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Études franco-brésiliennes
Sciences du langage :
Carrefours et points de vue
sous la direction de
Catherine Boré
Eduardo Calil
Sciences du langage :
Carrefours et points de vue
n° 7
Mise en page : CW Design
© L’Harmattan-Academia s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve
www.editions-academia.be
Présentation des auteurs
Études françaises
Catherine BORÉ
Claire DOQUET
Bernadette KERVYN
Marie-Françoise FRADET
Marie-Laure ÉLALOUF
Jacques CRINON
Études brésiliennes
Eduardo CALIL
Claudemir BELINTANE
Cristina FELIPETO
Raquel FIAD
*
18 L’école, l’écriture et la création
Références bibliographiques
Alamargot, D., Chanquoy, L., Through the models of writing in cognitive psy
chology, Boston, Dordrecht, New York, Kluwer Academic Publishers,
2001.
Authier-Revuz, J., Ces mots qui ne vont pas de soi, boucles réflexives et non-
coïncidences du dire, Paris, Larousse, collection « Sciences du langage »,
2 tomes, 1995.
Boré, C., « Le brouillon, introuvable objet d’étude ? », Pratiques, n° 105 (La
réécriture), pp. 23-49, 2000.
Boré, C., « L’écriture scolaire de fiction comme rencontre du langage de
l’autre », Repères, n° 33 (La fiction et son écriture), pp. 37-60, 2006.
Boré, C., Modalités de la fiction dans l’écriture scolaire, Paris, L’Harmattan,
collection « Savoir et formation », préface de F. François, 2010.
Bucheton, D., Écritures, Réécritures, Récits d’adolescents, Berne, Peter Lang,
1995.
Calil, E., « Processus de création et ratures », Langage et société, n° 103,
pp. 31-55, 2003.
Calil, E., Escutar o invisivel : escritura & poesia na salde aula, São Paulo, edi-
tora de UNESP, Funarte, 2008.
Calil, E., Autoria : a criança e a escrita de histórias inventadas, Paraná, EDUEL,
2009.
Calil, E. & Boré, C., « Formas de discurso reportado em narrativas ficcio-
nais escritas por alunos brasileiros e francesees », Anais XVI Congreso
Internacional de la Asociación de Linguística y Filología de la América
Latina (ALFAL), Universidad de Alcalá, Alcalá de Henares (Espanha),
2011.
Calil, E & Felipeto, C., « Quand la rature (se) trompe : une analyse de
l’activité métalinguistique », Langage et société, n° 117, pp. 63-86, 2006.
Chabannes, J.-C. & Bucheton, D. (Éds), Parler et écrire pour penser,
apprendre et se construire. L’écrit et l’oral réflexifs, Paris, Presses Universitaires
de France, collection « L’Éducateur », 2002.
Doquet-Lacoste, C. (2003) Étude génétique de l’écriture sur traitement de texte
d’élèves de Cours Moyen 2, année 1995-1996, Thèse de l’Université
Paris III sous la direction de J. Authier-Revuz. ANRT Lille et en ligne
revue Texto !
Fabre, Cl., Les activités métalinguistiques dans les écrits scolaires, Thèse pour le
doctorat d’État (3 micro-fiches), Université René-Descartes, Paris V,
1987.
Introduction 29
1. Voir le numéro 10/11 de la revue Texte en main (1992) intitulé « Lis tes
ratures » et coordonné par Claudette Oriol-Boyer, avec (entre autres) des
contributions de Claudine Fabre et Almuth Grésillon.
2. Penloup, 1994.
34 Études françaises
7. Je pense en particulier aux travaux du groupe EVA, puis REV, qui ont mis
l’accent, avec un outillage psycholinguistique mais aussi textuel, sur l’écriture
comme processus et sur l’importance du retour sur le texte (Cf. par exemple
Mas et al., 1991, ou Quet, 2008, pour une recension).
40 Études françaises
« C’est cette incursion dans l’axe du “système” qui fait sortir la rature
du plan du langage “premier”, de dénotation, et relève de la fonc-
tion métalinguistique : traitement du signifiant seul, modification de
la relation signifiant/signifié, concurrence entre deux signes du sys-
tème… » (Ibid.)
9. Les corpus dits « en temps réel » sont en fait, la plupart du temps, des
sortes de films qui retracent toutes les opérations scripturales dans leur tem-
poralité : chronologie et pauses. La méthodologie de traitement de ces films
n’est pas encore fixée : c’est le but que s’est donné l’équipe « Manuscrits,
Linguistique, Cognition » de l’Item. Le passage du traitement des manuscrits
au traitement de données en temps réel pose des problèmes complexes de
délimitation des opérations, évoqués par exemple par Doquet-Lacoste, 2006b
ou Doquet-Lacoste, 2009.
46 Études françaises
11. Cette question est également travaillée très finement, à partir de manuel
de lycée, par Denizot (2008).
Ancrages théoriques de l’analyse génétique des textes d’élèves 49
Références bibliographiques
Bautier, É., « À travers les écrits réflexifs des élèves : la complexité négociée
d’une situation d’écriture scolaire », Pratiques, n° 115-116, pp. 51-60,
2002.
Bautier, É. & Goigoux, R., « Difficultés d’apprentissage, processus de
secondarisation et pratiques enseignantes : une hypothèse relationnelle »,
Revue Française de Pédagogie, n° 148, 2004.
Bellemin-Noël, J., « Avant-texte et lecture psychanalytique », in Hay, L. et
Nagy, P., Le texte et avant texte, pp. 161-166, 1982.
Biasi (de), P.-M., La Génétique des textes, Paris, Nathan, 2000.
Biasi (de), P.-M., « Pour une génétique généralisée : l’approche des pro
cessus à l’âge numérique », Genesis, n° 30, pp. 163-17, 2010.
Boré, C., « L’écriture scolaire de fiction comme rencontre du langage de
l’autre », in Plane, S. & François, F. (Éds), Repères, n° 33, pp. 37-60,
2006.
Boré, C., (dir.), Construire et exploiter des corpus de genres scolaires, Namur,
Presses Universitaires de Namur, collection « Dyptique », 2007.
52 Études françaises
1. Le cadre du dialogisme
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
19. Ibidem.
20. Corpus DB04, Cormeilles en Parisis, classe de 6e, 2004.
L’énonciation dialogique au principe de la créativité du sujet scolaire 65
Figure 5
21. Je laisse ici de côté les formes de dialogisme interdiscursif qui consistent
dans la reprise d’éléments de discours présents dans l’interdiscours et sans
préciser ici les différences entre « interdiscours » et « intertexte.» Pour une
distinction voir dans le numéro de la revue Tranel 44 (2006) un article de
Jean-Michel Adam : « Intertextualité et interdiscours : filiations et contextua-
lisation de concepts hétérogènes », 3-26.
66 Études françaises
EX823
EX9
EX10
23. Pour les exemples 1 à 3 : M. = initiale pour Maître. Corpus oral LM99
CM2 en ZEP Argenteuil.
24. À savoir : La piscine où je vais nager possède deux bassins.
68 Études françaises
Figure 6
Figure 7
Références bibliographiques
Authier-Revuz, J., Ces mots qui ne vont pas de soi : boucles réflexives et non-
coïncidences du dire, Tomes I et II, Paris, Larousse, collection « Sciences
du langage », 1995.
Bakhtine, M./Volochinov, V.-N., Le marxisme et la philosophie du langage,
traduction française de M. Yaguello, Paris, Minuit, collection « Le sens
commun », [1929], 1977.
Boré, C., Modalités de la fiction dans l’écriture scolaire, Paris, L’Harmattan,
collection « Savoir et formation » 2010.
Boré, C., « L’énonciation des brouillons et la question du sujet scolaire »
Didactique du Français 2, Pratiques, n° 149-150, juin 2011, Université
de Metz, CRESEF, pp. 71-90, 2011.
François, F., Interprétation et dialogue chez des enfants et quelques autres, Lyon,
ENS éditions, 2005.
Kyheng, R., « Aux origines du principe dialogique. L’étude de Jakubinskij :
une présentation critique », Texto ! Textes et cultures [en ligne], décembre
2003, vol. VIII, n° 4, 2003. Disponible sur : http://www.revuetexto.
net/Inedits/Kyheng/Kyheng_Jakubinskij.html
74 Études françaises
1.1. Conception du stéréotype
et processus scriptural
Au sein des travaux existants portant sur les phénomènes de sté-
réotypie (Amossy et Herschberg Pierrot, 1997 ; Boyer, 2007), la
notion de stéréotype, dont il va être ici question, varie en fonction
du champ dans lequel elle prend place. Globalement, on peut dif-
férencier des acceptions étroites et une acception étendue. L’ac
ception étendue est celle proposée par Dufays qui, par le renvoi à
trois voire à quatre niveaux de codes (élocutio, dispositio, inventio +
actio2), cherche à englober l’ensemble des phénomènes de stéréo-
typie3. Quant aux sens étroits, il s’agit soit du plus répandu, celui
qui se dégage des travaux en sciences sociales et que reprend aussi
Amossy (1991, 1997) pour désigner une représentation ou une
image mentale, soit ceux issus de la linguistique et qui renvoient
à l’approche sémantique du mot de Putnam (1985), à l’approche
sémantico-discursive de Galatanu (1999, 2007) ou encore à l’ap-
proche interactionnielle et discursive de Jakubinskij (1923, voir
Kyheng, 2003).
Au-delà de ces variations conceptuelles, penser le stéréotype en
écriture, en le considérant en tant qu’unité au fonctionnement dia-
logique (Authier-Revuz, 1982) fortement accentué4 et en s’intéres-
sant au processus plus qu’aux produits figés, contraint selon nous à
redéfinir la notion et son étude de la façon suivante.
1. Travailler le stéréotype en écriture, en s’inscrivant dans le
sillage des travaux de la génétique textuelle qui interpellent notam-
ment quant à la nécessité de se situer au ras du texte (Grésillon &
Lebrave, 1984 ; Fenoglio, 2007), oblige à considérer la dimension
point de vue. Trois textes d’élèves sont en effet avant tout carac-
térisés par le recours aux stéréotypes dégagés précédemment (« La
mer est belle quand il fait beau # Elle est belle comme un arc-en-
ciel # […] Les poissons s’accrochent aux algues # pour jouer avec
les vagues. # La mer ondule les poissons jouent » ou encore « Quand
je suis sur mon bateau ça me fait plaisir de voir la mer […]). Selon
nous, dans ces trois textes, il n’y a pas d’indices de défigement du
stéréotype, ce qui signifie que l’écriture est bien construite avec le
stéréotype initial. Toutefois, on relève une légère transformation
grâce au déplacement du point de vue vers le pêcheur ou vers les
poissons On trouve aussi de légères marques de relativisation,
notamment dans le vers introductif cité, qui laisse sous-entendre
que la mer n’est pas toujours magnifique, que, par mauvais temps,
elle peut ne pas être belle.
