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06/03/2024

Chapitre 9 - Anthropologie de la mort et du cadavre

• les attitudes face à la mort


– introduction
– les étapes du processus mortuaire
• agonie
• décès
• funérailles : du traitement du cadavre à sa disposition finale
• deuil : de la séparation sociale à la réinsertion
– la mort comme rite de passage
• âme et au-delà
• les morts qui ne veulent pas mourir : les revenants

• les attitudes face au cadavre


– la métamorphose du cadavre
– conservation ou destruction
• momification, embaumement
• incinération, inhumation
• quelques mots sur le cannibalisme

– manipulations et traitements du cadavre


• la toilette et la veille du corps-cadavre
– la maison du défunt : le cercueil
– les objets associés au défunt

• le cimetière
– la disposition des défunts
• deux types d’inhumation
– inhumation primaire et secondaire
– un espace bien délimité
– la gestion intérieure de l’espace
• le cimetière urbain
– le cimetière de l’Hôpital de la Marine
• le cimetière rural

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• le cimetière à intérieur des églises


• le caveau familial et le cimetière familial
• les sépultures clandestines

– mort des cimetières


• exhumation du cimetière Pointe au Lièvre en 1857

Chapitre 9 - Anthropologie de la mort et du cadavre

• les attitudes face à la mort

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introduction

• la mort n’est pas de l’ordre des connaissances

• elle ne peut être approchée expérimentalement


– relève de l’imaginaire
• i.e. construction culturelle d’une certaine immortalité
• transposer sur le plan humain un fait biologique
• corps VS âme
– âme/ esprit, essence de vie qui dure après la mort; au-delà
– personne et individualité (dans plusieurs populations, individu possède plusieurs âmes)

• mort, mémoire et commémoration


– cimetières, funérariums, monuments, cénotaphes (corps absent)
– visites périodiques

• deuil
– clivage mort – survivants
– identité sociale

• les étapes du processus mortuaire

• l’agonie

• le décès

• les funérailles

• le deuil

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l’agonie

– l’agonie ou le le mourant
• la mort à venir signes physiques + diagnostics médicaux
• annonce publique parents - proches avisés (tam-tam, cloche, journaux, TV, etc.)
• accompagnement autour de l’agonisant
– aujourd’hui - soins palliatifs (expérience positive = apprendre des mourants)
– jadis prêtres + sacrements (extrême-onction, confession = purification)

(compassion = réconfort ) belle mort = mort chrétienne préparée


de nos jours, mort sans souffrance
jadis = guerrier et héros - sacrifice pour la Nation

• chez les Ambas (Afrique)


– agonie 1- 2 heures
– manifestation de douleurs intenses, hommes et femmes
– après 2 heures seules les femmes continuent
– pleurs stéréotypées (voir Grecs 1940-50)

le décès

• la mort médicale
– varie dans le temps
• respiration (miroir sous le nez); absence de mouvement (croque-mort; mordre, piquer , brûler, etc.)
• cœur (arrêt); cerveau (électroencéphalogramme pendant un certain temps : « flat liner »)
• la mort camouflée : coma et peur d’être enterré vivant (précautions)
– signes certains : décomposition
• gaz et bactéries du système digestif

• la mort sociale
– relations entre morts et vivants; familles, lignages et communautés (cosmogonie : place dans le monde)
– plusieurs communautés : mort est rarement naturelle : mort causée par sort, sorcier
– réincarnation dans femme (voir Iroquoiens)
– partout : une bonne et une mauvaise mort
• malemort : Moyen Âge chrétien = événement tragique ou cruel
• de nos jours : mort violente / accident, crime, suicide, etc.
• bonne mort : Moyen Âge = en état de grâce, confession, Extrême-Onction par prêtre, mort sans péché
• de nos jours : mort sans souffrance, sans atteinte à l’intégrité physique

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les stades du MOURIR

• Elisabeth Kübler-Ross (infirmière aux soins intensifs; 1969)

• définit 5 stades du mourir :


– négation de la mort à venir « denial »
– colère, révolte « anger »
– marchandage « bargaining »
– dépression « depression »
– acceptation « acceptance »

• stades ne sont plus retenus; stades sans distinction de : âge, sexe, maladies, etc.
• stades donnent l’impression que la mort = une maladie mentale /psychiatrique
• anthropologie + mort fait partie de la vie et, partout, les cultures la transforment en un acte social
• OK pour l’approche : tenir compte des besoins des mourants

les funérailles : du traitement du cadavre à sa disposition finale

• civiles ou religieuses : existent pratiquement partout et sont très VARIABLES


– cérémonies peuvent être élaborées ou très brèves, voire inexistantes

• corps incinéré et enterré immédiatement (quand même une cérémonie !)

