Vous êtes sur la page 1sur 13

"

You are Here Home » Diaporama » Vivre et Prier avec la Terre

Diaporama Réflexions

Vivre et Prier avec la Terre


$ 15 mars 2014 % Ecojes Admin

Andy Otto
:
Crédit photo: ignatiusguelph.ca

Implantée sur près de 245 hectares de terres arables à Guelph, en Ontario au


Canada, la Maison Loyola est une maison de retraite des Jésuites où j’ai fait une
retraite de huit jours. L’étendue des terres, l’agriculture, et des kilomètres de
sentiers en font un lieu idéal pour une maison de retraite. En fait, les retraitants
sont encouragés à se promener et prier avec la terre.

En pleine retraite, j’ai même aidé des stagiaires agricoles à récolter 54,5 kgs de
carottes et de betteraves. Après quelques heures à creuser et à tirer, mes mains
étaient âpres et sales, et j’ai eu une nouvelle appréciation de l’origine des
aliments que je prends tant comme allant de soi au supermarché.

Actuellement, la plupart d’entre nous qui vivons dans les pays développés et à
proximité des grandes villes, sommes séparés de la terre. Nous perdons de vue
notre appel commun à l’harmonie avec la nature, c’est-à-dire vivre et prier avec
la terre.

Vivre avec la terre

Dans son message pour la Journée mondiale de la paix en 2010, le pape Benoît
XVI a appelé tous les peuples à cultiver la paix par la protection de la création. Il
:
a dit que ‘la Chute’ dans le récit de la Genèse, nous a rendus sourds à notre
appel inné à être les intendants et les protecteurs de la terre. L’humanité est
devenue égoïste et exploite la création. L’harmonie entre les êtres humains et la
terre a été rompue. Le commandement originel de Dieu, dit le pape, était un
“appel à la responsabilité.” Et quelle est notre réponse? Un cinquième de
l’humanité consomme 86 pour cent des ressources de la terre.

Il y a environ 10.000 ans, le développement de l’agriculture apporta de la


nourriture de façon plus efficiente à plus de gens. Mais les parcs
d’engraissement, les pesticides, et les ouvriers exploités que la production
moderne de masse utilise ont à nouveau révélé notre péché et notre dissonance
avec la terre. Heureusement, nous voyons des signes d’espoir dans notre
intendance de la terre. Aujourd’hui, nous assistons à un nouveau mouvement de
plus grande intendance qui met l’accent sur l’agriculture locale, la réduction
volontaire de la consommation personnelle, les compensations aux émissions de
carbone, continuant le cycle naturel de renouvellement par compostage, ainsi
que l’utilisation des matériaux et des méthodes de production durables.

Les évêques Américains, dans leur appel à système agricole plus juste,
encouragent des politiques et des lois qui promeuvent “les pratiques agricoles
respectueuses de l’environnement et durables.” Enracinés dans l’appel divin à la
responsabilité commune de l’environnement, les évêques implorent les décideurs
à considérer que “protéger la création de Dieu doit être un objectif central des
politiques agricoles.” Et l’Eglise catholique a longtemps défendu la dignité de la
personne humaine, y compris les petits agriculteurs de subsistance qui luttent
pour survivre.

À Guelph, la Ferme Ignace loue des terres à des agriculteurs locaux, offre des
parcelles de jardins communautaires pour des particuliers, et dispose d’un
programme d’agriculture communautaire (CSA). Grâce à la CSA, les entreprises
locales et les particuliers investissent dans une part de la ferme et ses
opérations. En retour, ils reçoivent chaque semaine des produits récoltés de la
terre. La mission de la ferme comprend une plus grande focalisation sur les
:
personnes par le biais des programmes de stages, la formation en culture
biologique, et la cohésion de la communauté locale.

Le pape Benoît XVI a dit, “Quand ‘l’écologie humaine’ est respectée dans la
société, l’écologie de l’environnement en bénéficie également.” Le pape François
y a fait écho lors des Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil quand il a dit
aux jeunes que la crise de l’environnement est étroitement liée à la crise des
relations humaines brisées. C’est pourquoi, dans le contexte d’une société
politique, il est impératif de focaliser à la fois sur le consommateur et
l’agriculteur. L’enseignement social catholique exprime clairement ce besoin,
appelant à la justice commutative qui exige l’équité dans le commerce et les
salaires. Ce même enseignement exige aussi une justice distributive pour que
toutes les personnes aient accès à la nourriture et aux fruits de la terre. La
justice sociale aussi doit être examinée dans le contexte de l’agriculture
mondiale.

