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8.660329-30 Sungtext
8.660329-30 Sungtext
660329-30
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Néoclès
Le théâtre représente le vestibule du Palais du Sénat. Guerriers, que la patrie
à nos bras se confie.
Au prix de notre vie,
nous devons la sauver.
[2] N° 1 – Introduction
Que ne peut le courage
quand on fuit l’esclavage!
Scène première
D’un conquérant barbare
Cléomène, Néoclès, Hiéros, Adraste,
il faut braver la rage.
guerriers grecs.
Le jour de la vengeance
enfin luira pour nous.
Plusieurs guerriers (à Cléomène)
Ta noble voix, seigneur, nous assemble en ces lieux
Hiéros
pour défendre l’asile où dorment nos aïeux.
Oui, combattez; le ciel veille sur vous.
Cléomène a l’air sombre et rêveur;
les guerriers le regardent et disent: Le glaive homicide
Mais, ô ciel!.. il garde le silence... du brave est l’égide;
Il hésite, il balance... l’honneur seul le guide;
et le trouble est peint dans ses yeux... d’un pas intrépide,
Ah! pour nous plus d’espérance: bravant le trépas,
le destin trahit nos vœux. il vole aux combats.
Et s’il succombe à la horde cruelle...
la palme immortelle
Cléomène
console ses regards.
Depuis longtemps du vainqueur de Byzance,
qui de toutes parts
assiège nos remparts, Cléomène
nous avons affronté la farouche arrogance. Le glaive homicide
Votre vaillance chaque jour du tyran du brave est l’égide,
sait braver la fureur. l’honneur guide
Mais l’avenir m’effraie... son bras intrépide.
Hélas! au champ d’honneur, Aux armes!
nos plus braves guerriers trouvent leurs funérailles;
des fléaux dévorants assiègent nos murailles... Néoclès
Le glaive musulman, le bronze des batailles, Aux armes!
moissonnent à l’envi le peuple et les soldats. Point d’effroi, point d’alarmes.
Mahomet furieux nous menace et nous presse;
des flots de sang vont inonder la Grèce... Hiéros
Pour fuir le joug du tyran, Aux armes!
ô ciel! quel parti prendre? Ah! bannissez votre effroi, vos alarmes!
Faut-il combattre encore, ou bien faut-il se rendre?
Ô terrible moment! Chœur
Le danger est extrême... Aux armes!
Notre âme intrépide
Pamyra (à part)
Récitatif Ô douleur!
Cléomène
Cléomène Viens, suis-nous, la pompe est déjà prête.
Vaillants guerriers, votre noble courage
de la victoire offre le sûr présage. Pamyra
J’ai dû vous consulter, Quoi! dans ce jour de deuil?
mais j’admire votre courage,
dont jamais je n’ai su douter. Néoclès
Ah! sur l’autel de la patrie Pamyra!...
jurons tous de vaincre ou de mourir.
Qui de nous pourrait souffrir Cléomène
la honte, ou l’infamie? Qui t’arrête?
L’honneur nous est bien plus cher que la vie.
Pamyra
Tous Je vous donne mes jours, mon père,
Oui, jurons tous, par ces armes ils sont à vous,
de sauver la Grèce et ses remparts, mais cet hymen...
méprisant les dangers, les alarmes.
Rangeons-nous près de nos étendards. Cléomène et Néoclès
Qui, jurons, combattons, Grands Dieux!
et s’il faut qu’on succombe,
si le sort nous condamne au malheur, Pamyra
que Corinthe nous serve de tombe, J’embrasse vos genoux.
monument de gloire et d’honneur.
Adraste et les guerriers sortent.
Néoclès
Jour fatal!
Cléomène
Scène deuxième Coupable mystère!
Cléomène, Hiéros, Néoclès. Ton cœur a-t-il flatté les vœux d’un autre amant?
Cléomène Pamyra
La Grèce est libre encor; Almanzor, dans Athènes, a reçu mon serment.
nous vaincrons nos tyrans.