• funérailles uniques ou funérailles doubles (voir plus loin : inhumation primaire et inhumation secondaire)

• plusieurs populations autochtones en Amérique du Sud


– sans grande cérémonie, dans trou, position foetale : quitte le lieu et n’y revient pas (Ache)
• nouveau-nés et jeunes enfants dans une jarre (Jivaros)
– plus vieux allongés sur le dos, enveloppés dans bambou
– village déménagé ou maison brûlée avec effets personnels / oublie son nom (chef)
• mémoire du défunt effacée

– VS monde occidental : plus élaborée = + hiérarchie sociale

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funérailles - Mapuches (Chili)

• mari et sa famille qui sont responsables des rites (ou inverse) = famille et lignage : pas juste individuel
• toilette, lavé par 2 adultes du même foyer

• veille à la maison
– démonstration de douleurs, remords
– femmes pleurent , déchirent leurs vêtements, s’arrachent les cheveux
– veille dure 4 jours et après, pas de danger

• temps passé avec le cadavre = danger


– interdiction de toucher au cadavre
– enfants sont tenus à l’écart
– chamane est le seul qui peut toucher le cadavre
• en fait, il prélève les entrailles (grassement payé)

• cadavre suspendu dans une civière sur les chevrons de la maison + déprimant + odeur

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funérailles - Mapuches

• suite transition mort / esprit (essence de la vie)


– les 2 sont des entre-deux entre la mort biologique et la mort sociale
– le mort doit se détacher du monde des vivants pour rejoindre les ancêtres

• si cérémonies sont bâclées, mal faites, incomplètes,


– les morts peuvent revenir hanter les vivants

• après 4 jours
– le cadavre est sorti de la maison pour être conduit au cimetière
– parfois cercueil : tronc d’arbres comme une pirogue
– linceul : peau de bœuf ou de cheval
• festin viande et beaucoup d’alcool
• alcool en chemin et au retour du cimetière, à la maison
• porteurs et nombre de personnes sont complètement ivres à la fin
• GROS PARTY !

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le deuil

• pratiques de deuil normalisées socialement


– marque la séparation sociale des personnes endeuillées (en 1er les familles, les proches, tout le groupe)

– endeuillés clairement identifiés physiquement


hommes ne se rasent pas
femmes se décoiffent, pleurent + que les hommes, démontrent + leur peine
vêtements de couleurs différentes

– activités normales suspendues pendant période + / - longue

– tabous sexuels + alimentaires, interdiction de se remarier pendant un certain temps

• durée du deuil
– temps pris pour rejoindre le monde surnaturel, monde des ancêtres, le ciel, etc. (+/- vrai )
– Moyen Âge : 50 jours pour mariés; 40 jours parents, 20 jours frère/soeur, 1 an veuve
• période de deuil terminée = réintégration dans la vie normale des vivants (Gennep)

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le deuil chez les Ambas (Afrique)

• commence dès le moment de la mort

• dure 4 jours dans un premier temps


– tous cessent de travailler (sauf tâches indispensables)

• une première cérémonie après 4 jours :


– hommes et femmes vont se baigner, se rasent la tête
– portent des habits de deuil
– plus 500 personnes : parentés et non-apparentés

• deuxième cérémonie : juste le lignage pour désigner un héritier


– veuves vivent à l’écart dans des maisons bâties pour elles pendant la période du deuil
– fin du deuil : en général 3 mois après le décès; parfois 6 à 8 mois
• veuves ont 2 choix :
– vivre à la charge de l’héritier
– se remarier

