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Cosmologie biblique

Dieu créant le cosmos. Bible moralisée de Vienne, manuscrit français, vers 1215-1230.
La cosmologie biblique est la conception biblique du cosmos en tant qu'entité organisée et
structurée, ayant une origine, un ordre, un sens et un destin1,2. La Bible a été constituée au
cours de nombreux siècles par plusieurs auteurs, et reflète l'évolution de la croyance
religieuse; par conséquent, sa cosmologie n'est pas toujours uniforme3,4. Les textes Bibliques
ne représentent pas nécessairement les convictions de tous les Juifs ou Chrétiens de l'époque
ou ils ont été mis par écrit : la majorité des textes qui forment la Bible hébraïque ou l'Ancien
Testament en particulier, représentent les croyances d'un petit segment d'une ancienne
communauté israélite, les membres d'une tradition religieuse tardive de Judée basée
à Jérusalem, et exclusivement consacrée au culte de Yahvé5.
Les anciens Israélites envisageaient un univers composé d'une terre plate en forme de
disque flottant sur l'eau, les cieux au-dessus, l'au-delà en-dessous. Les humains habitaient la
Terre au cours de leur vie et l'au-delà après la mort - qui était un endroit moralement neutre 6.
Ce n'est qu'à l'époque hellénistique (c.330 avant notre ère) que les Juifs commencent à adopter
l'idée grecque d'un lieu de punition pour les mauvaises actions, et d'un paradis pour les
vertueux7. Dans cette période également, l'ancienne cosmologie à trois niveaux fut dans une
large mesure abandonnée pour le concept grec d'une terre sphérique suspendue dans l'espace ,
au centre de plusieurs sphères concentriques8.
Les premiers mots du récit de la création dans la Genèse (Genèse 1:1-26) résument la façon
dont le cosmos aurait été conçu : "au commencement, Dieu créa les cieux et la
terre"; Yahweh, le Dieu d'Israël, était le seul responsable de la création et n'avait pas de
rivaux"9. Plus tard les penseurs juifs, en adoptant les idées de la philosophie grecque,
conclurent que la Sagesse de Dieu, sa Parole et son Esprit ont pénétré toutes choses et leur ont
donné une unité10. Le christianisme à son tour adopta ces idées et identifia Jésus à la parole
créatrice : "au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était
Dieu" (Jean 1:1)11.

Sommaire

 1La cosmogonie (les origines du cosmos)


o 1.1Bataille divine contre discours divin
o 1.2Dieu, la Sagesse, la Torah et le Christ
 2Cosmographie (la forme et la structure du cosmos)
o 2.1Les cieux, la terre et le monde souterrain
o 2.2L'océan cosmique
o 2.3Cieux
 2.3.1Forme et structure
 2.3.2Dieu et les êtres célestes
 2.3.3Le paradis et l'âme humaine
o 2.4La Terre
 2.4.1Géographie cosmique
 2.4.2Temples, montagnes, jardins et rivières
o 2.5L'Au-delà
 2.5.1Le Sheol et l'Ancien Testament
 2.5.2Période intertestamentaire
 2.5.3Satan et la fin des temps
 3Voir aussi
 4Références
 5Bibliographie

La cosmogonie (les origines du cosmos)


"La Destruction de Léviathan" (Gustave Doré, 1865).
Bataille divine contre discours divin
Deux modèles différents du processus de création existaient dans l'ancien Israël.
Dans le modèle du "logos" (discours), Dieu parle et crée l'ordre et l'existence à partir d'une
matière dormante. (Psaume 33 : "Les cieux ont été faits par la parole de l’Éternel, Et toute
leur armée par le souffle de sa bouche ; Il amoncelle en un tas les eaux de la mer, Il met dans
des réservoirs les abîmes.")
Dans le second modèle, l'agon (lutte), Dieu bataille contre les monstres marins au début du
monde, afin de marquer sa souveraineté et sa puissance 12. Le psaume 74 évoque le modèle de
l'agon : il s'ouvre avec une complainte sur le peuple que Dieu abandonne et leurs tribulations,
puis lui demande de se souvenir de ses actes passés : "Tu as fendu la mer par ta puissance, Tu
as brisé les têtes des monstres sur les eaux, Tu as brisé les têtes du Léviathan, tu l'as donné en
viande au peuple des habitants des déserts..." Dans cette vision du monde, les mers sont les
forces primordiales du désordre, et le travail de création est précédé par un combat divin (ou
"theomachie")13.
La création dans le modèle de l'"agon" suit l'intrigue suivante :

