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Université Sidi Mohamed Ben

Abdellah
Faculté des Sciences Dhar El
Mahraz- Fès
B.P. 1796 Fès – Atlas (Maroc)

Département des Sciences de la Terre


BCG (S2)
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Support de cours

Module de la Géodynamique
(Géodynamique interne)

Pr. Hachem SMAILI


Année universitaire : 2023/2024
CHAPITRE I :
LA DERIVE DES CONTINENTS

I- INTRODUCTION
La dérive des continents est une théorie proposée par le physicien météorologue Alfred Wegener,
pour tenter d'expliquer, entre autres, la similitude dans le tracé des côtes de part et d'autre de
l'Atlantique. Bien que cette similarité ait provoqué de nombreuses spéculations auparavant, ce n'est
qu'au début du 20e siècle que les conséquences géologiques d'une dérive des continents ont été
formulées de façon précise. En effet, A. Wegener n’était pas le premier à supposer une translation
continentale, mais d’autres ont émis avant lui des idées mobilistes. Cependant, le titre de « père de la
dérive » revient indiscutablement à Wegener, car il était le premier à étayer son hypothèse par un
nombre considérable de « preuves » émanant d’observations très diverses pour en faire une théorie
scientifique cohérente. Prises individuellement, ces observations ne suffisent pas à démontrer la
validité de l'hypothèse de Wegener, mais c'est l'ensemble de ces preuves qui a donné du poids à sa
théorie. Par cette théorie, Wegener avance que « les continents actuels n’étaient qu’un seul et même
bloc (Pangée) qui se serait fragmenté. Les parties issues de cette fragmentation se seraient ensuite
éloignées les unes des autres au cours des temps géologiques jusqu’à ce qu’elles acquièrent la
position actuelle ».
II- LES ARGUMENTS APPUYANT LA THEORIE DE WEGENER
II.1- Arguments morphologiques : le parallélisme des côtes de l’océan atlantique.
La ligne côtière Est du continent américain d’une part, et la ligne côtière Ouest des continents
africain et eurasiatique d’autre part, sont parallèles, ce qui suggère que ces deux ensembles
constituaient autrefois deux parties d'un même bloc et d’un même continent appelé par Wegener:
Pangée (Fig.I-1). Toutes les terres émergées actuellement étaient regroupées jusqu’à la fin de l’Ere
primaire (-250Ma) en un supercontinent. Vers -200 Ma, la Pangée se serait séparée en deux
supercontinents : Gondwana et Laurasie. Le Gondwana était formé par l'Amérique du Sud, l’Afrique,
l’Inde, l’Australie et l’Antarctique. La Laurasie, quant à elle, regroupait l'Amérique du Nord et
l'Eurasie. La fracturation se poursuivait alors, jusqu’à l’obtention de la répartition actuelle (Fig.I.2).

Fig.I.1 : Position des continents : A - Dans la Pangée de Wegener ; B- Position actuelle

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Fig.I.2: Évolution de la répartition des continents de la fin du Paléozoïque à l’actuel

II.2- Arguments
paléontologiques
De part et d'autre de l'Atlantique,
On retrouve sur les continents actuels,
des fossiles similaires de plantes et
d'animaux terrestres datant de -240 à -
260 Ma.
En regroupant les continents de
l'hémisphère sud et en recréant le
continent Gondwana, la distribution des
différents types de fossiles forme des
ensembles continus d'un continent à
l'autre (Fig.I.3).

Fig.I.3: Répartition de certaines espèces fossiles, témoignant du regroupement des continents


qui formaient le Gondwana

II.3- Preuve paléo-climatique (les anciennes glaciations)


Sur certains continents actuels (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Antarctique et Australie), on
observe des dépôts glaciaires datant d’environ 250 millions d'années. La répartition sur la Pangée
montre que le pôle Sud était recouvert d'une calotte glaciaire et que l'écoulement de la glace se faisait
en périphérie de la calotte, comme il se doit.
Cette glaciation contemporaine sur ces continents, actuellement éloignés et se trouvant pour la
plupart dans des zones tropicales, ne peut être expliquée que s’ils étaient regroupés en un seul continent
(Fig.I.4).

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Fig.I.4: Répartition de la calotte glaciaire à 250MA (A) et à l’actuel (B)

II.4- Correspondance des structures géologiques.


La présence des blocs continentaux précambriens (boucliers) d’âge supérieur ou égale à 2
Milliard d’années, aussi bien en Afrique qu’en Amérique du Sud, témoignent d’une correspondance
des structures
géologiques entre ces
deux continents, et
appuie l'argument de
Wegener de l'existence
du méga-continent qui
est la Pangée qui se
serait disloqué
(Fig.I.5)

Fig.I.5: Répartition de certains boucliers, témoignant du regroupement des continents qui


formaient le Gondwana.

La correspondance des structures


géologiques entre l'Amérique du Nord et
l'Europe confirme l'idée de Wegener. Les
trois chaînes de montagnes, Appalaches
(Est de l'Amérique du Nord), Mauritanides
(nord-est de l'Afrique) et Calédonides (Iles
Britanniques, Scandinavie), ne formaient
qu'une seule chaîne continue. on savait
depuis longtemps qu’elles ont des
structures géologiques identiques et se sont
formées en même temps entre -470 et -350
Ma (Fig.I.6).

Fig.I.6 : Correspondance de certaines


chaines de montagnes entre l’Amérique du
nord, l’Europe et l’Afrique.

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III- LE REJET DE LA THEORIE DE WEGENER
La force de la théorie de Wegener reposait sur la qualité et le nombre d’arguments de toutes
natures qu’il avait proposé pour établir la continuité des continents actuellement séparés par des océans,
et leurs positions géographiques au cours de leurs déplacements. En effet, Wegener s’est appuyé sur
des preuves d’ordre morphologique, paléontologique, climatique et géologique pour démontrer que les
continents actuels ne formaient autrefois qu’un seul méga-continent vers -240 MA, sans qu’il puisse
déterminer avec précision le mécanisme de cette dérive à l’époque. Wegener suggérait, en effet, un
glissement des blocs continentaux sur les matériaux constituant les fonds océaniques, sous l’effet de
forces liées à la rotation de la Terre. Cependant, ni le comportement des roches, ni les forces évoquées
n’apparaissaient compatibles avec de tels mouvements. Ainsi, la théorie de Wegener manquait de
preuves quant au « moteur » à l’origine de la dérive des continents. Cette théorie, faute d'un mécanisme
explicatif satisfaisant, a donc été dans un premier temps ignorée, puis en 1922, a violemment été rejetée
par une majorité de la communauté scientifique. Les raisons de ce rejet sont multiples, dont certaines
sont basées sur des faits scientifiques et rationnels.
IV- LE PALEOMAGNETISME APPUIE LA THEORIE DE WEGENER
Au milieu du 20e siècle, alors que fixistes et mobilistes s'opposent, une découverte majeure vient
marquer le début de la confirmation et de la validation de l'hypothèse de la dérive des continents émise
par Wegener en 1912, et qui arrive à être définitivement reconnue vers 1970. Il s’agit, en effet, de
l’aimantation fossile permanente ou « l'aimantation naturelle rémanente (A.N.R.) », dont le principe
se résume dans le fait que certaines roches gardent en mémoire les caractéristiques du champ
magnétique terrestre qui régnait à l'époque de leur formation.
Si l'on connaît l'âge des roches qui présentent une A.N.R., il devient possible d'établir l'histoire
des variations du champ magnétique terrestre. Ainsi, on prélève sur plusieurs continents des roches de
même âge. La "mémoire magnétique" de ces roches devrait indiquer la direction des pôles (nord et sud)
de cet âge géologique. Or, les directions ne sont pas identiques et ces pôles paléomagnétiques ne
peuvent occuper en même temps des positions différentes. Ceci montre que ce ne sont pas les pôles qui
ont migré, mais ce sont les continents qui se sont déplacés différemment. Faire coïncider les trajectoires
des dérives apparentes des pôles revient à rapprocher les continents les uns par rapport aux autres. La
position initiale coïncide parfaitement avec la Pangée de Wegener (Fig.I.7).

Fig.I.7: Vue de l'hémisphère Nord centrée sur le pôle Nord magnétique, selon la géographie
actuelle et trajectoires apparentes du pôle nord magnétique terrestre sur les continents européen,
nord-américain et indien.

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CHAPITRE II
CHALEUR INTERNE DE LA TERRE ET GEOMAGNETISME

PREMIERE PARTIE : CHALEUR INTERNE DE LA TERRE

I- INTRODUCTION
Depuis sa formation il y a 4,5 Ga, la planète terre se refroidit en libérant des quantités
considérables de chaleur. Cette chaleur terrestre fournit l’énergie motrice qui anime tous les processus
géodynamiques, qu’il s’agisse du fonctionnement des réservoirs magmatiques, des mouvements qui
animent le manteau, ou encore de la formation du champ magnétique terrestre et de son maintien
pendant plusieurs milliards d’années.
De nombreuses manifestations à la surface du globe attestent de la présence de matériaux chauds
en profondeur et matérialisent la dissipation de la chaleur qui fait fonctionner la machine Terre. Les
sources hydrothermales et les geysers qui libèrent des fluides chauds, mais aussi les éruptions
volcaniques qui sont des manifestations ponctuelles et brutales de la libération d'énergie interne, sont
des exemples manifestes de transferts de la chaleur des profondeurs du globe vers la surface, associés
au lent refroidissement de notre planète.
II- LES ORIGINES DE LA CHALEUR INTERNE DU GLOBE TERRESTRE
Plusieurs sources de chaleur sont à l'origine de l'énergie interne du globe.
II.1- Chaleur initiale de la terre : énergie d’accrétion
Cette source de chaleur représentant 20% à 24% de la chaleur totale terrestre, est liée à la
constitution même de notre planète, il y a 4,5 milliards d’années. Lors de la formation de la Terre, les
poussières du nuage primitif, attirées entre elles sous l’effet des forces liées à la gravité, sont entrées
en collision, libérant de l’énergie gravitationnelle, et cette énergie a été transformée sous forme de
chaleur pendant la phase d’accrétion de la Terre. Une quantité sans doute considérable d’énergie a été
stockée de cette manière a l’intérieure de la Terre.
Ainsi, au fur et à mesure que la Terre grossit, la chaleur provenant des bombardements des
astéroïdes contre la Terre, n’a plus la possibilité d'être évacuée et s'accumule en entrainant
la fusion des matériaux.
La chaleur initiale est donc la chaleur terrestre emmagasinée lors de la naissance de la planète.
II.2- Chaleur due à un tri gravitationnel : énergie de différenciation
Après la formation de la Terre, et une fois la température de fusion du fer a été atteinte, deux
liquides immiscibles se forment : l’un constitué de fer ainsi que tous les éléments sidérophiles
(fréquemment associés au fer) et un liquide silicaté contenant quant à lui les éléments lithophiles (ayant
une affinité particulière pour l’oxygène). Par un processus de tri gravitationnel appelé différentiation,
le liquide ferreux, plus dense, va se retrouver au centre de la planète, tandis que le liquide plus léger,
silicaté, va se retrouver en périphérie. Ainsi, seront formés le noyau et le manteau terrestre (Fig.II.1).
Les frottements produits par ce processus ont produit une chaleur considérable qui, comme la chaleur
originelle, ne s'est toujours pas entièrement dissipée.

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Fig.II.1 : Différenciation de la Terre et énergie associée.

II.3- La chaleur latente de cristallisation


Ce type de chaleur est en relation avec l’interface du noyau externe et du noyau interne. Le noyau,
principalement composé de fer, comporte en effet, une partie externe liquide enveloppant une graine
sous un état physique solide. Les réactions de cristallisation se produisant en continu dans le noyau
externe sont exothermiques et créent donc de la chaleur. En effet, avec le refroidissement terrestre, le
métal liquide en cristallisant à la surface de la graine (avec une vitesse allant de 0.3 à 0.03 mm/an),
dégage de la chaleur qualifiée de chaleur latente ou de cristallisation. Cette chaleur bien que très
faible, est suffisante pour garder le noyau externe dans un état physique liquide et par conséquent
permet d’entretenir des mouvements de convection thermique dans le noyau externe créant le champ
magnétique terrestre.
II.4- La désintégration d'éléments radioactifs
La chaleur de la Terre provient essentiellement de la désintégration naturelle des isotopes
radioactifs de certains éléments chimiques. En effet, le noyau atomique instable des isotopes radioactifs
se fragmente spontanément en libérant un rayonnement et de l'énergie thermique. Quatre isotopes
radioactifs sont abondants dans les roches du globe et dont la désintégration libère de l'énergie en
quantité significative : le thorium 232 (232Th), deux isotopes de l'uranium (238U et 235U) et le
potassium 40 (40K). Même si le manteau est moins concentré en ces isotopes que la croûte terrestre,
il constitue par sa masse énorme, la plus grande source d'éléments radioactifs lui permettant de jouer
le rôle prépondérant dans la production d'énergie interne.
Remarque :
Dans quelques milliards d'années, le noyau et le manteau pourraient se refroidir et se solidifier
suffisamment et la Terre deviendra alors une planète froide et morte comme la Lune. Cependant, bien
longtemps avant que cela ne se produise, le Soleil se sera probablement transformé en une étoile
géante rouge et sera devenu assez volumineux pour engloutir notre planète. À ce moment, la chaleur
du manteau de la Terre importera peu.
III- DISSIPATION DE LA CHALEUR INTERNE
III.1- Flux géothermique
Plusieurs manifestations de la dissipation de chaleur sont observables à la surface de la Terre où
un flux de chaleur est toujours existant et mesurable en tout point.
Le flux géothermique, mesurée W.m-2, correspond à la dissipation d'énergie provenant des
profondeurs de la Terre et traversant une surface donnée. Une telle mesure permet d'évaluer le transfert
de chaleur de la profondeur vers la surface. Un taux de 95% de la libération d'énergie interne est ainsi
dissipé de façon diffuse, les 5 % restants correspondent à des événements localisés brefs et
épisodiques : séismes et éruptions volcaniques.

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Le flux géothermique dont la
valeur moyenne est d’environ 60
mW/m2, est très inégalement réparti
à la surface de la Terre. On note en
effet, des régions présentant un flux
élevé, et des zones à faible flux
n'excédant pas 20 mW. m-2
(Fig.II.2).

Fig.II.2 : Aspects de flux de


chaleur à la surface de la
Terre

III.2- Mécanismes de transfert de la chaleur terrestre


L’énergie thermique produite par le globe terrestre est transférée au sein des différentes
enveloppes selon des modalités diverses :
III.2.1- La conduction
La conduction correspond à un transfert de chaleur de proche en proche. Il n'y a pas, dans ce cas, de
déplacement de matière (Fig.II.3). L'échange thermique entre une région chaude et une région voisine
plus froide est dû à des phénomènes physiques microscopiques (agitation des atomes ou des molécules,
flux d’électrons libres…). Cet échange peut être vu comme un transfert d’énergie des particules les
plus énergétiques (les particules chaudes ayant une énergie de vibration élevée) vers les particules les
moins énergétiques (les particules froides d’énergie de vibration moins élevée), dû aux collisions entre
particules. Ce processus de transfert de chaleur est réalisé essentiellement au niveau des milieux
solides. À l’échelle du globe, il intéresse surtout la lithosphère à comportement rigide et les limites des
enveloppes de la Terre.
L’ampleur du mécanisme de conduction dépend de la conductivité thermique des roches. Ainsi, et
puisque les roches de la croûte n'étant pas de bons conducteurs de chaleur, celle-ci doit avoir du mal à
s'évacuer.
III.2.2- La convection
La convection est un transfert thermique s’accompagnant de la mise en mouvement de la matière.
Elle se met en place lorsque le matériau a le comportement d’un fluide ou solide visqueux et que, du
fait d’un apport énergétique supérieur à ce qu’il peut évacuer par conduction, le matériau situé à la base
s’échauffe, devient moins dense que le reste du matériau situé au-dessus et entame son ascension
(Fig.II.3). Dans un fluide, ce processus se base donc sur les différences de température, qui produisent
des différences de densité entrainant des mouvements de la matière, dits mouvements de convection.
A l’intérieur de la Terre, considérée comme une sphère, existe une convection lente dans le
manteau à l'origine des remontées et des descentes asthénosphériques. Celles-ci sont à l'origine de la
dynamique lithosphérique et donc aussi à l'origine des manifestations de surface. Ces cellules de
convection sont repérables par tomographie sismique. De part et d'autre de cette zone convective,
existent deux couches où règne la conduction : la lithosphère et l'interface noyau/manteau. C'est la
conduction à travers la lithosphère qui est responsable du flux géothermique mesuré.

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Ainsi, l'énergie interne est efficacement transférée par convection de la profondeur vers la surface
puis dissipée par conduction à travers la lithosphère, ce qui entraine un refroidissement très progressif
du globe. La convection est donc, un mouvement de matière initié par un contraste de densité ici
d’origine thermique.
La convectabilité du manteau pose un problème physique en relation avec sa nature solide.
Lord Rayleigh a montré que la « convectabilité » d'un système dépend de 6
facteurs : α, ΔT, g, h, κ et ν, définissant un rapport appelé « nombre de Rayleigh (Ra) » :

𝑅𝑎 = 𝛼. 𝛥𝑇. 𝑔. ℎ3 / 𝜅. 𝜈

α : coefficient de dilatation thermique de la péridotite (K−1)


ΔT : différence de T° entre le sommet et la base du manteau (K)
g : Accélération de la pesanteur (m.s−2)
h : Epaisseur du manteau (hauteur de la couche aux limites de laquelle est mesurée la différence de
température ΔT (m)
κ : (kappa) : diffusivité thermique de la péridotite. Elle quantifie la capacité à transmettre l'énergie
thermique d'un point à un autre (m2.s−1).
ν : (nu) : viscosité cinématique du manteau asthénosphérique (m2.s−1)
 Si le nombre de Rayleigh est inférieur à une valeur critique voisine de 10 3, il n'y a pas de
convection thermique mais seulement de la conduction.
 Si ce nombre est supérieur à cette valeur critique, il y a convection.
La prise en compte des différents paramètres (α, ΔT, g, h, κ et ν) et de leur gamme de valeurs
mesurées/estimées, aboutit pour le manteau terrestre, à un nombre de Rayleigh 106 < Ra < 108,
supérieur à la valeur critique : la physique affirme
donc que le manteau doit être affecté de
mouvements de convection.
A l’échelle du globe terrestre, il s’est avéré
qu’il existe une convection à deux étages:
 Une convection très lente à l'état solide pour
le manteau,
 Une convection très rapide à l'état liquide
dans le noyau externe (source du
géomagnétisme).
Fig.III.3 : Mécanismes de transfert de chaleur

III.3- Gradient géothermique et géotherme


III.3.1- Gradient géothermique
Il mesure la variation de la température en fonction de la profondeur. Le gradient moyen dans la
lithosphère est d’environ 3°C tous les 100 mètres (30°C/Km), mais il est variable selon les régions. En
effet, dans les régions géotectoniques stables, il n’est que de 1,5 à 2° C pour 100 m, tandis que dans les
zones actives, il atteint jusqu’à 6 à même 10°C pour 100 m.
III.3.2- Géotherme
Il représente la courbe régulière de variation de la température en fonction de la profondeur (ou
de la pression), tandis que le gradient géothermique est la pente du géotherme à une profondeur donnée.

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III.3.3- Evolution du gradient géothermique à l’intérieur du globe terrestre
Si on considère que le gradient géothermique (30°C/Km) était le même jusqu’au centre de la
Terre (6400 km environ), la température interne au centre du globe serait de 192 000°C. Cependant,
les calculs montrent que la température atteint 3500°C à la base du manteau inférieur, 5000°C au niveau
de la discontinuité de Lehmann (limite noyau externe/noyau interne), et 5100°C au sein de la graine.
Ces données attestent que l’évolution du gradient géothermique est en rapport avec les modes de
transfert thermique. En effet, si la chaleur se transmet par conduction près de la surface, elle se transmet
autrement en profondeur, par convection, ce qui homogénéise la température et limite très fortement
son augmentation avec la profondeur (Fig.II.4).
Remarque :
Le gradient géothermique est une mesure qui se fait de haut en bas (de la surface vers la
profondeur). Cependant, le flux géothermique est une mesure qui prend en compte la perte de chaleur
de la Terre et représente donc une mesure qui se fait du bas vers le haut.
En utilisant les données de la sismologie, combinées aux apports des études de laboratoire sur
les caractéristiques physiques des minéraux terrestres soumis à haute pression et haute température, on
peut modéliser l'évolution de la température avec la profondeur, comme l’illustre la figure II.4.
Quand un gradient géothermique est fort (comme dans la lithosphère), cela signifie qu’en
s’enfonçant profondément, on rencontre des matériaux de plus en plus chauds : la chaleur a donc été
mal répartie dans les roches concernées. Ainsi, la valeur élevée du gradient géothermique dans les
couches superficielles du globe est en relation avec le fait que l'essentiel de la chaleur interne y est
transmis par un mode peu efficace qu’est la conduction, à travers des roches dont la conductibilité
thermique est mauvaise. En revanche, quand un gradient est faible (comme dans le manteau), cela
signifie que même si la profondeur
augmente, la température est
quasiment la même : la chaleur a
donc été bien répartie dans
l’ensemble de la couche
concernée. Ainsi, dans le manteau
terrestre, le gradient géothermique
particulièrement faible (0,3 à
0,5 °C.km-1) est relation avec la
convection représentant à ce niveau,
le mécanisme dominant de
l'évacuation de la chaleur interne.
On constate donc que la
température n'augmente très
fortement avec la profondeur que
dans deux zones restreintes : la
lithosphère et au niveau de la couche
D’’ (limite manteau/noyau). Ces
deux zones correspondent à ce que
les physiciens appellent
des « couches limites thermiques ».

Fig.II.4 : Évolution de la température de la Terre (en °C) en fonction de la profondeur (en km).