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la mort comme rite de passage mort (Arnold Van Gennep)

• 3 temps distincts :
– 1 – les rites de séparation
• impose une rupture entre les morts et les vivants
• indique maintenant des destins différents pour les deux
• rites varient en fonction de l’âge, du sexe, de la position sociale

– 2 – les rites de marges


• temps de transformation du cadavre en squelette
• période d’entre-deux-mondes
• endeuillés suspendent les activités courantes de leur vie sociale
– et le défunt entame son voyage vers l’au-delà et/ ou le pays des ancêtres

– 3 – les rites de réintégration


• retour de l’endeuillé au sein de la communauté

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âme et au-delà : chez les Quechuas (descendants des Incas : communauté agraire)

• relation de dépendance et de réciprocité entre les vivants et les morts


• morts transformés en êtres surnaturels, influencent la destinée des vivants :
– le Bien ou en Mal , le succès des récoltes, etc.

• âme
– os représentent l’âme des ancêtres : solide et durable (VS chair = humide = chaotique

• os conservés dans une niche localisée dans un mur de la maison (voir aussi un s accompagnateur)
– os offrent une protection; sont thérapeutiques
– reçoivent libations + coca + chicha

• 3 âmes dans une personne +/-


– 1 – KURAQ : grande âme / à la mort, elle part dans la montagne (au-delà et ancêtres)
– 2 – CHAUPI : âme moyenne / dans le corps vivant (essence vitale)
– 3 – SULL’GA : petite âme / dans le cadavre

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âme des Jivaros : 3 catégories

• ARUTAM WAKANI (arutam = vision et wakani = âme / esprit)


– âme acquise par VISION (combat entre jaguar et anaconda)
– guerriers vont à une chute sacrée + hallucinogènes
– l’âme lui donne protection contre les morts violentes,
• l’âme lui donne le désir de TUER = consiste à voler l’âme d’une victime

• MUISAK WAKANI = âme vengeresse


– libérée à la mort naturelle ou surnaturelle; tous sauf morts de vieillesse ou de maladies infectieuses
– l’âme quitte le corps par la bouche dans le seul son but de se VENGER et de TUER

NÊKAS WAKANI (vraie âme)


– naît en même temps que l’individu
– tous en possèdent une, hommes, femmes et enfants
– vit dans le corps = équivalent du SANG

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les morts qui ne veulent pas mourir : les revenants

• dès la fin du XVIIIe siècle


– fantômes, spectres et vampires sont très répandus en Europe

• ils existent sous différentes formes et appellations partout dans le monde et chaque culture possède ces esprits
– croyance en un au-delà, ou du moins, une certaine forme de vie post mortem

• revenants sont bien documentés pour le Moyen Âge occidental


– vengeance, pcq mal traité, funérailles bâclées, etc.
– moralisateur
– conseil, avertissement de bien mener sa vie
– intermédiaire entre vivants et les saints
• surtout après 1200 – purgatoire
• messes et indulgences (protestants VS catholiques)

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revenants en Beauce

• manifestations – présence physique – principalement dans habitations et bâtisses (granges, ateliers, etc.)

• multiplicité des formes matérielles et perceptions sensorielles


– ouïe, toucher, vision, odorat
– bruits, objets qui bougent, cris d’animaux, etc.
– forme humaine, parfois sans tête
– souvent des femmes, parfois des animaux

• = font peur, en général

• message, les morts


– ont besoin de prières
– peuvent consoler (surtout si mère qui est décédée)
– peuvent rendre justice
– peuvent se venger

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les attitudes face au cadavre

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la métamorphose du cadavre

• la mort comme processus

• putréfaction
– commence entre 2 heures après la mort (pas toujours évident)
– entre 24 et 48 heures : plus visible, décoloration à cause de la température
– = taches verdâtres / estomac, à cause de l’activité bactérienne et les gaz du système digestif

• rigidité cadavérique (rigor mortis)


– débute entre 2 et 4 heures PM; commence par les paupières, cou, mâchoire, etc.
– « raide » après 12 – 18 heures PM; persiste entre 24 et 84 heures (pendant 2 jours – 3 ½ jours)
– la rigidité se résorbe par la suite