 (1) Dieu en tant que guerrier divin combat les monstres du chaos, qui comprennent la
Mer, la Mort, le Tannin et Leviathan ;
 (2) le monde de la Nature se joint à la bataille et les monstres du Chaos sont vaincus ;
 (3) Dieu est intronisé sur une montagne sacrée, entouré de quelques divinités ;
 (4) Il parle, et la nature fait naître le monde créé14, ou pour les Grecs, le cosmos.
Ce mythe a été repris plus tard par la littérature apocalyptique juive et chrétienne et le projette
dans l'avenir, de sorte que la bataille cosmique devient l'acte décisif de la fin de l'histoire du
monde14: ainsi, le Livre de l'Apocalypse (fin du Ier siècle de notre ère) raconte comment, après
la victoire finale de Dieu sur les monstres marins, de nouveaux Cieux et une nouvelle Terre
seront inaugurés dans un cosmos dans lequel il n'y aura "plus de mer" (Apocalypse 21:1)15.
Le récit de création de la Genèse (Genèse 1) est la quintessence du mythe du "logos". Comme
l'"agon", il commence avec les ténèbres et un océan incréé primordial 16: Dieu sépare et retient
les eaux, mais il ne les crée pas à partir de rien17. Dieu initie chaque acte créatif avec un mot
parlé ("Dieu dit : qu'il y ait..."), et finalise en donnant un nom18. La Création par la parole n'est
pas propre à l'Ancien Testament : il n'est pas souligné dans la pensée mésopotamienne
cosmologique, mais fut important dans certaines traditions Égyptiennes19. Il y a cependant une
différence entre mes mythologies du logos hébraïques et égyptiennes : dans la Genèse, la
parole divine de l'Élohim est un acte de "fabrication" ; la parole du dieu créateur égyptien, en
revanche, est une activation quasi-magique de quelque chose d'inhérent à la pré-création.
Dieu, la Sagesse, la Torah et le Christ[modifier | modifier le code]
Dans le monde antique, les choses n'existaient pas jusqu'à ce qu'elles soient nommées : "Le
nom d'un être vivant ou un objet était... l'essence même de ce qui a été défini, et prononcer un
nom servait à créer ce qui était dit"19. L'Ancien Testament pré-Exilique (586 avant J.-C.) ne
permet aucun égal à Yahweh dans les cieux, en dépit de l'existence d'une assemblée de
serviteurs divins qui l'ont aidé à prendre des décisions pour le ciel et la terre 20. Les auteurs
post-Exiliques de la tradition de la Sagesse (par exemple, le Livre des Proverbes, le Cantique
des Cantiques, etc.) ont développé l'idée que la Sagesse, plus tard identifiée avec la Torah,
existait avant la création et fut utilisée par Dieu pour créer l'univers : "Présente depuis le
début, la Sagesse assume le rôle de maître constructeur, tandis que Dieu établit les cieux,
restreint les eaux chaotiques, forme les montagnes et les champs" 21. Empruntant les idées des
philosophes grecs qui soutenaient que la raison liait l'univers ensemble, la tradition de la
Sagesse enseigne que la Sagesse de Dieu, sa Parole et son Esprit sont la base de l'unité
cosmique. Le christianisme a à son tour adopté ces idées et les a appliquées à Jésus : l'Épître
aux Colossiens appelle Jésus "...l'image du Dieu invisible, premier-né de toute la création...",
tandis que l'Évangile de Jean l'identifie avec la parole créatrice ("au commencement était la
parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu").