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CHAPITRE II/ DEUXIEME PARTIE : GEOMAGNETISME

I- NOTION DE CHAMP MAGNETIQUE


Le terme de champ magnétique désigne une région de l'espace soumise à l'action d'une force
provenant d'un aimant. Ce champ est matérialisé par les lignes de force dont l’ensemble constitue le
spectre magnétique. Les lignes de champ magnétique sont toujours orientées du pôle nord magnétique
d’où elles sortent, vers le pôle sud magnétique au niveau duquel elles se rendent (Fig.II.5A). Leur
espacement révèle l’intensité relative du champ magnétique ; en effet, plus les lignes sont rapprochées,
plus le champ magnétique est fort.
Expérimentalement, les limailles de fer permettent de visualiser les lignes imaginaires d’un champ
magnétique droit en épousant leur direction (Fig.II.5B).
Un champ magnétique se produit lorsque des charges électriques sont en mouvement. Autrement dit,
seule l’électricité dynamique peut engendrer un champ magnétique qui ne peut exister donc que si le
courant circule. Il existe donc un lien entre l’électricité et le magnétisme et c’est ce qui est appelé
électromagnétisme.

Fig.II.5 : A- Les lignes de champ magnétique sortant du pôle nord magnétique et se rendant au
pôle sud ; B- les lignes de champ magnétique matérialisées par de la limaille de Fer.

II- CHAMP MAGNETIQUE TERRESTRE


II.1- Origine du champ magnétique terrestre
La Terre, comme la plupart des planètes du système solaire, possède un champ magnétique
appelé champ géomagnétique (Fig.II-6A) pouvant être détecté par les boussoles et dont l’origine est
principalement interne. En effet, on considère que le champ magnétique terrestre est engendré par les
mouvements de convection du noyau externe de la planète Terre, constitué de métal liquide
(essentiellement Fe et Ni). Ainsi, le dégagement de la chaleur crée des mouvements du fluide
conducteur (métaux ionisés) du noyau externe par convection, et dont la vitesse contraste avec celle de
la rotation de la Terre, ce qui entraine des frottements générant des courants électriques induisant à leur
tour un champ magnétique (Fig.II-6B et 6C). Le noyau liquide fonctionne donc comme
une dynamo auto-excitée (on dit aussi auto-entretenue).

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Fig.II-6 : A-Champ magnétique terrestre et position des pôles magnétique et géographique ;
B et C- Relation entre le géomagnétisme et le courant électrique créé par les courants de convection.

II.2- Caractéristiques du champ magnétique terrestre


Le champ magnétique terrestre est une quantité vectorielle et possède donc, à chaque point de
l'espace, une intensité et une direction particulières. Ainsi, l’orientation que prend une aiguille aimantée
montre que celle-ci est sensible à cette grandeur orientée appelée vecteur champ magnétique désigné
traditionnellement par B.
II.2.1- Direction et sens du champ magnétique terrestre
Le champ magnétique terrestre d'un lieu est caractérisé par un vecteur champ magnétique B ayant
pour direction et sens ceux de l’axe SN de l'aiguille aimantée (Fig.II-7).
On appelle méridien magnétique d'un lieu le plan vertical contenant le vecteur champ magnétique
terrestre B en ce lieu. Il ne se confond généralement pas avec le méridien géographique du lieu, plan
défini par la verticale du lieu et la ligne des pôles terrestres ; ceci revient à dire que l'horizontale GM
du méridien magnétique n'a pas tout à fait la direction de l'horizontale GK qui indique le Nord
géographique.
La valeur du champ magnétique se mesure à l’aide d’un teslamètre qui, placé en un point de
l’espace, donne la valeur du champ en ce point, et la valeur mesurée est exprimée en Tesla.
II.2.2- Déclinaison et inclinaison magnétiques
 L'angle D que fait le méridien magnétique avec le méridien géographique est appelé
déclinaison magnétique du lieu considéré (Fig.II-7). La déclinaison est dite occidentale (négative) ou
orientale (positive) suivant que le méridien magnétique est à l'ouest ou à l'est du méridien géographique
(Fig.II-8B).
L’axe du champ magnétique terrestre se modifie au cours du temps en fonction des mouvements
du noyau terrestre, ce qui induit des variations de la déclinaison magnétique.
L'axe géomagnétique, passant par les deux pôles magnétiques, fait un angle de 11,5° par rapport
à l'axe de rotation de la Terre et de ce fait, le pôle nord magnétique (NM) est à environ 1000km du pôle

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nord géographique (NG) (Fig.8-A), mais il se rapproche actuellement du pôle nord géographique à une
vitesse moyenne de 40 km/an.

Fig.II-7 : Caractéristiques du champ magnétique terrestre

Fig.II-8 : A- Position du pôle nord magnétique par rapport au pôle nord géographique ;
B- Déclinaison magnétique occidentale et orientale

 L'inclinaison magnétique d'un lieu est l’angle I que fait le vecteur champ magnétique B avec
l'horizontale (Fig.II-7). Elle est positive quand le pôle nord de l'aiguille aimantée pointe vers le sol,
c’est le cas dans l’hémisphère Nord, et elle est négative dans le cas contraire.

II.2.3- Influence du champ magnétique terrestre


II.2.3.1- La magnétosphère
Le champ magnétique terrestre est approximativement assimilable à celui d'un aimant droit placé
au centre de la Terre. L’interaction de ce champ terrestre et le vent solaire développe une couche
entourant la planète sous forme d’un bouclier protecteur appelé magnétosphère située entre 800 à 1000
km d'altitude. Il s’agit donc de l’interface entre le milieu interplanétaire et la haute atmosphère terrestre,
formant une vaste région évoluant sous le contrôle du champ magnétique terrestre (Fig.II-9).

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Fig.II-9 : Structure de la magnétosphère sous l’influence des vents solaires: aplatie du côté
soleil et allongée du côté opposé.

La magnétosphère, créée par le champ magnétique terrestre, joue un rôle essentiel pour le
développement de la vie sur la Terre en déviant les particules de haute énergie du vent solaire et des
rayons cosmiques. Ceci a permis à l’atmosphère terrestre de se maintenir au cours du temps,
contrairement à ce qui s’est passé sur Mars, où en l’absence d’un champ magnétique important, le vent
solaire a arraché à son passage, une grande partie de l’atmosphère de cette planète.
La forme de la magnétosphère à caractère dynamique est déterminée par deux facteurs :
l'intensité du vent solaire et l'intensité du champ magnétique terrestre. Ainsi, sa forme et sa densité
varient considérablement, et plus le vent solaire est fort, plus la magnétosphère sera comprimée.
Le champ magnétique terrestre a la capacité d'arrêter la majeure partie des rayonnements
cosmiques et les particules chargées provenant du Soleil, à l'exception des pôles lorsque l'afflux de ces
particules est trop massif (par exemple suite à une éruption solaire). En effet, lorsque ces particules
parviennent à se glisser jusqu'à notre atmosphère, une des interactions avec cette dernière peut entrainer
la formation d'aurores polaires. Ces dernières sont provoquées par l'interaction entre les particules
chargées du vent solaire et la haute atmosphère, et se produisent principalement dans les régions
proches des pôles magnétiques. Ces aurores qualifiées de phénomène lumineux atmosphérique, sont
appelées aurores boréales dans l’hémisphère nord et australes dans l’hémisphère sud.
II.2.3.2- Paléomagnétisme et inversions magnétiques
II.2.3.2.1- Enregistrement du champ ambiant dans les minéraux
En plus de son influence sur certains animaux, le champ magnétique terrestre influe également
sur les roches. Ainsi, lorsqu'une roche se solidifie, les minéraux ferromagnétiques présents s'orientent
en fonction du champ magnétique terrestre ambiant et conservent cette orientation (on parle alors de
rémanence thermomagnétique). Dans cette optique, les minéraux ferromagnétiques du basalte et
autres roches ignées peuvent préserver la direction du champ magnétique de la Terre lorsque ces
minéraux refroidissent à leur température de Curie (température au-delà de laquelle le magnétisme
d’un matériau se perd). La température de Curie de la magnétite (Fe3O4) contenu dans les roches
basaltiques, est d'environ 580 °C, alors que la plupart des basaltes sont complètement cristallisés à des

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températures supérieures à 900 °C. Cette caractéristique confère à ces roches la faculté de fossiliser et
de garder en mémoire les propriétés du champ magnétique terrestre régnant au cours de leur formation
(Fig.II-10).

Fig.II-10 : Orientation de l’aiguille aimantée d’une boussole selon sa distance à un basalte

Avec un magnétomètre, le sens et l’intensité du champ magnétique régnant peuvent être détectés
et mesurés. Le paléomagnétisme est l’étude de l'histoire du champ magnétique terrestre, qui pourrait
ainsi être reconstituée en étudiant l’aimantation thermorémanente fossilisée dans les roches.
II.2.3.2.2 Les inversions magnétiques
Les études paléomagnétiques entreprises sur des roches d’origine volcanique, ont permis de
mettre en évidence des directions d’aimantations variables. Certaines mesures indiquaient
une aimantation dans le même sens que le champ magnétique actuel, et dans ce cas les intensités
actuelle et celle fossilisée s’ajoutent et donnent une anomalie magnétique positive. Dans le cas où les
champs magnétiques actuel et fossilisé ont des sens opposés, leur intensité se retranchent et engendrent
alors une anomalie magnétique négative (Fig.II-11).

Fig.II-11 : Illustration des anomalies magnétiques négatives et positives

14
Ces observations ont été à l’origine de la naissance de l'idée que le champ magnétique terrestre
puisse s'inverser de façon épisodique. Cette hypothèse a été étayée au fil du temps et il existe
aujourd'hui des échelles de polarités magnétiques recensant et datant les différentes inversions ayant
eu lieu au cours de l'histoire de la Terre. Ainsi, on est arrivé à établir une chronométrie précise des
inversions du champ magnétique terrestre. Cette échelle de temps, intitulée « magnétostratigraphie »
est actuellement couplée à la datation absolue d'évènements ponctuels et s'est notamment révélée très
utile dans l'établissement d'une chronologie relative, car le signal magnétique est indépendant du
milieu, global et précis.
Ces échelles définissent des périodes de polarité « normale » correspondant à des anomalies
positives dues à une aimantation acquise dans le même sens que le champ actuel, et par conséquent les
deux valeurs s'ajoutent. En revanche, les périodes de polarité « inverse » correspondent à des anomalies
négatives dues à une aimantation dans un champ opposé au champ actuel, lors d'une inversion des
pôles et ainsi, les deux valeurs se retranchent. Ces variations de polarité magnétique en relation avec
le phénomène des inversions ne sont ni régulières ni de durées égales.
Une échelle des inversions du champ magnétique, qui se sont produites au cours des cinq derniers
millions d'années a été établie (Fig.II.12) et montre la succession des périodes de polarité normale et
celle inversée correspondant respectivement aux anomalies positives (en noir) et d’autres négatives (en
blanc).

Fig.II-12 : Echelle des inversions du champ magnétique au cours des cinq derniers millions d'années.
(Les différentes époques magnétiques sont désignées par les noms des géomagnéticiens célèbres :
Brunhes, Matuyama, Gauss, Gilbert).
15
L'inversion du champ magnétique terrestre est un phénomène récurrent dans l'histoire géologique
terrestre. Ce phénomène est le résultat d'une perturbation de la stabilité du noyau de la Terre pouvant
modifier ses structures convectives. Le champ magnétique s’affole alors pendant une courte période
(de 1000 à 10 000 ans) au cours de laquelle les pôles magnétiques se déplacent rapidement sur toute la
surface du globe. Au cours de cette transition, les pôles magnétiques semblent suivre des trajectoires
complexes et sinueuses en association avec une diminution drastique de l'intensité du champ
magnétique, mais sans que celui-ci disparaisse complètement. Cette forte chute de l'intensité du champ
magnétique peut entrainer une exposition de la surface de la planète au vent solaire, potentiellement
dangereuse pour les organismes vivants.
À la fin de cette période de transition, soit que les pôles magnétiques reprennent leurs positions
initiales, et dans ce cas on considère qu’il s'agit seulement d'une excursion géomagnétique (considérée
comme une inversion avortée), soit que ces pôles permutent et là on parle d'inversion.
Le champ terrestre s'est inversé environ 300 fois ces derniers 200 millions d'années. La dernière
inversion est survenue il y a 780 000 ans et la dernière excursion il y a 33 000 ans.
III-CONCLUSION
La Terre s'est formée par accrétion et ce sont essentiellement des matériaux en fusion qui la
composaient à l'origine. De cette formation sont nées les différentes enveloppes qui la constituent
aujourd'hui. Dès lors, la Terre s'est refroidie, rapidement pour la croûte, et plus progressivement pour
ses couches plus profondes.
Plusieurs manifestations de la dissipation de chaleur sont observables à la surface de la Terre.
Outre les manifestations violentes (tremblements de terre, volcans...), la surface du globe se caractérise
par l'existence d'un flux de chaleur inégalement réparti à la surface de la Terre, mais mesurable en tout
point. Ce flux géothermique correspond à la chaleur ayant diffusé par conduction à travers les roches
de la croûte.
Les différences de température, de composition et de pression qui se produisent avec le noyau
externe, provoquent un mouvement convectif du fluide. De plus, la force de Coriolis agissant sur le
fluide organise ce mouvement en rouleaux alignés avec l’axe de rotation de la Terre. Le courant
électrique est généré à l’intérieur de chaque rouleau, qui est la source de son champ magnétique.
Comme ces champs magnétiques agissent dans la même direction, leur effet s’ajoute pour créer le
champ géomagnétique global qui s’étend loin dans l’espace et protège l’atmosphère de notre planète
contre le vent solaire.

16
CHAPITRE III
L’EXPANSION DES FONDS OCEANIQUES

I- INTRODUCTION
La théorie de la dérive des continents présentée par Alfred Wegener en 1912 n’a pas été reconnue
par la communauté scientifique faute d'un mécanisme explicatif satisfaisant, relatif aux moteurs des
déplacements des continents, malgré la présentation d’arguments de nature diverse. Par ailleurs, ces
arguments reposaient uniquement sur l'observation des continents, alors que les fonds océaniques
représentant les deux tiers de la surface terrestre et dont la connaissance est cruciale pour appréhender
la Terre dans son ensemble, restaient largement inexplorés.
Grâce au développement de la géophysique marine, de l'océanographie et des techniques de
reconnaissance sous-marine (échosondeur, écoute sismique, détection magnétique), les fonds marins
commencent à être explorés, ce qui a permis de mettre en évidence des différences fondamentales entre
la lithologie des océans et celle des continents. La découverte progressive des fonds marins va
permettre ainsi à d’autres idées mobilistes, de s'implanter. En effet, l’hypothèse de l’expansion des
fonds océaniques surgit et permettra de réactualiser l’idée d’une mobilité horizontale en constituant
une étape importante sur la voie de la tectonique des plaques.
II- HYPOTHESE DE L’EXPANSION DES FONDS OCEANIQUES
II.1- Données en faveur de l’expansion des fonds océaniques
II.1.1- Topographie des fonds océaniques
Le relief sous-marin, ou topographie sous-marine, qui constitue 71% de la surface de la Terre,
représente l’ensemble des irrégularités qui forme les planchers des mers et des océans. L’exploration
des fonds océaniques montre que leur morphologie est variée. La distance au continent, la profondeur
de l'eau et la variation de la pente topographique permettent de définir plusieurs zones de
reliefs (Fig.III-1):
II.1.1.1- Plateau continental
Le plateau continental, appelé aussi plate-forme continentale, est le prolongement du continent
sous la surface de la mer ou de l'océan. Cette zone, dont la profondeur varie entre 150 et 200 m, est
généralement plane et légèrement inclinée vers le large.
II.1.1.2- Le talus continental
Cette zone de profondeur pouvant atteindre 3000 m environ, est un relief qui marque la fin du
plateau continental. Elle diffère de ce dernier par une pente importante et bien marquée. La rupture de
pente marquant le talus continental assure le glissement des sédiments provenant de l’érosion des
continents. Ce talus est parfois entaillé de profonds canyons ou vallées sous-marines.
Le plateau continental et le talus continental formant deux zones de la topographie sous-marine,
sont en réalité des zones appartenant au domaine continental, et sont donc à rattacher à la marge
continentale couverte par l’océan.

17
II.1.1.3- La plaine abyssale
La plaine abyssale est une vaste dépression à tendance plane qui s’étend au pied du talus
continental. Sa profondeur est de l’ordre de 5000 m. Elle est tapissée de sédiments plus ou moins épais
reposant sur une croûte océanique de nature volcanique.
II.1.1.4- Les dorsales médio-océaniques
Une des premières surprises résultant de l'exploration des fonds marins est la révélation d'une
topographie très caractéristique. En effet, sur la carte topographique des fonds marins, apparaît un très
vaste système de montagnes sous-marines appelées dorsales ou rides médio-océaniques s'élevant au
sein des plaines abyssales, souvent en leur milieu. Ces dorsales océaniques, abondamment fracturées,
tissent à la surface du globe un réseau de près de 65 000 km de chaînes montagneuses, dominant ces
plaines de 2000 à 3000 m, larges de 500 à 1500 km, et sont parfois occupées par un fossé central, ou
«rift ». Ce dernier est limité par des failles dont la nature témoigne d’une zone de distension. Les
dorsales médio-océaniques sont constituées exclusivement de roches volcaniques (basaltes
essentiellement).
II.1.1.5- Les fosses océaniques
Une fosse océanique est une longue dépression sous-marine, profonde de plusieurs milliers de
mètres, longeant des continents ou des archipels volcaniques. La fosse des Mariannes, située le long
de l’archipel des îles Mariannes dans l'océan Pacifique, est la fosse sous-marine la plus profonde du
monde, avec 11034 mètres. Toutes les fosses océaniques sont le siège d'une importante activité
sismique.
N.B :
Par opposition à la marge passive, la marge active est une marge continentale marquée par une
fosse océanique (Fig.III-1).

Fig.III-1 : Topographie des fonds océaniques

II.1.2- Etude du flux géothermique


L’étude du flux géothermique au niveau des fonds des océans, montre son inégale répartition
suivant les zones sous-marines. En effet, ce flux se révèle particulièrement important à l'aplomb des
dorsales, témoignant de la grande proximité en profondeur de matériaux à haute température. Ces
résultats ont permis en 1945 à Arthur Holmes d’émettre l’hypothèse que les dorsales océaniques sont
les témoins à la surface de mouvements de convection ascendants du manteau.

18
II.1.3- Etude des dépôts sédimentaires marins
Les dragages et les forages effectués au niveau des fonds océaniques montrent que le plancher
océanique est constitué par une croûte formée surtout de basaltes recouverts, en dehors des rides
océaniques, par des couches sédimentaires. En outre, des mesures sismiques ont été entreprises sur les
sédiments du plancher océanique dans le but d’estimer leur épaisseur. Les dépôts reposant directement
sur une couche basaltique plus vieille, montrent des épaisseurs qui augmentent lorsqu'on se déplace de
la dorsale vers les plateaux continentaux.
Par ailleurs, l’étude du plancher océanique de l’Atlantique entre l’Afrique et l’Amérique du sud,
montre que les sédiments ainsi que les basaltes sous-jacents sont de plus en plus anciens à mesure que
l'on s'éloigne de l'axe de la dorsale (Fig.III-2). Ce constat montre que les formations basaltiques qui
naissent au niveau de la dorsale, et celles sédimentaires les surmontant immédiatement, s’épaississent
en s’éloignant de cette structure axiale vers le littoral. Par ailleurs, les sédiments et les basaltes les
supportant sont disposés symétriquement selon des bandes parallèles de part et d’autre de l’axe de la
dorsale (Fig.III-2).
L’ensemble de ces données portant sur la symétrie des formations du fond océanique par rapport
au rift, leur épaississement et leur vieillissement en se rapprochant du littoral, confirme le déplacement
latéral du plancher océanique.

Fig.III-2 : Cartographie du plancher océanique montrant une symétrie par rapport à l’axe de la dorsale

II.1.4- Etude des anomalies magnétiques


A l’aide de magnétomètres embarqués sur un navire océanographique, des mesures
systématiques du champ magnétique enregistré dans les basaltes du plancher océanique ont été
effectuées. Ainsi, les relevés de l’intensité du champ magnétique avaient montré, sur ces fonds
océaniques, l’existence d’une succession de bandes magnétiques. La mise en place de ces bandes est
en relation avec les inversions du champ magnétique terrestre qui se sont produites au cours des
périodes géologiques différentes. La polarité actuelle étant normale, les bandes d’intensité élevée
19
résultant d’un effet d’addition, correspondent aux bandes de polarité normale induisant des anomalies
positives. En revanche, les bandes d’intensité faible correspondent aux bandes de polarité inverse,
résultant d’un effet de soustraction et produisent une anomalie négative (Fig.III-3). Ainsi, on constate
une correspondance entre la succession des bandes d'anomalies du plancher océanique et la chronologie
des inversions magnétiques établies sur les échelles paléomagnétiques.

Fig.III-3 : Alternance des bandes d’anomalies positives et celles négatives au niveau d’un
plancher océanique.

L’analyse des résultats de ces enregistrements à l’échelle des fonds océaniques montrent que :
 Les bandes des anomalies magnétiques différentes sont parallèles entre elles.
 Existence d’une nette symétrie des anomalies magnétiques par rapport à l’axe de la dorsale
médio-océanique.
 Plus ces bandes sont éloignées de la dorsale, plus elles sont plus âgées.
L’étude de la répartition des inversions de champ magnétique sur la croûte océanique prouve que le
plancher océanique est en perpétuelle expansion à partir de la dorsale océanique et de part et d’autre
de son axe, à la manière d’un double tapis roulant. L’existence de ces bandes d’anomalies magnétiques
venait donc supporter l’hypothèse de l’étalement des fonds océaniques de Hess en 1960 et R.S. Dietz
en 1961. En effet, la remontée du manteau sous la dorsale crée cette dynamique en écartant les deux
croûtes, ce qui prouve donc que les dorsales sont les zones de genèse ou zones d'accrétion (de
croissance) de la croûte océanique.

20
II.2- Estimation de la vitesse d’expansion des fonds océaniques
 À partir de l’âge des sédiments océaniques au contact avec le plancher lithosphérique ou de
l’âge de formation des basaltes évalué par les inversions magnétiques, on peut estimer la durée de
l'expansion (t). La largeur de la bande de sédiments par rapport à la dorsale apporte une valeur de la
distance (d) parcourue par le plancher océanique. Ainsi, la vitesse d’expansion est donnée
par v = d/t (en cm/an).
 Ce même calcul peut se faire par la mesure de la distance entre un volcan éteint et le volcan
encore actif d'un point chaud. En effet, le mouvement horizontal du plancher océanique crée un
alignement d’îles volcaniques suivant le sens du déplacement. L’âge d'un volcan s'apprécie facilement,
ce qui permet de déterminer aussi bien la vitesse du déplacement du fond océanique ainsi que la
direction et le sens de ce mouvement (Fig.III-4).