Daniel Groody, dans son livre, La Mondialisation, la Spiritualité, et la Justice:


Naviguer le Chemin vers la Paix, dit, “Quand nous oublions notre lien
fondamental à la terre, nous perdons quelque chose de nous-mêmes.” Il n’est
pas étonnant que la religion primitive fût si étroitement liée à la terre. Les
peuples indigènes de la Cordillère des Andes, par exemple, ont un profond
respect pour la Pachamama, la Terre-Mère. Leurs rituels impliquent les riches
symboles de la nourriture, de la boisson, des plantes et d’autres choses de la
terre. Ils grillent la Pachamama en retournant à la terre par l’aspersion ou
l’enfouissement de la nourriture, en substance, “nourrissant la terre.” Cette
révérence et ce respect pour la terre résonne avec l’appel à l’intendance.

En effet, le christianisme aussi est lié à la terre. L’exhortation de saint Ignace


d’utiliser toutes les choses matérielles (y compris les choses de la terre) dans la
mesure où elles glorifient Dieu a toujours fait partie de l’appel initial de Dieu à
une intendance responsable. Et, la nature sacramentelle catholique fait
intervenir du pain et du vin, les deux venant de la terre, à la table eucharistique,
et de l’eau et de l’huile sur le corps des nouveaux baptisés.
:
Prier avec la terre

John Muir avait une fois écrit, “Des


milliers de fatigués, de stressés, de
gens sur-civilisés commencent à
réaliser qu’aller vers les montagnes
revient à aller à la maison; que la
nature sauvage est une nécessité;
que les parcs de montagne et les
réserves naturelles sont utiles non Jardin à Maison Loyola à Guelph. Crédit
seulement comme source de bois et photo: loyolahouse.com
de rivières qui irriguent, mais comme
des fontaines de vie.”

A la Maison Loyola, j’ai découvert à frais nouveau le respect pour la terre et le


Dieu de la création. Pour moi, la terre est devenue comme un texte de l’Écriture,
vivant et respirant ses paraboles. Terre ruminée, savourée, et contemplée, on
accède à de nouveaux entendements du Royaume. Comme je méditais sur les
paraboles de Jésus concernant l’agriculture et la moisson (“Le Royaume est
comparable à…”), Dieu devenait l’enseignant, utilisant la nature comme l’histoire.
Le Jésuite Anthony de Mello partage la sagesse de Muir que tout chercheur de la
nature a sans doute découverte: “Quand votre corps s’est trop longtemps retiré
de ses éléments, il se dessèche, devient mou et fragile, car il a été isolé de sa
force vitale. Lorsque vous êtes trop longtemps séparé de la Nature, votre esprit
se dessèche et meurt parce qu’il a été arraché à ses racines.”

De Mello met en harmonie ce que l’on pourrait appeler la Liturgie de la Terre: ses
cycles et ses motifs donnent naissance non seulement à des plantes et des
animaux croissant et mourant, mais aussi le plan caché de notre être, comme le
psalmiste le sent dans le Psaume 8. “Quand je vois tes cieux, ouvrage de tes
doigts, la lune et les étoiles que tu as mis en place – Qu’est-ce que l’homme pour
que tu te souviennes de lui, et un fils de l’homme que tu t’inquiètes pour lui?” (Ps.
8,4-5) Tout comme la lune et les étoiles, nous faisons partie de la prière de la
:
Création, une liturgie toujours en déploiement.