Cosmographie (la forme et la structure du cosmos)


Le cosmos de l'Ancien Testament.
Les cieux, la terre et le monde souterrain
La Bible hébraïque imaginait un monde en trois parties, avec les cieux (shamayim) au-dessus,
la terre (eres) au milieu, et le monde souterrain (shéol) dessous22. Après le IVe siècle av. J.-C.,
ce concept fut peu à peu remplacé par le principe cosmologie scientifique grec d'une terre
sphérique entourée par de multiples cieux concentriques23.
L'océan cosmique
Le monde des cieux, de la terre et des enfers flottait dans le Tehom, l'océan cosmique, qui
couvrait la terre jusqu'à ce que Dieu ait créé le firmament afin de le diviser en parties
supérieure et inférieure et de révéler la terre sèche 24. Depuis, le monde est protégé de l'océan
cosmique par le dôme massif du firmament25.
Le tehom est, ou était, hostile à Dieu : il chercha à le confronter au début du monde (Psaume
104:6 et suiv) puis s'est enfui de la terre à son approche (Jérémie 5:22 et Job 38:8-10) 26. La
mer cosmique est la demeure des monstres que Dieu combat : "Par sa puissance, il a calmé la
mer, par sa compréhension, il frappa Rahab!" (Job 26:12f) 26. (Rahab est un monstre marin
exclusivement hébraïque ; d'autres, comme le Léviathan et le tanin, ou les dragons, se
trouvent dans les textes Ougaritiques. Il n'est pas clairement expliqué s'ils sont identiques à la
Mer ou s'ils sont ses alliés). La "mer de bronze", représentée dans le parvis du Temple de
Jérusalem correspond probablement à la "mer" des temples babyloniens, représentant l' apsu,
l'océan cosmique27.
Dans le Nouveau Testament le triomphe de Jésus sur la mer orageuse montre la divinité
conquérante submergeant les forces du chaos : un simple mot de Fils de Dieu immobilise
l'ennemi " (Marc 4:35-41), qu'il piétine ensuite, (Jésus marchant sur l'eau - Marc 6:45, 47 à
51)28. Dans l'Apocalypse, où l'Archange Michael expulse le dragon (Satan) du ciel ("Et la
guerre éclata dans le ciel, quand Michel et ses anges attaquèrent le dragon..." - Apocalypse
12:7). Le motif peut être retrouvé dans le Léviathan d 'Israël et dans Tiamat, l'océan du chaos
dans le mythe Babylonien, plus tard identifié avec Satan, via une interprétation du serpent
dans le jardin l'Eden29.
Cieux
L' Archange Michel, un des êtres divins qui assistent Dieu dans le ciel, piétinant Satan, le
dragon du chaos29.
Forme et structure
Dans l'Ancien Testament, le mot shamayim représentait à la fois le ciel, l'atmosphère, et le
lieu d'habitation de Dieu30. Le raqia ou firmament - le ciel visible- était une bol solide inversé
au-dessus de la terre, de couleur bleu céleste au-dessus de l'océan 31. La pluie, la neige, le vent
et la grêle ont été conservés dans des entrepôts à l'extérieur de la raqia, qui avait des
"fenêtres" afin de les laisser passer. Les eaux du Déluge sont passées quand les "fenêtres du
ciel" ont été ouvertes32. Le Ciel s'étendait vers le bas et rejoignait les bords les plus éloignées
de la Terre (par exemple, Deutéronome 4:32) 33; L'homme qui regardait le ciel depuis la terre
voyait le sol des Cieux, fait de lapis-lazuli bleu clair (Exode 24:9-10), tout comme le trône de
Dieu (Ézéchiel 1:26)34.
Grammaticalement, le mot shamayim peut être soit double (deux) ou au pluriel (plus de deux),
sans écarter le singulier (un)35. par conséquent, il n'est pas clair s'il y avait un, deux, ou plus de
ciels dans l'Ancien Testament36, Il n'y en avait probablement qu'un, les phrases comme "les
cieux des cieux" étant destinées à souligner l'immensité du royaume de Dieu33.
Les Babyloniens avaient une idée plus complexe du ciel, et au cours de l'exil Babylonien
(VIe siècle avant notre ère) l'influence de la cosmologie Babylonienne conduisit à l'idée d'une
pluralité des cieux parmi les Juifs37. Cela a continué dans le Nouveau
Testament : l'Apocalypse n'a apparemment qu'un seul ciel, mais l'Épître aux Hébreux et les
épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens en ont plus d'un, même si elles ne précisent pas
combien38. L'apôtre Paul nous parle de sa visite au troisième ciel, l'endroit, selon la pensée
contemporaine, où se trouve le jardin de Paradis39.
