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Vie des Arts

Carthage, grande puissance du monde antique


Hédi Slim

Volume 18, numéro 73, hiver 1973–1974

URI : https://id.erudit.org/iderudit/57773ac

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Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts

ISSN
0042-5435 (imprimé)
1923-3183 (numérique)

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Citer cet article


Slim, H. (1973). Carthage, grande puissance du monde antique. Vie des Arts,
18(73), 15–17.

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Carthage,
grande puissance du
HÉDI SLIM monde antique
Livré à lui-même, sans le secours de
l'histoire, de l'archéologie ou de la littéra-
ture, le visiteur de la Carthage contempo-
w^èm2$Fm$&£
raine aura du mal à voir en cette petite cité
résidentielle, si belle et si paisible, l'héri-
tière d'une colossale métropole antique à
l'histoire terriblement mouvementée.
Contrairement à certaines de ses gran-
des rivales de l'Antiquité, telles Rome ou
Athènes qui, de nos jours encore, occu-
pent les devants de la scène politique, Car-
thage connut une série tragique de dé-
faites et de destructions qui finirent pres-
que par la condamner à l'anonymat. Le
sort se montra, ainsi, particulièrement in-
juste à l'égard d'une cité qui connut plu-
sieurs siècles de grandeur et de gloire.

Des origines illustres

La naissance de Carthage tient à la fois


de l'histoire, de la légende et de la mytho-
logie. Elle fut fondée, semble-t-il, en 814
avant J.-C. par Elissa, princesse tyrienne
que la spoliation et la persécution des
siens poussèrent à chercher refuge en ter-
re africaine. Elle décida avec ces compa-
gnons d'exil de fonder une ville sur un
promontoire facile à défendre et permet-
tant de contrôler le passage entre les deux
bassins de la Méditerranée. L'intérêt ex-
ceptionnel du site sur le plan stratégique
ne pouvait certes pas échapper à des ma-
rins phéniciens dont les ancêtres explo-
raient les côtes nord-africaines depuis la
fin du second millénaire. La naissance de
la ville fut marquée par de multiples diffi-
cultés avec les autochtones. Les coutumes
locales interdisant de vendre aux étran-
gers un terrain plus vaste qu'une peau de
bœuf, la belle et rusée Elissa tourna la
loi en découpant la peau en minces laniè-
res et réussit à acheter autant de terrain
qu'elle le voulait. Mais un roi berbère,
1. Vestiges puniques et byzantins mis au jour sur le flanc sud de la colline de Byrsa, à Carthage.
ébloui par la beauté et l'intelligence de la
princesse, voulut l'épouser coûte que coû- (Phot. Jacques Perez, Tunis)
te, allant jusqu'à menacer la colonie phé- 2. Carte montrant l'Europe occidentale et l'Afrique du Nord (17e ».?).
nicienne d'extermination s'il était écon-
(Phot. H.-Roger Viollet, Paris)