Pour ces écrits, on peut faire l’hypothèse que le stéréotype initial
porteur d’idéaux, de rêves est si prégnant que, malgré le travail de
classe, c’est finalement sur celui-ci que ces élèves reviennent pour
écrire leur texte. On peut aussi y voir une utilisation par « néces-
sité » : prendre en charge un travail d’écriture et une inscription
dans le genre poétique, en eux-mêmes déjà difficiles, alors que la
connaissance de la langue française est mal assurée nécessite de
conserver les stéréotypes précédemment convoqués.
14. Si on en fait une lecture du point de vue du sujet qui se dit dans
l’écriture, l’idée de suicide chez une enfant de 10-11 ans interpelle…
S’essayer à la proximité et à la distance avec les stéréotypes… 91
15. Dans les réponses aux questionnaires et dans les entretiens, les élèves ne
déclarent pas avoir réalisé un travail sur le stéréotype. Si certains arrivent à
définir théoriquement le terme, très rare sont ceux qui le lient à leur activité
scripturale.
92 Études françaises
dans tous les poèmes écrits sur ce sujet. Sans entreprendre une
analyse plus détaillée de la gestion de ces indices, nous pensons que
de nouveaux stéréotypes ont bien contribué à marquer la distance
avec les précédents. Nous pensons même que leur présence et leur
activation préalable a facilité l’écriture du second poème et a
conféré au travail une certaine fluidité vu l’accord fréquent des
acteurs sur le plan des échanges thématiques. Il nous faut dès lors
conclure que mettre à distance un stéréotype peut fort bien s’effec-
tuer, consciemment ou non, par le recours à un autre stéréotype.
L’outillage créatif par le stéréotype est alors double : variation de
l’écriture par mise à distance du premier et prise de distance par
adoption du second.
Références bibliographiques
Amossy, R., « La force des évidences partagées », ÉLA, n° 107, pp. 265-
278, 1997.
Amossy, R., « Stéréotypie et argumentation », in Goulet, A. (dir.), Le stéréo
type. Crise et transformations, Caen, Presses Universitaires de Caen,
pp. 47-62, 1994.
Amossy, R., Les idées reçues : sémiologie du stéréotype, Paris, Nathan, 1991.
Amossy, R. & Herschberg-pierrot, A., Stéréotypes et clichés : langue, discours,
société, Paris, Nathan, 1997.
S’essayer à la proximité et à la distance avec les stéréotypes… 95
1.1. M
ise en œuvre du dispositif didactique
et premiers résultats
Pour constituer notre corpus, nous avons, sur une durée de trois ans,
donné la même consigne d’écriture à cinq classes de sixième d’un
même collège (130 élèves) choisies parce qu’elles étaient dirigées
par le même professeur et qu’elles étaient considérées par l’équipe
éducative comme présentant une réelle hétérogénéité.
100 Études françaises
Dans l’un et l’autre cas, le texte support a fait l’objet d’une séance
de lecture dont l’objectif était de fournir un univers référentiel en
cernant la notion de monstre, avant que ne soit distribuée la com-
mande d’écriture elle-même :
Le processus de création vu sous l’angle d’une interaction… 101
• Remarques du maître
– Il serait préférable de suivre l’ordre des événements : d’abord
présenter l’animal, ensuite sa transformation en monstre.
– D’autre part, un exploit est une action remarquable et donc
positive ; il est donc accompli par un personnage qui est lui-
même quelqu’un de bien. Or, tu fais de ton monstre un être
effrayant et surtout anthropophage !
– Pense à lui donner un nom.
Deuxième Jet
• Texte de l’élève
– Il était une fois un hérisson dont chaque piquant est une épée. Cet
hérisson était normal avant : il avait des piquant. Mais un jour, un
sorcier se promena dans la forêt et il marcha sur le hérisson. Comme
le sorcier avait mal à son pied, il fit quelque chose d’horrible :
il lui jeta un sort ! Le sort du sorcier était que pendant l’hiver il serait
normal mais pendant l’été il aurait de gigantesques épées et il serait
géant et monstrueux. Comme il en avait assez de manger la même
chose, il attaquera plusieurs fois un village.
– L’été arriva. Le hérrisson se changea tout à coup, en monstre
effrayant dont chaques piquants sur son dos se changèrent en grandes
épées métalliques.
– Un jour, l’hérisson en avait « mare » de manger chaque fois la
même chose. Il sortit de son marais pour voir ce qu’il allait manger
d’autre. Il vit au loin un village. Comme il ne savait pas ce que
c’était, il s’approcha. Il découvrit des hommes, des femmes et des
enfants. Il se dit :
« Peut-être que je pourrai en faire mon diner…, se dit-il. » Il dés-
cenda le petit fossé qui séparrait le village et la forêt. À la vue de
l’hérisson, tout le monde fut terrorisé, et ils fermèrent tous leurs
portes à double tour.
Mais l’hérisson, par son poids, défonça dix portes et mangea dix
personnes. Toutes les semaines, il déscendait au village pour manger
dix personnages.
Mais un jour, les gens du village se révoltèrent. Ils se cachèrent dans
une grange en attendant le hérisson. Le hérison, en voyant le village
vide, s’avança entre les maisons, devant la grange. En moins de temps
qu’on ne peut le dire, pleins de lances, de fourches, de tridents et des
couteaux se plantèrent dans la peau du hérisson. Le village, tout
content que le monstre soit mort le brula sur un grand bucher.
• Remarques du maître
Tu as amélioré le début mais tu ne racontes toujours pas un
exploit de la part du hérisson :
il faut réécrire la fin et faire de ton animal un héros !
Quel nom lui donnes-tu ?
Troisième Jet
• Texte de l’élève
– Il était une fois un hérisson dont chaque piquant est une épée. Cet
hérisson était normal avant : il avait des piquant. Mais un jour, un
sorcier se promena dans la forêt et il marcha sur le hérisson. Comme
le sorcier avait mal à son pied, il fit quelque chose d’horrible :
il lui jeta un sort ! Le sort du sorcier était que pendant l’hiver il serait
normal mais pendant l’été il aurait de gigantesques épées et il serait
géant et monstrueux. Comme il en avait assez de manger la même
chose, il attaquera plusieurs fois un village.
– L’été arriva. Le hérrisson se changea tout à coup, en monstre
effrayant dont chaques piquants sur son dos se changèrent en grandes
épées métalliques.
Un jour, il se promena hors de son marais pour voir la vie extérieur.
Il arriva dans un village où il vit quelque chose d’horrible. Un grand
monstre était en train d’attaquer les villageois. Le hérisson, fou de
rage, le griffa avec ses épées. Mais ce monstre, avec un corps humain
et une tête de vautour, le frappa avec son bec crochu. Le hérisson le
fit fuir en lui plantant une épée dans le dos.
Les villageois étaient joyeux grâce à le hérisson. Ils lui donnèrent un
nom, le sauveur. Le herisson reprit le chemin qui menait à son
marais.
Une fois, il eut l’idée de retourner au village.
Quand il arriva au village, il revit le monstre.
Il sauta sur lui, se retourna sur le dos (le monstre eut sur son dos,
plusieurs piquants plantés) et il lui morda la cuisse. Le monstre tomba
et poussa un cri énorme de douleur.
– Les villageois n’étaient plus embêtés par un monstre et le hérisson
en était soulagé.
• Remarques du maître
– Il faut relire la consigne ;
1 – il faut que l’animal choisi devienne une créature étrange, ici,
un éléphant minuscule.
2 – il faut lui faire accomplir un exploit
– Tu as imaginé une situation à laquelle on a du mal à croire et
ta créature devient plutôt une sorte de jouet alors qu’elle doit
être le héros d’un exploit.
Deuxième Jet
• Texte de l’élève
dame n’ètais plus là. Et je criya Zoro est redenu grand. Même beau-
coup plus grand qu’avant. Car quand il s’ètait fait ècrassè il faisait que
vingt centimètre. Et le responsable du centre est arrivè. Quand il vu
Zoro il appela le zoo pour qu’il puisse le prendre. Puis un journaliste
venu me voir.
Pour avoir qu’elleque renseignemants. S’il c’ètait moi qu’il l’avait fait
grandir. Je leu rèpondi « non bien sur ».
C’est une vielle dame avec le cheveux long est bouclès avec un cha-
peau ovale.
Je pense que c’èttait une sorcière. Avec des chassures de gobaille. Avec
un pantalon en cuir noir avec par-dessus une jupe en Dain beilge.
Puis je repartie à chaves dans ma ville n’attale au J’habitte depuis deux
ans. Et il fallait faire les adieu à Zorro. Et zorro pleura et moi aussi.
C’est gouttes faisait au moin un litres. Et nous eûmes le courage de
repartir à chaves.
Et je promis à zorro d’allè le voir tous les mois. Et je rentris chez moi
très triste.
• Remarques du maître
– On ne comprend pas très bien comment l’éléphant devient
minuscule : il faut être plus claire dans ton récit.
– D’autre part, Zoro n’accomplit toujours pas d’exploit.
– La consigne a cependant été mieux comprise cette fois-ci.
Aussi, lis bien les remarques qui sont dans la marge pour amélio-
rer encore ton travail.
qu’il a fait surgir que par son rôle de catalyseur en regard des tra-
vaux d’écriture et notamment des descriptions, déjà réalisés par
l’élève. De fait, l’idée d’un jouet vivant n’a pas quitté l’imaginaire
de Pauline, elle a au contraire évolué, de portrait en portrait, vers
celle d’un animal doué de parole, ce qui est très important aux
yeux de la narratrice qui en fait un moment d’une grande intensité
émotionnelle. La place du narrateur s’en trouve ainsi renforcée
tandis que la créature qui répond maintenant au nom de Zorro, est
clairement désignée comme un être fictionnel dont Pauline n’ex-
ploite malheureusement pas l’image héroïque. Il faut dire que,
contrairement à ce qui s’est passé pour Jérémie, le professeur n’est
pas revenu sur la définition du mot « exploit » dans ses remarques.
Devant ce qu’il a pris pour un oubli, il a préféré en effet rappeler
le caractère incontournable de cet élément dans la fiction à pro-
duire. L’élève semble donc s’en être remise au seul poème pour
répondre sur ce point à la demande du maître.