– influence la manipulation du cadavre


• au cours de la rigor mortis
• muscles sont contractés pcq pas de protéines
• donc, manipulation difficile, peut tellement forcer que fractures

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William Bass et sa « body farm »

• temps de décomposition
– corps enfoui se décompose 8 fois plus lentement VS corps en surface
– si enfoui à moins de 1 pied (30cm) = odeur perceptible par animaux + vont le déterrer
– si enfoui à > 2 pieds (60cm) = OK, pcq température est plus stable

• squelettisation
– entre 3 et 5 ans si en surface
– 6 mois et 1 an si enfoui à 30cm
– 2 et 3 ans si enfoui à 4 pieds

• facteurs de variation
– dépend de nature des sols, de la température, habillé ou non, cercueil, fièvre, etc.,
– Québec, très approximativement : environ entre 8 et 10 ans

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conservation ou destruction

• conservation (temporaire ou éternelle)


– momification culturelle : long terme
– embaumement : court terme
– inhumation : moyen terme
• religions résurrectionnistes qui prêchent une autre vie dans un au-delà
– où les morts vont ressusciter après une période +/- longue
– demande une certaine intégrité du corps (inhumation de corps mutilés, reliques)
– cadavre absent : crainte et horreur (pas preuve matérielle que individu est bien mort!)

• destruction
– incinération
– désarticulation / os broyés
– cannibalisme, etc.

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quelques mots sur le cannibalisme

• deux types :
– endocannibalisme = mange les membres de son propre groupe (même groupe)
– exocannibalisme = mange des étrangers (captifs d’expédition = groupes différents)

• endocannibalisme chez les Guayaki (Paraguay)


– préparation et partage
• tête découpée et corps démembré
– rôti : vraie viande = muscles, graisse et organes
– bouilli : le reste
• parties réservées :
– tête pour le chef
– organes génitaux mâles pour les femmes enceintes

– tout le monde en mange sauf la famille de la victime


• toujours mangé avec végétal / pindo = palmier
• restes non mangés = enterrés

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cannibalisme - suite

• endocannibalisme chez les Yanomamo (Amazonie)


– fête sur place publique : procession, danse, chants et objets à échanger

• corps brûlé sur un bûcher


– deux groupes apparentés au défunt mangent
• les cendres mélangées dans énorme feuille remplie de purée de bananes (des dizaines de kgs)
– femmes et enfants sont exclus du repas

exocannibalisme
cérémonie semblable, moins élaborée mais surtout MOINS documentée / missionnaires
corps des captifs de guerre

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Kuru - Île Fore (Nouvelle-Guinée)

• maladie dégénérative du système nerveux; souvent fatale


– adultes plus frappés : 60% et 93% des adultes sont des femmes
– dégénération du cerveau = encéphalite spongieuse / vache folle (protéine - prion)

– festin funéraire et pratique endocannibalisme


• participation parenté et alliés / transactions économiques : porc, $, différents biens, etc. / très socialisé
• découpe du cadavre humain (comme celui d’un porc)
– association avec graisse, très prisée (voir Brésil Autochtones et USA)
– main/ pied; bras/ jambe
– tête; crâne fracassé pour extraire le cerveau qui est mangé
• principalement par femmes
• à l’occasion, quelques enfants et vieillards

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manipulations et traitements du cadavre

– partout l’association cadavre et décomposition =


• répugnant
• polluant
• dangereux
• maladies par contamination
– non sans raison :
32% des infections virales
23 % des cas hépatite B
19% des cas hépatite C
5% des cas VIH
voir médecins au XIXe siècle / sans antiseptiques

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toilette et veille du cadavre

• traitements du corps- cadavre


– actes de séparation = gérer la douleur
• thanatologie moderne a pour but d’empêcher toute image traumatisante / corps = mémoire

– toilette
• corps est lavé (en Occident = religieuses, mais femmes presque partout; spécialistes masculins)
• dès l’an mil : femmes qui lavent le cadavre / utiliseraient la même eau pour laver le bébé au baptême
• parfums, aromates, fleurs
• yeux/ orifices fermés (monnaie, caillou), mâchoire attachée à la tête
• coiffé, rasé
• vêtements et parures, colliers, objets religieux (médailles) ou personnels

