Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Comptabilité Nationale
Enseignant :
i
Table des matières
Introduction ......................................................................................................................................................... 1
Chapitre 1 Introduction à la comptabilité nationale .........................................................................................3
ii
2.7.2 Indices de volumes et de prix ....................................................................................................................49
2.7.3 Indices de Laspeyres et indices de Paasche ...............................................................................................51
2.7.4 Les indices-chaines .....................................................................................................................................53
iii
Introduction
L’économie d’un pays est constituée d’unités individuelles qui sont diverses et multiples
(personnes physiques, entreprises, administrations publiques, organisations à but non
lucratif, etc.). Chacune de ces unités effectue chaque année une multitude d’opérations
de natures différentes : produire ou acheter un article ménager, l’électricité, un
équipement, etc. ; payer ou recevoir des salaires, des impôts, des allocations familiales,
des intérêts, etc. ; emprunter ou placer de l’argent, etc. La liste est loin d’être exhaustive
et il est impossible d’étudier individuellement toutes ces unités et toutes les opérations
qu’elles effectuent. Il est pourtant indispensable pour une économie dans son ensemble
de se faire une idée la plus précise possible de la production crée, de la consommation
et de l’investissement de la nation.
Plan du cours
Introduction
Chapitre 1 : Introduction à la comptabilité nationale
Histoire (brève) de la comptabilité nationale
Définition et utilité de la comptabilité nationale
Représentation simplifiée de l’architecture de la comptabilité nationale
Concepts fondamentaux de la comptabilité nationale
1
Stocks, flux et règles de valorisation et d’enregistrement (comptabilisation)
Unités et secteurs institutionnels
Entreprises, établissements et branches d’activités
Nomenclatures de la comptabilité nationale
Chapitre 2 : Compte des biens et services et Tableau des Ressources et des
Emplois (TRE)
Equilibre ressources emplois par produits
Comptes de production et d’exploitation par branche d’activité
Synthèse du TRE et calcul du PIB
Chapitre 3 : Comptes des Secteurs Institutionnels et Tableau des Comptes
Economiques Intégrés (TCEI)
Séquence complète des comptes et soldes comptables
Présentation du TCEI
Conclusion
Références bibliographiques
2
Chapitre 1 Introduction à la comptabilité nationale
Ce chapitre introductif tente, dans un premier temps, de retracer la genèse de la
comptabilité nationale sous une perspective historique en lien avec les développements
de la pensée économique. Il présente ensuite les finalités et l’intérêt de la comptabilité
nationale de nos jours. Il se termine par une présentation simplifiée de l’architecture du
cadre de la comptabilité nationale.
Jusqu’au XVIe siècle, l’étude des phénomènes économiques ne constitue pas une
discipline autonome ; elle fait seulement l’objet de recommandations venant d’auteurs
d’autres disciplines (philosophie, droit, théologie, …). Dans un tel contexte, on ne peut
pas à proprement parler de comptabilité nationale. Les opérations statistiques de cette
époque se réduisent à des dénombrements de population, de bétails, de récoltes, etc.,
tout ceci essentiellement à des fins fiscales et pour lever des armées.
3
courants d’échanges et l’afflux de métaux précieux conduisent à la monétarisation de
l’économie. Facilitées par la diffusion de l’écriture, la Renaissance et la Réforme
entraînent la remise en cause de l’autorité de l’Eglise. Les différentes guerres en Europe
(guerre des Cent Ans, guerres de religion, guerre de Trente Ans, …), nécessitent
l’entretien d’armées permanentes, et se traduisent par des politiques royales
particulièrement coûteuses. Dans ce contexte, le mercantilisme se développe dans toute
l’Europe. Le développement du commerce et la réalisation d’un excédent commercial
permet l’enrichissement de la classe des marchands. Ceci est le moyen pour les
souverains d’obtenir des recettes fiscales qui leurs permettent de réaliser leurs objectifs
de puissance politique et militaire.
On peut notamment citer les travaux de William Petty (1623-1687) et Gregory King
(1648-1712) en Angleterre. En France, Sébastien Le Preste de Vauban (1633-1707) a
évalué le revenu national dans le cadre d’un projet de réforme des impôts. Pierre Le
Pesant de Boisguilbert (1646-1714) réalise la première synthèse de l’économie nationale
et ébauche une théorie de la formation et de la circulation du revenu global entre deux
catégories d’agents économiques : elle constitue les prémices de la comptabilité
nationale.
Après avoir favorisé dans un premier temps l’essor économique, l’application des
politiques mercantilistes, protectionnistes et interventionnistes, s’est révélée décevante
4
en raison des rigidités qu’elle entraine, notamment la multiplication des règlements qui
freine les initiatives privées et perturbe l’activité économique, et surtout la trop grande
place accordée à l’industrie et au commerce, au détriment de l’agriculture.
Cet échec va donner place, notamment en France, aux physiocrates, emmenés par
François Quesnay (1694-1774), qui voient dans l’agriculture la source de toute richesse.
Dans son ouvrage « Tableau Economique » de 1758, Quesnay représente pour la
première fois le fonctionnement de l’économie de façon globale, dans lequel différents
flux de revenus et de dépenses circulent entre trois classes (les fermiers, les propriétaires
fonciers et les artisans).
Cependant, la doctrine des physiocrates n’a jamais vraiment débouché sur le plan
politique, et leur influence a été limitée, tant temporellement que géographiquement.
Leur apport à la théorie économique et à la comptabilité nationale est tout de même
essentiel, puisqu’il correspond à la première tentative de représentation comptable d’un
ensemble économique. Cette première approche macroéconomique de l’économie
fondée sur le circuit s’appuie toutefois sur une vision restrictive de la sphère productive,
l’agriculture étant considérée comme le seul secteur productif.
La fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe est marqué en Europe par la révolution
industrielle (mécanisation de l’industrie textile, invention de la machine à vapeur, du
chemin de fer, …) qui transforme la société en profondeur, et l’industrie constitue
désormais le moteur de l’économie. La théorie économique vise alors pour l’essentiel à
comprendre et à défendre les conditions de développement du capitalisme industriel.
Tout au long de cette période, la pensée économique est dominée par le libéralisme
économique. Les auteurs qui vont se succéder vont poser les bases de la pensée
économique moderne, avec les classiques au premier rang desquels Adam Smith (1723-
5
1790), suivi de David Ricardo (1772-1823), Thomas Robert Malthus (1766-1834), Jean-
Baptiste Say (1767-1832) ou encore John Stuart Mill (1806-1873). Les néoclassiques
prennent le relai à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Parmi eux on peut citer :
Carl Menger (1840-1921), Léon Walras (1834-1910), Stanley Jevons (1835-1882),
Vilfredo Pareto (1848-1923), Alfred Marshall (1842-1924).
La première guerre mondiale (1914-1918) oblige les Etats à intervenir beaucoup plus
intensément dans la vie économique des pays. La crise de 1929, d’une ampleur
exceptionnelle, marque une rupture incontestable. La théorie économique dominante
se révèle incapable de proposer des solutions pour sortir de la crise. L’idée d’une
intervention massive de l’Etat dans la vie économique va peu à peu s’imposer aux
responsables politiques.
Pour quantifier les interventions des pouvoirs publics destinées à relancer la production
et l’emploi, il devient nécessaire de connaitre précisément les grands agrégats
caractéristiques de l’économie nationale : produit national, revenu national,
6
consommation privée et consommation publique, investissement privé et public,
importations et exportations.
Ces préoccupations statistiques se généralisent dans les années 1930, et on assiste dans
plusieurs pays au développement des travaux pour estimer les grandeurs économiques
demandées. On associe à ces premiers travaux les noms de Simon Kuznets aux États-
Unis, Colin Clark en Angleterre, Regnard Frisch en Norvège, C. Colson et Alfred Sauvy
en France.
C’est en 1936 que se produit l'évènement décisif qui fut directement à l'origine de la
comptabilité nationale. Cette année-là, les principales économies du monde sont est
plongées dans la dépression depuis sept ans, les chômeurs se comptent par millions, les
démocraties sont menacées par la montée des totalitarismes, mais les théories
économiques dominantes continuent d'enseigner que le sous-emploi ne peut être que
temporaire, que les lois du marché rétabliront naturellement la situation et que l'Etat ne
doit pas intervenir directement dans la vie économique.