Troisième Jet
• Texte de l’élève
Ce qui est sûr, c’est que cette récurrence n’a pas suffi à modifier
la conception de sa fiction. Au contraire, elle y a plutôt semé le
désordre dans la mesure où cette élève maîtrise encore mal la struc-
ture du récit. Il semble donc que les difficultés que Pauline éprouve
à entrer dans un discours et une langue normés aient constitué un
Le processus de création vu sous l’angle d’une interaction… 115
Références bibliographiques
1. Le cadre de l’analyse
1.1. Le contexte
Les écrits dont je vais étudier l’évolution ont pour auteurs des
élèves scolarisés dans une classe correspondant à leur âge et qui
suivent parallèlement un module de français langue seconde. Ils
sont âgés de 12 à 17 ans et sont tous arrivés en France en 2007, soit
l’année précédant le recueil des données. CB a été à l’origine de
l’ouverture de ce module en 1992. Elle a complété sa formation
en langue et littérature françaises par un stage de français langue
étrangère à l’Alliance française et partage depuis deux ans son
temps entre la formation des professeurs des écoles en IUFM et
2. Cf. http://www.library.illinois.edu/kolbp/proust/qst.html.
122 Études françaises
Vous allez raconter votre souvenir d’un événement vécu dans votre
pays d’origine. Il ne s’agit pas forcément de quelque chose extraor-
dinaire mais d’un moment qui a été important pour vous. Vous le
commenterez, vous direz aussi comment vous l’avez vécu, les senti-
ments ou les sensations que vous avez éprouvés. Vous essayerez de
dire si aujourd’hui vous voyez les choses de la même façon.
2e possibilité (ajoutée) : Vous pouvez raconter si vous le souhaitez le
moment où on vous a annoncé que vous alliez partir en France.
Pour le reste, la consigne ne change pas.
2.1. Le déjà-là
Les convictions de CB dans l’éducabilité des élèves et les pouvoirs
du langage pour « penser, apprendre et se construire » (Bucheton,
Chabanne, 2002), son refus de faire de la maîtrise de la langue un
préalable à des activités d’écriture complexes trouvent un appui
théorique dans les travaux de Dominique Bucheton et Jean-Charles
Chabanne qu’elle cite amplement :
124 Études françaises
« Quel que soit l’élève l’écrit est pour lui un moyen de repenser
l’expérience qui n’est pas assimilable à la seule mémorisation ; elle est
pour lui un moyen de travailler le savoir, savoir conceptuel, savoir
culturel […] enfin elle est pour lui une occasion de construction
identitaire sur divers plans psychologiques : le cognitif ici est insépa-
rable de dimensions psycho-sociales, psycho-affectives. » (ibid.)
2.2. L
’émergence de la notion
de « lecteur intermédiaire »
La comparaison des différents états de l’écrit professionnel permet
de suivre l’émergence de cette notion, qui a pour corollaire l’écrit
intermédiaire ainsi défini dans la première version, après la présen-
tation des trois premières tâches d’écriture :
« Ces écrits intermédiaires tels qu’ils sont définis ici me semblent être
au cœur du projet. Il s’agit ici de montrer qu’on peut se situer par
rapport à un état provisoire de l’écrit, ce qui dédramatise ; et qu’en-
suite l’enseignant va se placer en position d’intercesseur pour aider
l’élève à tenir compte de son lecteur, à avoir plus d’exigences et
donc pour cela à éprouver le besoin d’une meilleure maîtrise de la
langue ; mais pour tenter d’arriver à cela, il faut absolument aider
l’effort de l’élève donc cibler des passages, des points précis, lui poser
des questions précises. Il faut en fait lui proposer le questionnement
et la planification qu’il n’est pas encore en mesure d’opérer lui-
même. »
J’ai hésité un peu avant d’écrire ce récit, car c’est avec beaucoup
de crainte et de peur que je vous parle de moi en quelques épisodes ;
Je m’appelle P*** K***, je suis née au CONGO Kinshasa,
« P*** » est le nom d’un écrivain anglais, et K*** veut-dire aller en
avant.
Avant d’arriver en France, j’ai vivé vive en Afrique, au Congo,
dans un quartier que j’apprécie beaucoup même dans mes souvenirs.
Ces aux environs de ces quartiers que je vécu toutes mon enfance
jusqu’à ma adolescente,
Dans ce quartier les gens vivaient dans la solidarité, etc…
Je me souviens quand j’étais petite, j’ai rentré du cours collège,
comme j’aimais bien chanter, et bien je me suis mit à chanter en
voix basse, juste au moment ou je voulus traverser la route un mon-
sieur me dit : « et toi arrête arrète de chanter t’as une grosse voix ».
Je me souviens que se ce jours, je n’y croyais croiyais pas trop
car, au CONGO ce très dure de ce pays un billet pour venir en
EUROPE et si ce surtout en France. Et le jours du départ, j’ai été
surprise, on a même pas pu manger correctement, tellement on avait
hâte très envies de voir à quoi ressembler la France, de voir à quoi
elle ressembler par rapport à ce qu’on voyait voiyait à la télé.
On était tellement heureuse d’être en France, qu’on avait
esouffle, et peu après on a démandé a mangé car on avait trèèès faim,
et il nous achétait chacune un sandiwsh. enfin le soir mon père et
venu nous chercher.
128 Études françaises
Et donc maintenant on est plus preocuper par nos etudes que par
la nourriture et entre autres, puisque avant on se démande tous les
soirs ce qu’on allait manger le lendemain.
Je suis arriver en France avec ma sœur en novembre 2007.
Je naquis le 11 novembre 1992 à kinshasa, dans la ville de kinshasa
la capitaldu (congo RDC).
Arrivé en France en 2007.
3.1. D
e l’analyse à la formulation
des propositions pour relancer l’écriture
Le repérage d’indicateurs susceptibles de rendre compte de l’acti-
vité de l’élève selon les trois dimensions – énonciative et pragma-
tique, sémantique et symbolique, rapport à la norme – conduit
l’enseignante à redécouvrir un sens de texte intermédiaire qu’elle
avait occulté auparavant. Les textes des deux garçons S*** et U***
comportant beaucoup d’implicite, et leurs auteurs étant relative-
ment plus à l’aise à l’oral qu’à l’écrit, elle a développé les échanges
oraux par petits groupes, sur les rites scolaires au Pakistan, les règles
du cricket, puis s’est fait expliquer par les auteurs eux-mêmes les
étapes de leur récit (S***), le sens de certaines expressions difficiles
à traduire comme assembly, rite scolaire évoqué par U***. Dans ces
Un dispositif didactique de création accompagnée en module… 131
Réécriture de ce passage :
Version 3 :
« Je me souviens que ce jours, le jour ou on m’a annoncé que je venais
à paris (métropole), je n’y croyais pas trop puisque au CONGO c’est
très dure et chers de se payer un billet pour venir en EUROPE, car
la vie au congo et si coûteux que venir en France est un rève. Et le
jours du départ, j’ai été surprise, on a même pas pu mangé correcte-
ment
On était tellement heureuse d’être en France, qu’on a soupiré de
soulagement » « (en fait P. a mimé et K*** a suggéré ces termes
qu’elle a aussitôt adoptés). »
Un dispositif didactique de création accompagnée en module… 135
*
La focalisation de l’écrit professionnel sur les interactions entre
le professeur, adoptant une posture de lecteur intermédiaire, et le
processus de création se développant d’une version à l’autre, donne
136 Études françaises
tion linguistique plus fine des textes d’élèves, notamment des énon-
cés complexes, et une étude didactique plus serrée de la réception
des consignes de réécriture et de leurs effets.
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chapitre 6
Imiter et apprendre à
écrire, étude des ratures
dans une situation
de révision collaborative
à l’école
Jacques Crinon, Brigitte Marin, Annick Cautela
que « le retour de l’apprenti sur le texte qu’il écrit implique, d’une certaine
manière, une capacité de réflexion à analyser des éléments linguistiques » et
textuels (Calil & Felipeto, 2006, p. 63).
2. Le lecteur ne doit pas voir là une hiérarchisation des différentes
connaissances nécessaires pour écrire, mais le choix d’un objet de recherche
circonscrit.
Imiter et apprendre à écrire, étude des ratures dans une situation… 141
7. Les consignes ont été les suivantes : « Le héros, perdu dans la forêt sibé-
rienne, va-t-il résister au froid et à la faim ? Il s’organise pour vivre », « Le
héros affronte une bête sauvage », « Le héros affronte une tempête », « Le
héros cherche à échapper à des poursuivants ». Les trois premiers épisodes
s’inséraient dans : Victor Astafiev, Perdu dans la taïga, Flammarion, le dernier
dans : Jean Ollivier, Le cri du kookabura, Casterman.
8. Parmi les 220 élèves ayant participé à l’expérimentation, seuls 144 ont
été retenus pour l’analyse afin d’égaliser les groupes, comportant un nombre
identique d’élèves de niveau fort et faible. Les niveaux des élèves ont été
établis à l’aide de tests de lecture (remise en ordre et importance relative de
l’information). Pour le volet concernant les récits de fiction, 64 élèves ont
été retenus.
9. Pour chaque élève quatre textes en version 1 et quatre textes en version 2
à chaque séquence.
10. Nous définissons une information pertinente comme respectant des
critères de cohérence sémantique, d’adéquation à la consigne et de vraisem
blance.
11. Voir en annexe quelques-unes de ces données statistiques.
144 Études françaises
12. Marie-Aude Murail, Le chien des mers, L’École des loisirs ; William Steig,
L’Île d’Abel, L’École des loisirs.
13. Donnons, à titre d’exemple, le texte de Julien.
«Vassioutka va chercher des brindilles. Il prit des allumettes et allume le feu.
Il prend un bout de bois et il prend un peu de feu et il part chercher à
manger et il voit une ombre. Il prend son fusil et tire. Il a tué un sanglier.
Il retourna au feu et le met sur le feu. Puis il est parti chercher pour faire
une cabane. Et il mangea et va dormir.»
Imiter et apprendre à écrire, étude des ratures dans une situation… 145
« C’est alors qu’une tornade arriva et balaya tout sur son chemin.
Vassioutka emporté par la tempête était désespéré. »
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Crinon, J. & Guigue, M., « Écriture et professionnalisation », Revue française
de Pédagogie, 156, pp. 117-169, 2006.
18. Les auteurs remercient l’IUFM de l’académie de Créteil pour son sou-
tien à cette recherche. Ils adressent également leurs vifs remerciements aux
enseignants des classes participantes, aux directeurs et aux équipes de cir-
conscription, ainsi qu’aux membres de l’équipe qui ont contribué à la
recherche : F. Amouri, P. Avel, I. Ayab, A. Cautela, G. Ferone, D. Legros, A.
Maillard, P. Richard.
150 Études françaises
Annexe
Analyses statistiques
Les tableaux suivants ont été commentés et discutés par Crinon et
Marin (2010a). G3 y désigne le groupe des élèves émetteurs de
critiques, G4 celui des élèves récepteurs de critiques, N1 les élèves
faibles lecteurs, N2 les élèves bons lecteurs. Les productions de 64
élèves ont été prises en compte pour les analyses de variance, soit
16 par groupe.