DOSSIER TUNIS-CARTHAGE/15
duit. Partagée entre la fidélité à la mémoire sur le plan romanesque et poétique, car
d'un premier mari et le souci d'assurer la Virgile a pris beaucoup de libertés avec
vie sauve à ses compagnons, Elissa finit l'histoire pour rendre possible la rencon-
par opter pour le suicide par le feu. Ce tre de deux personnages mêlés à la fon-
geste lui valut d'être honorée comme une dation de deux métropoles appelées à se
divinité. disputer l'hégémonie du monde.
Le destin tragique d'Elissa inspira poè-
tes et écrivains. Virgile, le grand poète A la conquête du monde antique
latin, fut le premier à en tirer parti. Asso-
ciant le sort de la princesse à celui d'Énée, Les origines royales de Carthage, les
il en fit l'héroïne de l'Enéide sous le nom circonstances qui entourent sa naissance
de Didon. Après la destruction de Troie, et la signification même de son nom (ville
Énée, fils de Vénus, échappé au désastre, nouvelle, nouvelle capitale) sont autant de
rassemble autour de lui les débris de sa faits qui annoncent un destin exceptionnel.
patrie . . . Déjà, les destins l'avaient choisi Il faut cependant admettre que la cité
pour fonder en Italie un empire appelé à connut des débuts difficiles et quelque peu
ruiner celui de Carthage. Sa divine mère modestes. Reconnaissant un droit d'aînes-
le soutient mais Junon veille sur la cité se à Tyr et à Utique (premier comptoir
d'Elissa. L'amour éperdu de nos deux phénicien en Afrique), elle dut payer tribut
héros ne put rien contre la fatalité et l'in- à l'une et à l'autre et même aux autochto-
trigue des dieux. Enée abandonna Didon à nes avant de réussir à se libérer de leur
son désespoir et Vénus triompha de Junon. emprise puis à les supplanter. Elle fut fa-
En fait, cet épisode n'a de valeur que vorisée en cela par son propre développe-
ment autant que par les cataclysmes et les
CARTHAGE AUJOURD'HUI déboires dont souffrirent les autres.
DES FAITS Tyr, notamment, alla à la dérive: elle 3. Masque punique en terre cuite colorée.
1. L'envahissement rapide de ses sites, sous la
poussée du développement démographique et so- n'échappa aux Babyloniens que pour Carthage, Musée du Bardo.
cial, menace la grande cité punique et romaine. mieux sombrer sous les coups des Perses. (Phot. H.-Roger Viollet, Paris)
De toute urgence, il faut rendre à Carthage sa Carthage hérita alors des possessions oc-
splendeur en relevant ses ruines majestueuses et en cidentales de la malheureuse métropole.
mettant au jour ses vestiges enfouis. Cependant cette remarquable ascen-
2. Malgré le repérage de ses vestiges par les ar- Ce legs, elle sut le faire fructifier. Bientôt sion carthaginoise allait se heurter à la
chéologues du XIXe siècle, l'urbanisation s'est ins- elle fut à la tête d'un vaste empire aux puissance grecque qui, au Ve siècle, était
tallée sur la partie la plus précieuse au point de vue nombreux comptoirs et, peu à peu, elle se à son apogée. Les forces navales puniques
historique. Il n'y a jamais eu de vraies fouilles ar- hissa au rang de puissance redoutable,
chéologiques pour toute la ville s'appuyant sur un furent battues en 480 près d'Himère, en
plan général de recherches systématiques.
capable de jouer les premiers rôles sur Sicile. Cette première défaite constitua un
3. Pour la Carthage punique, les fouilles ont été l'échiquier politique et même d'influer sur tournant dans l'histoire de Carthage et
conduites d'une façon dispersée et, le plus souvent, l'évolution du monde antique. entraîna de nombreux changements dans
au hasard. Les monuments mis au jour demeurent
peu intelligibles, voire invisibles, pour le profane.
Vers la fin du VI e siècle avant J.-C, la le monde punique. Une austérité draco-
Dans la ville basse, un seul sanctuaire, le Tophet, a puissance carthaginoise s'étendait sur nienne caractérisa le mode de vie des
fait l'objet de recherches. Sur les ports, quelques tous les rivages de l'Afrique du Nord, de- Carthaginois de l'époque. Les archéolo-
renseignements existent, mais rien n'est connu des puis la Tripolitaine jusqu'aux côtes atlan- gues ont été frappés par la pauvreté des
bâtiments publics, religieux et privés de cette partie