Dieu et les êtres célestes
Israël et la Judée, à l'instar d'autres royaumes Cananéens,avaient à l'origine un panthéon de
dieux40. Le chef de l'ancien panthéon Cananéen était le dieu El, mais au fil du temps Yahweh
l'a remplacé en tant que le dieu national et les deux ont fusionné ("Yahvé-El, créateur du ciel
et de la terre" - Genèse 14:22). Les dieux restants sont désormais soumis à Yahvé: "Qui dans
le ciel est comparable à Yahvé, comme Yahvé parmi les êtres divins? Un dieu redoutable dans
l'assemblée des êtres divins...?" (Psaume 89:6-9) 41. Dans le Livre de Job, le Conseil des
Cieux, les Fils de Dieu (bene elohim) se rencontrent dans le ciel afin d'examiner les
évènements sur terre et de décider du destin de Job 42. L'un d'eux est "le Satan", littéralement
"l'accusateur", qui se déplace sur Terre comme un espion perse impérial, (Job date de la
période de l'empire perse), qui teste et fait des rapports sur la loyauté des hommes à Dieu.
Les corps célestes (Milice céleste- le Soleil, la Lune et les étoiles) ont été adorés comme des
divinités, une pratique désapprouvée par la Bible et au sujet de laquelle le juste Job proteste
de son innocence : "Si j'ai regardé le Soleil quand il brillait, la Lune... et que ma bouche ait
baisé ma main, ce serait aussi un crime..." 43. La croyance en la divinité des astres explique un
passage dans Josué 10:12, habituellement traduit par "Joshua demandant au soleil et à la lune
de rester immobiles", mais dans laquelle Joshua prononce en réalité une incantation pour
s'assurer que le dieu-soleil et la déesse-lune, qui ont pris en charge ses ennemis, ne leur
fourniraient pas d'oracles44.
Dans les premiers textes de l'Ancien Testament, les bene elohim étaient des dieux, mais par la
suite devinrent des anges45, les "messagers" (malakim), que Jacob voit monter et descendre
d'une "échelle" (en fait une montagne céleste) entre le ciel et la terre 46. Dans les premières
œuvres, les messagers étaient anonymes, mais dans la période du Second Temple (539 avant
j.-c., 100 de notre ère), ils commencèrent à recevoir des noms, et devinrent finalement les
grands ordres angélique de la chrétienté et du judaïsme40. Ainsi, les dieux et les déesses qui
étaient autrefois supérieurs ou égaux à Yahweh furent finalement désignés comme ses pairs,
des dieux subalternes, et finalement comme des anges à son service40.
Le paradis et l'âme humaine
Il n'y a pas de concept de l'âme humaine, ou de vie éternelle, dans les parties les plus
anciennes de l'Ancien Testament. La Mort est la fin du souffle de vie, ainsi que Dieu souffla
dans la poussière (Genèse 2:7), tous les hommes sont confrontés au même sort dans le Shéol,
une existence d'ombre sans connaissances et sans émotions (Job 14:13 ; Qoheloth 9:5), Aucun
moyen ne permet aux morts d'accéder au ciel. Dans les siècles qui suivirent l'exil Babylonien,
une croyance en la vie après la mort et en une rétribution après celle-ci est apparue dans la
littérature juive apocalyptique. À peu près au même moment, la Bible fut traduite en grec, et
les traducteurs utilisèrent le mot grec paradaisos (Paradis) pour le jardin de Dieu 47 ainsi le
Paradis en est venu à être situé dans les cieux.
La Terre
Carte babylonienne du monde (c.600 avant notre ère). Dans l'Ancien Testament le concept de
la Terre était très semblable : un plat circulaire en terre, entouré par un monde de l'océan, avec
de fabuleuses îles ou les montagnes au-delà à la "fin de la terre"48.
Géographie cosmique[modifier | modifier le code]
À l'époque de l'Ancien Testament la Terre est le plus souvent considérée comme un disque
plat flottant sur l'eau. Le concept était apparemment assez similaire à celui représenté sur une
carte Babylonienne datant d'à peu près 600 avant notre ère : un continent circulaire unique
délimité par une mer circulaire, 49 et au-delà de la mer un certain nombre de triangles
équidistants appelés nagu, "régions éloignées", apparemment des îles ou éventuellement des
montagnes50. L'Ancien Testament localise de même des îles à côté de la Terre ; (Psaume
97:1 [archive]) ce sont les "extrémités de la Terre", selon Ésaïe 41:5 [archive], le bord