– veillée
• exposition corps allongé sur table/ lit (sur les planches), position avant-bras
• contenants / liquides corporels + cierges, fleurs
• horloge arrêté à l’heure du décès
• fenêtres et miroirs recouverts : l’âme ne doit pas s’échapper
• prières, rappel biographique = hautement socialisé

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attentions particulières portées au cadavre

– soins aux cadavres comme si encore vivants


• on le touche
• on lui parle, l’embrasse
• cadavre peut reconnaître un meurtrier
– connus en Afrique et Europe
– pour l’Europe :
Traité sur les causes de la cruentation en présence des meurtriers
François Ranchin – 1640

– mémoire
• conservation de mèches de cheveux, ongles, photos, bijoux

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la maison du défunt : le cercueil

• cercueil donne l’impression que le corps, dans son apparence physique et son intégrité, va être conservé

• en bois dès le VIIe siècle / pièces de bois retenues par des chevilles en bois
– parfois, juste des planches , pas une vraie construction (voir Saint-Patrice)
– bois local, sans poignées ni éléments décoratifs
• fond avec goudron (pitch) pour étanchéité
• chaux parfois au niveau des pieds seulement (pourquoi ?)
• cercueils complètement remplis de chaux pour les inhumations sous le plancher des églises
• forme rectangulaire remplace la forme hexagonale vers 1850, en Ontario
– même si forme hexagonale perdure jusqu’en 1880 pour les pauvres
• cercueil en métal (fer) vers 1860; plus fréquent après 1875

• au cours du XIXe siècle : tissu à l’intérieur des cercueils / retenu par des punaises / « tacks »)

• aussi, pendant longtemps, juste pour le transport de l’église au cimetière (tout le monde, puis pauvres)

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quincaillerie et quelques datations

• catalogues en Angleterre entre 1783 et 1826; Amérique + vers 1850 – 1860 (guerre civile USA)

• éléments décoratifs principalement après 1880 (pas dans catalogues en 1869)

• écu (« escutcheon »); plaques décoratives et biographiques

• poignées
– rudimentaires - début 1800 mais
– poignées avec bascule, après 1850-1860 selon le motif

• clou
– forgé jusqu’au début 1800
– découpé à la machine – 1825 à 1880
– tréfilé industriel après 1870, surtout après 1880

• vis - après 1850

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objets associés au défunt


- linceul, épingles et boutons

• linceul
– longue pièce de tissu (lin à l’origine)
– enveloppe le corps du défunt (rappel du Christ et de Lazare)
• longue pièce enroulée très serrée autour du corps (semblable au bébé emmaillotté = mort et naissance)
• empêche le contact direct entre le cadavre (polluant) et la terre bénie du cimetière)

• cousu ou retenu par des épingles


– épingles pour attacher des bandelettes; plus fréquentes au niveau des pieds et de la taille (sacrum)
– épingles nombreuses dans sites archéologiques

• boutons
– indique présence de vêtements ( donc pas inhumé nu dans un linceul)
– chemises
– vestons, etc.
– en os : XVIIIe et XIXe siècles

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médailles

• religieuses
– représente la Vierge / Immaculée conception
– France à partir de 1830 (vision)
– populaire après 1832 : espoir face à épidémie de choléra en France (1832)

• sobriété
– 1838
– mouvement irlandais pour la sobriété fondé en France, par un père franciscain
– fait le tour du monde jusqu’à la fin du XIXe siècle

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• le cimetière

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la disposition des défunts

– disposition
• fosses et sépultures, cimetières etc.