de la ville. Dans la ville haute — la colline de Byrsa
tiques du Maroc, et sur des zones de plus tombes du Ve siècle en objets importés,
— jusqu'à présent seule la nécropole et quelques en plus étendues de Sicile, de Sardaigne, comme les céramiques corinthiennes et
ruines de maisons datant de la période punique d'Espagne et des Mes Baléares. attiques, les mobiliers égyptiens et autres
tardive ont été dégagées. La localisation de l'acro- Carthage était alors, grâce à cet empire, objets de luxe. Mais l'isolement de Cartha-
pole sur cette colline n'est garantie que par les ge et le tarissement de son commerce par
sources littéraires. Sur le périmètre suburbain, oc-
l'état le plus riche de la Méditerranée oc-
cupé par des villas entourées de jardins, seule une cidentale. Alliée aux Étrusques, autre puis- suite de la mainmise de plus en plus gran-
maison a pu être mise au jour dans la région de Dar sance de l'époque, elle réussit à stopper de des Grecs sur la Méditerranée posaient
Saniat (colline d'Amilcar). Sur les remparts, les fouil- l'expansion phocéenne à la suite de la des problèmes de ravitaillement en den-
les menées jusqu'à présent ont montré une partie rées diverses autrement plus graves que
des fortifications extérieures. Cependant, la totalité
bataille d'Alalia (Aleria, en Corse), en 535.
de leur longueur n'a pas pu être déterminée, et le Chassés de la Corse, les Grecs furent éga- ce manque d'objets de luxe.
problème des fortifications intérieures reste tou- lement éliminés d'Espagne et confinés au Aussi, pour résoudre ces problèmes et
jours à élucider. Dans l'arrière-pays, occupé par des seul golfe du Lion.
villages ou des maisons rurales, une seule villa a
refaire les bases de sa puissance, Car-
été mise au jour récemment, à Gammarth. Carthage déployait une inlassable acti- thage fut-elle amenée à prendre certaines
Pour la Carthage romaine, les recherches ont été vité militaire et diplomatique en vue de mesures. Cantonnée jusque là au littoral
facilitées et très souvent conditionnées par les rui- consolider ses positions et d'élargir les nord-africain, elle se tailla au prix de durs
nes visibles des monuments anciens. Cependant, horizons de son empire. Consciente de combats avec les autochtones un arrière-
seuls des périmètres restreints ont été fouillés de
façon scientifique: on n'a jamais pris en compte
l'irrémédiable déclin des Étrusques, elle pays correspondant à peu près à la Tuni-
l'ensemble de la ville. Il n'existe sur l'organisation chercha l'alliance de nouvelles forces sie actuelle. Cette conquête qui, dit-on, eul
de la ville que la carte des communications établie montantes. Trois traités, dont le plus an- le don de transformer les Carthaginois de
par P. Salama et le plan tramé dressé par Ch. Sau- cien remonte à 509 avant J.-C, devaient la «Tyriens qu'ils étaient en Africains», s'avé-
magne. Pour fonder un plan d'urbanisme de la côte
nord qui valorise le site antique, on ne dispose que
lier à Rome. Mais il est curieux de noter ra très enrichissante pour l'économie el
de ces éléments, en l'état actuel des travaux. qu'une certaine méfiance régnait dans les l'armée puniques, grâce à une production
C'est pour cette raison que, sans attendre les ré- rapports entre ces deux alliées, appelées agricole abondante et à l'apport de nom-
sultats définitifs des fouilles à grande échelle, il était il est vrai, par la suite, à s'affronter en un breux contingents militaires de haute va-
nécessaire de procéder, dès le premier trimestre de choc qui fut, peut-être, le plus sanglant leur guerrière.
1972, à une reconnaissance rapide des sites par
sondages et par mesures de résistivité électrique du de l'Antiquité: les Romains ne pouvaient Par ailleurs, éliminée du commerce mé-
sol. Les résultats de cette prospection pourront in- commercer que sous certaines conditions diterranéen par ses rivaux grecs, Carthage
diquer de façon précise l'importance immédiate des en pays punique et leurs navigateurs ne tourna ses regards vers des horizons plus
vestiges à découvrir. pouvaient y aborder qu'en cas de force
(Extrait du rapport: Mise en valeur de Carthage.) lointains. Ce furent les fameux périples de
majeure. Hannon et de Hamilcon. L'un, traversan

