui
le rend plus vulnérable à d’autres pathologies. Quoique les résultats ne soient pas
généralement satisfaisants, pour soigner les plaies infestées par la lucilie, les éleveurs ont
recours à certains mélanges comme : pelures d’orange amère, alcali et gazoline.

Désireux de donner un certain encadrement dans la zone, en matière de prévention de


maladies ou de soins vétérinaires préliminaires, le Ministère de l’Agriculture et des Ressources
Naturelles (MARNDR) a formé des agents vétérinaires disséminés à travers les différentes
sections communales. Ces agents ne sont généralement pas opérationnels en raison d’une

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mauvaise gestion du stock de médicaments. Ainsi, l’Agent assume son approvisionnement et
décide lui même du prix de la dose en fonction de l’espèce et du stade d’évolution de la
maladie.

Deux (2) laiteries ont été identifiées dans la zone une à Ouanaminthe et l’autre à Ferrier. Ces
laiteries sont appuyées par le VETERIMED dans son programme de Lèt AGOGO et sont
responsables de la conservation et la transformation. Ainsi, ces laiteries commercialisent le lait
sous forme de lait pasteurisé et sous forme de yaourt.

4.2.2.- Principaux contraintes et potentialités


Les Contraintes liées au système d’élevage sont en résumé

 Absence d’encadrement technique;

 Présence de parasites externes et internes, et de certaines maladies (diarrhée, New


castle, PPC...)

 Insuffisance de soins vétérinaires;

 Faible performance zootechnique des races ;

Les principaux atouts liés à l’élevage concernent :

 Disponibilité d’espace ayant de grande potentialité d’élevage ;

 Motivation des éleveurs ;

 Disponibilité d’aliments.

4.3.- Marchés de commercialisation des produits agricoles


La commercialisation des produits agricoles se font surtout dans les marchés ruraux régionaux
et les marchés urbains situés dans les villes avoisinantes des exploitations agricoles.
Généralement, les femmes au niveau des exploitations agricoles sont responsables de
l’écoulement des denrées et les volailles, les hommes eux sont, le plus souvent, responsables
de la vente de gros bétails (Porc, Bœufs, cheval etc..). Pour dénombrer le nombre de marché
rural et le nombre de marché urbain il est important de caractériser chacun de ces marchés.

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 Marché rural : par définition le marché rural est, pour certains, une marché qui s’établit
dans une section communale où il n’y a pas de maire, pour d’autre le marché rural est
un marché qui s’établit dans une agglomération dont la population est plus petite de
2500 habitants. Dans le cas de cette étude un marché rural est un regroupement de
vendeur de produits agricoles et dont les principaux acheteurs sont des Madan Sara.
Ainsi, il peut être un marché de consommation, regroupement, un marché de
production.

1. Marché de consommation : Un marché de consommation est un marché situé


dans les agglomérations rurales ou urbaines plus ou moins importantes, sur
lesquels les principaux vendeurs sont les Madan Sara urbaines ou régionales et
les détaillants, et les acheteurs sont prioritairement des consommateurs
s’approvisionnant en vue d’une utilisation finale des produits achetés.

2. Marché de regroupement : Un marché rural est de type de regroupement quand


les produits dominants retrouvés sont de provenance diverse et vendus surtout
par un premier niveau d’intermédiaire (Madan Sara locales) et collectés en
grande quantité par les intermédiaires externes à la zone (Madan Sara régionale
ou urbaine) les acheminant vers les villes. Ces marchés sont situés dans les zones
à routes carrossables et sont généralement accessibles aux camions de
transport. Ces marchés peuvent être de gros ou de détail selon les niveaux de
transaction qui s’y opèrent.

3. Marché de production : Un marché est de type de production s’il est situé dans
la zone de production d’une ou de plusieurs denrées dont la commercialisation
est davantage assurée par les producteurs.

4.3.1 Différents marchés identifiés dans la zone d’étude


Suivant le CNSA le nombre de marché rural identifié dans le département du Nord-est est
estimé à 10. Dans la zone du travail (Ferrier, Ouanaminthe et Capotille) quatre marchés ont été
répertoriés. Le tableau suivant présente les différents types de marché et leur localisation.

27
Tableau VII : Type de marchés identifiés dans la zone de l’étude

Commune Section communale Types de marché Jour de marché

Ferrier Bas-Maribaroux Marché de regroupement Mardi

Acul-des-Pins Marché de regroupement Mercredi

Ouanaminthe
Gens de Nantes Marché de regroupement Lundi ; Jeudi

Savane au Lait Marché de production Indéterminé

Capotille Capotille Marché de production Mardi

Les jours de marché varient avec la zone. Comme le montre le calendrier des prix des produits
agricoles, les prix varient d’une zone à l’autre suivant qu’on est période de récolte ou en
période de soudure.

Généralement les jours de marché de production ne sont pas déterminés. Dans la zone d’étude
les marchés de production sont réalisés en bordure de chemin et dont les vendeurs sont
dispersés ça et là aux alentour de la route principale donnant accès à la zone.