Jésus dit dans l’Évangile, les oiseaux ne stockent pas de nourriture, les fleurs ne
s’inquiètent pas au sujet des vêtements (Matt 6,26). Dans le même sens, nous
apprenons que la terre ne vit qu’au présent. Dans la nature, rien n’est forcé. De
Mello dit que la nature nous enseigne que nos vies doivent progresser sans
pression. N’est-ce pas la grâce? La Liturgie de la Terre est effectuée par
l’ensemble de tous ses acteurs: les plantes, le soleil et la lune, la pluie, la faune et
la personne humaine. Le pape Benoît XVI parle de la création contenant en son
sein une “grammaire” qui détermine comment les êtres humains interagissent
avec elle. L’agriculteur, le consommateur, et le marcheur de piste jouent chacun
ou chacune les rôles qui lui sont attribués. C’est cette grammaire qui doit
permettre à l’humanité de couler avec la nature et l’environnement. Elle doit nous
rappeler que nous sommes plus que nos biens et nos idées. En bref, nous
sommes un avec la création et devons vivre de cette façon, lâchant les attaches
humaines qui nous lient vers le bas.

En retraite, ce n’était pas les mots que j’ai priés qui ont dévoilé cette liberté et ce
détachement de ces choses qui ont fini par me posséder. C’était la simple prise
de conscience des lis des champs, des oiseaux du ciel, et de la nourriture qui
était servie dans mon assiette à chaque repas. En dehors du centre de retraite,
se trouvent les “Stations des Religions du Monde” constituées de panneaux
représentant chaque grande religion du monde. Sur l’un d’eux était écrite cette
prière amérindienne: “Grand Esprit, aide-nous à apprendre les leçons que tu as
cachées dans chaque feuille et chaque rocher.” L’idée de Dieu en toutes choses
est loin d’être une nouveauté; elle est ancienne. Lorsque nous devenons
conscients de la présence de Dieu dans toute la création nous dévoilons la grâce
de la liberté – libre d’attache – une grâce qui ne vient pas de nos propres efforts,
mais de la simple harmonie avec la création de Dieu.

“Beaucoup de gens font l’expérience de la paix et la tranquillité, du


renouvellement et de la redynamisation, quand ils entrent en contact étroit avec
la beauté et l’harmonie de la nature,” disait le Pape Benoît XVI en 2010. “Il existe
:
une certaine réciprocité: comme nous prenons soin de la création, nous nous
rendons compte que Dieu, à travers la création, prend soin de nous.”

Cela commence par l’écoute de la terre. La Liturgie de la Terre, comme toute


liturgie, coule naturellement et dans la prière. Le soleil se lève et se couche, les
saisons vont et viennent, et chaque récolte a un nouveau début l’année suivante.
La nature suit juste son cours. Et la personne humaine, qui bénéficie de cette
liturgie magnifique, doit être attentive aux façons dont la nature lui parle.

Quand nous percevons la terre et toute la création comme un don de Dieu pour
nous, nous pouvons mieux comprendre notre valeur et notre vocation en tant
qu’êtres humains. Notre réponse à ce don est notre réponse à Dieu et elle
commence, d’abord et avant tout, avec la conscience de la Terre, des cycles de la
nature, et des gens qui cultivent notre nourriture.

Mon temps à Guelph a permis d’enclencher cette prise de conscience, mais quoi
de plus? Pour beaucoup, leur prise de conscience conduit à de petites et lentes
étapes d’une vie simple, de l’attention, peut-être l’achat de crédits carbone, le
marché dans les fermes locales, en devenant membre de la CSA, en compostant
ou en achetant du café équitable ou de commerce de proximité. Et peut-être plus
important encore, notre réponse au don de Dieu inclut la prière dans et avec la
nature, dans la rue ou dans le parc. A ce moment-là, la terre peut devenir notre
enseignant.

Andy Otto vit actuellement à Providence, Rhodes Island,


aux Etats-Unis et a obtenu un diplôme de master en
théologie et ministère à l’École de théologie et ministère de
Boston College. Il blogue sur Dieu en Toutes Choses et
peut être joint à andy.otto@gmail.com.

Share

 Agriculture Communautaire, Dieu en Toutes Choses, Guelph, la Ferme Saint-Ignace, Liturgie de la Terre,
:
Maison Loyola

« Mobiliser le réseau mondial jésuite en collaborant pour le


développement global durable: Le IAJBS Annuel 20e Forum Mondial

Que signifie Anthropocène? »

RELATED POSTS

Vers une collaboration globale pour l’écologie intégrale


$ 4 mars 2024
:
Un guide pour prendre soin de notre planète
$ 2 janvier 2024

La newsletter Ecojesuit (EOF) partage des conseils pour la transition


écologique
$ 19 décembre 2023

Laisser un commentaire
Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont
indiqués avec *

Commentaire *

Nom *
:

Adresse de contact *

Site web

Save my name, email, and website in this browser for the next time I
comment.