• transport jusqu’au lieu de disposition finale


– de la maison, de l’église, etc. jusqu’au cimetière
– avec ou sans cercueil et linceul
– à bras le corps, charrette, etc.
– les objets associés au défunt

• cérémonies en chemin et au départ et à l’arrivée


– ici, très solennel : corbillard en silence, Cadillac !; évite de le croiser, chapeau
– ailleurs; tout le monde chante et danse avec musique; bruit, alcool

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deux types d’inhumation

• inhumation primaire
• inhumation secondaire

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inhumation primaire

• dépôts primaires (sépulture primaire)


– endroit où le corps est déposé et où il va se décomposer OU
• endroit où les cendres du défunt vont être déposées après avoir été incinéré
– sépulture primaire si cet endroit est définitif

• inhumation primaire peut être :


• simple, double, multiple (entre 3 et 6) ou collective

• implique un seul traitement du défunt


– inhumé peu de temps après la mort
• habituellement moins de 3 jours
• exception, mort loin du lieu d’inhumation, personnage célèbre , militaires, etc.
• 1859-1865 : guerre civile USA + soldats et Lincoln + train + embaumement

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inhumation secondaire

– 1er traitement du cadavre - premières funérailles / inhumation primaire


• corps inhumé dans fosse, cimetière, intérieur maison, suspendu dans arbres / plate-forme, etc.
– jusqu’à la décomposition des chairs
– restes sont emmenés dans un autre endroit pour une disposition définitive

– 2e traitement du cadavre - secondes funérailles / inhumation secondaire


• marque une deuxième et dernière disposition
• ossuaire / fosse commune (pas toujours)
• Iroquoiens Hurons / Neutres
• cadavre complet des morts récents au fond de la fosse
– os pour autres sont prélevés, lavés enveloppés dans linceul (peaux castors)
– restes inhumés définitivement
– différence entre Occident et Premières Nations / Huron-Wendat et autres Iroquoiens
semblable à fosse commune (jusqu’à 500 individus et +)
Fête ou festins des morts : échanges de biens, alliances politiques, etc.

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le cimetière : un espace bien délimité

• « les humains ont longtemps redouté le contact avec les morts, et pour Fraser (anthropologue des religions)
– s’ils honorent leurs sépultures, c’est d’abord parce qu’ils craignent leur retour »

• clôtures en bois, en fer, ,puis murs et murets en pierre

• au cœur des villes

• poussé à l’extérieur des villes puis rattrapé par la croissance démographique

• île pour Autochtones


– Archaïque : île Morrison et île aux Allumettes (Outaouais)
– XIXe siècle : île du lac Saint-Patrice (Outaouais)

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plusieurs espaces chez les Ambas

• dans la cour de la maison (la cour = lieu social et de parenté = lignage)


– homme, épouses, aînés et enfants
– nouveau-né est inhumé dans la cour mais pas au centre
• pcq sa brève existence ne lui a pas permis d’accéder à une pleine personnalité sociale

• espace entre 2 maisons


– nourrissons et jeunes enfants

• derrière la maison, mais pas dans la cour


– femmes de lignage non mariées ou divorcées; femmes mortes en couches

• à l’extérieur de la cour
– individus anormaux, dangereux sont inhumés

• en forêt
– les fous

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• gestion de l’espace intérieur du cimetière

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cimetière urbain

• distribution interne des sépultures :


– mortalité normale au quotidien, accidents, épidémies, etc.
– lots et caveaux familiaux
– orientations et emplacements des sépultures (rangées, etc.)

• traitements particuliers
– exclus définis par normes sociales
• ennemis, impurs, suicidés, meurtriers, infanticides, parricides,
• femmes mortes en couches, mort-nés, enfants non baptisés,
• pauvres dans portion nord VS privilégiés dans la portion sud et plus près de l’église, etc.

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cimetière de la première église Notre-Dame, Montréal

• 1ère église Notre-Dame : 1683 à 1830

• cimetière extérieur attenant à l’église : 1691 à 1796

• agrandissement du cimetière vers le sud (fleuve / rue Saint-Sulpice) : 1749-1785

• plus de 200 sépultures + squelettes

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coutumes funéraires : traitements des défunts

• traitement des défunts


– sobriété (en se fiant aux indices matériels)
– inhumation des corps en pleine terre, sans cercueil
• sans vêtements (quelques boutons); enveloppés dans un linceul (+ 300 épingles)
• peu objets associés aux squelettes (quelques crucifix)
– cercueil (peu + mal conservés)
• sans poignées, sans éléments décoratifs
• formes : rectangulaire et hexagonale; Pin de l’Est / Pinus strobus et épinette à l’occasion / Picea spp

• orientation sépultures : eschatologie catholique – tête vers l’ouest VS bioarchéologie = très variable
• environ 80 % dans axe est-ouest de Montréal (+ N-S géographique)
• tête majoritairement vers Est : même axe que l’église !