C'est dans ce contexte que l'économiste anglais, John Maynard Keynes (1883-1946),
publie en 1936 son ouvrage « Théorie Générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la
Monnaie ». Ce livre s'attaquait aux bases de la théorie économique classique et
démontrait que, s'il n'est pas combattu activement, le chômage peut être durable. Il
mettait ainsi en évidence la responsabilité de l'Etat qui, par sa politique budgétaire,
pouvait ramener le pays au plein emploi. Il y abandonne l’approche microéconomique
dominante au profit d’une analyse macroéconomique fondée sur l’étude
d’enchaînements entre variables globales envisagées au niveau national et une analyse
basée sur le circuit. La comptabilité nationale, telle qu'elle existe actuellement dans tous
les pays du monde, s'inscrit directement dans le prolongement de l'œuvre de Keynes, et
ceci quelles que soient par ailleurs les orientations des politiques économiques menées.
7
En effet, à l'origine, c'est pour permettre aux Etats de mettre en place efficacement les
recommandations de Keynes qu'a été créée la comptabilité nationale. Par la suite, sa
cohérence, sa rigueur et sa continuité l'ont imposé comme un outil irremplaçable
d'analyse de l'activité économique, indépendamment de l'adhésion ou non aux
conceptions qui ont prévalu à sa naissance. La comptabilité nationale a ainsi pu survivre
à la remise en cause de la théorie keynésienne dans les années 1970, au terme des trente
glorieuses.
Après la guerre, les premiers pas vers un système comptable international furent
marqués avec la publication en 1947 par l’Organisation des Nations Unies (ONU) du
rapport sur la mesure du revenu national et l’établissement d’un premier système de
8
comptabilité nationale, rédigé par Richard Stone. Stone a par la suite été invité par
l'Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE, qui deviendra en
1961 l'OCDE) pour développer un système de comptes nationaux qui pourraient être
utilisé par ses pays membres pour suivre la reconstruction d'après-guerre sous le Plan
Marshall, qui était un programme extensif d'aide financière des Etats-Unis et du Canada
en faveur des pays européens qui avaient été dévastés par la seconde guerre mondiale.
Le résultat du travail, Un système normalisé de comptabilité nationale, publié par
l'OECE en 1952, peut à juste titre être considéré comme le premier système
international de comptabilité nationale. L'année suivante, les Nations Unies ont publié
une version révisée du système de l'OECE sous le titre « Un Système de Comptabilité
Nationale et les tableaux supports ». Ce dernier constitue ce qui est communément
appelé le SCN 1953.
Le SCN 1953 était confiné à la mesure du revenu national. Il ne comportait pas par
ailleurs d'évaluations à prix constants. Il consistait en un simple ensemble de six
comptes: les dépenses finales du PIB, le revenu national, la formation du capital
intérieur, le revenu disponible et la capacité ou besoin de financement net des ménages
et du gouvernement, et le compte extérieur. Ces comptes étaient complétés par un
ensemble de tableaux standards que les pays devaient utiliser pour reporter leurs
statistiques de comptes nationaux aux Nations unies. En plus d'établir les relations
comptables de base, le SCN 1953 a résolu un certain nombre de problèmes qui étaient
encore en débat à cette époque. Par exemple :
9
• L'inclusion dans le champ de la production de deux types importants de
production pour compte propre : l'autoconsommation de produits agricoles et
les services de logements produits par les propriétaires-occupants. Les autres
services produits pour être consommés au sein du ménage (cuisson, nettoyage et
éducation des enfants), étaient, toutefois, exclus de la frontière de la production.
• Pas de distinction entre production légale et illégale. À condition que les biens et
services soient échangés avec consentement mutuel entre producteurs et
acheteurs, ces activités sont considérées comme étant productive.
• Les administrations publiques sont traitées comme des producteurs, mais parce
que les services qu'ils produisent ne sont pas vendus, leur production devrait être
mesurée comme le total de leurs coûts de production (rémunération des salariés,
consommations intermédiaires et consommation de capital fixe). La même
approche est appliquée aux institutions sans buts lucratifs.
• La formation de capital était définie comme des dépenses en biens physiques
(bâtiments, machines, routes, etc.) qui fourniront des services productifs pendant
plusieurs années.
Durant la décade qui a suivi la publication du SCN 1953, environ 60 pays ont commencé
à publier des statistiques de comptes nationaux sur une base régulière.
Vers le début des années 1960, un consensus s’est formé parmi les comptables
nationaux, selon lequel il était temps de réviser le SCN 1953 pour prendre en compte
les développements sur les tableaux entrées-sorties (en France et aux Pays-Bas par
exemple), les statistiques des flux financiers (en Angleterre) et les comptes de
patrimoines (aux Etats-Unis). De plus, la plupart des pays de l'OCDE avait développé
des comptes à prix constants et avait commencé à faire des publications dans un plus
grand détail que ce que suggérait le système de 1953.
10
Le SCN 1968 non seulement fournissait une description plus en profondeur des
diverses opérations et de leurs sources aussi bien que des détails supplémentaires
(tableaux entrées-sorties et bilans de richesses), mais aussi un certain nombre
d'innovations. Toutefois, il n'a pas changé les identités comptables, la taille de la
frontière de la production ou la distinction faite entre dépenses de formation de capital
et dépenses courantes, toutes héritées du système précédent. Parmi les innovations on
peut citer:
De plus, le SCN 1968 fut une étape majeure vers l'intégration des quatre approches de
la mesure de l'économie nationale identifiées par Stone en 1953 (la mesure du revenu
national, la construction des tableaux entrée-sorties, l'analyse des flux de fonds,
l'élaboration des comptes patrimoines (bilans de richesses))
Le SCN 1968 représentait une avancée majeure dans la mesure macroéconomique, mais
aucun système ne pourrait demeurer pertinent en tout temps. Les économies évoluent
et les systèmes internationaux de comptabilité doivent s'adapter pour refléter les
nouvelles réalités. La décision de réviser le SCN 1968 fut prise au début des années
1980, en grande partie comme le résultat de discussions lors de conférences annuelles
organisées par les organisations internationales (Nations unies, OCDE, etc.) à
l'intention des comptables nationaux venant des pays membres.
Les deux versions précédentes du SCN ont été publiées par les Nations unies seuls,
mais le SCN 1993 était une publication conjointe de l'OCDE, Eurostat, la Banque
11
mondiale, le Fond Monétaire International et les Nations unies. D'autres organisations
internationales ont également été consultées, notamment le Bureau international du
travail (BIT), les commissions régionales des Nations unies et le Commonwealth des
Etats Indépendants.
Une caractéristique importante du SCN 1993 est qu'il est cohérent avec les autres
systèmes statistiques internationaux, tels que les manuels de la Balance des Paiements
et celui des Statistiques des Finances Publiques du FMI.
Le SCN 1993 est également beaucoup plus explicite dans le traitement des problèmes
connus pour poser des difficultés pratiques à plusieurs pays, tels que : les transactions
d'assurance, les charges bancaires imputées (connues sous le nom de services financiers
indirectement mesurés (SIFIM)), et la consommation de capital fixe (CCF). De plus, le
SCN 1993 comporte des chapitres séparés sur les comptes satellites et sur les matrices
de comptabilité sociale (MCS). Parmi les principales innovations on peut citer :
12
sur une base collective à l'ensemble de la communauté (sécurité et défense par
exemple). D'où l'introduction d'un nouveau concept de consommation effective
individuelle des ménages, qui est la valeur des services individuels fournis par le
gouvernement plus les biens et services que les ménages achètent avec leur
propre argent.
• Une plus grande attention accordée aux estimations en volume : en utilisant les
résultants des avancées récentes dans la théorie des indices de prix.
• la frontière des actifs a été élargie pour inclure les dépenses en logiciels, la
prospection minière, et les œuvres littéraires et artistiques originales et les objets
de valeur. Dans les systèmes précédents, ces dépenses étaient considérées comme
des dépenses courantes (consommation intermédiaire ou consommation finale).