Fig.III-4: Témoignage de l’expansion océanique par un point chaud.

 Le système GPS (Global Positioning System) est un système de navigation mondiale utilisant
une constellation de 24 satellites opérationnels à tout moment. Il permet de déterminer les coordonnées
géographiques de n'importe quel point situé à la surface du globe. L’installation d’un certain nombre
de stations réceptrices de signaux GPS à différents endroits de la Terre permet de calculer la vitesse de
l’expansion océanique.
Le calcul de la vitesse d’étalement des fonds océaniques à l’échelle des océans différents a permis
de distinguer des dorsales lentes avec une vitesse de 0,5 et 3 cm/an (exemple dorsale Sud-Ouest-
Indienne) et celles rapides avec une vitesse de 8 à 16 cm/an (exemple dorsale Est pacifique).
II.3- Conclusion
Les observations concernant la topographie des fonds océaniques, celles des épaisseurs des
sédiments marins ainsi que les âges des basaltes sous-jacents en fonction de leur éloignement par
rapport à l’axe de la dorsale, constituent un ensemble de données qui vérifient l’idée de l’étalement des
fonds océaniques. Par ailleurs, la répartition des bandes magnétiques normales et inverses
parallèlement à la dorsale et d’une façon symétrique par rapport à son axe, vient conforter le modèle
du tapis roulant océanique. Ainsi, l'histoire du mouvement des continents est imprimée dans les
propriétés magnétiques de la croûte océanique nouvellement formée, et ces dernières permettent à
l'hypothèse de l’expansion des fonds océaniques de Hess de recevoir sa légitimité.

21
L'histoire associera les noms de Hess et de Dietz (1961-1962) à cette théorie de l'expansion des
fonds océaniques : le premier à mis en évidence le constant renouvellement des fonds océaniques, alors
que le second, à l'aide d'arguments faisant appel à la rhéologie des roches, avance que le tapis roulant
ne se limite pas à la seule croûte océanique, mais correspond à une couche plus épaisse et rigide qu'il
appelle la lithosphère. L’importance de cette notion réside dans le fait que les continents ne flottent
plus librement sur un liquide comme le pensait Wegener, mais sont enchâssés dans la lithosphère et se
déplacent avec elle. C’est d’ailleurs, à la base de cette idée que naîtra plus tard, la théorie de
la tectonique des plaques.
On considère que l’existence de courants de convection dans le manteau, crée dans la croûte
continentale des forces de tension qui contribueraient à la fracture de cette croûte. Les fractures ainsi
ouvertes seraient envahies par le magma en provenance du manteau, ce qui engendrerait la création de
la croûte océanique composée essentiellement de basalte. La récurrence d’un tel processus fera en sorte
que les masses continentales s’éloigneraient l’une de l’autre.
D’autre part, on considère que la surface terrestre est un espace fini, ce qui implique que s'il y a
distension dans certaines zones, il doit y avoir compression au niveau d’autres. Autrement dit, s’il y a
formation de nouvelle croûte terrestre par endroits, il faut qu'il y ait destruction ailleurs. Cette
destruction se ferait dans les zones de compression où la croûte s'enfoncera dans le manteau, donnant
naissance à des fosses océaniques profondes. Ces zones de compression seraient celles où se
construiraient des chaînes de montagnes.
Tous ces arguments confortent la théorie d’une mobilité horizontale de la lithosphère océanique
dont le moteur serait des mouvements de convection du manteau. Ainsi les océans s’étendent,
s’élargissent, c’est le modèle de l’expansion océanique.

22
CHAPITRE IV
THEORIE DE LA TECTONIQUE DES PLAQUES

I- LITHOSPHERE OCEANIQUE ET CONTINENTALE


La lithosphère est constituée de la croûte et du manteau lithosphérique. Ces deux enveloppes
rocheuses à caractère rigide et cassant, sont séparées par la discontinuité de Mohorovicic.
La limite inférieure de la lithosphère, c'est à dire la limite entre le manteau supérieur rigide et
l’asthénosphère ductile, est situé vers 1300 °C. Cette température correspond à des conditions qui
rendent les péridotites ductiles et même prêtes à commencer leur fusion partielle. La profondeur de
cette limite est variable, proche de 0 km au niveau de l'axe des dorsales océaniques jusqu'à plus de 300
Km sous les vieux continents.
La transition entre la lithosphère et l'asthénosphère, se caractérise par une diminution de la vitesse
des ondes sismiques, due à la présence de matériel partiellement fondu, et permet de définir la LVZ
(Low Velocity Zone). Cette zone est donc en relation avec la transformation du matériel mantellique
rigide au niveau de la lithosphère, en un manteau plus déformable (ductile) au niveau de
l'asthénosphère.
Deux types de lithosphères sont identifiables, en fonction de la nature lithologique de la croûte
terrestre (Fig.IV-1):
 La lithosphère continentale comportant la croûte continentale, essentiellement granitique, et
le manteau lithosphérique péridotitique.
 La lithosphère océanique comportant la croûte océanique composée de roches mafiques
(basalte et gabbro) et du manteau lithosphérique.

Fig.IV-1 : Nature lithologique des croûtes continentale et océanique

II- MISE EN EVIDENCE DES PLAQUES TECTONIQUES


II-1- Notion de plaque lithosphérique
L’étude de la répartition des séismes et des principaux édifices volcaniques à l’échelle du globe
montre que l’activité sismique et celle volcanique, se situent dans des zones bien précises. Ces activités
sont en effet, concentrées sur des bandes, où les déformations paraissent plus importantes qu'ailleurs
(Fig.IV-2). Ces bandes délimitent des calottes sphériques rigides et peu déformées à l'exception de
leurs frontières : Il s’agit des plaques tectoniques ou plaques lithosphériques.
23
Fig.IV-2 : Répartition des activités sismique et volcanique à l’échelle du globe

La plaque tectonique ou plaque lithosphérique est une portion de lithosphère rigide délimitée par
des frontières ayant une activité sismique et volcanique importante. C’est donc un fragment de la
lithosphère résultant d’un découpage par un système de failles, de dorsales et de fosses océaniques, et
qui repose sur l'asthénosphère à comportement ductile à l’échelle du temps géologique.
On distingue deux types structuraux de plaques (Fig.IV-3):
 Les plaques continentales composées de croûte continentale et océanique (plaque africaine,
plaque eurasienne, plaque indienne, etc.).
 Les plaques océaniques composées exclusivement de croûte océanique (plaque des Cocos,
plaque de Nazca, etc.).

Fig.IV-3 : Les différentes plaques lithosphériques

24
Suivant leur taille, on peut également différencier deux types de plaques : plaques tectoniques
majeures au nombre de 15, et environ 42 plaques mineures (Fig.IV-3).
II-2- Les différentes limites de plaques
Le principe clé de la tectonique des plaques est que la lithosphère rigide est formée de plaques
distinctes et indépendantes, qui flottent sur l'asthénosphère viscoélastique. La ductilité de
l'asthénosphère permet aux plaques tectoniques de faire des mouvements dans différentes directions.
Le modèle actuel admet donc que les plaques tectoniques sont portées par les mouvements
du manteau asthénosphérique sous-jacent qui agit comme un tapis roulant de part et d'autre de l’axe de
la dorsale médio-océanique.
Le glissement de ces plaques lithosphériques sur l’asthénosphère induit des mouvements de
divergence, de convergence ou de coulissage horizontal entre les plaques.
II.2.1- Les limites divergentes
II.2.1.1-Phénomène de rifting
II.2.1.1.1-Données géophysiques
 L’étude du flux thermique montre qu’il est anormalement élevé au niveau des dorsales. En
effet, l’établissement des isothermes à ce niveau montre que ces lignes d’égale température, se
resserrent et s’élèvent au niveau des dorsales médio-océaniques (Fig.IV.4).
 La tomographie sismique
établie au niveau des dorsales
révèle une anomalie de vitesse des
ondes, traduisant la présence d’un
matériau chaud à faible
profondeur, ce qui corrobore les
données de la répartition du flux
thermique.

Fig.IV-4 : Organisation des isothermes aux alentours de la dorsale océanique

 Le redressement de l’isotherme 1300°C, considéré comme limite ente l’asthénosphère et la


lithosphère, au niveau des dorsales témoigne de l’existence d’une branche ascendante du mouvement
convectif amenant en surface un matériau ductile et chaud apte à entrer en fusion.

II.2.1.1.2 - Interprétation
 Dans l’asthénosphère, les courants de convection ascendants apportent la matière solide et
chaude. La concentration de chaleur chauffe les roches, les dilate et un bombement thermique de la
lithosphère s’installe (Fig.IV-5A),
 La dilation des matériaux entraine l’étirement et l’amincissement de la croûte continentale.
L'expression morphologique de cette extension est la formation d’un long fossé d'effondrement se
traduisant par l'apparition de failles normales généralement listriques et de blocs basculés donnant une
structure en graben. Cet effondrement en escalier produit une vallée appelée « rift continental »
pouvant être caractérisé par un début de volcanisme (Fig.IV-5B). Ce processus d'amincissement de la
lithosphère continentale jusqu'à déchirure du continent est appelé rifting. Il est actuellement en cours
en Afrique de l'Est, et on parle du rift Est-Africain.

25
 Avec la poursuite de l'étirement, le rift s'enfonce sous le niveau de la mer et les eaux marines
envahissent la vallée. Le volcanisme sous-marin forme un premier plancher océanique basaltique
(croûte océanique) de part et d'autre d'une dorsale embryonnaire ; c'est le stade de mer linéaire (Fig.IV-
5C).
 Avec l’élévation de l’isotherme 1300°C sous la dorsale en formation, les roches du manteau
asthénosphérique subissent une diminution de pression au droit de l’amincissement. Ainsi, les
péridotites chaudes de l’asthénosphère se trouvent dans des conditions thermodynamiques qui facilitent
leur fusion partielle. Le magma ainsi formé se rassemble ; plus léger, il tend à monter dans les fissures
et va s’épancher en surface sous forme de coulées basaltiques. L'élargissement de la mer par accrétion
continue du plancher océanique conduit à la formation d'un océan de type Atlantique (Fig.IV-5D)
(dorsale, plaines abyssales, plateaux continentaux).

Fig.IV-5 : Étapes de l’ouverture d’un océan et formation du plancher océanique

II.2.1.1.3- Notion de marge passive


Les marges passives correspondent aux zones de transition entre la lithosphère continentale et la
lithosphère océanique. Leur histoire est liée à celle de l’ouverture de l’océan qu’elles bordent. La
formation d’un océan est précédée du phénomène de rifting dû à une tectonique extensive de la
lithosphère continentale. L’étirement de la croûte continentale, engendre des failles profondes à
l’origine de la formation de blocs constitués du socle qui s’enfoncent et basculent. Par ailleurs, les
marges passives sont le lieu d’une sédimentation caractéristique en provenance du continent. À leur
niveau, on peut distinguer trois types de sédiments (Fig.IV-6)
 Sédiments anté-rift : ce sont des sédiments qui se sont déposés avant la fracturation de la
croûte terrestre et la mise en place des failles. Ces dépôts surmontent directement le socle et font donc
partie des blocs basculés individualisés par les failles listriques.
 Sédiments syn-rift : Ce sont les sédiments qui se sont déposés pendant le fonctionnement des
failles. Ils présentent la particularité d’avoir un dépôt en éventail. En effet, les failles listriques
26
provoquent une rotation des blocs. De ce fait, le mur de la couche en cours de dépôt est en pente alors
que le toit de celle-ci sera forcément horizontal.
 Sédiments post-rift : Ce sont les sédiments qui recouvrent en discordance les précédents (anté
et syn-rift). Ces sédiments sont disposés en couches parallèles horizontales, et leur mise en place
s’opère donc après la phase de rifting, c’est à dire après l’arrêt du fonctionnement des failles survenues
au cours de l'ouverture océanique.

Fig.IV-6 : Étapes de la formation de la marge passive

II.2.1.2-Formation de la croûte océanique


II.2.1.2-1- Données du terrain
 En 1987, des explorations sous-marines de la dorsale atlantique, au niveau de la faille VEMA,
permettent d’observer
pour la première fois les
roches de la croûte
océanique en place. De
la surface vers la
profondeur, on identifie
: des sédiments, des
basaltes en coussins des
basaltes en filons
(dolérite) et des gabbros
(Fig.IV-7).

Fig.IV--7 : Les différentes formations de la croûte océanique

27
Les basaltes et les gabbros sont des roches magmatiques dont la composition minéralogique est
identique : ils sont principalement constitués de pyroxènes, d'olivines et de feldspaths plagioclases ; en
revanche, leur texture est différente :
 Pour le gabbro, toute la roche est cristallisée et les minéraux sont visibles à l'œil nu, ce qui lui confère
une texture qualifiée de grenue. Ainsi, le gabbro est considéré comme roche plutonique.
 Dans les basaltes, seuls certains minéraux sont visibles (olivine et pyroxène), alors que d’autres ne
sont visibles qu’au microscope (microlites) et l’ensemble baigne dans une pâte non cristallisée
(verre). Ainsi, la texture de la roche basaltique est qualifiée de microlitique.
 La géologie de l’Islande confirme les observations faites au niveau des dorsales immergées.
 De nombreuses failles normales, parallèles bordent un fossé d’effondrement dans l’axe de l’île.
 L’ile connait un volcanisme basaltique effusif intense, et la datation des coulées volcaniques
indique des âges croissants depuis l’axe du fossé.
 Existence d’une séismicité active mais superficielle et de faible magnitude
 L’ile est caractérisée par un flux géothermique très élevé.
II.2.1.2.2- Fonctionnement des dorsales et mise en place de la lithosphère océanique
A cause du mouvement ascendant dû à la convection, la péridotite chaude appartenant à
l’asthénosphère (à environ 100 km de profondeur) remonte vers la surface à une vitesse de quelques
cm/an. Par ailleurs, les études expérimentales concernant les conditions de la fusion de la péridotite
mantellique, montrent que cette roche entre en fusion partielle dans différentes combinaisons de
températures et de pressions. Ainsi, si la péridotite entre en fusion partielle sous une dorsale c’est
qu’elle rencontre des conditions de pressions-températures qui le permettent et qui sont en relation avec
un déséquilibre thermodynamique qui s'instaure localement. Au cours de son ascension, la température
de ce matériau asthénosphérique reste quasi-constante en raison de la mauvaise conduction de la
chaleur par les roches encaissantes, alors que sa pression diminue progressivement. Cette diminution
de la pression à température constante est qualifiée de décompression adiabatique.
Le liquide qui résulte de cette fusion n'a pas la même composition chimique que la péridotite
initiale dite « lherzolite » , car une fusion partielle d’environ 15% permet en effet, l’obtention d’un
magma basaltique, et une péridotite résiduelle appauvrie dite « harzburgite ». Ce taux de fusion est
atteint pour une pression de 1.5 Gpa et une température de 1300°C. Ce sont les conditions que l'on
trouve à environ 50 – 100 km sous la dorsale, engendrant un magma à composition basaltique.
Les gouttes de liquide magmatique qui se forme migrent en raison de la faible densité et se
réunissent dans une chambre magmatique à quelques km de profondeur sous la dorsale (Fig.IV-8):
 Le refroidissement progressif du liquide magmatique, en particulier au contact des bords de
la chambre magmatique, entraine l’apparition des cristaux d'olivine en premier, puis ceux de pyroxène
et enfin les cristaux de plagioclase. L’ensemble de ces cristaux ainsi formés par un refroidissement
lent, donne naissance au gabbro de texture grenue.
 Au sommet de la chambre magmatique, une lentille de magma sommitale se forme et une
partie remonte en s'infiltrant par les failles normales présentes dans la croûte au niveau de l'axe de la
dorsale. Au sein de ces fractures, le liquide magmatique cristallise et aboutit à la formation d’une
roche filonienne dont les grains sont plus fins que ceux du gabbro : c’est la dolérite à texture
microgrenue qui forme le complexe de dykes de la croûte océanique.
 Lorsque les conditions de pression le permettent, une partie du magma empreinte les conduits
lui permettant de parvenir à la surface en entraînant avec lui de gros cristaux (phénocristaux) formés

28
préalablement. Au contact de l’eau de mer, la lave se refroidit rapidement donnant du verre
volcanique. Ainsi se forme un basalte dont la roche est caractérisée par une texture microlitique. En
outre, ce basalte formant la surface du plancher océanique se présente sous forme de coussins (en
pillow-lavas), en raison des pressions d’eau en profondeur.

Fig.IV-8 : Fonctionnement d’une chambre magmatique et formation du plancher océanique.

II.2.1.3- Types de dorsales océaniques


Les taux d'accrétion des dorsales océaniques peuvent être déterminés grâce à l’analyse des
anomalies magnétiques enregistrées au sein des laves basaltiques des planchers océaniques. Ces taux
d’accrétion qui contrôlent les taux d’ouverture océanique, peuvent être extrêmement variables d'une
dorsale à une autre, ce qui permet de distinguer généralement deux types de ces structures divergentes :
dorsales lentes et dorsales rapides.
II.2.1.3.1- Les dorsales rapides (Fig.IV-9B)
Les dorsales rapides ont une morphologie bombée en horst à l’aspect d’un dôme et relativement
lisse, avec une vallée axiale peu marquée. Le dôme peut avoir des formes différentes, en fonction de la
production magmatique en profondeur. Plus le dôme est large, plus la production magmatique est
intense. La vallée axiale assez étroite, est occupée par un lac de lave ou recoupée par des failles d'où
s'écoulent les basaltes en coussin.
Dans ce type de dorsales, la profondeur des foyers sismiques est généralement faible (inférieure
au kilomètre). La chambre magmatique permanente induit une remontée continue de magma, ce qui
entraine une vitesse d’expansion importante dépassant les 5cm/an et peut atteindre 17 cm/an (dorsale
de l’océan pacifique Est).
II.2.1.3.2- Les dorsales lentes (Fig.IV-9A)
La tomographie sismique montre que les dorsales lentes sont caractérisées par un flux thermique
assez faible. Elles présentent une dépression axiale d’environ 2 km de profondeur et une largeur
pouvant atteindre 50 km. Cette dépression est formée de grabens emboîtés dont le rift est marqué de
foyers sismiques profonds.

29
Par rapport aux dorsales rapides, celles lentes sont donc plus froides. En effet, la fracturation
axiale assez poussée du rift permet une circulation intense de l’eau de mer à l’origine de phénomènes
d’hydrothermalisme. Cette circulation va jouer un rôle important dans le refroidissement de la croûte
et son évolution. L’apport magmatique au niveau des dorsales lentes est beaucoup plus faible et la
lithosphère y est épaisse. Aucune chambre magmatique n'est identifiée sous l'axe dans ce cas.
Le magma est cependant
présent sous la forme de
petites poches isolées et
temporaires. L'activité
magmatique au niveau des
dorsales lentes est donc
variable et intermittente,
expliquant la vitesse
d’expansion assez réduite
avoisinant 1 à 2 cm/an
(dorsale atlantique).

Fig.IV-9 : Morphologie des dorsales lentes (A) et rapides (B)

II.2.1.4-Conclusion
Au niveau de l’axe de la dorsale, le manteau asthénosphérique remonte près de la surface et fond
partiellement par une décompression adiabatique. Ainsi, la formation de la dorsale océanique est
associée à des remontées de magmas mantelliques occasionnant un volcanisme intense à l’origine des
roches composant le plancher océanique. Ce processus entraine un écartement de la lithosphère
océanique de part et d’autre de l’axe de la dorsale, assurant ainsi la formation et le déplacement des
plaques lithosphériques au rythme de quelques centimètres par an. En effet, les roches volcaniques
consolidées s’écartent de chaque côté de la dorsale, ce qui laisse la place à de nouvelles arrivées de
laves qui forment de nouvelles roches volcaniques. Pour cette raison, les zones de dorsale océanique,
appelées zones divergentes, sont aussi nommées des limites constructives. Elles sont le siège d'une
importante production de magma basaltique, à l'origine du développement des fonds océaniques, et
sont de ce fait qualifiées également de zone d’accrétion. Par ailleurs, au cours de son renouvellement,
le plancher océanique enregistre les anomalies induites par les inversions des pôles magnétiques, et
l'histoire du mouvement des continents est ainsi imprimée dans les propriétés magnétiques de la croûte
nouvellement formée (Fig.IV-10).

Fig.IV-10 : Enregistrement des anomalies magnétiques lors de l’extension du plancher océanique

30
II.2.2- Les limites convergentes
II.2.2.1- Mise en évidence des zones de subduction
Diverses données et méthodes d'étude ont été mises en œuvre pour affiner la connaissance des
phénomènes se déroulant au niveau des zones de convergence des plaques tectoniques.
 L’observation séduisante d’un âge relativement "jeune" du plancher océanique le plus ancien,
daté à environ 180 Ma, au regard des âges des roches continentales les plus anciennes, datées à ce jour
à environ 4.03 Ga sur un orthogneiss au NW de Canada, a bien évidemment suggéré l’existence d’un
processus permettant la disparition de la lithosphère océanique au niveau des zones de convergence
des plaques où s’opère un phénomène de subduction.
 Le phénomène d’accrétion qui se produit au niveau de toutes les dorsales entraine l’extension
des planchers océaniques, ce qui aboutirait en principe au développement continu du volume du globe
terrestre. Cependant, les études géodésiques, confirment que ce volume reste quasi-constant au fil des
temps géologiques. Ces données poussent à supposer l’existence d’un phénomène qui serait
complémentaire à celui de l’accrétion et qui permettrait, en compensation, de maintenir le globe
terrestre dans ses dimensions supposées fixes.
 La chaîne andine fait partie de la ceinture sismique et volcanique péripacifique appelée
« ceinture de feu » (Fig.IV-11a). A ce niveau, on constate que les zones marquées par une fosse
océanique (Fig.IV-11b) présentent des foyers sismiques qui sont d’autant plus profonds qu’ils sont
loin de la fosse. En coupe, les foyers sismiques se répartissent selon un plan incliné d’une épaisseur de
100 Km qui part de la fosse et plonge en profondeur : on parle du plan de Wadati‐Benioff (Fig.IV-
11c); or à cette profondeur (à partir de 100 Km), la péridotite est ductile, non cassante et aucun séisme
ne devrait être présent au‐delà de 100 km de profondeur. Le plan incliné ainsi identifié matérialise donc
le plongement d’un matériel qui reste cassant malgré la profondeur : c’est la lithosphère océanique qui
plonge plus vite qu’elle ne se réchauffe à l’intérieur du manteau.