Jour de marché à Gens de Nantes

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Marché en bordure de chemin à Savane au Lait

4.3.2.- Réseaux de commercialisation des produits agro-écologiques


Le réseau commercial des denrées de la zone est constitué par un ensemble de marchés
régionaux ou urbains. Les produits sont vendus par les producteurs, soit aux champs ou dans
les marchés locaux, aux grossistes appelés Madan Sara. Ils sont les principaux intermédiaires
entre les agriculteurs producteurs et les consommateurs potentiels. Ainsi, suivant les entretiens
avec les producteurs les circuits de commercialisations des denrées est le suivant :

Ferrier Trou du Nord ;

Ferrier Ouanaminthe Cap-Haïtien ;

Ferrier République Dominicaine ;

Capotille Ouanaminthe Port-au-Prince ;

Capotille Ouanaminthe Cap-Haïtien

Ouanaminthe République Dominicaine ;

Capotille République Dominicaine ;

Une partie de la production du riz à Ferrier est commercialisée directement en République


Dominicaine avec les Madan Sara dominicain, l’autre partie de la production du riz et les autres
denrées sont commercialisées avec les grossistes de Ouanaminthe et du Trou-du-Nord. De

29
même que les agriculteurs de Capotille vendent une très grande partie de la production
d’arachide aux Sara dominicains et l’autre partie à Ouanaminthe.

Malgré les grandes campagnes de motivation et de sensibilisation les agriculteurs ne cessent


pas de commercialiser de façon clandestine les produits agricoles avec la République
Dominicaine. 60% de café produits et de Pois Congo sont vendu avec les Madan Sara
dominicain.

4.3.3.- Points de vente des 4 cultures dominantes


Les quatre (4) cultures dominantes dans les communes sont les suivantes : l’arachide, le pois
congo, le manioc et le riz. Mise à part la commercialisation clandestine de ces produits avec les
Sara dominicains, il existe, pour ces produits, de marchés potentiel dans la région. Le tableau
suivant présente les points de vente de ces denrées.

Tableau VIII : Marchés potentiels des quatre (4) cultures dominantes

Produits dominants Marché Prix des produits Jours de marché

Trou-du-Nord Lundi

Riz
Ouanaminthe Mardi - Samedi

Ouanaminthe Samedi - Mardi

Pois congo
Terrier- Rouge Vendredi

Ouanaminthe Samedi - Mardi

Arachide
Trou du Nord Lundi

Acul- des-Pins Mercredi

Manioc
Ouanaminthe Mardi

Fort-liberté Jeudi

30
Le prix des produits varient avec les périodes. Suivant qu’elle est une période de grande
plantation et/ou de soudure les prix augmentent et descendent en période de récolte. Ces
marchés régionaux (Ouanaminthe et Acul-des-Pins) et départementaux (Trou du Nord, Terrier-
Rouge et Fort-Liberté) permettent d’écouler les produits sous plusieurs forme. Le manioc est
vendu après transformation et conservation sous forme de cassave, l’arachide et le pois congo
après le séchage et la mise en sac, le riz après le décorticage (riz blanc) et en pardi après le
séchage, mais les Madan Sara dominicain achète le riz aux champs au moment de la récolte.

4.3.4.- Potentialités et contraintes de commercialisation des denrées

Les principales contraintes liées à la commercialisation et à la commercialisation de ces produits


sont les suivantes :

 Absence de contrôle d’hygiène des produits ;

 Emballage des produits (Cassave, riz et mamba) ;

 Instabilité de l’offre ;

 Faible capacité de conservation et de transformation ;

Toutefois la zone présente certaines potentialités qui pourraient être exploitées afin
d’intensifier la production agro écologique de ces quatre (4) cultures et de les commercialiser
sans de grands problèmes. Ces potentialités sont les suivantes :

 Volonté des agriculteurs ;

 Etat des réseaux routiers même en périodes pluvieuses ;

 Productivité des terres cultivables ;

31
V.- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Ce diagnostic agro écologique est réalisé dans le cadre de l’exécution du projet financé par
CHRISTIAN-AID dans le but de renforcer la capacité des acteurs locaux (autorité locales et OCB)
afin de diminuer les impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire. En effet,
suite au changement climatique les agriculteurs de ces quatre (4) communes sont aux aboies
car les saisons ont changés, l’eau devient de plus en plus rare, de longues périodes de
sécheresse se sont succédées par des inondations. Ils ne savent comment devoir agir afin de
mitiger ces risques et désastres qui, en quelque sorte, entravent la production agricole et par la
suite la sécurité alimentaire des populations. Pour apporter une amélioration à l’insécurité
alimentaire qui sévit dans ces communes, selon certains intervenants, il faut :

 Identifier les mois pluvieux et les vulgariser à travers le département ;

 Adapter l’outillage agricole dans le contexte local ;

 Intensifier l’agroforesterie dans les zones comme Acul-des-Pins, Savane-au-Lait, Gens-


de-Nantes, Lamine et à Bas-Maribaroux ;

 Etablir un plan de commercialisation des cultures ;

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VI.- BIBLIOGRAPHIE

Pour élaborer ce diagnostic, en plus des transects et entretiens sur le terrain, un ensemble de
document ont été consulté. En effet, la liste des documents est présentée là-dessous.

 Plan de Développement de la Commune de Ferrier (FAES, 2010 ; 40 pages + Annexe);

 Plan de Développement Actualisé de la Commune de Capotille (FENU, 2012 ; 45 pages +


Annexes) ;

 Plan de Développement de la Section d’Acul-des-Pins (FAES, 2005; 47 pages + Annexe) ;

 Résultats du recensement agricole du département du Nord-est (MARNDR, 2012 ; 70


pages + Annexe) ;

 Paysans, Systèmes et Crises Tome II (FAMV/SACAD, 1993);

 Manuel d’Agronomie Tropicale (FAMV/SACAD, 1980 ; 205 pages) ;

 Les marchés publics d’Haïti (LAGRA Jerry et alliés, 1975 ; 97pages) ;

 Rapport d’étude des marchés ruraux dans les 10 départements d’Haïti (CNSA , 2012 ; 72
pages) ;

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VII.- ANNEXE

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