Les révisions dans les séquences 2, 3 et 4, de la version 1 à la
version 2
Tableau 1
Analyse de la variance du nombre d’informations produites (v2 – v1)
selon le groupe et le niveau
Moyenne Écart-type
G3 N1 26.98 25.56
G3 N2 23.54 26.27
G4 N1 16.96 19.27
G4 N2 14.50 19.89
Ensemble 20.49 23.51
Le facteur Groupe est significatif (F (1,188) = 8,09, p < .01)
Imiter et apprendre à écrire, étude des ratures dans une situation… 153
Tableau 2
Analyse de la variance du nombre d’informations pertinentes produites
(v2 – v1) selon le groupe et le niveau
Moyenne Écart-type
G3 N1 23.48 24.20
G3 N2 22.27 23.78
G4 N1 14.50 17.66
G4 N2 14.27 19.39
Ensemble 18.63 21.86
Le facteur Groupe est significatif (F (1,188) = 7,37, p < .01)
Tableau 3
Analyse de la variance du nombre d’informations produites en version 1
(séq4 – séq1) selon le groupe et le niveau
Moyenne Écart-type
G3 N1 28.38 37.25
G3 N2 42.38 38.25
G4 N1 15.38 32.07
G4 N2 8.13 38.18
Ensemble 23.56 38.79
Le facteur Groupe est significatif (F (1,60)=6,27, p<.05)
154 Études françaises
Tableau 4
Analyse de la variance du nombre d’informations pertinentes produites
en version 1 (séq4 – séq1) selon le groupe et le niveau
Moyenne Écart-type
G3 N1 37.44 40.26
G3 N2 41.75 36.79
G4 N1 21.19 25.92
G4 N2 24.00 27.41
Ensemble 31.09 34.28
Le facteur Groupe est significatif (F(1,60)= 3,94, p < .05).
Deuxième partie
Études brésiliennes
chapitre 7
Dialogisme, hasard
et rature orale
Analyse génétique
de la création d’un texte
par des élèves de 6 ans
Eduardo Calil
traduit du portugais par Yann Hamonic
1. Tout « manuscrit » est un « texte », mais tout « texte » n’est pas un « manus-
crit » comme vous pouvez le percevoir à la lecture de cet article : vous,
lecteur, lisez ce texte, et non son manuscrit. Dans la mesure où je m’inté-
resse au processus de construction du « texte », j’opte néanmoins pour le
terme « manuscrit », plus fidèle à mon objet d’étude.
158 Études brésiliennes
est tout à la fois perte et gain, manque et excès, vide et plein, oubli
et mémoire », poursuit Grésillon (2008 : 88), ces fonctions consis-
tant à supprimer, remplacer et insérer étant largement répertoriées
par la littérature spécialisée6.
Cette double nature de la rature, indépendamment de ses fonc-
tions (et multiples formes) a sa raison d’être. Elle s’apparente à ce que
Willemart, a nommé le « temps du manuscrit » (1993 : 81) lorsque
celui qui écrit « continue à exercer son action tout en se soumettant
chaque fois davantage à la nouvelle identité qui s’établit » après
chaque rature. Ce mouvement d’autonomie et de soumission inscrit
dans le corps du texte indique l’Autre, le tiers, la tension, le nœud,
l’accident, l’erreur… la menace de l’invincible hasard, mais dans le
même temps il engendre le processus créatif. Indépendamment du
fait que la rature soit le signe d’une création en marche, sa récur-
sivité immanente est à l’origine de points de tension qui émergent
au cours du processus d’écriture et qui entretiennent des relations
avec les deux phénomènes mentionnés ci-dessus : le dialogisme et
le hasard.
L’objectif de cet article est de discuter, en partant de ces phé-
nomènes, de certaines formes de retour dans un processus de créa-
tion mis en place par deux élèves écrivant ensemble une histoire.
Ces formes de retour, nommées « ratures orales », sont produites
dans le flux de la co-énonciation du manuscrit ; elles reflètent, à
certains moments de l’écriture, les configurations possibles de la
version finale du manuscrit.
1.1. R
ature comme marque d’altérité
et de dialogisme
À partir des travaux de Benveniste qui, en postulant que la langue
est une condition de la subjectivité, ont fondé la linguistique de
l’énonciation, et en s’appuyant de plus sur la psychanalyse lacanienne
et sur l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss, le philosophe fran-
çais Dany-Robert Dufour (1999, 2005a) parle de « scène énonciative
trinitaire », autrement dit « Quand on est un, on peut être deux, mais
quand on est deux, on est tout de suite trois » (2005a : 124)7.
La « trinité naturelle de la langue » (Dufour 19908) est constituée
par les « trois termes “je”, “tu”, “il” qui encadrent l’espace symbo-
lique, personnel et social immédiat du sujet parlant » (Dufour 1990 :
54). Cet espace de symbolisation de la relation « je-tu/il » prend
nécessairement forme à travers la figure de l’Autre, « un autre
autre, un Autre encore, figurant et assignant l’absence hors de leur
champ pour qu’elle ne contamine pas l’intérieur même de leur
coprésence » (Dufour 1990 : 97).
C’est la base empirique des conditions de production du dis-
cours, qui peut être résumée ainsi par les propos du philosophe :
13. La relecture de Pétroff s’appuie sur l’ensemble des manuscrits écrits par
Saussure et ses étudiants, ainsi que sur l’édition critique du Cours de linguis
tique générale. Il développe la thèse annoncée en autographe par Saussure :
« Les changements d’une langue au cours de sa transmission dans le temps
sont exclusivement le résultat de hasards, d’événements fortuits qui provo
quent la mise en place de nouveaux états, par sa genèse un procédé vient de
n’importe quel hasard. Et ceci se vérifiera pour tous les systèmes sémiolo-
giques. Ce sont toujours des événements fortuits qui provoquent l’apparition
d’un autre état de langue.» (Pétroff, 2004 : 94, italiques de l’auteur). Pour
rendre ma position plus explicite, je demande au lecteur de relire la citation
en remplaçant le mot « langue » par le mot « texte ».
14. Les italiques sont de l’auteur de l’article.
15. Cela suppose que tout système possède, comme le défendent Prigogine
& Stengers (1986), un processus d’auto-organisation.
164 Études brésiliennes
2. Considérations méthodologiques
2.1. É
criture en acte : registres divers
et conditions de production
Bien que la rature laissée sur un manuscrit permette la reconnais-
sance a posteriori du phénomène de récursivité à l’œuvre au moment
de son inscription, les études récentes utilisant des moyens techno-
logiques plus sophistiqués élargissent significativement ses possibi-
lités d’interprétation. L’un des points forts de ces études réside dans
la valorisation de « l’écriture en temps réel » (ou processus on line),
l’enregistrement de ce qui est écrit au moment où c’est écrit per-
mettant d’associer les éléments linguistiques aux pauses, aux mou-
vements du curseur, des touches, des yeux, des mains, et à la voix.
Parmi les différentes recherches expérimentales qui ont contribué
à l’analyse de l’écriture en cours, il faut mettre l’accent sur celles
développées avec l’aide du dispositif Eye and Pen (Alamargot,
18. L’article de Felipeto, présent dans ce livre, offre une autre analyse de
l’interférence du hasard/événement et de l’homonymie dans le processus
d’écriture et la création de manuscrits scolaires.
166 Études brésiliennes
Chesnet, Dansac et Ros, 2006) qui utilise une tablette graphique, sur
le programme Scriptlog (Wengelin, Torrance, Holmqvist, Simpson,
Galbraith, Johansson et Johansson, 2009) permettant l’enregistre-
ment des touches utilisées et des mouvements oculaires, sur Inputlog
(Leijten & Van Waes, 2005), outil qui combine l’utilisation du
clavier au mouvement de la souris et à la reconnaissance de la voix,
ou bien encore sur le programme Genèse du texte (Foucambert
1995, Doquet-Lacoste 2003), permettant l’enregistrement des temps
de pauses et des touches qui sont pressées pendant l’écriture du
texte. Malgré la précision et la richesse de détails concernant le temps
de l’écriture et l’enregistrement du moment exact où une lettre,
un mot ou une phrase a pris la place d’un(e) autre, il n’est toujours
pas possible d’avoir accès à ce qu’a « pensé » le rédacteur au moment
de raturer, ce qui a fait qu’à un moment précis du processus d’écri-
ture, il est revenu sur ce qu’il écrivait et a remplacé, supprimé ou
ajouté un élément.
Ces lignes de recherche et leurs procédés méthodologiques
expérimentaux suivent, pour la plupart de ces études, les exigences
théoriques du champ de la psychologie cognitive. À distance de ce
domaine scientifique, les recherches sur les processus d’écriture et
de création en acte du « Laboratoire du manuscrit scolaire » s’inscri-
vent dans le champ de la génétique textuelle19 et traitent de l’écri-
ture à école.
Le corpus que je vais analyser est méthodologiquement plus
proche d’un ensemble de recherches consacrées à l’analyse du pro-
cessus d’écriture en acte, nommé « rédaction conversationnelle ».
Réunies par de Gaulmyn, Rabatel et Bouchard (2001), Bouchard
et Mondada (2005)20, les études présentées sont consacrées à l’analyse
du dialogue, enregistré en audio et selon une méthode semi-expéri-
mentale21, entre deux étudiants universitaires étrangers pendant
l’élaboration d’un texte argumentatif22.
19. Pour un bref aperçu de ces études en France, voir l’article de Doquet
au chapitre 1.
20. Dans de Gaulmyn, Bouchard et Rabatel (2001), ces études sont réunies
dans la première partie du livre, intitulée « La rédaction conversationnelle,
variations sur un même corpus ».
21. Pour un éclaircissement sur les procédures méthodologiques utilisées
par ces auteurs, voir les pages 19 à 29 dans de Gaulmyn, Bouchard et
Rabatel (2001).
22. Le fait que deux individus interagissent et discutent pendant la réalisa-
tion d’une tâche (le texte qu’ils sont en train d’écrire ensemble) favorise la
Dialogisme, hasard et rature orale 167
2.2. É
crire à quatre mains en classe :
le dialogue comme fil conducteur
du manuscrit
Nous analysons cette technique d’écriture collaborative depuis
1989 (Calil, 1994). L’interaction entre dyades doit se dérouler en
contexte d’apprentissage in natura afin de garantir des conditions
sociales réelles de production de texte dans la salle de classe. Cette
option méthodologique se rapproche des études à caractère ethno-
linguistique car elle permet de la même manière de saisir la com-
plexité et la richesse des données lorsque l’on prend en compte les
facteurs éducatifs, pragmatiques, linguistiques, psychologiques et
anthropologiques impliqués en situation réelle23 de production de
texte à l’école.
En outre, la procédure méthodologique présente deux autres
caractéristiques : (i) les sujets sont des élèves ayant entre six et huit
ans, qui, alphabétisés depuis peu de temps, écrivent leurs premiers
textes ; (ii) les informations impliquant l’ensemble du processus (de
la présentation de la consigne par le professeur à la remise du
manuscrit fini par les élèves), sont enregistrées grâce à un camés-
cope (handcam24).