Fig.IV.11 : Mise en évidence d’une zone de subduction par la répartition des foyers sismiques

 Au niveau des fosses océaniques (Tonga‐Kermadec), la tomographie sismique révèle la


présence des anomalies positives et d’autres négatives. Ce sont en fait des anomalies de vitesse
interprétées en termes d'anomalies de température traduisant une hétérogénéité du manteau fait de
péridotite, avec un matériau froid et un autre chaud (Fig.IV-12).

31
Fig.IV-12 : Mise en évidence d’une zone de subduction par des données de la tomographique sismique.

 Les anomalies relevées par la


tomographie sismique sont corroborées par
celles définies par la répartition du flux
thermique au niveau des zones où les
plaques convergent. En effet, les anomalies
négatives de ce flux s’observent au niveau
de la fosse, en suivant le plan de Bénioff,
dessiné par les foyers des séismes. En
revanche, les anomalies positives sont
situées au-dessus de la plaque plongeante
vers 100 Km de profondeur à la verticale
d’une zone volcanique traduisant la
signature thermique d’une activité
magmatique (Fig.IV-13a).

Fig.IV-13 : Flux thermique (a) et isothermes (b) au niveau d’une zone de subduction

 En étudiant la répartition des isothermes (courbes reliant les points de même température), on
constate qu’ils sont généralement parallèles à la surface terrestre, mais au niveau des fosses océaniques
ils plongent et migrent en profondeur d’une façon inclinée suivant le plan de bénioff. Ces isothermes
se redressent, au niveau des zones marquées par l’activité volcanique (Fig.IV-13b)
II.2.2.2- Interprétations
L’étude de l’ensemble des données relevées au niveau des zones de convergence de deux plaques
tectoniques, montre qu’il s’agit de zones marquées par un dynamisme à l’échelle sismique, thermique
et volcanique. De ce fait, ces zones de convergence sont qualifiées de marges actives, par opposition
aux marges passives où la transition océan-continent s’effectue au sein de la même plaque.
La subduction est donc le processus par lequel une plaque tectonique océanique froide et dense
s'incurve et plonge sous une autre plaque avant de s'enfoncer dans le manteau. La plaque plongeante
est dite subduite et peut, suivant les cas, s’enfoncer sous une plaque continentale (subduction océan-
continent : cas de la subduction de la plaque de Nazca sous le continent de l’Amérique du sud) ou sous

32
une autre plaque océanique (subduction océan-océan : C’est le cas à l’ouest du Pacifique, notamment
au niveau des arcs insulaires comme le Japon).
Les zones de subduction font partie intégrante des mouvements de convection qui animent le
manteau terrestre. Ces zones représentent des limites convergentes, où s’opère un rapprochement des
plaques lithosphériques et leur résorption. Ces zones correspondent ainsi, à des zones de disparition
d’une plaque océanique sous une autre, et de recyclage de la matière en profondeur.
II.2.2.3- L’évolution thermique de la lithosphère océanique (Fig.IV-14)
Le principe de l'isostasie énonce que la lithosphère repose en équilibre sur l'asthénosphère. Cet
équilibre est réalisé tant que la densité moyenne de la lithosphère océanique est inférieure à la densité
moyenne de l'asthénosphère. Cela revient à dire que l'équilibre est réalisé tant que la masse d'une
colonne de lithosphère océanique est inférieure à la masse d'une colonne d'asthénosphère de même
hauteur et de même section.
Aux alentours de la dorsale, la lithosphère océanique jeune qui vient de naître est d'abord peu
épaisse et peu dense, car à ce niveau l'isotherme 1300 °C qui la sépare de l’asthénosphère est situé à
faible profondeur. La densité de la lithosphère océanique (3,1 g/cm3) est une moyenne pondérée entre
la densité de la croûte océanique (2,9 g/cm3) et du manteau lithosphérique (3,3 g/cm3). Ainsi, au niveau
de la dorsale, la lithosphère repose sur l’asthénosphère, de densité plus importante (3,25 g/cm3).
Cependant, en s’éloignant de la dorsale, le manteau lithosphérique refroidit, s’hydrate et s’épaissit en
vieillissant et sa densité ne cesse d’augmenter, alors que l’épaisseur de la croûte océanique reste
constante. Ceci s’explique par le fait que lorsque la roche est plus chaude, elle est ductile et fait partie
de l'asthénosphère et lorsqu'elle est plus froide, elle devient solide et s’intègre à la lithosphère. Ainsi,
au fur et à mesure de l’éloignement de la dorsale, l’isotherme séparant le manteau lithosphérique et le
manteau asthénosphérique va progressivement s’enfoncer (Fig.IV.14). Par conséquent, lorsque la
densité de la lithosphère océanique a dépassé celle de l’asthénosphère, l’équilibre commence à se
rompre, et la lithosphère se trouve donc obligée de s’enfoncer : la subduction débute.
La différence de densité entre la lithosphère océanique et l’asthénosphère est à la base du
mécanisme constituant l'un des principaux moteurs responsables du mouvement des plaques à la
surface de la Terre. Ce mécanisme explique pourquoi les plaques océaniques se déplacent toujours en
direction de l'endroit où elles plongent en subduction. En outre, la subduction d’une plaque
lithosphérique entraine la mise
en place d’une force de traction
qui est un élément essentiel de
la dynamique des plaques. Cette
traction est à l’origine des
mouvements horizontaux du
manteau asthénosphérique. Le
mouvement de convection peu
profond localisé sous la dorsale
permet de combler le vide
occasionné par la subduction de
la plaque.

Fig.IV-14 : L’évolution thermique d’une lithosphère océanique


33
II.2.2.4- Quelques types de subduction
Les critères de classification des zones de subduction sont assez diversifiés, et l’on peut toujours
les ranger suivant tel ou tel critère morphologique, mécanique, géographique ou autre.
Chacun de ces grands types de subduction associe un certain nombre de caractères comme l’âge
de la plaque subduite, la géométrie du panneau plongeant, le régime tectonique de la plaque
supérieure…etc.
Par ailleurs, la classification la plus commune distingue deux grands types de zone de subduction
suivant la plaque chevauchante : soit la lithosphère océanique s’enfonce sous une lithosphère
continentale (cas de la chaine Andine), soit la lithosphère océanique s’enfonce sous une autre
lithosphère océanique (subduction intra-océanique).

II.2.2.4.1- Subduction intra-océanique


Dans ce cas la subduction a lieu en plein domaine océanique. Ainsi, la lithosphère plongeante
(plaque chevauchée) est normalement une lithosphère océanique froide, épaisse et dense qui s’enfonce
sous une autre lithosphère également océanique. Ce modèle est bien illustré par la convergence des
plaques Pacifique et Philippine,
où l’on assiste à la formation
d’une fosse de subduction
(fosse des Mariannes
représentant le relief terrestre le
plus profond avec une
profondeur d’environ 11km),
puis un bassin avant arc suivi
d’un arc insulaire sous forme
d’un chapelet d’îles
volcaniques et enfin un bassin
d’arrière arc créé par une
dynamique extensive à l’arrière
de la subduction (Fig.IV-15).

Fig.IV-15 : Caractéristiques morphologiques d’une subduction intra-océanique

II.2.2.4.2- Subduction océan-continent


Lorsque la plaque sus-jacente (plaque chevauchante), est constituée d’une lithosphère
continentale, on peut assister à la formation d’une chaine de subduction, comme la cordillère des
Andes, en Amérique du Sud (c’est le modèle andin). Dans ce cas, on assiste au glissement de la plaque
lithosphérique océanique froide, celle de Nazca, d’une façon oblique sous la plaque sud-américaine. A
environ 100 à 150 km de la fosse, sur la plaque chevauchante, se trouve un arc volcanique caractérisé
par une chaîne volcanique subaérienne avec une topographie importante. La dynamique du volcanisme
mis en évidence dans ce contexte est de type essentiellement andésitique à caractère explosif, car les
laves émises à ce niveau sont assez visqueuses. L’intense activité volcanique enregistrée au niveau de
l’arc, s’accompagne d’une activité sismique importante suivant le plan de Bénioff, avec des séismes
superficiels, intermédiaires et profonds. En outre, en profondeur de la plaque chevauchante, des roches
magmatiques peuvent cristalliser et forment des roches plutoniques de nature granitoïdique.
Par ailleurs, au niveau de cette zone de subduction, on peut également assister à la formation
d’une structure engendrée par l’accumulation de matériaux sédimentaires déformés, localisés à la

34
frontière entre la plaque plongeante et la plaque chevauchante et correspondant à ce qu’on appelle
« prisme d’accrétion » (Fig.IV-16).
II.2.2.5- Autres caractéristiques des zones de subduction
Des études d’imagerie sismique (tomographie sismique) ont montré que les zones de subduction sont
divisées en plusieurs unités morphostructurales très spécifiques. Ces unités reflètent une variation
remarquable de la surface topographique (reliefs positifs) et bathymétrique (reliefs négatifs)
génétiquement associées à la dynamique des plaques qui y convergent.
II-2.2.5.1- Fosse océanique
En convergeant, la plaque océanique subduite subit un fléchissement créant un relief négatif très
remarquable, connu sous le vocable de « fosse océanique », qui peut dépasser 11000 m de profondeur
(fosse des Mariannes). Ces fosses, qui marquent la frontière entre les deux plaques, sont de longues
dépressions, plus ou moins marquées selon les zones de subduction. Elles sont la plupart du temps
courbes et convexes
vers l’océan (ex :
Mariannes, Sandwich,
Caraïbes). Cependant,
elles peuvent
néanmoins être
beaucoup plus
rectilignes (ex : Tonga).
Une même fosse peut
s’étendre sur des
milliers de kilomètres
ou être beaucoup plus
étroite.

Fig.IV-16 : Caractéristiques morphologiques de la zone de subduction océan-continent

La cinématique des fosses océaniques est fondamentale dans la dynamique de la subduction,


puisqu’elle influence de nombreux paramètres, telles que la déformation de la plaque chevauchante et
la géométrie du panneau de subduction.
II-2.2.5.2- Prisme d’accrétion
Au niveau d’une zone de subduction, lorsque la lithosphère s'enfonce, les sédiments océaniques qu'elle
porte sont rabotés par la plaque chevauchante, se compriment, se déforment et s'empilent sous forme
d'écailles en éventail, et la structure ainsi engendrée forme un prisme d’accrétion. Il s’agit donc d’une
accumulation de matériaux sédimentaires déformés, localisés à la frontière entre la plaque plongeante
et la plaque chevauchante. Ces matériaux raclés peuvent parfois se redresser formant un bourrelet qui
s'épaissit jusqu'à émerger totalement (exemple prisme formant l’ile de la Barbade ; Fig.IV-17).

35
Fig.IV-17 : Exemple du prisme d’accrétion de la Barbade au niveau de l’Atlantique montrant une
puissance sédimentaire importante induisant l’emplacement d’un bassin d’avant arc.

Par ailleurs, au niveau des prismes


d’accrétion, les forces compressives
mises en jeu, s’expriment par de
nombreuses failles inverses (Fig.IV-18)
et autres structures témoignant d'un
raccourcissement important imposé par
la convergence dans les zones de
subduction.

Fig.IV-18 : Bloc diagramme montrant une faille inverse

II-2.2.5.3 -Géométrie du slab


Le slab représente la partie d'une plaque lithosphérique engagée dans une subduction. Son
pendage est une caractéristique très déterminante, permettant de comprendre certaines spécificités qui
différencient entre les zones de subduction. Ainsi, dans le cas où le pendage du slab est faible (<30° ;
exemple : subduction de la plaque Nazca sous l’Amérique du Sud), la fosse devient peu profonde et le
couplage entre les deux plaques impliquées dans la subduction est très important, ainsi le frottement y
est conséquent au niveau du plan de Wadati-Benioff, d’où la forte activité sismique associée à ces
plans. Dans ce cas, les déformations compressives sont plus remarquables et la position de l’arc
volcanique est décalée vers l’intérieur du continent (plaque supérieure) (Fig. IV-19A). En revanche,
un pendage fort du slab (entre 30 et 80°) conditionne l’instauration d’une fosse plus profonde (cas des
Mariannes) ainsi qu’un couplage faible
induisant des frottements très peu
remarquables entre les deux plaques, et
donc une faible activité sismique où les
séismes sont de faibles magnitudes. Ainsi,
les déformations sont modérées et la
position de l’arc est plus proche de la
plaque subduite (Fig. IV-19B).

Fig. IV.19 : Schémas montrant le pendage du slab

36
II-2.2.5.4 - Caractéristiques métamorphiques
Depuis leur accrétion au niveau de la dorsale, les roches de la croûte océanique ne cessent de
s’hydrater. En effet, à travers les fissures affectant cette croûte, l’eau océanique s’infiltre et induit des
transformations des minéraux qui incorporent des radicaux OH dans leur architecture cristalline et
finissent par donner de nouveaux minéraux. Ce processus de transformation qui s’opère à l'état solide
est le phénomène du « métamorphisme », qualifié dans ce cas de « métamorphisme hydrothermal ».
Les modifications métamorphiques qui intéressent les roches à ce niveau, sous les conditions
d’une hydratation, une faible température et faible pression, transforment le gabbro en métagabbro dont
l’association minérale nouvellement formée (amphiboles de type hornblende, chlorite et actinote),
constitue ce qu’on appelle « faciès schiste vert ».
Arrivant à la zone de subduction, les roches de la croûte océanique, ayant déjà entamé leur
transformation métamorphique, seront soumises à des pressions plus avancées, la température étant
encore faible car la croûte rapidement subductée n’a pas le temps de se réchauffer. Ces nouvelles
conditions transformeront le schiste vert en schiste bleu, qui lui-même, sous des conditions encore plus
sévères en profondeur, se transformera en éclogite.
II-2.2.5.5 - Caractéristiques magmatiques
Lorsque la plaque plongeante atteint des profondeurs et des pressions importantes, les minéraux
hydratés deviennent instables. Ils subissent des transformations métamorphiques par déshydratation se
transformant en minéraux de plus en plus anhydres. Ainsi, la plaque océanique plongeante perd l'eau
qu'elle avait accumulée au cours de son éloignement de la dorsale. Cette eau de la plaque plongeante
percole alors vers la plaque chevauchante et fait abaisser la température de fusion de sa péridotite. Cette
dernière subit ainsi une fusion partielle conduisant à la formation d’un magma à la base de la plaque
subductante.
La viscosité caractérisant le magma formé en contexte de subduction a tendance à augmenter au
cours de l’ascension magmatique à travers la croûte terrestre, ce qui entraine en surface, la mise en
place de volcans à caractère explosif (volcans gris). Ce volcanisme, d’autant plus violent que le magma
est visqueux, entraine la formation de roches volcaniques caractéristiques des zones de subduction,
telles l’andésite et la rhyolite (Voir Chap. du magmatisme et TP). En revanche, si le magma n’arrive
pas à s’épancher en surface, vu sa forte viscosité, sa cristallisation en profondeur entrainerait la
formation des plutons, et dans ce cas les roches magmatiques formées, seraient plutoniques
(granitoïdes).
II.2.2.6- La formation des chaines de subduction
En plus des phénomènes accompagnant la subduction, (activité sismique, magmatique,
métamorphique, thermique...etc.), l’un des marqueurs majeurs de ce type de limite convergente est
l’édification d’une chaine dite « chaine de subduction ».
À la frontière d’une plaque continentale et d’une autre océanique qui subducte, se forme une
structure orogénique dite cordillère à l’image de celle des Andes. En effet, cette dernière est le résultat
du rapprochement et l’enfouissement de la plaque de Nazca, plus dense, sous la plaque lithosphérique
continentale d’Amérique du sud, moins dense, ce qui aboutit à la formation de cette chaine récente dite
chaine ou cordillère des Andes selon les étapes suivantes (Fig.IV-20):
 Suite aux contraintes tectoniques compressives, la plaque océanique dense se brise et
s’enfonce lentement sous la lithosphère continentale sud-américaine.
 Dans la zone d’affrontement se crée une fosse océanique en réponse à un système chevauchant
ayant formé le plus grand relief tectonique sur Terre en terme de dénivelé (environ 13 km) entre la

37
cordillère occidentale (4.500 à 5.000 m) et la fosse du Pérou-Chili, profonde de 8.000 m. Les sédiments
marins recouvrant la plaque océanique plongeante ont été rabotés et raclés par la plaque chevauchante
aboutissant à l’édification d’un énorme prisme d’accrétion en relation avec un angle faible de
plongement.
 Les roches de la croûte océanique plongeante subissent en profondeur des pressions et des
températures de plus en plus grandes. Ces matériaux se métamorphisent et libèrent de l’eau qui crée
des conditions favorables à la fusion partielle de la péridotite asthénosphérique de la plaque
chevauchante, induisant la production de magma à l’origine de volcans essentiellement andésitiques.
 Sous l’effet des contraintes tectoniques compressives, il se produit un raccourcissement et un
empilement du matériel, ce qui entraine un épaississement de la croûte continentale et la surrection
d’une chaine s’étendant sur 7150 km avec une largeur entre 200 et 700 km.

Fig.IV-20 : Étapes de l’édification de la chaine des Andes

II.2.2.7- Le phénomène d’obduction


Le destin normal des lithosphères océaniques nées au niveau des dorsales des grands océans est
de retourner dans le manteau au niveau des zones de subduction. Cependant, la présence d’ophiolites,
reconnues comme étant de vastes fragments de lithosphère océanique mis en place tectoniquement sur
des bordures continentales, indique que dans certains cas, cette lithosphère n'est pas recyclée dans le
manteau.
Ainsi, dans certaines circonstances, la croûte océanique ne s'enfonce pas sous le continent mais
vient au contraire le chevaucher, d'où le terme d'obduction, qui s'oppose à celui de subduction. En fait,
l'obduction est la conséquence du blocage d'une subduction par enfoncement d'un continent sous une
plaque océanique sur laquelle s'est installé un arc volcanique. En effet, si un continent est entraîné dans
une zone de subduction intra-océanique, ce continent ne peut, en raison de sa faible densité, s'enfoncer
dans le manteau au-delà d'une soixantaine de kilomètres. Au fur et à mesure que la croûte continentale
s'enfonce, le fonctionnement de la zone de subduction devient de plus en plus difficile et des contraintes
compressives croissantes apparaissent qui finissent par provoquer des déformations de plus en plus
importantes aussi bien dans la croûte continentale qui s'enfonce, que dans la croûte océanique sus-
jacente. L'ampleur horizontale des charriages pourrait parfois être d’une centaine de kilomètres, alors

38
que la pile chevauchante de matériaux formés d’ophiolites et de sédiments océaniques peut atteindre
jusqu'à 20 à 30 kilomètres d'épaisseur, aboutissant à la formation d’une chaine d’obduction.
L’illustration des étapes du déroulement du phénomène d’obduction, peut être présentée à partir
de l’histoire tectonique de la chaine ophiolitique d’Oman située au Nord-Est de la péninsule arabique
(Fig.IV-21) :
 Avant 100 MA, dans l’océan Téthys, se sont déposés des sédiments marins (radiolarites) sur
des basaltes en coussins du plancher océanique. Au cours de cette période, le rapprochement
entre la plaque africaine et celle eurasienne engendrait des forces compressives ayant abouti à
une large cassure de la plaque océanique, suivie d’une subduction intra-océanique.
 En se poursuivant vers -90 MA, le phénomène de subduction entraine la fermeture et la
disparition progressives du domaine marin, et par conséquent le rapprochement du continent
d’Oman de la zone de subduction. Ainsi, en arrivant à la limite de cette zone, la lithosphère
continentale entame son plongement qui, bientôt s’avorte et se bloque par raison d’un contraste
de densité entre les lithosphères continentale et océanique.
 De -70 à l’actuel, l’effet des forces compressives se poursuit poussant la croûte océanique et
une partie du manteau lithosphérique à glisser sur la lithosphère continentale autochtone,
provoquant la déformation des couches et la surrection des reliefs représentant la chaine
d’obduction.
L’intensité de la compression intervenant dans la mobilisation des matériaux dans ce type de
convergence, induit dans la chaine édifiée un métamorphisme de haute pression-basse température, et
des structures tectoniques caractéristiques tels que des chevauchements et des failles inverses.

Fig.IV-21 : Etapes de l’édification d’une chaine d’obduction (cas de la chaine d’Oman).

II.2.2.8-Les marges de collision


II.2.2.8.1- Formation des chaines de collision
La collision continentale est un phénomène géodynamique se produisant à la limite convergente
de deux plaques tectoniques où deux lithosphères continentales se rencontrent. La collision représente
ainsi la phase ultime de la subduction qui s’achève par l’épuisement et la fermeture d’un océan. Etant
donné que les deux blocs continentaux sont de même densité, ils entrent donc en collision, et les croûtes
continentales se fracturent et s’empilent en écailles, avec la mise en place de structures tectoniques
complexes telles que des nappes de charriage (Fig.IV.22), des failles et des plis. Ainsi, la croûte

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continentale devient plus épaisse avec la présence d’une racine crustale poussant le Moho à des
profondeurs atteignant parfois 70 à 80 Km. A la base de cette racine crustale, les roches peuvent être
portées à des températures et des pressions favorisant un métamorphisme de type thermodynamique
(HP-HT). En ce contexte de collision, et dans des limites avancées de P et T, les roches de la croûte
entrainées en profondeur peuvent entrer en fusion pour donner des plutons de granitoïdes.

Fig.IV.22 : Schémas illustrant la relation entre une faille inverse, un pli-faillé, un


chevauchement et une nappe de charriage.