16/DOSSIER TUNIS-CARTHAGE
mêlés au conflit, par l'importance des in- sur Carthage. Les légions de Scipion
térêts en jeu et par les changements qu'ils l'Africain, renforcées par les troupes du
entraînèrent dans l'évolution du monde, roi numide Massinissa, réussirent à vain-
ces guerres eurent l'ampleur des guerres cre à Zama (202) l'armée qu'il avait im-
mondiales. provisée en toute hâte.
La première guerre punique dura 23 ans
(264-241). Elle se déroula presque entière- La mort de Carthage
ment en mer et se termina par une défaite
assez paradoxale pour Carthage dont la Cette défaite d'Hannibal en terre afri-
flotte semblait nettement supérieure. Ce caine sonnait le glas pour Carthage en
fut une cruelle désillusion pour les Car- tant que puissance méditerranéenne. Han-
thaginois qui n'avaient pas hésité à prédire nibal lui-même, en voulant apporter des
aux Romains qu'ils «ne pourraient même remèdes aux maux dont souffrait sa patrie,
plus se laver les mains dans la mer». ne réussit qu'à s'attirer les foudres d'une
En fait, la puissance de Carthage rece- aristocratie aux abois. Dénoncé à Rome,
lait bien des germes de faiblesse: une il dut s'exiler. Cela faisait l'affaire de Mas-
caste dirigeante aveuglée par son propre sinissa, qui régnait sur un territoire cou-
égoïsme, d'une méfiance morbide à l'égard vrant à peu près l'Algérie actuelle et qui,
des grands hommes et d'une hostilité sans avec la bienveillante neutralité de Rome,
faille à toute tentative de réforme; une se mit en devoir de conquérir le territoire
masse d'autochtones exploités et prêts à punique, proclamant qu'il allait faire de
se révolter; une armée de mercenaires Carthage, la capitale d'une Afrique du
turbulents et sans scrupules. Nord unifiée sous son égide. Rome prit
Le général Amilcar Barca eut la sagesse alors conscience du danger berbère nais-
de déceler les causes des maux dont souf- sant. Elle ne put le prévenir qu'en condam-
4. Aiguière punique en terre cuite colorée. frait sa patrie et de tirer la leçon des mal- nant Carthage à la destruction: «Delenda
Carthage, Musée de Byrsa. heurs qu'elle venait de subir. C'est lui qui est Karthago.» Ce fut la troisième guerre
(Phot. H.-Roger Viollet, Paris) eut le mérite de relancer l'expansion car- punique, qui dura trois ans (149-146 avant
thaginoise en Méditerranée et de jeter les J.-C.) et fut marquée par une héroïque ré-
bases d'une nouvelle puissance punique. sistance des Carthaginois. Mais, en 146,
le détroit de Gibraltar ou Colonnes d'Her-
Il adopta des solutions révolutionnaires, la ville succomba sous les assauts du
cule, longea les côtes occidentales d'Afri-
s'inspirant, dans beaucoup de domaines, général romain Scipion Émilien, qui la dé-
que et atteignit le golfe de Guinée, l'autre
d'exemples hellénistiques. truisit systématiquement, laboura son sol,
poussa jusqu'aux Iles britanniques. Ces
le sema de sel et le déclara maudit. Bour-
expéditions entourées de mystère amenè- La nouvelle aventure punique se dérou-
reau malgré lui, semble-t-il, il fut tellement
rent à Carthage le contrôle de la route de la en Espagne. Amilcar Barca soumit rapi-
bouleversé par le spectacle de la ville en
l'or et de l'étain. Bientôt, l'exploitation du dement une bonne partie du pays, orga-
flammes qu'il en pleura. Puis, après d'amè-
territoire tunisien, la prospection de mar- nisant ses conquêtes à la manière des
res considérations sur la précarité des
chés nouveaux dans le monde africain, les grands bâtisseurs d'empire, pratiquant une
choses de ce monde, il récita à haute voix
relations commerciales intenses nouées politique d'assimilation des autochtones
les fameux vers d'Homère: «Un jour vien-
avec les états d'Orient issus des conquê- par l'enrôlement des soldats vaincus et les