Cette technique permet d’accéder au contexte in natura contrai-
rement à l’enregistrement audio. Filmer des interactions qui s’éta-
3.1. P
rocessus d’écriture du manuscrit
« Belle-mère et les deux sœurs »
Temps
chrono- Rubrique Dyade Dialogue
metré
TC1 NARA PROPOSE UN NARA Il y avait deux… deux petites filles… l’une
00 :12 :13 DÉBUT D’HISTOIRE. d’elles est allée ramasser du bois… l’autre
00 :12 :21 ISABEL LA REGARDE. est allée se peigner…
TC2 ISABEL REGARDE ET ISABEL Non. Je sais Nara. Il y avait deux petites
00 :12 :22 INTERROMPE NARA. filles… et alors… la mère a dit… il y en
00 :12 :38 ISABEL PROPOSE UN avait une qu’elle n’aimait pas..il y en avait
AUTRE DÉBUT une autre qu’elle aimait. Celle qu’elle n’ai-
D’HISTOIRE. NARA mait pas, elle l’appelait A..dri..an..na… Et
REGARDE celle qu’elle aimait, elle l’appelait Patri-
ATTENTIVEMENT ISABEL. cia… d’accord ?
31. Selon De Biasi (1996, p. 19) « ils [les écrivains] corrigent, mais sans laisser
de trace, en reprenant le texte de la page fautive sur un nouveau feuillet. Il
existe ainsi des ratures immatérielles dont le tracé spécifique reste invisible.»
32. Les tableaux de transcriptions sont adaptés à partir du modèle offert
par ELAN, afin de faciliter leur lecture.
172 Études brésiliennes
33. La figure de la « mère », présente dans presque tous les manuscrits produits
par ces deux élèves au cours des deux ans de l’analyse, est sémantiquement
équivalente à la figure de la « belle-mère ». Elles troquaient ainsi fréquemment
le nom de « mère » par celui de « belle-mère » comme l’on peut l’observer
dans le titre de ce manuscrit. Dans l’histoire qu’elles ont inventée et écrite,
il n’y a aucune référence au personnage de la belle-mère.
34. « Quand le jour parut, avant même le lever du soleil, la femme vint
réveiller les deux garçons :
– Levez-vous paresseux. Allons dans la forêt ramasser du bois. […] Quand
ils arrivèrent au milieu de la forêt, le père dit : – Commencez à chercher
du bois, les enfants, je fais un feu pour vous réchauffer ». http://linamarin.
wordpress.com/category/contos-e-adaptacoes-de-irmaos-grimm (consulté
le 12/01/2011 ; je souligne, NDA).
35. Nara dit : « deux petites filles », au lieu de « deux frères », mais cela ne
modifie pas la relation interdiscursive et sémantique signalée ici.
36. Ou marâtre (contrairement au portugais le terme de marâtre est tombé
en désuétude en français) (NDT).
Dialogisme, hasard et rature orale 173
apportant à l’histoire inventée qui doit être écrite des éléments lin-
guistiques et sémantiques qui caractérisent les contes de fées qu’elle
connaît. L’énoncé d’Isabel, marqué par la négation et la reformu-
lation de l’énonciation précédente, établit la configuration du thème
central de ce que sera le manuscrit final. Le manuscrit « La belle-
mère et les deux sœurs » raconte l’histoire d’une mère qui n’aimait
pas l’une de ses filles et qui l’a envoyée ramasser du bois. La jeune
fille était triste et a commencé à pleurer mais une fée marraine est
apparue et a utilisé ses pouvoirs magiques pour que sa mère et sa
sœur recommencent à l’aimer. Elle rentra chez elle et elle fut très
aimée37.
37. Ceci est un résumé de l’histoire « La belle-mère et les deux sœurs » dont
la version originale et sa version française peuvent être lues à la fin de cet
article.
174 Études brésiliennes
Figure 1
Temps
chrono- Rubrique Dyade Dialogue
mètre
TC1 ISABEL, APRÈS AVOIR ÉCRIT ISABEL Et alors…c’était… c’était
00 :30 :11 « CHEZ SA MÈRE ET CHEZ SA comment le bruit du sorti-
00 :30 :14 SŒUR » REGARDE NARA, SE TAPOTE lège ?…
LE BRAS ET POSE UNE QUESTION.
TC2 NARA REGARDE ISABEL, FEINT DE NARA Zumbacalabumba ! !
00 :30 :15 JETER UN SORT SUR SA CAMARADE
00 :30 :17 ET MODIFIE LE SON DE SA VOIX.
43. Dans Calil & Felipeto (2008) nous discutons de quelques formes de
modalisation qui sont potentiellement présentes dans les processus d’écriture
en acte de Nara et Isabel.
44. La bande à Monique (NDT).
Dialogisme, hasard et rature orale 181
Figure 246
Figure 348
Figure 4
*
Dialogisme, hasard et rature orale 183
49. Comme je l’ai indiqué dans l’introduction, les facteurs sont d’ordre
socio-historique, pragmatique, communicationnel, technologique, interactif,
linguistique, cognitif, discursif, textuel, graphique…
184 Études brésiliennes
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Willemart, P., « Instabilidade e acaso na Edição Crítica e na Crítica
Genética », Bastidores da criação literária, São Paulo, Iluminuras, pp. 107-
124, 1999.
Dialogisme, hasard et rature orale 187
Annexe
Manuscrit original
et sa version normative
Manuscrit : Madrasta e as duas irmãs Version normée en portugais
1 Isabel
2 Nara Madrasta e
as duas irmãs
3 Era uma vez duas irmãs.
4 Patrícia não gostava de
5 sua irmã e a mãe também.
6 Adriana ficava só chorando
7 no quarto porque não
8 gostavam dela. E a mãe
9 entrou no quarto
10 e falou para Adriana
11 catar lenha. E no caminho
12 ela sentou uma pedra
13 e começou a chorar.
De repente
14 viu uma fada. – Por que
15 você está chorando ?
16 – Porque minha irmã e minha
17 mãe não gostam de mim.
18 – Eu vou fazer o seguinte.
19 Jogar a mágica na sua mãe e
20 na sua irmã. Cabum machala
21 bum ! Jogue essa mágica na
mãe
22 e na filha desta menina.
23 Adriana voltou para sua
24 casa e ficou muito amada.
25 Bel e Nara Fim
188 Études brésiliennes
1. Repères théoriques
Grésillon (1994) signale que la rature peut se manifester sous trois
formes différentes : (i) la première, étant immédiatement visible,
permet au lecteur de restituer l’écrit raturé ou d’y être confronté ;
c’est le trait qui signale une suppression ; (ii) la deuxième est celle
sous laquelle il est impossible de reconstituer l’écrit initial : « le pâté
d’encre couvrant l’unité écrite d’une tâche noire » (1994 : 67) ; et,
enfin (iii) la troisième, bien que dépourvue de toute trace maté-
rielle, telle que biffures, gribouillis, flèches et autres, permet, à tra-
vers les réécritures et les versions successives d’un texte, l’accès à
ce qui y a été ajouté, supprimé, remplacé ou déplacé. C’est ce que
Grésillon appelle la forme immatérielle de la rature et que nous
pourrions appeler, conjointement avec Willemart, la « rature blan
che » (1999 : 130). Sous cet angle, ce qui a été écrit dans une version
et qui ne se trouve pas dans la version suivante est considéré
comme quelque chose de raturé.
Dans la rature orale, en revanche, il y a une irréversibilité de la
parole : on annule, efface, en même temps qu’on accumule les dires.
Corriger oralement est donc continuer à parler, faire de nouveaux
192 Études brésiliennes
Figure 1
Figure 2
Fragment 1 :
(1) Flávia dicte : « et alors elle retrouve… retrouve… trou…ve le
bon chemin ? alors elle l’a retrouvé ».
(2) Rafaela écrit : [et à lors elle a ret retouvé]
(3) Flávia dicte : « et alors elle l’a retrouvé et a dit… adieu petit
crapaud ».
(4) Rafaela écrit : [et a lors elle a dit à Dieu]
(5) Flávia dit : « Alors elle a dit… adieu petit crapaud… mais elle
est tombée sur une sorcière et… adieu petit crapaud… adieu
petit crapaud… Dieu… Dieu, comme ça ? »
(6) Rafaela dit : « Dieu ? pas du tout… y a pas de r dans Dieu… »
(7) Flávia dit : « c’est le d ! » (en se référant au fait que le d doit
commencer par une minuscule)
(8) Rafaela dit : « C’est Dieu. Appelle donc la maîtresse. »
(9) Flávia appelle la maîtresse et lui demande : « c’est correct, le
mot dieu ? adieu ? »
(L’enseignante demande aux élèves de lui lire l’histoire ; Rafaela lui
relit le récit jusqu’au passage où Dieu est écrit)
196 Études brésiliennes
« L’idée de valeur, ainsi déterminée, nous montre que c’est une grande
illusion de considérer un terme simplement comme l’union d’un cer-
tain son avec un certain concept. Le définir ainsi, ce serait l’isoler du
système dont il fait partie ; ce serait croire qu’on peut commencer par
les termes et construire le système en en faisant la somme, alors que
« À Dieu petit crapaud » 199
au contraire, c’est du tout solidaire qu’il faut partir pour obtenir, par
analyse les éléments qu’il renferme. » (2005 : 132, nous soulignons)
sa passion »10, comme le dit Arrivé (1999 : 99), s’effectue, pour faire
surgir un autre sens. Il s’agit du moment de l’écoute où, s’il n’y a
pas la reconnaissance des rapports de différence et de ressemblance,
le sujet n’opère pas de déplacement de sens. S’il est nécessaire que
le sujet reconnaisse la production de l’homonymie pour qu’il opère
ce déplacement, comme dans le cas de Flávia et Rafaela, l’homo-
nymie implique donc qu’on l’entende.
Ici, nous arrivons à l’assertion suivante : la rature peut être
déclenchée par des événements qui engendrent, au hasard, des
désordres dans la langue. Ces désordres peuvent être occasionnés,
parmi d’autres phénomènes (comme l’analogie, par exemple), par
l’équivoque « et tout ce qui en relève, homophonie, homosémie,
homographie, tout ce qui supporte la double entente et le dire à
demi-mot, incessant tissu de nos entretiens » (Milner, 2009 : 16).
Pour que la rature se produise, néanmoins, il faut qu’il y ait une
écoute qui effectue un retour sur ce qui a été dit/écrit, condition
nécessaire à toute forme de rature, qu’elle soit orale ou écrite.
c’est-à-dire que les homonymies sont telles parce que celui qui les
écoute les authentifie comme étant des homonymies.