Remarque :
La collision entre deux continents est souvent précédée soit par une subduction, soit par une
obduction. Dans les deux cas, la chaine de collision édifiée est marquée par des structures tectoniques
compressives matérialisées par un plissement intense et des charriages importants.
 Dans le premier cas, un des continents chevauche l'autre mais il est tout à fait possible
qu'aucune roche océanique, trace de l'océan disparu, ne jalonne ce contact mécanique. La frontière ou
suture entre les deux continents, est alors très discrète.
 Dans le second cas où la collision est précédée par une obduction, un continent chevauche
également l'autre mais il existe alors, coincés entre eux, des restes de croûte océanique, mise en place
lors de l'obduction. Ces matériaux océaniques forment une suture ophiolitique très nette qui permet de
localiser facilement la limite entre les deux continents initiaux.
II.2.2.8.2- L’Himalaya : un exemple de chaine de collision (Fig.IV.23)
L'Himalaya et le Tibet présentent un grand intérêt car ils montrent clairement la succession dans
le temps d'une chaîne de subduction proche du type andin, d'une obduction, puis d'une chaîne de
collision continentale par fermeture du domaine océanique.
L’Himalaya est une chaîne de montagne de type collision, longue de 2 400 kilomètres et large
de 250 à 400 kilomètres. C’est la plus haute chaîne de montagnes du monde, avec 11 sommets
supérieurs à 8 000 mètres, dont le « toit de monde », l’Everest, haut de 8 849 mètres.
L’étude de la chaine de l’Himalaya permet de relever généralement les caractéristiques suivantes :

40
 Les caractéristiques morphologiques : Des reliefs très élevés et croûte continentale assez
épaisse et métamorphosée.
 Les caractéristiques tectoniques : Les structures montrent des plissements, des failles
inverses, des chevauchements et des charriages témoignant d’une forte compression lors de la
collision de l’inde avec l’Asie provoquant un raccourcissement et un épaississement de la croûte
continentale.
 Les caractéristiques pétrographiques : La présence des plutons granitoïdiques et l’andésite
ainsi que les formations issues du
prisme d’accrétion montrent
qu’une subduction avait
fonctionné auparavant,
permettant à la lithosphère
océanique de la plaque indo-
australienne de plonger sous la
lithosphère continentale de la
plaque Eurasienne. Par ailleurs, la
présence d’une suture
ophiolitique accompagnée de
sédiments du fond marin,
témoigne d’une obduction ayant
précédé la fermeture de la Téthys
et le phénomène de la collision.

Fig.IV.23 : Migration de l’Inde et formation de l’Himalaya

II.2.3- Failles transformantes


L'étude topographique des dorsales océaniques montre que celles-ci sont généralement
composées de tronçons décalés par des accidents topographiques débordant de part et d'autre des rides
océaniques (Fig.IV-24). Ces accidents, interprétés comme des décrochements classiques (Fig.IV-25),
correspondent à de grandes fractures qui affectent toute l'épaisseur de la lithosphère et sont dites
« failles transformantes ».

Fig.IV-24 : Schéma montrant une faille Fig.IV-25 : Schémas des types de


transformante décrochements

41
En géométrie eulérienne (géométrie sur une
sphère), le mouvement relatif entre deux plaques
s'interprète comme un mouvement de rotation autour d'un
axe qui recoupe la sphère en deux points appelés « pôles
eulériens » qu’il ne faut confondre ni avec les pôles
géographiques ni avec ceux magnétiques (Fig.IV-26).

Fig.IV-26 : Mode de déplacement des plaques sur


une sphère et notion de pôle eulérien.

Lors de l'ouverture océanique, une dorsale ne se


propage pas de manière linéaire et continue. L'ouverture a lieu au niveau de zones plus fragiles, créant
des tronçons discontinus et légèrement décalés. Lorsque l’accrétion océanique commence, des zones
de fracture transformantes vont se créer au niveau des relais, entre les différents segments de la dorsale
en développement. La mise en place des failles transformantes est donc associée à l'architecture initiale
de la dorsale et au fait que son axe n'est pas continu. L'orientation des failles est ainsi parallèle au sens
du déplacement des plaques.
En s'éloignant l'une de l'autre, la vitesse d'écartement de deux plaques sera variable et fonction
de la distance aux pôles eulériens. Au niveau des pôles de rotation, la vitesse d'ouverture est nulle, alors
qu'elle est maximale au niveau de l'équateur eulérien. Ainsi, au cours de ce déplacement, la vitesse
linéaire est variable, alors que celle angulaire est stable. Ceci est l'une des causes de l'existence
des failles transformantes qui séparent le rift en plusieurs tronçons et qui permettent de gérer les
différences de vitesse d'écartement des deux plaques.
La faille transformante agit donc selon un mouvement de coulissage, dont la partie active se
trouve entre les segments de la dorsale, alors que sa trace fossile (non active) est visible dans le reste
de la croûte océanique. Seules les zones actives des failles transformantes subissent une sismicité
importante, en raison du déplacement en sens contraire de leur portion de lithosphère (Fig.IV-27).

Fig.IV.27 : Schéma montrant les zones active et inactive d’une faille transformante

Les failles transformantes représentent des limites de plaques actives et conservatrices où il n'y
a ni création, ni disparition de croûte contrairement aux deux autres types de limites de plaques que
sont celles divergentes et convergentes. En outre, en plus du rôle d'accommoder des différences dans
les vitesses de déplacement des plaques, ces failles transformantes permettent également de faire le

42
relai entre des dorsales océaniques et des zones de subduction. Ainsi, ces failles ont donc la capacité
de transformer le mouvement entre divergence et convergence, de là leur nom de failles
transformantes. Ces transformations assurées par ces failles coulissantes se résument dans les cas
suivants (Fig.IV-28) :
 Ride-ride : relais entre deux segments d'une même dorsale océanique, ou entre deux dorsales
différentes (Fig.28-a).
 Ride-zone de subduction (Fig.28-b).
 Zone de subduction-zone de subduction (Fig.28-c).

Fig.IV-28 : Schémas montrant les rôles joués par les failles transformantes

III- CYCLE DE WILSON


La tectonique des plaques telle qu’elle est actuellement admise, rend compte de l’histoire de la
Terre, aussi bien celle des océans que celle des continents, en particulier au cours des derniers 200 Ma.
Cette théorie de la mobilité des masses continentales et de l’expansion des fonds océaniques permet
d’expliquer l’évolution des plaques lithosphériques à long terme. « Wilson » est le premier à avoir
formalisé cette évolution en introduisant le concept de cycle, connu désormais sous l’appellation de
cycle de Wilson. Ce cycle résume l’histoire d’un domaine océanique en une série de stades successifs,
décrits par les étapes suivantes (Fig.IV-29) :
 La fracturation d'un continent (rift continental), et l’apparition d’une mer à son stade
embryonnaire : c’est le cas actuellement en cours à l’Est de l’Afrique.
 Stade jeune matérialisé par la formation d'un jeune océan (stade de la mer rouge)
 Stade de maturité, observé lors de l’élargissement progressif du bassin océanique , suite à
l'accrétion qui se poursuit au niveau de la dorsale créant la lithosphère océanique (cas de
l’océan Atlantique).
 Stade de déclin qui s’annonce par l'initiation de la subduction (bassins marginaux du
Pacifique).
 Stade terminal de quasi fermeture de l’océan (cas de la Méditerranée).
 Stade collisionnel (plateau du Tibet et Himalaya) aboutissant à l’amalgamation de différents
blocs continentaux, à la surrection de vastes chaînes de montagnes et à la formation éventuelle
de suture ophiolitique.

43
Les trois premières étapes décrivent l'élargissement de l'océan, alors que et les trois dernières
illustrent sa fermeture.

Fig.IV-29 : Schémas illustrant le cycle de Wilson

IV- CONCLUSION GENERALE


La théorie de la tectonique des plaques a vu le jour à la fin des années 1960. Reprenant les
conceptions mobilistes de Wegener, elle les développe et leur fournit une assise théorique solide en
s'appuyant sur l’hypothèse toute récente de l'expansion des fonds océaniques, qui s’est trouvée
confirmée par de nombreuses observations. Ainsi, il semble que cette idée de la tectonique des plaques
ait germé dans des cerveaux différents, à peu près en même temps, et de façon indépendante. Ceci est
un bon exemple qui montre que lorsqu'une idée scientifique est mûre, sa formulation devient quasi
inévitable.
Par ailleurs, chaque fois qu’une catastrophe géologique dévastatrice ou un événement
spectaculaire se produit, on fait référence à la tectonique des plaques. Cette théorie offre en effet, un
modèle cinématique remarquable des mouvements horizontaux à grande échelle à la surface du globe.
Elle fournit un cadre interprétatif cohérent à l'ensemble des phénomènes et structures géologiques : la
formation des montagnes, la répartition et la cause des séismes et du volcanisme, la répartition des
faunes et flores fossiles... Enfin, elle montre comment les échanges d'énergie et de matière entre
l'intérieur et l'extérieur de la planète sont la cause de tous ces phénomènes.

44
Le principe à la base de cette théorie, est que la surface de la planète est constituée d’un ensemble
de plaques lithosphériques rigides, formées d’un manteau lithosphérique portant de la croûte océanique
ou de la croûte continentale. Découpées par des failles transformantes, les dorsales océaniques assurent
l’élargissement de la croûte océanique par le phénomène d’accrétion. Sur une asthénosphère ductile,
les plaques, en se déplaçant se refroidissent, se densifient et finissent par s’y enfoncer au niveau des
fosses océaniques : c’est la subduction. Il ne fait pas de doute que ces mouvements de la lithosphère
sur l’asthénosphère, nécessitent un fort contraste de viscosité entre ces deux enveloppes du globe, et
que le moteur du déplacement des plaques est une forme de convection thermique. Ainsi, la partie
supérieure des cellules de convection, là où les courants de matière deviennent horizontaux avant de
changer de sens, se situe sous la lithosphère découpée en plaques dont l’organisation des déplacements
reflète celle des courants de convection. Ces derniers apparaissent donc indissociables du mécanisme
de la tectonique des plaques (Fig.IV-30)

Fig.IV-30 : Schéma récapitulatif résumant les phénomènes à la base des mouvements


des plaques tectoniques.

45
CHAPITRE V
PREMIERE PARTIE : GENESE DES MAGMAS ET CLASSIFICATION
DES ROCHES MAGMATIQUES

I- INTRODUCTION
I.1- Cycle de roches
La croûte terrestre est en générale formée de 3 grands groupes de roches : Roches sédimentaires,
magmatiques et métamorphiques. Des processus géologiques appropriés sont à la base de la genèse de
chacun de ces différents types de roches, tout en formant une cyclicité définissant « un cycle de
roches » (Fig.V-1). Ce dernier est
essentiellement une boucle fermée qui
se répète sans cesse. Il représente à la
fois les environnements de formation
des trois familles de roches ainsi que
de leur transformation graduelle les
unes en les autres. Le cycle idéal est
représenté par la boucle circulaire qui
montre une roche magmatique se
transformer en une roche sédimentaire
qui se transforme à son tour en une
roche métamorphique. La boucle se
termine par la transformation de celle-
ci en roche magmatique.

Fig.V-1 : Cycle des roches

L’importance des roches magmatiques réside dans le fait qu’elles sont à l'origine de la formation
de la croûte terrestre. En effet, sous leur différente forme et des compositions chimiques assez variées,
elles sont formées aussi bien au niveau des dorsales océaniques, ainsi qu’au niveau des zones de
subduction/obduction, et même au niveau des points chauds. Ces roches se retrouvent donc au cœur du
cycle puisqu’elles représentent son point de départ et son point d’arrivée.
I.2- Définitions
 Un magma représente un bain silicaté issu de la fusion de roches préexistantes d’origine
lithosphérique ou mantellique. Il comporte une phase liquide (la plus importante), une phase solide
(cristaux) et une phase gazeuse.
 Le magmatisme décrit l’ensemble des phénomènes liés aux processus de formation des
magmas, de leur migration, ainsi que de leur cristallisation aboutissant à la formation et la mise en
place de roches magmatiques.
 Les roches magmatiques ou roches ignées, sont celles produites par refroidissement et
consolidation d’un magma avec ou sans cristallisation complète des minéraux. Cette solidification peut
se produire :
 Lentement en profondeur, entrainant la formation de roches magmatiques plutoniques (dites
intrusives).
46
 Rapidement à la surface, produisant des roches magmatiques volcaniques (roches extrusives).
Qu’elles soient plutoniques ou volcaniques, l’ensemble de ces roches se forme à partir d’un magma
ayant pris naissance en profondeur, ce qui permet de qualifier ces roches d’endogènes.
II- LA GENESE DES MAGMAS ET CONTEXTE GEODYNAMIQUE
Les magmas sont issus de roches qui, soumises à des conditions de pression et de température
particulières, peuvent rentrer en fusion. En plus de ces conditions thermodynamiques, la teneur en eau
constitue également un facteur déterminant contrôlant la fusion des roches. Ceci explique pourquoi la
naissance des magmas et l’apparition des volcans sont limitées à certaines zones où ces conditions sont
remplies.
II.1-Formation des magmas en contexte de divergence
La pétrologie magmatique expérimentale est la science qui s’intéresse à l’étude des mécanismes
de la genèse des roches magmatiques par le biais des expériences. Elle s'efforce de comprendre la
formation des magmas et l'obtention des divers assemblages de roches magmatiques en profondeur
(roches plutoniques) et en surface (roches volcaniques). Elle relie ensuite les conditions obtenues au
laboratoire aux contextes géodynamiques, c'est-à-dire à un lieu géologique présentant une histoire
magmatique particulière (zone de subduction, dorsale océanique...). Dans cette optique, des
expériences de laboratoire ont permis de comprendre le comportement de la roche mantellique
(péridotite) dans les conditions qui règnent dans le contexte des dorsales océaniques (Fig.V-2).

Fig.V-2 : Conditions de fusion partielle de la péridotite anhydre dans le contexte des dorsales
océaniques

En fonction des conditions de température et de pression, la péridotite mantellique peut se


présenter sous 3 états différents : solide, partiellement fondue ou liquide. Les courbes séparant ces 3
domaines sont désignées par:
 Solidus : Courbe séparant le domaine où la péridotite est sous sa forme solide du domaine où
elle est partiellement fondue (domaine de fusion partielle comportant liquide + solide).
 Liquidus : Courbe séparant le domaine de la fusion partielle du domaine purement liquide.
On constate que les courbes des géothermes, qu’ils soient continentaux ou océaniques, ne croisent
jamais le solidus. Ceci montre que, dans des conditions normales de pression et température, les roches
ne peuvent rentrer en fusion. En revanche, lorsque la courbe représentant le géotherme de la
47
dorsale franchit la limite solidus « sec », certains éléments de la roche rentrent en fusion, ce qui
correspond à une fusion partielle. Sur le graphique (Fig.V-2), on constate que seuls certains éléments
de la péridotite se liquéfient. La phase où la péridotite franchit le solidus « sec » s’étend des kilomètres
30 à 100, pour une température variant de 1200°C à 1500°C. Cette délimitation coïncide avec le
manteau asthénosphérique formé de péridotite.
Par décompression adiabatique, une péridotite peut atteindre le solidus et commencer à fondre.
Cela implique une remontée de matériel un peu plus chaud et moins dense que son encaissant se faisant
de manière suffisamment "rapide" pour ne pas avoir le temps de se rééquilibrer thermiquement avec le
manteau environnant. De telles conditions sont notamment réalisées lorsque le manteau supérieur
asthénosphérique remonte à l'aplomb des dorsales.
Pour que des magmas primaires soient produits, il faut donc qu'un déséquilibre thermodynamique
s'instaure localement au sein du manteau, permettant sa fusion partielle. Il en résulte ainsi la production
d’un liquide qualifié de magma primaire et de nature basaltique. Dans les conditions terrestres, le
liquidus n'est jamais atteint ; c'est la raison pour laquelle on parle de fusion partielle et c'est également
pour la même raison que les magmas primaires sont de composition basaltique et non péridotitique.
Après sa formation, le liquide issu de la fusion partielle se sépare des cristaux restants qui ont
échappé à la fusion et ce liquide migre pour se rassembler dans une chambre magmatique sous la
dorsale océanique. En se refroidissant lentement, le magma silicaté dépose des cristaux mafiques sous
forme de cumulâts stratifiés aboutissant à la formation de gabbros lités. Ces derniers seront suivis de
gabbros massifs, puis une partie du magma réussit à se frayer un chemin jusqu'à la surface pour former
les épanchements de laves qui se forment dans le rift central des dorsales et qui, en cristallisant, donne
des basaltes dits de type MORB (Mid Ocean Ridge Basalts). Ces épanchements se font à la faveur d'un
réseau de fractures créées par les forces de tension qui agissent dans cette zone. Une partie du magma
cristallise dans ces fractures, et à mesure de l'étalement des planchers océaniques, on aura la formation
d'un réseau de dykes doléritiques.
II.2-Formation des magmas en contexte de subduction
II.2.1- Conditions de la fusion partielle
Le magmatisme des zones de subduction représente le principal processus à l’origine de la
fabrication d’une nouvelle croûte continentale. Il est ainsi une des manifestations des transferts de
matière s’opérant depuis les réservoirs internes (manteau, croûte océanique) mais également
superficiels (sédiments terrigènes et pélagiques, ainsi que fluides dérivés de l’interaction entre l’eau de
mer et la croûte océanique), vers la croûte continentale. Dans ce contexte géodynamique, on assiste
donc à un transfert des réservoirs profonds vers les réservoirs superficiels, ainsi qu’un recyclage de
matériaux de surface. Par ailleurs, lors des processus de subduction, une partie du matériel subducté,
dérivé des réservoirs superficiels (sédiments, croûte océanique altérée), est réinjecté dans le manteau.
Ce processus constitue une source d’éléments importants pour son évolution.
Au cours de la subduction, la croûte océanique de la plaque plongeante se déshydrate. L'eau
libérée migre et hydrate les péridotites du « coin du manteau » de la plaque chevauchante qui, si les
conditions de pression et de température sont suffisantes, entrent en fusion partielle. Cette fusion est
supposée rendue possible par l’abaissement du point de fusion des péridotites par l’addition de fluides
(Fig.V-3). Ces derniers sont issus de la plaque océanique subductée dont les phases hydratées,

48
produites par interaction avec l’eau
de mer, sont déstabilisées au cours
de la subduction et de
l’augmentation progressive des
conditions de pression et de
température.

Fig.V-3 : Conditions de
fusion partielle de la
péridotite hydratée dans le
contexte de subduction

II.2.2- Roches des zones de subduction


Le magma produit dans les zones de subduction entraine la formation de deux catégories de
roches magmatiques avec une grande diversité pétrologique et géochimique.
 Si les paramètres physico-chimiques intrinsèques du magma (température et degré de
viscosité) lui permettent d’arriver à la surface, des volcans explosifs se mettront en place donnant
naissance à des roches volcaniques à caractère acide telles que la rhyolite, la dacite et surtout l'andésite
à caractère intermédiaire, caractéristique majeure de ces zones de subduction.
 Si le magma est trop visqueux et sa température est insuffisante pour lui permettre de franchir
toute la croûte, ce liquide cristalliserait en profondeur, et donnerait naissance à des roches plutoniques
de même composition chimique que leurs équivalents de surface, à savoir : granite, granodiorite ou
diorite (Voir TP).

II.2.3- Différentiation magmatique


Les roches des zones de subduction, aussi bien volcaniques que plutoniques, montrent une
diversité pétrologique et géochimique, reflétant une certaine évolution que le magma primaire doit
subir pour répondre à une telle diversité. Les mécanismes assurant cette évolution sont nombreux et
constituent dans leur totalité ce qu’on appelle la différentiation magmatique. Ces mécanismes,
pourraient intervenir au cours du stockage du liquide magmatique au sein de la croûte ou lors de sa
migration vers la surface.
II.2.3.1- la cristallisation fractionnée
La cristallisation fractionnée est un phénomène de cristallisation progressive d’un magma qui a
lieu sous l’effet de changements de conditions physico-chimiques. Ceci montre que les cristaux ne se
forment pas tous en même temps, mais plutôt naissent à partir du magma suivant un ordre bien défini
imposé par la différence de température de cristallisation des différentes entités minérales.
Prenons l’exemple de la cristallisation d'un magma basique qui refroidit dans une chambre
magmatique. Les premiers minéraux à cristalliser seront évidemment les minéraux de haute
température, olivine d'abord suivie de pyroxènes. Ces cristaux dits ferromagnésiens, une fois formés
vont se déposer à la base de la chambre magmatique pour former une roche comportant ces mêmes
minéraux (olivine, pyroxène). Cette roche ignée qualifiée de mafique, est un gabbro par exemple. Le

49
liquide résiduel serait donc appauvri en éléments chimiques (Fe et Mg) ayant formés ces minéraux, et
apparaitrait sous forme d’une composition intermédiaire différente de la composition initiale.
Si ce magma est introduit dans une chambre secondaire et qu'il poursuit son refroidissement, les
minéraux à cristalliser seront les amphiboles, les biotites, et certains feldspaths plagioclases, ce qui
produirait une roche ignée intermédiaire, une diorite par exemple.
Si la cristallisation continue avec l’apparition d’une faible quantité de Feldspaths potassiques et
de quartz, ajoutée à une proportion élevée de plagioclases, la roche formée serait une granodiorite. Vers
la phase ultime de cristallisation où
la proportion du quartz et des
feldspaths potassiques serait
prépondérante, la roche formée
serait un granite.
La succession des roches
plutoniques formée par le gabbro,
diorite, granodiorite et granite, aurait
comme suite volcanique
équivalente : basalte, andésite,
dacite et rhyolite (Fig.V-4).

Fig.V-4 : Roches plutoniques issues d’une cristallisation fractionnée et leur équivalents volcaniques.

Il apparait donc qu’avec la cristallisation fractionnée, le magma d’origine évolue


progressivement en s’appauvrissant en éléments ferromagnésiens et en s’enrichissant de la silice et
d’autres éléments alcalins. Cette évolution est à la base de l’obtention d’une gamme de roches
magmatiques qui, malgré qu’elles dérivent d’un même magma d’origine, elles sont pétrologiquement
différentes mais génétiquement liées.
En fonction de la température et de la teneur en SiO2 du magma initial, l’ordre de cristallisation
des différents minéraux à partir d’un liquide magmatique est définie par les « suites réactionnelles de
Bowen ». Deux séries de minéraux sont à distinguer (Fig.V-5):
 Série discontinue : C’est la série des minéraux ferromagnésiens dits également minéraux
colorés (olivines, pyroxènes, amphiboles…). Cette série est dite discontinue car les minéraux la
constituant ont des structures différentes et l’on ne peut passer d’un minéral à un autre.
 Série continue : C’est la série des plagioclases fondée sur le fait qu'ils partagent une même
structure cristalline et qu'ils peuvent donc se rééquilibrer à tout moment avec le liquide sans pour autant
changer de structure. Elle indique que la composition des plagioclases est d'autant plus calcique qu'ils
sont apparus précocement (haute température), d'autant plus sodique qu'ils sont apparus tardivement
(faible température).
Remarque : Dans le cas des roches du domaine océanique, le magma se forme dans la partie
superficielle du manteau sous la dorsale et remonte sans intervention importante de l’étape de
différenciation. Ainsi, le magma reste donc riche en éléments ferromagnésiens et peut donner soit du
gabbro, soit du basalte.