Les principales différences entre le SCN 1993 et le SCN 2008 sont relatives à :
Avec le SCN 2008 plus 50 changements par rapport au SCN 1993 ont été introduits.
Les principaux changements comprennent :
13
• Le traitement de larges dépenses militaires d'armements (navires de guerre,
missiles balistiques, tanks, etc.) comme actifs fixes ;
• Le traitement des biens envoyés à l'étranger pour transformation sur la base du
changement de la propriété ;
• L'inclusion du rendement du capital pour les producteurs marchands (ménages,
entreprises), lorsqu'on mesure leur production pour usage final propre ;
• L'extension de la mesure des dettes sur pensions à tous les schémas de pensions
avec ou non constitution d’un fond ;
• Le calcul de la production de l'assurance dommage en utilisant les indemnités
ajustées par des techniques de lissage au lien des indemnités effectives.
En conclusion, le SCN est un système statistique qui est mis en jour en permanence, de
plus en plus largement utilisé, et qui évolue en parallèle avec les nouveaux
développements de l'économie.
14
nationaux sont ainsi un outil fondamental pour analyser et juger de la situation
économique d’un pays. Ils sont rendus indispensables dans les comparaisons
internationales et pour les prévisions économiques.
2) C’est ensuite un outil d’aide à la décision indispensable. Au-delà de la simple
)évaluation, les données statistiques fournies par les comptes nationaux
permettent de guider l’intervention des décideurs et d’éclairer leurs choix.
15
Ce circuit économique très simple décrit comment les entreprises créent simultanément
des biens et des services (flux réels) et des revenus (flux monétaires). Ces revenus sont
perçus par les ménages en échange des facteurs de production (travail, terre ou capital)
qu’ils ont fournis aux entreprises et qui constituent un flux réel. Les ménages dépensent
leurs revenus et achètent sur le marché des biens et services, produits par les entreprises.
On voit donc apparaître sur ce schéma un circuit réel, et en sens inverse un circuit
monétaire. Le circuit réel s’exprime en quantités physiques hétérogènes (tonnes,
hectolitres, km/voyageur, heures de travail, hectares, etc.), tandis que le circuit
monétaire s’exprime en unités monétaires homogènes.
Afin de rendre ce schéma plus proche de celui que décrit la comptabilité nationale, tout
en restant extrêmement simplifié, nous allons un peu le complexifier en faisant
intervenir d’autres agents (centres de décision) que les entreprises et les ménages, et en
retraçant davantage de flux représentatifs de l’activité économique.
16
Pour ce schéma simplifié, on n’en retiendra quatre :
1. Les Entreprises qui produisent des biens et services vendus sur le marché (E).
2. Les Ménages qui consomment les biens et services achetés sur le marché (M).
3. Les Administrations publiques (APU) qui fournissent des services collectifs gratuits
(services d’éducation par exemple) et redistribuent le revenu national (A).
4. Quant au Reste du Monde (RDM), c’est un regroupement des relations entre les
unités économiques étrangères et les unités économiques nationales.
1.3.2 Opérations
Les multiples actes économiques qu’effectuent les agents économiques sont également
agrégés en un petit nombre d’opérations présentant une certaine homogénéité. Ces
opérations sont elles-mêmes regroupées en trois catégories :
Les opérations sur produits indiquent d’une part, l’origine, production (P) ou
importation (M), des biens et services utilisés, et d’autre part, leur emploi final :
consommation privée (C), investissement privé (I), consommation et investissement
publics (G), exportations (X).
17
a = 720
Ménages Entreprises
C = 900 P = 1 500
I = 318
Marché des
c = 390 d = 150 biens et
services
M = 309
G = 270 X = 321
APU RDM
b = 480
opérations de répartition
Les flèches du circuit vont dans le sens où la monnaie circule, et on inscrit les flux du
point de vue du secteur institutionnel concerné (y compris pour le Reste du Monde).
𝑃+𝑀 =𝐶+𝐼+𝐺+𝑋
1 500 + 309 = 900 + 318 + 270 + 321
Les opérations de répartition montrent comment les revenus circulent entre les agents
économiques avant de recevoir un emploi final. Les opérations sur biens et services
constituent le début et la fin du circuit ; les opérations de répartition, tout comme les
opérations financières, en sont les maillons intermédiaires.
18
Pour notre schéma simplifié, on n’a retenu qu’un petit nombre d’opérations de
répartitions :
a) les salaires et autres revenus versés par les entreprises aux ménages
b) les impôts indirects et cotisations sociales collectés par les entreprises et versées
aux administrations publiques ;
c) les salaires versés par les APU aux ménages qu’elles emploient et les prestations
sociales qu’elles versent à tous les ménages ;
d) les impôts directs versés par les ménages aux administrations publiques.
Ménages
Emplois Ressources
Consommation 900 Revenus versés par E 720
Impôts directs 150 Revenus versés par APU 390
Capacité de financement 60
1 110 1 110
Entreprises
Emplois Ressources
Investissement 318 Production 1 500
Salaires et revenus versés 720
Impôts et CS versés 480
Besoin de financement 18
1 518 1 518
19
APU
Emplois Ressources
C et I publics 270 Impôts et CS versés par E 480
Revenus versés 390 Impôts versés par M 150
Besoin de financement 30
660 660
RDM
Emplois Ressources
Exportations 321 Importations 309
Besoin de financement 12
321 321
On observe que chacun de ces comptes de secteur n’est pas spontanément en équilibre :
certains ont des emplois supérieurs à leurs ressources (entreprises, APU et RDM), on
dit qu’ils ont un besoin de financement. A l’inverse, les ménages ont des ressources
supérieures à leurs emplois, on dit que ce secteur a une capacité de financement.
Les opérations financières portent sur des créances et des dettes. Elles montrent
comment les secteurs en besoin de financement se sont endettés, et comment ceux en
capacité de financement ont employé leur excédent. Elles montrent sous quelle forme
a eu lieu cette compensation : monnaie, actions et obligations, prêts à plus ou moins
long terme, etc.
20
La comptabilité nationale se situant « ex-post », l’équilibre sur le marché financier est
réalisé : tout endettement a pour contrepartie un prêt, et vice-versa.
Circuit complet
a = 720
Ménages Entreprises
C = 900 P = 1 500
I = 318
c = 390 Marché
d = 150
des biens BF = 18
CF = 60 et services
M = 309
G = 270 X = 321
APU RDM
Marché
financier
BF = 30 BF = 12
b = 480
On vérifie que la capacité de financement des ménages est égale à la somme des besoins
de financement des autres secteurs.
60 = 30 + 18 + 12
21
Secteurs Emplois Ressources
Opérations E M APU RDM E M APU RDM
Opérations sur biens et services
Production 1 500
Consommation 900 270
Investissement 318
Exportations 321
Importations 309
Opérations de répartition
Revenus 720 390 1 110
Impôts et CS 480 150 630
Opération financières
Capacité de financement 60
Besoin de financement 18 30 12
TOTAL 1 518 1 110 660 321 1 518 1 110 660 321
Cette section passe en revue les principales catégories qui constituent l’ossature du
système de comptabilité nationale : les acteurs de l’économie, les activités économiques
qu’ils exercent et la portée de leurs actions, ainsi que les règles appliquées pour évaluer
les indicateurs de la comptabilité nationale.
Le SCN doit être en mesure de décrire des économies qui deviennent de plus en plus
complexes au fil du temps, tout en prévoyant des descriptions simples, et ceci quel que
soit le niveau de développement des économies en question.
22
Les comptes nationaux visent à décrire, à travers des mesures monétaires, l’activité
économique de chaque unité d’une économie nationale. Les concepts de base du SCN
sont utilisés pour analyser et agréger les nombreux aspects des actions élémentaires qui
ont lieu dans l’économie, et permettent de répondre à des questions importantes :
Les définitions, les classifications et les règles comptables du SCN fournissent des
réponses à ces questions. Le tableau suivant résume liens entre ces questions et les
concepts du SCN.