Ma belliqueuse ivresse a passé dans nos rangs. Cléomène
Allez, sage Hiéros... Quel est cet Almanzor, quel est ce téméraire?
Hiéros Pamyra
Oui, dans ce jour d’alarmes Pamyra lui garde sa foi.
intéressons le ciel au succès de nos armes.
Il sort. Cléomène
Bannis cet amour de ton âme.
Si tu ne renonçais à ta coupable flamme,
[3] N° 2 – Scène et Trio le courroux paternel retomberait sur toi.
Néoclès Pamyra
Ta fille m’est promise, et d’un hymen si beau Disgrâce horrible! Affreux tourments!
nous devions dans Corinthe allumer le flambeau. Ce coup terrible glace mes sens.
Tiendras-tu tes serments?
Cléomène et Néoclès
Cléomène Mystère horrible! Affreux tourments!
Oui, ma foi t’est donnée. Ce coup terrible glace mes sens.
Pamyra
Ciel! sois propice à ma prière!
Scène troisième Tu vois ma peine, en toi j’espère.
Les mêmes, Pamyra. Fléchis d’un père la juste colère,
du sort contraire suspends les coups.
Cléomène
Approche, Pamyra. Cette grande journée Néoclès
peut nous êtres fatale et doit fixer ton sort. Ciel! sois propice à ma prière!
Ton père en combattant peut rencontrer la mort. Tu vois ma peine, en toi j’espère;
La mort est préférable au malheur d’être esclave; Ah! mets un terme à ma misère,
pour être ton appui, j’ai fait choix du plus brave, du sort contraire suspends les coups.
de Néoclès...
Cléomène
Pamyra (à part) Ciel! sois propice à ma prière!
Qu’entends-je!... Tu vois ma peine, en toi j’espère;
Ah! mets un terme à ma misère,
du sort contraire suspends les coups.
Néoclès
Assure mon bonheur,
Cléomène (à Pamyra)
Sois digne de ton nom, de la Grèce et de moi. [5] N° 4 – Récitatif et Air
Pamyra
En quel jour de douleur!
Mahomet ACTE SECOND
Ce jour peut se changer en un jour d’allégresse.
Qu’elle soit mon épouse et je sauve la Grèce.
Le théâtre représente le pavillon de Mahomet.
Pamyra
Ô mon père!
Scène première
Cléomène Pamyra, Ismène, femmes turques.
Ô contrainte! Ô fureur!
À Pamyra. [7] N° 6 – Récitatif et Air
Repousse un coupable hyménée!
Pamyra
Mahomet Que vais-je devenir? Destin inexorable!
Viens, suis-mois dans mon camp. Ah! comment me soustraire au pouvoir indomptable
d’un amant, d’un vainqueur?
Cléomène Le courroux paternel me poursuit et m’accable...
Suis ton père à la mort. Corinthe est dans les fers, jour de deuil et d’horreur!
À Néoclès tu fus donnée. Vos chants, vos jeux, ces fleurs, ces flambeaux, cette fête,
tout augmente ma douleur.
Pamyra et Mahomet De noirs cyprès l’on doit couvrir ma tête...
À Néoclès... La mort, oui, la mort seule est l’espoir de mon cœur.
Cléomène Pamyra
Lui seul dispose de ton sort. Du séjour de la lumière,
daigne hélas! ma tendre mère,
Pamyra accueillir ma prière
Non, jamais! et veiller sur mon destin.
Cléomène Chœur
Fille ingrate, opprobre de ton père, Ah! dissipe ton chagrin!
à ton front criminel, j’attache ma colère. Il vient… couronne sa tendresse,
Je te maudis... et ne verse plus de pleurs;
monte au trône, sauve la Grèce,
Tous, sauf Cléomène mets un terme à ses malheurs.
Affreux transport!
[Chœur
Pamyra Quel bruit!
Jour effroyable! Ah, contre leur furie
Le sort m’accable! rien ne peut nous secourir.
Ah! je succombe à ma douleur. Ô mes frères, ô ma patrie,
l’heure approche, il faut mourir.]
