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L1 S2 CM Textes fondateurs : autour de la Bible

Séance 2 : Repérer les références dans les textes

Les récits de Création : une intertextualité contemporaine

Exemple 1 : Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont, Éditions Gallimard, 2010

Récit de la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire. L’incipit
présente le personnage principal. Voici la première phrase du roman :

« Au commencement, il connut la Yakoutie du Nord et Mirny où il travailla trois années. »

Exemple 2 : Pierre Michon, Abbés, Éditions Verdier, 2002

En l’an 976, des moines bénédictins viennent établir leur monastère dans les îles de Vendée.

1) Description de l'île marécageuse

« Cette eau n'est pas tout à fait de l'eau.


L'île naine se tient juste dans l'embouchure, face à la mer où deux rivières s'épousent, à droite le
Lay, à gauche la Sèvre : et ces épousailles justement sont fécondes en sables, en boues, en coques
d'huîtres, et de tous ces rebuts que les rivières calmement arrachent et broient, vaches mortes et
chablis, déchets […]. De sorte que ce n'est pas la droite mer ni le fleuve franc qu'Èble a sous les
yeux, mais quelque chose de tors et de mêlé […].
Ce n'est pas la terre, puisque que les mouettes crient au-dessus des anguilles, ni la mer, puisque des
corbeaux et des milans s'envolent avec une vipère dans le bec. »

2) Début du chantier

« Enfin il demande à frère Hugues, le jeune, le clerc, de venir près de lui et d'ouvrir le Livre.
Il lui demande de lire le Troisième Jour de la Création.
La voix d'Hugues est forte et jeune, broyée et brûlante. Il lit : Dieu dit : que les eaux s'amassent au-
dessous du ciel en un seul lieu pour que paraisse le sec. Et il en fut ainsi. Et Dieu appela le sec :
terre, et il appela : mers l'amas des eaux. Et Dieu vit que cela était bon. Troisième jour. Hugues
tremble un peu. Èble tend le bras vers la fenêtre qui donne sur l'embouchure, il dit : « Nous en
sommes au deuxième jour. La terre et les eaux ne sont pas démêlées. Le Tohu et le Bohu qui sont là-
dessous, nous allons en faire quelque chose sur quoi on peut mettre le pied. Saint Georges doit
pouvoir y chevaucher et les vaches y brouter. [...] »

« Le lendemain avant l'aube on prend les deux barges de l'abbaye, on les met dans le filet d'eau, on
va chercher des bras qui sépareront Tohu de Bohu. »

N.B : « Tohu Bohu » locution biblique en langue hébraïque, rendue en français par les différentes
traductions par : « vide et vague », « solitude et chaos », ou « informe et vide », « désert et
vide »...(premières lignes de la Genèse).
Sources à connaître pour repérer les références

1) Hésiode, Théogonie

La Théogonie est une œuvre du poète grec Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.) écrite en hexamètres
dactyliques. Elle joue un rôle fondateur dans la connaissance que nous avons de la mythologie
grecque. Le terme « théogonie » vient du nom θεός / theós qui signifie « dieu » et du verbe γεννάω /
gennáō qui signifie « engendrer ». Il s'agit donc d'un récit de l'origine des dieux.

« Au commencement exista le Chaos, puis la Terre à la large poitrine, demeure toujours sûre de tous
les Immortels qui habitent le faite de l'Olympe neigeux ; ensuite le sombre Tartare, placé sous les
abîmes de la Terre immense ; enfin l'Amour, le plus beau des dieux, l'Amour, qui amollit les âmes,
et, s'emparant du coeur de toutes les divinités et de tous les hommes, triomphe de leur sage volonté.
Du Chaos sortirent l’Érèbe et la Nuit obscure. L'Éther et le Jour naquirent de la Nuit, qui les conçut
en s'unissant d'amour avec l'Érèbe. La Terre enfanta d'abord Uranus couronné d'étoiles... »