23
des facteurs de production, dans le cadre des Tableaux des Ressources et des
Emplois (TRE) ;
2. Une classification par secteur institutionnel, qui envisage les agents dans
l’intégralité de leurs fonctions, comportement et objectifs principaux, et
s’intéresse aux flux de revenus, aux flux financiers et aux stocks de capital, dans
le cadre du Tableau des Comptes Economiques Intégrés (TCEI).
1.4.1.1Secteurs institutionnels
Une unité institutionnelle est une entité économique qui est capable, de son propre chef,
de posséder des actifs, de prendre des engagements, de s’engager dans des activités
économiques et de réaliser des opérations avec d’autres entités.
Le SCN retrace les opérations entre l’économie nationale et l’étranger dans le reste du
monde. Il ne s’agit pas d’un secteur à proprement parler, bien qu’il soit souvent pratique
de le décrire comme un secteur à part entière.
24
La résidence d’une unité institutionnelle correspond au territoire économique avec
lequel elle possède la relation la plus étroite, autrement dit son centre d’intérêt
économique prépondérant.
Les unités spécialisées dans la production sont reconnues par le SCN 2008 comme des
entreprises. Une entreprise est une unité institutionnelle considérée dans sa qualité de
producteur de biens et de services.
Des établissements exerçant les mêmes activités ou des activités similaires sont classés
dans une branche d’activité en fonction de la révision 4 de la CITI (Classification
International Type par Industries).
Une branche d’activité se compose d’un groupe d’établissements engagés dans les
mêmes types d’activité ou dans des types similaires.
Le SCN 2008 distingue deux grandes catégories de flux économiques : les opérations et
les autres flux économiques.
Les opérations sont des flux économiques résultant de l’interaction entre des unités
institutionnelles agissant d’un commun accord et peuvent être effectuées au sein
26
d’unités institutionnelles ou entre établissements appartenant à la même entreprise. Les
principaux types d’opérations sont les suivants :
Les stocks représentent la situation, ou la détention, des actifs non financiers (produits
ou non produits) et des actifs et passifs financiers à un moment précis dans le temps.
27
1.4.4 Fonctions
Les opérations des agents économiques (qui), leurs actions (quoi) entreprises pour
différentes fonctions (pourquoi) sont enregistrées dans le SCN selon des règles claires
(comment).
Ces règles ont trait au contenu des ressources et des emplois des unités institutionnelles,
à l’évaluation des opérations, à la façon de les enregistrer dans une structure définie et
au moment de leur enregistrement.
1.4.5.1Modèle comptable
28
- l'opération elle-même dans les comptes financiers ou non financiers ;
- et sa contrepartie financière dans les comptes financiers.
Le fait que la comptabilité nationale enregistre l’opération pour les deux unités
concernées donne lieu en réalité à une comptabilité en partie quadruple.
1.4.5.2Moment d’enregistrement
Pour un certain nombre de flux, le paiement monétaire peut être décalé dans le temps
par rapport à la cause qui a donné naissance, c.-à-d. par rapport au fait générateur.
Deux dates d’enregistrement sont alors possibles : celle du fait générateur ou celle du
paiement. Le SCN retient le principe d’enregistrer les opérations au moment où elles
deviennent contraignantes pour les parties concernées (livraison pour les opérations sur
biens et services, naissance du droit pour les opérations de répartition, transfert de
propriété pour les opérations financières). Ainsi, les opérations sont enregistrées sur la
base des droits constatées.
1.4.5.3Valorisation
Pour assurer la cohérence du SCN, les opérations doivent être enregistrées à la même
valeur dans tous les comptes de tous les secteurs impliqués.
29
Les opérations sont évaluées au prix effectif convenu par les agents économiques. Les
prix courants du marché servent de référence de base dans le SCN. En l’absence
d’opérations sur le marché, l’évaluation est effectuée en fonction des coûts engagés (par
exemple les services non marchands produits par les administrations publiques) ou en
se référant aux prix pratiqués sur le marché pour des biens ou services similaires (par
exemple les services des logements occupés par leurs propriétaires).
Le prix de base est le montant que le producteur reçoit de l’acquéreur pour une unité
de bien ou de service produite, diminué de tout impôt à payer et augmenté de toute
subvention à recevoir par le producteur du fait de sa production ou de sa vente. Ce prix
exclut les éventuels frais de transport facturés séparément par le producteur.
30
PRIX DE BASE
= PRIX DU PRODUCTEUR
= PRIX D’ACQUISITION
La séquence des comptes décrit la manière dont le revenu est généré, distribué,
redistribué et utilisé pour la consommation ou l’acquisition d’actifs, et le financement
ou l’utilisation du besoin ou de la capacité de financement. Les principales catégories
de comptes du SCN sont présentées ci-après.
31
d’affectation des autres revenus primaires) ; (d) le compte de distribution
secondaire du revenu ; (e) le compte d’utilisation du revenu (y compris le compte
d’utilisation du revenu disponible et le compte d’utilisation du revenu disponible
ajusté).
2. Les comptes d’accumulation : ils sont représentés par quatre comptes qui
traitent des variations de la valeur des actifs détenus par les unités
institutionnelles et enregistrent les opérations sur actifs non financiers et
financiers et les autres changements de volume d’actifs. Ce sont : (a) le compte
de capital ; (b) le compte financier ; (c) le compte des autres changements de
volume d’actifs ; (d) le compte de réévaluation. Le compte de réévaluation sert à
enregistrer les effets des variations de prix. Ces quatre comptes permettent de
décomposer en ses éléments constitutifs la variation de la valeur nette d’une unité
ou d’un secteur institutionnel entre le début et la fin de la période comptable, en
enregistrant tous les changements des prix et des volumes d’actifs, qu’ils soient
ou non le résultat d’opérations. L’impact global de ces quatre comptes se
retrouve dans les comptes de patrimoine.
3. Le compte de patrimoine : il présente, à une date donnée, la valeur des actifs
détenus et des passifs contractés par une unité ou un groupe d’unités
institutionnelles. Le compte de patrimoine complète la séquence des comptes,
en présentant le résultat final des enregistrements effectués dans les comptes
courants et les comptes d'accumulation. Il comprend : (a) un compte de
patrimoine d’ouverture ; (b) un compte des variations des patrimoines ; (c) un
compte de patrimoine de clôture.
4. Le compte de biens et services.
5. Les comptes des opérations avec le reste du monde.
Ces comptes sont articulés entre eux, chaque compte étant lié au suivant par
l’inscription de son solde en ressources du compte suivant. On obtient ainsi une
32
séquence de comptes articulés par des soldes. Les soldes de chaque compte ont une
importance significative pour l’analyse économique : ils synthétisent en un chiffre
unique une série d’opérations homogènes.
Les agrégats dans les comptes nationaux sont des valeurs composites qui mesurent un
aspect particulier de l’activité de l’ensemble de l’économie. Ils constituent des
indicateurs synthétiques et des grandeurs de référence pour les besoins de l’analyse
macroéconomique et des comparaisons dans l’espace et dans le temps. Pour répondre
aux besoins des utilisateurs, les agrégats du SCN fournissent une image simplifiée mais
complète et détaillée d’une économie.
Un solde comptable est une construction obtenue en faisant la différence entre la valeur
totale des écritures d’un côté d’un compte (ressources ou variations des passifs) et la
valeur totale des écritures de l’autre côté (emplois ou variations des actifs).
33
Compte d’affectation des B5 Solde des revenus primaires / Revenu national
autres revenus primaires
Compte de distribution B6 Revenu disponible
secondaire du revenu
Compte de redistribution B7 Revenu disponible ajusté
du revenu en nature
Compte d’utilisation du B8 Épargne
revenu disponible B12 Solde des opérations courantes avec l’extérieur
Compte de capital B9 Capacité (+) / besoin (–) de financement
Variations des actifs B101 Variations de la valeur nette due à l’épargne et
Variations des passifs et de aux transferts en capital
la valeur nette
Compte financier B9 Capacité (+) / besoin (–) de financement
Compte des autres B102 Variations de la valeur nette dues aux autres
changements de volume changements de volume d’actifs
d’actifs
Compte de réévaluation B103 Variations de la valeur nette dues aux
gains/pertes nominaux de détention
Comptes de patrimoine B10 Variations de la valeur nette, valeur nette totale
B90 Valeur nette
1.4.7 Nomenclatures de la comptabilité nationale
34
Parallèlement à ces nomenclatures de concepts propres au SCN, il est aussi fait usage
d’autres nomenclatures, notamment pour les branches d’activité et les produits.