Cléomène
Fille rebelle à la voix de ton père, Pamyra
crains la colère Mais après un long orage
d’un dieu vengeur. à l’abri de l’esclavage,
ma patrie, ô doux présage,
Mahomet (à Pamyra) reverra ses plus beaux jours.
Viens, suis-moi... mon amour, ma puissance Chœur
vont bientôt désarmer sa vengeance. Tant de constance et de courage
Sa fureur, sa coupable arrogance, grand dieu, mérite ton secours.
livreront tout un peuple au malheur. À la Grèce, ô doux présage,
tu rendras ses beaux jours.
Femmes grecques
De l’amour la funeste puissance Scène deuxième
pour jamais lui ravit l’espérance. Les mêmes, Mahomet.
Rien ne peut égaler sa souffrance,
son amour la condamne au malheur. [8] N° 7 – Scène, Duo et Chœur
Cléomène Pamyra
Dieu puissant, viens punir son offense, Ciel!
sur sa tête accomplis ma vengeance.
Rien ne peut égaler ma souffrance, Mahomet
Mahomet (à part)
Ciel! quel étrange délire,
interdite, agitée elle tremble et soupire.
Rien ne calme son tourment.
Mont pouvoir t’environne,
que peux-tu craindre encore?
Partage mon Empire
et calme ton tourment.
Scène troisième
Les mêmes, guerriers turcs, suite de Mahomet, Imans,
odalisques, etc.
Omar et Chœur
La fête d’Hyménée
nous assemble en ces lieux.
Pamyra
Ô comble de misère!
Ô malheureux transport.
Affreuse destinée,
le ciel maudit mes feux.
Mahomet
Calme ta peine amère,
partage un doux transport,
ô chaine fortunée,
le ciel comble nos vœux.
Omar et Chœur
Ô chaine fortunée,
transports délicieux,
quelle heureuse journée!
Tout sourit à ses vœux.
Pamyra s’assied à côté de Mahomet.
Mahomet
Triomphe, Pamyra, de l’effroi qui t’arrète.
Préside avant l’hymen à cette auguste fête.
[9] N° 8 – Ballade
Ismène
CD 2 Néoclès
Je suis...
[1] Premier Air de Danse
[2] 2ème Air de Danse Pamyra
Il est mon frère.
Mahomet Néoclès
Jeune Grec, esclave rebelle, Je serais le témoin de cette horrible fête?
quel espoir aux combats a pu te rappeler? Non, la mort...
Seul, que prétends-tu?
Mahomet
Néoclès Insensé!
Mourir ou t’immoler. Pamyra
Voilà ce que des Grecs un tyran doit attendre, Mahomet!
et la paix qu’en leur nom je devais t’apporter.
Mahomet (à Pamyra)
Mahomet Calme-toi. Viens, l’autel est préparé.
Ils repoussent la main que je daignais leur tendre.
Pamyra
Néoclès Que résoudre, que faire?
Toi qui les vis combattre, en pourrais-tu douter?
Sais-tu qu’en ce moment, de notre mort jalouse, Mahomet
nous disputant l’honneur de garder ce rempart, Songe à tous nos serments.
nos vierges en deuil, nos épouses,
de la palme funèbre ont réclamé leur part? Néoclès
D’un beau trépas tout respire l’ivresse, Souviens-toi de ton père.
tandis que Pamyra par des chants d’allégresse, Il t’appelle, il t’attend.
accueille un vainqueur flétrissant
et sur le tombeau de la Grèce Mahomet
ose couvrir son front de fleurs teintes de sang. Pamyra, sois à mois.
Idole de mon âme,
Pamyra viens, l’autel te réclame.
Où fuir? Couronne enfin la flamme
d’un amant, d’un vainqueur.
Mahomet (à Néoclès)
À ma fureur, rien ne peut te soustraire. Pamyra
Qui es-tu? Qui es-tu? Le trouble est dans mon âme,
je rougis de ma flamme.