Première génération divine


La déesse Gaia émerge la première du Chaos. Avec Erèbe elle donne naissance à la Nuit aux ailes noires. Elle
engendre surtout Ouranos, qui va provoquer la première pluie créant ainsi les mers et les fleuves.
Gaia incarne la Terre et Ouranos, le ciel. De l'union d'Ouranos et de Gaia qui ne sont pas encore séparés va naître
une première génération de dieux : Océan, Coios, Caios, Hypérion, Japet, Theia, Rhéa, Thémis (déesse de la
justice), Mnémosyne, Phoebé, Théthys et Cronos ainsi que les Titans.
Ils donnent aussi naissance aux trois Cyclopes, monstres avec un oeil unique, et à de très nombreux autres enfants.
Mais Ouranos ne satisfait plus Gaia qui influence Cronos et les Titans pour abattre leur géniteur. Cronos émascule
Ouranos. Celui-ci fou de douleur ne peut plus s'unir à la Terre : c'est ainsi que la Terre et le ciel deviennent deux
entités distinctes.
Gaia avec le sang versé donne naissance aux furies et aux nymphes.
Prédominance de Cronos et les dieux Olympiens
Désormais, Cronos est le maître du ciel. Les Olympiens désignent six divinités : Hestia (la vierge qui assure le feu
de l'Olympe), Demeter (maîtresse de la terre et des récoltes), Héra (la future épouse de Zeus), Hadès (qui aura le
pouvoir sur les enfers), Poséidon (dieu des mers) et enfin le plus puissant : Zeus.
Cronos a fait un pacte avec les Titans : il aura le pouvoir s'il dévore sa progéniture : c'est ce qu'il fait. Son épouse
Rhéa donne naissance aux précédents dieux Olympiens. Cronos dévore les cinq premiers. Pour Zeus, Rhéa
l'échange contre une pierre emmaillotée que son mari dévore comme les autres enfants.
Rhéa amène son cadet né au Mont Lycée chez les Nymphes d'Almathée qui s'en occupera. Pendant des années,
Zeus vivra sans que s'en doute son père Cronos. Il vivra aussi un temps sur le Mont Ida avec les bergers. Mais il
grandit et il est bien décidé à chasser son père du trône des dieux. Tout d'abord à l'aide d'un breuvage, il fait vomir
son père qui recrache les cinq frères et soeurs de Zeus. Celui ci libère les Cyclopes du Tartare qui lui forgent en
retour la foudre qui devient un de ses symboles. Il prend ainsi le pouvoir.
Zeus et ses compagnons après leur victoire s'installent sur le Mont Olympe, mais il faut maintenant combattre les
forces élémentaires représentées par les Titans. Les Olympiens sont encore aidés par les monstres du Tartare et les
Titans finissent ensevelis sous des montagnes. Ainsi les tremblements de terre sont provoqués par le fait qu'ils se
débattent sous terre.
Les Assises du Monde
Le monde est désormais bien établi. Atlas, le chef des Titans doit écarter la voûte du ciel (Ouranos) de Gaia la
terre. Le Soleil Hélios parcourt désormais tous les jours le ciel sur son char tracté par les quatre chevaux
l'enflammé, l'embrasé, le brillant et le brûlant, et descend le soir dans l'océan pour se désaltérer. Le monde peut
donc accueillir maintenant les hommes.

2) Ovide, Les Métamorphoses


Long poème latin d'Ovide, dont la composition débute probablement en l'an 1. L'œuvre comprend
quinze livres (près de douze mille vers) écrits en hexamètres dactyliques et regroupe plusieurs
centaines de récits courts sur le thème des métamorphoses issus de la mythologie grecque et de la
mythologie romaine. La structure générale du poème suit une progression chronologique, depuis la
création du monde jusqu'à l'époque où vit l'auteur, c'est-à-dire le règne de l'empereur Auguste.
« Avant la mer, la terre et le ciel qui couvre tout, la nature, dans l’univers entier, offrait un seul et
même aspect ; on l’a appelé le chaos ; ce n’était qu’une masse informe et confuse, un bloc inerte, un
entassement d’éléments mal unis et discordants. »

3) La Genèse : Dieu crée le monde en six jours


Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se
mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin :
ce fut le premier jour.
Dieu dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux.
Et Dieu fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont
au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi.
Dieu appela l’étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour.
Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec
paraisse. Et cela fut ainsi.
Dieu appela le sec terre, et il appela l’amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon.
Puis Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres
fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut
ainsi.
La terre produisit de la verdure, de l’herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres
donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.
Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit ; que
ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ; et qu’ils servent de
luminaires dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit
luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles.
Dieu les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour
séparer la lumière d’avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.
Dieu dit : Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur
la terre vers l’étendue du ciel.
Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux
produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit
que cela était bon.
Dieu les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers ; et que les
oiseaux multiplient sur la terre.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.
Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des
animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la
terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui
rampent sur la terre.
Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu,
il créa l’homme et la femme.
Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et
dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la
terre.
Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la
terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un
souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi.
Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un
matin : ce fut le sixième jour.

La sainte Bible, Ancien Testament, traduction de Louis Ségond, Paris, Agence de la société biblique protestante, 1877,
p. 3-4. https://essentiels.bnf.fr/fr/extrait/5b8ab111-18f8-4167-88a4-f2fa633deb2f-creation-monde-dans-bible

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