Certaines décrivent la nature des concepts, d’autres les fonctions qu’ils remplissent.
35
Chapitre 2 Compte des biens et services et Tableau des
Ressources et des Emplois (TRE)
La séquence des comptes illustre le fonctionnement de l’économie en insistant
particulièrement sur la circulation du revenu (génération, distribution, redistribution,
utilisation, et situation et composition de la valeur nette). Une autre vision de l’économie
se concentre moins sur le revenu et met davantage l’accent sur les processus de
production et de consommation. D’où viennent les produits et comment sont-ils
utilisés ? Le présent chapitre concerne cet aspect des comptes. Il propose une
description d’un équilibre des produits et sa généralisation au compte de biens et
services, et détaille les avantages pratiques et conceptuels de ces comptes. Il montre
également comment des tableaux des ressources et des emplois (TRE) peuvent être
établis pour l’économie.
Étant donné que les emplois de produits sont généralement évalués aux prix
d’acquisition, alors que la production est évaluée aux prix de base, il est nécessaire
d’ajouter les marges commerciales et de transport, ainsi que les impôts moins les
36
subventions sur les produits, dans la partie gauche (ressources) de l’identité, de manière
à ce que les deux côtés soient exprimés aux prix d’acquisition. Ainsi, notre identité s’écrit
de façon plus précise :
La production pour emploi final propre (P12) comprend les biens et les services
produits par une unité institutionnelle, qu’elle conserve pour sa propre consommation
finale ou formation brute de capital fixe.
Pour les ménages, la production pour consommation finale propre comprend : les
services de logement produits par les ménages propriétaires du logement qu’ils
occupent ; les produits agricoles autoconsommés ; et les services domestiques produits
en employant un personnel rémunéré.
37
Pour tous les secteurs la production de biens d’équipement ou de construction pour
compte propre représente une production à usage de FBCF.
Par convention, la production non marchande des APU et des ISBLSM est mesurée
par la somme des coûts de production, c’est-à-dire par la somme de la consommation
intermédiaire, de la rémunération des salariés, de la consommation de capital fixe et des
autres impôts sur la production.
38
2.1.3 Consommation finale (P3, P4)
La consommation finale comprend les produits utilisés pour la satisfaction directe des
besoins individuels des ménages (dépense de consommation individuelle) ou collectifs
(dépense de consommation collective). On suppose toujours que ces produits ne sont
pas stockés mais consommés directement au moment de l’achat, même lorsqu’ils sont
durables (automobiles, téléviseurs, etc.).
La consommation finale concerne trois types d’unités : les ménages, les administrations
publiques et les ISBLSM. Le SCN retient deux concepts de consommation finale : la
dépense de consommation finale (P3) et la consommation finale effective (P4).
La dépense de consommation finale recouvre les dépenses consenties par une unité
pour acquérir des biens et des services de consommation, tandis que la consommation
finale effective représente l’acquisition de biens et de services de consommation par
ceux qui bénéficient de leur utilisation. La différence correspond aux biens et aux
services qui sont financés par les administrations publiques ou les ISBLSM et qui sont
fournis aux ménages consommateurs sous forme de transferts sociaux en nature.
La formation brute de capital fixe (FBCF) d’une unité est mesurée par la valeur de ses
acquisitions nettes des cessions d’actifs fixes nouveaux ou existants. Les actifs fixes sont
des actifs corporels ou incorporels issus de processus de production, et qui sont eux-
mêmes destinés à être utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de
production pendant une durée d’au moins un an. La FBCF permet d’accroître le stock
39
de capital fixe de l’unité de production. Elle correspond au concept économique
d’investissement (brut).
La variation des stocks représente la différence entre les entrées en stocks et les sorties
de stocks des produits au cours de l’année, évaluées au prix du marché au jour de la
transaction. Les stocks comprennent tous les biens d’une durée de vie inférieure à un
an, détenus à un moment donné par les unités de production : matières premières,
produits en cours de fabrication et produits finis.
Les objets de valeur sont des biens durables, qui ne sont utilisés ni pour produire
d’autres biens ni pour être consommés. Ils sont détenus pour servir de réserve de valeur.
Ils comprennent les pierres et métaux précieux, les objets d’art, les bijoux, etc.
Les exportations des biens et services (P6) représentent la valeur des biens et services
fournis par des unités résidentes à des unités non-résidentes.
De façon symétrique, les importations des biens et services (P7) représentent la valeur
des biens et services fournis par des unités non-résidentes à des unités résidentes.
Le compte des biens et services (ou ERE global) peut être obtenu en agrégeant les
équilibres ressources-emplois établis pour tous les biens et services de l’économie.
40
Comptes des biens et services
Ressources Emplois
Production Consommation intermédiaire
Importations Consommation finale
Impôts sur les produits Formation brute de capital fixe
moins Subventions sur les produits Variation des stocks
Acquisition moins cession d’objets de valeur
Exportations
2.3 Production et valeur ajoutée
Si on veut mesurer par un chiffre unique la masse des biens et services obtenus à l’issue
du processus de production, il ne suffit pas de pondérer les quantités élémentaires
produites par les prix, il faut également éviter de compter plusieurs fois les mêmes
produits. Car parmi les biens produits chaque année, certains sont utilisés comme
consommations intermédiaires pour fabriquer des biens plus élaborés ; or la valeur de
ces biens fait partie du prix des biens qu’ils servent à élaborer. D’où le risque de double
comptabilisation, si on additionne sans précaution les prix des divers produits.
Exemple : un agriculteur produit une quantité de blé valant 50 F. Ce blé est transformé
en farine pour une valeur de 100 F, puis la farine est transformée en pain pour une
valeur de 300 F. Si on calcule la production totale de ce circuit blé-farine-pain comme
la somme des productions de chaque unité (50 + 100 + 300 = 450), on compte deux
fois la valeur de la farine et trois fois celle du blé. Pour éviter ces doubles comptes, il
faut soustraire de la valeur du produit, à chaque stade du processus de production, la
41
valeur de la consommation intermédiaire. On obtient ainsi, la valeur ajoutée de chaque
unité, que l’on peut additionner :
La valeur ajoutée est calculée dans le compte de production. Elle en est le solde, c’est-
à-dire la différence entre la colonne des ressources, qui enregistre la production, et la
colonne des emplois, qui enregistre la consommation intermédiaire.
Plus précisément, la valeur ajoutée ainsi calculée est dite brute, parce qu’elle ne prend
pas en compte le coût que représente l’utilisation des actifs fixes détenus par le
producteur. L’utilisation de ces actifs fixes est un coût de production, qui est mesuré
par la consommation de capital fixe. Lorsqu’on déduit cette dernière de la valeur ajoutée
brute, on obtient la valeur ajoutée nette.
42
Consommation de capital fixe
Valeur ajoutée nette
Emplois Ressources
D.1 Rémunération des salariés B.1 Valeur ajoutée nette
D.29 Autres impôts sur la production
D.39 Autres subventions sur la production (-)
B.2/B.3 Excédent net d'exploitation / Revenu mixte
1. la rémunération des salariés qui rémunère le travail apporté par les salariés,
2. les impôts sur la production, nets de subventions, que les administrations
publiques prélèvent sur la production,
3. l’excédent d'exploitation ou le revenu mixte qui rémunère le capital et/ou le travail
apportés par les entrepreneurs, et qui est lui-même à l’origine de la distribution des
revenus de la propriété.
Le Tableau des ressources et des emplois (TRE) permet une analyse détaillée du
processus de production, des emplois de biens et services (produits) et du revenu généré
par la production.
43
Le graphique ci-dessous donne une vision d'ensemble de l'architecture de ce tableau,
telle qu'elle retenue par le SCN.