• manque d’espace en milieu urbain ?


– nombreuses superpositions (entre 10 et 20 cm / parfois 0 cm)
– fosses collectives (épidémies ?); inhumations multiples et simultanées

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le cimetière de la Pointe aux Lièvres, paroisse Saint-Roch - ville de Québec

• cimetière catholique de la paroisse Saint-Roch


– utilisation : 1832 – 1854
– exhumation : 1857

• cimetière catholique de l’Hôpital de la Marine


– voir plus loin

• annexion des cimetières de l’Hôpital de la Marine et de la paroisse Saint-Roch : date ?

• NOTES
• plusieurs épisodes d’épidémies
– choléra 1832 et plusieurs autres après
– typhus en 1847

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coutumes funéraires : traitements des défunts

• traitement des défunts


– sobriété

– inhumation sans vêtements (quelques boutons)


• enveloppés dans un linceul (épingles)
• peu objets associés aux squelettes (médailles)
• tous inhumés dans des cercueils

– cercueil : généralement sans poignées ni éléments décoratifs


• Pin de l’Est, et épinette et cèdre, à l’occasion
• forme : hexagonale majoritairement, quelques-uns de forme rectangulaire
• intérieur : copeaux de bois

• inhumation clandestine ?
– baril et foetus

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Hôpital de la Marine – quelques notes historiques

• créé pour l’assistance aux marins et immigrés

• construction débute en 1833


– premiers patients en 1834, même si l’édifice n’est pas complètement terminé

• cimetière protestant existait déjà à proximité de l’Hôpital (au sud)

• cimetière catholique en 1835 près du cimetière paroissial de Saint-Roch (Pointe aux Lièvres)

• choléra frappe en 1832 partout au Québec


– 3 451 morts juste pour la région de la ville de Québec

• 1847 – épidémie de typhus


– 17 000 morts au Québec
– 820 à l’Hôpital de la Marine

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traitements des défunts

• traitement des défunts

– en général
• sobriété semblable à celle observée au cimetière paroissial
• inhumation sans vêtements (quelques boutons)
• cercueil : sans poignées ni éléments décoratifs

– différences
• disposition plus hâtive
• désordonnée dans orientation
• forte concentration de sépultures et plusieurs superpositions,
• restes d’autopsies et de parties anatomiques

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boîtes d’autopsies / boîtes médicales

• 4 boîtes

• dans une :
– 2 crânes, un enfant et un adulte; os longs,
– vertèbres dont certaines en connexion anatomique = chair présente lors de la disposition

• les autres :
– différents ossements

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Îlot de l’Arsenal, ville de Québec

• cour et latrines d’une maison privée

• Michel Bertier, médecin, était propriétaire en 1727


– nommé chirugien du roi
– responsable vers 1720 de l’application d’une quarantaine pour individus avec signes de maladies infectieuses
– apprécié par la population lors épidémie de variole en 1730 et de typhus en 1740
– contracte lui-même la maladie et va en mourir la même année

• dans latrines privées


– crâne autopsié
• dissection : maladie ou cours (hypersostose frontale et hirsutisme)
– un fémur d’un jeune adulte (14 – 18 ans)
– latrines vidangées

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vol de cadavre

petite histoire de la médecine

• XIXe siècle : médecine morbide


– Hôpital de la Marine offre des cours d’anatomie et de dissection en 1834

• dissection et autopsie :
– toutes les maladies peuvent identifiées par un examen interne des cadavres / trouver les causes morbidité
– augmentation de la demande pour des cadavres
– mais, problème : manque de cadavres pour les étudiants
• cadavres de criminels seulement
• cadavres des pauvres non réclamés : perception populaire = autopsie = châtiment criminel - émeutes

• solution : vol de cadavres


– trafic et meurtres (cas connu de Hare et Burke; vol de cadavre déjà établi au XVIIIe siècle)
– moins documenté au Québec, possiblement entre 1832 et 1883

• précautions (bien mort, veille, clôture fosse, cercueil avec clochette, gardien, etc.)