dra où périra llion, la ville sainte, où péri-
tes d'Alexandre et l'effort tenace de re- mariages mixtes et fondant son pouvoir
ront Priam et le peuple de Priam, habile à
dressement portèrent leur fruit et permi- sur l'armée au sein de laquelle il dévelop-
manier la lance.» A l'historien Polybe qui
rent à Carthage de connaître un nouvel pa la mystique du chef toujours inspiré et
l'interrogeait sur le sens de ces paroles,
essor, au moment même où les cités grec- invincible.
il répondit: «Je ne sais pourquoi j'ai peur
ques entraient dans une phase de déclin Les bienfaits de la conquête de l'Espa- qu'un autre ne les répète un jour à pro-
irréversible par suite de luttes intestines gne se firent si bien sentir à Carthage que pos de ma patrie.»
interminables. Aussi, le conflit qui ne tarda Rome en prit ombrage et se hâta de pro-
pas à opposer Grecs et Puniques, et dont voquer la seconde guerre punique (219- Ce fut, en tout cas, le plus terrible exem-
l'enjeu était la domination de la Sicile, 201). Celle-ci fut dominée par l'exception- ple de l'anéantissement total de tout un
touma-t-il à l'avantage des seconds, qui nelle personnalité du général carthaginois peuple, «l'Hiroshima de l'Antiquité», com-
réussirent à s'assurer la mainmise sur la Hannibal, qui écrasa les légions romaines me on l'a écrit récemment.
majeure partie de l'Ile malgré le cran dont à Trasimène (217) et à Cannes (216). Grande métropole durant sept siècles,
fit preuve le tyran syracusain Agathocle Cette dernière bataille continue à être la Carthage punique disparut brutalement
dans la défense desa patrie et les secours considérée comme «le modèle encore iné- en laissant peu de traces matérielles mais
de Pyrrhus, roi d'Épire et champion d'un galé de la victoire intégrale, celle qui par elle fut un apport civilisateur considérable
hellénisme occidental en pleine décaden- l'encerclement complet de l'ennemi non pour l'Antiquité. Avec ses multiples colo-
ce. Aucune force ne semblait alors être en seulement le bat mais le supprime». C'est nies éparpillées sur tout le bassin occi-
mesure de barrer le chemin aux Puniques. au lendemain de cette victoire qu'un des dental de la Méditerranée et jusque sur
Cependant, lorsque Carthage s'installa officiers carthaginois suggéra la marche les rivages de l'Atlantique, elle a exercé
à Messine en 269 avant J.-C, elle se trou- sur Rome et que, devant le refus d'Han- une influence considérable sur l'évolution
va face à face avec Rome qui venait de nibal, il lui aurait dit: «Les dieux n'ont pas du monde antique. Les cités puniques
s'établir à Rhégion, de l'autre côté du dé- tout donné au même homme, Hannibal; tu d'Afrique du Nord et d'ailleurs étaient des
troit. Le conflit qui ne tarda pas à opposer sais vaincre mais tu ne sais pas profiter de zones de contact et d'échanges fructueux
ces deux métropoles va être lourd de con- la victoire.» entre les diverses civilisations anciennes.
séquences pour l'histoire de l'Antiquité et Longtemps méconnu, l'apport punique
même de l'humanité toute entière. Sa marche triomphale sur Rome aurait
certes changé la face de l'histoire mais la commence à être mieux apprécié grâce
défaite de son frère Hasdrubal en Espa- au développement, un peu partout, des
Les guerres puniques: des guerres gne, le manque de secours, l'attitude assez fouilles et de la recherche archéologique
mondiales à l'échelle de l'Antiquité passive de sa propre patrie et, enfin, la et historique. VCI
tactique de plus en plus agressive des
Par le nombre de pays et de peuples Romains obligèrent Hannibal à se replier English Translation, p. 89

DOSSIER TUNIS-CARTHAGE/17

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