Produits Branches
Branche j
Offre à prix
Matrice de production Importations
d'acquisition des branches
Ressources Produit i
des produits
Emplois Produit i
des produits
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur synthétique qui mesure l’accroissement
de richesse dû à la production au cours de la période. Il mesure fondamentalement la
valeur ajoutée brute de toutes les unités de production résidentes.
44
Production – consommation intermédiaire + impôts sur les produits – subventions sur
les produits = consommation finale + formation brute de capital + exportations –
importations
Cette identité correspond au PIB aux prix du marché. Ainsi, le PIB peut être calculé
suivant deux optiques : le membre de droite représente le PIB suivant l’optique de la
dépense (emploi), et le membre de gauche représente le PIB suivant l’optique de la
production.
Dans l’optique de la dépense, le PIB est égal à la somme des emplois finaux valorisés
aux prix d’acquisition moins les importations. Le PIB est donc déterminé par :
Selon l’optique de la production le PIB aux prix du marché est calculé à partir de la
somme des valeurs ajoutées, plus les éléments de valorisation pour le passage au prix
d’acquisition (impôts nets sur les produits). Dans cette optique, le PIB est donné par la
relation suivante :
PIB = Valeurs ajoutée brute totale au prix de base + Impôts sur les produits –
Subventions sur les produits
Comme la valeur ajoutée peut s’exprimer comme la somme des revenus primaires, il est
possible d’obtenir une troisième expression du PIB, dite dans l’optique des revenus.
Dans cette optique, le PIB est donné par la relation suivante :
PIB = Rémunération des salariés + Excédent brut d’exploitation / revenu mixte brut
+ Impôts (nets de subventions) sur la production et les importations
45
2.7 La mesure des volumes et des prix en comptabilité nationale : le
partage volume-prix
L’une des principales tâches des comptes nationaux consiste à faire la séparation, dans
la variation des agrégats monétaires observés, de la part de l’évolution qui provient des
variations de quantités de celle qui est due aux variations de prix.
S’il n’y avait qu’un seul produit, les choses seraient simples : il suffirait de suivre
l’évolution des quantités produites. Cependant, l’économie comporte plusieurs
produits.
Supposons une économie avec deux produits : le blé et le poisson. Supposons les
quantités produites de chaque produit évoluent comme ci-dessous.
Quantités Variations
t0 t1 t2 t1/t0 t2/t1
Blé 200 240 200 20% -17%
Poisson 100 120 150 20% 25%
46
Comment évolue la croissance globale de cette économie ? sachant qu’additionner des
quantités de produits de natures différentes n’a pas de sens.
Pour contourner cette difficulté la comptabilité nationale part de l’égalité de base entre
valeur, prix et quantité :
𝑣 = 𝑝. 𝑞
𝑉= 𝑝 .𝑞
𝑉 = 𝑝 .𝑞
La comptabilité nationale introduit ainsi la notion de volume, qui peut être définie
comme une valeur aux prix constants. Ainsi, le volume de l’ensemble des produits à la
période de base est donné par :
𝑉𝑜𝑙 = 𝑝 .𝑞
Supposons les prix suivants des deux produits pour nos trois périodes.
47
t0 t1 t2
Blé 10 12 15
Poisson 50 55 60
Calculons pour chaque période les valeurs aux prix courants et pour les périodes 2 et 3,
les valeurs aux prix de l’année précédente, c’est-à-dire les volumes.
t0 t1 t2
Blé Quantité 200 240 200
Prix 10 12 15
Valeur 2000 2880 3000
Poisson Quantité 100 120 150
Prix 50 55 60
Valeur 5000 6600 9000
Total Valeur 7000 9480 12000
t0 t1 t2
Blé Quantité 240 200
Prix 10 12
Valeur 2400 2400
Poisson Quantité 120 150
Prix 50 55
Valeur 6000 8250
Total Valeur 8400 10650
48
Pour calculer le taux de croissance de l’économie entre deux périodes, on compare la
valeur de la première période au volume de la deuxième, car les deux ont été évalués
aux mêmes prix.
Le plus souvent l’indice est multiplié par 100 pour des commodités d’affichage.
L’indice de volume est donc obtenu en divisant le volume de la période courante par la
valeur aux prix courants de la période de base.
Indice de volume = volume de la période courante / valeur de la période de base ou précédente aux
prix courants
t0 t1 t2
49
Valeurs aux prix
7000 9480 12000
courants
Valeurs aux prix de
- 8400 10650
l’année précédente
Indices de volume - 120,0 112,3
2.7.2.2Indices de prix
Les comptes nationaux peuvent être utilisés non seulement pour mesurer la croissance
à partir d’indices de volume mais également pour suivre l’évolution du niveau général
des prix.
Un indice synthétique de prix peut être obtenu en généralisant la relation de base entre
valeur, prix et quantité (valeur = prix x quantité) aux indices de valeur, volume et prix.
On a en effet :
L’indice de valeur est égal au rapport entre la valeur de la période courante exprimée
aux prix courants et la valeur de la période de base exprimée aux prix de la période de
base. Ainsi, si on connait l’indice de valeur et l’indice de volume, il est possible d’en
déduire l’indice des prix :
L’indice des prix peut se calculer directement à partir des valeurs de la période aux prix
courants et celles aux prix de l’année précédente, car la valeur de la période précédente
aux prix courants apparait au dénominateur à la fois dans l’indice de valeur et dans
l’indice de volume.
Indice de prix = valeur aux prix courants / valeur aux prix de l’année précédente
50
Ainsi, pour notre exemple on a :
t0 t1 t2
Valeurs aux prix
7000 9480 12000
courants
Valeurs aux prix de
- 8400 10650
l’année précédente
Indices de prix - 112,9 112,7
2.7.3 Indices de Laspeyres et indices de Paasche
2.7.3.1L’indice de volume est un indice de Laspeyres
Désignons par l’indice i les produits, et par les exposants 0 et t la période de base et la
période courante respectivement. On peut écrire :
𝑉 = 𝑝 .𝑞
𝑉𝑜𝑙 = 𝑝 .𝑞
𝑉 = 𝑝 .𝑞
∑ 𝑝 .𝑞
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 =
∑ 𝑝 .𝑞
∑ 𝑝 ∙𝑞 ∙ 𝑝 ∙𝑞 𝑞
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 = = ∙
∑ 𝑝 ∙𝑞 ∑ 𝑝 ∙𝑞 𝑞
51
Dans cette dernière formule, désigne l’indice élémentaire de quantité du produit i.
Un indice de Laspeyres est indice synthétique égal à la moyenne arithmétique des indices
élémentaires correspondants pondérés par les valeurs de la période de base.
L’indice de prix est calculé par le rapport entre l’indice de valeur et l’indice de volume,
c’est-à-dire : (Valeur1/Valeur0) / (Volume1/Valeur0) = Valeur1/Volume1. Ainsi :
∑ 𝑝 .𝑞
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒𝑃𝑟𝑖𝑥 =
∑ 𝑝 .𝑞
1 ∑ 𝑝 .𝑞 ∑ ∙𝑝 ∙𝑞 𝑝 ∙𝑞 𝑝
= = = ∙
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒𝑃𝑟𝑖𝑥 ∑ 𝑝 .𝑞 ∑ 𝑝 ∙𝑞 ∑ 𝑝 ∙𝑞 𝑝
L’indice de Paasche est un indice synthétique égal à la moyenne harmonique des indices
élémentaires correspondants pondérée par les valeurs de la période finale, c’est-à-dire
que l’inverse de l’indice de Paasche est la moyenne arithmétique pondérée des inverses
des indices élémentaires. L’indice synthétique des prix associé à l’indice de volume
calculé aux prix de l’année précédente est un indice de Paasche.
52
2.7.4 Les indices-chaines
Les indices de Laspeyres et de Paasche sont sensibles à la structure des valeurs à l’une
des deux périodes : la période de base pour l’indice de Laspeyres et la période courante
pour l’indice de Paasche. Les indices de volumes et de prix sont ainsi moins précis
lorsque ces deux structures sont éloignées.
Pour comparer les volumes et les prix sur de longues périodes, les comptes nationaux
utilisent des indices-chaines. Un indice-chaine de volume est calculé à partir des indices
de volume de chaque période aux prix de l’année précédente et est défini comme le
produit de ces indices sur l’ensemble de la période.