Omar Pamyra
Corinthe nous défie; elle a repris les armes. Oui, j’aspire comme eux aux lauriers du martyre.
Mahomet Néoclès
Corinthe!.. Quand je puis la livrer au trépas!... Je triomphe!...
Omar Mahomet
Entends au loin le cri d’alarmes. Mon espoir, tes serments,
Les vierges sur les murs se mêlent aux soldats. mes vœux seraient trahis!
Regarde... Pamyra
J’adorais Almanzor... Je meurs pour mon pays.
Le rideau du fond se lève, et laisse voir
la citadelle couverte de femmes Néoclès
et de guerriers armés. (avec joie)
Pamyra...
Néoclès
Quel spectacle! Mahomet
Sois à moi...
Pamyra
Ô remords! Pamyra
Plus d’hymen.
Mahomet
Ô délire! Mahomet
Néoclès Suis mes pas!
Pamyra!..
Néoclès
Pamyra Je triomphe!
Ah, je t’entends, et mon amour expire.
Mahomet
Chœur des grecs (du haut de la citadelle) Ô fureur!
Bravons son empire,
vengeons nos affronts. Néoclès
Palmes du martyre, Ô victoire!
ombragez nos fronts.
Pamyra
Néoclès Ô mon père!
Bravons leur empire,
vengeons nos affronts. Mahomet
Ô palmes du martyre, Vois l’autel.
ombragez nos fronts.
Pamyra
Chœur de femmes turques Non, la mort!
Funeste délire!
Souffrez vos affronts, Néoclès
devant son empire, Cette mort...
courbez tous vos fronts.
Pamyra
Chœur des hommes turcs C’est la gloire.
Reprends ton empire,
marchons, combattons! Mahomet
Ce peuple enfin expire, Je frémis!
combattons, marchons!
Pamyra
Pamyra, Ismène Viens, mon frère!
Vengeons nos affronts,
ô palmes du martyre,
Néoclès
ombragez nos fronts!
Oui, marchons.
Mahomet
Mahomet
Funeste délire!
Au trépas.
Ô comble d’affronts!
Funeste délire!
Devant mon empire,
Ô comble d’affronts.
courbez tous vos fronts.
[6] N° 12 – Air
ACTE TROISIEME
Néoclès
Grand Dieu, faut-il qu’un peuple qui t’adore
Le théâtre représente les tombeaux de Corinthe, éclairés par quitte à jamais ses foyers paternels?
des feux multipliés. Tout l’abandonne... Il t’appelle, il t’implore.
Laisseras-tu renverser tes autels?
Non, non, j’en crois ta parole immortelle.
[5] N° 11 – Récit et Prière Contre ta loi l’enfer conspire en vain.
Nous périrons, mais la race infidèle
Scène première paiera bientôt son triomphe inhumain.
Néoclès, seul. De Pamyra j’ai pu briser la chaîne
et du tyran mépriser le courroux.
Néoclès Ah! c’est le Ciel qui dans ces lieux l’amène
Avançons... Oui, ces murs... c’est ici... plus d’effroi. pour triompher ou mourir avec nous.
Salut, tombeaux sacrés! salut, dernier asile, C’est toi, grand Dieu, qui des bords de l’abîme,
où pour fuir l’esclavage un grand peuple s’exile. daigne sauver l’innocente victime.
J’arrive à temps, les Grecs ne mourront pas sans moi. Par toi l’espérance en mon cœur se ranime.
Des bords de l’abîme, sauvant la victime,
tu daignes combler mes vœux.
Près de l’urne de sa mère,
Scène deuxième en ce séjour ténébreux,
Néoclès, Adraste. soumise aux lois de son père,
elle fuit d’horribles nœuds.
Adraste (avec surprise) Près de son père,
Ciel! Que vois-je! Quels traits à mes regards offerts! elle fuit d’horribles nœuds.
Néoclès avec nous dans ces demeures sombres?