Celui qui valide l’homonymie comme étant manifeste est ainsi
le demandeur de signification lui-même, fût-il le sujet qui écrit,
qui parle ou un autre qui interagit avec lui. La reconnaissance de
la ressemblance est ainsi le moment où le sujet prête l’oreille à la
différence. Après s’être transformée en homonymie, l’impression
d’étrangeté cesse. Bien que, dans l’écriture du récit en question,
l’homonymie produise une rupture syntaxique, il n’y a pas la per-
ception d’une telle rupture à l’oral. En effet, la chaîne parlée est
reçue dans son caractère successif, alors que l’écriture est un système
visuel complexe, qui présuppose des simultanéités (traits, biffures,
séparation entre les mots, etc.). Aussi la segmentation du terme adieu
en à Dieu constitue-elle, à l’oral, un nouveau bloc déjà reconnu
dans la langue.
Quel est, cependant, le rapport entre la rature et l’homonymie ?
Ce rapport se fonde sur le fait que l’homonymie engendre un jeu.
L’équivoque fait irruption dans la langue à travers l’homonymie (et
ses autres formes d’apparition, telles que l’homophonie, l’homogra-
phie, l’homosémie) en confondant les sons et les sens, en suspen-
dant les strates (classes, propriétés, etc.). Il en résulte que l’équivoque
s’instaure à partir d’une déformation de ce qui, dans la langue, se
trouve imaginairement cristallisé. Si nous prenons à nouveau les axes
métaphorique et métonymique comme étant ce qui répond du
fonctionnement de la langue, nous observons que c’est dans l’axe
paradigmatique (métaphorique) que se trouve la possibilité de rem-
placement d’un signifiant par un autre, quelle que soit la nature de
la ressemblance entre eux. L’équivoque étant ce qui se trouve à la
base de toute production de rature, est ainsi inhérente au fonction-
nement même du langage. Cette équivoque peut produire une
impression d’étrangeté, condition pour qu’il y ait un retour sur ce
qui a été dit ou écrit.
Pour conclure, nous aimerions dire que, si l’événement, en
modifiant les valeurs à l’intérieur du système, devient un désordre
qui provoque la nécessité d’un autre système, une pareille nécessité
ne se fait pas sentir dans le cas analysé. Dans adieu/à Dieu, nous avons
un événement ponctuel produit par l’homonymie, car, s’il opère
momentanément un changement de valeur dans un système visuel,
comme celui de la langue écrite, un tel phénomène ne se produit
pas dans des systèmes acoustiques, comme celui de la langue parlée.
202 Études brésiliennes
Références bibliographiques
Arrivé, M., Linguagem e Psicanálise, Lingüística e Inconsciente. Freud, Saussure,
Pichon, Lacan, Rio de Janeiro, Jorge Zahar Editor, 1999.
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Fronteira, 1986.
Authier-Revuz, J, Ces mots qui ne vont pas de soi. Boucles réflexives et non
coïncidences du dire, Paris, Larousse, collection « Sciences du langage »,
1995.
Calil, E., Autoria : a criança e a escrita de histórias inventadas, Londrina,
Editora da Universidade Estadual de Londrina, 2004.
Catach, N., L’orthographe. Paris, PUF, réédition 2008.
Dufour, D.-R., Les mystères de la trinité, Paris, Gallimard, 1990.
Grésillon, A., Éléments de critique génétique – Lire des manuscrits modernes,
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1988.
Milner, J.-C., Les noms indistincts, Paris, Seuil, 1983.
Milner, J.-C., Le Périple structural : figures et paradigme, Paris, Seuil, 2002.
Milner, J.-C., L’amour de la langue, Lagrasse, Verdier, collection «Verdier
poche », 2009.
Novaes, M., Os dizeres nas esquizofrenias : uma cartola sem fundo, São Paulo,
Escuta, 2003.
Pétroff, A-J., Saussure : la langue, l’ordre et le désordre, Paris, L’Harmattan,
2004.
Saussure, F., de, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, réédition 2005.
chapitre 9
Les noms propres
dans des histoires
inventées : effets
d’un enchaînement
Hozaneta Lima & Eduardo Calil
traduit du portugais par Yann Hamonic
Figure 1
4. C’est un aspect que l’on rencontre également dans les histoires inven-
tées par Nara et Isabel qui créent des personnages tels que le « petit garçon
Fin », le « père Fume », la mère « Fine », « Madame Saveur », la « Reine
Gloutonne » (Cf. Calil, 2009).
208 Études brésiliennes
Fragment 1
Casseta e O Rei Cagado
d’un sujet par rapport à celle d’un autre. Nous ne pouvons manquer
de souligner, une fois de plus, que la métaphore garde toute sa
consistance et avec une force encore plus grande du fait de son
rapport aux autres noms. D’où la pertinence de « MERDINASI »
positionné en tant que nom de famille : « CAGADO MERDINASI »,
« MIJADA MERDINASI », « MOLHADA MERDINASI », « MELADO
MERDINASI » et, finalement, « ABESTADO5 MERDINASI ».
Analysons maintenant un autre extrait du premier paragraphe
où persiste le double jeu discursif entre « nommer » et « qualifier ».
Fragment 2
[…]
Un jour, Cagado a appelé sa femme et lui a demandé :
– Où sont nos enfants Melado et Molhada ?
Elle lui a répondu assez sèchement :
Je n’en sais rien et si je le savais, je ne dirais rien de nos enfants.
Alors Cagado est allé se coucher et s’est demandé :
Suis-je vierge ? Avec cette question, il a appelé Mijada au lit, ils
ont baisé et ainsi est né Abestado le plus beau selon la famille.
Au moment où Cagado allait sortir, il a vu Mijada qui sortait
avec Abostado et a voulu se séparer de sa femme, mais Mijada a
vu ensuite Cagado avec une Sem Merda qui s’appelle Mulamba
et a dit :
Toute l’affaire est résolue.
Après que tout cela est arrivé, Mijada a ressenti le manque
d’Abostado qui sortait tous les soirs. Elle s’est rendu compte
qu’Abostado avait une autre Rapariga (Salope) ou un autre
nom pas trop malicieux et aussi.
Abostado avait une femme qui était mariée et le mari de Bigura
qui était la femme d’Abostado a fait frapper Abostado qui est
mort peu après avoir été roué de coups.
Mijada en était très attristée, mais quelque temps après elle s’est
habituée à rester seule et Cagado est resté avec sa ferme de
Merdes et aussi sa Sans Merde, sa maîtresse Mulamba et ses
enfants Melado et Molhada sortaient ensemble et se sont mariés
et tous après ces tourments vécurent heureux pour toujours.
Tableau 1
Tableau 2
Figure 2
Figure 3
5. Autres effets
Nous avons vu que la pression des forces significatives ne fait pas
qu’instaurer une certaine unité dans le processus de nomination de
ce manuscrit, elle laisse également apparaître des ambiguïtés la mena-
çant. Cela fait partie de ce que Milner appelle « équivoque » de la
langue constituée, et qui suspend autant qu’elle instaure des rapports
de similitudes et de différences. L’« équivoque », travesti dans les
phénomènes d’homonymie, de paronomase et d’assonances, ren-
voie à la notion de la langue (Milner, 1978), phénomène boule-
versant les strates linguistiques et empêchant que la dimension
imaginaire du sujet ne soit souveraine dans le fonctionnement
linguistique-discursif. Dans le cas des propos insultants, « la pro-
priété se ramène à la nomination qu’on en fait et le sujet la reçoit
qu’à l’instant même où se dit la liaison ». (Milner, 1983 : 108).
Dans l’histoire inventée « O Rei Cagado », la séquence des noms
propres obéit aux mouvements métaphoriques et métonymiques
– c’est ainsi que Jakobson (1999) relit le syntagme et le paradigme
saussuriens. L’histoire semble tenir davantage d’une histoire de
noms propres, de sorte que, parfois, l’enchaînement semble s’éga-
rer, laissant les sens tomber dans le vide des lignes écrites, comme
nous pouvons le voir à la fin de ce fragment :
Les noms propres dans des histoires inventées 219
« et aussi » (« e também »)
Figure 4
Figure 5
220 Études brésiliennes
9. Bien que nous employions le terme conscience, nous soutenons qu’il s’agit
là d’un mouvement par lequel le sujet ne sait pas qu’il sait, même s’il se sert
de ce savoir. D’où notre recours à la formule « inconsciemment conscient ».
Les noms propres dans des histoires inventées 221
Nous traçons ici, afin qu’il soit possible de voir les points de
« dispersion » et d’« unité » d’un texte par rapport à l’autre, deux arbres
généalogiques, l’un étant constitué des relations entre les personnages
du feuilleton, et l’autre issu des relations entre les personnages de
l’histoire inventée. Peut-être vaudrait-il mieux, pour ce dernier,
parler d’« arbre scatologique ».
Tableau 3
Arbre généalogique du « Roi du Bétail » (« Rei do Gado »)
Luana
(l’amante de Bruno)
Euico
MEZENGA Bruno
MEZENGA
(Roi du Bétail)
Giovana
BERDINAZI Marcos Lia
Léa
(la femme de Bruno)
Ralf (l’amant de
Léa et Suzane)
Suzane
222 Études brésiliennes
Tableau 4
Arbre scatologique du « Le Roi Merdeux » (« Rei Cagado »)
mulamba
sem merda
(l’amante
du Rei Cagado)
familia
Rei CAGADO
merdinazi
MELADO MOLHADA
MIJADA
(la femme du Rei
Cagado)
ABESTADO
ABOSTADO
(l’amant de MIJADA)
BIGURA
RAPARIGA
Références bibliographiques
Bechara, E., Moderna Gramática Portuguesa, Rio de Janeiro, Lucerna, 1999.
Calil, E., « Processus de création et ratures : analyses d’un processus d’écri-
ture dans un texte rédige par deux écolières », Langage & Société, n° 103,
pp. 31-55, 2003.
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Editora Objetiva Ltda, 2001.
Jakobson, R., Lingüística e Comunicação. São Paulo, Cultrix, 1999.
Lacan, J., O Seminário. Livro 5. As formações do inconsciente, Rio de Janeiro,
Jorge Zahar Editor, 1999.
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MILNER, J-C., Les noms indistincts, Paris, Seuil, 1983.
Saussure, F. de, Cours de Linguistique Générale, édition critique par Tullio
de Mauro, Paris, Payot, 1972.
chapitre 10
Aliénation et séparation
dans la parodie :
une stratégie destinée
à des élèves de neuf ans
pour la production
de textes
Claudemir Belintane
traduit du portugais par Adller Sady
1. Dans notre enquête (Belintane 2010), nous avions demandé aux enfants
pourquoi ils lisaient lentement en marquant, de vive voix, chaque syllabe.
La réponse était le plus souvent qu’il fallait « lire lentement pour ne pas se
tromper ». Il est intéressant de constater que même des lettres assez connues,
comme la voyelle A, étaient, en général, rendues par un phonème de longue
durée dans un processus d’adhésion à la lettre.