50
Fig.V-5 : Les suites réactionnelles de Bowen.

II.2.3.2- Assimilation
Au cours de son ascension vers la surface, un magma peut faire fondre des roches froides
crustales et intégrer le liquide généré dans sa composition. Ce phénomène appelé assimilation
magmatique peut influencer et modifier la composition chimique d’un liquide magmatique à une
certaine étape de son évolution et contribuer ainsi à la différentiation magmatique.
II.2.3.3- Hybridation
Il n’est pas rare qu’une chambre magmatique différenciée soit réalimentée par des injections de
magmas plus « primaires ». Le magma mixte aura une composition située entre celles des deux
compositions des magmas originels. Souvent, seule une étude pétrographique détaillée permet
d’identifier les mélanges de magmas.
Ce processus permet ainsi de modifier profondément la composition chimique d’un magma. On
l’appelle aussi « mélange de magmas ».
III- CLASSIFICATION DES ROCHES MAGMATIQUES
Les roches magmatiques peuvent être classées de plusieurs manières. Les classifications les plus
utilisées sont celles basées sur les critères suivants : i) Le mode de gisement et texture ; ii) La nature
de la composition minéralogique ; iii) La nature de la composition chimique
III.1- Classification selon le mode de gisement et la texture
La texture décrit les dimensions, la forme et l’arrangement entre les minéraux dans les roches
magmatiques. Le lieu de mise en place d’une roche magmatique définie la texture de cette roche
(Fig.V-6) :
 Les roches magmatiques qui prennent naissance en profondeur sont qualifiées de roches
plutoniques. Le refroidissement auquel est soumis le magma est donc lent, ce qui permet aux cristaux
de se développer et d’acquérir des tailles suffisamment grandes pour qu’ils soient visibles à l’œil nu.
Dans ce cas la texture acquise par la roche est dite grenue (exemple : granite).

51
 Les roches magmatiques qui cristallisent au niveau des filons (dykes et sills), sont qualifiées
de roches filoniennes ou hypovolcaniques ou microplutoniques. Dans ce cas, le magma a subi un
refroidissement plus ou moins lent, aboutissant à une cristallisation totale de la roche, cependant les
grains sont fins difficilement discernables à l’œil conférant à la roche une texture microgrenue
(exemple : microgranite).
Les roches plutoniques à texture grenue et celles filoniennes à texture microgrenue sont qualifiées
de roches holocristallines.
 Les roches formées par l’arrivée du magma à la surface sous forme lavique, sont des roches
volcaniques. Dans ce cas, et en rapport avec un refroidissement rapide, les cristaux formés ne sont
visibles qu’au microscope et forment des microlites disséminés au sein d’une pate non cristallisée. Les
microlites et la pâte vitreuse constituent la mésostase, accompagnée parfois de certains phénocristaux
(cristaux de grande taille) formés en profondeur avant l’ascension du magma. Ces roches sont
caractérisées par une texture microlitique dont on distingue :
 Texture microlitique aphanitique : la roche ne renferme que de fins cristaux noyés au sein du
verre volcanique sans phénocristaux.
 Texture microlitique porphyrique : Existence de phénocristaux au sein d’une mésostase
aphanitique. Les phénocristaux se sont formés dans la chambre magmatique, alors que les microlites
ont cristallisé lors de la montée rapide du magma, tandis que le verre volcanique représente le reste de
la lave n’ayant pas cristallisé une fois arrivée en surface (exemple : basalte).
 Texture vitreuse : C’est une texture dite également hyaline caractérisée par la formation d’une
roche comportant
uniquement du verre
volcanique. Le
refroidissement brutal
de la lave a empêché
la cristallisation
d’aucun minéral
(exemple
l’obsidienne).

Fig.V-6 : Les différents modes de gisements des roches magmatiques

III.2- Classification selon la composition minéralogique


III.2.1- Indice de coloration
La couleur des minéraux est un critère important dans la classification des roches magmatiques.
 On qualifie de minéraux clairs, les minéraux : blancs, gris, crèmes, roses ou rougeâtres (quartz,
feldspaths, feldspathoïdes, muscovite).
 On qualifie de minéraux sombres, les minéraux: noirs, bruns ou verts: (pyroxènes, amphiboles,
biotite, oxydes de fer, olivine).
Exception faite des feldspathoïdes et des plagioclases calciques, les minéraux clairs sont plus riches en
silice que les minéraux colorés.

52
Selon la quantité des minéraux sombres présents dans la roche, on peut la classer dans l’un des
groupes suivants (Tableau V-1 et Fig.V-7).

Tableau V-1 : Classification des roches magmatiques selon l’indice coloration

Fig.V-7 : Nomination des roches magmatiques selon l’indice de coloration

III.2.2- Indice de saturation


La silice est normalement présente dans tous les magmas et contribue avec d’autres éléments
chimiques à la formation des minéraux silicatés.
 Lorsque la silice est abondante dans le magma et son taux est supérieur à 65%, elle peut
s'individualiser et former du quartz ; dans ce cas on dit que la roche est sursaturée.
 Si 45 % <%SiO2 < 65 %, le quartz ne cristallise plus et seuls apparaissent les feldspaths. On
dit que la roche est saturée.
 Si la quantité de silice est inférieure à 45 %, des feldspathoïdes apparaissent car ce sont des
minéraux qui requièrent peu de silice pour se former. Ainsi, le quartz et les feldspathoïdes s'excluent
mutuellement. En effet, un magma ne pouvant être à la fois riche et pauvre en silice. Dans ce cas on
dit que la roche est sous-saturée ou extrêmement sous-saturée selon que l'on observe ou non des
feldspaths (Tableau V-2).
Roche contenant du Quartz Roche sans Quartz Roche contenant des feldspathoïdes
Roche sursaturée Roche saturée Roche sous-saturée
Tableau V-2 : Classification des roches magmatiques selon l’indice de saturation

III.3- Classification selon la composition chimique


Cette classification repose sur la teneur en SiO2 qui définit la notion d’acidité ; ainsi on distingue :
 Les roches acides (SiO2 > 65 %) tels que le granite comme roche plutonique, ou la rhyolite
représentant son équivalent volcanique.
 Les roches intermédiaires (52 % < SiO2 < 65 %) (plutonique : Diorite ; volcanique : Andésite).
 Les roches basiques (45 % < SiO2 < 52 %) (plutonique : Gabbro ; volcanique : Basalte).

53
 Les roches ultrabasiques (SiO2 < 45 %) telle que la péridotite, très riche en fer, magnésium et
calcium.
III.4- Classification selon la nature des séries magmatiques
Une série magmatique est une famille de roches magmatiques formées à partir d'un
même magma et sont caractéristiques des sites géotectoniques. On peut définir ces séries comme des
ensembles de roches qui vont constituer sur le terrain des associations spatiales et temporelles.
Trois grands critères sont définissables :
 Critère spatial : les roches d'une même série apparaissent toutes dans un espace géographique
limité.
 Critère temporel : la distribution des roches se fait dans un temps relativement court (quelques
millions d'années).
 Critère géologique : il existe entre les diverses roches d'une même série une communauté de
caractères minéralogiques et surtout chimiques qui reflètent une évolution régulière.
On peut ainsi mettre en évidence 5 grandes séries de roches magmatiques, chacune caractéristique
d'un environnement tectonique particulier (FigV-8).
 La série tholéïtique : Elle est typique des zones de divergence (dorsales), mais peut également se
rencontrer dans les arcs océaniques (subduction océan-océan). Les termes différenciés y sont
habituellement rares, en raison de la faible épaisseur de la lithosphère océanique des contextes
caractérisés par cette série
 La série calco-alcaline : C’est une série caractéristique des zones de subduction et constitue ainsi
un excellent marqueur de celles anciennes. Les termes peu différenciés (basaltes) y sont rares, en
raison de l'épaisseur de la croûte continentale, qui s'accompagne d'une différenciation importante.
Les roches typiques y sont les andésites et les rhyolites.
 La série transitionnelle : Elle se rencontre dans les zones intraplaques continentales et dans les
cordillères des marges actives.
 La série alcaline : Elle est définie par une composition riche en éléments alcalins (Na et K). Elle
correspond à des roches
souvent sous-saturées
en silice. Elle est typique
des zones intraplaques
continentales, mais on la
rencontre également dans
les océans (certains points
chauds).
 La série shoshonitique :
Elle se rencontre dans les
cordillères des marges
actives, parfois dans les
arcs insulaires en phase
évolutive avancée.

Fig.V-8 : Séries magmatiques dans le diagramme SiO2 vs Na2O + K2O

54
CHAPITRE V
DEUXIEME PARTIE: VOLCANS ET VOLCANISME

I- INTRODUCTION
En profondeur, lorsque certaines conditions sont favorables, la fusion des matériaux engendre un
magma comportant une partie liquide, des composés solides et des gaz dissous. En arrivant à la surface,
le magma perd ses gaz et devient une lave qui s’épanche à travers des ouvertures ou des ruptures de la
surface de la terre. Le volcanisme est l’ensemble des phénomènes naturels liés à l’activité des volcans.
Par ailleurs, on remarque que les volcans ne sont pas répartis aléatoirement à la surface du globe
terrestre. En effet, l’activité volcanique se trouve localisée au niveau des frontières de plaques
tectoniques (dorsales, zones de subduction) ou à l'intérieur de plaques (volcanisme de point chaud). En
fonction de son contexte géodynamique, le volcanisme n'a pas la même origine ni la même dynamique
(Fig.V-9) :

Fig.V-9 : Répartition des volcans à l’échelle du globe

II- LES DIFFERENTES PARTIES D’UN VOLCAN


Un volcan comporte en général les parties suivantes (Fig.V-10) :
II.1- Chambre magmatique
Le magma prend naissance dans certaines zones de la partie supérieure du manteau : les "zones de
fusion". Une fois formé, le magma migre vers le haut pour être stocké au niveau d’une chambre
magmatique. Cette dernière correspond à un réservoir situé à grande profondeur dans la croûte terrestre
où le magma peut séjourner et subir plusieurs processus avant d’être transféré dans des chambres
superficielles. Ces dernières sont généralement alimentée en magma par des dykes depuis la zone
profonde.
Au départ, une chambre magmatique peut se former à partir de nombreuses fractures qui
s’anastomosent, formant une poche qui pourrait s’agrandir par effondrement.

55
II.2- La cheminée volcanique
C’est le conduit qui relie la chambre magmatique à l'extérieur et par lequel, lors d'une éruption
volcanique, le magma remonte à la surface.
Au cours de ses éruptions successives, un volcan peut changer de cheminée. En effet, le transit
du magma peut devenir plus difficile, soit parce que sa viscosité a évolué, soit que la cheminée se
bouche. À la faveur d’une rupture au sein de l’édifice, un autre cheminement plus aisé peut se créer,
amenant temporairement ou définitivement le magma à emprunter un autre chemin d’évacuation.
Après l’arrêt de l’activité volcanique, la cheminée se trouve comblée de matériaux ayant
cristallisé suite au refroidissement. Si les roches entourant la cheminée sont érodées, cette dernière se
trouve dégagée et forme ainsi un relief volcanique résiduel appelé « neck ».
II.3- Cône volcanique
Le cône volcanique est le produit de l'accumulation de lave solidifiée et des autres types de produits
provenant d'éruptions successives qui se sont produites au fil du temps. La pente du cône volcanique,
ainsi que son épaisseur et sa taille sont contrôlées par le nombre d'éruptions qui ont eu lieu et la nature
des produits éjectés.
II.4- Le cratère
Un cratère volcanique représente l’évent d'un volcan par lequel sont éjectés aussi bien la lave que
les produits du volcan. Ce cratère occupe généralement une position sommitale de l’édifice volcanique
et possède un certain caractère de
permanence. Sa forme est circulaire ou
elliptique, mais parfois apparait très allongé
quand il résulte d'une fissure profonde
atteignant la surface. Par ailleurs, lorsque l’un
des côtés d’un cratère volcanique explose et
finit par se détruire, on parle dans ce cas d’un
« cratère égueulé ».
Pour certains cratères de grande taille, la
vidange d'un important volume de magma
laisse un déficit souterrain, compensé par un
énorme effondrement du volcan. Cet
affaissement en relation avec une perte de
pression lithostatique à l'intérieur de la
chambre magmatique sous-jacente, peut
parfois aboutir à la formation d’une
dépression circulaire ou elliptique d’ordre
kilométrique intitulée « caldeira ».

Fig.V-10 : Différentes parties d’un volcan

III- MECANISMES DE LA MONTEE DU MAGMA


Lorsqu’un magma vient de se former, on constate qu’il a une densité toujours plus faible que le
solide qui lui a donné naissance. Ce constat aboutit à la création d’une instabilité gravitationnelle et le
magma a donc tendance à migrer vers la surface : c’est l’application du principe physique de la poussée
d’Archimède. La montée du magma est lente, le refroidissement et la cristallisation peuvent s’opérer.

56
Au sein du réservoir, le magma s’enrichit
en éléments volatils et la surpression alors
entraînée ne peut dépasser le seuil de résistance
des roches encaissantes. Dans ces conditions, le
magma ne peut plus rester dans la chambre
magmatique et se fraie ainsi un chemin jusqu'à
la surface, où la surpression est alors évacuée.
Il apparait donc que, vers les derniers milliers
de mètres, la montée du magma se fait
essentiellement grâce à l’effet d’un dégazage
libérant, à partir de ce liquide silicaté, des gaz
différents le propulsant rapidement vers la
surface (Fig.V-11).

Fig.V-11 : Ascension du magma

IV- LES PRODUITS VOLCANIQUES


Les produits émis par un volcan sont représentés par des gaz, des laves et des téphras.
IV.1- Les gaz
Responsable de la remontée du magma et des explosions, le gaz volcanique est représenté
essentiellement par de la vapeur d’eau (jusqu'à 95%), à laquelle se mêlent le plus souvent des gaz
carboniques et sulfurés. Ces gaz sont libérés du magma lors de sa remontée en surface en raison de la
diminution de la pression.
IV.2- Les laves
La lave représente de la roche en fusion émise par un volcan à une température variant de 700 à
1200°C. Après dégazage du magma, la lave arrive en surface à l’état liquide ou pâteux. Ainsi, elle peut
s’accumuler sur place ou s'écouler plus ou moins rapidement (jusqu'à 70 km/h) en fonction de
sa température, de sa viscosité, de la pente topographique et de la zone d'émission (dans l'air ou l'eau).
La viscosité d'une lave dépend de sa température d’émission et de sa composition chimique en relation
essentiellement avec la teneur en Silice (plus une lave est riche en silice, plus elle est visqueuse).
En fonction de plusieurs paramètres, la lave volcanique peut se présenter sous l’un des aspects
suivants :
IV.2.1- Les coulées en pillow-lavas
La formation des laves en pillow- lavas (laves en coussins ou en oreillers) est conditionnée par
la nature aquatique du milieu de leur mise en place. Ainsi ces laves en pillow- lavas sont très abondantes
essentiellement dans la croûte océanique formée au niveau des dorsales océaniques (Fig.V-12A).
Le contraste entre la température de la lave au moment de son émission (1200°C environ) et celle
de l’eau où elle se met en place (quelques degrés), provoque un phénomène de trempe. Ainsi, la lave
se fige en formant une fine pellicule vitreuse sous forme de baudruche souple, progressivement gonflée
par la lave qui continue d’être émise. Les chocs thermiques provoquent l'écaillage de la gaine vitreuse
en donnant des fentes de retrait bien visibles sur la bordure de la structure en coussin (Fig.V-12B). Les
tubes de lave qui s’empilent et se moulent les uns sur les autres, aboutissent à des empilements de
57
boules en forme de coussins ou de polochons d’une taille de plusieurs mètres sur de grandes épaisseurs.
Au cours de leur
solidification, et en raison
de leur forme globalement
cylindrique, les pillow-
lavas laissent apparaitre
une structure radiaire très
caractéristique (Fig.V-
12C).

Fig.V-12 : Caractéristiques morphologiques des pillow-lavas

IV.2.2- Les laves pāhoehoe


Le terme de lave pāhoehoe signifie « rivière de satin » en raison des teintes brillantes
fréquemment prises par la lave une fois refroidie. Il
s’agit d’une lave très pauvre en silice et émise à haute
température, ce qui lui confère une très grande fluidité
caractérisant essentiellement les coulées basaltiques. Le
degré faible de viscosité marquant ces laves explique
leur faible épaisseur et leur écoulement sur de grandes
distances à partir du centre d’émission. En se déplaçant,
la surface lisse ou plus ou moins torsadée de ce type de
lave est modelée en forme de boudins parallèles lui
donnant l’aspect d’un amas de cordes plissées d’où sa
qualification de « lave cordée » (Fig.V-13).

Fig.V-13 : Aspect des laves cordées

IV.2.3- Les laves aa


La morphologie des coulées aa correspond à une accumulation de blocs décimétriques à
métriques. Cette morphologie a pour origine une viscosité plus grande de la lave, par rapport à celle
donnant le type pahoehoe. La surface de la coulée se trouve relativement déjà solidifiée, alors que
l'intérieur, bien visqueux, coule et se déforme encore. La surface solide se casse alors en de multiples
blocs sous l'effet des mouvements internes de la coulée, et ces blocs roulent les uns sur les autres
donnant une morphologie déchiquetée, rugueuse et rocailleuse caractéristique à ce type de lave (Fig.V-
14).

58
Fig.V-14 : Aspect des laves de type « aa »

IV.2.4- Les laves prismatiques ou en orgues


Les orgues volcaniques résultent d’une contraction thermique par refroidissement de la lave.
Lorsque la lave atteint la surface de la terre,
elle refroidit et se rétracte. Le volume de la
coulée va alors diminuer durant la
solidification et des fissures peuvent
apparaitre et donner naissance à des structures
prismatiques en forme d’hexagones d’autant
plus régulières que l’abaissement de
température est lent et progressif (Fig.V-15).
D’une façon générale, le
développement de ces structures s’opère
perpendiculairement à la surface de la coulée.

Fig.V-15 : Aspect des coulées prismatiques (en orgues)

IV.3- Les tephras


Les magmas, en particulier ceux caractérisés par une forte viscosité, conduisent à des éruptions à
caractère explosif. L’explosion survenue permettra de briser le magma en fragments qui, une fois
projetés dans l’air, se solidifieront et formeront avec tous les produits solides éjectés ce qu’on appelle
les produits pyroclastiques « débris de feu ». On appelle Téphras les dépôts de ces fragments
pyroclastiques dont la classification est en fonction de la taille des grains de leurs éléments constitutifs.
Ces produits, une fois déposés peuvent demeurer sous forme de débris meubles ou être consolidés par
un ciment pour donner des roches appelées roches pyroclastiques.
Vu la grande diversité de dimension des particules éjectées par les volcans (la taille des pyroclastes
varie du µm à plusieurs mètres), il est commun d’utiliser la classification suivante :
IV.3.1- Les bombes volcaniques
Une bombe volcanique est un fragment d’origine lavique de plus de 64 mm de diamètre et qui
s’est solidifié lors de son éjection dans l’air par fragmentation du magma. Au cours de leur
solidification, les bombes volcaniques acquièrent des formes aérodynamiques différentes déterminées
par la fluidité de la lave ainsi que par leur rotation et leur trajectoire pendant leur vol. Ainsi, on
distingue : des bombes en chou-fleur, en fuseau, en croûte de pain, en bouse de vache, etc...

59
IV.3.2- Les lapillis
Les lapillis sont des éjectas volcaniques sous forme de fragments dont la dimension est comprise
entre 2 et 64 mm, en général arrivés à la surface déjà consolidés (fragments anguleux), ou résultant de
la consolidation à la surface de lave pulvérisée (fragments arrondis).
IV.3-3- Les cendres
Les cendres volcaniques sont des fragments de roches et de minéraux de diamètre inférieur à
2 mm , éjectés par un volcan. Ces particules sont si fines qu'elles peuvent être emportées sur des
centaines de kilomètres et retomber sur le sol sous forme de pluies de cendres.
IV.4- Autres produits volcaniques
IV.4.1- Les scories
Une scorie correspond à un fragment de lave qui s'est
solidifié dans l’air lors d'une éruption
volcanique explosive. Il s’agit d’un éjecta vésiculé à aspect
irrégulier et poreux de nature mafique. La présence de
vacuoles en leur sein leur attribue une faible densité mais
qui reste supérieur à celle de l’eau. Le caractère basique des
scories leur confère une couleur sombre (noire, ou brune ;
Fig.V-16).

Fig.V-16 : Aspect d’une scorie

IV.4.2- La pierre ponce


La pierre ponce se forme à partir d’une lave projetée en l'air et qui se refroidit rapidement. Le
dégazage entraîne la formation des bulles, d'où la porosité et la faible densité de la pierre qui ne dépasse
pas 1. Le caractère généralement felsique (acide) des laves à l’origine des ponces volcaniques leur
confère couramment une couleur claire.
Remarque :
Les roches formées par accumulation et cimentation des téphras sont appelées : roches
pyroclastiques. (Tableau V.1).

Diamètre des éléments Dépôts non consolidés Dépôts consolidés (roches


(mm) (Téphras) pyroclastiques)
Φ > 64 Bombes volcaniques Brèches volcaniques
64 > Φ > 2 Lapillis Tufs volcaniques
Φ<2 Cendres volcaniques Cinérites
Tableau. V-3 : Classification des téphras et nature des roches pyroclastiques
V- CLASSIFICATION DES VOLCANS
En fonction d’une multitude de paramètres, les volcans présentent diverses typologies dont la plus
répandue et la plus simple, étant celle distinguant les volcans explosifs (volcans gris) et ceux effusifs
(volcans rouges).

60
V.1- Volcans rouges
Une éruption effusive (dite éruption rouge) est une éruption volcanique qui produit des laves
fluides, car elles sont pauvres en silice et sont généralement des laves basaltiques. Les gaz dissous que
ces laves contiennent, s'en échappent facilement, ce qui se traduit par une faible explosivité.
Les éruptions effusives regroupent deux types de volcans : volcans hawaïens et ceux stromboliens.
V.1.1- Volcans de type hawaïen (Fig.V.17)
Ils sont caractérisés par l’émission de laves basaltiques très fluides et à haute température (1100
à 1200 °C). Ils jaillissent en fontaines de
lave qui atteignent parfois plusieurs
centaines de mètres de hauteur, puis
s’épanchent sur de vastes surfaces à une
vitesse d’écoulement pouvant atteindre
40 à 60 km/h. L’accumulation de ces
coulées fluides donne naissance à des
cônes aux pentes très douces (5° à 10°)
appelés volcans-boucliers.