Laisser un commentaire

CALENDAR

2024

MARCH
8 - International Women's Day, with the theme "Invest in women: Accelerate
progress"
11 to 15 - 2024 Reunión del Equipo Ampliado CPAL in Manaus, Brazil
14 - The Role of Church Leaders in Ecological Conversion, a Laudato Si' Action
Platform webinar, with Bishop Allwyn D'Silva as guest speaker - 7:00 Mexico
City, 8:00 New York, 13:00 London, 14:00 Rome, 16:00 Nairobi, 21:00 Manila,
:
register here to join
14 - International Day of Action for Rivers, with the theme "Water for All"
14 to 15 - Climate Change Conference, Feeding a Changing World: Climate
Change and Global Food Systems, School of Environmental Sustainability-
Loyola University Chicago, Damen Student Center, Lake Shore Campus
21 - Joint Diploma in Integral Ecology, Session 3: The human roots of the crisis,
13:30 to 15:00 CEST/GMT+1
21 - Cobalt Blues: A Conversation on the politics of resource extraction and
education in the Democratic Republic of Congo, a hybrid event organized by the
Canadian Jesuits International and the Arthur V Mauro Institute for Peace &
Justice at Saint Paul's College, 10:00 to 11:15 (CST-North America) via Zoom
and in person at Saint Paul's College in Winnipeg. To join the event online,
please register here
21 - International Day of Forests, with the theme "Forests and Innovation"
22 - World Water Day, with the theme "Water for Peace"
25 - Earth Hour

APRIL
15 to 26 - 23rd session of the UN Permanent Forum on Indigenous Issues, with
the theme "Enhancing Indigenous Peoples’ right to self-determination in the
context of the UN Declaration on the Rights of Indigenous Peoples: Emphasizing
the voices of Indigenous youth", UN Headquarters, New York, USA
18 - Joint Diploma in Integral Ecology, Session 4: Integral ecology, 13:30 to 15:00
CEST/GMT+1
22 - Earth Day, Planet vs Plastics, demanding a 60% reduction in ALL plastics
by 2040

MAY
16 - Joint Diploma in Integral Ecology, Session 5: Lines of action, 13:30 to 15:00
CEST/GMT+1
18 to 25 - 10th World Water Forum: Water for Shared Prosperity, to be held at
the Bali Nusa Dua Convention Center in Bali, Indonesia
19 to 26 - Laudato Si' Week 2024, with the theme Seeds of Hope
:
22 - International Day for Biological Diversity

JUNE
3 to 13 - Bonn Climate Change Conference, 60th session of the Subsidiary
Bodies (SB60) to be held at the World Conference Center in Bonn, Germany.
These "interim negotiations" are traditionally of great importance in the
preparation of the next climate conference (UNFCCC COP), which for this year is
COP29 in Baku, Azerbaijan on 11 to 22 November 2024.
10 to 16 - International Symposium 2024 on the Spiritual Exercises and
Ecological Conversion, Cova de Sant Ignasi, Manresa, Spain
20 - Joint Diploma in Integral Ecology, Session 6: Ecological education and
spirituality, 13:30 to 15:00 CEST/GMT+1

JULY
16 to 19 - AJCU Faith, Justice & Reconciliation Assembly 2024: Creation of a
Hope-filled Future, Loyola University Chicago, USA
31 - Feast of Saint Ignatius

AUGUST
18 to 25 - Eco Summer Camp: From wild consumption to responsible
engagement, held at Lassalle-Haus, Edlibach, near Zug, Switzerland.
Application process is open and all applications must be submitted by 30 April
2024.

SEPTEMBER
22 to 23 - UN Summit of the Future: Multilateral Solutions for a Better Tomorrow
:
All Rights Reserved 2024.
Proudly powered by WordPress | Theme: Refined Magazine by Candid
Themes.
:

Vous aimerez peut-être aussi