(Références : https://comptanat.fr/principe/prixx.htm)
Le fait que les pays aient des monnaies et des niveaux de prix différents ne facilite pas
les comparaisons des prix et des volumes au niveau international. Dans ce type de
comparaison, les taux de change nominaux ne sont pas des facteurs de conversion
appropriés parce qu’ils ne reflètent pas convenablement les écarts de prix et ne sont pas
suffisamment stables dans le temps.
C’est ce qui amène à appliquer les parités de pouvoir d’achat (PPA). Une PPA se définit
comme le nombre d’unités de la monnaie du pays B nécessaire pour acheter,
dans ce pays B, la même quantité de produits qu’une unité de la monnaie du
pays A permet d’acheter dans le pays A. On peut donc interpréter les PPA comme
53
le taux de change d’une monnaie fictive, communément appelée « standard de pouvoir
d’achat » (SPA). Si les dépenses des pays A et B, exprimées en monnaie nationale, sont
converties en PPA, les résultats sont exprimés au même niveau de prix et dans la même
monnaie, ce qui permet une comparaison satisfaisante des volumes.
Pour les biens et les services marchands, les PPA reposent sur des enquêtes de prix
internationales. Ces enquêtes sont menées simultanément dans tous les pays
participants sur la base d’un échantillon commun de produits. Les éléments de
l’échantillon sont clairement définis en fonction de leurs caractéristiques techniques et
il convient d’indiquer toute autre variable supposée influer sur le prix (coûts
d’installation ou conditions de vente). Si la comparabilité des éléments de l’échantillon
est un objectif prioritaire, elle doit néanmoins être mise en balance avec leur
représentativité sur les marchés nationaux. L’idéal est que l’échantillon de produits
offre la même représentativité dans tous les pays participants.
Pour les services non marchands, les comparaisons dans l’espace sont confrontées aux
mêmes problèmes que les comparaisons dans le temps puisqu’il n’y a pas de prix du
marché. On a traditionnellement recours à une méthode input (méthode du coût des
entrées) en partant du principe que la production est égale à la somme des entrées. Cette
méthode, qui implique des comparaisons de volume directes ou indirectes des entrées,
néglige de tenir compte des différences de productivité. C’est la raison pour laquelle il
est préférable, au même titre que pour les comparaisons dans le temps, de recourir aux
méthodes axées soit sur la mesure directe de la production, soit sur les prix de
production qui sont ensuite utilisés pour déflater les dépenses, du moins pour les
services individuels tels que l’éducation et la santé.
Dans le calcul des PPA, on applique les mêmes formules d’indice que dans le calcul des
indices temporels. Dans un contexte bilatéral mettant en jeu les pays A et B, l’un ou
54
l’autre peut être utilisé pour l’établissement de coefficients de pondération. Du point de
vue du pays A, on pourra ainsi établir soit un indice de Laspeyres avec les poids
correspondant au pays A, soit un indice de Paasche avec les poids du pays B. Toutefois,
si les deux économies présentent des différences structurelles, l’écart entre ces deux
indices peut être considérable et le résultat final sera fortement influencé par le choix
de l’indice. Il est donc préférable, dans les comparaisons binaires, d’établir la moyenne
des deux, sous forme d’un indice de Fisher.
En règle générale, les poids numériques explicites ne sont pas disponibles au niveau de
chaque élément d’échantillon. Aussi applique-t-on une forme de pondération implicite,
selon que les pays considèrent un élément particulier comme représentatif du modèle
de consommation national ou non. Le niveau d’agrégation le plus bas auquel on dispose
de poids numériques est celui de la rubrique élémentaire.
La transitivité suppose que la PPA directe entre les pays A et C est égale à la PPA
indirecte obtenue en multipliant la PPA directe entre les pays A et B (ou tout autre pays
tiers) par la PPA directe entre les pays B et C. Bien que les PPA Fisher au niveau de la
rubrique élémentaire ne soient pas transitives, il est possible d’en faire dériver une série
de PPA transitives très proches des indices de Fisher initiaux, et ce grâce à la méthode
des moindres carrés. L’application de la formule dite EKS (Éltetö-Köves-Szulc) permet
de minimiser les écarts entre les indices de Fisher initiaux et les indices transitifs
souhaités, et de produire une série complète de PPA transitives au niveau de la rubrique
élémentaire.
Les PPA transitives ainsi obtenues pour tous les pays et toutes les rubriques
élémentaires sont agrégées jusqu’au niveau du PIB total, les dépenses des comptes
nationaux servant de poids. Les PPA agrégées au niveau du PIB ou toute autre catégorie
peuvent être appliquées, par exemple, dans le calcul des dépenses réelles et des indices
55
de volume utilisés dans les comparaisons entre pays. En divisant une PPA par le taux
de change nominal entre deux pays, on obtient un indice de niveau de prix (INP) qui
peut être utilisé dans les analyses des niveaux de prix comparés des pays.
56
Chapitre 3 Séquence des comptes et Tableau des Comptes
Economiques Intégrés (TCEI)
Les concepts et définitions présentés au chapitre 1 permettent d’enregistrer l’ensemble
des opérations et autres flux et tous les stocks dans les comptes du SCN. Chaque
compte a trait à un aspect particulier du comportement économique des unités. Il
contient des opérations, des autres flux ou des stocks et présente les écritures pour une
unité institutionnelle, un groupe d’unités (un secteur par exemple) ou le reste du monde.
57
3.1 Séquence complète des comptes et soldes comptables
Cette section présente la structure comptable du SCN de façon générale et non le détail
du contenu des comptes pour chaque unité ou chaque secteur particulier. La structure
comptable est uniforme dans tout le SCN. Elle s’applique à toutes les unités
institutionnelles et à tous les secteurs et sous-secteurs institutionnels, ainsi qu’à
l’économie totale. Il peut toutefois arriver que des comptes n’aient pas de raison d’être
pour certains secteurs. De même, toutes les opérations ne sont pas nécessairement
pertinentes pour chaque secteur et, même si elles le sont, elles peuvent constituer des
ressources pour certains secteurs et des emplois pour d’autres.
Il faut également noter que les soldes des comptes peuvent être exprimés bruts ou nets,
la différence entre ces deux notions correspondant à la consommation de capital fixe
(CCF). Du point de vue conceptuel, les soldes nets ont beaucoup plus de sens.
Toutefois, les concepts, et notamment les agrégats bruts sont largement utilisés, et les
estimations brutes sont souvent plus faciles, plus précises et plus rapides à obtenir que
les nettes.
Compte de production
58
pour obtenir cette production. La valeur ajoutée, qui est son solde, mesure la
contribution du secteur institutionnel au Produit Intérieur Brut. Il se présente ainsi que
suit :
Compte de production
Emplois Ressources
Consommation intermédiaire Production
(consommation de capital fixe)
Valeur ajoutée brute (nette)
Le compte d'exploitation
59
-Compte d’exploitation
Emplois Ressources
Rémunération des salariés (D1) Valeur ajoutée brute (net)
Autres impôts sur la production (D29)
moins (-) Autres subventions sur la production (D39)
Excédent d'exploitation / revenu mixte brut (net)
Le compte d'exploitation montre comment la valeur ajoutée est répartie entre les
salariés, l'État et les entreprises.
60
et le patrimoine (D5), les cotisations et les prestations sociales (D6) ainsi que les autres
transferts courants (D7), affectent le revenu des agents.
61
Les comptes d’utilisation du revenu
62
3.1.2 Comptes d’accumulation
L’épargne, en tant que solde du dernier compte courant, constitue le point de départ
des comptes d’accumulation.
Le compte de capital
63
Le compte de capital décrit les opérations liées aux investissements en actifs physiques
et aux transferts en capital.