Fig.V-17 : Aspect d’un volcan de type hawaïen

V.1.2- Volcans de type strombolien (Fig.V-18)


Les éruptions stromboliennes alternent des phases explosives et phases effusives. Elles sont
caractérisées par l’éjection rythmique de
lambeaux de lave propulsés par les gaz
volcaniques. Le cône volcanique est
composé d’une succession de strates
formées par les coulées de lave refroidies
et de strates formées de matériels
pyroclastiques riches en cendres, en
lapillis et en bombes volcaniques.
Cette alternance, définit alors un volcan
mixte ou stratovolcan dont la pente du
cône peut atteindre 40°. Fig.V-18 : Aspect d’un volcan strombolien
V.2- Volcans gris
Une éruption explosive est une éruption caractérisée par l'émission de laves fragmentées dans
l'atmosphère. Ce type d’éruption explosive caractérise les volcans gris, marqués par une très
forte pression dans la chambre magmatique. C’est un type de volcans dont le magma est initialement
riche en gaz dissous (H2O et CO2) et en silice qui induit une viscosité élevée du magma, qui empêche
la séparation des gaz volcaniques et leur évacuation vers la surface.
Les éruptions à dynamique explosive comportent les volcans de type vulcaniens, péléens et pliniens.
V.2.1- Le volcan de type vulcanien
Ce sont des volcans aux éruptions violentes, résultant de la solidification d'un magma acide
visqueux saturé en gaz, créant un bouchon obstruant la cheminée volcanique. Ce bouchon fait
augmenter la pression, tandis que le magma à l'intérieur s'accumule et finit par produire une grande
explosion.

61
V.2.2- Le volcan de type péléen (Fig.V-19)
Ce type de volcan émet une lave
extrêmement visqueuse et pâteuse. Elle se
solidifie dès son contact avec l’air et forme un
cône volcanique obstrué par un dôme qui explose
lorsque la pression est à son paroxysme.
L’explosion qui survient est extrêmement
puissante et s’accompagne de nuées ardentes. Ces
nuées sont une sorte de nuage composé de gaz,
de cendres et de blocs de taille variable dévalant
les pentes du volcan à une haute température et à
des vitesses assez considérables
(200 et 600 km/h).

Fig.V-19 : Schéma d’un volcan de type péléen

V.2.3- Le volcan de type plinien (Fig.V-20)


C’est le type le plus violent de tous, car le magma
dans ce cas est beaucoup plus visqueux étant donné son
chimisme très acide, et sa richesse en gaz non dissous. La
lave n’est propulsée que sous la forme de cendres fines. Le
panache de cendre peut se déposer à des milliers de
kilomètres du centre d’émission.
Les violentes explosions exceptionnelles se
manifestent par des émissions de nuées ardentes qui
projettent des cendres à des dizaines de kilomètres de
hauteur, atteignant parfois la stratosphère (entre 12 et 50km
au-dessus de la surface terrestre).

Fig.V-20 : Schéma d’un volcan de type plinien

V.2.4- Eruption phréatomagmatique : un cas particulier d’éruption explosive


Une éruption phréatomagmatique est un type d'éruption volcanique caractérisé par l’interaction
entre le magma d'un volcan et l'eau issue de terrains hydratés tels que les nappes phréatiques, ou des
sols enneigés, . Le contact de l'eau et de la lave engendre un choc thermique qui provoque
la vaporisation de l'eau, augmentant la pression interne du volcan qui produit alors des explosions
violentes. Le panache volcanique formé par ce type d'éruption est composé d'une bonne part de vapeur
d'eau et de lave fragmentée en plus des éléments provenant du socle.
L’explosion aboutit à la formation d’un cratère généralement circulaire couronné de produits de
projection et qui pourrait par la suite être occupé par un lac : cette structure constitue ce qu’on appelle
un « « maar ».

62
VI- VOLCANISME ET TECTONIQUE DES PLAQUES
IV.1- Volcanisme des zones de divergence
 Le long des 70000 km de dorsales médio-océaniques qui parcourent la surface de la Terre
sous les océans, se produit un volcanisme actif en contexte distensif. Au niveau d’une dorsale
océanique, s’opère une remontée convective formant un diapir asthénosphérique. En remontant vers la
surface à une vitesse de quelques cm/an, la péridotite de l’asthénosphère subit une décompression
adiabatique amenant à sa fusion partielle. Etant donné que seule une fraction de la roche mantellique
fond, le magma engendré n’a pas la même composition chimique que la roche d'origine. Cette roche
mantellique d’origine est une « lherzolite » formant un manteau qualifié de fertile. Sa fusion partielle
aboutit donc à la naissance d’un liquide de nature basaltique, alors que la roche résiduelle
correspondant à la partie réfractaire non fondue représente la « harzburgite » constituant le manteau
qualifié d’appauvri.
Après sa migration vers la chambre magmatique, le liquide engendré donne des phénocristaux
qui formeront le gabbro à texture grenue. En
remontant plus vers la surface, le liquide
magmatique forme le complexe filonien de nature
doléritique à texture microgrenue. En surface, une
activité volcanique se manifeste à l’axe de la
dorsale médio-océanique par l’émission de lave
fluide basaltique qui, en se refroidissant au contact
de l’eau, prend la forme de coussins de lave appelés
« pillow-lavas ».
 Un volcanisme actif en contexte de
divergence se produit également sur les continents
qui subissent un processus de rifting aboutissant à
la formation d’un nouvel océan. L’exemple
classique sur Terre est la zone du Rift de l’Afrique
de l’Est, où plusieurs volcans actifs sont connus
actuellement (région des grands lacs, Ethiopie,
Djibouti ; Fig.V-21).

Fig.V-21 : Situation du Rift Est africain

IV.2- Volcanisme des zones de subduction


Au niveau des zones de subduction, on assiste au chevauchement de deux plaques tectoniques.
Ainsi, la plaque plongeante se déshydrate progressivement induisant une hydratation du coin du
manteau de la plaque chevauchante. Cette hydratation des péridotites mantelliques fait diminuer leur
point de fusion, et subissent ainsi une fusion partielle. Le magma formé, subit plusieurs transformations
au cours de sa traversée de la lithosphère chevauchante engendrant un liquide visqueux et riche en gaz.
En arrivant à la surface, ce liquide riche en silice aboutit à la mise en place de volcans très explosifs de
type Strombolien, Vulcanien, Péléen et Plinien. Les roches formées en réponse à cette activité
volcanique sont caractérisées par un chimisme intermédiaire à acide donnant des andésites et des
rhyolites, reflétant la complexité de l’évolution du liquide magmatique au niveau de ces zones de
subduction.

63
IV.3- Volcanisme des points chauds
Une certaine activité magmatique est connue à l’intérieure des plaques tectoniques sans relation
avec leurs frontières. En effet, des alignements volcaniques intraplaques situés en domaine océanique
ou continental, sont connus sans que leur position ne corresponde à des limites de plaques. Les magmas
sont dans ce cas issus de sources ponctuelles enracinées dans le manteau inférieur appelées: points
chauds.
Il semble que la plupart des points chauds se forment vers 700 km de profondeur, limite entre
l'asthénosphère et le manteau inférieur, mais il n'est pas exclu qu'ils prennent naissance plus en
profondeur, notamment vers 2900 km, à la limite supérieure du noyau. En effet, La présence
occasionnelle de zones de fusion locale et massive au niveau de l'interface manteau-noyau pourrait
alimenter de puissants panaches d'origine profonde.
Si une plaque lithosphérique se déplace au-
dessus d'un point chaud normalement fixe et qui
fonctionne sporadiquement, il se construit un
chaînon de volcans : Les volcans les plus vieux se
situent à l'extrémité du chaînon, alors que les plus
jeunes se situent à proximité du point chaud.
Ainsi, au fur et à mesure que la plaque se
déplace, les volcans se succèdent, et les plus
anciens, s’éloignent du point chaud et s’enfoncent
progressivement dans l’océan, formant des monts
sous-marins appelés guyots (Fig.V-22).

Fig.V-22: Mode de fonctionnement d’un point chaud

Dans le cas de l’alignement des îles volcaniques


Hawaï-Empereur dans le Pacifique-Nord (Fig.V-23), on
peut facilement déterminer le mouvement tectonique de
la plaque pacifique.
De -65 Ma (Millions d’années) à -44 Ma, la plaque s’est
déplacée vers le Nord, créant ainsi toute la chaîne
volcanique des îles Empereur, puis la plaque a changé
de direction de -44 Ma à aujourd’hui, où elle se dirige
vers le Nord-Ouest ; Hawaï étant le dernier volcan
encore actif de cet alignement.

Fig.V-23 : Chainon Hawaï-Empereur, un


exemple d’alignement d’iles de point chaud

Les alignements des îles volcaniques sont des témoins de la mobilité et de la vitesse de déplacement
des plaques lithosphériques. En effet, connaissant les âges du volcan actif et un autre point représenté
par un guyot dérivant du même point chaud, ainsi que la distance les séparant, la vitesse de déplacement
de la plaque peut être estimée. Ceci constitue un argument majeur du modèle de la tectonique des
plaques qui stipule que les plaques lithosphériques sont animées de mouvements au-dessus du manteau.

64
CHAPITRE VI
METAMORPHISME ET ROCHES METAMORPHIQUES

I- INTRODUCTION
Après leur genèse, et quelle que soit leur nature, les roches peuvent subir des transformations
sous l’effet de phénomènes géologiques intervenant postérieurement à leur mise en place. Ces
transformations affectant leur structure et leur composition minéralogique constituent le phénomène
de métamorphisme.

II- GENERALITES
II.1- Notion de métamorphisme
II.1.1- Définition
Le métamorphisme est l’ensemble des transformations texturales et minéralogiques que subit une
roche d’origine sédimentaire, magmatique ou métamorphique. Les transformations de ces roches
préexistantes s’opèrent à l’état solide, lorsqu'elles sont soumises à de nouvelles conditions de
température et de pression.
Le métamorphisme est généralement qualifié d’isochimique. Ceci montre que les minéraux qui
apparaissent suite à ce phénomène (minéraux néoformés) se forment à partir de la même composition
chimique que celle de la roche d'origine. Les roches formées de cette façon sont appelées « ectinites ».
Ainsi, dans ce cas, le métamorphisme serait opéré en système fermé par un simple réarrangement
minéralogique sans apport extérieur.
Dans certains cas rares, le métamorphisme peut affecter également la composition chimique de
la roche mère ; il s’agit dans ce cas d’un métamorphisme allochimique ou métasomatose ou
métasomatisme. Ce processus est en rapport avec la circulation de fluides réactifs dans le matériau
rocheux, induisant un apport externe ou un départ de certains éléments chimiques. Ainsi, les roches
métamorphiques nouvellement formées sont qualifiées de « métasomatites ».

II.1.2- Limites du métamorphisme


La limite inférieure du métamorphisme
correspond à une température de 200°C et une
pression de 3 kb. Au-dessous de cette limite, c’est
le domaine de la diagenèse. La limite supérieure
du métamorphisme correspond à la fusion
partielle de la roche. Lorsque cette fusion partielle
commence, on parle du phénomène d’anatexie
qui traduit le début de la formation des magmas à
l’échelle crustale (FigVI-1).

Fig.VI-1 Limites du métamorphisme dans le


diagramme pression/ température

65
II.2- Roches métamorphiques
Toute roche préexistante peut subir l’effet du métamorphisme ; ainsi, selon la nature de la roche
d’origine appelée « protolithe », il est possible de distinguer :
 Une roche paradérivée, si le protolithe métamorphisé est une roche sédimentaire ; on parle
également dans ce cas d’une roche « para-métamorphique ».
 Une roche « orthodérivée » si la roche métamorphisée est une roche magmatique ; on parle
également de roche « ortho-métamorphique ».
 Une roche « polydérivée » si la roche d’origine était une roche métamorphique ; on parle
également de roche « poly-métamorphique ».
Les roches métamorphiques sont des roches caractérisées par l’abondance de minéraux issus de
la recristallisation, sous l’effet des conditions thermodynamiques de profondeur (T° et pression). Ces
roches font ainsi partie des roches endogènes et sont qualifiées également de cristallophylliennes.

III- LES FACTEURS DU METAMORPHISME


III.1-La température
 La température augmente avec l’augmentation de la profondeur: c’est le gradient
géothermique ayant une moyenne de 1°C/33m (3°C/100m). Il est assez faible au niveau des cratons
stables (1°C /100 m), alors qu’il est élevé dans les zones tectoniquement actives (6°/100 m).
 Les intrusions magmatiques peuvent induire localement une augmentation de la température.

III.2- La pression
La pression qui s’exerce sur les roches, peut avoir les origines suivantes :

III.2.1- La pression lithostatique


C’est la pression exercée sur une roche, par les roches qui la surmontent. Cette pression est
fonction de la densité des roches et de la profondeur à laquelle elle s'exerce. Ce type de pression est
isotrope, c'est à dire homogène dans toutes les directions et n'engendre donc pas de déformation.

III.2.2- Les pressions tectoniques


Il s'agit des pressions exercées sur les roches par l'action des forces tectoniques. Ces pressions
sont liées aux mouvements des plaques lithosphériques et aux processus orogéniques. Ces pressions
sont anisotropes (homogènes dans toutes les directions de l’espace). En effet, ce sont des pressions
orientées qui engendrent des déformations et l'apparition de nouvelles structures à différentes échelles.

III.2.3- La pression des fluides


C'est la pression exercée au sein des pores des roches par les fluides. Elle dépend de la présence
d'H2O et de CO2 présents dans les interstices et libérés lors de réactions chimiques. Ce type de
pression favorise la circulation des fluides et accélère les réactions de transformations minérales.

IV - LES TRANSFORMATIONS MINERALOGIQUES


Avec le changement des conditions de la pression et /ou de la température, le métamorphisme
d’une roche s’exprime par :
 La disparition de minéraux instables
 L’apparition de minéraux stables suite à un réarrangement atomique et une recristallisation
donnant des minéraux néoformés en réponse aux nouvelles conditions (P,T).

66
IV.1- Les transformations polymorphiques
Ce sont des transformations caractérisées par
l'apparition d'un nouveau minéral de composition
identique à celui transformé (même formule chimique)
mais de structure cristalline différente. L'exemple le
plus simple est celui des silicates d'alumine :
andalousite, disthène, sillimanite, tous de
formule Al2SiO5 mais stables dans des conditions
(P,T) différentes (Fig.VI.2).

Fig.VI.2 : Domaines de stabilité des silicates d’alumines


(andalousite, sillimanite et disthène)

IV.2- Les réactions entre plusieurs minéraux


IV.2.1- Réactions sans intervention de fluides
Dans ce cas, des minéraux néoformés plus stables apparaissent suite à des transformations
d’autres minéraux devenant instables dans les nouvelles conditions de température et/ou la pression
avec ou sans intervention de fluides.
Une fois les transformations se sont opérées, les minéraux néoformés constituent de nouvelles
associations minéralogiques appelées paragenèse. Cette dernière désigne « les associations de
minéraux qui sont ensemble stables dans certaines conditions de température et pression et
caractérisent le chimisme général des roches ».

V- LES DIFFERENTS TYPES DE METAMORPHISME


V-1- Métamorphisme de contact
C’est un métamorphisme local, résultant de la cuisson des roches tout autour d’une intrusion de
magma induite par la mise en place d’une masse granitique par exemple (c’est un granite intrusif ;
Fig.VI-3). Ce métamorphisme est surtout lié à une élévation de la température et une basse pression
(HT, BP) ; c'est pourquoi il est aussi appelé
thermo-métamorphisme. La zone transformée
forme une auréole métamorphique qui enveloppe
l’intrusion magmatique avec très peu de
déformation. Cette auréole présente une zonalité
débutant par une roche dite cornéenne. Cette
dernière est une roche sombre, massive et à grains
fins, ayant subie l’effet maximum de température.
L’influence du métamorphisme de contact peut se
voir sur quelques dizaines de centimètres jusqu’à
quelques centaines de mètres, en fonction de la
taille de l’intrusion à son origine.

Fig.VI-.3 : Schéma montant un granite intrusif et son auréole métamorphique.

67
Dans ce cas du métamorphisme thermique, les minéraux des roches métamorphisées ne
présentent aucune orientation préférentielle, ce qui confère à ces roches une structure dite équante.
V-2- Métamorphisme régional
Ce métamorphisme est également appelé métamorphisme général et fait intervenir à la fois une
variation de la température et de la pression sur une longue durée. Il se produit sur de vastes étendus,
au cours de la formation des chaînes de montagnes, dans les zones orogéniques.
Les gradients de température et de pression peuvent varier inégalement d'où la distinction des
types de métamorphismes régionaux suivants :

V-2-1- Métamorphisme de type Alpin


Ce type de métamorphisme se caractérise par une forte pression et une faible température (HP-
BT), et on le rencontre au niveau des zones de subduction du côté de la plaque plongeante.
La lithosphère océanique qui entre en subduction à la fosse est gorgée d’eau. Au fur et à mesure
du fonctionnement du phénomène
de la subduction, la plaque
plongeante est progressivement
chauffée et tend à se déshydrater.
Cette perte d’eau s’accompagne
d’une série de transformations
minéralogiques et lithologiques qui
entraîne une forte augmentation de
la densité de la lithosphère. Ces
conditions favorisent le passage du
faciès des schistes verts vers celui
des schistes bleus, puis à plus
grande profondeur, au faciès des
éclogites (Fig.VI-4). Ce type de
métamorphisme est caractérisé
essentiellement par HP et BT, d’où
sa qualification du dynamo-
métamorphisme.

Fig.VI- 4 : Les faciès du métamorphisme alpin des zones de subduction

V-2-2- Métamorphisme thermodynamique


V-2-2-1- Généralités
Ce type de métamorphisme est à la fois contrôlé par des augmentations importantes de pression
et de température d’où sa nomination de métamorphisme thermodynamique (HP, HT). Ces conditions
sont essentiellement réalisées au niveau des racines de chaînes de montagnes. Ce métamorphisme est
également qualifié de métamorphisme régional ou général car il se développe sur de vastes régions
où les ensembles métamorphiques s'épanouissent sur des dizaines de kilomètres. Ces régions sont en
outre, siège de déformations tectoniques et de contraintes orientées.
L’étude de quelques roches métamorphiques générées dans les conditions du ce métamorphisme,
montre une succession faite de schistes, micaschistes et de gneiss. Ces roches sont caractérisées par
certaines structures anisotropes exprimant l’aspect folié dû à l’effet de la pression orientée.

68
V-2-2-2- Structures des roches du métamorphisme thermodynamique
 La schistosité
La schistosité peut être définie comme l'orientation préférentielle de la forme, ou du réseau
cristallin, de certains des minéraux principaux de la roche suivant des surfaces parallèles d'origine
mécanique. La conséquence la plus évidente de la schistosité des roches de ce métamorphisme régional
est leur fissilité. Celle-ci étant la propriété d'une roche à se rompre suivant des plans parallèles sous
forme d’un débit planaire perpendiculairement à la direction des contraintes tectoniques (Fig.VI-5).

Fig.VI-5 : A : Schéma montrant la relation entre la stratification S0 et la schistosité S1


B : Aspect de la schistosité au niveau d’un schiste

 La foliation
Cette structure métamorphique de la foliation caractérise la différence potentielle de
minéralogie des différents feuillets. Le plus souvent on enregistre une différenciation pétrographique
nette, aboutissant à l'alternance de feuillets de composition minéralogique différente (feuillets clairs et
foncés) dans les
roches
métamorphiques
formées à des degrés
élevés. Les minéraux
de ces roches sont
souvent aplatis et
orientés le long des
plans de foliation
(Fig.VI-6).

Fig.VI-6 : Effet de la pression orientée et formation des plans de foliation

Cette structure marque d’une façon particulière le gneiss où elle se traduit par une alternance de
niveaux sombres de biotite (mica noir) et de niveaux clairs quartzo-feldspathiques, c’est pourquoi on
parle également de structure gneissique (Fig.VI-7)

69
Fig.VI-7 : Foliation d’un gneiss matérialisée par l’alternance de lits sombres et de lits clairs

V-2-2-3-Notion d’isograde et de zonéographie


Différentes zones métamorphiques ont été mises en évidence, correspondant à des intensités
différentes de métamorphisme. L’intensité du métamorphisme est déterminée par l’étude combinée du
comportement de minéraux :
- Géothermomètres, dont la présence apporte des informations sur la température (ex : Sillimanite T°
> 600°C)
- Géobaromètres, dont la présence apporte des informations sur la pression (ex : Jadéite P > 6 kbar).
Chacune de ces zones représente un volume de terrain ayant un degré de métamorphisme, et
dont les limites sont matérialisées par des isogrades.
Un isograde est une courbe de même degré métamorphique, c’est-à-dire une ligne d’égale intensité
métamorphique marquée par l’apparition (+) ou la disparition (-) de certains minéraux suivant leur
champ de stabilité. Deux isogrades successifs délimitent une zone métamorphique.
Actuellement, on connait une zonéographie dont on distingue les zones suivantes:
 L’anchizone forme la transition entre la diagenèse et le métamorphisme, pour une T° à 200° C et une
P = 1kbar. Cette zone est marquée par la présence constante de la chlorite.
 L’épizone : Elle est caractérisée par des températures et des pressions lithostatiques basses et des
pressions orientées fortes. Cette zone correspond à un métamorphisme relativement faible. Dans ce
domaine les roches sont riches en minéraux hydroxydés (mica, talc, chlorite, épidote, actinote).
 La mésozone, ou zone intermédiaire caractérisée par des températures plus élevées que celles de la
zone précédente et correspond à un métamorphisme moyen. C’est la zone des micaschistes et des gneiss
à deux micas.
 La catazone : Cette zone est caractérisée par une température encore plus élevée, une pression
lithostatique forte et des
pressions orientées
modérées.
Le tableau VI-1
donne quelques
caractéristiques de ces
zones métamorphiques

Tableau VI-1: Caractéristiques des zones du métamorphisme régional

70
V-2-2-4- Relation du métamorphisme thermodynamique et l’anatexie
Au niveau des racines des chaines de montagne, en particulier celles de collision, et sous un haut
degré de métamorphisme, certaines roches métamorphiques de composition favorable subissent
une fusion partielle plus ou moins poussée aboutissant à la création de liquides silicatés de composition
souvent granitique : on parle alors d'anatexie. Le magma de nature granitique qui vient de
s’individualiser est caractérisé par une faible mobilité étant donné son faible pouvoir d'assimilation. En
cristallisant au sein même de la roche qui lui a donné naissance, le liquide aboutit à la formation d’une
roche comportant alors deux parties : l'une, qui a évolué à l'état solide, formée par le résidu de fusion
(appelée restite), et l’autre, magmatique, formée par le matériau granitoïdique. De telles roches mixtes,
métamorphiques et magmatiques, sont appelées des migmatites (Fig.VI.8). Ainsi, ces dernières,
montrent une partie gneissique avec une alternance de lits sombres riches en mica noir, et de lits clairs
quartzo-feldspathique (foliation), mais aussi des poches claires discontinues à texture grenue, formées
de quartz et de feldspaths et constituent la partie granitique de la migmatite. Ces migmatites
expriment donc le lien entre le gneiss comme roche métamorphique et le granite comme roche
magmatique plutonique, et leur faciès reflète leur genèse et leur mémoire.
En atteignant des valeurs extrêmes, les conditions de température et de pression favorisent une
fusion totale engendrant un liquide granitique. Si les conditions permettent la cristallisation de ce
liquide là où il s’est formé, un granite de
grande étendue se mettra en place et dit
« granite d’anatexie », en position
concordante avec l’encaissant avec
lequel aucune limite franche n’est établie.
Si une partie de ce liquide arrive à migrer
vers la partie supérieure de la croûte
continentale, sa cristallisation engendrera
un granite intrusif qui induirait un
métamorphisme de contact (Fig.VI-9)

Fig.VI-8 : Aspect d’une migmatite avec alternance d’une partie gneissique et une partie granitique

Fig.VI-9 : Aspect du granite d’anatexie et sa relation avec les roches du métamorphisme


thermodynamique.