Aliénation et séparation dans la parodie… 227
1. Le contexte d’analyse
Le cours moyen deuxième année2 (de neuf à dix ans) a été choisi
comme champ d’enquête justement du fait qu’il fonctionne comme
une transition entre deux cycles d’études3. Cette transition exige une
préparation afin que l’élève soit à même de faire face aux brusques
changements qui auront lieu dans l’enseignement secondaire, tant
sur le plan des programmes que sur le plan des rapports pédago-
giques. Le CM2 conclut le cycle où les professeurs (diplômés en
pédagogie) sont polyvalents, enseignant plusieurs disciplines. En
sixième, où débute le premier cycle de l’enseignement secondaire,
les élèves commencent à travailler avec des spécialistes, un pour
chaque matière. Pour ce qui est de l’enseignement de la langue
portugaise, ce changement correspond aussi à une grande modifica-
tion dans le choix des textes ; si l’élève, au primaire, était constam-
ment confronté à des genres propres à l’enfance (contes de fées,
fables, comptines et autres), au collège, il est mis en présence de
textes littéraires plus complexes, en général écrits par des auteurs
consacrés et faisant même partie des classiques nationaux et inter-
nationaux. Dans Belintane (2010), nous avons cherché à démontrer
l’importance de ce que nous y avons métaphoriquement nommé
« les charnières des cycles », qui joignent un cycle d’études à l’autre,
depuis les petites classes aux classes du lycée, c’est-à-dire un ensem
ble de stratégies qui ont pour but de faire passer les élèves par ces
transitions avec le moins de heurts possible.
Pour se faire une idée du fossé existant entre les cycles, il suffit
de lire les Directives nationales pour les programmes des cours de portu
2. La parodie :
entre l’aliénation et la séparation
7. Nous savons qu’il y a des auteurs qui font la distinction entre la paro-
die et le pastiche (Hutcheon 1981, Sangsue 1994, entre autres). Néanmoins,
maints auteurs ne la font pas, dont Bakhtine (1999 : 74) et Tomachevsky (1973 :
199). Un peu plus loin, nous distinguerons la parodie de la paraphrase.
230 Études brésiliennes
« Cette aliénation, mon dieu, on ne peut pas dire qu’elle ne circule pas de
nos jours. Quoi qu’on fasse, on est toujours un petit peu plus aliéné, que ce
soit dans l’économique, le politique, le psycho-pathologique, l’esthétique, et
ainsi de suite » (Jacques Lacan, Séminaire XI, texte établi par Jacques-Alain
Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 191).
12. Sangsue fait une étude diachronique de grande valeur sur la parodie, en
partant de la Poétique d’Aristote jusqu’aux conceptions plus contemporaines,
en passant par l’Antiquité classique, le Moyen Âge, la Renaissance, par les
écoles littéraires romantiques, réalistes et modernes, y compris des études
comme ceux des formalistes russes, ceux de Mikhaïl Bakhtine, de Margaret
Rose, de Linda Hutcheon, de Michele Hannosh et de Gérard Genette. Dans
le dernier chapitre, « Pour une poétique de la parodie », de cette œuvre impor-
tante, l’auteur apporte sa version d’une reconnaissance explicite de la paro-
die. Dans le présent article, nous allons partager quelques éléments d’analyse
avec Sangsue et avec d’autres auteurs, mais nous souhaitons ajouter des traits
spécifiques qui délimiteront ce concept littéraire dans le domaine de l’en-
seignement en tant que genre et stratégie à l’usage de l’enseignant, et dans
le domaine du psychisme, en tant qu’entité découlant de la mouvance
subjective entre l’aliénation et la séparation de Lacan.
13. Passage traduit en français à partir de la citation rendue en portugais.
(NDT)
232 Études brésiliennes
4. Construction du corpus
La pratique didactique préconisée par le programme du cours de
portugais dans l’établissement visité18 contient déjà, parmi ses
recommandations sur la production de textes, des stratégies pour la
parodie de contes de fées. Cela nous a permis de rassembler les
Texte 11 de la consigne 1
par la porte. J’ai découvert que j’étais dans un lieu que je connais-
sais, près d’une ancienne école, mais loin de ma maison, mais
j’avais encore l’argent des courses. Avec lui je suis rentrée chez
moi en bus.
Arrivée chez moi, j’ai vu ma mère désespérée. Elle m’a dit que
j’étais portée disparue depuis deux jours. Et je lui ai TOUT raconté,
mais je n’ai jamais su ce que voulaient les bandits. Tant mieux,
n’est-ce pas ? Et après avoir réalisé combien ma mère m’aime, et
j’ai cessé de la haïr et découvert que je l’aimais aussi !
FIN !
Figure 1
Figure 2
l’élève pour laisser la place à la désinence -va, ce qui aurait produit le bon
accord avec la première personne du singulier à l’imparfait de l’indicatif : eu
estava. Pour une traduction de ce lapsus ayant une portée semblable en fran-
çais et les mêmes ressemblances phonétiques (comme entre está [iʃ’ta] et
estava [iʃ’tava], différenciés par les seuls phonèmes [va]), on dirait en français,
relativement à j’est, que l’élève n’aurait pas dû mettre un s entre les lettres e
et t. Il lui aurait fallu, en outre, mettre un accent aigu sur le e et y ajouter la
désinence -ais, afin d’avoir la première personne du singulier à l’imparfait :
étais [ete], au lieu de la forme est [e] (variante de la prononciation [e]). Les
formes [ete] et [e] seraient ainsi différenciées par les seuls phonèmes finals [te],
ressemblance qui aurait induit en erreur le scripteur, sous la pression, bien
entendu, du dilemme narrateur/personnage (elle est/j’étais) développé par
l’auteur de l’article. (NDT)
240 Études brésiliennes
4. Toute cette réflexion se réfère au terme dica, celui qui est utilisé dans la
version originale en portugais. Ce terme, étant proche de conselho, possède
cependant, comme sa traduction « secret » le sens d’information confiden-
tielle. Il est également utilisé pour signifier conseil d’initié, comme l’auteur
du présent article l’indique à propos de la gastronomie. (NDT)
Aliénation et séparation dans la parodie… 241
Texte de la consigne 2
(3) Salut, c’est toi qui es Pandara, ah ! non, Palela, ou alors Pamela ?
(4)
Ben, je m’appelle Pamela, non pas Pandara, ni Palela, enfin,
peu importe. Pourquoi cette question, citoyen ?
(5)
C’est que je viens d’apprendre que ta grand-mère est une
ogresse. Je trouve ça vachement cool. Dis donc, elle ôte de
gros bouchons de cire des oreilles ?
(6) J’en sais rien. Mais ma vie ne te regarde pas. Alors, adieu !
(7)
Il faut quand même que je te file trois conseils : ne prends pas
le raccourci où il y a un tas d’épines/fleurs, marche sous les
ombrages et ne crois rien de ce que le bûcheron te racontera.
Tchao !
Bien sûr que Pamela n’a pas écouté ce qu’il a dit. Elle a continué
son chemin.
Quand elle a vu une allée couverte de fleurs, elle a pensé :
« l’homme-andouille ne voulait que me rouler ! Qu’y a-t-il de si
terrible au sujet de ces fleurs adorables ? » Elle a donc suivi l’allée
fleurie.
Elle a tellement aimé les fleurs qu’elle en a pris une de chaque
couleur. Le cadeau pour mamie serait ainsi encore plus joli.
Un chasseur costaud lui a barré le chemin et s’est exclamé :
(8) Halte-là ! Qui va là ?
(9) Pamela, monsieur !
(10) Où vas-tu, gamine ?
(11) Chez ma grand-mère Ogresse. Vous m’excuserez, je suis
pressée…
(12) Comme il te plaira, gamine. Mais, avant de partir, veux-tu un
conseil ? Je crois qu’il vaut mieux ne pas entrer chez ta grand-
mère, car elle a vomi et là-dedans c’est dégueu. Certainement,
elle ne veut pas de visite !
(13) Alors, – a répondu la jeune fille – j’ai besoin d’y aller tout de
même, parce que je dois l’aider ! Et, s’il vous plaît, laissez-moi
passer…
(14) Gamine effrontée ! Je t’ai déjà dit que tu ne peux pas y aller !
Retourne chez toi TOUT DE SUITE ! ! !
Pamela était tellement effrayée qu’elle s’est mise à courir à toutes
jambes comme une folle en trébuchant sur tout ce qui se trouvait
sur son chemin.
Le chasseur a éclaté de rire et s’est écrié :
Aliénation et séparation dans la parodie… 243
(15) Fuis, gamine ! Mais d’ici peu tu vas aller au cirque pour voir
sa plus grande attraction : MAMIE OGRESSE ! Ha, ha, ha !
Mamie Ogresse, contrairement à ce que le chasseur a dit, n’était
pas chez elle. Elle était sortie se promener. Alors, elle a eu l’idée
de passer chez sa petite-fille chérie :
– Mamie, j’étais inquiète pour toi.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? – a répliqué la grand-mère. Je vais
merveilleusement bien ! Le chasseur t’a trompée.
– Oui, je crois. Mais, alors, je veux lui donner une bonne leçon.
Elles se sont mises d’accord et se sont rendues chez la grand-mère.
Le chasseur était couché chez elle. Pamela a frappé à la porte. Le
chasseur a demandé :
(16) Qui est-ce ?
(17) C’est le grand méchant loup – a répondu Pamela. Je suis venu
te manger !
(18) Ayez pitié de moi, Monsieur le loup !
Mamie ogresse a appelé tous ses voisins pour qu’ils attaquent le
chasseur.
Pamela a ouvert la porte tout à coup et s’est écriée :
(19) C’est maintenant que tu vas en voir de toutes les couleurs,
chasseur à la con !
Avec des cordes et des bouts de bois, ils ont traîné le chasseur en
dehors de la maison et l’ont obligé à libérer toutes les grands-
mères ogresses qu’il avait mises dans le cirque.
Alors, après voir regardé la nouvelle attraction du cirque : « le chas-
seur équilibriste », ils ont fait une grande fête pleine de nourriture
et boissons.
Ah ! Tenez ! Lourença a suivi un traitement. Elle est, aujourd’hui,
la propriétaire d’un très bon café.
FIN
Figure 3
Figure 4
6. En guise de conclusion
Cette parodie expose, réellement, un effet de séparation. À travers
les inversions de rôles, se développe une subjectivité ironique
laquelle se sert, avec dextérité, d’une position intertextuelle et
donne de nouvelles significations aux bipolarités actif/passif, mascu
lin/féminin. Ce nouveau Petit Chaperon rouge affronte le monde
mâle et adulte sur un pied d’égalité, n’accepte pas les oppositions
entre bien et mal, adulte et enfant. Elle obéit et désobéit. Par l’inter-
médiaire de l’humour et de l’ironie, elle fuit l’imaginaire prégnant
de l’enfance, en s’arrogeant la place d’un narrateur qui s’éloigne de
la discursivité du maternage. La masculinité, dans le texte, ne se
travestit plus en loup dévorateur. Dans la première rencontre, nous
avons un jeune homme, une « andouille », prisonnier d’un imaginaire
tératologique et enfantin, celui de l’ogre qui « ôte de gros bouchons
de cire des oreilles » (en réalité, la scène se réfère au film Shrek).