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un cas de vol de cadavre : Hôpital de la Marine (Québec)

• localisé dans le cimetière de l’Hôpital de la Marine

• cercueil repose directement sur un autre : pas de sol entre les deux
– les deux possèdent des couvercles cloués
– le cercueil inférieur contient le squelette d’un individu qui présente un crâne scié
– le cercueil supérieur ne possède pas de squelette
• à la place : deux billes de bois
• les billes pèsent 90 livres
– suffisant pour simuler le poids d’un défunt

• situation semblable pour le cercueil d’un jeune enfant


– dans ce cas, pas de bille de bois, juste vide
– peut-être pas besoin de camoufler le poids puisque enfant

• pourtant avec tous les morts non réclamés / immigrés sans famille …
– il ne devait pas manquer de cadavres !

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cimetière rural

Saint - Louis de Terrebonne (XIXe siècle)

• 141 sépultures

• 1ère église / chapelle : 1723


• 2e église : 1734

• cimetière extérieur : 1734 à 1841 (1850 ?) pas utilisé mais monuments en place en 1853
• agrandissement du cimetière : 1838 à 1841

• sépulture : inhumation primaire simple


• cercueils simples (forme rectangulaire, hexagonale) / sans poignées ni éléments décoratifs
• peu de superposition : enfant avec adultes à l’occasions
• localisation délimitée pour jeunes enfants (fœtus et nouveau - né)

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• le caveau familial et le cimetière familial

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le caveau familial

• anciennement, construction souterraine, sous les églises et les chapelles

• fonction : rassembler les membres d’une même famille

• Sir John Johnson (inhumé en 1830)

• 7 personnes inhumées (registres) entre 1824 et 1864

• 3 enfants < 12 ans non inclus dans registres mais ossements

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Cimetière familial : Saint-François de la Rivière Croche, La Tuque 1890 - 1907

• cimetière Attikamek-Montagnais (innu)

• 12 personnes inhumées

• famille Jean-Baptiste Boucher

• marchand et compétiteur avec Compagnie du Nord-Ouest

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motifs des pierres tombales

• avant 1720
– puritanisme = religion plus conservatrice – règles strictes
– mort omniprésente; mort est une réalité de la vie
– monuments avec tête de mort

• entre 1720 et 1760


– le grand réveil; religion – individu est impliqué dans le monde surnaturel
– chérubin : image plus douce
– différent de l’aspect plus morbide d’avant; mort = décomposition + stress de mourir + vie est courte
– chérubin représente aussi la résurrection
– aussi plus d’inscriptions sur les monuments (ci-gît, l’âme de)

• dernière phase
– apparition d’urne et végétation : saules
– forme différente avec épaules carrées = plus apparence humaine et vivante = + laïque
– â la place du ci-gît : à la mémoire de …

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• les sépultures clandestines

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« sépulture » du fœtus – cimetière de la Pointe au Lièvre

• baril contenait du mortier (peinture au départ)

• fond et douve en chêne et cerceaux en peuplier

• entomologie :
– 11 cocons de mouches
– baril et resté ouvert quelques jours avant d’être enterré / probablement pas en hiver

• baril déposé au niveau de la tête de la sépulture d’un homme âgé entre 35 et 45 ans

– les deux inhumations appartiennent à une fosse collective contenant une vingtaine d’individus

• fœtus âgé entre de 33 et 34 semaines intra-utérines

• fosse couche (?) et grossesse cachée ?

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sépulture d’un fœtus – Faubourg Québec, Montréal

• sépulture dans la cour arrière, près de la clôture

• coffre funéraire = boîte simple

• fœtus à l’intérieur, reposait sur paille

• fœtus de 22 semaines intra-utérines

• fosse couche ? avortement ?

• grossesse non désirée et cachée ?

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• mort des cimetières


• exhumation du cimetière de la Pointe au Lièvre

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