Compte de capital
Variation des actifs Variation des passifs et de la valeur nette
Formation brute de capital fixe Epargne brute (nette)
(Consommation de capital fixe (–)) Transfert en capital à recevoir (+)
Variations des stocks Transfert en capital à payer (-)
Acquisitions moins cessions
d’objets de valeur
Acquisitions moins cessions d’actifs
non produits
Capacité (+) / besoin (-) de
financement
Le compte financier
Compte financier
Variation des actifs Variation des passifs et de la valeur
nette
Capacité (+) / besoin (-) de
financement
Acquisition nette d’actifs financiers Acquisition nette de passifs financiers
Or monétaire et DTS (F1) Or monétaire et DTS
Numéraire et dépôts (F2) Numéraire et dépôts
Titres de créance (F3) Titres de créance
Crédit (F4) Crédit (F4)
64
Actions et parts de fonds Actions et parts de fonds
d’investissement (F5) d’investissement
Systèmes d’assurances, de pensions et de Systèmes d’assurances, de pensions et
garanties standard (F6) de garanties standard
Produits financiers dérivés et options Produits financiers dérivés et options
sur titres des salariés (F7) sur titres des salariés
Autres comptes à recevoir/à payer (F8) Autres comptes à recevoir/à payer
La valeur du patrimoine d'un agent économique ne varie pas uniquement du fait de ses
opérations, c'est-à-dire des actions qu'il a décidées ou acceptées, il peut aussi varier du
fait d'événements qu'il ne contrôle pas. En comptabilité nationale, ces événements sont
regroupés en deux grandes catégories : les autres changements de volume ; et les
gains et pertes de détention. À chacune de ces catégories correspond un compte.
65
Changements de nomenclature Changements de nomenclature
Total autres changements de volume Total autres changements de volume
Actifs produits Actifs produits
Actifs non produits Actifs non produits
Actifs financiers Actifs financiers
Variations de la valeur nette dues aux
autres changements de volume d’actifs
Le compte de réévaluation
Compte de réévaluation
Variation des actifs Variation des passifs et de la valeur
nette
Gains/pertes nominaux de Gains/pertes nominaux de
détention détention
Actifs non financiers Actifs non financiers
Actifs produits Actifs produits
Actifs non produits Actifs non produits
Actifs / passifs financiers Actifs / passifs financiers
Variations de la valeur nette dues aux
gains/pertes nominaux de détention
3.1.3 Comptes de patrimoine
66
Les comptes de patrimoine d’ouverture et de clôture montrent les actifs du côté gauche,
les passifs et la valeur nette du côté droit.
Le solde du compte de patrimoine est la valeur nette, c’est-à-dire la différence entre les
actifs et les passifs. La valeur nette équivaut à la valeur actuelle de la réserve de valeur
économique détenue par l’unité ou le secteur.
Compte de patrimoine
Actifs Passifs et valeur nette
Total des actifs Total des passifs
Actifs non financiers Passifs
Actifs produits
Actifs non produits
Actifs financiers
Valeur nette
Le Tableau des Comptes Economiques Intégrés (TCEI) récapitule tous les comptes de
flux et de patrimoine de la comptabilité nationale. Il donne une vue complète des
comptes de l’économie totale, comptes de patrimoine compris, d’une manière qui fait
ressortir les principales relations économiques et les grands agrégats. Ce tableau montre,
simultanément, la structure comptable générale du SCN et un ensemble de données
pour les secteurs institutionnels, pour l’économie dans son ensemble et pour le reste du
monde.
67
3.2.1 Structure générale du TCEI
Le TCEI est une présentation combinée des comptes de secteur et des comptes
d’opération : en colonnes se trouvent les secteurs institutionnels et en lignes les
opérations.
Les colonnes de gauche du tableau sont relatives aux emplois, les colonnes de droite
aux ressources. En partant de la colonne centrale, apparaissent de chaque côté :
- les comptes des secteurs institutionnels, avec une colonne pour chaque secteur,
- une colonne correspondant à l'économie nationale, où figure le total des secteurs
(résidents),
- une colonne pour le Reste du monde,
- une colonne pour les opérations relatives aux biens et services, tenue à l'envers
des autres colonnes et dont la particularité est expliquée dans la suite,
- le cas échéant, une colonne « Total » pour permettre les contrôles.
Dans la colonne centrale, figurent les opérations et les soldes, regroupés suivant la
séquence des comptes. Les soldes assurent l’articulation entre deux comptes successifs.
Exemple : la valeur ajoutée, solde du compte de production figure en ressources du
compte suivant, le compte d’exploitation.
Le TCEI présente la séquence des comptes pour chaque secteur dans chaque paire de
colonnes (emplois et ressources) correspondante.
Chaque opération est enregistrée sur une seule ligne. Pour ce qui est des opérations de
répartition, une opération décrite en emploi d'un secteur est une ressource d'un autre
secteur ou du Reste du monde, et réciproquement.
68
Certaines opérations relèvent de plusieurs comptes : ainsi, les salaires sont enregistrés
en emplois du compte d'exploitation des sociétés et des administrations, et en
ressources du compte d'affectation des revenus primaires des ménages. Pour faire
figurer l'opération sur une seule ligne, il faut décaler les comptes.
Un autre décalage provient du fait qu'on fait également figurer chaque solde sur une
seule ligne, en emplois d'un compte et en ressources du compte suivant.
Ce compte est tenu du point de vue de l’extérieur, comme s’il s’agissait d’un secteur
institutionnel. La séquence des comptes courants du reste du monde comprend deux
comptes :
- le compte extérieur des biens et services, qui fait en quelque sorte le pendant du
compte de production de l’économie nationale, et dont le solde est le solde
extérieur des biens et services ;
- le compte des revenus primaires et des transferts courants, qui couvre l’ensemble
des opérations de répartition du revenu, et dont le solde, appelé solde extérieur
courant, est l’équivalent de l’épargne.
Le TCEI est conçu de façon à obtenir un équilibre sur chaque ligne, entre côtés gauche
et droit.
Cet équilibre est nécessairement obtenu pour les opérations de répartition et les
opérations financières, puisque pour celles-ci, une ressource pour un secteur est à la fois
un emploi pour un autre.
69
En revanche, pour les opérations sur biens et services, ce n’est pas le cas. L’équilibre,
ligne à ligne, pour ces opérations est obtenu artificiellement, par intervention d’une
colonne spéciale : le compte des biens et services. Ce compte des biens et services
fonctionne comme un compte miroir, par rapport aux opérations de biens et services
qui interviennent dans la séquence des comptes des secteurs. Ainsi, par exemple, le
montant des exportations en emploi du reste du monde sera repris dans la colonne
« biens et services » du côté droit, et ce sera l’inverse pour la production des secteurs
résidents.
E m p l o i s
(Ressources)
S.2 S.1 S.15 S.14 S.13 S.12 S.11
Total
Total Compte des Reste du ensemble de ISBL Ménages Adminis- Sociétés Sociétés
général biens et monde l'économie trations financières non
services publiques financières
R e s s o u r c e s
70
Emplois et ressources sont positionnés de manière symétrique. La colonne « total
général » a pour fonction de confirmer la cohérence comptable de l'ensemble, mais n'a
pas de signification économique. La colonne concernant le compte des biens et services
se situe en extériorité par rapport au reste des colonnes ; et se présente de manière
symétrique par rapport aux colonnes réservées aux secteurs institutionnels. Les cinq
secteurs institutionnels résidents sont distingués, et une colonne est prévue pour leur
regroupement, ce qui correspond au compte de l'économie nationale.
71
LE TABLEAU DES COMPTES ECONOMIQUES INTEGRES
Emplois Ressources
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1
Compte
de production
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1 Légende
1 Compte des biens et services
Compte
d'exploitation 2 Reste du monde
3 ISBL
4 Ménages
5 Administrations publiques
6 Sociétés financières
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1 7 Sociétés non financières
Compte
d'affectation des
revenus primaires
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1
Compte
de distribution secondaire
du revenu
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1
Compte
de redistribution
des revenus en nature
1 2 3 4 5 6 7 Opérations 7 6 5 4 3 2 1
Compte
d'utilisation
du revenu
Actifs Passifs
1 2 3 4 5 6 7 Actifs
d'ouverture 7 6 5 4 3 2 1 Compte de patrimoine
en début d'exercice
1 2 3 4 5 6 7 Actifs
de clôture
7 6 5 4 3 2 1 Compte de patrimoine
en fin d'exercice
73