Néoclès
À la faveur du combat et des ombres,
j’ai trompé mes gardiens et j’ai brisé mes fers. Scène quatrième
Oui, sous ces voûtes funéraires, Néoclès, Cléomène.
à la lueur des sinistres flambeaux,
je viens joindre une offrande à celle de mes frères.
[7] N° 13 – Scène et Trio au bout d’un fer sanglant verra passer nos têtes.
Va couronner ton front d’un opprobre éclatant.
Néoclès Fuis, quitte ces tombeaux ou j’en sors à l’instant.
Cher Cléomène...
Pamyra
Cléomène Mon père!...
Ô toi que je croyais perdu,
à notre dernier jour tu nous es donc rendu! Néoclès
Un fils me reste encor pour essuyer mes larmes. Ayez pitié de sa douleur mortelle.
Cléomène Pamyra
L’infidèle a brisé nos plus sacrés liens. Qui vient pour y mourir ne les quittera pas.
Qu’elle épargne à mon cœur sa présence ennemie.
Cléomène
Néoclès Y mourir! La patrie exile une infidèle!
Elle a sauvé mes jours. Il faut pour le trépas des âmes dignes d’elle.
Esclave d’un tyran, de quel front oses-tu
Cléomène réclamer les honneurs gardés à la vertu?
Elle a flétri les miens. Ton exécrable amour...
Je descends au tombeau tout chargé d’infamie.
Pamyra
Néoclès Il expire en mon âme.
Si, conduite à vos pieds par un remords soudain... La patrie, en mourant, m’épure de sa flamme.
Cléomène Pamyra
Et la mienne!.. Devant la tombe maternelle,
à Néoclès je viens donner ma foi.
Néoclès
Un père... Néoclès et Cléomène
Ciel!
Cléomène
Plus de grâce... Pamyra
Ciel! que vois-je?.. Trompons un tyran dans sa fureur jalouse.
Scène cinquième
Les mêmes, Pamyra. Cléomène
Mes enfants!...
Pamyra
Elle expire à vos pieds qu’elle embrasse. Néoclès
Pamyra!...
Cléomène
Il porte les mains sur son poignard, Pamyra
Néoclès le retient. Sans autels, ni flambeaux,
Que me veux-tu, perfide? Et quel est ton dessein? que j’emporte au cercueil le nom de ton épouse.
Pamyra Néoclès
Mon père!... Que son char vainqueur passe
entre nos tombeaux.
Cléomène
Quelle est ta famille? Cléomène
Je fus père autrefois; mais je n’ai plus de fille. Venez, venez tous deux. Que ma main vous bénisse,
Dans le camp d’un barbare, elle a porté ses pas. ce tombeau pour autel... qu’un père vous unisse.
Il les unit.
Pamyra
Elle est à vos genoux.
Pamyra, Cléomène et Néoclès
Cléomène Céleste providence,
Je ne l’aperçois pas. j’implore ta puissance.
Je n’y vois qu’un objet dont l’impure faiblesse, Termine la souffrance
d’une honte éternelle a couvert ma vieillesse d’un peuple malheureux.
et qui, pour me fléchir, feignant un vain remords, Jamais de l’innocence
vient jusqu’en ces tombeaux déshonorer ma mort. tu n’as trompé les vœux.
Fuis, nos tyrans te redemandent,
au sérail du vainqueur les voluptés t’attendent. Pamyra (à Cléomène et à Néoclès, prêts à sortir)
Embrasés par nos mains, nos palais, nos tombeaux Mon père!...
à ton affreux hymen serviront de flambeaux
et ton regard, demain, dans la pompe des fêtes, Néoclès
Hiéros
Ô patrie!
Chœur
Scène sixième Ô patrie!
Les précédents, Hiéros, suivi d’Adraste et d’Ismène, femmes,
jeunes filles et guerriers grecs. Hiéros
[8] N° 14 – Récit et Scène Tous tes fils se lèvent à ton nom!
Le vent fait voler sur leurs armes
Hiéros la poussière de Marathon.
Je viens de parcourir la belliqueuse enceinte.