Dans la seconde rencontre, au lieu d’un loup, un adulte fort, auto-
ritaire et vorace fait fonction de chasseur sadique, opportuniste et
avide.
Si le premier loup est simplement mis à l’écart par les accents
supérieurs de l’héroïne, le deuxième est battu par une alliance entre
l’enfant intrépide et sa grand-mère (l’enfance et la vieillesse s’unis
sent, de la sorte, pour donner une bonne leçon à la jeunesse et à la
248 Études brésiliennes
Références bibliographiques
3. Manifestations de méta-énonciation
Comme indiqué ci-dessus, je vais me pencher sur deux manifesta-
tions de subjectivité et de paternité à travers des marques de méta-
énonciation. D’abord, je présente deux textes où l’on peut
observer différents propos énonciatifs marqués par des formes méta-
énonciatives. Puis, je présente quatre textes où les formes méta
énonciatives signalent que l’auteur s’inscrit dans un certain genre.
Dans l’un comme dans l’autre cas, je montre que la présence de
formes méta énonciatives dans des textes écrits par des enfants peut
être vue comme une manifestation de paternité.
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Mon père est super… Mon père est cool… Mon père est –
Parfois – méchant… Et à quoi ça sert d’être méchant si le père
de tout le monde est des fois super et des fois méchant ? S’il est
méchant, et que j’écris pour rien, alors je peux effacer ! Mon père
est – Parfois – mé… Maintenant, je vais écrire que mon père
est… est… est… huum… je sais ! Mon père est Fort, Aimé,
Impressionnant !
Ha, ha, ha, ha… vous avez aimé ? Eh bien… Eh bien… je l’espère
parce que c’est moi qui est en train d’écrire cette histoire c’est
moi… la fille du père… Eh bien, il y a des gens qui me demande
de terminer l’histoire… Alors je termine ! Puisque c’est ça… Au
revoir… je veux dire… fin !
Figure 6
SOMMAIRE
SOMMAIRE
Non, dans cette histoire Il n’y a pas de sommaire
C’est tout d’un seul coup.
Une hypothèse, mais qui n’est pas la seule, est que la rature sur
le mot SOMMAIRE et la réinscription immédiate de ce même mot
indiquent qu’il y a une certaine hésitation de R. lorsqu’elle perçoit
la différence entre un « sommaire » et une histoire. Comme elle le
dit « c’est tout d’un seul coup ». D’une certaine manière, R. mani-
262 Études brésiliennes
feste son insertion dans le genre histoire qui ne se réduit pas néces-
sairement à un SOMMAIRE.
Cependant, ceci n’est pas son seul problème. À peine le som-
maire est-il évoqué comme un moyen possible d’organiser son texte,
en dialoguant par là même avec la structure compositionnelle du
genre, qu’un autre conflit se fait jour, cette fois avec le classique « Il
était une fois… », qui lui aussi est rejeté, parce que « les histoires
commencent TOUJOURS comme ça ! ». C’est une figure de style
linguistique, une forme verbale privilégiée pour commencer ce
genre qui est contestée :
Figure 7
Figure 8
Figure 9
Figure 10
Introduction
Oh ! Comme je suis émue par la publication de ce livre !
Figure 11
Figure 12
qui inscrit son écriture dans divers genres, et qui par là même laisse
apparaître des marques de cette inscription ainsi que de ses position
énonciatives. Les écrits de R. montrent un sujet/auteur qui mani-
feste sa volonté discursive dans les genres qu’il utilise, et qui, ce
faisant, ne choisit pas seulement les genres, mais y imprime aussi
son individualité. Il est donc possible de considérer que R. est
l’auteur de ses textes.
R. s’exprime dans des genres fréquemment utilisés dans la
sphère familiale – tels que les lettres, les messages, les listes. Ceux-ci
sont majoritaires dans ses écrits et ont la particularité d’être relati-
vement souples quant à leur organisation, deux caractéristiques qui
favorisent l’expression de l’individualité. Dans le contexte scolaire,
les genres présents à ce moment de la scolarité – récits, contes,
histoires – favorisent également, de par leur flexibilité et grâce à la
maîtrise que R. en a, l’expression de caractéristiques individuelles.
Si l’on se place sous l’angle normatif des genres, les écrits de R.
– et de beaucoup d’autres enfants – peuvent être critiqués et consi-
dérés comme inappropriés. Il est possible d’y observer les aspects
les plus flexibles des genres, et non pas leurs aspects les plus nor-
matifs. Toutefois, au-delà de l’aspect hybride des genres, les textes
écrits par les enfants mettent en lumière les nombreuses manières
d’entrer dans un processus d’acquisition tout en ne suivant pas les
normes établies.
Ces manières diverses d’entrer dans un processus d’acquisition,
que je suis loin de considérer comme un problème à corriger,
peuvent être comprises comme étant le résultat des relations inter
génériques, ces dernières étant le résultat de la circulation des indi-
vidus dans les différentes sphères de l’activité humaine renvoyant
elles-mêmes à des genres différents. En fait, je crois que l’explora-
tion de ces relations inter génériques par celui qui écrit le conduit
à exprimer sa subjectivité et sa position d’auteur.
Cette discussion a des implications sur la pratique de l’écriture
à l’école comme sur les propositions de son enseignement. Si je
plaide en faveur d’un regard sur les textes – produits par des enfants
et des jeunes dans et hors de l’école – intégrant la possibilité de
transgressions des styles de genres, il reste à relier ces réflexions
audacieuses à la conception du genre discursif telle quelle existe
généralement à l’école. Je crois que nous pouvons affirmer que le
caractère flexible des genres a été oublié et qu’une conception
Indices de la présence de l’auteur dans des textes écrits… 267
Références bibliographiques
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Doutorado, IEL/Unicamp, Campinas, SP, 2003.
Table des matières
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Première partie
Études françaises
Chapit re 1
Ancrages théoriques de l’analyse génétique
des textes d’élèves
Claire Doquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1. De la critique génétique à la génétique textuelle : littérature
et linguistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2. Les études scripturales et l’école. Trente années de recherches
sur l’écriture des élèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3. Peut-on utiliser les mêmes outils pour l’analyse
des manuscrits d’écrivains et des brouillons d’écoliers ? . . . 43
4. Pour conclure ce chapitre.
Écriture littéraire, écriture scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
270 L’école, l’écriture et la création
Chapit re 2
L’énonciation dialogique au principe de la créativité
du sujet scolaire
Catherine Boré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1. Le cadre du dialogisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1.1. Le dialogisme et son contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
1.2. Benveniste, Volochinov, Vygotski . . . . . . . . . . . . . . . 60
2. Pour une lecture dialogique de l’écriture scolaire . . . . . . 61
2.1. Une catégorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.2. Le dialogisme de la consigne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.3. La créativité du sujet scripteur : les mots du scripteur
traversés d’« autre » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Chapit re 3
S’essayer à la proximité et à la distance
avec les stéréotypes pour varier son écriture
Bernadette Kervyn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
1. Stéréotype, écriture scolaire et création . . . . . . . . . . . . . 76
1.1. Conception du stéréotype et processus scriptural . . . . . . . 76
1.2. Créer en écrivant du littéraire à l’école . . . . . . . . . . . . 78
2. Écrire un poème sur le thème de la mer :
une étude de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.1. Présentation du protocole de recherche et du terrain observé . 80
2.2. Analyse des premiers états textuels obtenus . . . . . . . . . 82
2.3. Traitements diversifiés du stéréotype lors de la réécriture . . 86
Chapit re 4
Le processus de création vu sous l’angle d’une interaction
interprétative dans l’apprentissage de l’écriture de fiction
au collège
Marie-Françoise Fradet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
1. Cadre, méthodologie et enjeux de l’observation . . . . . . . 98
1.1. M
ise en œuvre du dispositif didactique
et premiers résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
2. Deux évolutions contrastées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
2.1. La production de Jérémie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
2.2. Celle de Pauline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
2.3. Interaction ou interférence ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Table des matières 271
Chapit re 5
Un dispositif didactique de création accompagnée
en module de Français langue seconde
Marie-Laure Élalouf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
1. Le cadre de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
1.1. Le contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
1.2. Deux corpus complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
2. La construction d’une posture de lecteur . . . . . . . . . . . . . 123
2.1. Le déjà-là . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
2.2. L’émergence de la notion de « lecteur intermédiaire » . . . . . 125
2.3. Les outils d’analyse du lecteur intermédiaire . . . . . . . . . . 126
3. La création comme processus interactif . . . . . . . . . . . . . . . 130
3.1. De l’analyse à la formulation des propositions pour relancer
l’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
3.2. Le rôle des activités intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . 134
3.3. L’évolution du rapport à la norme . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Chapit re 6
Imiter et apprendre à écrire, étude des ratures
dans une situation de révision collaborative à l’école
Jacques Crinon, Brigitte Marin, Annick Cautela . . . . . . . . . . . . . . 139
1. Raturer pour réviser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
2. Interagir avec des textes et avec des pairs . . . . . . . . . . . . . 140
3. Emprunter, adapter, reformuler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Annexe : Analyses statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Deuxième partie
Études brésiliennes
Chapit re 7
Dialogisme, hasard et rature orale – Analyse génétique de la
création d’un texte par des élèves de 6 ans
Eduardo Calil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
1. Dialogisme et hasard dans la rature orale . . . . . . . . . . . . . . 160
1.1. Rature comme marque d’altérité et de dialogisme . . . . . . . 160
1.2. Rature et effet du hasard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
272 L’école, l’écriture et la création
Chapit re 8
« À Dieu petit crapaud » : quand l’homonymie produit
des désordres et des ratures dans un processus d’écriture
en collaboration
Cristina Felipeto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
1. Repères théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Chapit re 9
Les noms propres dans des histoires inventées :
effets d’un enchaînement
Hozaneta Lima & Eduardo Calil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
1. Introduction en forme d’hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
2. Une histoire et ses propos scatologiques . . . . . . . . . . . . . . 205
3. Des propos significativement reliés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
4. Ce qui échappe aux liens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
5. Autres effets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
Chapit re 10
Aliénation et séparation dans la parodie :
une stratégie destinée à des élèves de neuf ans
pour la production de textes
Claudemir Belintane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
1. Le contexte d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
2. La parodie : entre l’aliénation et la séparation . . . . . . . . . . . 229
3. La parodie : stratégie de séparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
4. Construction du corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
Table des matières 273
Chapit re 11
Indices de la présence de l’auteur
dans des textes écrits par des enfants
Marques de méta-énonciation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
Raquel Fiad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
1. Les concepts utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
2. Les données analysées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
3. Manifestations de méta-énonciation . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
4. Lorsque le sujet manifeste son insertion dans les genres :
la présence de formes méta-énonciatives . . . . . . . . . . . . . . 260