extrême de l'horizon circulaire de Job (Job 26:10) où la voûte des cieux repose sur les
montagnes51. d'autres passages de l' AT suggèrent que le ciel repose sur des piliers (Psaume
75:3, 1 Samuel 2:8, Job 9:6), sur des fondations (Psaumes 18:7 et 82:5), ou sur un "support"
(Psaume 104:5)52, tandis que le Livre de Job imagine le cosmos comme une vaste tente, avec
la terre de son sol et le ciel comme la tente elle-même; à partir des bords du Dieu du ciel
suspend la terre sur le "rien", ce qui signifie le vaste Océan, solidement soutenu par être
attaché vers le ciel (Job 26:7)53. Si les moyens techniques par lesquels Yahweh empêche la
Terre de sombrer dans les eaux du Chaos ne sont pas explicités, il est néanmoins clair qu'il le
fait en vertu de son pouvoir personnel49.
L'idée d'une terre sphérique fut développée par les Grecs au VIe siècle av. J.-C., et, à
partir IIIe siècle av. J.-C., fut généralement acceptée par les Romains instruits et les Grecs, et
même par certains Juifs5423. L'auteur de l'Apocalypse, cependant, suppose une terre plate
(7:1)55. La question de savoir si la terre était plate, que les Écritures semblent indiquer, ou
sphérique comme les Grecs l'enseignaient, fut un domaine de fréquents désaccords entre les
premiers Pères de l'Église23.
Temples, montagnes, jardins et rivières
Dans la cosmologie de l'ancien Proche-Orient, le dieu-guerrier cosmique, après sa victoire sur
les puissances du chaos, aurait créé le monde et construit sa demeure terrestre, le temple 56.
Comme les abysses, les profondeurs étaient le lieu du Chaos et de la Mort. Le temple de Dieu
se tenait donc sur la haute montagne 57. Dans l'ancienne Judée, la "montagne" (en fait un peu
plus qu'une colline) et l'emplacement du Temple était Sion (Jérusalem)56, le nombril et le
centre du monde (Ézéchiel 5:5 et 38:12) 58. Les Psaumes décrivent Dieu trônant au-dessus du
Déluge (cosmique de la mer) dans son palais céleste (Psaume 29:10), le roi éternel qui "
forme avec les eaux le faîte de sa demeure" (Psaume 104:3). Le Pentateuque
Samaritain identifie cette montagne comme le Mont Garizim, que le Nouveau Testament
reconnaît également (Jean 4:20). Cette image rappelle le dieu mésopotamien Ea, qui place son
trône sur l'Apsu, et le dieu Cananéen El, décrit dans le cycle de Baal comme ayant son palais
sur une montagne cosmique dont jaillirait la source de l'océan primordial59.
L'endroit ou se rejoignent les royaumes célestes et terrestres est dépeint comme le "jardin de
Dieu" terrestre, associé avec le temple et le palais royal 60. Ézéchiel 28:12-19 place cet endroit
dans le jardin d'Eden, sur la montagne des dieux61; dans la Genèse 2-3 Eden est plus vague,
tout simplement loin "vers l'est"62, mais il y a une forte suggestion de jardin rattaché à un
temple ou un palais63. À Jérusalem le Temple terrestre était décoré par des motifs représentant
le cosmos et le Jardin64. Comme d'autres anciens temples du proche-orient, ses trois sections
recomposent le microcosme symbolique. On arrive par la cour extérieure (le monde visible de
la terre et de la mer), on traverse le Lieu Saint (le visible, le ciel et le jardin de Dieu) pour
arriver au Saint des Saints (l'invisible dans le ciel de Dieu)65. L'image de La montagne
cosmique et du jardin d'Ézéchiel réapparaît dans le Livre de l'Apocalypse, appliquée à la
Jérusalem, aux murs ornés de pierres précieuses, ou coule le "fleuve de l'eau de la vie"
(Apocalypse 22:1-2)66.
Un flux d'eau souterraine (océan souterrain d'eau douce ?) fertilise l'Éden avant de se diviser
en quatre rivières qui traversent l'ensemble de la terre (Genèse 2:5-6) ; dans Ézéchiel 47:1-12
(voir le Temple d'Ézéchiel) et d'autres prophètes, le flot issu du Temple lui-même, fait fleurir
le désert, et transforme les eaux salées de la Mer Morte en eaux fraîches67. Pourtant, les eaux
souterraines sont ambiguës : elles sont sources de la vie en donnant des cours d'eau, mais
également associées à la mort (Jérémie 2:6 et Job 38:16-17 décrivent la route vers le Shéol
comme traversant les eaux et disent que ses portes sont situées au pied des montagnes sous-
marines)68.
L'Au-delà