Déjà les Musulmans s’avancent sur nos pas. Chœur
Nous n’avons plus d’espoir que dans un beau trépas. Marathon! Marathon!
Cléomène Hiéros
A cette mort auguste et sainte Comme un grand bouclier, Dieu protège nos villes,
les trois cents immortels ne se refusaient pas. notre cendre féconde enfante des soldats.
Ne leur cédons point cette gloire. L’écho sacré des Thermopyles
Je veux que devant nos tombeaux se souvient de Léonidas.
le Musulman troublé doute de sa victoire.
Vieillard, chéri du ciel, bénissez nos drapeaux. Chœur
Léonidas! Léonidas!
Hiéros
Les siècles à venir garderont la mémoire Hiéros
de ce noble trépas qui venge nos affronts. Répondons à ce cri de victoire,
Guerriers, prosternez tous vos fronts. méritons un trépas immortel,
Tous les guerriers se prosternent, Nous verrons dans les champs de la gloire
ainsi que les femmes. le tombeau se changer en autel.
Fermez-vous tous vos cœurs à d’indignes alarmes?
Tous ensembles
Chœur Répondons à ce cri de victoire,
Oui, tous. méritons un trépas immortel.
Nous verrons dans les champs de la gloire
Hiéros le tombeau se changer en autel.
Guerriers, reviendrez-vous avec ou sur vos armes? Marchons!
Tous sortent, excepté Pamyra et les femmes.
Chœur
Oui, tous! Nous le jurons!
Scène septième
Hiéros Pamyra, Ismène, femmes grecques.
Saurez-vous tous mourir pour la patrie en larmes?
[9] N° 15 – Récit et Prière
Chœur
Oui, tous! Nous le jurons! Pamyra
L’heure fatale approche... Il faut vaincre ou périr!
Hiéros Pour leur Dieu, pour la Grèce, ils sauront tous mourir.
Au nom de Dieu qui vous inspire, Voûtes paisibles et sombres, asile de la mort,
je bénis vos fronts glorieux, vous qui nous protégez et couvrez de vos ombres,
j’attache à vos drapeaux les palmes du martyre, ah, si le sort des Grecs trahit le noble effort,
levez-vous pour mourir; je vous ouvre les cieux. écroulez-vous! Que parmi vos décombres
Marchons. les vils esclaves du croissant,
Mais, ô transports, ô prophétique ivresse! affamés de carnage et de crimes,
Dieu lui-même commande à mes sens agités en cherchant leurs victimes,
et dévoile à mes yeux l’avenir de la Grèce. n’y retrouvent que du sang.
Avant de mourir, écoutez. Entourez-moi, mes sœurs,
victime volontaire,
Chœur Pamyra n’a plus rien qui l’attache à la terre.
Dieu dévoile à ses yeux l’avenir de la Grèce,
écoutez! Juste ciel! Ah, ta clémence
est ma seule espérance.
Hiéros Daigne plaindre ma souffrance,
Quel nuage sanglant a voilé ce rivage! mets un terme à ma douleur.
Tout un peuple s’endort du sommeil du trépas.
Je vois peser sur lui cinq siècles d’esclavage Chœur
et le bruit de ses fers ne le réveille pas! Juste ciel! De ta clémence,
ciel, nous implorons ta faveur.
Chœur Mets un terme à nos douleurs.
Et le bruit de ses fers ne le réveille pas!
Pamyra
Mais quels accents se font entendre?
Le sort trahit nos combattants.
Ils sont tous morts pour nous défendre.
Viens, fier vainqueur, viens, je t’attends.
Scène huitième
Les précédents, troupe de Musulmans.
Chœur de musulmans
Frappons, frappons sans plus attendre,
foulons aux pieds leurs corps sanglants.
Scène neuvième
Les précédents, Mahomet.
Mahomet
Que Pamyra soit ma conquête!
Qu’on la saisisse! Allez!..
Pamyra
Arrête,
ou ce poignard perce mon sein.
Chœur
Ô patrie!
La toile tombe.