71
V-3- Autres types de métamorphisme
V.3.1- Métamorphisme hydrothermal
Ce type de métamorphisme est lié à des circulations de fluides à température élevée. Ces fluides
réchauffent les roches traversées et leur apportent des éléments chimiques (phénomène appelé
métasomatose).
V.3.2-Métamorphisme d’impact (ou de choc)
Ce métamorphisme est en relation avec l'impact d'une météorite et engendre un type de roche
appelée impactites.
La figure VI-10 présente les principaux
types de métamorphisme dans un diagramme
tenant compte des conditions de la température
et de la pression.

Fig.VI-10: Diagramme des domaines des principaux types de métamorphisme.


VI- CLASSIFICATION DES ROCHES METAMORPHIQUES
Contrairement aux roches magmatiques ou sédimentaires, il n’existe pas de classification de
référence pour les roches métamorphiques. En effet, la classification de ces dernières est plus complexe
que celles des autres types roches, car il faut tenir compte:
 De la structure et la texture
 De la roche originelle (protholite)
 Des compositions chimiques et minéralogiques
 Du type de métamorphisme
 Des facteurs du métamorphisme (température et/ou pression)
Tenant compte de toutes ces conditions, on ne peut vraiment, trouver une classification simple
de roches métamorphiques, mais il s’agit plutôt de trouver leurs conditions de formation.
VI-1- Classification selon la texture des roches métamorphiques
Dans les nouvelles conditions de T° et de P sous lesquelles se forme une roche métamorphique,
les différents minéraux qui composent la paragenèse stable nouvellement formée, prennent naissance
d’une facon simultanée, à la différence de la cristallisation des roches ignées qui se produit selon un
ordre bien défini. L’espace occupé par les minéraux métamorphiques néoformés provient de la
disparition simultanée des minéraux de l’association minéralogique originelle, dont les éléments (ions
et groupes d’ions) sont utilisés pour la construction des réseaux de ces minéraux nouvellement formés.
Les minéraux d’origine métamorphique sont qualifiés de blastes. D’après leur agencement et leur
taille, la roche métamorphique acquiert une texture particulière contribuant à sa classification ; ainsi
une diversité de texture est à distinguer :
 Texture granoblastique : Ce type de texture est caractérisé par un développement des minéraux
sous forme de grains et sans orientation privilégiée. La texture granoblastique caractérise
72
essentiellement les cornéennes et autres roches du métamorphisme de contact. Cette texture peut
être granoblastique isogranulaire ou hétérogranulaire.
 Texture lépidoblastique : Elle est caractéristique des roches formées par des cristaux lamellaires ou
en paillettes (micas, chlorite) en quantités notables et disposés parallèlement les uns aux autres.
 Texture nématoblastique (némato = fil) : C’est une texture en baguettes ou en aiguilles (habitus des
amphiboles ou de la sillimanite). C’est une texture propre aux roches métamorphiques contenant
des minéraux à formes prismatiques allongées et disposés parallèlement.
 Texture porphyroblastique : C’est une texture analogue par son aspect à la structure porphyrique
des roches ignées. Elle consiste en la présence de quelques cristaux, appartenant généralement à la
même espèce minéralogique, de dimensions plus grandes que les autres cristaux de la roche, lesquels
sont de taille moyenne.

VI-2- Classification selon la séquence métamorphique


VI.2.1- Etude d’un exemple de roches du métamorphisme thermodynamique des zones de
collision
VI.2.1.1- Etude de la composition chimique
On considère un ensemble de roches métamorphiques rencontrées dans les zones de collision
(schiste, micaschiste et gneiss). Le Tableau VI-2 donne la composition chimique de ces roches.
L’analyse des données relatives aux roches métamorphiques étudiées, montre que leur
composition chimique est semblable et dominée par la silice et l’aluminium, d’où on qualifie leurs
minéraux de silicates d’alumine. Cependant, on constate que la composition minéralogique de ces
mêmes roches est différente. Ces roches proviennent donc d’un même protolithe ayant connu un
métamorphisme progressif.

Tableau VI-2 : Composition chimique des roches du métamorphisme thermodynamique

VI.2.1.2- Etude de la composition minéralogique


La figure VI-11 présente la composition minéralogique de l’argile comme protolithe et de
quelques roches métamorphiques qui en dérivent, ainsi que les domaines de stabilité de quelques-uns
de leurs minéraux.

73
Fig. VI-11 : Composition minéralogique de quelques roches métamorphiques et leur protolithe argileux

L’étude des données de la Figure VI-11, permet de définir les notions suivantes :
VI.2.1.3- Notion de minéral indicateur (ou index)
C’est un minéral qui ne peut être stable que dans des conditions précises de P et T° ; son domaine
de stabilité est réduit (ex : séricite, chlorite). La présence de minéral indicateur dans une roche
métamorphique renseigne sur les conditions de formation de cette roche qui le contient.
VI.2.1.4- Notion de séquence métamorphique
La séquence métamorphique est un ensemble de roches métamorphiques qui ont été
métamorphisées à des degrés différents, et reconnues comme issues d'un même type de roche, ce qui
justifie leur composition chimique semblable.
Exemple 1 :

Exemple 2 :

Selon la nature du protolithe, plusieurs types de séquences métamorphiques sont à distinguer :


 La séquence pélitique : Dans le cas, le protolithe est une roche sédimentaire appelée pélite
composée presque exclusivement d'argile. Les roches de cette séquence comportent des schistes, puis
des micaschistes, des gneiss, et, au stade le plus avancé du métamorphisme, des leptynites.
 La séquence carbonatée : La transformation métamorphique des calcaires et dolomies aboutit
à la formation du marbre, du cipolin et des skarns.
 La séquence calcaro-pélitique a pour protolithe une roche marneuse aboutissant par
métamorphisme à la formation d’un calcschiste.
 La séquence basique : A partir de roches magmatiques basiques (basalte et gabbro), le
métamorphisme aboutit à la formation des schistes verts, des schistes bleus, des amphibolites et des
éclogites.
 La séquence granitique : le métamorphisme du granite donne essentiellement des
orthogneiss.

74
VI.3- Classification selon le facies métamorphique et la série métamorphique
VI.3.1- Notion de faciès métamorphique
« Un faciès métamorphique est une association déterminée de minéraux caractéristiques. Cette
association permet de définir les conditions de pression et de température qui régnaient lors de la
formation de la roche métamorphique indépendamment de sa composition chimique. (Basalte ou argile
aura un faciès d’amphibolite à une pression et une température élevée ».
La figure VI-12 représente les différents faciès des roches métamorphiques.
Remarque :
A l’aide du diagramme des
faciès métamorphiques, il est
possible de suivre la succession des
différentes roches métamorphiques
et de reconstituer le trajet PTt
(Fig.VI-12).

Fig.VI-12 : Diagramme des faciès métamorphiques

VI.3.2- Notion de série métamorphique


La série métamorphique représente la succession de faciès métamorphiques qui traduisent
l’évolution de la roche lors d’un métamorphisme.

VII- METAMORPHISME PROGRADE ET METAMORPHISME RETROGRADE


VII-1- Métamorphisme prograde
Il correspond aux transformations qui s’opèrent sous l'effet de l'augmentation des paramètres
physiques au cours d'un même épisode métamorphique avec apparition de minéraux index spécifiques
du type de métamorphisme (Fig.VI-13). La recristallisation métamorphique est un phénomène actif et
progressif. Ainsi, les associations minérales des roches sont constamment réajustées : les réactions sont
complètes et les roches ne gardent pas, en général, la trace de leur histoire antérieure. A la fin du trajet
prograde, l'association minérale à l'équilibre (paragenèse) témoigne des conditions optimales et ne
conserve qu’exceptionnellement des indices de l'évolution progressive depuis les conditions de basses
températures et basses pressions (BT-BP), vers les hautes températures et hautes pressions (HT-HP).

75
VII-2- Métamorphisme rétrograde (retro-métamorphisme)
Le métamorphisme rétrograde est réalisé lorsque les roches sont ramenées vers la surface par un
phénomène d’exhumation. Il provoque des
transformations sous l'effet de la diminution de
la température et de la pression, qui suit la fin
d’un événement orogénique majeur (Fig.VI-
13). Les processus de la recristallisation sont
plus lents que les variations de la P et T. En
conséquence, les réactions sont partielles et les
roches métamorphiques conservent
généralement le témoignage des conditions
maximales qu'elles ont atteintes.

Fig.VI-13 : Chemin du métamorphisme prograde et rétrograde d’une roche métamorphique

VIII-CONCLUSION
Au cours du développement d’une zone orogénique, plusieurs types de métamorphisme peuvent
avoir lieu. En effet, lors d’une expansion du fond d’un océan, les roches magmatiques du plancher
océanique se métamorphosent par hydratation qui transforme les gabbros et les basaltes en schistes
verts (métamorphisme d’hydratation). Lorsque la subduction est en cours du fonctionnement, une
augmentation de pression s’opère entrainant une déshydratation progressive, et ainsi apparait le schiste
bleu, puis des éclogites.
Après fermeture totale de l’océan, deux continents entrent en collision et les roches sont
entrainées en profondeur où se forment des faciès métamorphiques reflétant l’action d’un
métamorphisme régional de type thermodynamique, donnant une succession de schistes, micaschistes
et gneiss en réponse à un métamorphisme prograde. Au niveau de la racine de l’orogène formé, règnent
des conditions d’un ultra-métamorphisme aboutissant à une fusion partielle des gneiss avec formation
de roches à caractère mixte entre celles gneissiques et celles granitiques. Une fusion totale est
couronnée par la formation d’un granite d’anatexie comme indice pétrologique d’un épaississement de
la croûte continentale. En même temps, la migration d’une partie du liquide anatectique et sa mise en
place au sein des couches superficielles de l’écorce terrestre engendre des intrusions granitiques qui
s’entourent d’auréoles métamorphiques caractéristiques du métamorphisme de contact. A la fin du
cycle orogénique, les températures et les pressions baissent ; le métamorphisme régional devient
rétrograde et les minéraux métamorphiques précédemment formés peuvent être en partie détruits.

76
Table de matières
CHAPITRE I : 1
LA DERIVE DES CONTINENTS 1
I- INTRODUCTION 1
II- LES ARGUMENTS APPUYANT LA THEORIE DE WEGENER 1
II.1- Arguments morphologiques : le parallélisme des côtes de l’océan atlantique. 1
II.2- Arguments paléontologiques 2
II.3- Preuve paléo-climatique (les anciennes glaciations) 2
3
II.4- Correspondance des structures géologiques. 3
III- LE REJET DE LA THEORIE DE WEGENER 4
IV- LE PALEOMAGNETISME APPUIE LA THEORIE DE WEGENER 4

CHAPITRE II 5
CHALEUR INTERNE DE LA TERRE ET GEOMAGNETISME 5
PREMIERE PARTIE : CHALEUR INTERNE DE LA TERRE 5
I- INTRODUCTION 5
II- LES ORIGINES DE LA CHALEUR INTERNE DU GLOBE TERRESTRE 5
II.1- Chaleur initiale de la terre : énergie d’accrétion 5
II.2- Chaleur due à un tri gravitationnel : énergie de différenciation 5
II.3- La chaleur latente de cristallisation 6
II.4- La désintégration d'éléments radioactifs 6
III- DISSIPATION DE LA CHALEUR INTERNE 6
III.1- Flux géothermique 6
III.2- Mécanismes de transfert de la chaleur terrestre 7
III.2.1- La conduction 7
III.2.2- La convection 7
III.3- Gradient géothermique et géotherme 8
III.3.1- Gradient géothermique 8
III.3.2- Géotherme 8
III.3.3- Evolution du gradient géothermique à l’intérieur du globe terrestre 9

CHAPITRE II/ DEUXIEME PARTIE : GEOMAGNETISME 10


I- NOTION DE CHAMP MAGNETIQUE 10
II- CHAMP MAGNETIQUE TERRESTRE 10
II.1- Origine du champ magnétique terrestre 10
II.2- Caractéristiques du champ magnétique terrestre 11
II.2.1- Direction et sens du champ magnétique terrestre 11
II.2.2- Déclinaison et inclinaison magnétiques 11
II.2.3- Influence du champ magnétique terrestre 12
II.2.3.1- La magnétosphère 12
II.2.3.2- Paléomagnétisme et inversions magnétiques 13
II.2.3.2.1- Enregistrement du champ ambiant dans les minéraux 13
II.2.3.2.2 Les inversions magnétiques 14
III-CONCLUSION 16

CHAPITRE III 17
L’EXPANSION DES FONDS OCEANIQUES 17
I- INTRODUCTION 17
II- HYPOTHESE DE L’EXPANSION DES FONDS OCEANIQUES 17
II.1- Données en faveur de l’expansion des fonds océaniques 17
II.1.1- Topographie des fonds océaniques 17

77
II.1.1.1- Plateau continental 17
II.1.1.2- Le talus continental 17
II.1.1.3- La plaine abyssale 18
II.1.1.4- Les dorsales médio-océaniques 18
II.1.1.5- Les fosses océaniques 18
II.1.2- Etude du flux géothermique 18
II.1.3- Etude des dépôts sédimentaires marins 19
II.1.4- Etude des anomalies magnétiques 19
II.2- Estimation de la vitesse d’expansion des fonds océaniques 21
II.3- Conclusion 21

CHAPITRE IV 23
THEORIE DE LA TECTONIQUE DES PLAQUES 23
I- LITHOSPHERE OCEANIQUE ET CONTINENTALE 23
II- MISE EN EVIDENCE DES PLAQUES TECTONIQUES 23
II-1- Notion de plaque lithosphérique 23
II-2- Les différentes limites de plaques 25
II.2.1- Les limites divergentes 25
II.2.1.1-Phénomène de rifting 25
II.2.1.1.1-Données géophysiques 25
II.2.1.1.2 - Interprétation 25
II.2.1.1.3- Notion de marge passive 26
II.2.1.2-Formation de la croûte océanique 27
II.2.1.2-1- Données du terrain 27
II.2.1.2.2- Fonctionnement des dorsales et mise en place de la lithosphère océanique 28
II.2.1.3- Types de dorsales océaniques 29
II.2.1.3.1- Les dorsales rapides (Fig.IV-9B) 29
II.2.1.3.2- Les dorsales lentes (Fig.IV-9A) 29
II.2.1.4-Conclusion 30
II.2.2- Les limites convergentes 31
II.2.2.1- Mise en évidence des zones de subduction 31
II.2.2.2- Interprétations 32
II.2.2.3- L’évolution thermique de la lithosphère océanique (Fig.IV-14) 33
II.2.2.4- Quelques types de subduction 34
II.2.2.4.1- Subduction intra-océanique 34
II.2.2.4.2- Subduction océan-continent 34
II.2.2.5- Autres caractéristiques des zones de subduction 35
II-2.2.5.1- Fosse océanique 35
II-2.2.5.3 -Géométrie du slab 36
II-2.2.5.4 - Caractéristiques métamorphiques 37
II-2.2.5.5 - Caractéristiques magmatiques 37
II.2.2.6- La formation des chaines de subduction 37
II.2.2.7- Le phénomène d’obduction 38
II.2.2.8-Les marges de collision 39
II.2.2.8.1- Formation des chaines de collision 39
II.2.2.8.2- L’Himalaya : un exemple de chaine de collision (Fig.IV.23) 40
II.2.3- Failles transformantes 41
III- CYCLE DE WILSON 43
IV- CONCLUSION GENERALE 44

78
CHAPITRE V : PREMIERE PARTIE : GENESE DES MAGMAS ET CLASSIFICATION DES
ROCHES MAGMATIQUES 46
I- INTRODUCTION 46
I.1- Cycle de roches 46
I.2- Définitions 46
II- LA GENESE DES MAGMAS ET CONTEXTE GEODYNAMIQUE 47
II.1-Formation des magmas en contexte de divergence 47
II.2-Formation des magmas en contexte de subduction 48
II.2.1- Conditions de la fusion partielle 48
II.2.2- Roches des zones de subduction 49
II.2.3- Différentiation magmatique 49
II.2.3.1- la cristallisation fractionnée 49
II.2.3.2- Assimilation 51
II.2.3.3- Hybridation 51
III- CLASSIFICATION DES ROCHES MAGMATIQUES 51
III.1- Classification selon le mode de gisement et la texture 51
III.2- Classification selon la composition minéralogique 52
III.2.1- Indice de coloration 52
III.2.2- Indice de saturation 53
III.3- Classification selon la composition chimique 53
III.4- Classification selon la nature des séries magmatiques 54

CHAPITRE V : DEUXIEME PARTIE: VOLCANS ET VOLCANISME 55


I- INTRODUCTION 55
II- LES DIFFERENTES PARTIES D’UN VOLCAN 55
II.1- Chambre magmatique 55
II.2- La cheminée volcanique 56
II.3- Cône volcanique 56
II.4- Le cratère 56
III- MECANISMES DE LA MONTEE DU MAGMA 56
57
IV- LES PRODUITS VOLCANIQUES 57
IV.1- Les gaz 57
IV.2- Les laves 57
IV.2.1- Les coulées en pillow-lavas 57
IV.2.2- Les laves pāhoehoe 58
IV.2.3- Les laves aa 58
IV.2.4- Les laves prismatiques ou en orgues 59
IV.3- Les tephras 59
IV.3.1- Les bombes volcaniques 59
IV.3.2- Les lapillis 60
IV.3-3- Les cendres 60
IV.4- Autres produits volcaniques 60
IV.4.1- Les scories 60
IV.4.2- La pierre ponce 60
V- CLASSIFICATION DES VOLCANS 60
V.1- Volcans rouges 61
V.1.1- Volcans de type hawaïen (Fig.V.17) 61
V.1.2- Volcans de type strombolien (Fig.V-18) 61
V.2- Volcans gris 61
V.2.1- Le volcan de type vulcanien 61
V.2.2- Le volcan de type péléen (Fig.V-19) 62

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V.2.3- Le volcan de type plinien (Fig.V-20) 62
V.2.4- Eruption phréatomagmatique : un cas particulier d’éruption explosive 62
VI- VOLCANISME ET TECTONIQUE DES PLAQUES 63
IV.1- Volcanisme des zones de divergence 63
IV.2- Volcanisme des zones de subduction 63
IV.3- Volcanisme des points chauds 64

CHAPITRES VI : METAMORPHISME ET ROCHES METAMORPHIQUES 65


I- INTRODUCTION 65
II- GENERALITES 65
II.1- Notion de métamorphisme 65
II.1.1- Définition 65
II.1.2- Limites du métamorphisme 65
II.2- Roches métamorphiques 66
III- LES FACTEURS DU METAMORPHISME 66
III.1-La température 66
III.2- La pression 66
III.2.1- La pression lithostatique 66
III.2.2- Les pressions tectoniques 66
III.2.3- La pression des fluides 66
IV - LES TRANSFORMATIONS MINERALOGIQUES 66
IV.1- Les transformations polymorphiques 67
IV.2- Les réactions entre plusieurs minéraux 67
IV.2.1- Réactions sans intervention de fluides 67
V- LES DIFFERENTS TYPES DE METAMORPHISME 67
V-1- Métamorphisme de contact 67
V-2- Métamorphisme régional 68
V-2-1- Métamorphisme de type Alpin 68
V-2-2- Métamorphisme thermodynamique 68
V-2-2-1- Généralités 68
V-2-2-2- Structures des roches du métamorphisme thermodynamique 69
V-2-2-3-Notion d’isograde et de zonéographie 70
V-2-2-4- Relation du métamorphisme thermodynamique et l’anatexie 71
V-3- Autres types de métamorphisme 72
V.3.1- Métamorphisme hydrothermal 72
V.3.2-Métamorphisme d’impact (ou de choc) 72
VI- CLASSIFICATION DES ROCHES METAMORPHIQUES 72
VI-1- Classification selon la texture des roches métamorphiques 72
VI-2- Classification selon la séquence métamorphique 73
VI.2.1- Etude d’un exemple de roches du métamorphisme thermodynamique des zones de collision 73
VI.2.1.1- Etude de la composition chimique 73
VI.2.1.2- Etude de la composition minéralogique 73
VI.2.1.3- Notion de minéral indicateur (ou index) 74
VI.2.1.4- Notion de séquence métamorphique 74
VI.3- Classification selon le facies métamorphique et la série métamorphique 75
VI.3.1- Notion de faciès métamorphique 75
VI.3.2- Notion de série métamorphique 75
VII- METAMORPHISME PROGRADE ET METAMORPHISME RETROGRADE 75
VII-1- Métamorphisme prograde 75
VII-2- Métamorphisme rétrograde (retro-métamorphisme) 76
VIII-CONCLUSION 76

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