La vallée de Hinnom (ou la Géhenne), c. 1900. Ancien site de sacrifices d'enfants et lieu
d'exécution des criminels, Jérémie a prophétisé qu'elle deviendrait une "vallée de massacre" et
lieu de sépulture. Plus tard dans la littérature, il fut confondu avec une nouvelle idée de
l'Enfer, comme un lieu où les méchants seraient punis69.
Le Sheol et l'Ancien Testament[modifier | modifier le code]
Sous terre se trouve le Shéol, la demeure des rephaïm (nuances)70, Il n'est pas clairement dit si
tous les morts deviennent des rephaïms, ou seulement les "grands morts" (comparer Psaume
88:10 avec Ésaïe 14:9 et 26:14)71. Certains passages de la Bible déclarent que Dieu n'est pas
présent dans le monde des morts : "Dans la mort il n'y a pas de souvenir de Toi, dans le Shéol
qui Te donnera la grâce ?" (Psaume 6)72. D'autres impliquent que les morts eux-mêmes sont
dans un certain sens, semi-divins, comme l'ombre du prophète Samuel, qui est appelé elohim,
le même mot qui est utilisé pour Dieu et les dieux 73. D'autres passages encore font état de la
puissance de Dieu sur le Shéol comme sur le reste de sa création : "S'ils (les méchants)
pénètrent jusqu'au Shéol, ma main les en retirera...." (Amos 9:2)74.
Période intertestamentaire
Le Shéol de l'Ancien Testament est tout simplement la demeure de tous les morts, bons et
mauvais75. Durant la période Hellénistique, les Juifs d'Égypte parlant le grec, peut-être sous
l'influence de la pensée grecque, en sont venus à croire que les bons ne mouraient pas, mais
allaient directement à Dieu, tandis que les méchants mouraient vraiment et allaient au
royaume d'Hadès, dieu des enfers, où ils souffraient des tourments76. Le Livre d'Hénoch,
datant de la période entre l'Ancien et le Nouveau Testament, sépare les morts en une caverne
bien éclairée pour les justes et une caverne sombre pour les méchants 77. Dans le Nouveau
Testament, la parabole du riche et de Lazare reflète l'idée que les méchants commencent leur
peine dans l'Hadès immédiatement après leur mort76.
Satan et la fin des temps
L'Hadès du Nouveau Testament est un lieu temporaire, uniquement utilisé jusqu'à la fin des
temps, lorsque ses habitants seront jetés dans la fosse de la Géhenne ou le Lac de Feu
(Apocalypse 20:10-14)78. Ce lac est soit souterrain, soit ira sous terre quand la "nouvelle terre"
émergera. Satan n'habite ni ne supervise le monde souterrain – son domaine d'activité est le
monde des humains - et existe seulement pour être jeté au feu à la fin des temps. Il apparaît
tout au long de l'Ancien Testament, non pas comme l'ennemi de Dieu, mais comme son
ministre, "une sorte de Procureur-Général disposant de pouvoirs disciplinaires", comme dans
le Livre de Job. C'est seulement avec le début des Pères de l'Église qu'il a été identifié comme
le Serpent du Jardin d'Éden et devint considéré comme un rebelle à l'encontre de Dieu,
cherchant à contrecarrer le plan divin pour l'humanité.

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